Papers on French Seventeenth Century Literature
pfscl
0343-0758
2941-086X
Narr Verlag Tübingen
10.24053/PFSCL-2023-0002
61
2023
5098
Madeleine Lemeine, dite la Beaupré : portrait d’une comédienne française du XVIIe siècle
61
2023
Bernard J. Bourque
pfscl50980025
PFSCL L, 98 DOI 10. / PFSCL-2023-0002 Madeleine Lemeine, dite la Beaupré : portrait d’une comédienne française du XVII e siècle B ERNARD J. B OURQUE U NIVERSITY OF N EW E NGLAND , A USTRALIA Dans son excellente étude sur les comédiennes en France au début de la période moderne, Virginia Scott fait plusieurs références à Madeleine Lemeine, actrice qui occupe une place assez importante dans l’histoire du théâtre du Marais 1 . Son traitement de la comédienne s’appuie en grande partie sur l’ouvrage de la chercheuse néerlandaise Sophie Wilma Deierkauf- Holsboer, travail qui met en lumière d’importants renseignements au sujet de ce théâtre, y compris des pièces et des comédiens qui contribuèrent à son succès 2 . Une des sources primaires d’information sur la vie théâtrale au dixseptième siècle, Les Historiettes du gazetier Gédéon Tallemant des Réaux, comporte l’histoire des principaux comédiens français et fait référence à Madeleine Lemeine plusieurs fois 3 . Jean Renaud de Segrais, élu à l’Académie française en 1662, parle de la comédienne dans ses Mémoires anecdotes 4 . Au dix-huitième siècle, les frères Parfaict traitent de « Mademoiselle Beaupré » dans leur Histoire du théâtre français 5 . Au vingtième siècle, en plus de l’ouvrage de Deierkauf-Holsboer, nous trouvons Les Premières Actrices françaises de Léopold Lacour, étude qui consacre un chapitre entier à la 1 Virginia Scott, Women on the Stage in Early Modern France : 1540-1750, Cambridge, Cambridge University Press, 2010. 2 Sophie Wilma Deierkauf-Holsboer, Le Théâtre du Marais, 2 volumes, Paris, Nizet, 1954-1958. 3 Gédéon Tallemant des Réaux, Les Historiettes, éd. Louis Monmerqué, Hippolyte de Chateaugiron et Jules-Antoine Taschereau, 6 volumes, Paris, Levavasseur, 1834- 1835. 4 Jean Renaud de Segrais, Mémoires anecdotes, dans Œuvres diverses de M. de Segrais, 2 volumes, Amsterdam, Changuion, 1723, t. I. 5 Claude et François Parfaict, Histoire du théâtre français depuis son origine jusqu’à présent, Paris, Mercier et Saillant, 1745, t. V. Bernard J. Bourque PFSCL L, 98 DOI 10. / PFSCL-2023-0002 26 carrière de notre comédienne 6 , et le Dictionnaire biographique des comédiens français du XVII e siècle, par Georges Mongrédien, qui comporte un article à son sujet 7 . Plus récemment, Alan Howe fait l’analyse des documents du minutier central des notaires de Paris dans son étude Le Théâtre professionnel à Paris, 1600-1649 8 , dans laquelle figure l’actrice. Le présent travail vise à examiner la vie de Madeleine Lemeine, dite la Beaupré, afin de dresser un portrait définitif de la comédienne. Nous tenterons de distinguer la fiction de la réalité et de démontrer l’impact de la carrière de cette actrice sur le monde théâtral du Grand Siècle. 1. Les théâtres et les troupes à Paris Avant de traiter de la vie de Madeleine Lemeine, il convient de présenter un aperçu de l’histoire des théâtres et des troupes à Paris dans la première moitié du dix-septième siècle. Il faut d’abord parler de l’Hôtel de Bourgogne, salle de spectacle construite en 1548 par la Confrérie de la Passion et Résurrection de notre Sauveur et Rédempteur Jésus-Christ. Défendue par un arrêt de Parlement de présenter des pièces religieuses, la Confrérie y joua des farces et des pièces profanes. Pour des raisons financières, les Confrères décidèrent de louer leur salle à des troupes itinérantes françaises et étrangères. Les Comédiens ordinaires du Roi, dirigés par Valleran le Conte, arrivèrent en 1599, jouant surtout des pièces d’Alexandre Hardy. À cause des difficultés financières, ils partagèrent la salle avec des troupes italiennes. Entre 1622 et 1629, l’Hôtel de Bourgogne fut utilisé aussi par la troupe du prince d’Orange, dont le tragédien Guillaume des Gilberts, dit Montdory, fit partie. Par suite de conflits entre les Comédiens ordinaires du Roi et la troupe du prince d’Orange, un acte du Conseil du Roi du 29 décembre 1629 installa exclusivement ceux-là à l’Hôtel de Bourgogne pour trois ans, d’où le titre de « troupe royale » pour désigner les Comédiens ordinaires du Roi. En réponse à ce monopole, la troupe de Montdory aménagea successivement plusieurs jeux de paume avant de s’installer durablement dans le quartier du Marais en 1634, où elle resta jusqu’en 1673, désignée désormais comme la troupe du Marais. En 1642, à cause de la concurrence intense entre les deux troupes, Louis XIII ordonna le transfert de six comédiens de la troupe du 6 Léopold Lacour, Les Premières Actrices françaises, Paris, Librairie française, 1921. 