Oeuvres et Critiques
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0338-1900
2941-0851
Narr Verlag Tübingen
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2017
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Stendhal, ou l’invention des fouilles
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2017
Elena Calandra
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Œuvres & Critiques, XLII, 1 (2017) Stendhal, ou l’invention des fouilles Elena Calandra In memoria di mio padre, che amava Stendhal Le 15 mai 1796, le général Bonaparte fit son entrée dans Milan à la tête de cette jeune armée qui venait de passer le pont de Lodi, et d’apprendre au monde qu’après tant de siècles César et Alexandre avaient un successeur 1 . Par ce début fulgurant Stendhal, collaborateur et admirateur profond de Napoléon, trace les coordonnées géographiques et chronologiques de l’aventure humaine de Fabrice del Dongo, cadet rebelle d’une noble et vieille famille conservatrice de souche lombarde. Le roman est devenu l’objet d’une imposante tradition d’études toujours en essor 2 , et le vécu mouvementé de son protagoniste a rencontré diverses transpositions cinématographiques, parmi lesquelles on mentionnera ne seraient-ce que le film de Christian-Jaque de 1947, marqué par les traits profonds et tourmen- 1 Stendhal. La Chartreuse de Parme, Édition de référence : Éditions Rencontre, Lausanne, 1967, p.-10, La Bibliothèque électronique du Québec Collection. À tous les vents, volume 809 : version 2.0. 2 Pour l’œuvre de Stendhal voir Del Litto, Victor (dir.). Bibliographie stendhalienne générale, 8 vol., Moncalieri, Centro Interuniversitario di Ricerche sul Viaggio in Italia, 1999-2007. Voir aussi le site continuellement actualisé : http : / / www.armance.com/ , consulté le 4- février 2017, auquel il est renvoyé in toto, limitant la bibliographie mentionnée exclusivement aux aspects de stricte pertinence archéologique. Concernant le succès de Stendhal en Italie, voir aussi les sites http : / / www.digitami.it/ stendhal/ index.htm, sous la direction du Centro Stendhaliano di Milano, et http : / / www.fondazioneprimoli.it/ patrimonio/ fondo_stendhal.htm, sous la direction de la Fondazione Primoli di Roma, tous deux consultés le 4-février 2017 ; l’exposition récente La grande arte di essere felici. Stendhal, Milano, la bellezza, Biblioteca Sormani - Scalone monumentale della Sala del Grechetto, du 13- septembre 2016 au 31- octobre 2016, sous la direction de Modenesi, Marco. - Pour les aspects liés au voyage en Italie, voir la volumineuse bibliographie dans Bertrand, Gilles. Le Grand Tour revisité. Pour une archéologie du tourisme : le voyage des Français en Italie (milieu XVIII e siècle - début XIX e siècle), Collection de l’École Française de Rome, 398, Rome, Publications de l’École Française de Rome, 2008, pp.-708-719. 82 Elena Calandra tés du visage de Gérard Philipe, et le feuilleton télévisé de Mauro Bolognini de 1982, diffusé à plusieurs reprises, dans lequel l’élégance du protagoniste fut incarnée par Andrea Occhipinti. La parabole du jeune noble, né en 1798 et vivant sous la fascination du rêve napoléonien, victime d’un enchaînement fortuit d’événements, se dévide sur un échiquier politique national et international en constante évolution, efficacement éclairé par Stendhal : Milan, centre d’une culture surtout théâtrale et musicale, préféré à tous les autres par l’écrivain, apparaît ici dans ses composants réels à travers sa beauté et sa vivacité 3 , tandis que le pôle opposé se situe dans la principauté absolue de Parme, invention totale de l’écrivain, dans laquelle le prince régnant, Ranuce Ernest IV, obscurantiste et craintif, se trouve au milieu d’une cour qui se nourrit d’intrigues et de médisance. Plus loin d’autres lieux, la résidence de Grianta, cadre étriqué de la noblesse provinciale des marquis del Dongo, et la ville de Naples, séjour tranquille