eJournals lendemains 38/150-151

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0170-3803
2941-0843
Narr Verlag Tübingen
Es handelt sich um einen Open-Access-Artikel, der unter den Bedingungen der Lizenz CC by 4.0 veröffentlicht wurde.http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/91
2013
38150-151

Jutta Fortin / Jean-Bernard Vray (ed.): L'imaginaire spectral de la littérature narrative française contemporaine

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2013
Simon Kemp
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184 Comptes rendus wende zu begreifen sind, keineswegs beantwortet ist, sondern vielmehr erst am Anfang der Beantwortung steht. Dabei scheint mir eines der großen Verdienste des Bandes gerade auch darin zu liegen, dass hier das Nachdenken über die Gegenwartsliteratur dazu führt, über das Nachdenken in zweifacher Weise zu reflektieren: zum einen hinsichtlich des veränderten Status der zu analysierenden Texte und zum anderen hinsichtlich des jeweiligen theoriegeleiteten Zugangs zu diesen Texten. Denn gerade die Gegenwartsliteratur erfordert nicht selten neue Zugänge zu den Romanen, da sie mit den tradierten Theorien und Methoden nicht immer greifbar sind, weshalb sie dazu auffordern, neue und d.h. vor allem adäquate Zugänge zu erproben. Und hierfür leistet der vorliegende Sammelband einen mehr als spannenden Beitrag. Was kann man besseres über einen Tagungsband sagen? Jörn Steigerwald (Bochum) —————————————————— JUTTA FORTIN / JEAN-BERNARD VRAY (ED.): L’IMAGINAIRE SPECTRAL DE LA LITTÉRATURE NARRATIVE FRANÇAISE CONTEMPORAINE, SAINT- ÉTIENNE: PUBLICATIONS DE L’UNIVERSITÉ DE SAINT-ÉTIENNE, 2012, 295 P. Jutta Fortin et Jean-Bernard Vray nous proposent une exploration approfondie du phénomène de la „spectralité“ dans la littérature française des dernières décennies du vingtième siècle et du commencement du vingt-et-unième. Le volume collectif contient dix-neuf essais par les chercheurs les plus connus de l’„extrême contemporain“, dont Dominique Viart, Bruno Blanckeman et Dominique Rabaté de la France, Michael Sheringham du Royaume-Uni et Colin Nettelbeck de l’Australie. Les sujets de trois de ces essais, les écrivains Alain Fleischer, Jean-Christophe Bailly et Yves Ravey, fournissent un complément aux études académiques en contribuant chacun leur propre intervention au livre, les deux premiers sous forme d’un entretien avec Vray et Fortin, et Ravey par un court texte précédemment paru dans Le Monde. Le livre a pour but de découvrir les retours du refoulé dans la littérature et la culture contemporaines, y compris le refoulé collectif d’événements traumatisants de l’histoire et le refoulé de l’individuel. La hantise principale de la littérature française reste, bien sûr, les années noires de l’Occupation et de la Shoah, dont il est question dans plusieurs chapitres du volume. Wolfgang Asholt nous offre une étude de l’unheimlich freudien dans l’œuvre de Ravey, où le thème de la rupture de la civilisation par la Shoah est omniprésent, mais jamais abordé de façon directe. Nettelbeck parle d’un „désarroi“ dans la culture française, face au retour des lâchetés et des hontes de l’Occupation dans la conscience collective. Viart, dans le chapitre qui ouvre le volume, tente de dresser une „poétique spectrale de l’Histoire“, dans laquelle le discrédit du discours documentaire et l’absence de traces concrètes de l’expérience des victimes de l’Histoire amènent les écri- 185 Comptes rendus vains à se servir d’une littérarité spectrale, caractérisée par l’allusion, la dissociation, l’imprégnation et la condensation. Là où „représentation et réalisme ont échoué dans leur prétention à dire l’horreur historique“ (50), un nouveau discours spectral brouille la fonction déictique et perturbe le marquage spatio-temporel du texte, déplaçant par métonymie le trauma historique sur les lieux et les objets matériaux qui restent, comme pour évoquer „une sorte d’inconscient du texte“ (51). Mais il y a d’autres fantômes qui rôdent aussi: le deuil personnel de Jacques Roubaud (examiné par Michael Sheringham), les êtres incertains entre la vie et la mort de Marie NDiaye (Dominique Rabaté), ou le témoignage ‚posthume‘ de Pierre Michon dans ses Vies minuscules (Laurent Demanze). L’ouvrage ne se limite pas au roman français: Lionel Ruffel avance la possibilité d’une „hantise globale“ qui touche la littérature américaine aussi bien que la culture européenne; et, au-delà de la littérature, les arts visuels, plastiques, et même numériques sont le sujet de la deuxième partie du livre (après une première partie sur les „Revenances de l’Histoire“), dans laquelle sont réunies des études sur Jean Le Gac, artiste-peintre et représentant de la Nouvelle Figuration et l’artiste numérique Grégory Chatonsky, qui crée ses œuvres interactives sur internet, ainsi qu’une étude plus générale sur la photographie et la spectralité