Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
10.2357/VOX-2020-018
Es handelt sich um einen Open-Access-Artikel, der unter den Bedingungen der Lizenz CC by 4.0 veröffentlicht wurde.http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/121
2020
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Kristol De StefaniFrédéric Nicolosi, Topic- und Focus-Markierung im Altitalienischen, Berlin (de Gruyter) 2019, xiii + 227 p. (Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie 426)
121
2020
Giampaolo Salvi
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Eric Flückiger 352 Vox Romanica 79 (2020): 351-355 DOI 10.2357/ VOX-2020-016 de fournir (outre l’exposé méticuleux des données dans le corps des articles) des notices encyclopédiques (par exemple sous èka ˌ orè «battre les céréales», faîne , fenouil , fileuse , fondue , fourneau ) et des rubriques folkloriques ( enfant , enterrement , envie , fā ˌ lyə «brandon», feuillu «mannequin», fòlato ˌ n «lutin»). Il a cependant manifesté une prédilection particulière pour les aspects formels et les questions étymologiques. La quintessence de son savoir-faire s’est incarnée dans les commentaires linguistiques consacrés aux données exposées: considérations morphologiques ( férir , fou̯ ā ˌ ta «grand hêtre»), analyses phonétiques fouillées ( écuelle , épeautre , flasque «récipient», flat «foin des marais», forestier , fòrnó ˌ «poêle», fré «fraise») et, surtout, discussions étymologiques serrées ( fèrò ˌ ly «verrou», fessée , fesser , feutre , fi ˌ va «épicéa», flambe , flâner «rosser», flotte «touffe», fòréti ˌ «traverse», frā ˌ tsə «abats», friser , fronder , fu ̯ at «épicéa», fulè ˌ «tourbillon»), où sont au besoin contestées les interprétations du FEW ou de spécialistes tel K. Baldinger ( èmyālḕ ˌ «flatter», èpèlu ˌ· a «étincelle», èsa ˌ no «chenal», ésapḕ ˌ «défricher», essui «séché», étchəni ˌ «retrancher», face , fago «gardon», fara ˌ ta «guenille», fəfyo ˌ u «épingle», fəgā ˌ «lancer d’une chiquenaude», fifā ˌ «boire», flottel «pelote», flya ˌ ntsə «sorte de pain», fœ` ˌ udrè «faire pénétrer», fòlǝ ˌ sé «arroche», fo ˌ ndra «gouffre», founyī ˌ è «revenir sur sa parole», frəlè ˌ «gourmand», fulā ˌ yə «tourbillon»). L’activité rédactionnelle de Liard trouvait parfois son prolongement dans les présentations des fascicules publiées dans les Rapports du GPSR . Disposant dans ces pages de davantage de place que dans le dictionnaire (où la concision est de rigueur), il y traitait de manière plus développée des questions phonétiques ou étymologiques (par exemple à propos de fosserer , fossoir , fótrā ˌ «marcher» et fouiner ) 3 ; il a exposé en particulier, en s’appuyant sur les articles fournir , fousquine «colère», foutimasser «faire de petits travaux» et foutre , un certain nombre de mécanismes subtils qui entrent en jeu dans le phénomène complexe de l’emprunt 4 . Par ailleurs, même s’il y était peu enclin par nature, il faisait œuvre de vulgarisateur lorsqu’on le sollicitait, comme en témoignent ses contributions parues dans le Bulletin de la CIIP , Futura et Babylonia 5 . Ayant accédé à la fonction de rédacteur en chef, Liard se fit un devoir, tout en se considérant comme «primus inter pares» 6 , de veiller à garantir au dictionnaire sa cohérence interne et à maintenir une fiabilité scientifique optimale. Il assumait ainsi son rôle de garant de la continuité et de passeur de savoir-faire. Il se faisait une très haute idée de l’œuvre à laquelle il collaborait et il possédait une conscience aiguë des responsabilités incombant aux rédacteurs. Pour donner suite à une demande 3 Cf. Rapports du GPSR 103-104: 11-15. 4 Cf. Rapports du GPSR 105-106: 12-16. 5 «Glossaire des patois de la Suisse romande», in: Bulletin de la Conférence intercantonale de l’Instruction publique de la Suisse romande et du Tessin, Neuchâtel 1999/ 5: 14-18; «Le Glossaire des patois de la Suisse romande» in: Futura , Berne 1999/ 4: 23-26; «Avant le français, le patois», in: Babylonia, revue pour l’enseignement et l’apprentissage des langues, Comano 1999/ 3: 27-30. 