Oeuvres et Critiques
oec
0338-1900
2941-0851
Narr Verlag Tübingen
10.2357/OeC-2018-0010
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Écrire au lieu du peintre
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2018
Medrar Sallem
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Œuvres & Critiques, XLIII, 1 (2018) Écrire au lieu du peintre : Poétique de la parenthèse picturale chez Colette Fellous Medrar Sallem (Laboratoire Intersignes/ FSHST-Université de Tunis) Les quatre romans autobiographiques de Colette Fellous, Avenue de France (2001), Aujourd’hui (2005), Plein été (2007) et La Préparation de la vie (2014) retracent «-traits-» et «-portraits-» de leur auteure� L’écrivaine a été gratifiée du «-droit de dire je-» 55 par son maître Roland Barthes et ce sont les projections de ce moi sur les pages des livres qui ont fait naitre un corps pictural au sein de l'espace scriptural� Feuilleter l'œuvre autobiographique de l'auteure juive franco-tunisienne nous fait découvrir un espace qui se démarque de celui de ses autres ouvrages par l'insertion d'une entité hétérogène composée de photographies, de tableaux, de cartes postales, d'affiches et autres formes imagées dans l'ensemble du texte� C'est en effet la présence d'images dans les écrits autobiographiques de Colette Fellous qui nous conduit ici à vouloir examiner la composante picturale pour évaluer la manière dont celle-ci constitue une sorte de parenthèse� Nous partirons d'un ethos préalable de décomposition pour vérifier par la suite les cheminements que prend la création d'une œuvre hybride� En interrogeant la relation entre images et texte, en cherchant à voir au-delà de la rupture, une transformation, puis une complémentarité, nous nous intéresserons ainsi dans un premier moment aux images comme «-parenthèses-» dans les écrits autobiographiques de Colette Fellous� Par la suite, nous interrogerons notre corpus pour déceler les voies empruntées par l’auteure pour transformer le corps pictural en «-U-parenthèse-»� Dans cette partie, nous montrerons que ce corps peut être interprété comme une «- non-parenthèse- » tout autant qu’une «- parenthèse idéale- », en nous inspirant du sens du mot de l'écrivain anglais Thomas More «- utopie- », qui signifie «-un non-lieu-», «-en aucun lieu-» et «-le lieu idéal-»� 55 Fellous, Colette. La Préparation de la vie� Paris, Gallimard, coll� «-Blanche-», 2014, quatrième de couverture� DOI 10.2357/ OeC-2018-0010 82 Œuvres & Critiques, XLIII, 1 (2018) Medrar Sallem Finalement, comme une «-hétérotopie a pour règle de juxtaposer en un lieu réel plusieurs espaces qui, normalement seraient, devraient être incompatibles- » 56 , nous proposerons de mettre le modèle foucaldien à l’épreuve de notre corpus et de tester la possibilité de lire, dans l'insertion de l'auteure d'une constante imagée dans son œuvre autobiographique, un recours «-hétéro-parenthétique-»� C'est dans cette partie que nous analyserons la fusion entre image et texte en interrogeant notamment le pouvoir parenthétique, notamment celui qui consiste à insérer les tableaux de Cézanne dans l'autobiographie de la narratrice� À l’entour du texte : l’aspect fragmentaire de l'œuvre autobiographique de Colette Fellous L'œuvre autobiographique de C� Fellous se distingue de ses autres écrits aussi bien par la forme que par le contenu� D'Avenue de France à La Préparation de la vie, les images insérées constituent une nouvelle constante représentative des opus autobiographiques de l'écrivaine franco-tunisienne� En feuilletant ces dernières œuvres, le lecteur remarque que les images y occupent un espace important� Certaines images s'étendent sur plus d’une page alors que d'autres se trouvent au voisinage du texte dans l'espace de la même page� Nous ne nous attarderons pas sur la typologie des images figurant dans