Papers on French Seventeenth Century Literature
pfscl
0343-0758
2941-086X
Narr Verlag Tübingen
10.24053/PFSCL-2024-0026
0120
2025
51101
Sur le manuscrit inédit de La Principessa di Monpensier traduite par Sertorio Orsato, membre de l'académie padouane des Ricoverati
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Jean-Luc Nardone
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PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 Sur le manuscrit inédit de La Principessa di Monpensier traduite par Sertorio Orsato, membre de l’académie padouane des Ricoverati J EAN -L UC N ARDONE U NIVERSITÉ DE T OULOUSE II J EAN J AURÈS La Bibliothèque Universitaire de Padoue conserve un manuscrit inédit 1 , un peu oublié semble-t-il 2 , intitulé La Principessa di Monpensier, qui est une traduction en langue italienne de la nouvelle française de Madame de Lafayette, réalisée par un auteur padouan du XVII e siècle du nom de Sertorio Orsato. Sertorio Orsato (Padoue, 1 er février 1617‒3 juillet 1678) est un homme du plein XVII e siècle. Historien, philosophe, archéologue, professeur en sciences physiques à l’Université de Padoue, on lui connaît une belle production d’ouvrages tant en latin qu’en italien 3 , pour l’essentiel liés à sa ville natale ‒ selon une tradition fort répandue dans la Péninsule ‒, et tous édités de son vivant jusqu’à son Histoire de Padoue depuis sa fondation jusqu’à l’an 1173 4 parue l’année de sa mort, en 1678. Étonnamment, sa traduction de la nouvelle de Madame de Lafayette est demeurée inédite jusqu’ici. La plus grande partie des titres qu’il a publiés sous son nom indiquent qu’il entretenait probablement des liens étroits avec les personnalités les plus en vue de Padoue, ce qui trace le portrait de l’érudit classique dans l’Italie du XVII e siècle. Comme tel, Orsato est membre d’une académie, l’académie des 1 Dont la cote est Ms 425. 2 La dernière consultation remontait à 1992. 3 Il senatore trionfante oratione a nome della città di Padova nella partenza dell’Illustriss. & Ecc. sig. Pietro Corraro capitano. Di Sertorio Orsato D, Padova, Paolo Frambotto,1641; mais également Le grandezze di s. Antonio di Padova osservate nel trasporto della sua preciosa reliquia data da quella città al serenissimo prencipe di Venezia da Sertorio Orsato cavalier del Sereniss. Senato Veneto[…], Padova, Paolo Frambotto, 1653. 4 Istoria di Padova dalla fondazione di quella città sino l’anno 1173, Padova, Pietro Maria Frambotto, 1678. Jean-Luc Nardone PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 428 Ricoverati sous le pseudonyme du Disingannato 5 ‒ mot dont la traduction en français n’est pas si aisée, ingannare signifiant « tromper, abuser de la confiance de quelqu’un », ce qui conduit donc à quelque chose comme l’académicien Détrompé. On trouve dans le cinquième tome de l’ouvrage fondamental de Michele Maylender, Storia delle accademie d’Italia 6 , les pages consacrées aux académies padouanes. On n’en compte pas moins d’une douzaine au XVII e siècle : l’académie des Stabili, des Avveduti, des Orditi, des Deli, des Fecondi, des Zitoclei, des Invigoriti, des Geniali, des Disuniti, des Anelanti, des Speranti, et naturellement des Ricoverati. Maylender nous enseigne que l’académie des Ricoverati, dite aussi Accademia Cornara, fut fondée le 25 novembre 1599 par l’abbé Federico de l’illustre famille vénitienne des Cornari, et qu’elle tint sa première séance le 9 janvier 1600. Dès ses débuts, l’académie, qui se fixa pour dessein de ne négliger ni les sciences ni les lettres, eut une existence extrêmement chaotique 7 , de sorte qu’on estime perdus à ce jour les comptes rendus qui en recensaient l’activité originelle ; jusqu’à ce qu’elle obtînt la protection du doge Silvestro Valier, et qu’elle s’engageât dans la révision de ses lois qui furent republiées en 1697. Tout cela contribua au succès de l’académie qui existe encore aujourd’hui sous le nom de l’un de ses membres les plus prestigieux, à savoir d’Accademia Galileiana 5 Cette précision est indiquée dans le volume d’Attilio Maggiolo I Soci dell’Accademia Patavina dalla sua fondazione (1559), Padova, s. n., 1983, p. 225 (un ouvrage dont il faudrait dépouiller minutieusement les 386 pages). 6 Bologna, Arnaldo Forni Editore, 1976. 7 Durant ses premières années d’existence, l’académie ne fit pas vraiment parler d’elle. En effet, elle ne possédait pas de législation en bonne et due forme et qui plus est, Federico Cornaro, son fondateur était parti pour Rome, si bien qu’en 1609, elle cessa toute activité. Ce dernier tenta de la ressusciter et, la même année, les Rinomati Zitoclei (autre académie savante de l’époque), firent leur entrée au sein de l’académie des Ricoverati. En 1633, l’académie connut un nouveau moment difficile : malgré le dévouement de ses membres, elle fut contrainte de fermer ses portes. Elle finit par les ouvrir à nouveau en 1638 mais ne parvint pas à rester à flot plus de deux mois. En 1645, Giorgio Cornaro, alors évêque de Padoue, la reforma, y instaura de nouvelles lois qui furent promulguées en 1647 et fixa les règles des activités littéraires. Mais l’académie connut une nouvelle période difficile et referma ses portes en 1654 pendant six années. En 1660 elle finit par rouvrir mais cette nouvelle tentative se solda par un cinquième échec. Il s’agit finalement du dernier puisqu’en 1668, Vettor Contarini, Capitanio de la ville de Padoue obtint la protection souveraine du Sénat Vénitien, mais également un siège ainsi qu’une contribution annuelle. Ainsi commença une nouvelle période de pleine activité pour l’académie des Ricoverati. En outre, elle obtint la protection de grands patriciens, du podestat et même du doge Silvestro Valier, ainsi que la révision de ses lois qui furent republiées en 1697. Sur le manuscrit inédit de La Principessa di Monpensier PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 429 di scienze, lettere ed arti : son siège se trouve bien sûr toujours à Padoue, à la Reggia Carrarese. Nous retiendrons de tout cela deux éléments utiles à notre propos : le premier est que Sertorio Orsato en fut élu prince à trois reprises (en 1649- 1650, 1660-1661 et en 1670-1671), ce qui fait de lui l’une des figures les plus actives de l’académie sur un temps long de près de vingt ans ; le second est que l’académie, comme c’était alors l’usage, accueillit quelques étrangers et naturellement des Français : nous savons 8 ainsi que lors de la séance du 14 septembre 1684, furent nommées membres de l’Académie des Ricoverati, Antoinette de Lafon de Boisguérin des Houlières (1638-1694) mentionnée dans le registre sous le nom de « Mme Deshoulières de Chatte », la philologue et traductrice Anne Le Fèvre Dacier (1645-1720) ainsi qu’une Mme Roussereau, auxquelles il faut ajouter, lors de la session du 22 janvier 1685, François Honorat de Beauvilliers, duc de Saint-Aignan (1607-1687), l’évêque Michel Amelot de Gournay (1624-1687) et « Mademoiselle de Scudéry » 9 (1607-1701). Plusieurs membres de la famille Patin semblent également avoir participé aux activités de l’académie : le médecin Charles Patin (1633-1693) en 1678-1679, année où furent aussi reçue sa fille aînée, la peintre Gabrielle Charlotte (1665-1751), le 31 janvier 1679 et, plus tard, le 27 janvier 1683, sa cadette Charlotte Catherine (1666-1744) 10 . On peut voir d’ailleurs par le truchement de la famille Patin, se constituer ce réseau entre France et Italie, puisque Gabrielle Charlotte est l’épouse du comte Luigi Santapaulina, padouan célèbre pour son traité sur l’équitation 11 , membre de l’académie de la Delia déjà mentionnée. Académie de chevalerie, cette dernière se tourne vers Galilée qui compose pour elle un petit document sur les accointances 8 Grâce aux premières informations fournies par le bibliothécaire actuel de l’académie Galileiana, Diego Rossi, qui se fonde ici pour l’essentiel sur le volume d’Attilio Maggiolo (I Soci dell’Accademia Patavina) et sur le Giornale della gloriosissima Accademia ricovrata. A. Verbali delle adunanze accademiche dal 1599 al 1694, a cura di Antonio Gamba e Lucia Rossetti, Trieste, Edizioni Lint, 1999. 9 Un fascicule des archives daté de 1871-1872 porte sur Mlle de Scudéry. Il s’agit sans doute des résultats d’une recherche faite au XIX e siècle, qu’il conviendrait d’examiner de près. Voir Archivio storico dell’Accademia Galileiana 1599-1947, Busta XLV, n. 3188. 10 Diego Rossi estime que « Sicuramente ci sono molte altre letterate francesi tra le socie dell’Accademia nel XVII secolo » (Il y a assurément de nombreuses autres lettrées françaises parmi les membres de l’académie au XVII e siècle), ce qui nécessiterait un travail de recherche complémentaire. 11 L'arte del cavallo di Nicola, e Luigi Santapaulina, divisa in tre libri. Ne primi due, che son di Nicola, si tratta l'arte di ridurre a tutta perfettione il cavallo. Nel terzo, che è di Luigi, al presente caval.zo della nobil.ma Accademia Delia di Padova, vi si aggiunge il modo di usarlo in guerra, & in festa […], In Padova, nella Stamperia del Seminario, 1696. Jean-Luc Nardone PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 430 entre équitation et mathématiques 12 quand, comme nous l’avons dit, Galilée fréquentait aussi l’académie des Ricoverati. Ces échanges entre académies n’ont rien d’extraordinaire et l’on peut y mesurer la perméabilité entre les différentes institutions. Rien d’étonnant donc que les Patin, par l’entremise de l’académie de la Delia, aient participé aussi aux travaux de l’académie des Ricoverati. On notera toutefois que l’admission de ces Français au sein de l’académie est tardive, entre 1679 et 1685 alors que notre traducteur, Sertorio Orsato, meurt en 1678. S’il faut faire un lien entre leur présence et la composition de notre manuscrit, on peut imaginer deux scénarios. Soit la réception de ces Français est le fruit d’un processus lent, qui suppose des échanges avec l’académie, et d’une correspondance qui a pu favoriser l’envoi du texte de Madame de Lafayette ‒ mais pour l’heure nous n’en avons pas la trace formelle. Soit la traduction de Sertorio Orsato annonce le tournant de l’académie qui, dès après sa mort, en 1679, accueille nos premiers Français. On pourrait à ce même titre voir dans l’arrivée de plusieurs femmes en cette fin du XVII e siècle le tournant décrit par Fahy Connor dans son article intitulé « Women and Italian Cinquecento Academies » où elle rappelle que durant tout le XVI e siècle les académies étaient « à forte prévalence masculine [et que] les femmes ne pouvaient être qu’un ornement, s’ajoutant simplement à la gloire de leurs parents, de leurs maîtres et des institutions publiques 13 » tandis qu’Elisabetta Graziosi constate leur participation nourrie « au Settecento en Italie 14 » : dans l’académie des Ricoverati, le tournant est donc très clair dans le dernier quart du XVII e siècle, un peu après d’autres académies de la Péninsule tels les Oziosi de Naples ou les Humoristes de Rome, où l’on trouve quelques femmes de renom dès le début du siècle, comme la poétesse Margherita Sarrocchi (1560-1617), amie de Marino et de Galilée. Chez les Ricoverati, la présence féminine est donc légèrement tardive et souvent chaperonnée par une figure masculine : on a vu le cas de la famille Patin, on pourrait de même mentionner l’entrée de l’illustre Elena Lucrezia Cornaro Piscopia, première femme diplômée en philosophie de l’Université de Padoue 12 Raccolta di quelle cognizioni che a perfetto Cavaliero et Soldato si richieggono, le quali hanno dependenza dalle scienze matematiche, dans Antonio Favaro, « Le Matematiche nell’arte militare secondo un autografo di Galileo Galilei », Rivista d’Artiglieria e Genio, vol. III, Roma, 1886, p. 111-128. 13 Fahy Connor, « Women and Italian Cinquecento Academies », dans Women in Italian Renaissance Culture and Society, Letizia Panizza dir., Oxford, Legenda, 2000, p. 438. Ici et partout, c’est nous qui traduisons. 