eJournals Vox Romanica 76/1

Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
10.2357/VOX-2017-038
Es handelt sich um einen Open-Access-Artikel, der unter den Bedingungen der Lizenz CC by 4.0 veröffentlicht wurde.http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/121
2017
761 Kristol De Stefani

Michaël Abecassis/Gudrun Ledegen (ed.), De la genèse de la langue à Internet. Variations dans les formes, les modalités et les langues en contact, Bern (Peter Lang) 2013, 729 p. (Modern French Identities 118)

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2017
Stephanie  Massicot
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447 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 76 (2017): 447-450 DOI 10.2357/ VOX-2017-038 M iChaël a BeCassis / g udrun l edegen (ed.), De la genèse de la langue à Internet. Variations dans les formes, les modalités et les langues en contact, Bern (Peter Lang) 2013, 729 p. (Modern French Identities 118) Ce recueil édité sous l’égide de M. a BeCassis et g. l edegen réunit une sélection de douze communications présentées à un colloque pluridisciplinaire et international tenu à Oxford en 2013. Dans son titre, l’ouvrage annonce une vue d’ensemble de l’histoire du français depuis ses origines jusqu’à nos jours et déclare, dans la préface, présenter à travers différents domaines de la langue (phonologie, syntaxe, etc.) «la langue française sous toutes ses formes et dans toutes ses représentations, dans le cinéma ou dans la littérature». Bien que la majorité des 12 articles soit d’un très haut niveau et reflète le dynamisme de la recherche actuelle, la promesse du titre «De la genèse de la langue», nous semble cependant plutôt exagérée: même si certains articles tiennent compte de la diachronie, ils ne vont pas jusqu’à la naissance de la langue et bon nombre de communications développent des idées qui ne concernent que la situation linguistique actuelle. La grande diversité des communications est regroupée en trois sections: Confrontations d’oraux et d’écrits (I), Le français: les mots et les structures (II) et Français et multilinguisme urbanisé (III). La première section s’ouvre sur un article de C. l yChe («Liaison et formation de mots: l’éclairage du français louisianais», 9-28) qui souligne la nécessité de repenser l’analyse de la liaison en s’appuyant sur des données de la population francophone «illettrée» ou peu lettrée - car scolarisée en anglais - de la Louisiane. Après avoir résumé les principales tentatives scientifiques d’analyser le phénomène de la liaison, en particulier la nature et le statut linguistique de la consonne de liaison (rattachée au mot-1 ou au mot-2? ) et discuté le rôle que la graphie peut jouer dans sa perception par les locuteurs et les scripteurs, elle s’appuie sur un corpus de lettres du XIX e siècle rédigées par des scripteurs peu lettrés de Louisiane, en comparaison avec le système contemporain du français de Louisiane. Pour l’écrit, elle constate que toutes les «erreurs» rencontrées sont dues au découpage de la chaîne parlée. À l’oral, la restructuration des lexèmes est liée à une alternance de l’initiale que l’auteure explique par la forte influence du créole louisianais. La grande variation dans les données montre que tout substantif à attaque vide en début de mot existe sous différentes formes qui favorisent une perspective englobant des facteurs d’allomorphie, d’épenthèse et d’ancrage de la consonne de liaison avec le deuxième mot du groupe prosodique. Comme elle l’illustre de façon convaincante, tous ces éléments rendent le système de la liaison dans les couches peu-lettrées plus rigide et réduisent le nombre des liaisons facultatives, sans les éliminer complètement. J. g onaC ’ h , g. l edegen et M. B londel («Écrits en contexte de surdité») (29-48) comparent des copies d’examens universitaires avec des SMS réalisés par une scripteure sourde de la Réunion, ce qui leur permet en même temps l’analyse de différentes langues en contact. Elles réussissent à mettre en évidence les caractéristiques spécifiques (dits «pi-sourds») de ces textes produits par des personnes sourdes (p. ex. le «de» instable, la stratégie d’évitement ou la confusion du genre) en proposant des tableaux qui facilitent la compréhension des résultats. Les auteures soulignent également l’oscillation intéressante entre le vocabulaire diaphasique propre à la vie universitaire («technolecte») d’un côté et une certaine insécurité linguistique de l’autre. Pour clore, elles signalent néanmoins un fait inattendu: les deux corpus qui sont opposés du point de vue de la norme et de l’autocontrôle ne diffèrent pas substantiellement concernant les traits analysés. En prenant pour base un corpus de textos envoyés par des jeunes à la radio Skyrock, a.