Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
10.2357/VOX-2022-011
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Kristol De StefaniNicholas Lo Vecchio, Dictionnaire historique du lexique de l’homosexualité. Transferts linguistiques et culturels entre français, italien, espagnol, anglais et allemand, Strasbourg (ELiPhi) 2020, 515 p.
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Gilles Siouffi
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226 Vox Romanica 81 (2022): 226-231 DOI 10.2357/ VOX-2022-011 Besprechungen - Comptes rendus dida por la actualidad filológica y recuperada aquí. Este cuidadoso análisis será, sin duda, una obra de referencia para estudios sintácticos y discursivos del futuro, y con la que tenemos la suerte de contar los estudiosos del mundo hispánico y su lengua. Daniel Jiménez Sánchez (Universidad de Sevilla) https: / / orcid.org/ 0000-0001-7132-5206 ★ n iCholas l o v ECChio , Dictionnaire historique du lexique de l’homosexualité. Transferts linguistiques et culturels entre français, italien, espagnol, anglais et allemand , Strasbourg (ELiPhi) 2020, 515 p. Depuis quelques décennies déjà, la catégorie de l’«emprunt» suscite des prises de distance de la part de certains lexicologues et lexicographes. Si elle emblématise le paradigme traditionnel d’approche des contacts lexicaux entre langues, elle semble aujourd’hui bien datée, et marquée, à vrai dire, par une manière un peu rudimentaire de catégoriser les lexèmes et les langues qui ne résiste souvent guère à l’examen de détail. Permet-elle de rendre réellement compte de la diversité des transferts linguistiques et conceptuels, de la variété des emplois, de leurs modes de création comme de réception? Où tracer la limite entre l’emprunt et ce qu’on appelle parfois l’«internationalisme»? Le présent ouvrage, qui est issu d’une thèse soutenue à Sorbonne Université en 2018, entend aborder cette problématique par l’examen plurilingue d’un champ notionnel: celui de la désignation de l’homosexualité. S’il porte le titre de «Dictionnaire», il ne doit pas être considéré, pour autant, comme un lexique complet de cette thématique. Il n’examine en effet - mais il le fait en profondeur - que 12 séries de mots, incluant les dérivés, circulant entre les cinq langues mentionnées dans le titre. Ces séries sont celles indiquées par les entrées françaises: soDomitE , soDomiE ; BougrE ; BarDaChE ; triBaDE , triBaDismE ; pEDErastE , pEDErastiE ; sa phistE , saphismE ; lEsBiEnnE , lEsBianismE ; uranistE , uranismE ; invErti . E , invErsion ; ho mosExuEl . lE , homosExualitE ; gay ; QuEEr . Le qualificatif «historique», en revanche, est pleinement justifié. Tout d’abord, la démarche n’est pas étymologique au sens strict, mais véritablement historique au sens, qui avait été expliqué par Alain Rey dans l’introduction de la première édition du Dictionnaire historique de la langue française paru aux éditions Le Robert en 1992, de parcours, non de remontée aux origines. Par ailleurs - et on peut s’en douter en lisant la liste des lexies annoncées -, le parcours est historique au sens où les séries sont classées par ordre chronologique d’apparition des lexèmes les plus notables, qui forment pour ainsi dire le «lexique de base» du champ. Cette démarche entend donc bien faire figurer l’investigation lexicologique et philologique au sein d’une approche onomasiologique. Ce qui intéresse l’auteur, c’est certes d’enquêter sur le détail des trajets entre langues des items, ou sur l’origine et les conditions de leurs apparitions, mais aussi sur ce qui a pu être la conceptualisation du champ au travers des «mots pour le dire». 