eJournals Vox Romanica 80/1

Vox Romanica
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
10.2357/VOX-2021-018
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2021
801 Kristol De Stefani

Gilles Quentel, La genèse du lexique français. La formation du lexique français des origines au Moyen-Âge, Berlin (Peter Lang GmbH) 2018, 410 p. (Collection Études de linguistique, littérature et art 30).

2021
Adrian Chircu
338 DOI 10.2357/ VOX-2021-018 Vox Romanica 80 (2021): 338-343 Besprechungen - Comptes rendus poésies lyriques à forme fixes, dialogues dramatisés (entre les personnifications Dévotion et Papelardise, p.-652-54) et images se trouvent articulées dans un ensemble croisant l’écrit, le visuel et la performance. Cette complexité, portée à un haut point de virtuosité par Pierre Gringore, est aussi caractéristique des cultures de la communication littéraire dominantes en français autour de 1500, que ce puissant volume nous invite à redécouvrir. Estelle Doudet (Université de Lausanne) https: / / orcid.org/ 0000-0002-4072-0913 ★ Gilles Quentel, La genèse du lexique français. La formation du lexique français des origines au Moyen-Âge, Berlin (Peter Lang GmbH) 2018, 410 p. (Collection Études de linguistique, littérature et art 30). Après des années où les recherches diachroniques étaient très soutenues, nous avons assisté à une période où les linguistes se sont attardés surtout sur des faits de langue synchroniques, afin d’illustrer la dynamique actuelle constatée au sein de différentes langues, comme c’est le cas du français qui a été soumis à des investigations novatrices (pragmatique, analyse du discours, grammaticalisation, langues en contact, etc.). Malgré cette tendance évidente, nous pouvons observer, ces deux dernières décennies, un réel regain d’intérêt envers l’étude des anciens faits de langue, susceptibles d’offrir de nouvelles réponses à certains aspects évolutifs (dans les perspectives étymologique, lexicosémantique et/ ou grammaticale). C’est le cas de l’ouvrage sur lequel nous nous penchons et dont le titre annonce un défi intéressant portant sur la genèse et sur la formation du lexique français durant les premiers siècles de son existence. De dimensions normales pour une telle investigation, le livre publié par Gilles Quentel, professeur de linguistique comparée à l’Université de Gdańsk (Pologne), retrace dans un peu plus de quatre cents pages la vie des mots français, depuis leur naissance jusqu’à la période médiévale. En parcourant la Table de matières (5), nous pouvons immédiatement nous rendre compte que nous avons devant nos yeux un ouvrage savamment rédigé dont le contenu est reparti de façon adéquate et coïncide avec le thème annoncé dans le titre. Le livre débute par une Introduction (11-13) où le linguiste comparatiste explique son choix et où il relève les limites de son entreprise, en affirmant que son exposé se restreint «à l’étude du lexique de l’ancien français, étudié dans une perspective à la fois synchronique (néologie) et historique (étymologie)» (11) et en précisant qu’à travers cet ouvrage, il envisage «de poser les bases de ce qu’on pourrait appeler la lexicologie fondamentale, celle qui a pour objet l’étude de la genèse lexicale, conçue comme l’une des parties de la genèse linguistique tout court» (13). Finalement, le but déclaré est celui de rediscuter quelques-uns des «postulats théoriques qui ne résistent pas aux faits» (13). 