eJournals Vox Romanica 52/1

Vox Romanica
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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1993
521 Kristol De Stefani

Lancelot aux foumeaux: des elements de parodie dans les Merveilles de Rigomer?

1993
Richard Trachsler
Lancelot aux foumeaux: des elements de parodie dans les Merveilles de Rigomer? Lancelot, ayant echoue dans sa quete, se trouve emprisonne au chäteau enchante de Rigomer. Par la suite, il oublie qui il est et ce qu'il fait, de sorte que Gauvain, qui vient le liberer, aura du mal a le rappeler a son existence de chevalier (FoERSTERI BREUER [ed.] 1908/ 15: v. 13985-14141). Ce motif du chevalier emprisonne/ enchante et libere par un autre queteur fait partie du «materiel roulant» des romans arthuriens et ne meriterait aucune attention particuliere. Seulement, dans les Merveilles de Rigomer, la prison se situe dans les cuisines du chäteau, et Lancelot, devenu gras et abruti au bout d'un an, y exerce le noble metier de marmiton. La presente etude comporte trois volets: le premier est consacre a la tradition litteraire du «comique de cuisine» qui fonctionne ici comme la toile de fond devant laquelle la scene dans le chäteau de Rigomer se deroule. Le deuxieme volet, le plus important, donne une rapide presentation du passage des Merveilles de Rigomer qui relate le sejour de Lancelot aux cuisines, ainsi qu'une «typologie» des prisons arthuriennes. Dans cette «typologie», nous nous proposons de degager quelques traits caracteristiques des situations et des lieux Oll les chevaliers-queteurs se trouvent normalement pris au piege. La derniere partie de cette etude portera sur les conclusions qu'on peut tirer de l'utilisation de l'espace parodique de la cuisine couple ici au motif de la prison; nous nous proposons de mettre en evidence, dans les Merveilles de Rigomer, d'autres traits parodiant la litterature arthurienne «classique». 1. La toile de fond: le «comique de cuisine» Le «comique de cuisine» semble bien correspondre a une realite litteraire au Moyen Age: depuis l'Antiquite, sans doute par le biais de la comedie latine, Oll le Coquus est un personnage dröle standard, la cuisine a ete une source intarissable de comique 1. Le comique reside essentiellement dans la fafon dont les cuisiniers sont representes. Ils sont laids, couards et gloutons et, par consequent, meprises de tous. PH. MENARD 1969: 42 ecrit: «Pour la mentalite medievale il est impensable qu'un marmiton qui passe son temps a se chauffer et a s'empiffrer dans les cuisines 1 Cf. CuRTrus 10 1984: 431-33, ou on trouve taute une serie d'occurrences tirees de 1a litterature latine et mediolatine. II faut retenir, cependant, qu'il existe aussi, sans doute par contre-coup, Je type du «coquus miles insignis». Lancelot aux fourneaux: des eJements de parodie dans ]es Merveilles de Rigomer? 181 puisse devenir un foudre de guerre. » La consequence qui en decoule est double: dans les textes, la cuisine peut etre un lieu d'humiliation ou un lieu d'evenements burlesques. 1.1. La cuisine humiliante La cuisine est source d'humiliation ou de deshonneur pour tout veritable heros. Telle est par exemple la situation dans le Lai de Haveloc 2 ou un jeune noble (Haveloc/ Cuaran) est place dans la cuisine et patit de la pietre estime dont jouit son metier. A cause de la generosite dont il fait preuve en distribuant tout ce qu'on lui donne, les valets «le teneient entr'els a sot » (v. 258) et son extraordinaire force 3 fait que le roi demande a le voir lutter le soir, comme un ours, en guise de spectacle 4 • Dans le Mainet/ Charlemagne le heros, egalement astreint a s'occuper de la nourriture, se revolte tres rapidement pour mettre fin a cette condition de servitude 5 . Ces deux exemples, qu'il serait facile de multiplier, illustrent le caractere deshonorant, pour un guerrier, de tout ce qui touche, si cela concerne sa propre personne, a l'espace de la cuisine. 1.2. La cuisine burlesque La cuisine est un lieu d'aventures burlesques dans un autre groupe de textes qui s'organisent surtout autour du celebre personnage de Rainouart (cf. MENARD 1969: 542-44). Rainouart ne trouve pas son occupation particulierement humiliante, puisqu'il ne partage pas le systeme de valeurs des chretiens et leur hierarchie sociale. Il est simple d'esprit, avec «peu de cervelle » (FRAPPIER 1955: 224), et il faut 2 BELL (ed.) 1925: v. 243-62 et 330-33. L'Estoire des Engleis de Gaimar, ib., v. 102-52, qui relate Je meme episode, n'offre pas de variantes qui touchent notre propos. 