Papers on French Seventeenth Century Literature
pfscl
0343-0758
2941-086X
Narr Verlag Tübingen
10.24053/PFSCL-2023-0006
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2023
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La Bible : pré(-)texte racinien
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Christelle Stephan-Hayek
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PFSCL L, 98 DOI 10. / PFSCL-2023-0006 La Bible : pré(-)texte racinien C HRISTELLE S TEPHAN -H AYEK U NIVERSITÉ S AINT -E SPRIT DE K ASLIK , L IBAN Introduction « La littérature comme la religion relèvent de la croyance. […] Tenter de comprendre les rapports de la religion et de la littérature, c’est porter au jour la socio-genèse de deux systèmes de croyances, dont les logiques propres partagent un pouvoir similaire de mettre en ordre le monde 1 . » Or, ce pouvoir dédoublé se voit exacerbé lorsque la littérature puise dans la religion, aussi bien son sujet et que ses caractères, trouvant là un champ fertile, riche en messages philosophiques, psychologiques et sociologiques. Dans cette perspective, nous remarquons que le théâtre de Jean Racine, quoique largement inspiré de la tragédie gréco-romaine, pour les neuf premières tragédies, puise son sujet dans l’Ancien Testament pour les deux dernières : Esther et Athalie, écrites douze ans plus tard. Or, « la tragédie racinienne […] ne prétend nullement reconquérir un espace acquis au sacrement, mais […] elle fait valoir avec une acuité théologique le suspens tragique qui précède la dévolution divine de la grâce 2 . » Nous nous retrouvons ainsi face à deux œuvres théâtrales tardives, hautement inattendues de la part du dramaturge qui, arrivé au sommet de sa gloire, et devenu historiographe du roi, avait choisi de s’éloigner du théâtre et de consacrer sa vie à écrire l’Histoire. 1677. Phèdre. L’art racinien atteint son acmé avec cette pièce que le dramaturge a pris le temps de ciseler. Racine est au sommet de son talent et de sa gloire, ce qui ne lui fait certainement pas que des amis. Pourtant, après cette pièce dont on chantera longtemps la puissance, Racine aban- 1 Hervé Serry, « Littérature et religion catholique (1880-1914). Contribution à une socio-histoire de la croyance », dans Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique [En ligne], 87, 2002, §1 et 2. 2 Philippe Vallin, « Christianisme et tragédie : le cas Racine », dans Revue des sciences religieuses [En ligne], 84/ 1, 2010, résumé. Christelle Stephan-Hayek PFSCL L, 98 DOI 10. / PFSCL-2023-0006 102 donne l’écriture. Les raisons réelles de cette retraite anticipée sont controversées. Entre les obligations de sa fonction d’historiographe du roi, les mesquineries permanentes de ses « adversaires » de l’époque 3 et sa « conversion » à une foi profonde qui rejette la littérature, les explications divergent, se justifient, se contredisent pour se compléter. 1689. Douze ans ont passé. Mme de Maintenon (l’épouse secrète de Louis XIV) commande à Racine, pour les jeunes filles de sa fondation de Saint-Cyr, « quelque espèce de poème moral ou historique dont l’amour fût entièrement banni, et dans lequel [Racine] ne crût pas que sa réputation fût intéressée, puisqu’il demeurerait enseveli dans Saint-Cyr 4 . » En insistant sur le caractère privé du projet, Mme de Maintenon libérait le dramaturge de toute contrainte esthétique. Mais c’était oublier qui était le destinataire de sa commande. Esther puis Athalie naissent alors de la plume reposée de Racine, succès fulgurants malgré leurs origines modestes, entre pédagogie et morale, pour des « actrices » innocentes en quête d’harmonie pastorale et de morale