Oeuvres et Critiques
oec
0338-1900
2941-0851
Narr Verlag Tübingen
10.2357/OeC-2020-0010
Es handelt sich um einen Open-Access-Artikel, der unter den Bedingungen der Lizenz CC by 4.0 veröffentlicht wurde.http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/91
2020
451
Qu’il me baise d’un baiser de sa bouche : La Sulamite dans le Traité de l’amour de Dieu de saint François de Sales
91
2020
Suzanne C. Toczyski
oec4510117
Œuvres & Critiques, XLV, 1 (2020) DOI 10.2357/ OeC-2020-0010 Qu’il me baise d’un baiser de sa bouche-: La Sulamite dans le Traité de l’amour de Dieu de saint François de Sales Suzanne C. Toczyski Sonoma State University Aucune figure féminine de la Bible hébraïque n’est aussi vulnérable à l’appropriation orientaliste que la Sulamite du Cantique des cantiques, un recueil de chansons d’amour poétiques et passionnées attribuées à la plume du Roi Salomon et inspirées par son grand amour et première épouse 1 . La provenance levantine de ce texte comporte une abondance de richesse sensuelle, topos identifié par Edward Saïd comme thème emprunté à une construction européenne de l’Orient, avec ses éléments de «-Oriental splendor [and] sensuality-» (Saïd 4). Chose étonnante, le Cantique - dans toute sa profusion voluptueuse - a servi d’inspiration à un des grands théologiens du début de l’époque moderne, saint François de Sales (1567-1622), dont le Traité de l’amour de Dieu (1616) développe de façon exquise la sensualité de la Sulamite et son rapport avec son Bien-Aimé comme une allégorie du rapport des lecteurs avec Dieu (Dailey, «-Song-»). Nous maintenons que c’est précisément l’altérité sensuelle «-orientale-» de la Sulamite saisie dans son contexte biblique qui permet au saint de se servir de cette représentation de la foi en Dieu comme exemple tout en respectant les strictes bienséances de son temps et de sa confession. Or l’on sait que, depuis Saïd, le terme «-orientaliste-» se réfère le plus souvent à un corpus de textes littéraires inspirés par des récits de voyage en Asie aussi bien que des textes de langue arabe considérés comme «- exotiques- » publiés en Europe à partir du XVII e siècle, y compris, par exemple, les Mille et une nuit d’Antoine Galland (1646-1715) et les contes orientaux de François Pétis de la Croix (1653-1713). Mais on aurait tort de croire que l’influence du monde «-oriental-» ne se fasse sentir qu’à partir de la seconde moitié de ce siècle en France. Sahar Amer, par exemple, a bien établi «-l’influence formatrice de la culture arabe sur le monde occidental médiéval-», spécifiquement dans l’Isopet de Marie de France (Ésope 202), mais aussi, dans ses dimensions 1 Sulamite, ou Shulamite, originaire de la ville de Shunem ou Sunam (actuellement Sôlem), forme du mot hébreu shalom, paix. Le Dictionnaire des noms propres de la Bible propose aussi que le mot soit une forme féminine dérivée de Salomon, la Pacifiée (Odelain & Séguineau 364). 118 Œuvres & Critiques, XLV, 1 (2020) DOI 10.2357/ OeC-2020-0010 Suzanne C. Toczyski érotiques, chez Etienne de Fougères et Jean Renart (Crossing 29 et 88)- ; de plus, d’après Amer, certains des thèmes sexuels des Mille et une nuit inspirent déjà Yde et Olive, chanson de geste du XIII e siècle publiée en Picardie (Crossing 50). L’Empire ottoman est mis en valeur au XVI e siècle en France lorsque François I er envoie une ambassade à Constantinople (en 1536),-dont l’équipe ramène en France- une importante collection de livres- ; Guillaume Postel, membre du groupe, est le premier Français à endosser l’appellation d’ «-orientaliste-» (Baghdiantz-McCabe 44). En 1561 Gabriel Bounin publie sa tragédie La Soltane dans laquelle il invente un rôle fictif pour la séduisante Roxelane, première femme de Soliman le Magnifique (1494-1566, r. 1520-1566), dans l’assassinat de Mustafa, fils ainé de ce monarque. Quant aux récits de voyage, Donald Lach a clairement documenté la présence des œuvres des missionnaires jésuites en Asie au programme des lycées jésuites en France à la fin du XVI e siècle (481). Une appréciation de l’Orient arabe et asiatique (quoique souvent mal compris) se fait donc sentir en France bien avant le Grand Siècle. Cela dit, force est de reconnaître que la désignation «-orientaliste-» se revêt de connotations plus larges aux XVI e et XVII e siècles, car elle est adoptée par des écrivains et chercheurs qui se concentraient non seulement sur les textes de provenance arabe et asiatique mais aussi et surtout sur des textes sémitiques 2 aussi bien que sur les récits de voyage publiés par des pèlerins français à Jérusalem (Gomez-Giraud, passim.). Notre placement du Cantique des cantiques dans la tradition «-orientaliste-» en France dépend donc non seulement de la présence de thèmes empruntés à des œuvres exotiques et même