339 DOI 10.2357/ VOX-2021-018 Vox Romanica 80 (2021): 338-343 Besprechungen - Comptes rendus Afin d’assurer une meilleure compréhension de son esquisse de l’histoire du vocabulaire français, Gilles Quentel partage le contenu en trois sections étroitement liées: Partie I Cadre théorique (15-66), Partie II Les Racines du français médiéval (67-316) et Partie III Synthèse générale (317-48). Quant aux Conclusions (349-50), celles-ci sont intégrées dans ce dernier chapitre, qui comporte également les Abbréviations (sic) (351-52), l’Index des racines par correspondances avec le lexique du français moderne (353-94) et la Bibliographie (395-408), qui permet le suivi des aspects traités et facilitent une lecture utile et agréable, à la fois. Dans la première section de l’ouvrage (Partie I Cadre théorique), Gilles Quentel reprend des lieux communs pour la linguistique générale, en essayant cependant de filtrer les informations utiles à sa démarche. Tout d’abord, il considère qu’il est nécessaire de discuter de la Stratification de la langue (chap. 1) et il observe que le modèle qui s’apprête à être employé pour l’étude du domaine linguistique gallo-romain est exogène et qu’il suppose une hybridation (créolisation), un processus présentant «l’avantage considérable d’être attesté, d’une part, et de proposer des solutions au problème du déclenchement des changements linguistiques d’autre part» (18). Après des discussions ponctuelles sur le substrat, le linguiste français reprend la problématique du superstrat (l’ancien bas francique) et des adstrats (grec ou arabe) qui ont laissé des traces en français. L’historien de la langue n’oublie pas de faire quelques remarques à propos des aires géographiques et de l’indoeuropéen. Le chapitre suivant (2. Néologie) est affecté aux discussions portant sur les mécanismes de l’emprunt et de l’héritage lexical, en insistant sur les processus néologiques internes, comme la dérivation (par ex. lait > laitier) ou la composition (par ex. claire-voie ‘clôture à jour’), ce dernier étant un «processus néologique beaucoup plus rare que la dérivation» (37). À cela, s’ajoutent des discussions sur la créativité lexicale et sur l’ainsi dénommé «échoïsme», basé «sur l’hypothèse selon laquelle les premières langues parlées par les hommes se sont formées selon des processus imitatifs: le langage aurait été la reproduction des sons de la nature (cris d’animaux et bruits divers)» (41). Dans le troisième chapitre (Aperçu historique de la stratification du français), le linguiste décrit les étapes successives de la naissance du français: «substrats (anciens et celtique) - superstrat (latin)-- adstrats (germanique, grec, arabe, etc.), en offrant surtout des informations d’ordre historique, entremêlées à d’autres d’ordre linguistiques (en nombre réduit). L’entrée dans l’atmosphère proprement-dite de l’ouvrage est assurée par le quatrième chapitre (Objectifs et méthodologie, 57-66) où sont précisés le but, les méthodes, la période envisagée, les racines, le choix des strates étymologiques, les substrats européens ou les mots d’origine inconnue ainsi que certains aspects liés aux dictionnaires sur lesquels Gilles Quentel s’est appuyé pour ses recherches (surtout le Dictionnaire de l’ancien français, qui constitue une bonne partie du corpus exploité, mais aussi le DEAF, Le Robert historique, le classique FEW, TLFi, DÉRom, DLG). Dans la deuxième section du livre, intitulée Les racines du français médiéval, certains aspects d’ordre historique antérieurement décrits sont repris et ouvrent la voie vers la description de l’évolution du lexique français. 