eJournals Vox Romanica 76/1

Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
10.2357/VOX-2017-034
Es handelt sich um einen Open-Access-Artikel, der unter den Bedingungen der Lizenz CC by 4.0 veröffentlicht wurde.http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/121
2017
761 Kristol De Stefani

Peter Wunderli (ed.), Le Nouveau Testament occitan de Paris (Ms. BN fr. 2425), vol. I: Introduction et édition critique, vol. II: Analyse de la langue, Lexique et Index des noms, Tübingen (A. Francke) 2016, VIII + 434 p., V + 335 p. (Romanica Helvetica 136).

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2017
Jean-Pierre  Chambon
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420 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 76 (2017): 420-435 DOI 10.2357/ VOX-2017-034 ampio spettro, che vanno a toccare loci testuali, abitudini e costumi dell’epoca, aspetti lessicali e socio-culturali. La proposta di una nuova e diversa cronologia così come i possibili contatti con altri autori e opere, ad esempio con il romanzo occitano Flamenca, non mancheranno di far discutere gli specialisti. Il libro affronta con estrema precisione ed erudizione nonché con una non usuale competenza problemi né semplici né banali: l’autore, sfruttando una notevole e aggiornatissima bibliografia e uscendo dai confini dell’occitanistica, apre interessanti piste di ricerca e riflessione agli studiosi. Nicodemo Cannavò  p eter w underli (ed.), Le Nouveau Testament occitan de Paris (Ms. BN fr. 2425), vol. I: Introduction et édition critique, vol. II: Analyse de la langue, Lexique et Index des noms, Tübingen (A. Francke) 2016, Viii + 434 p., V + 335 p. (Romanica Helvetica 136). Après avoir donné le Nouveau Testament de Lyon (désormais NTestLyon) 1 , p eter w underli poursuit son œuvre en éditant selon «les mêmes principes» (I, VII) une autre traduction occitane médiévale du NT, celle du manuscrit de Paris (désormais NTestParis). Les lecteurs auront une dette de reconnaissance et de gratitude envers l’éditeur, bien connu pour ses travaux de linguistique générale et romane, mais aussi spécialiste de longue date des volgarizzamenti occitans de la Bible, d’avoir courageusement su rendre accessible ce texte «précieux aussi bien pour la tradition de la Bible en langue vulgaire que pour l’histoire de la langue occitane» (I, 21). Ils seront également reconnaissants à la collection Romanica Helvetica d’avoir accueilli le nouvel ouvrage de P. W. et de lui avoir assuré une publication rapide. 1. L’édition (I) 2 1.1. Comme l’édition Nüesch de BiblCarp 3 et l’édition de NTestLyon par P. W., la présente édition se démarque par sa macrostructure des habitudes éditoriales: le texte est introduit et édité dans le volume I, tandis que le volume II rassemble ce qui a trait à la langue. Le contenu de l’«introduction linguistique» de la plupart des éditions se trouve ainsi intégré à une plus juste place, et le «Lexique» comme l’«Index des noms» (comprendre: index des noms propres) ne sont plus de simples appendices, mais apparaissent de facto - sinon tout à fait de jure - comme des composantes de l’étude linguistique. Le manuscrit unique (BN fr. 2425, consultable sur Gallica) est une copie (I, 23) mutilée (sur les lacunes, dont la plus importante est l’évangile de Matthieu, voir I, 21). La description du ms. est faite avec grand soin (I, 1-15) (ces pages comportent aussi la reproduction de six folios). L’éditeur met d’entrée de jeu les rieurs de son côté en reproduisant la notice du manuscrit dans Gallica, notice partiellement rédigée en novlangue globalisée («Online-Datum: 21/ 11/ 2011») et dont le fond est à l’avenant: «Format: Vélin», «Langue: Français» (I, 1). Quant à la datation du manuscrit (I, 16-17), nihil novi sub sole: P. W. se rallie à la date proposée par Léopold Delisle (I, 16): «Notre manuscrit date de la première moitié du 14 e siècle, 1 P. W underli , Le Nouveau Testament de Lyon (ms. Bibliothèque de la ville A. i .54/ Palais des Arts 36), 2 vol., Tübingen/ Basel 2009-10. 2 Pour renvoyer aux livres du NT, nous conservons les abréviations de P. W. (I, 63), bien que cellesci soient inusuelles. Par ailleurs, nous employons les sigles usuels pour renvoyer à certains ouvrages de base (DAO, DOM, FEW, Lv, LvP, Rn). 3 h.-r. n üesCh , Altwaldensische Bibelübersetzung. Manuskript Nr. 8 der Bibliothèque municipale Carpentras, 2 vol., Berne 1979. 421 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 76 (2017): 420-435 DOI 10.2357/ VOX-2017-034 éventuellement du début» (I, 23), ce qui était aussi l’avis de Paul Meyer: «On ne peut guère le [= le ms.] faire remonter au delà des premières années du xiV e siècle» 4 . En ce qui concerne la date de composition, P. W. écrit plus loin: «les caractéristiques linguistiques nous montreront qu’il y a peu de chances que pour la traduction même il faille remonter au-delà du 13 e siècle» (I, 23) (cf. p. 4 de couverture: «La traduction … appartient encore au 13 e siècle»). Paul Meyer pensait que «la version n’est pas très notablement plus ancienne que le ms.» 5 . Sous le titre «Localisation du manuscrit» (entendre: localisation de la langue du ms.) (I, 18- 21), P. W. passe en revue les arguments de Meyer et de Harris et renvoie à son second volume (II, 3-48) à l’étude plus détaillée de la langue. L’éditeur s’occupe ensuite de la structure et du contenu du ms. (I, 20-23), puis de la traduction (plutôt libre, souvent abrégée, comportant des lacunes et usant de paraphrases) et des relations de la version de Paris avec celles de Lyon et de Carpentras 6 (I, 23-38). L’«Histoire de la connaissance du manuscrit» (I, 38-41) et surtout l’«Histoire de la publication du manuscrit» (I, 41-45) sont d’une complexité borgésienne. Il en ressort que l’édition recensée est la première publication intégrale. On ajoutera que Raynouard cite assez souvent NTestParis et que Levy connaît le texte à travers Rochegude 7 . Les principes d’édition sont exposés en détail (I, 46-53). Les abréviations sont résolues en italique, ce qui n’est pas courant dans les éditions de textes littéraires (I, 46-47). On ne peut que donner raison à P. W. sur ce point: «il est absolument nécessaire de marquer ces interventions pour donner au lecteur la possibilité d’une interprétation linguistique qui n’est pas faussée par des décisions … de l’éditeur». Il aurait été utile d’employer systématiquement l’accent aigu (I, 46) pour marquer les mots oxytons (en particulier les prétérits en -é < -et [cf. II, 36]) et de faire un usage plus étendu du tréma (I, 48) (on aurait préféré lire benaürat, benaüransa, ebraïc, ebraÿc, gaïna, guaïna, judaïgar, judaïsme, judaÿgament, laïns, salvaÿna, Saül). Détail: l’éditeur a déclaré la guerre aux consonnes doubles (surtout l et s) après a ‘à’ et e ‘et’ (I, 50). Pourtant alla ‘à la’ ou e-ssa ‘et sa’, qu’il s’agisse de raddoppiamento consonantico ou, dans certains cas peut-être, de notations assurant une sifflante sourde, ne sont en rien fautifs 8 : il est abusif de corriger systématiquement de telles formes (ce qui a pour effet secondaire d’alourdir beaucoup l’apparat). Dans le même ordre d’idées, un certain nombre de r ont été rétablis par l’éditeur devant s en fin de mot, alors que P. W. rend bien compte par ailleurs de l’amuïssement de [r] dans cet environnement (II, 23). On conservera donc les leçons du ms. 9 . Certaines de ces formes sont d’ailleurs admises sans correction par P. W. dans son étude linguistique (II, 23). L’éditeur ne dit rien du petit texte ajouté d’une main différente à la fin du NT: «La cros de nostre Senhor fom de .iiii. albres. Lo pe de la cros fom de cedre. L’aut fom da us sipres. Lo trave[r]s fom de palmier. La trau … fom d’olivier» (II, 434). Cette légende des bois de la Croix 4 P. M eyer , «Recherches linguistiques sur l’origine des versions provençales du Nouveau Testament», R 18 (1889): 426. 5 P. M eyer , art. cit. (ci-dessus N4): 427. Cette datation est basée sur la phonétique (sans plus de précisions …) et un seul critère explicite: le parfait périphrastique anar + inf. (art. cit.: 426-27). 