14 Elisabetta Graziosi, « Revisiting Arcadia: Women and Academies in Eighteenth- Century Italy », dans Italy’s Eighteenth Century: Gender and Culture in the Age of the Grand Tour, Paula Findlen, Wendy Wassyng Roworth and Catherine M. Sama dir., Stanford, Stanford University press, 2009. Sur le manuscrit inédit de La Principessa di Monpensier PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 431 mais issue aussi de la famille du fondateur de notre académie, Federico Cornaro. On tirera de ces remarques factuelles que l’intérêt que le comte Orsato porte au texte de Madame de Lafayette n’est ni la conséquence de l’arrivée des Français ni le résultat de l’accroissement sensible des académiciennes au sein de l’académie. Le fait est que le texte de La Princesse de Montpensier circula assez vite puisque la nouvelle parut en France en 1662 pour endiguer les versions nombreuses et sauvages qui circulaient jusque-là 15 . Le texte fut réédité très tôt et fréquemment mais le comte Sertorio Orsato mourut en 1678, ce qui permet de limiter aux rééditions de 1671 ou de 1674 les dernières sources possibles du texte français dont il disposa, étant entendu qu’il pouvait parfaitement avoir eu en sa possession soit l’édition de 1662, soit même l’une des copies qui circulaient avant l’édition princeps. Le raffinement exquis et le soin apportés à la composition de cet unicum pourraient laisser penser par ailleurs que sa publication en était imminente ou qu’Orsato le destinait à quelqu’un de précis, peut-être Madame de Lafayette elle-même qui, par l’éducation littéraire qu’elle avait reçue de Gilles Ménage, connaissait fort bien l’italien. Mais en réalité l’ouvrage était destiné à Carlo de’ Dottori (1618-1685), comme l’atteste, sur la page de titre, une inscription en grec qui nous éclaire sur la destination de cette traduction : « Cav. Carlo de’ Dottori, ceci est un témoignage et un souvenir de notre amitié 16 ». Carlo de’ Dottori était un ami illustre d’Orsato et avait été prince de l’académie des Ricoverati en 1649. On retrouve la trace des deux amis au sein d’une confrérie, La fraglia 17 dei padrani, une compagnie de joyeux drilles de la plus haute société, par trop célèbre dans la ville pour ses débordements et ses frasques ‒ qui conduisirent ledit Carlo à être emprisonné quelques mois. Carlo de’ Dottori fut un poète de premier plan de Padoue qui sut obtenir les 15 Comme le rappelle André Beaunier dans son Histoire de La Princesse de Montpensier sous le règne de Charles IX, Paris, La Connaissance, 1926, p. 12. Et Beaunier de préciser (p. 8) que Madame de Lafayette recommanda à Gilles Ménage de donner « à Mlle de Scudéry et à Mme Amelot » deux exemplaires de ce premier tirage. 16 « Cav. Co. Dottorij Amoris / μαρ ρ α μ μ σ o ». 17 Le terme de fraglia, issu de l’italien frattaglia, est apparu au XIII e siècle. C’est un terme qui ne s’applique qu’à la République de Venise et à ses territoires et qui désigne les corporations religieuses, professionnelles ou artistiques. Mais l’expression fraglia dei padrani (du latin patres) revêt assurément ici une dimension ironique. Ses membres se réunissaient tous au domicile de Gerolamo Sanguinacci, descendant d’une illustre famille issue de la noblesse padouane, résidence située Via San Biagio à Padoue, qui donnait sur un vaste jardin des plus agréables. Jean-Luc Nardone PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 432 grâces de Léopold de Médicis. On lui doit quelques œuvres 18 tombées en désuétude mais non dénuées d’intérêt dont notamment un poème héroïcocomique, L’Asino (L’Âne) de 1652 sur la guerre entre Padouans et Vicentins qui, au XII e siècle, en perdirent l’âne qui ornait leur bannière. Or L’Asino, publié sous le pseudonyme d’Iroldo Crotta, parut avec les « annotazioni del sig. Sertorio Orsato 19 », preuve de la connivence des deux amis. Nos rares informations sur Orsato ne nous permettent pas de savoir comment il apprit le français. Les informations bibliographiques succinctes qui le concernent sont celle de Giovanni Antonio Volpi 20 , en 1719, et la notice des Français Joseph-François et Louis-Gabriel Michaud 21 , dont on retiendra ici son amitié avec Charles Patin. Mais nul voyage en France ou quelque autre traduction du français vers l’italien qui permît d’expliquer l’excellente connaissance de la langue française au point de fournir une belle traduction en italien de La Princesse de Montpensier. On sait naturellement les liens forts entre France et Italie tout au long du XVII e siècle, depuis la thèse de Jean Balsamo, “L’Italie françoiseˮ. Italianisme et anti-italianisme en France à la fin du XVI e siècle (1989) dans les traces de Marc Fumaroli. En 2001, Giovanni Dottoli, de l’Université de Bari, faisait paraître Les Traductions de l’italien au français au XVII e siècle 22 . Les liens entre les deux pays sont indéniables en ce siècle où, en 1666, Colbert crée l’Académie de France à Rome quelques années après la création d’une Académie française (1635) imitée de l’académie romaine des Humoristes 23 qui, elle-même, avait accueilli un grand 18 La bibliographie qui le concerne est ancienne et modeste et mériterait d’être revisitée. Voir Natale Busetto, Carlo de’Dottori, letterato padovano del secolo XVIII, Città di Castello, S. Lapi, 1902. 19 Carlo de’ Dottori, L’Asino. Poema Eroicomico d’Iroldo Crotta. Con gli argomenti del Sig. Alessandro Zacco, e le annotazioni del sig. Sertorio Orsato, Venezia, per Matteo Leni, 1652. La dernière édition du texte, parue chez Laterza, date de 1987. 20 Vita del Conte Sertorio Orsato, premessa all’edizione cominiana dei Marmi eruditi, Padova, 1719. 21 Joseph-François et Louis-Gabriel Michaud, Orsato (Sertorio), dans Biographie universelle, ancienne et moderne, vol. 32, Paris, chez Michaud frères, libraires, 1822, p. 170-171. 22 Nous avons en ce moment même le plaisir de codiriger avec notre collègue et amie de l’Université Aldo Moro de Bari, Concetta Cavallini, qui fut elle-même l’élève de Dottoli, une thèse de doctorat qui, en regard du volume de Dottoli, vise à répertorier les textes français traduits en italien ‒ et en Italie ‒ au XVII e siècle. 23 Le palais Mancini, siège historique de France à Rome de l’académie des Humoristes, devint même, après sa fermeture définitive en 1725, le siège de l’académie de France à Rome. Sur les liens entre France et Humoristes qu’il nous soit permis de citer Jean- Luc Nardone, « La Miscellanea dell’Accademia degli Umoristi (Ms. San Pantaleo 44) de la Bibliothèque Nationale de Rome : sur les notions d’œuvre collective et d’œuvre Sur le manuscrit inédit de La Principessa di Monpensier PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 433 nombre de Français. Souffle alors sur l’Italie une brise de France de laquelle Orsato peut s’être inspiré. On notera en outre que les liens entre la France et Venise (dont dépend politiquement Padoue) demeurèrent particulièrement forts tout au long de la célèbre guerre de Candie, qui opposa Venise à l’empire ottoman : durant une vingtaine d’années, de 1648 à 1669, la France soutint Venise jusqu’à l’envoi tout à fait considérable, en 1669, d’une expédition de grande ampleur avec 6 000 hommes et 42 navires. Si l’échec de cette « croisade » créa des tensions entre Louis XIV et Venise, force est de constater que durant la période qui nous intéresse, c’est-à-dire vers 1662, les relations entre les deux États étaient au beau fixe. Cela n’explique pas le bilinguisme du comte Orsato mais tout du moins la francophilie des États vénitiens et de son élite. Car Orsato maîtrise assurément le français et produit ce qu’il conviendrait ici d’appeler une « belle fidèle ». Nous n’avons que très peu d’informations concernant le manuscrit 425 et son histoire. Nous savons qu’il appartient à la Bibliothèque Universitaire de Padoue mais ignorons sa date d’arrivée dans les collections. Il est composé de deux cent cinquante-six feuillets et se conclut avec un extrait de L’Astrée d’Honoré d’Urfé, en français, qui s’étend sur trois feuillets, une œuvre bien plus ancienne donc que La Princesse de Montpensier et qui connut en Italie une fortune mitigée 24 . En copiant un dialogue tiré du neuvième livre de la quatrième partie de L’Astrée (1624, à Paris, chez Toussaint de Bray), Orsato montre sans doute qu’il possède l’œuvre et qu’il l’a lue en langue originale 25 . Il illustre en tout cas avec quelques vers tirés de l’une des compositions les plus longues qui soient, l’un des moments forts d’une œuvre ‒ qui elle, en revanche est fort brève ‒ à savoir le désespoir de Chabannes pour la princesse de Montpensier. Nous ne nous attarderons pas ici à scruter la traduction en italien de la nouvelle de Madame de Lafayette mais plutôt à en souligner quelques traits saillants qui permettent de mesurer les choix de traduction d’Orsato. Comme nous l’avons déjà signalé, cette traducion est une « belle fidèle », voire « très collectif au XVII e siècle » (http: / / cornucopia16.com/ blog/ 2019/ 01/ 05/ jean-lucnardone-la-miscellanea-dellaccademia-degli-umoristi-ms-san-pantaleo-44-de-labibliotheque-nationale-de-rome-sur-les-notions-doeuvre-collective-et-doeuvrecollectif-au-xviie-siecl/ ). 24 Voir Giorgetto Giorgi, « La fortune italienne de L’Astrée », Cahiers de l’A.I.E.F., n o 60, 2008, p. 243-256. Giorgi rappelle immédiatement l’article de Norbert Jonard, « Le Callo andro fedele de Marini et L’Astrée », Rivista di Letterature Moderne e Comparate, n° 2, juin 1978, p. 109-128. 25 La première traduction semble dater de 1636. Elle est de la plume du modénais Carlo Laderchi Foschera (in Modena, per Giulian Cassiani). Jean-Luc Nardone PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 434 fidèle », en cela qu’on est loin des réécritures qui ne lisaient le texte source que comme un substrat léger. Ici en revanche, on frise le mot à mot, ce qui rend d’ailleurs d’autant plus rares et intéressantes les divergences. Tout indique néanmoins que ce très beau manuscrit, élégant et raffiné, jusque dans les lettrines historiées, est l’œuvre d’un copiste, non tant parce qu’ici ou là quelques mots manquants sont ajoutés dans la marge ‒ ainsi, très vite, dès le début 26 , la précision que la fille du marquis de Mézières est sa fille « unique » ‒ ou tel autre souligné pour marquer une répétition erronée (tempo tempo, au p. 83), mais plutôt par la présence de coquilles impossibles sous la plume d’un érudit ‒ comme par exemple le groupe de quatre consonnes consécutives de l’adjectif sffregiato. On repère très vite, en regard de la belle élégance calligraphique, l’extrême irrégularité orthographique, entre formes géminées et dégéminées 27 , qui produisent de nombreux doublons aléatoires, au point qu’il n’est guère possible d’envisager de faire l’hypothèse de l’origine géographique dudit copiste. Dans le cadre de ce volume, nous porterons donc plutôt notre attention sur les gallicismes de cette traduction, qu’Orsato fait le choix de glisser ici et là. L’un des gallicismes les plus singuliers est la présence d’un accent aigu systématique sur tous les cas de la préposition « à », forme française qui traîne parfois dans l’italien du XVII e siècle mais jamais de manière à ce point absolue ; tout comme la répétition plutôt fréquente de punto dès la toute première page (Amore non lasciava punto, « Amour ne laissait point »), alors que c’est une forme étrangère à l’italien. Un certain nombre de mots par ailleurs est copié du français : ainsi en va-t-il de cadeto (l’italien moderne atteste cadetto comme un gallicisme), maritaggio (ou marittaggio) au lieu de matrimonio qui nous paraît être ici davantage un emprunt au français qu’une lointaine réminiscence de Dante, de Boccace ou même de l’Arioste, avvantagioso (ou avantaggioso), fobborghi, Madamosela, li parenti (au lieu des genitori), les verbes sovvenire, sortire, un très étonnant marchiare dont la seule orthographe permet de comprendre qu’il s’agit du verbe « marcher » (cammi- 26 Voir aussi un ajout à la page 49. 27 Nous trouvons fréquemment le redoublement du s intervocalique (essaltazione, accorgendossi, essecuzione, rissentimento, servendossi, essendossi, scordavassi, accostossi, cossì (huit occurrences), dissegno (cinq occurrences) et rissoluzione). Mais aussi : doppo (vingt-sept occurrences), frattello, stradda, segretto-i (trois occurrences), pregiudiccio, esaggerare, et elleggesse. Par ailleurs on trouve aussi publicare et aqua, qui sont deux latinismes. Parmi les formes fluctuantes : atione, azione/ i (cinq occurrences) et attione/ i (deux occurrences), ochi et occhi (avec un ajout d un second c à la page 83). Quelques autres dégéminations avec mezo/ a (cinq occurrences), obligare+dérivés (cinq occurrences), avvezato, tolerasse, suplicarla, avisò, azardare, introdure, damigela, sopranaturale, cità, etc. Sur le manuscrit inédit de La Principessa di Monpensier PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 435 nare en italien) puisque le mot se prononce [markiare], ansietà pour « anxiété » contre l’italien ansia, cader amalato traduction de « tomber malade » contre ammalarsi, etc., termes qui tous visent sans doute à accentuer la patine française de la traduction. D’autres mots comme augumentare ou la conjonction de coordination et, qui pourraient passer pour des latinismes, tendent, dans ce contexte, à se présenter comme d’autres gallicismes. Mais la partie la plus originale de cette traduction se trouve peut-être dans la pléthore de noms propres français que notre traducteur doit insérer dans son texte italien. Ces transpostions subissent deux types d’italianisation : soit une orthographe qui permet en italien de se rapprocher de la prononciation française comme pour l’amiral de Châtillon (l’ammiraglio di Sciatilon), la marquise de Noirmoustiers (la marchesa di Normustiè), la ville de Loches (Losce), la bataille de Montcontour (la battaglia di Moncontour), Champigny (Sciampigni), etc. Il est intéressant de comparer alors ces choix de traduction avec ceux que l’on trouve dans l’Historia delle guerre civili di Francia qu’Enrico Caterino Davila publia à Paris en 1644 et qui servirent de source à Madame de Lafayette dans la traduction qu’en donna Jean Baudoin immédiatement en cette même année 28 . Or, si l’on regarde la façon dont Davila avait traduit, ou plutôt transposé ces noms français, on constate qu’Orsato a préféré les sonorités françaises aux dépends d’une orthographe d’imitation. Car chez Davila, par exemple, Châtillon est traduit par Ciatiglione ‒ comme un Castiglione qui, d’ailleurs, eût été la forme la plus exacte pour traduire Châtillon ‒, Loches par Loccies (avec un s final imité du français qui