Oeuvres et Critiques
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0338-1900
2941-0851
Narr Verlag Tübingen
10.24053/OeC-2023-0003
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Du Ryder et le thème des courtisans
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Perry Gethner
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1 La principale étude globale est celle de Henry Carrington Lancaster, Pierre Du Ryer Dramatist , Washington, D.C., Carnegie Institution, 1912. Mais la mise en point incon‐ tournable est celle d’Hélène Baby, dans son « Introduction générale » à l’édition du Théâtre complet (Paris, Classiques Garnier, t. 1, 2018). Voir aussi le volume Pierre Du Ryer dramaturge et traducteur , sous la direction de Dominique Moncond’huy, Littératures classiques , numéro 42, printemps 2001. 2 Voir notamment, Marie-France Hilgar, « L’Art de régner dans le théâtre tragique de Pierre Du Ryer », Actes de Wake Forest , dir. Milorad R. Margitic et Byron R. Wells, Paris, Seattle, Tübingen, PFSCL (Biblio 17), 1987, p.-175-189 ; James F. Gaines, Pierre Du Ryer and his Tragedies, From Envy to Liberation , Genève, Droz, 1987. 3 La domination de ministres-favoris dans la vie réelle a provoqué beaucoup de commen‐ taires chez les théoriciens politiques de cette époque aussi bien que dans la littérature. Voir les articles de Delphine Amstutz, « Comment penser l’amitié royale à l’âge Du Ryer et le thème des courtisans Perry Gethner Oklahoma State University Pierre Du Ryer fut l’un des auteurs les plus prolifiques de la première moitié du dix-septième siècle, composant vingt pièces de théâtre et publiant de nombreux volumes de traductions d’auteurs classiques 1 . Parmi les dramaturges de sa génération, c’était lui, après Pierre Corneille, qui affectionnait le plus les thèmes politiques, dont notamment les crises dynastiques, les conspirations, la tyrannie, et l’ambiance corrompue des cours. On a déjà étudié les rôles de rois dans le théâtre de Du Ryer 2 , mais ceux des courtisans ont attiré peu d’attention. En effet, on trouve des personnages de courtisans dans presque toutes ses tragédies et tragi-comédies à partir de 1634, et ils composent toute une gamme : ministres dévoués, favoris et membres de la famille royale avides de pouvoir, amis fidèles du héros vertueux, hypocrites mesquins, agents doubles. Leur influence dans l’intrigue peut être déterminante ou minimale, et au dénouement ils sont tantôt récompensés ou punis, tantôt carrément oubliés. Mais les méchants sont particulièrement dangereux, car leur ambition déréglée les pousse vers la conspiration, tantôt envers le monarque, tantôt envers le favori, dans l’espoir de semer la discorde et le chaos 3 . Œuvres & Critiques, XLVIII, 1 DOI 10.24053/ OeC-2023-0003 baroque ? », Seventeenth-Century French Studies , 36, 1, 2012, p. 26-37 ; « Mécène et Séjan. Sur la figure du favori au XVII e siècle », Dix-septième siècle , 251 (2011), p.-333-350. 4 Nous utilisons comme édition de référence : Pierre Du Ryer, Théâtre complet , sous la direction d’Hélène Baby, Paris, Classiques Garnier, 2018-, 4 tomes (dont 3 ont déjà paru). 5 Alain Couprie, dans l’étude la plus complète de ce thème dans la littérature française du 17 e siècle, donne des analyses approfondies de Corneille et de Racine, mais sans aborder les dramaturges mineurs, tels que Du Ryer : De Corneille à La Bruyère : Images de la cour , Paris, Aux Amateurs de Livres, 1984. La présentation globale des cours royales dans le théâtre de Du Ryer est plutôt négative, et les descriptions faites par certains personnages semblent refléter les idées de l’auteur. Les courtisans sont qualifiés d’opportunistes sans convictions morales : « la cour, inconstante et trompeuse, / À l’exemple du prince est lâche ou généreuse » ( Thémistocle v. 85-86) 4 . Ils sont dissimulés et sinistres-: La cour où vous entrez est fertile en malices, C’est un théâtre ouvert à tous les artifices, Où l’ami le plus franc est toujours un menteur, Où le plus défiant est le meilleur acteur. ( Esther v. 225-228) Mais le fait de placer ces mises en garde dans la bouche de courtisans vertueux indique en même temps une vision plus nuancée, où les monarques et serviteurs consciencieux ont la possibilité de survivre, malgré tous les complots. Le dramaturge peut donc explorer une gamme de scénarios, montrant l’existence de la corruption morale dans ses diverses formes, mais se gardant de lui accorder le triomphe final. Si la plupart des griefs contre les courtisans vicieux remontent à une longue tradition, Du Ryer insiste plus que d’habitude sur le danger qu’ils posent au fonctionnement d’un gouvernement stable et juste 5 . Nous allons tenter de tracer l’évolution de ses idées et la possibilité d’une influence exercée sur lui par les mécènes. Dans la première pièce de