6 Ce dernier a été édité par H.-R. N üesCh (ci-dessus N3). 7 H.-P. R oChegude , Essai d’un glossaire occitanien, pour servir à l’intelligence des troubadours, Toulouse 1819. 8 Cf. Å. G rafströM , Étude sur la graphie des plus anciennes chartes languedociennes avec un essai d’interprétation phonétique, Uppsala 1958, §80; M. L oporCaro , L’origine del raddoppiamento fonosintattico. Saggio di fonologia diacronica romanza, Basel/ Tübingen 1997: 74-78. 9 Dans Mc. 6/ 3 (éd. «sero[r]s»), 12/ 33 («maje[r]s»), Luc 15/ 29 («mo[r]sel»), 22/ 26 («maje[r]s»), Jean 8/ 55 («mensongie[r]s»), 13/ 16 («maje[r]s»), 15/ 20 («mage[r]s»), Ac. 21/ 5 («molhe[r]s»), Jac. 2/ 15 («sero[r]s»), Apo. 11/ 19 («fouze[r]s») ou encore après Apo. 22 (II, 434) («trave[r]s»). 422 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 76 (2017): 420-435 DOI 10.2357/ VOX-2017-034 se trouve d’abord dans l’Historia scholastica de Petrus Comestor, puis dans le chapitre De Inventione sancte Crucis de la Légende dorée de Jacques de Voragine 10 . 1.2. Voici des remarques sur le texte. Mc. 1/ 25 («n·ac»). - Imprimer «n’ac». Mc. 2/ 7 («Escarnieres es! »). - Corr. «Escarneires». Mc. 4/ 5 «non avia [mota] terra». - L’ajout de «[mota]» n’est pas indispensable. Mc. 4, 14-20, passim («paraula»). - «Paraula» serait préférable. Mc. 6/ 6 («Et environava los castels [in circuitu] ensenhant»). - Il n’est pas nécessaire d’ajouter «[in circuitu]» au texte occitan (l’idée est rendue par environar). Mc. 6/ 50 («e foron torbat[z]»). - Correction inutile (voir [II, 35]). Mc. 6/ 52 et N109 («eusegat»). - Corr. «ensegat» (voir ci-dessous § 3.2. s. [eusegar]). Mc. 7/ 28 («les brigas»). - Le ms. porte «las». Mc. 9/ 41. On peut clarifier la construction en plaçant une virgule avant «si» et une autre après «col». Mc. 10/ 4 («Moyses promes escriure libre de soan e la la<i>ssar»). - Le sens impose, nous semble-t-il, de lire «permes» (cf. Vulg. citée N155: permisit). Mc. 13/ 24 («li luna non dara calor», ms. «claor»). - La N193 indique: «calor est une traduction inacceptable pour Vulg. ‹splendorem›, Lyon ‹resplandor›». On peut préférer conjecturer «claror», ce qui produit un sens convenable (cf. afr. claror ‘clarté’, daupha. [klarur], etc., FEW 2: 740b, Clarus ). Mc. 13/ 28. - Il n’est pas nécessaire d’ajouter «[A ficu autem discite parabolam: ]». Le verset est conçu différemment de celui de la Vulgate. Mc. 13/ 29 («sapjas que prop est de la fin»). - Il semble inexact de dire (N199) que la leçon «fin» est «douteuse». C’est le contenu du verset qui diffère de celui de la Vulgate: non pas ‘rendez-vous compte qu’Il est proche’, mais ‘sachez que vous êtes (est) proches de la fin’. Mc. 14/ 27 («F[er]iray»). - La correction ne s’impose pas: firra (fut. P3 de ferir), qui n’a pas été corrigé, est enregistré au Lexique (II, 135), sans référence (= au moins Luc 6/ 29); cf. aussi firem (fut. P4), non corrigé (Luc 22/ 49). Mc. 14/ 67 («Jhesu nazarieu»). - Éditer «Nazarieu» (constituant de nom de personne). Cette occurrence figure d’ailleurs sous Nazarieu à l’index des noms propres (II, 321). Mc. 15/ 21 («Sismon sirinia»). - Éditer «Sirinia» (constituant de nom de personne). Luc (I, 102, in fine). - Ajouter le numéro du verset: 1/ 80. Luc 2/ 14. - Phrase exclamative à ponctuer comme telle. Luc 2/ 42 («jorn fesival»). - Lire (ou corr.) «festival» (comme en Luc 3/ 41). Luc 3/ 4 («aparelhat[z] la via del senhor»). - La correction n’a rien d’indispensable (voir [II, 35]). - Point d’exclamation à la fin de la phrase. Luc 4/ 40 («tug cil que avian malautes per vairas langors li amenavan», ms. «malautias»; Vulg. infirmos). - La leçon du ms. fait sens et il n’y a aucune obligation à corriger le texte (la N52 présente d’ailleurs la correction de manière dubitative). - Il est par conséquent difficile de dire que NTestParis et NTestLyon partagent la leçon «malautes» (I, 31). 10 Voir g. p. M aggioni , «Iacopo da Voragine tra storia, leggenda e predicazione. L’origine del legno della Croce e la vittoria d’Eraclio», Rivista de la Fondazione Piero della Francesca 6 (2013): 17 (consulté sur https: / / www.academia.edu). - Cf. la traduction occitane de la Légende dorée (ms. mil. 15 e s.): «la cros de Jesu Christ fonc de .iiij. manieyras de fust, so es de palmier, et d’olivier, e de cipres, et de cedrus» (M. T ausend , Die altokzitanische Version B der «Legenda aurea», Tübingen 1995: 143). 423 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 76 (2017): 420-435 DOI 10.2357/ VOX-2017-034 Luc 10/ 23 («uuelh»). - Éditer «vuelh». De même Jean 6/ 5 (éditer «vuelhs») et 11/ 37 (éditer «vuels») 11 . Luc 12/ 27 («los [l]ilis»). - Correction indue (cf. DAO: 1119, 1-2). Luc 12/ 46 («depart[i]ra»). - Correction indue. Cf. «departran» (Apo. 18/ 14), lu correctement, mais tacitement corrigé en departiran au Lexique (II, 97). Luc 13/ 7 («que non tengua enpacha da la terra»). - Éditer «enpachada». Corriger le Lexique (II, 114) en conséquence. Luc 14/ 7 («Entendes consi devom helegir los primers setis»). - Segmenter «deu om» (‘on doit’). Luc 22/ 16 («si[a] adumplit»). - On peut noter «si’ adumplit» sans avoir à retoucher le texte. Luc 22/ 42 («Paire, si tos plazers es traspasse de mi aquest beure»). - Virgule après «es». Luc 23/ 15 («reire trames»), Tite 3/ 13 («Reire tramet»). - Éditer «reire-trames», «Reire-tramet», comme reire-apellar, reire-hedificar et reire-pauzar (II, 222-223). Luc 23/ 29 («Benauradas son las asterlas e li ventre que non engenreron»). - La N229 suppose le «passage corrompu et difficile à interpréter», et signale que «le ms. peut être lu (à la rigueur) ‹antrarmas›, ‹antrar mas› ou quelque chose de semblable». La leçon «antrarmas» est excellente (voir ci-dessous §3.2.) et il ne faut pas y toucher. En effet, le traducteur n’a pas rendu lat. steriles - ce qu’a bien compris la main «assez récente» qui a ajouté «esterlas» en marge [N229] -, mais a introduit un binôme synonymique las antrarmas e li ventre. - Point d’exclamation à la fin du verset. Luc 24/ 19, 24/ 20. - Points (et non points d’interrogation) à la fin de ces versets. Luc 24/ 25. - Tiret de dialogue au début de ce verset. Jean 4/ 50 («ton filh es vious», ms. «vieus»). - Le texte n’appelle pas de correction: vieu est une issue de Vīvu attestée en occitan 12 . Jean 7/ 2 («Cenophe gia»). - Éditer «Cenophegia» (voir ci-dessous §3.2. s. gia et §4.2. s. Cenophe). Jean 8/ 44 («vostre Paire»). - Majuscule inappropriée. Jean 9/ 19 («ara», ms. «aura»). - La forme du ms. n’est pas à corriger sans discussion (cf. aocc. aura, FEW 4: 472a, hora ). Jean 16/ 4 («aquilha», ms. «aquilhe»). - La leçon du ms. ne doit pas être rejetée (voir [II, 33]). Jean 21/ 6 [2], 21/ 8, 21/ 11 [2] («la ret»). - Le ms. porte «laret» (21/ 6), «la/ ret» (21/ 6), «laret» (21/ 8), «laret» (21/ 11), «la/ ret» (21/ 11). Il convient sans doute d’éditer «l’aret» comme en Luc 5/ 2, 5/ 4 et 5/ 5, passages dans lesquels le pluriel «aretz» est indubitable. Ac. 1/ 18 («totas sas antralhas son escampadas», ms. «antrarmas»; Vulg. viscera). - L’éditeur écrit: «Nous avons opté pour une correction partielle». La question est: pourquoi corriger? Le texte du ms. est excellent et la correction proposée ne se justifie pas (voir ci-dessous §3.2. s. antrarmas). Ac. 1/ 23 («lo qual es nomnat just»). - Éditer «Just» (nom de personne). Ac. 2/ 25 («que ieu non sia s[c]omogut»). - La leçon «somogut» du ms. peut être défendue (cf. aocc. somover, Ac. 6/ 12 et 17/ 5; FEW 12: 349a, suBMoVere ). Voir ci-dessous la remarque à Ac. 14/ 6. Ac. 5/ 41 («anta», ms. «amta»). - N’étant nullement une faute (au sens philologique du terme), «amta» n’a pas à être corrigé. À propos de amta (Luc 1/ 25), le Lexique (II, 60) fait d’ailleurs justement observer qu’il ne s’agit «pas forcément d’une forme corrompue». 11 Cf. notamment F. Z ufferey , Recherches linguistiques sur les chansonniers provençaux, Genève 1987: 219 et N50. 