Oeuvres et Critiques
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Narr Verlag Tübingen
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2009
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L’atelier d’écriture à la Libre Association de psychanalyse de Montréal
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2009
Daniel Puskas
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Œuvres & Critiques, XXXIV, 2 (2009) L’atelier d’écriture à la Libre Association de psychanalyse de Montréal Daniel Puskas L’atelier d’écriture dont il est question ici se déroule dans le cadre des activités organisées par la Libre Association de psychanalyse de Montréal (LAPM) qui est un regroupement de psychanalystes et de personnes intéressées par la psychanalyse et sa transmission 1 . C’est dans ce contexte que quelques-uns d’entre nous, Marie Normandin, psychanalyste et membre fondatrice de la LAPM, et Michèle Caron, psychoéducatrice et psychothérapeute, ainsi que moi-même avons organisé un champ d’expérimentation de l’écriture que nous avons nommé l’atelier d’écriture. Depuis, le groupe a subi des transformations. L’atelier d’écriture allait amorcer ses activités le 8 novembre 2002, quelques années plus tard nous sommes à même de constater que nous avons, indépendamment de notre intention de départ, réussi à créer une pièce de théâtre, un roman publié, poésie, nouvelles, récits, paroles de chansons et d’autres projets actuellement sur notre planche de travail. Je suis à même de témoigner que le travail de cette activité produit de l’effet sur 1 La Libre Association de psychanalyse de Montréal, fondée par neuf psychanalystes, se veut un groupe de pairs. La LAPM fut instituée dans la reconnaissance de nos filiations différentes et de nos dettes symboliques. Nous nous inscrivons dans une tradition de la psychanalyse qui travaille au développement et à la transmission d’applications classiques et élargies de ses champs théoriques et cliniques. Notre vision et nos objectifs reposent sur trois points d’appui : filiation, transmission et altérité qui incarnent nos valeurs de base et se dressent en phares pour guider notre aventure associative. Ces points d’appui se dégagent de nos parcours analytiques et de la reconnaissance mutuelle de nos qualités de psychanalystes. C’est cet esprit qui s’insuffle dans la LAPM, esprit d’ouverture et de passion qu’ont vécu les pionniers de la psychanalyse. La Libre Association de psychanalyse de Montréal poursuit les objectifs suivants : - Promouvoir l’inscription de la psychanalyse dans le champ social. - Favoriser la libre circulation de la psychanalyse dans le domaine des arts et des sciences. - Affirmer et décrire l’efficacité de la psychanalyse. - Élaborer er relancer la question de la transmission de la psychanalyse. 118 Daniel Puskas les participants et il m’intéresse de pouvoir réfléchir et tenter de formaliser ce qui s’y passe. Au point de départ, nous avons dû réfléchir aux règles de fonctionnement du groupe. J’étais, pour un, préoccupé par le climat de travail dans lequel nous devions évoluer. Dans le travail d’écriture, notre narcissisme est fortement impliqué et je voulais tenir compte de cet enjeu, je dirais même de cette fragilité. Ce lieu devait nous servir à soutenir notre travail d’écriture et nous nous sommes entendus sur le fait qu’il n’était pas un lieu de critique et de jugement. Il me semble que la seule règle que nous avions énoncée au début de nos rencontres était que l’atelier d’écriture devait être un lieu où nous pourrions discuter de l’effet de l’écriture des autres sur nous. Chaque participant du groupe se mettant en position d’écoute de l’auteur afin de témoigner des effets de l’écriture sur lui. En terme psychanalytique, je pourrais dire que nous utilisons notre contre-transfert suscité par l’écriture de l’autre ; par certains côtés, cela n’est pas très étranger à ce que Ferenczi appela l’analyse mutuelle où analyste et analysant peuvent faire un travail commun. Il n’y a aucune règle concernant la production. Nous participons selon notre rythme d’écriture sans aucune obligation de résultat. Nous nous réunissons mensuellement dans un restaurant, à la même heure. L’atmosphère est détendue, les discussions à bâtons rompus. Nous devisons de cinéma, littérature, théâtre, de ce qui nous a plu, moins plu dans ce que nous avons vu et lu. C’est avec une attitude de libre association 2 que nous échangeons également sur ce que nous avons écrit et que, soit nous lisons sur place, soit nous évoquons la lecture, soit, nous appuyant sur le support papier, sorti de l’imprimante, d’un document reçu par internet, nous commentons et associons sur l’effet qu’a, ici et maintenant, ou qu’a eu la lecture du texte sur nous. Pour ma part, j’aime envoyer mes écrits par courriel, ainsi mes collègues peuvent ouvrir le document quand ils le veulent, le lire à leur convenance, comme on fait d’un livre. Il y a aussi l’effet d’après-coup, que peut susciter la lecture, qui pourra être disponible lors de la rencontre. Voilà, succinctement, les aspects organisationnels, somme toute fort simples, à l’intérieur desquels nous travaillons tout en ayant beaucoup de plaisir. 