lendemains
ldm
0170-3803
2941-0843
Narr Verlag Tübingen
Es handelt sich um einen Open-Access-Artikel, der unter den Bedingungen der Lizenz CC by 4.0 veröffentlicht wurde.http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/31
2014
39153
L’histoire d'une fascination – bilan et perspectives de la franco-romanistique
31
2014
Andreas Gelz
ldm391530067
67 DDossier Andreas Gelz L’histoire d’une fascination - bilan et perspectives de la franco-romanistique L’histoire de la romanistique allemande, et plus particulièrement celle de la francoromanistique allemande, pourrait se concevoir comme le déploiement historique d’un enthousiasme pour la culture française et d’une fascination exercée par celleci, longtemps considérée comme exceptionnelle quant à son rayonnement européen et sa visée universelle - et ceci depuis le temps des débuts de la romanistique à l’époque du romantisme allemand jusqu’aux années 80 du XX e siècle sinon jusqu’au XXI e siècle. Je cite Karlheinz Stierle qui lors de son discours d’inauguration du congrès des romanistes allemands en 2005 établit un rapport fondationnel entre romantisme et romanistique sur la base de cette même notion de fascination qui, selon Stierle, n’a pas fini de produire ses effets: „Friedrich und August Wilhelm Schlegel, die großen Romantiker, die den Begriff des Romantischen als einen neuen Faszinationsbegriff in die literarische Debatte warfen, waren zugleich die ersten großen Romanisten mit einem modernen Sinn für Einheit und Vielfalt der romanischen Welt“. 1 Et il continue: „Es sind die Romantiker, die zuerst in Deutschland von der Liebe zur romanischen Welt und ihren Sprachen und Literaturen ergriffen wurden. Liebe und Erkenntnis, das wird sich fortan als Erbe der Romantik in der Romanistik und ihrer Zuwendung zur romanischen Welt unauflöslich verbinden [ ]. Aber lassen Sie mich dies bekennen: ich habe noch keinen Romanisten getroffen, der nicht die Romania weit über seine im engeren Sinne wissenschaftlichen Interessen hinaus geliebt hätte“. 2 L’objet de cette contribution n’est pas de retracer de façon détaillée cette histoire d’une philologie derrière laquelle transparaît une histoire des relations franco-allemandes sans que, pourtant, les deux se confondent vu l’intérêt plus général de la romanistique pour cette „unité et pluralité du monde des langues et cultures romanes“ dont parle Karl Heinz Stierle. Mais il n’est pas vain de rappeler ici, tout du moins en ce qui concerne la période d’après-guerre et la franco-romanistique en particulier, les raisons de cet amour pour la France, voire de cette passion à en croire le titre de deux volumes autobiographiques parus en 2007 et 2011, Romanistik als Passion, dans lesquels une grande partie des romanistes allemands dont la jeunesse s’est déroulée dans l’immédiat après-guerre et qui ont marqué notre discipline jusqu’au début des années 2000 parlent de leur attitude envers leur profession et son objet d’étude. En lisant ces esquisses autobiographiques on est confronté à un mélange d’affects ou d’émotions qui permettrait d’écrire (dans le sens du récent emotive ou emotional turn appliqué à l’histoire des sciences) une histoire ‚passionnelle‘ de la franco-romanistique allemande, dont je voudrais - comme je viens de l’annoncer - 68 DDossier mentionner au hasard quelques étapes récentes. Elles représentent en même temps le pendant - l’horizon de réception ‚allemand‘ - d’une exception culturelle française (au sens large de l’expression) durant la seconde moitié du XX e siècle, horizon marqué, entre autres, par ces mots-clés tirés des esquisses autobiographiques rassemblées dans Romanistik als Passion: 3 honte de l’Allemagne nazie, admiration pour le libérateur français, désir de réconciliation politique des ‚ennemis héréditaires‘ promue souvent par la vision d’une ‚autre‘ Europe que représenterait la France, besoin d’évasion et de liberté dans les années 50 et, qui plus est, dans le contexte de mai 68, liberté intellectuelle représentée par les textes, parmi d’autres, de Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé, Bataille, ceux des surréalistes, de Sartre et Camus, l’efficacité affective de certains mythes (‚le génie de la langue française‘, l’‚esprit français‘, Napoléon, la Résistance, la Ville de Paris, la littérature engagée, l’existentialisme, et ainsi de suite). Ces sentiments et ces attitudes ont pour longtemps établi une espèce d’asymétrie culturelle franco-allemande qui, à son tour, dynamisait non seulement la recherche mais assignait à la francoromanistique allemande en même temps une mission: celle d’une médiation culturelle entre les deux pays. Mais le contexte politique et culturel évolue - la décolonisation, la fin de la guerre froide, la mondialisation et la migration constituent quelques-unes des étapes et forces motrices de cette transformation -, de nouvelles fascinations sont nées au sein de la romanistique allemande, l’intérêt pour l’Espagne et l’Amérique latine, pour des raisons diverses, ne