12 Cf. J. r onJat , Grammaire istorique des parlers provençaux modernes, 4 vol., Montpellier 1930- 41, 1: 372-73; FEW 14: 583a, s. ViVus ; Lv 8: 806 (deux occurrences). 424 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 76 (2017): 420-435 DOI 10.2357/ VOX-2017-034 Ac. 13/ 50 («femnas», ms. «femras»). - Avant de corriger «femras», d’«après [NT] Lyon», il faudrait commencer par montrer en quoi «femra» constitue une faute: il s’agit en réalité du produit de femna par différenciation entre nasales, c’est-à-dire de l’ancêtre de pr. [ˈfrɛmo] 13 . La forme est non seulement irréprochable, mais encore précieuse pour la phonétique historique. Ac. 14/ 6 («e tota la mouteza de las doctrinas fon connoguda», ms. «somoguda»). - La correction ne s’impose pas. Voir ci-dessus la remarque à Ac. 2/ 25. Ac. 16/ 6 («passan[t]»). - Correction non indispensable. Ac. 16/ 22 («esquitar»). - On lit bien ainsi sur le ms. Corr. cependant «esqui[n]tar», ce que le Lexique (II, 126) fait d’ailleurs tacitement. Ac. 18/ 14-16. - Le texte occitan semble bien mettre dans la bouche de Paul des paroles que la Vulgate fait prononcer au proconsul Gallion. Ac. 19/ 17 («pagan», ms. «pagua»). - On ne voit pas la raison d’être de cette double correction. Ac. 19/ 21. - Si, comme le dit l’index des noms propres (II, 290), «Acacia» est «une erreur de scribe évidente» pour «Acaia», alors il convenait de corriger cette forme dans le texte édité. Ac. 21/ 1 («navegem a Gover»). - L’éditeur écrit à propos de Gover (qui désignerait l’île de Cos): «leçon douteuse qui s’éloigne de toutes les autres attestations de ce nom» ([II, 309]; cf. [I, 230 N249]). On peut penser que le traducteur ou un copiste en détresse a voulu dire ‘nous naviguâmes au gouvernail’ (cf. govern [II, 145]; FEW 4: 299b, guBernare ). Il faut peut-être, d’ailleurs, lire sur le ms. «- gouer» (= am gover). Ac. 24/ 16 («enayso»). - Éditer «en ayso». De même en Pierre1 2/ 12, 3/ 9, Jean1 2/ 19, 3/ 8, 3/ 10, 3/ 16, 3/ 24, 4/ 2, 4/ 6, 4/ 17, 5/ 2, Rom. 8/ 3, Cor.1 4/ 4, 6/ 6, Cor.2 5/ 2, 5/ 5, 11/ 12, Philip. 1/ 25. Ac. 24/ 25 («ju[z]izi»). - Correction indue (cf. [II, 27] où est citée la forme non corrigée juizi). Ac. 25/ 4 («‹Car ieu ay annar a lons›», ms. «allons», auquel l’éditeur [N295] veut retrancher son premier «l»). - L’éditeur écrit [N295]: «lons = lonc ‘délai’». Éditer au contraire «allons»: on a affaire à l’adverbe allons < aliunde (voir ci-dessous §3.2 s. allons). Le syntagme «ay annar» recèle une crase / a#a/ → / #a/ (annar pour *a annar), phénomène à noter a’nnar, à l’exemple de Clovis Brunel. Ac. 27/ 1. - Point à la fin du verset. Ac. 27/ 2. - Majuscule au début du verset. Virgule après «sotzlevem». Ac. 27, 17-19 («aleviessan»). - Éditer «aleujessan». Ac. 27/ 23 («Car l’angel de Dieu, del cal yeu suy aistat ambe mi en aquesta nuech»). - Virgule après «suy» et segmenter «a istat» (autrement l’auxiliaire ferait défaut). Le passage signifie ‘Car l’ange de Dieu, (le Dieu) auquel j’appartiens, a été avec moi cette nuit’. Ac. 27/ 38 («aleviavan la nau gitant lo froment en la mar»). - Éditer «aleujavan». Jac. 4/ 13 («annarem», ms. «annaren»). - La forme du ms. n’est pas nécessairement à corriger (cf. [II, 25] où cette forme n’est pas considérée comme une faute de copiste): il peut s’agir d’une manifestation du changement [m] > [n] en fin de mot. Jac. 4/ 15 («Si a Dieus plas ni era[m] viou, nos farem ayso o aquo»). - La correction rapproche le texte de la Vulgate, mais ne l’éclaircit pas. Nous pensons qu’en réalité le traducteur n’a pas compris le texte latin et dit, tant bien que mal, autre chose que la Vulgate (‘S’il plaît à Dieu et s’il était vivant [= s’il s’est bien fait homme]’). Pierre1 1/ 6. - Virgule (et non point-virgule) après «alegrares»: il s’agit d’une subordonnée conditionnelle, bien que si ne soit pas placé en début de proposition. Pierre1 1/ 14/ 15 («apellest»). - Le sens demande «apellet». Il faudrait au moins une note. Pierre1 2/ 4. - Virgule entre «elecha» et «onrada». 13 J. R onJat (op. cit. ci-dessus N12), 2, 215. 425 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 76 (2017): 420-435 DOI 10.2357/ VOX-2017-034 Pierre1 2/ 6. - Virgule entre «elegida» et «precioza». Pierre1 3/ 12 («au»). - Le cotexte réclame le pluriel (auzon). Pierre1 5/ 9 («fait ad»). - La syntaxe demande faita: éditer «fait’ ad». Pierre1 5/ 11 («es»). - Éditer «e·s» comme en Pierre1 4/ 5. Pierre2 1/ 17 («Dieu, lo paire»). - Suppr. la virgule. Pierre2, 2/ 1. - Virgule après «els». Jean1 4/ 5 («peraiso»). - Éditer «per aiso». Rom. 1/ 7. - Virgule après «paire». Rom. 5/ 12 («Perayso»). - Éditer «Per ayso». - Virgule après «ayso». - Virgule (et non pointvirgule) après «peccat». - Virgule (et non point) après «pequeron». Rom. 7/ 3 («no avoutra»). - Éditer «no-avoutra». Rom. 13/ 7. - Virgule après «totz». Rom. 13/ 12 («La nueg denant annet»). - Éditer «denant-annet». Cor.1 3/ 12. - Pas de virgule après «fundament» (ou une virgule supplémentaire après «hedifica»). Cor.1 4/ 7 («Car cal destra? »). - C’est bien ce que porte le ms., mais le sens fait clairement attendre «destria» (cf. Vulg. quis enim te discernit). Cor.1 4/ 9 («nos dereiers apostols»). - Le sens fait attendre «dereners» ou «dereniers» (cf. Vulg. apostolos novissimos). Cor.1 6/ 3 («angles»). - Corr. «angels». Cor.1 6/ 4, 6/ 5. - Points d’interrogation à la fin de ces versets. Cor.1 6/ 6. - Point d’exclamation à la fin de ce verset. Cor.1 7/ 20. - Suppr. la virgule après «apellament» (la relative qui suit est une déterminative). Cor.1, 15/ 48 («celelstial»). - Lire «celestial» (cf. d’ailleurs la N221). Cor.1 16/ 6 («en cal que luec»). - Éditer «en calque luec». Cor.2 6/ 14 («parsonjaria», ms. «parsoniaria»). - Corr. «parsonairia» (correction pratiquée tacitement au Lexique (II, 192) s. parsonairia). Gal. 3/ 8. - Suppr. la virgule avant «car». Éph. 4/ 8 («menet la preza preion»). - Tel que le passage est édité, la construction n’est pas claire: il faut supposer une élision («menet la prez’ a preion»). Philip. 3/ 1 («pere[z]osa»). - Correction indue (pour l’amuïssement de [z] intervocalique, voir (II, 27), avec l’exemple de pereos, Rom. 12/ 1). Tim.1, 1/ 4 («a las faulas e a las paraulas des linhadas destermenadas»). - L’interprétation de l’éditeur présente l’inconvénient de créer une anomalie grammaticale forte (masculin des devant féminin linhadas). On peut penser que le traducteur a accommodé le texte (Vulg. fabulis et genealogiis interminatis) à sa façon et qu’il faut éditer «paraulas deslinhadas, destermenadas» (à comprendre ‘paroles déviantes, interminables’). Tim.1 6/ 5 («estrangit»). - Voir la discussion au Lexique (II, 128). Philém. 2. - Pas de virgule après «gleyza» (la relative qui suit est une déterminative). Philém. 3 (adresse), 25 (bénédiction). - Phrases exclamatives à ponctuer comme telles. Hébr. 1/ 11 («leziran»). - Au lexique (II, 159), le mot est considéré comme une forme de lezir ‘léser, endommager; s’user’. Mais, comme il traduit lat. veterascent, on doit plus probablement postuler une faute pour veleziran (cf. [velezir] ‘vieillir’ au Lexique [II, 274]). Hébr. 9/ 11. - Virgules avant «evesques» et après «avenidors». Hébr. 11/ 17 («u engenrat»). - Éditer «u-engenrat». Hébr. 12/ 6 («el»). - Éditer «e·l». Hébr. 12/ 11 («als auzatz per ella»). - Éditer «aüzatz» (cf. Hébr. 5/ 14). Apo. 1/ 8, 22/ 13. - Éditer «Alpha et O» (avec majuscules), comme on le fait dans le texte latin. 