de Fabrice pendant ses quatre années d’études théologiques. Abstraction faite de l’intrigue du roman, d’ailleurs bien connue, et de son douloureux finale, il est intéressant de s’attarder à ce propos sur un aspect particulier, en l’occurrence de réfléchir sur le mécanisme de l’invention littéraire que le moment archéologique déclenche. Mélangeant les plans du vrai, du vraisemblable et de l’imagination, l’écrivain façonne en effet une image complète, absolument crédible, du gentilhomme qui devient prêtre par contrainte (il est en fait destiné à la carrière ecclésiastique à cause des erreurs émanant de sa juvénile ardeur napoléonienne), à l’éducation élevée bien qu’aux compétences pas particulièrement approfondies, dont la panoplie culturelle intègre la passion pour les antiquités. Fabrice del Dongo est dépeint comme un archéologue sur le modèle des aristocrates qui se dédient pour leur plaisir aux fouilles et à la collection 4 : à travers ses aspirations à une vie future dans la richesse, le jeune homme espère disposer de quelques écus pour entreprendre des fouilles et former un « cabinet » 5 , avec, à l’horizon, le désir bien ancré de retourner visiter les champs de Waterloo 6 . 3 Bertrand, op.-cit., pp.-285-289 et 329-338. 4 Une allusion aux fouilles dans la Chartreuse se trouve dans Carandini, Andrea. Storie dalla terra. Manuale di scavo archeologico, Saggi, 752, Torino, Einaudi, 2 1991, p.-5. 5 La Chartreuse de Parme, p.- 340. Quant au « cabinet », il suffit de penser à la célébrissime institution en France : http : / / www.bnf.fr/ fr/ la_bnf/ dpt_mma/ s. collections_monnaies_medailles.html ? first_Art=non, consulté le 24 décembre 2016. 6 Pour l’influence de Napoléon sur le roman voir « Le mythe napoléonien dans La chartreuse de Parme de Stendhal » : http : / / alain.cerri.free.fr/ index15.html, consulté le 24- décembre 2016, et, plus généralement : « L’avventura e il mito di Stendhal, ou l’invention des fouilles 83 En même temps, le romancier accomplit une opération intellectuelle et créatrice raffinée, dans la mesure où il transfuse dans le roman les connaissances personnellement acquises au cours de ses voyages en Italie, qui constituent le tissu de l’œuvre entière. Contrairement à son personnage, taxé à plusieurs reprises d’ignorance ou d’une culture lacunaire au fil des pages du roman, Henry Beyle avait une formation solide et complète qui lui permettait des fréquentations élevées, dont ses mémoires livrent largement le témoignage 7 ; excellent connaisseur de l’histoire, de l’architecture et de l’histoire de l’art, mais aussi de l’antiquité classique 8 , il était animé par le désir de voyager systématiquement pour connaître et pour étudier, si bien que le temps de son consulat à Civitavecchia exerça une grande influence sur la passion pour l’étrusquité (etruscità), ce qui n’a pas manqué d’attirer l’attention de la recherche 9 . Peu nombreuses et éparses dans la Chartreuse, les références aux antiquités sont certainement marginales, vu l’intérêt prépondérant de l’auteur pour l’époque moderne. Peu après son arrivée à Parme, la duchesse de Sanseverina, la tante de Fabrice, visite la citadelle Napoleone », dans Colesanti, Massimo et Fasoli, Silvia (dir.), Per uno Stendhal “Romano” libri idee immagini, catalogue de l’exposition, Roma, Palazzo Primoli, 24 octobre-9-décembre 2002, Roma, Storia e Letteratura, 2002, pp.-87-98. 7 Un specimen de la polymathie de l’écrivain est présenté dans le volume Per uno Stendhal “Romano”, op.-cit. 8 Citons au moins : Gallo, Daniela (dir.). Stendhal historien de l’art, Collections Arts et Société, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012. Dans le catalogue de la bibliothèque milanaise de Stendhal, transférée au Centro Stendhaliano di Milano, figure sous le n°-950 la fiche suivante : « Histoire de l’Art chez les anciens, par M. Winckelmann ; traduite de l’allemand par M. Huber. Nouvelle Édition, revue et corrigée. Tome Premier. À Paris, Chez Barrois l’ainé, Libraire, quai des Augustins, n°-19. Savoye, Libraire, rue Saint-Jacques, n°-12. M.DCC.LXXXIX. 