cesse de croître, depuis le coup d’état contre Salvador Allende en 1973 jusqu’à la flambée de l’espagnol comme une des langues de la mondialisation. Dans ce contexte la mort de plusieurs ‚maîtres penseurs‘ français dans les années 80 est ressentie par beaucoup comme la fin symbolique de l’influence de la french theory dont un des derniers succès aurait été sa contribution à la conception d’une pensée postmoderne qui, elle, paradoxalement contrecarrait toute idée d’exception et de suprématie artistique, philosophique ainsi qu’intellectuelle. Le bicentenaire de la Révolution Française devient l'occasion d’une démythification de la Grande Révolution en tant que modèle historique à vocation universelle. Au tournant des années 90, la réunification allemande se heurte à l’incompréhension d’une partie de la classe politique française et déclenche un processus politique qui fait que l’Allemagne s’orientera graduellement vers d’autres horizons - voilà quelques éléments d’un développement qui, en 2010, fait dresser à Fritz Nies un bilan plutôt mitigé du projet franco-allemand, „(dessen) emotionale(s) Hoch“, pour reprendre le fil rouge de notre histoire des émotions, dont „le beau temps émotionnel“, serait terminé. 4 Et Nies de conclure: „Der ‚besondere‘ Rang von Französisch in der alten BRD [...] ist Geschichte. Aus seiner Erfolgsstory blieb nur ein staubiger Rest von Ancien Régime, Bourgeoisie, Sprachkonservatismus“. 5 Ce bilan plutôt désillusionné paraît en contradiction avec la fondation de plusieurs entreprises et institutions franco-allemandes à partir des années 90 - qui, pourrait-on tout au plus soupçonner, n’avaient constitué, peutêtre, qu’une tentative pour remédier à la situation décrite par Fritz Nies? 6 69 DDossier Indépendamment de ces initiatives domine de nos jours, et je cite pour preuve les nombreux bulletins des associations romanistes et franco-romanistes des années 2000, un nouveau sentiment, ambivalent cette fois-ci, celui du souci de nos collègues par rapport au développement de leur discipline et par rapport à l’avenir des relations franco-allemandes. De l’appel „Faire signe“, titre du premier congrès des franco-romanistes allemands en 1998 qui postule l’importance d’une franco-romanistique au sein des autres disciplines romanistes et en dehors du monde académique, on en arrive, pour conjurer une perte d’importance sociale de nos disciplines que d’aucuns jugent irréversible, au congrès biannuel des romanistes allemands de 2009 à Bonn placé sous le signe d’une espèce de sacralisation de la fascination en tant que fondement affectif de la romanistique qu’on ne décrit plus dans des termes qui désigneraient une activité professionnelle mais comme une vocation, le titre du congrès étant „Romanistik als Berufung “ [„La romanistique comme vocation“] - „für eine Romanistik als europäische Kulturwissenschaft “. Mais comme il serait trop simplificateur de raconter l’histoire de la romanistique ou plus concrètement de la franco-romanistique comme la seule histoire d’une fascination ou d’un enthousiasme pour une culture considérée comme exception, je ne veux pas non plus finir, inversement, par la raconter comme l’histoire d’une désillusion face à la continuité d’incompréhensions ou de mésententes qui caractériseraient le dialogue franco-allemand, ce jardin des malentendus pour le dire avec un titre qui avait fait date en 1989/ 1992. 7 Sur fond de mécompréhension on pourrait la raconter troisièmement comme une histoire d’appels réitérés de chercheurs aux acteurs politiques ainsi qu’aux représentants de la société civile les exhortant d’intensifier les relations franco-allemandes: comme ceux, pour ne citer que les plus récents, de l’association des franco-romanistes allemands en 2001 contre la fermeture de plusieurs Instituts français en Allemagne, notamment celui de Heidelberg, en passant par celui de Wolfgang Asholt, Henning Krauß et de Michael Nerlich paru en 2009 sous le titre „De la normalisation à l’indifférence? Appel pour les relations franco-allemandes“ - „Von der Normalisierung zur Entfremdung? Aufruf zum Deutsch-Französischen Verhältnis“, 8 jusqu’à celui de ces mêmes collègues ainsi que de Dietmar Rieger, Evelyne Sinnassamy et de Joachim Umlauf publié sous le titre „Pour un renouveau dans les rapports francoallemands“ dans Le Monde du 28.06.2012 qui lancent, à partir du constat qui montre „à quel point Allemands et Français se sont éloignés les uns des autres et s’ignorent mutuellement“, „un appel pour un renouveau des rapports franco-allemands en rappelant que le rapprochement à la France après 1945 a été constitutif pour la reconstruction de l’identité (culturelle) allemande“ et en évoquant même l’existence d’une „identité culturelle franco-allemande“. Ce que je voudrais proposer par contre dans ce qui suit, en tant que mode de lecture d’une histoire de la franco-romanistique comprise comme un élément important d’une histoire des relations franco-allemandes, prend son départ dans la