chrétienne. En effet, il est indéniable que la Bible joue un rôle primordial dans le retour de Racine à l’écriture. Dans ce qui suit, nous tenterons, d’une part, de montrer dans quelle mesure le texte sacré a été, sans aucun doute, la source première de ces œuvres - donc leur pré-texte nourricier : inspirateur direct, référence première, source d’informations et de citations. D’autre part, nous nous intéresserons au côté littéraire de ces textes en essayant de mettre en relief comment, finalement, le génie - poétique et dramaturgique - racinien n’a pas pu s’empêcher de s’exprimer à travers des textes censés, à l’origine, n’avoir qu’une visée pédagogique. La Bible aura ainsi pu être, pour Racine, un excellent prétexte pour revenir sur le devant de la scène littéraire, après douze ans d’une absence, certes voulue, mais, peut-être, secrètement regrettée. I. Un pré-texte sacré Pendant sa longue retraite de douze ans, loin du théâtre et des remous de la passion tragique qu’il avait su si bien traduire, Racine mène une 3 Voir, à ce sujet, Jules Lemaître, Jean Racine, éd. Calmann-Lévy, qui explique le profond dégoût que Racine ressentait face à une critique et à des attaques qu’il va jusqu’à qualifier de « haineuses ». 4 Lettre de Mme de Maintenon à Racine, citée par Georges Forestier, in Jean Racine, Théâtre-Poésie, édition établie et annotée par Georges Forestier, Paris, Gallimard, coll. NRF, « Bibliothèque de la Pléiade », 1999, p.1673. La Bible : (pré-)texte racinien PFSCL L, 98 DOI 10. / PFSCL-2023-0006 103 existence pieuse. Ceci pousse à penser que c’est aussi le scrupule religieux qui lui fait abandonner l’écriture dramatique puisque, dans l’une de ses lettres, adressée à Mme de Maintenon, il qualifie les quinze années de la volubilité de sa plume d’années d’« égarement ». D’ailleurs, lorsqu’il accepte, à la fin de sa carrière, de revenir à la plume, c’est bien pour écrire ce qu’on appellera ses « tragédies chrétiennes ». Et à la source de ces deux œuvres, un même texte, sacré, la Bible. Dans l’édition originale de ces deux pièces, le titre de chacune est, justement, suivi par la mention « Tragédie tirée de l’Écriture Sainte ». En effet, le sujet que Racine choisit pour Esther est tiré du Livre ou Rouleau d’Esther, qui est le vingt-et-unième Livre de la Bible hébraïque et qui fait partie des Livres historiques de l’Ancien Testament, selon la tradition chrétienne. Ce livre biblique rapporte une série d’événements se déroulant sur plusieurs années : une Juive, nommée Esther, accède au trône de l’empire persan, le plus puissant de son temps. Sous son règne, la population juive est menacée d’extermination par le décret du grand vizir Haman. Le peuple juif est sauvé par l’intervention d’Esther et de son oncle Mardochée. C’est cet épisode même que Racine choisit de traiter dans sa pièce, demeurant, au fil de la trame, extrêmement fidèle au texte d’origine. Les noms des personnages, le lieu de l’action ainsi que les diverses étapes de l’événement sont respectés à la lettre. D’ailleurs, dans la Préface de l’œuvre, Racine affirme qu’en traitant le sujet, « il [lui] sembla que, sans altérer aucune des circonstances […] de l’Écriture sainte […], [il] pourrai[t] remplir toute [s]on Action avec les seules Scènes, que Dieu lui-même, pour ainsi dire, a préparées 5 . » Il est à noter que, du texte biblique, Racine supprime tout de même le prologue et l’épilogue, pour des raisons morales certaines - le début montrant la chute de l’orgueilleuse Vasthi qui avait refusé publiquement d’obéir à son royal époux et la fin mettant en scène une Esther avide de vengeance. Sur le plan des modifications apportées au texte