lendemains
ldm
0170-3803
2941-0843
Narr Verlag Tübingen
10.2357/ldm-2020-0037
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2020
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LUC VIGIER (ED.): ARAGON, PARIS, SORBONNE UNIVERSITÉ PRESSES, 2020 (N° 50 DE LA REVUE GENESIS. MANUSCRITS RECHERCHE INVENTION), 207 P.
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Wolfgang Asholt
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230 DOI 10.2357/ ldm-2020-0037 Comptes rendus Er setzte also seine Arbeit fort, eingerichtet am Rand der Ruinen, wo der Wortschutt zusammengeglaubt wird. (Noch vor dem Ende eines Jahrhunderts) Alain Lance, in Frankreich mit wichtigen Literaturpreisen bedacht, ist hierzulande immer noch ein fast Unbekannter. Möge Rückkehr des Echos einem weiten Leserpublikum den Zugang zu seinen Gedichten eröffnen. Annegret von Wietersheim (Darmstadt) ------------------ LUC VIGIER (ED.): ARAGON, PARIS, SORBONNE UNIVERSITÉ PRESSES, 2020 (N° 50 DE LA REVUE GENESIS. MANUSCRITS RECHERCHE INVENTION), 207 P. Aux ‚origines‘ de la critique génétique? - La revue Genesis est peu connue en Allemagne, pas même par les romanistes allemands, bien que la plupart des grandes bibliothèques de recherche y soient abonnées. En se présentant comme publication de référence pour la critique génétique, qui étudie la genèse de l’œuvre, elle veut „mettre en évidence l’importance du rapport entre le texte et l’image, entre le verbal et non-verbal, aussi bien dans sa réflexion théorique que dans sa pratique régulière“ (site de la revue: www.item.ens.fr/ genesis). Genesis est éditée par une équipe issue de l’ ITEM (Institut des textes et manuscrits modernes), unité de recherche du CNRS/ ENS dont la revue est la vitrine, mais ses dossiers sont le fruit d’un travail collectif. Fondée en 1992, la revue publie cette année son 50 e numéro. Il y a de bonnes raisons pour consacrer le dossier de ce numéro à Aragon car l’auteur avait légué en mai 1977 ses manuscrits non pas à la Bibliothèque nationale (comme elle s’appelait alors), mais au CNRS pour „mettre à la portée de ceux qu’on appelle les chercheurs, non seulement l’écrit figé par la publication, mais le texte en devenir, saisi pendant le temps de l’écriture, avec ses ratures comme ses repentirs, miroir des hésitations de l’écrivain comme des manières de rêverie que révèlent les achoppements du texte.“ 1 Ce programme d’anoblissement par un des grands écrivains du XX e siècle ne pouvait qu’enorgueillir ces chercheurs du Centre d’analyse des manuscrits modernes ( CAM devenu ITEM ), qui, sous la direction de Louis Hay, puis d’Almuth Grésillon et d’autres, développaient la critique génétique depuis la décennie 1970. C’est peut-être un ‚hasard objectif‘ si dans lendemains, fondé au milieu de la même décennie 70, paraît en 1978 un dossier Aragon coordonné par Hans Joachim Neyer où la plume de Karlheinz Barck cite le discours d’Aragon lors de sa donation au CNRS : 2 Le „Fonds Aragon“ fut le point de départ de l’institutionnalisation des recherches sur l’auteur, suivie plus tard de la création d’une Équipe Aragon à l’ ITEM . 1 Discours d’Aragon en mai 1977. Louis Aragon: „D’un grand art nouveau: la recherche“, in: Essais de critique génétique, Flammarion 1979 (première publication in: L’Humanité, 05/ 05/ 1977). 2 Karlheinz Barck, „Eine Bilanz der historischen Avantgarden. Anmerkungen zu Aragons Essay Introduction à 1930 “, in: lendemains, 9, 1978, 79-94, ici 91. DOI 10.2357/ ldm-2020-0037 231 Comptes rendus C’est le directeur actuel de cette équipe, Luc Vigier, qui a coordonné ce „dossier“ comprenant une dizaine de contributions structurées en cinq parties („Enjeux“, „Études“, „Entretien“, „Inédit“ et „Matériaux“). Le dossier s’ouvre sur une „Présentation“: „Les manuscrits d’Aragon: l’œuvre et le testament“ par Luc Vigier qui situe le don en regard de l’œuvre et fait d’Aragon - depuis „le goût de l’archive“ des surréalistes jusqu’à „la passion des naissances“ - un „généticien“ avant la lettre. Pour Vigier, c’est surtout dans Je n’ai jamais appris à écrire ou les incipit (1969) qu’Aragon développe une „théorie de la création et fiction génétique“ qui ouvre le chemin au „legs de 1977 et [à] l’œuvre totale“. On peut donc à juste titre considérer Aragon à la fois comme „précurseur de la critique génétique [et comme] légataire spectaculaire d’un fonds d’une richesse inépuisable“ (17). Trois contributions montrent l’importance