203 x 127 ; pp.-[4], CIX, [4], 212 ; dorso in tela. Note ; firma alla p.-212 ». 9 Hus, Alain. « Stendhal et les Etrusques » dans Mélanges offerts à Jacques Heurgon. L’Italie préromaine et la Rome républicaine, Rome, École française de Rome, 1976, pp.- 437-469 ; bibliographie complète concernant le rapport entre Stendhal et l’Étrurie dans Zevi, Fausto et Cagiano, Elena. « Stendhal, archeologo malgré tout », dans Colesanti, Massimo, de Jacquelot, Hélène, Norci Cagiano, Letizia et Scaiola, Anna Maria (dir.), Arrigo Beyle “Romano”. 1831-1841. Stendhal fra storia, cronaca, letteratura, arte, Atti del convegno internazionale, Roma, 24-26 ottobre 2002, Roma, Storia e Letteratura, 2004, pp.-203-235 ; Bottacin, Annalisa. « Stendhal ‘archeologo’ nell’antica Etruria meridionale. La nascita di una grande passione (1831-1835) », Studi Francesi, a. LII, - fasc. II, n°. 155 (mai-août 2008), pp.- 286-323 ; sur le rapport avec la région de Viterbe voir Casini, Federica. « Personaggi e luoghi farnesiani della Tuscia viterbese nell’opera di Stendhal », Rivista di Letterature moderne e comparate, vol.- LXV, fasc. 3, juillet-septembre 2012, pp.-277-300. 84 Elena Calandra dans les environs 10 : l’ensemble, inventé par l’auteur, est caractérisé par une haute tour, dont le modèle déclaré est le mausolée d’Hadrien et qui est datée dans le roman du début du XVI e siècle comme œuvre des Farnèse, népotes de Paul III 11 . L’allusion à Rome, bien que fugace, rétablit un lien historique vraisemblable entre la maison ducale des Farnèse qui régna en effet pendant de nombreuses années à Parme avant de s’éteindre en 1731, et sa descendance fictive dans le roman. Deux épisodes surtout sont de stricte pertinence archéologique, les fouilles de Misène et celles de Sanguigna, dans les alentours de Parme, même s’il faut tout de suite souligner que l’archéologie ne revêt certainement pas une position prééminente dans la vie du jeune protagoniste, occupé par des amourettes, des divertissements et la chasse. Les fouilles de Misène, auxquelles le roman ne fait guère qu’allusion, possèdent une valeur ponctuelle et peu incisive pour la continuation de la trame : alors qu’il fréquente l’académie ecclésiastique à Naples, Fabrice se dédie avec peu de passion et beaucoup d’ennui à quelque amourette (se plaignant à plusieurs reprises de ne pas être amoureux : l’amour, le tragique et le vrai, sera celui pour Clélia Conti, entremêlé avec des sentiments intentionnellement freinés pour la tante), mais il s’enflamme pour l’archéologie : « cette passion avait presque remplacé celle des chevaux », explique le narrateur, à tel point qu’il vend ses chevaux pour financer les fouilles à Misène, lors desquelles il trouva un buste du jeune Tibère, « qui avait pris rang parmi les plus beaux restes de l’antiquité 12 ». Cet épisode qui a attiré une certaine attention de la recherche a été mis en rapport avec la biographie stendhalienne, puisque l’écrivain possédait en effet un portrait romain provenant de Misène qu’il identifiait par erreur comme portrait de l’empereur 13 . 10 La Chartreuse de Parme, pp.-243-244. 11 Norci Cagiano, Letizia.- « Presenza di Roma nella Chartreuse », dans Arrigo Beyle “Romano”, op.-cit., pp.-295-310, relève justement à la p.-295 que Rome est présent dans le roman, « ma in modo così capillare da eludere qualsiasi indagine metodica » ; le renvoi de la citadelle de Parme au château Saint-Ange est explicite, alors que le parallélisme entre Alexandre Farnèse et Fabrice del Dongo se lit entre les lignes (p.-296). 12 La Chartreuse de Parme, pp.-270-271. 13 Ample discussion, précédée d’une bibliographie, dans Colesanti, Massimo. « Stendhal da turista ad archeologo. Il Vesuvio, Pompei e il busto di Tiberio », dans Il Vesuvio e le città vesuviane, 1730-1860, Atti del convegno di Napoli, 28-30-marzo 1996, Napoli, CUEN, 1998, pp.