Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
10.24053/VOX-2024-011
0217
2025
831
Kristol De StefaniLidia Becker/Sandra Herling/Holger Wochele (ed.), Manuel de linguistique populaire, Berlin/Boston (Walter de Gruyter) 2024, x + 616 p. (Manuals of Romance Linguistics 34).
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2025
Adrian Chircuhttps://orcid.org/0000-0001-6288-3337
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226 DOI 10.24053/ VOX-2024-011 Vox Romanica 83 (2024): 226-230 Besprechungen - Comptes rendus en el centro y las demás tradiciones se encuentren equidistantemente en la periferia, un modelo en el cual cada tradición lírica puede influir en las demás. Como lo ha indicado Canettieri, el conocimiento y la aprehensión de dicho modelo ha de pasar por investigaciones de naturaleza histórico-cultural y prosopográfica que sin duda nos permitirían entender mejor la naturaleza reticular de la propia corte 4 . Sea, pues, este el punto de partida de una reflexión acerca de los vínculos de las prácticas poéticas cortesanas en lenguas romances con las prácticas líricas latinas contemporáneas, y de estudios ambiciosos que sinteticen el funcionamiento administrativo de las cortes occidentales del Doscientos, su organización social, su alcance cultural y su producción literaria, poniendo el fenómeno curial en la encrucijada de diferentes disciplinas. Es I re poeti un libro sobre la literatura medieval que ha de conducir a la cultura política y a la sociología histórica. Amaia Arizaleta (Université de Toulouse) https: / / orcid.org/ 0000-0002-7265-5423 ★ L idia b eCKeR / S andRa h eRLing / h oLgeR W oCheLe (ed.), Manuel de linguistique populaire , Berlin/ Boston (Walter de Gruyter) 2024, x + 616 p. ( Manuals of Romance Linguistics 34). Ce nouveau volume, paru aux Éditions Walter de Gruyter, vient se joindre aux autres antérieurement publiés dans la même collection, dont les éditeurs et les auteurs se sont proposés d’aborder soit des sujets largement discutés, soit des sujets inédits concernant les langues romanes et/ ou leurs variétés. De telles entreprises permettent sans doute une meilleure compréhension et une description appropriée des faits de langue et illustrent la dynamique interne ou externe des idiomes néolatins. Comme les autres tomes de la série, ce traité sorti depuis peu est principalement inspiré par les idées véhiculées dans deux ouvrages majeurs de linguistique romane. En premier lieu, nous mentionnons le Lexikon der Romanistischen Linguistik ( LRL ), rédigé entre les années 1988 et 2005 et paru en 8 volumes et, deuxièmement, la Romanische Sprachgeschichte ( RGS ), éditée en 3 volumes, entre 2003-2008. Cette fois-ci, les responsables de la série des manuels, les professeurs Günter Holtus et Fernando Sánchez-Miret, ont confié la coordination de l’ouvrage à des spécialistes consacrés dans le domaine, respectivement Lidia Becker, Sandra Herling et Holger Wochele qui ont investigué de manière soutenue au long des années le sujet concerné. Il s’agit de la linguistique populaire, qui, jusqu’à nos jours, n’a pas bénéficié d’une attention particulière et dont les spécificités méritaient d’être relevées dans un tel ouvrage, le rôle étant d’initier les passionnés de ce genre de linguistique et d’offrir aux spécialistes des directions de recherche moins exploitées auparavant. En vue de leur entreprise, les coordinateurs ont 4 C anettieRi , P. 2019: «La poesia lirica cortese: verso un modello reticolare», in: L. S Petia / m. L eón g ómez / t. n oCita (ed.), La lirica del/ nel Medioevo: esperienze di filologi a confronto. Atti del V seminario internazionale di studio (L’Aquila, 28-29 novembre 2018) , Roma, Spolia: 75-87. 227 DOI 10.24053/ VOX-2024-011 Vox Romanica 83 (2024): 226-230 Besprechungen - Comptes rendus réussi à coopter d’autres spécialistes, en grande partie des enseignants-chercheurs des langues romanes et/ ou de leurs variétés. Après le mot des éditeurs, intitulé Manual of Romance Linguistics (v-vi), commun à tous les manuels de la série, et dans les pages duquel sont relevés le rôle et la nécessité de rédiger de tels ouvrages pour le domaine complexe de la linguistique romane («ces volumes indépendants constituent un panorama général aussi vaste qu’actuel de notre discipline, destiné aussi bien à ceux qui souhaitent s’informer seulement sur un thème particulier qu’à ceux qui cherchent à embrasser les études