7 Georges Mongrédien, Dictionnaire biographique des comédiens français du XVII e siècle, 2 e édition, Paris, Centre nationale de la recherche scientifique, 1961. 8 Alan Howe, Le Théâtre professionnel à Paris, 1600-1649, Paris, Centre historique des Archives nationales, 2000. Madeleine Lemeine, dite la Beaupré PFSCL L, 98 DOI 10. / PFSCL-2023-0002 27 Marais à la troupe des Grands Comédiens de l’Hôtel de Bourgogne afin de renforcer celle-ci. Bien entendu, outre ces deux troupes, il y avait d’autres groupes de comédiens à Paris pendant la première moitié du siècle qui furent protégés par des princes français, y compris la troupe du duc d’Angoulème, qui joua au faubourg Saint-Germain en 1630, et la troupe du duc d’Épernon, créée en 1632. Il y avait aussi des troupes libres, telles que la troupe des Vieux comédiens du Roi (1626-1627), la troupe de l’Illustre Théâtre (1644-1645), c’est-à-dire, celle de Molière, et la troupe de Gasteau (1621) qui joua à l’Hôtel de Bourgogne 9 . 2. Madeleine Lemeine Madeleine Lemeine naquit probablement vers 1598, du mariage de Pasquier Lemeine, marchand à Châtres-sous-Montlhéry, aujourd’hui Arpajon, commune française dans le département de l’Essonne en région Île-de- France, et de Michelle Guisterre. L’orthographe de son nom de famille est fluctuante dans les sources d’information que nous avons consultées. Scott écrit « Lemeine », tandis que Deierkauf-Holsboer, tout en signalant les formes variantes du nom, préfère utiliser « Lemoine ». Lacour, lui aussi, écrit « Lemoine », alors que Mongrédien emploie l’orthographe « Le Moyne ». Les documents présentés par Howe n’utilisent que la forme « Lemeine ». Cette dernière orthographe est celle que nous utilisons. Le 24 février 1623, Madeleine Lemeine épousa Nicolas Lion, dit de Beaupré, « fils de défunt Esme Lion, laboureur à Génerault, près de Bar-sur- Aube 10 ». L’acte notarié indique que Nicolas était comédien âgé de vingt-six ans et que Madeleine était « majeure », ce qui signifie qu’elle avait au moins vingt-cinq ans 11 . Nous apprenons aussi que le père de la mariée n’était plus vivant. L’acte notarié cite comme témoins Louis Galian, Philbert Robin, Pierre Le Messier, Philippe Damoiseau, écuyer, sieur de Grandeville, gendarme de la compagnie du duc d’Orléans, Jacques Mauroy, Étienne de La Font, Simon Jehanne et Simon Ferru, « tous comédiens et amis communs 9 Mongrédien présente un inventaire des troupes entre 1590 et 1710, d’après des documents inédits : Dictionnaire biographique des comédiens français du XVII e siècle, p. 173-230. 10 Document n° 199, dans Howe, Le Théâtre professionnel à Paris, 1600-1649. 11 Selon l’Ordonnance de Blois, promulguée par Henri III en 1579, la majorité matrimoniale est vingt-cinq ans pour les filles et trente ans pour les garçons. C’est l’âge au-dessus duquel le consentement des parents n’est plus exigé pour se marier. Bernard J. Bourque PFSCL L, 98 DOI 10. / PFSCL-2023-0002 28 des futurs époux 12 ». Le 22 janvier 1624, elle devint marraine d’un fils du comédien Claude Deschamps de Villiers 13 et de sa première épouse Françoise Olivier 14 . 3. La Beaupré Tout d’abord, il est important de ne pas confondre notre comédienne avec sa nièce, Marotte Beaupré, qui fit partie de la troupe voyageuse de Molière en 1658 avant d’entrer au Marais quatre ans plus tard. Cette seconde Beaupré, nous dit Lacour, épousa le comédien Achille Verlet, dit Vereneuil, frère du célèbre Charles Verlet, dit La Grange 15 . Revenons à Madeleine Lemeine, dite la Beaupré. Deierkauf-Holsboer soutient que puisque Galian, Robin et Le Messier, témoins du contrat de mariage de Nicolas Lion et de Madeleine Lemeine, étaient membres de la troupe royale de l’Hôtel de Bourgogne, les jeunes mariés, en 1623, l’étaient aussi 16 , hypothèse, selon Howe, que l’on ne peut ni rejeter ni confirmer 17 . Ce dernier fait remarquer qu’on ne connaît aucun lien entre plusieurs témoins cités dans l’acte notarié et la troupe royale des années 1620 18 . Il affirme qu’entre 1624 et 1637, l’activité de Madeleine Lemeine, dite la Beaupré, est « peu connue 19 ». Toutefois, nous savons qu’en avril 1624, elle appartint à une troupe dirigée par Montdory. L’acte d’association date du 11 avril de cette annéelà : Association entre Claude Husson, sieur de Longueval, Guillaume de Montdory, sieur des Gilberts, Louis de La Barre, Nicolas Lion, sieur de Beaupré, Madeleine Lemeine, sa femme, Jacques de La Croix, Robert Haren, sieur de La Tissonnière, et Claude Deschamps, sieur de Villiers, comédiens ordinaires du roi, pour deux ans, pour jouer ensemble et 12 Document n° 199, dans Howe, Le Théâtre professionnel à Paris, 1600-1649. 