Papers on French Seventeenth Century Literature
pfscl
0343-0758
2941-086X
Narr Verlag Tübingen
10.24053/PFSCL-2022-0026
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2022
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Se raconter et se défendre en prose et en vers : le prosimètre chez Dassoucy
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Claudine Nédelec
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PFSCL XLIX, 97 DOI 10. / PFSCL-2022-0026 Se raconter et se défendre en prose et en vers : le prosimètre chez Dassoucy C LAUDINE N ÉDELEC U NIVERSITÉ D ’A RTOIS , T EXTES ET C ULTURES À son retour à Paris en 1669 1 , après une absence de seize ans, Dassoucy se trouve bien obligé (il sait d’expérience que les écus qu’il a en poche ne feront pas long feu) de se lancer à corps perdu dans la reconquête de sa place dans le champ littéraire et artistique parisien : il veut, dit-il, se « faire connaître un peu mieux à bien des gens dont [il n’est] pas trop bien connu 2 », et ailleurs il précise : « je ne laisse passer aucune occasion de me faire voir 3 », pour pouvoir « reparer les ruines de [son] Parnasse desolé 4 ». Il semble donc n’avoir rien perdu de son énergie, pour lutter contre ce qu’il appelle son mauvais sort (il y met un peu du sien tout de même ! ) et les mauvaises langues acharnées contre lui 5 , mais ses handicaps sont grands : toutes ses publications portent la marque de la nécessité non seulement de se rappeler, comme artiste, à ceux qui l’ont oublié (à l’en croire, certains ont 1 D’après son dernier biographe, J.-L. Hennig, parti brusquement vers la mi-juillet 1653, il serait revenu pendant l’été 1669 (Dassoucy & les garçons, Paris, Fayard, 2011, p. 656-659 et p. 962). Lui-même dit plutôt 1654 ou 1655 : « Je ne sais si ce fut l’an mil six cent cinquante-quatre ou cinquante-cinq... », première phrase des Aventures de M. Dassoucy [Paris, A. de Rafflé, 1677], dans Libertins du XVII e siècle, t. I, J. Prévot (éd.), Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1998 (désormais Av), p. 755. 2 Les Aventures d’Italie de Monsieur d’Assoucy, Paris, A. de Rafflé, 1677 (désormais AI), « Préface » (ce texte, absent de l’édition de la BnF IFN 8626246, se trouve dans l’édition d’É. Colombey, Aventures burlesques de Dassoucy, Paris, A. Delahays, 1858, p. 211). 3 Les Rimes redoublées de Monsieur Dassoucy, Paris, C. Nego, 1671, « Epistre au Lecteur », p. 2 (désormais RR). 4 La Prison de Monsieur Dassoucy, Paris, A. de Rafflé, 1674 (désormais P), p. 2. 5 Voir G. Catusse, « Des Rimes redoublées aux Aventures de Monsieur Dassoucy : dire et redire la “médisance” », Avez-vous lu Dassoucy ? , D. Bertand (dir.), Clermont- Ferrand, Presses Universitaires Blaise Pascal, 2005, p. 143-155. Claudine Nédelec PFSCL XLIX, 97 DOI 10. / PFSCL-2022-0026 454 même prétendu qu’il était mort 6 ...), mais aussi d’argumenter contre ses adversaires, à la fois sur un plan idéologico-moral et sur un plan esthétique, en offrant une image de soi « agréable », c’est-à-dire non seulement plaisante, mais méritant d’être agréée. Or, une des attaques dont il pense qu’elle a fait le plus de mal à sa réputation, bien avant celle de Boileau en 1674, c’est celle qui est contenue dans le fameux prosimètre intitulé le Voyage de Messieurs de Bachaumont, et La Chapelle 7 . Chose curieuse, c’est justement après le retour à Paris que l’insertion de vers dans la prose devient un mode d’écriture majeur de Dassoucy. Certes, on en trouve deux exemples antérieurs : l’un dans une lettre « À Monseigneur le comte de Servien, surintendant des finances », dans son Nouveau recueil de poésies héroïques, satiriques et burlesques de 1653 8 ; l’autre est la forme générique adoptée pour célébrer l’arrivée à Florence, au moment où il s’y trouve (entre l’été 1659 et l’hiver 1661) de la future épouse du grand-duc de Toscane, Marguerite Louise d’Orléans, une des filles de Gaston d’Orléans 9 . Le second est très intéressant, mais sort de la problématique que je voudrais développer ici ; le premier pose les prémices de l’emploi que fit Dassoucy du prosimètre dans sa « seconde carrière », c’est-àdire après son retour d’exil. Il est en effet fortement présent dans Les Rimes redoublées (1671), La Prison (1674), Les Aventures et Les Aventures d’Italie (1677) 10 : on peut ainsi relever 43 poèmes en 139 pages (dans l’édition de la Pléiade) dans Les Aventures 11 . Je me propose donc d’étudier quels sont les raisons et les effets de ce choix technico-esthétique, qui, assez loin de la recherche de séduction propre aux lettres galantes qui se sont développées pendant son absence, semble plutôt s’inscrire à la fois dans la reconstruction de son ethos de poète et dans une argumentation pro domo, en écho avec la fonction satirique ancienne de ce mode d’écriture. 