eJournals lendemains 35/138-139

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Narr Verlag Tübingen
Es handelt sich um einen Open-Access-Artikel, der unter den Bedingungen der Lizenz CC by 4.0 veröffentlicht wurde.http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/91
2010
35138-139

Penser les médias africains à partir des transferts culturels

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2010
Alain Cyr Pangop Kameni
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8 Dossier Alain Cyr Pangop Kameni (ed.) Transferts médiatiques entre l’Europe et l’Afrique francophone Approches théoriques - Regards croisés - Dynamiques d’appropriation 1. Présentation Alain Cyr Pangop Kameni Penser les médias africains à partir des transferts culturels Le processus de mondialisation des échanges entre l’Europe et l’Afrique charrie d’importants colis culturels qu’ils soient matériels ou immatériels. Les médias constituent un champ culturel suffisamment fertile pour permettre d’observer ce processus désormais inscrit au cœur d’une discipline que Michel Espagne et Werner avaient proposé d’appeler „transfert culturel“, en contrepoint du comparatisme appliqué à l’histoire culturelle. 1 Le transfert culturel, c’est-à-dire la transmission et l’appropriation culturelle productive de cultures étrangères, et plus particulièrement de littératures, de médias et de pratiques en langues étrangères, constitue un élément central de la dynamique de développement de toute culture. 2 En fait, le terme „transfert“ renvoie au déplacement matériel d’un objet dans l’espace. Ce déplacement intègre des mouvements humains, des voyages, des transports de livres, d’objets d’art et de biens d’usage courant à des fins qui n’étaient pas nécessairement intellectuelles. Devant l’homogénéisation et la standardisation culturelles mises en oeuvre, sous la bannière de la mondialisation, par les cultures les plus fortes, occidentales, notamment américaine (McWorld) des alternatives se créent de part et d’autres, par-delà „l’exception culturelle“ officiellement défendue en France par exemple. Pourtant, pour (sur)vivre et se développer, toute culture a besoin d’un apport extérieur, de rencontres et d’échanges avec d’autres peuples et d’autres cultures. Cela implique non seulement ouverture et emprunts, mais aussi assimilation et rejet. Un exercice qui demande flexibilité (dans la rencontre avec l’autre) et esprit critique (devant ce que l’autre peut nous apporter). 9 Dossier Selon que l’on appartient à l’une ou l’autre entité, l’on perçoit différemment la problématique de la mondialisation, ses effets et les éventuelles tentatives de „résistances“ à ce dernier avatar néolibéral du 21 ème siècle. Ce disant, il convient de souligner le fait du lien indispensable et légitimant entre le culturel, l’économique et le politique. La tradition orale par exemple, est aujourd’hui confrontée à la toute puissance de l’écrit ainsi qu’aux ruptures qu’elle a elle-même enregistrées, d’une part dans la dynamique de sa production, et d’autre part dans les chaînes de sa transmission. Elle semble au moins prendre sa revanche avec l’avènement de ce qu’on appelé „la révolution FM“. En effet les radios - communautaires, libres, privées selon les appellations convenues - qui diffusent en modulation de fréquence connaissent aujourd’hui, notamment en Afrique, en milieu rural comme en milieu urbain, un développement fulgurant. Ce développement semble devoir s’accentuer dans les années à venir, impulsé par le phénomène de globalisation-mondialisation, qui amène de plus en plus les communautés ethno-linguistiques à l’exigence de la sauvegarde de leur identité, en accordant une attention soutenue à leur patrimoine propre, ou en se repliant sur celui-ci. La dimension interculturelle des cultures post-coloniales se trouve fortement imprégnée par la globalisation et par l’impact que cette dernière exerce sur les pratiques culturelles, telle la littérature, et plus particulièrement sur les médias francophones (le film, la presse écrite, la radio, la télévision et la musique). 