érotiques (amour, désir, etc.) du monde arabe mais aussi d’une reconnaissance du rôle de l’Orient hébreu chez les auteurs des XVI e et XVII e siècles. On sait que le Cantique des cantiques, longtemps accepté comme partie intégrale du canon théologique par Origène (v.185-v.253), Bernard de Clairvaux (1090-1153) et d’autres, est un produit historique de la région géographique faisant partie au XVII e siècle de l’Empire ottoman sous le contrôle de Soliman le Magnifique et de ses successeurs. S’il est vrai qu’au XVII e siècle, l’Autre du Levant est le plus souvent identifié comme le Turc musulman, il est non moins vrai que, comme Jon Stratton a démontré, le juif, ayant été quasi effacé d’Europe au XVI e siècle, est tout aussi «-marginalized, stigmatized as other-» (10). Ce qui s’est passé effectivement, en partie grâce à la tentative de Pie IV d’interdire le Talmud-; à cette époque le juif et le musulman se trouvent sur un pied d’égalité dans l’esprit européen. Par conséquent, nous maintenons que certains textes hébraïques «-exotiques-» ont pu dès lors se prêter à l’altérisation typique des récits orientaux, parmi lesquels on peut classer le Cantique des cantiques. 2 Dont, parmi d’autres, Johann Reuchlin (1455-1522) et le Dominicain Sante Pagnini (1470-1541). Voir Driscoll, passim. 119 Œuvres & Critiques, XLV, 1 (2020) DOI 10.2357/ OeC-2020-0010 La Sulamite dans le Traité de l’amour de Dieu de saint François de Sales En effet il nous semble que ce dernier texte est emblématique de ce point de rencontre entre l’exotique et le religieux, puisqu’il se focalise sur le rapport amoureux intime qui existe entre soit une femme et son Bien-Aimé, soit l’Eglise et le Christ, soit l’âme humaine et Dieu (Dailey, «- Song- » 70- ; Delville 36-39-; Flanagan). Comme l’a affirmé Annette Schellenberg, «-not all allegorical interpretations are anti-carnal-» et «-it is possible to read the Song in reference to the divine-human relationship and still do justice to its sensuality and eroticism-» (123). La Sulamite, femme exotique mais aussi sainte, représente un amalgame de deux traditions, arabe et hébraïque-; on peut la voir donc comme doublement «-Orientale-». Une lecture profane du Cantique offre des détails physiques orientalistes (exotiques et érotiques), tandis qu’une lecture allégorique, selon Schellenberg, offre «- something else-» (104). Nous nous proposons d’alimenter l’argument de Schellenberg en examinant l’usage fait du Cantique par F. de Sales en portant attention à sa vivante élaboration et à son utilisation théologique du corps féminin, valorisé dans les récits orientaux, dans toute sa sensualité physique, son désir puissant, et sa participation active, en paroles et en gestes, à un rapport sensuel amoureux comparable à celui de l’intimité de l’âme humaine avec Dieu. C’est précisément cette dualité que nous trouvons manifeste dans Le Traité de l’amour de Dieu de l’évêque de Genève, dont-l’appropriation et l’orientalisation de l’histoire de la Sulamite sont destinées à toucher non seulement les femmes, mais tous ceux qui brûlent d’envie d’un rapport amoureux avec le Bien-Aimé divin. L’histoire de F. de Sales et de sa fascination pour le Cantique des cantiques est instructive. L’engagement du saint avec ce texte date depuis ses études à Paris. En 1578, le jeune homme s’y rend afin de poursuivre ses études au Collège de Clermont, où il suit d’abord le cours d’humanités, suivi de trois ans consacrés-au cours de lettres et d’arts libéraux-; là il a sûrement rencontré des récits orientaux présentés en cours par les jésuites et dont des notes sont préservées dans des cahiers d’écoliers du Collège à l’époque (Lach 481). Dès 1584 F. de Sales assiste en Sorbonne à des conférences du bénédictin orientaliste Gilbert Génébrard (1535-1597-; Dailey, «-Song-» 72-72-; Ott), dont l’interprétation mystique du Cantique met en relief la dualité du rapport amoureux symbolique au cœur du texte.-Le biographe de F. de Sales, André Ravier, note que «-Ce fut une révélation pour François. Et dès lors, il ne put plus concevoir la vie spirituelle que comme une histoire d’amour, la plus belle des histoires d’amour-» (26). Entre 1602 et 1604 F. de Sales composa son Exposition mystique du Cantique des Cantiques (Dailey, «-Foreward-» 1) 3 , 3 Il faut noter que l’Exposition mystique est un commentaire (vers par vers) du texte biblique, tandis que son usage de citations du Cantique pour illustrer sa théologie dans le Traité est radicalement plus créatif. 