13 Claude Deschamps (vers 1600-1681), comédien et auteur dramatique français, était membre de diverses troupes, y compris la troupe de Montdory (1624) et celle des « vieux comédiens du Roi » (1627). En 1634, il entra au théâtre du Marais. En 1642, il passa à l’Hôtel de Bourgogne. Voir Mongrédien, Dictionnaire biographique des comédiens français du XVII e siècle, p. 168-169. 14 Mongrédien, Dictionnaire biographique des comédiens français du XVII e siècle, p. 24. 15 Lacour, Les Premières Actrices françaises, p. 136. La Grange fut le successeur de Molière à la tête de la troupe du Roi. 16 Deierkauf-Holsboer, Le Théâtre du Marais, t. II, p. 8-9. 17 Howe, Le Théâtre professionnel à Paris, 1600-1649, p. 109-110. 18 Ibid., p. 110. 19 Ibid., p. 117. Madeleine Lemeine, dite la Beaupré PFSCL L, 98 DOI 10. / PFSCL-2023-0002 29 partager les gains « ainsi qu’ils ont cy devant fait », sous peine de 600 livres d’amende en cas de désistement 20 . Selon Mongrédien, la troupe ne paraît pas avoir joué à Paris et « se trouvait probablement à Rouen en 1628, quand Montdory reçut de Corneille la comédie de Mélite 21 ». Cette pièce fut jouée à Paris, au jeu de paume de Berthaud, en décembre 1629. Il convient de noter que sur la liste des acteurs qui ont joué dans la première de Mélite - présentée dans l’édition Hachette des Œuvres complètes de P. Corneille (1857) - la comédienne qui interpréta le rôle de Mélite est « Mlle Beaupré 22 ». Or, Lacour met en doute ce renseignement, croyant que c’était plutôt la femme de Charles Le Noir qui aurait joué ce rôle 23 . Toutefois, il ne faut pas exclure la possibilité que ce fut, en fait, la Beaupré. Lacour cite un document publié par Eudore Soulié, conservateur de musée, qui identifie un Beaupré - probablement le mari de Madeleine - dans la troupe du duc d’Angoulème au faubourg St. Germain en juillet 1630, et il présume que la Beaupré faisait partie de la même troupe elle aussi à ce moment-là 24 . Il soutient qu’elle ne fit partie de la troupe royale qu’à la fin de 1630 ou au début de 1631 25 . Tallemant des Réaux semble confirmer cette croyance lorsqu’il dit que l’on trouve la Beaupré sur le théâtre de l’Hôtel de Bourgogne à l’époque où le cardinal de Richelieu commença à prendre soin de la comédie 26 . Il convient de noter aussi que le nom de « Mad. Beaupré » figure sur la liste des personnages de La Comédie des comédiens de Nicolas Gougenot 27 , pièce jouée à l’Hôtel de Bourgogne en 1633, selon Maupoint et les frères Parfaict 28 . 20 Document n° 207, ibid., « Analyses ». 21 Mongrédien, Dictionnaire biographique des comédiens français du XVII e siècle, p. 200. Voir aussi J. Fransen, « Documents inédits sur l’Hôtel de Bourgogne », Revue d’histoire littéraire de la France, 34 (1927) : 321-355, p. 343-344 et 354. 22 Œuvres complètes de P. Corneille, éd. Charles Lahure, 5 volumes, Paris, Hachette, 1857, t. I, p. 2. 23 Lacour, Les Premières Actrices françaises, p. 69. 24 Ibid. 25 Ibid., p. 112. 26 Tallemant des Réaux, Les Historiettes, t. VI, p. 194. 27 Nicolas Gougenot, La Comédie des comédiens, Paris, Pierre David, 1633. La valeur documentaire de la liste des personnages est contestée par François Lasserre. Voir son article « Un ouvrage sous-estimé : La Comédie des comédiens de Gougenot », Papers on French Seventeenth Century Literature, 25 (1998) : 511-522, p. 518. 28 Maupoint, Bibliothèque des théâtres, Paris, Prault, 1733, p. 79 ; Claude et François Parfaict, Dictionnaire des théâtres de Paris, 7 volumes, Paris, Rozet, 1767, t. II, p. 125. Bernard J. Bourque PFSCL L, 98 DOI 10. / PFSCL-2023-0002 30 Tout cela pour dire qu’il est probable que Madeleine Lemeine, dite la Beaupré, commença sa carrière de comédienne en 1623 ou en 1624 et qu’elle jouait au théâtre à Paris et en province comme membre de troupes autres que la troupe royale - telles que la troupe de Montdory et celle du duc d’Angoulème - durant les années 1620. Nous apprenons des Mémoires anecdotes de Segrais qu’elle était « excellente Comédienne de ce temps-là 29 » (c’est-à-dire, vers 1625). Cela signifie, comme le soutient Lacour, que la Beaupré débuta comme membre de la troupe royale, probablement vers la fin de 1630, « précédée d’un commencement de célébrité 30 ». 