2 La situation psychanalytique créée par Freud pourrait se résumer en posant, d’un côté la libre association et de l’autre l’attention flottante, et, circulant entre ces deux principaux acteurs, la parole et par conséquent le transfert. J’aime particulièrement la définition suivante de la libre association : « expression utilisée en psychanalyse pour désigner l’objet de la règle fondamentale, laquelle consiste pour le patient à exprimer toutes les pensées ». (Dictionnaire de la psychanalyse, Encyclopaedia universalis, Albin Michel, Paris, 1997, p. 56 à l’entrée association libre). Ce principe, faisant appel au hasard en apparence, dévoile une structure qui mène à des contenus refoulés selon les lois du langage dégagé par Lacan des théories linguistiques. L’atelier d’écriture à la Libre Association de psychanalyse de Montréal 119 La demande de Michel Peterson, d’écrire ce texte, m’a cependant amené à m’interroger sur le type de travail produit par cet atelier d’écriture. D’abord, pourquoi cette décision de créer un groupe alors que le travail d’écriture peut très bien se faire seul, ensuite qu’elles sont les particularités de ce travail en groupe ? Ce n’est certainement pas un hasard si c’est une association fondée par des psychanalystes qui propose une modalité de travail en groupe. J’y vois une variante de ce que Lacan a introduit, comme modalité de travail dans certains groupes de psychanalyse et qu’il a nommé le travail en cartel. Il s’agit d’un travail en groupe, de trois à cinq personnes, où l’objectif n’est pas tant l’accumulation d’un savoir que la résolution d’un problème. Le groupe se réunit autour d’une question et son travail vise à tenter de résoudre la problématique identifiée. Une fois l’interrogation, qui soutenait le travail du groupe, résolue, le cartel perd sa raison d’être. Il existe dans cette modalité de travail, une fonction, que Lacan a qualifiée de « plus-un ». Il s’agit de la place qu’occupe un des membres du groupe s’il prend la parole et fait une intervention, voire une interprétation sur le fonctionnement du groupe. Cette position est occupée d’une façon aléatoire par les différents membres du groupe, c’est lorsqu’un membre intervient en position d’analyste sur le fonctionnement du groupe qu’il est en position de « plus-un ». Lacan reprend là toute sa réflexion élaborée autour des névroses. Pour Lacan, toute névrose est articulée à une question. Et c’est cette question qui amène une personne en analyse. Ainsi pour l’obsessionnel sa question est suis-je mort ou vivant ; pour l’hystérique : suis-je une femme ou un homme ? La suite de ma réflexion m’amène tout naturellement à me demander quelle serait donc la question qui m’amène à travailler avec un petit groupe, en cartel. Laissons pour l’instant cette question, que je reprendrai au bond un peu plus loin. Je me dois auparavant de terminer ma réflexion sur le travail en cartel, il suppose un transfert de travail que je n’ai pas encore défini. Or de quoi s’agit-il au juste ? Le travail en cartel suppose pour moi un transfert de travail, que Kaufmann définit dans son dictionnaire de psychanalyse comme un : « déplacement du transfert dans la cure vers une élaboration personnelle du matériel théorique et pratique » 3 . Le travail en groupe peut dès lors devenir un espace où va pouvoir s’articuler une question qui fait travailler les participants et où pourra se déployer un transfert de travail, moteur du travail en cartel. Je peux affirmer que, dans mon expérience de l’atelier d’écriture, j’ai vécu un transfert de travail. Le choix réciproque des participants n’est pas un hasard et vient soutenir le travail d’élaboration personnelle, une question, du matériel théorique et pratique. 3 L’apport freudien, Larousse, Paris, 1998, p. 72, entrée auto-analyse. 