120 Œuvres & Critiques, XLV, 1 (2020) DOI 10.2357/ OeC-2020-0010 Suzanne C. Toczyski qui continuera à influencer ses idées théologiques, nulle part aussi clairement que dans le Traité de l’amour de Dieu. Partant du principe que l’utilisation de l’histoire de la Sulamite par F. de Sales comme illustration théologique centrale du rapport entre Dieu et l’âme représente, au moins en partie, dans la lignée de son père spirituel Génébrard, l’invocation d’un récit «-oriental-» centré sur une Autre exotique, il convient de demander-: de quelle manière l’altérité orientale de la Sulamite est-elle utile et/ ou nécessaire à la façon dont le saint interprète ce rapport-? Autrement dit, pourquoi est-il important de comparer de façon détaillée la quête de Dieu entreprise par l’âme humaine au 17 e siècle à la poursuite du Bien-Aimé entreprise par la Sulamite désireuse, poursuite qui fait écho aux contes orientaux- ? On note que l’élaboration de cette comparaison développée par d’autres théologiens avant lui - Origène, Bernard de Clairvaux etc. (Arminjon-passim-; Pelletier 134-145) - est loin d’être aussi approfondie que celle qu’en donne F. de Sales, unique dans son approche gynocentrique, qui alimente notre intérêt pour le rôle de l’exotique figure féminine dans le Traité. La notion de bienséance nous offre une clé pour mieux comprendre l’intérêt que montrait F. de Sales pour le Cantique. Au XVII e siècle français, le mot, qui date de 1534, valorise pudeur et décorum social, évoquant une prise de position rigide vis-à-vis de la représentation du corps humain. Bien que F. de Sales acceptât sans hésitation l’idée d’intimité comme essentielle au rapport humain-divin, il lui manquait des exemples bienséants d’une telle intimité dans le contexte de la société française. Il est vrai que le saint a développé de façon détaillée une théologie centrée sur l’image de la mère qui allaite son enfant comme figure d’un Dieu éminemment maternel (Toczyski 191), mais des représentations de l’intimité conjugale dans le contexte européen auraient pu choquer ses lecteurs contemporains. Le Cantique offrait au saint un modèle d’intimité amoureuse suffisamment «-autre-» pour prévenir toute objection concernant la bienséance de ses exemples, tout en lui accordant une libre créativité dans sa théologie. F. de Sales comprenait la foi - la venue à l’amour de Dieu - comme un processus somatique et psychique, une formation holistique dans laquelle toute la personne s’engage à aimer le Divin-; la récupération non-traditionnelle du récit de la Sulamite exotique lui permet dès lors d’incorporer des images du corps féminin et tout son désir physique et sensorial dans ce qui n’est finalement qu’une chaste représentation du rapport amoureux entre l’homme et son Dieu 4 . 4 Que le mot âme, substantif féminin en français comme en latin, invite à la personnification de l’âme humaine comme femme va sans dire. Pourtant, si bon nombre des caractéristiques dites «-féminines-» utilisées par F. de Sales dans sa comparaison approfondie - la fragilité, vulnérabilité, faillibilité de la femme - peuvent se lire comme résolument sexués et stéréotypées, pour le théologien, l’essentiel, ce 121 Œuvres & Critiques, XLV, 1 (2020) DOI 10.2357/ OeC-2020-0010 La Sulamite dans le Traité de l’amour de Dieu de saint François de Sales D’un bout à l’autre du Traité, il est clair que, pour F. de Sales, la quête d’un rapport intime avec Dieu est l’effort de toute une vie, trouvant sa culmination dans la parfaite union avec Dieu au ciel. Embrassant le penchant exotique de son inspiration orientale, le saint établit dans le Livre X du Traité une analogie entre les différentes étapes de l’expérience humaine et la hiérarchie des femmes qu’il imagine organiser le harem du roi Salomon - institution «-orientale-» par excellence qui se retrouve dans les Mille et une nuit 5 - non pas en termes de leur rapport physique avec le Bien-Aimé, mais en fonction du niveau de perfection spirituelle qu’elles ont atteint-: «-Tandis que le grand roi Salomon, jouissant encore de l’Esprit divin, composait le sacré Cantique des cantiques, il avait, selon la permission de ce temps-là, une grande variété de dames et damoiselles dédiées à son amour en diverses conditions et sous des différentes qualités- » (819-820). Une seule, la Sulamite, s’approche de la perfection spirituelle nécessaire à la parfaite union-; les autres (60 reines, 80 dames, et d’innombrables filles) ne peuvent qu’aspirer au progrès spirituel, selon leur rang. Seule l’Epouse orientale peut dire en toute humilité, «- Je ne suis que pour mon Bien-aimé, et il est tout tourné devers moi-» (825). Dans le Traité, F. de Sales développe systématiquement la trajectoire spirituelle de la Sulamite, citant le Cantique explicitement pour la première fois 6 dans le Livre I, chapitre 9, intitulé- : «- Que l’amour tend à l’union- » (376). Bien que le saint insiste sur la chasteté du rapport entre le roi-berger et sa bergère bien-aimée, il représente le désir de l’âme chrétienne pour une union intime avec Dieu dans ce souhait de la Sulamite-: «-Qu’il me baise d’un baiser de sa bouche-! -» (ibid.). C’est cette articulation du désir de la Sulamite - mis en valeur ici tout comme dans des contes orientaux tels les Mille et une nuit - que l’on entend au tout début du Cantique-; cette image du baiser ardemment désiré sera à la base de l’exploration du rapport intime entre humain et divin fait par F. de Sales - un désir «-d’être unie cœur à cœur, esprit à esprit avec mon Dieu, mon Époux et ma vie- » (378). 