4. La Beaupré et la troupe royale Nous pouvons affirmer avec certitude qu’entre 1631 et 1636, la Beaupré se trouva à l’Hôtel de Bourgogne comme membre de la troupe royale. Quels rôles interpréta-t-elle pendant ce temps ? Nous avons déjà parlé de sa participation en 1633 dans La Comédie des comédiens de Gougenot, dans laquelle elle avait le rôle de la « Femme de Boniface ». En outre, il est probable qu’elle joua dans des pièces de Jean de Rotrou (La Célimène en 1633 et La Céliane en 1634), de Georges de Scudéry (Le Fils supposé en 1635 et L’Amant libéral en 1636) et de Gautier de Costes, seigneur de la Calprenède. Amie de ce dernier, la Beaupré aurait interprété le rôle de Bérénice dans La Mort de Mithridate, tragédie représentée en 1635 à l’Hôtel de Bourgogne 31 . Il faut aussi mentionner deux pièces de Pierre Corneille dans lesquelles notre comédienne aurait participé : La Suivante, représentée par la troupe royale à l’Hôtel de Bourgogne en 1634, et L’Illusion comique, donnée par la même troupe en 1636. Segrais affirme que la Beaupré joua « dans les commencements de la grande réputation de Monsieur Corneille 32 ». 5. La Beaupré et la troupe du Marais En 1637, la Beaupré passa à la troupe du Marais, groupe de comédiens installé durablement depuis 1634 dans la salle de la rue Vieille-du-Temple. Howe soutient qu’elle y serait entrée à un moment donné entre 1635 et le commencement de 1637 : 29 Segrais, Mémoires anecdotes, t. I, p. 213. 30 Lacour, Les Premières Actrices françaises, p. 137. 31 Ibid., p. 140. 32 Segrais, Mémoires anecdotes, p. 214. Madeleine Lemeine, dite la Beaupré PFSCL L, 98 DOI 10. / PFSCL-2023-0002 31 Entre le début de 1635 et les premières de La Mariane et du Cid, deux changements seulement auraient été apportés au personnel de la troupe, d’après Deierkauf-Holsboer : Des Œillets l’aurait quittée et Mlle Beaupré (Madeleine Lemeine) s’y serait associée 33 . Mongrédien précise que notre comédienne fit partie de la troupe à partir de 1637 34 . Cette date paraît aussi dans le titre d’une gravure de « Madeleine Lemoine, dite la Beaupré » par Frédéric Hillemacher : « Actrice au Marais de 1637 à 1657 35 ». Lacour affirme qu’elle passa « de l’Hôtel au Marais, vers 1640 36 ». À l’égard de la carrière de la Beaupré, il est parfois difficile de déterminer la chronologie des activités, et nous devons nous appuyer sur des hypothèses qui sont plus vraisemblables que d’autres. Dans ce cas, la prépondérance de la preuve est suffisante pour soutenir l’idée que la Beaupré jouait au Marais à partir de 1637. C’est en août de cette même année que Montdory 37 , directeur du Marais, fut frappé d’une apoplexie en scène lors d’une représentation de La Mariane de Tristan l’Hermite. Cette retraite inattendue créa une crise temporaire pour la troupe, situation que la Beaupré et les autres membres du groupe aidèrent à atténuer. Montdory fut remplacé comme chef de troupe par Claude Deschamps de Villiers et bientôt par Josias de Soûlas, dit Floridor. Le théâtre continua à fonctionner : […] cette troupe survécut à la retraite prématurée de Montdory, créateur des rôles d’Hérode et de Rodrigue, dont le jeu avait assuré le succès éclatant des pièces de Tristan et de Corneille. Frappé d’une apoplexie sur la scène même en août 1637 et victime de la paralysie, Montdory fut remplacé comme chef de troupe par Claude Deschamps et, bientôt après, comme acteur applaudi du public par Floridor. En effet, malgré les coups durs du sort, l'activité de cette troupe pendant les années 1635-1641 semble être caractérisée par un haut degré de continuité 38 . 33 Howe, Le Théâtre professionnel à Paris, 1600-1649, p. 142. La Mariane, de Tristan l’Hermite, fut jouée au Marais en 1636 ; Le Cid, de Pierre Corneille, fut représenté au Marais le 5 janvier 1637. 34 Mongrédien, Dictionnaire biographique des comédiens français du XVII e siècle, p. 175. 35 La gravure date de 1857. Voir Deierkauf-Holsboer, Le Théâtre du Marais, t. II, planche insérée entre les pages 64 et 65. 36 Lacour, Les Premières Actrices françaises, p. 136. 37 C’est Montdory qui interpréta le rôle de Rodrigue lors de la première du Cid (janvier 1637) de Pierre Corneille. L’abbé d’Aubignac l’appela « le premier Acteur de notre temps » (Abbé d’Aubignac, La Pratique du théâtre, éd. Hélène Baby, Paris, Champion, 2001 ; réimpr. 2011). 