120 Daniel Puskas Toute cette notion de transfert de travail est peut-être encore un peu floue. C’est pourquoi je reprendrai l’élaboration originale qu’a faite Lacan du concept de transfert. À la base, comme moteur de la cure, l’analysant, suppose un savoir à l’analyste et c’est une des raisons qui le pousse à parler. C’est comme si l’analysant se disait : il en sait davantage que moi et je l’informe de mes problèmes afin qu’il puisse m’expliquer ce qui cloche avec moi. Or, l’analyste en position de sujet supposé savoir ne sait pas. Il a bien des idées générales, il possède des théories, des concepts, mais sur cet individu-là, en particulier, il ne connaît rien. Mais c’est parce que l’analysant lui suppose un savoir qu’il y a transfert. Dans un cartel, pour qu’il y ait transfert de travail, le participant doit mettre le groupe de travail et les individus qui le composent en position de sujet supposé savoir. Lorsque j’écris un texte et l’envoie à mes collègues, je leur suppose un certain savoir que je n’ai pas. Ce qui est dit lors d’une séance de travail, les remarques, associations d’idées, commentaires qui portent ou non sur mon texte, pourra prendre valeur d’interventions, voire d’interprétations sur mon texte et l’éclairer d’une lumière différente en créant, selon l’heureuse expression de Gérard Pommier, un effet-sujet, provoquant souvent une réécriture. Le transfert de travail pourra également jouer d’autres façons. En voici un exemple. Nous avions décidé d’une modalité de travail où nous nous étions donné un rendez-vous virtuel devant notre ordinateur. À une heure convenue, nous devions commencer à écrire en supposant que les autres écrivaient également un texte. L’autre règle que nous nous étions fixée stipulait que nous devions inventer le récit au même moment que commençait le rendez-vous virtuel. Notre création devait donc être imprégnée de ce que nous imaginions des autres et de la place qu’ils occupaient pour nous. Un travail empreint d’un transfert que nous pourrions qualifier d’imaginaire. J’aimerais maintenant reprendre la question que j’ai laissée suspendue un peu plus haut. Je me demandais quelle était donc l’interrogation qui m’amenait à travailler en cartel. Je pense pouvoir affirmer qu’une des questions qui me travaille est pour quoi écrire ? La réponse à cette même question par Alain Didier-Weill, un collaborateur de Lacan, fait pour moi beaucoup de sens lorsqu’il affirme : « nous sortons divisés de l’expérience analytique : si une part de nous advient comme analyste de notre propre expérience, une autre part insiste pour continuer à parler en tant qu’analysant. En ce qui me concerne, je n’ai pas pu faire autrement que de trouver une place à cette part insistant, par l’intermédiaire d’une forme d’écriture accueillant la face énonciatrice de la parole » 4 . 4 Les carnets de psychanalyse. Fiction, imaginaire, vérité. Vienne 1913, théâtre Alain Didier-Weill, numéro 13/ 14, 2003. L’atelier d’écriture à la Libre Association de psychanalyse de Montréal 121 Cette citation mérite d’être commentée et me permet également d’introduire une deuxième question. Je vais donc, tout en répondant à ma deuxième question, développer le commentaire de cette citation. La situation psychanalytique en est une où la question du sujet est centrale et où certaines conditions sont mises en place afin de favoriser l’émergence du sujet de l’énonciation, différent, comme en linguistique, du sujet de l’énoncé. Cela pose la question de savoir quelles conditions nous pouvons mettre en place, dans le travail de l’écriture, pour favoriser l’émergence du sujet de l’énonciation. Ce que Didier-Weill pointe dans son commentaire, c’est le fait que, pour un psychanalyste, il existe un sujet humain qui est fondamentalement divisé. Pour celui qui devient psychanalyste, une part de lui veut poursuivre son travail d’analysant. Cette question du travail de l’analyste sur lui-même n’a cessé d’interpeller l’ensemble du mouvement psychanalytique. Là où Freud proposait que le psychanalyste puisse poursuivre après l’analyse didactique son auto-analyse, Lacan privilégie le travail en cartel. Une modalité n’excluant ici nullement l’autre, deux modalités différentes, liées aux contextes historiques et à la personnalité des deux hommes. Pour Freud, tout est à inventer. C’est dans sa correspondance avec Fliess que Freud fait ses principales découvertes et c’est cette relation transférentielle vécue passionnément que Lacan nommera après Octave Mannoni, l’analyse originelle de Freud où Fliess est placé en position de psychanalyste de Freud. Mais ici, ce n’est pas la parole qui est au centre du processus, mais l’écriture, c’est l’ensemble de la correspondance Freud-Fliess. Lacan, qui a vécu sa psychanalyse avec Loewenstein d’une manière conflictuelle, entretenait avec l’écriture une relation très difficile. Roudinesco, dans sa biographie de Lacan, parle même d’inhibition à l’écriture. Lacan a constitué plutôt son enseignement de la psychanalyse autour de ce qu’il appela son séminaire, qui n’avait de séminaire que le nom, car dans les faits c’est lui qui parlait et il n’y avait que peu d’échanges avec les participants. Lacan, quant à lui, a affirmé à quelques reprises que le fait de prendre la parole à son séminaire était pour lui une façon de se placer en position d’analysant devant les participants de