6 Il y revient à plusieurs reprises, notamment dans La Prison (op. cit.). 7 Après avoir circulé en manuscrit, il paraît dans un recueil aujourd’hui perdu, Nouvelles poésies et prose galantes, Paris, E. Loyson, 1661 (voir Voyage d’Encausse, Y. Giraud (éd.), Paris, Champion, 2007, p. 25 sq.). Il est réédité en 1663 (Recueil de quelques pièces nouvelles et galantes, Cologne, P. du Marteau), sur un autre manuscrit. 8 Dit aussi Œuvres mêlées, ou Poésies et Lettres, Paris, J. B. Loyson, 1653, p. 151-153 [Ars 8 BL 9116]. 9 À son Altesse Sérénissime Madame Marguerite Louise d’Orléans, sur son mariage avec son Altesse Sérénissime Cosme de Médicis, prince de Toscane, Florence, à l’enseigne de l’Étoile, 1661. 10 Les exceptions sont : Les Amours d’Apollon et de Daphné (théâtre versifié, vers 1673), Les Pensées dans le Saint-Office de Rome (prose, 1676), et quelques poèmes encomiastiques. 11 Voir un relevé en annexe. Le prosimètre chez Dassoucy PFSCL XLIX, 97 DOI 10. / PFSCL-2022-0026 455 Petit rappel des faits En juillet 1653, des circonstances mal élucidées précipitent Dassoucy sur les routes de France, puis d’Italie. Lors de son séjour à Montpellier, il a des soucis avec la justice locale (quelques jours de prison) et avec l’opinion publique, notamment féminine 12 - en raison, disons-le carrément, même si les textes de l’époque usent de toutes sortes de circonvolutions, de soupçons de pratiques homosexuelles, voire pédérastiques. Dassoucy s’en sort, poursuit son voyage... Mais, alors qu’il est arrivé à Rome, ces mésaventures le rattrapent. On l’informe (vers 1665 13 ) que le bruit s’en répand, à cause de la relation de voyage de deux compères, un certain Bachaumont et surtout son ancien (très bon) ami, Chapelle 14 . Or ce récit, en prosimètre, sans pour autant prononcer le mot, dénonce assez clairement la chose... À leur arrivée à Montpellier, un bourgeois explique aux deux voyageurs qu’on va brûler Dassoucy, pour « un crime qui est en abomination parmi les femmes 15 ». On en parle dans les salons, dont ils dépeignent railleusement les précieuses ; l’une d’entre elles regrette que « Tous ces Messieurs les beaux Esprits,/ Soient sûjets à telle infamie 16 ». Mais il y a plus grave : Nous eûmes toutes les peines du monde à passer dans les rües à cause de l’affluence du peuple. Là d’hommes on voyoit fort peu, Cent mille femmes animées, Toutes de colère enflamées, Accouroient à foule en ce lieu Avec des torches allumées. Elles écumoient toutes de rage, & jamais on n’a rien veu de si terrible : les unes disoient que c’estoit trop peu de le brûler ; les autres qu’il faloit l’écorcher vif auparavant ; Et toutes, que si la Justice le leur vouloit livrer, elles inventeroient des nouveaux suplices pour le tourmenter. Enfin, L’on auroit dit à voir ainsi 12 Sur les détails de l’affaire, voir J.-L. Hennig, op. cit., p. 714-743. 13 C’est du moins ainsi qu’est datée la réponse de Dassoucy, sous la forme d’une lettre « A monsieur Chapelle, mon tres-cher & tres-parfait Amy », publiée en 1671 dans Les Rimes redoublées (RR p. 106-118), et, avec des variantes, dans une réédition, probablement rapide (sous l’effet d’une censure ? ), d’une autre version du même ouvrage (Paris, C. Nego, s. d. [1673 ? ], p. 105-120). Voir le commentaire de ces deux éditions dans G. Catusse, op. cit., p. 148, et dans Charles Coypeau Dassoucy, Les Aventures et les prisons, D. Bertrand (éd.), Paris, Champion, 2008. 14 Claude-Emmanuel Luillier, dit Chapelle (1626-1686). 15 « Voyage de Messieurs de Bachaumont, et La Chapelle », Recueil de quelques pièces nouvelles et galantes, op. cit., p. 62. 16 Ibid., p. 64. Claudine Nédelec PFSCL XLIX, 97 DOI 10. / PFSCL-2022-0026 456 Ces Bacchantes échevelées, Qu’au moins ce Monsieur d’Assoucy Les auroit toutes violées ; Et cependant il ne leur avoit jamais rien fait 17 . Un peu plus tard, ils retrouvent Dassoucy en Avignon. « N’ayant plus pour tout équipage/ Que mes vers, mon lut, & mon page./ [...] Mais enfin me voila sauvé ; / Car je suis en terre Papale 18 », leur dit-il, ce qui n’est pas sans sous-entendus. Il nous prit envie de sçavoir au vray ce que c’estoit que ce petit garçon, & quelle belle qualité l’obligeoit à le mener avecque luy ; nous le questionnâmes donc assez malicieusement, luy disant, Ce petit garçon qui vous suit, Et qui derriere vous se glisse, Que sçait il ? en quel exercice, En quel art l’avez vous instruit ? Il sçait tout, dit il, s’il vous duit, Il est bien à vôtre service. Nous le remerciâmes lors bien civilement, ainsi que vous eussiez fait, & ne luy repondîmes autre chose, Qu’adieu, bon soir, & bonne nuit : De vôtre Page qui vous suit, Et qui derriere vous se glisse, Et de tout ce qu’il sçait aussi, Grandmerci, Monsieur d’Assoucy ; D’un si bel offre de service, Monsieur d’Assoucy grandmercy 19 . Deux constats. L’un, que nous avons bien affaire à un prosimètre au sens de Pellisson, où vers et prose composent « le corps d’une même narration 20 » - nous verrons si c’est ce modèle que va adopter Dassoucy. L’autre est que tout cela n’est pas aussi violent contre Dassoucy que celui-ci l’a ressenti et interprété : les femmes de Montpellier sont elles aussi tournées en ridicule, 17 Ibid. 18 Ibid., p. 73. 