relation entre l’idée d’une exception culturelle française d’un côté et l’horizon de 70 DDossier réception affectif de la franco-romanistique, multiforme, nous l’avons vu, de l’autre. Ce qui m’intéresse dans cette relation, ce n’est pas tant le point d’intersection de deux cultures - les partenaires, les médias, les processus de communication, l’idéal communicatif ou l’utopie politique qui détermine les sujets et les objets de ce dialogue franco-allemand et permettrait finalement de juger de son succès ou son échec. Ce qui m’intéresse surtout à cette imbrication entre le rayonnement d’une culture ou son aura d’un côté et la fascination ou l’admiration de l’autre, c’est la tension ou les ambivalences qu’elle nous fait découvrir entre l’auto-perception propre à chaque culture et sa perception de l’autre, condition préalable à toute forme de rencontre. S’il s’agit de réfléchir sur les moyens de faire ‚progresser‘ la franco-romanistique allemande, il serait bon de tenir compte de l’évolution de cet enchevêtrement, de cette interférence et de sa dynamique propre dont j’ai décrit quelques étapes à propos de l’histoire de la franco-romanistique allemande de la deuxième moitié du XX e et du début du XXI e siècle. Ce type de questionnement sur le développement (futur) de la franco-romanistique est d’autant plus intéressant et paradoxal qu’il apparaît au premier abord illusoire, étant donné que la dynamique franco-allemande, dont la franco-romanistique formerait un élément important, serait - indépendamment de la multiplicité d’initiatives et d’activités déployées depuis les années 1990 - selon une certaine opinion commune arrivée à sa fin. Que signifie donc aujourd’hui, si le diagnostic est bon, la crise de l’exception culturelle française pour le développement d’une franco-romanistique qui s’en était fait l’écho et avait trouvé dans son amplification les raisons de sa gloire, et qui serait, elle aussi, entrée en crise? Or, il me semble que c’est du constat même, si répandu de nos jours - de Peter Sloterdijk à Pierre Nora 9 -, d’une normalisation, d’une banalisation, voire d’une indifférence grandissante dans les rapports entre la France et l’Allemagne que pourrait résulter une nouvelle perspective pour notre perception de la culture française. 1. Je crois que les explications que l’on nous offre en général pour rendre plausible l’hypothèse de la disparition progressive d’une fascination pour un modèle culturel qui aurait perdu son attrait 10 - encore que Michael Werner veuille croire à sa résurgence spontanée, à „die eine oder andere singuläre Faszination als Überraschung“ 11 -, ne sont ni suffisantes ni nécessaires. N’est-ce pas, soit dit en passant, un tant soit peu contradictoire que ce soient parfois ceux qui réclament le rapprochement culturel entre nos deux pays qui soient les premiers à se plaindre de leur homogénéité ou de leur uniformité supposée? S’il est vrai que les deux sociétés se voient confrontées aux mêmes pressions et aux mêmes défis sociopolitiques, économiques et culturels, notamment aux effets homogénéisateurs de la mondialisation, cette dynamique normalisatrice ne fait pas pour autant disparaître la différence des réponses apportées par les deux sociétés. Ne plus privilégier avant tout les dissimilitudes des deux cultures, longtemps considérées comme constitutives, mais mettre plutôt en perspective les similitudes des contextes dans lesquels elles évoluent - entre autres la mondialisation et ses 71 DDossier effets -, pourrait s’avérer, paradoxalement, être un facteur de différenciation innovateur et productif. Les différences entre les deux cultures changent de place et nous obligent par conséquent à changer de perspective; la franco-romanistique allemande n’est pas exempte de cette nécessité. La fascination d’une complémentarité 12 (bien souvent imaginée ou imaginaire) se convertirait en fascination pour une supplémentarité au sens derridien du mot qui, au-delà de toute pensée identitaire - réconciliation, rapprochement, intégration, le ‚couple‘ franco-allemand, ‚le‘ franco-allemand, etc. comme autant de figures de projection utopiques des relations franco-allemandes -, s’ouvrirait au mouvement différentiel d’un parcours franco-allemand en-deçà de toute finalité ou d’essentialisme, mais au-delà de toute forme d’indifférence. Si d’aucuns parlent d’une crise dans les rapports franco-allemands, ce ne serait, selon cette conception, une crise que dans le sens étymologique de krínein („distinguer“, „séparer“), de l’expérience d’une différence qui pourrait établir une forme de solidarité entre deux cultures évoluant de manière différentielle et interférentielle dans le même cadre socio-historique, politique, économique et culturel. Ce n’est donc plus parce que la France serait par trop différente, ou parce qu’elle le serait trop peu, qu’il faudrait se tourner vers ou se détourner de l’analyse de sa culture, langue ou littérature; c’est parce qu’elle serait, dans un mouvement oscillatoire, semblable