6 Cf. VRom. 48: 394. Paul-Henri Liard 353 Vox Romanica 79 (2020): 351-355 DOI 10.2357/ VOX-2020-016 émanant des instances de tutelle du GPSR , il avait rédigé en 1999 une étude interne (inédite) 7 dans laquelle certaines réflexions peuvent se lire comme une sorte de testament scientifique de sa part: Le GPSR … est soumis à deux exigences fondamentales de la lexicographie. Ouvrage collectif, dont la confection s’étend sur plusieurs générations, il est tenu de veiller à l’unité de présentation des articles qui le composent. Conscient que ceux-ci sont rédigés une fois pour toutes … il doit tendre, dans sa production, au plus haut degré de perfection humainement possible … Les [commentaires linguistiques] du GPSR sont à la fois le symbole de la compétence de l’institution en matière linguistique et sa manière de s’inscrire dans le monde scientifique … Les rédacteurs doivent maîtriser autant de systèmes de phonétique historique, de morphologie, de syntaxe qu’il y a de patois différenciés en Suisse romande. Ces compétences, ils sont les seuls à les posséder, les seuls par conséquent à pouvoir interpréter et rendre compte valablement des phénomènes dialectaux de leur région … Ils souhaitent vivement que leur soient laissés les moyens de maintenir au même niveau d’excellence la contribution scientifique du GPSR et d’éviter que le patrimoine linguistique de la Suisse romande ne devienne … un continuum énigmatique. Liard s’était aussi attelé à des tâches de longue haleine, fort utiles aux activités rédactionnelles du GPSR . Ainsi, en continuateur du travail effectué par L. Gauchat 8 , il a établi la nomenclature de la quasi-totalité des lettres du fichier central qui restaient à publier et a procédé à la fusion des séries, originellement distinctes, des mots français et des mots patois, en se fondant sur une analyse des matériaux. Il a aussi constitué un double raisonné du fichier toponymique de l’institution: le regroupement par communes qui préside au fichier constitué par Ernest Muret étant peu commode pour leur exploitation dans les articles du dictionnaire, il en a dupliqué les quelque 124.000 fiches pour chaque mot contenu dans les toponymes qu’elles répertorient puis il a classé les copies, après une analyse étymologique des mots concernés, dans un ordre alphabétique adéquat. Enfin, il a poursuivi et mené à terme le dépouillement exhaustif des formes répertoriées dans le FEW pour la Suisse romande et pour les régions franco-provençales et franc-comtoises limitrophes; cet outil offre aux rédacteurs un accès plus aisé aux formations romandes ayant leur correspondant dans la lexicographie galloromane. Les nombreuses recensions 9 publiées par Liard s’inscrivent dans la continuité des recherches qu’il menait au GPSR . Lecteur assidu du FEW et de la littérature produite 7 Cf. Rapports du GPSR 101-102: 53-54. 8 Cf. VRom. 7: 349-53. 9 Un choix de recensions est proposé (le lecteur se reportera pour le reste aux bibliographies linguistiques parues de 1982 à 2005 dans les Rapports du GPSR ): †W. Von W artBurG , Französisches Etymologisches Wörterbuch , vol. XXII/ 1: 97-192, Bâle 1986, in: Rapports du GPSR 87-89: 21-22; id., vol. XXV: 97-480, publié par J.-P. c hamBon , Bâle 1985-1988, in: Rapports du GPSR 90-91: 25-28; id., vol. XXII/ 1: 193-288, Bâle 1990, in: Rapport du GPSR 93: 22-24; id., vol. XXV: 481-688, Bâle 1990-1992, in: Rapport du GPSR 95: 26-27; id., vol. XXII/ 2: 97-192, Bâle 1993, in: Rapport du GPSR 95: 23-26; id., vol. XXV: 689-808, publié par J.