Vox Romanica
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0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
10.2357/VOX-2018-023
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Kristol De StefaniDominique Boutet/Catherine Nicolas (ed.), La question du sens au Moyen Âge. Hommage au professeur Armand Strubel, Paris (Honoré Champion) 2017, 156 p. (Nouvelle bibliothèque du Moyen Âge 772)
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Laurent Bozard https://orcid.org/0000-0003-0146-3886
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324 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 77 (2018): 324-329 DOI 10.8357/ VOX-2018-023 Dominique Boutet/ Catherine Nicolas (ed.), La question du sens au Moyen Âge. Hommage au professeur Armand Strubel, Paris (Honoré Champion) 2017, 156 p. (Nouvelle bibliothèque du Moyen Âge 772) Tout médiéviste contemporain a, un jour, lu et utilisé les travaux d’Armand Strubel dans le cadre de ses études (on pense par exemple au «Que sais-je? » co-écrit avec D. Boutet consacré à La littérature française du Moyen Âge) ou de ses recherches, notamment «Allegoria in factis et allegoria in verbis», Poétique 23 (1975): 342-57 ou La Rose, Renart et le Graal. La littérature allégorique en France au XIII e siècle, Paris 1989. Et ce ne sont là que trois aperçus de la riche et longue liste des publications et travaux d’Armand Strubel (25-36) qui est aussi l’auteur de nombreuses conférences en France et à l’étranger (34-36) mais encore, pour le grand public, invité de plusieurs émissions sur France Culture ou d’expositions de la Bibliothèque nationale de France (36). On découvre ainsi dans la préface (13-18) de D. Boutet ou le «Salut! » de F. Roudaut (19-23) les portraits amicaux d’un chercheur que l’on n’a peut-être croisé que par écrits interposés. De l’homme, on retiendra la carrière académique qui l’a poussé à voyager (de Strasbourg à Montpellier en passant par Paris X-Nanterre ou Mulhouse et Avignon) et à assumer de hautes responsabilités comme celles de vice-président d’université à deux reprises. Plus anecdotique peut-être, on découvrira qu’il était aussi commandant de réserve dans le Commissariat de l’Armée de Terre et qu’il fut «chargé de recenser tous les ânes du département» (14). Du médiéviste, on retiendra les deux principaux axes de recherches: l’allégorie médiévale et la représentation de l’animal au Moyen Âge ainsi que son édition du Roman de Renart (16). Les éditeurs de ces Mélanges ont choisi de regrouper les différentes études qui le composent en quatre grandes catégories qui reprennent les principaux centres d’intérêt d’Armand Strubel: la Rose, Renart et le Graal … et leurs suites; Allégorie et analogie: les techniques du sens; Les méandres du sens; Questions de mots. Si l’on peut comprendre ce découpage thématique, force est de constater que la lecture continue de l’ensemble - mais peu de lecteurs effectueront une telle démarche - laisse parfois perplexe dans la mesure où les différentes sections proposent des va-et-vient chronologiques pas toujours des plus significatifs. On aurait pu imaginer un regroupement des textes en plus petites sections mais davantage axées autour de thématiques communes et chronologiquement proches, parti pris qui sera ici utilisé. Le Roman de la Rose est au centre de nombreuses contributions. P.