éloigne toutefois la prononciation des deux mots, contrairement au Losce d’Orsato). On aura alors compris que dans ces choix de traduction, Orsato veut que le lecteur italien prononce les noms propres français à la française. Davila, lui, traduit le mot français en italien et Moncontour devient Moncontorno puisque contorno est la traduction exacte de « contour ». Mais ces subtilités cessent face aux grands noms de l’histoire de France et il va de soi qu’Henri de Navarre est sous la plume de Davila comme de celle d’Orsato le Re di Navarra, l’empereur Maximilien l’imperatore Massimiliano, le Bourbon, il Borbone, La Rochelle, La Rocella, la Lorraine, la Lorena et le jour de la Saint-Barthélemy, il giorno di San Bartolomeo. Ce type 28 Histoire des guerres civiles de France, contenant tout ce qui s’est passé de mémorable en France jusqu’à la paix de Vervins, depuis le règne de François II (2 volumes, 1644). Jean Baudoin (1590-1650) fut un traducteur prolifique de l’italien vers le français. On lui doit une traduction d’un texte du jésuite Jules César Mazarin (Practique pour bien prescher, 1618), une Hiérusalem deslivrée, poème héroïque de Torquato Tasso (1626) et, du Tasse encore, un dialogue intitulé De la Noblesse, dialogue de Torquato Tasso, où il est exactement traitté de toutes les prééminences, et des principales marques d’honneur des souverains et des gentilshommes (1633), etc. Jean-Luc Nardone PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 436 de différences permet aisément de déduire quels personnages et quels épisodes historiques, ou quels toponymes français ont une inscription séculaire aux yeux des Italiens, et ceux, en revanche, qui n’ont pas cet ancrage. On comprend mieux alors que le personnage fictif de la nouvelle de Madame de Lafayette, le comte de Chabannes, soit traduit phonétiquement par Orsato il conte di Sciabane 29 . Si la traduction d’Orsato est fidèle, élégante, très respectueuse du français, elle est aussi dans un italien ciselé et cet exercice difficile, si bien décrit dans l’essai d’Umberto Eco, Dire quasi la stessa cosa 30 , n’est réussi par notre traducteur qu’au prix de quelques libertés stylistiques, refondant à sa guise ici où là quelques phrases selon ce qui lui paraît sans doute plus adéquat au rythme d’une phrase italienne qui, il est vrai, est généralement plus longue qu’en français. En conclusion de cette rapide exposition de la langue du manuscrit, un détail, à la page 85, mérite qu’on s’y arrête. Orsato écrit : « Qui non si è potuto esprimere cossì ben il francese nella nostra lingua » (« Ici nous ne sommes pas parvenu à exprimer aussi bien le français dans notre langue ») 31 . Il s’agit de traduire une tournure de la page 52 de l’édition princeps de La Princesse de Montpensier. Le texte est le suivant : Le Duc de Guise acheva d’en devenir violamment amoureux : et voulant par plusieurs raisons tenir sa passion cachée, il se resolut de la luy déclarer d’abord, affin de s’espargner tous ces commencemens qui font toûjours naistre le bruit et l’esclat 32 . Orsato traduit : Il Duca di Guisa finì di divenirne violentemente innamorato, e volendo per più raggioni tenir nascosta la sua passione determinò di dichiarargliela subito a fine di risparmiarsi tutti quei principii, qualli fanno sempre nascere il romore e lo scoppio. Il s’agit d’une traduction mot à mot, légèrement raturée, preuve, encore une fois, qu’Orsato a relu sa traduction, plume à la main. Tout est bien traduit à l’exception peut-être du mot « éclat » où Orsato voit sans doute un double sens, celui de scandale qui éclate mais aussi peut-être de passion qui éclate au grand jour dans toute sa splendeur. On voit en effet que ces hésitations portent certes sur l’adjectif démonstratif « quei » (« ces commencemens ») mais aussi sur le relatif « qui » qu’il ne traduit pas simplement par « che », 29 Même si on trouve une occurrence unique d’une forme hybride, Sciabanes (page 15). 30 Umberto Eco, Dire quasi la stessa cosa. Esperienze di traduzione, Milano, Bompiani, 2003. 31 Voir illustration 3. 32 À Paris, chez Thomas Iolly, 1662, p. 52. Sur le manuscrit inédit de La Principessa di Monpensier PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 437 comme on pourrait s’y attendre ; sans doute parce que « che », en italien, traduit aussi bien le relatif « que » que « qui », et qu’il est souvent source de confusion. Cette occurrence d’un commentaire est un hapax dans le manuscrit mais il dit, nous semble-t-il, la sensibilité fine du lecteur padouan et à quel point Orsato incarne une forme de nouveau traducteur, particulièrement perméable à la langue de départ, qu’il maîtrise admirablement au point de mesurer les difficultés qui se font jour lorsqu’on veut non pas réécrire mais véritablement traduire un texte littéraire. Sans doute reste-t-il à mieux explorer les voies qui ont conduit Orsato à traduire le texte de Madame de Lafayette. Il est rare qu’un « traducteur » excellent comme le nôtre ne laisse la trace que d’un seul texte. Cet hapax ‒ mais rien n’exclut qu’on ne trouve un jour d’autres traductions d’Orsato du français vers l’italien, à Padoue ou ailleurs ‒ montre chez cet historien, archéologue et physicien un goût pour la littérature qu’aucune trace ne laissait supposer, sinon ces annotations au texte satyrique de son ami Carlo de’ Dottori. Rien non plus n’explique le choix du texte de Madame de Lafayette. Jean-Luc Nardone PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 438 ANNEXE : Illustrations Ill. 1 La Principessa di Monpensier. Tradotta dal francese da Sertorio Orsato. Page de titre. © Bibliothèque Universitaire de Padoue, Ms. 425. Sur le manuscrit inédit de La Principessa di Monpensier PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 439 Ill. 2 La Principessa di Monpensier. Tradotta dal francese da Sertorio Orsato. Première page. © Bibliothèque Universitaire de Padoue, Ms. 425. Jean-Luc Nardone PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 440 Ill. 3 La Principessa di Monpensier. Tradotta dal francese da Sertorio Orsato. Page 85. © Bibliothèque Universitaire de Padoue, Ms. 425. Sur le manuscrit inédit de La Principessa di Monpensier PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 441 Édition critique du manuscrit Ms 425 33 . La Principessa di Monpensier Tradotta dal francese da Sertorio Orsato [p. 1] Mentre la guerra civile straciava la Francia sotto il regno di Carlo IX, amore non lasciava punto di trovarvi il suo luogo [p. 2] fra tanti disordini, e di cagionarvene molti nel suo Imperio. L’unica 34 figliuola del marchese di Meziere hereditaria di considerazione, e per la quantità de suoi beni, et per l’illustre casa d’Angiù, dalla quale era discesa, era statta promessa al duca di Mena [p. 3] cadeto del duca di Guisa, cognominato dappoi lo sffregiato. L’estrema gioventù di questa grande herede ritardava il suo maritaggio: et in questo mentre il duca di Guisa che sovente la vedeva, et che scorgeva in essa li principii d’una gran bellezza, ne divenne innamorato, et [p. 4] ne fu corrisposto. Tennero essi nascoso il loro amore con molta cura. Il duca di Guisa, che non haveva ancora tanta ambizione, quanta ne ha havuto doppo, 33 Nous proposons ici la première édition de ce texte. Nous restons le plus fidèle possible au texte d’origine. Les modifications que nous avons opérées visent à en améliorer la compréhension pour un lecteur moderne. 1) Nous rétablissons les accents suivants l’usage moderne, procédant aux nécessaires suppressions, altérations ou ajouts. Dans le dialogue final, nous avons rétabli les accents qui manquaient sur les mots français : « hélas », « n’égale », « mérite », « espérer », « abréger », « être », « âme », « À », « espérance » et « récompense ». 2) Nous avons conservé le h étymologique du verbe avere, conjugué à des temps verbaux différents dans le texte. Le h est également conservé pour le substantif « huomo » ainsi que sa forme plurielle « huomini ». 3) Nous avons supprimé les apostrophes qui n’ont pas lieu d’être dans la langue moderne. Dans un cas, nous avons corrigé en outre la graphie fautive de l’article dans « nell’suo » qui devient « nel suo » avec une note de bas de page signalant cette modification substantielle. 4) Nous avons respecté la césure moderne des mots. 5) Nous avons remplacé les majuscules qui n’ont pas lieu d’être pour les noms communs : « città », « guerra », « civile », « armata », « consorte », « fama », « battaglia », « capo/ i », « truppa », « riviera », « dama », « cavallo/ i », « caccia », « salmone », « madama », « amore », « rivale », « parenti ». Nous ôtons galement les majuscules sur les titres de noblesse tels que « principe/ prencipe », « principessa/ prencipessa », « cardinal », « conte », « duca » ou bien encore « re » et son féminin « Regina sua Madre » qui devient « regina sua madre ». En revanche, les occurrences des mots « Amore » et « Fortuna », qui sont deux notions importantes et presque complémentaires personnifiées dans le texte, commencent toujours par une majuscule à chacune de ses apparitions dans le texte italien. 34 L’adjectif « unica » a été ajouté dans la marge. Jean-Luc Nardone PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 442 bramava ardentemente di sposarla, ma il timore del cardinal di Lorena, che teneva esso in luogo di padre, l’impedi [p. 5] va il dichiararsene. Erano le cose in questo statto, allhora che la casa di Borbon, la quale non poteva vedere, che con invidia, l’essaltazione di quella di Guisa, accorgendossi dell’avvantaggio che essa riceverebbe da questo marittaggio, si risolse di levarglielo, et [p. 6] di profittarne ella medesima, col far sposare questa hereditaria al giovane principe di Monpensier. Si travagliò all’essecuzione di questo disegno con tanto successo, che li parenti di madamosela di Meziere, contro le promesse che essi havevano fatte al cardinal di [p. 7] Lorena si rissolverono di darla in matrimonio a questo giovane prencipe. La casa tutta di Guisa fu estremamente sorpresa da questo procedere, et il duca ne fu così oppresso dal dolore, che l’interesse del suo amore fecegli ricevere questo mancamento di parola co[p. 8]me un affronto insopportabile. Scoppiò ben tosto il suo rissentimento, malgrado le riprensioni del cardinal di Lorena, et il duca d’Omala suoi zii, quali non volevano punto ostinarsi in una cosa che essi vedevano non poter impedire, e si portò con tanta vio[p. 9]lenza, alla presenza medesima del giovane principe di Monpensier, che ne nacque tra questi un odio, che non finì, che con la loro vita. Madamosela di Meziere tormentata da’ suoi parenti a sposar questo prencipe, e dall’altra parte vedendo che non poteva spo[p. 10]sare il duca di Guisa, et conoscendo per la sua virtù che gli era pericoloso l’haver per cognato un huomo, che essa havesse desiderato per marito, risolsesi in fine di seguitare i sentimenti de’ suoi congiunti, et scongiurò il duca di Guisa di non più apportar ostacoli al [p. 11] suo maritaggio. Sposò essa adunque il prencipe di Monpensier, quale poco tempo doppo la condusse a Sciampigni, soggiorno ordinario de’ prencipi della sua casa, per levarla da Parigi, ove apparentemente tutto lo sforzo della guerra andava a cadere. Era questa gran città [p. 12] minacciata d’un assedio dall’armata degli Hugonotti, de’ quali era capo il prencipe di Conde, che veniva a dichiarar la guerra al re 35 per la seconda volta. Haveva nella sua più tenera gioventù il prencipe di Monpensier fatta un’amicizia particolare con il conte di Scia[p. 13]bane, quale era un huomo d’una età di lui più avanzata, et d’un merito estraordinario. Questo conte era stato così sensibile alla stima, et alla confidenza di questo giovane prencipe, che contro gl’impegni che egli haveva con il prencipe di Conde, che gli faceva sperare [p. 14] degl’impieghi considerabili nel partito degl’Hugonotti, si dichiarò per li cattolici, non si potendo risolvere ad esser contrario in niuna cosa al prencipe di Monpensier che gli era così caro. Non havendo questo cangiamento di partito altro fondamento, fu sospetto se fos[p. 15]se veritiero, e la regina madre Catterina de Medici, n’hebbe di così gran sospeti, che essendo la guerra dichiarata 35 Dans le manuscrit, écrit « all re ». Sur le manuscrit inédit de La Principessa di Monpensier PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 443 dagl’Hugonotti, hebbe pensiero di farlo arrestare, ma ne l’impedì il prencipe di Monpensier, e condusse Sciabanes a Sciampigni, ne l’andarci con [p. 16] sua consorte. Possedeva il conte uno spirito assai dolce, e guato, onde guadagnò ben tosto la stima del la prencipessa, et in poco tempo, non hebbe essa meno di confidenza, et di amicizia con lui, che n’havesse il prencipe suo marito. Sciabane dal suo canto risguardava [p. 17] con ammirazione tanta bellezza di spirito, et di virtù che apparivano in questa giovane prencipessa, et servendossi dell’amicizia, che essa gli testimoniava, per inspirargli delli sentimenti d’una virtù estraordinaria, et degni della grandezza della sua nascita, la [p. 18] rese egli in poco tempo una delle più perfette persone del mondo. Essendo il prencipe ritornato alla corte, ove la continuazione della guerra lo chiamava, restò il conte solo con la prencipessa, e continuò ad haver per essa