Kodikas/Code
kod
0171-0834
2941-0835
Narr Verlag Tübingen
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2004
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Humboldt et les morphèmes. Sa lecture de la Lexicologie de P.R.F. Butet en 1801
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2004
Jean Rousseau
Um die Bedeutung der Kontakte ermessen zu können, die Humboldt in Paris mit französischen Gesprächspartnern unterhalten hat, muss man vor allem in Betracht ziehen, was ihn seit der Auseinandersetzung mit dem Baskischen besonders beschäftigt hat, nämlich die Analyse der Sprachen anhand der Identifikation kleinstmöglicher bedeutungstragender Einheiten. Die Technik des Segmentierens von Wörtern stellte damals eine gleichermaßen radikale wie fruchtbare Erfindung dar. So ist sie auch für P.F.R. Butets "Lexicologie" von 1801 maßgebend, der darin die Derivationselemente des Französischen isoliert und klassifiziert. Eine kurze Wertschätzung Humboldts dieses unbedeutenden und ein wenig verschrienen Autors, die glücklicherweise bei Wilhelm Lammers wiedergegeben wird, so wie einige Bezüge zu Butet in seinen eigenen Schriften erlauben es abzuschätzen, welchen Stellenwert Humboldt zu dieser Zeit der Strukturierung der Lexik beimaß, was auch Rückschlüsse auf seine Erwartungen an die französische Sprachwissenschaft erlaubt.
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Humboldt et les morphèmes Sa lecture de la Lexicologie de P.R.F. Butet en 1801 Jean Rousseau Um die Bedeutung der Kontakte ermessen zu können, die Humboldt in Paris mit französischen Gesprächspartnern unterhalten hat, muss man vor allem in Betracht ziehen, was ihn seit der Auseinandersetzung mit dem Baskischen besonders beschäftigt hat, nämlich die Analyse der Sprachen anhand der Identifikation kleinstmöglicher bedeutungstragender Einheiten. Die Technik des Segmentierens von Wörtern stellte damals eine gleichermaßen radikale wie fruchtbare Erfindung dar. So ist sie auch für P.F.R. Butets Lexicologie von 1801 maßgebend, der darin die Derivationselemente des Französischen isoliert und klassifiziert. Eine kurze Wertschätzung Humboldts dieses unbedeutenden und ein wenig verschrienen Autors, die glücklicherweise bei Wilhelm Lammers wiedergegeben wird, so wie einige Bezüge zu Butet in seinen eigenen Schriften erlauben es abzuschätzen, welchen Stellenwert Humboldt zu dieser Zeit der Strukturierung der Lexik beimaß, was auch Rückschlüsse auf seine Erwartungen an die französische Sprachwissenschaft erlaubt. Humboldt et les Français La question de la nature et de l’ampleur des influences que son séjour à Paris de 1797 à 1801 a exercées sur la pensée de Humboldt est toujours objet de discussion, et parfois de tensions, parmi ceux qui étudient sa théorie du langage et sa pratique des langues. Sous une forme radicale ou mesurée, nombreux sont ceux qui, plus ou moins véhéments, tiennent pour un impact significatif sur son “tournant linguistique” de ses fréquentations ou de ses lectures d’alors. Et d’invoquer à cette fin tour à tour Condillac, Destutt, Gérando, Garat, Sieyès. Ces rapprochements ne convainquent pas. Les contre-arguments très tôt formulés par Wulf Oesterreicher (1981), par exemple, et développés à nouveau ici même par Pierre Caussat, tiennent avant tout à l’hostilité grandissante éprouvée par Humboldt, au fil de ses années parisiennes, à l’égard de la pensée rationaliste française, et manifestée, souvent durement, par d’innombrables mentions dans ses journaux, ses écrits ou sa correspondance: au contact des Français, au-delà de la rencontre d’individualités fort estimables ou très savantes, jamais Humboldt ne s’est senti plus allemand et davantage convaincu du bien-fondé de ses convictions philosophiques kantiennes. Anthropologie et caractère Divers arguments, à mon sens, militent pour donner au tour pris par la réflexion de Humboldt sur les langues des causes moins extrinsèques. D’abord on connaît les circonstances tout à K O D I K A S / C O D E Ars Semeiotica Volume 27 (2004) No. 1 - 2 Gunter Narr Verlag Tübingen Jean Rousseau 66 fait fortuites 1 qui vont susciter un attachement presque exclusif porté, un temps du moins, au peuple et à la langue basque. Son intérêt pour les Basques procédait, à l’évidence, d’un souci de nature anthropologique plus large qui, dès avant la venue à Paris, avait induit chez lui une volonté d’étudier, après la France, d’autres nations latines. L’Espagne en fut la première étape, occasionnant la rencontre avec un objet encore plus inédit et plus digne de s’y investir: la primitivité heureusement préservée du peuple basque. Et c’est le désir d’approfondir la nature d’une langue aussi originelle qui l’a ensuite conduit à élargir la perspective par une série de comparaisons avec des langues très variées, dont les américaines, dans une enquête générale qui, de proche en proche, va définitivement emplir son horizon de recherche. Au cœur de ce projet anthropologique visant à définir le caractère d’un peuple, une thématique était déjà bien lisible avant 1797: pour les nations dont les restes portent la marque d’une individualité originelle, le langage, au premier chef, permet de vérifier la présence perpétuée d’un caractère fondateur. A propos des Grecs, Humboldt pose une “concordance” (Uebereinstimmung) entre leur langue et leur caractère, principe généralisable dès lors que la langue est originelle (1793: 264 -266). Plus largement, l’étude du caractère qu’envisage Humboldt vers 1796 constitue un programme de travail dont les objectifs, les principes et les outils sont déjà très exactement ceux qui animeront par la suite sa recherche linguistique (1796 -97: 55 - 69). Constitué en totalité avant même que ne s’opère le déplacement du centre de gravité de sa recherche, cet arsenal conceptuel est tout prêt à venir investir la langue, vue comme foyer et matrice d’un caractère dont elle commande finalement les principales composantes. Les convictions essentielles qui tournent autour de la force intérieure primitive et du rôle de l’imagination ne feront que se préciser et s’affirmer en