-257-272. Le portrait est mentionné dans le cinquième et dans le sixième des quatorze testaments de Stendhal : Cordier, Auguste. Comment a vécu Stendhal, Genève, Slatkine Reprints, 1998, republication de l’édition de Paris, Villerelle, 1900, pp.-4, 32-35 et 35-37 : le cinquième testament est daté du 18-janvier 1832, le suivant des 11 et 12-décembre de la même année : le portrait, hypothétiquement identifé comme celui de Tibère, Stendhal, ou l’invention des fouilles 85 Si la circonstance de la possession de la sculpture romaine fait du personnage, au moins pour un moment, le double de l’écrivain, les événements autour des fouilles de Sanguigna, qui sont associés à l’akmé de l’action et la marquent d’une manière irréversible, sont d’une toute autre envergure du point de vue narratologique, mais aussi inventif 14 . Ayant terminé ses études à Naples, et une fois rentré pour revoir les lieux familiaux, Fabrice retourne à Parme pour entamer sa carrière ecclésiastique. Pendant le peu de temps qu’il passe dans la résidence de la principauté, le jeune homme se déclare prêt à surveiller les fouilles du comte Mosca, l’amant de la Sanseverina, en échange de la bienveillance que ce dernier lui avait témoignée. Cette proposition suscite la tendre jalousie de la tante : il semblerait que le jeune homme y trouve un prétexte pour s’éloigner d’elle. Le tournant psychologique est en réalité important : Fabrice se mesure à ses sentiments pour la Sanseverina, prenant conscience de ceux-ci pour la première fois de manière adulte, et décide de ne pas affronter le sujet, même pas en son for intérieur, l’étouffant par des manifestations d’affection pour la tante ; bien au fait de la situation émotive ainsi créée, il s’invoque un prétexte en demandant de pouvoir s’éloigner. Dans les mêmes circonstances, chez la Sanseverina, le jeune homme apprend par le comte Mosca la nouvelle que l’archevêque lui a offert la charge de premier vicaire général et, une fois ses vingt-quatre ans révolus (c’est-à-dire peu de temps après), celle de coadjuteur destiné à lui succéder. Le destin, pourtant, en disposera autrement. La proposition d’aider aux fouilles du comte Mosca, qui partage la passion du jeune homme pour l’archéologie 15 , contient déjà des éléments utiles pour comprendre le site, se trouvant dans une localité nommée Sanguigna (dont le nom fait peut-être écho à celui de la Tour Sanguigna à Rome, ce qui n’est toutefois qu’une pure suggestion 16 ), du reste non identifiable : deux jours avant, explique Fabrice, le comte a parcouru douze lieues est acquis par Stendhal au mois de janvier de la même année au prix de quatre écus, et laissé en héritage au comte Molé, et, en cas de la mort de celui-ci, à sa fille. L’exécuteur testamentaire pour l’œuvre est Prosper Mérimée, auquel seront payés cent francs pour la livraison au domicile du comte (p.-33), dans le château duquel, où il est toujours référencé, le portrait demeurera (dernièrement : Bottacin, Annalisa. « L’amicizia di Stendhal con i marchesi Potenziani e i principi di Torella. Con documenti inediti », Rivista Storica del Lazio, 18 (2003), pp.-139-171, mentionne à la page 140, note 5, le château de Champlâtreux, dans les environs de Paris, propriété des descendants du comte de Molé, les ducs de Noailles). 14 La Chartreuse de Parme, pp.-371-372 et 379-380. 15 Ibid., p.-287. 16 Krautheimer, Richard. Roma. Profilo di una città, 312-1308, traduction italienne, Rome, Edizioni dell’Elefante, 2009, p.-375. 