eJournals Kodikas/Code 31/1-2

Kodikas/Code
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0171-0834
2941-0835
Narr Verlag Tübingen
Es handelt sich um einen Open-Access-Artikel, der unter den Bedingungen der Lizenz CC by 4.0 veröffentlicht wurde.http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/61
2008
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Origines du langage: Une encyclopédie poétique. Sous la direction de Olivier Pot, Paris 2007

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2008
Ignace Djama Allaba
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Reviews 162 Pour le sens commun, ce qui reste inexpliqué, Dieu relève de la nature. Mais comme nous le voyons dans cet ouvrage avec Spinoza, tout ce que l’homme peut faire naturellement se passe avec l’assistance intérieure de Dieu. On ne saurait identifier l’homme comme étant créature divine et parler de ses facultés naturelles. C’est quoi donc la nature? Le naturel c’est le divin. Il est par conséquent indispensable de faire recours à cette réalité incontournable qu’est l’Absolu ou “l’Un en tant qu’il est le tout des choses” de James Harris. C’est pourquoi il faut revenir à cette vérité pour comprendre le monde. C’est elle et en elle seule que nous devrions chercher les réponses à nos interrogations. Le pourquoi de l’intérêt aux récits bibliques De tous les exposés, qu’ils soient philosophiques, mythologiques ou scientifiques, aucun ne donne une réponse assez claire, plausible et convaincante de l’origine du langage. Dans toutes les cultures du monde, il se trouve des fables et contes dans lesquels les hommes et les animaux pouvaient se parler, se comprendre. On pourrait se demander quelle langue ceux-ci employaient-ils et à quelle époque de l’Histoire avait existé cette entente parfaite? Nos différents récits ne nous donnent pas de précisions à ce sujet. Ce qui laisse croire que la communication entre hommes et bêtes n’a jamais existé ou est le produit de l’imagination des hommes. Mais ces écrits fictionnels ont bien de fonctions sociales qu’on ne saurait nier. Par ailleurs, l’hypothèse d’une langue commune entre les espèces humaine et animale n’est pas à exclure. Nous y reviendrons un peu plus tard. Aussi dans la mythologie grecque avons-nous connaissance de ce que les hommes et les bêtes s’adressaient directement aux dieux dans une langue qui était déjà là, qui n’était ni la propriété ou l’invention des dieux ni des hommes. A quand situer alors ces “il était une fois”, “il y a très longtemps” ou encore “il fut un temps” qui marquent le début des histoires du temps où tous les êtres vivants sans exception pouvaient communiquer? Pour l’heure, aucune découverte scientifique ne permet de répondre à ces interrogations. C’est pourquoi il convient de se tourner vers la Bible tant mentionnée par les exégètes pour y tirer des éléments de réponses. La langue originelle (adamique): Langue de Dieu? La langue dans laquelle s’exprimait Adam peut être interprétée comme étant celle de Dieu ou celle d’Adam (des hommes) que Dieu crée et lui donne pour pouvoir communiquer avec sa descendance. Toujours est-il que toutes les deux sont de Dieu, mais la deuxième option paraît plus justifiée par la suite de l’histoire des hommes. Cette interprétation est en conformité avec l’origine invisible de la création de la langue dans la mesure où ni Adam ni sa descendance ne sauront expliquer d’où leur vient cette langue. Ils sont nés en trouvant une langue toute faite: C’est le phénomène de la langue maternelle que nous parlons sans l’apprendre et sans savoir d’où elle nous vient. Ou disons qu’elle vient de nos parents qui ne l’ont pas conçue et qui la tiennent de leurs parents. Mais la seule différence avec la langue d’Adam est que nous savons qu’elle vient de Dieu qui en est le concepteur. Dieu donc comprend cette langue parlée par Adam et donne à ce dernier aussi le pouvoir de déchiffrer Sa langue à Lui. Il perdra cette grâce ou prérogative qui il lui est faite suite à son péché. Il ne faut pas oublier aussi que Dieu a donné à Adam le pouvoir de donner son nom à chaque espèce animale sur la surface de la terre et même dans les eaux. Ce qui fait de l’homme (Adam) un innovateur, mais ce pouvoir n’est comparable à celui de Dieu. Que faut-il comprendre? Quand tous les hommes après Babel furent dispersés sur toute la surface de la terre, chaque