7 Cependant, dans le Traité cette demande fonctionne à partir d’une absence car, comme l’explique le saint, ce n’est que quand la foi et l’entendement humain s’unissent n’est pas que la femme soit fragile ou vulnérable ou faillible, mais que l’être humain - mâle et femelle - le soit, surtout comparé à la divine perfection du Bien-Aimé. 5 Dans son étude détaillée du Cantique, Arminjon explique (288) que Ct 6: 8 est une référence au «-faste oriental-» du «-prodigieux harem de Salomon-». 6 Mise à part une brève référence dans la préface. 7 Lors de la publication du Traité, certains amis furent choqués par la référence aux «-baisers-» mais F. de Sales refusa de les enlever, disant qu’elles étaient «-des plus nécessaires à l’intelligence du sujet-» (cité dans Ravier, «-Saint François de Sales et la Bible-» (626). Voir aussi Pocetto, «-Feminism-» et F. de Sales, «-Mystical Exposition-»). 122 Œuvres & Critiques, XLV, 1 (2020) DOI 10.2357/ OeC-2020-0010 Suzanne C. Toczyski pour reconnaître que le suprême bien de l’âme est Dieu que la Sulamite arrivera à exprimer son désir de la présence de Dieu, présence qu’elle conçoit précisément sous forme d’un baiser. Si la Sulamite est la première à dire son désir, chez F. de Sales elle n’est pourtant pas l’origine du désir dans ce rapport. Dieu, écrit le saint, «-déclare plus avant sa passion amoureuse envers nous, et nous commande de l’aimer de tout notre pouvoir-» (431), jusqu’au point où, comme le Bien-Aimé à la porte de la Sulamite, «-il ne bat pas simplement, il s’arrête à battre, il appelle l’âme-: Sus, lève-toi, ma Bien-aimée, dépêche-toi, et met sa main dans la serrure, pour voir s’il ne pourrait point l’ouvrir- » (433). Le désir de la femme est clairement affiché, tout comme dans les contes orientaux, sans pourtant être mis au service de l’infidélité comme dans les Mille et une nuit, par exemple-; pour F. de Sales, il est signe d’une fidélité transcendante. Néanmoins le topos du désir conforme à une conception orientaliste se fait sentir dans la citation suivante-: Nous sommes éveillés, mais nous ne sommes pas éveillés de nous-mêmes- ; c’est l’inspiration qui nous a éveillés, et pour nous éveiller, elle nous a ébranlés et secoués, Je dormais, dit cette dévote Épouse, et mon Époux, qui est mon cœur, veillait-; hé, le voici qui m’éveille, m’appelant par le nom de nos amours, et j’entends bien que c’est lui à sa voix (436). Dormir, réveiller, appeler, porte, serrure - ce sont des clichés des représentations orientalistes du rapport intime. Chez F. de Sales, le sommeil de la Sulamite représente le manque d’initiative de l’âme humaine- ; ce n’est que quand Dieu l’appelle, l’encourageant activement à se lever et à se presser, essayant même d’ouvrir la porte, qu’elle est émue par l’inspiration du Bien-Aimé, c’est-à-dire l’Esprit divin qui la bouscule de l’intérieur. Ce qui serait, dans le conte oriental, un désir sexuel tout pur, devient chez F. de Sales une allégorie spirituelle d’envie passionnelle. L’allégorie se poursuit-: Tirez-moi, demande la Sulamite au Bien-Aimé, se mettant sous le pouvoir absolu de celui-ci. Bien que F. de Sales évoque une image que l’on pourrait associer avec l’esclavage, institution florissante dans l’Empire ottoman de son époque, il résiste à dire que la Sulamite puisse être forcée-; elle fait confiance au pouvoir de l’odeur sensuelle et exotique de son Bien-Aimé pour l’attirer-: «-que personne n’estime que vous m’alliez tirant après vous comme une esclave forcée ou comme une charrette inanimée-; ah non, vous me tirez à l’odeur de vos parfums- » (450). Tout comme dans les contes orientaux où les parfums jouent un rôle sensuel important - on pense, par exemple, aux Mille et une nuit où les hommes sont souvent «-parfumés d’odeurs les plus exquises-» avant de prendre part à des repas somp- 123 Œuvres & Critiques, XLV, 1 (2020) DOI 10.2357/ OeC-2020-0010 La Sulamite dans le Traité de l’amour de Dieu de saint François de Sales tueux 8 - chez F. de Sales c’est la suavité même du parfum du Bien-Aimé qui séduit la Sulamite-; le saint se sert du verbe allécher qui évoque l’image d’une expérience physique appétissante et désirable plutôt que contraignante. Elle est esclave, dans un sens, mais veut bien l’être. De plus, c’est le parfum qui la ranime quand