l'autobiographie de Fellous� Nous en relèverons des photos, des affiches, des cartes postales, des tableaux, etc� Les éléments iconographiques semblent de prime abord assurer une fonction ornementale� Ils peuvent être vus lors d'une première lecture comme para-texte, c’est-à-dire dans une situation marginale par rapport au texte� Nous pouvons ainsi les considérer comme composantes-- valeurs-? -- ajoutées au texte� Les images ne seraient-elles pas alors à lire comme des parenthèses de nature différente adjointes au texte-? Sous cet angle, le collage assure la coexistence entre texte et image� De ce collage peut d’ailleurs naître un effet de rupture fondé sur la différence des deux supports, rendant la substance autobiographique hétérogène� Une relecture des extraits textuels effectuée parallèlement à une lecture des supports visuels nous amène à voir dans la juxtaposition d'une parenthèse imagée au texte une forme d'insertion� 56 Foucault, Michel� Le Corps utopique, Les Hétérotopies� Clamecy, Lignes, 2010, p� 28, dorénavant désigné à l’aide du sigle (LH), suivi du numéro de la page� DOI 10.2357/ OeC-2018-0010 83 Œuvres & Critiques, XLIII, 1 (2018) Écrire au lieu du peintre : Poétique de la parenthèse picturale De la juxtaposition à l'insertion : Une image trans-formant le texte Un examen attentif du corpus permet le glissement de l'image depuis le hors-champ jusqu’au champ même du texte� C'est alors que la dimension de la parenthèse comme mise à l'écart dans l'écrit se voit renégociée dans sa réinsertion dans le texte en un mouvement réflexif centripète� L’image se déplace alors du hors texte et prend forme dedans� Étant de prime abord composante périphérique, elle se re-forme par l’écriture et la lecture en composante centrale du texte� En reprenant la notion de décalage sémiologique de R� Barthes, il est possible d'identifier l'énonciation dans l'œuvre de Colette Fellous comme «-un texte second-», dans la mesure où le sens n'est pas uniquement porté par les mots de la langue mais aussi par la mise en forme et par tout ce qui a trait au caractère matériel� Par ce passage de la juxtaposition au texte à son insertion dedans, l'image trans-forme notablement la trace scripturale de C� Fellous� Elle peut à la fois être considérée comme parenthèse et non-parenthèse, en vertu d’un parallélisme fondé sur les notions foucaldiennes de «- lieu- » et de «- non lieu- »� L’image insérée dans l'autobiographie de Colette Fellous interagit avec le texte sur le plan formel et lui confère une forme nouvelle qui le subvertit� L'œuvre devient mixage de formes textuelles et picturales� Ce processus transformationnel est plus remarquable dans le cas de voisinage mot/ image sur une même page, lorsque l'image représente à la fois une parenthèse par rapport au texte par sa différence de nature et une non-parenthèse par son inclusion dedans et par l'autonomie formelle et identitaire qu'elle garde, quoiqu'hébergée dans un espace scriptural� Le pouvoir U-parenthétique de l'image : De la rupture aux points de couture En considérant de plus près les ouvrages autobiographiques de Colette Fellous, nous ne les percevons plus comme un puzzle où des images parenthétiques se transportent du co-texte au texte et où nous cherchons à reconstituer un dessin cohérent à partir d'une multiplicité d'éléments épars� «-Sous les doigts-» 57 de l'écrivaine et face aux yeux de son lecteur, s’enchevêtrent le scriptural et le pictural� Le mot «-puzzle-» signifie au sens étymologique «- embrasser- » et dans cette confusion texte/ image, cette dernière 57 Fellous, Colette� Plein Été, op. cit�, p� 58� DOI 10.2357/ OeC-2018-0010 84 Œuvres & Critiques, XLIII, 1 (2018) s'attribue un pouvoir U-parenthétique� En parenthèse idéale, loin de rompre avec les mots ou de ne pas les dire, elle fonctionne en interaction avec eux� Ce