lendemains
ldm
0170-3803
2941-0843
Narr Verlag Tübingen
10.2357/ldm-2020-0024
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2020
45178-179
Causes et conséquences d’une immigration comorienne vers Mayotte
121
2020
Nassur Attoumani
ldm45178-1790069
DOI 10.2357/ ldm-2020-0024 69 Dossier Nassur Attoumani Causes et conséquences d’une immigration comorienne vers Mayotte „Que le Colon Dégage! “ / „M’colo Nalawe! “ - est l’un des slogans phares badigeonnés à la peinture blanche dans plusieurs rues de Moroni, le chef-lieu du Territoire des Comores, dès 1972. Durant cette période hostile contre la France orchestrée par le gouvernement comorien, à Mayotte, une seule banderole est déployée à l’occasion de chaque défilé d’une fête nationale française ou d’une visite officielle métropolitaine sur la terre mahoraise: „Nous voulons rester Français pour être libres“. À cette époque, Younoussa Bamana, l’un des cinq députés historiques de Mayotte à l’Assemblée territoriale des Comores qui en comptait trente et un, s’insurge et déclare: „On ne veut pas de votre indépendance à la con“ (Carayol 2007: 41). Qu’à cela ne tienne, „le 6 juillet 1975, le président du Conseil de Gouvernement Ahmed Abdallah proclame à Moroni l’indépendance unilatérale des Comores“ (Klotchkoff 1989: 66). Hué à cette occasion et traité de colonialiste noir par ses pairs grands-comoriens, anjouanais et mohéliens, le député mahorais qui ne mâchait jamais ses mots leur lance une prophétie cinglante: „Vous verrez, dans vingt ans, vous viendrez mendier chez moi“ (Carayol 2007: 42). Malheureusement, pour les Comoriens coincés dans leurs îles natales, il n’a pas fallu attendre vingt ans, c’est-à-dire l’entrée en vigueur du „visa Balladur“ en 1995 pour que chassés par la misère populaire et la corruption de leurs dirigeants, des milliers d’indigents ne se précipitent quotidiennement en masse vers cette île française qui sert aujourd’hui encore de bouée de sauvetage à toute cette région sinistrée par des indépendances chaotiques. Pour savoir par quelles étapes Mayotte est devenue un pont-levis entre le Canal de Mozambique et l’Europe, il nous faut d’abord remonter le temps. Afin de mieux cerner les causes et les conséquences d’une immigration comorienne vers Mayotte, notre exposé débutera donc par un rappel historique succinct de l’archipel des Comores avant 1946. Nous dresserons ensuite un état des lieux de ce territoire d’outremer lors de l’indépendance en 1975 et nous verrons après l’évolution de Mayotte de 1975 à nos jours. Nous conclurons notre exposé sur l’état social de Mayotte en 2018. 1. L’archipel des Comores avant 1946 Pour la classe politique, les Mahorais sont et resteront pour toujours des vassaux des Grands-Comoriens et des Anjouanais. C’est la première raison pour laquelle, dès 1975, ils ne cessent de revendiquer la souveraineté de la République Islamique des Comores sur l’île de Mayotte. Contrairement aux afflictions affichées par le bloggeur comorien Mabadi Ahmédali du Collectif de défense de l’intégrité et de la souveraineté des Comores qui soutient que „[s]i l’unité des quatre îles était déjà scellée dans les années 1513; la France 70 DOI 10.2357/ ldm-2020-0024 Dossier coloniale l’avait reconnue […]“ (Ahmédali 2015), c’est la Loi Lamine Gueye du 7 mai 1946, entrée en vigueur le 1 er juin 1946, qui étendait la citoyenneté française à tous les habitants des colonies. Après avoir été constamment agressée respectivement par les sultanats de la Grande-Comore, d’Anjouan et de Mohéli - à tel point que les historiens ont surnommé les Comores L’Archipel aux sultans batailleurs (Faurec 1970) -, après avoir vu sa capitale incendiée par des pirates européens, après avoir subi une succession de razzias malgaches qui ont laissé exsangue sa population, Mayotte a demandé, par le truchement du sultan Andrian-Souli, un usurpateur malgache, à la France de la protéger. 