19 Ibid., p. 73-74. 20 P. Pellisson, « Discours sur les Œuvres de M. Sarasin » [1656], dans L’Esthétique galante. Paul Pellisson, Discours sur les Œuvres de Monsieur Sarasin et autres textes, A. Viala, E. Morgat et C. Nédelec (éd.), Toulouse, Société de littératures classiques, 1989, p. 57. Notons que le texte de Sarasin dont il est question, La Pompe funèbre de Voiture, publié en 1649, fait figure d’innovation. Voir C. Nédelec, « Le prosimètre dans la théorie poétique », Le Prosimètre au XVII e siècle, « un ambigu de vers et de prose », M.-G. Lallemand, C. Nédelec et M. Speyer (dir.), L’Entre-deux, n° 6 (novdéc. 2019), https: / / www.lentre-deux.com. Le prosimètre chez Dassoucy PFSCL XLIX, 97 DOI 10. / PFSCL-2022-0026 457 l’amplification rhétorique sur fond mythologique est évidente, d’ailleurs (d’après Dassoucy) assez largement empruntée aux poèmes écrits par lui à cette époque 21 ; et après tout, Chapelle et Bachaumont avouent se sentir aussi visés (pour Chapelle en tout cas, cela avait quelque raison d’être ! ), et quittent précipitamment Montpellier... Ajoutons un détail intéressant. On trouve dans le Nouveau recueil de poésies un « Voyage de Sens, ou l’auteur se raille soy mesmes », récit picaresque en octosyllabes, adressé à son « cher amy de la Chappelle 22 » ; il se termine par une déclaration épicurienne un peu osée : Ores je bois frais & ne mange, Rien que perdrix & pigeonneaux, Mes Pages rien que des gateaux, Et mon nepveu qui fait le Prince, Plus fier qu’un noble de Province, Ris Chante & bois & fait [sic] l’amour, Et moy je la fais à mon tour 23 . De là à penser que cela a donné des idées - traîtresses - audit Chapelle... Dassoucy a conçu un violent ressentiment de ce Voyage, tout de même saturé d’allusions à l’homosexualité, d’autant qu’il a pu penser qu’il s’était ajouté aux causes de sa détention dans les prisons du Saint-Office, de la fin de 1667 au mois de septembre 1668. De retour à Paris À son retour à Paris, donc, Dassoucy estime urgent d’entamer la reconquête de son « territoire », et la guerre contre ses calomniateurs. Je laisserai de côté celles qui concernent son statut de musicien/ compositeur, car aucun texte qu’il publie ne contient de partition. Malgré tout il ne manque pas de parler, dans sa Prison, de ses diverses tentatives en ce domaine, et (peutêtre) de ses Amours d’Apollon et de Daphné 24 ; et l’anecdote qu’il raconte, dans ses Aventures d’Italie, à propos de chanoines ayant voulu le récréer de leurs chants (épouvantables) semble bien là aussi pour glisser un peu de publicité (comme on dirait aujourd’hui) : « Ils chanterent plusieurs de mes 21 Av p. 871 : « Mes expressions et mes pensées, tout vous est bon ; [...] pour divertir le lecteur vous avez si ingénieusement transplanté dans vos écrits ce que mes vers avaient dit avant votre prose, après l’avoir arraché de ce couplet que je fis à Montpellier pour me moquer de ces femmes à qui je n’avais jamais rien fait ». 22 Nouveau recueil de poésies, op. cit., p. 136-141. 23 Ibid., p. 141. 24 Paris, A. de Rafflé : on pense pouvoir aujourd’hui dater cette parution de 1673. Claudine Nédelec PFSCL XLIX, 97 DOI 10. / PFSCL-2022-0026 458 airs à quatre parties ; mais avec tant d’art & de politesse, que si je ne les eusse veus imprimez par Ballard, & sous mon nom, je les eusse desavouez pour mes enfans 25 ». Dès 1671, il publie dans Les Rimes redoublées sa réponse à Chapelle, lui renvoyant l’accusation de sodomie, assortie de quelques autres amabilités. Mais c’est sur un autre point qu’il me semble que Dassoucy « répond » à Chapelle. Il se doute bien en effet que, pendant son absence, les modes littéraires ont changé ; en particulier, le grand succès du Voyage, qui luimême s’inscrit dans la vogue des recueils galants, et plus particulièrement des lettres et récits mi-prose mi-vers à la première personne, fictifs ou non, a dû le frapper. Du prosimètre de Dassoucy, je voudrais étudier deux aspects. D’une part, d’un point de vue en quelque sorte technique, selon quelles procédures Dassoucy insère-t-il ses vers dans sa prose ? D’autre part, quelle fonction pragmatique est-elle assignée à ces insertions ? De la prose aux vers, des vers à la prose Dassoucy ne choisit pas entre les deux principaux modes d’insertion de vers dans la prose, le mode citationnel, qu’il s’agisse de citations de poèmes d’autrui (poète réel ou personnage défini comme poète) ou d’autocitations, ou de composer avec ces deux modes d’écriture « le corps d’une même narration ». Il pratique aussi bien l’un que l’autre. Former le corps d’une même narration (ou d’un même discours) Dassoucy est très habile à passer souplement, et pour ainsi dire à l’aventure, de la prose aux vers, et des vers à la prose - façon « galante » d’animer le récit, ou le discours, de diversifier le style, de jouer avec le langage et le rythme, bref d’introduire de la variété pour plaire au lecteur. Ainsi, dans l’épître « Au roi » qui ouvre Les Aventures, le discours encomiastique en prose est entrecoupé de quatre passages versifiés qui s’y insèrent comme naturellement. Pour deux d’entre eux (le premier et le dernier), ils relèvent du style élevé de l’éloge, et ne se distinguent guère du contexte en prose que par la versification ; les deux autres jouent du contraste produit par leur style burlesque - non sans que Dassoucy ait rappelé qu’il faisait rire le jeune Louis XIV à son petit coucher. 25 AI, p. 22. Les Airs à quatre parties du sieur Dassoucy ont paru chez R. Ballard en 1653. On vient de retrouver l’ensemble des partitions, N. Berton-Blivet et F. Michel (éd.), Paris, IReMus, 2019, airsdedassoucy_20191008.pdf. Le prosimètre chez Dassoucy PFSCL XLIX, 97 DOI 10. / PFSCL-2022-0026 459 Quoique j’eusse prévu par avance la grandeur étonnante de vos futures merveilles, hélas, Sire, il fallait bien d’autres tireurs d’horoscope pour deviner : Qu’au plus fort de cette saison Où chacun comme un limaçon Dedans sa coque se retire, Où le soldat dans son pignon, Près du feu mange son quignon, Et que ce grand boute tout cuire, Ce grand Dieu du colin tampon Change son casque en poêle à frire [...] Vous eussiez pris en trois semaines, À la barbe de l’Aquilon, Tout le comtat du Bourguignon, En tête de vos capitaines, Qui donnent les fièvres quartaines, Et prennent les murs sans canons. Et bien d’autres prophètes plus fins que Nostradamus, pour prédire qu’on verrait aujourd’hui V. M. faire tête à toute l’Europe, et comme un autre Jupiter contre les géants, éluder la puissance de cent potentats, après avoir passé comme un éclair en Hollande, et réduit ces colosses invaincus à n’avoir plus contre l’ardeur de votre courage, d’autre asile ni d’autres remparts que la mer et les tritons 26 . Quant au récit de son arrestation dans sa Prison, Dassoucy y alterne très librement proses et vers, feignant, en galant homme, de raconter sur le mode plaisant et enjoué ce qui fut certainement une rude épreuve. Il s’agit aussi de « faire oublier la mésaventure et surtout ses causes, au profit de la démonstration de virtuosité poétique [...]. On glisse du plan social au plan esthétique, là où Dassoucy est mieux à même de prouver son excellence 27 ». La premiere chose, dis-je, que firent ces Archers des Muses, ce fut de sceller tous mes coffres, apres s’estre saisis de mon argent. Ce premier acte tragicomique estant fini, il fallut sans intermede passer au second. Un Huissier tres-dispos & tres-allaigre vint à moy avec une gaillarde troupe d’Archers, Lesquels avec peu de raison, Comme un coquin patibulaire, Se jetterent sur ma toison, Pour me loger en la maison, Où l’on ne boit que de l’eau claire, 26 Av p. 750. 27 E. Lesne-Jaffro, « Le récit de prison de Dassoucy », Avez-vous lu Dassoucy ? , op. cit., p. 291-303, p. 294. Claudine Nédelec PFSCL XLIX, 97 DOI 10. / PFSCL-2022-0026 460 Des pleurs que l’on verse à foison, Quoy que sans aucun Emissaire, Le seul valet du Commissaire, M’eust fort bien conduit en prison. Car je ne suis pas de ceux qui se battent contre les Archers : comme je suis d’un naturel de brebis, j’ay trop de reverence pour les loups, & trop de respect pour leurs pattes, pour m’aller jouër à leurs griffes, aussi je me laissay mener comme un mouton [...] 