eJournals Oeuvres et Critiques 38/2

Oeuvres et Critiques
oec
0338-1900
2941-0851
Narr Verlag Tübingen
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2013
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Introduction

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2013
Bruce Hayes
Paul Scott
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Œuvres & Critiques, XXXVIII, 2 (2013) Introduction Bruce Hayes et Paul Scott Presqu’un siècle après sa parution, un livre attribué à Jean Boucher est saisi et détruit par le lieutenant général de police à Paris 1 . Il est évident que les idées de Boucher ainsi que son influence sont perçues comme dangereuses pour la bonne tenue du gouvernement de Louis XIV, petit-fils d’une des principales cibles de l’œuvre polémique de Boucher, Henri IV. De la même façon, Pierre Bayle estime que Boucher « fut une trompette de sédition, et l’esprit le plus mutin et le plus fougueux qui se trouvât parmi les rebelles. […] Boucher ne prostitua pas seulement sa langue aux Chefs de la Ligue, il leur prostitua aussi sa plume » 2 . Cette réputation posthume explique la relative négligence critique de l’homme et de son œuvre. Cependant, Boucher mérite bien une étude et ce numéro spécial vise à souligner l’importance ainsi que les mérites littéraires et historiques de ce prêtre ultracatholique. Boucher écrivit environ 23 ouvrages polémiques ou théologiques de son vivant et, comme le constate Paul Scott, les textes de Boucher sont tout autant responsables de l’assassinat du dernier souverain Valois que le fut le couteau que tenait Jacques Clément 3 . Boucher est peu connu, et pour les spécialistes du seizième siècle, souvent confondu avec Jean Bouchet, poète plus sympathique du début du siècle. Si ces deux Boucher / t ont si peu en commun à part un nom de famille homonyme, ils partagent cependant une attitude antiprotestante. Si les publications de Boucher ne témoignent pas d’un grand intérêt envers les questions esthétiques et sont surtout des œuvres polémiques archicatholiques et ligueuses, le poète Bouchet publia toutefois un traité contre Luther et le mouvement protestant, Les Triumphes de la noble et amoureuse 1 Il s’agit de la Vie et faits notables de Henry de Valois (1589). Voir Anne Sauvy, Livres saisis à Paris entre 1678 et 1701. La Haye : Nijhoff, 1972, p. 23. 2 Pierre Bayle, Dictionnaire historique et critique, 3 e éd. Rotterdam : Michel Bohm, 1720, t. I, p. 620. 3 Paul Scott, « Edward II and Henri III : Sexual Identity at the End of the Sixteenth Century » dans Self and Other in Sixteenth-Century France : Proceedings of the Seventh Cambridge French Renaissance Colloquium. Kathryn Banks et Philip Ford, éd. Cambridge : Cambridge University Press, 2004, pp. 125-42 (p. 125). OeC02_2013_I-137_Druck.indd 3 18.12.13 08: 12 4 Bruce Hayes et Paul Scott dame 4 . Mais Boucher le théologien occupait un espace historiquement et politiquement bien plus polémique que celui de Bouchet. En plus, sa longévité qui s’étendait sur presque un siècle (comme Robert Descimon et José Javier Ruiz Ibáñez le montrent dans leur contribution, la date présumée de sa mort ne peut être correcte, et au lieu de trouver la mort en 1644, il vécut à tout le moins jusqu’en 1646), lui fit traverser une période de profonds bouleversements qui affectèrent la France comme l’Europe. Mais qui est ce Boucher avec un ‘r’, si peu connu et à la réputation extrêmement négative ? Membre fondateur des Seize de la Ligue parisienne, Boucher reçut une formation humaniste. Guillaume Budé comptait parmi les relations de sa mère et Boucher était ami avec le parlementaire Christophe De Thou. Ironiquement, c’est Boucher, quand il était à Reims, qui fit un discours élogieux en 1575, souhaitant la bienvenue au roi Henri III, qui venait d’arriver de Pologne, et dont Boucher deviendra plus tard un ennemi acharné et un critique acerbe 5 . Ce prêche accueillant sera ensuite remplacé par des sermons vicieux visant à liguer les Parisiens contre leur roi ainsi que son successeur, Henri IV, en frappant « son auditoire par des formules imagées, soulignant la nature démoniaque et perverse du tyran qu’il invite à combattre » 6 . Il y avait, certes, une foule de