et dissemblable à la fois et représenterait un fascinant alter ego, marqué, comme la société allemande, par des clivages qui rapprochent nos sociétés non plus avant tout sous le signe d’une dialectique interculturelle, voire d’une identité franco-allemande, mais sous le signe d’une incertitude identitaire dans les deux pays par rapport à leur propre culture, position intenable et inquiétante qui, loin d’endormir l’intérêt pour l’autre, l’éveillerait et constituerait de manière paradoxale une autre (nouvelle) source de fascination que celle née de la perception d’une asymétrie culturelle. Si, pour donner un exemple, l’intérêt de l’étranger pour la littérature contemporaine française, voire de l’extrême contemporain, persiste, comme le constate Dominique Viart, 13 cela me semble correspondre plutôt à la réalité d’une interrogation commune quant aux enjeux identitaires des ou dans les sociétés actuelles qu’à une quelconque dimension exemplaire ou paradigmatique de la littérature française par rapport à d’autres littératures nationales. 2. Être attentif à l’éclatement d’une norme culturelle et à ses retombées fragmentaires est d’autant plus de mise que c’est nous-même, la crise de notre propre culture littéraire, philosophique et intellectuelle que nous contemplons dans ce ‚miroir brisé‘ 14 d’une suprématie culturelle française apparemment déchue, et ceci jusque dans la biographie même des chercheurs de ma génération, dont la formation a été pour sa majeure partie marquée par l’influence du structuralisme et du poststructuralisme français. La fin supposée d’une fascination, dont la fonction compensatoire nous a été montrée par les multiples prises de positions d’éminents collègues des générations précédentes, ne mène pas nécessairement à un repli sur soi, mais nous fait voir, plus que l’on avait l’habitude de le constater jusqu’à 72 DDossier maintenant, que la soi-disant ‚crise de l’exception culturelle française‘ - sujet de tant de polémique en France après que Donald Morrison ait publié en 2007 son article „La mort de la culture française“ dans le Time Magazine, pour récidiver en 2010 avec son livre, Que reste-t-il de la culture française? (suivi d’un texte d’Antoine Compagnon „Le Souci de la grandeur“) - nous parle en vérité d’une crise générale de la théorie, de la littérature, des sciences humaines, des intellectuels, qui est aussi la nôtre, d’un bouleversement culturel, médiatique, technologique et épistémologique profond dont les conséquences vont, encore une fois, au-delà du simple cas français ou franco-allemand. Se concentrer sur la seule perspective franco-allemande et la complainte du détachement progressif de cette relation nous empêche peut-être de voir qu’elle est, aussi, le produit d’une crise culturelle plus large dont la réflexion permettrait de jeter un nouveau et revigorant regard sur la relation que nous entretenons avec nos voisins. 3. Au lieu, donc, de poursuivre - pour citer quelques approches théoriques du franco-allemand - l’analyse comparative du développement plus ou moins semblable de deux sociétés prétendument similaires d’un point de vue socioéconomique ou celle d’une altérité apparemment fondamentale entre les deux nations, notamment du point de vue culturel, 15 et d’appeler, après avoir analysé les transferts entre les deux cultures, à un rapprochement qui tarde à se réaliser, mieux vaut, à mon sens, ouvrir l’horizon de recherche aux relations multipolaires des deux sociétés française et allemande au-delà d’une stricte logique francoallemande, à un jeu différentiel complexe, constitué par de multiples vecteurs européens, transnationaux, mondiaux à des échelles diverses. Il s’agirait de prendre en compte des constellations qui impliqueraient les deux cultures ainsi que le franco-allemand et au sein desquels les relations franco-allemandes ne seront, souvent, visibles ou opératoires que de manière indirecte et occuperaient des fonctions - entre autres de relais - qu’ils s’agirait de déterminer. Ceci ne change en rien l’objet d’une franco-romanistique à venir, la langue, les littératures et cultures de langue française ainsi que les relations franco-allemandes, mais le point de vue de son analyse qui tiendrait compte des champs de forces multiples et à des niveaux différents qui déterminent la forme et le devenir des objets d’analyse de notre discipline. Les deux propositions avancées jusqu’ici ne constituent pas pour autant un plaidoyer pour l’oubli de l’histoire conflictuelle des relations franco-allemandes et le devoir, moral et politique, d’un rapprochement et d’une coopération entre les deux nations qui s’en est suivi, notamment après la Deuxième Guerre mondiale; mais elles me semblent pourtant une manière d’actualiser l’impulsion traditionnelle de la (franco-)romanistique allemande convaincue du rôle nécessaire d’un bon fonctionnement des rapports franco-allemands non pas comme un objectif en soi mais pour la construction de l’Europe, et, inversement, une manière appropriée