Vox Romanica
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0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
10.2357/VOX-2017-032
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Kristol De StefaniStefania Maffei-Boillat/Alain Corbellari (ed.), L’aventure du sens. Mélanges de philologie provençale en l’honneur de François Zufferey, Strasbourg (ELiPhi) 2016, 231 p. (TraLiRo - Philologie et édition de textes)
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Fanny Maillet
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402 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 76 (2017): 402-405 DOI 10.2357/ VOX-2017-032 den Gedanken zu kommen, dass hier womöglich auch andere Faktoren eine Rolle spielen, wie beispielsweise historische Sprachwandelsprozesse oder lautliche Kontexte 9 . Der zweite Teil des vorliegenden Sammelbandes sind Wiederabdrucke von älteren, bereits erschienenen Artikeln des hier Geehrten, die hier nicht weiter besprochen werden sollen, da sie längst Teil der Wissenschaftstradition sind. Dennoch seien sie hier der Vollständigkeit halber zumindest als Beitragstitel erwähnt: J ean M arC q uefféleC , «La mie, la goutte et l’aillie. Essai sur l’intégration des lexèmes du boire et du manger dans le processus de renforcement de la négation en ancien français» (147-63), «L’impératif négatif en ancien français» (165-76), «Les subordonnées d’exclusion en ancien français» (177-93), «Les réponses négatives averbales à pronom sujet en ancien français» (195-208). Insgesamt ist es äußerst erfreulich, dass hier eine Reihe von aktuellen Forschungsprojekten zum Altfranzösischen präsentiert wurden, doch scheint Qualität und Erkenntnisgewinn der einzelnen Beiträge eher heterogen zu sein. Es ist verständlich angesichts der Hommage und der damit verbundenen Forschungsschwerpunkte, dass hier die Artikel einen gewissen thematischen, aber auch theoretischen Schwerpunkt aufweisen. Dennoch wäre es manchmal wünschenswert gewesen, dass so mancher Beitrag weniger hermetisch gestaltet und auch für ein Publikum jenseits des engen Zirkels der guillaumiens zugänglich wäre 10 (zumal auch im internationalen Peter Lang Verlag erschienen). Nicht ganz erklärbar ist auch der Titel des Bandes, da sich zumindest drei Beiträge nicht dem Altfranzösischen widmen (cf. Bazin-Tacchella, Combettes, Soutet). Es überwiegt jedoch der positive Eindruck, dass hier die Forschung zum Altfranzösischen mit interessanten Konzepten vorangetrieben wird. Roger Schöntag s tefania M affei -B oillat / a lain C orBellari (ed.), L’aventure du sens. Mélanges de philologie provençale en l’honneur de François Zufferey, Strasbourg (ELiPhi) 2016, 231 p. (TraLiRo - Philologie et édition de textes) Les Mélanges offerts à François Zufferey, le «philologue heureux» auquel A. C orBellari réserve dans les premières pages un «portrait» à la fois simple et caustique, forment un livre cohérent et homogène par la qualité des communications, toutes très sérieuses et très soignées, et, chose appréciable, presque toutes brèves. Mais l’ouvrage se lit aussi, par sa structure, dans une continuité assez naturelle: d’abord, il n’y a pas de chapitres, ce qui a l’avantage d’éviter un cloisonnement artificiel entre les articles qui aurait inutilement accusé des disproportions thématiques. Comme y invitait la spécialité du professeur honoré, une majorité d’études est en effet dédiée à la poésie lyrique provençale - on n’osera plus dire «occitane», l’éditeur nous 9 Bei der von Soutet angesetzten Theorie von Guillaume, der die Negation introspektiv psychologisierend interpretiert, drängt sich der Verdacht auf, dass hier 1: 1 von morphologischen bzw. lexikalischen Gegebenheiten auf zugrundeliegende kognitive Prozesse geschlossen wird und damit womöglich Ursache und Wirkung verkehrt werden, wenn er einen immanenten und einen transzendenten Prozess der Negation rein anhand der beteiligten Partikel bzw. Adverbien unterscheidet: «Ainsi, très clairement, ne, employé seul en discours, est l’aspect immanent de la négation et ne pas en est l’aspect transcendant» (g uillauMe 1973: 138). 10 Nicht nur im ersten, bereits kritisierten Artikel werden oft Werke der Primärliteratur nicht im Literaturverzeichnis angegeben, sondern mitunter auch grundlegende der Sekundärliteratur wie z.B. im Artikel von Buridant, der Guillaume nur en passant erwähnt (65), ohne ihn dezidiert aufzuführen. Weiterhin werden oft Abkürzungen nicht aufgelöst, und zwar nicht nur solche, die man als Kenner der altfranzösischen Forschung evtl. parat haben sollte. 