3 «Duze home ne porent Jever/ Le fes k'il sul soJeit porter. » BELL 1925: Haveloc, v. 281s. 4 Le mepris du roi Edelsi pour l'etat de cuisinier ressort tres clairement des remarques qu'il fait au sujet de Cuaran quand celui-ci revient, a Ja fin du recit, se battre contre l'armee royale: «Merveil! es, » fet il, «ai oi: De Cuaran, cel men quistrun, Ke jo norri en ma meisun, K'il me vent terre demander. Mes keus ferai a lui juster Od trepez e od chald[e]runs [E] od paeles e od pJums. » (v. 1018-24). s Par rapport a Haveloc, la constellation dans Je Mainet/ Charlemagne differe dans Ja mesure ou Charles n'est pas cense servir dans Ja cuisine, mais seulement a table. Cf. pour Je Charlemagne de Girart d'Amiens, PARIS 1905, Appendice IV: 473. Les fragments du Mainet ont ete edites par PARIS 1875: 305-37. 182 Richard Trachsler les railleries grossieres des autres garyons de cuisine pour le faire reagir, car rien ne lui plait tant que «somnoler au coin du feu apres avoir bien mange et bien bu» (FRAPPIER 1955: 222). Malgre ses origines nobles, il restera toujours d'une certaine fayon associe a la cuisine ou il a servi les Francs moqueurs. L'element qui le rattache aux cuisines est son incroyable appetit, qui, dans l'esprit des autres, le caracterise plus encore que sa force 6• C'est son appetit qui le fait courir, qui lui fait superposer a l'image de la douce France celle des cuisines royales (FRAPPIER 1995: 223) et qui est a l'origine de plusieurs situations burlesques 7 • La cuisine burlesque existe aussi en dehors du Cycle de Guillaume: dans un episode desormais bien connu du cycle des Loherains, il y a le celebre bataillon de cuisiniers (MENARD 1992: 14 2, et DE CoMBARIEU 1992: 164-66) qui est a l'origine d'un combat particulierement tumultueux a l'interieur du palais. On pourrait, en outre, rapprocher a la fois de la cuisine burlesque et de la cuisine humiliante un autre type de cuisine: la cuisine en tant que representation de l'enfer. A juste titre, R. LOCKE 1966 a fait remarquer que, lorsque Ganelon, a la fin de la Chanson de Roland, est livre aux cuisiniers, ceux-ci, en lui infligeant la punition, prefiguraient, selon une tradition litteraire bien attestee 8 aussi en latin, en quelque sorte les diables qui feraient souffrir le traitre apres sa mort. On peut tirer une premiere conclusion de l'examen de ces textes mettant en scene l'espace de la cuisine et les maitres queux: le motif appartient avant tout a l'epopee et reste extremement rare dans le roman arthurien 9 • Il ressort par ailleurs de toutes ces occurrences que c'est toujours en mauvaise partou de fayon parodique que la sphere de la cuisine est representee. Cette tradition negative ou comique (par opposition a «heroi:que») de la cuisine dans la litterature medievale aura forcement des repercussions sur l'interpretation du passage des Merveilles de Rigomer. 2. Les prisons Avant de passer a la presentation de l'extrait des Merveilles de Rigomer, il importe de faire quelques remarques generales sur les «prisons». Ce motif de la prison, dans la litterature arthurienne, est vital pour le recit, puisqu'il permet, par l'artifice de la Quete lancee par les compagnons, de faire rebondir l'intrigue 10 • 6 RuNEBERG 1905: 137-38 ou, dans un episode interpole dans Aliscans et tire du Moniage, Rainouart fait irruption au couvent de St.-Vincent. Cf. MENARD 1969: 83 N189. 1 Cf., a ce sujet, LARMAT 1984. s Pour des temoignages iconographiques, cf. BAUER, 2 1990; la tradition litteraire est attestee par exemple par le repas infernal du Sange d'Enfer de Raoul de Houdenc. 9 GALLArs 1967: 465ss. a montre que meme 1a ou il aurait ete facile d'introduire ce type de comique les auteurs ne l'ont pas fait, puisqu'ils ont evite, notamment, d'exploiter l'homonymie entre «Keu» (le personnage) et «keu» < coquus. 10 Cf., a ce sujet, KELLY 1969 et BAUMGARTNER 1987: 177. Lancelot aux fourneaux: des elements de parodie dans ! es Merveilles de Rigomer? 