par Danièle Méaux. Deux chapitres abordent le cinéma, mais dans les deux cas ce n’est qu’à travers sa représentation littéraire: Fabien Gris analyse les spectres cinématographiques de Didier Daeninckx et de Patrick Modiano, tandis que Christine Jérusalem se penche sur la cinéphilie dans les romans de Tanguy Viel. Les dernières parties du volume traitent de la „précarité“ des spectres, d’apparitions et de disparitions, et, finalement, de la revenance des formes artistiques. Ces thèmes, moins nettement distingués que les deux premiers, regroupent un nombre d’études diverses. On y découvre des analyses de textes et d’auteurs contemporains moins connus, comme Le Boulevard périphérique d’Henri Bauchau (2008) ou Nous nous connaissons déjà d’Anne-Marie Garat (2003), avec d’autres études d’écrivains plus célèbres comme Annie Ernaux, Emmanuel Carrère ou Camille Laurens, et des analyses plus larges qui remontent à la génération précédente de Duras, de Sartre et de Perec, ou même aux origines du fantastique dans les contes du dix-neuvième siècle et en particulier „Le Horla“ de Maupassant. Notons trois études de ces dernières parties qui méritent spécialement notre attention: la temporalité du spectre, ou plutôt la décomposition du temps qu’il entraîne, est le sujet du chapitre de Blanckeman. La représentation du passé dans le présent, des morts entre les vivants, fait de l’écrivain un „passeur“, selon Blanckeman, et de son travail „un geste de sauvegarde critique, un acte de transmission orienté“ (245). Rabaté distingue entre fantôme et spectre: ce dernier, selon lui, „n’est pas la marque du retour du mort. Il constitue, de manière différente, une sorte d’état intermédiaire, entre la vie et la mort, entre la présence et l’absence, sur un mode virtuel sans doute plus que réel, entre les temps du passé, du présent et du futur“ (247). Lu de cette perspective, Un temps de saison (1994) de Marie NDiaye devient une fable moderne de la facilité à disparaître. Finalement, le chapitre de Jutta Fortin, le dernier du livre, exa- 186 Comptes rendus mine l’intertextualité dans l’œuvre de Laurens et y découvre des traces des contes de Hans Christian Andersen et des mythes d’Aristophane qui servent à relier le trauma individuel de Laurens au trauma historique du vingtième siècle. Le volume entier nous offre une vue d’ensemble de la spectralité dans l’art et la fiction contemporains avec une analyse remarquablement cohérente à travers les vingt-deux contributions. L’enchevêtrement de l’historique et du personnel, l’abolition de la hiérarchie temporelle entre passé et présent et la manière oblique d’aborder le trauma refoulé, ces mêmes traits réapparaissent sans cesse dans les divers textes étudiés. Le manque d’index est dommage puisqu’il aurait été peutêtre utile de pouvoir retracer les nombreuses apparitions d’un Perec ou d’un Modiano à travers les chapitres. Mais à part cela, le livre est une ressource impeccable pour le chercheur ou l’étudiant de la littérature contemporaine qui s’intéresse aux études post-derridéennes sur le spectre dans le texte. Simon Kemp (Oxford) —————————————————— BEATRICE SCHUCHARDT: SCHREIBEN AUF DER GRENZE. POSTKOLONIALE GESCHICHTSBILDER BEI ASSIA DJEBAR, KÖLN/ WEIMAR/ WIEN, BÖHLAU, 2006, 389 S. Seit einem Jahrzehnt lässt sich ein erhöhtes wissenschaftliches Interesse der deutschsprachigen Romanistik an den maghrebinischen Literaturen beobachten, wobei Assia Djebar - neben T. Ben Jelloun und A. Khatibi - zu den meist besprochenen Autoren zählt. Allein drei Dissertationen sind seit 2002 in Deutschland erschienen: Postmoderne/ postkoloniale Formen der Autobiographie in der französischen und maghrebinischen Literatur (2002) von Claudia Gronemann, Ich-Entwürfe im hybriden Raum: Das Algerische Quartett von Assia Djebar (2008) von Elke Richter und die hier zu besprechende Arbeit von Beatrice Schuchardt, die, anders als die zuvor genannten, nicht die autobiographische Dimension, sondern das komplexe Spannungsfeld von Geschichte und Literatur fokussiert. Mit Femmes d’Alger dans leur appartement (1980), L’amour, la fantasia (1985) und La disparition de la langue française (2003) wurden drei Werke Djebars gewählt, die einerseits eine breite Schaffensperiode (1980-2003) der Autorin spiegeln, andererseits die Geschichte Algeriens zwischen 1830 und den 1990er Jahren, von den Anfängen der Kolonialisierung bis zur décennie noire thematisieren. Der Schwerpunkt der Analysen liegt auf der literarischen Darstellung von Kolonialzeit und Befreiungskrieg. Deshalb erstaunt es, dass der thematisch einschlägige Roman La femme sans sépulture (2002) ausgeblendet bleibt, zumal er deutliche Berührungspunkte mit den Femmes d’Alger und L’amour, la fantasia aufweist; mit ihm wäre auch ein zweites ‚Spätwerk‘ ins Spiel gekommen, das - wie Schuchardt an anderer Stelle richtig anmerkt - sich deutlich von jenen der 1980er Jahre unterscheidet.