38 Howe, Le Théâtre professionnel à Paris, 1600-1649, p. 141. Bernard J. Bourque PFSCL L, 98 DOI 10. / PFSCL-2023-0002 32 Tallemant des Réaux nomme expressément la Beaupré comme l’un des membres de la troupe du Marais qui soutinrent cette troupe pendant la crise : D’Orgemont et Floridor, avec la Beaupré, soutinrent la troupe du Marais à laquelle Corneille, par politique, car c’est un grand avare, donnait ses pièces […] 39 . La réputation de Pierre Corneille d’aimer l’argent fut évoquée aussi par la Beaupré, selon Segrais : La Beaupré, excellente comédienne de ce temps-là, qui a joué aussi dans les commencements de la grande réputation de Monsieur Corneille, disait : « Monsieur Corneille nous a fait un grand tort ; nous avions ci-devant des Pièces de Théâtres pour trois écus que l’on nous faisait en une nuit, on y était accoutumé, et nous gagnions beaucoup ; présentement les Pièces de Monsieur de Corneille nous coûtent bien de l’argent, et nous gagnions peu de chose. » 40 Quoi qu’il en soit, le point important à retenir ici est que la troupe du Marais était associée très étroitement à Pierre Corneille pendant plusieurs années. Dans son ouvrage Les Grands Rôles du théâtre de Corneille, Maurice Descotes déclare : On avancera ainsi, sans crainte d’erreur, que de 1629 à 1645 la carrière dramatique de Corneille s’est trouvée étroitement liée au théâtre du Marais : seize années de collaboration suivie. Cette fidélité s’explique sans peine, si l’on pense que Corneille dispose là, pour servir ses œuvres, de deux très grands comédiens : Montdory, puis Floridor. L’attachement du poète à la troupe n’est pas sentimental : il est déterminé par la conscience d’avoir à sa disposition l’interprète idéal - un peu ce que fut, pour Racine, la Champmeslé 41 . Alors, quels rôles cornéliens la Beaupré joua-t-elle au Marais ? Selon Lacour, notre comédienne fut, « presque certainement », la première Camille dans 39 Tallemant des Réaux, Les Historiettes, t. VI, p. 200. 40 Segrais, Mémoires anecdotes, t. I, p. 213-214. M. J. Taschereau explique: « Jusqu’en 1653, les auteurs vendaient leurs ouvrages aux acteurs. Corneille n’habitant pas Paris, et n’entendant rien aux affaires, traitait nécessairement fort mal des siens ; et bien que la Beaupré regrettât le temps où les comédiens ne payaient les pièces que trois écus, il faut se garder d’en conclure que celles de Corneille rétribuées d’une manière qui répondit à leur gloire et au profit qu’en retiraient les acteurs » (M. J. Taschereau, Histoire de la vie et des ouvrages de P. Corneille, 2 volumes, 3 e édition, Paris, Firmin Didot, 1869, t. I, p. 144-145). 41 Maurice Descotes, Les Grands Rôles du théâtre de Corneille, Paris, Presses universitaires de France, 1962, p. 13. Madeleine Lemeine, dite la Beaupré PFSCL L, 98 DOI 10. / PFSCL-2023-0002 33 Horace et la première Émilie de Cinna 42 . La tragédie Horace fut jouée pour la première fois en mars 1640. La date de la première représentation de Cinna est du mois d’août ou de septembre 1642, selon Georges Couton 43 . Rappelons qu’en 1642, Louis XII ordonna le transfert de six comédiens de la troupe du Marais à la troupe de l’Hôtel de Bourgogne : Privée de la moitié de ses acteurs et actrices, frustrée quant à l’exclusivité de son répertoire, la troupe du Marais réussit toutefois à se remettre sur pied, grâce au jeu de Floridor et aux chefs-d’œuvre (dont Polyeucte, La Mort de Pompée, Le Menteur) fournis par Corneille 44 . La tragédie Polyeucte fut jouée pour la première fois en 1643, La Mort de Pompée en novembre de cette même année, et Le Menteur en 1644. La Beaupré, l’une des trois actrices qui firent partie de la troupe du Marais pendant ce temps 45 , aurait certainement joué un rôle principal dans chacune de ces trois pièces. Le théâtre du Marais brûla le 11 janvier 1644 et sera reconstruit en octobre de cette même année. Selon Couton, il est vraisemblable que la troupe continua à jouer même pendant cette période : La troupe ne pouvait sans doute pas se permettre de rester inactive tous ce temps-là. On peut imaginer qu’elle a dû monter une installation de fortune dans quelque jeu de paume du voisinage, à moins qu’elle n’ait été faire des tournées en province ou à l’étranger 46 . Howe soutient qu’en juin 1644, les comédiens du Marais étaient en Normandie 47 . Faisant preuve d’une résilience considérable, la Beaupré et les autres membres de la troupe demeurèrent optimistes : Privés maintenant de leur salle, les acteurs restent, néanmoins, confiants et optimistes : ils s’engagent à verser la somme énorme de 10.500 livres pour la réparation des lieux et à hypothéquer tous leurs biens meubles et immeubles en sûreté de paiement. À quelque chose malheur est bon : c’est un véritable théâtre qui remplacera l’ancien jeu de paume de la rue Vieilledu-Temple. La salle reconstruite, qui accueille le public dès octobre 1644, deviendra par ailleurs un modèle pour le théâtre parisien : en décembre 1644, quand Molière et ses associés de l’Illustre Théâtre quittent les 42 Lacour, Les Premières Actrices françaises, p. 136. 