Du Ryer, Arétaphile (1983 [laissée manuscrite par l’auteur], jouée probablement en 1628), la corruption de la cour se mani‐ feste surtout dans une série de conspirations pour détrôner ou assassiner des monarques, et deux de ces courtisans deviennent rois à leur tour. Nicocrate, prince ambitieux et immoral, fomente une guerre civile au cours de laquelle le roi est tué et le prince héritier, Phylarque, est obligé de se cacher dans une forêt. Nicocrate, devenu roi, épouse de force Arétaphile, dont il est épris mais qui ne l’aime pas de retour, et celle-ci, rebutée par ses cruautés, projette de l’empoisonner. Cette tentative avorte, mais Arétaphile réussit à se disculper. Puis le tyran est assassiné sur les ordres de son frère Cléandre, furieux quand il apprend que Nicocrate essaie de séduire sa femme. Cléandre profite de cette mort pour se saisir du trône. Entretemps, Ariste, ami dévoué de Phylarque qui 36 Perry Gethner Œuvres & Critiques, XLVIII, 1 DOI 10.24053/ OeC-2023-0003 6 Chez Plutarque, la source principale, l’assassinat de Nicocrate se fait par un des serviteurs de son frère, Daphnis, qui n’est mentionné nulle part ailleurs dans le récit. reste à la cour en faisant semblant d’appuyer le régime tyrannique, se résout à le renverser en organisant une armée, composée en grande partie de troupes venues de l’étranger ; c’est donc un agent double qui travaille pour la bonne cause. Puisqu’il s’agit d’une tragi-comédie, tout se termine bien : l’invasion réussit, le deuxième usurpateur capitule, Phylarque regagne son rang légitime, et il peut enfin épouser sa bien-aimée Arétaphile. En somme, Du Ryer présente une cour où la stabilité est constamment menacée par le manque de respect pour les lois morales et politiques chez quelques-uns de ses membres, et où un bon roi ne peut se maintenir que par la force armée. Cependant, Du Ryer ne se contente pas de courtisans totalement bons ou méchants. Phérétime, capitaine opportuniste prêt à servir le souverain, quel qu’il soit, a des principes : il maintient sa loyauté à Nicocrate jusqu’au moment où le tyran l’humilie en lui ordonnant de porter une lettre d’amour à Bélise, sa belle-sœur qu’il veut séduire. Quand Phérétime refuse, Nicocrate le chasse, malgré ses services passés. Dans un long monologue, le courtisan disgracié se rend compte de l’inconstance de la fortune et des dangers qu’on court au service d’un roi immoral et capricieux. Tout de suite après, Cléandre, le frère bafoué, le prend à son service et lui demande d’assassiner un courtisan qui veut séduire Bélise. Il n’est pas clair si Phérétime comprend d’avance que le séducteur est Nicocrate. Le capitaine tue Nicocrate, qu’il ne reconnaît pas (le roi s’étant déguisé pour assister au rendez-vous), et appuie son nouveau protecteur quand celui-ci prend le pouvoir. Néanmoins, quand l’armée de Phylarque triomphe et que Cléandre doit abdiquer, Phérétime accepte volontiers le retour de l’héritier légitime, lui déclarant qu’il a appuyé les tyrans seulement parce qu’il avait cru le rapport selon lequel Phylarque était mort. En inventant un personnage complexe 6 , ouvert au crime mais qui accepte le principe du règne légitime, Du Ryer indique qu’il y a certains courtisans qui, méchants seulement par nécessité, peuvent se racheter si les circonstances le permettent. Si Du Ryer choisit de ne pas publier Arétaphile , malgré son succès, c’est sans doute parce qu’on a dû lui faire comprendre que les hardiesses de l’intrigue pourraient le desservir auprès du roi et du cardinal : un roi légitime tué, un usurpateur assassiné (sur scène), le bon courtisan en négociation avec un pays étranger pour faciliter une invasion, une princesse de sang royal maltraitée. Gaston d’Orléans, qui afficha hautement son admiration pour la pièce, a dû y voir un reflet de son propre mécontentement avec la situation politique du moment, dont surtout l’influence croissante de Richelieu et la croyance en sa Du Ryer et le thème des courtisans 37 Œuvres & Critiques, XLVIII, 1 DOI 10.24053/ OeC-2023-0003 7 Sur cet aspect de la carrière du frère de Louis XIII, voir Claude Kurt Abraham, Gaston d’Orléans et sa cour : étude littéraire (Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1964). C’est l’auteur de l’« Avertissement » en tête du manuscrit d’ Arétaphile qui rapporte que le duc d’Orléans appelait cette tragi-comédie sa pièce. propre supériorité au roi. Était-ce le frère cadet du roi qui a proposé le sujet d’Arétaphile au dramaturge ? A-t-il offert de l’appuyer ? Nous l’ignorons, mais par la suite Gaston, qui va devenir un mécène important, n’accorde jamais de protection officielle à Du Ryer 7 . Le dramaturge débutant va donc se détourner de sujets comportant la présentation d’une cour royale, choisissant plutôt des sujets romanesques où les rois, très jeunes, fonctionnent