-Y. Badel, «Guillaume de Lorris. De la Rose au roman» (39-53), s’intéresse au sens de la rose et constate l’importance des sensations visuelles et olfactives (46) qui jouent un rôle dans la construction du sens et du récit et font de Guillaume de Lorris «un grand poète des parfums» (51). J. Cerquiglini-Toulet, «Le Roman de la Rose: un ‹grand œuvre›, c’est-à-dire un bestseller? » (55-64), analyse l’œuvre de Guillaume de Lorris et de Jean de Meun sous l’angle de la réception et liste les aspects qui ont marqué son succès à travers les époques: éditions en poche, nombre de manuscrits conservés, adaptations (56), création d’un mythe (57), controverse dans le cadre de la Querelle des femmes (58-60) mais aussi contenus mêmes du texte (œuvre qui parle de sexe tout en étant un traité de politique, de religion et d’alchimie, 61-2). J. Duclos et R. Vallette, «Image et semblance de Guillaume de Lorris à Jean de Meun» (65-82), proposent une comparaison de l’emploi et de la signification des deux termes chez les 324 329 023 325 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 77 (2018): 324-329 DOI 10.2357/ VOX-2018-023 deux auteurs. Il en ressort notamment que chez Jean de Meun, qui multiplie les miroirs, «le visuel devient support d’une pensée» (77) et que «l’image n’est plus conçue comme relevant de la ressemblance, c’est au contraire une forme qui cache le vrai, qui dissimule et trompe» (80). Pour V. Fasseur, «Lector per fabulam: la génération du sens selon Raison dans le Roman de la Rose de Jean de Meun» (83-100), «l’allégorèse est un mode de transport intérieur, une manière d’entrer en soi-même» (100) et, grâce à la Rose, les signes de la fable permettent d’accéder à la connaissance de soi. C. Ferlampin-Archer analyse les réminiscences du Roman de la Rose dans deux romans de la fin du XIII e siècle: «La rose du roman: échos du Roman de la Rose dans Guillaume de Palerne et Artus de Bretagne» (100-16). Le premier cas retient le songe du verger dans son lien avec le désir et le sexe sous un voile pudique (100). Mais tous deux prennent leurs distances avec l’œuvre qui est perçue comme «incompatible avec l’horizon d’attente lié au roman d’aventure matrimonial» (116). F. Lestringant, «Le portrait et la vie de Jean de Meung par André Thévet (1584)» (137-50), analyse le traitement que le cosmographe propose de l’auteur dans ses Vrais Pourtraits et Vies des hommes illustres. Il constate ainsi qu’il s’agit d’un des «rares écrivains français à être présents dans ce vaste ouvrage» qui ne compte ni Marot ni Rabelais (137). Le portrait qu’il en dresse est «fabuleux et comique» (149) et possède sans aucun doute d’autres desseins puisqu’il laisse l’homme dans l’ombre et qu’il ne «parle guère du Roman de la Rose en dehors de son titre et de son style passé de mode» (149). É. Pinto-Mathieu, «Le Chemin de Povreté et de Richesse de Jacques Bruyant, poème équivoque» (535-56), analyse les différentes dimensions de l’œuvre, à la suite du Roman de la Rose et dans le cadre de la poésie allégorique morale. Pour elle, l’auteur se joue du lecteur et «il s’agit bien d’un bout à l’autre du Chemin de sexe» (555): «sa fantaisie érotique, à défaut d’être le seul miroir médiéval du bon ouvrier, est le témoin des fantasmes masculins du XIV e siècle. En elle confluent le comique sexuel du fabliau et la poésie allégorique morale» (556). Dans la continuité des études consacrées au Roman de la Rose et à ses suites, on notera encore M. Demaules, «Le Livre du cœur d’amour épris de René d’Anjou: un remède à la mélancolie? » (557-74). Un deuxième grand pôle d’études regroupe celles consacrées à Renart et à la littérature animalière. R. Belon, «Car cil Renart nos senefie … La moralisation en germe dans Le Roman de Renart ? » (167-90), s’attarde sur les épisodes du Moniage Renart (168), de la Grange à nonains (172), de la Confession de Renart (174), de la Prière Renart (177) et de la Création Renart (184). Il propose ainsi une typologie de la moralisation: escamotée (174), ambigüe (181) et revendiquée (184). J.