183 Les prisons arthuriennes, qui brisent momentanement l'elan du chevalier queteur et suspendent pour un temps sa trajectoire, peuvent etre reparties en deux grandes categories: les veritables prisons (puits, caves, chambres, etc.), Oll le chevalier, qui reste parfaitement conscient de son etat d'emprisonnement, se trouve enferme de gre ou de force, et les sejours provoques par des enchantements, qui, beaucoup plus subtils, detournent le queteur de son but, font qu'il s'enlise dans un univers mental qui n'est pas le sien et qui finit par lui faire oublier sa mission. Dans le premier cas, sa captivite lui pese, dans le second, il ne la ressent meme pas. Au prealable, il convient sans doute de preciser que nous entendons par «prison» tout espace circonscrit et delimite (cognitif ou pragmatique, qui peut retenir aussi bien le corps que l'esprit) d'oll un chevalier n'arrive plus a se liberer. La prison «physique», dans le sens d'un lieu confine Oll sont retenues des personnes contre leur gre, est relativement frequente dans la litterature arthurienne. Chretien de Troyes, dans la Charrete, en offre sans doute les premiers exemples: il y a d'abord l'emprisonnement, individuel, de Lancelot par Meleagant dans une tour 11 , mais aussi le cas un peu plus complexe d'une prison collective qu'est le pays de Gorre tout entier, Oll sont tenus prisonniers les chevaliers de Logres 12• Les prisonniers restent conscients de leur etat, et leur liberation passe par l'abolition de contraintes purement materielles. La «prison-enchantement», dont il faut rapprocher le sejour de Lancelot dans la cuisine du chäteau de Rigomer, offre beaucoup plus de variantes. Nous examinerons, dans les pages qui suivent, deux autres passages Oll le heros est, comme Lancelot dans les Merveilles de Rigomer, victime d'un enchantement qui lui fait «oublier» des choses en leur substituant une illusion agreable. Les exemples d'«oubli» qui retiendront notre attention sont les suivants: la celebre carole du Lancelot en prose 13 et l'emprisonnement de Lancelot par Morgue, tire du meme roman 14 • 2.1. La prison de Rigomer Comment le passage se presente-t-il dans les Merveilles de Rigomer? Lancelot a enfin reussi a penetrer dans le royaume enchante de Rigomer. Il se trouve devant la «fosse Gobienne», une «cavee» (v. 6111) pavee dont l'entree est constituee par une tente. Il en sort une pucelle tenant une pomme a la main qui lui fait croire qu'il a gagne l'amour de sa damoisiele (v. 6143). Elle l'implore de la secourir contre un 11 RoQUES (ed.) 1965: v. 6131-48. Le motif est courant: cf. ! es listes de RucK 1991: 13, 126 ou plusieurs exemples correspondent a notre situation. 12 Cf. encore RoQUES (ed.) 1965: v. 51-53 les remarques que fait Meleagant a Arthur: «Rois Artus, j'ai en ma prison, / de ta terre et de ta meison, / chevaliers, dames et puceles». 13 MrcHA (ed.) 1979: 234-36 et, pour la liberation, 286-90. 14 MrcHA (ed.) 1980: 48-54 et, pour la liberation, 60-62. 184 Richard Trachsler redoutable adversaire. Par ruse, elle lui fait prendre une lance enchantee qui rend son porteur faible et sans volonte. En face de son adversaire, Lancelot reste immobile et sera jete dans une fosse ou, apres avoir lache la lance, il retrouve tout de suite ses esprits (v. 6242). La fosse n'a ni porte ni fenetre et Lancelot se laisse aller au desespoir. Une autre pucelle survient et veut lui donner un anneau de la part de sa demoiselle. Lancelot refuse de faire quoi que ce soit avant qu'on ne lui ait rendu ses armes, mais se rend finalement compte qu'il n'a pas le choix et accepte. Des qu'il a l'anneau au doigt, il devient «comm' une beste» (v. 6331), perd la connaissance du bien et du mal et se laisse faire: Lors est tournes a desepline: Cele le maine a le cuisine, Commande li buise taillier Et le mangier aparillier, Et commande, que c'on li die, Que nule cose n'escondie. II li respont que bien fera Tot �ou c'on li commandera. (v. 6335--42) Dans la cuisine, de nombreux chevaliers portant tous au doigt un anneau comme celui de Lancelot vaquent a des occupations humiliantes 15 • Le poete laisse Lancelot aux cuisines et passe a Gauvain qui est parti avec de nombreux queteurs a sa recherche. Plus de sept mille vers plus tard, Gauvain peut entreprendre la liberation de son ami. Mais il a du mal a le reconnaitre. Non seulement il est completement abruti «Comme us camex ou .i. chevaus» (v. 14014), mais il est aussi devenu «cras et fors / De bras de menbres et de cors» (v. 14009s.). II a par ailleurs conserve (ou developpe? ) la force qui caracterisait ses ancetres dans la cuisine, Haveloc ou Rainouart: «Bien portast a son col tel some, / Ne le remeussent .iiij. home; » (v. 1401ls.). Quand Gauvain interpelle son ami, celui-ci lui repond: Ains, que jou sace, ne vos vi, Ausi ne fesistes vos mi. Estes vos escapes d'infier? Vos me sambles trestout de fier, Bras et ganbes et cors et tieste; Ains mais ne vi si faite bieste, Car tous este de fier trecie. Di"auble vos ont adrecie En me cuisine 1,a dedens. (v. 14023-31) II y a certainement ici l'echo perverti du nice Petceval qui prend les chevaliers dans leurs armures pour des anges et qui, plus tard, n'arrivant pas a enlever 1s La meme coutume d'obliger systematiquement des chevaliers a la preparation de la nourriture se trouve aussi dans Jaufre v. 1010 (ed. BRUNEL). Cf., pour une interpretation du passage dans son contexte, JUNG 1974: 439. Lancelot aux fourneaux: des elements de parodie dans ! es Merveilles de Rigomer? 185 l'armure du chevalier vermeil, finit par croire qu'elle fait partie du corps (ROACH 1959: v. 113-282 et v. 1133-42). Parallelement, Lancelot est reduit au meme etat de bestialite que le vilain bouvier dans Yvain (dont le portrait souligne systematiquement les traits zoomorphes) qui n'a jamais vu de chevalier non plus (RoQUES 1982: v. 294ss.). Dans les Merveilles de Rigomer, Lancelot reagit de fa9on violente, mena9ant de faire jeter Gauvain dans le feu. Mais celui-ci appelle Lancelot par son nom: Quant eil s'ot nomer Lanselot, Qui de toute rien sambloit sot, Une pensee el cors li entre, Li cuers li atenrie el ventre. (v. 14081-84) II demande a Gauvain de se presenter et se rejouit d'apprendre qui il est «por le ramenbrance / Que jou vos vi en vostre enfance» (v. 14101s.) et dont il se souvient «con d'un soige» (v. 14106). On connait bien l'importance des noms dans les romans arthuriens 16 : decouvrir ou se rappeler son nom est une fa9on de comprendre qui on est, d'ou l'on vient et ce qu'on a a faire, aussi bien sur le plan individuel que social. Ainsi, par exemple, Perceval doit d'abord devenir conscient de sa place a l'interieur de son lignage et clarifier ses rapports avec sa famille avant de pouvoir jouer le röle du redempteur. Et dans la Charrette de Chretien de Troyes, Lancelot doit soulever une dalle funeraire pour y trouver une inscription qui l'informe sur son passe et son destin. Dans les Merveilles de Rigomer, malgre l'enchantement, Lancelot reagit quand i1 entend son nom, mais il reste perturbe et sa perception du temps troublee; il demeure decale dans son enfance. Infantilise, abruti, il tient a offrir a Gauvain de bonnes choses a manger 17 , mais refuse de partir avec lui, car cela attristerait son «amie» (v. 14112) qui lui a envoye «tres ier» (v. 14119) son anneau comme gage d'amour. Gauvain lui arrache l'anneau. II se brise, et Lancelot retrouve sa memoire, reclamant immediatement ses armes. Sur le plan de la structure narrative, on peut distinguer, dans cet episode, deux phases: «l'oubli» et «le rappel». L'emprisonnement passe par un enchantement qui opere sur la memoire. II efface la connaissance de soi et d'autrui et reduit le chevalier a l'etat d'animalite. La victime perd aussi toute notion du temps. Le liberateur, lui, essaie de lui rappeler son existence anterieure, de reveiller en lui sa vraie nature/ culture et de rompre le charme. Le passage des Merveilles de Rigomer reproduit d'une fa9on inattendue une sequence qui se retrouve ailleurs et que nous 16 Cf., a ce sujet, KENNEDY 1986. 11 Dist Lanselos: «Jou vos donroie A mangier d'une crase molle. Encor ai jou une tel poille Qui orains fu rostie a poivre; Je! vos donra, et vin a boivre Et une piece de fouace. (...)» (v. 14094-99) 186 Richard Trachsler allons examiner a l'aide des deux exemples tires du Lancelot en prase mentionnes plus haut qui nous permettrant de reperer quelques caracteristiques de la prison. 