pouvoir assure un tissage de l'œuvre où image et texte se complètent comme le font pour tout signe le signifiant et le signifié� De cette fusion, l'image aborde le texte de trois manières différentes� Elle peut le prédire, le dire ou le redire par sa forme� Elle fonctionne ainsi par anticipation, par éclairage ou par insistance� Certaines images annoncent le texte alors que d'autres se rapprochent de l'hypotypose-- figure consistant à «-mettre sous les yeux-»-- et l'éclairent en l’exhibant tel un témoignage, tandis que d'autres encore reformulent certaines phrases textuelles en les redisant d'une manière imagée� Dans Plein été, les centres des pages 116 et 133 sont occupés par des photos en noir et blanc qui semblent inviter le lecteur à les lier à des tableaux exposés dans les galeries d’arts� La photo sur la page 34 est celle d’un carrelage, probablement celui du couloir de l’appartement des parents dans l’immeuble Maison Fleurie, à Tunis� Cette photo précède le texte et semble l’introduire puisque l’écrivaine parle dans cette même page de «-ce couloir qui avait en réalité la forme d’un patio-» 58 � Sur la page 58, nous observons une autre photo, celle de la maison qui appartenait au grand-père à La Marsa, devenue propriété de la famille Bondin� Cette photo indique un espace réel qui fait l’objet du texte qui la suit� Le texte s’étendant de la page 58 à la page 66 lui fait d’ailleurs écho� Tous ces effets de résonance travaillent ainsi de manière souterraine mais dynamique à la mise en place de ce réseau silencieusement éloquent d’intelligibilité conjointe, co-construite, du texte parlant et de l’image supposée muette, selon les termes de l’antique Simonide� Image et texte fonctionnent ainsi ensemble dans un espace défini comme scriptural, mais relevant d’une nature composite, amalgamant des entités écrites et d’autres imagées� Se dotant de ce pouvoir, l'image agit dans l'œuvre� En U-parenthèse, elle illustre les différentes possibilités que peut emprunter l'énonciation chez Colette Fellous-: la rupture ou la mise en scène, ou encore la mise en abyme� In-texte : un aspect hétéro-parenthétique de la constante imagée Le corpus autobiographique de Colette Fellous, formé dès sa création de textes et d’images conjointes, traduit assurément le besoin de l’auteure de s’exprimer dans une langue autre que celle des mots� La collection «-Traits et portraits-» créée par l'écrivaine suite à la parution de son premier roman 58 Ibid., p� 34� Medrar Sallem DOI 10.2357/ OeC-2018-0010 85 Œuvres & Critiques, XLIII, 1 (2018) autobiographique, Avenue de France, traduit son désir de créer par les mots et les images, molécules de l'expression anatomique de C� Fellous� Dans le mode expressif de notre auteure, l’image s’octroie un statut aussi important que celui du texte� Si selon Foucault, «-l’hétérotopie a pour règle de juxtaposer en un lieu réel plusieurs espaces qui, normalement seraient, devraient être incompatibles- » 59 , nous nous trouvons amenée à ne plus considérer l'image comme parenthèse, mais plutôt comme une constante esthétique dotée d'un aspect hétéro-parenthétique� Ainsi, l’idée de tout accumuler, l’idée, en quelque sorte, d’arrêter le temps, ou plutôt de le laisser se déposer à l’infini dans un certain espace privilégié, l’idée de construire l’archive générale d’une culture, la volonté d’enfermer dans un lieu tous les temps, toutes les époques, toutes les formes et tous les goûts, l’idée de constituer un espace de tous les temps, comme si cet espace pouvait être lui-même définitivement hors du temps 60 , peut correspondre à une définition possible de l'usage parenthétique que fait C� Fellous des images dans son autobiographie� Par la suite, intégrer une accumulation d'images dans un corpus scriptural permet d'arrêter le temps et de le fixer à l’intérieur d’un