1 C’est ainsi que l’île a été vendue au roi des Français, Louis Philippe, en 1841. L’acte de vente était paraphé par Pierre Passot, capitaine d’infanterie de marine française et futur Commandant de Mayotte, et Andrian-Souli. Ce n’est que quarante-cinq ans plus tard que la reine Salima Machamba cédera Mohéli à la France en 1886. Le sultan Saïd Omar Ben Saïdi Hasan cédera ensuite Anjouan à la France en 1886 et le sultan Saïd Ali Ben Saïd Omar en fera de même pour la Grande-Comore en 1886. Les dates d’annexion à la France de chacune des îles de l’archipel des Comores, étalées sur une période de quarante-cinq années, sont la preuve évidente que chaque sultan gérait la destinée de sa population indépendamment de ses trois autres voisins. Les Comores ont d’indéniables affinités linguistiques, culturelles, religieuses, mais comme le fit remarquer Hubert Deschamps dans les colonnes du Monde, elles sont devenues françaises par quatre traités distincts en 1841 et 1886. Elles n’ont jamais eu d’unité politique avant le statut de Territoire d’Outre-Mer de 1946 (et encore il s’agit d’une unité administrative) […] (Martin 2010: 134). L’historien Jean Martin souligne d’ailleurs: Pour la première fois dans son histoire, l’archipel formait une entité administrative distincte. Il n’était plus une province de Madagascar (ce qu’il était depuis 1912), ni un ensemble hétérogène regroupant une colonie (Mayotte) et trois protectorats, ce qu’il avait été de 1886 à 1912 (ibid.: 120). En effet, douze ans après l’unification politique de l’archipel des Comores, contre l’avis unanime des représentants mahorais, sous la houlette du député grand-comorien Saïd Mohamed Cheikh à l’Assemblée Nationale, l’Assemblée Territoriale des Comores votait le transfert de la capitale de Dzaoudzi, à Mayotte, vers Moroni, en Grande-Comore, le 14 mai 1958. Pour les Mahorais, avec cette signature, les Grands-Comoriens avaient franchi la ligne jaune. Cet acte signait la sécession irréversible de Mayotte contre le couple Grande-Comore/ Anjouan, plaie ouverte qui n’allait jamais plus cesser de se gangréner et qui a abouti à l’amputation de „la quatrième patte de la vache comorienne“, comme disait souvent Ahmed Abdallah, le père de l’indépendance comorienne (cf. Houpert 2018). DOI 10.2357/ ldm-2020-0024 71 Dossier 2. État des lieux des Comores avant 1975 2.1 Linguistique De toutes les colonies françaises de l’océan Indien occidental, Mayotte est la seule qui présente un cas linguistique unique, car original. Même si globalement les langues vernaculaires des quatre îles sont assez proches, le shicomori, c’est-à-dire la langue comorienne en tant qu’entité linguistique homogène, n’existe pas. Le préfixe „shi“ signifie „à la manière de“. Et si „shi“ précède le nom d’un pays par exemple „shi-Farantsa“, cela signifie „à la manière de la France“, donc le français ou la langue française. Aux Comores, pour désigner les îles, les noms vernaculaires sont N’gazidja (la Grande-Comore), Mwali (Mohéli), Ndzuwani (Anjouan) et Maore (Mayotte). À ce sujet, l’ethnologue Sophie Blanchy explique: Il y a intercompréhension facile entre le shimahorais et le shindzuwani et moins facile entre les deux groupes (shimahorais-shindzuwani et shimwali-shingazidja), surtout pour les Mahorais qui n’ont jamais voyagé entre les îles (Gohin/ Maurice [ed.] 1992: 75). Quoi que soutiennent les intellectuels et les politiciens de la Grande-Comore et d’Anjouan, le lexique du shingazidja et le lexique du shimahorais sont complètement différents à bien des égards: A - Famille français shimahorais shingazidja la famille udjama wanɗuhuzi le grand-père ƃakoko mbaye la mère mama mdzadze l’oncle zama mdjomba mon frère mwananyangu mtruƃaƃa Mwanam’me wahangu B - Les chiffres français shimahorais shingazidja deux milles alifu mbili zihwi zili cinq cents hamsu miya madjana matsano soixante-dix saƃwini mengo mfukare six sita ndraɗaru 72 DOI 10.2357/ ldm-2020-0024 Dossier C - Conversation ordinaire français shimahorais shingazidja Comment t’appellestu? wawe uhirwa mbani? we uparwa nɗo? que veux-tu? utsaha trini? ngwandzo hindri? où vas-tu? usendra havhi? ngwenɗo ɗahu? je t’aime nisuhuvhendza ngamuhwandzo En Grande-Comore et à Mayotte, même les danses des célébrations des mariages sont différentes. Sur les 71 villages que compte Mayotte lors de la consultation du 22 décembre 1974, 2 moins d’un dixième utilisent le shingazidja et chacun pour un tiers le shindzuwani, le shibushi ou kibushi et le shimahorais comme langue maternelle. 