de contrer ceux dont la plainte sur l’indifférence supposée entre la France et l’Allemagne de nos jours n’est souvent qu’un symptôme de leur euroscepticisme. Si l’on accepte l’image d’un ‚moteur franco-allemand‘ qu’il s’agirait d’entretenir et de 73 DDossier rendre plus performant, il me semble naturel de s’interroger sur la ‚transmission‘ qui le relie aux éléments qu’il est censé mettre en mouvement. Cette perspective sur l’implication de la France, de l’Allemagne et du franco-allemand dans des configurations historiques, culturelles et socio-politiques ou -économiques forcément multilatérales ferait ‚décentrer‘ leur rapport mutuel, impliquerait, peut-être, que les deux nations cessent d’être un modèle l’une pour l’autre, mais les convertirait, de manière réciproque, en un point de comparaison incontournable. Plus que le simple postulat de valeurs communes cette perspective permettrait leur réflexion devant un horizon culturel plus vaste, une mise en relief par exemple de la question du fondement historique et moral et de la fonction ou du rôle du lien franco-allemand dans des contextes qui dépassent ce cadre bilatéral. C’est un mode de réflexion qui doit venir s’ajouter à la considération privilégiée d’un passé franco-allemand marqué par des heurts violents comme point de départ et horizon d’une recherche franco-romaniste. Il ne s’agit là pas d’une proposition qui ferait valoir une perspective synchronique contre un regard diachronique: La franco-romanistique en tant que partie constitutive de la romanistique ferait bien de se souvenir de sa dimension comparatiste 16 qui considère la littérature française - et de nos jours francophone - dans ses relations avec d’autres littératures romanes (voire celles d’autres langues) pour échapper à tout nombrilisme franco-français ou franco-allemand - même si une telle perspective ne correspond pas aux perspectives de travail et aux habitudes de nos collègues français et de leur regard ‚national‘ sur la littérature et culture française. 4. Si l’on demande aux franco-romanistes allemands, notamment un an après le 50 e anniversaire des traités de l’Elysée, de contribuer au rapprochement francoallemand dans le but d’une construction identitaire et pour donner un second souffle à l’esprit des Traités, l’intervention de la franco-romanistique allemande se devrait donc d’être paradoxale dans le sens d’une réflexion de l’autre faisant partie intégrante d’une autoréflexion sous le signe du non-identique. Cette réflexion ou autoréflexion devrait s’étendre non seulement à la nature et l’histoire des relations franco-allemandes mais à travers elles aux concepts-clés de notre discipline. Ainsi, et même s’il est incontestable qu’il faudra tout faire pour développer en Allemagne l’intérêt pour la langue française et la culture francophone, et sans nier l’importance d’un pareil développement pour celui, institutionnel, de la francoromanistique universitaire, il faudrait se demander néanmoins s’il ne faut pas arrêter de faire ‚dépendre‘ l’avenir de la franco-romanistique en tant que discipline scientifique de l’évolution des relations franco-allemandes dont l’amélioration serait sa raison d’être. Est-ce bien du devoir de la franco-romanistique, après la fin du ‚grand récit‘ de la ‚réconciliation‘, 17 de „[r]edonner du sens au franco-allemand“, comme le semble suggérer le titre d’une série de conférences tenus à l’université de Nancy en 2003? Peut-on, à cette fin, mettre de côté les habitudes d’interprétation critiques du sens, des discours, du pouvoir, acquises, elles aussi, au cours d’un dialogue théorique et philosophique franco-allemand mené à partir, au 74 DDossier plus tard, des années 60? Ou, inversement, n’est-ce pas une erreur d’appréciation que de penser que le manque d’influence de la franco-romanistique sur le développement des relations franco-allemandes trouverait sa raison dans la détérioration de cette relation bilatérale qu’il faudrait imputer à la politique? Ne s’agit-il pas plutôt, parmi bien d’autres facteurs, de l’effet d’une perte d’influence des sciences humaines sur la société en général? Même si l’on souhaite, avec raison, une visibilité plus grande, une présence publique accrue de romanistes allemands, il serait difficilement imaginable de revenir à la conception de maîtres penseurs, révolue au plus tard dans le courant des années 80, ou de l’intellectuel public, à la fois porte-parole de l’universalité de la culture (et d’une culture en particulier) et précepteur de la nation. Et le voudrait-on, ce retour? Car le rayonnement de la culture française, voire l’exception culturelle française avait été aussi le fruit de la centralisation, d’une culture de l’Etat et de visées universalistes qui se sont manifestées au XVII e et XVIII e siècles - il serait de toute manière problématique, pour réinstaurer la base d’une certaine fascination pour la France, de recourir à des modèles qui nous semblent, de nos jours, obsolètes. 