espace déterminé-- celui du «-je-» de l'auteure -, rompant ainsi avec la temporalité de l'écrit et célébrant formes et goûts artistiques, dans l’objectif de constituer un lieu hors du temps� En effet, l’image n'est-elle pas une parenthèse à l’intérieur du texte qui l'inverse- ? Ne devient-elle pas elle-même un espace concret qui héberge l'imaginaire de l’écrivaine-? Plus nous puisons dans les profondeurs du texte, plus nous découvrons des fonctions de l'image, notamment celle du tableau de Paul Cézanne, Les Joueurs de cartes, qui peut être lu comme «-surdétermination de l’hétérotopie-» 61 dans la mesure où l'auteure affirme que «-c’étaient eux [ses] parents, leur présence [qui la] soulageait de tous les malentendus et les désaccords qu'[elle] découvr[ait], jour après jour- » 62 , qu'ils «- étaient [ses] seconds parents et c’est à eux qu'[elle] all[ait] [se] confier silencieusement-» 63 et qu'elle «-ét[ait] sûre maintenant qu’ils faisaient partie de [son] autre famille-» 64 � 59 Foucault, Michel� Le corps utopique, Les hétérotopies� Clamecy, Lignes, 2010, p� 28� 60 Ibid., p� 30� 61 Ibid., p� 28� 62 Fellous, Colette� Plein Été, op. cit�, p� 38� 63 Ibid., p� 33� 64 Idem. Écrire au lieu du peintre : Poétique de la parenthèse picturale DOI 10.2357/ OeC-2018-0010 86 Œuvres & Critiques, XLIII, 1 (2018) Au cœur du texte : In/ to Les Joueurs de cartes de Cézanne Une parenthèse «-autre-» revient souvent dans l'œuvre de Colette Fellous, notamment dans Plein Été où exposer et écrire Les Joueurs de cartes de Paul Cézanne constitue un invariant stylistique-- un stylème, en quelque sorte-- de l'auteure� L'écrivaine ne se contente pas de les citer et de chercher en eux des éléments constitutifs de son identité� Elle va plus loin, s’efforçant de pénétrer l'espace de la toile et de se rapprocher davantage des personnages� À force de sonder ces personnages, de tenter de les exprimer, son œuvre apparait «-[…] sous le voile de l'interprétation par taches colorées se succédant selon une loi d'harmonie-» 65 � Le corps textuel de C� Fellous est inversé par les images du tableau ainsi que par l'écriture de l'ouvrage de Cézanne� Ce dédoublement est reflété sur les pages des livres� Colette Fellous à l'image de Paul Cézanne attribue aux entités textuelles imagées de son livre une condensation de la réalité ainsi que de la création� Ainsi, la langue de Colette Fellous s’imprègne du pinceau de Cézanne� L'artiste a peint une série de ces Joueurs que l'écrivaine repeint au cœur de sa série autobiographique� Il réserve l'espace d'un tableau à l'un des Joueurs et elle lui consacre un espace privilégié de son texte� Il travestit le portrait de l'oncle Dominique avant qu'elle ne fasse de même avec son oncle Léon� Son écriture est à l'image de sa peinture, formée de reprises et de répétitions, d’analogies� Parallèlement, tous deux accordent une importance capitale aux tissus� Des plis de nappes reviennent d'un tableau à un autre de Cézanne et le premier texte de C� Fellous s'intitule Draps (1981)� Elle en a d’ailleurs fait l’objet de sa pièce de théâtre, Raconte moi encore (2004)� Le fond de la page blanche ne fait-il pas ainsi écho aux drapés animant le fond de la toile dans Les Joueurs de cartes 66 , comme une allusion au dévoilement du corps féminin en peinture et de l'être felloussien en écriture-? Quand l'image inverse le texte Par ces recoupements, le pouvoir de l'image dépasse tout découpage et touche, en s’y étendant, à l'intégralité du texte autobiographique de Colette Fellous� Ses œuvres se présentent d'emblée comme un chassé-croisé d’images et de textes� Les jaquettes illustrent cette bi-présence renforcée par l’intuition du lecteur feuilletant les ouvrages� 65 Doran, Pierre-Michael (dir�)� Conversations avec Cézanne� Paris, Macula, 1978, p� 36� 66 Les Joueurs de cartes, 1890-1891, huile