426 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 76 (2017): 420-435 DOI 10.2357/ VOX-2017-034 Apo. 1/ 13 («davant senturat»). - Éditer «davant-senturat» (cf. Vulg. praecinctum). Apo. 2/ 23 et N14 («las cauzas e·ls corages»; Vulg. renes et corda). - Le traducteur pourrait avoir eu sous les yeux une traduction occitane et avoir rendu las rens (traduisant Vulg. renes, comme dans NTestLyon et BibCarp), compris comme contenant le pluriel de ren n. f. ‘chose’, par las cauzas. Apo. 3/ 18 («foria»). - Éditer «forja», comme au Lexique (II, 137) (cf. Lv 3: 414). Apo. 8/ 11 («E·l nom de l’estela es digz auzens»). - Éditer «Auzens» et même «Auzens» (emploi autonymique). Apo. 8/ 11 («aucens», ms. «aycens»). - La correction est indue: pour ce type en ai-, voir DAO: 1065, 1-2, DOM: 422-423 et FEW 24: 52b, aBsinthiuM ). Apo. 13/ 15 («e fara [que] qui non l’aorara sia aucis»). - L’ajout de «[que]» est douteux: la construction parataxique est admissible 14 . Apo. 17/ 18 («E li femna, cal tu vist»). - Suppr. la virgule (relative déterminative). Apo. 18/ 15 («li mercadier d’els homes»). - Nous ne voyons pas comment l’apostrophe dans «d’els» peut se justifier. Apo. 21/ 9 («Sa, ve»). - Suppr. la virgule. Apo. 21/ 17 («cobaadas»). - Le Lexique (II, 82) enregistre cobdada, sans doute à juste titre, par correction tacite. Apo. 21/ 23 («Ni la cioutat non an mestier de soley ni de luna»). - Il semble difficile de ne pas corriger «an» en «a». 2. L’«Analyse de la langue» (II, 3-48) 2.1. Cette section ne cherche pas à donner «une grammaire plus ou moins complète» du texte, mais à mettre au jour les traits linguistiques utiles à la datation et à la localisation, ou qui permettent «d’élargir et d’approfondir nos connaissances de l’ancien occitan et de sa différenciation variationnelle interne» (II, 5) 15 . Une telle perspective est très légitime. Quant à la localisation, le bilan est le suivant (II, 47-48): l’emploi de six critères phonétiques, de quatre critères morphologiques et d’un critère syntaxique fait supposer «une origine dans le domaine oriental de l’Occitanie et surtout la Provence et le versant occidental des Alpes» (II, 47). Ce jugement concorde globalement avec le diagnostic de Paul Meyer: «écrit en Provence, et plutôt dans le Sud ou le Sud-Est … que dans le Nord» 16 . Mais, d’autre part, quatre critères phonétiques et deux critères morphologiques seraient «typiques du Languedoc» (II, 48). Au total, P. W. pense que «l’origine de notre manuscrit se trouve clairement dans la partie orientale de l’Occitanie, mais qu’il a un passé languedocien, soit que le modèle ait été traduit dans le Languedoc, soit qu’il y ait fait une station, y ait été copié et muni d’une patine languedocienne» (II, 48). La page 4 de couverture du volume II va plus loin en posant que «nous n’avons pas affaire à un dialecte, mais à une scripta qui reprend des éléments d’un peu partout de l’Occitanie, et 14 Voir f. J ensen , Syntaxe de l’ancien occitan, Tübingen 1994: §786. 15 On s’étonne par conséquent - surtout sous la plume d’un linguiste aussi averti que P. W. - de constater que l’auteur se réfère avec constance, de manière peu variationniste, à «la norme qu’on pourrait appeler ‹classique› en ancien occitan» (II, 29) (cf. «graphie standard» (II, 24), «graphie canonique» (II, 24), «normalement» (II, 30), «formes … non-canoniques» (II, 31), «canoniquement» (II, 34), «résultat canonique» (II, 34), «la forme la plus courante, pour ainsi dire ‹canonique›» (II, 35), «normal» (II, 38), «normalement» (II, 39)). L’éternel grammairien - pour reprendre le titre du livre d’A. B errondonner (L’Éternel grammairien. Étude du discours normatif, Berne/ Francfort 1982) - semble prendre le dessus. La même terminologie se trouve aussi, passim, dans le Lexique. 16 P. M eyer , art. cit. (ci-dessus N4), 429. Cf. C. B runel , Bibliographie des manuscrits littéraires en ancien provençal, Paris 1935: 49: «Écrit … en Provence». 427 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 76 (2017): 420-435 DOI 10.2357/ VOX-2017-034 surtout de sa région orientale». Et d’ajouter: «même des éléments qui semblent renvoyer aux vallées vaudoises, voire à l’Italie septentrionale ne manquent pas». Avouons que cela donne un peu le tournis. Peut-être parviendrait-on à y voir plus clair en reprenant de plus près les résultats fournis par les critères employés par P. W. et en tenant également compte des nombreux autres marqueurs géolinguistiques que fournit le vocabulaire. 2.2. Consignons quelques remarques de détail. II, 8-9, «i pour e tonique». - Luc 22/ 66 ] Luc 23/ 66. - Le seul exemple est l’issue de Con siliu qui serait le plus souvent concel(h), mais parfois aussi concili. En réalité, on a affaire à deux mots distincts: le produit héréditaire de Consiliu et un emprunt savant à concilium. Le Lexique (II, 84, s. concili) n’enregistre d’ailleurs que l’emprunt à concilium, tout en indiquant que ce mot traduit parfois consilium. Il n’y a donc pas de «i pour e tonique». II, 20-21, «-s parasitique». - Chaque exemple mériterait une discussion individuelle. Ainsi (i), concernant la fins (Mc. 7/ 31), le texte édité donne «las fins» (deux occurrences; Vulg. deux fois fines). (ii) Dans parent-z, (Mc. 13/ 12), lo-s verm (Mc. 9/ 45), vostre-s nom-s (Luc 10/ 20), li discipol-s (Luc 18/ 15) et e·l temple-s (Apo. 11/ 19) on a des sujets pluriels sigmatiques (c’est-àdire non marqués en cas). (iii) Dans a sos sers (Luc 14/ 21) - et los sers (ibid.) -, on peut penser que le copiste a pris sers, forme qui peut servir de cas régime singulier (Mc. 12/ 2, 12/ 3, 12/ 4 [II, 243]; aussi Luc 7/ 3, 7/ 8), pour un pluriel, d’où les pluriels los et sos. (iv) las paraulas … non es mieua (Jean 14/ 24) est un simple raté de construction induit sans doute par la présence de las mieuas paraulas dans la phrase précédente. (v) la cals (Cor.1 1/ 4) est un sujet sigmatique attendu. (vi) verges (Cor.1 7/ 34) est un sujet sigmatique analogique. Il n’y a donc probablement pas lieu de globaliser les phénomènes recensés sous le nom de «s parasitique». II, 22, «Perte de -t final». - Aj. de ‘doigt’ (Jean 8/ 6) et le contrépel serat ‘sera’ (Cor.1 15/ 28). Distinguer l’amuïssement de [t] final après [n] et l’amuïssement de [t] final post-vocalique. II, 24, «Les graphies pour n palatalisé [l. palatal]». - Parmi les graphies rares, aj. <yn> dans Seynor (Luc 2/ 38). II, 26, «nd → nn (ou n)». - La forme bannas ‘cornes’ ne manifeste pas un tel changement (cf. FEW 1: 238b, * BannoM ). II, 27 «Perte de b/ v intervocalique». - Noter que cet amuïssement se produit toujours au contact de [o]. II, 31, masculins singuliers en -o. - Hébr. 1/ 8 ] Hébr. 2/ 8 (aycello). - tanto (Jean 21/ 11) est adverbial et non nominal. - Les démonstratifs aicello et aycello ont une valeur de neutre. II, 31, masculins pluriels en -os. - Mc. 10/ 31 ] Mc. 12/ 31 (aquestos). - Aj. aquestos (Mc. 13/ 2) et cantos (Mc. 8/ 19). Voir aussi quanto et quantos au Lexique s. quant(s) (II, 215). - «Les formes en -o/ -os ne sont jamais des substantifs»: on relève cependant annos (forme corrigée, Rom. 15/ 23 et [II, 60]), buovos (Jean 2/ 14) et peut-être signos (Apo. 13/ 14 et N110, forme corrigée dans le ms. en signes). II, 31, masculins pluriels en -i. - Écarter adjutori (Cor.2 1/ 24) qui n’est pas un cas sujet pluriel en -i comparable à aquisti ou à meteissi, i final appartenant à la base lexicale (< adjutorium, FEW 24: 164b). - À part dui et amdui, aj. aquesti (Apo. 20/ 6; cf. [II, 9] où Luc 18/ 11 est une référence erronée), les substantifs estrani (Ac. 28/ 1) et servi (Tim.1 6/ 1), les adjectifs qualificatifs sani (Tite 1/ 13) et sotzmesi (Éph. 5/ 21). II, 32, masculins pluriels en -e. - Dans les trois exemples cités par P. W. (Ac 11/ 12; Apo. 11/ 4, 14/ 4), aquiste se trouve aussi devant s-. Aj. aquiste (Ac. 2/ 13, 5/ 38), les deux fois devant s-. Il est donc probable que aquiste est un accident graphique au sandhi externe pour le pluriel sensible *aquistes (cf. «la[s] sinagogas», Ac. 26/ 11). - La très haute fréquence des pluriels 428 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 76 (2017): 420-435 DOI 10.2357/ VOX-2017-034 sensibles du type brasses (II, 75, s. bras), corses (II, 88, s. cors 1 ), vouses/ vouzes (II, 285, s. vous), etc. 17 , aurait d’ailleurs pu être signalée. II, 32, «Pronoms personnels prédicatifs». - Aj. ille ‘ils’ (Jean 18/ 6). 