lendemains
ldm
0170-3803
2941-0843
Narr Verlag Tübingen
10.2357/ldm-2020-0006
Es handelt sich um einen Open-Access-Artikel, der unter den Bedingungen der Lizenz CC by 4.0 veröffentlicht wurde.http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/121
2020
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Traduire les éléments hétérolingues dans le roman francophone africain: fonction contextuelle et rôle du skopos
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2020
Edmond Kembou
ldm451770054
54 DOI 10.2357/ ldm-2020-0006 Dossier Edmond Kembou Traduire les éléments hétérolingues dans le roman francophone africain: fonction contextuelle et rôle du skopos Le contexte de production de la littérature africaine et notamment celui du roman est, dans la majeure partie des cas, marqué par une situation de plurilinguisme. En effet, dans le cas des productions littéraires francophones, par exemple, les écrivains produisent dans un contexte où le français, la langue d’écriture, cohabite avec plusieurs langues nationales ou locales et est parfois adapté pour former un usage local. Dans ce contexte, il est courant d’être confronté à des œuvres littéraires qui sont le reflet des sociétés dans lesquelles elles sont produites, c’est-à-dire qu’elles sont chargées d’éléments hétérolingues. Encore décrit comme étant le phénomène d’hybridité, l’hétérolinguisme de la littérature africaine et surtout du roman francophone africain constitue (parfois) un défi de compréhension, aussi bien pour les lecteurs que pour les traducteurs. S’agissant de la traduction, l’écriture hétérolingue pose à la fois un problème de compréhension, de transfert et de (re)production dans une langue cible, ce qui correspond aux trois principales phases du processus de traduction que sont la réception, le transfert et la (re)production (Gerzymisch-Arbogast 2008: 13). 1 Au regard donc des difficultés auxquelles le traducteur est susceptible de faire face lors de la traduction d’un texte hétérolingue, il se pose dans l’ensemble la question de l’approche de traduction et des stratégies à adopter pour la (re)production des éléments hétérolingues du texte source dans la langue cible. Les principales approches en ce qui concerne la traduction des éléments hétérolingues dans la littérature africaine s’orientent pour la plupart vers un rapprochement du lecteur du texte cible vers la culture et le paysage sociolinguistique du texte source, s’inscrivant ainsi en faveur du concept de foreignisation 2 (par exemple Bandia [1994] avec la préservation de l’africanité du texte source dans la traduction). Cependant, un aspect souvent négligé dans les études portant sur la traduction des éléments hétérolingues dans la littérature africaine francophone est celui de la fonction contextuelle 3 de ces éléments et, surtout, du rôle primordial joué par la finalité de la traduction ou par le skopos (Vermeer 1978; Reiß/ Vermeer 1991). Ces deux notions sont pourtant essentielles dans la prise des décisions à tous les niveaux du processus de traduction. Cet article met en évidence les notions de fonction contextuelle et de skopos comme fondement du processus de traduction des éléments hétérolingues dans le roman francophone africain. Le postulat de base est qu’il est possible de traduire les éléments hétérolingues (ou de les comparer avec leurs traductions) sur la base de leur fonction contextuelle, le tout guidé par un skopos, c’est-à-dire une finalité préalablement définie pour la traduction ou la comparaison d’un texte source et de sa traduction. Les analyses pratiques utilisées ici sont tirées du roman Temps de chien de Patrice Nganang (2001) et de sa traduction allemande (Hundezeiten, 2003). DOI 10.2357/ ldm-2020-0006 55 Dossier Les éléments hétérolingues dans le roman francophone africain: l’exemple du Cameroun Le Cameroun offre une particularité linguistique dans le contexte francophone africain. Le pays présente en effet l’une des plus grandes diversités linguistiques d’Afrique. D’abord, ayant subi la colonisation française et anglaise, le Cameroun a adopté le français et l’anglais comme ses deux langues officielles. Ensuite, ces deux langues officielles côtoient au quotidien un nombre important de langues nationales, estimées approximativement à 250 langues (cf. Tabi-Manga 2000: 29, Feuwou 2012: 36, Kembou 2019: 23). Enfin, il s’est construit autour des deux langues officielles et des nombreuses langues nationales deux principales langues hybrides que sont le Pidgin-English, basé sur la grammaire anglaise, et le Camfranglais, basé sur le français, l’anglais et les langues nationales (Kouega 2003: 511, Ze Amvela 1989: 57). Comme on peut le constater, le Cameroun offre une diversité linguistique que certains auteurs francophones camerounais