eJournals Papers on French Seventeenth Century Literature 46/91

Papers on French Seventeenth Century Literature
pfscl
0343-0758
2941-086X
Narr Verlag Tübingen
10.2357/PFSCL-2019-0028
121
2019
4691

Frank Greiner (dir.): Le Roman au temps de Louis XIII. Paris, Classiques Gernier, 2019, 330 p.

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2019
Marcella Leopizzi
pfscl46910404
Comptes rendus PFSCL XLVI, 91 (2019) DOI 10.2357/ PFSCL-2019-0028 404 Frank Greiner (dir.) : Le Roman au temps de Louis XIII. Paris, Classiques Garnier, 2019. 330 p. Dans le sillage du volume paru en Italie, en 1976, et intitulé Il Romanzo al tempo di Luigi XIII - préface de Roger Duchêne - (Bari, Adriatica), cet important ouvrage est consacré à la prose fictionnelle au temps de Louis XIII et réunit les Actes des Journées d’Études Le Roman au temps de Louis XIII organisées le 7 juin 2016 et le 7 juin 2017 à la Maison de la recherche de l’Université de Lille. Cette publication complète le livre, paru en 2016, portant sur le roman au temps d’Henri IV et de Marie de Médicis, et annonce un troisième recueil couvrant les années séparant la mort de Louis le Juste de l’avènement politique de son fils, Louis le Grand, en 1661. Auteur de plusieurs études concernant la littérature française des XVI e et XVII e siècles (cf., entre autres, Les Amours romanesques de la fin des guerres de Religion au temps de L’Astrée - 2008) et directeur de cette publication, Frank Greiner (professeur à l’Université de Lille) précise dans sa préface que la division par règnes [cf. les titres des trois recueils se référant à : 1) Henri IV et à Marie de Médicis, 2) à Louis XIII, 3) et à Louis XIV] a été choisie dans le but d’organiser le champs de recherche et afin de suggérer l’étroite connexion entre la politique et la littérature si ce n’est les tournants sociaux vécus par l’histoire de la vie culturelle. Le procès de Théophile de Viau, par exemple, marque considérablement les ouvrages (surtout ceux des ‘esprits forts’) et, par voie de conséquence, permet à la religion de renforcer son emprise sinon sur les consciences du moins sur l’écriture. C’est pourquoi Richelieu arrive à affirmer sa volonté de contrôler les Lettres et, notamment par le biais de la création de l’Académie Française, à accorder sa protection à de nombreux écrivains. Divisé en trois parties (1. Le roman romanesque et son renouvellement ; 2. La veine comique ; 3. De l’inspiration morale vers la pensée critique), ce livre met en évidence la richesse et la diversité de la prose fictionnelle au temps de Louis XIII et permet de comprendre les enjeux du roman liés au monde social et politique et ce grâce aux précieux témoignages concernant les cadres institutionnels, les mécènes, les imprimeurs, les libraires, les lecteurs et les censeurs. Les dix-huit articles réunis dans ce collectif permettent de connaître une période particulièrement féconde de l’histoire littéraire et soulignent que les fictions narratives poursuivent l’essor initié sous le règne d’Henri IV et ne manquent pas de se renouveler. D’une part, elles continuent d’illustrer les genres anciens et, d’autre part, elles s’acheminent sur de nouvelles voies (cf. l’antiroman) poussées par un certain vent de liberté. Dans cette optique, d’importantes réflexions sont consacrées au rôle fondamental joué par Comptes rendus PFSCL XLVI, 91 (2019) DOI 10.2357/ PFSCL-2019-0028 405 l’œuvre de Charles Sorel et tout particulièrement à l’histoire comique, à la relation nouvelle entre la fiction et la réalité, à la mise en abyme du fonctionnement du récit et à l’écriture ‘réaliste’, voire à la création d’une vraisemblance développée entre narration et méta-narration, si ce n’est à la dénonciation de la fiction : la fiction s’y énonçant de toute évidence par le biais de la présence/ absence de la voix narrative et de l’invention de personnages par les personnages mêmes. Les analyses présentées dans ce volume démontrent qu’à cette période les étiquettes les plus récurrentes de la fiction narrative sont les suivantes : roman d’amour ; roman d’amour et d’aventures ; roman d’amour à dominante psychologique ; roman moral et religieux ; roman comique ; roman satirique ; roman pastoral ; roman d’inspiration mythologique ; roman de chevalerie ; histoires tragiques (morales et édifiantes) ; œuvre épistolaire. En outre, ces études indiquent le caractère expérimental de la prose et définissent les ‘outils’ fondamentaux de la nouvelle narratologie : suspense, effet de surprise et variété des registres et des émotions. Des recherches intéressantes portent sur l’histoire tragique et précisent que d’un côté elle tend à la représentation du mal sous ses formes extrêmes (cf. Jean-Pierre Camus L’Amphithéâtre sanglant et Les Spectacles d’horreur) et que de l’autre elle propose un tournant historiographique (cf. l’histoire tragique comme chronique historique chez Claude Malingre Les histoires tragiques de nostre temps). L’ouvrage se termine par une très intéressante annexe, intitulée Fictions narratives en prose, liste chronologique (1624-1643), qui sera enrichie par un Répertoire analytique des fictions narratives en prose 1624-1643 en cours d’élaboration. Une très riche bibliographie, étayée par l’ouvrage de Maurice Lever La Fiction narrative en prose au XVII e siècle. Répertoire bibliographique du genre romanesque en France 1600-1700 (Paris, CNRS, 1976), complète cette importante étude. Marcella Leopizzi