touchant au fonctionnement des langues. D’ailleurs la langue grecque est déjà chez Humboldt au centre de son activité intellectuelle via la traduction, et la réflexion sur sa nature exceptionnelle aura des effets à longue portée - jusqu’en 1835 - pour apprécier la réussite des autres langues. Avant toute enquête empirique sur une langue donnée, Humboldt disposait ainsi d’un cadre de référence posé en termes de vie spirituelle, d’imagination, de culture, d’activité créatrice, qui, en dernière analyse, était d’essence esthétique et s’était mis en place avec la lecture des trois critiques de Kant. Tout ce que la pensée de Humboldt sur le langage aura d’original et de puissant s’y enracine sans équivoque. Un cas particulier C’est un autre aspect qui me retiendra. Plus technique, il concerne la nouveauté radicale dont Humboldt s’est fait le chantre et le propagateur en matière d’analyse morphologique des langues. Le travail de description mené pour la première fois par Humboldt sur la langue basque et poursuivi trente-cinq ans durant sur des dizaines et des dizaines de langues avec une efficacité sans égale, est en effet caractérisé par un découpage en morphèmes dont il est facile de démontrer qu’il est parfaitement inconnu des linguistes fréquentés à Paris. A une exception près cependant, et mon propos, par là même un peu paradoxal, consistera à faire ressortir l’originalité de l’analyse empirique effectuée par Humboldt sur les langues et sa totale indépendance par rapport à une supposée influence française, en recourant précisément à un contre-exemple, unique parmi les Français de son temps, qui fut l’objet d’un intérêt singulier de sa part. L’éloge, même ambigu et très relatif, dont Humboldt a gratifié ce seul linguiste français, fait mesurer a contrario le désintérêt général qui affectait Humboldt et les morphèmes 67 tous les autres, et surtout replace dans une perspective plus juste ce qui pour Humboldt était décisif dans l’étude proprement matérielle d’une langue. Ainsi encadrée d’une part par des exigences d’ordre spirituel, notoirement absentes des Français, de l’autre par un souci d’efficacité pratique dans l’analyse de détail, bien repérable chez un auteur isolé, peu de place subsiste pour l’hypothèse d’une inflexion nette de la pensée de Humboldt au contact de la linguistique ‘à la française’. La révolution du morphème En effet la grande innovation technologique en matière d’étude des langues au tournant des années 1800 ne se situe pas dans la comparaison de leur morphologie - cette comparaison en est bien plutôt un effet secondaire - mais dans la capacité qu’ont eu un certain nombre d’auteurs, et pour des motifs très variés, de franchir les limites du mot pour considérer qu’il y a, en particulier dans les formes verbales des langues flexionnelles ou agglutinantes, des éléments composants, éléments premiers, eux-mêmes insécables, qui se trouvent certes réunis dans les formes particulières, mais sont susceptibles de se retrouver dans d’autres combinaisons dont l’ensemble constitue les paradigmes. Il faut, de nos jours, faire un effort d’imagination pour se représenter un état antérieur dans lequel un tel découpage des formes verbales était à proprement parler impensable, ou en tout cas n’était nullement parvenu à la conscience claire, puisqu’il ne s’était pas encore doté d’une figure visible. A ne prendre comme exemples que grec, sanscrit, et arabe - trois langues qui ont joué un rôle essentiel dans le décollage de la grammaire comparée - on peut aisément montrer qu’il y a un avant et un après dans l’analyse effectuée sur ces langues. Coupure majeure qui s’installe dans cette période et que signale en toute netteté dans les trois cas l’apparition du tiret de séparation des éléments constitutifs. Grec Dans toute grammaire du grec publiée jusqu’en ce début du XIX e siècle, les verbes sont toujours énumérés dans des paradigmes, sans qu’aucune séparation fasse apparaître au sein des formes la présence de l’augment, d’un redoublement, d’un radical ou d’une désinence. Il faut attendre un professeur bavarois, Friedrich Thiersch (1784 -1860), avec ses Tabellen (1808), puis sa Griechische Grammatik (1812), pour voir apparaître de tels découpages figurés précisément par un trait séparant chacun des éléments composants. La nouveauté du procédé a frappé les contemporains. L’ouvrage de 1808 fut traduit en 1822 aux Etats-Unis, comme en France (Thiersch 1822), où ne manquaient pourtant ni les bons hellénistes, ni les grammaires grecques à destination des élèves. A la suite de la publication de cette traduction des tableaux de Thiersch, Jean-Louis Burnouf 2 (1755 -1844), professeur d’éloquence latine au Collège de France en 1817, grand traducteur de Tacite et père de l’indianiste Eugène Burnouf, salua le caractère révolutionnaire du procédé dans le Journal asiatique (Burnouf 1824). Le lieu de parution d’un tel compte rendu, sa teneur, comme la personnalité de son auteur, attestent une porosité et une circulation remarquables entre le renouveau de l’analyse interne du grec et l’explication de ses formes par le sanscrit, puisque J.-L. Burnouf trouve que la “méthode” de Thiersch “a quelque rapport avec celle des grammairiens indiens” (Burnouf 1824: 1). Burnouf connaissait bien le travail fondateur de Bopp paru en 1816, puisqu’il le Jean Rousseau 68 mentionne dans l’avertissement de la 6 ème édition de sa Méthode pour étudier la langue grecque (Burnouf 1819: VIII-XIII), en soulignant la nécessité de comparer les formes grecques avec les données indiennes et le profit tiré de la projection du sanscrit sur la morphologie grecque. 