n’hésitent pas à exploiter dans leurs productions littéraires. Le recours à cette diversité linguistique se manifeste généralement dans le roman francophone camerounais par des emprunts de mots, d’expressions, de proverbes, voire de textes oraux transcrits par les auteurs. Ces emprunts s’identifient sous deux formes dans les œuvres littéraires: d’une part de manière explicite (ce qu’on pourrait décrire comme étant des éléments hétérolingues explicites, c’est-à-dire ceux qui peuvent être identifiés par un lecteur ordinaire) et, d’autre part, de manière implicite (ce qu’on pourrait décrire comme étant des éléments hétérolingues implicites, c’està-dire ceux qui nécessitent de la part du lecteur des connaissances linguistiques et culturelles). Au rang des auteurs camerounais faisant recours à des éléments hétérolingues tirés de la diversité linguistique du Cameroun dans leurs œuvres littéraires, on peut citer entre autres Patrice Nganang (Temps de chien, 2001), Calixthe Beyala (La petite fille du réverbère, 1998), Mpoudi Ngolle (Sous la cendre le feu, 1990), François Nkeme (Le cimetière des bacheliers, 2001) ou Kuitche Fonkou (Moi Taximan, 2002). La problématique de la traduction des éléments hétérolingues Avant toute chose, il convient d’abord de préciser que le concept d’éléments hétérolingues utilisé dans cet article se base sur la définition du concept d’hétérolinguisme emprunté à Grutman, qui le définit comme „la présence dans un texte d’idiomes étrangers, sous quelque forme que ce soit, aussi bien que de variétés (sociales, régionales ou chronologiques) de la langue principale“ (Grutman 1997: 37), et sur le concept d’extrastructuralismes (Flydal 1951) adapté à la traduction (Kembou 2019). Il s’agit, dans le cas du roman francophone africain, du greffage de concepts, d’idiomes, d’expression, de termes, etc. tirés d’autres langues sur la langue principale d’écriture qu’est le français, y compris les usages locaux du français. 56 DOI 10.2357/ ldm-2020-0006 Dossier Comme souligné précédemment, la présence d’éléments hétérolingues dans une œuvre littéraire, et surtout dans le roman francophone africain, constitue potentiellement une source de difficultés pour le traducteur à toutes les étapes du processus de traduction, qu’il s’agisse de la réception, du transfert ou de la (re)production. S’agissant de la phase de réception, elle vise principalement la compréhension des éléments hétérolingues, à savoir les identifier et les situer dans leur relation avec les autres éléments du contexte immédiat d’une part et, d’autre part, avec le texte dans sa globalité. La difficulté à cette étape est d’extraire la fonction contextuelle (aussi bien pour le contexte immédiat que pour le texte entier) d’un élément hétérolingue, fonction qui servira de base pour les prochaines phases. Une fois la compréhension assurée dans la phase de réception, le traducteur passe à la phase de transfert qui consiste à analyser de manière contrastive les systèmes linguistiques et culturels du texte source par rapport au texte cible. La principale difficulté à laquelle le traducteur des textes hétérolingues d’Afrique francophone est confronté est celle de la disponibilité des ressources tant linguistiques que culturelles qui seraient équivalentes à celles du texte source. Cette difficulté se manifeste généralement par des situations de non-équivalence, tant au niveau des mots qu’au niveau du texte (Baker 1992, 2011: 16-18). Dans la dernière phase du processus de traduction qu’est la (re)production, il est question de produire le texte cible sur la base des ressources linguistiques et culturelles identifiées dans la phase de transfert (Kembou 2019: 59). La difficulté inhérente à cette phase est celle de l’identification de la stratégie de traduction et de l’application d’une finalité censée régir l’ensemble des décisions (Gerzymisch-Arbogast 2008: 13). Au regard des observations ci-dessus, nous nous intéresserons particulièrement à deux problèmes: l’absence de ressources linguistiques et culturelles dans la langue cible pouvant permettre de traduire les éléments hétérolingues du texte source (intraduisibilité ou non-équivalence), et le choix de la stratégie de traduction (régi par le skopos). Dans les études en traductologie, la recommandation globale pour la gestion de ces problèmes que peuvent poser les éléments hétérolingues dans les œuvres littéraires africaines (francophones) semble être de les conserver dans le texte cible afin de préserver l’africanité, le style et le ton du texte source (cf. p. ex. Bandia 1994 et d’Almeida 1981). Sans rejeter cette volonté de préserver l’africanité ou le style dans le texte cible, la position que nous soutenons ici est que le facteur déterminant est la finalité de la traduction (skopos) définie pour le public auquel la traduction est destinée. De plus, si la finalité prévoit une traduction effective des éléments hétérolingues et non leur préservation de quelque manière que ce soit, leur fonction contextuelle dans le texte source pourrait permettre de résoudre le problème de l’intraduisibilité ou de la non-équivalence. DOI 10.2357/ ldm-2020-0006 57 Dossier Finalité de la traduction (skopos) et éléments hétérolingues Nous commencerons par examiner la notion de skopos et de son rôle primordial dans la traduction des textes hétérolingues d’Afrique francophone. En effet, les stratégies et décisions de traduction portant sur les éléments hétérolingues sont tributaires de la finalité assignée à la traduction dans la langue cible. La notion de skopos ou de théorie du skopos se fonde dans les approches fonctionnelles de la traduction (école allemande). Emprunté du grec, skopos signifie ‚objectif‘, ‚but‘, ‚finalité‘ ou ‚fonction prévue‘. Vermeer établit le skopos comme le principe fondamental de toute traduction: Chaque texte est produit pour répondre à une finalité spécifique et il doit servir cette finalité. La règle du skopos s’établit comme suit: il faut traduire/ interpréter/ parler de manière à ce que le texte traduit puisse fonctionner dans la situation dans laquelle il sera utilisé, pour ceux qui veulent l’utiliser précisément comme ils souhaitent qu’il fonctionne (Vermeer 1989: 20, cité par Nord 2008: 43). Comme on peut le constater, l’intérêt primordial du traducteur pendant le processus de traduction doit être la finalité de la traduction. Le traducteur est donc libre de ses décisions, aussi longtemps que la finalité définie pour la traduction est atteinte. À cet effet, Nord affirme que cette règle „implique que le skopos d’un acte traductionnel puisse engendrer une traduction ‚libre‘ ou ‚fidèle‘ ou tout autre texte entre ces deux extrêmes, selon la finalité du texte traduit“ (Nord 2008: 43). L’application de la règle du skopos à la traduction des éléments hétérolingues dans le roman africain francophone signifie donc que les décisions et les stratégies du traducteur doivent être régies par la finalité assignée à la traduction dès le départ. Toutefois, en plus de la finalité générale du texte à traduire, il est nécessaire de cibler spécifiquement les éléments hétérolingues, ce que je propose d’appeler „finalité de traduction ciblée“ („Focused Translation Purpose“, Kembou 2019: 75), c’est-à-dire une spécification de la finalité générale de la traduction qui permet de définir des priorités et de prendre des décisions ciblées en ce qui concerne spécifiquement les éléments hétérolingues. Ceci permet de définir trois hypothèses de finalité possible aboutissant à des décisions et des stratégies de traduction différentes: (1) Si la finalité de la traduction est de faire découvrir aux lecteurs de la langue cible les réalités linguistiques et culturelles du texte source, c’est-à-dire préserver l’africanité du texte (Bandia 1994: 101), rapprocher le lecteur de la langue cible de l’auteur (Schleiermacher 1992: 42) ou adopter une stratégie de foreignisation (Venuti 1995), les décisions de traduction consisteront majoritairement à adopter des stratégies permettant de garder les éléments hétérolingues dans le texte cible. Il s’agira par exemple ici de stratégies telles que l’emprunt, le calque, l’utilisation de glossaires, de notes de bas de page, de traduction littérale, etc. (2) Si la finalité de la traduction est de ne pas dépayser le lecteur de la langue cible et lui donner l’impression qu’il lit un texte original en sa langue, c’est-à-dire 58 DOI 10.2357/ ldm-2020-0006 Dossier rapprocher l’auteur du lecteur de la langue cible (Schleiermacher 1992: 42) ou adopter des stratégies de domestication (Venuti 1995), les décisions de traduction consisteront majoritairement à adopter des stratégies permettant des traductions complètes des éléments hétérolingues de manière à les faire disparaître dans le texte cible, par exemple en utilisant des stratégies d’adaptation ou d’équivalence. (3) Si la finalité de la traduction est de préserver aussi bien les réalités linguistiques et culturelles du texte source que celles de la langue cible, les décisions de traduction consisteront majoritairement en une combinaison des deux hypothèses précédentes, par exemple grâce à une stratégie d’emprunt couplée à une traduction équivalente ou explicative. Comme on peut le constater, le résultat de la traduction dans la langue cible variera en fonction de la finalité attribuée à la traduction spécifique des éléments hétérolingues, tout comme les décisions de traduction prises par le traducteur. La fonction contextuelle comme base de la traduction de l’hétérolinguisme Si la finalité de la traduction est