3 Leur analyse exige un élargissement des questionnements vers des problématiques interculturelles, et donc vers l’étude de processus d’appropriation culturelle productive des offres d’autres cultures. Autrement dit, les processus de transferts culturels dans le champ médiatique ne constituent pas un domaine séparé de la dynamique de développement d’un espace public. L’implantation et le développement des médias européens et africains épousent les contours de la globalisation/ glocalisation. Au fond, les offres globalisées et des réceptions globalisées engendrent des myriades de scénarios culturels qu’il convient d’analyser. La présence et les intérêts des agences de presse, des chaînes étrangères, avec des formats médiatiques importés, correspondent cependant rarement aux besoins et intérêts locaux. C’est pourquoi ils sont souvent adaptés et même profondément transformés par les médiateurs du transfert. Une production culturelle de nouvelles formes d’expression émerge dans les pratiques médiatiques formant ainsi une nouvelle sphère publique. Dans le cadre du présent dossier, le concept de „transfert culturel“ et la perspective d’analyse qui y est liée permettent d’éclairer sous un jour nouveau et de cerner de façon précise les phénomènes d’influence et les „processus d’échanges“ entre l’Europe et l’Afrique dans le contexte postcolonial. Autrement dit, à travers l’étude de formes élargies de médias, y compris les nouveaux médias, il s’est agi d’explorer, faire connaître et mettre à profit pour le développement partagé, les gisements de la mémoire culturelle venue des deux pôles culturels. Plusieurs questionnements inspirent cette approche. Quelles formes de savoirs et de discours, quelles informations, quels textes et offres médiatiques sont transférés de l’espace 10 Dossier culturel occidental à l’espace culturel africain et vice-versa? Autrement dit, qu’estce qui est produit ou diffusé venant de la culture „partenaire“? Quelle quantité d’informations vient de l’Occident pour les médias africains et vice-versa? Quels sont les champs sémantiques dominants? Comment s’opèrent ces processus? Au centre d’une perspective d’analyse axée sur les intermédiaires culturels et les vecteurs institutionnels du transfert, se trouve la problématique des formes du transfert culturel. Existe-t-il un donné originel, un „matériau premier“? Qu’est-ce qui perdure et qu’est-ce qui se transforme au sein de la médiation, au cours des médiations successives? Pour répondre à cet éventail d’interrogations, les résultats d’études présentés dans ce dossier s’articulent autour de la clarification des concepts, d’une approche historiographique et analytique, relativement aux défis dans le cadre des relations Occident-Afrique. Aussi, avec Mustapha Masmoudi, un retour sur les instances de négociation où s’est construite l’histoire des échanges culturels mondiaux d’ordre médiatique, s’est-il avéré nécessaire pour mesurer comment en trente ans de dialogue un grand pont coopératif a pu être bâti par des „ingénieurs de la communication“, en vue de substituer le pont de singe des asymétries culturelles héritées de la colonisation. Ce chercheur qui a aussi été acteur dans ce processus appuie son étude par des données statistiques et des arguments historiques solides pour montrer comment la divergence entre Américains et Européens au sujet de certains intérêts économiques et de la diversité culturelle a rapproché davantage l’Afrique de l’Europe. Ce rapprochement renforcé lors de l’élaboration des résolutions du Sommet Mondial sur la Société de l’Information a fait que le souci d’équité, d’équilibre et de solidarité devienne un objectif commun aux Africains et aux Européens. Pour Mustapha Masmoudi, les protagonistes sont désormais convaincus que les moyens d’information ne peuvent plus être gérés dans le cyberespace par la réglementation classique et qu’il faut envisager d’autres solutions pour la communication numérique. D’où l’espoir d’un avenir commun Euro-Africain dans une société numérique et dans laquelle le citoyen du monde entier pourrait profiter démocratiquement de toutes les possibilités de communication et d’ubiquité. Un cas pratique de cette construction historique - Geschichte - et les formes d’adaptation qui en découlent, se lit aisément par l’observation documentaire des transferts germano-camerounais à travers la presse écrite au Cameroun de 1974 à nos jours, que propose Alain Cyr Pangop. A partir des exemples de traductions, de correspondants à l’étranger, d’institutions interculturelles, de services culturels des ambassades, d’agences de presse, il montre comment les transferts culturels contribuent à une meilleure compréhension des spécificités et des transformations dans la sphère publique africaine, notamment camerounaise. Alain Cyr Pangop finit par montrer comment un quotidien comme Cameroon Tribune a travaillé à construire une référence culturelle allemande et à susciter une certaine germanophilie chez les Camerounais. 