43 Georges Couton, éd., Corneille. Œuvres complètes, 3 volumes, Paris, Gallimard, 1980-1987, t. I, p. 1574. 44 Howe, Le Théâtre professionnel à Paris, 1600-1649, p. 168. 45 « En février 1644, elle [la troupe du Marais] comprend six acteurs et trois actrices » (ibid.). 46 Couton, Corneille. Œuvres complètes, t. II, p. 1216. 47 Howe, Le Théâtre professionnel à Paris, 1600-1649, p. 175. Bernard J. Bourque PFSCL L, 98 DOI 10. / PFSCL-2023-0002 34 Métayers, à Saint-Germain-des-Prés, pour s’établir rue des Barrés, au jeu de paume de la Croix-Noire, et en avril 1647, quand les Confrères de la Passion consentent à la rénovation de l’Hôtel de Bourgogne, les contrats ne manquent pas de stipuler que les aménagements à effectuer seront modelés sur le théâtre du Marais 48 . Nous devons signaler que c’est aussi en 1644 qu’une séparation des biens entre la Beaupré et son mari, Nicolas Lion, fut effectuée 49 . Installée dans leur nouveau théâtre, la troupe continua à jouer les nouvelles pièces de Corneille : la comédie La Suite du menteur, la tragédie Rodogune - dont les premières furent de la saison théâtrale 1644-1645 - et la tragédie Théodore vierge et martyre, qui fut créée pendant la saison 1645-1646. La Beaupré aurait sans doute joué un rôle dans chacune de ces pièces. En 1647, le chef de la troupe, Floridor, passa à la troupe de l’Hôtel de Bourgogne. Howe émet l’hypothèse que le changement se fit « probablement par ordre du roi, suivant peut-être une dernière supplique de Bellerose 50 ». Désormais, les premières de Corneille furent données sur la scène de cette compagnie rivale 51 . Selon Descotes, il est probable que l’échec de Théodore contribua à la décision de Corneille de changer de théâtre : […] rien n’empêche de penser que Corneille jugea que Théodore devait marquer le terme de la collaboration. Il tenait au Marais par Floridor surtout. Et Floridor, de son côté, était las de jouer avec « de méchants comédiens » ou devait obéir à un ordre royal. La nouvelle pièce serait donc confiée à d’autres interprètes, parmi lesquels se retrouverait encore Floridor 52 . 48 Ibid., p. 169. 49 Voir Deierkauf-Holsboer, Le Théâtre du Marais, t. I, p. 186 et 191, et Howe, Le Théâtre professionnel à Paris, 1600-1649, p. 162. 50 Il paraît que Corneille fut étroitement lié à Floridor. Pierre le Messier, dit Bellerose, fut chef de la troupe royale de 1634 à 1647. 51 Deierkauf-Holsboer, Le Théâtre du Marais, t. I, p. 132. 52 Descotes, Les Grands Rôles du théâtre de Corneille, p. 15. Cette nouvelle pièce fut la tragédie Héraclius empereur d’Orient, créée en 1647 à l’Hôtel de Bourgogne. Selon Couton, la pièce fut d’abord donnée au Marais : « Mais si l’on admet, comme il est tout à fait probable, que Corneille était demeuré fidèle à Floridor, comme Floridor ne passe l’Hôtel de Bourgogne qu’en avril 1647, il reste à penser que Héraclius a été d’abord donné au Marais. La pièce est imprimée très vite, puisque le privilège est du 17 avril 1647 et l’achevé d’imprimer, du 28 juin 1647. Elle entrait dès lors dans le domaine public et la troupe de l’Hôtel de Bourgogne pouvait la mettre à son répertoire, Floridor reprenant dans ce théâtre le rôle qu’il avait créé au Marais » (Couton, Corneille. Œuvres complètes, t. II, p. 1357). Madeleine Lemeine, dite la Beaupré PFSCL L, 98 DOI 10. / PFSCL-2023-0002 35 Pendant la période de troubles et de guerre civile, connue sous le nom de la Fronde (1648-1653), les créations de nouvelles pièces de théâtre furent peu nombreuses. Toutefois, comme le souligne Deierkauf-Holsboer, la Beaupré et les autres comédiens du Marais restèrent fidèles à leur théâtre. L’aversion que ressent le public pour la tragédie, à cause des horreurs de la Fronde, conduit la troupe du Marais à représenter des comédies : une reprise de La Suite du Menteur de Corneille, en 1649, et probablement celle de Dom Japhet d’Arménie de Paul Scarron, entre 1649 et 1650 53 . En 1651, la Beaupré et ses collègues représentèrent deux nouvelles pièces : Le Feint Astrologue et Dom Bertrand de Cigarral de Thomas Corneille, frère cadet de Pierre. Deierkauf-Holsboer soutient que malgré les défis de la Fronde, la troupe du Marais continua à jouer des pièces de façon régulière pendant cette période : […] les comédiens, en dépit des difficultés de cette période, ont été en mesure de payer le loyer du théâtre aux propriétaires. Toutefois, en 1653, les choses allèrent de mal en