l’une des hypothèses décrites aux points (2) et (3) ci-dessus, il peut se poser, comme nous l’avons déjà indiqué, le problème de la disponibilité des ressources linguistiques dans la langue cible, notamment un problème d’intraduisibilité ou de non-équivalence. Pour résoudre ce problème, nous suggérons ici l’identification de la fonction contextuelle des éléments hétérolingues comme base de la traduction. Nous entendons par fonction contextuelle le rôle que joue un élément hétérolingue dans son contexte immédiat, que ce soit en relation avec la situation de communication, les partenaires de communication, l’auteur ou la thématique abordée (Kembou 2019: 67). En d’autres termes, le sens d’un élément hétérolingue peut être déterminé par la fonction de son utilisation. Lors du processus de traduction, après avoir identifié les éléments hétérolingues, le traducteur les analyse pour identifier leur fonction contextuelle (cf. ibid.: 79-83 pour une méthodologie détaillée de l’abstraction de la fonction contextuelle). Une fois que la fonction contextuelle est identifiée, le traducteur recherche dans la langue cible une ressource linguistique équivalente à la fonction contextuelle identifiée qu’il utilise pour la traduction. De cette façon, en cas d’indisponibilité d’expressions, de concepts ou de termes équivalents dans la langue cible pour traduire un élément hétérolingue spécifique, le traducteur peut donc recourir à sa fonction contextuelle. La fonction contextuelle peut aussi être utilisée à des fins de comparaison d’un texte source et de sa traduction. Pour illustrer la notion de fonction contextuelle, nous utiliserons l’extrait suivant de Temps de chien de Patrice Nganang: Quand une fois par exemple, vers onze heures comme ça, un petit vieux poli entrant dans la cour de son bar lui demanda: „Menmà, you tcho fia? “ Massa Yo lui répondit indifférent: „Je mange la paix? Si tu veux passer, passe tranquillement-o“ (Nganang, Temps de chien [TC]: 52; nous soulignons). DOI 10.2357/ ldm-2020-0006 59 Dossier L’extrait ci-dessus comporte plusieurs éléments hétérolingues, mais nous nous intéresserons à un seul, à savoir Menmà. Une analyse de l’extrait montre qu’on est en présence d’un dialogue avec deux partenaires de communication clairement identifiés: un vieux poli et Massa Yo (le propriétaire du bar). On constate également qu’au lieu de désigner Massa Yo par son nom, „le petit vieux“, qui est un habitué du bar, décide de l’appeler Menmà. Cet élément hétérolingue sert donc à remplacer le nom de Massa Yo tout en dénotant une forme de politesse. Du point de vue des caractéristiques linguistiques de Menmà, il s’agit d’un terme emprunté d’une langue locale camerounaise dont la traduction littérale serait „fils de ta mère“ en français ou „Sohn deiner Mutter“ en allemand. Une telle traduction sera très étrangère et dénuée de sens pour le locuteur natif allemand. Si la finalité de la traduction est de ne pas dépayser le lecteur de la langue cible, l’on peut utiliser la fonction contextuelle de Menmà qui, dans ce contexte, consiste à établir ou marquer une relation sociale entre les deux partenaires de communication. Un tel marqueur de la relation sociale ou de proximité entre les partenaires de communication en allemand pourrait par exemple être mein Freund, mein Kumpel ou mein Bruder. Si, guidé par la finalité de la traduction (skopos), le traducteur décide de traduire Menmà par mein Freund, mein Kumpel ou mein Bruder, on dira dans le cadre de l’évaluation de la traduction sur la base du skopos que son choix permet de reproduire la fonction contextuelle du texte source dans la traduction allemande. Analyse illustrative de Temps de chien de Patrice Nganang Dans la suite de cet article, nous utiliserons Temps de chien (2001) de Patrice Nganang pour illustrer les observations faites dans les sections précédentes au sujet de la fonction contextuelle et du rôle du skopos. Patrice Nganang est l’un des auteurs francophones camerounais les plus prolifiques. Son roman Temps de chien (ci-après abrégé TC ) paru en 2001 a notamment reçu deux distinctions prestigieuses, à savoir le Prix Littéraire Marguerite Yourcenar (2001) et le Grand Prix Littéraire d’Afrique Noire (2002). Nous commencerons par une présentation de la nature des éléments hétérolingues dans TC . Nous poursuivrons ensuite avec une illustration du skopos et de la fonction contextuelle avec des extraits tirés de a traduction allemande du roman, à savoir Hundezeiten (2003) de Gudrun et Otto Honke. Les éléments hétérolingues dans TC Les éléments hétérolingues identifiés dans TC relèvent des deux catégories décrites plus haut, à savoir les éléments hétérolingues explicites (pouvant être identifiés par un lecteur ordinaire, par exemple les mots ou expressions empruntés d’une autre langue) et les éléments hétérolingues implicites (qui nécessitent de la part du lecteur des connaissances linguistiques et culturelles, car très souvent cachés dans la langue d’écriture). 