eJournals Vox Romanica 76/1

Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
10.2357/VOX-2017-027
Es handelt sich um einen Open-Access-Artikel, der unter den Bedingungen der Lizenz CC by 4.0 veröffentlicht wurde.http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/121
2017
761 Kristol De Stefani

Friedrich Wolfzettel, La poésie lyrique du Moyen Âge au Nord de la France (en annexe: France et Italie). Études choisies, Paris (Honoré Champion) 2015, 362 p.

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2017
Dominique  Billy
vox7610373
373 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 76 (2017): 373-375 DOI 10.2357/ VOX-2017-027 verkürzt. Stricker nimmt für den Namen Prapafir (Wartau) eine Zusammensetzung aus prātu ‘Wiese’ und artr. preveir an (7: 442). Dieses preveir entstamme der lat. Variante * prebĭteru , worauf nach FEW loc. cit. auch gallorom. ehedem akkusativisches proveire, provoire ‘Priester’ zurückgeht. Anders als für das Gallorom. ist diese Annahme für das Rtr. deshalb problematisch, weil sie davon ausgeht, dass in endbetontem Prapafir, gesprochen [ prapɐˈfiːr ] (1: 404), < prātu + betontes * prebĭteru die Folge ter über t ’ r - > zu [-r-] reduziert wird wie in unbetontem * prĕbitor : «Das Verhalten des tr im Obliquus dürfte dabei vom Nom. her beeinflusst worden sein» (7: 441). Dies wird für das Rtr. kaum zutreffen, zumal andere Namen in Wartau wie Pafäder < prātu + vĕtere ‘alte Wiese’ (1: 352) oder Zusammensetzungen mit pĕtra ‘Stein’ wie Pedergross, Päder-, Bedragrossa in Balzers, Fanas und Untervaz (cf. PR: §71a) t ’ r -/ tr nach und vor dem Hauptton als [-dr-] konserviert haben. Lautlich problemlos für Prapafir wäre die Annahme einer Kombination von prātu mit providēre ‘Vorsorge tragen’, cf. hierzu rtr. perver ‘füttern’ (HWR: 582). Diese drei Fälle verfehlter Etymologien zeigen auch die strukturellen Mängel des WNB 7: Es ist nicht sinnvoll, graphisch Normiertes oder Erfundenes mit etymologisch (Un)geklärtem auf gleicher Ebene zu lemmatisieren. Dieses Vorgehen macht eine Konsultation der sechs Register (8: 401-72) vor allem dann notwendig, wenn man die Affinität eines Namens im WNB zu einem der verschiedenen Idiome (Vorrömisch, Lateinisch, Gotisch usf.) nicht erahnen kann. Die dt. Materialien des Lexikons des WNB sind nicht nur etymologisch größtenteils sorgfältig bearbeitet und für Rat Suchende sicher von Nutzen. Hingegen vermittelt dieser Band 7 Strickers nebulöses Bild vom Alträtoromanischen. Im diesbezüglichen Teil hätte der Lexikograph vieles Fragliche, Ungeklärte und Unnötige aussondern sollen. Diese Arbeit muss sich der Leser machen, um Erkenntnisse über dieses Idiom zu gewinnen. Anmerkung: Bei obiger bibliographischer Angabe zum besprochenen Werk handelt es sich um die «Wissenschaftliche Gesamtdarstellung». Hierzu bestehen zwei andere Ausgaben. Sie umfassen «6 Gemeindekarten mit je einem Begleitheft» bzw. eine «Kompaktausgabe in einem Band» mit dem Titel «Die Namenlandschaft Werdenberg» (7: ii ). Wolfgang Eichenhofer Galloromania f riedriCh w olfzettel , La poésie lyrique du Moyen Âge au Nord de la France (en annexe: France et Italie). Études choisies, Paris (Honoré Champion) 2015, 362 p. Le présent recueil rassemble vingt articles, dont neuf traduits pour la première fois de l’allemand, élaborés sur une période d’une trentaine d’années, au travers desquels F. w olfzettel a contribué à explorer la lyrique médiévale d’oïl qui constituait alors «un terrain encore largement en friche», au regard de la lyrique des troubadours. L’auteur met l’accent sur la conception poétologique et la fonction sociale de poètes majeurs et de divers courants littéraires, dans des études émaillées d’exemples commentés, donnant volontiers un état de la recherche bien utile dans le cadre d’un recueil aussi disparate du point de vue de la chronologie des articles rassemblés. L’auteur a regroupé ses contributions en trois sections, les deux premières dévolues à des courants esthétiques: les trouvères, puis la seconde rhétorique; la troisième, «France et Italie», étant donnée comme annexe. La première section rassemble huit articles disposés de façon à mettre en évidence l’évolution de la poésie lyrique à travers le temps. Dans «Un lyrisme courtois sauvage: Conon de Béthune» (2002), F. W olfzettel met en lumière la façon dont l’œuvre du trouvère picard prend ses distances au regard de l’idéal de la fin’amor. Dans «Le thème du souvenir et la structure temporelle dans le grand chant courtois: Thibaut