28 . Mode citationnel À l’opposé, le récit du séjour de Dassoucy à la cour de la Princesse de Savoie 29 , qui compose la première partie des Aventures d’Italie, use exclusivement du mode citationnel : on n’y trouve pas moins de neuf poèmes de circonstance, auxquels s’ajoutent, dans des retours en arrière digressifs, trois poèmes antérieurement composés, et deux poèmes attribués à un autre, peut-être énonciateur fictif. Notons à ce propos qu’il arrive rarement à Dassoucy de citer des vers d’autrui 30 ; de plus, leurs « auteurs » sont parfois bien ambigus. Ainsi ce poème à son éloge censément composé par un curé rencontré dans sa jeunesse : après l’avoir présenté comme ignorant et un peu fou, Dassoucy ne tarit pas de louanges sur ses vers, « beaucoup plus excellens que toute la Poësie platte de tous les plats Poëtes 31 », et les cite tout au long. Ce poème étant particulièrement bizarre et irrégulier, cet éloge est bien sûr ironique, et Dassoucy semble bien s’être lui-même amusé à composer de fort mauvais vers, qui ont au moins le mérite de faire rire ! Autre exemple. Dans un moment pénible de sa prison parisienne, privé de moyens d’écrire, il dit avoir composé de tête un poème « A la France » qu’il a appris par cœur, et récite à son ami Éraste 32 . Or ce poème intègre un « Dialogue 33 » versifié entre Colin et Pierre du Puis, mâtiné de patois parisien, qui est une parodie des libelles satiriques « Qu’un tas de gueux aux pieds pourris,/ Plus amis de la calomnie/ Que de mes faits, & de mes dits,/ Parlant de moy, font dans Paris 34 ». 28 P p. 33-35. 29 AI p. 97-377. 30 Un poème de d’Aubijou et un poème de Chapelle dans Les Aventures (Av p. 850 et p. 869), quelques vers de Boileau dans Les Aventures d’Italie (AI p. 241 et p. 263), une citation de Robinet et une de Le Tellier dans La Prison (P p. 138-141 et p. 146- 148). 31 AI p. 304-305. 32 P p. 48-70. 33 P p. 59-62. 34 P p. 58. Le prosimètre chez Dassoucy PFSCL XLIX, 97 DOI 10. / PFSCL-2022-0026 461 Les Rimes redoublées présentent un cas intéressant, et en quelque sorte inverse de celui des Aventures d’Italie. Pour ce dernier ouvrage, l’intention narrative première annoncée par le titre est comme de façon automatique accompagnée de nombre de poèmes, soit que les vers aient été directement composés à l’occasion de tel ou tel événement raconté, soit que les circonstances rappellent au narrateur des événements antérieurs ayant eux aussi provoqué la rédaction de tel ou tel poème. Dans Les Rimes redoublées, le recueil de poésies laisse la place, après les cinquante premières pages, à un mélange de poèmes « de circonstance » et de fragments narratifs qui les encadrent et en décrivent les circonstances, sur le modèle suivant : « Je composay ces vers à Rome, que je donnay à Monseigneur l’Abbé le Tellier, aujourd’huy Coadjuteur de Reims » figure en incipit 35 ; suit le poème, puis « Ce seigneur splendide, & genereux me commanda de l’aller voir le lendemain [...] 36 », ce qui donne lieu à un récit en prose, agrémenté de quelques autres poésies, des relations de Dassoucy avec ce personnage jusqu’à son arrestation. En fait, Dassoucy ne distingue pas sa vie d’homme de sa vie d’écrivain, ou plutôt de poète : comme le disait Pellisson à propos de Sarasin, il se donne la liberté d’être « orateur » et poète en même temps 37 . C’est comme poète, comme poète aussi excellent que persécuté, que le « je » qui parle, sous la pression d’une puissante nécessité, se définit. (Re)construire sa persona de poète Dassoucy s’emporte contre Loret qui aurait fait 38 courir le bruit de sa mort : « qu’avois-je fait à ce beau rimeur des halles, pour insulter si fierement contre l’honneur de mes Muses, plus éclairées et plus honnestes que les siennes ? 39 ». On peut certes voir dans l’adoption massive du prosimètre le désir de profiter de la mode, tout en répondant à ses calomniateurs aussi sur le plan esthétique. Mais il semble bien que ce mode d’écriture ait offert à Dassoucy la possibilité de reconstruire son ethos, sa persona de poète de Cour, de poète « innocent 40 », de poète « Empereur du Burlesque 41 »... 35 RR p. 52. 36 RR p. 58. 37 P. Pellisson, op. cit., p. 58. 38 Petit mystère : on n’a rien retrouvé de tel dans sa Gazette. 39 AI p. 87. 40 AI p. 244. 41 AI p. 264. Claudine Nédelec PFSCL XLIX, 97 DOI 10. / PFSCL-2022-0026 462 Illustrer ses relations mécénales C’est peut-être parce que Les Aventures d’Italie racontent ses diverses tentatives pour s’implanter dans la maison d’un Grand, grâce à son « service poétique », qu’elles sont particulièrement riches en autocitations, qui valent pour attestations de ce service, et pour preuve, pour les lecteurs « ordinaires », qu’il est bien un poète (et un musicien) apprécié des grands de ce monde, contrairement à ce que prétend Boileau. Outre ses aventures à la cour de la princesse de Savoie, on peut citer l’épisode des quelques jours passés à Monaco, chez Honoré Grimaldi II, qui lui fait un excellent accueil, et lui alloue une grosse somme d’argent, « présent qui à la vérité était trop considérable pour moi, puisque lui disant adieu, je ne lui pus laisser pour tant de grâces que ce misérable sonnet 42 » (en alexandrins), cité ensuite in extenso (évidemment pour prouver qu’il n’est pas si