-P. c hauVeau , Bâle 1996, in: Rapport du GPSR 98: 18-20; id., vol. Eric Flückiger 354 Vox Romanica 79 (2020): 351-355 DOI 10.2357/ VOX-2020-016 autour de cette œuvre monumentale, rompu à la pratique lexicographique et toujours plus affûté au fil du temps sur les questions étymologiques, il avait acquis une familiarité telle concernant la partie romande (et les régions limitrophes) de l’aire galloromane que ses contributions constituent des apports profitables à l’état le plus avancé de la recherche. Il n’affichait d’ailleurs d’autre ambition que de rendre ce service par ses Notes sur les données franco-provençales et franc-comtoises dans les volumes 21 à 23 du FEW 10 : Le dialectologue, en règle générale, limite son champ d’investigation à une partie seulement du territoire d’une langue. Il acquiert ainsi, dans son petit domaine, une familiarité tant avec les microphénomènes phonétiques (et autres) qu’avec les sources de documentation disponibles, à laquelle ne peut prétendre celui dont la recherche porte sur l’ensemble dudit territoire … Faire le ménage dans son coin de Galloromnia … voilà le service que, sans véritable coup férir, le dialectologue peut rendre à la linguistique française 11 . En somme, Liard a apporté sa pierre à l’édifice de la lexicographie dialectale et, plus largement, à celui de l’étude de l’histoire du français. Son intérêt jamais démenti pour la rédaction d’articles du GPSR peut s’interpréter comme la manifestation d’une profonde adhésion à l’œuvre conçue par L. Gauchat, comme la conviction que la publication de cette dernière constituait en soi un apport assez substantiel à la lexicographie pour qu’il y consacrât sa carrière. Il avait trouvé là un espace propice à l’expression de ses compétences aussi bien qu’à l’approfondissement de son goût pour le patrimoine linguistique romand. Pour strict que soit le cadre imposé par un tel ouvrage, il n’en réserve pas moins à chaque rédacteur un espace de liberté, aussi ténu soit-il. Liard s’est plié aux lois du genre tout en apposant sa marque. Conscient qu’il incombait à l’ouvrage de faire œuvre de mémoire et de satisfaire aux attentes de lectorats différents (patoisants, folkloristes, lexicologues, historiens de la langue, etc.) 12 , il a déployé son propre style, rigoureux et dense, dans le respect de la ligne XXII/ 1: 289-316, publié sous la direction de J.-P. c hauVeau , Bâle 1997, in: Rapport du GPSR 100: 19-20; id., vol. XXV: 809-1056, Bâle 1997-1998, in: Rapport du GPSR 100: 18-19; id., vol. XXII/ 2: 193- 322, Bâle 2001, in: Rapports du GPSR 103-104: 28-29; id., vol. XXV: 1153-1380, Bâle 2002, in: Rapports du GPSR 103-104: 29-30; K. B aLdinGer , Etymologien , Untersuchung zu FEW 21-23 , vol. 2, Tubingue 1998, in: Rapport du GPSR 100: 20; id., vol. 3, Tubingue 2003, in: Rapports du GPSR 105-106: 27-29; C. d ondaine , Trésor étymologique des mots de la Franche-Comté , Strasbourg 2002, in: Rapports du GPSR 103-104: 33-40. 10 «Notes sur les données francoprovençales et francomtoises dans le volume 23 du FEW », VRom. 59: 120-35; «Notes sur les données francoprovençales et francomtoises dans les volumes 22/ 1 et 2 du FEW », VRom. 60: 210-29; «Notes sur les données francoprovençales et francomtoises dans le volume 21 du FEW », VRom. 61: 245-70. 11 Cf. VRom. 59: 120. 12 «L’article du GPSR participe de deux ordres de lisibilité, plus ou moins superposables. Le ‘corps’ de l’article (suite des définitions et des exemples) doit être à la portée de tous les lecteurs … Le commentaire en petits caractères qui termine l’article s’adresse, du moins en son détail, aux spécialistes de l’histoire de la langue, avec lesquels il instaure ou poursuit un dialogue» (F. V oiLLat , «Le GPSR », in: Bulletin I du Fonds national suisse de la recherche scientifique, 1995/ 2: 12). Paul-Henri Liard 355 Vox Romanica 79 (2020): 351-355 DOI 10.2357/ VOX-2020-016 éditoriale conçue par les fondateurs. Exigeant face à sa tâche, il le fut aussi pour les lecteurs, en particulier dans les rubriques s’adressant surtout aux spécialistes, où la profondeur de l’analyse rivalise parfois avec la densité de la formulation 13 . 