religieux, l’importance que Racine accorde au personnage Mardochée et au joug subi par les Juifs est quelque peu démesurée par rapport à la Bible. C’est ce personnage qui, dans la pièce, pousse Esther sur le trône de Perse pour libérer les Juifs de leur esclavage, ce qui n’est pas tout à fait le cas dans le texte biblique. Par ailleurs, les raisons pour lesquelles Racine choisit un sujet biblique pour sa pièce sont multiples. D’une part, cette pièce lui avait été commandée dans un but précis : éduquer les filles de Saint-Cyr, à travers une œuvre qui traiterait un « sujet de piété et de morale 6 . » La « commande » même 5 Racine, préface d’Esther. 6 Racine, préface d’Esther. Christelle Stephan-Hayek PFSCL L, 98 DOI 10. / PFSCL-2023-0006 104 semble ainsi imposer la source. D’autre part, comme Racine s’était juré de ne plus écrire, en gage de foi chrétienne, son retour au théâtre ne pouvait se faire autrement que par une œuvre chrétienne, ce choix devenant un véritable acte de piété de la part de l’écrivain. Pour ce qui est de la deuxième tragédie sacrée, Athalie, les circonstances de sa rédaction sont quelque peu différentes, quoique proches de celles d’Esther. En effet, après le succès de la première pièce et sa répercussion positive sur l’éducation des jeunes filles en question, Mme de Maintenon ne tarde pas à commander une deuxième tragédie au grand dramaturge. Racine, mis au pied du mur, et certain, cette fois, qu’il n’écrivait pas uniquement pour les demoiselles de Saint-Cyr, entreprend alors un projet bien plus ambitieux que la première pièce. Il choisit alors d’écrire une pièce qui « a pour sujet, Joas reconnu et mis sur le Trône 7 », sujet tiré du « Deuxième livre des rois » de l’Ancien Testament, mais que Racine choisit de raconter en se plaçant dans la perspective d’Athalie, la grand-mère de Joas, cette « Médée [qui] tu[a] ses enfants [et] ses petits-enfants pour s’assurer la couronne par le meurtre de tous ceux qui auraient pu la lui disputer 8 . » Dans cette pièce, Racine a, certes, été fidèle au texte sacré dans le sens où il en a respecté la trame et les personnages. Athalie, veuve du roi de Juda, gouverne le pays et croit avoir éliminé tout le reste de la famille royale. Elle a abandonné la religion juive en faveur du culte de Baal. Mais en fait, son petit-fils, Joas, a été sauvé par la femme du grand prêtre Joad. Et six années plus tard, Joad réunit l’armée et fait solennellement proclamer le jeune prince, alors âgé de sept ans, roi. En entendant les acclamations, Athalie s’approche et crie à la conspiration. Elle est alors exécutée. Mais comme la relation des faits, dans l’Ancien testament, ne possédait pas le même dramatisme que celle d’Esther, Racine s’est permis de réorganiser les événements de manière à obtenir un schéma d’affrontement entre la grand-mère meurtrière et son petit-fils. En effet, ce face à face n’existe pas dans le récit biblique mais les émotions qu’il sous-tend reposent, à l’état latent, comme dans l’attente d’être exacerbées. La Bible, et plus précisément l’Ancien Testament, sont donc bien à la source des deux tragédies sacrées de Racine. « Tragédies de la conversion, Esther et Athalie incarnent la possibilité d’un théâtre véritablement chrétien 9 . » Commandées dans un but pédagogique pour l’éducation pieuse des jeunes filles de Saint-Cyr, Esther et Athalie ont pourtant tôt fait de dépasser 7 Racine, préface d’Athalie. 8 Lemaître de Sacy, commentaire à l’édition française des « livres des Rois » de 1686. 