-C. f iéVet et a. p odhornÁ -p oliCKÁ («L’appropriation territoriale par les jeunes à travers l’étude d’un corpus de messages envoyés à la radio Skyrock») mettent l’accent sur les habitudes 448 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 76 (2017): 447-450 DOI 10.2357/ VOX-2017-038 discursives qui attestent une appropriation territoriale particulière de la part de ces jeunes (48- 70). Cette étude détaillée et nuancée fournit des résultats intéressants: malgré le débat politique sur une réforme territoriale, les régions - contrairement aux départements ou aux villes - ne jouent qu’un rôle marginal dans l’appropriation territoriale par les jeunes. Fort bienvenus sont les desiderata énumérés à la fin de l’article qui proposent des idées fructueuses pour les recherches à venir. Ajoutons simplement qu’en citant les principaux projets ciblant le langage des SMS, il ne faudrait pas omettre le Swiss SMS Corpus publié sous l’égide de s tarK , r uef et ü Berwasser entre 2009 et 2014 1 . L’article de l edegen et l yChe («La particule négative ne dans les français d’Afrique et de l’Océan Indien: convergences et divergences») clôt la première partie en examinant systématiquement les similitudes et les différences dans l’usage de la particule négative ne dans les français africains et réunionnais qui se trouvent en contact direct avec d’autres langues (71-97). Pour l’Afrique, elles constatent une tendance au maintien du ne, excepté certains cas de locutions impersonnelles (p. ex. «il faut pas»), ce qui est dû à des faits (socio-)linguistiques comme la prosodie lexicale, résultat d’un contact langagier ou le fait que le français constitue grosso modo la L2 dans ces pays. À la Réunion, les usages sont - prima vista - plus proches de ceux de la France métropolitaine et témoignent ainsi d’une faible influence du créole. À l’instar du français dit «africain», la présence d’un pronom personnel entraîne le maintien du ne. Seul l’usage dans les SMS en diffère. Les auteures illustrent le caractère hybride de ces écrits dans lesquels on constate l’absence du ne en combinaison avec l’omission du pronom impersonnel, quoique le sujet nominal soit maintenu. Par leur article, Ledegen et Lyche fournissent une précieuse étude d’orientation quant à la place de la particule négative ne dans des variétés moins connues du français. La deuxième section de ce recueil, dédiée aux mots et structures du français, est ouverte par f. g audin («Les nouveaux mystères de la variation lexicale», 101-22). Dans son article basé sur une perspective plutôt sociolinguistique, il discute la question de la variation lexicale diachronique, diaphasique et diatopique après une revue critique du concept de «variation». L’auteur considère les synonymes en tant qu’univers de discours différents, puisqu’ils ne résident pas, selon lui, dans une hypothétique «langue» alors qu’ils sont utilisés quasi spontanément selon les situations. J. p ruVost «D’une réflexion sur les dictionnaires électroniques», 123-36) médite sur les révolutions qui transforment le travail lexicographique et le monde des dictionnaires, depuis le Richelet, premier dictionnaire monolingue du français. On relèvera, en premier lieu, une excellente esquisse de l’histoire des grands dictionnaires français depuis leur genèse. Aujourd’hui l’informatisation des données joue un rôle prépondérant. Si l’auteur a une attitude foncièrement positive à l’égard des grands dictionnaires de qualité et la facilité de les consulter en temps réel par voie électronique, il se montre plutôt sceptique à l’égard de Wikipédia où la qualité de l’information, en sciences humaines surtout, n’est pas toujours garantie. L’auteur ne se prive d’ailleurs pas de rappeler certaines limites de la lexicographie électronique, en particulier le problème de la conservation des données dans la durée. Déjà, les premiers dictionnaires informatisés du début des années 1990, commercialisés sur disque souple de cinq pouces, sont devenus illisibles: les lecteurs correspondants n’existent plus. Le Nicot de 1606, sur papier, en revanche, reste parfaitement accessible … Enfin, il insiste sur l’impossibilité grandissante de consulter l’ensemble des données disponibles par voie électronique dans un délai raisonnable, ce qui risque de rendre «la recherche plus longue, voire impossible, par démangeaison de l’exhaustivité» (132). 