3 En revanche à Ngazidja, il n’existe que des villages de langue grand-comorienne et à Ndzuwani, il n’existe que des villages de langue anjouanaise. Contrairement à ceux qui traitent les Mahorais de xénophobes et qui affichent que les Comoriens partagent une langue maternelle commune, le shicomori, cette photographie linguistique montre que dans les trois îles indépendantes comoriennes, le plurilinguisme n’existe que parce que le français est la langue officielle et que chaque île a sa propre langue maternelle. Le français est également la langue officielle du département mais de plus, Mayotte compte quatre langues vernaculaires car elle a toujours été une terre d’accueil exceptionnelle pour tous ses voisins alors que la réciprocité n’a toujours été que très superficielle. En dehors de la République de Madagascar, le sakalava - langue parlée de Tuléar à Diégo Suarez - est utilisé aussi à Mayotte sous le vocable kibushi. 2.2. Main basse sur le patrimoine foncier mahorais Durant l’époque coloniale, la France instaure l’impôt per capita appelé aux Comores ‚latété‘. Jusqu’en 1966, cet impôt par tête reste une épée de Damoclès au-dessus de la tête de chaque homme majeur. Ceux qui n’arrivent pas à s’en acquitter sont condamnés arbitrairement jusqu’à trois mois de prison ferme. Durant leur incarcération, ils sont souvent employés dans les chantiers d’intérêt public. Cette période coïncide avec le déclin des grandes sociétés agricoles de Mayotte, une île dont la superficie n’est que de 376 km 2 . „Le domaine de Soulou est en faillite depuis 1938“ (Martin 2010: 122) et l’usine sucrière de Dzoumogné ferme en 1955. „Les vastes domaines coloniaux qui se trouvaient en liquidation à Mayotte, étaient démembrés et mis en vente par gros lots“ (ibid.). Dépourvus de moyens financiers conséquents, les Mahorais n’étaient pas en mesure de rivaliser avec les riches commerçants et parlementaires anjouanais. Et c’est ainsi que Ahmed Abdallah, négociant cossu, président du Conseil Général depuis 1950 […] se rendait acquéreur de 300 ha à Miréréni. Mohamed Ahmed, gouverneur autochtone d’Anjouan depuis 1948, puis membre du Conseil Économique et Social, avait acquis 200 ha à Longoni. Ahmed Abdou, fonctionnaire anjouanais, un temps receveur des Domaines à Mayotte, et qui était DOI 10.2357/ ldm-2020-0024 73 Dossier comme tel bien informé des transactions financières, était devenu propriétaire d’une vaste partie de l’ancienne concession de Kawéni (ibid.). Et la liste n’est pas exhaustive. Ces nouveaux propriétaires terriens „encouragèrent l’immigration à Mayotte de paysans anjouanais pauvres venus de la cuvette ou des régions escarpées du centre de l’île […]“ (ibid.). Jusqu’à la fin des années 1960, Mayotte était considérée comme le grenier à riz des Comores car on y cultivait abondamment du riz de montagne: le paddy. Mayotte offrait donc subitement à cette population qui vivait en autarcie dans des conditions parfois de paupérisation absolue, l’occasion de manger enfin à sa faim et de s’habiller enfin avec décence. Ayant commencé sa carrière professionnelle comme instituteur à Moya dans l’île d’Anjouan en 1957, Younoussa Bamana connaissait parfaitement cette nouvelle population qui débarquait de l’arrière-pays anjouanais dans son île natale, boutre après boutre. Il dénonçait d’ailleurs cette immigration en des termes peu élogieux. Il disait: „Avant ici, il y avait des riches Anjouanais. Aujourd’hui, ce sont les gens de peu qui viennent, poussés par la misère“ (Carayol 2007: 44). Aujourd’hui encore, la surpopulation anjouanaise concentrée entre autres dans le Nyumakélé, l’une des régions les plus densément peuplées et pauvres, est également l’une des causes essentielles de cette émigration massive vers Mayotte. Le député Mansour Kamardine apporte, à ce sujet, un éclairage fort intéressant. Ils [les Anjouanais] sont presque majoritaires dans chacune des trois autres îles de l’archipel, à la Grande-Comore, à Mayotte et à Mohéli. Combien avez-vous de citoyens originaires des autres îles installés à Anjouan? Aucun! Un jour de passage sur cette île, j’ai posé cette question à une connaissance de là-bas. Elle me répondit „parce que nous sommes surpeuplés ici“ (Kamardine 2008: 226). 