3. Le Lexique (II, 49-286) 3.1. Le Lexique tient une large place dans l’ouvrage. Il est très riche et fournit une foule de matériaux utiles. Il éclaire largement le texte et constitue une contribution de valeur à la connaissance de l’ancien occitan. Les utilisateurs apprécieront le fait que P. W. ait relevé systématiquement les mots employés par la Vulgate. Les articles consacrés aux verbes offrent en outre de larges échantillons de la morphologie flexionnelle. Les règles ayant présidé à la rédaction du Lexique sont parfaitement explicitées (II, 49-51). Nous avons déjà eu l’occasion d’écrire 18 que le principe de sélection (consistant à relever ce qui s’écarte de LvP ou en est absent) (II, 49) est très contestable, mais nous devons convenir que le résultat de la collecte donne le plus souvent satisfaction, bien que nombre de mots ou sens intéressants aient nécessairement échappé. En ce qui concerne les mots fréquents, il était raisonnable de ne retenir que cinq renvois au texte (II, 49). Toutefois, les «cinq premières attestations» ne sont pas nécessairement les plus intéressantes et l’on aurait préféré une sélection plus méthodique. La nomenclature est présentée de façon trop morcelée. Les regroupements ne sont pas poussés assez loin, même entre variantes purement graphiques: ayga et aygua font ainsi l’objet de deux articles différents et le verbe signifiant ‘oindre’ est éclaté sous honher, onher, ounher et unher. Des renvois, généralement efficaces, atténuent en partie les inconvénients découlant de la dispersion de la nomenclature. Quelques renvois sont cependant à ajouter: de preio à preyso et prezo(n), de seti à sceti, ainsi que des renvois réciproques entre anguilancier et ayguilantier, aret et ret, carisme et karisme, mensonja et mesonega, raïs et razis, temeros et timeros, torbacion et turbacion, trachor et traïdor, trancar et trencar, vel et vielh. - En outre, s. auzens: renvoyer à aucens (et non à ausens); - s. coiratier: il est renvoyé à curtier, mais cet article manque (lire curatier); - s. fada, il est renvoyé à fat, mais cet article manque. On ne saisit pas l’intérêt des «éventuels équivalents occitans» (II, 50) donnés dans la parenthèse qui suit immédiatement la vedette. Pourquoi cribler le Lexique de formes linguistiques qui ne se trouvent justement pas dans le texte? Certains lemmes sont à amender. Ainsi - s. aprobencamient: lire aprobencament, comme dans le texte édité; - s. calqun: lire calque u, comme dans le texte édité; - s. desgoilat: lire degollat, comme dans le texte édité; - s. encriminayriza: faut-il lire encriminiayrizas avec le texte édité ou corriger le texte? - s. [gloreiejar]: lire glorejara[m], comme dans le texte (article à biffer); - s. granzissa: malgré le Lexique et Rn (3, 499), on lit grauzissa dans le texte édité (Apo. 16/ 21) et la leçon est parfaitement nette sur le ms.; - s. raïn, raïns (Jac. 3/ 12): le texte édité porte «raims» (seule occurrence); - s. tebeze adj. ‘tiède’, tebezes (Apo. 3/ 16): le lemme devrait être [tebes], -es étant dans tebezes une marque de cas sujet singulier (cf. les pluriels sensibles en -es, comme brasses, très nombreux dans le texte) 19 . 17 Cf. F. J ensen , The Old Provençal noun and adjective declension, Odense 1976: 48-49; J. R onJat , op. cit. (ci-dessus N12), 3: 22-25. 18 J.-p. C haMBon , compte rendu de NTestLyonW, RLiR 75 (2011): 275; cf. G. R oques , compte rendu de la même édition, Revue critique de philologie romane 16 (2015): 7. 19 Les formes restaurées auraient pu être signalées comme telles. Ainsi antos - (ms. peut-être «aratos»); - [enluzir] (ms. «non luzia»); - labor (Jean 4/ 6: ms. «amor»); - prens (ms. «princes»); - toti 429 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 76 (2017): 420-435 DOI 10.2357/ VOX-2017-034 La sémantisation ne va pas au-delà de traductions en français. Il revient alors au lecteur curieux de connaître, non une traduction passe-partout, mais le sens des mots, de désambiguïser les définissants français en se rapportant aux cotextes: ainsi cruautat n. f. (Pierre1 4/ 3), traduit par ‘cruauté’, possède dans le texte le sens métonymique d’‘action cruelle’ et non l’un des trois autres sens que le Petit Robert assigne au définissant cruauté. Un tel procédé, qui laisse le travail au diligent lecteur, est ordinaire dans les glossaires d’éditions 20 et nous n’osons donc pas jeter la pierre à l’éditeur. Il n’en reste pas moins qu’un grand nombre de sémantisations demandent à être précisées afin, d’une part, de mieux cerner les valeurs des mots dans le texte et, d’autre part, d’offrir des matériaux utilisables par la lexicographie et la lexicologie. Ainsi - [butar] v. tr., glosé ‘frapper; pousser’ (Ac. 12/ 13), signifie ‘donner des coups contre (une porte) pour se faire ouvrir’; - coude n. m., glosé ‘coude, coudée’ (Luc 12/ 25), signifie ‘[par méton.] petit espace de temps’; - domestegue n. m., glosé ‘serviteur, domestique’ (Gal. 6/ 10), signifie ‘[fig.] celui qui engage toute son activité au service de qch (ici de la foi)’; - grec 1 adj., glosé ‘grec’ (Luc 23/ 38), signifie ‘qui appartient à l’alphabet dans lequel s’écrit le grec ancien (d’une lettre)’; - latin adj., glosé ‘latin’ (Luc 23/ 38), signifie ‘qui appartient à l’alphabet dans lequel s’écrit le latin (d’une lettre)’; - segar v. tr., glosé ‘couper, scier’ (Hébr. 11/ 37), signifie ‘[spéc.] mettre à mort (qn) en sciant son corps de haut en bas’; - titol n. m., glosé ‘titre, inscription’ (Mc. 15/ 26; Jean 19/ 19, 19/ 20), signifie ‘écriteau mis sur la croix du Christ’ (à aj. FEW 13/ 1: 359b, titulus ); - volp s. f., glosé ‘renard’, signifie ‘[par anal., péj.] homme perfide, fourbe’ en Luc 13/ 32 (à aj. FEW 14: 645b, Vulpes ). En outre, la sémantisation consiste trop souvent en des accumulations de traductions qui déroutent le lecteur plus qu’elles ne l’éclairent. Vérifications faites, on supprimera, par exemple, les gloses suivantes: - s. aondos, ‘riche’ et ‘suffisant’; - s. assas, ‘beaucoup’; - s. brug, ‘rumeur’; - s. cadiera, ‘chaire’ ; - s. danant, ‘avant’; - s. escola, ‘temple; synagogue’; - s. espautar, ‘trembler’; - s. [estuziar], ‘étudier’; - s. leugier, ‘léger’; - s. nuallos, ‘mauvais’; - s. ostalaria, ‘hôtel’; - s. [plagar], ‘endommager, léser’; - s. recebeyre, ‘receveur’; - s. salvaire, ‘conservateur’ (et l’on précisera: ‘celui qui a sauvé le monde, Jésus-Christ’); - s. tempesta, ‘agitation’; - s. tinha, ‘rouille’; - s. ypocrita, ‘comédien’. Une plus large place aurait pu être faite à la microsyntaxe et aux locutions: - rescaps ‘derechef, de nouveau’ est, par exemple, donné comme adverbe, alors que l’on ne trouve que de rescaps loc. adv. dans toutes les occurrences; - secret ‘secret, secrètement’ serait «adj./ adv.», mais on a seulement en secret loc. adv. ‘d’une manière secrète, en secret’ (Mc. 9/ 27); - tort ‘tort, crime, méfait’: en Luc 3/ 14 et Ac 7/ 27, il s’agit de [faire] - tort a qn loc. verb. ‘porter préjudice à (qn), faire (du) tort à (qn)’. Quelques renvois au texte se révèlent inexacts: - s. amorozament: Ac. 18/ 15 ] 18/ 25; - angle: Luc 20/ 27 ] Luc 20/ 17; - s. asana: le renvoi à Jean 12/ 15 concerne asana et non asena, si bien que asena n’est pas référencé; - s. [asemblar]: Hébr. 6/ 10 ] Hébr. 6/ 20; - s. averes (2 e pl. fut. («corr. d’après Lyon»): ce mot ne figurant pas dans le texte, il est inutile de le discuter au Lexique; - voig (ms. «veist»). 20 Voir J.-P. C haMBon , «De la glossographie à la glossairistique (ou ‹lexicologie philologique›): réflexions proposées aux occitanisants», in: J.-F. C ourouau / F. P iC / C. T oreilles (ed.), Amb un fil d’amistat. Mélanges offerts à Philippe Gardy par ses collègues, ses disciples et ses amis, Toulouse 2014: 328. 