227 Vox Romanica 81 (2022): 226-231 DOI 10.2357/ VOX-2022-011 Besprechungen - Comptes rendus S’agissant du champ, précisément, il n’est pas neuf - on s’en doute bien. L’auteur rend hommage à plusieurs travaux pionniers, et particulièrement à ceux de Claude Courouve, auteur d’un Vocabulaire de l’homosexualité masculine paru initialement chez Payot en 1985, issu des recherches menées pour une thèse en philosophie, et dont une version enrichie est disponible depuis 2013 en licence Creative Commons, et depuis 2020 en ligne sous le titre Dictionnaire français de l’homosexualité masculine . Mais entre le temps où Claude Courouve avait commencé ses recherches et le présent, la différence est grande, tant en termes d’accès aux sources que de moyens pour les exploiter, et de méthodologies. Là où Courouve s’appuyait essentiellement sur ses lectures et se donnait pour but de produire une synthèse culturelle sur le sujet, le livre de Lo Vecchio entend mener l’enquête avec toute la rigueur de la philologie actuelle, tout en gardant l’objectif culturel. Une des révolutions apportées par le numérique est en effet la mise à disposition de ressources textuelles considérablement augmentées. Dans presque chaque enquête actuellement menée sur un mot ou sur un champ, cette masse textuelle conduit à mettre au jour des attestations précoces qui avaient échappé aux lecteurs, à antidater les mots, ou à mieux comprendre les trajets entre langues. L’ouvrage présente une introduction de 11 pages. Puis, les chapitres traitent des séries indiquées. Il y a une bibliographie, divisée en bibliographie de lexicographie générale et spécialisée, et bibliographie générale, et un index des mots classé par langues (seules les cinq langues indiquées dans le titre sont représentées). L’introduction précise l’objectif théorique de sortir des ornières présentées par le recours à la catégorie de l’emprunt en y substituant le recours à la notion de point de contact , laquelle permet d’observer plus finement les transferts linguistiques. Elle développe également, quoique succinctement, quelques aperçus sur le comportement néologisant des locuteurs face à certains champs notionnels. L’objectif final est d’«intégrer l’étude des innovations internes et exogènes dans un seul modèle théorique» (p. 5). Pour ce faire, l’approche revendiquée par l’auteur est philologique, mais aussi sociolinguistique (une sociolexicologie variationniste) et même cognitive. L’auteur estime que cette approche est particulièrement pertinente pour aborder des champs «présentant un intérêt social particulier». Les chapitres sont ensuite tous construits sur la même structure. Après une introduction d’une page environ, une synthèse explicite le type de paysage lexématique auquel on a affaire, ainsi que la chronologie des différentes langues. La place initiale paradoxale de cette synthèse s’explique donc par le fait qu’il lui revient de justifier l’ordre dans lequel les langues vont ensuite être abordées. Cette structure interne ajoutée à l’ordre lui-même chronologique de l’examen des séries (de soDomiE , soDomitE , les plus anciens items utilisés, à QuEEr , le plus récent) fait donc du livre un itinéraire historique au sens plein. L’ensemble, de fait, se lit comme une histoire du traitement lexical du champ par le prisme de ces séries. On peut même dire qu’il y a une dimension narrative dans certains aspects des chapitres, ce qui permet de bien articuler lexique et culture. A l’intérieur des chapitres, les subdivisions traitent des langues successivement, donc, à partir des dates d’attestations (par exemple, pour soDomiE , soDomitE , français, italien, anglais et allemand), en incluant les dérivés, parfois nombreux. Chaque fois, le traitement s’appuie d’abord sur les sources textuelles, puis ce premier traite- 228 Vox Romanica 81 (2022): 226-231 DOI 10.2357/ VOX-2022-011 Besprechungen - Comptes rendus ment est complété par des «remarques lexicographiques» qui s’attachent à montrer comment les mots ont été traités par les dictionnaires de langue commune et spécialisés, monolingues et bilingues. Ce parcours est précédé, quand il en est besoin, par une page ou deux de nature plus conceptionnelle que véritablement philologique sur l’amont grec et latin (pour pEDE rastE , par exemple, ou triBaDE ). Pour l’auteur, les résultats de cette enquête plurilingue «ont intégralement confirmé que l’innovation de base dans chaque langue n’est pas due à un processus indépendant et autonome, mais résulte d’un processus de transferts linguistiques et culturels par le biais de l’intertextualité ou du contact linguistique au sens large» (p. 7). Mais encore faut-il le montrer pièce par pièce, et l’entreprise n’est pas aisée. Il est difficile, naturellement, de donner un aperçu fidèle de toutes les recherches de détail rassemblées ici. Le livre tire en effet une partie de sa valeur de l’ampleur des sources textuelles et lexicographiques