2.2. Lancelot prisonnier de Morgue Commen1tons par la prison de Lancelot chez Morgue 18 • Lancelot, ayant ete attire chez Morgue par une demoiselle, a bu, sans s'en rendre campte, un philtre qui l'a endormi. Morgue, amoureuse de lui, pracede alors a une sorte de «lavage de cerveau» sur le dormeur. Eie aemplist de poudre .1.tue! d'argent et Je mest ou nes Lancelot et li soufle el cerveil; (...)Et quant Morgue ot ce fait, si dist a cele qui o lui estoit que or s'est ele bien vengie de lui, «car je cuit vraiement que il ne revandra james en son bon sans tant com Ja force de ceste poudre li soit el cervel» (MrcHA 1980: 49). Elle fait transporter Lancelot dans une chambre dont elle pense qu'il ne sortira jamais. 11 se reveille affaibli et malade, sans comprendre ou il est, et se repose pendant un mois entier. Quand il apprend qu'il est prisonnier de Morgue, il est afflige. 11 sait tres bien qui il est, se trauve physiquement en parfaite condition, mais reste mentalement faible, resigne et sans volonte. San unique consolation consiste a peindre sur les murs de sa cellule des episodes de sa vie avec Guenevievre. L'image de la reine le conforte. 11 ne se rend pas campte que le temps passe. Au baut de «.II. yvers et un este», tous ses exploits sont peints aux murs et sa melancolie, puisqu'il est desormais inoccupe, est plus forte que jamais. Le rasier du verger devant sa fenetre barree est alors en fleurs, et Lancelot, pour la premiere fois, semble regarder dehors: Quant vint apres Ja Pasque, a l'entree de may, que Lanceloz vit ! es arbres plains de foilles et de flors et il vit Ja verdor qui li faisoit son euer resjoi:r et Ja rose qui chascun jor espanissoit fresche et vermeille, se li souvint de sa dame Ja roine et de sa face eiere et vermeille que Ja rose li amentevoit touz diz; car quant il resgardoit Ja rose, il li sambloit que ce fut Ja coulor sa dame, si ne savoit pas laquele estoit plus vermeille, Ja rose ou sa dame (MICHA 1980: 61s.; c'est nous qui soulignons). Un dimanche, Lancelot voit une rase particulierement belle «novelement espannie». 11 se dit alors: «Ausi vi je ma dame plus bele des autres au tornoiement de Kamaalot, et por ce que je ne la puis avoir, couvient il que je aie ceste rase qui de lui me fait remembrance» (M1cHA 1980: 62). 11 tend la main par la fenetre pour la cueillir, mais n'y arrive pas. C'est alors qu'il se rend campte qu'il est emprisonne, il «resgarde les fers de la fenestre, si les voit forz a merveilles. <Que est ce? fait Lanceloz. Me porra dont tenir forteresce que je ne face ma valente? »> 11 saisit les 1s Pour une interpretation de cet episode chez Malory cf. GÖLLER 1990. Lancelot aux fourneaux: des elements de parodie dans les Merveilles de Rigomer? 187 barreaux de fer, les arrache et sort par la fenetre cueillir la rose. 11 met la fleur «en son sain empres sa char» (M1cHA 1980: 62) et s'en va de sa prison, se procurant des armes et un cheval. Comment Lancelot a-t-il reussi son evasion? La aussi, il a fallu un «rappel», c'est-a-dire une prise de conscience portant sur lui-meme. La prise de conscience consistait a mettre en rapport un espace (sa cellule) et un temps (le passe, entierement peint sur les murs) interieurs et revolus avec un autre espace (le verger) et un autre temps (le renouveau du printemps) exterieurs et a portee de main. C'est par le biais du souvenir que la correspondance s'etablit: la rose metaphorique lui rappelte la reine, il peut projeter sur elle son desir, actualiser ainsi sa situation et secouer l'enchantement. La fa9on dont la prise de conscience se fait merite quelques remarques. La scene est en effet absolument conforme a la tradition litteraire de l'enamourement (le chevalier tombant amoureux a la seule vue de la femme), mais illustre ici non pas le passage a un etat second (amour-maladie), mais son contraire: Lancelot arrive a sortir de la lethargie qui normalement caracterise les amoureux et retrouve sa sante habituelle precisement gräce a l'image de la femme qu'il aime. Le processus de la metaphorisation de la rose (ou de la reine) est conforme aux conceptions scientifico-psychologiques medievales. C'est ce qu'a montre G10RGIO AGAMBEN (1981: 109-225) sur lequel Jean Scheidegger a recemment attire notre attention 19: la perception visuelle et son interpretation semblent se faire, pour les theoriciens du Moyen Age, selon un mode assez stable. L'objet regarde est d'abord saisi par l'reil, qui transmet son image au cerveau ou l'imagination la retient. Par la suite, apres le retrait de l'objet contemple, ! 