60 DOI 10.2357/ ldm-2020-0006 Dossier Éléments hétérolingues explicites dans TC Les éléments hétérolingues explicites peuvent être facilement identifiés par un lecteur ordinaire, c’est-à-dire non spécialiste ou averti. Ils sont en effet des emprunts directs des langues nationales camerounaises, de l’anglais, du Pidgin-English et du Camfranglais. Le lecteur les identifie comme étant des expressions, des mots ou des phrases tirés d’une langue autre que la langue principale du texte, en l’occurrence le français. Éléments hétérolingues tirés des langues nationales Exemple 1 Quand une fois par exemple, vers onze heures comme ça, un petit vieux poli entrant dans la cour de son bar lui demanda: « Menmà, you tcho fia ? » Massa Yo lui répondit indifférent : « Je mange la paix ? Si tu veux passer, passe tranquillement-o » (TC: 52; nous soulignons). L’élément hétérolingue explicite de cet extrait est tiré du Medùmba, une langue parlée à Bangangté dans la région de l’Ouest du Cameroun. Traduit littéralement, Menmà, you tcho fia signifierait „Fils de ta mère, as-tu la paix? “. Exemple 2 Regardez-moi un énergumène comme ça qui vient dans un bar comme celui-ci où les gens me respectent dire que c’est lui qui me gère, anti Zamba ouam. (TC: 80; nous soulignons). L’élément hétérolingue explicite anti Zamba ouam est une interjection et en même temps un juron tiré de la langue Béti parlée dans les régions du Centre et du Sud du Cameroun. Selon le contexte il peut être équivalent à „Oh mon Dieu! “ ou à „Je te le jure“. Exemple 3 À ce moment, une voix furieuse dit au-dessus de moi: „Kai wa lai! “ (TC: 261; nous soulignons). Il s’agit ici d’une interjection tirée du Fulfuldé, une langue parlée dans les régions du Nord du Cameroun. Elle est souvent utilisée pour exprimer le mécontentement, l’irritation ou la colère. Éléments hétérolingues tirés du Pidgin-English Exemple 1 En voilà une qui aura remis Massa Yo à sa place, me disais-je en jubilant. Et mon maître, lui, se retranchait dans son pidgin de crise, tout en déchirant sur son visage un sourire bleu: „Dan sapack i day for kan kan-o“ (TC: 64; nous soulignons). L’élément hétérolingue explicite Dan sapack i day for kan kan-o de cet extrait est emprunté du Pidgin-English, une lingua franca très utilisée dans les régions anglophones du Cameroun. Le terme Sapack fait référence à une prostituée en Pidgin- DOI 10.2357/ ldm-2020-0006 61 Dossier English camerounais. Traduit littéralement selon le contexte, Dan sapack i day for kan kan-o signifierait „Ces prostituées, il y en a de tout genre“. Exemple 2 Docta répondit au rire général par un silence brusque. Massa Yo quant à lui frappa une fois de plus le comptoir de son bar du plat de sa main et répéta, suffisamment fort pour que même la rue puisse l’entendre: „Ma woman no fit chasser me for ma long, dis-donc! Après tout, ma long na ma long! “ (TC: 97; nous soulignons). Dans l’extrait ci-dessus, on peut observer un mélange du Pidgin-English et du français dans la déclaration de Massa Yo. On observe à la fois des mots/ expressions tirés de l’anglais (woman), du français (chasser, dis-donc, après tout) et du pidgin (ma, no fit, long). En français, Ma woman no fit chasser me for ma long, dis-donc! Après tout, ma long na ma long! signifierait littéralement „Ma femme ne peut me chasser de ma maison, dis-donc ! Après tout, ma maison c’est ma maison“. Il faut cependant préciser qu’en fonction du contexte et de la situation de communication, woman pourrait désigner l’épouse, la concubine ou la petite amie. Exemple 3 La voix d’un autre exigeait, „Put oya soté, for jazz must do sous-marin“ et n’avait pas besoin de se redire (TC: 102; nous soulignons). L’élément hétérolingue explicite souligné est une phrase qu’on entend régulièrement lorsque des clients passent commande chez les vendeuses de beignets au Cameroun. Les beignets sont très souvent accompagnés de bouillie ou de haricots. C’est pourquoi le mot „jazz“ n’a rien à voir dans ce contexte avec la musique populaire américaine, mais est plutôt utilisé pour désigner un plat à base de haricots. Quant à oya et soté ils signifient respectivement „oil“ („huile“ en anglais) et „beaucoup/ jusqu’à“. La traduction littérale de l’élément hétérolingue souligné dans l’extrait ci-dessus pourrait donc être „Mettez beaucoup d’huile jusqu’à ce que le haricot en soit complètement recouvert“. Exemple 4 If he no fit tchop he moni, n’est-ce pas la mbock-là va l’aider? (TC: 312; nous soulignons) Dans les éléments hétérolingues soulignés ci-dessus, If he no fit tchop he moni peut être traduit littéralement par „S’il ne peut pas manger son argent“; tchop signifiant „manger“ et moni (de l’anglais „money“) signifiant „argent“. Mbock quant à lui est utilisé pour désigner une prostituée. Toute la phrase pourrait être donc traduite comme suit: „S’il est incapable de dépenser son argent, une prostituée peut bien l’y aider“. 