son séminaire qui l’écoutaient. De plus, c’est relativement à cette même problématique que Lacan a inventé le travail en cartel. Ainsi, pour moi, le travail en groupe à l’atelier d’écriture serait une façon de poursuivre un travail analytique, à la manière d’Alain Didier-Weill, par une forme d’écriture accueillant la face énonciatrice de la parole. Mais pour bien saisir ces distinctions, il est temps à présent d’introduire le concept de sujet. Ce concept de sujet est dans l’enseignement de Lacan un concept central et il vaut la peine qu’on s’y attarde. À une époque, les années cinquante particulièrement, où la psychanalyse semblait rompre 122 Daniel Puskas avec les découvertes freudiennes dans ce qu’elles avaient de singulièrement novatrices, Lacan lance un retour à Freud et replace le sujet au centre d’un édifice conceptuel. Le sujet de la psychanalyse est un sujet divisé, un sujet conscient et un sujet du désir, inconscient. Ainsi, le langage qui fait advenir le sujet comme sujet divisé est alors rapporté par Lacan à la structure du discours telle que la linguistique venait de la conceptualiser. Dans toute communication, aussi bien orale qu’écrite, on trouve à la fois un énoncé et une énonciation. Pour le psychanalyste, le discours suppose que soient repérés ces deux versants : l’énoncé, soit le dit, et l’énonciation, l’acte même de dire. L’énoncé est alors tenu comme un acte de création d’un sujet parlant. C’est ce dernier qui intéresse particulièrement le psychanalyste et, dans l’écoute, c’est l’acte même d’énonciation qui recevra sa large part d’attention. Nous repèrerons ce sujet parlant, sujet du désir, dans la voix et le débit verbal affectés par l’émotion et le pulsionnel, les hésitations, lapsus, oublis, répétitions de certains signifiants, etc. Techniquement, l’acte analytique vise à créer un effet-sujet, par exemple en scandant ces temps d’ouverture de l’inconscient par des interventions. Le sujet parlant réalise alors qu’il y a une part de lui, insue, qui alors se manifeste. Il s’expérimentera comme sujet divisé et cette expérience opèrera un décentrement, le sujet percevant non plus le moi comme le centre de son monde, mais une autre scène là où se manifeste le sujet de l’inconscient, le sujet du désir, qui demande à être entendu et reconnu par la parole d’un Autre. Le travail psychanalytique, tel que Freud en a conçu et formulé les règles, est un travail verbal, composant une situation de parole : association libre, attention flottante et ce qui est visé, c’est l’acte même de parler, l’acte d’énonciation, car ce qui intéresse le sujet parlant dans sa parole ne réside pas dans le contenu, l’énoncé, mais dans le temps et lieux où cette parole est prononcée. Or, dans l’atelier d’écriture, et là, je reprends une question qui m’intéresse particulièrement et qui m’a amené dans un travail en cartel : quelles conditions mettre en place dans le travail d’écriture, pour favoriser l’émergence du sujet de l’énonciation ? Une invention toute québécoise pourrait nous aider à réfléchir, il s’agit de la Ligue Nationale d’Improvisation (la LNI). Les concepteurs messieurs Gravel et Leduc ont mis en place certaines conditions inspirées de notre sport national - le hockey - afin de permettre à des comédiens de jouer, de faire du théâtre selon une nouvelle formule. Il y a d’abord un espace, une patinoire ; ensuite, un thème est donné par l’animateur de jeux, qui a un chandail d’arbitre - comme dans la Ligue Nationale de Hockey ; ce thème est accompagné de certaines directives : à la manière de…, chanté, en solo, en équipe, équipes mixtes ; le temps est fixé d’avance. Cet arbitre veille au respect des règles et du temps et il n’hésite pas à utiliser son sifflet afin de L’atelier d’écriture à la Libre Association de psychanalyse de Montréal 123 faire respecter les règles ou donner des punitions. Enfin, le public/ spectateur joue un rôle important, il vote sur les performances, afin de déterminer l’équipe gagnante. J’ai toujours été fasciné par cette forme de création artistique qui a donné lieu à des trouvailles tout à fait exceptionnelles et inoubliables. Ainsi, l’arbitre impose le cadre : « improvisation mixte (c’est à dire des joueurs des deux équipes peuvent jouer), nombre de joueurs un par équipe, le thème est : une journée dans Ville-Émard, à la manière de Dostoïevski, durée 3 minutes ». Ou encore, l’arbitre siffle afin d’obtenir le silence de la foule et annonce : « Comparé (chaque équipe ira à tour de rôle sur la patinoire), chanté sur le thème de j’ai perdu mon cheval, style country, durée 1 minute 30 secondes ». En y regardant de plus près, avec un œil de psychanalyste, il me semble que sont réunies là des conditions qui favorisent et soutiennent l’acte d’énonciation. Cependant, le créateur