clercs ligueurs, en particulier Jean Hamilton, Jean Gincestre (curé de Saint-Gervais), François Pigenat (curé de Saint-Nicolas-des-Champs), Jean Prevost (curé de Saint-Séverin) et Christophe Aubry (curé de Saint-André-des-Arts et docteur régent en la Faculté de théologie) 7 . Cependant, Boucher reste un cas à part du fait de la quantité de ses écrits, de son érudition, de son influence et surtout de son acharnement dans sa croisade incessante soutenant sa vision de l’Église et de l’État. Dans la première contribution de ce volume, Bernd Renner nous présente une étude érudite des qualités proprement littéraires de deux pamphlets de Boucher, son Histoire tragique et memorable de Gaverston (1588) et sa Vie et faits notables de Henry de Valois (1589) pour illustrer l’évolution dans la polémique et les stratégies rhétoriques de Boucher. Renner explique comment l’écriture pamphlétaire est souvent considérée une « simple littérature de circonstance » (p. 12, 17), d’où la tendance à laisser les pamphlets aux historiens. Son analyse de la rhétorique de Boucher montre la difficulté de distinguer entre la satire, la polémique et le soi-disant genre du pamphlet, 4 Jean Bouchet, Les Triumphes de la noble et amoureuse Dame. Poitiers : De Marneff, 1530. 5 Frederic J. Baumgartner, Radical Reactionaries : The Political Thought of the French Catholic League. Genève : Droz, 1976, pp. 123-24. 6 Nicolas Le Roux, Un Régicide au nom de Dieu. L’assassinat d’Henri III, 1 er août 1589. Paris : Gallimard, 2006, p. 177. 7 Voir, à ce sujet, Arlette Lebigre, La Révolution des curés. Paris 1588-1594. Paris : Michel, 1980. OeC02_2013_I-137_Druck.indd 4 18.12.13 08: 12 Introduction 5 puisqu’il existe maints exemples où la différence entre les trois est difficile à cerner, voire inexistante. Renner situe la satire destructive de Boucher dans la lignée d’une indignatio juvénalesque. Avec l’avènement des Guerres de religion, le conflit devient trop sérieux pour laisser s’exprimer le rire. La stratégie rhétorique de ces pamphlets a pour but de « gagner l’opinion publique, en essayant de paraître moins élitiste et de se rapprocher des préoccupations du peuple » (p. 16). Renner réussit à nous montrer, à travers une étude rhétorique et herméneutique de la satire bouchérienne, l’impact intellectuel considérable de ces pamphlets et leur contribution au développement de la satire moderne. Bruce Hayes s’intéresse aussi à l’aspect satirique des œuvres de Boucher. Dans une étude de la Vie et faits notables de Henry de Valois (1589) et des Sermons de la simulée conversion, et nullité de la prétendue absolution de Henry de Bourbon (1594), Hayes se penche sur le concept érasmien de risus sardonicus (le rire sardonique) pour considérer l’usage de l’humour dévastateur qu’employa Boucher pour attaquer Henri III et Henri IV. Comme il le remarque, « dans la propagande polémique des guerres de Religion, l’humour était souvent employé d’une manière purement destructrice sous des formes différentes, telles que l’invective, la diatribe et l’épithète, un genre d’humour que Freud qualifia de ‘tendancieux’, où le but est d’insulter et d’humilier son adversaire » (p. 25). Hayes montre comment Boucher exploita les possibilités de ce genre du comique pour provoquer l’animosité du peuple contre deux rois considérés comme ennemis de la Ligue. Évidemment, trouver le comique chez cet auteur tellement sérieux n’est pas facile, et ce que l’on découvre surtout, c’est une méfiance vis-à-vis du comique et de la satire employés par les ennemis de la Ligue, que Boucher associe avec l’irréligion et le blasphème. Toutefois, il existe des moments où Boucher lui-même se sert de ces mêmes techniques satiriques et comiques pour se moquer de ces rois. Cet humour et satire qu’il emploie sont à ce point si dominés par l’invective et la haine que cette intentionnalité ravageuse enlève au comique toute forme de rire sauf celle du rire sardonique. Hayes révèle dans les écrits de Boucher « des moments d’échappement et d’explosion verbale, et c’est dans ces moments que l’on rencontre le rire sous sa forme destructrice et sardonique. On a longtemps considéré l’humour comme remède ou guérison; on découvre ici comment il