2.3. Mayotte, le nouvel Eldorado des Comores Après la proclamation de l’indépendance, une première vague de migrants anjouanais se sont réfugiés à Mayotte, suite au coup d’État d’Ali Soilihi survenu le 3 août 1975. Des étudiants ont même détourné un avion pour arriver à Mayotte. Sous l’ère d’Ali Soilihi surnommé ‚Mongozi‘, c’est-à-dire le Redresseur, chaque travailleur percevait un salaire mensuel. Aussi minime qu’il pût être, le salaire tombait régulièrement. Avec l’élimination physique d’Ali Soilihi qui a entériné le retour d’Ahmed Abdallah à la tête de la République Islamique des Comores, la prévarication des ministres et des hauts fonctionnaires était devenue le sport national. Même les enseignants se retrouvaient avec plusieurs mois d’arriérés de salaires. Beaucoup ont soit démissionné, soit ouvert des écoles privées en parallèle, soit émigré à Mayotte. Après les cyclones Kamisy et Féliksa qui ont ravagé Mayotte successivement en 1984 et 1985, le Conseil Général de Mayotte s’est donné les moyens de reconstruire les infrastructures de l’île. Des établissements scolaires, des dispensaires de 74 DOI 10.2357/ ldm-2020-0024 Dossier brousse, une nouvelle maternité, des routes pour désenclaver l’ensemble des villages de l’île, l’électrification rurale, la résorption de l’habitat insalubre, l’installation d’une régie de télévision ont contribué à modifier le visage de Mayotte qui, du temps du Territoire des Comores administré par Moroni, ne comptait que 24 km de route bitumée en Grande-Terre et 3 km en Petite-Terre. De plus, le Conseil Général de Mayotte décide de mettre en place le Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance ( SMIC ). Même s’il n’était que de 240 francs français en 1986 à Mayotte - vrai progrès d’ailleurs - aux Comores, on utilisait toujours le franc CFA et l’instauration d’un salaire minimum n’existait pas. Comme la scolarité et les soins médicaux étaient entièrement gratuits, contrairement à Moroni en Grande-Comore ou à Hombo à Anjouan où il fallait d’abord payer avant d’être vu par un médecin, les Anjouanais ont encore une fois rejoint massivement Mayotte pour profiter de ces offres gratuites. Dans tous les villages de Mayotte, chaque jour, on voyait débarquer en kwassa-kwassa ces laissés-pour-compte qui engorgeaient les services sanitaires et les maternités et dont les enfants venaient grossir les rangs scolaires à tel point que la population locale prenait ces arrivées massives pour une invasion programmée par les autorités de Moroni. Les élus de Mayotte sont alors montés au créneau en rappelant aux gouvernements français le combat initial des Mahorais qui est „Nous voulons rester Français pour être libres“. Ils ont donc exigé l’instauration d’un visa pour entrer sur le sol français de Mayotte puisque les Comores étaient de facto un pays étranger avec un drapeau qui n’était plus Bleu-Blanc-Rouge et un hymne national qui n’était plus La Marseillaise. C’est ainsi qu’en 1995, lors de sa visite à Mayotte, Édouard Balladur, alors Premier Ministre de Jacques Chirac, a répondu favorablement au vœu des Mahorais en mettant en place le visa qui porte son nom et que les Comoriens surnomment avec condescendance „Le visa de la mort“. Afin de juguler ces entrées massives irrégulières, la France installe des radars, même s’ils ne fonctionnent pas toujours. Pour éviter d’être contrôlés par la PAF - la Police de l’Air et des Frontières - à l’occasion de leur départ à Mayotte, les clandestins n’empruntaient plus la Ville de Sima ni le Tratringa, deux petits caboteurs qui reliaient Moroni à Madagascar en déposant son lot de sans-papiers à Dzaoudzi. Désormais, les candidats à l’exil - et non pas des gens qui visitent leurs familles à Mayotte comme soutiennent certaines personnes intellectuellement malhonnêtes - embarquaient à bord de Japawa, à leurs risques et périls. Ce sont les Japonais qui sont à l’origine de cette embarcation en fibres de verre qui était destinée à aider les pêcheurs comoriens en remplacement du n’galawa, c’est-à-dire la pirogue traditionnelle grand-comorienne. Japawa est donc un néologisme formé de Japan et n’galawa. Conçu pour sept personnes, l’esprit du japawa a été transformé par les passeurs. Cette fois-ci, il ne s’agissait plus de pêcher du poisson mais d’amasser quarante à cinquante clandestins pour une destination unique appelée par les doubles nationalités, c’est-à-dire les Franco-comoriens, ‚l’île comorienne de Mayotte‘. DOI 10.2357/ ldm-2020-0024 75 Dossier Les Mahorais ont rebaptisé le japawa en kwassa-kwassa, une danse congolaise qui faisait fureur dans les années 1980, où il fallait faire preuve d’un déhanché exceptionnel imitant le balancement frénétique de ces frêles embarcations malmenées en permanence