1 e. s tarK / s. ü Berwasser / B. r uef (2009-2015). Swiss SMS Corpus. University of Zurich. http: / / www.sms4science.ch/ 449 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 76 (2017): 447-450 DOI 10.2357/ VOX-2017-038 C. r ossi («Les mots complexes en français contemporain: pour qui n’a pas grandi avec le ‹Dinotrain›», 137-53) poursuit l’analyse des mots et de leurs structures en se concentrant - dans des pages très réussies - sur la formation des mots dits «complexes» chez les enfants (137-53). Après une définition précise de ce qu’elle entend par «mot complexe», l’auteure donne un bref aperçu de l’état actuel de la recherche avant de présenter son étude de cas dans laquelle il a été demandé à des élèves de CM1 et CE1 de nommer des objets hybrides. Les résultats qui concernent les procédés de création d’un nouveau mot sont très intéressants, car on n’observe pas seulement le type «composé de NN», mais également la construction par mot-valise - nécessitant un effort cognitif élevé. Cet article clarifie de façon illustrative que ces enfants disposent déjà d’une connaissance profonde des régularités morphologiques. B.a. B outin et n. r ossi -g ensane («Quelle(s) diversité(s) pour la syntaxe», 155-78) critiquent - à juste titre - les défauts concernant les raisons de la variation syntaxique (p. ex. la (non-)présence du subjonctif, l’usage du que-polyvalent, les interrogatives totales etc.). Elles mettent l’accent non seulement sur le français hexagonal, mais sur plusieurs espaces francophones jusqu’ici négligés dans les études. Cette étude bien documentée démontre que la variation de la syntaxe française est confrontée à une double complexité: des facteurs linguistiques (p. ex. prosodie ou pragmatique) et des facteurs comme la diatopie ou la diaphasie dits extralinguistiques. Il s’agit ici d’une contribution importante puisque les auteures mettent en question la prédominance de la grammaire générative qui a prévalu jusqu’ici dans les études des diversités en syntaxe. L’article de s. h edid («Le français dans le plurilinguisme urbain algérien: les jeunes en parlent», 181-200) introduit la section III. En adoptant une méthodologie innovatrice, elle y traite le plurilinguisme urbain algérien tel qu’il est perçu par des jeunes plurilingues et se demande avant tout quelle place le français y occupe. L’auteure fournit ici - malgré une certaine problématique liée à son approche méthodologique (nombre de garants très restreint, qui de plus connaissaient les objectifs de l’étude) un résultat remarquable: le français représente «une composante de base» (192) omniprésente dans le quotidien des jeunes. Il est considéré non pas seulement comme un apport sur le niveau professionnel, mais constitue un «we code» garantissant la solidarité de certains groupes et leur permet également une appropriation urbaine. a. C halMy -h alwani («Le français autrement», 201-19») consacre son article à l’attitude de trois écrivains libanais (Sala Stétié, Dominique Eddé et Amin Maalouf) à l’égard de la langue française, et surtout à la façon dont celle-ci est utilisée dans les œuvres littéraires. Elle y montre que cette langue peut être un moyen d’expressivité - ce qui est avant tout le cas dans Les Identités meurtrières de Maalouf -, une contribution à la recherche identitaire ou bien un moyen de représenter une vision du monde particulière. Bien qu’il s’agisse ici d’une introduction intéressante au statut du français dans ces œuvres, il aurait été souhaitable de préciser la méthode de travail utilisée. Celle-ci nous semble plus exégétique que linguistique, raison pour laquelle cette contribution serait mieux à sa place dans un autre type de recueil. C’est avec l’article de g. K ing («Decentring France: Multilingualism and the French language in Philippe Liorts’s Welcome (2009)», 221-41) traitant le «décentrement» du français dans le film multilingue (français, anglais, kurde, pashto) Welcome