de Champagne et Gace Brulé» (1999), 374 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 76 (2017): 373-375 DOI 10.2357/ VOX-2017-027 l’auteur s’interroge sur l’importance de l’écart dans le cadre d’une poétique aussi formalisée que celle du grand chant courtois et l’illusion biographique que donnent au texte les tiroirs verbaux utilisés, examinant de façon approfondie l’expression de la temporalité dans l’œuvre de ces trouvères tenus pour les plus représentatifs de leur art au xiii e siècle, concluant à la plus grande proximité et modernité de Gace Brulé, un contemporain de Conon de Béthune, «plus proche de la poésie autrement colorée et vitale des troubadours» que celle de Thibaut, «au style artiste» et à la «préciosité allégorique». L’étude suivante, «Au carrefour des discours lyriques. Le trouvère Richard de Fournival» (1997), permet à l’auteur d’aborder la question essentielle de l’introduction d’un esprit bourgeois clérical et/ ou artisanal sur la poésie lyrique chez ce trouvère dont l’œuvre didactique et allégorique avait quelque peu éclipsé l’œuvre lyrique. Dans «Adam de la Halle entre deux paradigmes: la Cour et la Ville» (2008), l’auteur se penche sur cet auteur clérical érudit qui chante les valeurs traditionnelles du grand chant courtois dans un registre positif égayé par l’espoir: la requête d’amour se fait plaidoyer et leçon d’amour, et le discours introspectif n’est pas sans évoquer à l’auteur les oxymores de Pétrarque. Délaissant motets et chansons de danse, Adam s’ouvre à un contre-discours inspiré du registre popularisant. Avec «Rutebeuf et le problème des formes strophiques non-lyriques dans la poésie lyrique en ancien français» (2007), l’auteur trouve l’occasion d’explorer l’utilisation de formes strophiques étrangères à la poésie lyrique qui signale un changement historique lié à l’ancrage urbain du poète confronté à de nouveaux publics, avec un changement radical de paradigmes esthétiques. Il expose une hypothèse sur le déclin du serventois qui aurait perdu en se diversifiant dans un contexte sociolinguistique nouveau la pertinence qu’il aurait eue dans le contexte courtois. Dans «Sur la fonction et le statut de la pastourelle en ancien français: genre, fonction sociale, structure mythique» (1992), l’auteur, s’inscrivant dans le cadre théorique de R. Rohr, ancré dans une perspective socio-culturelle, se penche en particulier sur le changement de fonction de la pastourelle lors de son transfert du modèle occitan au Nord de la France, et sur l’inscription du genre dans le contexte culturel urbain, avant de s’interroger sur le rôle de la nature et du sauvage, expression d’un désir non réglé, et sur la part des éléments mythiques, sans oublier l’opposition sociologique entre monde courtois et monde rural articulé autour de l’onomastique (lieux et personnages). «À propos de la poésie religieuse au Nord de la France: piété, poétique et fonction sociale» (1993), l’auteur se penche sur un genre lyrique relativement marginal (10,7 % du corpus) et, paraphrases d’hymnes ou de séquences mises de côté, subordonné, formellement et thématiquement, aux modèles mondains les plus variés (chanson d’amour, reverdie, pastourelle, rotrouenge…) dans un processus d’imitation qui vise une «correction poétologique et idéologique» de l’horizon d’attente du public, avant de connaître l’expansion d’une poésie religieuse détachée des formes lyriques chantées, à la base d’une nouvelle tradition de littérature édifiante dans le cadre d’une nouvelle culture clérico-bourgeoise encore séduite par le prestige de la culture courtoise. «Quelques thèses sur le thème de la ville dans la poésie lyrique du Moyen Âge français» (1995) explore le thème de l’espace urbain associé à l’essor de la poésie satirique et didactique en proposant une synthèse de «la littérature médiévale de la ville» jusqu’à Villon, dans un essai inspiré par le travail d’U. Peters sur la littérature en moyen haut-allemand. Les nouvelles générations de poètes urbains procèdent à la «refonctionalisation» d’éléments clés de la tradition courtoise devant un public courtois, aux codes et conventions duquel ils n’adhèrent pas, avec pour pendant, dans les milieux urbains, l’aliénation d’une aristocratie plongée dans les nouvelles conditions bourgeoises et urbaines, aboutissant à une poésie «déconcrétisée», où le discours sur l’amour et le chant est ritualisé et théâtralisé. La seconde section s’ouvre avec «Une rhétorique de l’abondance: poétique et fonction historiques