par la houle. Depuis que des constructeurs de kwassa-kwassa ont investi dans ce business ultra lucratif, les 70 km qui séparent ou qui relient - suivant la position politique du locuteur - Anjouan à Mayotte sont devenus le plus grand cimetière marin de l’océan Indien occidental. Dans un article publié le 2 août 2018 intitulé „À Domoni, on construit des bateaux pour filer vers Mayotte“, Bruno Minas s’entretient avec Soundi Abdoulatuf, un pionnier de la construction navale à Domoni. Ce dernier explique avec fierté: „Je vends des bateaux, ce que mes clients en font n’est pas mon problème […]. La destruction? Pour dire la vérité, cela m’arrange! Là-bas [à Mayotte], plus on en détruit, plus j’en fabrique, c’est comme ça“, ajoute-t-il (Minas 2018). En vérité, la construction de ces cercueils de la mer reste un vrai filon financier à Domoni puisqu’un kwassa-kwassa coûte entre 1300 et 1400 € auxquels il faut ajouter le prix du moteur qui est, selon Soundi Abdoulatuf, deux fois plus élevé. On compte au minimum six à sept traversées par jour qui atteignent les rives de Mayotte. Dans des conférences et des pétitions, le bloggeur comorien Mabadi Ahmédali continue à marteler que le „visa Balladur est un mur de la honte érigé par la France coloniale, sous complicité européenne, au large de Mayotte“ (Ahmédali 2015). Du point de vue de Mayotte, par contre, ce sont plutôt les Comoriens euxmêmes qui tuent délibérément leurs propres compatriotes par cupidité et qui cachent leur propre responsabilité en accusant „le visa Balladur“ et la France. Dans son roman intitulé Mayotte. Des poissons à chair humaine, Frédéric de Souza, ex-Consul de France à Anjouan chargé de mettre en place un nouveau système de visas entre Anjouan et Mayotte, relate clairement ce mouvement de population comorienne qui déserte sa république pour atteindre l’eldorado français: Pendant que les Français surveillent leurs aéroports, leurs grands ports et leurs frontières métropolitaines pour combattre l’immigration, les clandestins débarquent par vagues à Mayotte, soit pour y rester soit pour ensuite se diriger vers la Réunion. Bien entendu, Marseille et Paris restant l’objectif final (de Souza 2014: 90). Pour les politiciens comoriens, la cause immanente de la revendication de Mayotte sur les ondes publiques, les réseaux sociaux, les meetings politiques reste un préalable incontournable et impératif pour avoir une chance d’obtenir un mandat électif ou un poste ministériel. Même si Paris tend à fermer les yeux sur cette mascarade mise en œuvre par la diaspora comorienne immigrée dans l’hexagone, les Mahorais, seuls vrais concernés par cette déstabilisation agressive et permanente, ne l’entendent pas de cette oreille. À ce propos, dans sa revue de presse du 11 mai 2018, Emmanuel Tusevo reproduit le communiqué du Député Les Républicains, Mansour Kamardine: 76 DOI 10.2357/ ldm-2020-0024 Dossier Trop longtemps notre diplomatie s’est montrée faible en répondant positivement aux lubies comoriennes, comme c’est le cas avec le projet de ‚Communauté de l’archipel‘ en lieu et place d’une véritable coopération. Désormais, la fermeté et la persévérance doivent guider notre diplomatie, y compris en suspendant l’ensemble des appuis politiques français (Tusevo 2018). Pour clore ce volet sur les causes occultées de cette violation territoriale du second département français de l’océan Indien, rappelons que la plus grande motivation des migrants est la perspective d’avoir un enfant né sur le sol français de Mayotte pour accéder à une carte de séjour, même si les cartes de séjour délivrées par la Préfecture de Mayotte ne sont que des autorisations de circuler à Mayotte, ce qui exacerbe les élus et les associations qui défendent les intérêts de Mayotte. Cependant, bien qu’un visa soit requis pour se rendre en métropole ou dans un autre département d’outre-mer, cette carte de séjour est le verrou indispensable car primordial pour ouvrir le portail de la nationalité française et par conséquent de l’Union Européenne. 