rassemblées et de la finesse de certaines observations. On proposera plutôt quelques remarques d’ordre transversal. On relèvera tout d’abord (nous proposons cette interprétation synthétique à partir de remarques éparses trouvées dans le texte), que, dans l’ensemble des séries considérées, trois ensembles, peut-être (ou quatre), peuvent se dégager. Un premier est formé de lexèmes de sens initial assez opaque, comme fr. bougre ou fr. bardache , qui ont pu avoir des parcours assez chaotiques, car (c’est nous qui en faisons l’hypothèse) ils ont été cantonnés dans des usages de langue commune. Un second ensemble est représenté par des lexèmes formés avant le XIXe siècle sur des bases latines ou grecques, et qui ont nourri une élaboration conceptuelle assez conséquente. On peut donner l’exemple de fr. pédéraste ou celui de fr. saphique , saphisme (l’auteur relève bien que, sur ces derniers lexèmes, l’élaboration conceptuelle liée à l’homosexualité n’est pas allée de soi). Enfin, à partir du XIXe siècle, on relève les lexèmes amenés d’emblée à se situer dans des terminologies spécialisées, quand ce n’est pas carrément dans des «projets terminologiques», comme l’énonce l’auteur à propos de all. Uranier , Urning , Uranismus chez le médecin et psychologue allemand Karl Heinrich Ulrichs (de façon générale, l’auteur revient abondamment, et de façon attendue, sur la place connue de la médecine allemande dans le tournant des années 1860). Un éventuel quatrième ensemble pourrait inclure les deux dernières séries, où le fonctionnement est moins terminologique que social, mais avec malgré tout une - ou des - intention(s) de réglage ( queer ). L’éventail de ce qu’on a fait de ces lexèmes, dans les différentes langues envisagées, est donc considérable; celui des implications culturelles tout autant. Certains lexèmes ayant eu plusieurs vies (le fr. berdache et l’ang. bardash ayant eu comme sens en Amérique aux XIXe et XXe siècles une «personne transgenre amérindienne» (p. 111-22). Sans surprise, on ne trouvera pas ici de révélation sur l’un des mots examinés, de proposition étymologique nouvelle, d’antidatation spectaculaire. Le débat sur l’étymon de fr. bardache (it. bardassa , ang. bardash …) par exemple, n’est pas tranché (l’hypothèse traditionnelle d’une origine arabo-persane semblant être difficile à soutenir d’après certains travaux récents). La richesse du travail présenté consiste plutôt dans l’abondance du matériau et dans la manière dont il est rangé. On notera, par exemple, la richesse des enquêtes sur les graphies et sur les dérivés. L’éventail, de ce point de vue, est grand. Pour s’en tenir au français, le 229 Vox Romanica 81 (2022): 226-231 DOI 10.2357/ VOX-2022-011 Besprechungen - Comptes rendus lecteur moyen connaissait peut-être bougre , bougrerie (ou bougrie , ou bogrerie ), mais peut-être pas bougeron et bougeronner , adaptés de l’italien. La série saphistE , saphismE , faite sur le nom de la poétesse Sapho, graphiée étymologiquement en français, et phonologiquement en italien et en espagnol, a donné lieu à une série de dérivés par suffixation sur base savante particulièrement impressionnante en français entre la fin du XVIIIe siècle et le milieu du XIXe siècle, depuis les classiques saphique , saphisme jusqu’aux improbables hapax trouvés chez Sade sapphotiser et saphotisme , en passant par saphienne , saphiénisme , saphiser … De fait, l’examen des séries laisse entrevoir des cas de figure très variés. triBaDE est le rare exemple, écrit l’auteur, d’un cas où «on peut tracer assez précisément, par le moyen de l’intertextualité, la voie d’un emprunt» (p. 123), à savoir un emprunt des langues modernes aux langues anciennes. Pour gay et plus encore QuEEr , le caractère de «pérégrinismes» à partir de l’anglais est avéré, même si certains ont voulu faire jouer pour le premier, à tort, de prétendues sources françaises. Queer est un «drôle de lexème» (p. 441), monosyllabe, et qui n’a subi (jusqu’à présent, devrait-on ajouter), aucune adaptation lexématique dans les langues considérées, même si les dérivés, naturellement, sont différents. Mais l’auteur note bien que ce n’est pas parce qu’il n’y a quasiment qu’une forme qu’il y a correspondance lexicale entre les langues. Dans la plupart des autres cas, les trajets sont