'imaginative ou cognitative la compose selon sa volonte et la combine avec d'autres, stockees dans la memoire; par la suite, l'estimative juge l'ensemble, et la memoire fixe en elle ce jugement. «Ce travail sur l'image, (...) qui est appele denudatio, est d'ordre fantasmatique» (ScHEIDEGGER 1991: 6). Le resultat de la denudatio est un fantasme, c'est-a-dire une image interiorisee, travaillee, reactualisable a tout moment. On peut alors, de cette image, jouir, souffrir ou se consoler. La celebre scene des gouttes de sang sur la neige du Conte du Graal illustre precisement ce processus: dans l'image reelle du sang sur la neige se fond progressivement 20 l'image (c'est-a-dire le fantasme stocke dans la memoire de Perceval) du visage de Blanchefleur, «abstraite de sa realite objectale, reduite a la conjonction de deux couleurs» (ScHEIDEGGER 1991: 15) dans laquelle Perceval se perd. 11 se passe exactement la meme chose pour Lancelot qui contemple la rose, sauf que lui, en s'abimant, ne perd pas le contact avec la realite, mais, au contraire, le retrouve en recouvrant son identite d'amant. 19 ScHEIDEGGER 1991: [ = communication non publiee presentee au colloque du CUERMA d'Aix-en-Provence sur Je Creur en 1991]. Je remercie Jean Scheidegger de sa disponibilite. 20 C'est encore de ScHEIDEGGER 1991: 14-16 que nous nous inspirons ici. 188 Richard Trachsler Contrairement aux Merveilles de Rigomer ou il faut l'intervention exterieure de Gauvain et la destruction de l'anneau malefique pour accomplir la liberation du prisonnier, Lancelot tire ici la force pour briser le charme de l'interieur de luimeme. C'est comme si, dans les Merveilles, tout l'enchantement etait transpose sur un plan «exterieur»: il ne s'agit pas d'une poudre soufflee dans le cerveau, mais d'un anneau glisse au doigt, et pour reussir la prise de conscience il ne suffit pas de se rappeler ce qu'on est (Lancelot reste dans le temps de son enfance), mais il faut litteralement quelqu'un qui prenne le prisonnier par la main. 2.3. La carole magique Passons maintenant a l'episode de la carole: au milieu d'un beau pre, sur lequel s'elevent quatre pins et ou l'on a dresse des tentes, la carole se presente pour la premiere fois au regard de Lancelot: Tout entor les pins avoit chevaliers et dames, si estoient li un des chevalier arme et li autre desarme et queroloient (...) et tenoient damoiseles par les mains et tiex en avoit qui ne tenoient ne dames ne damoiseles, ainz tenoient chevaliers par ses mains dont il i avoit assez plus que de damoiseles (M1cHA 1979: 234). Lancelot est tres intrigue («dahaiz aie, se je ne vois savoir de quoi il font si grande feste») et s'approche des danseurs. Lors se fiert es pavillons et si tost com il a le premier encontre, si li mue li sans et li change li talanz: car s'il devant n'avoit talant fors de chevalerie et d'assaut et de meslees comancier, or est ses voloirs a ce menez qu'il n'a talant fors de queroler; si oublie sa dame et ses compaignons et soi meesmes en tel manniere qu'il ne l'an souvient mais, ainz descent de son cheval et le baille a garder au vallet, si giete sa lance et son escu a terre (...) et se prent la premiere damoisele qu'il encontre. Et lors conmance a chanter et a ferir del pie ausi conme li autre (...) tant que li vallez meesmes le resgarda et le tient por fol (MICHA 1979: 235, c'est nous qui soulignons). On reconnait les elements qui avaient deja caracterise l'«oubli» dans les Merveilles de Rigomer: la perte de connaissance aussi bien d'autrui que de soi-meme au profit d'une euphorie envahissante. Dans les Merveilles, c'etait l'illusion d'etre aime de la demoiselle de Rigomer, dans ce passage du Lancelot, c'est la passion de la carole qui se substitue a tout autre sentiment ou pensee. Cet etat d'«oubli» est perfu comme folie par les personnes qui, comme Gauvain dans les Merveilles ou ici le valet, restent etrangeres au charme. Ce qui est interessant dans le cas de la carole, c'est que Lancelot se trouve prisonnier sans etre physiquement retenu par des murs ou des gardiens. II suffit, pour que la «prisonenchantement» soit operationnelle, que Lancelot ait pris place dans l'espace bien defini de la Ronde. Lancelot aux fourneaux: des elements de parodie dans ! es Merveilles de Rigomer? 