seulement comme amants et/ ou chevaliers errants. Cléomédon (1636, joué en 1634) est la première pièce de Du Ryer où l’on trouve un grand nombre de courtisans en présence de monarques légitimes mais peu généreux. Ce renouvellement d’intérêt pour la vie curiale n’est sans doute pas une coïncidence, car le dramaturge écrit la pièce peu après son entrée dans l’entourage de César de Vendôme. Ce fils naturel d’Henri IV fut un ennemi acharné de Richelieu et l’un des grands mécontents de la cour. Non seulement Du Ryer dédie la tragi-comédie à son protecteur, mais il suggère que le duc a influencé le choix du sujet et son traitement. Il faut être prudent en conjecturant le degré d’influence de Vendôme sur Du Ryer, mais c’est lors de leur association que le dramaturge aborde quelques-uns de ses thèmes de prédilection : rois incompétents et/ ou tyranniques, courtisans intrigants et souvent envieux. Il n’est pas impossible que Vendôme se soit identifié avec les jeunes princes héroïques dans cette pièce, dont l’un est fils naturel et l’autre est un grand guerrier injustement dédaigné. La longue période de patronage chez le duc (fin 1633/ début 1634-1640) a dû lui inspirer la confiance d’explorer certains thèmes subversifs qu’il n’aurait pas poursuivis autrement. On trouve dans Cléomédon , en plus du favori (le personnage éponyme) et de l’ancien confident qui fonctionne comme deus ex machina , cinq courtisans représentant une gamme : deux sont des personnages bienveillants confrontés à un monarque qui se conduit mal, deux sont des personnages foncièrement méchants, et le dernier combine des traits positifs et négatifs. Aucun de ces personnages ne figure dans plus de six scènes, et aucun n'est présent au dénouement. Il est significatif que le premier à paraître soit un des vertueux. Dans la toute première scène, la reine Argire décide de confier son secret le plus dangereux à Placide, diplomate qu’elle a déjà employé comme ambassadeur. Bien que Placide, très discret et pragmatique, déclare qu’il n’a pas le droit de pénétrer dans les secrets des monarques, Argire insiste. Placide devient donc, malgré lui, le pion dans un jeu sournois, car Argire, qui poursuit un 38 Perry Gethner Œuvres & Critiques, XLVIII, 1 DOI 10.24053/ OeC-2023-0003 projet de vengeance immoral contre son ancien amant, désire en même temps contrecarrer son propre projet et mettre fin à la guerre qu’elle a déclenchée. Argire prescrit le silence à Placide, ce qui laisse le pauvre confident tiraillé entre deux devoirs : fidélité à sa maîtresse et obligation morale (empêcher qu’un père et un fils s’entretuent). Il comprend vite la difficulté de sa position : « c’est un grand faix que le secret des grands ! / On aime à s’en charger, on le reçoit à l’aise, / Et lorsqu’on s’en décharge on sent combien il pèse » (v. 308-310). Enfin il résout de suivre son obligation morale et de faire savoir au fils sa véritable parenté. Malheureusement, il arrive trop tard dans le camp militaire du prince, où il est mortellement blessé puis capturé, et juste au moment où il peut tout révéler au père, il expire. Argire admettra au dénouement qu’elle a fait cette confidence à Placide précisément dans l’espoir que le diplomate la trahirait et négocierait la paix. Du Ryer, en inventant un personnage et un épisode qui n’existaient pas dans le roman-source ( L’Astrée ), voulait présenter une cour où la ruse et la perfidie dominent, et où même les gens qui essaient d’agir selon les normes de la morale se trouvent compromis. L’autre courtisan sympathique, Birène, est capitaine dans l’armée du roi Policandre. C’est un grand admirateur de Cléomédon, et il est ravi quand ce jeune guerrier revient pour prendre le commandement et remonter le moral des troupes. Quand Cléomédon subit une attaque de folie, Birène se charge de le garder et de le soigner, et son dévouement est particulièrement touchant à un moment où le roi et le reste de la cour l’abandonnent. Cléomédon, qui appelle Birène « cher Ami » (v. 1657) et qui dans le passé a fait de lui le seul confident de son amour pour la princesse Célanire (fille de Policandre), lui est redevable en grande partie de sa guérison. Au dernier acte, quand un autre courtisan insulte un vieillard vêtu de haillons qui demande à voir le roi, Birène, quoique choqué par la conduite du vieillard, est trop poli pour participer aux injures. Oronte, confident du prince Céliante (fils d’Argire et, à son insu, fils aussi de Policandre), est capturé avec lui et lui tient compagnie dans son emprison‐ nement. Ce courtisan, sincèrement dévoué à son maître, lui donne des conseils sensés : quand Céliante avoue son amour pour la princesse Célanire et ne peut pas imaginer un moyen pour l’épouser, c’est le confident qui prédit que le roi Policandre pourrait accepter d’arranger un