eJournals lendemains 47/185

lendemains
ldm
0170-3803
2941-0843
Narr Verlag Tübingen
10.24053/ldm-2022-0002
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2022
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La bande dessinée au féminin: tendances, thèmes, styles

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2022
Marina Ortrud-Hertrampf
Frank Leinen
ldm471850004
4 DOI 10.24053/ ldm-2022-0002 Dossier Marina Ortrud Hertrampf / Frank Leinen (ed.) La bande dessinée au féminin: tendances, thèmes, styles Introduction Dans la bande dessinée, les femmes ont longtemps été représentées presque exclusivement par des personnages dessinés par des hommes et dont l’apparence et les actions correspondaient généralement aux attentes d’un lectorat majoritairement masculin. Des exceptions, comme Claire Bretécher (Les Frustrés) ou Chantal Montellier (Andy Gang; Odile et les Crocodiles) 1 publiée dans Métal Hurlant, ont tout au plus confirmé la règle. Ainsi, il n’est pas étonnant que, depuis les années 1970, outre la créatrice d’Agrippine, seule Florence Cestac ait été honorée du Grand Prix de la Ville d’Angoulême. Dans le même laps de temps, le jury du Festival de la Bande dessinée d’Angoulême a récompensé presque exclusivement des hommes du Prix du meilleur album et seules Annie Goetzinger, Laurence Harlé et Marjane Satrapi ont jusqu’à présent pu interrompre cette série. Face à ce constat, un appel au boycott médiatique a été lancé en 2016, quand 30 hommes ont été nominés pour le Grand Prix à Angoulême, mais aucune femme, ce qui a tout de même entraîné la nomination a posteriori de six autrices. 2 Si la scène de la bande dessinée francophone a bougé, notamment du fait de ce type d’actions, la déclaration de Claire Bretécher à l’occasion de l’exposition de ses œuvres à la Bibliothèque du Centre Pompidou en 2015 est probablement toujours valable aujourd’hui: „Si les idées vont vite, les comportements changent lentement.“ 3 La BD féminine n’existe pas? ! Il ne fait aucun doute que les auteurs et lecteurs masculins dominent toujours le marché de la bande dessinée et que le choix des thèmes tout comme des personnages suit dans une large mesure toujours les mêmes schémas, souvent choisis dans une perspective machiste. Ainsi, la bande dessinée n’offre aujourd’hui encore aux femmes qu’un espace d’épanouissement relativement restreint et par conséquent, non seulement le nombre de protagonistes féminins mais aussi d’autrices est relativement faible. D’un autre côté, il est cependant tout aussi indiscutable que s’est amorcé un changement au tournant du millénaire, changement tout d’abord modéré, mais de plus en plus continu et qui a développé une dynamique croissante au cours de ces dernières années. Cette évolution est avant tout due aux autrices de bandes dessinées qui se sont de plus en plus organisées compte tenu du fait qu’elles étaient défavorisées de manière structurelle par les maisons d’éditions et les mécanismes du marché. Elles ont lutté avec toujours plus de succès pour leur reconnaissance et ont entre-temps trouvé un lectorat désireux de découvrir une BD différente et innovante en dehors du courant dominant. Ce faisant, les créatrices de bande dessinée DOI 10.24053/ ldm-2022-0002 5 Dossier se sont défendues non seulement contre la représentation stéréotypée des femmes mais aussi contre la tendance répandue à parler de manière réductrice d’une ‚bande dessinée féminine‘, voire ‚féministe‘ et d’un mode d’écriture et de narration qui lui serait propre. 4 De telles classifications sont en effet injustifiées, car le nombre croissant d’autrices a développé pendant ces dernières années un large éventail de nouveaux thèmes et de modes de représentation qui ne peuvent pas être réduits à un dénominateur commun. Si le terme de ‚féminisation‘ peut donc être remis en question pour la bande dessinée, ce n’est pas le cas pour ce qui est de son lectorat qui s’est de plus en plus féminisé dans un passé récent. Mais les lecteurs masculins se sont eux aussi rendu compte que les femmes sont plus nombreuses et peuvent plus de choses que ne le laissent supposer la majorité des personnages féminins dessinés jusqu’ici et dont les stéréotypes vont de l’idéal de la brave femme au foyer, par exemple dans Boule et Bill, à une représentation fortement sexualisée - par exemple dans Le Cycle de Cyann de Bourgeon et Lacroix ou dans Les Blondes de Gaby et Dzack. 