189 La fafon dont Lancelot va briser le cercle magique est significative: une demoiselle lui demande de s'asseoir sur un tröne au milieu du pre et de se laisser couronner. Au debut, Lancelot refuse, se souciant uniquement de la danse, mais finit par ceder aux instances de la demoiselle. ... si se vait aseoir en Ja chaiere et cele [Ja pucele] li mest la couronne en Ja teste et Ji dist: «Biax sire, or poez dire que vos avez Ja couronne vostre pere en vostre teste. » (...) Et maintenant failli Ji anchantemenz, si revindrent tuit en lor sans et en lor mimoire dont il avoient este Jonguement soufraiteux (MICHA 1979: 286, c'est nous qui soulignons). L'abolition de l'enchantement passe par les origines: celles de la carole meme, instauree en presence du pere de Lancelot, Ban de Benoi"c, et celles de Lancelot, qui apprend dans cette scene qu'il est fils de roi. Le fait de retrouver ses origines, d'apprendre (ou de se rappeler) qui il est lui fait retrouver aussi sa memoire et, partant, sa mission. Comme dans les Merveilles de Rigomer, il y a ici, de la part du chevalier, une prise de conscience qui concerne sa propre personne, une actualisation de sa situation. Quelle est la signification de cette prison un peu particuliere? Le pre de la carole est un lieu Oll dominent les valeurs des femmes. C'est ce qu'a fait remarquer Laurence Harf, comparant le Val sans Retour, cet autre piege a hommes du Lancelot en prose instaure par Morgue, et la carole. Ce sont, de par leur origine, des espaces Oll «un couple cherche a se refleter a l'infini dans d'autres couples qui sont retenus dans un espace mythique Oll la morale guerriere sombre dans l'oubli au profit de l'amour» (HARF-LANCNER 1983: 190). Un lieu donc Oll pendant un certain temps les valeurs des hommes (chevalerie) sont echangees contre celles des femmes (amour). Emmanuele Baumgartner 21 a rapproche la carole des automates, machines qui suspendent le temps en repetant a l'infini un meme moment. Ces automates, de meme que les prisons agencees par des personnages qui comme Morgue sont hostiles au monde arthurien, guettent, dans les romans en prose, les heros en raute vers l'accomplissement de l'ultime aventure et la fin des temps. Dans une conception du temps eschatologique, lineaire, l'espace circulaire de la Ronde empeche les chevaliers d'avancer et d'aboutir dans leur quete. Par la prison, et a fortiori par la «prison-enchantement», qui opere sur l'esprit de la victime, la quete chevaleresque est menacee, que ce soit la quete d'un monde transcendant, comme dans les romans en prose, ou, plus modestement, comme dans les premiers romans en vers, d'un equilibre precaire entre amour et chevalerie. A l'instar d'Erec, qui court, dans les bras d'Enide, le risque de stagner, de s'enliser dans le monde de la femme et de l'amour, les heros des romans en prose sont guettes par des lieux dont on ne revient pas. Comme Erec, Lancelot ne peut 21 BAUMGARTNER 1988: 20; cf. aussi BAUMGARTNER 1984. 190 Richard Trachsler s'arracher a ce monde de femmes qu'au moyen de plus ou moins laborieuses prises de conscience, qui le mettront dans l'obligation d'avancer, de se perfectionner et d'achever sa quete. Il importe peu, dans cette perspective, que l'espace de la prison soit delimite par des barreaux de fer, la circonference d'une ronde de danseurs ou encore, comme pour Mabonagrain dans Erec, par une promesse donnee a la legere et «de l'air» (ROQUES 1953: V. 5691). Les prisons sont des impasses dont seuls se sortent les elus, ceux qui evoluent par le monde guides, certes, par leur destin d'exception, mais egalement prets a actualiser leur situation pour se sortir de l'atemporalite des prisons Oll rien ne change si ce n'est le nombre des tetes coupees et fichees sur la palissade qui les entoure. 