qui se lance dans l’improvisation ne doit pas perdre de vue qu’il a une histoire à construire ou à coconstruire avec ses pairs. D’ailleurs ce que les joueurs apprécient le plus lorsqu’on les interroge, c’est le respect, l’écoute et le plaisir de jouer, sans lesquels il devient difficile de jouer et d’écrire, pour reprendre leur vocabulaire. Même si c’est de l’impro verbale, ils parlent d’écriture, et des qualificatifs qu’on y accole usuellement. Une écriture pourra être : belle, serrée, dense, légère, complexe… Il y aura donc en plus de l’acte d’énonciation des énoncés, un récit. Le récit pourra être d’un genre littéraire : poétique, en alexandrin, surréaliste, policier, dramatique, comique… Ce récit devra également être construit selon une structure dramatique afin de maintenir l’intérêt du spectateur. Mais tout ceci au fur et à mesure du flux de la pensée : pas question de penser avant et de faire des corrections, de réécrire des phrases, tout est en direct. On l’a vu, la situation psychanalytique vise à créer des conditions qui favorisent le sujet de l’énonciation tandis que dans la LNI, l’acte d’énonciation se doit d’être doublé d’un énoncé qui se tienne, qui fasse corps. L’atelier d’écriture est pour moi la patinoire de la LNI, un lieu qui favorise le sujet de l’énonciation. Un espace qui soutient un dire qui soit nouveau pour le sujet qui l’énonce et non imité, non reproduit. Une autre question me travaillait. J’ai écrit plusieurs articles sur la psychanalyse publiés dans diverses revues. J’ai écrit un livre sur la clinique du transgénérationnel, Amours clouées, mais je n’arrivais pas à écrire une œuvre de fiction. Malgré ma ferme volonté, je n’arrivais pas à dégager du temps pour arriver à réaliser ce projet. Pourquoi ? Intuitivement, c’est cette question du temps qui semblait receler un élément de réponse. Comment un lieu tel que l’atelier d’écriture pourrait-il m’aider à réaliser ce projet ? C’est avec cette question que j’aborderai la problématique du temps et de l’acte tels que Lacan les a posés pour la situation psychanalytique. Je tenterai d’en 124 Daniel Puskas généraliser la portée au travail dans l’atelier d’écriture en interrogeant l’acte même d’écrire en lien avec la question temporelle. Commençons par la question du temps. Lacan, en 1945, dans : « Le temps logique et l’assertion de certitude anticipée » 5 , reprend la dialectique temporelle de la subjectivation. Il aborde explicitement ce que nous venons d’examiner sur le concept de sujet : comment créer du sujet, produire un effet-sujet. Cette fois-ci, il pose que le temps y joue un rôle fort important. Il met à jour une structure à trois temps. Non pas de temps chronologique, mais un temps logique. Il existe un enchaînement logique entre les trois temps : l’instant du regard est la première forme du sujet, c’est le temps instantané donné par l’intuition, l’insight, le regard intérieur ; un temps pour comprendre constitue un deuxième temps logique où le sujet est indéfini, réciproque et pris dans un transitivisme spéculaire groupal (jalousie, agressivité), c’est le temps de la perlaboration, du travail psychique, afin de s’en dégager ; enfin le moment de conclure où un jugement est porté, le Je pose un acte par lequel se manifeste ce qui va s’avérer le sujet inconscient proprement dit, le sujet en acte. À titre d’exemple, pour le psychanalyste, ces trois temps logiques peuvent s’articuler comme : j’écoute ; je prends le temps de comprendre ; je conclus par l’acte d’interpréter. Du point de vue de l’analysant, cela pourrait être la séquence suivante : l’insight, j’ai un problème et m’étends sur le divan ; la cure est le temps pour comprendre, la perlaboration ; je conclus en me levant et terminant mon analyse. C’est à moi à poser cet acte final afin de ne pas être aliéné au savoir de l’analyste qui saurait quand se termine ma cure. Comment maintenant reprendre ces notions et les appliquer à la question que je me posais plus haut sur le fait que je n’arrivais pas à écrire de la fiction, et ce, malgré une volonté et une intention consciente de le faire. Une pointe d’angoisse a accompagné ce questionnement : pourquoi après toutes ces années et ces tentatives n’arrivé-je pas à me mettre en position d’écrivain ? Ne le serait-ce jamais ? L’instant du regard, je veux écrire, être écrivain ; un temps pour comprendre, les écrivains (le groupe) se reconnaissent entre eux pour être des écrivains ; dans le moment de conclure, le Je s’affirme être un écrivain, de peur d’être convaincu par les autres écrivains du collectif de n’être pas un écrivain. Il y a donc une hâte de poser le geste d’écrire, et c’est celui-ci qui repousse temporairement l’angoisse de ne pas être reconnu comme écrivain. Reprenons ces trois temps en les appliquant à