3 Sanscrit Du côté de la langue sanscrite, précisément, quand on passe de l’ouvrage de Friedrich Schlegel (1772-1839) Ueber die Sprache und Weisheit der Indier (1808) au Conjugationssystem de Franz Bopp (1791-1867) en 1816, on change également de monde en changeant de principes d’analyse. Alors que Schlegel ne découpe jamais les formes indiennes qu’il cite et baptise racines (Wurzeln) des mots entiers, Bopp, lui, opère sur des bases claires et isole en chaque verbe la racine, puisque le présent sanscrit est formé d’une racine verbale, “durch blosse Anhängung der Personskennzeichen” (Bopp 1816: 13) et que les autres temps et modes sont constitués par accroissement successif de ces deux unités (racine + marque de personne) de la forme verbale minimum, chacune d’elles pouvant être soit transformée (changement vocalique), soit enrichie d’éléments adjoints. De plus, la simplicité de la construction du présent conduit Bopp à interpréter le sens global de ce temps comme l’écho d’une véritable proposition logique: les deux unités équivalent à Prédicat et Sujet. 4 Le verbe est une proposition minimale en miniature, le présent ad-ti, ‘il mange’, est “mange-lui”. Ce cadre logique fournit une contrepartie sémantique à la mécanique de formation verbale par additions successives à la forme de base, le présent. Il en unifie la description: tout nouveau trait de signification exprimé s’incarnera, selon sa nature, en une marque formelle rattachée, soit à la racine (pour les rapports de temps), soit à la personne (pour le nombre) (Bopp 1816: 26); toute forme conjuguée s’analyse comme une somme de tels traits, conférant à chaque temps ou mode une valeur originale définie par une formule individualisée. Secondairement, Bopp applique la même matrice d’explication aux conjugaisons du grec et du latin et, ce faisant, établit des rapprochements de langue à langue qui, en retour, affinent et parfois relancent l’analyse effectuée sur le sanscrit. Sans être iconoclaste, on peut soutenir à bon droit que, du moins dans son premier ouvrage, en 1816, Bopp ne pratique nullement la comparaison des formes verbales grecques, latines, germaniques et persanes. Il propose bien plutôt une sorte de comparution des conjugaisons de chacune de ces langues séparément devant les données du sanscrit, langue qui incarne à l’état le plus pur un mécanisme très clair de composition, lui même assis sur un patron sémantico-logique. L’important pour notre démonstration - et aussi pour la postérité - est que les éléments reconnus par Bopp chemin faisant aient été conformes au découpage morphématique le plus classique du sanscrit et des autres langues, cette composition à partir d’éléments minimum 5 étant toujours mise en évidence visuelle par Bopp au moyen du tiret séparateur. Sémitique La thèse d’une coupure radicale dans la technologie d’analyse des formes des langues flexionnelles s’illustre enfin avec les langues sémitiques. Tout apprenti linguiste sait aujourd’hui que la racine arabe par exemple est trilitère, c’est-à-dire discontinue et triconsonantique, porteuse d’une valeur lexicale, tandis que les divers schèmes vocaliques assortis de Humboldt et les morphèmes 69 préfixes portent le sens morphologique. Pourtant, si l’on parcourt l’ensemble de la production très abondante de grammaires écrites par des Occidentaux jusqu’aux premières années du XIX e siècle, jamais on ne verra la racine posée autrement que sous une forme pleine, certes minimale, KaTaBa ‘il a écrit’, mais en aucun cas comme une abstraction, K-T-B ‘écrire’. C’est encore Bopp qui, en confrontant le fonctionnement de la racine sanscrite avec celui de la racine sémitique a vu la possibilité d’aller jusqu’au bout d’une logique qui avait si bien fonctionné pour le sanscrit et, le premier, a déclaré en 1824 qu’une racine en sémitique était en fait une forme sans existence réelle dans la langue, mais devait être déduite par analyse et comparaison des formes effectives (Bopp 1824: 126 -130). G.H.W. Ewald (1803 -1875) a ensuite formalisé cette intuition, il en a fait un acquis définitif pour l’hébreu dans sa grammaire 6 de 1827, puis dans sa grammaire arabe de 1831, où pour la première fois dans un ouvrage composé par un Européen, il propose l’analyse d’une racine arabe réduite à sa nature de morphème exprimant un signifié lexical par une suite discontinue de consonnes. 7 La thèse tombe ensuite dans le domaine public et Humboldt la reprend. 8 Humboldt et l’analyse en morphèmes On voit que, de toute part, non seulement le concept de morphème, mais encore la mise en scène visuelle de sa présence au sein des formes grâce au tiret, émergent dans cette période. Or il faut aussi souligner que Humboldt est l’un de ceux qui ont participé le plus activement à cet essor. Il a même été le premier dans le monde savant à en constater autour de 1800 l’efficacité et la productivité sur la langue basque. Il en est ensuite devenu un ardent défenseur, puisqu’il en a repris la quête à son compte et l’a appliquée systématiquement à toutes les langues qu’il étudiera par la suite. L’expérience du basque: les découpages d’Astarloa La connaissance de la langue basque était le seul objectif de Humboldt lors de son second voyage en Espagne (Humboldt 1801-05: 15; 1827-29: 137) et la rencontre du curé de Durango, Don Pedro de Astarloa (1752-1806), fut déterminante pour son étude. Chez celuici, plusieurs jours de rang (1801: 356; 1827-28: 525; Sydow 1907: 99 -100), Humboldt copie et annote (Humboldt 1811: 272; 1935: 93 -121) son Plan de langues. 9 Or cet érudit était un cratyliste impénitent: tout mot en basque se décompose en syllabes ou en lettres, qui ont une signification naturelle; autrement dit, tout phonème est morphème. Fort de cette certitude assise sur des prémisses théoriques archaïques, Astarloa avait élaboré un système explicatif cohérent qui épousait en plus d’un point la rationalité effective de la langue. Face à des thèses aussi radicales, Humboldt ne cache pas ses réserves. Il dénonce “eine so abstracte, ängstliche und eng-systematische Theorie” (1820 -21: 69) 10 qui conduit à de fausses étymologies et il explique cette dérive par une conception de la langue basque comme “die Ursprache des Menschengeschlechts” (1820 -21: 72). 