3. Les conséquences désastreuses d’une immigration anarchique 3.1. État des lieux en 1975/ 76 Après l’indépendance unilatérale des Comores, les quelques fonctionnaires et instituteurs grands-comoriens et anjouanais encore en poste à Mayotte rentrent tous dans leurs îles respectives. En 1975, Mayotte devient alors un territoire sevré d’enseignants et de forces vives. En 1976, Paris nomme Jean Coussirou, Préfet Représentant du Gouvernement chargé de l’administration de Mayotte de 1976 à 1978. En remplaçant le franc CFA , toujours en vigueur aux Comores, par le franc français à Mayotte dès 1976, la France lance un message explicite très fort au Gouvernement comorien. Le divorce est à ce moment-là définitivement consommé. 1977 voit également la création du Conseil Général et des 17 communes de la désormais Collectivité Territoriale de Mayotte. Pour la première fois depuis 1841, Mayotte est représentée au niveau national par des Mahorais et non plus par des métropolitains, des Malgaches, des Anjouanais ou des Grands-Comoriens. Le député, le sénateur et le conseiller économique et social sont tous les trois des Mahorais de Mayotte. Ils représentent la collectivité de Mayotte dans les instances décisionnelles parisiennes. 3.2. Mayotte, la patrie des sans-papiers Après les énormes cyclones de 1984 et 1985, Mayotte reste à reconstruire. C’est ainsi que la route, l’électricité, l’eau courante, le téléphone, l’école de la République, les dispensaires arrivent dans chaque village. En 1986, la télévision fait son apparition en Petite-Terre et en zone urbaine seulement. De plus, l’enseignement et les soins à l’hôpital sont gratuits. DOI 10.2357/ ldm-2020-0024 77 Dossier En 1995, soit après vingt années d’indépendance, aux Comores, le niveau alimentaire, sanitaire, scolaire et social est au bord de l’abîme et il ne cesse de se détériorer. Victime de toutes ses infrastructures nouvelles, Mayotte attire alors quotidiennement une population étrangère démunie, incontrôlée et si nombreuse que les élus locaux finissent par demander la restauration du visa pour protéger l’avenir des enfants mahorais, ce qu’ils finissent par obtenir en 1995 sous le Premier Ministre Édouard Balladur. „On est ainsi revenu au régime des visas qui avait fonctionné pour l’entrée à Mayotte à partir de 1976 et avait été aboli par le gouvernement socialiste en 1981 […]“, au lendemain de la visite du Président Mitterrand aux Comores, rappelle l’historien Jean Martin (2010: 167). Frustrée par les droits liés à la citoyenneté française accordée à Mayotte, la diaspora comorienne installée à Marseille et à Paris, pourtant bien à l’abri grâce à sa double nationalité, surnomme par dépit ‚Mur de la honte‘ le ‚visa Balladur‘. Très rares sont ceux qui osent mettre en cause les trafiquants de morts comoriens qui s’enrichissent sur le dos des cadavres internationaux qu’ils dépouillent depuis leurs ateliers de fabrication de kwassas-kwassas installés à Anjouan. Afin de circonscrire ce réseau de trafiquants (in-)humains déplorable d’Anjouan vers Mayotte, les élus mahorais soutiennent l’idée d’une coopération réciproque entre l’Union des Comores et le département d’autant plus que „beaucoup de ministres et de responsables comoriens ont eux-mêmes la nationalité française“ (ibid.: 169). D’ailleurs, en incitant leurs compatriotes à ce suicide collectif déguisé, ces politiciens comoriens et ces constructeurs de kwassa-kwassa ont réussi à faire de Mayotte le département de tous les superlatifs négatifs. 3.3. Un taux de natalité exorbitant Comme le confirment les résultats du dernier recensement de l’ INSEE de 2017, avec ses 256.518 habitants, „Mayotte détient un autre record puisque c’est le département le plus densément peuplé de France (hors Île-de-France) avec 690 habitants/ km 2 . Petite-Terre, par exemple, concentre 2.700 habitants/ km 2 “. 4 À la maternité de Mamoudzou à Mayotte, le nombre d’accouchements a explosé, notamment en raison de la venue des femmes comoriennes qui veulent donner la nationalité française à leur nouveau-né. Leur record, c’est 23 naissances en 12 heures. C’est la plus grande de France voire d’Europe. […] À la maternité de Mamoudzou, le nombre d’accouchements a explosé jusqu’à atteindre 9647 nouveau-nés en 2017. […] D’après l’INSEE, 70 % des femmes qui accouchent dans cette maternité […] viennent surtout des Comores (20 minutes 2018). Déjà en 2007, avec une moyenne d’âge estimée à 22 ans, Mayotte est „le territoire français dont la population est la plus jeune“. 