pis, et la situation financière de la troupe devint précaire : Aucun des dramaturges en renom n’a donc confié la moindre œuvre nouvelle à représenter aux comédiens du Marais. Rien ne démontre plus clairement que les affaires tournent mal rue Vieille-du-Temple et que les représentations de cette époque n’attirent plus le public 54 . C’est la Beaupré qui vint à la rescousse ! En réponse à une proposition de la part des propriétaires du théâtre, notre comédienne leur remit la somme de 10.333 livres tournois huit sols afin d’éliminer l’hypothèque de 8.000 livres tournois et de racheter en partie une rente annuelle de 229 livres tournois 12 sols 8 derniers 55 . Une rente fut constituée de 574 livres tournois 9 derniers à la Beaupré par an (un taux d’environ 5,5 %). Quelques mois après cette constitution de rente, la Beaupré accepta un taux réduit de 5 %, après que les propriétaires eurent voulu lui rendre immédiatement la somme prêtée afin d’obtenir de meilleures conditions ailleurs 56 . Le sens des affaires de la Beaupré se manifesta de nouveau lorsqu’elle décida, le 23 janvier 1654, de louer seule le théâtre du Marais pour un an, le bail des comédiens ayant expiré le 31 décembre 1653. Notre comédienne voulait protéger son investissement, comme l’explique Deierkauf-Holsboer : 53 Voir Deierkauf-Holsboer, Le Théâtre du Marais, t. II, p. 51-52. 54 Ibid., t. II, p. 58. 55 Ibid., t. II, p. 60. La livre tournois fut l’unité de compte, datant du XIII e siècle, en France, avant l’arrivée du franc en 1795. Une livre tournois valait 20 sols, et un sol 12 derniers. 56 Voir Deierkauf-Holsboer, Le Théâtre du Marais, t. II, p. 60-61. Bernard J. Bourque PFSCL L, 98 DOI 10. / PFSCL-2023-0002 36 Cette actrice toute préoccupée de sauver la rente de son capital loue seule le Marais pour un an à dater du premier janvier et les propriétaires lui témoignent leur gratitude en abaissant le loyer annuel de 2400 livres tournois à 2000 livres tournois 57 . Malheureusement, en mars 1654, quelques membres de la troupe jetèrent l’éponge et se décidèrent à quitter le théâtre. L’évidence s’imposa et tous les autres comédiens, y compris la Beaupré, suivirent l’exemple de leurs collègues. Le théâtre du Marais ferma temporairement. 6. La Beaupré en province, son retour à Paris et sa mort Pendant une brève période, à partir d’avril 1654, la Beaupré fit partie d’une troupe qui joua à Nantes et qui fut dirigé par son mari, Nicolas Lion. Malgré cette association, le couple continua à être désigné comme étant séparé de biens. Selon Deierkauf-Holsboer, un contrat de société, signé le 3 juin 1654, établit une nouvelle troupe composée des comédiens dirigés par Lion et de quatre comédiens du Marais, y compris la Beaupré. D’après ce contrat, les membres se réunirent pour un an (rétroactif au 1 er avril 1654) pour « jouer ensemble la comédie et autres choses qu’ils ont de coutume au jeu de paume et maison du Marais du Temple à Paris ou ailleurs où ils pourront aller sans exception 58 ». En décembre 1654, la troupe se trouva à Paris, au théâtre du Marais, pour une reprise de la tragédie Andromède de Pierre Corneille. Les représentations de la pièce se terminèrent vers Pâques 1655, et le contrat de société prit fin le 1 er avril 1655. Nicolas Lion et les sept autres comédiens de sa troupe originelle retournèrent en province. La Beaupré resta à Paris où elle s’associa à la nouvelle troupe du Marais, maintenant composée de nouveaux membres. La troupe représenta Les Illustres Ennemis, comédie de Thomas Corneille, en avril 1655, suivis des Coups d’amour et de la fortune, tragi-comédie de François Le Métel de Boisrobert 59 . Pendant la saison 1656-1657, la troupe créa Timocrate, tragédie de Thomas Corneille, Damon et Pythéas, tragi-comédie de Samuel Chappuzeau, et La Mort de l’empereur Commode, tragédie de Thomas Corneille 60 . En mars 1657, un groupe de comédiens de la troupe du Marais quitta Paris pour aller jouer en province afin d’augmenter leurs profits. La Beaupré et les plus anciens membres de la troupe restèrent à la capitale. Par consé- 57 Ibid., t. II, p. 64. 58 Cité par Deierkauf-Holsboer, ibid., t. II, p. 66. 59 Ibid., t. II, p. 84. 