13 Aurait-il faite sienne la maxime d’Érasme: «On n’a pas à écrire de façon que tous comprennent tout, mais d’une façon qui invite chacun à chercher» (citée dans M. W iLmet , Grammaire critique du Français , Louvain-la-Neuve 1997: 5)? Vox Romanica 79 (2020): 356-360 DOI 10.2357/ VOX-2020-17 Besprechungen - Comptes rendus Philologie et linguistique romane générale - Allgemeine Philologie und Romanische Sprachwissenschaft C hiara G ianollo , Indefinites between Latin and Romance , Oxford (Oxford University Press) 2018, xvi + 321 p. ( Oxford Studies in Diachronic and Historical Linguistics 33) La sélection et l’intégration d’un tel ouvrage dans la collection des monographies diachroniques destinées à la description et à l’analyse de divers faits de langues par les responsables rédactionnels d’OUP se sont avérées incontestablement inspirées. En fait, un livre traitant de ce sujet était attendu depuis longtemps par les spécialistes intéressés par la classe des indéfinis latins et/ ou romans. Bonne connaisseuse du latin et des principales langues romanes, la linguiste italienne C. G ianollo se propose de suivre l’évolution de cette classe particulière des parties de discours, riche, hétérogène et complexe, à la fois . Dès le début, il faut mentionner que cette ample contribution à la connaissance des indéfinis latins et/ ou romans a été annoncée par la publication de toute une série d’articles et études apparentés que la classiciste italienne a publiés ces dernières années, ayant trait pour la plupart au sujet annoncé dans le titre. Le but déclaré de ce livre est, essentiellement, la description de cette catégorie à part d’unités morphologiques, afin de mieux comprendre la perte, le développement et l’épanouissement de certaines formes indéfinies et/ ou négatives lors du passage du latin aux langues romanes. Le livre débute, comme les autres tomes de cette collection, par une Series preface (ix), signée par A. l edGeway et I. r oberts , ainsi que par une Preface de l’auteur (xi-xii), qui nous avertit sur la démarche analytique envisagée. Nous retrouvons aussi les Acknowledgments (xiii-xvi) adressés aux éditions OUP et à tous ceux qui ont contribué directement ou indirectement à la réalisation d’un travail placé sous le signe d’une réelle érudition, semblable à celle des philologues d’autrefois. Dans le premier chapitre, intitulé The grammar of indefinites. Functions, variation, and change , les principaux repères théoriques qui ont guidé la grammairienne durant son entreprise sont exposés. Le point de départ de cette démarche difficile est représenté par le traité des indéfinis, publié par M. h aspelmath , il y a plus de vingt ans (M. h aspelmath , Indefinite pronouns , Oxford 1997). Généralement, elle s’intéresse aux indéfinis proprement dits ainsi qu’à ceux qui fonctionnent en tant qu’opérateurs de négation. Dans sa vision, ces deux catégories constituent «two 357 Vox Romanica 79 (2020): 356-360 DOI 10.2357/ VOX-2020-17 Besprechungen - Comptes rendus opposite poles in view of a number of closely related criteria» (1). Une fois le champ d’investigation établi, C. Gianollo considère qu’il est important de préciser les voies d’analyse; d’une part, il s’agit des fonctions et de la variation de la classe et, d’autre part, du changement des formes et des significations de celles-ci. Afin de réaliser une analyse pertinente, la linguiste s’intéresse au sémantisme et au fonctionnement de certains indéfinis latins dont se détachent quidam ‘certain, un certain [quelqu’un ou qqch. de précis, de bien déterminé, mais qu’on ne désigne pas plus clairement]’ et aliquis ‘quelqu’un [indéterminé, mais existant], un tel ou un tel, un autre’. Après avoir parcouru les emplois latins (pronominaux, adjectivaux), C. Gianollo constate que certains d’entre eux sont disparus, tandis que les autres se sont perpétués dans les langues romanes. Elle les met aussi en relation avec l’usage des indéfinis négatifs comme nemo ‘aucun, aucune personne’ ou nullus ‘aucun, nul’ et observe que ces derniers (NIs) contribuent toujours à la constitution de «negative meaning and are able to negate the clause with no further negative elements present; if another negative element is present» (20). Dans sa vision, l’histoire des langues romanes nous prouve qu’il existe un lien diachronique évident entre les items de polarité négative (NPIs) et les n-words (22) et elle témoigne en même temps de la systématisation du changement de signification et des mécanismes qui sont entraînés dont font partie la perte ou la diminution des significations et les implications pragmatiques et, parfois, les procédés de