l’atelier d’écriture. Dans l’instant du regard, je repère mon désir d’écrire ; suit un temps pour comprendre, 5 Écrits, Seuil, Paris, 1966, pp. 197-214. L’atelier d’écriture à la Libre Association de psychanalyse de Montréal 125 j’ai un projet d’écriture, participation à l’atelier d’écriture où des sujets désireux d’écrire se réunissent ; enfin le moment de conclure, j’écris (sujet en acte, sujet de l’énonciation), je me dois, lorsque je me présente à la rencontre de l’atelier d’écriture, de témoigner d’un travail d’écriture pour être reconnu comme écrivain. Le fait de se voir régulièrement vient soutenir ces trois temps. À chaque rencontre, une scansion tombe. L’instant du regard, je me pose la question : « qu’est-ce que j’ai écrit depuis la dernière fois ? ». Le temps pour comprendre : « ai-je avancé dans mon projet ? », « où en sont les autres ? », etc. ; enfin le moment de conclure, je m’affirme comme écrivain, j’écris. Le sujet en acte s’exprime. Mais pourquoi un sujet voudrait-il s’exprimer par et dans l’écriture ? Sans entrer trop dans des considérations qui nous éloigneraient de notre propos central, amusons-nous avec le tryptique lacanien du besoin, de la demande et du désir. D’où me vient ce besoin d’écrire ? D’où me vient ce désir d’écrire ? Sans parler des papiers que j’écris sur demande. J’écris pour qui ? À la demande de qui ? J’écris pour quoi ? Est-ce un besoin qui m’anime, un désir ? Quand et pourquoi j’écris sur demande ? J’écris à un double imaginaire, un alter ego ? Est-ce que j’écris parce que je désire que mes histoires soient reconnues socialement ? Je pense, et cela n’est nullement une réponse originale, que j’écris afin de retrouver quelque chose de perdu, un objet perdu. Est-ce la même réponse que je donnerais à la question : pourquoi ai-je vécu une psychanalyse, car l’objet propre de la psychanalyse est l’objet perdu et jamais retrouvable, ainsi que le travail de deuil à faire de cette perte ? Laissons là cette question personnelle ouverte. Retenons que le simple fait de poser ces deux affirmations établit un lien entre le travail analytique et celui de l’écriture, plaçant ainsi la question de l’objet perdu au centre de notre réflexion. Dans la théorie lacanienne, l’objet perdu, objet @, occupe une place importante, c’est, de l’aveu même de Lacan, le seul concept qu’il ait inventé. L’objet @, entre autres, se retrouve dans la définition du fantasme. Le fantasme dans l’écriture lacanienne donne le mathème suivant : S/ ◊ @. Décortiquons, le S/ , c’est le sujet divisé ; @, est un objet, l’objet petit a cause du désir ; enfin le ◊, qui relie le sujet a son objet, c’est le poinçon, il indique tous les rapports possibles sauf l’égalité (plus petit, plus grand). Pour Lacan, et c’est une affirmation des plus intéressantes pour notre propos : « un fantasme est une phrase » 6 . L’exemple de Un enfant est battu illustre bien mon propos. C’est une phrase que Freud utilise pour nommer un fantasme masochiste qui met en scène un désir inconscient du sujet. 6 J. Lacan. Ornicar ? , no. 29 : pp. 8-25, 1984. 126 Daniel Puskas Or quels sont ces objets @ ? Lacan en identifie quatre : le sein, les fèces, la voix, le regard. 7 Le fantasme construit par le sujet est un moyen de retrouver ces objets perdus. Par exemple dans On bat un enfant, le regard du père, porteur de l’amour, sera beaucoup plus important que le père lui-même. Dans l’Homme aux rats, avec lequel on torture une victime, Freud lui-même avait (…) bien souligné la grande sensibilité de son patient à toute une série de mots incluant le phonème « rat » 8 . L’écriture ne serait-elle pas une autre tentative de retrouvailles de l’objet ? D’ailleurs, ces objets du fantasme fonctionnent aussi comme signifiants. En effet, si un fantasme est une phrase et si l’objet d’un fantasme (l’objet @) est une tentative de retrouver un objet perdu, le travail d’écriture en sera une de re-tracer (tracer de nouveau) des signifiants. Freud sera amené à distinguer certains fantasmes qu’il nomme fantasmes originaires 9 . Ces fantasmes sont des organisateurs psychiques qui auraient pour fonction de résoudre une série d’énigmes rencontrées par l’enfant dans son développement : celles de l’origine du sujet (sa conception, la scène primitive, roman familial) ; l’origine de la sexualité (fantasme de séduction) ; et l’origine de la différence des sexes (le fantasme de castration). Le fantasme nous conduit donc à l’énigme. Lacan nous donne de cette dernière la définition suivante : « J’ai déjà parlé de l’énigme. J’ai écrit ça grand E indice petit e : E e . Il s’agit de l’énonciation et de l’énoncé. Une énigme, comme le nom l’indique, est une énonciation telle qu’on n’en trouve pas l’énoncé » 10 . Nous retrouvons ici la notion d’énonciation travaillée plus