eJournals lendemains 45/180

lendemains
ldm
0170-3803
2941-0843
Narr Verlag Tübingen
10.2357/ldm-2020-0041
Es handelt sich um einen Open-Access-Artikel, der unter den Bedingungen der Lizenz CC by 4.0 veröffentlicht wurde.http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/121
2020
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Quelques hypothèses et scénarios interprétatifs en guise d’introduction

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2020
Elisabeth Kargl
Bénédicte Terrisse
ldm451800005
DOI 10.2357/ ldm-2020-0041 5 Dossier Elisabeth Kargl / Bénédicte Terrisse (ed.) Transfuge, transfert, traduction: la réception de Didier Eribon dans les pays germanophones Quelques hypothèses et scénarios interprétatifs en guise d’introduction Ce dossier, qui a vu le jour dans le contexte de la pandémie de COVID-19 , est le fruit d’un dispositif particulier. Ce qui aurait dû être un colloque organisé à l’université de Nantes du 19 au 20 novembre 2020, avec la collaboration des universités de Düsseldorf et de Vienne, et la participation de chercheuses et chercheurs venant d’Italie, de Suisse, d’Allemagne, d’Autriche et de France, s’est transformé en un projet de publication préparé et nourri par des rencontres scientifiques en ligne sous différents modes et formats, selon diverses temporalités: capsules vidéo ou audio préenregistrées, café ‚zoom‘, table ronde en ligne réunissant en direct traducteurs et traductrices, et enseignant.e.s-chercheurs/ chercheuses devant un public d’étudiant.e.s et d’universitaires. 1 Le projet résulte de l’étonnement devant l’écho rencontré par la figure de Didier Eribon et ses textes dans l’espace germanophone. La parution de la traduction de Retour à Reims (Eribon 2009) en allemand par Tobias Haberkorn en 2016 aux éditions Suhrkamp joue un rôle central dans cette réception (Eribon 2016). Sept ans après la parution du texte original en français, Rückkehr nach Reims est devenu un best-seller dont les ventes s’élevaient à 90 000 exemplaires au bout d’un an. On ne compte plus les interviews de son auteur dans la presse allemande, ainsi que les tables rondes et conférences organisées autour de son œuvre en Allemagne et en Autriche. L’adaptation en série que Thomas Ostermeier en livre pour la scène depuis juillet 2017, dans des versions anglaise, allemande et française, mais aussi italienne 2 et suédoise (à venir en septembre 2021), 3 fonctionne comme une caisse de résonance venant amplifier cette réception. Nous avions alors émis plusieurs hypothèses pour décrire et interpréter le phénomène (Kargl/ Terrisse 2019). La première hypothèse était que le modèle du ‚transfert culturel‘, 4 c’est-à-dire de l’appropriation d’une production issue d’une culture donnée par une autre culture engendrant resémantisations et décalages, pouvait livrer un cadre d’analyse adapté à ce cas de la réception de Didier Eribon outre-Rhin. Nous lisions le triple, et désormais quadruple, voire quintuple spectacle de Thomas Ostermeier, Returning to Reims / Rückkehr nach Reims / Retour à Reims…, comme une réflexion sur les mécanismes d’appropriation en tant que tels, interrogeant dans sa forme même les processus de la comparaison et du transfert. La deuxième hypothèse portait sur le medium. Notre intérêt s’est dirigé vers la très grande transposabilité du texte d’Eribon, le disposant pour ainsi dire à ‚être traduit‘ dans ces autres 6 DOI 10.2357/ ldm-2020-0041 Dossier média que sont le théâtre ou le film. Nous émettions alors l’idée que cette extrême capacité d’adaptation était imputable au statut générique ambigu du texte séminal Retour à Reims, entre autobiographie, ‚auto-sociobiographie‘, ‚auto-analyse‘, analyse sociologique et analyse politique. Cette écriture de l’entre-deux, qui caractérise la plupart des textes d’Eribon, nous apparaissait comme l’un des signes permettant de reconnaître en eux les derniers avatars de la ‚théorie‘, comprise comme forme d’écriture du savoir volontairement distincte des disciplines académiques que sont la sociologie ou la