un rispetto, et un'amicizia proporzionata [p. 19] alla sua qualità, et al suo merito. La confidenza si augumentò da una parte e dall’altra, e a tal segno dal canto della prencipessa, che essa gli scoperse l’inclinazione che ella haveva havuta per il duca di Guisa, ma ancora nello stesso tempo [p. 20] gliela manifestò presso che estinta, e che non gli restava che ciò che era necessario per difendere l’ingresso nel suo cuore ad un’altra inclinazione, et che aggiongendosi la virtù a questo residuo d’impressione, essa non era capace che d’haver delli sprezzi per [p. 21] quelli, che ardissero haver dell’amore per essa. Il conte che conosceva la sincerità di questa bella prencipessa, et che dall’altra parte vedeva delle disposizioni così opposte alla debolezza della galanteria, non dubitò punto della verità delle sue parole, [p. 22] et niente di meno non si puote egli diffendere da tante malie, che vedeva ogni giorno così d’appresso. Divenne egli appassionatamente innamorato di questa principessa, etabenché ritrovasse qualche vergogna in lasciarsi superare, bisognò cedere, et amarla della più [p. 23] violente, et della più sincera passione, che giamai fosse. E se non fu padrone del suo cuore, vi fu delle sue azioni. Il cangiamento del suo animo non cagionò alcuna mutazione nel suo governo, né persona alcuna sospettò del suo amore. Prese egli una cura esatta [p. 24] nel corso d’un anno intiero di nasconderlo alla principessa, et hebbe opinione di conservar sempre l’istesso desiderio in nasconderglielo. Ma amore fece in esso ciò che fa in tutti gli altri, dandogli volontà di parlare, et doppo tutte le resistenze accostumate in simili occasio[p. 25]ni, egli ardì dirgli che l’amava, essendosi ben preparato ad asciugar le proccelle, delle quali la fierezza di questa principessa lo minacciava. Ma ritrovò egli in essa una tranquillità, et una freddezza mille volte peggiore, che tutti i rigori, che egli s’haveva im[p. 26]maginati. Non volse ella seco sdegnarsi, ma le rappresentò in poche parole la differenza delle loro età, e qualità, la conoscenza particolare che egli haveva della sua virtù, et dell’inclinazione da lei havuta per il duca di Guisa, e sopra tutto, ciò che Jean-Luc Nardone PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 444 doveva egli [p. 27] all’amicizia et alla confidenza del prencipe suo marito. Il conte credette di morire ai suoi piedi di vergogna, e di dolore, et essa sforzossi di consolarlo, assicurandolo che non le sovvenirebbe giamai di quanto gli haveva detto, e che non si persuaderebbe una cosa che gli [p. 28] era così disavantaggiosa, non lo riguardando giamai, che come il migliore de’ suoi amici. Consolarono queste espressioni il conte, come ogn’uno si può immaginare. Sentì però lo sprezzo delle parole della principessa dentro li ampiezza loro, et il giorno sussequente rivedendo [p. 29] la con un viso ancora franco, come d’ordinario, si radoppiò più della metà la sua afflizione, et il procedere della principessa non la diminuì punto. Visse ella seco con l’istessa bontà, che haveva accostumato, le parlò di nuovo, quando l’occasione fece nascere il dis[p. 30]corso, dell’inclinazione havuta per il duca di Guisa, et la fama cominciando allora a publicare le grandi qualità che apparivano in questo principe, essa gli attestò, che ne sentiva gran contento, et che era ben sodisfatta di vedere che egli meritava i sentimenti [p. 31] che ella haveva per lui havuti. Tutti questi testimonii di confidenza, che erano statti già sì cari al conte, gli divennero insopportabili, non ardiva però testimoniarlo alla principessa, abenché ardise di farli sovvenire qualche volta di ciò, che egli haveva havuto l’ardire di [p. 32] dirle. Doppo due anni di lontananza essendossi fatta la pace, il prencipe di Monpensier ritornò a ritrovare la prencipessa sua consorte, tutto coperto di gloria, che havevasi aquistata all assedio di Parigi, et alla battaglia di San Dionigi. Fu egli sorpreso nel ve[p. 33]dere la bellezza di questa prencipessa in una cossì grande perfezione, et per li sentimenti d’una gelosia che gli era naturale, n’hebbe qualche malinconia, prevedendo che non sarebbe punto solo a trovarla bella. Hebbe molto contento di rivedere il conte di Sciabane, [p. 34] per il quale il suo affetto non era punto diminuito, dimandandogli confidentemente nuove dello spirito, et del humore di sua Consorte, essendole quasi una persona incognita, per il poco tempo che seco haveva dimorato. Il conte, con una sincerità così esata, come che [p. 35] non fosse giamai statto innamorato, disse al prencipe tutto ciò che egli conosceva in questa prencipessa capace di fargliela amare, et avvertì ancora Madama di tutto ciò che ella doveva fare per finire di guadagnare il cuore, e la stima di suo Marito. [p. 36] In fine la passione del conte lo portava così naturalmente a non pensare, che a ciò che potesse augumentare la felicità, e la gloria di questa prencipessa, e scordavassi senza pena l’interesse, che hanno gl’Amanti d’impedire che le persone, che essi amano son siino in [p. 37] una perfetta intelligenza con li loro Mariti. La Pace non fece che apparire: la Guerra ricominciò ancora tosto, per il dissegno c’hebbe il Re di far arrestare a Noïers il prencipe di Conde, et l’Ammiraglio di Sciatilon, et avanti d’esser scoperto questo dissegno, [p. 38] si cominciarono di nuovo li preparamenti della Sur le manuscrit inédit de La Principessa di Monpensier PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 445 Guerra, et il prencipe di Monpensier fu costretto di abbandonare la Consorte, per ritrovarsi ove il suo debito lo chiamava. Sciabane lo seguitò alla Corte, essendossi intieramente giustificato con la Regina, che non [p. 39] fu senza un estremo dolore nell’abbandonare la prencipessa, quale dal suo canto restò addolorata per i perigli della Guerra, a’ quali andava ad esponersi il Marito. Li capi degl’Hugonotti si erano ritirati alla Rocella. Il Poetù et la Santonge erano del loro parti[p. 40]to: la guerra si accese fortemente, et il re vi radunò tutte le sue truppe. Il duca d’Angiù suo frattello, che fu doppo Henrico terzo, v’acquistò molta gloria per molte belle ationi, et fra le altre per la battaglia di Iarnac, ove il prencipe di Conde fu ucciso. Fu in questa guer[p. 41]ra, che il duca di Guisa cominciò ad havere degli impieghi considerabili, et a far conoscere, che egli di molto passava le gran speranze, che eransi di lui concepite. Il prencipe di Monpensier, che l’odiava come inimico suo particolare, e della sua casa, non vedeva che con pena la [p. 42] gloria di questo duca, et insieme l’amicizia che gli testimoniava il duca d’Angiù. Doppo che le due armate si furono affaticate per molto piccioli cambiamenti, di comune consentimento licenziarono le truppe per qualche tempo. Il duca d’Angiù restò a Losce per dar ordine [p. 43] a tutte le piazze che potessero essere attacate. Vi restò seco il duca di Guisa, et il prencipe di Monpensier accompagnato dal conte di Sciabane se ne ritornò a Sciampigni, che di là non era troppo lontano. Andava sovente il duca d’Angiù a visitare le piazze che faceva [p. 44] fortificare. Un giorno, che ritornava a Losce per una stradda poco conosciuta da quelli del suo seguito il duca di Guisa, che si vantava di saperla, misesi alla testa della truppa per servire di guida, ma doppo haver qualche poco viaggiato, egli smarì il camino, et ritrovassi so[p. 45]pra d’una picciola riviera, che lui stesso non riconobbe. Il duca d’Angiù si lamentò, che gli havesse così mal condotti, et essendosi fermati in questo luogo, ancora disposti al contento, com’è il costume de’ giovani prencipi, s’accorsero d’un picciolo battello che era fermato nel mezo [p. 46] della riviera, e come non era questa tanto larga, che gl’impedisse il non poter in quello facilmente distinguere tre overo quatro donne, una fra le altre, che gli parve assai bella, qual’era magnificamente vestita, e che mirava con attenzione due Huomini che pesca[p. 47]vano appresso di lei. Questa avventura diede un nuovo contento a questi giovani prencipi, et a tutti quelli del loro seguito, parendogli una cosa da romanzi. Dicevano alcuni al duca di Guisa, che gli haveva smarriti a bell’arte per fargli vedere questa bella persona; [p. 48] altri soggioungevano, che bisognava doppo che egli s’haveva fatto la fortuna, che ne divenisse amante: et il duca d’Angiù sosteneva, che era lui quello che doveva esser suo amante. In fine volendo cercare la loro ventura, fecero avanzare nella riviera delle sue genti a cavallo, più [p. 49] avanti che si puoté per significare a questa dama, esser questi il duca d’Angiù, che bramava Jean-Luc Nardone PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 446 passare dall’altra parte dell’aqua, et che pregava si venisse a levarlo. Questa dama, che era la prencipessa di Monpensier, sentendo dire ivi era 36 il duca d’Angiù, e non dubitando [p. 50] punto alla quantità delle genti che vedeva sopra la sponda dell’acqua, che egli non fosse desso,fece avanzare il suo battello per andare dalla parte ove egli era. La sua bella presenza glielo fece ben tosto distinguere dagl’altri, ma ella distinse ancora più presto il duca [p. 51] di Guisa, apportandogli la sua vista un torbido, che la fece un poco arrossire, che la fece parere agl’ochi di questi prencipi d’una bellezza, che essi credettero sopranaturale. Il duca di Guisa la riconobbe di subito, malgrado i cangiamenti avvantaggiosi che si erano fatti in essa, dop[p. 52]po i tre anni, che non l’havea veduta. Significò chi ella era al duca d’Angiù, quale di subito s’arrossì della libertà presasi, ma vedendo madama di Monpensier così bella, et aggradendole fortemente questa avventura, si rissolse di perfezionarla, et doppo mille scuse, e mille [p. 53] complimenti, inventò un affare considerabile, che diceva haver di là dalla riviera et accettò l’offerta, che essa gli fece di varcarlo nel suo battello. Entrò egli solo con il duca di Guisa, dando ordine a tutti quelli, che li seguivano d’andare a passar la riviera ad [p. 54] un’altra parte, et di venirli a giungere a Sciampigni, che madama di Monpensier gli disse non esser che a due leghe di là lontano. Tosto che essi furono nel battello, il duca d’Angiù le dimandò a che erano essi debitori d’un sì grato incontro, et ciò che faceva ella nel [p. 55] mezo della riviera, a cui rispose che essendo partita da Sciampigni col principe suo marito, con dissegno di seguitarlo alla caccia, ritrovatassi troppo stanca era venuta sopra l’argine della riviera, ove la curiosità di veder prendere un salmone ch’haveva dato nella rette, l’ha[p. 56]vea fatta entrare nel battello. Il duca di Guisa non si mischiava punto nella conversazione, ma sentendo risvegliare vivamente nel suo cuore tutto ciò che questa principessa vi haveva altre volte fatto nascere, pensava fra se stesso che non sortirebbe così facilmente di questa avven[p. 57]tura senza rientrare ne’ suoi legami. Arrivorono essi ben presto alla ripa ove ritrovarono i cavalli, e li scudieri di madama di Monpensier, che l’attendevano. Li duchi d’Angiù e di Guisa la servirono nel montare a cavallo, ove ella tenevassi con una grazia ammirabile. Nel [p. 58] corso di tutto il viaggio li trattenne essa graziosamente in diverse cose, e non furono punto essi meno sorpresi dagli incanti del suo spirito, che erano stati dalla sua bellezza, né poterono impedire di farle conoscere che erano estremamente sorpresi. Rispose essa alle loro parole con tut[p. 59]ta la modestia immaginabile, ma un poco più fredamente a quelle del duca di Guisa, volendo conservare una fierezza, che l’impedisse fondare alcuna speranza sopra l’inclinazione che per lui haveva ella havuta. Arrivati nella prima corte di 36 L’auteur a ajouté ce mot dans la marge. Sur le manuscrit inédit de La Principessa di Monpensier PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 447 Sciampigni, ritrovarono essi il prencipe di [p. 60] Monpensier in punto che ritornava dalla caccia, fu grande il suo stupore nel veder marchiare due huomini a lato di sua consorte, ma fu estremo quando avvicinandosi più appresso riconobbe che erano il duca d’Angiù, et il duca di Guisa. L’odio che all’ultimo portava aggionto[p. 61] alla sua naturale gelosia, fecegli provare questa cosa così spiacevole, nel vedere questi prencipi con sua consorte, senza sapere come vi si fossero ritrovati, né ciò che venissero essi a fare in sua casa, che non poté nascondere la malinconia concepita. Ne ributtò egli la causa sopra il [p. 62] timore di non poter ricevere un così gran prencipe secondo la sua qualità, e come haverebbe ben desiderato. Il conte di Sciabane haveva ancora più ansietà di vedere il duca di Guisa appresso madama, che non n’haveva il prencipe di Monpensier istesso. Ciò che havea fatto la fortuna nel [p. 63] radunare queste due persone, parevagli di sì cattivo augurio, che pronosticava facilmente, che questo principio di Romanzo qui punto non andarrebbe a finire. Madama di Monpensier fece la sera gli honori ne’ suoi appartamenti, con la medesima grazia con cui ella faceva [p. 64] tutte le cose. In fine non piaque ella che troppo a’ suoi hospiti. Il duca d’Angiù, che era assai galante, e ben disposto non puoté vedere una fortuna così degna di lui, senza desiderarla ardentemente, e restò ferito