mariage diplomatique avec l’ancien ennemi qui a failli détruire son royaume, et il offre d’ouvrir les négociations. Malheureusement, Oronte se sert de moyens louches pour réaliser ce projet : n’osant pas aborder directement le roi, il s’adresse aux ministres Timante et Cléon, qui détestent Cléomédon et qui s’opposent au mariage que Policandre vient d’arranger entre le jeune héros et sa fille. Oronte décide de s’allier avec ces ministres et, pour gagner leur adhésion, il invente un songe, qu’il qualifie de Du Ryer et le thème des courtisans 39 Œuvres & Critiques, XLVIII, 1 DOI 10.24053/ OeC-2023-0003 8 James F. Gaines donne une présentation systématique du thème de l’envie chez Du Ryer, surtout chez les courtisans. Mais il va trop loin, à notre avis, en qualifiant Oronte de foncièrement méchant et en posant comme généralité que tous les courtisans chez Du Ryer sont des égoïstes intrigants et sinistres ( op. cit ., p.-29). prophétique, dans lequel Céliante et Célanire éprouvent une passion mutuelle et se marient. Les ministres offrent de présenter Oronte au roi, pour qu’il puisse lui communiquer le songe, et ce stratagème réussit : Policandre rétracte sa parole envers Cléomédon et annonce qu’il va marier sa fille à Céliante. Oronte reparaît dans l’acte final pour démontrer son manque de compassion et de perspicacité : c’est lui qui insulte le vieillard qui demande de parler au roi, et puis, quand le roi reconnaît en celui-ci son ancien confident et le traite avec faveur, Oronte est contraint-à lui faire des excuses 8 . Quant aux ministres Timante et Cléon, ils sont foncièrement méchants. Loin de reconnaître que c’est seulement grâce à l’héroïsme de Cléomédon que le royaume vient d’échapper à la ruine, ils dénoncent le mariage proposé entre ce guerrier et la fille du roi par snobisme : ils refusent d’accepter comme leur futur roi quelqu’un de naissance inconnue et qui était esclave dans sa jeunesse. Trop lâches pour faire leurs protestations directement au roi, ils conspirent derrière son dos, et ils en viennent à des menaces choquantes, sans indiquer qu’ils ont assez d’alliés puissants pour les réaliser : « Mettons le trône à bas, et même à notre honte, / Plutôt que de souffrir que cet esclave y monte. / […] Entretenons plutôt des guerres éternelles » (v. 797-801). Non content de concevoir le projet de fomenter une guerre civile, les ministres inventent un prétexte spécieux pour empêcher Cléomédon de continuer la guerre contre les ennemis de Policandre, malgré le fait que c’est le roi lui-même qui a ordonné la nouvelle campagne dans l’acte précédent : les impôts requis pour une telle entreprise vont accabler le peuple, déjà presque ruiné. Timante, ayant réussi à servir Céliante et discréditer Cléomédon, perd son importance dans l’intrigue : il sera réduit à un rôle de messager dans l’acte IV et ne reparaîtra plus. Quant à Créon, il disparaît après l’acte II, sans doute parce que la présence d’un deuxième ministre en présence du roi serait redondante (et peut-être aussi parce que l’acteur devait jouer un autre rôle mineur dans l’acte V). Mais il est significatif que le roi se laisse influencer par les mauvais ministres, ce qui n’est pas toujours le cas chez Du Ryer. Et il faudra l’intervention de la Providence divine pour que l’ordre soit restaurée, ce qui est d’autant plus crucial que le mariage entre Céliante et Célanire aurait été incestueux. Le monde de la cour disparaît dans les pièces suivantes, pour ressurgir au moment où Du Ryer aborde le genre tragique 9 . Les trois premières tragédies présentent des rois corrompus, et ces monarques se trouvent entourés de 40 Perry Gethner Œuvres & Critiques, XLVIII, 1 DOI 10.24053/ OeC-2023-0003 9 Le courtisan immoral dans la comédie Les Vendanges de Suresnes (1636) ne paraît pas sur scène et son complot est vite déjoué. Cette pièce, comme Cléomédon et Alcimédon , est dédiée au duc de Vendôme ; Du Ryer va dédier Clarigène à son fils aîné et Lucrèce à sa fille. plusieurs types de courtisans, qui essaient soit de leur complaire, soit de les restreindre. Dans Lucrèce (1638), quand Tarquin (c’est-à-dire le prince Sextus Tarquinius), qui se considère roi bien que son père soit toujours en vie, conçoit des desseins criminels, Brute, courtisan fanatiquement attaché aux principes de la vertu et de l’honneur, tente de le dissuader. Tarquin cache sa rage devant Brute mais médite en aparté comment il pourra se venger. Ne trouvant pas de conseiller perfide pour l’aider dans son projet de séduction et de viol, il est obligé de se tourner vers l’esclave Libane, qui accepte de lui obéir en tout. Puisque l’action de cette pièce se déroule, exceptionnellement, dans une maison privée et non à la cour, Du Ryer n’a pas besoin de préciser si les autres membres de l’entourage royal sont de lâches flatteurs ou