lexicalisation (30), mais il est difficile cependant d’établir la date exacte des mutations/ innovations au sein de la classe des indéfinis, tant cela se place sous le signe de l’approximation. Après cette première approche, plutôt théorique que pratique - dont le rôle a été de fixer les principaux acquis théoriques concernant la description des indéfinis - la linguiste italienne s’attarde dans le chapitre suivant, Specific and epistemic indefinites in Latin , sur la situation des indéfinis en latin et leurs rôles à l’intérieur des syntagmes nominaux, qu’il s’agisse de leur qualité d’indéfinis ou de déterminants. C. Gianollo reprend quelques hypothèses avancées par Haspelmath (1997) à l’égard des indéfinis que celui-ci insère dans son schéma et développe certaines idées abordées, en insistant sur les deux indéfinis latins mentionnés au premier chapitre, quidam et aliquis , ce dernier ayant des continuateurs dans les langues romanes (fr. aucun , it. alcuno , esp. algún , cat. algun , port. algum ). L’auteure réalise cet exploit dans une perspective diachronique, la seule qui permet l’observation judicieuse des changements survenus et de la variation explicite. Elle identifie des constantes lors du passage du latin aux langues romanes qui s’expliqueraient soit par l’évolution des sons ou la réorganisation interne de l’énoncé, soit par l’appauvrissement ou l’enrichissement sémantiques. Pour plus d’objectivité, la linguiste italienne s’arrête aussi sur les emplois spécifiques des pronoms précisés pour lesquels les deux indéfinis apparaissent dans des énoncés complexes (tels que non astutia quadam sed aliqua potius sapientia secutus sum ‘je n’y ai point employé la ruse, et je n’ai pris pour guide qu’une sorte de prudence’, Ciceron, fam .) (52) ou se trouvent en présence d’autres indéfinis ou des négatifs. Besprechungen - Comptes rendus 358 Vox Romanica 79 (2020): 356-360 DOI 10.2357/ VOX-2020-17 À cela, s’ajoutent les interprétations particulières des indéfinis épistémiques présents dans des langues romanes ou germaniques. Pour ce qui est du latin, C. Gianollo constate que, durant les étapes évolutives de cette langue classique, l’indéfini aliquis était employé auprès des numéraux ou des quantitatifs ( Elleborum potabis faxo aliquos viginti dies ‘Je te ferai boire de l’ellébore vingt jours environ’, Plautus) (79), ainsi que dans des contextes négatifs ( sed nec pulmentum aliquod utebatur ‘il n’utilisait aucune tranche de viande’, Grégoire de Tours (83) ou à côté du lat. unus ( ut… numquam tam frequens senatus fuerit cum unus aliquis sententiam tuam secutus sit ? ‘Comment le sénat ne s’est-il jamais trouvé assez nombreux pour qu’il s’y rencontrât quelqu’un de votre opinion? ’, Cicéron, Phil .) (86). À la fin de ce deuxième chapitre, la linguiste italienne conclut que le sous-système des indéfinis latins n’a pas survécu dans toutes les langues romanes sœurs. En français et en italien, nous assistons à des innovations (fr. quelque , it. qualche ), mais, par contre, dans le domaine ibérique, nous assistons à la généralisation de syntagmes constitués de aliquis unus (87). Le troisième chapitre, Aliquis from Latin to Romance (89-136), est réservé à la description du comportement morphosyntaxique de l’indéfini latin aliquis ainsi qu’à ses développements sémantiques et formels apparus par rapport au latin. En fait, cette partie du livre assure la transition de la description des faits de langue latins aux romans. C. Gianollo suit le comportement des indéfinis, en tenant compte du soi-disant Cycle de Jespersen et en observant les associations possibles. La latiniste italienne discute des composés romans contenant des descendants de l’indéfini latin aliquis et de leur usage dans des énoncés négatifs. Elle mène ainsi une investigation du point de vue syntaxique sur des faits de langues contemporains ( The continuations of aliquis : a synchronic overview ). Leur choix est adéquat et certains d’entre eux témoignent des limites distributionnelles des indéfinis concernés [esp. * objeción alguna , (99); fr. ? ? Quelque étudiant a