et l’attrait des „Enjeux“ que représente ce fonds. Sous le titre „Le bon génie de la genèse“ (19-32), Pierre-Marc de Biasi, directeur de l’ ITEM de 2006 à 2013, se livre à une défense et illustration de la critique génétique. Il pointe les parallèles entre la donation d’Aragon en 1977 et celle de Victor Hugo en 1881, entre le trésor patrimonial devenu objet de recherche hugolienne et la donation des documents de genèse de l’œuvre aragonienne. Hugo aurait été le modèle du legs Aragon. Mais la méthode créatrice développée par Aragon dans sa conception de l’incipit (Je n’ai jamais appris à écrire..., 1969) se révèle être un ‚test‘ qui met la théorie génétique à l’épreuve. Pour Aragon, écrire commence „par une rencontre de mots, ou de sons, la nécessité d’une allitération, une logique de l’illogisme, la légitimation après coup d’un heurt de mots. L’accident expliqué“ (27). De Biasi peut donc „conclure“: „L’incipit renvoie à l’épreuve initiatique d’une dépersonnalisation et d’un dédoublement où se constitue le lien fondateur d’Aragon avec ses enfances rêvées, l’imaginaire de son propre commencement, l’idée folle d’un engagement absolu dans l’écriture“ (28). Dans la suite des autres contributions, démonstration est faite que l’analyse génétique enrichit notre connaissance des textes, mais que le texte aragonien et sa création sont marqués par le Mentir-vrai (Aragon, 1980). Daniel Bougnoux, qui a dirigé l’édition des Œuvres romanesques complètes (Pléiade) d’Aragon, analysant le „séduisant roman de la genèse des romans“ (33- 37), considère le propos d’Aragon sur sa conception comme une dialectique négative de la théorie génétique. De nombreux romans contiennent des remarques métalinguistiques. Dans Traité du style (1927) Aragon fait l’apologie de l’inspiration: „Le surréalisme est l’inspiration reconnue, acceptée, et pratiquée. […] Le sens se forme en dehors de vous“ (34). Plus tard dans Les Incipit (1969), l’inspiration voit son rôle réduit, mais selon Bougnoux, „[d]éplacée, chassée par la porte, elle rentre par la fenêtre“, et d’expliciter, plus critique: „Il faut beaucoup de naïveté pour voir dans ce livre de 1969, qui lui fait un pied de nez moqueur, un fondement de la critique dite depuis ‚génétique‘“ (35). Avec sa donation et avec son discours au CNRS , Aragon pratiquerait donc une „ruse“ au sens hégélien ou, pour citer la conclusion de Bougnoux, „[l]a ‚théorie‘ des Incipit ou de la phrase de réveil, bien loin de rien expli- 232 DOI 10.2357/ ldm-2020-0037 Comptes rendus quer, fait rebondir l’énigme ou le mystère“ (36). Développée à partir d’une connaissance intime de l’œuvre aragonienne, la critique de Daniel Bougnoux conteste l’identification (trop facile, à ses yeux) des avant-textes au sens du texte. De la négation (par la génétique) de la négation (du texte comme dernière instance) ne résulte pas une meilleure compréhension du mentir-vrai. Renate Lance-Otterbein, responsable du classement et du catalogage du fonds Elsa Triolet-Aragon pendant vingt ans, examine dans „Un fonds, son legs“ (39-54) le discours d’Aragon au CNRS à partir d’un des manuscrits (fac-similés 41, 46, 47). Elle esquisse le contexte et la constellation historique du legs et interroge les volontés du donateur. Aragon accepte de „valoriser“ la recherche en tant qu’activité créatrice, mais insiste sur la supériorité de la littérature et garde ses distances vis-àvis des théories. Si, d’une part, il définit ses manuscrits en termes quasiment généticiens comme „l’état intermédiaire ou dernier de l’objet usuellement ainsi désigné par ce mot, mais aussi l’ensemble des étapes qui mènent à la version définitive de l’œuvre“ (45), il a, d’autre part, la „crainte d’être dessaisi du secret (des origines) ou des secrets (de fabrication)“ qu’il a gérés à sa façon. Aux „questions de l’auteur“ (45), il faut ajouter les positions politiques et idéologiques depuis le surréalisme jusqu’aux années 1970. À travers son „cadeau“ (40) du legs, Aragon ne voudrait rien de moins que de „faire comprendre le siècle“ (49) et espérait „tendre la main aux cadets“ (50) en suggérant au CNRS d’enrichir ses archives par d’autres fonds. Ces trois contributions aux „Enjeux“ sont suivies de deux „Études“ de chercheuses aragoniennes éprouvées: Suzanne Ravis-Françon, qui a rassemblé les aragoniens dès les années 1980 et présidé à de nombreuses recherches (thèses, colloques, publications), travaille sur le volumineux manuscrit