430 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 76 (2017): 420-435 DOI 10.2357/ VOX-2017-034 de aver): il manque la ou les référence(s) (on trouve cette forme au moins en Jean1 5/ 13); - s. [caire]: Luc 6/ 29 ] Luc 6/ 39; - s. callar: le renvois à Cor.1 2/ 15 est erroné; - s. cami 1 : le renvoi à Apo. 14/ 15 est erroné; - s. establiment: le renvoi à Mc. 7/ 24 est erroné; - s. etat: Luc 2/ 22 est erroné; - s. fiala: Apo. 15/ 1 ] Apo. 15/ 7 (et aj. Apo. 16/ 3); - s. gitar: Ac. 27/ 58 ] Ac. 27/ 38 (gitant); - s. orrezan: le renvoi à Tite 1/ 9 est erronée; - s. parlier: Tim.1 16/ 6 ] Tim.1 1/ 6; - s. plantar: Ac. 3/ 28 ] 8/ 38, Luc 1376 ] Luc 13/ 6; - s. pojesa: Luc 12/ 39 ] Luc 12/ 59; sort [1] : le renvoi à Jean 7/ 22 est erroné; - s. vespre: Mc. 13/ 17 ] 14/ 17; - s. vezin: Luc 1/ 56 ] Luc 1/ 65. Les dictionnaires de Raynouard et de Levy sont systématiquement consultés et cités (le FEW et d’autres travaux le sont de manière plus épisodique). Les mots, les formes ou les sens absents de la lexicographie de l’ancien occitan sont dûment signalés. Certains mots sont cependant réputés «manque[r] dans les ouvrages de référence», alors qu’ils sont bel et bien répertoriés: - amenament: le FEW (6/ 2: 107b, Minare ) cite aoc. amenament ‘logement’ (hap. 14 e s.) = Rn 4: 180 (qui cite NTestParis); - aurea: le FEW (25: 979a, aureus ) cite aoc. aurea (14 e s., Rn) = Rn 2: 144 (qui cite NTestParis); - [refujar]: le FEW (10: 198a, refugiuM ) cite aoc. refujar = Lv 7: 164; - sapiencia: le FEW (11: 205b, sapientia ) connaît avaud. sapiencia. Bien qu’il entende assumer une orientation lexicologique (II, 49), le Lexique ne cherche pas, contrairement à la section «Analyse de la langue», à repérer, même sommairement, les particularismes utiles à la localisation de la langue. On peut regretter que P. W. s’en soit tenu ainsi exclusivement, en vue de la localisation, à des critères phonétiques ou grammaticaux très généraux (II, 47-48). Un examen géolinguistique plus poussé des faits relevés au Lexique est donc un desideratum. 3.2. Les observations suivantes voudraient corriger ou préciser le Lexique sur certains points, mais aussi montrer l’intérêt lexicologique du texte que P. W. a rendu disponible. abraic adj. ‘hébreu’ (Jean 19/ 20). - En réalité, s. m. ‘langue sémitique parlée par les anciens Hébreux’. [aistar] v. ‘rester, demeurer; accompagner’ (Ac. 27/ 23). - Lire a istat (voir ci-dessus §1.2.). - Article à biffer et occurrence à reporter s. istar (II, 152). - Le sens de istar est ici ‘se tenir, se trouver (auprès de qn)’. [alejar] v. ‘alléger, soulager’. - Le renvoi à «27/ 38» (alejar) est incomplet. Il ne peut toutefois s’agir que d’Ac. 27/ 38, où le mot est à éditer «aleujavan» (voir ci-dessus §1.2.). La seconde référence (Jac. 5/ 15) se lit ainsi: «E la oracio de la fe sanara lo malaute, et lo Senhor alleujara lo». Il convient donc de biffer la vedette [alejar] en faveur de [al(l)eujar]. Distinguer deux acceptions: (i) ‘[spéc.] débarrasser (un navire) d’une partie de sa cargaison pour lui permettre de naviguer plus sûrement’ (Ac. 27/ 38) et (ii) ‘[fig.] débarrasser (qn) de la maladie qui pèse sur lui’ (Jac. 5/ 15). Aj. Alpha et O loc. nom. m. ‘[t. bibl.] le commencement et la fin de toutes choses (en parlant de Dieu)’ (Apo. 1/ 8, 22/ 13). Voir ci-dessus §1.2. - À aj. FEW 24: 348b, alpha (aoc. ca 1350): première attestation. antralhas n. f. pl. ‘entrailles’. - Article à biffer: correction malencontreuse pour antrarmas (voir ci-dessus §1.2. et ci-dessous s. antrarmas). Aj. antrarmas n. f. pl. ‘ensemble des organes enfermés dans l’abdomen de l’être humain, entrailles’ (Ac. 1/ 18; Vulg. viscera), ‘[spéc.] organes de la gestation (chez la femme)’ (Luc 23/ 29); les deux occurrences ont été corrigées à tort (voir ci-dessus §1.2.). - À aj. FEW 4: 750a, interanea (cf. aussi FEW 24: 587b N20, aniMa ). arca n. f. ‘arc, arcade, cintre’, arcas (Apo. 4/ 3 «et arcas eran entorn lo seti»). - Le mot ne traduit pas Vulg. in circuitu (qui est rendu par entorn), mais Vulg. iris ‘arc-en-ciel’. - DAO: 116, 2-3 enregistre aoc. arcas n. m. ‘arc-en-ciel’ d’après FEW 1: 131a, arCus (dont la source n’a pu être identifiée: voir FEW 25: 138a N83, arCus ). FEW 25 (loc. cit.) fait cependant état de «vieux languedocien» arcas (S 2). Or, NTestLyon est une source avérée de S 2 (voir NTest- 431 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 76 (2017): 420-435 DOI 10.2357/ VOX-2017-034 LyonW I, 11) et on y lit arcas (= arcás), clairement cas sujet singulier (ce qui implique le genre masculin), précisément en Apo. 4/ 3 (Ø au glossaire de NTestLyonW). La forme de NTestParis représente le même mot masculin (au pluriel sigmatique non marqué en cas, sujet du verbe eran). - Ces deux attestations médiévales relèvent du type ˹arká˺ (FEW 25: 133b, arCus ), dont elles fournissent les premières datations. - Au total, on écrira: [arcá] n. m. ‘arc-en-ciel’, pl. arcás (Apo. 4/ 3 ; Vulg. iris). architincli(ns) n. m. ‘majordome, échanson’, architincli (Jean 2/ 8), [c. s. sg.] architinclins (Jean 2/ 9). Le lemme devrait être fourni par la forme non marquée: architincli. - Employé sans article. - On évitera de qualifier cette forme de «légèrement corrompu[e]»: il s’agit d’un fait de langue (dissimilation) et non d’un accident textuel. - Toutes les attestations médiévales connues réfèrent à l’épisode des noces de Cana (FEW 25: 97a, arChitriClinus ), si bien que le mot peut être caractérisé comme terme biblique. aret n. m. ‘rets, filet’ (Luc 5/ 2, 5/ 4, 5/ 5). - Préciser: ‘réseau à larges mailles servant à capturer des poissons, filet de pêche’. - Aj. Luc 5/ 6 (c. s. pl. aret). - «Manque sous cette forme (avec préfixe a-) dans les ouvrages de référence qui ne connaissent que ret»: voir cependant FEW 10: 329b, rete , pour des attestations contemporaines. Première attestation. - Par mécoupure de l’article et non «avec préfixe a-». - Voir ci-dessous s. ret. asterla adj./ n. f. ‘stérile, infertile’ (Luc 23/ 29). - Mot fantôme à biffer en faveur d’un article antrarmas (voir ci-dessus §1.2. et s. antrarmas). aucens n. m. ‘absinthe’ (Apo. 8/ 11), auzens (Apo. 8/ 11). - Première occurrence: à interpréter Auzens ‘(nom d’un astre), Absinthe’ (voir ci-dessus §1.2.). - Seconde occurrence: à lire aycens (voir ci-dessus §1.2.) < * axentiu et à traiter dans un article séparé (comme le fait à juste titre le DOM: 422-24). Aj. autisme adj. ‘très-haut (qualifiant Dieu)’ (Ac. 16/ 17), [par ell.] l’Autisme loc. nom. m. ‘le Très-Haut (en parlant de Dieu, du Christ)’ (Luc 1/ 76, 6/ 35, 24/ 49; Ac. 7/ 48). Article à supprimer de l’index des noms propres (II, 295). - À aj. FEW 24: 366a, altissiMus . auzir v. ‘ouïr, entendre, écouter’. - Aj. le sens d’‘entendre parler de (qch), apprendre oralement (qch)’ (Ac. 7/ 12, auzí). À aj. FEW 25: 842b, audire . La forme auzet (Rom. 5/ 7) est le prétérit P3 de auzar v. tr. (+ inf.): exemple à placer sous un article [auzar] avec le sens d’‘être déterminé à, se risquer à’. À aj. FEW 25: 1941b, ausare . [avidar] v. ‘brutaliser, importuner, presser’ (Luc 3/ 14). - Le Lexique n’aide pas à interpréter le texte: (conseil aux soldats) «e sias avidans de vostres avers». Nous comprenons ‘et sustentez-vous de vos soldes’ (= Vulg. et contenti estote stipendiis vestris). Cf. Rn 5: 558 et FEW 14: 542b Vita (Nice avidá ‘sustenter; v. r. gagner sa vie’, castr. abidá ‘faire vivre, sustenter’). [avoutrar] v. - Rom. 7/ 3: on a affaire à avoutra n. f. ‘femme adultère’ (cf. le Lexique s. avoutra, article où la même référence figure à juste titre). - À aj. FEW 24: 185b, adulterare , sous un nouveau paragraphe I.3. [bezonhar] v. ‘avoir besoin; manquer; …’, bezonhans (Jac. 3/ 17 et non Jac. 3/ 12). - N. m. (au pl.) ‘nécessiteux, indigent’ que le FEW (17: 278b, * sunni ) ne connaît que par LvP (bezonhan). [bulhir] v. ‘bouillir, être actif’ (Rom. 12/ 11). - On a affaire à bulhent part. pr.-adj. ‘[fig.] plein de ferveur, plein de zèle, ardent’. [caire] v. ‘choir, tomber’. - Suppr. cairas (Mc. 13/ 1), vocable que la N185 [I, 89] interprète à juste titre comme cairas n. m. pl. ‘poutres’. À aj. FEW 2: 1392b, quadrare . - Comme P. W. le remarque pertinemment (II, 76), le thème cairne se rencontre que dans des formes de futur (lesquelles présentent toutes ce thème): on a donc affaire à un allomorphe du thème de cazer et non à un verbe différent. Article à biffer et matériaux à reporter s. cazer. calvaria n. f. ‘calvaire’. - Article à biffer: dans les trois occurrences, il s’agit du nom propre de lieu Calvaria (Mc. 15/ 22; Jean 19/ 17) ou Calvari (Luc 23/ 33). Ces occurrences sont d’ailleurs dûment enregistrées à l’index des noms propres (II, 298). 