philosophie. La thèse du mode de lecture particulier, ‚emphatique‘, favorisant la circulation, l’usage intensif, l’investissement existentiel de ce type de texte, développée par Philipp Felsch (Felsch 2016) permettait de comprendre la forme „d’identification projective“ dont Eribon, à l’instar d’Annie Ernaux, fait l’objet (Charpentier 2009). Un troisième paramètre important qu’il s’agissait de prendre en compte dans ce mécanisme d’appropriation outre-Rhin était la dimension politique et sociologique de la classe sociale et la question du ‚transfuge de classe‘. Comment interpréter l’adaptation au paysage politique allemand des analyses livrées par Eribon dans Retour à Reims au sujet de la montée de l’extrême droite en France? S’agissait-il d’un malentendu culturel ou au contraire d’une extension au domaine international de la compréhension de la fonction du ‚transclasse‘ - selon la terminologie de Chantal Jaquet (Jaquet 2014) - comme figure paradigmatique de l’intellectuel, et plus précisément: de l’„intellectuel-traducteur nous donnant accès à la partie de la société qui nous est devenue étrangère“, comme l’écrivait Carlos Spoerhase? (Spoerhase 2017: 35). En tout dernier lieu, enfin, nous nous interrogions sur les éventuelles conséquences que ce „voyage“ (Bal 2002) du texte de Eribon à l’étranger et dans d’autres média pouvait avoir sur son retour en France, y voyant un phénomène parent ou héritier de ce que François Cusset a identifié pour le poststructuralisme français: le processus à l’œuvre de la constitution d’une théorie par le détour de l’étranger (Cusset 2005). Les propositions présentées dans ce dossier de lendemains s’inscrivent dans ce champ de questions tout en ouvrant des perspectives inédites. Elles adoptent une méthode tantôt sociologique, tantôt esthétique, philosophique ou traductologique. La notion de ‚transfert culturel‘ cède la place à celle de ‚réception transnationale‘ (Jurt, Rhein), selon la définition qu’en a donnée Pierre Bourdieu (Bourdieu 2002); la réception de Didier Eribon en Allemagne y apparaît intriquée avec celle d’Annie Ernaux (Jurt, Mayer) et son étude inséparable de celle de la réception d’Edouard Louis (Mayer); enfin, le sentiment de la honte (Schaub, Schuhen, Ernst), la question du genre, au sens de Gender (Mayer, Schaub, Ernst, Edy), l’intersectionnalité (table ronde), mais aussi le genre littéraire de l’autofiction (Schaub, Ernst, Hiden) constituent les termes récurrents autour desquels s’articulent les différentes approches représentées dans ce numéro. Le dossier dessine un parcours que nous avons organisé en quatre parties, précédées d’un préambule sous la forme d’un portrait de Didier Eribon en transfuge par Joseph Jurt. La première partie explore les mécanismes, agents et contextes de la réception de Didier Eribon en Allemagne (Jurt, Mayer, Rhein), par-delà le rôle crucial DOI 10.2357/ ldm-2020-0041 7 Dossier joué par le médiateur franco-allemand, et plus largement européen, qu’est Thomas Ostermeier (Pasic 2015). La deuxième partie traite des héritières et héritiers germanophones de Didier Eribon dans le champ de la littérature allemande, comme Daniela Dröscher, Christian Baron, Karin Struck et Bov Bjerg (Schuhen, Schaub, Ernst). La troisième partie présente diverses actualisations allemandes, au théâtre et en philosophie, du lien entre forme et (re)connaissance, inhérent au texte Retour à Reims (Edy, Hiden, Roudaut). Enfin, la quatrième partie du dossier étudie le transfert sous l’angle du passage en langue étrangère, à partir d’une analyse de l’usage des langues chez Didier Eribon lui-même (Biet) et d’une discussion avec Bernard Banoun, Tobias Haberkorn, Yasmin Hoffmann, Christoph Reinprecht que nous avons retranscrite et qui porte notamment sur la traduction allemande de Retour à Reims. Ce dossier est cependant loin de mettre un point final au sujet de la réception d’Eribon dans les pays germanophones, tant l’actualité de cette dernière est en perpétuel renouvellement, prolongeant ses ramifications, trouvant de nouveaux ressorts. 