9 Laurence Plazenet, « Esther et Athalie : deux tragédies de la conversion ? », dans Courrier Blaise Pascal [En ligne], 41-42, 2020, §44. La Bible : (pré-)texte racinien PFSCL L, 98 DOI 10. / PFSCL-2023-0006 105 les limites restreintes de leur moule scolaire pour aller se placer, sinon en tête, du moins dans une position respectable, du palmarès de l’art dramatique de Racine. II. Un sacré prétexte ! Demander à Racine d’écrire pour l’intérieur des murs de Saint-Cyr, c’est tout de même demander à l’un des plus grands dramaturges du XVII e siècle de faire plier sa plume. Et si celle-ci se plie volontiers, elle n’en reste pas moins la plume de Jean Racine. « Racine was first and foremost a man of the theatre. As such, he was inevitably more concerned with dramaturgy than with liturgy 10 . » Après douze ans d’absence littéraire, sollicité par Mme de Maintenon à qui il ne peut rien refuser, Racine se voit contraint de renouer avec la poésie dramatique. D’abord avec Esther, dans laquelle le dramaturge reste assez éloigné du modèle de la tragédie classique et où il lie « le Chœur et le Chant avec l’Action 11 » ; ensuite, avec Athalie, où il opte, comme guidé par sa nature même de dramaturge, pour une tragédie en cinq actes, emplie des effets d’amplification et de poétisation dans lesquels il était passé maître, treize ans auparavant. Or Esther, qui était promise à être « enseveli[e] dans Saint-Cyr 12 », dépasse rapidement les murs de l’école. En effet, si la première de la pièce, donnée le 26 janvier 1689, « réussit à merveille 13 », les représentations s’enchaînent avec un succès de plus en plus grand, et toujours sous la conduite du roi. Mme de Sévigné trouva que la pièce était « un rapport de la musique, des vers, des chants, des personnes, si parfait et si complet qu’on n’y souhaite rien [et que] tout y est sublime et touchant 14 . » Esther devient ainsi un franc succès mondain. Dans cette pièce, Racine révèle, même sans le vouloir, son art de dire. Il fait alterner les mètres des vers chantés qu’il insère à la fin de chacun des 10 Mary Jo Muratore, « Racine’s Athalie or the Power of Precedent », dans Dalhousie French Studies, 49, 1999, p. 183. 11 Racine, préface d’Esther. 12 Lettre de Mme de Maintenon à Racine, citée par Georges Forestier, dans Jean Racine, Théâtre-Poésie, p.1673. 13 Dangeau, Philippe de Courcillon (marquis de), Journal du marquis de Dangeau, publié et édité pour la première fois par MM. Soulié, Dussieux, de Chennevièves, Mantz, de Montaiglon ; avec les additions inédites du duc de Saint-Simon publiées par M. Feuillet de Conches, 1854-1860, Paris, Firmin Didot, Frères, Libraires, à la date du 26 janvier 1689. 14 Mme de Sévigné, Correspondance, t. III, p. 509. Christelle Stephan-Hayek PFSCL L, 98 DOI 10. / PFSCL-2023-0006 106 trois actes ainsi qu’au cours du premier et du troisième. Il réalise, par cette technique, « un dessein qui [lui] avait souvent passé dans l’esprit 15 » et qu’il n’avait jamais « osé » accomplir auparavant, même au moment où il était revenu aux tragédies d’Euripide, avec Iphigénie et Phèdre. Par cette commande, aux vertus originellement limitées à l’école des jeunes filles, Mme de Maintenon aura ainsi pu donner à Racine l’occasion de réaliser ce qui lui semblait être « la forme idéale de tragédie, […] où altern[]ent le dramatique et le lyrique, les émotions propres au tragique et l’émotion due aux cantiques, le déclamé et le chanté, l’alexandrin alterné et le vers régulier, bref, une forme supérieure d’émotion théâtrale 16 . » Et Esther n’est que le tremplin vers Athalie. Athalie qui est, pour Voltaire, « un chef d’œuvre d’éloquence » 17 et que Flaubert qualifie d’« immortel chef d’œuvre de la scène française 18 . » Athalie qui est considérée « as Racine’s dramatic swan song, [his] ultimate chant […] 19 . » Là, Racine, loin