-M. Fritz, «Sans noise et sans cri: Renart, maître du silence» (191-205) aborde pour sa part le bruit et la parole dans le Roman de Renart. Il y repère une dichotomie intéressante: «Les animaux actants sont zoophones et anthropophones; les non-actants sont privés de parole» (192). En découle une étude pertinente de l’univers sonore de l’œuvre, entre borborygmes animaux (notamment les bruits de mastication: le «Roman de Renart donne une couleur sonore à la gourmandise» 196), parole rhétorique et art oratoire (197-99), apartés significatifs (199), travestissements vocaux (201) et le silence qui est aussi une marque de la duplicité du personnage principal (202). 326 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 77 (2018): 324-329 DOI 10.8357/ VOX-2018-023 F. Gingras étudie quant à lui la proximité entre la fable et la matière renardienne: «Le roman n’est pas une fable comme les autres: le genre de la fable, le Roman de Renart et les ‹Vêpres de Tibert le chat›» (327-46). M.-P. Halary, «Bestournements du texte et stabilité du sens: Adam et Ève dans deux réécritures ludiques de la Genèse» (447-58), s’intéresse aux réécritures de cette thématique dans un fabliau (Du con qui fu fait a la besche) et dans certains recueils renardiens. Elle arrive à la conclusion que «ces réécritures comiques de la Genèse seraient ludiques bien plus que transgressives, festives plus que carnavalesques» et qu’elles «procéderaient moins d’une mise à l’épreuve du sens que du plaisir de narrer» (457). J. Maurice, «Le sens en question dans les Bestiaires du XIII e siècle» (519-34), s’attarde principalement sur le Bestiaire de Pierre de Beauvais pour dégager la relation de sens entre l’animal et le signe (521). Jean Maurice propose ainsi une typologie des gloses entre gloses riches (qui explorent les «homologies nombreuses, soigneusement motivées et très cohérentes entre un animal et sa ‹senefiance›», 524) et gloses pauvres (minimales ou incohérentes). Les premières présentent la Nature comme un «vaste grimoire à déchiffrer» qui «parle de Dieu à qui sait l’entendre»; les autres révèlent «l’arbitraire de la grammaire animale et donc la fragilité du genre des Bestiaires lui-même» (531). Un troisième volet est consacré au Graal et ses significations. P. Moran, «L’herméneutique en contexte cyclique: l’exemple du Cycle Vulgate» (215-26), se demande si l’on peut dégager une senefiance propre à un cycle (dans le cas présent, celui du Graal autour de l’Estoire del saint Graal, de la Queste del saint Graal, du Merlin Vulgate, etc.) dans la mesure où le cycle peut être lu comme un tout (somme des parties) ou un ensemble (où chaque partie possède son autonomie dans un cadre englobant plus lâche). En posant la question des intentions dans le cycle (intentio auctoris, operis ou lectoris, 220), il constate que les interprétations varient et que, somme toute, «le cycle, à la différence des romans qui le constituent, est une machine à générer du sens mais pas nécessairement à l’interpréter» (225). H. Bouget, «Le Perlesvaus de 1516: des manuscrits à l’imprimé dans L’Hystoire du sainct Greaal» (229-44), revient sur la question de l’imprimé et des choix éditoriaux avec cette œuvre qui propose un remaniement inédit, sorte d’«anthologie du Graal» (232). Elle propose une «recomposition inédite du cycle arthurien» mais «amplifie les apories narratives et énonciatives déjà fort complexes des versions manuscrites» (244). Quatrième grand domaine d’études: l’allégorie. S. Douchet, «Introduction à un roman allégorique et misandre de la fin du Moyen Âge: La Faulceté, trayson et les tours de ceulx qui suivent le train d’amours» (117-36) propose une première approche dense et réfléchie de ce «roman allégorique en vers, anonyme et fort peu connu», épigone de la Querelle des femmes (117). Il revient ainsi sur l’histoire de ce texte et de ses éditions (121) et en propose une approche thématique autour de la question de l’allégorie et de la psychologie amoureuse. L’originalité du traitement et du ton de ce roman mériteraient sans doute d’autres