5 Ainsi, la série d’adaptations de Retour à Reims par Ostermeier se poursuit, dessinant un portrait de l’Europe à travers l’histoire de ses inégalités, des violences et conflits sociaux qui l’animent. Confirmant son rôle de passeur dans l’espace germanophone et européen de cette littérature française nourrie de sociologie, articulant les questions de ‚domination‘ et de ‚stigmatisation‘, 6 Ostermeier a adapté pour la scène en 2020 à la Schaubühne de Berlin le roman d’Edouard Louis Histoire de la violence, traduit par Hinrich Schmidt-Henkel sous le titre Im Herzen der Gewalt, ainsi que la même année, en français, au Théâtre de la Ville à Paris, Qui a tué mon père, du même auteur. En juin 2021 à la Schaubühne, il met en scène le premier volume de la trilogie romanesque Vernon Subutex de Virginie Despentes, traduit par Claudia Steinitz. Cette actualité concerne également les domaines scientifique et artistique (Klimpe/ Fellmann 2020) où plusieurs ouvrages témoignent de la réception dans le champ académique germanophone (Ernst) de Retour à Reims (Reuper/ Gamper/ Möller/ Blome 2020) mais aussi des écrits d’Eribon ressortissant aux études sur le genre (Kalmbach/ Kleinau/ Völker 2020). Un autre fil qu’il serait possible de dévider est celui des dynamiques et stratégies à l’œuvre dans les champs éditoriaux nationaux et transnationaux, du rôle des éditeurs, ‚lecteurs‘, au sens allemand du terme, et maisons d’édition dans le passage des textes d’Eribon d’une sphère culturelle à l’autre (Jurt). 7 De même, l’étude et la comparaison des traductions des différents textes de D. Eribon vers l’allemand fourniraient un prolongement intéressant à ce dossier. Enfin, en écho à une remarque d’Eribon, 8 les contributions mettent au jour et commentent davantage la fortune littéraire de Retour à Reims que l’adaptation au contexte allemand ou autrichien de l’analyse politique de la progression du Front National en France, sur laquelle Retour à Reims débouche. Pourtant, analyser, par exemple, la réception est-allemande particulière de Retour à Reims pourrait constituer un développement fertile de ce dossier. Ainsi, une recension parue sous le titre „Rückkehr nach Rostock“ (Schuster 8 DOI 10.2357/ ldm-2020-0041 Dossier 2020) de l’ouvrage Lütten Klein. Leben in der ostdeutschen Transformationsgesellschaft du sociologue Steffen Mau utilisant „sa propre expérience biographique“ pour écrire son „portrait de la société est-allemande“ (Mau 2020: 19) dresse un parallèle explicite avec l’ouvrage d’Eribon. 9 Dans la conversation qu’il mène avec Jana Hensel au lendemain des élections de 2017 qui virent l’entrée de l’ AfD au Bundestag, Wolfgang Engler, sociologue connu pour ses ouvrages sur la RDA , livre ainsi une interprétation supplémentaire du succès de Retour à Reims en Allemagne: Wolfgang Engler: […] In seinem Buch geht es nicht um Ostdeutschland, aber die Erklärungsversuche zur politischen Lage Frankreichs, die er darin offenbart, lassen sich auch in Hinblick auf die Verhältnisse im Osten lesen. Ich traf ihn übrigens am Mittag des Wahltags, und wir redeten über den außerordentlichen Erfolg seines Buches in Deutschland. Ich glaube, der war hier sogar größer als in Frankreich. Das überraschte ihn. Jana Hensel: Vor allem war es ein nachgeholter Erfolg, so etwas gelingt ja nur sehr wenigen Büchern. Wolfgang Engler: Ja, sieben Jahre nachdem es im Französischen erschienen war, kam es im Deutschen heraus. Und war, denke ich, deshalb bei uns so erfolgreich, weil darin ein Prozess verhandelt wurde, der in Frankreich viel früher in Gang gekommen war, nun aber auch Deutschland erreicht hatte. In einem seiner Aufsätze rund um das Buch brachte er das Thema auf den Punkt: „Wie aus Linken Rechte wurden“. Das interessierte die Leute natürlich nach Pegida und dem Aufschwung der AfD. Ein Buch zur rechten Zeit, am richtigen Ort, im Osten, aber auch im Westen. Deshalb wurde das binnen kurzem zum Beststeller. Das ging von Mund zu Mund und von Hand zu Hand. Weit über den Kreis der erwartbaren Leserschaft