s’ils gardent leur probité, comme Brute. Le dénouement est également exceptionnel, car, bien que Tarquin réussisse dans son projet criminel (il abuse de l’hospitalité de Lucrèce pour passer la nuit chez elle et la viole), cet acte déclenche une révolution au cours de laquelle la famille royale est chassée de Rome et l’on établit un système républicain à la place. Il faut noter aussi que l’effort de la part du courtisan vertueux de dissuader le roi criminel a été inventé par le dramaturge, car l’auteur-source (Tite-Live) présente Brute d’une tout autre façon : pour préserver sa vie après que le tyran a assassiné un grand nombre d’aristocrates, y compris son frère, il fait semblant d’être fou. Quant à Collatin, cousin de Tarquin et mari de Lucrèce, c’est un vertueux naïf qui, ignorant le naturel méchant du prince, l’invite dans sa maison ; il n’est ni confident ni conseiller. Du Ryer choisit d’explorer ici une situation où les courtisans (du moins ceux que nous voyons) sont des conseillers vertueux, alors que la famille royale est composée de grands criminels qui n’ont pas besoin d’amis perfides pour leur insuffler de mauvaises pensées. Le dramaturge semble avoir été conscient de la portée subversive de ce sujet, car Brute, dans la réplique finale, rappelle que le roi Tarquin, père du ravisseur, fut non seulement un tyran d’exercice mais aussi un usurpateur qui ne mérite pas qu’on lui reste fidèle. C’est dans Alcionée (1640) que le portrait des courtisans malveillants est le plus odieux. Alcire et Callisthène sont non seulement des opportunistes mais des scélérats. Comblés de bienfaits par le personnage éponyme pendant sa période de faveur, ils font semblant d’être ses amis dévoués, et Alcionée est trop naïf pour s’apercevoir de leur hypocrisie. Mais dès qu’il tombe dans la disgrâce, ils lui font des remarques sarcastiques et refusent de se servir de leur propre crédit pour l’appuyer. Bien au contraire, ils s’empressent de le calomnier auprès du roi, Du Ryer et le thème des courtisans 41 Œuvres & Critiques, XLVIII, 1 DOI 10.24053/ OeC-2023-0003 en le présentant comme un ambitieux prêt à ourdir une nouvelle attaque contre le royaume. Le roi, lâche et dissimulé, croit sans peine toutes leurs accusations, d’autant plus qu’il déteste son ancien protégé de s’être révolté contre lui dans le passé. Alcire est tellement malhonnête qu’il ose aborder la princesse Lydie, lui demandant de persuader son père, qui vient d’accorder la demande que fait Alcionée de s’exiler, de changer d’avis et le faire arrêter. Lydie est doublement scandalisée : elle s’indigne de la suggestion que le roi est trop incompétent pour veiller à la sécurité de l’État, et elle perçoit facilement l’hypocrisie et l’envie qui font agir ce mauvais courtisan. Pourtant, tous les courtisans ne sont pas ingrats. Alcionée a un ami véritable, Achate, qui lui est sincèrement dévoué ; plus sensé et plus perspicace qu’Alcionée, il lui donne toujours de bons conseils. Mais sa capacité d’aider son ami est limitée, car, n’étant pas grand seigneur, il n’a pas le standing pour intervenir auprès du roi. Malgré cette vision sinistre de la cour, Du Ryer affiche une plus forte adhérence à la monarchie dans cette pièce, dans la mesure où le favori, quoique vraiment héroïque, est coupable de lèse-majesté dans le passé et continue à poser un danger au régime. Il s’agit donc d’une situation où aucun des personnages n’est pleinement admirable. Cette nouvelle perspective n’est pas sans rapport à la situation personnelle du dramaturge : reconnaissant la situation de plus en plus précaire du duc de Vendôme (qui sera exilé en 1640, et non pour la dernière fois), il essaie de se rapprocher du cardinal de Richelieu, faisant une lecture d’ Alcionée chez lui et dédiant la tragédie à sa nièce. Dans Saül (1642), la cour est un lieu plutôt positif. Le roi est entouré de gens qui l’admirent et dont la loyauté est inébranlable : ses enfants et deux conseillers, dont l’un est son chef d’armée. La corruption provient du roi lui-même, tourmenté par des problèmes psychologiques (jalousie, manque de confiance, tentation d’agir en tyran), mais qui possède quand même certains traits admirables. Le seul membre de la cour dont la fidélité soit douteuse est David, principal guerrier et gendre du roi, qui s’est enfui du royaume à cause de la persécution de Saül. Puisque David ne paraît jamais dans la pièce et que nous ne recevons jamais de nouvelles certaines de lui, les spectateurs ignorent si les bruits concernant sa prétendue trahison sont fondés ou pas. Parmi les courtisans qui paraissent sur scène, le seul qui inspire de la méfiance est Phalti, qui affiche sa rivalité avec David puisqu’il est amoureux de Michol (fille de Saül et femme de David) et qui espère l’épouser si le roi disgracie son principal guerrier