bien plus complexes. L’interprétation de l’anglais, par exemple, est souvent délicate, l’influence du français (ou la source anglo-normande) n’excluant pas un retour direct au latin. C’est le cas pour sodomy , par exemple (p. 43). De fait, si l’on excepte QuEEr , dans une moindre mesure gay , et les cas particuliers de BougrE et BarDaChE , la plupart des séries examinées reposent sur des bases latines ou grecques internationalisées. La question est alors difficile de savoir si les mots ont été pour ainsi dire refaits avec les briques antiques, ou ont circulé en tant que lexèmes, reconnus ou non comme emprunts, comme néologismes terminologiques, etc. Parfois, on peut considérer qu’une des langues modernes a servi de «soutien» aux formes des autres. C’est ce que l’auteur juge probable pour le français du XIXe siècle dans la série pEDErastE , pEDErastiE . Une difficulté qui se retrouve également fréquemment, est que le vocabulaire étudié n’a parfois pas servi qu’à désigner l’homosexualité. L’interférence avec des condamnations diverses, notamment religieuses, s’observe dans plusieurs cas, et elle avait été relevée par bien des historiens de l’homosexualité. Celle-ci peut n’apparaître que comme une forme parmi d’autres d’«hérésie» ou d’«abomination». On observe le phénomène pour soDomiE , soDomitE . C’est aussi le cas pour bougre et ses variantes, issus du latin Bulgarius . Dans ce dernier cas, cette manière de renvoyer l’homosexualité à l’«autre» (on pense au «vice grec»; on a dit aussi en France au début du XXe siècle «le vice allemand») est ici opportunément rappelée par l’auteur. La stigmatisation est un éloignement par la confusion et le fantasme. Parfois, cette ambiguïté même fait sens. L’auteur fait l’hypothèse que, pour rendre compte de ces équivoques, on doit considérer l’effet du tabou. Hypothèse séduisante, mais difficile à démontrer. Aborder le lexique, c’est aussi aborder les discours, et qui dit discours, dit nécessairement aspects pragmatiques. Bien des mots abordés ici ont servi d’insultes. Le phénomène de désignation est alors brouillé. Inversement, plusieurs ont fait l’objet d’appropriations militantes, 230 Vox Romanica 81 (2022): 226-231 DOI 10.2357/ VOX-2022-011 Besprechungen - Comptes rendus ou de réappropriations (notamment les plus récents, lesbienne , pédé , homosexuel , gay , queer , pour s’en tenir au français). Dans le développement conclusif qu’il consacre - une fois n’est pas coutume - à homosExuEl . lE , homosExualitE , en raison du caractère emblématique des termes, l’auteur écrit: «l’homosexualité représente un champ très pragmatiquement marqué» (p. 392). Pour lui, c’est même une des causes du dynamisme lexical général du champ. On pourra ajouter que c’est une des raisons, probablement, pour lesquelles l’aspect sémantique est si difficile à traiter. Il va sans dire que le présent ouvrage représente le fruit d’un important travail, qui suppose une connaissance fine de plusieurs langues, et un grand jugement dans l’approche de phénomènes labiles, même si les catégories de la description ont acquis de la précision depuis quelques dizaines d’années. Il séduira le lecteur curieux de trouver des détails sur ce vocabulaire poussé tour à tour dans la lumière et dans l’ombre par les usages sociaux. Son grand apport est d’étudier le vocabulaire plurilingue considéré au plus près des attestations, et en essayant autant que faire se peut de retracer une histoire probable. Certes, l’auteur n’examine que certaines séries. Dans l’introduction, d’ailleurs, il précisait: «les argots et les jargons propres aux communautés LGBTQ ne sont pas abordés, au-delà de leur éventuelle intersection avec la nomenclature retenue» (p. 10). Mais les recherches présentées ici vont au-delà des termes vedettes et de leurs dérivés. Au fil des chapitres, l’auteur aborde un grand nombre d’autres mots, parfois calques de construction (comme les mots du type all. Knabenliebe , qui a été proposé en équivalent à pédéraste ). Ainsi le français antiphysique , néologisme du XVIIIe siècle, qui s’est avéré fondamental dans le lexique historique de l’homosexualité en français (p. 19), ou tous les (fr.) fricatrice , fricarelle , frotteuse , ribaude , qui ont été proposés en équivalents au savant tribade . Par le biais des