hinaus, nicht zuletzt aufgrund der persönlichen Note, soziologischen Analyse und Familiengeschichte in einem. […] Die Adaptation des Materials für die Berliner Schaubühne passte zeitlich perfekt zum Wahlgeschehen hierzulande, das war auch so gewollt. Der Abend ist seither komplett überbucht […] (Engler/ Hensel 2018: 12-13). Baillet, Florence / Colin, Nicole / Consolini, Marco, „Édition théâtrale et transferts culturels. Introduction“, in: Florence Baillet / Nicole Colin (ed.), L’Arche Editeur. Le théâtre à une échelle transnationale, Aix-en-Provence, Presses Universitaires de Provence, 2021, 5-13. Bal, Mieke, Travelling Concepts in the Humanities: A Rough Guide, Toronto, University of Toronto Press, 2002. Blome, Eva, „Rückkehr zur Herkunft. Autosoziobiografien erzählen von der Klassengesellschaft“, in: Deutsche Vierteljahresschrift, 94, 2020, 541-571. Bourdieu, Pierre, „Les conditions sociales de la circulation internationale des idées“, in: Actes de la recherche en sciences sociales, 145, décembre 2002, 3-8. Charpentier, Isabelle, „Les réceptions ‚ordinaires‘ d’une écriture de la honte sociale: les lecteurs d’Annie Ernaux“, in: Idées, 155, mars 2009, 19-25. Colin, Nicole, Deutsche Dramatik im französischen Theater nach 1945. Künstlerisches Selbstverständnis im Kulturtransfer, Bielefeld, transcript, 2011. Cusset, François, French Theory. Foucault, Derrida, Deleuze & Cie et les mutations de la vie intellectuelle aux États-Unis, Paris, La Découverte, 2005. Engler, Wolfgang / Hensel, Jana, Wer wir sind. Die Erfahrung, ostdeutsch zu sein, Berlin, Aufbau, 2018. DOI 10.2357/ ldm-2020-0041 9 Dossier Eribon, Didier, Rückkehr nach Reims, trad. Tobias Haberkorn, Berlin, Suhrkamp, 2016. —, „Klassenverhältnisse als Phantoms of Perception. Politik und die Rolle von Kunst in der Gesellschaft. Didier Eribon im Gespräch mit Hanna Klimpe und Benjamin Fellmann“, in: Benjamin Fellmann / Bettina Steinbrügge (ed.), Klassenverhältnisse. Phantoms of Perception, London, Koenig Books, 2021, 227-245. Felsch, Philipp, Der lange Sommer der Theorie. Geschichte einer Revolte 1960-1990, Frankfurt/ Main, Fischer, 2016. Jaquet, Chantal, Les transclasses ou la non-reproduction, Paris, PUF, 2014. —, Zwischen den Klassen. Über die Nicht-Reproduktion sozialer Macht, trad. Horst Brühmann, mit einem Nachwort von Carlos Spoerhase, Paderborn, Konstanz University Press, 2018. Kalmbach Karolin / Kleinau, Elke / Völker, Susanne (ed.), Eribon revisited - Perspektiven der Gender und Queer Studies, Wiesbaden, Springer, 2020. Kargl, Elisabeth / Terrisse, Bénédicte, „Appel à contributions: transfuge, transfert, traduction. La réception de Didier Eribon dans les pays germanophones (Nantes)“, https: / / crini.univ-nantes. fr/ appels-a-communications-call-for-papers/ appel-a-communications-colloque-internationaltransfuge-transfert-traduction%C2%A0-la-reception-de-didier-eribon-dans-les-pays-germa nophones (publié le 4 juin 2019, dernière consultation le 29 juillet 2021). Lagrave, Rose-Marie, Se ressaisir. Enquête autobiographique d’une transfuge de classe féministe, Paris, La découverte, 2021. Lüsebrink, Hans-Jürgen, „Kulturtransfer und Übersetzung. Theoretische Konfigurationen und Fallbeispiele (aus dem Bereich des Theaters)“, in: Ewald Mengel / Ludwig Schnauder / Rudolf Weiss (ed.), Weltbühne Wien - World Stage Vienna, vol. 1: Approaches to Cultural Transfer, Trier, WTV Wissenschaftlicher Verlag Trier, 2010, 21-35. Macheret, Mathieu, „Cannes 2021: Retour à Reims [fragments]: Jean-Gabriel Périot fouille dans les archives de l’inconscient collectif“, in: Le Monde, 12 juillet 2021, www.lemonde.fr/ culture/ article/ 2021/ 07/ 12/ cannes-2021-retour-a-reims-fragments-jean-gabriel-periot-fouille-dansles-archives-de-l-inconscient-collectif_6088034_3246.html (dernière consultation: 29 juillet 2021). Mau, Steffen, Lütten Klein. Leben in der ostdeutschen Transformationsgesellschaft, Berlin, Suhrkamp, 2020 [2019]. Pasic, Patricia, „Ostermeier, Thomas“, in: Nicole Colin / Corinne Defrance / Ulrich Pfeil / Joachim Umlauf (ed.), Lexikon