5 Dans le rapport n° 2932 de l’Assemblée Nationale du 8 mars 2006, M. René Dosière, Président de la Mission parlementaire dépêchée à Mayotte, note dans son avant-propos que „l’ampleur de l’immigration clandestine à Mayotte, qui ne cesse de s’accentuer au fil des années […] met en danger la cohésion sociale de l’île et 78 DOI 10.2357/ ldm-2020-0024 Dossier constitue une menace pour la métropole. […] Les Comoriens représentent environ 90 % des étrangers présents à Mayotte“ (Dosière 2006). Cette natalité surélevée conjuguée à un problème foncier non encore résolu engendre sur le plan éducatif, sanitaire, social et économique, des conséquences dramatiques hors normes car incontrôlables. 3.4. Croissance exponentielle des bidonvilles Avec la construction d’un centre hospitalier ultra-moderne à Mayotte, les constructeurs de kwassas-kwassas et les passeurs anjouanais ont littéralement le vent en poupe. Ils ont mis en place des kwassas-kwassas sanitaires. Ces derniers débarquent des diabétiques malades qui nécessitent des dialyses, des accidentés de la route ou des femmes sur le point d’accoucher, clandestinement de nuit, sur une plage désertique. Une fois de retour à Anjouan, les passeurs appellent les pompiers qui viennent récupérer les clandestins et les acheminent gratuitement au CHM pour les soigner, accoucher et enregistrer leurs enfants à la Mairie de Mamoudzou. Très souvent, les maris les rejoignent quelques temps après. Et même s’ils sont reconduits à la frontière, ils reviennent toujours par kwassa-kwassa quelques semaines ou quelques mois plus tard. Ils spolient des terres agricoles hectare après hectare pour y faire pousser des cases de fortune en tôles ondulées, sans payer la moindre taxe foncière. De plus, ils mettent en place un commerce souterrain hors contrôle qui ébranle l’économie du département. La grande majorité de ces récidivistes sans-papiers arrive à se disperser dans la nature et à vivre au jour le jour dans le département. Ceux qui perdent la vie avant même d’atteindre la grande barrière corallienne qui entoure Mayotte ont engendré un nouveau défi pour la Collectivité Départementale de Mayotte et les autorités régaliennes de la Préfecture. Aujourd’hui, Mayotte compte plus de six mille mineurs isolés, souvent livrés à eux-mêmes. Dans son rapport intitulé Mayotte: un éclairage budgétaire sur le défi de l’immigration clandestine, „le secrétariat d’État à l’outre-mer indique qu’environ 16.000 personnes par an sont éloignées du territoire mahorais“ (Torre 2008). Toutefois, comme ce fut le cas en 2007, en 2008, et c’est encore le cas actuellement, il arrive que ces reconduites aux frontières vers Anjouan soient suspendues pendant plusieurs mois car Moroni refuse de reprendre ses ressortissants sur son sol sous prétexte que Mayotte est comorienne et les Comoriens sont là-bas chez eux. La société civile mahoraise souffre de cette situation irréversible car elle estime que politiquement chaque île a fait son choix politique en 1975. Et même si du point de vue humanitaire, elle comprend que le Centre Hospitalier de Mayotte et les établissements scolaires du premier et du second degré servent pour l’ensemble des quatre îles de l’archipel des Comores, elle dénonce les prévarications des responsables de l’État comorien. DOI 10.2357/ ldm-2020-0024 79 Dossier 3.5 Délinquance en explosion Chaque année, de nouvelles générations bien connues des services de la Police et soi-disant en perte de repères sociaux, apportent leur lot d’incivilités quotidiennes qui vont du vol à l’arraché au caillassage des véhicules des forces de l’ordre, en passant par de faux barrages sur les routes ou des viols. Réunis au grand complet au cabinet du Préfet le 5 février 2016, l’état-major de sécurité avoue que les chiffres de délinquance sont „catastrophiques“. 6 „Par rapport à 2014, la délinquance a augmenté de manière globale de 15,8 %. Des chiffres comparables à ceux d’un département métropolitain de taille moyenne“, 7 explique le Préfet de l’époque Seymour Morsy. Suite à sa visite en décembre 2015, Alain Juppé adressait un compte-rendu alarmant au Premier Ministre Manuel Valls en ces termes: L’immigration en provenance des Comores n’est en rien contenue […] l’insécurité au quotidien devient extrême, chacun se barricade chez lui, les antagonismes s’exaspèrent. La prolifération des abris de fortune autour de Mamoudzou et des principales villes posent des problèmes sanitaires grandissants […] Je crains à court terme des flambées de violence. Des affrontements interethniques sont à redouter. 