d’être pris au dépourvu, prend tout son temps pour la rédaction d’une pièce qui ne sortira que plusieurs mois après la date prévue. Il s’agit, en effet, d’une vaste tragédie en cinq actes, développée à partir d’un court récit biblique, et à laquelle Racine s’appliqua rigoureusement, sachant, après le succès de sa première tragédie sacrée, qu’il n’écrivait pas uniquement pour les filles de Saint-Cyr et leurs protecteurs. Dans cette tragédie, il fait appel, volontairement ou pas, à ses réflexes de dramaturge profane. Il utilise le procédé traditionnel du rêve prémonitoire, sur le modèle des songes de tragédie, exploite les jeux dramatiques et rhétoriques de l’identité cachée du héros - ici Joas - et compose, par hypotypose 20 , un tableau animé pour relater le massacre des enfants royaux perpétré par le personnage éponyme. Là, l’unité de temps (quelques heures) et l’unité de lieu sont respectées. Et là, surtout, Racine réalise le rêve de tous les théoriciens du théâtre classique, en réussissant à faire coïncider le temps de l’action et le temps de la représentation, et ce, grâce aux chants du chœur qui se substituent aux entractes, meublant ainsi le potentiel vide de la scène et occupant le même nombre de minutes que l’action qui est en train de se dérouler en parallèle, hors de la scène. La perfection de « l’illusion mimétique », idéal du théâtre classique, se réalise ainsi : le spectateur 15 Jean Racine, préface d’Esther. 16 Georges Forestier, Notice d’Esther, dans Jean Racine, Théâtre-Poésie, p.1690. 17 Voltaire, Œuvres complètes, vol. XII, p.166. 18 Gustave Flaubert, Madame Bovary, II, 3. 19 Mary Jo Muratore, 1999, p. 182. 20 Figure de style consistant à décrire une scène de manière si frappante, qu'on croit la vivre. La Bible : (pré-)texte racinien PFSCL L, 98 DOI 10. / PFSCL-2023-0006 107 oublie qu’il est au théâtre et il a l’impression d’assister à une action véritable. Les deux dernières pièces de Racine auront ainsi permis au dramaturge, douze ans après Phèdre, de renouer avec le succès littéraire, et la Bible, inspirateur de ces deux chefs d’œuvre, aura été un prétexte en or, pour le « classique des classiques », pour tirer, encore deux fois, sa révérence. Conclusion Véritables chefs d’œuvre du théâtre classique, Esther et plus encore Athalie n’ont finalement rien à envier à la grandiose Phèdre ou à l’inoubliable Andromaque. Tirées toutes deux de l’Écriture sacrée, elles enfoncent leurs racines chrétiennes dans les pages de l’Ancien Testament pour en ressusciter deux terribles épisodes. Destinées, à l’origine, à éduquer les jeunes filles de Saint-Cyr, ces deux « divertissement[s] d’enfants [sont] devenu[s] le sujet de l’empressement de toute la cour 21 . » Aujourd’hui encore, Athalie figure parmi les cinq pièces les plus représentées de Racine, comme l’a souligné Sven Åke Heed dans son article « Jean Racine mis en scène » : À l’occasion de la parution du Théâtre complet de Racine dans l’édition de Jacques Morel et Alain Viala en 1985, revue et mise à jour en 1995, les éditeurs ont fait l’analyse de la fortune scénique du théâtre de Racine en France, de l’après-guerre jusqu’à la fin des années 1970, basée sur une statistique nécessairement approximative mais néanmoins significative à titre d’indication. Ils ont pu établir ainsi le classement de la fréquence des pièces de Racine avec un groupe de trois pièces en tête : Andromaque, Britannicus et Phèdre, et en deuxième position Bérénice et Athalie 22 . Et Heed de continuer son analyse du nombre de représentations des pièces raciniennes à l’Académie française, entre 1980 et 1995 et de constater que « c’est encore, et de loin, Bérénice qui a été jouée le plus souvent. Il est intéressant de voir que Esther et Iphigénie, deux pièces rarement jouées, ont profité pendant la période de deux mises en scène qui ont eu du succès, apparemment 23 », c’est ainsi que Esther est en deuxième position après Bérénice, avec 78 représentations. 