5 Beaucoup ont peu à peu réalisé que les œuvres d’autrices pouvaient véhiculer de nouvelles façons de voir et de représenter et qu’elles pouvaient aussi considérablement élargir les horizons des hommes. Comme en témoignent les articles réunis dans ce numéro de lendemains, de nombreuses autrices ont trouvé leurs styles individuels et de nouveaux thèmes qui rendent leurs œuvres ‚différentes‘. Elles évoluent également avec virtuosité et leurs propres impulsions créatives dans des genres qui étaient traditionnellement réservés aux dessinateurs masculins et qu’elles refaçonnent toujours et encore au moyen du procédé de réécriture. 6 S’il semble donc peu approprié, eu égard à l’individualité des artistes et autrices, de parler d’une ‚bande dessinée féminine‘, le choix du titre de ce numéro de lendemains intitulé „La BD au féminin“ nécessite peut-être une explication. Il ne doit en aucun cas être compris à tort comme l’expression d’une ‚pensée compartimentée‘ qui justifierait effectivement le reproche d’un essentialisme simplificateur. Si la bande dessinée est depuis toujours un médium polyphonique et polymorphe, les dessinatrices s’emparent précisément toujours et encore de cette particularité. Pour résumer: Il y a autant de ‚bandes dessinées au féminin‘ que de dessinatrices et d’autrices. Ces dernières années, non seulement l’attention du public pour les œuvres des créatrices de bande dessinée, mais aussi leur confiance en elles-mêmes et leur succès ont crû dans un marché en expansion où, outre les lecteurs masculins, les lectrices féminines gagnent maintenant aussi en importance. 7 La bande dessinée contestée dite ‚girly‘, qui s’adresse à un jeune lectorat féminin et dont Tanxxx a qualifié les protagonistes de „greluches décervelées qui causent de leur dernière jupe à la con“ (cit. d’après Groensteen s. d.), en fait aussi partie. Le nombre de créatrices de bande dessinée a augmenté lentement, mais constamment: tandis qu’en 2001, on comptait 80 femmes auteurs de BD sur le territoire francophone européen, leur nombre s’élevait déjà à 182 en 2016, soit 12,8% des auteurs de BD. 8 Leur degré d’organisation a aussi augmenté avec le nombre d’autrices: Un premier jalon a été posé par l’Association Artémisia fondée par Chantal Montellier et Jeanne 6 DOI 10.24053/ ldm-2022-0002 Dossier Puchol en 2007. Elle décerne chaque année le Prix Artémisia suivant le modèle du Prix Fémina en littérature. Une initiative de Lisa Mandel en 2013 a conduit à la création du Collectif des créatrices de bande dessinée contre le sexisme, dont la charte a été signée à ce jour par 250 créatrices de bande dessinée. 9 Enfin, le fait que l’Institut français a accordé une attention particulière aux „Femmes puissantes de la BD francophone“ 10 à l’occasion de l’Année de la bande dessinée (2020/ 21) reflète la reconnaissance croissante des créatrices de bande dessinée auprès du public. AuteurEs de bandes dessinées Même si l’on ne peut parler ni d’écriture féminine ni d’imaginaire féminin de manière générale, la question se pose de savoir s’il y a des aspects récurrents dans la création de bande dessinée par des artistes féminines. Il est frappant de constater que les jeunes autrices de la nouvelle génération, justement, se servent moins des sousgenres populaires du courant dominant basés sur la sérialité que de formes expérimentales telles que la BD underground et le roman graphique. On rencontre très souvent les variantes du récit autobiographique et de la fiction documentaire, par exemple chez Zeina Abirached, Marguerite Abouet, Nine Antico, Chloé Cruchaudet, Dominique Goblet, Lisa Mandel, Marion Montaigne, Anouk Ricard, Marjane Satrapi et Marzena Sowa. Catherine Meurisse, qui a longtemps travaillé pour Charlie Hebdo, a été nominée pour le Grand Prix de la ville d’Angoulême en 2020. Elle a en outre été la première artiste de bande dessinée à être élue à l’Académie des Beaux-Arts, et elle a publié des bandes dessinées qui témoignent de son intérêt pour la littérature ainsi que pour les arts plastiques. Après avoir échappé par hasard à l’attentat perpétré contre Charlie Hebdo, Meurisse a traité son traumatisme dans La Légèreté en 2016, parallèlement aux Scènes de la vie hormonale. Il va de soi que le féminisme joue un rôle important dans la création de certaines autrices comme le montrent les volumes de Catel ou de Flore Balthazar, consacrés à des femmes particulièrement inspirantes et engagées telles que Kiki de Montparnasse, Benoîte Groult, Joséphine Baker, Mylène