développements, dans le cadre d’une édition critique moderne digne de ce nom - mais peut-être est-ce là un des prochains travaux de Sébastien Douchet ? É. Gaucher-Rémond, «L’utilisation de l’allégorie dans l’écriture autobiographique» (259- 73) relève que «le montage allégorique traduit un itinéraire métaphysique et moral, la justification d’une vocation littéraire chez un écrivain engagé ou la peinture courtoise des tribulations 327 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 77 (2018): 324-329 DOI 10.2357/ VOX-2018-023 du cœur» (260) chez différents auteurs représentatifs: Thomas de Saluces, Charles d’Orléans, Christine de Pizan, René d’Anjou, Huon de Méry et Guillaume de Digulleville. Le songe allégorique «révèle l’ethos de l’écrivain» (264). F. Pomel, «L’allégorie ‹En esperit de prophetie› dans L’Advision Christine» (275-91), remarque que «dans ces convergences entre allégorie et prophétie se jouent une conception de l’écriture comme sacerdoce laïc ou mission morale et politique, et le souci d’ancrer sa parole à une source directement divine, par le biais de la sagesse acquise par la philosophie, pour en cautionner la vérité en même temps que l’autorité et la légitimité» (276). Comme dans l’étude précédente, l’allégorie joue un rôle dans la perception de l’auteur et la construction de l’image qu’il veut donner de lui et de son travail. Pour F. Laurent, «‹Historia et analogia› dans la Vie de saint Thomas Becket de Guernes de Pont-Sainte-Maxence» (293-309), «le traitement allégorique des événements confirme la dimension historique du texte pour décrypter le sens de l’histoire et servir à l’éducation des princes» (296). C. Croizy-Naquet, «Fortune et le sens de l’histoire dans la première traduction en prose française de l’Historia destructionis Troiae de Guido delle Colonne» (311-26), note que pour l’auteur italien la perception de Fortune est clairement dissociée de la Providence divine (312). Lui et son traducteur français «montrent combien Fortune est un paradigme d’interprétation souple et malléable se conformant aux exigences de l’écriture de l’histoire, toujours inféodée à l’époque où elle voit le jour» (326). E. Doudet, «Convergences, discontinuités, circulations: pour une histoire connectée du théâtre allégorique européen (XV e -XVI e siècle)» (363-77), s’attarde, entre autres, sur les moralités et leurs équivalents européens. Elle souligne que «l’imagerie allégorique a été convertie en armes de persuasion massive grâce à la réinterprétation constante de ses composants et à leur circulation au sein d’espaces voisins, de l’Angleterre aux Flandres … Les spectacles allégoriques transforment l’abstraction à travers sa concrétisation visuelle» (376). M. Possamaï s’intéresse également à cette question de l’allégorie: «Donner du sens aux Métamorphoses d’Ovide. L’exemple de la légende de Saturne dans l’Ovide moralisé» (477-94). L’œuvre se présente comme une «somme allégorique … dressant un tableau complet du dogme chrétien» (489) tout en manifestant un notable «plaisir de conter». L. Mathey-Maille, «Interprétation et senefiance: les songes de Rollon dans l’histoire des ducs de Normandie» (495-506), analyse les œuvres de Dudon de Saint-Quentin, Wace et Benoît de Sainte-Maure dans une étude comparative de ce motif et constate que «la première finalité du songe dans ces textes historiographiques est étroitement liée au récit de fondation» (501) mais les auteurs n’utilisent pas pour autant le songe dans une même perspective chrétienne et sacrée (505). J.