du lyrisme de Guillaume de Machaut aux Grands Rhétoriqueurs» (1995) qui est pour moitié un état de la recherche, pour moitié des réflexions personnelles sur la nouvelle attitude 375 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 76 (2017): 373-375 DOI 10.2357/ VOX-2017-027 du poète pleinement conscient de sa maîtrise des arts du langage et de son génie ouvrier. «La poésie comme cadeau ou le goût de la lectrice vers la fin du Moyen Âge», suivi de «Quelques réflexions sur une poésie en contexte» (2006) se penche sur L’Espinette amoureuse de Froissart dont l’auteur explore la mise en abyme de la réception d’un texte lyrique au moyen d’une narrativité dialogique, moins radicale que celle du Livre du Voir-Dit de Machaut qui donne le même poids aux répliques des partenaires masculin et féminin. Métamorphosant l’expérience vécue en un objet littéraire d’une élaboration particulièrement sophistiquée et précieuse, les poètes en question illustrent une tendance plus générale de la poésie lyrique tardive du moyen âge «à se contextualiser et à camoufler … les germes d’autonomie», en opposition à l’idéal moderne d’une parole lyrique autonome. «La poésie lyrique en France comme mode d’appréhension de la réalité: remarques sur l’invention du sens visuel chez Guillaume de Machaut, Jean Froissart, Eustache Deschamps et Charles d’Orléans» (2001) observe finement la différence d’approche de la vision et de la description chez les poètes étudiés. Dans «Guillaume de Machaut: le poète et le monde sous le signe de Dame Rhétorique» (1994), l’auteur revient sur la renommée, à un moment charnière de l’évolution de la poésie, d’un poète «qui n’a jamais vraiment réussi à s’imposer dans l’enseignement universitaire», s’interrogeant sur l’originalité de son œuvre déclinée dans les genres les plus variés. Dans «Christine de Pizan: une poésie de la subjectivité» (1984), l’auteur s’intéresse à la poétesse alors encore peu étudiée: il s’agit donc d’un article historique, explorant diverses pistes autour d’une figure héritière de la tradition courtoise et l’essor d’une nouvelle esthétique, tiraillée entre une production professionnelle et un lyrisme plus personnel. Sous un titre métaphorique quelque peu discutable, «Couverture courtoise et langage du corps» (2009) est une étude plus ciblée de l’œuvre de la poétesse, consacrée aux Cent ballades d’amant et de dame que l’auteur remet dans son contexte littéraire avant de s’étendre sur l’usage fait par la poétesse du langage du corps. F. Wolfzettel s’intéresse également à «L’imagination matérielle dans la poésie de Charles d’Orléans» (1983) ainsi qu’à son recueil manuscrit, dans «‹Le livre de ma Pensée›. À propos de l’allégorie livresque dans la poésie de Charles d’Orléans» (1996). Dans «Le cœur de Charles d’Orléans: un univers meublé» (2011), l’auteur «s’intéresse à la manière dont Charles d’Orléans recourt à un imaginaire domestique pour décrire ses états psychiques». L’annexe s’ouvre avec un article d’intérêt général: «Y a-t-il une conscience historique dans la lyrique courtoise du Moyen Âge? » (2003), où l’auteur s’attache à mettre en évidence les indices d’une conscience de l’évolution poétologique dans le stilnovisme, chez les troubadours et l’auteur des Leys d’amors, ainsi que chez les trouvères chez qui une telle conscience peine à se manifester: il faut attendre la Grande Rhétorique pour voir des indices plus probants, encore que peu nombreux. L’auteur termine sur le cas de l’École sicilienne qui semblerait avoir voulu occulter son originalité, permettant ainsi à l’idéologie impériale «de se couvrir du manteau d’une tradition prestigieuse». Dans «La fonction de la dysfonction: à propos de l’École sicilienne» (1996), l’auteur revient sur une rupture dans la tradition épistémologique, avec en particulier les travaux de S. Neumeister et d’H. Krauss, qui remettaient en question l’approche formaliste de la critique d’après-guerre (de Guiette à Dragonetti et Zumthor) en ouvrant de nouvelles perspectives sur l’histoire des genres lyriques. L’annexe se clôt sur «D’un raggio gentile amoroso d’i vostri occhi mi venne uno splendore: feu, lumière et épiphanie. Pour un paradigme particulier de la poésie médiévale italienne», où l’auteur se concentre plus spécialement sur la poésie de Giacomo da Lentini et celle de Guinizzelli, montrant dans quelle mesure l’École sicilienne a pu préparer le terrain du stilnovisme dans le nouvel accent mis sur le champ sémantique de la chiarezza. Dominique Billy 