Fou d’Elsa (1963), et Maryse Vassevière analyse les étapes génétiques d’un poème de Résistance en tant qu’avant-texte des derniers romans (La Mise à mort, Blanche ou l’oubli, Théâtre/ Roman). Une interprétation détaillée des variantes se consacre à la „réécriture et recomposition dans le manuscrit du Fou d’Elsa“ et aussi à la composition des poèmes intitulés „Apocryphes des derniers jours“. La contribution de Maryse Vassevière (avec huit fac-similés) confirme les dires d’Aragon dans son discours du legs: „dans tout ce que j’ai écrit depuis l’enfance, on y trouverait bien des pistes pour ce que j’ai écrit plus tard“ (81). Tout en admettant une opacité irréductible à la recherche génétique, ces articles sont aussi l’illustration de son apport essentiel. Cela vaut de même pour le travail de Luc Vigier sur Les Incipit, intitulé „Un art éditorial du regard“, ainsi que pour l’article de Maryse et Jacques Vassevière, „L’atlas Mnémosyne d’Aragon: un dossier génétique d’un genre nouveau“, très bien illustré et où les photos, peintures, dessins, cartes postales etc. dont Aragon avait couvert les murs de son domicile ne forment pas seulement un „atlas“ à la Warburg, mais représentent aussi un montage/ collage (Babilas 3 ), donc une œuvre d’art. 3 Wolfgang Babilas, „Le collage dans l’œuvre critique et littéraire d’Aragon“, in: Revue des sciences humaines, 38, 1973, 329-354. DOI 10.2357/ ldm-2020-0038 233 Comptes rendus Marie-Odile Germain, dans „Quelques notes sur l’histoire du ‚fonds Aragon‘“ (125- 127) fait le bilan des „différents avatars de son aventureuse existence“, et Olivier Wagner, son collègue du Département des Manuscrits de la BNF , s’entretient avec Luc Vigier sur „les gisements oubliés du fonds Aragon/ Triolet“ (83-88). Le conservateur évoque „une tendance lourde de la recherche en sciences humaines“ qui menace la pratique de la critique génétique, „une exigence de rapidité et d’accès immédiat“ (84). Si les documents ne sont pas accessibles sous forme numérisée, ils sont souvent délaissés, faute de temps et de persévérance. Ce dossier Aragon de la revue Genesis donne un bel aperçu de l’importance du fonds d’un des plus grands écrivains français du XX e siècle et de l’état actuel et des moyens de la critique génétique dont le développement fut en partie lié à la donation d’Aragon en 1977 - on ne s’étonnera pas que le texte de Marie-Odile Germain date du cinquantenaire de l’ ITEM en 2018. Les contributions montrent possibilités et limites de cette approche qui privilégie les „avant-textes“, elles permettent de pénétrer „l’atelier“ d’un écrivain qui a érigé le mentir-vrai en concept essentiel de la/ sa littérature. La critique génétique n’a peut-être pas l’exclusivité d’„un nouveau type de légitimité scientifique“ (30), comme l’espère Pierre-Marc de Biasi, car sur ce sujet, c’est Iouri Lotman qui continue d’avoir raison: „Le modèle artistique est toujours plus large et plus vivant que son interprétation, et l’interprétation n’est toujours possible que comme approximation“. 4 Mais l’approximation (génétique), sans pour autant pouvoir reconstituer „l’expérience et la connaissance de notre temps dans son ensemble“, voulues par le donateur, nous permet cependant des interprétations plus larges et plus vivantes, impossibles sans elle. De l’avoir prouvé par l’exemple et à partir de perspectives diverses et complémentaires et de l’avoir excellemment illustré est le grand mérite de ce dossier. Wolfgang Asholt (Osnabrück/ Berlin) ------------------ PATRICIA A. GWOZDZ / MARKUS LENZ (ED.): LITERATUREN DER WELT. ZUGÄNGE, MODELLE, ANALYSEN EINES KONZEPTS IM ÜBERGANG, HEIDELBERG, WINTER (BEITRÄGE ZUR NEUEREN LITERATURGESCHICHTE, 376), 2018, 495 S. Gegen den Singular, so ließe sich die Ausgangsidee des 495 Seiten starken, von Patricia Aneta Gwozdz und Markus Alexander Lenz herausgegebenen Sammelbandes Literaturen der Welt auf einen Leitspruch zusammenführen. Denn diese Idee besteht darin, wie der Untertitel es auch festhält, sich auf „Zugänge“, „Modelle“ und „Analysen“ (hier dominiert der anvisierte Plural) eines „Konzepts im Übergang“ (hier wird auf den Singular zurückgegriffen) zu fokussieren. Diesem Bekenntnis zum Plural, zur Vielfalt, Vielstimmigkeit oder Komplexität hinsichtlich theoretischer Konzeptionen und Modelle schließen sich alle Beiträge des Bandes an, wie auch die meisten 4 Iouri Lotman, La structure du texte artistique, Paris, Gallimard, 1973, 114.