11 Il entérine néanmoins une part considérable des résultats et des conclusions d’Astarloa quant à la présence généralisée de la composition 12 dans les formes basques, à la possibilité de dérivations effectuées à partir d’une partie seulement du radical (1820 -21: 69), à l’existence de formes qui épuisent quasi systématiquement les possibilités de combinaison formelle fournies par la langue (1811: 251). Jean Rousseau 70 Même si la systématicité des principes d’Astarloa risque pour lui de dévoyer une volonté légitime de découpage interne et d’en invalider les résultats, globalement, Humboldt ne cessera de louer son zèle et ne lui ménagera pas ses marques de reconnaissance (1820 -21: 72-73; 1801-05: 16). Et il suffit d’observer sa propre pratique d’analyse des formes verbales du basque, par exemple dans les Berichtigungen au Mithridates (1811), pour mesurer sa dette au curé de Durango. 13 Même quand il propose des améliorations de détail, ses convictions de fond sont celles d’Astarloa. 14 Une seule citation suffit à prouver le triomphe absolu du découpage morphématique: In d-eu-ts-u-t ist d charact. 3. pers. sing. accus., eu Wurzel, ts characteristica des verbi recipientis (sowie auch ch in nachazu), u charact. 2. pers. sing. dativae (nähmlich derjenigen, zu deren Nutzen oder Schaden die Handlung geschieht); t charact. 1. pers. sing. nominativae. In n-a-ch-a-zu, n charact. 1. pers. nominat., a Wurzel, ch (wie eben gesagt), a ein dazwischen geschobener Wohllautsbuchstab, zu charact. 2. pers. dativae. (1811: 262) Une pratique systématique De manière significative Humboldt considérera d’ailleurs, près de trente ans plus tard, que cette première expérience du basque avait été fondatrice (1827-29: 137-139), et avait fourni le modèle de son approche des autres langues, le conduisant à effectuer des analyses conçues dans le même esprit et sur un plan identique. 15 Pour illustrer cette pratique dorénavant constante du découpage en morphèmes, prenons l’exemple du traitement par Humboldt d’une langue indienne d’Amérique. Ouvrons l’Indian Grammar begun consacrée, en 1666, par un missionnaire, John Eliot (1604 -1690), à la langue Natick des Indiens du Massachusetts, du groupe algonquin. Sur des dizaines de pages s’alignent d’interminables paradigmes. Sous la rubrique The Suffix form animate Affirmative. Indicative mode. Present tense (Eliot 1822: 275), se trouvent par exemple énumérés, sans autre explication, pour la 3° pers. du sg.: He kepeeth me, Noowadchanuk, He keepeth thee, Koowadchanuk, He keepeth him, oowadchanuh, He keepeth us, Koowadchanukqun, He keepeth you, Koowadchanukoo, He keepeth them, ooawadchanuh, Soit maintenant, sur l’avant-dernière forme citée par Eliot, le commentaire lumineux de Humboldt: Si l’on me demandoit p.e. quelle flexion est la forme koo-wadchan-uk-oo, je répondrois. Elle doit appartenir au Présent de l’Indicatif, puisqu’elle a un préfixe, et qu’elle manque de la réduplication propre à l’Optatif et de la lettre caractéristique du Prétérit. La syllabe uk indique que la personne agissante est la 3. du Singulier ou du Pluriel, mais comme elle manque de la syllabe caractéristique du Pluriel og elle doit être du Singulier. La personne sur laquelle on agit doit être la 2. du Singulier ou du Pluriel puisque toutes les flexions de la 3. personne agissante qui ont pour objèt les 1. ou 3. personnes du Singulier ou du Pluriel ont le Préfixe noo, la syllabe finale oo est une syllabe caractéristique du Pluriel et doit appartenir ici à la personne sur laquelle on agit, puisque la personne qui agit, est au Singulier. (Mueller-Vollmer 1976: 292) 16 La puissance de l’analyse traduit un saut qualitatif incontestable dans la technologie du traitement de la langue et Humboldt a pris une part éminente à cette révolution qui, en une Humboldt et les morphèmes 71 génération environ, sur des principes théoriques différents et avec des motivations très disparates, a vu s’ouvrir, pour quelques linguistes traitant de langues très diverses, un nouvel espace de compréhension. Ce changement de paradigme, c’est encore Humboldt qui en a le plus simplement formulé le principe: “ce qui constitue définitivement les langues” est, en particulier, “la nature […] de la langue elle-même, comme d’un sistême de combinaison d’élémens combinables d’une infinité de façons” (1812a: 332). Deux écrits de 1801: l’étymologie comme recherche de l’analogie Pour en revenir à la période strictement française de Humboldt, les deux écrits qui en sont les plus proches figurent parmi les trois textes regroupés par A. Leitzmann sous le titre Fragmente der Monographie über die Basken 17 et datés selon lui de 1801-1802. Il est significatif que, dans le deuxième, Etymologisiren in Einer und derselben Sprache (1801-02: 594 -598), on trouve d’abord une définition de l’étymologie interne comme “die Kunst […], die Gesetze der Analogie zwischen den Tönen und den Bedeutungen der Wörter aufzufinden” (594) qui conduit normalement à identifier un radical (Wurzelwort). Par là, l’étymologie se ratttache à l’étude du langage en général (Sprachstudium), “das, philosophisch behandelt, nichts anders als ein Aufsuchen aller möglichen Analogieen zwischen den vielfachen Elementen der Sprache ist” (595). Mais en même temps, et cela témoigne aussi qu’il ne faut pas recomposer artificiellement une unité rétrospective à une pensée qui continue à présenter des traits archaïques, Humboldt fait dépendre in fine ces éléments premiers d’un hypothétique Spracherfinder et propose de remonter le fil du cheminement de sa pensée (Gedankengang) grâce au principe d’analogie (595). 18 Le troisième fragment, Ueber das Sprachstudium, oder Plan zu einer systematischen Encyclopaedie aller Sprachen (1801-02: 598 - 603), élargit encore la perspective. Humboldt se fixe comme objectif “die Vergleichung der verschiedenen Sprachen alter und neuerer Zeit” (598), grâce à une encyclopédie générale des langues appuyée sur les lois de l’analogie. 