peuple, donnera à chaque espèce rencontrée un nom dans la langue parlée par lui: ce qui nous mène à un arbitraire entre le signifiant et le signifié d’une langue à l’autre. De l’homme et de l’animal Lors de la tentation que le diable, déguisé en serpent, fait subir à Eve, la femme d’Adam, nous remarquons un fait d’une importance capitale et qui suscite des interrogations donnant des pistes et des éclaircissements sur ce qui est supposé être la première langue du monde. Il est rapporté que Reviews 163 le diable vint sous une forme de serpent et s’adressa à Eve. Celle-ci ne prit pas peur mais s’engagea plutôt dans un dialogue avec l’effroyable reptile, qui l’entraîna à la chute. Cette attitude d’Eve vis-à-vis du serpent, bien que surprenante de nos jours, montre qu’au début Dieu faisait communiquer les hommes et les animaux. II ressort de cet état de fait que les animaux aussi s’expriment. Mais pourquoi n’arrivonsnous plus à saisir leur message? L’harmonie originelle voulue par Dieu est rompue dès le péché originel. A partir de ce moment, la première division des langues s’opère entre Dieu, l’Homme et les animaux: Dieu se retire peu à peu des hommes, les animaux ne communiqueront plus jamais ni avec Dieu ni avec les hommes. Il ne s’agit pas ici de montrer qu’il existe une certaine égalité entre les hommes et les animaux qui utilisent une langue commune. Loin de là! Dès la création, toute chose a été balisée par Dieu qui donne le pouvoir à Adam de gouverner toute la créature. En outre, Dieu crée l’Homme à son image, c’est-à-dire Il le dote d’intelligence; ce qui sera le point de démarcation avec les animaux. L’intelligence de l’Homme doublée de son insatiabilité et de son éternelle insatisfaction (désirs infinis) le pousse à aller toujours de l’avant en innovant. Les besoins et ces exigences de l’Homme doivent pouvoir s’exprimer aussi dans son langage. Etant donné le fait que les exigences diffèrent d’un lieu à un autre, nous aurons un développement de la langue et du langage à multiple vitesse. C’est pourquoi le vocabulaire de certaines contrées est limité 2 , comme l’est aussi celui des animaux. C’est la diversité qui fait suite aux manquements des premiers hommes et qui est devenu le nouvel ordre de la vie. Dès cet instant, chaque groupe, chaque peuple, chaque espèce animale (à un degré moindre) a droit à la différence. Cependant, notre nature d’être insatisfait, et voulant à tout prix tout comprendre et tout gouverner, pousse les uns à ne pas avoir d’égard pour les autres et à vouloir même les appréhender à la mesure de nos propres modèles. Il faut reconnaître à chacun sa spécificité, les animaux y compris. Sinon comment expliquer les facultés dont ceux-ci sont dotés qui étonnent tant les hommes. Il est rapporté ici dans maints récits des capacités que les animaux possédaient et qui transmises aux hommes leur donnaient des pouvoirs inouïs comme celui de prédire l’avenir par exemple. Autant la diversité existe chez les hommes, autant elle l’est chez les animaux qui ne sauraient constituer une entité homogène. Pour revenir à la langue et au langage, il faut retenir que l’Homme, pour les besoins de son existence toujours en devenir, est obligé de modeler son langage. L’animal, par contre, reste à sa nature puisqu’il n’a pas la liberté, l’intelligence d’aller au-delà de ce qui lui est donné comme instinct. Ainsi, la langue et le langage seraient-ils liés à la liberté. Babel ou la malédiction divine? Beaucoup sont les chercheurs qui se sont intéressés au récit sur la tour de Babel et la dispersion des langues. Il en ressort que pour les uns et les autres, cette intervention de Dieu, suite à son injonction aux hommes de croître et de se multiplier, ce qui ne fut pas suivi à la lettre pour ces derniers, ne saurait signifier une malédiction puisqu’elle va toujours dans le sens de ce que l’Être suprême aurait prescrit: La multiplicité et la diversité. Loin s’en faut! Remplir la terre en ne parlant qu’une seule langue, ce qui est synonyme d’entente parfaite malgré les distances qui auraient séparé les hommes, voilà ce que Dieu aurait prévu. Les hommes choisissent de défier Dieu de deux manières: D’abord en refusant de remplir la terre, et, ensuite en voulant se faire un nom pour pérenniser leur existence, ce qui de droit doit revenir au Créateur. Partant de ce point de vue, la dispersion des langues