403 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 76 (2017): 402-405 DOI 10.2357/ VOX-2017-032 ayant rappelé à temps les réticences de Zufferey à ce sujet. Il eût été, à notre avis, idiot et inutile de rassembler ces contributions portant sur la lyrique, car un tel assemblage aurait nié l’unité thématique réelle de l’ouvrage qui est la philologie provençale. Les différentes études sont donc rangées ici selon le principe le plus objectif du monde, l’ordre alphabétique, et c’est aussi l’ordre que nous suivrons pour en rendre compte avec le plus de simplicité possible. s. a sperti («Soudadiers no truep ab cuy s’apays… (Cercamon BEdt 112,003a: 33)», 1-12) se concentre sur quelques vers de la chanson Pois nostre temps comen’s a brunezir inscrite sous le numéro 112 de la Bibliografia Elettronica dei Trovatori (BEdT) pour procéder à un démontage méticuleux et convaincant de l’interprétation proposée jusqu’à présent par la critique. En laissant remarquablement intact l’établissement du texte, le chercheur propose une nouvelle interprétation linguistique, solidaire d’une révision du sens de l’œuvre. L’argumentation est soutenue par l’analyse spécifique de la figure du soudadier, qui semble pourvu chez Cercamon d’un rôle social et moral important et doit ici s’apprécier en contrepoint des figures du lauzengier et du sirven. Tout en évoquant l’illusion de la quête positiviste, le titre choisi par l. B arBieri («Toujours sur l’art d’éditer les textes lyriques, à partir d’une chanson de Cercamon», 13-28) inscrit son étude dans une longue tradition critique où l’art de l’éditeur permet de transcender le conflit entre les méthodes traditionnelles de l’édition de textes, dont les principes sont particulièrement mis à l’épreuve face à la tradition manuscrite de la lyrique occitane. L. Barbieri ne refuse pas cependant toute dimension scientifique à cet art et plaide au contraire en faveur de classifications «sérieuses» qui tablent sur l’étude systématique et concrète des tendances des copistes et sur une connaissance approfondie de la langue des auteurs, de manière à «insérer chaque reconstruction à l’intérieur d’une série cohérente de comportements analogues» (17), cette voie permettant à ses yeux de dépasser l’impasse des méthodes reconstructivistes et conservatives et de se rapprocher, étape par étape, de «l’art des troubadours». Pour illustrer la validité de cette méthode, L. Barbieri analyse quelques cas concrets de diffractions offerts par la chanson de Cercamon Quant l’aura doussa s’amarzis, transmise par sept chansonniers qui attestent deux rédactions distinctes (CD a IKR et La), aucune ne prévalant sur l’autre. Dans une notule («Leggere i dati codicologi. Appunti sul Canzoniere provenzale U (Firenze, BML Plut. 41.43», 29-32), M. C areri rebondit sur une étude de S. Resconi, qui antidatait le chansonnier provençal U à la fin du xiii e siècle et proposait une localisation «toscana centrale, forse fiorentina», pour reconsidérer à la lumière de ces nouvelles données le ms. Banco Rari 217 (chansonnier P), appartenant au Corpus Bertelli et partageant avec le codex U de nombreuses analogies tant sur les plans chronologique et matériel (format, mise en page, unité de réglure) que du point de vue du contenu. L’étude de M. C aVagna («La cosmologie du Livre des proprietés des choses en occitan, entre vers et prose, entre texte et image: une lecture de l’Elucidari de la proprietatz de totas res naturals et du Breviari d’Amor de Matfre Ermengaud», 33-65) apporte une contribution parfaitement en phase avec le développement des recherches en cours sur l’encyclopédisme médiéval et sa diffusion à l’échelle européenne en analysant comme pierre de touche de l’interpénétration des savoirs encyclopédiques et des cultures occidentales et orientales entre les xiii e et xiV e siècles la différence de traitement que reçoivent la cosmologie et l’astronomie dans deux exemples de réception occitane du De proprietatibus rerum de Barthélémy l’Anglais, l’Elucidari de las proprietatz de totas res naturals, traduction directe du DPR, et le Breviari d’Amor de Matfre Ermengaud, compilation visant à marier la tradition lyrique des troubadours à l’érudition des encyclopédistes, dont les liens de filiation avec le DPR, bien qu’avérés, restent à préciser. (Quant à un lien éventuel avec la traduction