et casse son mariage. Quand Phalti rapporte le bruit selon lequel David s’est rallié aux Philistins, qui sont en guerre contre les Hébreux, Michol accuse Phalti d’avoir fabriqué ce rapport pour discréditer son mari. Mais le courtisan proteste qu’il ne fait que répéter un bruit et qu’il ne s’oppose pas à 42 Perry Gethner Œuvres & Critiques, XLVIII, 1 DOI 10.24053/ OeC-2023-0003 10 Selon le récit biblique, ce bruit n’est que partiellement vrai. David s’enfuit chez les Philistins et offre ses services à leur roi, mais quand la guerre reprend entre les deux nations, les généraux philistins, se méfiant de David, refusent sa participation, et David n’est pas obligé de prendre les armes contre son peuple. la demande que fait Michol de convoquer David à la cour, et donc de mettre la loyauté de celui-ci à l’épreuve. Saül accepte d’abord la proposition de contacter David, mais ensuite il se rétracte, et la question restera sans réponse 10 . Quels que soient les soupçons sur sa probité, Phalti reste aux côtés du roi tout au long de la pièce, se montrant bon conseiller et bon capitaine. Pendant la bataille il prouve son dévouement en essayant de rallier les fuyards, en soignant les fils mourants du roi, et en rejoignant le combat pour secourir Saül. Le contraste avec le dénouement d’ Alcionée est particulièrement frappant : le royaume pourra survivre malgré la défaite militaire et malgré la mort du roi, car il lui reste des chefs compétents et on a l’impression que la malédiction divine qui vise Saül et sa famille s’épuisera dans un seul grand désastre. Le fait que Du Ryer dédie sa pièce à tout le monde, c’est-à-dire à personne, suggère qu’il se résigne désormais à manquer de protecteur, Richelieu n’ayant pas répondu favorablement à la dédicace de la pièce précédente. Pourtant, il se peut que Du Ryer, en faisant le choix, insolite à l’époque, d’un sujet tiré de l’Ancien Testament, ait voulu souscrire au programme de Richelieu pour formuler un nouveau type de théâtre religieux, utilisant la nouvelle dramaturgie classique. Dans Esther (1644), sa deuxième tragédie biblique, Du Ryer continue sa présentation de complots sinistres dans une cour royale, dont la plupart inventés par le dramaturge. Cette tragédie constitue une exception dans la mesure où les conjurés sont le favori et la reine déchue, et les personnes menacées sont la favorite (et future reine) et le roi lui-même. Haman, le favori actuel, est l’instigateur de deux conspirations qui semblent indépendantes l’une de l’autre. Il paie un assassin pour tuer le roi, mais le bon courtisan, Mardochée, découvre le complot à temps et se saisit du coupable avec l’aide de ses camarades dans la communauté juive. En même temps, Haman tente d’empêcher le remariage du roi avec Esther, dans l’espoir que celle-ci, répudiée, devra chercher un nouveau protecteur et acceptera d’épouser Haman lui-même. Encore une fois, toutes les manigances échouent, parce que le ministre est trop orgueilleux et trop impulsif, et parce qu’il sous-estime ses adversaires. Pour compliquer davantage son intrigue, Du Ryer fait revenir Vasthi, la reine répudiée, pour redemander son rang et empêcher Esther, qu’on croit roturière, de prendre sa place. Vasthi sollicite l’appui d’Haman, naguère un de ses principaux flatteurs, mais elle prétend qu’elle a d’autres amis influents dans la capitale et qu’elle a assez de puissance pour « troubler tout l’État » (v. 460) au cas où le roi refuserait de Du Ryer et le thème des courtisans 43 Œuvres & Critiques, XLVIII, 1 DOI 10.24053/ OeC-2023-0003 la reprendre. Cependant, le dessein de Vasthi échoue, et la reine est bannie de façon permanente. Quant à Mardochée, dont les services sont enfin révélés, le roi lui accorde des récompenses. Ce roi, vertueux et compétent, n’agit mal que lorsqu’il suit les avis du favori perfide, et dès que le roi découvre la criminalité d’Haman, il le fait mettre à mort. La cour s’éclipse dans Scévole (1647), deuxième tragédie romaine faisant suite à l’histoire de Lucrèce : l’action se déroule sur un champ de bataille et il s’agit de l’affrontement entre deux rois alliés et la nouvelle république romaine. Mais les courtisans reprendront leur importance dans la dernière tragédie de Du Ryer, Thémistocle (1648), où ils ont plusieurs ressemblances avec leurs homologues dans Esther . Cette fois-ci c’est le favori actuel qui persécute le favori en puissance. Xerxès, comme Assuérus, est un roi juste et consciencieux dont le seul défaut est de ne pas reconnaître la méchanceté de son premier ministre. Celui-ci, Artabaze, est un opportuniste qui change constamment de loyauté. Désirant épouser la nièce du roi pour consolider son influence à la cour, il fait semblant d’être l’ami de Mandane, sœur du roi et mère de sa prétendue bien-aimée. Puis il trompe Mandane en lui ôtant