internationalismes de base, l’auteur pénètre profondément dans les épaisseurs lexicales des langues considérées, ce dont témoigne le copieux index des mots de fin d’ouvrage. L’investigation historique n’est pas totale (et il manquerait également une étude des évolutions des mots les plus anciens sur la période récente), mais très conséquente. Terminons sur un prolongement possible à l’étude savante présentée ici, et que l’auteur mentionne d’ailleurs plusieurs fois. A propos de fr. pédé , PD , P.D. , par exemple, l’auteur se pose les questions suivantes: «Quels usages et perceptions s’attachent à ce mot pour les gays francophones? Les opinions exprimées sont-elles alignées sur son emploi réel? Observe-t-on des différences selon l’âge des locuteurs, ou selon d’autres facteurs sociolinguistiques? » (p. 181). Ces questions renvoient à un problème qui se pose souvent pour les mots socialement ou politiquement marqués, à savoir que les locuteurs leur attribuent fréquemment des sens, des connotations, des valeurs, qui ne sont pas celles qu’enregistrent les dictionnaires ou que tentent de codifier les terminologies. Il s’agit d’un vocabulaire qui «s’échappe», en somme. Par là, une enquête auprès de locuteurs sur les usages contemporains de certains de ces mots serait sans doute d’un riche apport. Pour la diachronie, malheureusement, nous ne pouvons nous appuyer que sur les sources textuelles. Et c’est d’ailleurs un problème, car nombre d’attestations restent difficiles à comprendre et ont pu par là faire l’objet d’interprétations erronées. C’est un reproche qu’on avait adressé d’ailleurs en son temps à John Boswell ( Christianity, Social Tolerance and Homosexuality , University of Chicago Press, 1980), et à d’autres, que 231 Vox Romanica 81 (2022): 231-236 DOI 10.2357/ VOX-2022-012 Besprechungen - Comptes rendus de n’avoir pas su lire exactement les textes qu’ils citaient. Entre raccourcis faciles, anachronismes ou généralisations hâtives, l’histoire du vocabulaire de l’homosexualité apparaît semée d’embûches. Mais le présent ouvrage nous l’a considérablement éclairée. Gilles Siouffi (Sorbonne Université) https: / / orcid.org/ 0000-0003-4426-4967 ★ Dacoromania M artin M aiden / a dina d ragoMirescu / g abriela P ană d indelegan / o ana u ţă b ărbulescu / r odica Z afiu , The Oxford History of Romanian Morphology , Oxford (Oxford University Press) 2021, vi + 526 p. Ces dernières années, nous avons remarqué l’intérêt particulier montré par les prestigieuses maisons d’édition universitaires (ou non) envers la description monographique des langues moins connues ou insuffisamment étudiées auparavant. Le roumain - qui se trouve dans cette situation - a retenu l’attention des responsables des collections d’Oxford University Press. Ceux-ci se sont proposé de publier régulièrement un nombre d’études visant les particularités morphosyntaxiques de cet idiome néolatin, éloigné du continuum roman mais toujours surprenant par son conservatisme prononcé ainsi que par ses innovations à l’égard du latin. Il suffit donc de rappeler des volumes tels que Gabriela Pană Dindelegan (coord.), The Grammar of Romanian (2013), Gabriela Pană Dindelegan (coord.), The Syntax of Old Romanian (2016), Virginia Hill et Gabriela Alboiu, Verb Movement and Clause Structure in Old Romanian (2016), Alexandru Nicolae, Word Order and Parameter Change in Romanian. A Comparative Romance Perspective (2019), Virginia Hill et Alexandru Mardale, The Diachrony of Differential Object Marking in Romanian (2021), pour se rendre compte de la dimension de cette entreprise éditoriale. À cette série d’ouvrages vient de se joindre le livre sur lequel nous nous penchons et qui traite, comme le suggère son titre, de la morphologie historique du roumain, une des langues romanes les plus intéressantes, vu les influences subies tout au long des siècles, la préservation des faits de langue anciens ainsi que les innovations survenues. Ce nouveau volume de linguistique roumaine était attendu depuis longtemps, même si celui-ci apparaît cinq ans après le tome destiné à la syntaxe (voir supra ). Il complète sans doute l’information grammaticale du volume précisé auparavant, avec des nouvelles informations grammaticales qui facilitent la compréhension de certains aspects moins transparents.