19 Pour montrer la possibilité de l’entreprise - mentionnée ici pour la première fois -, il fait appel au sentiment vécu dans l’apprentissage d’une langue nouvelle: Wie man jetzt gewöhnlich Sprachen lernt, geräth man in einen Wald von Wörtern, die durch nichts unter sich zusammenhängen, in der Grammatik herrscht zwar einige Ordnung mehr, aber auch hier wird man von einer Menge von Formen ermüdet, von denen man nirgends einen Grund einsieht. Dennoch fühlt man, dass diese Zeichen in der Natur so unzusammenhängend nicht sind, als sie es in der Lehrmethode scheinen. (599 - 600) De même que celui qui aborde une langue étrangère doit “sich aus diesen einzelnen Formen einen allgemeinen Typus der Form der Sprache selbst abzuziehen” et “den Geist ihrer Analogie zu finden” (600), pour pénétrer “in den Genius einer Sprache” (601); de même, en matière de structuration du lexique, de nouvelles conquêtes sont possibles, car le réseau des mots implique autant de connexions que la grammaire. Celle-ci a, dans la mise au jour de ses règles, bénéficié de principes philosophiques qui ne se sont presque pas encore appliqués au vocabulaire (600 - 601). Bientôt, et plus nettement encore, l’Essai sur les langues (1812a) affirmera la nécessité de faire progresser l’explication rationnelle dans un domaine intermédiaire entre grammaire et lexique: au lieu de s’arrêter à la frontière du mot comme à l’unité ultime, l’exploration peut en effet se poursuivre et mettre au jour les mécanismes de son organisation interne, lois de formation du lexique non moins rigoureuses que celles régissant la grammaire. 20 Jean Rousseau 72 Un autre fragment retrouvé de 1801 Il est possible de conjecturer que cette thématique d’un ordre inhérent au lexique est liée, en partie au moins, à la lecture par Humboldt d’un ouvrage très précis durant sa période parisienne. Les deux fragments de 1801-1802, Etymologisiren et Ueber das Sprachstudium qu’on vient de citer, figuraient en effet parmi le Convolut Coll. Ling. Fol. 106 des manuscrits de Humboldt déposés à Berlin, dans l’un des volumes in folio qui ont disparu pendant la dernière guerre. Or il se trouve que cet anéantissement n’est pas total. Car un professeur de Rostock, Wilhelm Lammers, a écrit, sous la direction de Leo Weisgerber en 1934, une dissertation intitulée Wilhelm von Humboldts Weg zur Sprachforschung 1785 -1801 et consacrée à ses premiers travaux de linguistique. A cette occasion il a fait des recherches dans les manuscrits du Folio 106, perdu depuis lors (Lammers 1936: 30). Lammers a ainsi sauvé un fragment de deux pages, qu’il reproduit, 21 ainsi qu’une curieuse appréciation par Humboldt d’un ouvrage traitant de la Lexicologie française. Butet, un pédagogue épris de système La période révolutionnaire a vu proliférer les faiseurs de système qui, saisis d’une frénésie rationaliste, ont proposé à l’envi pasigraphies, projets de langue philosophique, principes de grammaire universelle, innovations pédagogiques. Tous entendent faire entrer l’objet langue dans l’ère nouvelle de la raison, selon une logique dont la conjoncture politique donne alors l’exemple et qu’elle appelle de ses vœux en tous les domaines. Parmi eux, Pierre-Roland- François Butet, dit Butet de la Sarthe (1769 -1825), pédagogue et collaborateur du Journal grammatical d’Urbain Domergue. 22 Ses deux principaux ouvrages sont un Abrégé d’un cours complet de lexicographie et un Abrégé d’un cours complet de lexicologie, parus l’un et l’autre en 1801. C’est sans aucun doute le second qui a été lu par Humboldt et remarqué par lui. Butet est un linguiste obscur et peu reconnu. 23 Ferdinand Brunot lui consacre deux pages attristées (Brunot 1968: 700 -701), accompagnées de citations accablantes. 24 Mais, puisque Humboldt lui en a accordé, Butet mérite un peu d’attention de notre part. Principes et présupposés Butet se donne pour objet de décrire “les lois d’après lesquelles se composent et se décomposent les polysyllabes” du français (Butet 1801: I-II). Pour lui, les mots d’une langue sortent d’un univers de noyaux de signification comme suspendus dans le temps, agités d’un mouvement perpétuel qui les a amenés à s’agglutiner, à se réunir et à se recomposer: Il est de fait que dans toutes les langues, les mots ont successivement paru et disparu […] mais il n’est aucune époque à laquelle on puisse faire remonter l’origine d’un radical: celle de tous se perd dans la nuit des siècles, c’est-à-dire que de temps immémorial on fait des mots à l’infini, et l’on ne crée pas une syllabe nouvelle. Les élémens représentatifs de la pensée, comme les molécules de la matière, ne paraissent ni formés ni détruits; et la construction des mots comme la production des corps, semble soumise aux combinaisons infinies d’un nombre donné de principes constituants. Pourquoi n’existerait-il pas des loix auxquelles se conformassent ces combinaisons? Pourquoi ces loix ne seraient-elles pas réductibles à des formules dans lesquelles rentreraient les mots de tous les âges? (III-IV) Autre certitude qui commande sa vision d’une agrégation mécanique des éléments constituants, celle d’un monosyllabisme premier: Humboldt et les morphèmes 73 Il est généralement connu que les mots premiers d’un idiome quelconque sont monosyllabiques, et que les polysyllabes, formés par la composition des idées, ne sont que des produits de l’analyse grammaticale. […] Les mots composés peuvent donc n’être regardés que comme des expressions d’idées complexes, résultantes d’autant d’idées simples qu’il y a d’éléments dans le signe représentatif. (V) Et à ceux qui lui reprocheraient de postuler par là “que la raison a présidé à la formation des langues” (VI), il répond que “les hommes n’ont besoin ni de déterminer ni de connaître les loix auxquelles ils sont soumis par la nature de leur constitution pour les exécuter rigoureusement” (VII); “Puisqu’il existe une raison universelle, qui lie entr’elles des idées ou certains modes de l’humanité, comment les mots, signes des idées, pourraient-ils être dénués d’un rapport d’analogie qui les enchaînât méthodiquement.” (VIII); “On ne peut donc nier la liaison des mots dans leur formation sans violer la règle du sens commun. Il doit donc exister un systême de Léxicologie.” (VIII-IX) 25 Butet se réfère d’ailleurs au sanscrit comme preuve de l’existence incarnée d’un “systême de Léxicologie” (IX), ce qui montre l’entrelacement des références théoriques dans cette période, au-delà des découpages et des cloisons artificielles reconstitués après coup. Il cite abondamment la