romanes actuelles sous tous leurs aspects. Les MRL offrent ainsi un accès nouveau et novateur à la linguistique des langues romanes, dont elles accompagnent de manière adéquate et représentative le développement continu», vi) le livre sur lequel nous nous penchons débute avec une introduction au domaine circonscrit ( Introduction: réflexions théoriques et historiographiques sur la linguistique populaire ) (1-36). Ce prologue introductif soigneusement élaboré par Lidia Becker a pour but d’initier le lecteur, soit-il spécialiste ou néophyte, au domaine très complexe de la linguistique populaire. Pour cela, l’auteure envisage de mieux circonscrire le sujet central du manuel, d’offrir des réponses à la question Qu’est-ce que la «linguistique populaire» ? et de fournir des détails à l’égard de certaines constantes ayant trait à la linguistique populaire, telles que «représentations», «savoirs», «idéologies», «attitudes», «discours», «pratiques», «interventions», etc., toutes définies et présentées de manière judicieuse. Sur la voie ouverte par Hoenigswald («folk linguistics»), la linguiste allemande s’attarde sur la problématique précisée, soulignant le fait qu’il existe un nombre significatif de définitions et de concepts concernant la linguistique populaire, en Europe comme ailleurs. Malgré l’intérêt particulier sur des aspects connexes de la LP ( linguistique populaire ), le nombre d’études portant sur ce sujet reste cependant assez réduit. Par contre, il existe toute une série d’études sociolinguistiques traitant des attitudes, des préjugés, ainsi que des idéologies linguistiques, l’accent étant mis «notamment sur les représentations métalinguistiques des ‹non-linguistes› ou ‹populaires› depuis la première tentative de définition donnée par Henry Hoenigswald». (2) Après une analyse critique des définitions et suite à une présentation succincte de quelques catégories dichotomiques (parmi lesquelles «non-linguiste» vs «linguiste», «profane» vs «expert·e», «ordinaire/ courant» vs «spécialisé», «populaire» vs «savant», «spontané» vs «délibéré», «inconscient» vs «conscient», «porteur d’un jugement/ subjectif» vs «neutre/ objectif», etc.), dressées sur certains pivots, Lidia Becker nous propose une définition concise englobant les trois axes, celui des acteurs, celui de la discursivité et celui de la sociopolitique: par linguistique populaire au niveau de l’objet, on entend les formes des représentations et des pratiques épiet métalinguistiques (perceptions, savoirs, discours, interventions, etc.), exprimées en général par les locuteur·trice·s ordinaires ou les non-linguistes, qui se situent en dehors du champ scientifique ou des contextes hégémoniques institutionnalisés. Au niveau méta, l’étude de cet objet est également appelée linguistique populaire. (4) 228 DOI 10.24053/ VOX-2024-011 Vox Romanica 83 (2024): 226-230 Besprechungen - Comptes rendus Ce premier parcours théorique a permis à la coordinatrice principale du volume de diviser le contenu de l’ouvrage ( Conception du volume ) en trois parties: (1) historiographie, théorie et méthodes; (2) la linguistique populaire dans des domaines spécifiques et (3) la linguistique populaire dans la Romania (28). La première section du volume ( Historiographie, théorie et méthodes , 37-200) intègre plusieurs études thématiquement apparentées visant à relever les contributions les plus importantes au développement de la linguistique populaire, ainsi que les méthodes employées au sein du domaine avec leurs spécificités. À ce propos, les titres choisis par les auteurs sont édificateurs, les lecteurs pouvant immédiatement se rendre compte du contenu de l’étude, attentivement rédigée. Il s’agit de contributions portant sur des aspects très divers comme: «les différents centres d’intérêt des activités métalinguistiques ‹populaires› et leurs différentes formes médiatiques» (39-62): La linguistique populaire à l’époque moderne (Dietmar Osthus), le progrès de la linguistique populaire à partir de la notion folk , «en accordant une attention particulière à la dialectologie populaire» et au regard linguistique (63-76): L’évolution de la linguistique populaire comme domaine d’étude (Dennis R. Preston) ou la distinction entre les spécialistes et non spécialistes et leur relation avec les représentants des autres disciplines connexes ou non (77-93): « Linguistes» vs « non-linguistes» (Martin Stegu). À cela, s’ajoutent