elle serait autrement trop faible pour participer comme il le faut à leur rapport. F. de Sales associe la faiblesse physique ou l’évanouissement auxquels la Sulamite est apparemment sujette à l’inclination de l’être humain au péché-; elle a besoin de tout le soutien possible de son Bien-Aimé-: [C]ar je ne puis autrement aller-; mais si vous me tirez, nous courrons-: vous, en m’aidant par l’odeur de vos parfums, et moi, correspondant par mon faible contentement et odorant vos suavités qui me renforcent et revigorent toute, jusqu’à ce que le baume de votre nom sacré, c’est-à-dire l’onction salutaire de ma justification soit répandue en moi (475). F. de Sales précise que la Sulamite «-ne prierait pas si elle n’était excitée, mais sitôt qu’elle l’est et qu’elle sent les attraits, elle prie qu’on la tire-» (475). Là où, dans le conte oriental l’excitation mène à la trahison de l’homme par la femme désireuse, chez F. de Sales, c’est l’état physique qui permet à la femme fidèle de courir vers son Bien-Aimé, dont le nom sacré et donc la sainteté coulent en elle comme «- un baume versé dans [son] sein- » (475). Voilà l’essence de l’inspiration divine selon le saint- : elle excite l’âme humaine à embrasser l’amour sacré plutôt que le péché de la trahison. Encore une fois F. de Sales concrétise l’acte d’embrasser l’amour sacré sous forme d’un baiser, ou de baisers, car «-selon la naïveté du texte hébreu et selon la traduction des septante interprètes, la Sulamite souhaite plusieurs baisers-: Qu’il me baise, dit-elle, des baisers de sa bouche-! -» (501). C’est saint Jérôme dans la Vulgate qui, selon F. de Sales, réduisit le désir de la Sulamite pour de multiples «-baisers de la grâce-» à un seul baiser, «-celui de la gloire-» (501), comme si Jérôme voulait rappeler au lecteur que ce n’est que du baiser éternel que l’âme devrait brûler d’envie. Pour F. de Sales, une étape-clé dans la trajectoire de l’âme vers l’amour du divin est celle de la complaisance, un instant d’appréciation né au moment où l’individu reconnaît la perfection divine et la nomme belle et désirable, acte de «-réjouissance-» dans lequel l’âme dévote de la Sulamite s’exclame, «-Ô,… que vous êtes beau, mon Bien-aimé, que vous êtes beau-! vous êtes tout désirable, ains vous êtes le désir même, tel est mon Bien-aimé, et il est l’Ami de mon cœur, ô filles de Jérusalem- ! - » (566). Une appréciation sensuelle de 8 Voir, par exemple, les nuits LXXIII, XCIII, CLXIII, CXLVIII, CXCIX, et l’Histoire de Sindbad le Marin. 124 Œuvres & Critiques, XLV, 1 (2020) DOI 10.2357/ OeC-2020-0010 Suzanne C. Toczyski la complaisance s’exprime au Livre 5 du Traité en termes d’un banquet où l’âme soupe, pour ainsi dire, de la perfection divine. Autre motif commun dans les contes orientaux, le banquet y représente un bon moment partagé entre frères ou amis (par exemple, dans le prologue des Mille et une nuit)- ; mais dans le Traité F. de Sales situe ce banquet divin au jardin, lieu de délices licites en contraste avec les jardins de délices illicites trouvés dans les contes. Chez F. de Sales, la Sulamite invite le Bien-Aimé dans le jardin qui est sa personne même-: «-Que mon Bien-Aimé vienne en son jardin, dit l’Épouse sacrée, et qu’il y mange le fruit de ses pommes-» (569). Le saint explique que «-le divin Époux vient en son jardin quand il vient en l’âme dévote… En ce jardin, lui-même y plante la complaisance amoureuse que nous avons en sa bonté, et de laquelle nous nous paissons, comme de même sa bonté se plaît et se paît en notre complaisance- » (569). Le plaisir sensuel de cette expérience est mutuellement gratifiant car «-ces réciproques plaisirs font l’amour d’une incomparable complaisance par laquelle notre âme, faite jardin de son Epoux et ayant de sa bonté les pommiers des délices, elle lui en rend le fruit-; puisqu’il se plaît de la complaisance qu’elle a en lui-» (569). La sensualité du rapport entre l’âme et Dieu est encore augmentée d’une nouvelle image tirée du Cantique, celle du roi emmenant la Sulamite dans sa chambre-: Ainsi tirons-nous le cœur de Dieu dedans le nôtre, et il y répand son baume précieux-; et ainsi se pratique ce que la sainte Épouse dit avec tant d’allégresse-: «- Le Roi de mon cœur m’a menée dans ses cabinets- : nous tressaillirons et nous réjouirons en vous-; nous ramentevant de vos mamelles plus aimables que le vin-; les bons vous aiment-» (569). Si ce subtil glissement de l’amante à l’enfant au sein de sa mère offre à F. de Sales une image de l’amour divin qui semble moins érotique que celle qu’on trouve dans les contes orientaux, le saint constate néanmoins que «- les tétins qui abondent en variété de douceurs et suavités- » sont effectivement «- les cabinets de ce Roi d’amour- » (569), lieu d’union provisoire entre amants. Finalement l’ingestion somptueuse du cordial de l’amour du Bien-Aimé engage à nouveau l’odorat de la Sulamite- : «- que ses mamelles sont précieuses, répandant des parfums souverains- ! - » (571-2) - allusion à l’attraction physique qui garde la femme si près de son Bien-Aimé. De plus, dans le deuxième chapitre du Livre 5, F. de Sales note que «-la sacrée complaisance donne notre cœur à Dieu et nous fait sentir un perpétuel désir en la jouissance-» (568), soulignant à nouveau la complète intégration des deux amants l’un dans l’autre dans une représentation de l’expérience intime entre l’âme et Dieu, une forme de possession qui crée en l’âme le désir d’exalter Dieu à l’exclusion de tout autre plaisir. 