8 4. Conclusion En guise de conclusion, aujourd’hui à cause de cette radicalisation sociétale de sa population qui s’opère dans ses établissements scolaires et les administrations régaliennes où chaque jour des queues interminables se forment depuis la veille au soir pour obtenir un document administratif, Mayotte est en train de sombrer sous le poids de cette immigration exponentielle. Ce qui inquiète davantage la population locale, ce sont ces ONG françaises, telles que la Croix Rouge, la Cimade, Médecins sans Frontières, APPEB Afrique etc., qui jouent dans le département le rôle du Cheval de Troie, au vu et au su de la Place Beauvau, de Matignon, de l’Élysée et surtout de Mahorais désabusés, car depuis le congrès de l’Union des Intérêts de Mayotte, le 2 novembre 1958 à Tsoundzou, le crédo politique des Mahorais est resté inchangé: „Nous voulons rester Français pour être libres“. En encourageant les entrées massives et illégales des kwassas-kwassas dans cette minuscule île française du Canal de Mozambique qui est devenue depuis une dizaine d’années le nouvel eldorado de la prostitution, de stupéfiants éthyliques, de trafic de faux-papiers d’identité, de cambriolages, de violences crapuleuses inimaginables, du VIH , ces métropolitains contribuent à faire de Mayotte le plus grand département français pour les sans-papiers et les clandestins qui aspirent tous à obtenir la nationalité française. Ces sans-papiers pensent que cela leur ouvrira ensuite les portes de l’espace Schengen. Malheureusement pour les Mahorais, Mayotte ne fait pas partie de l’Espace Schengen. Les cartes de séjour délivrées à Mayotte ne sont donc valables qu’à Mayotte, ce qui explique, en partie, l’asphyxie humanitaire que subit le 101 ème département de la France. 80 DOI 10.2357/ ldm-2020-0024 Dossier Aujourd’hui, certes, l’immigration clandestine comorienne, malgache et africaine interpelle la classe politique mahoraise, mais le droit foncier, la fiscalité locale, la sécurité des biens et des citoyens, l’amélioration de l’enseignement et de la santé restent, en priorité, le cheval de bataille des syndicats, des grands élus et de l’ensemble des travailleurs locaux. Cependant, depuis que dans son discours d’ouverture des assises des Outre-mer en Guyane, le 18 octobre 2017, le Président Emmanuel Macron a remis en cause la départementalisation voulue par les élus historiques de Mayotte depuis 1958 en déclarant: „Mayotte est-elle plus heureuse en étant un département? “, les Mahorais doutent de la politique de Paris de vouloir réellement solutionner ce problème d’immigration massive vers le 101 ème département français. Ahmédali, Mabadi, „Interview de Mabadi Ahmedalidu collectif CDISCOM“, www.ensemblefdg.org/ content/ larchipel-des-comores-1975-2015-40-ans-dindependance-confisquee (publié en août 2015, dernière consultation: 24/ 08/ 18). Carayol, Rémi, Kashkazi, 65, juillet-août 2007. Dosière, René, „rapport n° 2932 de l’Assemblée Nationale du 8 mars 2006“, www.assembleenationale.fr/ 12/ rap-info/ i2932.asp (publié en 2006, dernière consultation: 01/ 10/ 20). Faurec, Urbain, L’archipel aux sultans batailleurs, Moroni, Promo al camar, 1970. 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Passot [capitaine d’infanterie de marine française, N.A.] concluait avec Andrian-Souli, au nom du Gouverneur de la Réunion, le 25 avril 1841, un traité par lequel l’île Mayotte était cédée en toute propriété à la France […]“ (Gevrey 1997: 130). 2 Il s’agit de la consultation du 22 décembre 1974 sur l’indépendance du territoire des Comores: „Nous nous en tenons au désir de notre peuple, démocratiquement exprimé lors de la consultation du 22 décembre 1974, qui est de demeurer au sein de la République française“ (Pujo 1993: 95). 3 Ces estimations reposent sur la connaissance détaillée, mais personnelle de l’auteur qui vit depuis sa naissance à Mayotte et a publié des textes littéraires et des essais sur la situation culturelle et historique à Mayotte (voir p. ex. Le calvaire des baobabs [2000, roman], Mayotte: Identité Bafouée [2003, essai], Entre les mailles du diable [théâtre, 2005], Les anachroniques de Mayotte [2012, nouvelles]). 4 Mayotte hebdo, 822, 22 décembre 2017, 16. 5 Ibid. 6 Mayotte Hebdo, 736, 12 février 2016, 17. 7 Ibid. 8 Ibid.: 14.