11 Dossier Dans la même lancée, l’étude que propose Norbert Ouendji fondé sur des observations de terrain ainsi que sur des entretiens avec des journalistes camerounais, montre avec dextérité comment le téléphone mobile a en quelque sorte contribué à la réhabilitation de la photographie de presse, grâce notamment à ce qu’il considère comme l’avènement des reporters mobiphotographes. Il désigne ainsi des journalistes qui, dépourvus d’appareils photos classiques, se servent de leur portable pour capter des images devant servir à illustrer leurs articles. Autrement dit, Norbert Ouendji examine les enjeux qui entourent leur appropriation d’un objet nomade qu’est le GSM. Par une analyse qualitative et des questionnements inspirés par l’expérience française, notamment l’appréciation des membres de la rédaction de Sud Ouest, quotidien paraissant à Bordeaux et avec lequel il collabore depuis 2004, il s’attache à décrire un processus qui „ouvre des possibilités de détournements, de contournements, de réinventions ou même de participation directe des usagers à la conception des innovations“. 4 En outre, il était important de voir en quoi le passage des objets culturels médiatiques de l’Europe vers l’Afrique modifie l’équilibre du contexte ou le refaçonne et vice versa. En se focalisant sur la matérialité de la communication, il s’est donc agi d’analyser les formes d’accès et d’appropriation. C’est pourquoi, inaugurant les dynamiques d’appropriation des technologies médiatiques et de leurs contenus, Ute Fendler étudie comment les séries télévisuelles burkinabé oscillent entre appropriation, remédiation et création. Partant des notions de „mediascapes“, „ethnoscapes“ et „ideoscapes“, repérées chez Arjun Appadurai (1996) elle réussit à décrire la négociation de relations transculturelles et d’idées et imaginaires qui émergent, voyagent, interagissent dans la sphère publique, qui, à son tour, est largement occupée par les médias de masse. Elle observe que la production télévisuelle de la RTNB (Radiotélévision nationale du Burkina Faso) fait partie du „mediascape“ burkinabè où les productions locales et internationales se côtoient dans la programmation. De la double question de savoir comment un médium nouveau dans un certain contexte culturel est adapté aux attentes du public et des utilisateurs et comment ce médium change éventuellement sous l’influence de ces attentes, mais aussi sous l’impact de pratiques culturelles divergentes, Ute Fendler met en œuvre le concept de la remédiation, qui selon Jay Bolter (2005) renvoie à la réorganisation culturelle d’une société en fonction d’un nouvel espace/ agencement médiatique. A partir de deux téléséries de la première heure, Vis-à-Vis et Kadie Jolie, les notions ‘appropriation’ et ‘remédiation’ seront mises à l’épreuve pour faire valoir que la remédiation de formats et de genres locaux, traditionnels et globaux semble être caractéristique du „médiascape“ burkinabè, un phénomène qui s’accompagne d’une réception active, une remédiation de la réalité. Autrement dit, note Ute Fendler, le médium télévisuel médiatise aussi la réalité, la transmet, choisit un focus, l’encadre et le met ainsi en exergue, ce qui entraîne une réflexion médiatisée sur un problème présenté par un groupe d’intervenants. Elle aboutit à un résultat fort intéressant: la remédiation comme réforme, c’est-à-dire le processus de réformer la réalité à travers un discours télévisuel qui est en contact immédiat 12 Dossier avec la réalité vécue des spectateurs. Autrement dit, en utilisant le format télévisuel en le changeant, en l’adaptant au contexte et aux attentes locaux, les directeurs burkinabè font naître un nouveau type de télésérie ou de sitcom partagé entre théâtre, arbre à palabres et télévision; une nouvelle création qu’Ute Fendler propose d’appeler „sitcom à palabres“. Toujours au Burkina Faso, la question de la gouvernance électronique (e-administration ou e-gouvernance) est à l’ordre du jour à travers la réflexion que propose