dell’istesso male, che il duca di Guisa, e fingendo sempre affari estraordinarii, di[p. 65]morò due giorni a Sciampigni, senza esse obligato di trattenervissi, che per le malie di madama di Monpensier, non facendo il prencipe suo marito punto di violenza per ritenervelo. Il duca di Guisa non partì però senza fare intendere a madama, che era per essa quello che altre volte era [p. 66] statto e sì come la sua passione non era statta saputa da persona, egli le disse più volte in presenza di ognuno, senza esser inteso che da essa, che il suo cuore non era punto cangiato. Partirono essi da Sciampigni con molto rincrescimento, e viaggiarono lungo tempo tutti due in un profondo [p. 67] silenzio, ma in fine il duca d’Angiù immaginandosi tutto ad un tempo, che ciò che faceva il suo vaneggiamento potesse causare anco quello del duca di Guisa, l’addimandò aspramente se pensava alle bellezze della prencipessa di Monpensier. Questa dimanda così brusca, aggionta [p. 68] a ciò che haveva osservato il duca di Guisa delli sentimenti del duca d’Angiù, fecegli vedere, che egli sarebbe infalibilmente suo rivale, et che eragli importantissimo non scoprire punto il suo amore a questo prencipe, e per levargliene tutto il sospetto le rispose ridendo. Che [p. 69] gli pareva lui stesso così occupato dal vanegiamento, del quale egli l’accusava, che non haveva punto giudicato a proposito l’interromperlo. Che le bellezze della prencipessa di Monpensier non erano punto nuove per esso, che erasi avvezato a sopportarne lo splendore, nel tempo che ella [p. 70] era destinata ad esserle cognata, ma che egli vedeva che ognuno non restava punto cossì poco abbagliato. Il duca d’Angiù confessò Jean-Luc Nardone PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 448 che niente ancora avea veduto, che gli paresse da paragonarsi a questa giovane prencipessa, e che sentiva ben che la sua vista poteva esserle pe[p. 71]ricolosa, se sovente vi si fosse esposto, e volse far convenire il duca di Guisa, che egli sentiva la medesima cosa, ma questo duca avvedutosi che del suo amore cominciava a farsi un affare troppo serio nulla volse confessare. Ritornorono questi prencipi a Losce, facendo sovente dilettevole la loro [p. 72] conversazione coll’avventura, che havevagli scoperta la prencipessa di Monpensier. Questo però non fu soggetto di così gran divertimento in Sciampigni. Il prencipe di Monpensier era mal sodisfatto di tutto ciò che era accaduto, senza che ne potesse dire il perché. Condan[p. 73]nava che sua consorte si fosse ritrovata in quel battello: parevale che ella havesse ricevuto troppo gentilmente que’ prencipi, et ciò che più le dispiaceva era l’haver osservato, che il duca di Guisa l’havea risguardata attentamente, e concepì egli da questo momento [p. 74] una furiosa gelosia, che le fece risovvenire delli portamenti, che il duca gl’avea testimoniati allhora del suo maritaggio, et hebbe qualche pensiero che da quel tempo medesimo egli ne fosse innamorato. La malinconia che questi sospetti le cagionarono, diede di [p. 75] cattive hore alla prencipessa. Il conte di Sciabane secondo il suo costume prese cura d’impedire, che essi non s’imbrogliassero affatto, a fine di persuadere da questo alla prencipessa, quanto fosse sincera, e disinteressata la passione, che per lei haveva. Non poté trattenersi [p. 76] di non dimandarle che effetto avesse in ella prodotto la vista del duca di Guisa. Ella gli rispose che era statta turbata per la vergogna di sovvenirsi dell’inclinazione c’havevagli altre volte testimoniata, che l’havea ritrovato molto meglio fatto che non era in quel tempo, et [p. 77] che medesimamente havevagli parso la volesse persuadere, che egli l’amava ancora, ma l’assicurò essa nel medesimo tempo, che niente poteva scuotere la risoluzione da lei presa di non impegnarsene giamai. Hebbe il conte di Sciabane gran contento d’intendere questa risso[p. 78]luzione, ma niente la poteva assicurare sopra il duca di Guisa. Testimoniò egli alla prencipessa temere estremamente, che le prime impressioni ritornassero ben tosto e fecegli comprendere il mortale dolore che egli haverebbe per il loro interesse comune, se la vedeva [p. 79] un giorno cangiare di sentimenti. La prencipessa continuando sempre il suo modo di procedere con esso, nulla quasi rispondeva, a ciò che egli diceva della sua passione, non considerando in lui, che sempre la qualità del miglior amico del mondo, senza volerle far l’honore di con[p. 80]siderarlo come amante. Erano le armate ritornate in piedi, e tutti li prencipi vi ritornarono, e quello di Monpensier stimò bene, che sua consorte se ne andasse a Parigi per non essere più così vicina al luogo ove si faceva la guerra. Assediarono gl’Hugonotti la città di Poitier, [p. 81] nella quale il duca di Guisa si gettò Sur le manuscrit inédit de La Principessa di Monpensier PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 449 dentro per difenderla, et vi fece delle azioni, che sole sarebbero sufficienti per render gloriosa un’altra vita che la sua. Doppo successe la battaglia di Moncontour, et il duca d’Angiù doppo haver preso San Giovani d’Angeli, cadde amalato, e abbandonò [p. 82] in un istesso 37 tempo l’armata, fosse per la violenza del suo male, o fosse per la volontà c’haveva di ritornare a gustar li riposi, le dolcezze di Parigi, ove la presenza della bella prencipessa di Monpensier non era punto la minor causa, che ve lo tirasse. Restò l’armata sotto il comando [p. 83] del prencipe di Monpensier, et poco tempo 38 doppo essendo fatta la pace, tutta la corte si ritrovò a Parigi. La beltà della prencipessa scancellò tutte quelle, che si erano ammirate fino allhora, tirando essa gl’occhi di tutto il mondo per le malie del suo spirito, et della sua [p. 84] personna. Il duca d’Angiù non cangiò punto a Parigi que’ sentimenti che concepiti avea per essa a Sciampigni, e prese una estrema diligenza di farglieli conoscere per tutte le maniere, guardandossi però a non gli rendere testimonianze troppo manifeste, timoroso di dar gelo[p. 85]sia al Prencipe suo marito. Il duca di Guisa finì di divenirne violentemente innamorato, e volendo per più raggioni tenir nascosta la sua passione, determinò di dichiarargliela subito, a fine di risparmiarsi tutti quei principii, qualli fanno sempre nascere il romore, e lo scoppio 39 . [p. 86] Essendo un giorno nelli appartamenti della Regina ad un’hora che v’era poca gente, et essendosi la regina ritirata per discorere d’affari con il cardinal di Lorena, v’arrivò la prencipessa di Monpensier. Si rissolse egli di prendere questo momento per parlarglie[p. 87]ne, et approssimandossi ad essa. Io ho a sorprendervi madama, gli disse egli, et a dispiacervi, nel dirvi c’ho sempre conservato quella passione, che altre volte v’è statta manifesta, ma che nel riverdervi s’è cossì fortemente accresciuta, che né la vostra severità, né l’odio [p. 88] del prencipe di Monpensier, né la concorrenza del primo prencipe del regno, saprebbero levarle un momento della sua violenza. Sarrei stato più rispettoso, in farcela conoscere per le mie azioni, che per le mie parole, ma madama, le mie azioni l’haverebbero ad altri [p. 89] ancora manifestata così bene che a voi, et io desidero che voi sola sapiate, che io son assai ardito per adorarvi. La prencipessa fu alla prima così sorpresa, e sì turbata di questo discorso, che 37 Dans le manuscrit, écrit « un’istesso ». 38 Dans le manuscrit, le mot est présent à deux reprises successivement. La deuxième fois, il est souligné. 39 De « Quei principii » jusqu’à « lo scoppio » : partie assez brouillonne, avec quelques ratures. Pour justifier cela, l’auteur nous précise que « non s’è potuto esprimere cossi ben il Francese nella nostra lingua ». Autrement dit, les mots du vocabulaire italien ne semblaient pas assez précis du point de vue de l’auteur pour restituer entièrement le texte original français de Madame de Lafayette. Ceci expliquerait le caractère moins soigné par rapport au reste du manuscrit. Jean-Luc Nardone PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 450 ella non pensava punto ad interromperlo, ma di subito essendo ritornata in se stessa, et in[p. 90]cominciando a rispondergli, entrò il prencipe di Monpensier. Il torbido e l’agitazione erano dipinti sopra il viso della prencipessa, la vista di suo marito finì d’imbarazzarla, di modo che essa gliene lasciò più intendere, che il duca du Guisa non gliene havea detto. Sortì la [p. 91] regina del suo gabinetto, et il duca si ritirò per guarire la gelosia di questo prencipe. La prencipessa di Monpensier ritrovò, la sera, nello spirito di suo marito tutti li rigori immaginabilli, e si trasportò egli contro d’essa a violenze spaventevoli, proibendogli di mai più par[p. 92]lare al duca di Guisa. Si ritirò ella nel suo appartamento ben travagliata, et ocupata dalle avventure che gli erano accadute quel giorno, et il seguente rivide il duca di Guisa appresso la reggina, ma non se gli accostò punto, e contentossi d’uscire un poco doppo di lei, [p. 93] per fargli vedere che egli non vi haveva che fare, quando essa punto non v’era. Non passava giorno che ella non ricevesse mille testimonii segretti della passione di questo duca, senza che egli provasse di parlargliene, che allhora che non poteva esser veduto da [p. 94] alcuno. Come ella fu ben persuasa di questa passione, incominciò, non ostante le rissoluzioni fatte a Sciampigni, a sentire nel fondo del suo cuore qualche cosa di ciò, che altre volte v’era statto. Il duca d’Angiù dal suo canto niente tralasciava per testimoniargli il suo [p. 95] amore in tutti i luoghi ove egli la poteva vedere, seguitandola continuamente appresso la reggina sua madre, e prencipessa sua sorella, e ne era trattato da essa con un rigore bastante a guarire ogn’altra passione che la sua. Si scoperse in questo tempo che la prencipessa sua [p. 96] sorella, che fu doppo regina di Navarra, havesse qualche affetto per il duca di Guisa, et ciò che lo fece scoprire d’avvantaggio, fu il raffredamento che apparve, del duca d’Angiù con il duca di Guisa. La prencipessa di Monpensier intese questa nuova, che non gli [p. 97] fu punto indifferente, e che gli fece sentire che ella prendeva più interesse del duca di Guisa, che non pensava. Sposava allhora monsieur di Monpensier suo suocero madamosella di Guisa sorella di questo duca: era essa costretta di vederlo sovente ne’ luoghi ove le ceri[p. 98]monie delle nozze chiamavano e l’uno, e l’altro. Ma non potendo più sofferire che un huomo, che tutta la Francia credeva amante di madama, ardisse dirgli che era d’essa, e sentendossi offesa, et quasi afflitta d’essersi ingannata ella stessa, un giorno che il duca di [p. 99] Guisa la incontrò appresso sua sorella, un poco allontanata dalle altre, e che volevagli parlare della sua passione, essa l’interuppe bruscamente, et dissegli d’un tuono di voce, che testimoniava il suo sdegno. Io non comprendo punto, che bisogni sopra li fondamenti d’una debo[p. 100]lezza, della quale son stata capace di tredici anni, haver l’audacia di far l’innamorato d’una mia pari, e sopra tutto quando si è d’un’altra a vista di tutta la corte. Il duca di Guisa c’haveva molto spirito, et che era fortemente innamorato, non Sur le manuscrit inédit de La Principessa di Monpensier PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 451 hebbe bisogno di consultar [p. 101] con alcuno, per intender che significavano le parole della prencipessa. Gli rispose con molto rispetto: Io confesso madama c’ho havuto torto a non sprezzare l’honore d’esser cognato del mio re, più tosto che lasciarvi sospettare un momento, che io potessi desiderare altro cuore [p. 102] che il vostro, ma se voi mi volete far la grazia d’ascoltarmi, io son sicuro di giustificarmi appresso di voi. Non rispose la prencipessa di Monpensier, né si alluntanò punto, et il duca di Guisa vedendo, che ella gli prestava l’udienza che desiderava, gli sco[p. 103]perse che senza haver allettata la buona grazia di madama per alcuna diligenza, ella ne l’havea honorato. Che non havendo alcuna passione per essa, havea malissimo corrisposto all’honore che gli faceva, sino a darle qualche speranza di sposarlo. Che per ve[p. 104]rità, la grandezza dove questo maritaggio lo poteva sollevare, l’haveva obligato a rendergli più doveri, e che questo era ciò c’haveva dato luogo al sospetto preso dal re, e dal duca d’Angiù; che l’opposizioni del’uno, e del’ altro non lo dissuadevano punto dal [p. 105] suo disegno, ma che se questo a lei dispiaceva, egli l’abbandonava in quell’istesso punto, per non più pensarvi in tutta sua vita. Il sagrificio che faceva questo duca alla prencipessa, fecegli scordare tutto il rigore, e tutto lo sdegno, con cui havea prin[p. 106]cipiato a parlargli. Cangiò essa discorso, e misesi a tratternerlo della debolezza c’haveva havuto madama in esser la prima ad amarlo, et dell’avantaggio considerabile, che egli riceverebbe in sposarla. In fine, senza niente dire d’obligante al duca di Guisa, gli [p. 107] fece rivedere mille cose aggradevoli che altre volte egli havea ritrovate in madamosella di Meziere. E ben che non si havessero parlatto che doppo lungo tempo, si ritrovarono essi assuefatti l’uno all’altro, et i loro cuori si rimisero facilmente in un camino, che [p. 108] loro non era punto