3. Les Merveilles, une parodie du roman arthurien «serieux»? Le mecanisme «oubli»/ «rappel» fait donc partie de la tradition arthurienne. Des passages celebres reposent sur ce schema, employe egalement dans les Merveilles de Rigomer, mais transpose dans un autre registre: celui du comique. Que peut-on tirer de ces observations? Tout d'abord, il resulte de ces passages que Jehan, l'auteur des Merveilles de Rigomer, reutilise un element traditionnel dans une intention parodique, car la presentation d'un Lancelot gras et abruti n'a pu etre que comique pour le public contemporain qui lisait cet episode a la lumiere de la tradition du «comique de cuisine». Ce qui est parodie, ce sont les romans arthuriens «serieux», qui mettent en scene de veritables prisons, Oll les «oublis» et les «rappels» sont de la part de l'auteur sinceres et pour l'existence du personnage fondamentaux. Ces remarques peuvent etre etayees par des arguments d'un autre ordre. On trouve, en effet, dans les Merveilles de Rigomer, d'autres passages qui jouent avec la tradition anterieure, notamment quand le narrateur reflechit ouvertement sur la technique de l'entrelacement soulignant ainsi le cöte artificiel et mecanique du procede. Apres avoir donne une longue liste (v. 7059-7100) des noms d'une partie des 58 chevaliers qui accompagnent Gauvain dans sa quete de Lancelot, le narrateur fait explicitement gräce au lecteur de toutes les aventures qu'ils rencontrent avant d'arriver en Irlande (v. 7168-74), mais il fera pire, en quelque sorte: pendant plusieurs milliers de vers, le lecteur va suivre un par un sept (sans compter Gauvain, qui a un statut a part) des 58 queteurs, les regardant accomplir les aventures les plus variees avant d'echouer quelque part au pays de Rigomer. Tout d'abord Gauvain, puis, tour a tour, Saigremor, Agravain, Blioberis, Yvain, Gaudin, Cliges et Gaheriet se trouveront accidentellement separes du groupe. Apres avoir relate les aventures de chacun d'eux, le narrateur retourne a l'ensemble du groupe au moyen d'une formule stereotypee comme: Lancelot aux fourneaux: des elements de parodie dans ! es Merveilles de Rigomer? 191 «Si averai parlai premiers / Des .lvj. [apres le depart de Gauvain et de Saigremor] chevaliers / Qui sont errant vers Rigomer » (v. 7985-87). «Des .lv. compaignons [apres la separation d'Agravain] / Dont nos avons 01 les nons / Vos aconterons an9ois / En nostre langage fran9ois. » (v. 8437-40) II y a une lacune dans le manuscrit (v. 8570) apres la separation de Blioberis, mais l'enumeration se poursuit: «Or dirons des .1. trois» (v. 8861), «Or dirons des .1. deus» (v. 9102), «Et dirons des .1. et un» (v. 9493). La derniere occurrence de la formule necessite une explication: les editeurs ont imprime: Lors devons dire et conter Des mervelles de Rigomer Et des chevaliers qui i vont, Qui dusque a [.! . et] .i. sunt. (v. 9831-34) alors que le manuscrit donne, au vers 9834 dus ques. II est clair d'apres le contexte que ce n'est pas .i. mais .l. [ = cinquante] qu'il faut lire, puisque Gaheriet, qui etait precisement le 51e, s'est separe du groupe. Le chiffre 50 parait en outre beaucoup plus approprie que 51 pour clore l'enumeration serielle dont l'auteur avait esquisse le debut. Par l'insistance sur le decompte, le caractere mecanique, artificiel du procede de l'entrelacement est souligne. La structure narrative des romans du Graal est mise a nu, demasquee et ridiculisee. On peut aller plus loin encore: la structure tout entiere de la narration qui soustend les Merveilles est celle des romans du Graal pervertie. Marie-Luce Chenerie l'a bien observe en ecrivant que les Merveilles reprenaient en quelque sorte a rebours le Conte du Graal, auquel elles avaient deja emprunte l'idee «d'une sorte d'avenement de la chevalerie ideale» (CHENERIE 1987: 39). Seulement, aux merveilles du Chateau du Graal se sont substitues les futiles enchantements de Rigomer, ce n'est plus autour du Saint Vaisseau que gravitent les chevaliers, mais autour de la dame de Rigomer, l'enchanteresse Denise. Et, surtout, ce ne sont pas les chastes Galaad ou Perceval qui en viendront a bout, mais Gauvain, le mondain. Gauvain qui dernier pied de nez aux romans du Graal ne voudra meme pas de sa recompense et refusera la belle, preferant rejoindre son amie feerique. De ce constat, il faut tirer la conclusion suivante: l'auteur des Merveilles de Rigomer est un ecrivain reflechi, qui utilise sciemment, voire au deuxieme degre, des traditions litteraires existantes. Et on ne doit pas se laisser induire en erreur par l'apparence archai:que ou folklorique de certains episodes, il serait meme surprenant de retrouver du materiel authentique (oral ou autre) chez un auteur qui manipule avec autant de malice des traditions litteraires. 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