Firmin Gouba. Ce dernier réinterroge la citoyenneté contemporaine à la confluence de la cyberdémocratie, à la suite des études menées dans ce champ depuis la fin des années 1980. Le contexte Burkinabé de faiblesse du développement des TIC et de „jeunesse“ du processus démocratique s’y prête grandement. Pour étudier les types d’usages des TIC par les gouvernants et les gouvernés, les mécanismes étatiques pour la régulation de la gouvernance électronique et les attitudes des citoyens dans le processus d’appropriation des TIC, Firmin Gouba emprunte une démarche méthodologique qui consiste essentiellement à observer et analyser les discours et les pratiques d’e-gouvernance au Burkina- Faso. Pour ce faire, il s’est intéressé aux sites Web des institutions et ministères ainsi qu’au document de Politique Nationale de Bonne Gouvernance (PNBG). L’exploitation documentaire a été complétée par l’observation et des entretiens avec quelques acteurs intervenant dans la construction de la démocratie électronique (institutionnels, citoyens et acteurs de la société civile). Cette grille d’analyse est également sous-tendue par quatre dimensions de l’action politique: information, débat, mobilisation et participation à la prise de décision publique. Pour chacune de ces dimensions, Firmin Gouba retient les indicateurs tels que: la nature des informations diffusées, l’accessibilité, l’interactivité du site, la mise à jour. Bien sûr, cette démarche ne perd pas de vue la culture politique ambiante et le fonctionnement des institutions en place. Il note de ce point de vue que le nouveau paysage est fait d’une multiplication vertigineuse des sources d’informations disponibles associée à une logique nouvelle de services interactifs. Par ailleurs, dans le pays, les interventions, de plus en plus remarquées, du secteur privé, en termes de formation, prestations de services informatiques et de télécommunication (opérateurs téléphoniques, télécentres, cybercafé, vente et maintenance de matériels), offrent des opportunités aux populations de s’approprier les TIC pour une participation citoyenne à la gestion de la cité. Ce qui appelle des défis de nouveaux savoir-faire et de nouveaux réflexes, de la capacité à intervenir pleinement dans le débat citoyen dans lequel les TIC s’immiscent inéluctablement. Sous un autre rapport, depuis 10 ans, après les processus de libéralisation de l’espace médiatique, les professionnels des médias africains ont adopté des codes de déontologie et parfois mis sur pied des instances d’autorégulation censés en vérifier le respect. Pourtant, Georges Madiba observe dans sa contribution qu’en banalisant la reproduction et la diffusion des biens culturels contrefaits, le Sud tend de plus en plus à être pris en compte non seulement pour ses productions, mais surtout par sa capacité à générer des syncrétismes culturels, par sa faculté à créer 13 Dossier des voies de contournement, des voies d’arrimage par effraction à la mondialisation des contenus culturels et à la globalisation. Conséquence de la déréglementation intervenue dans les industries de l’imaginaire et de l’information, la contrefaçon des biens culturels reconfigure, malgré lui, les schémas de production et de consommation de la culture mondiale. D’où la question du chercheur: comment respecter l’autre dans la mondialisation quand l’échange est inégal et les pratiques, par la force des réalités du capitalisme informationnel, peu enclines au respect des valeurs universelles de liberté et d’ouverture? Pour Georges Madiba, l’argumentation globalisante de la démocratisation et du „développement“ met en avant la suppression des barrières territoriales, le rapprochement des peuples, la multiplication des échanges et la création d’un culturalscape, sans pour autant créer un village global, à cause des inégalités socio-économiques et des différences socioculturelles. Aussi parce que la base de ces inégalités et de ces différences s’adosse sur l’activité de piratage et de contrefaçon, alors le piratage et la contrefaçon semblent consubstantiels à la mondialisation. Le piratage et la contrefaçon de produits musicaux notamment sont ici l’expression de ces différences tant socio culturelle (ethos de la gratuité), politique (absence de politique de la culture) qu’économique (économie à structure informelle et précaire). De plus, à l’opposé