5. Si l’on parle de la „Vermittlung“ comme de l’un des devoirs principaux de la romanistique allemande dans un contexte européen, 18 d’un travail de traduction au sens concret et figuré du terme, ce travail ne devrait plus obéir, à mon sens, à l’idée d’une complémentarité dans le sens de l’élaboration d’une identité francoallemande, voire européenne, mais, tout au contraire, rendre visible ce qui dans le travail de la traduction apparaît comme la sensation d’une simultanéité entre le familier et l’étrangeté, projetant - et je reprends ce qui avait été dit plus haut quant à la relation franco-allemande - les clivages de la société française, que nous avons décrite comme notre alter ego fragmenté et fragmentaire, au sein de notre culture, confondant délibérément l’autoperception ou l’autoréflexion et celle de l’autre. Le cadre disciplinaire et théorique de cet effort de traduction, au sens large du terme, a été la dimension comparatiste de la romanistique, à ses débuts l’expression de l’idée romantique d’unité culturelle et spirituelle, d’unité dans la pluralité, et qui, le plus souvent, allait de pair - mais pas nécessairement - avec l’idée d’une suprématie de la langue et de la culture française. Dans le sens de ce que je viens de dire, la (franco-)romanistique devrait ouvrir ses analyses à des constellations culturelles qui impliquent la littérature et les cultures française et allemande plutôt qu’elles en sont marquées, sans perdre pour autant ses contours par sa concentration sur le contemporain 19 ou son intégration soit dans une théorie littéraire générale, soit dans des constructions de type ‚littérature européenne‘, world literature, ‚littérature-monde‘ („Fin de la francophonie. Et naissance d’une littérature-monde en français“), 20 ou planetarity, 21 concepts autrement fascinants qui tendent, de manière volontariste voire utopique, à négliger les constellations aux niveaux socio-culturels intermédiaires importants pour la pratique culturelle et l’auto-perception de nos sociétés. Il s’agirait ni de se limiter au cadre d’une relation privilégiée que constituerait le couple franco-allemand, ni, à l’autre bout de 75 DDossier l’échelle, d’étendre la recherche jusqu’à une sphère totalisante d’une équivalence tous azimuts d’éléments culturels „en relation“ (Édouard Glissant). Je ne voudrais ici pas entrer dans le débat sur les notions de multi-, d’interet de transculturalité, termes dont la succession représente pour certains une manière de progrès épistémologique sinon politique; mais il faudrait tout de même se demander si au lieu de remplacer une perspective, disons, interculturelle sur les littératures et les cultures aussi bien historiques que contemporaines, par une vision transculturelle, il ne serait pas indispensable de se demander s’il ne s’agit pas de deux concepts heuristiques, qui, parce qu’ils correspondent à des niveaux d’analyse différents, sont marqués plutôt par des intersections que par des incompatibilités épistémologiques, points d’intersections et phénomènes de transition qu’il s’agirait d’analyser. Si, dans ce contexte, les concepts de ‚transfert‘, d’‚histoire croisée‘ et bien d’autres encore, qui essayent de répondre à la complexité d’interdépendances toujours plus nombreuses et entremêlées, suffiront pour tenir compte de la dynamique de l’hétérogène auquel nous nous voyons confrontés, est, cependant, une question ouverte. 6. C’est dans ce sens que la franco-romanistique allemande dont les représentants voient souvent l’évolution au sein de l’université et des disciplines romanistes menacée par la ‚progression‘ de l’espagnol, c’est-à-dire de l’hispanistique, se trouverait, tout au contraire, en syntonie avec des réflexions qui se poursuivent actuellement au sein de l’autre ‚grande‘ discipline romaniste. 22 Le débat autour de la transformation de l’hispanistique sous l’influence de la constellation postcoloniale et des processus de mondialisation amène certains à proposer de parler désormais d’‚hispanismes‘ au pluriel, d’une discipline multiforme et transnationale qui se préoccuperait de langues, de littératures et de cultures que l’on ne serait plus à même de reconduire à une même origine culturelle. Pour nous situer au niveau disciplinaire: S’il y a une leçon que la franco-romanistique allemande puisse apprendre du développement de la romanistique allemande en général (et de quelques-unes de ses sous-disciplines) dont elle ne constitue plus le centre ni elle ni son objet d’étude, la France, 23 mais dans un revers significatif - et j’exagère sciemment - une espèce de périphérie, elle serait liée au débat sur le postcolonialisme dans la romanistique, conceptualisation qui ne touche pas seulement l’objet d’étude (et qui mènerait à une réconceptualisation de l’analyse du rôle de la France dans le monde), mais à la franco-romanistique en tant que discipline. Elle se trouverait, pour ainsi dire, elle aussi en situation ‚transnationale‘ au sein de la romanistique allemande et la variété de ses disciplines - au-delà de