21 Jean Racine, préface d’Esther. 22 Sven Åke Heed, « Jean Racine mis en scène », dans Gilles Declercq éd., Jean Racine, 1699-1999. Actes du colloque Île de France, La Ferté Milon, 25-30 mai 1999, Paris, Presses Universitaires de France, « Hors collection », 2004, p. 30. 23 Sven Åke Heed, 2004, p. 31. Christelle Stephan-Hayek PFSCL L, 98 DOI 10. / PFSCL-2023-0006 108 La littérature de commande n’en demeure donc pas moins de la littérature. On a beau vouloir brider la plume pour l’enfermer dans un moule, cette plume est si pétillante de vie, si entraînée à voler, qu’elle ne peut que briser le moule, et s’envoler au grand jour, dévoilant les pièces uniques qu’elle a pris le temps de ciseler avec l’art dont elle seule possède le secret. Bibilographie Corpus Racine, Jean. Théâtre-Poésie, édition présentée, établie et annotée par Georges Forestier, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1999. Sources La Bible, Ancien Testament, Deuxième Livre des Rois, disponible sur http: / / fr.wikisource.org/ wiki/ Deuxi%C3%A8me_livre_des_Rois#Deuxi.C3.A8m e_livre_des_Rois_11. La Bible, Ancien Testament, Livre d’Esther, disponible sur http: / / fr.wikisource.org/ wiki/ Livre_d%27Esther [26-03-2012]. Dangeau, Philippe de Courcillon (marquis de), Journal du marquis de Dangeau, publié et édité pour la première fois par MM. Soulié, Dussieux, de Chennevièves, Mantz, de Montaiglon ; avec les additions inédites du duc de Saint- Simon publiées par M. Feuillet de Conches, 1854-1860, Paris, Firmin Didot, Frères, Libraires, à la date du 26 janvier 1689. Voltaire, Œuvres complètes, vol. XII, Paris, Th. Desoer, 1817, disponible sur http: / / books.google.com.lb/ . Études Heed, Sven Åke. « Jean Racine mis en scène », dans Gilles Declercq éd., Jean Racine, 1699-1999. Actes du colloque Île de France, La Ferté Milon, 25-30 mai 1999, Paris, Presses Universitaires de France, « Hors collection », 2004, pp. 25- 39. DOI : 10.3917/ puf.decl.2004.01.0025. URL : https: / / www.cairn.info/ jean-racine-1699-1999--9782130526902-page-25.htm Lemaître, Jules. Jean Racine, Paris : Calmann-Lévy, 1908, disponible sur http: / / fr.wikisource.org/ wiki/ Jean_Racine_(Lema%C3%AEtre)/ I à IX. Muratore, Mary Jo. « Racine’s Athalie or the Power of Precedent », dans Dalhousie French Studies, 49, 1999, pp. 182-192. http: / / www.jstor.org/ stable/ 40837300 Plazenet, Laurence. « Esther et Athalie : deux tragédies de la conversion ? », dans Courrier Blaise Pascal [En ligne], 41-42, 2020, mis en ligne le 16 février 2022, consulté le 04 janvier 2023. URL : http: / / journals.openedition.org/ cbp/ 381 ; DOI : https: / / doi.org/ 10.4000/ cbp.381 La Bible : (pré-)texte racinien PFSCL L, 98 DOI 10. / PFSCL-2023-0006 109 Serry, Hervé. « Littérature et religion catholique (1880-1914). Contribution à une socio-histoire de la croyance », dans Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique [En ligne], 87, 2002, mis en ligne le 01 avril 2005, consulté le 30 décembre 2022. URL : http: / / journals.openedition.org/ chrhc/ 1656 ; DOI : https: / / doi.org/ 10.4000/ chrhc.1656 Vallin, Philippe. « Christianisme et tragédie : le cas Racine », dans Revue des sciences religieuses [En ligne], 84/ 1, 2010, mis en ligne le 20 janvier 2014, consulté le 30 décembre 2022.URL : http: / / journals.openedition.org/ rsr/ 363 ; DOI : https: / / doi.org/ 10.4000/ rsr.363