à Babel est certes l’accomplissement obligé du bon vouloir de Dieu de voir les hommes remplir toute la surface des terres, mais aussi et surtout une malédiction pour les hommes qui sont condamnés à ne pas se comprendre. Il est inutile de rappeler les diverses incompréhensions et conflits qu’engendrent les différentes langues, même de nos jours. A partir de cet instant, les hommes passeront pour tous les moyens pour essayer de retrouver cette unité linguistique perdue. Tous ces efforts resteront vains, car, en dépit du fait que certaines langues aient le monopole sur d’autres, ce qui veut dire une uniformi- Reviews 164 sation des langues et par ricochet une parfaite entente mondiale, il n’en demeure pas moins que ces langues soient influencées par les espaces qui les accueillent. En définitive, parler la même langue ne revient pas à dire qu’on ait le même langage. Conclusion Les “origines du langage” trouvent leur fondement dans l’histoire de l’Humanité et se trouvent ainsi liées à l’apparition de la première langue. Sur ce sujet, plusieurs légendes et mythes rivalisent. Notre tentative a été de montrer que tout tend à privilégier les origines bibliques de la vie sur terre et de faire du langage un don divin avec une marge de liberté attribuée aux humains. Mais à partir du moment où le religieux demeure toujours quelque chose de dogmatique, il va s’en dire que rechercher l’Origine du langage ne sera rien d’autre qu’une entreprise chimérique. C’est pourquoi il faut revenir au titre de l’ouvrage pour prôner la pluralité de “non-donnés” pour expliquer la seule réalité que représente le langage, car comme le dit Wolfgang Iser: “Il faut du non-donné pour comprendre le donné, du symbole pour avoir accès aux donnés empiriques.”. En privilégiant la pluralité, l’ouvrage laisse valoir cette boutade avec laquelle il convient de clore tout commentaire: “A chacun sa vérité! ”. Notes 1 Malgré sa rédaction qui se situe longtemps après des mythes grecs, des écrits philosophiques antiques etc., la Bible ne relate pas moins d’histoires et d’événements se déroulant bien avant ceux-ci. 2 Cette opinion s’insurge contre l’idée selon laquelle l’absence de mots abstraits de certaines langues témoigne du manque de raisonnement chez ces peuples-là. Ignace Djama Allaba (Bern) Micha Brumlik: Schrift, Wort und Ikone. Wege aus dem Bilderverbot. 2., überarbeitete Auflage. Philo Verlag, Hamburg 2006, 149 Seiten, 18,00 . Verfahren der Kulturgenese Micha Brumlik eröffnet kulturgeschichtliche Wege aus dem Bilderverbot Vielleicht ist es sogar gut, dass der Verlag den geplanten Auslieferungstermin von Micha Brumliks Buch im Sommer 2006 nicht einhalten konnte. Denn die besonnene Stimme des dünnen Bändchens wäre im medialen Getöse des weltweiten Streits um die Mohammed-Karrikaturen vermutlich untergegangen. Brumlik vertritt in dem Text die These, dass Kulturen und ihr Selbstverständnis wesentlich im Modus ihrer Reflexion angelegt sind: “Je nachdem, ob sich eine Kultur im Modus der Rede und Wechselrede, des Lesens und Schreibens oder des Bildens und Schauens versteht, wird sich ihre Haltung zu Zeit und Geschichte, zu Sinn und Moral sowie zu ihren Gottes- und Menschenbildern ausprägen.” Hierin liegt die eigentliche Sprengkraft des Bilderverbots. Vor diesem Hintergrund ist es aber umso bedauerlicher, dass der Publikationsdruck, der wohl dem Versuch politischer Aktualität geschuldet war, nicht die Zeit für ein Kapitel zum Bilderverbot im Islam gelassen hat. So bleibt mit Erscheinen der zweiten schon gleich das Desiderat einer dritten, vervollständigten Auflage. Trotz dieser Leerstelle ist Micha Brumliks Buch aber von politischer Relevanz. Nicht nur, weil es die kulturgeschichtliche Tiefe des biblischen Bilderverbots darstellt, sondern vor allem, weil es deutlich macht, wie produktiv das Denken war, das daraus hervorgegangen ist. Die Überzeugung von der Undarstellbarkeit Gottes war keine geistige Sackgasse, sondern eher ein Ausgangspunkt, von dem aus sich das griechische, christliche und jüdische Denken entwickelt und je spezifische Wege aus der Bilderlosigkeit gefunden haben. Dies verdeutlicht Brumlik an der jüdischen Tradition, oder besser gesagt: an seiner eigenen jüdischen Traditionsbildung. Denn Brumliks Blick ist von der Philosophie Emmanuel Lévinas’ und der Grammatologie Jacques Derridas geprägt und entfaltet das Judentum von der tal-