62 DOI 10.2357/ ldm-2020-0006 Dossier Éléments hétérolingues tirés du Camfranglais Le Camfranglais est un parler très répandu au Cameroun. Il emprunte à la fois du français (langue prédominante), de l’anglais, du Pidgin-English et des langues nationales. Exemple 1 Voilà qu’à la pause, les lumières s’allument. Qui vois-je passer devant moi? Une ex-gô, accompagnée de son mari, le Directeur de l’Aéroport (TC: 93; nous soulignons). Le mot gô tiré du Camfranglais peut signifier „épouse“, „petite-amie“, „fiancée“, „fille“ ou „femme“ selon le contexte et en fonction de la personne qui l’utilise. Dans ce contexte, le sens utilisé est celui de „petite-amie“. Exemple 2 Il était bolè, un point un trait; même pas seulement grillé, non: brûlé vif (TC: 311; nous soulignons). Dans cet extrait, bolè et grillé sont presque des synonymes, le second étant utilisé dans ce contexte comme superlatif. Tous deux peuvent signifier „terminé, anéanti, sans substance“. Exemple 3 Je saurais bientôt que la vendeuse d’oranges avait demandé au gosse de poser à son tchatcheur lâche la seule question qui vaille pour lui dans nos rues animées […] (TC: 322-323; nous soulignons). Tchatcheur est utilisé en Camfranglais pour désigner un bon séducteur, un don Juan, comme c’est le cas dans cet extrait. Éléments hétérolingues implicites dans TC Contrairement aux éléments hétérolingues explicites, les éléments implicites exigent de la part du lecteur une connaissance du paysage linguistique et socioculturel du Cameroun. Dans le cas de Temps de chien, les éléments hétérolingues implicites se fondent dans le français standard, mais sont en réalité des traductions littérales d’expressions tirées des langues nationales camerounaises, des modifications du sens de certains mots ou expressions de la langue française, et des néologismes. Exemple 1 En avril 1989, Massa Yo fut compressé (TC: 18; nous soulignons). En français, le verbe „compresser“ est normalement utilisé pour désigner l’action de presser pour rendre plus compact ou, en informatique, le fait de réduire la taille de DOI 10.2357/ ldm-2020-0006 63 Dossier mémoire occupée par un fichier. Dans le contexte du français camerounais tel qu’utilisé dans cet extrait, un nouveau sens est attribué à ce verbe pour désigner le fait d’être „licencié“. Exemple 2 Je voyais Massa Yo sorti de sa misère. Je le voyais assis une fois de plus dans l’opulence fonctionnaire du mangement (TC: 24; nous soulignons). Dans l’extrait ci-dessus, on peut observer la présence d’un néologisme, à savoir mangement. Il s’agit d’un terme courant du français camerounais pour décrire les pratiques de corruption des agents de l’État. Un fonctionnaire du mangement dans ce contexte est donc un agent de l’État qui profite de son poste pour s’enrichir illicitement grâce à la corruption ou aux détournements des deniers publics. Exemple 3 […] moi, Mboudjack, je n’allais pas me laisser humilier par leurs insinuations sans montrer mes crocs. En fait, je tapai mon corps pour rien (TC: 26; nous soulignons). Avec cet extrait, nous pouvons observer un cas typique d’éléments hétérolingues implicites, Je tapai mon corps pour rien. Cette phrase qui semble pourtant correcte en français est en fait une traduction littérale d’une expression couramment utilisée dans certaines langues nationales camerounaises (comme le yemba et le medùmba). L’idée ici n’est pas que le narrateur se soit frappé lui-même, mais plutôt que les efforts qu’il fournissait étaient inutiles. Taper son corps pour rien signifie donc „fournir des efforts inutiles ou se faire du souci inutilement“. Exemple 4 Un jour, je l’entendis confesser à mon maître: „Je n’aime pas ce type. Il met toujours ses gros yeux dans les choses qui ne le regardent pas et ne dit jamais rien“ (TC: 158; nous soulignons). Comme dans l’exemple précédent, Il met toujours ses gros yeux dans les choses qui ne le regardent pas ne doit pas être compris au sens littéral. Cette expression est une traduction littérale d’une expression populaire utilisée dans certaines langues nationales camerounaises pour décrire quelqu’un qui se mêle de tout, surtout ce qui ne le concerne pas. C’est l’équivalent de l’expression française „fourrer son nez dans les affaires d’autrui“. Exemple 5 Mais que voulez-vous ? La chicherie va tuer des gens dans ce quartier. Au lieu de donner sa part, il fait le frein à main (TC: 181; nous soulignons). Le mot chicherie est ici un néologisme