que nous entrons dans le domaine du cinéma contemporain tout en restant dans la thématique du plurilinguisme. Dans des pages réussies, l’auteure illustre que ce film, caractérisé par une grande diversité linguistique, véhicule une perspective alternative à l’égard de l’expérience migratoire: il parle d’un jeune migrant qui veut partir de Calais à Londres et démontre - avant tout à l’aide de la prédominance d’autres langues - que l’anglais a dans le «village global» une portée plus grande que le français. Avec M. B loCK («The message of the text and the text of the message in two contemporary French films: LOL (Laughing Out Loud) and De rouille et d’os», 243-69) qui traite le rôle et les 450 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 76 (2017): 450-453 DOI 10.2357/ VOX-2017-039 significations que prennent les SMS dans deux films contemporains, nous restons dans le même sujet. L’auteure met en relief le potentiel créatif qui réside dans le langage SMS: néologismes, écriture en capitales, emprunts lexicaux, abréviations et acronymes. Cet article clarifie - à l’aide d’exemples bien choisis - que ce moyen de communication relativement récent représente aussi bien un moteur qu’un instrument de l’innovation linguistique et socio-culturelle. Au total, ce recueil d’articles contient une grande quantité d’informations précieuses concernant la recherche linguistique française. Il ne reste plus qu’à féliciter tous les auteurs qui ont contribué à ce travail considérable qui fournit de nouvelles perspectives. Stephanie Massicot Romania Nova B ettina l äMMle , Mi ta bisa - mi ta skirbi? - Komplexe Satzstrukturen einer Kreolsprache im Ausbau: Satzverknüpfungstechniken des Papiamentu auf Curaçao, Frankfurt am Main (Peter Lang) 2014, 211 p. (America Romana 6) Studien zu verschiedensten Aspekten spanischwie portugiesischbasierter Kreolsprachen sind in der romanistischen Forschung spätestens zum Ende des 20. Jahrhunderts fest verankert. Für die Kreolsprache Papiamentu ging es dabei in vielen Fällen um Fragen des Ursprungs, Phänomene der Grammatikalisierung sowie um lexikalische wie phonetisch-phonologische Besonderheiten. Weiterhin wurde der Aspekt der Verschriftung genauso diskutiert wie die Frage nach einem Standard oder dem Grad des Sprachausbaus des Papiamentu. Die hier zu besprechende Monographie stellt die überarbeitete Fassung einer an der Universität Mannheim eingereichten Dissertationsschrift dar, mit der B ettina l äMMle demnach in eine Forschungslücke stößt, wenn sie sich im Rahmen ihrer Untersuchung mit einem lange vernachlässigten Gebiet der kreolistischen Forschung beschäftigt, nämlich der Beschreibung verschiedener Satzverknüpfungstechniken im Papiamentu. Diesbezüglich erwähnt die Autorin, dass zwar «durchaus Arbeiten aus dem nicht-generativen Bereich in der Syntax vertreten sind, [es] jedoch auffällig [ist], dass der Forschungsstand von generativen Untersuchungen dominiert wird» (34). Die Arbeit gliedert sich in vier Abschnitte: Teil I besteht aus einer Einleitung (Kap. 1) und einem weiteren Kapitel, in dem der Weg des Papiamentu zur Vollsprache dargestellt wird (Kap 2). Teil II beinhaltet die theoretischen Grundlagen (Kap. 3) der präsentierten Untersuchung, deren empirische Ausarbeitung in Teil III zum Tragen kommt. Dem Analyseabschnitt (Kap..4) folgt sodann ein «Vergleich mit der konzeptionellen Schriftlichkeit des Spanischen» (Kap..5). Teil IV beinhaltet ein Kapitel «Fazit und Ausblick» (Kap. 6), bibliographische Angaben (Kap. 7) sowie einen Anhang (Kap. 8). Obwohl die «Analyse verschiedener Satzverknüpfungsstrategien des Papiamentu» (3) die zentrale Zielsetzung dieser Arbeit darstellt, soll darüber hinaus «eine Aussage über den Ausbaugrad und die weitere Ausbaurichtung dieser Kreolsprache gegeben werden» (6). Nach dem detailreichen zweiten Kapitel, in dem die Autorin die geschichtlichen Hintergründe, die kontrovers geführte Debatte zur Entstehung des Papiamentu sowie den aktuellen Status dieser Kreolsprache ausführlich referiert, widmet sie sich der Ausarbeitung der eigentlichen Untersuchung. Es steht außer Frage, dass ein Inventar an komplexen Satzverknüpfungsmechanismen als Gradmesser für den Ausbau von ursprünglich mündlichen Sprachen fungieren kann. Methodisch ist es insofern völlig nachvollziehbar, dass die Autorin hierzu Raibles Theorie der