misérable...). C’est aussi pour cela que ses épîtres dédicatoires, après son retour à Paris, sont toutes en prosimètre - ce qui est une pratique dont je ne connais pas d’autre exemple. Mais il est bon de noter aussi - et là encore c’est assez exceptionnel - que Dassoucy n’hésite pas à mettre au nombre des mécènes qu’il célèbre prosaïquement et poétiquement quelques petites gens qui lui ont porté assistance, tel ce M. Le Breton, concierge au Châtelet, pour qui il compose une chanson 43 . Renforcer l’argumentation Si la pratique de l’insertion narrative semble essentiellement décorative, la pratique citationnelle fait souvent fonction non seulement d’attestation du statut de poète de l’écrivain, mais aussi de renforcement argumentatif, notamment par la répétition des mêmes motifs sous deux modes différents. Car, même si, comme il le reconnaît dans sa Prison, Apollon « [...] pour dresser une Requeste,/ Ne vaut pas le cheval grison/ De Monsieur l’Avocat Talon 44 », cela ne l’empêche pas d’adresser pour sa défense « A Monsieur Deffita, lieutenant C... [riminel] », outre des lettres en prose, plusieurs sonnets 45 , et à « tous les Messieurs du Chastelet » une « gallanterie » en 42 AI p. 74. 43 P p. 111-112. 44 P p. 118. Il s’agit soit d’Omer Talon (1595-1652), réputé pour son art oratoire, soit de son fils, Denis Talon (1628-1698), tous deux avocats généraux au Parlement de Paris. 45 P p. 125-129. Son ami Éraste le qualifie d’ailleurs de « si grand amy des Muses » (p. 124). Le prosimètre chez Dassoucy PFSCL XLIX, 97 DOI 10. / PFSCL-2022-0026 463 octosyllabes 46 . Les vers peuvent en effet avoir un impact pragmatique plus puissant que la prose, comme le constate Dassoucy à propos du discours même de ses adversaires 47 , ou du moins contribuer à en renforcer l’effet 48 . Quel plaisir à un pied plat, de voir des flâmes decraner un tel Occiput, & se faire un passage dans un cerveau tout lardé de belles pensées, & tout farcy de tons cromatiques ; de voir griller une docte & sçavante main, rostir un quartier de Caliope & de Clio ! [...] Mon Dieu Quel ravissement extatique, Qu’elle eust eu de joye à son tour, Venus & sa troupe arcadique, De voir ardre en place publique Un heretique en fait d’amour 49 . Cette reprise ironique et satirique du discours fanatique des dévots et des moralistes est plus frappante d’être une seconde fois dite, dans des vers particulièrement sonores. Cherchant les causes de son emprisonnement, il finit par en accuser le « vulgaire ignorant et malin », et le « Oüy dire », « animal tres-cruel & tres dangereux » : « Plus fier que foudre & que tempeste,/ Toûjours sa rage est toute preste 50 ». Mais Ouï-dire a été empêché de nuire par [...] ces Messieurs du Chastelet Qui pour punir le malefice, Font prendre les gens au collet, De ce langard plein de malice, Qui me chargeoit comme un mulet Graces à Dieu, m’ont fait justice Et l’ont croqué comme un poulet [...]. Ce babillard est au filet, Et le silence est son supplice, Grace à Messieurs du Chastelet, 46 P p. 134-136. 47 « Les beaux Vers que ces deux celebres Auteurs [Loret et Chapelle] ont daigné faire à ma loüange, ne laissent pas de passer dans le monde pour des oracles aussi authentiques, que s’ils avoient esté prononcez par la bouche de la verité mesme » (P. p. 167). 48 C’est ce qu’on trouve à plusieurs reprises dans Les Amours de Psyché et Cupidon de La Fontaine (1669). Voir C. Nédelec, « Admirable tremblement du temps... La temporalité dans les “œuvres galantes” de La Fontaine », Le Fablier, n° 9, 1997, p. 77-82. 49 P p. 22-23. 50 P p. 165-166. Claudine Nédelec PFSCL XLIX, 97 DOI 10. / PFSCL-2022-0026 464 Qui pour punir le malefice, Font prendre les gens au collet 51 . Ici, c’est le refrain que permet la forme versifiée qui accentue l’accusation, et l’éloge. Prouver son talent de poète (burlesque) « Devant la plus galante Cour qui fust jamais, je parus aussi brillant qu’un Apollon 52 ». Cette abondance citationnelle, ainsi que le fréquent recours à la mythologie poétique, par exemple dans La Prison 53 , a enfin pour but de démontrer qu’il est bien un poète, et un bon ! Il s’agit d’abord de prouver qu’il maîtrise la technique de la versification aussi bien que celle du luth ou du théorbe. Dassoucy utilise majoritairement les suites d’octosyllabes, mais il donne aussi des exemples de poésies strophiques (avec des strophes régulières ou irrégulières), notamment les chansons, ou de sonnets ; il lui arrive d’user des alexandrins, des décasyllabes, des vers courts, notamment dans quelques poèmes hétérométriques (dits vers mêlés à l’époque). Dans les suites d’octosyllabes, Dassoucy mêle très librement les trois dispositions possibles, le plus souvent en