des discours techniciste et marxiste qui réduisent une infrastructure technique à un modèle de société, la technique dominante ne génère pas le modèle de société dominant. C’est pourquoi Madiba s’appuie sur le discours sur la communication comme facteur de modernité, en tant que noyau dur de la mondialisation culturelle (après celle liée à l’économie et à la politique). Il en vient à affirmer que la mondialisation est une bête qui engendre des monstres sui generis, et que si les pratiques de contournement et de résistance sont locales et singulières, celles qui peuvent être intégrées se doivent d’être globalisantes afin de corriger les déséquilibres relatifs à „la République mercantile Universelle“. Prenant le cas camerounais, l’économiste des médias relève que la „glocalisation“ syncrétique actuelle caractérisée par une banalisation généralisée de la diffusion et la consommation des contenus culturels médiatiques contrefaits pourrait être contournée par une politique publique de la culture qui inciterait à une production nationale de qualité. La réussite de sa proposition passera alors par la création d’un code des investissements culturels, l’allègement de la fiscalité, afin d’éviter que les inégalités liées au libéralisme économique ne servent d’humus à une (dé)territorialisation durable des modèles de la culture de masse mondiale. A partir de débats épistémologiques, il s’est agi dans le dernier axe du dossier, de faire ressortir et clarifier les concepts clés qui pourraient permettre de saisir les phénomènes de transferts culturels entre l’Europe et l’Afrique francophone. Le tour d’horizon des terminologies contemporaines balisant le champ des transferts médiatiques émergent de plusieurs contributions issues de laboratoires des sciences de la communication et de colloques interdisciplinaires, dont ceux de l’Université de Bordeaux III occupent une place de choix. Les contributions de Anne Lenoble- Barth, Noble Akam, Alain Kiyindou et Rocio Amador Gautista, Alain Bienaymé le 14 Dossier sont au titre de l’ISCC (Institut des Sciences de la Communication du CNRS) auquel ils sont tous rattachés. Le croisement de regards ici nous incite opportunément à garder à l’esprit le caractère multiforme des savoirs et à nous interroger sur la hiérarchisation dans le partage des savoirs entre le Sud et le Nord. Annie Lenoble-Bart note d’ailleurs que dans „Le partage des savoirs avec l’Afrique“, plusieurs variables se recoupent. Les débats épistémologiques sur la co-construction des savoirs et les analyses ont ainsi permis de mettre sur la sellette des problématiques relevant notamment de la crise économique, du droit d’auteur et du développement durable; les structures médiatiques étant souvent conçues comme des entreprises à gérer avec professionnalisme, dans de contextes parfois empreints de pesanteurs administratives. Au-delà du comparatisme qui met en parallèle des spécificités médiatiques de deux cultures, les recherches sur les influences, on perçoit mieux par quels mécanismes les produits des médias occidentaux (télévision, presse écrite, etc.) sont venus en Afrique, et se sont développés (Institutions, contenus et cultures). On le notera certainement, en ouvrant des perspectives théoriques et historiques, en dégageant les formes de perception de l’Autre - Fremdwarnehmungsmuster -, le présent dossier cristallise de manière originale les discours médiatiques et les processus de construction d’une sphère publique nouvelle, à partir des transferts culturels entre l’Europe et l’Afrique francophone. 1 Consulter à ce titre, Michel Espagne: „Sur les limites du comparatisme en histoire culturelle“: Genèses n° 17, 1994, 112-121; M. Espagne/ M. Werner: „Deutsch-französischer Kulturtransfer im 18. und 19. Jahrhundert. Zu einem neuen interdisziplinären Forschungsprogramm des C.N.R.S“, Francia vol 13, 1985, 502-510. 2 Hans-Jürgen Lüsebrink et alii: Französische Kultur-und Medienwissenschaft, Tübingen, Gunter Narr Verlag, 2004, 30. 3 Pour mieux saisir la pertinence de cette assertion, lire le collectif Ute Fendler/ Hans-Jurgen Lüsebrink/ Christoph Vatter: Francophonie et globalisation culturelle. Politique, médias, littératures, Fankfurt am Mainz/ London, IKO Verlag, 2008. 4 Cf. Philippe Breton et Serge Proulx, L’Explosion de la communication à l’aube du XXI e siècle, La Découverte, Paris, 2002, 256.