demandé à vous voir (104); it. * alcuno studente è venuto , (106)]. Après cette perspective synchronique sur les descendants du lat. aliquis , l’autrice revient à la perspective diachronique ( Diachronic developments ), plus riche en informations et se rapportant à des emplois anciens des indéfinis français et italien ( aucun et alcuno ). Ceux-ci illustrent les associations particulières présentes auparavant, ainsi que leur distribution. Afin de compléter sa démarche, C. Gianollo relève les caractéristiques liées à l’ordre des mots et différents traits sémantiques, ce qui simplifie la compréhension du rôle des indéfinis à l’intérieur de l’énoncé et des groupes nominaux ou verbaux. Elle se rapporte une fois de plus au Cycle de Jespersen. En guise de conclusion à ce chapitre, la linguiste italienne tient à préciser que, en ce qui concerne les langues romanes, «the developments follow the same direction in all languages, but reach different stages» (136). Le chapitre suivant, Indefinites and negation in the history of Latin (137-201), s’avère aussi intéressant et abondant en informations grammaticales. Dans ces pages, la linguiste italienne tente de nous familiariser avec le système latin de négation, assez complexe et riche en formes et en modalités dont certaines d’entre elles se perpétuent dans les langues romanes jusqu’à nos jours. 359 Vox Romanica 79 (2020): 356-360 DOI 10.2357/ VOX-2020-17 Tour à tour, elle aborde des aspects concernant l’héritage latin, le système de négation de cette langue ancienne (la double négation, les marqueurs de négation, ainsi que les indéfinis négatifs), la typologie de la négation en latin et dans d’autres langues [Double Negation (DN); Strict Negative Concord (strict NC); Non-strict Negative Concord (non-strict NC), 155], la description de l’analyse menée en fonction des indéfinis négatifs, des n-words ou du marqueur négatif. De même, la linguiste rapporte les systèmes latins classique et tardif de négation au Cycle de Jespersen, en essayant de relever les particularités de construction de la négation par non (171-200) et en rapportant quelques-unes à celles qui sont présentes dans les langues romanes (par exemple, it. Niente concludi, stando in questo buco ). C. Gianollo soutient qu’on peut entrevoir deux tendances majeures dans l’évolution de la négation: «one syntactic and one pragmatic in nature, may undermine the robustness of the evidence for a Double Negation system: the syntactic one consists in the structure-minimizing tendency known as Head Preference Principle; the pragmatic one is rooted in the role of NPIs in bringing about focused readings» (201). La dernière partie de l’ouvrage, Developments in negative and polarity-sensitive contexts from Latin to Romance (203-88), rend compte de l’évolution de la négation. L’auteure insiste sur les systèmes de négation présents en ancien français et en ancien italien, qui sont parmi les plus complexes et on peut déjà observer, à part la conservation de quelques modalités de négation, les innovations survenues dans le temps. Elle suit aussi de près le fonctionnement de n-words qui ont dans leur structure le morphème de négation ne -/ ni - (< lat. NEC). L’évolution spécifique de cette ultime particule négative est considérée comme très intéressante, étant donné son large usage dans les anciens stades des langues romanes. Cela explique d’une certaine façon l’intérêt spécial accordé par C. Gianollo à la grammaticalisation de nec-words , à la syntaxe et à la sémantique du même morphème négatif en latin classique et en latin tardif, au passage des nec-words au n-words (le cas de něc unus et něc ipse unus ), auxquels s’ajoutent la redondance d’usage de nec-words ( nec sursum nec deorsum non cresco, nisi dominum tuum in rutae folium non conieci ‘Que je ne croisse par en haut ni par en bas si je ne certaines rembuche ton maître dans une touffe de rue! ’, Pétrone) (274) et la tendance d’unification de certaines formes négatives. Tout cet exploit analytique permet à la grammairienne italienne de reconsidérer les interprétations antérieures