usant de rimes redoublées. Il faut entendre par là le fait d’utiliser un nombre aussi limité que possible de rimes dans une longue suite de vers : par exemple, un des poèmes de l’épître « Au roi » des Aventures est composé de 21 octosyllabes sur deux rimes seulement 54 . Il aime aussi les échos d’une rime à l’autre : dans un poème de 18 octosyllabes des Aventures, on trouve deux rimes, l’une en -i(s), masculine, l’autre en -ie, féminine ; dans le suivant, de 9 octosyllabes, deux rimes aussi, l’une en -ir, l’autre en -ie à nouveau ; et dans le troisième, de 18 octosyllabes, deux rimes encore, l’une en -eau [o], l’autre en -ie 55 ... Ensuite, il s’attache à montrer qu’il est à l’aise dans tous les genres et les tonalités ; ainsi, dans la suite de poèmes inscrits dans l’épisode du séjour à Turin dont j’ai déjà parlé, on trouve de la poésie lyrique aux tonalités variées (joie, tristesse, admiration...), de la poésie satirique, un long poème héroïque sur la mort du prince Maurice, un poème burlesque adressé à son fils, des vers de jeunesse pour une Iris, une parodie de mauvais poète, enfin un « Adieu 56 », chant désespéré d’« un Cygne mourant 57 ». 51 P p. 169-170. 52 AI p. 157. 53 Voir E. Lesne-Jaffro, op. cit., p. 301-302. 54 Av p. 751. 55 Av p. 782, 785-786, 786. 56 AI p. 346-351. Le prosimètre chez Dassoucy PFSCL XLIX, 97 DOI 10. / PFSCL-2022-0026 465 Cependant, Dassoucy s’applique surtout à démontrer qu’il est un excellent poète burlesque, et que le burlesque relève de l’excellence. Le récit de ses succès auprès des galantes cours qui l’ont accueilli lui fournit l’occasion d’une longue réponse argumentée et parfois virulente à l’« Archisatyrique 58 » au « goust [...] dépravé 59 » - Boileau - qui a osé écrire en 1674 : « Et, jusqu’à Dassouci, tout trouva des Lecteurs./ Mais, de ce stile enfin la Cour desabusée,/ Dédaigna de ces vers l’extravagance aisée 60 ». Non seulement l’approbation persistante de la Cour (Dassoucy confond ici habilement celle de la jeunesse de Louis XIV et celle de la Princesse de Savoie) montre que le burlesque mérite d’être estimé, mais Dassoucy s’attache à le prouver en analysant, en un véritable autocommentaire, les qualités formelles et intellectuelles de deux passages de son Ovide en belle humeur, d’un burlesque « mistique 61 » (donc incompréhensible aux imbéciles...), « fin dans ses pensees & plaisant dans ses rencontres 62 », « le dernier effort de l’imagination & la pierre de touche du bel esprit 63 » : « Il est vray que peu de personnes entendent le mot pour rire : c’est pourquoy peu de personnes entendent mes Vers. Pour bien juger de la fine raillerie, il ne suffit pas d’avoir de l’esprit, si l’on n’a un genie pour s’y connoistre 64 ». Il y a malgré tout une limite à cette autocélébration : l’absence de la musique. Beaucoup des textes poétiques cités sont des chansons, mais rien ou presque n’est dit de leur musique. Un seul exemple explicite un peu sa pratique - qui n’était pas unique, comme le prouvent ses Airs de cour, qui n’ont rien de burlesque, ni dans les textes, ni dans les musiques - des « mésalliances bouffonnes entre texte et musique 65 ». Sur « un air de cour », Dassoucy chante l’éloge parodique d’une épaule de mouton, viande réputée de basse qualité, mais à laquelle, au milieu même des nourritures raffinées 57 AI p. 344. 58 AI p. 240. 59 AI p. 241. 60 N. Boileau-Despréaux, « L’Art poëtique en vers », Œuvres diverses, Paris, D. Thierry, 1674, chant I, p. 106 (v. 90-92). 61 AI p. 258. 62 AI p. 257. 63 AI p. 252. Pour une analyse plus détaillée, voir C. Nédelec, « Y a-t-il une vérité cachée sous le voile des travestissements burlesques ? », Le Sens caché. Usages de l’allégorie du Moyen Âge au XVII e siècle, F. Wild (dir.), Arras, Artois Presses Université, « Études littéraires », 2013, p. 211-222. 64 P p. 157-158. 65 D. Bertrand, « Échos d'une “burlesque lyre” dans les aventures de Dassoucy », Poétique de la pensée : études sur l'âge classique et le siècle philosophique en hommage à Jean Dagen, B. Guion, M. S. Seguin, S. Menant et P. Sellier (dir.), Paris, Champion, 2006, p. 57-69, p. 60. Claudine Nédelec PFSCL XLIX, 97 DOI 10. / PFSCL-2022-0026 466 offertes par un « généreux seigneur », rêve le musicien, pris de « dolents et tristes regrets » d’une certaine simplicité : Chère épaule, épaule ma mie, Épaule, je m’en vais mourir, Si, promptement, pour me guérir, Dans la première hostellerie, Tu ne viens pour me secourir 66 . Au-delà de l’effet de mode et du désir de damner le pion à ses calomniateurs y compris esthétiquement, en réaffirmant son « expérimentation de la dissonance », du « métissage d’écritures hétérogènes » dans une « poétique transgénérique 67 », on