peut être employé à des fins déshumanisantes et même mortelles, cherchant à justifier et même à encourager des actes de violence » (p. 38). Jeff Persels nous propose ensuite une réhabilitation de la réputation de Boucher, en soulignant son génie dans le domaine de la rhétorique. Persels, comme Renner, s’intéresse à la rhétorique du style pamphlétaire de Boucher. Il explique que le problème des Politiques pour Boucher est qu’ils cherchent « à joindre la religion à l’estat et non l’estat à la religion » (p. 78). Boucher OeC02_2013_I-137_Druck.indd 5 18.12.13 08: 12 6 Bruce Hayes et Paul Scott et les Ligueurs cherchaient à limiter le pouvoir du roi en empruntant les arguments des Protestants. Dans son étude du premier des Sermons de la simulée conversion de Henri de Bourbon (1594), Persels nous montre comment Boucher prend comme « trinité diabolique » (p. 75, 78, 80) Calvin, Machiavel et Henri de Navarre. Parmi tant de références bibliques, païennes et contemporaines qui remplissent ce sermon, Persels s’attache surtout à nous montrer comment Boucher réécrit subtilement l’histoire contemporaine européenne. Persels nous offre un exemple superbe de cette réécriture bouchérienne en montrant comment Boucher prend un texte bien connu d’un protestant modéré, L’Histoire de France (1571), et se l’approprie d’une manière qui ignore le contexte de la version originale. Boucher déforme le sens original du texte pour présenter l’idée que les Protestants sont en réalité traîtres et hypocrites. Boucher souligne cet exemple de l’hypocrisie religieuse des Protestants pour lier celle-ci à une hypocrisie politique, dont l’exemple le plus outrageux est la conversion d’Henri de Navarre. Boucher continue sa stratégie rhétorique et contribue davantage à ternir la réputation de Machiavel, le montrant comme un athée cynique, tout en associant les prétendues théories de Machiavel à la vraie cible du sermon, Henri de Navarre. Tout en manipulant des textes historiques contemporains, Boucher prétend offrir au lecteur une transparence irréprochable de son propre ouvrage. Le curé de Saint-Benoît réussit à expliquer les actions d’Henri de Navarre comme le résultat prévisible de ses parrains, Calvin et Machiavel, les auteurs modernes de l’hypocrisie religieuse et politique. Luc Racaut cherche à élucider par le biais des écrits de Boucher un conflit très peu étudié entre deux ligueurs, Boucher et René Benoist, à travers la notion de sincérité, que Racaut qualifie comme « centrale à l’élaboration de l’identité ligueuse » (p. 94). Pour situer ce conflit, Racaut lie la polémique ligueuse à deux phénomènes historiques - tout d’abord à une « crise identitaire du catholicisme français » (p. 83) après la Réforme, ensuite à une évolution historique de la désacralisation du roi, du Moyen Âge jusqu’à la Révolution. Dans les guerres de Religion, il est possible de constater une attaque contre la nature sacrée du roi du côté protestant, quand certains polémistes insistaient sur le fait que la mort effroyable de Charles IX servait comme preuve de sa culpabilité de la St. Barthélemy. Par la suite, certains ligueurs reformulèrent ce même argument pour expliquer la mort d’Henri III, que Boucher parmi d’autres associa à Judas Iscariote. De par certains écrits de Boucher, Racaut illustre une évolution plus profonde, « une sorte de crise sémiotique du corps » (p. 85) où des auteurs comme Boucher cherchent à dévoiler l’hypocrisie et la contradiction des rois. La plus grande difficulté pour Boucher, ce n’est pas les hérétiques, mais plutôt les Politiques modérés qui cachent leurs vrais sentiments et sèment la confusion. Racaut suggère d’abord que le curé ligueur René Benoist fût OeC02_2013_I-137_Druck.indd 6 18.12.13 08: 12 Introduction 7 peut-être membre de la Ligue malgré lui, soutenant cette prise de position avec des documents historiques qui suggèrent un manque d’enthousiasme de la part de Benoist. Ce curé passera ensuite du côté royaliste pour soutenir l’abjuration et le couronnement d’Henri IV en 1593, décision qui attirera sur lui toute une vie d’opprobre de la part de Boucher. Racaut montre comment cette attitude haineuse de Boucher persiste encore 20 ans plus tard dans sa