pour dire „chicheté“ ou „avarice“. L’expression faire le frein à main est utilisée en français camerounais pour désigner une personne avare. L’expression est née des freins à main des voitures qu’on actionne en tirant le levier vers soi pour les immobiliser. Une analogie est ainsi faite avec une personne 64 DOI 10.2357/ ldm-2020-0006 Dossier avare qui a tendance à vouloir toujours tout recevoir des autres sans jamais rien donner en retour. Illustration de la fonction contextuelle et du skopos Les exemples ci-dessous présenteront à la fois des extraits de Temps de chien ( TC ) et leurs traductions tirées de la version allemande Hundezeiten ( HZ ). Il convient cependant de préciser que les observations faites dans le cadre du présent article au sujet du skopos et de la fonction contextuelle ne correspondent peut-être pas à la démarche adoptée par les traducteurs allemands. Toutefois, les extraits d’une traduction existante peuvent servir à illustrer notre propos. Exemple 1: Finalité = rapprocher le public cible du texte source Français Allemand „Dégage-moi ça, njou njou Calaba! “ disait-il parfois aussi (TC: 19; nous soulignons). „Hau bloß ab hier, njunjukalaba! “, brüllte er dann (HZ: 14; nous soulignons) Je dis aux chiens du quartier, étonnés que je ne les quitte pas à la tombée de la nuit, que je voulais simplement tester leur mode nangaboko de vie pour mieux les comprendre (TC: 19; nous soulignons). Den Hunden aus dem Viertel, die verblüfft waren, dass ich sie bei Anbruch der Nacht nicht verließ, erzählte ich, ich wolle ihre Lebensweise als nangaboko ausprobieren, um sie besser zu verstehen (HZ: 15; nous soulignons). A bo dzé-a, dit une chienne borgne qui s’était jointe à l’étonnement et à l’amusement du chien galeux. Tu vas devenir comme nous (TC: 22; nous soulignons). „A bo dzé-a“, rief eine einäugige Hündin, die sich dem Erstaunen und Amüsement des Räudigen angeschlossen hatte. „Bald bist du wie wir! “ (HZ: 1; nous soulignons). Le petit vieux secoua sa tête et ajouta : „Menmà, faire un gosse ne suffit pas pour se dire père, hein! “ (TC: 160; nous soulignons) Der kleine Alte schüttelte den Kopf: „Menmà, ein Kind zu zeugen genügt nicht, um sich Vater zu nennen, oder? “ (HZ: 125; nous soulignons) Dans les quatre extraits précédents, nous constatons qu’en empruntant les éléments hétérolingues du texte source, à savoir njou njou Calaba, nangaboko, A bo dzé-a et Menmà, la finalité de la traduction est atteinte si elle consistait à exposer le lecteur allemand à la réalité linguistique et culturelle du texte source. Ces emprunts peuvent pousser le lecteur de la version allemande à davantage s’intéresser aux réalités linguistiques et socioculturelles du Cameroun. DOI 10.2357/ ldm-2020-0006 65 Dossier Exemple 2: Finalité = ne pas dépayser le lecteur de langue cible Français Allemand Un homme plus compatissant que Massa Yo s’approcha du malheureux et lui demanda: „Tara, ils t’ont compressé? “ (TC: 70; nous soulignons) Einer, der mehr Mitgefühl aufbrachte als Massa Yo, näherte sich dem Unglücklichen und fragte: „Kumpel, haben sie dich gefeuert? “ (HZ: 55; nous soulignons) „Dis-nous Tara, tu l’as finalement win? “ (TC: 131; nous soulignons) „Sag uns, Kumpel, hast du sie endlich rumgekriegt? “ (HZ: 103; nous soulignons) Je les entendis s’écrier terrifiés, et je vis bientôt un puis deux puis trois puis quatre puis tous les chiens venir vers moi. Ils m’encerclèrent comme pour me siscia (TC: 137; nous soulignons). Ich hörte sie vor Schrecken aufschreien und sah im selben Moment einen, dann zwei, dann drei, dann vier, dann alle Hunde auf mich zulaufen. Sie kamen bedrohlich näher […] (HZ: 1; nous soulignons). Chômecam était son royaume, et le bar de mon maître était l’espace de définition (TC: 156; nous soulignons). Das Kamerun der Arbeitslosen war sein Reich, die Kneipe meines Herrn der Ort seiner Definition (HZ: 122; nous soulignons). Si la finalité de la traduction est de rendre le texte cible le plus naturel possible pour le lecteur de la langue cible, de sorte qu’il n’ait pas l’impression de lire un texte traduit en sa langue, la traduction peut privilégier des stratégies comme l’adaptation ou l’équivalence. En cas d’indisponibilité de ressources linguistiques équivalentes dans la langue cible, la fonction contextuelle est privilégiée, comme c’est le cas dans les exemples précédents. Dans les deux premiers extraits par exemple, on peut constater que tara a été traduit par sa fonction contextuelle, à savoir la proximité, laquelle est reproduite dans le terme Kumpel. Dans le troisième extrait, le terme siscia emprunté du Camfranglais pour dire „intimider“ ou „menacer“ est traduit par bedrohlich („menaçant“), tandis que chômecam, un néologisme pour décrire la situation de chômage au Cameroun, est