peut penser à une autre explication de l’adoption du prosimètre par Dassoucy. Afin de se garantir des attaques qui lui ont valu la prison (à Montpellier, Rome, Paris), Dassoucy aurait choisi le récit en prose à la première personne comme plus efficace à ses yeux pour fournir sa version de ses « aventures », se justifier, et se construire un personnage acceptable par le public des honnêtes gens, ce qui ne signifie pas exempt de tout soupçon, car il a l’habileté de laisser prise au doute : de toutes façons, il n’aurait pas été crédible en petit saint ! Cela lui constituait une identité de « victime » comparable à celles de Théophile de Viau, de Tristan l’Hermite... Cependant le choix de la prose entrait en tension avec un aspect essentiel à ses yeux de son ethos, qui est celui d’être poète, c’est-à-dire aussi musicien, même s’il ironise sur lui-même en Orphée : j’attirai un auditeur qui fera bien voir le progrès que j’ai fait dans l’empire des Muses, puisque celui qui attirait plus de bêtes en un jour qu’Orphée n’en eût attiré en dix ans me reconnut pour son Apollon et pour son maître 68 . Il s’agit du Savoyard du Pont-Neuf, célèbre chanteur des rues. C’est en poète que Dassoucy se définit de façon quasi obsédante, et c’est ainsi qu’il veut apparaître pour le public, et pour la postérité. De même qu’il n’arrive pas à choisir entre musique et poésie, de même qu’il hésite entre proclamer son conformisme (en termes de pratiques sexuelles) et avouer de façon à peine gazée ses pratiques transgressives, de même il ne choisit pas entre être poète et être narrateur. Le prosimètre lui permet même de dépasser habilement leur opposition, et de se présenter à son lecteur comme un écrivain qui (se) raconte et se justifie, en tant qu’homme et en tant que poète. 66 Av p. 785-786. 67 D. Bertrand, « Échos d'une “burlesque lyre” », op. cit., p. 69. 68 Av p. 804. Le prosimètre chez Dassoucy PFSCL XLIX, 97 DOI 10. / PFSCL-2022-0026 467 Les Aventures de Monsieur Dassoucy (Libertins du XVII e siècle, t. I, J. Prévot (éd.), Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1998) 43 poèmes (s/ 139 p.) (sans compter un poème de d’Aubijou, p. 850, et un poème de Chapelle, p. 869). 1 - p. 749 : 10 octosyllabes [2 rimes] 2 - p. 750 : 17 octosyllabes [3 rimes] 3 - p. 751 : 21 octosyllabes [2 rimes] 4 - p. 752 : 12 alexandrins [2 rimes] 5 - p. 761 : 4 octosyllabes [abab] 6 - p. 763 : 4 alexandrins [abab] 7 - p. 764 : 2 octosyllabes [ab] 8 - p. 767 : 5 vers mêlés (3,3,8,4,6) [aabca] 9 - p. 767 : 4 octosyllabes [abab] 10 - p. 768 : suite de 9 strophes inégales A - 24 v. (11 décasyllabes + 3 octosyllabes + 1 alexandrin + 5 octosyllabes + 1 alexandrin + 1 octosyllabe + 2 hexasyllabes) [4 rimes] B - 17 octosyllabes [4 rimes] C - 18 octosyllabes [4 rimes] D - 16 v. (7 décasyllabes + 9 octosyllabes) [4 rimes] E - 18 octosyllabes [4 rimes] F - 6 lignes de prose et 26 octosyllabes [4 rimes] G - 3 lignes de prose et 12 octosyllabes [2 rimes] H - 5 octosyllabes [2 rimes] I - 22 octosyllabes [4 rimes] 11 - p. 776 : 13 décasyllabes [4 rimes] 12 - p. 781 : 10 octosyllabes [2 rimes] 13 - p. 782 : 18 octosyllabes [2 rimes] 14 - p.785 : 9 octosyllabes [2 rimes] 15 - p. 786 : 18 octosyllabes [2 rimes] 16 - 801 : 14 octosyllabes [4 rimes] 17 - p. 802 : 3 strophes, 7 décasyllabes + 7 décasyllabes + 10 décasyllabes [2 rimes] 18 - p. 805 : 2 v. (6 + 7) [ab] 19 - p. 810 : 2 octosyllabes [aa] 20 - p. 812 : 15 octosyllabes [2 rimes] 21 - p. 813 : 10 octosyllabes [2 rimes] 22 - p. 817 : 14 octosyllabes [2 rimes] Claudine Nédelec PFSCL XLIX, 97 DOI 10. / PFSCL-2022-0026 468 23 - p. 839 : 2 décasyllabes [ab] 24 - p. 841 : suite de 8 strophes inégales en octosyllabes A - 14 octosyllabes [3 rimes] B - 11 octosyllabes [2 rimes] C - 15 octosyllabes [4 rimes] D - 12 octosyllabes [4 rimes] E - 13 octosyllabes [5 rimes] F - 14 octosyllabes [5 rimes] G - 13 octosyllabes [4 rimes] H - 15 octosyllabes [4 rimes] 25 - p. 846 : 9 octosyllabes [2 rimes] 26 - p. 848 : 3 strophes de 8 hexasyllabes [2 rimes par strophe] 27 - p. 853 : 19 octosyllabes [6 rimes] 28 - p. 854 : 7 alexandrins [2 rimes] 29 - p. 860 : 7 octosyllabes [3 rimes] 30 - p. 860 : 18 octosyllabes [2 rimes] 31 - p. 864 : sonnet en alexandrins [abab abab ccd ede] 32 - p. 865 : 44 octosyllabes [5 rimes] 33 - p. 871 : 13 octosyllabes [4 rimes] 34 - p. 873 : 9 octosyllabes [2 rimes] 35 - p. 875 : 77 octosyllabes [3 rimes] 36 - p. 877 : 14 octosyllabes [3 rimes] 37 - p. 877 : 12 octosyllabes [2 rimes] 38 - p. 878 : 3 octosyllabes et 17 alexandrins [2 rimes] 40 - p. 879 : 12 octosyllabes [2 rimes] 41 - p. 882 : 17 octosyllabes [2 rimes] 42 - p. 885 : 17 octosyllabes [2 rimes] 43 - p. 886 : 23 octosyllabes [4 rimes]