toute nostalgie d’une suprématie et unité perdue qui aurait découlé du rayonnement politique et culturel de la France ou du franco-allemand. Réfléchir sur des formes de contact culturel complexes, transitoires, et hybrides, marquées par un idéal communicatif paradoxal qui, dans les mots d’Édouard Glissant, conçoit même un „droit à l’opacité“ 24 de deux cultures en relation - est une tâche digne d’une francoromanistique consciente de son passé et ouverte sur les questions auxquelles nous ne pouvons échapper aujourd’hui. 76 DDossier 1 Karl-Heinz Stierle, „Rede zur Eröffnung des XXIX. Deutschen Romanistentags ‚Europa und die Romanische Welt’“, Saarbrücken, 25.09.2005, in: Außerordentlicher Mitteilungsbrief des Deutschen Romanistenverbands e.V., März 2006, 12. 2 Ibid., 13. 3 Klaus-Dieter Ertler (ed.), Romanistik als Passion. Sternstunden der neueren Fachgeschichte, Wien, Lit, 2007. 4 Fritz Nies, „Unterwegs zu welcher Wissenschaft? Gedankensplitter eines Altenteilers“, in: Hans-Jürgen Lüsebrink / Jérôme Vaillant (ed.), Civilisation allemande / Landeskunde Frankreichs. Bilanz und Perspektiven in Lehre und Forschung, Lille, Septentrion, 2013, 17. 5 Ibid., 18. 6 Je mentionne seulement la fondation du Deutsch-Französischer Kulturrat, du Haut Conseil culturel franco-allemand en 1988; d’Arte en 1991; du Centre Marc Bloch à Berlin en 1992; de filières bilingues dans les écoles et lycées; de l’AbiBac en 1994; du Frankoromanistenverband, de l’association des franco-romanistes allemands, en 1995; de la création de plusieurs Frankreichzentren dans des universités allemandes, à Freiburg en 1989, à Leipzig en 1993, à Saarbrücken en 1996, à Berlin en 1998; de programmes d’études binationaux et de cotutelles de thèses par la Deutsch-Französische Hochschule / l’Université Franco-Allemande, elle-même fondée en 1997; du CIERA (Centre interdisciplinaire d’études et de recherches sur l’Allemagne) à Paris en 2001. 7 Jacques Leenhardt / Robert Picht (ed.), Au jardin des malentendus: le commerce francoallemand des idées, Arles, Actes Sud, 1992. 8 Wolfgang Asholt / Henning Krauß / Michael Nerlich, „Von der Normalisierung zur Entfremdung? Aufruf zum Deutsch-Französischen Verhältnis“, 25.01.2009 (http: / / archiv.romanistik. de/ aktuelles/ newsartikel/ article/ von-der-normalisierung-zur-entfremdung-aufruf-zum-deutschfranzoesischen-verhaeltnis, 30.07.2014). 9 Cf. Peter Sloterdijk, Theorie der Nachkriegszeiten. Bemerkungen zu den deutsch-französischen Beziehungen nach 1945, Frankfurt/ M., Suhrkamp, 2008; Pierre Nora, „Wir haben uns auseinandergelebt. Ein Gespräch über das deutsch-französische Verhältnis“, in: Frankfurter Allgemeine Zeitung, 41, 17.02.2012. 10 Cf. la conclusion de la contribution de Ruth Florack, „Die Mühen der Ebenen. Anmerkungen einer ‚frankozentrischen‘ Germanistin“, à ce dossier: „Fazit: Im Kontext einer zunehmenden, die Grenzen Europas längst überschreitenden Internationalisierung, die Studierende und Wissenschaftler dank globaler Austauschprogramme kulturelle Heterogenität weltweit konkret erfahren lässt, scheint der Austausch zwischen Frankreich und Deutschland auf universitärer Ebene heute an Faszination verloren zu haben, selbstverständlich und damit alltäglich geworden zu sein“. 11 Michael Werner, „Deutsch-französische Kulturbeziehungen“, in: Ingo Kolboom / Thomas Kotschi / Edward Reichel (ed.), Handbuch Französisch. Sprache, Literatur, Kultur, Gesellschaft, Berlin, Schmidt, 2008, 713. 12 „Die Grundstruktur deutsch-französischer Perzeption hat sich in der zweiten Hälfte des 20. Jh. in Übereinstimmung mit der politischen Konstellation zwischen beiden Nationen vom antagonistischen Zuschnitt zum Prinzip der Komplementarität hin umgeformt“ (Hans Manfred Bock, „Wechselseitige Wahrnehmung zwischen Deutschland und Frankreich: Forschungsansätze“, in: Ingo Kolboom / Thomas Kotschi / Edward Reichel [ed.], Handbuch Französisch, op. cit., 723). 13 „Un autre fait remarquable est l’importance prise par la littérature ‚très‘ contemporaine dans nombre de pays. Si ce phénomène s’observe également en France, il paraît encore plus accentué à l’étranger et sans doute faut-il y voir encore un signe positif, car cela 77 DDossier montre que l’attention demeure forte envers ce que la littérature française continue de produire et donc que l’image de la France comme ‘nation littéraire‘ n’est pas aussi dégradée que le prétend une certaine doxa“ (Dominique Viart, „Introduction. La littérature française dans le monde“, in: id. [ed.], La littérature française du 20e siècle lue de l’étranger, Paris, Septentrion / Institut Français, 2011, 22). 14 „Was sich grundlegend geändert hat, ist die Tatsache, daß die Auseinandersetzung mit dem ‚Erbfeind‘, die die Kulturbeziehungen in vielem belebt hatte, wie die Phase der Aussöhnung, die diese Stimulierungen in mancher Hinsicht fortsetzte, heute zu einem Abschluss gekommen sind. Die Zeit des polarisierenden Spiegels ist vorbei. Damit verlieren die deutsch-französischen Kulturbeziehungen an Exklusivität und nationaler Profilierung“ (Michael Werner, „Deutsch-französische Kulturbeziehungen“, art. cit., 713). 