traduit de manière explicative par Kamerun der Arbeitslosen („le Cameroun des chômeurs“). On peut constater dans tous ces exemples que la fonction du texte source est bien reproduite par la traduction. Exemple 3: Finalité = conserver les réalités des deux contextes linguistiques Français Allemand „Menmà, you tcho fia? “ Massa Yo lui répondit indifférent: „Je mange la paix? Si tu veux passer, passe tranquillement-o“ (TC: 52; nous soulignons). „Menmà, you tscho fia? - Sohn deiner Mutter, hast du Frieden? “ Massa Yo antwortete ihm gleichgültig: „Lebe ich von Frieden? Wenn du in meine Kneipe willst, gut - dann aber ruhig und fried-lich! “ (HZ: 40; nous soulignons) 66 DOI 10.2357/ ldm-2020-0006 Dossier La voix de la Panthère dit: „Mbe ke di? Ou mbe ke di? C’est vous qui construisez le Cameroun assis derrière votre jobajo? “ (TC: 133; nous soulignons) Die Stimme des Panthers schallte herüber: „Mbe ke di? Ou mbe ke di? Was erzählst du da? Ihr baut wohl Kamerun auf, indem ihr hinter eurem Jobajo sitzt, oder? “ (HZ: 104; nous soulignons) D’ailleurs, bak a yùn si cet enfant ne va pas te dépasser (TC: 160-161; nous soulignons). Im Übrigen, bak a yùn, wir werden ja sehen, ob das Kind nicht eines Tages schlimmer wird als du (HZ: 125-126; nous soulignons). D’ailleurs, ne change pas de sujet. Je t’ai déjà dit: ma din wa. Je sais que tu n’aimes que l’argent, mais moi je t’aime (TC: 285; nous soulignons). Und wechsele im Übrigen nicht das Thema. Ich habe es gesagt: Ma din wa - ich liebe dich! Ich weiß, dass du nur das Geld liebst, aber ich, ich liebe dich (HZ: 225; nous soulignons). Si la finalité de la traduction est d’exposer le lecteur de la langue cible aux réalités linguistiques et culturelles du texte source sans pour autant le dépayser, des stratégies d’emprunt associées à la traduction explicative peuvent être utilisées comme on peut l’observer dans les exemples ci-dessus. Conclusion La littérature africaine francophone est très souvent caractérisée par son hétérolinguisme qui, comme nous l’avons pu observer dans cet article, pose un bon nombre de problèmes aussi bien pour le lecteur que le traducteur. Si la tendance générale observée dans la littérature sur la traduction des éléments hétérolingues dans le roman francophone africain est celle de leur conservation dans les traductions pour en préserver l’africanité, nous avons voulu montrer ici que les décisions de traduction visant les éléments hétérolingues doivent être régies par le skopos, c’est-à-dire la finalité assignée à la traduction. Nous avons également pu démontrer qu’en fonction de la finalité de la traduction, on pouvait aboutir à des décisions et des stratégies de traduction différentes qui, à leur tour, aboutiraient à des résultats de traduction différents. Dans le cas d’une traduction effective des éléments hétérolingues, dont la finalité serait de ne pas dépayser le lecteur de la traduction, la fonction contextuelle des éléments hétérolingues a été établie comme une solution idéale surtout en cas d’intraduisibilité ou de non-équivalence. Baker, Mona, In other words. A coursebook on translation, London, Routledge, 1992/ 2011. Bandia, Paul F., „On Translating Pidgins and Creoles in African Literature“, in: TTR: traduction, terminologie, rédaction, 7 (2), 1994, 93-114. d’Almeida, Irene, „Literary Translation. The Experience of Translating Chinua Achebe’s Arrow of God into French“, in: Babel, 27 (1), 1981, 24-28. 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Ses idées constituent les bases des modèles et théories de traduction développées par Gerzymisch-Arbogast (2008). 2 La publication de la Vulgate par Saint Jérôme (395) a entraîné en son temps une vague de critiques contre Saint Jérôme qui était alors accusé d’avoir produit une traduction incorrecte de la Bible qui s’écartait largement des traductions antérieures. Ces critiques et les débats qui s’en sont suivis ont fondé en traductologie la base de la dichotomie „mot pour mot“ contre „sens pour sens“, laquelle définit encore aujourd’hui les deux principales tendances en matière de stratégies de traduction, à savoir la foreignisation (c.-à-d. le rapprochement 68 DOI 10.2357/ ldm-2020-0006 Dossier du lecteur de la traduction vers la culture source) et la domestication (c.-à-d. le rapprochement de la culture source vers lecteur de la traduction) (cf. Schleiermacher 1992, Venuti 1995). 3 La fonction contextuelle est une nouvelle approche que je propose (Kembou 2019) pour l’analyse et la traduction des textes hybrides. La méthodologie développée à cette fin, la Hybrid Extrastructuralisms Analysis and Translation (HEAT) Model, est présentée de manière détaillée dans l’ouvrage Understanding and Translating Hybrid Texts: A Methodological Approach based on Cameroonian Literature.