-C. Mühlethaler, «Satire et recyclage littéraire: la fureur de Mégère, de Regnaud Le Queux à Antitus Favre» (605-23), revient sur deux textes «boudés par la critique littéraire» (606): La Doleance de Megere (1469) et La Satyre Megere (1499), étudie la dimension de recyclage littéraire que le second fait du premier, et appuie les propos de Pascal Debailly en notant que «les deux auteurs font de leur texte un ‹lieu de réflexion civique›» (616). L’allégorie prend aussi un sens important: chez les deux auteurs «Mégère apparaît comme un double partiel de l’écrivain au travail» (618). 328 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 77 (2018): 324-329 DOI 10.8357/ VOX-2018-023 J.-P. Bordier, «Le Jeu de Robin et Marion, un épithalame par personnages» (625-44), dégage l’hypothèse intéressante et convaincante que cette pièce d’Adam de la Halle serait créée à l’occasion d’un mariage et en propose une riche lecture en ce sens: demande en mariage, distribution de cadeaux, réjouissances, danses. Le critique souligne également l’importance du théâtre à cette époque comme acte collectif de rassemblement et de célébration (643). Un autre pôle regroupe les travaux consacrés aux mots, qu’ils concernent la lexicologie, la syntaxe ou la langue de manière plus générale. Parmi ceux-ci, on peut citer F. Giordani, «Fous et folie dans quelques sermons joyeux de la fin du XV e et du début du XVI e siècle» (719-38) ou B. Librova, «L’alternance codique et la construction du sens dans les sermons du Carême de Tours de Michel Menot» (387-403). L’auteur remarque que ce que l’on appellerait aujourd’hui le code switching est intentionnellement pittoresque dans l’œuvre de ce prédicateur (388). L’emploi de la langue vernaculaire y est significatif tant pour souligner certains passages, fustiger des comportements et frapper le public (396), que pour structurer le sens moral du sermon (402). L. Dulac et E. J. Richards, «Les nuances de ‹droiture› chez Christine de Pizan» (678-94), analysent les différentes occurrences du mot dans les œuvres christiniennes. C. Thommasset propose quant à lui une approche de «Feindre, feinte: les mots de la duplicité» (695-701) et O. Millet, «Entre la chasse et la lecture, à propos des termes ruse et rusé en moyen français» (703-18) suggère aux seiziémistes d’être particulièrement attentifs aux sens de ces mots qui ont alors un sémantisme positif qu’il explique autour d’une «acception herméneutique d’une expertise dans l’art de la lecture» (715). Parmi les études plus variées, trois sont davantage axées sur des questions codicologiques. I. Fabre, «Le motet de la transfiguration dans le manuscrit de Turin, BNU J.II.9: une quaestio poétique et musicale» (405-23) propose, entre autres, une approche de ce manuscrit qui est «le dernier recueil significatif de motets français» (407) et du motet 22 consacré à la transfiguration qui est proposé en annexe dans sa version latine et sa traduction française (422-23). C. Heck, «Écriture, transmission et auctoritas dans les images médiévales: l’exemple des portraits d’évangélistes (IX e -XII e siècles)» (425-43), étudie, reproductions à l’appui, la «question du rapport entre auteur et auctoritas, et celle de la valeur de l’écriture dans son rapport à une transmission» (425). S. Lefèvre, «Donner des perles aux cochons. Langage figuré, peinture et dynamique de production des textes (XIV e -XVI e siècles)» (459-76), propose une étude aux multiples facettes qui aborde, entre autres, le Roman de Fauvel de Germain du Bus (461), Renart le Nouvel de Jacquemart Gielee (465), Fauvain de Raoul Le Petit (467) et le Quart Livre de Rabelais (473). D’autres études reviennent sur des pistes lancées par Armand Strubel. C’est le cas de D. Boutet, «Audigier: parodie ou fiction intergénérique? » (645-61), qui reprend l’idée développée par Strubel d’«ironie intertextuelle» (646) et montre de manière intéressante que plus que d’une volonté de parodie, Audigier «témoigne d’une recherche d’intergénéricité: chanson de geste, fabliau, roman arthurien inversé, sotte chanson ou fatrasie intégrant un fond de culture populaire» (661). J.