60 Ibid., t. II, p. 88-89. Madeleine Lemeine, dite la Beaupré PFSCL L, 98 DOI 10. / PFSCL-2023-0002 37 quent, le théâtre du Marais ferma ses portes temporairement, comme l’affirme Deierkauf-Holsboer : Le 31 mars 1657 a lieu le départ ; les représentations de la rue Vieille-du- Temple cessent brusquement ; au cours de l’existence du Marais, c’est donc la troisième fermeture de ce théâtre 61 . Une nouvelle troupe du Marais rouvrit le théâtre le 1 er avril 1659. Mais sans La Beaupré. Il est probable qu’elle resta à Paris et, après une carrière de plus de trente-cinq ans, elle prit sa retraite. Citons Deierkauf-Holsboer : Elle semble toutefois avoir renoncé à sa carrière de comédienne et ceci n’a rien de surprenant après un travail continu et acharné de plus de trentecinq ans. Sa situation matérielle lui permet d’ailleurs de jouir à la fin de sa vie d’un repos bien mérité 62 . La date et les circonstances de la mort de notre comédienne sont inconnues. Selon Lacour, la Beaupré alla mourir en Hollande 63 , mais c’est de la pure spéculation. Selon Deierkauf-Holsboer, le contrat de son mariage avec Nicolas Lion fut insinué le 2 juin 1662 au Chatelet de Paris « pour régler la succession des deux acteurs dont la mort était intervenue antérieurement 64 ». *** Mais quelle carrière ! Et quelle personnalité ! Optimiste, résiliente, indépendante et déterminée, Madeleine Lemeine, dite la Beaupré, fut aussi « compétitive », à en croire Tallemant des Réaux : Sur le théâtre, elle et une jeune comédienne se dirent leurs vérités. « Eh bien ! dit la Beaupré ; je vois bien, mademoiselle, que vous voulez me voir l’épée à la main. » Et en disant cela, c’était à la farce, elle va quérir deux épées déjà épointées. La fille en prit une, croyant badiner. La Beaupré, en colère, la blessa au cou, et l’eût tuée, si on n’y eût couru 65 . Décrite comme « excellente comédienne 66 » par Segrais et « vieille et laide 67 » par Tallemant des Réaux, elle devint une force incontournable qui 61 Ibid., t. II, p. 90. 62 Ibid., t. II, p. 100. 63 Lacour, Les Premières Actrices françaises, p. 136. Tallemant semble confirmer cette théorie : « Cette Beaupré quitta le théâtre il y a six ans, et présentement elle joue en Hollande » (Tallemant des Réaux, Les Historiettes, t, VI, p. 203). 64 Deierkauf-Holsboer, Le Théâtre du Marais, t. II, p. 100. 65 Tallemant des Réaux, Les Historiettes, t. VI, p. 202-203. 66 Voir supra la note 40. 67 Tallemant des Réaux, Les Historiettes, t. VI, p. 202. Bernard J. Bourque PFSCL L, 98 DOI 10. / PFSCL-2023-0002 38 eut des répercussions importantes et bénéfiques sur le monde théâtral du Grand Siècle. Son interprétation de rôles dans les pièces de Pierre Corneille, de Thomas Corneille et d’autres dramaturges importants du dix-septième siècle contribua grandement au succès de ces œuvres. Le soutient qu’elle apporta au théâtre du Marais, tant sur le plan financier que moral, fut une contribution importante. Bibliographie Aubignac, François Hédelin, abbé d’, La Pratique du théâtre, éd. Hélène Baby, Paris, Champion, 2001 ; réimpr. 2011. Corneille, Pierre, Corneille. Œuvres complètes, éd. Georges Couton, 3 volumes, Paris, Gallimard, 1980-1987. -----, Œuvres complètes de P. Corneille, éd. Charles Lahure, 5 volumes, Paris, Hachette, 1857. Deierkauf-Holsboer, Sophie Wilma, Le Théâtre du Marais, 2 volumes, Paris, Nizet, 1954-1958. Descotes, Maurice, Les Grands Rôles du théâtre de Corneille, Paris, Presses universitaires de France, 1962. Fransen, J., « Documents inédits sur l’Hôtel de Bourgogne », Revue d’histoire littéraire de la France, 34 (1927) : 321-355. Gougenot, Nicolas, La Comédie des comédiens, Paris, Pierre David, 1633. Howe, Alan, Le Théâtre professionnel à Paris, 1600-1649, Paris, Centre historique des Archives nationales, 2000. Lacour, Léopold, Les Premières Actrices françaises, Paris, Librairie française, 1921. Lasserre, François, « Un ouvrage sous-estimé : La Comédie des comédiens de Gougenot », Papers on French Seventeenth Century Literature, 25 (1998) : 511-522. Maupoint, Bibliothèque des théâtres, Paris, Prault, 1733. Montgrédien, Georges, Dictionnaire biographique des comédiens français du XVII e siècle, 2 e édition, Paris, Centre nationale de la recherche scientifique, 1961. Parfaict, Claude et François, Dictionnaire des théâtres de Paris, 7 volumes, Paris, Rozet, 1767. -----, Histoire du théâtre français depuis son origine jusqu’à présent, 15 volumes, Paris, Mercier et Saillant, 1745, t. V. Scott, Virginia, Women on the Stage in Early Modern France: 1540-1750, Cambridge, Cambridge University Press, 2010. Segrais, Jean Renaud de, Mémoires anecdotes, dans Œuvres diverses de M. de Segrais, 2 volumes, Amsterdam, Changuion, 1723. Tallement des Réaux, Gédéon, Les Historiettes, éd. Louis Monmerqué, Hippolyte de Chateaugiron et Jules-Antoine Taschereau, 6 volumes, Paris, Levavasseur, 1834-1835. Taschereau, M. J., Histoire de la vie et des ouvrages de P. Corneille, 2 volumes, 3 e édition, Paris, Firmin Didot, 1869.