les «sujets typiques du discours métalinguistique des profanes», parmi lesquels les difficultés et les doutes linguistiques, les curiosités linguistiques, les questions normatives, les jugements de valeur linguistiques, les emprunts - notament les anglicismes - et les néologismes, le statut de la langue au monde, la variation linguistique et le panorama dialectal et plurilinguistique (95-116): Les discours métalinguistiques non experts ( Judith Visser), «les réflexions métalinguistiques destinées à des non-spécialistes et très souvent exprimées par ces derniers» (117-40): Évaluations de la langue ( Jörn Albrecht) et la mise en évidence du «discours épilinguistique» à travers les siècles, les méthodes qualitatives et quantitatives utilisées en linguistique populaire, ainsi que la valorisation des données en ligne dans les études de linguistique populaire (141-200): Collecte des données. Textes historiques/ Entretiens, questionnaires et tests de perception/ Données en ligne (Elmar Eggert, Elissa Pustka, Marc Chalier, Luise Hansen et Melanie Kunkel). La deuxième partie est réservée à La linguistique populaire dans de domaines spécifiques (201-54), dans les pages de laquelle sont abordés des aspects liés à trois thèmes d’intérêt particulier, la traductologie, la didactique et la lexicographie. Les sujets visés sont l’acte traductif populaire mené par les non spécialistes de la traduction et les implications qui en découlent (203-17): Traductologie (Carsten Sinner), la didactique des langues étrangères et les méthodes de facture populaire employées «pour l’enseignement-apprentissage et les pratiques linguistiques» (219-29): Didactique des langues étrangères (Filomena Capucho et Guy Achard-Bayle) et la lexicographie à travers laquelle nous pouvons observer de vrais liens avec «la science populaire», intéressantes étant les conceptions, les descriptions et théories linguistiques «d’en bas» (231-54): Lexicographie (Luca Melchior). La dernière section du livre est consacrée à des particularités liées à la linguistique populaire et identifiables dans les langues romanes et leurs variétés ( La linguistique populaire dans 229 DOI 10.24053/ VOX-2024-011 Vox Romanica 83 (2024): 226-230 Besprechungen - Comptes rendus la Romania , 255-608), illustrant la dynamique au sein des langues néolatines ainsi que les préoccupations soutenues de clarifier certains aspects plus ou moins transparents. Tour à tour, à travers les 24 sous-chapitres de cette dernière partie, est relevée une multitude de problèmes d’ordre sociolinguistique qui sont mis en relation avec le vaste domaine de la linguistique populaire, tels que «le mélange entre le français (régional) et le créole» et, par la suite, les discussions métalinguistiques adjacentes (257-75): La Martinique et la Guadeloupe (Alla Kimenkowa), le dialecte chabacano à base espagnole dans le contexte philippin ainsi que ses particularités (277-94): Le chabacano (Eduardo Tobar Dolgado), la présence de l’espagnol/ du castillan en Amérique et les attitudes des Hispano-Américans envers l’espagnol et les implications qui en découlent (295-316): L’espagnol/ le castillan en Amérique (Miguel Àngel Quesada Pacheco), la situation de l’espagnol dans d’autres zones de l’Amérique du Nord et du Sud et les recherches de linguistique populaire menées jusqu’à nos jours, y compris les perceptions et les attitudes des hispanophones (317-42): L’espagnol/ le castillan au Mexique, dans les Caraïbes et en Argentine (Pedro Martín Butragueño, Roxana Sobrino Triana, Gabriella Llull et Carolina Pinardi). Ensuite, les discussions concernent l’espagnol en Espagne, les attitudes envers celui-ci, la norme linguistique, et la variété linguistique ressentie dans le territoire linguistique de l’espagnol (343-65): L’espagnol en Espagne ( Julio Borrego Nieto), le stade de la linguistique populaire au Brésil et l’importance d’Amadeu Amaral pour la linguistique folk , vu qu’il est un pionnier dans le domaine, avec l’ouvrage O dialeto caipira , paru en 1920 (367-86): Le portugais brésilien (Roberto Leiser Baronas, Tamires Cristina Bonani Conti et Lígia Mara Boin Menossi Araújo). Ensuite, la particularisation de la linguistique populaire dans le contexte roman continue avec «les opinions des profanes sur le portugais parlé en Angola et sur la prise en compte de celles-ci dans la recherche scientifique» (387-405): Le portugais en Angola (Dinah K. Leschzyk), avec «certaines croyances portant sur les questions linguistiques et aussi des attitudes envers» la langue portugaise (407-21): Le portugais au Portugal (Carlos A. M. Gouveia), avec le bilan «de 60 ans de recherches menées sur les représentations linguistiques au Québec» et avec la description des rapports entre le français et l’anglais et le jugement du français québécois en tant que variété du français proprement-dit (423-47): Le français au Québec (Wim Remysen et Amélie-Hélène Rheault), avec «les perspectives pour une linguistique populaire appliquée au français» et le savoir des non-professionnels de la langue (449-70): Le français en France (Claudia Polzin-Haumann et Vera Mathieu), avec l’illustration du contact des langues en Galice et du savoir populaire au sein de la langue galicienne (471-93): Le galicien (Fernando Ramallo et Martín Vásquez), avec la présentation de certaines données et comportements linguistiques qui «considérés ensemble, prennent un sens et une importance majeurs» (495-518): Le catalan (Frances Feliu). Les auteur·e·s ont eu aussi en vue le passage «en revue des recherches italiennes sur la linguistique populaire, c’est-à-dire réalisées par les chercheurs italiens et/ ou en rapport avec le contexte italien» (519-41): L’italien (Giuliana Forentino), la présentation du contexte sarde où l’on constate «qu’il n’y a pas de différence substantielle entre lieux communs savants et ‹populaires› […], le mélange de codes n’est plus stigmatisé comme dans le passé» (543-66): 230 DOI 10.24053/ VOX-2024-012 Vox Romanica 83 (2024): 230-236 Besprechungen - Comptes rendus Le sarde (Marinella Lőrinczi), «le sujet le plus débattu dans les discours ‹populaires› sur le frioulan et le ladin dolomitique», plus précisément «de savoir s’il s’agit de langues autonomes ou de dialectes de l’italien» (567-84): Le frioulan et le ladin ( Johannes Kramer et Luca Melchior) et la mise en évidence de certains aspects ayant trait à la linguistique populaire, identifiés chez les Aroumains, comme les attitudes, les opinions, les profils et les contributions, tous groupés autour de trois axes, respectivement «l’affectivité, les questions techniques (alphabet choisi, orthographe adoptée, choix lexical, étymologie), la pragmatique (actions visant la langue)» (585-608): L’aroumain / le vlaque (Mariana Bara). À la fin de l’ouvrage (609-16), nous trouvons un Index complexe intégrant les mots essentiels mentionnés, ainsi que les noms propres et les concepts linguistiques véhiculés dans les pages des études de linguistique populaire. La liste dressée nous aide à consulter le livre et, par la suite, guide notre lecture, soit-elle intégrale ou ponctuelle, en fonction de la raison de chaque lecteur et de ses besoins argumentatifs. Malheureusement, le rhéto-roman, le roumain, le français de Belgique ou du Luxembourg ne sont pas présents dans les pages de ce livre, malgré les différentes hypostases langagières qui peuvent être identifiées au long des siècles et surtout à l’époque contemporaine, où le contact linguistique est encore très actif et les problèmes sont divers. Cependant, à chaque page, nous avons remarqué les discussions constructives, le bon choix des exemples ainsi que les efforts des auteurs de mettre dans les mains des lecteurs un ouvrage bien agencé et facile à lire, en pesant leurs mots et facilitant une compréhension adéquate. Le parcours attentif de ce manuel de référence et l’analyse objective des démarches interprétatives envisagées nous ont permis de constater le plaisir et le savoir-faire des auteurs, qui, malgré les différents obstacles et barrières culturelles, sociales et, même, politiques, ont réussi à réaliser tous ensemble un miroir linguistique à mille facettes. Nous pouvons même affirmer que la dynamique des langues et l’identité linguistique trouvent un appui inattendu dans la linguistique populaire, qui s’avère être fascinante et révélatrice, à la fois . Adrian Chircu (Université «Babeş-Bolyai» de Cluj-Napoca, Roumanie) http: / / orcid.org/ 0000-0001-6288-3337 ★ Italoromania S eReneLLa b aggio (ed.), Voci di prigionieri italiani della prima guerra mondiale , Firenze (Accademia della Crusca) 2023, 447 p. ( Storia dell’italiano nel mondo. Studi e testi 5). Il volume costituisce l’edizione italiana ampliata e sotto forma cartacea della pubblicazione digitale dell’Archivio Fonografico dell’Accademia Austriaca delle Scienze dedicata alle regi-