incognito. Chiuderono essi questa dilettevole conversazione, che lasciò una sensibile gioia nello spirito del duca di Guisa. La prencipessa non n’hebbe punto una picciola, di conoscere, che egli l’amava veramente. Ma quando fu nel suo [p. 109] gabineto, quali riflessioni non fece sopra la vergogna d’essersi lasciata così facilmente piegare alle scuse del duca di Guisa, e sopra gl’imbarazzi, ove essa s’andava ad attuffare, impegnandosi in una cosa, che havea riguardatto con tanto horrore, e sopra le [p. 110] spaventevoli sciagure, dove la gelosia del marito la poteva getare. Questi pensieri gli fecero fare di nuove rissoluzioni, ma che si dissiparono il giorno susseguente per la vista del duca du Guisa. Non mancava egli di rendergli un conto esatto di ciò che [p. 111] accadeva fra madama e lui, dandogli il nuovo parentato delle loro case occasione di parlarle sovente. Ma non haveva egli poca pena a sanarla della gelosia, che la beltà di madama, gli dava, contra la quale non havea alcun giuramento che la [p. 112] pottese assicurare. Serviva questa gelosia alla prencipessa di Jean-Luc Nardone PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 452 Monpensier, per difendere il restante del suo cuore contro le diligenze del duca di Guisa, quale di già ne havea guadagnata la più gran parte. Il maritaggio del re con la figliuo[p. 113]la dell’imperatore Massimilano, riempì la corte di feste, et d’allegrezze. Fece il re un balletto nel quale danzava madama con le prencipesse tutte: quella di Monpensier poteva sola disputargli il prezzo della bellezza. Danzava il duca d’Angiù in una com[p. 114]parsa di Mori, et il duca di Guisa con quattro altri era della sua partita: I loro vestiti erano tutti uniformi, come ordinariamente sono gl’habiti di quelli che danzano ad una stessa comparsa. La prima volta, che il balletto si fece, il duca di Guisa avanti di danza[p. 115]re, non havendo punto ancora la sua maschera, disse qualche parola nel passare, alla prencipessa di Monpensier, ed essa si accorse che il prencipe suo marito vi haveva posto mente, ciò che la pose in inquietudine. Qualche tempo doppo vedendo il duca d’Angiù [p. 116] con la sua maschera, et il suo vestito da Moro, che veniva per parlarle, turbata dalla sua inquietezza, credete che questo fosse ancora il duca di Guisa, et accostandossi a lui gli disse. Non habbiare occhi questa sera che per madama, che io non ne sarò punto [p. 117] gelosa. Io ve lo comando, e perché son osservata, non mi v’approssimate più. Et si ritirò di subito, c’hebbe finite queste parole. Il duca d’Angiù ne restò cossì oppresso, come da un colpo di tuono, vidde egli in questo momento, c’haveva un rivale amato, e compre[p. 118]se per il nome di madama, che questo rivale era il duca di Guisa, non puoté dubitare che la prencipessa sua sorella non fosse il sagrificio, che la prencipessa di Monpensier haveva reso favorevole ai voti del suo rivale. La gelosia, il dispetto, la rabbia aggi[p. 119]ungendosi all’odio, che di già haveva contro di esso, fecero nel suo animo tutto ciò, che si può immaginare di più violente, gli haverebbe dato in quel punto qualche testimonio sanguinoso del suo dispiacere, se la dissimulazione che gli era naturale, non fosse venuta [p. 120] al suo soccorso, et non l’havesse obligato con raggioni potenti, nello statto in che erano le cose, a niente intraprendere contro il duca di Guisa. Non puoté egli tutta volta negarsi il piacere di farli conoscere, che egli sapeva il segretto del suo amore, et accostandosegli nel’[p. 121]uscire della sala ove s’era danzato: Questo è troppo, gli disse egli osare levar gl’ochi fino a mia sorella, e levarmi la mia dama, la considerazione del re m’impedisce di prorompere, ma sovvengaiùche la perdita della vostra vita sarà forse la minor cosa della quale io pu[p. 122]nirò un giorno la vostra temerità. La fierezza del duca di Guisa non era punto accostumata a tali minaccie, non puoté egli niente di meno rispondervi, percioché il re che usciva della sua camera in questo momento, li chiamò tutt’i due ma impresse nel suo cuore un desi[p. 123]dirio di vendetta, che travagliò tutta la sua vita a soddisfarlo. La stessa sera il duca d’Angiù gli rese tutte le sorti di cattivi officii appresso il re, e gli persuase che già mai madama acconsentirebbe d’esser maritata con Sur le manuscrit inédit de La Principessa di Monpensier PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 453 il re di Navarra, col quale proponevassi d’accasarla, [p. 124] fin tanto che si tolerasse, che il duca di Guisa se gli avvicinasse, e che era vergognoso sofferire che uno de’ suoi suditti, per soddisfare alla sua vanità apportasse degl’ostacoli ad una cosa che doveva dare la pace alla Francia. Questo discorso augumentò cossì fortemente quell’as[p. 125]prezza che di già haveva il re contro il duca di Guisa, che vedendolo il giorno susseguente, mentre s’appresentava per entrare all ballo appresso la regina, ornato d’un numero infinito di gemme, ma ancora più adornato dalla sua buona presenza, si mise egli all’ingresso [p. 126] della porta, e gli addimandò bruscamente, ove egli andava. Il duca senza stordirsi gli disse, che veniva per prestargli i suoi humilissimi servigi, a che il re replicò, che non n’haveva punto bisogno di quelli che gli rendeva, e si voltò senza guardarlo. Non tralasciò però il [p. 127] duca di Guisa d’entrare nella salla sdegnato nel suo cuore, contro il re, et contro il duca d’Angiù, ma il suo dolore augumentò la sua naturale fierezza, e con una maniera dispettosa s’approssimò molto più à madama, che non havea accostumato, oltre che, ciò che gli ha[p. 128]veva detto il duca d’Angiù della prencipessa di Monpensier, l’impediva gettar gl’occhi sopra di essa. Il duca d’Angiù osservava sollecitamente l’uno e l’altra. Gli’occhi di questa prencipessa lasciavano vedere a suo malgrado qualche ansietà, allhora che il duca [p. 129] di Guisa parlava a madama, et il duca d’Angiù, che haveva compreso da quello che essa gl’haveva detto nel prenderlo per il duca di Guisa, che ella haveva della gelosia, sperò d’imbrogliarli, e ponendosi appresso d’essa, gli disse. Questo è per vostro interesse madama [p. 130] più tosto che per il mio, che io vi vogli far conoscere, che il duca di Guisa non merita punto, che voi l’habbiate scielto a mio pregiudiccio. Né m’interrompete punto io vi prego, per dirmi il contrario d’una verità, che io non so che troppo. Egli v’inganna ô madama, e vi sa[p. 131]grifica a mia sorella, come egli ve l’ha sagrificata; questo è un huomo, che non è capace che d’ambizione, ma poiché egli ha havuto la felicità di piacervi, questo è assai. Io non m’opponerò punto ad una fortuna che senza dubbio meritavo meglio di lui, e me ne rende[p. 132]rei indegno, se m’ostinassi d’avvantaggio alla conquista d’un cuore, che un altro possede; egli è ben troppo non haver potuto attraere che la vostra indifferenza, et io non voglio farvi succedere l’odio nell’importunarvi più lungo tempo con la più fedelle passione che fosse già [p. 133] mai. Il duca d’Angiù, che effetivamente era toccato d’amore, et di dolore, puoté appena perfezionare queste parole, et abbenché havesse egli principiato il suo discorso in un spirito di dispeto, e di vendeta, s’intenerì nel considerare la beltà della prencipessa, et la perdita che [p. 134] faceva, perdendo la speranza d’esser amato, di maniera che senza attendere la risposta, uscì dal ballo, fingendo di haver male, e se ne andò alli suoi appartamenti a pensare alla sua disgrazia. Restò la prencipessa afflitta, e turbata, Jean-Luc Nardone PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 454 come si può immaginare, [p. 135] vedendo la sua riputazione, e li segretti della sua vita nelle mani d’un prencipe, che essa haveva maltrattatto, e il conoscere da esso, senza poterne dubitare, che era ingannata dal suo Amante, erano cose poco capaci di lasciargli quella libertà di spirito, che richie[p. 136]deva un luogo destinato alla gioia. Bisognò tuttavia restare in questo luogo, et andar doppo a cenare con la duchessa di Monpensier sua Suocera, che seco la condusse. Il duca di Guisa, che moriva d’impazienza di raccontargli, ciò che gl’haveva detto il duca d’Angiù il [p. 137] giorno precedente, la seguitò alla casa di sua sorella, ma qual fu il suo stordimento allhora che volendo trattenere questa bella prencipessa, trovò che essa non gli parlava che per farle de’ rimproveri spaventevoli, et il dispetto facevagli fare questi rimproveri così confusamen[p. 138]te, che niente egli poteva comprendere, se non che ella l’accusava d’infedeltà, e di tradimento. Oppresso questo principe dal dispiacere di trovare un così grande augumentò di dolore, ove egli haveva sperato di consolarsi di tutte le noie, et amando questa prencipessa [p. 139] con una passione, che non poteva più lasciarlo vivere nell’incertezza d’esserne amato, determinossi tutto ad un colpo, dicendogli. Voi sarete soddisfatta madama. Io men vado a far per voi, ciò che tutta la possanza reale non haverebbe potuto da me ottenere, e mi costerà [p. 140] la mia fortuna, ma questa è poca cosa per soddisfarvi. E senza dimorar d’avvantaggio con la duchessa sua sorella se n’andò nello stesso punto a ritrovare li cardinali suoi zii, e sopra il pretesto del cattivo trattamento, che egli haveva ricevuto dal re, fece loro vedere [p. 141] una così gran necessità per la sua fortuna di far parere, che egli non haveva alcun pensiero di sposar madama, che gl’obligò a concludere il suo maritaggio con la prencipessa di Portiano, della quale già era statto discorso. La nuova di questo marittaggio fu di subi[p. 142]to saputa per tutto Parigi, ognuno ne fu sorpreso, et la prencipessa di Monpensier ne fu toccata di gioia, et di dolore. Fu ben contenta di vedere da questo il potere che essa haveva sopra il duca di Guisa, et in un tempo stesso sdegnata d’havergli fatta abbandonare una cosa così [p. 143] avantaggiosa, come il matrimonio di madama. Il duca di Guisa che voleva almeno che amore lo rincompensassedi ciò che egli perdeva dal canto della fortuna, sollecitò la prencipessa a dargli un’udienza particolare per chiarirsi delli rimproveri ingiusti, che essa [p. 144] gli haveva fatti. Ottenne egli, che essa si ritrovarebbe alla casa della duchessa di Monpensier di lui sorella, ad un’hora che questa duchessa non vi sarebbe punto, e che egli potrebbe trattenirla in particolare. Hebbe il duca di Guisa la gioia di potersi gettare a’ suoi piedi, e di [p. 145] parlargli con libertà della sua passione, e dirgli ciò che haveva sofferto per i suoi sospetti. Non poteva la prencipessa levarsi dallo spirito che havevagli detto il duca d’Angiù, benché il procedere del duca di Guisa la dovesse assolutamente riassicurare. Gli Sur le manuscrit inédit de La Principessa di Monpensier PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 455 scoperse ella [p. 146] il giusto soggetto c’haveva di credere, che l’havesse tradita, poiché il duca d’Angiù sapeva ciò che non poteva haver appreso che da lui. Il duca di Guisa non sapeva come diffendersi, et era così imbarazato come la prencipessa, ad indovinare quello, che havesse potuto scoprire [p. 147] la loro intelligenza. In fine nella continuazione della loro conversazione, mentre essa gli dimostrava, che egli haveva havuto torto di precipitare il suo maritaggio con la prencipessa di Portiano, et d’abbandonare quello di Madama, che gli era così avvantaggioso, dicendogli che [p. 148] egli poteva ben giudicare, che essa non n’haverebbe havuto alcuna gelosia, poiché la sera del balletto, ella medesima l’haveva scongiurato di non haver occhi che per madama, gli rispose il duca, che essa havea havuta intenzione di fargli questo comando, ma che sicuramente non [p. 149] glielo haveva fatto, la prencipessa gli sostenne il contrario, in fine a forza di disputare, d’esaminare, ritrovarono essi che bisognava, che ella si fosse ingannata nell’uniformità de’ vestiti, e che ella medesima havesse palesato al duca d’Angiù, ciò di che accusava il duca di [p. 150] Guisa havergli scoperto. Il duca che era presso che giustificato nel suo spirito, per il suo maritaggio, le fu intieramente per questa bella conversazione. Non puoté questa bella prencipessa rifiutare il suo cuore 40 ad un huomo che l’haveva altre volte posseduto, e che haveva [p. 151] per essa il tutto abbandonato. Acconsentì ella adunque a ricevere i suoi voti, e gli permise di credere, che ella non era punto insensibile alla sua passione. L’arrivo della duchessa di Monpensier sua suocera, finì questa conversazione, et impedì il duca di fargli vedere i trasporti [p. 152] della sua gioia. Qualche tempo doppo andandosene la corte a Blois, ove la prencipessa di Monpensier la seguitò, et il maritaggio di madama con il re di Navarra vi fu concluso. Il duca di Guisa non conoscendo più di grandezza, né di buona fortuna che quella d’essere ama[p. 153]to dalla prencipessa di Monpensier, vide con gioia la conclusione di questo maritaggio, che in altro tempo l’haverebbe colmato di dolore. Non poteva egli così ben nascondere il suo amore, che il prencipe di Monpensier non se ne avvedesse di qualchecosa, il quale [p. 154] non essendo più signore della sua gelosia, ordinò alla prencipessa sua consorte d’andarsene a Sciampigni. Questo comando gli fu aspro, bisognò però obbedire, ed essa ritrovò modo di dire a Dio in particolare al duca di Guisa, ma essa si trovò ben imbarazzata [p. 155] a 41 dargli degli indirizzi sicuri per scrivergli. In fine, doppo haver ben ricercato, gettò gl’ochi sopra il conte di Sciabane, che ella sempre numerava per suo amico, senza considerare, che egli era suo amante. Il duca di Guisa che sapeva à qual punto questo conte era amico [p. 156] del prencipe di Monpensier, fu spaventato, 40 Orthographié « cuocuore » dans le manuscrit. 