lettre du Père Pons (1743: 221) où ce dernier évoque les grammairiens indiens qui “ont réduit, par l’analyse, la plus riche langue du monde, à un petit nombre d’éléments primitifs”, éléments qui “ont seulement rapport à une idée, par exemple Kru à l’idée d’action”, tandis que “les éléments secondaires qui affectent le primitif sont les terminaisons qui le fixent à être Nom ou Verbe, celles selon lesquelles il doit se décliner ou se conjuguer, un certain nombre de syllabes à placer entre l’élément primitif et les terminaisons, quelques prépositions, &c. […] La synthèse unit et combine tous ces élémens, et en forme une variété infinie de termes d’usage. Ce sont les règles de cette union et de cette combinaison d’élémens, que la Grammaire enseigne, de sorte qu’un simple Ecolier, qui ne saurait rien que la Grammaire, peut, en opérant selon les règles, sur une racine ou élément primitif, en tirer plusieurs milliers de mots vraiment samskrets” (Butet 1801: X-XI). Résultats D’où ce titre de fierté de Butet: “Je ne prétends pas avoir observé le premier que les mots se composaient par préposition et postposition de parties accessoires unies à une partie principale; mais je crois être le premier qui ait fait un Systême de toutes les valeurs de ces parties accessoires, dans une langue donnée.” (XII) Sur ces principes, Butet propose une construction où sont identifiés de manière tout à fait satisfaisante l’ensemble des morphèmes de dérivation du français: “les mots ne sont formés que de radicaux, de prépositions et de désinences” (XIV); “ils ont quelquefois jusqu’à trois Prépositions, et même jusqu’à six Désinences” (ib.). Il pose trente-deux prépositions et soixante dix à quatre-vingt désinences (XIV-XV): les “prépositions” sont “toutes parties qui se construisent à gauche des racines”, les “désinences” “toutes celles qui se placent à leur droite” (XXVI), les “racines” étant “les élémens propres à représenter des idées simples et primitives; lorsque les racines sont considérées comme servant de bases aux polysyllabes, elles sont dites des radicaux, et un radical peut être formé d’une ou plusieurs racines” (XXVIII). Son tort est d’avoir présenté son système sous une nomenclature pédantesque 26 faite de néologismes parfaitement hirsutes, dont on comprend qu’elle ait rebuté Brunot, d’autant plus qu’elle avait une visée pédagogique. 27 Car les malheureux élèves du Lycée Polymathique devaient répondre à des questions comme: Jean Rousseau 74 Quel est du Radical MET (signe d’unité à laquelle on rapporte comme terme de comparaison plusieurs unités de même nature) l’initif-coïtif, secondairement verbal, résultatif, passif facultatif, abstractif-objectif? (312) Ou: Quel est du radical ST comme signe de cessation de mouvement, de fixation, l’initif-coïtif, énonciatif verbal, secondairement moyen-actif, attributif, modificatif-adverbial? (320). Ou encore, en sens inverse: Quelle est la formule lexicologique du mot accoutumance? (314) 28 Perspectives Si l’on accepte de passer sur l’invention néologique débridée de la terminologie de Butet, il reste que son entreprise est très proche de l’idéal posé par Humboldt pour son encyclopédie des langues, où figurerait “une partie lexicale qui cependant ne feroit pas l’énumération des mots mêmes, mais renfermeroit simplement les regles et les analogies de leur formation” (Humboldt 1812a: 326). Surtout que, dans sa conclusion, Butet entend donner à ce premier essai de Lexicologie un prolongement qui fait penser aux développements de Humboldt sur une future présentation systématique et raisonnée des langues. 29 Selon Butet, il faudrait en effet: 1° Procéder à la confection d’un tableau de toutes les racines connues qui ont fourni des composés aux langues latine et française (car il est impossible de traiter la Lexicologie de la seconde indépendamment de la Lexicologie de la première). 2° Former autant d’articles qu’il y aurait de racines composantes, distribuées dans l’ordre le plus naturel, eu égard aux rapports des valeurs de ces racines entre elles. 3° Suivre méthodiquement chacune de ces racines dans leurs constructions respectives par préposition et post position, et par l’ordre chronologique de la formation des produits qui en sont résultés. (Butet 1801: 301) En faisant passer tous les mots pour ainsi dire par la filière des idées, on développerait toutes leurs fonctions; la Lexicographie décrirait leurs formes diverses à différentes époques, […]. Il ne faudrait omettre l’explication d’aucun hypothétique, qui, le plus souvent, pour ne pas dire toujours, se trouve isolément inusité, mais ayant représenté telle ou telle idée, dans tel ou tel temps, ou même existant encore, ignoré ou relégué dans l’acception particulière et technique de tel art ou de telle science; c’est alors que l’on ferait renaître les idées d’un peuple, et que l’on consignerait à la fin de chaque article dans un tableau, à l’inspection duquel on saisirait leur enchaînement. On rapporterait synoptiquement les mots les plus composés à la racine qui leur aurait servi de noyau. Il ne faudrait négliger aucun de ces produits, les plus absurdes comme les plus justes, afin de suivre tou[te]s les révolutions du génie d’une langue dans ses fluctuations comme dans sa marche directe: telle est l’esquisse d’un DICTIONNAIRE PHILOSOPHIQUE […]. Que le même ouvrage se fasse dans toutes les langues; que l’on y recueille les conceptions particulières au génie de chacune d’elles, comme les genres qui sont dans les unes, et qu’on ne retrouve pas dans les autres; que l’on fasse un système de ces produits de l’intelligence, et on aura l’histoire de l’esprit humain, contenant indubitablement la trace des loix qui le régissent, déduites de la liaison des phénomènes de la pensée, consignés dans les fastes des signes écrits. (302-303) Une appréciation ambiguë de Humboldt La critique par Humboldt de l’ouvrage de Butet nous est rapportée, trop brièvement, par Lammers: Auf 3 Blättern, die sich ebenfalls in dem oben benannten Convolut des handschriftlichen Nachlasses befinden und nicht veröffentlicht worden sind, hat