eJournals lendemains 36/141

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Narr Verlag Tübingen
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2011
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M. Calle-Gruber (ed.): Les triptyques de Claude Simon ou l’art du montage

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Alastair B. Duncan
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138 Comptes rendus MIREILLE CALLE-GRUBER (ED.), LES TRIPTYQUES DE CLAUDE SIMON OU L’ART DU MONTAGE, PARIS, PRESSES SORBONNE NOUVELLE, 2008, 216 P. Dans ce livre, Mireille Calle-Gruber a rassemblé des documents pour la plupart de la main de Claude Simon, illustrant des aspects de son travail entre 1958 et 1995. A peu près la moitié du volume est consacrée à des textes concernant le roman Triptyque (1973) et le petit film qui en a été tiré en 1975, L’Impasse: plans de montage du roman, scénario et découpage technique du film, photographies du tournage, correspondance entre Simon et Peter Brugger, le producteur au Saarländischer Rundfunk qui avait pris l’initiative du film et de l’entretien dans lequel il s’insère. Une autre partie importante du livre comprend des lettres et des essais de Simon écrits entre 1957 et 1977, dont certains inédits en français. En prime viennent un plan de montage du Jardin des Plantes, datant de 1993, et un DVD réunissant l’interview réalisée par Brugger (y compris L’Impasse), en version française, et l’émission d’„Apostrophes“ avec Bernard Pivot où Simon est passé avec Pierre Boulez à la sortie de son roman Les Géorgiques en 1981. Le livre s’ouvre sur une excellente introduction de l’éditrice et se termine sur un hommage à Claude Simon de Pascal Quignard, aussi éclairant sur l’auteur de l’hommage que sur son sujet. Mireille Calle-Gruber appelle son recueil une „marquetterie“. En effet, l’ensemble aurait pu paraître disparate. Mais il est traversé par d’importantes lignes de force. D’abord la fascination qu’exerçait le cinéma sur Claude Simon. Dans un admirable texte inédit en français. „L’inattendu attendu“, Simon raconte l’impact sur lui du Chien Andalou et de L’Age d’or de Buñuel. Souvent, il empruntait des termes cinématographiques pour décrire sa façon de situer scènes et personnages - „angle de prise de vues, gros plan, plan moyen, plan panoramique, plan fixe, etc.“. La construction de ses romans exigeait de lui un art du montage qui est nulle part plus évident que dans Triptyque, roman où par des fondants enchaînés trois histoires glissent les unes dans les autres. De plus, Simon ambitionnait pendant très longtemps de recréer en film son roman de 1960, La Route des Flandres. De tout cela, ce livre porte, dans les mots mêmes de Claude Simon, un témoignage passionnant. Une seule fois l’écrivain, en collaboration avec Georg Bense et Peter Brugger, a réalisé un film, les douze minutes de L’Impasse. Dans Brugger, Simon a trouvé un interlocuteur sympathique et sensible. L’entretien dans lequel s’insère L’Impasse est exemplaire en ce que, sans prétention ni simplification, elle rend l’oeuvre de Simon pleinement accessible à un public non initié. A l’égard de L’Impasse, le jugement de Simon était mitigé. Le dossier de la genèse du film permet de suivre dans le détail l’engagement enthousiaste de l’écrivain, son souci du détail, et, enfin, sa déception. Peut-être faut-il attribuer le demiéchec du film à l’une des spécificités de l’art du cinéma: l’incontournable collaboration. Fidèle à lui-même, Simon était prêt (voir la préface au projet d’un film sur La Peste à Asdod de Poussin, 103) à abandonner l’œuvre qu’il voulait faire au profit de celle qui se faisait. Mais tandis que dans ses romans il était seul maître à bord, dans le cinéma