125 Œuvres & Critiques, XLV, 1 (2020) DOI 10.2357/ OeC-2020-0010 La Sulamite dans le Traité de l’amour de Dieu de saint François de Sales Il est intéressant de noter que le vers qui suit immédiatement l’injonction du Bien-Aimé à la Sulamite quand il frappe à sa porte, lui demandant d’ouvrir (Ct 5-: 2), met l’accent sur la nudité de la femme. Si les Mille et une nuit mettent en scène la femme nue comme preuve de sa lubricité, chez F. de Sales cet état représente plutôt le «-dépouillement parfait de l’âme, unie à la volonté de Dieu-» (804), débarrassée de tout autre désir - même celui de pratiquer la vertu, ou des exercices de dévotion - dépouillement nécessaire à entrer dans une vie vécue en Dieu et néanmoins tout à fait bienséant. «-[L]’âme a raison de s’écrier-: J’ai ôté mes habits, comme m’en revêtirai-? j’ai lavé mes pieds de toutes sortes d’affections, comme les souillerai-je derechef-? -» (805). Ici on trouve la Sulamite nue dans sa chambre à elle, éminemment désirable dans son entière dévotion à son Bien-Aimé, dépouillée de son propre désir, un état où elle ne peut demeurer longtemps-; de même l’âme humaine, une fois dépouillée de ses désirs et de ses pratiques externes, doit «-revêtir [les] habits … de Jésus-Christ-» (805). Citant encore une fois le vers qui évoque l’entrée de la femme «-en ses celliers à vin-» (Ct 2-: 4), F. de Sales note que la Sulamite sera vêtue d’amour «-parce que l’Époux céleste le veut, le commande et l’entend, et qu’il a mis un tel ordre en la charité-» (806). Immédiatement après, le saint fait référence à un des versets les plus connus du Cantique afin de renforcer la nature vestimentaire de cet ornement-: Ainsi se faut-il dénuder de toutes affections, petites et grandes, et faut souvent examiner notre cœur pour voir s’il est bien prêt à se dévêtir… de tous ses habits, puis reprendre aussi, quand il en est temps les affections convenables au service de la charité-; afin de mourir en croix tout nus avec notre divin Sauveur et ressusciter par après un nouvel homme avec lui. L’amour est fort comme la mort pour nous faire tout quitter- ; il est magnifique comme la résurrection pour nous parer de gloire et d’honneur (807). C’est l’amour même qui sert d’habits neufs à l’âme, pour qu’elle se pare finalement de la gloire de Dieu. Pour F. de Sales, rien n’offre la possibilité d’un rapport intime avec Dieu sur terre que la prière ou l’oraison, qu’il décrit comme un entretien secret entre amants similaire au dialogue entre la Sulamite et son Bien-Aimé-: «-au Cantique, l’Époux divin et l’Épouse céleste représentent leurs amours par un continuel devis-» (610). A la différence des liaisons secrètes présentées dans des contes orientaux, cependant, les entretiens dérobés entre amants fidèles - la Sulamite et son Bien-Aimé - sont vertueux et désirables. La prière qu’ils représentent n’est pas dénuée de la sensualité charnelle des contes orientaux- : la méditation, que F. de Sales nomme «- le ruminement mystique- » (614-615) est perçue comme l’acte de savourer la doctrine sacrée «-comme un vin précieux-» (615) lorsqu’elle coule sur et des lèvres mêmes du Bien-Aimé-: 126 Œuvres & Critiques, XLV, 1 (2020) DOI 10.2357/ OeC-2020-0010 Suzanne C. Toczyski Ton gosier, dit-elle, dans lequel se forment les paroles saintes est un vin très bon, digne de mon Bien-Aimé pour être bu, et de ses lèvres et de ses dents pour être ruminé-» (615). De plus, quand il introduit la notion de la contemplation, F. de Sales utilise encore une fois la métaphore d’un banquet ayant lieu dans un jardin, tirée du 5 e chapitre du Cantique, pour y conjuguer les deux formes de prières-: L’Époux divin, comme berger qu’il est, prépara un festin somptueux à la façon champêtre pour son Épouse sacrée […]-: «-Je suis venu en mon jardin, dit-il, j’ai moissonné ma myrrhe avec tous mes parfums j’ai mangé mon bornal avec mon miel, j’ai mêlé mon vin avec mon lait-; mangez, mes amis, et buvez, et vous enivrez, mes très chers-» (626). Le festin pour honorer l’Épouse est ouvert à tous les amis du Bien-Aimé, qui les