à l’égard de la négation romane, en général, et des négations italienne et française, en particulier. À la fin du livre, nous trouvons les Conclusions (289-91), dans lesquelles la linguiste retrace les idées majeures de sa recherche, en insistant sur le rôle essentiel de différents pronoms indéfinis et des déterminants (négatifs dans la plupart de cas), dans les microet macro-énoncés. Cette reprise des directions investigatrices est complétée par les References (293-315) qui nous laissent découvrir quels sont les repères spéculatifs et descriptifs qui ont nourri la théorie de l’auteure pendant la rédaction de cette monographie et par l’Index (317-21), qui facilite la consultation. Les perspectives diachronique et synchronique s’entremêlent tout au long de cette recherche, mais le point de vue historique reste sans doute dominant. Cela s’explique surtout Besprechungen - Comptes rendus Besprechungen - Comptes rendus 360 Vox Romanica 79 (2020): 360-368 DOI 10.2357/ VOX-2020-18 par le besoin ressenti par C. Gianollo d’éclaircir des points méconnus, insuffisamment décrits dans les traités de linguistique générale ou de linguistique romane. Malgré les mérites incontestables de cette investigation, nous pouvons cependant remarquer le nombre réduit de références au roumain et aux autres idiomes romans moins répandus (sarde, provençal/ occitan, franco-provençal ou rhéto-roman) qui auraient pu fournir des renseignements importants pour ce genre d’étude, vu leur caractère assez souvent conservateur. Nous avons eu toutefois devant nos yeux un ouvrage qui, avec le temps, contribuera sans doute à une compréhension adéquate des caractéristiques de certains indéfinis latins et de leurs descendants directs qui témoignent tous, non seulement de l’héritage latin, mais aussi du détachement par rapport à celui-ci et des innovations qui sont survenues à l’intérieur de cette classe de mots au cours des siècles. Adrian Chircu https: / / orcid.org/ 0000-0001-6288-3337 ★ Italoromania F rédériC n iColosi , Topic- und Focus-Markierung im Altitalienischen , Berlin (de Gruyter) 2019, xiii + 227 p. ( Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie 426) Scopo del lavoro di Frédéric Nicolosi (= FN/ l’A[utore]) è di offrire una descrizione dettagliata delle strategie utilizzate in italiano antico per segnalare il Topic e il Focus della frase. Dopo tre capitoli introduttivi (1. Einleitung , 1-2; 2. Theoretische Grundlagen und Forschungsüberblick , 3-24; 3. Zur Korpusbeschreibung , 25-32) il grosso del lavoro è strutturato in due capitoli dedicati all’espressione del Topic (4. Topic-Markierung im Altitalienischen , 33-141) e del Focus (5. Focus-Markierung im Altitalienischen , 143-93); questi sono seguiti da un confronto con l’italiano moderno (6. Ausblick auf das Neuitalienische , 195-204) e da un riassunto dei principali risultati (7. Zusammenfassung , 205-07). L’opera è completata da uno schema delle costruzioni analizzate (209), dalla bibliografia (211-24) e dall’indice degli autori citati (225-27). L’approccio dell’A alla questione studiata è di tipo pragmatico-discorsivo (ispirato in buona parte ai lavori di Barbara Wehr): il Topic è definito come ciò «di cui si parla» (14); FN discute in modo articolato le definizioni proposte nella letteratura precedente (14-17), ma preferisce attenersi a una concezione intuitiva di questa categoria - come vedremo questo non ha conseguenze negative sull’analisi del materiale raccolto. Il Focus è definito come «una unità informativa che per qualche ragione è ‘particolarmente importante’ per il parlante» (18) e se ne distinguono due tipi fondamentali: l’α-Focus individua un elemento escludendo possibili candidati alternativi (18-20), mentre il β-Focus evidenzia un elemento per ragioni soggettive (20-22) - mentre il primo si situa sul piano di quanto viene detto, il secondo esprime piuttosto un’attitudine del parlante (qui l’A riprende categorie introdotte da Göran Hammarström). FN distingue poi le categorie di Topic e Focus da quelle di individuabile/ non-individuabile e di dato/ nuovo (22-24).