41 Répétition de « a » dans le manuscrit. Jean-Luc Nardone PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 456 che essa l’elleggesse per suo confidente, ma lei gli rispose così bene della sua fedeltà, che lo rassicurò. Si separò egli da essa con tutto il dolore, che può causare l’absenza d’una persona, che si ama appassionatamente. [fp. 157] Il conte di Sciabane, che era sempre statto ammalato a Parigi, pendente il soggiorno della prencipessa di Monpensier a Blois, sapendo che ella se ne andava a Sciampigni, la sovragiunse nel viaggio per andarsene seco. Gli fece essa mille carezze, et mille amorevolez[p. 158]ze, e gli testimoniò un’impazienza estraordinaria di seco trattenersi in particolare, della qual cosa fu egli alla prima contento. Ma quale fu il suo stordimento, et il suo dolore, quando egli trovò che questa impazienza non era, che per raccontargli, che essa era [p. 159] appassionatamente amata dal duca di Guisa, e che ella l’amava della medesima sorte. Il suo stordimento, et il suo dolore non gli permisero di rispondergli. La prencipessa che era nel colmo della sua passione, e che trovava un estremo sollevo [p. 160] a parlargliene, non badò punto al suo silenzio, e misessi a raccontargli, fino alle più picciole circostanze della sua avventura. Gli disse, come il duca di Guisa assieme con esse eransi convenuti di ricevere per suo mezo le littere, che dovevansi [p. 161] scrivere. Questo fu l’ultimo colpo per il conte di Sciabane, veder che la sua dama voleva, che egli servisse il suo Rivale e che essa gliene faceva la proposizione, come d’una cosa che gli dovesse esser aggradevole. Era egli così assolutamente padrone [p. 162] di se stesso, che gli nascose tutti li suoi sentimenti, e gli testimoniò solamente la sorpresa nella quale egli era, di vedere in essa una così gran mutazione. Egli sperò alla prima, che questo cangiamento, che gli levava tutte le sue speranze, gli leverebbe [p. 163] ancora tutta la sua passione, ma ritrovò questa prencipessa così ammaliante, essendo la sua bellezza naturale ancora molto augumentata, per una certa grazia che gli havea participato l’aria dalla corte, che sentì egli, che l’amava più che mai. Tutte le confi[p. 164]denze, che essa gli prestava sopra la tenerezza, e sopra la delicatezza delli suoi sentimenti per il duca di Guisa, gli facevano vedere il prezzo del cuore di questa prencipessa, e gli cagionavano un desiderio di possederla, e come la sua passione era [p. 165] delle più estraordinarie che trovar si potessero, ella produsse anco l’effetto il più estraordinario del mondo, percioché questa lo fece risolvere di portare alla sua dama le littere del suo rivale. La lontananza del duca di Guisa dava una malin[p. 166]conia mortale alla prencipessa di Monpensier, e non sperando sollevo che da sue lettere, tormentava incessantemente il conte di Sciabane, per sapere se egli ne riceveva alcuna, e si sdegnava quasi seco di non ne haver così subito. In fine, egli ne ricevé [p. 167] da un gentilhuomo del duca di Guisa, e nell’istesso tempo, gliele portò, per non ritardargli d’un momento la sua gioia, quale ne hebbe una estrema: ella non prese punto cura di nascondergliela, e fecegli ingiottire a lungo tratto tutto il veleno imma[p. 168]ginabile nel Sur le manuscrit inédit de La Principessa di Monpensier PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 457 leggerli queste lettere e la tenera, e galante risposta che ella vi faceva. Portò egli questa risposta al 42 gentilhuomo con la stessa fedeltà, con la quale egli haveva rese le lettere alla prencipessa, ma con più dolore. Si consolò egli però [p. 169] un poco nel pensiero, che questa prencipessa farebbe qualche riflessione sopra ciò che egli faceva per essa, e che gliene darebbe segno di riconoscimento. Ma trovandola di giorno in giorno più aspra verso di lui per la malinconia che riceveva d’altronde, [p. 170] prese egli la libertà di suplicarla a pensare un poco a ciò, che essa gli faceva sofferire. La prencipessa che non haveva nel pensiero, che il duca di Guisa, e che non trovava che lui solo degno d’adorarla, ebbe così a male, che altri, che lui ardisse [p. 171] pensare ad essa, che maltratò più il conte di Sciabane in questa occasione, che non la prima volta che gli havea parlato del suo amore. Et abbenché la sua passione, così ben che la sua pazienza fosse estrema, et a tutte le prove, egli abbandonò la prencipessa, e [p. 172] si ritirò appresso d’un suo amico in vicinanza di Sciampigni, da dove gli scrisse con tutta la rabbia, che poteva causare un sì strano procedere, ma però con tutto il rispetto, che era dovuto alla sua condizione, e nella sua letterra dicevagli un eterno a Dio. La pren[p. 173]cipessa cominciò a ripentirsi d’haver così condotto un huomo, sopra il quale haveva essa tanta autorità, e non potendo rissolversi a perderlo, non solamente a causa dell'amicizia che ella gli professava, ma ancora per l’interesse del suo amore, per cui eragli [p. 174] affatto necessario, l’avisò che voleva assolutamente parlargli ancora una volta, e doppo questo lo lasciava in libertà di fare ciò che gli piacesse. S’è ben debole quando si è innamorato. Il conte ritornò, et in meno d’un’hora la beltà della prencipessa di Mon[p. 175]pensier il suo spirito, et qualche parola obligante, lo resero più sommesso che non era stato già mai, e diedegli medesimamente lettere del duca di Guisa, quali nello stesso punto havea ricevute: Nel corso di questo tempo, la volontà che hebbesi alla [p. 176] corte di farvi venire li capi del partito Hugonotto, per quell’horribiledissegno, che si eseguì il giorno di San Bartolomeo, fece che il re, per meglio ingannarli allontanò da lui tutti li prencipi della casa di Borbone e parimente tutti quelli della [p. 177] casa di Guisa. Il prencipe di Monpensier se ne ritornò a Sciampigni, per finir d’opprimere la prencipessa sua consorte con la sua presenza. Il duca di Guisa se n’andò alla campagna appresso il cardinal di Lorena suo zio. Amore, e l’ozio gli mise[p. 178]ro nel suo spirito un così violente desiderio di vedere la prencipessa di Monpensier, che senza considerare ciò che egli àzadarva per essa, e per se stesso, finse un viaggio, e lasciando tutto il suo seguito in una picciola città, prese seco [p. 179] quel solo gentilhuomo, che digià havea fatto più viaggi a Sciampigni, e se ne andò in posta, e come egli non haveva 42 Dans le manuscrit, écrit « all ». Jean-Luc Nardone PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 458 punto d’altro indrizzo, che quello del conte di Sciabane, fecegli scrivere un biglietto per quell’istesso gentilhuomo, in [p. 180] cui questo lo pregava di venirlo a ritrovare in un luogo che gli nominava. Il conte di Sciabane credendo che questo fosse solamente per ricevere delle lettere del duca di Guisa, andò a trovarlo, ma fu egli estremamente sorpreso, e non ne fu pun[p. 181]to meno afflitto, quando vidde lo stesso duca di Guisa. Questo occupato dal suo dissegno, non ebbe più riguardo all’imbarazzo del conte, che la prencipessa di Monpensier al suo silenzio, allora che ella gli haveva raccontato il suo amore. [p. 182] Misesi egli ad esaggerarle la sua passione, e a farle comprendere, che moriva infallibilmente, se non gli faceva ottenire dalla prencipessa la permissione di vederla. Il conte di Sciabane gli rispose freddamente, che direbbe alla pren[p. 183]cipessa tutto ciò che desiderava gli dicesse, e che venirebbe a rendergliene la risposta. Se ne ritornò egli a Sciampigni combattuto da’ suoi proprii sentimenti, ma con una violenza che gli levava qualche volta tutta la conoscenza. Sovente prende[p. 184]va risoluzione di rimandare il duca di Guisa senza dirlo alla prencipessa di Monpensier, ma l’esata fedeltà che gli haveva promessa, cangiava ad un tratto la sua risoluzione. Arrivò egli appresso d’essa senza saper ciò che doveva fare, [p. 185] e intendendo che il prencipe di Monpensier era alla caccia, andò dirittamente all’appartamento della prencipessa, la quale vedendolo turbato, fece ritirare di subito le sue donne per sapere il soggetto di questo torbido. Gli disse egli (mode[p. 186]randossi più che gli fu possibille) che il duca di Guisa era ad una lega da Sciampigni, e che desiderava appassionatamente di verderla. La prencipessa alzò un gran grido a questa nuova, ed il suo imbarazzo non fu minore di quello del conte. [p. 187] Il suo amore gli presentò ad un tratto la gioia che haverebbe di vedere un huomo che essa amava così teneramente, ma quando ella pensò quanto questa azione era contraria alla sua virtù, e che non poteva vedere il suo amante, se non con [p. 188] farlo entrare la notte in sua casa senza saputa di suo marito, ella si ritrovò in una estremità spaventevole. Il conte di Sciabane attendeva la sua risposta come una cosa, che andava a decidere o la sua vita, o la sua morte: E giudicando dell’[p. 189]incertezza della prencipessa dal suo silenzio, prese egli la parola per rapprensentarle tutti i pericoli ove s’esponerebbe per questa visita, e volendo farle vedere, che non le teniva punto questo discorso per suo interesse gli disse. Se [p. 190] doppo tutto ciò che ci ho rappresentato o madama, la vostra passione è la più forte, e voi desiderate di vedere il duca di Guisa, la mia considerazione non v’impedisca punto. Io non voglio privare d’una così gran soddisfazione una persona [p. 191] che io adoro, né esser causa che ella cerchi delle persone meno fedeli di me, per procurarsela. Sì madama, se voi lo volete, io anderò questa sera a chiamare il duca di Guisa, perché è troppo pericoloso il lasciarlo più lungo tempo ove è, et io lo Sur le manuscrit inédit de La Principessa di Monpensier PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 459 condur[p. 192]rò nel vostro appartamento. Ma per dove, e come l’interruppe la prencipessa. Ah madama esclamò il conte, questo è fatto poiché voi non deliberate più, che sopra i modi. Egli venirà, madama, questo felice amante, io lo condurrò per il parco, date [p. 193] ordine solamente, a quella delle vostre donne, nella quale voi più vi fidate, che abbassi precisamente a meza notte il picciol ponte levadore del giardino che corrisponde nella vostra anticamera, e del resto punto non v’inquietate. Nel finire [p. 194] di queste parole egli si levò senza attendere altro consentimento della prencipessa di Monpensier, rimontò a cavallo, et andò a ritrovare il duca di Guisa, che l’attendeva con un’impazienza estrema. Restò la prencipessa cossì turbata, che [p. 195] fu qualche tempo senza ritornare a se stessa. Il suo primo movimento fu di far richiamare il conte di Sciabane per proibirle di condure il duca di Guisa, ma non n’hebbe essa punto il vigore. Pensosi che senza richiamarlo sortirebbe il suo in[p. 196]tento, non facendo abbassare il ponte. Ella credette di continuare in questa risoluzione. Ma quando l’ora dell’assignazione s’approssimò, non puoté resistere d’avantaggio alla volontà di vedere un amante che ella credeva così degno di sé, et [p. 197] instruì una delle sue donne di tutto ciò che doveva fare per introdure il duca di Guisa nel suo appartamento. In questo mentre esso duca, et il conte di Sciabane approssimavansi a Sciampigni, ma in uno stato ben differente. Il duca di Guisa [p. 198] abbandonava il suo animo alla gioia, et a tuto ciò che la speranza inspira di più aggradevole: et il conte s’abbandonava ad un dispiacere, et ad una rabbia, che lo spinsero mille volte ad immergere la sua spada nel fianco del suo rivale. [p. 199] In fine arrivarono al parco di Sciampigni, ove lasciarono i loro cavalli al scudiero del duca di Guisa, e passando per alcune aperture ch’erano nelle muraglie, pervennero nel giardino. Il conte di Sciabane nel colmo del suo dolore, haveva sem[p. 200]pre havuta qualche speranza, che la ragione ritornerebbe alla prencipessa, e che essa in fine prenderebbe la rissoluzione di non punto vedere il duca di Guisa. Quando egli vidde il picciol ponte abbassato, fu allhora, che non puoté dubitare del contrario, [p. 201] e ciò ancora fu allhora, ch’ei fu pronto per portarsi all’ultima estremità, ma venendo a pensare, che se faceva romore sarebbe apparentemente sentito dal prencipe di Monpensier, l’appartamento del quale corrispondeva sopra lo stesso compartimento [p. 202] del giardino, e che tutto questo disordine caderebbe per conseguenza sopra la persona da lui più amata, la sua rabbia si calmò in un istante, e finì di condure il duca di Guisa a’ piedi della sua prencipessa. Non puoté egli risolversi ad essere testimonio [p. 203] della loro conversazione abbenché la prencipessa gli attestasse desiderarlo, e che egli stesso l’havesse bramato. Si ritirò in un picciolo passaggio che era dal canto dell’appartamento del prencipe di Monpensier, havendo i più tristi pensieri, che già mai [p. 204] habino