son amant Cambise et arrangeant de le fiancer avec sa propre sœur. Il feint d’appuyer Thémistocle, général grec exilé qui a trouvé un refuge chez Xerxès, seulement pour gagner la bonne opinion de Mandane, qui le protège. Puis, quand Mandane abandonne Thémistocle (elle découvre que c’est Thémistocle qui a tué Cambise sur le champ de bataille), il fait de même. Quand il y a un deuxième revirement (Mandane, ayant découvert l’infidélité de Cambise, protège Thémistocle de nouveau), le favori est pris de court et tente de discréditer le Grec en le calomniant auprès du roi. Cependant, Artabaze est plus chanceux qu’Haman, car le roi ne le punit pas au dénouement, lui recommandant plutôt de devenir l’ami véritable de Thémistocle. Le courtisan vertueux est, exceptionnellement, une femme, la princesse Roxane, qui se signale par sa grande bonté d’âme. Elle sert de confidente à quatre personnages principaux, ce qui doit être un record, et elle sert tout au long de la pièce les intérêts de Thémistocle, dont elle admire les vertus, bien que ce général ne s’aperçoive pas de son amour pour lui et avoue qu’il aime ailleurs. Les efforts qu’elle fait pour aider Thémistocle signalent la possibilité d’une conduite désintéressée à la cour, mais ils n’auront aucune influence sur le dénouement heureux, qui résulte de la seule magnanimité du roi. Du Ryer, qui vient d’être élu à l’Académie-française (en novembre 1646), semble avoir accédé à un stade où il puisse présenter la cour comme un lieu où le mérite et la vertu sont appréciés. Même si la présentation plus positive des monarques semble dater de la mort de Richelieu, il est possible que le choix du sujet de Thémistocle (promotion d’un 44 Perry Gethner Œuvres & Critiques, XLVIII, 1 DOI 10.24053/ OeC-2023-0003 11 Pour un traitement approfondi de ce thème, voir Ruoting Ding, L’Usurpation du pouvoir dans le théâtre français du XVII e siècle (1636-1696) , Paris, Honoré Champion, 2021, surtout le chapitre « La Reine se marie ». Si dans Dynamis Du Ryer accorde à la reine un mariage d’amour dans lequel elle pourra partager le pouvoir avec un partenaire de rang égal, dans Nitocris (1650) il adopte l’autre scénario possible : ayant déjoué les conspirations, la reine décide de garder tout le pouvoir et de rester célibataire. étranger très talentueux par un roi magnanime) ait été motivé par le désir de gagner la faveur de Mazarin. Cet espoir, si Du Ryer l’avait vraiment conçu, n’a pas été réalisé. Les tragi-comédies de la dernière période de sa carrière ajoutent peu de chose à la présentation des courtisans. Les intrigues concernent les arrangements matrimoniaux de princesses ou de reines régnantes, parfois contrecarrés par des personnages sinistres. Dans les pièces où il y a une reine régnante, les ambitieux espèrent soit la chasser pour prendre sa place, soit l’épouser afin de gagner le pouvoir effectif 11 . La principale nouveauté se trouve dans Dynamis reine de Carie (1653, jouée en 1649 ou 1650), où le rôle des courtisans s’étend et se démocratise, comprenant des groupes de conseillers aussi bien que des individus haut placés. Les chefs de la conspiration, qui veulent remplacer la reine régnante, sont des princes et non des ministres : Trasile, frère naturel de la reine, et un parent de celle-ci, le prince Arcas. La cour comporte un conseil officiel, dont quelques membres paraissent brièvement sur scène mais sans parler. Gagnés par le perfide Trasile, ils proposent à la reine d’épouser Arcas, bien que celui-ci soit soupçonné (avec raison) du meurtre du roi précédent, feu mari de Dynamis, dans le but d’apaiser la révolte (en fait fomentée par les princes criminels). La reine, lors de sa première apparition sur scène, dénonce ces conseillers et déclare qu’elle doit maintenir sa gloire en tant que monarque, même si l’effort d’étouffer la rébellion lui coûtera la vie. En revanche, la reine accepte de recevoir une délégation des grands de l’État, sans doute calquée sur les États-Généraux en France. Leur chef, dans sa longue tirade, proclame la fidélité des députés à la reine et au bien-être du royaume. Leur conseil correspond exactement à ce que Dynamis a résolu elle-même au début de la pièce : on lui recommande de garder le pouvoir en ses mains, de punir les rebelles, de refuser d’épouser Arcas, et de retenir auprès d’elle le général éminent Poliante, allié du feu roi ; si elle veut se remarier, c’est Poliante qu’elle devrait choisir. Dynamis, impressionnée par le zèle et le bon sens des députés, les loue et promet de considérer sérieusement leurs avis. Pourtant, Trasile, furieux de voir quelqu’un proposer des avis contraires aux siens, explose contre l’audace des députés, qu’il accuse d’oser donner des ordres et de faire des menaces à leur souveraine. Il adopte une position extrémiste selon laquelle aucun