encourage non seulement à manger (activité qui exige du travail - mâcher et digérer — et en cela représente la méditation), mais aussi à boire jusqu’à l’enivrement, que le saint assimile à la prière contemplative qui conduit à ce «-qu’on soit tout hors de soi-même, pour être tout en Dieu-» (627). C’est enfin dans un état de repos sacré que l’Épouse découvre enfin - au moins momentanément - le Bien-Aimé qu’elle poursuit depuis si longtemps-: «-elle a trouvé Celui qu’elle cherchait-; que lui reste-t-il de plus, sinon de dire-: J’ai trouvé mon cher Bien-aimé, je le tiens et ne quitterai point-» (636). Son dernier acte de volonté tient à l’expérience sensorielle de la respiration, «-les odorants parfums dedans [son cœur], parfums réjouissants plus que le vin délicieux et plus que le miel-» (636) qui lui signalent sa présence dans cette voluptueuse quiétude. F. de Sales lit ce moment de pure jouissance comme une osmose liquide d’un amant dans l’autre-; c’est un langage même plus évocateur et érotique que celui dont Galland se servira lorsqu’il publiera les Mille et une nuit en 1704. L’amour avait rendu l’Époux fluide et coulant, dont l’Épouse l’appelle une huile répandue, et voilà que maintenant elle assure qu’elle-même est toute fondue d’amour-: Mon âme, dit-elle, s’est écoulée lorsque mon Bien-Aimé a parlé […]-; et comme l’Époux avait répandu son amour et son âme dans le cœur de l’Épouse, aussi l’Épouse réciproquement verse son âme dans le cœur de l’Époux. Dans cet échange quasi-érotique de fluides non-corporels, chacun laisse doucement couler son amour et son âme dans l’autre, s’épanchant bien au-delà des frontières du corps physique. Pour F. de Sales, voilà la jouissance- : «- [L]’écoulement d’une âme en son Dieu n’est autre chose qu’une véritable extase, par laquelle l’âme est toute hors des bornes de son main- 127 Œuvres & Critiques, XLV, 1 (2020) DOI 10.2357/ OeC-2020-0010 La Sulamite dans le Traité de l’amour de Dieu de saint François de Sales tien naturel, toute mêlée, absorbée et engloutie en son Dieu…-» (646). Bien que quelque peu particulière, la libre adaptation de ces puissantes images sensuelles du Cantique traduit parfaitement le point culminant du rapport amoureux intime entre l’âme et Dieu. Cependant, à la différence des contes orientaux, où la jouissance physique pure est célébrée, le rôle de la Sulamite comme épouse de l’être divin se limite enfin à un événement futur et quasi-ineffable-: «-elle ne pense pas le baiser du baiser nuptial jusques à ce qu’elle soit avec lui en la maison de sa mère, qui est la Jérusalem céleste- » (500)- ; là, l’Épouse aura «- la parfaite jouissance par la réjouissance qu’[elle] y prendr[a]- » (567). Promise à son Bien-Aimé dans cette vie sur terre, l’Épouse ne consommera son union éternellement indissoluble avec le Christ qu’au-delà du tombeau, dans le «-lit nuptial de la gloire éternelle-» (497), expérience qu’aucune citation du Cantique ne pourrait capturer. ***** Nous avons affirmé que l’usage que fait saint François de Sales de l’histoire de la Sulamite du Cantique des cantiques participe d’un geste d’orientalisme exotique embrassant à la fois la sensualité du conte oriental et sa chaste interprétation dans un contexte biblique. Situé à une incontournable distance géographique des histoires d’amour conventionnelles de l’époque où vécut F. de Sales, le désir sensuel de la Sulamite pour son Bien-Aimé fournit au projet théologique du saint un modèle de rapport physique intime approprié et bienséant aux yeux de ses lecteurs contemporains. Désorientée au premier abord par l’altérité de la Sulamite et pourtant ouverte à elle, la lectrice du saint pourra au fur et à mesure réorienter sa compréhension de tout ce qu’implique un rapport amoureux avec Dieu, redéfinissant ainsi son identité chrétienne au moyen d’une histoire empruntée à une Autre «-orientale-». Cependant il nous semble que le respect de la bienséance n’est pas l’unique motif d’altérisation de la Sulamite dans le Traité de l’amour de Dieu. Dans le deuxième livre de son texte, F. de Sales offre une perspective toute neuve sur l’histoire lorsqu’il donne la voix de la Sulamite à la foi personnifiée-: Ô discours humain, ô sciences acquises, je suis brune, car je suis entre les obscurités des simples révélations, qui sont sans aucune évidence apparente, et me font paraître noire, me rendant presque méconnaissable- ; mais je suis pourtant belle en moi-même à cause de mon infinie certitude, et si les yeux des mortels me pouvaient voir telle que je suis par nature, ils me trouveraient toute belle (451). 