15 Cf. Roland Höhne / Ingo Kolboom, „‚Die gestiegene Nachfrage nach Fernkompetenz’: Entwicklung und Methoden der romanistischen Landes- und Kulturwissenschaften am Beispiel der Französistik“, in: Ingo Kolboom / Thomas Kotschi / Edward Reichel (ed.), Handbuch Französisch, op. cit., 394sq. 16 Anne Isabelle François, dans sa contribution à ce numéro, „Littérature comparée, Weltliteratur, globalisation en France et en Allemagne. Enjeux et perspectives“, évoque même une origine franco-allemande de la comparatistique comme discipline: „Ce qui fait que le ‚retour à Goethe‘ s’affirme aussi décidément comme un retour aux sources, de fait, également franco-allemandes de la discipline“. 17 Cf. Corine Defrance, „Die Meistererzählung von der deutsch-französischen ‚Versöhnung‘“, in: Aus Politik und Zeitgeschichte, 1-3, 2013, 31.12.2012, 16-22. 18 Stierle (2006), art. cit., 13: „Es ist das Selbstverständnis der Romanistik, eine Wissenschaft zu sein, die sich strenge aber auch sachentsprechende Maßstäbe gibt. Und doch kann sie sich nicht an ein abstraktes Ideal von Wissenschaftlichkeit hängen. Ihre konkrete praktische Aufgabe ist, war und bleibt die Vermittlung von Sprache, Literatur und Kultur der romanischen Welt in Deutschland und den deutschsprachigen Ländern, die der romanischen Welt affin und doch durch ihre Sprache von ihr getrennt sind. Kompetenz, Verläßlichkeit der Kenntnis und des Urteils sind in dieser Hinsicht vielleicht wichtiger als ein aus den Lebenszusammenhängen herausgehobenes Wissenschaftsideal. Es ist die Aufgabe der Romanistik als Kulturwissenschaft, die Zugänge zur romanischen Welt und dem Reichtum ihrer Sprachen, Literaturen und Kulturen offenzuhalten. Sie ist eine Institution der Vermittlung und es ist ihre Aufgabe, Vermittler der romanischen Welt auszubilden, damit das Bewußtsein, in einem gemeinsamen Europa zu leben, nicht verkümmert“. 19 „Damit geht jedoch eine Relativierung der historischen Dimension der Romanistik einher, die nicht nur die Medävistik [sic] betrifft, sondern weite Bereiche der Frühen Neuzeit und der Aufklärung und partiell auch des 19. Jahrhunderts. Um es vereinfacht und zugespitzt zu formulieren: Die wichtigen und richtigen Lehr- und vor allem Forschungskapazitäten und -Anstrengungen, die etwa der Lateinamerikanistik gelten, stehen für die Räume und Epochen der europäischen Literaturen nicht mehr zur Verfügung. Diese Neue Romanistik befasst sich fast ausschließlich mit der Literatur und Kultur des 20. Jahrhunderts [ ]. Bei den jährlichen Tagungen der ‚20th and 21st Century French Studies‘ gibt es kaum noch Panels, die der französischen Literatur der ersten Hälfte des 20. Jahrhunderts gewidmet sind, selbst der Nouveau Roman hat seinen Novitätsanspruch längst eingebüßt. Stattdessen dominieren Themen der Frankophonie in einer Weise, die einen französischen Kollegen, der am Collège de France und der Columbia University lehrt, davon hat sprechen lassen, dass die literaturwissenschaftliche Französistik an us-amerikanischen 78 DDossier Universitäten dabei sei, zu einer Klassischen Philologie zu mutieren“ (Wolfgang Asholt, „Aus der Geschichte lernen? Die (imaginären) Wissensräume der Romanistik“, in: Romanistische Zeitschrift für Literaturgeschichte 1/ 2, 2013, 9). 20 Cf. l’article sur Le Monde.fr: „Pour une ‚littérature monde‘ en français“ (http: / / www. lemonde.fr/ livres/ article/ 2007/ 03/ 15/ des-ecrivains-plaident-pour-un-roman-en-francais-ouvertsur-le-monde_883572_3260.html, 30.07.2014). 21 Cf. l’article d’Anne Isabelle François dans ce numéro. 22 Pour ne citer qu’un exemple, cf. le congrès „La Hispanística y el desafío de la globalización. Coloquio internacional en honor a Dieter Ingenschay“ à la Humboldt-Universität zu Berlin le 8 et 9 novembre de 2013 (organisation: Rike Bolte / Jenny Haase / Gabriele Knauer / Susanne Schlünder). 23 L’image employée par Harald Weinrich en 1985 de la romanistique comme d’un château en Provence dont le français et par conséquent la franco-romanistique représente l’étage noble semble obsolète aujourd’hui: „Linguistik und Literaturwissenschaft wurden sogleich auf die zwei Flügel des Schlosses verteilt, und für die wichtigsten romanischen Sprachen waren die verschiedenen Stockwerke da: im Hochparterre die französische Sprache und Literatur, dann das spanisch-portugiesische Stockwerk [ ], schließlich das dritte, das italienische Stockwerk sowie schließlich das Dachgeschoß für den unübersichtlichen Rest“ (Harald Weinrich, „Mein Schloß in der Provence“, in: Fritz Nies / Reinhold Grimm [ed.], Ein ‚unmögliches Fach‘. Bilanz und Perspektiven der Romanistik, Tübingen, Narr, 1988, 60). 24 Edouard Glissant, Poétique de la Relation, Paris, Gallimard, 1990, 209. Cf. aussi 204: „Des opacités peuvent coexister, confluer, tramant des tissus dont la véritable compréhension porterait sur la facture de cette trame et non pas sur la nature des composantes.“