sur toile 81,2 x 64,7 New York Metropolitan Museum� Medrar Sallem DOI 10.2357/ OeC-2018-0010 87 Œuvres & Critiques, XLIII, 1 (2018) L'écrivaine affirme conserver soigneusement une carte postale de son grand-père destinée à sa mère «-sur [sa] table de travail […] près des Joueurs de cartes et d’un vieux jeu de sept familles- » 67 � Cette table de travail ne renvoie-t-elle encore ici à l'atelier du peintre- ? Le sens étymologique surgissant- - tabula -, le fait de garder le tableau de Cézanne sous les yeux et de le reproduire autrement en plus de la méthode adoptée, donnant ainsi naissance à une création artistique, ne constituent-ils pas des pistes possibles d’accomplissement de ce subtil chassé-croisé, lui-même dédoublé-? Le texte de C� Fellous apparaît ainsi tel un texte en mosaïque modelé par l'écrivaine et peint par touches mémorielles� Sondant la technique de Cézanne, Michel Artières nous éclaire davantage sur ce rapport technique, réfléchi, à la création-: Cette technique il la maitrisera peu à peu malgré ce qu’il dit à Maurice Denis, les petits coups de brosses, obliques et réguliers, remplaceront l’accumulation hésitante des premiers essais et formeront de manière très sûre, la texture de l’objet� Cette manière de peindre impose à l’impulsion spontanée, c’est-à-dire au corps du peintre, une réflexion� L’analyse contrôle sévèrement le lyrisme� Un bouleversement aussi radical se produit lorsque, pour la première fois, avec l’acceptation des leçons d’un ainé, lui viennent les qualités qui lui manquaient le plus-: patience, goût du travail lent et réfléchi 68 � La touche, ayant permis à Cézanne de penser le monde par la peinture, n'a-t-elle pas été empruntée par Colette Fellous, qui en a fait son auto-empreinte-? En travaillant sur certains aspects de la poétique de C� Fellous, nous y avons décelé une manière de musée et avons vu en elle une collecteuse et collectionneuse d'objets d'art� Nous découvrons à présent par le biais de la parenthèse que son autobiographie ne se limite pas à exposer les images et qu'au delà de cette dimension purement galeriste, elle inverse le texte de l'intérieur en le créant «-autre-»� Conclusion En guise de conclusion et pour ne pas fermer cette parenthèse imagée englobant le texte, nous rappellerons qu'en 1886, un événement littéraire a marqué la vie de Cézanne- : la parution du roman de Zola L'Œuvre, où 67 Fellous, Colette� Plein Été, op. cit�, p� 57� 68 Artières, Michel� Cézanne ou l’inconscient maitre d’œuvre, Lausanne, Delachaux et Niestlé, 1995, p� 35� Écrire au lieu du peintre : Poétique de la parenthèse picturale DOI 10.2357/ OeC-2018-0010 88 Œuvres & Critiques, XLIII, 1 (2018) celui-ci décrit son héros Claude Lantier comme un artiste raté� S'identifiant au personnage principal du livre, Cézanne rompt une longue amitié de trente-quatre ans et la dernière lettre qu’il fera parvenir à Zola sera le mot de remerciement écrit après la réception de L'Œuvre-: Gardanne, 4 avril 1886� Mon cher Émile, Je viens de recevoir L'Œuvre que tu as bien voulu m'adresser� Je remercie l'auteur des Rougon-Macquart de ce bon témoignage de souvenir, et je lui demande de me permettre de lui serrer la main en songeant aux anciennes années� Tout à toi sous l'impulsion des temps écoulés 69 � En 2007, en plaçant Les Joueurs de cartes au centre de son Plein Été, Colette Fellous n’a-t-elle pas inversé le texte ainsi que le personnage de Zola dans l'espace de son œuvre pour rendre hommage à Paul Cézanne-? Ne peut-on pas lire dans son autobiographie des propos autres sur l’artiste-? Ne peut-on pas lire de la vénération pour Cézanne dans ses écrits à la première personne où elle ré-expose, à travers images et mots, les œuvres du peintre-? 69 Rewald, John� Paul Cézanne, Correspondance� Paris, Grasset, 1995� Medrar Sallem DOI 10.2357/ OeC-2018-0010