340 DOI 10.2357/ VOX-2021-018 Vox Romanica 80 (2021): 338-343 Besprechungen - Comptes rendus Les discussions portent tout d’abord sur les sources susceptibles de fournir des renseignements sur la langue gauloise («l’écriture du gaulois s’est faite avec différents alphabets comme celui de Lugano (étrusque) ou l’alphabet latin; […] il semble que les Gaulois aient fréquemment omis certains phonèmes dans certaines configurations», 71). Tour à tour, sont analysées les racines celtiques d’origine indo-européenne telles qu’abona ‘rivère’, comberos ‘barrage de rivière’, méli- ‘miel’, celles gauloises d’origine indo-européenne douteuse comme arduo- ‘haut’, batoro- ‘combattant’, betulla ‘bouleau’, cervesia ‘bière’, *sagna ‘marécage’ et celles d’origine non-indo-européenne (plus nombreuses), parmi lesquelles alauda ‘alouette’, balma ‘grotte’, beccos ‘bec’, *molton ‘mouton’, sagon ‘manteau de laine’, *skop ‘salive’, etc. Ensuite, après une brève incursion dans l’histoire de Rome et de l’Empire Roman, l’auteur se réfère aux périodes de l’évolution de langue latine (l’âge classique aussi), en insistant sur le latin populaire qui est à la base des langues romanes. Il tient cependant à préciser qu’il est préférable de discuter, pour ce qui est du français, «d’une forme de latin à substrat gaulois, ou de gallo-roman plutôt que de ‹latin populaire› puisqu’il semble qu’il ait existé autant de latins populaires que de langues romanes» (91). Les données auquelles Gilles Quentel a accès l’amènent à constater qu’en ce qui concerne le lexique français, il convient de parler de sept types de transformations majeures lors du passage du latin (classique) vers le gallo-romain: 1) nouvelles affixations de racines latines (ac - captare ‘prendre’ > *accaptare ‘acheter’), 2) modification des infinitifs (offerere > *offerire ‘offrir’), 3) multiplication des verbes fréquentatifs (videre > *visare ‘observer’), 4) recatégorisation (déverbalisation et dénominalisation) de certains mots latins (verbe > substantif: frustrum ‘morceau’ > *frustiare ‘froisser’), 5) changements de genre (notamment de mots latins neutres confondus avec des féminins pluriel: verba (pl. neutre de verbum) > *verva > verve ‘proverbe’), 6) glissements sémantiques (ānus ‘anneau’: anellum > anel ‘anneau’) et 7) latinisation des mots de substrat (*tructa > truite) (91-93). Afin de rendre plus transparentes ses analyses étymologiques, le linguiste apporte quelques précisions d’ordre lexicographique (concernant surtout les formes grammaticales que nous trouvons dans les dictionnaires) (94-95). Il reprend la typologie des racines dressée pour le gaulois et présente un grand nombre de racines latines: italiques d’origine indo-européenne (ex. ager, -grī ‘terrain’ [PIE *ag’ro ‘champ’]: peregrinus ‘étranger’ > pelerin; peregrinatio ‘pèlerinage > peregrination’), d’origine indo-européenne douteuse (ex. agnellum ‘agneau’, cognats grec, slaves et celt. uniquement >-agnel), d’origine non-indo-européenne (ex. alium ‘ail’, pas d’étymon accepté, substratique probable (nom de plante) > ail) (95-174). Ensuite, le professeur Gilles Quentel traite des racines étrusques (175-78) qui «présentent quelques éléments qui les font supposer étrusques par les dictionnaires» (175) mais qui se trouvent sans doute sous le signe de l’incertitude (ex. puteus ‘puits’: mot d’emprunt non-IE, p-ê étrusque - finale -eus; Rob. III-2862 > puis). Les racines grecques sont traitées dans le quatrième chapitre, à titre homonymique, de la section II (Racines grecques) (180-201). Après une courte histoire de la langue grecque et après l’offre des repères de lecture des étymons, le lexicologue diachroniste passe en revue les catégories identifiées: racines grecques 341 DOI 10.2357/ VOX-2021-018 Vox Romanica 80 (2021): 338-343 Besprechungen - Comptes rendus d’origine indo-européenne (ex. ἁρ- (har-) ‘joindre’, [PIE *re- ‘adapter, ajuster’]: ἁρμός (harmos) ‘lien’ > ἁρμουία (harmonia) ‘ce qui lie’> LC harmonia > armonie), racines grecques d’origine indo-européenne douteuse (ex. γΰρος (guros) ‘rond, courbé’, Beekes (I-293) propose de rattacher l’étymon grec au PIE *gou ‘main’ sur la base d’une expression ‘rond du dos de la main’ ce qui est indémontrable: > it. girare > girer ‘tourner’) et racines grecques d’origine non-indo-européenne (ex. κόμη (komê), origine inconnue (Beekes I-744): LC coma > come ‘chevelure’). Le cinquième chapitre de cette section est affecté aux racines germaniques du vocabulaire français (203-40), assez nombreuses et un peu moins difficiles à retrouver. Pour rendre plus aisée la compréhension de sa démarche, le linguiste français présente quelques épisodes ayant trait à l’arrivée des peuples germaniques en Gaule --en particulier, les Francs, les Goths, les Normands--, et discute autour de la problématique des contacts linguistiques gallo-germaniques. En même temps, il esquisse une typologie des langues germaniques (207-08). Après cela, il reprend la méthode de présentation appliquée aux autres langues antérieurement présentées, en identifiant des racines germaniques d’origine indo-européenne (ex.- *burgs ‘hauteur fortifiée, fort’ [PGmc.], [PIE *b h erg’ h -] (Beekes II-1262): - ? > borc ‘place fortifiée’), racines germaniques d’origine indo-européenne douteuse (ex. *felt ‘feutre’ [PGmc.], attesté en slave uniquement: *filtir ‘feutre’ > feltre ‘couverture tapis’) et racines germaniques d’origine non-indo-européenne (*freska ‘frais’ [PGmc.], mot de substrat européen avec des cognats slaves: frq. *frisk > freis ‘frais’; *frisking > fressange ‘jeune porc’). Les pages suivantes (241-52) sont réservées aux Racines orientales (chap. 6), très diversifiées. Les mots orientaux ont pénétré en français par des voies diverses et à des époques plus ou moins éloignées les unes des autres (voir aussi la typologie des langues considérées comme orientales, 242). Même si nous avons remarqué une évidente hétérogénéité dans cette partie, l’auteur mène à bonne fin la présentation des principaux aspects liés à l’influence orientale (directe ou indirecte). Parmi les racines sémitiques et proches orientales, Gilles Quentel mentionne les emprunts antiques par le grec ou le latin, tels qu’adamant ‘diamant, pierre dure’ < gr. ἁδἁμας (adamas) ‘fer très dur’, sans doute un emprunt à une langue sémitique (cf.-akkadien adamu, Beekes I-19); chamel ‘chameau’ < LC camelus < gr. κἁμηλος (kamêlos), les emprunts médiévaux à l’arabe (ex. amirail ‘chef de flotte’, meimon ‘sorte de singe’, seic ‘chik’, etc.), des racines persanes (ex. eschek ‘échecs (jeu)’, torbelon ‘turban’), des racines égyptiennes (ex. chartre ‘papier’ < LC cartula, dim. de charta < gr. χαρτης (khartês), probablement de l’égyptien, eborin ‘ivoire’), des racines indiennes (ex. nenufar, santal ‘santal, bois aux propriétés odoriférantes’) et d’autres racines orientales (ex. antelop ‘animal fabuleux, antilope’, bombance ‘coton’, coing, pantere). Le chapitre suivant (Mots d’origine obscure) est assez ample (253-312), complexe et difficile à gérer («le classement de ces mots est évidemment problématique», 259) car les mots qui y sont intégrés n’ont pas d’étymologie identifiée (certains sont susceptibles d’être basques) et aucun cognat acceptable n’a pas été répertorié. Il semble que l’analyse la plus appropriée envisagée par l’auteur est de les grouper le plus possible et de les discuter par catégories: mots de substrat probables (classifiés principalement en fonction des champs lexicaux de la nature): plantes (ex. corme ‘fruit du sorbier’, petillon 342 DOI 10.2357/ VOX-2021-018 Vox Romanica 80 (2021): 338-343 Besprechungen - Comptes rendus ‘aiguillon, épine’), animaux (ex. chalendre ‘alouette’, chamois, crapot ‘crapaud’, molue ‘morue’, neppe ‘bécassine, cul-blanc’, poquet ‘petit cheval’), éléments du paysage (ex. bove ‘grotte, cave’, gal ‘galet’, marel ‘petit caillou’, rapoi ‘buisson’), agriculture (ex. aluchier ‘planter, cultiver’, ries ‘botte, paquet’), mots reconnus comme provenant du substrat (ex. joue et trou), emprunts probables à des langues inconnues, mots classifiés par champs lexicaux: pierres précieuses (ex. joiel ‘joyau’, pasme, predoire), étoffes (ex. bofu ‘étoffe de soie’, nacis ‘drap d’or’, racas ‘sorte de taffetas’), armes et outils (ex. burre ‘machine de guerre’, ploquet ‘petit bouclier’, recors ‘sorte d’arme’). L’auteur ajoute à cette liste d’autres catégories lexicales et/ ou sémantiques qu’il considère comme importantes car elles renvoient soit à des racines celtiques possibles (ex. alven ‘galerie de fortifications’, barbeu ‘loup-garou’, gargote ‘gosier’), soit à des racines latines possibles (ex.-desvoier ‘devenir fou’, empreu ‘en premier lieu’, faon ‘petit d’un animal’, gieres ‘donc’, viaire ‘visage’), soit à des racines grecques possibles (ex. chastoire ‘ruche’, michier ‘mettre en pièces’, piltre ‘applique’), soit à des racines germaniques possibles (ex. borde ‘bûche, poutre’, bote ‘botte’, felon ‘traitre’), soit aux étymologies inconnues (ex. acros ‘horrible’, arval ‘mécontent’, baier ‘ouvrir’, fobert ‘nigaud, galant’, savot ‘fort, prison’), soit à des mots basés sur des noms propres/ éponymes ‘mots formés sur des noms propres’ (ex. baldaquin ‘riche drap de soie’ <-nom de la ville de Bagdad, inde ‘violet’ < Inde, renart ‘ruse, malice, renard’< all. *Reginhart). La dernière section du livre (Partie III Synthèse générale) s’étend approximativement sur une trentaine de pages (317-48) et représente, en fait, une reprise des idées majeures contenues dans les deux sections antérieures. À cela, s’ajoute une étude statistique sur le rôle et la place des racines tirées essentiellement du Dictionnaire de l’ancien français, rédigé par Algirdas Julien Greimas, qui contient un nombre de 8687 entrées, réduites à 2023 racines uniques et à 732 mots d’origine inconnue (320). Suite à son analyse statistique, Gilles Quentel s’aperçoit que les racines identifiées sont en fait les briques essentielles à la constitution du vocabulaire français du XIV e siècle qui ont produit ensuite un nombre de 4617 étymons. En étroit lien avec la perspective quantitative sur le lexique concerné, il relève le rôle majeur des langues vectrices (323-25) et la productivité des racines étudiées (2,5 étymons par racine en moyenne). Il reprend aussi les discussions sur les Strates lexicales (gaulois, germanique, emprunts grecs et orientaux ou mots d’origine inconnue) et souligne leur impact sur la formation du lexique français (321-38). Les deux derniers chapitres de cette section (5. Indo-Européanité du lexique et 6. Proposition de modélisation de la genèse lexicale) illustrent les constantes de l’analyse réalisée et aident à mieux se faire une image d’ensemble sur le rôle des strates linguistiques impliquées dans la constitution du lexique français. La série des tableaux et schémas de la genèse lexicale du français détermine l’auteur à affirmer qu’il faudrait «envisager une succession de créolisation assez complexe au cours de laquelle le PIE jouerait un rôle de superstrat pour en donner une représentation réaliste ce qui ferait l’objet d’une autre étude» (347). Les Conclusions (349-50) retracent les lignes directrices de cette intéressante et inédite recherche portant sur les strates françaises dont se détachent les substrats (sic), clé d’accès, dans la vision de l’auteur, vers l’essence et la compréhension du lexique. Selon Gilles Quentel, c’est «en remettant les substrats à leur juste place que la lumière se fait, non pas en les écartant du champ des possibilités» (350). 