publication de l’ouvrage Le Mystere d’infidelité commencé par Judas Iscarioth, premier Sacramentaire, renouvelé & augmenté d’impudicité, par les Heretiques ses successeurs, et principalement par ceux de ce temps (1614). Comme Racaut finit par nous le démontrer, pour Boucher, quelqu’un comme Benoist, qui aurait violé ce précepte de sincérité, représente le plus grand danger pour la religion catholique, dans un certain sens plus grand que celui posé par les Protestants, qui est beaucoup plus facile à discerner. Martial Martin souligne qu’il reste très peu d’allusions concrètes concernant la survivance de Boucher et des autres prêtres ligueurs à l’exception des mentions que l’on trouve chez des mémorialistes, notamment dans le Mémoires-Journal de Pierre de l’Estoile. Cependant, les prédications et libelles qui circulent pendant la fin du règne d’Henri III représentent « deux grands modes d’information et de formation de la première modernité » (p. 40). Martin démontre que cette carence de renseignements bibliographiques du vivant de Boucher donna naissance aux attaques contre celui-ci, en commençant avec la Bibliothèque de Madame de Montpensier, reproduite dans le manuscrit de Pierre de L’Estoile. Martin voit le curé comme le « spin doctor des Seize » (p. 43), hanté par les libelles royalistes. Il est intéressant de constater l’influence de la propagande henricienne sur Boucher, vu que sa justification du tyrannicide s’approprie les arguments des théoriciens protestants tels que François Hotman et Simon Goulart. La contribution de Martin fait remonter les débuts polémiques de Boucher en 1588-1589, en commençant avec son Histoire tragique et memorable de Pierre de Gaverston (1588). Selon Martin, cette satire, qui compare la cour du dernier Valois à celle du roi Édouard II d’Angleterre, est radicale car elle étend la polémique des paramètres de la cour à un espace public. Martin met en évidence l’importance de cet ouvrage qui fait partie d’une première vague satirique et ironiste grâce à laquelle l’auteur « ouvre la voie à l’imaginaire sorcellaire qui se déploie dans un second temps autour du dernier Valois » (p. 46). Martin évoque « l’opposition particulièrement clivante » entre l’oral et l’écrit et « l’appareil de propagande » (p. 40 et 41 ? ), thèmes traités par Paul Scott dans son analyse de la Vie et faits notable de Henry de Valois. Scott considère que cette libelle, ornée de 8 gravures sur bois, constitue une stratégie polémique, à la fois verbale et visuelle, servant à convertir en légende des rumeurs à propos du passé du roi, « faisant passer un récit instable aux sources indéterminées à un récit permanent au caractère durable » (p. 65). OeC02_2013_I-137_Druck.indd 7 18.12.13 08: 12 8 Bruce Hayes et Paul Scott L’œuvre n’encourage pas l’assassinat du roi de façon explicite, mais un appel au tyrannicide sous-entend toute l’entreprise idéologique car Henri de Valois n’est plus roi. Il est tyran, criminel et usurpateur et Boucher n’a pas besoin d’énoncer la punition que méritent ces délits car elle est parfaitement comprise par le lecteur. Le livre constitue donc un chef d’œuvre de manipulation littéraire et de subversion politique qui aura des conséquences non intentionnelles puisque cette « entreprise systématique de désacralisation brutale d’Henri » (p. 67-68) pose les bases de la satire anti-autoritaire. Jean Boucher est obligé de quitter sa paroisse, sa ville et son pays en février 1594 pour un exil à Tournai où il entame un nouveau chapitre de sa vie puisqu’il va y passer cinq décennies. Le chanoine de la cathédrale de Tournai verra l’accession du petit-fils d’Henri IV et le succès de la dynastie bourbonienne. Amy Graves-Monroe s’intéresse à un texte publié en 1623, La Couronne mystique, ou Dessein de chevallerie chrestienne, pour exciter les princes Chrestiens à rendre le debvoir à la pieté Chrestienne contre les ennemis d’icelle : et principalement contre le Turc, l’œuvre principale de Boucher pendant son exil, conséquence « du refus de battre la retraite sur le plan idéologique » (p. 96). Graves-Monroe insiste sur l’évolution frappante dans les attitudes de Boucher car il fait appel à la France, et implicitement à Louis XIII, pour