432 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 76 (2017): 420-435 DOI 10.2357/ VOX-2017-034 cruetat n. f. ‘cruauté’ (Cor.2 12/ 20). - Préciser ‘[par méton.] action cruelle’. - P. W. renvoie à FEW 2: 1367, Crudelis . Nous pensons au contraire que le mot est formé sur aoc. cru adj. ‘dur, cruel’ (Rn 2: 523-524; Lv 1: 422; FEW 2: 1368b, Crudus ); cf. le féminin aoc. cruza (Lv 1: 422) et BRhône [ˈkryzo] (FEW 2: 1368a). Pour l’amuïssement de [z] intervocalique, voir [II, 27]. crucificar v. ‘crucifier’. - «Manque curieusement à LevyP et Levy»: le mot manque à Lv parce que Levy a considéré que les données de Rn étaient suffisantes; il manque à LvP parce qu’il fait sans doute partie des «mots savants dont le sens est clair à première vue» (LvP Vii ), mots que Levy a écarté de LvP. [eusegar] v. ‘dessécher (≈ aveugler)’ (Mc. 6/ 52). - P. W. rapproche ce mot de eisegar ‘se dessécher’ (en vertu de l’équation eusamen = eisamen (I, 77 N109), laquelle n’est valable que dans le traitement du groupe ps ). Il convient de corriger en ensegar (voir ci-dessus §1.2.), ‘[fig.] aveugler’ (cf. Vulg. obcaecare). À classer au Lexique (II, 116) s. [ensegar]. gia adv. ‘mais, déjà’. - Mot fantôme: article à biffer (voir ci-dessus §1.2. et §4.2. s. Cenophegia). irasquer v. réfl. ‘se fâcher …’, irasquet (Apo. 12/ 17), irasqueron (Ac. 7/ 54). - Vedette fantomatique: les formes citées appartiennent au paradigme de irayser, et sont à transférer au Lexique s. irayser. lili n. m. ‘lis’ (Luc 12/ 27). - Forme corrigée à tort (voir ci-dessus §1.2.): article à biffer en faveur d’un nouvel article ili (cf. Lv 4: 226; DAO 1119: 1-2). lon adv. ‘de loin; tôt, bientôt’. - Biffer a lons (Ac. 25/ 4) en faveur d’un article allons adv. ‘dans un autre lieu, ailleurs’. À aj. FEW 24: 324a, aliunde . plantar v. ‘planter, cultiver’. - Ac. 8/ 38: le sens est ‘cesser d’avancer, s’arrêter’. - À aj. FEW 9: 21b, plantare . pols n. f. ‘poussière, poudre’. - Suppr. le renvoi à Luc 2/ 24: il s’agit du pluriel de pol s. m. ‘petit d’un oiseau (ici jeune colombe)’. À aj. FEW 9: 536a, pullus . preio n. m. ‘prison, captivité’ (Éph. 4/ 8). - Genre féminin. - Suppr. ‘captivité’. - Lire preion, comme dans le texte édité. prevensa n. f. ‘prudence’ (Vulg. prudentia) et prevent adj./ n. m. ‘prudent’ (Vulg. prudens; tous les deux Cor.1 1/ 19). - prevent est certainement un nom masculin. - À rattacher au participe présent prevezent (Hébr. 11/ 40) et à *prevezensa (cf. pervezensa 14 e s., FEW 9: 326b, praeVidere = doc. 1310, Rn 5: 537 et perv[ez]ensa NTestParis, Lv 6: 284, d’après Rochegude), avec amuïssement de -zintervocalique (cf. [II, 27]) et réduction de l’hiatus. - À propos de la réticence à rendre lat. prudentia par un calque, on peut rappeler l’observation de Daudé de Prades concernant prudença et providenza considérés par lui comme inusités en ancien occitan Car trop retrazon al lati 21 . quant(s) adv. ‘combien (de)’. - Toujours adjectif interrogatif. ret n. f. ‘rets, filet’ (Jean 21/ 6 [2], 21/ 8, 21/ 11 [2]). - Probablement aret (voir ci-dessus §1.2.), à fondre dans l’article aret (voir ci-dessus). - Le genre féminin donné au mot est contredit par les accords dans les deux occurrences (Jean 21/ 11) où le genre est décelable (cf. encore Luc 5/ 5: los aretz). san 2 adj./ n. m. ‘saint’. - Ac. 22/ 20 («lo san d’Esteve»): il s’agit d’une variante exceptionnelle de sanc n. m. ‘sang’, peut-être induite par le cotexte. À classer au Lexique s. sanc. sardi n. m. ‘sardoine’, sardis (Apo. 3/ 1, 3/ 4, 21/ 20). - Apo. 3/ 1, 3/ 4: il s’agit du nom de lieu Sardis (à aj. à l’index des noms propres [II, 328] s. v. Sardia). - Aj. sardi dans peira … de sardi loc. nom. (Apo. 4/ 3); cf. DAO: 327 22 . 21 A. S tiCKney , The Romance of Daude de Pradas on the four cardinal virtues, Florence 1879: 25, v. 205-10; cf. J.-P. C haMBon , «Un auteur pour Flamenca? », CN 75 (2015): 267. 22 Voir aussi M. P fister , CR du DAO (fascicule 2), ZRPh. 97 (1981): 463. 433 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 76 (2017): 420-435 DOI 10.2357/ VOX-2017-034 [sauar] v. ‘sauver, délivrer’, saues (Luc 7/ 3). - Article à biffer: il est invraisemblable de voir dans sauar une forme de salvar. Le texte édité porte d’ailleurs «sanes» (à aj. au Lexique s. sanar). seelha n. f. ‘siège, trône’ (Mc. 10/ 40; Luc 1/ 32). - Le renvoi à Mc. 10/ 40 est inexact. - Le rapprochement avec LvP sela et Rn sella est erroné. On a affaire à une forme de sezelha (Provence 15 e s., FEW 11: 412b, sedile ), avec amuïssement de -zintervocalique (voir [II, 27]). Le renvoi à selha ‘seau’ est à supprimer. senher n. m. ‘seigneur’. - Le Lexique aurait dû conserver la distinction svs Spratiquée dans l’édition. - Aj. Jean 13/ 6 (Senher). - Il est impossible de reconnaître un substantif en Jean 16/ 2: «Faran vos senher las sinagogas». Le cotexte fait attendre un verbe transitif à l’infinitif, verbe qui ne peut être qu’une forme graphique de cenher (< Cingere ). Il faut comprendre littéralement ‘Ils vous feront entourer les synagogues’, sorte d’euphémisme ou expression maladroite pour ‘Ils vous chasseront hors des synagogues’ (Vulg. absque synagogis facient vos). senhor n. m. ‘seigneur’ est décrit comme «cas rég. de senher». - En réalité, cette forme occupe la fonction sujet (au singulier) en Mc. 5/ 19, 12/ 6, 12/ 9, 12/ 36, et senhors (pluriel), la fonction de vocatif en Ac. 16/ 30. [senturar] v. ‘ceindre, mettre une ceinture’. - Apo. 1/ 13: enregistrer davant-senturat adj. ‘fermé par une ceinture (d’un vêtement)’ à son ordre alphabétique (voir ci-dessus §1.2.). ser 1 v. ‘être’ (Ac. 21/ 13 «de ser liat»). - «Cette forme de l’inf. est isolée dans notre texte et manque aussi dans les ouvrages de référence»: deux bonnes raisons d’interpréter «de/ ser liat» (ms.) comme «d’eser liat». Article à biffer. sinistre adj. ‘gauche’ (Cor.2 6/ 7 «per armas dreituriera de las destras e de las sinistras»). - Nous comprenons sinistra n. f. ‘main gauche’. - À aj. FEW 11: 649a, sinister (pour le sens, cf. 648b). sirinia adj. ‘qui est originaire de Cyrène’ (Mc. 15/ 21). - Sirinia fait partie du nom propre de personne complexe Sismon Sirinia (voir ci-dessus §1.2.). À transférer à l’index des noms propres (où il existe aussi un article Sirinia, avec majuscule non conforme au texte édité) s. Sismon 4 . [transfigar] v. ‘transpercer’ (Jean 19/ 37). - L’unique exemple consiste dans le prétérit P6 transfixeron. Il ne s’agit pas d’une forme de [transfigar] (FEW 3: 509a, * figiCare ), mais de [transfixar], dérivé préfixal sur aocc. fisar v. tr. ‘piquer’ (Rn 3: 320; Lv 3: 494; FEW 3: 585b, * fixare ), dérivé qui ne paraît pas attesté par ailleurs. trauc 2 n. m. ‘poutre, solive’. - Il s’agit clairement d’un féminin (deux fois «la trauc», Luc 6/ 41 et 6/ 42). Aj. traves [= través] n. m. ‘pièce de bois transversale (de la croix du Christ)’ (ajout après Apo. 22 [II, 434]; voir ci-dessus §1.2.). - À aj. FEW 13/ 2: 225a, transVersus , où l’on trouve (à tort ou à raison) Allos [trav s ] ‘poutre’. ventura (mala ~) n. m. ‘malheur! ’. - Corr. «n. m.» en loc. nom. f. vermelh adj. ‘vermeil, rouge’. - Hébr. 11/ 29: nom propre à éditer Mar Vermelh (m.) et à classer à l’index des noms propres, où l’on ne trouve que le synonyme Roja (Mar ~). Apo. 17/ 4: vermel n. m. ‘étoffe de couleur rouge, écarlate’. À aj. FEW 14: 289b, VerMiCulus . vil adj. ‘méprisable, vil, malheureux’, vils (Apo. 3/ 19). - Le texte édité porte «vila»: il s’agit de vilá adj. (ici c. s. pl.) au sens de ‘qui est laid moralement (d’une personne)’. virar v./ v. réfl. ‘virer, tourner, retourner’. - Toutes les occurrences de viron représentent le prétérit P6 de vezer. Elles figurent à juste titre s. vezer. vista n. f. ‘vue, faculté de voir’. - Luc 1/ 22, 24/ 23 et Ac. 7/ 44: il s’agit du participe passé féminin de vezer. Les deux premières occurrences figurent à juste titre s. vezer. voy 2 e sg. impér. de anar (Ac. 22/ 10). «Manque dans les ouvrages de référence»: le texte édité porte «vay». Article à biffer. zena n. f. ‘souper, cène’ (Jean 1/ 39). Dans le seul contexte, on lit à juste titre «Et era ora coma dezena». - Article à supprimer en faveur d’un article [dezen] ‘dixième’. 