française de Corbechon, que suggèrerait le titre de l’étude, il n’en est pas question ici). L’analyse synoptique des deux œuvres occitanes par rapport à leur principale source latine commune révèle une réorganisation de la matière textuelle doublée d’une réorientation iconographique, dans une perspective synthétique, voire 404 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 76 (2017): 402-405 DOI 10.2357/ VOX-2017-032 poétique, mais aussi un travail d’enrichissement de la matière par la convocation de nouvelles sources, dont principalement le Liber de Scientie stellarum d’Al-Farghānī. Après le compte rendu implacable de l’édition établie par François Zufferey (trad. V. f as seur ) et l’article publié dans Cultura Neolatina 1 , J.-p. C haMBon («Sur la langue de Flamenc(h)a: quelques diatopismes septentrionaux», 67-81) poursuit son analyse de la langue de l’auteur de Flamenca par l’examen de sept particularismes relevant de l’anthroponymie (deux exonymes), de la toponymie et du lexique. Ces «septentrionalismes» indiquant un centre de gravité au sud de Bourbon se laissent identifier comme des diatopismes délibérés de la part de l’auteur rouergat, des anti-rouerguismes certainement motivés par des intentions littéraires et par un contact direct avec les variétés bas-auvergnate ou bourbonnaise et susceptibles d’éclairer d’un nouveau jour la destination géolinguistique de l’œuvre. Observant chez J. Bédier et C.-A. Cingria une sensibilité commune pour la lyrique des poètes en langues d’oc, qui déplorent tous deux le galvaudage du mot «troubadour», a. C orBellari («Bédier, Cingria et la défense des troubadours», 83-89) remonte le fil d’une erreur, visible chez l’auteur genevois, qui attribue une citation du troubadour Bertran Carbonel sur l’importance de la musique dans la chanson à un autre troubadour, Folquet de Marseille. De fil en aiguille, A. Corbellari repère l’erreur d’attribution en amont dans la thèse latine de Bédier, qui sans avoir été grand provençaliste conforte l’idée importante que la musicalité est l’élément essentiel de la poésie d’oc. Quant à l’origine de la coquille - qui, soit dit en passant, est plutôt une erreur, ou simplement une confusion -, A. Corbellari se demande si elle ne peut pas remonter plus haut dans la tradition critique, sans y trouver toutefois d’attestations plus anciennes. Ne pourrat-on envisager un détour du côté de la tradition manuscrite des chansonniers mêmes, dont celui de Paris (B.N.f.fr. 12472, dit de Giraut) fait se suivre des coblas des deux troubadours, qui, rappelons-le, étaient tous deux «de Marseille»? Sur la garde de ce même manuscrit, leurs noms figurent d’ailleurs côte à côte, jusqu’à se mêler, sous une plume du xVi e siècle, que l’on pourrait bien considérer comme un précurseur de Bédier… ou la source d’erreurs critiques. s. g uida («Una paternità per il lai Nompar (BdT 461,122)», 91-110) propose une enquête décomplexée visant à identifier l’auteur du lai Nompar, qui nous conduit dans le Sud-Ouest de la France, à Caumont. L’auteur décrit entre autres la relation d’alliance qui, dans la seconde moitié du xii e siècle, lie la maison des Caumont, dont le nom s’attache à la conquête de la terre sainte, et la dynastie Plantagenêt. J.-C h . h erBin («Anseÿs de Gascogne: une géographie méridionale improbable», 111-21) s’attache à retracer le parcours géographique des personnages de la chanson d’Anseÿs de Gascogne sans se laisser prendre au piège d’une lecture naïve qui chercherait bien mal à propos le «réalisme» de l’œuvre en lui prêtant une dimension documentaire. J.-Ch. Herbin montre au contraire comment les effets de réel que suscite l’exploitation copieuse de la toponymie viennent «compenser le caractère fantasmatique de l’action» (111) et souligner le décalage entre la réalité historique de Pépin et la réalité historique du milieu du xiii e siècle, auquel remonte vraisemblablement la composition du poème. L’œuvre décrit ainsi une géographie de plus en plus fantaisiste, illogique et floue à mesure que l’on s’éloigne du royaume de Pépin; l’expédition finale de Béranger contre le roi Anseÿs parachève l’éclatement de tous les repères, tant géographiques que temporels, une distorsion qui confère au royaume gascon l’étoffe d’un pays imaginaire et viendrait consoler une aristocratie flamande décrédibilisée par de lourdes défaites. s. M affei -B oillat («Un censier vaudois du xiV e siècle en langue vulgaire» 123-46) donne l’édition des trois fragments contenus dans un censier des Archives cantonales vaudoises (CVa 1 Pour le compte rendu, J.