occupato lo spirito Jean-Luc Nardone PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 460 d’un amante. In questo mentre, fosse che essi havessero fatto qualche poco di romore nel passare sopra il ponte, il prencipe di Monpensier che per disgrazia in quel momento era svegliato, lo sentì, e fece levare uno de’ suoi valetti di [p. 205] camera per vedere ciò che era. Il valletto mise la testa alla fenestra, et attraverso dell’oscurità della notte, s’accorse che il ponte era abbassato, ne avvertì egli il suo signore, che gli comandò nell’istesso tempo di portarsi nel parco a vedere ciò che ques[p. 206]to poteva essere. Un momento doppo sortì anch’esso di letto, essendo inquietato da ciò che gli pareva d’haver sentito qualche d’uno camminare, e se ne andò diritamente all’appartamento della prencipessa sua consorte, quale corrispondeva sopra il pon[p. 207]te. In questo stesso punto, che egli s’approssimava al picciolo passaggio ove era il conte di Sciabane, la prencipessa di Monpensier, che haveva qualche vergogna di trovarsi sola con il duca di Guisa, pregò più volte il conte a entrare nella sua ca[p. 208]mera, se ne scusò egli sempre e mentre essa il sollecitava d’avvantaggio, oppresso dalla rabbia, e dal furore, gli rispose così ad alta voce, che fu udito dal prencipe di Monpensier, ma così confusamente, che questo prencipe intese solamente la voce [p. 209] d’un huomo, senza distinguere quella del conte. Un simile accidente haverebbe cagionato trasporto ad ogni spirito, e più tranquillo, e meno geloso. Così mise di subito l’eccesso della rabbia, e del furore in quello del prencipe. Pichiò egli alla [p. 210] porta con grand’impeto, e con grido per farsi aprire, dando la più crudele sorpresa del mondo alla prencipessa, al duca, et al 43 conte di Sciabane. L’ultimo intendendo la voce del prencipe comprese ad un tratto, che era impossibile impedirgli [p. 211] di credere, che non vi fosse qualcheduno nella camera della prencipessa sua consorte, et la grandezza della sua passione gli rappresentò in questo momento, che se egli vi ritrovava il duca di Guisa, madama di Monpensier haverebbe il dolore di veder[p. 212]lo uccidere avanti gl’ochi suoi, e che la stessa vita di questa prencipessa non sarebbe punto sicura. Si risolve egli con una generosità senza esempio, d’esponer se stesso, per salvare una Dama ingrata, et un Rivale amato. Mentre che il prencipe di Monpensier [p. 213] dava mille colpi alla porta, egli accostossi al duca di Guisa, il quale non sapeva che risoluzione prendere, e lo mise nelle mani della damigela di Madama di Monpensier, che l’haveva fatto entrare per il ponte, per farlo sortire per l’istesso luogo, [p. 214] mentre egli s’esponerebbe al furore del prencipe. Appena il duca era fuori dell’anticamera, che il prencipe havendo rotta porta, entrò nella camera come un huomo posseduto dal furore, e che cercava sopra che farlo scoppiare. Ma quando egli non vide [p. 215] che il conte di Sciabane, e che lo vide immobile appoggiato sopra la tavola, con un viso sul quale era dipinta 43 Dans le manuscrit, écrit « all ». Sur le manuscrit inédit de La Principessa di Monpensier PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 461 la tristezza, s’arrestò ancor lui medesimamente immobile, e la sorpresa di ritrovar solo, e di notte nella camera di sua consorte, quell’uo[p. 216]mo che nel mondo più amava, lo mise in un statto di non poter parlare. La prencipessa era meza svanita sopra alcuni cuscini. Può essere che la fortuna non habbi posto già mai tre persone in statto così compassionevole. In fine il prencipe di Monpensier [p. 217] il quale non credeva punto di vedere ciò che vedeva, e che voleva sciogliere questo caos, nel quale era caduto, indrizzando la parola al conte, d’un tuono che faceva vedere, che egli haveva ancora dell’amicizia per esso gli disse. Che veggo? è ques[p. 218]ta un’illusione, o una verità? è possibile che un huomo, che io ho amato così caramente habbi scielto la mia consorte fra tutte le altre donne per sedurla. E voi madama, disse egli alla prencipessa accostandosi dal suo canto, non era a bastanza il [p. 219] levarmi il vostro cuore, et il mio honore, senza levarmi il solo huomo, che mi poteva consolare in queste disgrazie. Rispondetemi o l’uno o l’altro, gli disse egli, e chiaritemi d’una avventura, ch’io non posso creder tale, quale mi parse. La pren[p. 220]cipessa non era punto capace di rispondergli, et il conte di Sciabane aperse più volte la bocca senza poter parlare, in fine gli disse. Io son reo per vostro riguardo, e indegno dell’amicizia che voi havete havuta per me; ma ciò non è punto nella [p. 221] maniera, che voi potete immaginarvela. Io sono più sventurato, e più disperato che voi; io non saprei dirvene d’avvantaggio; ma la mia morte vi vendicherà, e se voi volete darmela in questo punto, voi mi darete la sola cosa che mi può [p. 222] esser gratta. Queste parole pronunciate con un dolore mortale e con un’aria che dinotava la sua innocenza, in luogo di chiarire il prencipe di Monpensier, lo persuaderono molto più a credere, che v’era qualche cosa d’oculto in questa avventura, che [p. 223] egli non poteva indovinare, et il suo dispiacere s’augumentò per questa incertezza. Levatemi, gli disse egli, la vita voi medesimo, o datemi la chiarezza delle vostre parole, che io nulla comprendo. Voi dovete questa chiarezza alla mia [p. 224] amicizia, voi la dovete alla mia moderatezza, perché ogn’altro che me haverebbe digià vendicato sopra la vostra vita un affronto così sensibile. Le apparenze sono ben false interuppe il conte. Ah questo è troppo, replicò il prencipe, [p. 225] bisogna che io mi vendichi, e doppo mi chiarirò con agio; e nel dire queste parole, egli s’accostò al 44 conte di Sciabane con l’attione d’un huomo trasportato dalla rabbia. La prencipessa temendo di qualche sciagura (qualcosa non poteva [p. 226] accadere non havendo suo marito arma alcuna) si levò per ponersi fra loro due. La debolezza nella quale era fecela soccombere a questo sforzo, e mentre s’accostava a suo marito, ella cadde svanita a’ suoi piedi. Fu il Pren[p. 227]cipe ancora più toccato da questo svanimento, che non era 44 Dans le manuscrit, écrit « all ». Jean-Luc Nardone PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 462 stato dalla tranquillità nella quale haveva ritrovato il conte, allora che si era approssimato ad esso, e non potendo più sostenere la vista di due persone, che gli cagionavano de’ moti così [p. 228] tristi, voltò egli testa dall’altra parte, e si lasciò cadere sopra il letto di sua consorte oppresso da un dolore incredibile. Il conte di Sciabane penetrato dal pentimento d’haver abusato d’una Amicizia, della quale riceveva egli tanti testimo[p. 229]nii, e non ritrovando chi potesse riparare ciò che haveva fatto, sortì prestamente dalla camera, et passando per l’appartamento del prencipe, del quale ritrovò le Porte aperte, discese nella corte. Fecesi dare un cavallo, e se n’andò alla [p. 230] campagna, guidato dal solo suo dispiacere. In questo mentre, il prencipe di Monpensier, che vedeva che la prencipessa non riveniva punto dal suo svenimento, la lasciò tra le mani delle sue donne, e si ritirò nella sua camera con un dolore [p. 231] mortale. Il duca di Guisa che era sortito felicemente del parco, senza saper quasi ciò che faceva, tanto era egli turbato, s’allontanò da Sciampigni per qualche lega, ma non si puoté dilungare d’avvantaggio, senza saper nuove della prencipessa. [p. 232] S’arrestò in una foresta, et inviò il suo scudiere per intendere dal conte di Sciabane ciò che era accaduto di questa terribile avventura. Lo scudiere non ritrovò punto il conte, ma intese da altre persone che la prencipessa di Monpensier era [p. 233] estraordinariamente ammalata. L’inquietezza del duca di Guisa fu augumentata da ciò che gli disse il suo Scudiere, e senza potersene sollevare, fu egli costretto di ritrovarsene a trovare suoi Zii, per non dare alcun sospetto per un più lungo viaggio. [p. 234] Lo scudiere havevagli riferta 45 a verità nel dirgli che madama di Monpensier era estremamente ammalata, perché era vero, che si era tosto che le sue donne l’hebbero posta a letto, la febbre la prese così violentemente, e con vaneggiamenti così horri[p. 235]bili, che doppo il secondo giorno si temé della sua vita. Il prencipe si finse indisposto affinché non si stupissero, se non entrava punto nella camera di sua consorte. L’ordine che ricevete di ritornarsene alla corte, ove erano chiamati tutti li prencipi cat[p. 236]tolici per esterminare gli Hugonotti, lo trasse dall’imbarazzo nel quale era. Se n’andò egli a Parigi, non sapendo ciò che doveva sperare, o credere del male della prencipessa sua consorte, e non vi fu sì tosto arrivato, che si incominciarono ad attaccare [p. 237] gl’Hugonotti nella persona del loro capo l’armiraglio di Sciatilon, et due giorni doppo si fece quella horribile uccisione così rinomata per tutta l’europa. Il povero conte di Sciabane, che era venuto a nascondersi nell’estremità d’uno de’ fobborghi [p. 238] di Parigi, per abbandonarsi intieramente al suo dolore, fu inviluppato nella rovina degli Hugonotti. Le persone appresso le quali erasi ritirato, havendolo riconosciuto, et essendole sovvenuto c’havevasi sospettato, 45 « Riferita ». Sur le manuscrit inédit de La Principessa di Monpensier PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 463 che fosse di quel partito, l’[p. 239]uccisero in quella medesima notte, che fu così funesta a tanti genti. La mattina del prencipe di Monpensier andando a dare alcuni ordini fuori della città, passò per la contrada ove era il corpo di Sciabane. Fu egli alla prima sorpreso dallo stordimento a questo [p. 240] pietoso spettacolo, e per conseguenza, risvegliandossi la sua amicizia, questa gli diede del dolore; ma il sovenirle dell’offesa che egli credeva haver ricevuta dal conte, caggionogli in fine della gioia, e fu ben contento di vedersi vendicato per le mani [p. 241] della fortuna. Il duca di Guisa occupato dal desiderio di vendicare la morte del padre, e poco appresso riempito dalla gioia d’haverla vendicata, lasciò a poco a poco allontanare dal suo animo il desiderio d’intender nuove della prencipessa di Mon[p. 242]pensier, e ritrovando la marchesa di Normustiè persona di molto spirito, e di bellezza, e che dava più speranza, che questa prencipessa, vi si attaccò egli intieramente, e l’amò con una passione dismisurata, et che gli durò fino alla morte. In questo men[p. 243]tre, doppo che il male di madama di Monpensier fu gionto all’ultimo punto, incominciò a diminuare. La ragione gli ritornò e trovandosi un poco solevata per l’absenza del prencipe suo marito, diede qualche speranza di sua vita. La sua sa[p. 244]nità ritornava però con gran pena, per il cattivo statto del suo spirito, che fu di nuovo travagliato, quando le sovvenne di non haver havuta alcuna nuova del duca di Guisa nel corso di tutto il suo male. Informossi dalle sue donne, se [p. 245] elle havevano veduto persona o letterre, e niente trovando di ciò, che haverebbe desiderato, ella si trovò la più sventurata del mondo, in haver tutto arrischiato per un huomo che l’abbandonava. Fu ancora ad essa una nuova oppres[p. 246]sione l’intendere la morte del conte di Sciabane, la quale seppe essa ben tosto, per le diligenze del prencipe suo marito. L’ingratitudine del duca di Guisa fecegli sentire più vivamente la perdita d’un huomo, del quale essa conosceva [p. 247] così bene la sua fedeltà. Tanti dispiaceri così prementi la ritornarono ben tosto in un stato così pericoloso, che quello dal quale era uscita. Et come madama di Normustiè era una persona, che prendeva altretanta cura di fare risplen[p. 248]dere le sue galanterie, che l’altre ne prendevano di nasconderle; quelle del duca di Guisa, e d’essa erano così palesi, che tutto che lontana, et amalata, che era la prencipessa di Monpensier, le intese da tante parti, che ella [p. 249] non ne puoté più dubitare. Questo fu il colpo mortale per la sua vita: ella non puoté resistere al dolore d’haver perduto la stima di suo marito, il cuore dell’amante, et il più perfetto amico che fosse giamai. Mo[p. 250]rì ella in pochi giorni, nel fiore di sua età, una delle più belle prencipesse del mondo, e che sarebbe statta senza dubbio la più felice, se la virtù, e la prudenza havessero regolate tutte le sue attioni. IL FINE. [p. 252] Jean-Luc Nardone PFSCL, LI, 101 DOI 10.24053/ PFSCL-2024-0026 464 Dialogue. Puis qu’il estoit ordonné Que mon cœur seroit donné Par destin à cette belle : Pourquoy faloit-il hélas : D’une ordonnance cruelle Que mienne elle ne fust pas ? Parce que nul sous les Cieux N’est digne de ses beaux yeux Rien n’égale son mérite : Contente-toy d’adorer Cette immortelle Carite, Sans en rien plus espérer. [p. 253] Mais le Ciel voulant en fin Que j’eusse pour mon destin Une affection si vaine : Dieux : pourquoy de mon berceau, Pour abréger tant de peine Ne fistes-vous mon tombeau ? Car les Dieux ne vouloient pas Monstrer aux hommes çà-bas Sa beauté sans être aymée : Et nul que toy ne pouvoit D’une âme tout enflamée L’aymer autant qu’on devoit. [p. 254] Donc à jamais j’aymeray, À jamais j’adoreray Ses beaux yeux sans espérance ? Trop heureux d’en consumer, N’est-ce assez de récompense De mourir pour les aymer ?