434 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 76 (2017): 420-435 DOI 10.2357/ VOX-2017-034 zoza n. f. ‘chose, objet’ (Rom. 11/ 10). - On peine à croire que zoza puisse être une forme de cauza. Le contexte («e lur esquina sia zoza ora <corba>» = Vulg. et dorsum illorum semper incurva) suggère fortement que «zoza» est une faute de copiste pour «tota ora» (tota (h)ora ‘toujours’ est une locution adverbiale fréquente dans le texte). 4. L’index des noms propres (II, 287-335) 4.1. P. W. a consacré une attention particulière à l’index des noms propres qui est exhaustif et de bonne facture. Par une sorte de paradoxe, cet index contient de nombreuses et excellentes définitions componentielles, alors que le Lexique en est au contraire dépourvu (voir ci-dessus §3.1.). On ne manquera pas de se réjouir de ce procédé et de le recommander. P. W. aurait pu parfaire son œuvre en plaçant ces définitions entre guillemets de sens (comme il le fait dans le Lexique) et en intégrant les traductions françaises (toujours présentes dans les parenthèses placées après les vedettes) à la fin des définitions (selon le style du DEAF); par exemple: Assam ‘île grecque de la mer Égée, la plus proche de l’Asie Mineure, Samos’. Comme dans le Lexique, la lemmatisation laisse parfois à désirer: Gualilea est à grouper sous Galilea, Habraam sous Abraham, Herodiana sous Erodiana, Pharao sous Faraon, etc. Dans quelques cas, le statut de nom propre est douteux ou plus que douteux. Il convient d’intégrer au Lexique les articles suivants: - Antecrist n. m. ‘esprit du mal qui apparaîtra à la fin des temps pour mener une lutte suprême contre l’Église du Christ, antéchrist’ (FEW 24: 653b, antiChristus ); - Aquilo n. m. ‘le Nord’ (DAO 71, 2-1); - Ateniencz ‘Athénien, personne originaire d’Athènes’ (le mot est traité à juste titre comme adjectif qualificatif au Lexique, s. atinienc [II, 66, où il faut corriger le lemme]); - Autisme (l’) ‘le Très-Haut, Dieu’ (voir ci-dessus §3.2.); - Cesar n. m. ‘(titre de l’empereur romain)’ (FEW 2: 39a, C aesar ); - Dieu(s) s. m. ‘être suprême, créateur de l’univers, Dieu’ (FEW 3: 57a, deus ); - epicurieu n. m. ‘disciple d’Épicure’ [et non Epicureu] (Ac. 17/ 18; texte édité: - «epicurieu»); - Farao/ Pharao n. m. ‘(titre du roi d’Égypte)’ (FEW 8: 266a, p harao ); - Gover (voir ci-dessus §1.2.); - Herodian n. m. ‘partisan d’Hérode’ (Mc. 3/ 6; texte édité: «los herodians»). - Suppr. l’article Grec ‘le grec, la langue grecque’ (mot déjà traité au Lexique s. grec 2 ). 4.2. Remarques ponctuelles Abacat, «nom d’un prophète». - Ledit prophète est Habaquq. Benjamin. - Nous persistons à croire 23 que dans del linage de Benjamim (Ac. 13/ 21), del trip de Benjamin (Philip. 3/ 5) et del linhage de Benjamin (Apo. 7, 8), Benjamin/ Benjamim ne signifie pas «une des tribus israélites dans la descendance d’Abraham», mais qu’il s’agit d’un nom propre individuel s’appliquant au douzième et dernier fils de Jacob. Ce sont les syntagmes nominaux comme lo trip de Benjamin qui désignent une tribu. - Il en va de même s. Gad. Betsaida. - Jean 12/ 21: préciser Betsaida de Galilea. - Aj. Bet[s]aida en Jean 5, 1/ 2 (donné comme nom hébraïque). Cana. - Préciser Cana de Galilea (Jean 2/ 1) et la Cana de Galilea (Jean 2/ 11, 4/ 46). Cenophe (Jean 7/ 2). - Forme tronquée à tort (voir ci-dessus §1.2. et 3.2. s. gia). - Il s’agit de Cenophegia n. f. ‘[t. bibl.] fête juive des récoltes au début de l’automne, fête des Tabernacles’ (FEW 12: 4a, sKenopegia ), nom commun à transférer au Lexique. Ciprians (c. s.). - Dans sa seule occurrence (Ac. 4/ 36), le mot est un adjectif qui signifie à coup sûr ‘qui est originaire de l’île Chypre, cypriote’ et non ‘personne originaire de Chypre’. À éditer «ciprians» et à traiter au Lexique. Erodian (Rom. 16/ 11) ne signifie pas ‘partisan d’Hérode’, mais est le nom d’un parent de Paul, Hérodion. - Biffer le renvoi à Herodian. 23 Voir J.-P. C haMBon , CR cité (ci-dessus N18): 293. 435 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 76 (2017): 435-437 DOI 10.2357/ VOX-2017-035 Etiop. - Distinguer etiop adj. ‘qui est originaire d’Éthiopie’ (Ac. 8/ 27), à transférer au Lexique, et le nom propre de peuple Etiops pl. (Ac. 8/ 27). Galacia. - Distinguer le nom des habitants Galacia (= Galaciá) c. s. pl. ‘Galates’ (Gal. 3/ 1), à traiter sous un article à part, et les occurrences du nom de la région. Aj. Just (Ac. 1/ 23; voir ci-dessus §1.2.). Lazer 2 est précédé de l’article défini lo dans la majorité des occurrences (Jean 11/ 2, 11/ 5, 11/ 14, 12/ 1, 12/ 9, 12/ 10, 12/ 17); sans article quand le mot est introduit par aver nom (Jean 11/ 1) ou en apposition (Jean 11/ 11). Losrotz. - Ros (BibleCarpN) n’est pas une corruption de Rufus, mais sa traduction (aoc. ros ‘roux’). Magdalena. - Toujours dans Maria Magdalena. Maria 4 (~ Magdalene). - Lire Magdalena dans la vedette. - Maria en Jean 20/ 11 et 20/ 16. 5. On ne saurait mieux conclure qu’avec Gilles Roques dans son compte rendu de l’édition de NTestLyon publiée par P. W.: «Nous avons là une très belle édition qui devrait donner une vitalité nouvelle aux études sur le lexique de l’ancien provençal» 24 . Jean-Pierre Chambon  a ndrea g iraudo (ed.), Sermoni valdesi medievali. I e II domenica di Avvento, Edizione diretta da l. B orghi C edrini , Torino (Claudiana) 2016, 197 p. Ogni marcia, per lunga che sia, debutta con un passo, e a giudicare dai risultati del primo volume, la collana sui Sermoni valdesi medievali, inaugurata dal lavoro che vi presentiamo, promette di metterci a disposizione i 160 sermoni di cui si occupa in una lezione ricostruita secondo solidi principi ecdotici, e accompagnata da un commento ricco e puntuale senza essere invasivo. Attesa a lungo, quasi un decennio è passato dalla «chiamata alle armi» degli specialisti da parte della veterana di questi studi, L. Borghi Cedrini, frenata da ragioni di complessità ma anche da eventi tragici e imprevedibili, finalmente ora i filologi hanno tra mani la stampa dei primi sermoni, tappa inaugurale del progetto che si propone, ambiziosamente ma a ragione, di consentire finalmente al pubblico di esperti (e non), di studiare l’intero corpus di sermoni valdesi su un testo affidabile e finora edito solo in piccolissima parte. Il volume di cui ci stiamo occupando contiene undici sermoni, con il testo d’oc accompagnato a fronte dalla traduzione in italiano, e introdotto da un notevole studio, steso con mano ferma e occhio acuto da a ndrea g iraudo , un giovane studioso componente della équipe che si occupa di questo argomento diretta e guidata con saggezza e abilità da Borghi Cedrini, senza dubbio colei che meglio di tutti può guidare una indagine tanto vasta su un simile argomento. Il corpus dei sermoni è conservato, con altri testi valdesi relativi soprattutto a versioni di libri biblici, trattati edificanti, in una ventina di codici databili al tardo Quattrocento e primo Cinquecento che oggi sono depositati in numerose biblioteche europee (principalmente in quelle di Cambridge, Dublino e Ginevra), ma che furono composti con ogni probabilità nelle valli valdesi del Piemonte (e cioè la Val Chisone, la Val Germanasca, e la Val Pellice). Pur se le sue origini sono ancora avvolte nell’oscurità, le forme codicologiche (manufatti di piccolo formato, decorazione sobria, scrittura di norma a tutta pagina), e la sua contenutistica (abbiamo a che pare soprattutto testi dottrinali), farebbero pensare alla costituzione di un archivio, forse composto in vista dell’adesione valdese alla riforma (1532). Essi rappresentano, inequivocabilmente, la più importante cava di materiali linguistici, ma anche teologici, da cui possiamo 24 G. R oques , CR cité ci-dessus à la N18): 10.