il était à la merci de carences éventuelles dans les préparatifs, de défaillances techniques et de contraintes budgétaires. Les essais et les interviews de Simon situent l’évolution de sa réflexion sur le roman dans un contexte plus large. En 1957, il présente son propos comme „essentiellement réaliste“ (135). „Copier avec exactitude“ le monde oblige le romancier à „recréer complè- 139 Comptes rendus tement ce qu’il veut restituer“, dit-il en 1958. Puisque dans le souvenir le monde se présente à lui sous une forme fragmentaire et simultanée, le roman ne pourra plus être „simple succession ou addition linéaire d’épisodes, de descriptions ou d’analyses mais une combinaison, une juxtaposition ou un enchevêtrement de ceux-ci“ (142). Dès 1960, pourtant, Simon met l’accent sur l’influence prépondérante du matériau qu’il travaille. Par leurs résonances, les mots infléchissent tout projet, „le propos initial se transformant en cours de route“ (144). Ainsi, la pratique même de l’écriture amène Simon à rejeter le réalisme et toute théorie du roman qui conçoive le langage comme simple instrument. D’où, en partie, son désaccord avec Sartre en 1964 (147-152), et, plus radicalement, en 1977, son accord avec Ricardou sur la nécessité de finir avec le „mythe expression-représentation“ dont on ne pourra se débarrasser „tant que l’on continuera à croire qu’il y a diachronie dans l’acte d’écrire, c’est-à-dire d’abord un sens institué, puis ce même sens exprimé au moyen de l’écriture“ (165). En excluant largement des textes au-delà de 1977, le volume ne donne qu’une idée partielle de l’évolution de la pensée de Simon. On regrette l’absence d’une bibliographie et de toute mention des spécialistes qui ont déjà commenté L’Impasse, 1 œuvre qu’on n’avait à peine besoin de „retrouver“ (10). Mais on ne peut qu’exprimer sa reconnaissance à Mireille Calle-Gruber pour ce recueil dont la richesse des idées et la présentation très soignée vont grandement contribuer à la compréhension et au rayonnement de l’œuvre de Simon. Alastair B. Duncan (Stirling, UK) BRIGITTE SÄNDIG (ED.): „ICH REVOLTIERE, ALSO SIND WIR.“ - NACH DEM MAU- ERFALL: DISKUSSION UM ALBERT CAMUS’ „DER MENSCH IN DER REVOLTE“, MÜNSTER, VERLAG GRASWURZELREVOLUTION, 2009, 191 S. Auf den ersten Blick ist das Buch der Potsdamer Romanistin Brigitte Sändig, das 2009 im Verlag „Graswurzelrevolution“ erschienen ist, nur ein Beispiel aus der Flut von aktuellen Jubiläumspublikationen zum Wendejahr 1989/ 1990. Der auf dem Einband in rot hervorgehobene Satz „Ich revoltiere, also sind wir“ und das kleine Bild von Kerzen schwenkenden Menschenmassen auf der Berliner Mauer, rufen die passenden Assoziationen hervor: „Friedliche Revolution“, „Wir sind das Volk! “. Der Untertitel verrät, warum auf dem Buchdeckel auch die Nahaufnahme eines verschmitzt lächelnden Albert Camus zu sehen ist. Es handelt sich um die Dokumentation eines öffentlichen Kolloquiums von 1991 zu Albert Camus’ philosophisch-politischem Essay L’homme révolté. In Westdeutschland lag der Essay seit 1953 unter dem etwas ungenauen Titel „Der Mensch in der Revolte“ auf Deutsch vor, während er in der DDR bis zuletzt nicht offiziell zugänglich war. Die Tagung war im Juni 1991 von der Evangelischen Akademie Ost-Berlins (zu DDR-Zeiten als „Dissidenten-Akademie“ bekannt) gemeinsam 1 Voir, par exemple, Irene Albers, „Métaphores textuelles et filmiques: Triptyque et L’IMPASSE (DIE SACKGASSE)“, dans Transports: les métaphores de Claude Simon, Irene Albers et Wolfram Nitsch (dir.), Peter Lang, Frankfurt/ Main, 2006, 305-327, et Bérénice Bonhomme, „Triptyque“ de Claude Simon. Du livre au film. Une esthétique du passage, Schena Editore, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 2005, 223 p.