haut. Relevons-en toute l’importance dans le travail d’écriture. C’est dans le Séminaire « L’Envers de la psychanalyse » que Lacan en parle. Il affirme (pp. 39-40) : « L’énigme, c’est probablement cela, une énonciation. Je vous charge de la faire devenir un énoncé. » Et un peu plus loin : « L’énigme, c’est l’énonciation - et débrouillez-vous pour l’énoncé. La citation, c’est - je pose l’énoncé, et pour le reste, c’est le solide appui que vous trouvez dans le nom de l’auteur dont je vous remets la charge. » On le voit, tous ces concepts font partie d’un même ensemble. Le fantasme répond à une énigme, celle-ci se définit par l’énonciation, qui nous mène à l’auteur donc au sujet. Et l’« écriture donc est un faire qui donne support 7 Il y ajoute parfois le phallus imaginaire et le phallus symbolique. J.N. Nasio y ajoute, dans les suites de la théorie de Françoise Dolto, le placenta (Les images du corps, Seuil). Dolto a décrit diverses castrations symboligènes, le placenta fait ici référence à la castration ombilicale, la première dans le développement de l’enfant. 8 Sous la direction de Roland Chemama, Dictionnaire de la psychanalyse, Larousse, 1993, p. 80, entrée fantasme. 9 « Communication d’un cas de paranoïa contredisant la théorie psychanalytique », 1915, in Névrose, psychose et perversion, Paris, PUF, 1973. 10 Le sinthome, Séminaire livre XXIII, Seuil, Paris, 2005, p. 67. L’atelier d’écriture à la Libre Association de psychanalyse de Montréal 127 à la pensée 11 ». L’écriture ainsi posée serait un travail d’énonciation afin de répondre à l’énigme des fantasmes « Entre visible et audible, la lettre permet ainsi une transmission dont la part d’énigme n’est pas annulée. » 12 Donc qui permet de conserver la spécificité de l’énonciation. Un mot également sur la pulsion. En effet, avec l’objet @ nous introduisons la pulsion, donc le corps. Écrire pour retrouver un objet perdu mobilise le corps dans son énergie pulsionnelle. Par exemple, désirer retrouver la voix mobilise le corps dans sa mémoire la plus primitive, l’écrit pourra être empreint d’une musicalité toute particulière, tandis que si le désir est de retrouver le sein l’envie pourra être un thème dominant. Cela me fait penser aux paroles d’une l’actrice, Viola Légère. Elle incarnait la Sagouine, personnage d’une pièce de théâtre et d’un roman de l’Acadienne Antonine Maillet. Dans une interview, elle racontait son travail d’interprète. Je cite de mémoire : « Chacun des personnages que j’incarne a une histoire et son histoire se loge dans son corps. Dans la Sagouine, c’est le ventre qui est l’essence même du personnage. Combien d’années cette femme a-t-elle été enceinte à se préoccuper de nourrir sa famille ? J’ai appris mes textes en les interprétant à partir de mon ventre. » *** En terminant, j’aimerais vous raconter le cheminement de mon premier écrit publié. Pour des raisons que vous comprendrez par la suite, j’amorcerai ce court récit par une citation de Lacan : « Il arrive que je me paie le luxe de contrôler, comme on appelle ça, un certain nombre de gens qui se sont autorisés d’eux-mêmes à être analystes, selon ma formule. Il y a deux étapes. Il y a celle où ils sont comme le rhinocéros. Ils font à peu près n’importe quoi, et je les approuve toujours. Ils ont en effet toujours raison. La deuxième étape consiste à jouer de cette équivoque, qui pourrait libérer du sinthome. En effet, c’est uniquement par l’équivoque que l’interprétation opère. Il faut qu’il y ait quelque chose dans le signifiant qui résonne ». 13 En effet, dans le signifiant il y a cette part d’équivoque, qui relève de l’énigme, d’une réponse à chercher, qu’est-ce que j’entends d’autre dans ce signifiant ? Quelle est l’énigme posée par le sphinx à mon Œdipe ? Revenons au souvenir de ma première publication. J’étais en contrôle justement avec François Peraldi 14 . Au tout début de mes séances de travail, il me lance, sans se douter de l’effet que sa parole aura sur moi (mais peut-être 11 Le sinthome, ibid, p. 144. 12 L’apport freudien, sous la direction de P. Kaufmann, p. 149, éd. Larousse, entrée écrit. 13 Le sinthome, p. 17. 14 François Peraldi était un psychanalyste réputé à Montrèal, il est décédé en 1993. 