-p. C haMBon avait partagé sa plume avec celle de y an g reuB , pas moins implacable. Il a paru depuis dans la Revue critique de philologie romane, 16, 74-136. Pour le second article: «Un auteur pour Flamenca? », Cultura Neolatina, 75, 229-71. 405 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 76 (2017): 402-405 DOI 10.2357/ VOX-2017-032 495), qui offre un témoignage de scripta présentant une densité de traits régionaux relativement forte. Le relevé des traits linguistiques permet de rendre compte de l’ancrage francoprovençal du document. L’édition soignée est complétée par des commentaires éclairants, un index des noms propres et un glossaire qui apportent de précieuses informations sur un état de langue, dont on trouvera un instantané à travers la reproduction d’un feuillet en p. 146. C. M eniChetti («La traduction intra-romane en contexte religieux: la genèse des Actes des apôtres en occitan vaudois», 147-75) s’intéresse à la traduction de l’italien vers l’occitan vaudois des chapitres XVI-XXVIII des Actes des apôtres du dominicain Domenico Cavalca, transmise par deux manuscrits du xV e siècle conservés à Grenoble et Cambridge. L’analyse du texte et de sa tradition manuscrite montre notamment que G et C ont changé de modèle au niveau du chap. XVI en raison d’une lacune matérielle, comblée par le recours à une traduction italienne et non au texte latin, qui sert de modèle pour cette partie des Actes. C. Menichetti livre enfin quelques réflexions à propos des genres textuels «mineurs» ayant circulé aux xiV e et xVi e siècles en Pays d’oc. Il ressort de cette étude dense que tous les textes didactiques et religieux en langue d’oc participent d’une circulation méditerranéenne qui appelle encore de plus amples investigations. M. p erugi («Le poème 293,40 attribué à Marcabru», 177-93) propose l’analyse minutieuse du poème 239,40 attribué par une partie des témoins (AIK) à Marcabru et par l’autre (CE) à Bernart de Ventadorn. Si la seconde attribution est à exclure, la première n’est pas moins discutable, comme le démontre ce réexamen critique de la syntaxe, du lexique et du style à la lumière du répertoire notionnel et rhétorique de la littérature religieuse. Ce démontage méticuleux de toutes les zones problématiques du texte, dénotant un enchevêtrement de récritures, de diffractions et d’altérations par rapport à l’archétype, permet de débrouiller les fils d’une tradition textuelle remarquablement complexe et fait apparaître ce poème, si souvent invoqué par les historiens de la littérature pour illustrer le style de Marcabru, comme le produit d’un conglomérat anonyme. L’étude est sanctionnée par une nouvelle proposition d’édition critique tirant parti de ces nouvelles conclusions. g. r oques («Variations sur le lexique du Roman de Renart», 195-216) rend hommage aux travaux du chercheur suédois g. t ilander , à commencer par son Lexique, qui, malgré sa discrétion, est un apport fondamental s’il se prête à un usage mesuré. C’est ce qui ressort de l’examen de quelques cas qui sont l’occasion de faire un tour d’horizon des méthodes et des interprétations qui ont eu cours, et de rendre compte de l’état de la recherche sur la langue du Roman de Renart: pour G. Roques, ce domaine reste encore largement à explorer moyennant une remise sur le métier de l’édition critique des plus anciennes branches et le développement de glossaires qui intègrent les variantes. La contribution de l. t oMasin («Mussafia, Carducci e il canzoniere provenzale g2», 217- 31) referme l’ouvrage sur l’édition de la correspondance entre le romaniste Alberto Mussafia et le poète Giosuè Carducci, professeur à l’université de Bologne à partir de 1860, qui, en 1867, avait examiné à la demande du premier le contenu du chansonnier provençal 1290 de la Bibliothèque universitaire de Bologne (g2). Reconstituant les étapes de cette correspondance, L. Tomasin montre que les deux hommes partageaient leur intérêt pour la poésie provençale dès le mois de février 1866. Ces lettres, ici éditées pour la première fois, sont notamment l’occasion d’une réflexion plus large sur la situation des études littéraires en Italie et constituent ainsi un témoignage vivant sur une tranche de l’histoire de la discipline qui fait dialoguer philologues, linguistes et hommes de lettres. Fanny Maillet