sujet Du Ryer et le thème des courtisans 45 Œuvres & Critiques, XLVIII, 1 DOI 10.24053/ OeC-2023-0003 12 Pour une exploration approfondie de l’interaction entre dramaturges et mécènes à propos de la carrière d’un des plus éminents confrères de Du Ryer, voir Philip Tomlinson, Jean Mairet et ses protecteurs : Une œuvre dans son milieu , Paris, Seattle, Tübingen, PFSCL (Biblio 17), 1983. n'a le droit de conseiller un monarque. Mais Dynamis rejette cette maxime, déclarant qu’un monarque compétent doit encourager les sujets zélés et savoir distinguer entre la franchise bien intentionnée et l’insolence. Elle retient les députés au palais et les fait revenir au dénouement, où ils souscrivent au mariage diplomatique entre Dynamis et Poliante, sans savoir qu’il s’agit également d’un mariage d’amour. Pourtant, la cour de Carie n’est pas un milieu tout à fait harmonieux. La méfiance y est si répandue que quand le courtisan Euristhène, reconnu pour sa probité, revient après une période d’esclavage et accuse Poliante du meurtre du feu roi (en fait, il a mal interprété l’action de Poliante, qui avait plutôt essayé de secourir le roi assassiné), la confidente de la reine soupçonne Euristhène d’avoir été gagné par le chef des rebelles et déclare que les soi-disant saints sont souvent des hypocrites immoraux. Comme d’habitude chez Du Ryer, les bons courtisans l’emportent et les traîtres sont punis. Puisque Dynamis fut composée pendant la Fronde, il n’est pas impossible que la présence d’un groupe de députés sensés et patriotiques se soit inspirée par l’actualité. Mais le rapport entre cette tragi-comédie et la situation politique est loin d’être claire. Pour conclure, revenons à la question du rapport entre le dramaturge et les puissances qu’il voulait cultiver pour mécènes. Si l’influence de César de Vendôme dans la genèse de Cléomédon est confirmée, les liens entre les autres pièces et les protecteurs (réels ou souhaités) ne sont que conjecturaux 12 . Ce qui est sûr, c’est que l’expérience avec Vendôme a inspiré chez Du Ryer un goût permanent pour le thème de la conjuration. Dans toutes les pièces où paraissent des courtisans, il est question d’une rébellion, et la stabilité de l’État ne peut se rétablir que par la chute des perfides et par l’affirmation de l’innocence des vertueux suspectés. Et puisque la grande majorité de son corpus consiste en tragi-comédies ou tragédies qui finissent bien, les méchants ne triomphent pas et l’institution de la monarchie est préservée. Les conspirateurs qui visent à assassiner ou déposer le monarque sont presque toujours punis de mort ; ceux qui veulent renverser un favori vertueux sont pardonnés ou écartés. La principale originalité de ces pièces est le ton, plus sombre que d’habitude, mais Du Ryer, malgré son côté subversif qui perçait surtout dans sa jeunesse, affiche de plus en plus ouvertement sa solidarité avec l’institution monarchique. Néanmoins, il en montre constamment la fragilité et surtout le danger que le régime puisse sombrer dans la tyrannie. En somme, la présentation d’une 46 Perry Gethner Œuvres & Critiques, XLVIII, 1 DOI 10.24053/ OeC-2023-0003 gamme de courtisans dans ses pièces souligne la nécessité que le monarque soit non seulement juste et clément, mais aussi un bon juge de caractère. Bibliographie - I. Sources Du Ryer, Pierre, Théâtre complet , sous la direction d’Hélène Baby, 3 volumes, Paris, Classiques Garnier, 2018-2022. - II. Études Abraham, Claude Kurt, Gaston d’Orléans et sa cour : étude littéraire , Chapel Hill, Univer‐ sity of North Carolina Press, 1964. Amstutz, Delphine, « Mécène et Séjan. Sur la figure du favori au XVIIe siècle », Dix-sep‐ tième siècle , 251 (2011), p.-333-350. — « Comment penser l’amitié royale à l’âge baroque ? », Seventeenth-Century French Studies , 36, 1 (2012), p.-26-37. Couprie, Alain, De Corneille à La Bruyère : Images de la cour , Paris, Aux Amateurs de Livres, 1984. Ding, Ruoting, L’Usurpation du pouvoir dans le théâtre français du XVII e siècle (1636-1696) , Paris, Honoré Champion, 2021. Gaines, James, F., Pierre Du Ryer and his Tragedies, From Envy to Liberation , Genève, Droz, 1987. Hilgar, Marie-France, « L’Art de régner dans le théâtre tragique de Pierre Du Ryer », Actes de Wake Forest , dir. Milorad R. Margitic et Byron R. Wells, Paris, Seattle, Tübingen, PFSCL (Biblio 17), 1987, p.-175-189. Lancaster, Henry Carrington, Pierre Du Ryer Dramatist , Washington, D.C., Carnegie Institution, 1912. Pierre Du Ryer dramaturge et traducteur , sous la direction de Dominique Moncond’huy, Littératures classiques , 42 (2001). Tomlinson, Philip, Jean Mairet et ses protecteurs : Une œuvre dans son milieu , Paris, Seattle, Tübingen, PFSCL (Biblio 17), 1983. Du Ryer et le thème des courtisans 47 Œuvres & Critiques, XLVIII, 1 DOI 10.24053/ OeC-2023-0003