-J. Vincensini est un des rares contributeurs à revenir pleinement sur un des travaux d’Armand Strubel («Littérature et pensée symbolique au Moyen Âge: peut-on échapper au ‹symbolisme médiéval›? ») pour en proposer une lecture critique et «tenter de montrer que la pensée 329 Besprechungen - Comptes rendus Vox Romanica 77 (2018): 329-332 DOI 10.2357/ VOX-2018-024 symbolique est une composante essentielle du récit, la clef la plus utile pour en ouvrir les significations» (349). Il prend comme principal sujet d’étude L’Escoufle de Jean Renart: «Pensée symbolique et narration réaliste. La conjonction des contraires? » (347-62). Au regard de la carrière académique du dédicataire du volume, P. Gilli revient pour sa part sur les «Péchés et vices des maîtres et étudiants médiévaux: le regard d’Alvaro Pelayo, pénitencier pontifical et évêque de Silvès» (151-66). On retrouve chez cet auteur le «catalogue des vices universitaires, à la fois celui des maîtres et celui des étudiants, peut-être le plus détaillé du Moyen Âge, à défaut d’être le plus original» (152). Sa particularité est la «systématicité recherchée visant à ne rien laisser de côté» (154). On citera enfin d’autres études, sur des sujets plus divers, qui complètent ces Mélanges: C. Weiand, «Traumatismes tropologiques: le sonnet 310 du Canzoniere (RVF)» (379-86). O. Soutet, «Que signifie le dans le faire figé? » (739-53), suite d’une étude entamée dans les Mélanges Roussineau axée principalement sur faire. Dans un style plein d’érudition, C. Galderisi aborde pour sa part «La matière des laboratores et la mimésis des sens» (663-74). D. Souiller, «L’énigme du sens dans le Gascon extravagant (1637)» (575-90) s’intéresse à l’œuvre attribuée à Onésime de Claireville dans ses rapports avec le roman picaresque à l’espagnole. P. Haugeard, «Le système des personnages et l’usage des richesses dans Girart de Roussillon» (591-604), propose une étude intéressante du rapport aux richesses qui diffère entre les hommes (Charles, Girart) et les femmes (Berthe, Elissent) et suggère des dimensions humaines, religieuses et politiques différentes. J.-C. Vallecalle, «Aquilon de Bavière et l’histoire» (506-17), s’attarde de son côté sur «cet immense roman épique» de Raffaele da Verona (fin XIV e , début XV e siècles). B. Ribémont, «Fauvel et l’idée de justice» (207-14), constate que s’il s’inscrit dans la «tradition médiévale de la satire animale» (207), le Roman de Fauvel tient son originalité en ce domaine plus dans la forme de la satire que dans le fond (209). Enfin, M. Blaise, «Le vrai mythe de la culture moderne» (245-57), propose une étude de littérature comparée autour du motif de la «terre gaste» (246) du Moyen Âge à T. S. Eliot (The waste land) au début du XX e siècle. Laurent Bozard https: / / orcid.org/ 0000-0003-0146-3886 ★ Alain Corbellari (ed.), L’épopée pour rire. Le Voyage de Charlemagne à Jérusalem et à Constantinople et Audigier, édition bilingue, Paris (Honoré Champion) 2017, 320 p. (Champion Classiques Moyen Âge) Nel solco di un’intuizione di Joseph Bédier che associò per la prima volta le due opere in questione (J. Bédier, Les Fabliaux. Études de littérature populaire et d’histoire littéraire du Moyen Âge, Paris 1895: 373), il volume riunisce le edizioni - con testo a fronte e traduzione in francese moderno - del Voyage e dell’Audigier, due chanson de geste accomunate dalla brevità (gli 870 versi della prima e i 517 della seconda fanno delle due chanson le più brevi in assoluto del genere), dall’intonazione comica e dissacrante e dal fatto di essere entrambe attestate da un solo manoscritto. Per quanto riguarda l’Audigier si tratta della prima traduzione in francese moderno; quanto al Voyage è la prima volta che l’opera compare affiancata tipograficamente alla sua 329 332 024