der deutsch-französischen Kulturbeziehungen nach 1945, Tübingen, Narr Francke Attempto, 2015 [2013], 374. Paul, Morten, „Theorieübersetzungen. Die frühen Bücher Jacques Derridas im Suhrkamp Verlag“, in: Internationales Archiv für Sozialgeschichte der deutschen Literatur, 43, Jun 2018, 1, 198-233. Reuper, Julia / Gamper, Markus / Möller, Christina / Blome, Frerk (ed.), Vom Arbeiterkind zur Professur. Sozialer Aufstieg in der Wissenschaft. Autobiographische Notizen und soziobiographische Analysen, Bielefeld, transcript, 2020. Schuster, Nina, „Rückkehr nach Rostock. Rezension zu Steffen Mau (2019): Lütten Klein. Leben in der ostdeutschen Transformationsgesellschaft. Berlin: Suhrkamp. Zusammengelesen mit Didier Éribon (2016 [2009]): Rückkehr nach Reims. Berlin: Suhrkamp. (Übers. aus dem Französischen Tobias Haberkorn)“, in: sub/ urban. zeitschrift für kritische stadtforschung, 8, 1/ 2, 2020, 293-301, DOI: 10.36900/ suburban.v8i1/ 2.562. Spoerhase, Carlos, „Politik der Form. Autosoziobiographie als Gesellschaftsanalyse“, in: Merkur, 71, Juli 2017, 818, 27-37. 10 DOI 10.2357/ ldm-2020-0041 Dossier 1 Une discussion avec la réalisatrice du documentaire autrichien INLAND, Ulli Gladik (non présentée dans ce dossier) clôturait la manifestation en ligne https: / / inland-der-film.at, site consulté le 6 avril 2021. Le sous-titrage en français a été effectué par les étudiant.e.s en master MCCI et APC de l’université de Nantes. 2 www.teatrionline.com/ 2019/ 11/ roma-europa-festival-ritorno-a-reims (consulté le 21 juillet 2021). 3 www.dramaten.se/ repertoar/ tillbaka-till-reims (consulté le 21 juillet 2021). 4 Sur l’adaptation de cette notion au domaine du théâtre, cf. Lüsebrink 2010 et Colin 2011. 5 La relance de la réception française de Didier Eribon à qui, sur France Culture, Antoine Ravon consacre cinq entretiens de l’émission „à voix nue“ en février 2021, n’est peut-être pas sans lien avec cette inépuisable réception germanophone. Le texte de présentation du premier épisode s’ouvre par cette phrase: „Sociologue et philosophe de reconnaissance internationale, Didier Eribon est né à Reims, fils d’ouvrier et de femme de ménage“, www.franceculture.fr/ emissions/ a-voix-nue/ didier-eribon-ecrire-les-vies-deviantes-15-je-mefantasmais-comme-un-futur-philosophe (consulté le 21 juillet 2021). La réception du texte d’Eribon est réactualisée par le succès de l’auto-socioanalyse féministe de la sociologue Rose-Marie Lagrave qui s’inscrit dans et se distancie de l’héritage de Retour à Reims (Lagrave 2021: 8). Enfin, le réalisateur Jean-Gabriel Périot présente au festival de Cannes 2021, dans la „Quinzaine des Réalisateurs“, son film Retour à Reims [fragments] qui „prolonge le texte fondateur du philosophe et sociologue“ (Macheret 2021). 6 Cf. le colloque junior du CIERA intitulé „Les rapports de pouvoir en littérature“, organisé en mai 2021 par Sarah Carlotta Hechler, Claire Mélot et Claire Tomasella en collaboration avec le Centre Marc Bloch à Berlin, www.ciera.fr/ fr/ manifestation/ 16048 (consulté le 21 juillet 2021). 7 L’article de Morten Paul en livre un exemple particulièrement intéressant (Paul 2018). 8 Eribon citant précisément un article allemand: „Retour à Reims a produit de la littérature. Dans un journal allemand, un article a dit que j’avais ouvert des serrures. Depuis, il y a une efflorescence de romans autobiographiques ancrés dans des démarches sociologiques qu’on pourrait appeler - c’est ce que dit le journal! - le ‚genre Eribon‘. Je suis très content d’avoir créé un genre, mais ce qui me frappe, c’est que c’est un genre littéraire“, www. franceculture.fr/ emissions/ a-voix-nue/ didier-eribon-ecrire-les-vies-deviantes-55-je-nestpas-moi (consulté le 29 juillet 2021). 9 Eva Blome (Blome 2020: 542), dans son article très complet, mentionne l’ouvrage de Steffen Mau parmi les exemples récents de traitement de la mobilité sociale par ce qu’elle appelle des „Bildungsaufsteiger“, traduction adaptée au contexte culturel allemand du vocable „transclasse“ ou „transfuge de classe“.