128 Œuvres & Critiques, XLV, 1 (2020) DOI 10.2357/ OeC-2020-0010 Suzanne C. Toczyski Rejetant l’équivalence entre la femme noire et la laideur née de son manque de foi que l’on trouve dans les contes orientaux, F. de Sales profite de façon créative de ce trait visible remarquable de la Sulamite. Sa comparaison entre la déclaration de la Sulamite, «- Je suis noire mais belle- » (Ct 1-: 5) et l’essence même de la foi témoigne pour F. de Sales de l’ineffabilité de l’altérité divine, d’une présence divine qui se révèle et se cache à la fois. Jean-Pierre Sonnet note que «-La différence sexuelle, qui s’entend à chaque verset du Cantique, constitue dans l’expérience humaine le chiffre le plus précieux de l’ouverture à l’autre, et dès lors à l’altérité du divin-» (103). Et pourtant, continue le saint, si notre expérience de cette présence divine est en effet ineffable - du moins, presque méconnaissable - il suggère aussi dans son œuvre qu’avec la foi, il est néanmoins possible d’entr’apercevoir l’altérité divine dans toute son «-excellente beauté-» (454), et de trouver Celui que son cœur cherche, grâce aux récits orientaux comme celui de la Sulamite dans l’histoire biblique la plus exotique et la plus érotique qui soit, à savoir, le Cantique des cantiques. Bibliographie Amer, Sahar. Crossing Borders-: Love Between Women in Medieval French and Arabic Literature. Philadelphia-: U of Pennsylvania Press, 2008. _____. Ésope au féminin-: Marie de France et la politique de l’interculturalité. Amsterdam-: Rodopi, 1999. Arminjon, Blaise, SJ. La cantate de l’Amour, lecture suivie du Cantique des Cantiques. Paris-: Desclée de Brouwer, 1991. Auwers, Jean-Marie, éd. Regards croisés sur le Cantique des Cantiques. Bruxelles-: Éditions Lessius, 2005. Baghdiantz-McCabe, Ina. Orientalism in Early Modern France. Oxford UP-: Berg Publishing, 2008. Bounin, Gabriel. La Soltane (1561). Marburg-: N. G. Elwerdschehandlung, 1888. Dailey, Thomas F., OSFS. «-Foreward-», St. Francis de Sales, Mystical Exposition of the Canticle of Canticles. Center Valley, PA-: Salesian Center for Faith & Culture at DeSales University, 2004/ 2008. _____. «-A Song of Prayer-: Reading the Canticle of Canticles with St. Francis de Sales-». Studia Mystica, 1992, 15.4-: 65-82. Delville, Jean-Pierre. «-Le Cantique des Cantiques au XVI e siècle-: Vers l’unité du sens-». Auwers 30-59. Driscoll, James F. «-Oriental Study and Research-». The Catholic Encyclopedia. Vol. 11. New York-: Robert Appleton Company, 1911. 25 Aug 2017. < http: / / www.newadvent.org/ cathen/ 11302c.htm >. 129 Œuvres & Critiques, XLV, 1 (2020) DOI 10.2357/ OeC-2020-0010 La Sulamite dans le Traité de l’amour de Dieu de saint François de Sales Flanagan, Donal. «-The Image of the Bride in the Earlier Marian Tradition-». Irish Theological Quarterly 27.2, 1 juin 2960, 111-124. Galland, Antoine, trad. Les Mille et une nuits. Contes arabes. Éd. Jean Gaulmier. Paris-: Garnier-Flammarion, 1965. Gomez-Géraud, Marie-Christine. Le Crépuscule du Grand Voyage. Les récits des pèlerins à Jérusalem (1458-1612). Paris-: Champion, 1999. Lach, Donald F. Asia in the Making of Europe. Vol. II-: A Century of Wonder. Chicago-: U of Chicago Press, 1977. Longino, Michèle. Orientalism in French Classical Drama. Cambridge-: Cambridge UP, 2002. Odelain, O. et R. Séguineau, éds. Dictionnaire des noms propres de la Bible. Paris-: Cerf-Desclée de Brouwer, 1978, rééd. 2008. Ott, Michael. «-Gilbert Génébrard-». The Catholic Encyclopedia. Vol. 6. New York-: Robert Appleton Company, 1901. 25 août 2017. < http: / / www. newadvent.org/ cathen/ 06412a.htm>. Pelletier, Anne-Marie. «-Petit bilan herméneutique de l’histoire du Cantique des Cantiques-». Auwers 134-135. Pocetto, Alexander, OSFS. «-St. Francis de Sales and Feminism-». Salesian Living Heritage 1, printemps 1986-: 3-13. Ravier, André, SJ. Un sage et un saint-: François de Sales. Paris-: Nouvelle Cité, 1985. _____. «-Saint François de Sales et la Bible-» dans Jean-Robert Armogathe, éd. Le Grand Siècle et la Bible. Paris-: Éd. Beauchesne, 1989. 617-626. Saïd, Edward. Orientalism. New York-: Vintage, 1979. Sales, François de. Œuvres. Éd. André Ravier. Paris-: Gallimard, 1969. Schellenberg, Annette. «-The Sensuality of the Song of Songs-: Another Criterion to Be Considered when Assessing (So-Called) Literal and Allegorical Interpretations of the Song-». A. Schellenberg and L. Schwienhorst-Schönberger, éds. Interpreting the Song of Songs-: Literal or Allegorical-? Leuven/ Paris/ Bristol, CT-: Peeters, 2016. 103-129. Sonnet, Jean-Pierre. «-Du chant érotique au chant mystique-: le ressort poétique du Cantique des cantiques-». Auwers 79-105. Stratton, Jon. Jewish Identity in Western Pop Culture-: The Holocaust and Trauma through Modernity. New York-: Palgrave MacMillan, 2008. Toczyski, Suzanne. «-‘Blessed the Breasts at Which You Nursed’-: Mother-Child Intimacy in St. Francis de Sales’ Treatise on the Love of God-». Spiritus 15.2, automne 2015-: 191-213.