s’engager dans une nouvelle croisade. Cet appel représente un ralliement surprenant de la part du chanoine et montre un certain refroidissement dans son jugement condamnateur à la fin du XVI e siècle envers la dynastie bourbonnaise et surtout envers le père de Louis, le roi Henri IV. Comme le souligne Graves-Monroe, « le monarchomaque catholique quitte momentanément la question de l’illégitimité en faveur d’un traitement de la nature de l’établissement de la légitimité » (p. 97-98). Cependant, dans son exploration poussée de ce texte, Graves-Monroe ne voit pas une rupture fondamentale dans la pensée du prédicateur, car l’œuvre est « puissante et agressive, prolongeant la pensée radicale du De Justa abdicatione et sublimant son impératif de lutter contre le tyran » (p. 112). Robert Descimon et José Javier Ruiz Ibáñez éditent le testament de Boucher, formulé vers la fin de sa longue vie et daté du 17 février 1646 alors que Boucher a 95 ans. Bien que le nonagénaire ne puisse signer « pour avoir la main trop debille » (p. 113, 117), son esprit reste agile car il se dit « docteúr et doÿen de la sacrée faculté de théologie en l’Université de Paris et seinieur de la maison de Sorbone » (p. 114) bien que le testament soit écrit exactement 52 ans après son départ de la capitale. Les éditeurs fournissent une analyse perspicace du testament, que l’on peut comprendre comme étant la dernière œuvre du théologien, et suggèrent que Boucher aurait lu l’Augustinus de Jansenius, qui parut en 1640. Avant tout, le document « témoigne pourtant fortement de son intégration aux Pays-Bas catholiques des Archiducs » (p. 119) et il mentionne deux cultes des Pays-Bas, Notre-Dame OeC02_2013_I-137_Druck.indd 8 18.12.13 08: 12 Introduction 9 de Sichem et Notre-Dame de Foy. Descimon et Ruiz Ibáñez remarquent que les saints invoqués et donc préférés par Boucher sont surtout des martyrs, ce qui illustre « une mentalité caractéristique du catholicisme ligueur » (p. 119). Les éditeurs apportent des précisions précieuses sur la famille de Boucher et comblent ainsi une carence majeure qui existe jusqu’ici dans les détails biographiques du curé que nous possédons. Il ne faut pas déduire que Boucher est mort peu après ce testament et par conséquent nous ne savons pas la date exacte de son décès. Ce que nous savons, par contre, c’est qu’au bout de l’échéance de son expérience au sein de l’Église militante, l’ancien ligueur reste attaché à l’idée que « seule l’Église triomphante donnait sens à l’aventure sotériologique » (p. 129). À travers cette compilation interdisciplinaire, nous espérons avoir contribué à une compréhension plus large de ce personnage si peu étudié jusqu’alors. Avec sa production énorme de polémique et de traités théologiques à travers deux siècles, Boucher présente aux chercheurs actuels des richesses extraordinaires, tant dans les domaines historiques et littéraires, que théologiques et politiques. C’est un homme qui croisa des rois et des saints (notamment saint Robert Bellarmin pendant que celui-ci fut légat de Sixte Quint en France) mais qui fut avant tout, et paradoxalement, apôtre de la modernité de par ses idées radicales. Cet homme tenace qui vécut presque centenaire, pris part à une période historique marquée par des bouleversements sociaux et religieux et représente aujourd’hui une passerelle non seulement entre les seizième et dix-septième siècles, mais aussi entre l’époque prémoderne et la nôtre. Nous tenons à remercier tous les contributeurs à ce numéro spécial ainsi que Rainier Zaiser de son soutien professionnel à ce projet. Nous sommes reconnaissants de l’aide technique précieuse fournie par Pam LeRow de la CLAS Digital Media Services et par Karen Cook de la Spencer Research Library pour l’usage des images de leur édition de la Vie et faits notables de Henry de Valois. Nous sommes redevables à notre collègue Romain Chareyron pour sa lecture attentive du manuscrit et pour ses suggestions perspicaces. Finalement, nous voulons remercier notre chef de section, Caroline Jewers, ainsi que notre département à l’Université du Kansas pour l’encouragement et l’assistance qu’ils nous ont apportés. OeC02_2013_I-137_Druck.indd 9 18.12.13 08: 12