Demongeot et Frida Kahlo. Si les formes traditionnelles de perception et de représentation de la bande dessinée sont déconstruites de manière ironique d’un point de vue féminin, c’est aussi et surtout le cas en ce qui concerne les identités sexuelles organisées de manière binaire. Toute une série d’autrices s’est ainsi tournée vers des thèmes issus des domaines de l’homosexualité, du transgenre et du queer. C’est par exemple le cas de Lisa Mandel (Super Rainbow), que nous avons déjà évoquée précédemment, mais aussi de Julie Maroh (Le bleu est une couleur chaude) ou de Chloé Cruchaudet (Mauvais genre). D’autres autrices, telles Aurélia Aurita et Claire Duplan, se sont penchées sur des thèmes supposés typiquement masculins (l’argent, la carrière, le pouvoir, le sexe), mais les ont considérés d’un point de vue féminin. Mirion Malle (Commando culotte) ou Pénélope Bagieu (Culottées, California Dreamin’) apparaissent explicitement en tant que féministes et s’engagent avec et dans leurs travaux pour la féminisation de DOI 10.24053/ ldm-2022-0002 7 Dossier la bande dessinée. Un album comme Féministes. Récits militants sur la cause des femmes (2018) montre en outre que le concept de féminisme est particulièrement chatoyant en ce qui concerne le neuvième art: 16 créatrices de bande dessinée y présentent leur conception respective du féminisme et représentent ainsi 16 points de vue très différents. Ce bref aperçu laisse déjà apparaître le fait que les œuvres des créatrices de bande dessinée de ces dernières années, avec leurs multiples impulsions innovantes, laisse encore de la place à de nombreuses recherches, d’autant plus que les thèmes et les styles sont aussi nombreux que leurs noms, dont seuls quelquesuns peuvent être ajoutés ici: Cati Baur, Cécile Bidault, Julie Birmant, Véronique Cazot, Emilie Gleason, Delphine et Anaële Hermans, Aude Picault, Julie Rocheleau, Anne Simon, Chloé Wary, Zelba… Il est temps que la recherche mette à l’agenda la création des autrices de bande dessinée, non pas seulement sporadiquement, mais de manière permanente, et qu’elle l’étudie en ne se focalisant pas uniquement (ce qui est tout à fait excluant) sur des questions de genre. 11 En ce sens, nous voulons donner, par le biais de notre dossier de lendemains, de nouvelles inspirations et, dans un même temps, présenter quelques autrices et leurs œuvres qui méritent particulièrement d’être lues. 12 Auquier, Jean, „Communiqué de Jean Auquier, directeur général du Centre Belge de la Bande Dessinée“, http: / / bdegalite.org/ wp-content/ uploads/ 2015/ 09/ Communique%CC%81-Le-CBBDreporte-La-BD-des-filles-1.pdf (publié le 09 septembre 2015, dernière consultation: 25 février 2022). 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Groensteen (s. d.), qui critique la tendance dominante, justement dans le genre humoristique, à dessiner „des femmes niaises, étourdies, avec un physique de rêve et une cervelle d’oiseau“ (ibid.). 6 Cf. Le Roy Ladurie 2016. 7 Catherine Ferreyrolle (2011), la directrice de la bibliothèque de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, a souligné cette tendance il y a plus d’une décennie. À l’in- DOI 10.24053/ ldm-2022-0002 9 Dossier verse, Evans notait de manière catégorique: „la féminisation du lectorat de la bande dessinée n’a pas eu lieu“ (2015: 26). Ce constat vaut certainement encore actuellement pour l’ensemble de l’offre de BD, mais une analyse détaillée des évolutions serait nécessaire dans les champs thématiques que les femmes ont privilégiés, à savoir les suivants: humour, enfance/ jeunesse, autobiographie/ reportage (cf. ibid.). Concernant les romans graphiques ou les bandes dessinées alternatives, Evans aboutit en retour à une conclusion différente: „C’est toutefois la seule catégorie d’œuvres relevant du neuvième art dans laquelle les lectrices sont plus nombreuses que les lecteurs, ce qui mérite d’être signalé“ (ibid. 28). 8 Cf. Ratier 2016: 29. 9 Cf. Collectif des créatrices de bande dessinée contre le sexisme 2015. 10 Cf. Institut Français Deutschland 2020. 11 Cortijo Talavera (2007), Lipani Vaissade (2009), Groensteen (2014), Milquet/ Reyns-Chikuma (2016), Junqua/ Mansanti (2016) ou Blanco Cordón (2021) comptent parmi les publications parues à ce jour qui méritent particulièrement d’être mentionnées. Cf. également le numéro spécial de Lire Magazine (2021). 12 Nous remercions Lénaïck Bidan pour la relecture dans sa langue maternelle des articles en français.