Humboldt seine Gedanken über Humboldt et les morphèmes 75 “Butets neue Spracherlernungsmethode” geäussert. […] Humboldts Kritik ist auch zur Beurtheilung seiner eigenen Anschauung aufschlussreich. Das Hauptverdienst wäre, “dass die Formeln ohne alle Willkührlichkeit, sowie die Analogie der Sprache es verlangt, bestimmt würden”; der Hauptfehler, “dass dadurch die Sprache als System intellektueller Zeichen angesehen würde und der Vorzug einer besonderen in der Fähigkeit bestünde mit wenigen Wurzeln sehr viele Composita zu machen”. Das aber sei vor allem für Frankreich gefährlich “wo ein allgemeiner Hang herrscht, alles in Zahl und Mass zu verwandeln und wo man jede Sprache leicht als bloss formale Zeichen betrachtet”. (Lammers 1936: 35 -36) D’un côté, donc, un éloge de la conformité des règles posées par Butet avec l’analogie effectivement en acte dans la langue; de l’autre, le danger de faire de la langue un pur système formel, qui reflète le travers typiquement français de tout traiter par le quantitatif. Finalement, Humboldt ne retient de Butet que ce qui va dans le sens de ses propres convictions en matière de technique descriptive et il en revient pour le reste à son accusation favorite à l’égard des Français: Leur approche strictement rationnelle focalisée sur l’arbitraire du signe est impuissante à traiter la complexité de la langue, car il y manque une dimension spirituelle essentielle, l’étincelle quasi divine qui seule permet d’en rendre compte. Ce regard fugitivement posé sur Butet par Humboldt nous place au cœur de ses convictions fondamentales et du coup aussi de ses raisons persistantes de critiquer les Français. Humboldt accueille toujours favorablement de nouvelles conquêtes de la raison à l’œuvre sur une matière aussi complexe qu’une langue donnée; c’est ainsi qu’il admirera sans réserve les praticiens éclairés qui, comme J.-P. Abel-Rémusat sur le chinois, font franchir une étape décisive dans sa maîtrise et sa compréhension en en révélant de nouvelles règles de fonctionnement - et Butet en relève incontestablement pour son approche du français. Pour autant, Humboldt ne peut que condamner un rationalisme exacerbé que guette l’esprit de système et qui ferait prévaloir exclusivement l’entendement là où, en fin de compte, règnent la synthèse de l’imagination et sa dynamique créatrice. Notes 1 C’est le hasard (Zufall) qu’invoquera plus tard par deux fois Humboldt, revenant sur ses études basques (1812b: 291; 1827-29: 137). 2 Auteur d’une Méthode pour étudier la langue grecque (1814), plusieurs fois rééditée. 3 Sanscritiste débutant lui-même, J.-L. Burnouf, le fait est peu connu, avait d’ailleurs entrepris de traduire les premiers écrits de Bopp, dont il fut l’un des introducteurs en France. Il a laissé en manuscrit la traduction de plusieurs de ses traités, dont le Conjugationssystem, de 1816. Voir, de Léon Feer, les Papiers d’Eugène Burnouf conservés à la Bibliothèque Nationale. Catalogue (Paris 1899) qui mentionne ces traductions entamées et inédites au n° 101 de son Catalogue (pp. 94 -96). 3 Humboldt écrivit à J.-L. Burnouf pour le remercier de son envoi: “L’analyse de l’ouvrage de Mr. Thiersch renferme des observations aussi judicieuses que neuves, & il est infiniment louable qu’un savant Helléniste, tel que Vous, Monsieur, ne dédaigne pas d’entrer dans le labyrinthe de la Grammaire Sanscrite pour faire des rapprochemens ingénieux de la structure des deux langues. Le peu de pages que Vous avez vouées à cette analyse prouve déjà quel parti on peut tirer de la réunion de ces deux langues pour la connoissance plus intime de chacune d’elles. Les analogies qu’elles offrent tant dans les formes grammaticales que dans les mots, sont ainsi que Vous l’observez, sans nombre; […].” (29 déc. 1824, Nouvelles Acquisitions françaises, MS. n° 10600, Bibliothèque nationale) 4 “In dem tempus praesens wird die Bedeutung der Wurzel durch keine Nebenbestimmung beschränkt; das Subjekt ist im wirklichen Genusse des durch die Wurzel bezeichneten Prädikats” (Bopp 1816: 13), et peu après, plus nettement encore: “The Latin verb dat expresses the proposition he gives or he is giving, the letter t, indicating the third person, is the subject, da expresses the attribute of giving.” (Bopp 1820: 14) Jean Rousseau 76 5 L’idée d’une composition intérieure aux formes verbales des langues flexionnelles est venue à F. Bopp à Paris, avec l’étude de l’arabe sous la direction d’A.-I. Silvestre de Sacy (1758 -1838). Il s’agissait de thèses, d’ailleurs vivement combattues par ce dernier, qui croyaient reconnaître dans certains temps du verbe arabe la présence d’un verbe auxiliaire inséré ou d’un pronom. 6 À son prédécesseur W. Gesenius (1786 -1842) Ewald oppose “eine synthetisch-spekulative Methode”, et décrit la racine en des termes à peu près calqués sur ceux de Bopp: “die drei Consonanten […] tragen allein den Begriff des Worts; die Vokale wechseln nur um dem reinen Begriff des Worts verschiedene Beziehungen zu geben” (Ewald 1827: 144). La répartition des fonctions est exclusive: aux consonnes la signification pure de la racine (Stamm), aux voyelles les rapports qui s’y rattachent “z.b. die active passive Beziehung; die Auffassung des reinen Begriffs wie ein Nomen oder Verbum” (165). Et il conclut: “[der Vokalwechsel] bestimmt mehr das Geistige, während das Körperliche der Wörter, der Begriff und die Bedeutung selbst, in den festen Consonanten ruht” (180), en une image souvent reprise après lui. 7 D’une part, “radicis vis et notio non e vocalium sed e sola consonantium distinctione pend[et]” (Ewald 1831: 81), mais de l’autre, “Cum praecipua formationis virtus et vis in vocalibus constet intra radicis limites ad notiones distinguendas aequâ lege variandis, tres semper adsint necesse est radicis soni, intra quos vocales et satis multae atque perspicuae et eâdem continuo forma variari possint” (ib.). Les racines ne peuvent donc apparaître comme telles dans la langue, où on constate des unités de statut différent: “stirpibus autem solis lingua nunc utitur”, “vox certae pronunciationis e radice prodiens […] stirps vocari potest” (83). Le rapport “stirps”/ “radix” est celui d’une dérivation, mais aussi d’un passage de l’abstraction à l’actualisation et de l’indifférenciation grammaticale à la spécialisation automatique dans une classe morpho-syntaxique: “Nam radix certâ quadam vocalium pronunciatione induta pro variis vocalibus species quaedam esse debet aut nominis aut verbi.” (ib.) 8 L’analyse d’Ewald sera reprise par Humboldt dans son Introduction au Kawi. Quand le Sémitique y intervient, les références sont essentiellement Ewald pour sa Grammaire de l’Hébreu et la Vergleichende Grammatik de F. Bopp, vol. I, Berlin 1833, où celui-ci répète les conclusions acquises dix ans plus tôt sur les racines. Humboldt souligne l’importance du caractère dissyllabique des racines sémitiques qui requiert que la formation lexicale et flexionnelle se réalise “durch Veränderungen im Schoosse der Wörter selbst” (GS VII/ 1: 84) et qui a amené l’application exclusive des voyelles à la désignation de la Flexion (cf. 163). Bopp est crédité d’avoir transféré cette découverte “auf die Eintheilung der Sprachen in Classen” (84). Humboldt reprend à son compte l’analyse de tout radical comme formé de trois consonnes et le fait que consonnes et voyelles ne portent pas conjointement la signification, mais que “Bedeutung und Beziehung sind ausschliesslich, jene den Consonanten, diese den Vocalen zugetheilt” (259). 9 Le Plan de Lenguas (Astarloa s.d.) est resté manuscrit. Seule son Apología de la lengua bascongada (1803) fut publiée, ainsi que ses Discursos Filosóficos sobre la lengua primitiva (1883). Voir Humboldt (1935). 10 “Nach ihm hat dieselbe jedem Buchstaben und jeder Silbe eine eigne Bedeutung beigelegt, welche ihnen auch in der Zusammensetzung bleibt. Hiernach lässt sich jedes Wort in seine Elemente, und zwar so bestimmt auflösen, dass, zum Beispiel, ein aus zwei Buchstaben bestehendes in dem ersten allemal die Gattung, in dem zweiten den specifischen Unterschied des Gegenstandes oder auch in dem ersten das Enthaltende, Besitzende, im zweiten das Enthaltene, Besessene anzeigt.” (1820 -21: 67); “Astarloa setzt ferner zu viel Werth auf die angebliche Bedeutung der einzelnen Buchstaben, statt bei Verbindungen derselben zu Wurzeln stehen zu bleiben, und überspringt dadurch eine Stufe der Sprachanalogie, wenn diese überhaupt jemals so weit gehen dürfte. Denn seine Methode lässt sich auch noch bei den Wurzeln anwenden, welche man sonst als die nicht mehr aufzulösenden Elemente ansieht.” (1820 -21: 72); “Endlich sind auch die Bedeutungen der Laute selbst nicht ausschliesslich genug aus nüchterner Sprachvergleichung, sondern aus allgemeinen Begriffen und Wahrnehmungen geschöpft, die zum Theil höchst wunderlich ausfallen.” (ib.). 11 Humboldt rejoint cependant Astarloa sur sa caractérisation du basque comme langue primitive, mais avec une autre définition: “Es war auch richtig und scharfsinnig bemerkt, dass die Spuren der Zusammensetzung in ursprünglichen, d.h. wenig Veränderungen durchgangenen Sprachen bei weitem sichtbarer sind, und dass die selbstständige Bedeutsamkeit der Elemente gewiss einen Hauptcharakter dieser Sprachen ausmacht.” (1820 -21: 70) 12 “Die meisten Vaskischen Wörter sind vielfach zusammengesetzt, und die Spuren ihrer Zusammensetzung sind meisten Theils sehr sichtbar geblieben. […] Diese Aufsuchung der Wurzellaute ist daher ein wichtiger Theil der Zergliederung dieser Sprache. Die gleichsam abergläubigen Verehrer des Vaskischen treiben diese Analyse der Wörter so weit, dass sie jeden Buchstaben bedeutungsvoll erklären.” (1811: 254); “Es ist allerdings richtig, dass die Wörter, welche Gegenstände bezeichnen, Anwendungen allgemeiner Begriffe auf bestimmte Fälle, Bezeich- Humboldt et les morphèmes 77 nungen von Sachen durch ihre Eigenschaften sind, und dass viele einfach scheinende ursprünglich zusammengesetzt waren.” (1820 -21: 70). 13 “Astarloa ist der erste und einzige, der die systematische Anordnung der Vaskischen Conjugation entdeckt und aus einander gesetzt hat; allein seine gedruckte Schrift enthält nur sehr wenig darüber; und ich habe seine Ideen nur aus seinen noch handschriftlichen Arbeiten gezogen. Bey diesen selbst ist wieder zu bedauern, dass zu der Zeit, in der ich sie sah, auch in ihnen noch nicht alles ganz ausgearbeitet und völlig im Klaren war, und es vorzüglich, neben den Regeln, an den doch auch nothwendigen Paradigmen fehlte. Indess gehn diese Mängel meisten Theils nur die Flexions-Formen selbst, nicht das Gesetz ihrer Bildung an. Die Natur des Vaskischen Verbi ist in Astarloa’s Darstellung durchaus klar, und sogar, weil dieselbe, bey grosser scheinbarer Verwickelung, doch auf einfachen Grundsätzen beruht, in ziemlicher Kürze aus einander zu setzen.” (1811: 319 -320). 14 “Aus diesem Beyspiel, und allem so eben Gesagten erhellet nun deutlich, dass es keinesweges nothwendig ist, diese 206 Conjugationen auswendig zu lernen, sondern nur die Regeln der Kennbuchstaben, sowohl der verschiedenen vocum verbi, als der Personen, und ihrer Verbindung zu kennen, um im Lesen und Sprechen die Flexions-Formen mit Fertigkeit aufzulösen und zu bilden. Denn jeder Buchstab in diesen lässt sich erklären; die einzigen Elemente, die darin vorhanden seyn können, sind: die Wurzel, die Kennbuchstaben der Pers. nominat., dat., accus. und vocat., und endlich eingeschobene Wohllautsbuchstaben, und alle diese Kennbuchstaben sind theils an sich, theils durch ihre Stellung bestimmt. Ueberhaupt verschwindet, bey genauerer Ansicht, die anfangs verwirrt scheinende Vielheit gar sehr.” (1811: 263) Références bibliographiques Astarloa, Don Pablo Pedro de (s.d.): Plan de Lenguas, o Grammatica Bascongada en el dialecto Vizcaino por D. Pablo Pedro de Astarloa y Aguirre (2. vol). - (1803): Apología de la lengua bascongada; ó Ensayo crítico filosófico de su perfección y antigüedad sobre todas las que se conocen. En respuesta á los reparos propuestos en el Diccionario Geográfico Histórico de España, tomo segundo, palabra Nabarra. Madrid: D. Geronimo Ortega (Repr. 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