128 Daniel Puskas l’intuitionnait-il ? ), que, parfois, lorsqu’il rencontre certaines difficultés dans ses cures, il lui arrive d’en écrire le récit sous forme de fiction. Mon transfert opérant, j’arrivai à la supervision suivante avec un récit - c’est quand même efficace le transfert. Je lui dis que j’ai écrit un court récit sur l’analysante dont il est question dans le contrôle. Je lui tends mon papier, mais il me demande plutôt que je le lise à haute voix. Lire mes textes n’a jamais été ma tasse de thé, cela me met mal à l’aise, j’aurais préféré lui donner mon papier et… voir la suite. Non, là, j’étais là à lire, et je pouvais percevoir ses réactions à chaud. Je termine et il me lance tout de go : « Vous savez c’est publiable, par exemple chez Trois 15 , oui chez Trois cela serait bien. » Que s’est-il passé pour que ce texte soit publiable ? En voici les étapes telles que j’ai pu les analyser, dans l’après-coup et dans la foulée du présent travail. J’aimerais comparer avec le travail que nous effectuons à l’Atelier. La première étape est bien celle décrite par Lacan, nous faisons n’importe quoi et il est important que nous approuvions. Car nous aussi nous nous autorisons de nous-mêmes et de quelques autres. Nous écrivons. La deuxième étape consiste à parler de l’effet qu’a eu sur nous le récit ou la lecture du travail écrit. Très souvent, lors de nos échanges, la compréhension que nous avons du texte fascine ou ébranle son auteur : « vous avez compris cela de ce que j’ai écrit ». Car chacun a lu ou entendu le signifiant de sa position subjective avec ses différentes équivoques. J’aimerais revenir plus loin dans le temps, au moment de ma propre analyse. C’était avec Julien Bigras. Celui-ci était un auteur prolifique et original et de son vivant il connut une notoriété certaine des deux côtés de l’Atlantique. Lors de mon aventure analytique avec lui, il publia des succès de vente qui avaient échos dans la presse et auprès d’un large public. À chaque nouvelle publication, je me ruais sur le livre nouvellement publié, j’éprouvais un vif plaisir à le lire et à « connaître » mon psychanalyste d’une autre façon. Mais j’étais également à chaque fois déçu, il ne parlait pas de moi. Un jour, en associant, je lui dis : « comme vous ne parlez pas de moi dans vos livres, je serai obligé de le faire moi-même et d’écrire mes propres livres ». Ce souvenir redouble celui de mon contrôle avec Peraldi. En effet, avec mon psychanalyste la frustration de mon désir qu’il parle de moi dans ses livres engendre une interprétation, ne demeurez pas dans une position passive par rapport à moi, écrivez pour vous-même, ne demeurez pas aliéné à ma plume. Dans mon contrôle avec Peraldi, c’est un peu le même processus 15 Trois était une revue québécoise d’histoire de l’art, de littérature et de sciences humaines ; revue surtout d’essai, de réflexions, de questionnements critiques, mais aussi de fiction - prose, poésie, dialogues - et de réédition. Mon texte fut publié, j’y reviens plus loin. L’atelier d’écriture à la Libre Association de psychanalyse de Montréal 129 qui se rejoue. Dans le transfert, j’écris à Peraldi un court texte. Je réponds en quelque sorte à ce que je perçois être sa demande. Au lieu d’accepter mon « cadeau », il me demande de lire MON texte. Il me suggère de ne pas céder sur mon désir, m’invitant à passer d’une position passive à celle où je reconnais mon désir et l’assume. Comme je l’écrivais plus haut : Le sujet en acte s’exprime : écrire dans un espace propice à l’acte d’énonciation. C’est comme s’il m’avait dit : « allez jusqu’au bout ». Ainsi au lieu de voir l’effet sur lui de mon écrit, je dois m’installer à une place afin d’assumer mon désir en lisant mon texte. Il le fait en interpellant, non plus la pulsion scopique (voir), que j’avais mise de l’avant, mais ma pulsion invoquante (dire). Mais un autre phénomène est à l’œuvre également fort important. Il n’accepte pas mon texte dans une position de petit autre, il ne me dit pas : « oh merci ça me fait plaisir, quelle belle idée tu as eu de faire comme moi et d’écrire sur un cas clinique ». Non, en lieu et place il fait intervenir le Grand Autre : « C’est publiable, chez Trois… ». Cette parole propulse cet écrit dans le grand circuit social au lieu de le laisser dans l’intimité de deux egos. Quelques mois plus tard, à l’hiver 1989 sera publié, chez Trois, un court récit La maison du miroir. En juin de la même année décédait Julien Bigras. La psychanalyse, lorsqu’elle est vivante, est une aventure exceptionnelle, comme celle de commencer un nouveau roman où, m’inspirant de la devise de l’émission Star Trek, je me lance à l’aventure : Space, the final frontier. There are the voyagers of the starship “Enterprise”. Its five year mission : to explore strange new worlds, to seek out new life and new civilizations, to boldly go where no one has gone before. Engage. 16 Je termine donc cette version. Je l’envoie aux collègues de l’atelier d’écriture. Lors de notre prochaine rencontre ils pourront me parler de l’effet qu’a eu mon texte sur eux. Je prévois donc une suite… ici même… 16 Espace, frontière de l’infini vers laquelle voyage notre vaisseau spatial. Sa mission de cinq ans : explorer de nouveaux mondes étranges, découvrir de nouvelles vie, d’autres civilisations et au mépris du danger, reculer l’impossible. En avant.