343 DOI 10.2357/ VOX-2021-018 Vox Romanica 80 (2021): 338-343 Besprechungen - Comptes rendus La liste des abréviations (Abbréviations) (sic) et I’index des racines par correspondances avec le lexique du français moderne ainsi que les références bibliographiques (Bibliographie) facilitent la tâche du lecteur, en l’aidant à parcourir l’ouvrage et en lui offrant une perspective générale sur les idées qui ont nourri cette entreprise téméraire qui aura sans doute surtout davantage de réactionnaires que d’adeptes, vu les théories promues. Il faut également préciser que, dans l’organisation du contenu du livre, les fréquents va-etvient aux questions déjà clarifiées par l’auteur semblent être un peu lourdes et peuvent parfois prêter à confusion (voire la notion de substrat, généralement consacrée en linguistique; par endroits, pour le français, l’auteur qualifie de substrat plusieurs couches linguistiques, impliquées ou non dans la formation effective du français; «l’objectif a été ici de retracer toute l’histoire connue du lexique français, depuis ses plus anciens substrats décelables jusqu’à l’ancien français», 34). Par la suite, tout cela rend inextricables certains aspects traités. Une relecture du texte aurait pu faire éviter la présence de quelques erreurs que nous signalons au cas où le linguiste envisage d’imprimer un nouveau tirage: hésitations ou coquilles orthographiques en ce qui concerne le mot indo-européen(e) (le nom des populations comporte les majuscules: Indo-Européens); or nous retrouvons, en divers endroits, indo-Européen(e) ou Indo-Européen(e), 6, 7, 181, 209-10, etc.); idem pour le néologisme Indo-Européanité, orthographié plutôt Indo-européanité dans les titres des sous-chapitres ou en en-tête (9, 339, 340-41); l’auteur cité De Vaan également orthographié de Vaan (245, 250, 265); à la page 91, l’auteur précise qu’il s’agit de «cinq grands types de transformations» et, quand il détaille (92-93), il en présente sept! ; le mot abbréviation(s) est orthographié avec une consonne géminée, alors qu’il ne faut mettre qu’un seul b (9, 351-52); le mot substrat apparaît sous la forme substat (226/ l. 5); G. Mihăilă, et non pas G. Mihaila (402); thracologie, et non thraçologie (402); manque de virgule avant etc. (17/ l. 7, 26/ l. 5, l. 13, l. 19, etc.); les titres de certains dictionnaires dans la Bibliographie ne sont pas en caractères italiques (405-08). Nous observons, aussi, parmi les références bibliographiques, d’autres inconséquences rédactionnelles (ex. Brill, Leiden mais Klincksieck: Paris; Universitätsverlag Winter GmbH Heidelberg -- sans virgule entre la maison d’édition et le lieu de parution, 406)--; dans la Bibliographie, l’auteur n’emploie pas toujours la virgule avant in dans le cas des articles parus dans les pages des revues ou des volumes collectif (passim) etc. En arrivant à la fin de l’exégèse de ce panorama du vocabulaire français d’antan, nous considérons que Gilles Quentel a bien mené à son terme sa démarche diachronique, en proposant de nouvelles voies investigatrices pour la linguistique française et romane qui ne vont pas rester sans écho. Avant tout, l’auteur a eu le courage d’aborder des aspects moins clairs, en essayant en permanence d’argumenter son raisonnement, riche, complexe et équilibré, avec des faits de langue attentivement choisis, repérables pour la plupart, en ancien français. Adrian Chircu (Université «Babeş-Bolyai» de Cluj-Napoca, Roumanie) https: / / orcid.org/ 0000-0001-6288-3337 ★