86 Elena Calandra au galop, pour y passer deux heures ; un tel voyage était dû à la peur que les ouvriers qui travaillaient près du fondement du temple antique découvert ne volassent quelque fragment d’une statue récupérée. Après la visite due à l’archevêque, le jeune homme propose de se rendre sur place le soir même, pour profiter de la fraîcheur du soir, et d’y passer trente-six heures à surveiller la marche des opérations. En réalité, l’excursion a lieu deux jours après, et la description des lieux, sur quelques pages qui se succèdent, est plus circonstanciée : Sanguigna se trouve vis-à-vis de la commune de Colorno, existant jusqu’à nos jours, définie comme « le Versailles des princes de Parme », et à une vingtaine de kilomètres de celle-ci. Les fouilles se réalisent dans la plaine, près de la route la plus importante qui mène de Parme au pont de Casalmaggiore, première ville autrichienne (effectivement située aujourd’hui dans la province de Crémone). Dans le but de trouver un deuxième temple, les ouvriers sont en train de creuser une longue tranchée, qu’ils font la plus étroite possible, d’une profondeur de huit pieds, donc un peu plus de deux mètres et demi, si l’on part de l’hypothèse qu’un pied mesure 0,324 m 17 . La mention de l’étroitesse de la tranchée renvoie à l’application extensive du système plus ancien et rapide, utilisé lors des investigations archéologiques 18 , dans la mesure où l’excavation par tranchée permettait aussi d’identifier et de documenter les structures avec un degré de précision remarquable et de récupérer des matériaux sans respecter cependant l’unicité et la complexité du contexte 19 . Les fouilles visaient en particulier à découvrir, justement, un autre temple qui, selon la tradition orale rapportée par Stendhal, existait encore au Moyen Age au bord de la voie romaine. Cet élément est également très vraisemblable : il existait souvent, dans le passé, un souvenir de monuments disparus à un certain moment, dont il restait quelque indication permettant de retrouver les vestiges antiques ; à plus forte raison, il semble, selon le romancier, que la route de liaison entre Parme et le Po calquait un axe routier antique, ce qui ajoute de la vraisemblance à ce complexe cadre topographique. Néanmoins, il y a cette remarque concernant le mécontentement des paysans qui voyaient leurs propres champs traversés par cette tranchée très 17 Croci, Giovanni. Dizionario universale dei pesi e delle misure in uso presso gli antichi e moderni con ragguaglio ai pesi e misure del sistema metrico, Milano, presso l’Autore, 1860, pp.-21 et 99. À Corneto, Donato Bucci creusait des tranchées profondes de 6 à 8 pieds, ayant acquis des propriétaires le droit de creuser dans leurs champs : Zevi, Cagiano, op.-cit., p.-229, avec renvoi à « Une visite à Donato Bucci » dans Del Litto, Victor et Abravanel, Ernest (dir.), Mélanges II. Œuvres complètes, Genève/ Paris, Slatkine Reprints, 1986, vol.-46, pp.-289-290. 18 Carandini, op.-cit., p.-42, à propos des fouilles de Sanguigna. 19 Ibid., p.-5. Stendhal, ou l’invention des fouilles 87 longue et qui s’imaginaient, Stendhal parle bien au pluriel, qu’elle visait à la découverte de trésors. Le topos de l’archéologie comme recherche de biens d’une valeur inestimable retrouve plus loin un autre témoignage. En ce sens, la présence du jeune aristocrate a pour but d’éviter des désordres, mais aussi des vols : lorsque « quelque médaille », selon la terminologie antiquaire typique, est mise au jour, Fabrice la réquisitionne aussitôt. Des informations ultérieures concernant les modalités des excavations sont fournies plus loin dans le roman, dans une reconstruction des faits a posteriori 20 : il y avait au total trente-quatre ouvriers employés dans les fouilles, dont deux, au moment le plus grave, étaient à l’extérieur pour donner l’alarme. Le nombre plutôt élevé des participants, qui a rapport à la profondeur de la tranchée, indique que la campagne avait été planifiée par le comte avec une certaine précision, avec une abondante main-d’œuvre en prévision. Le rôle de directeur des fouilles s’arrête, finalement, presque aussitôt pour le jeune homme. Del Dongo superpose en effet au passe-temps des fouilles une autre passion aristocratique, la chasse : à six heures du matin et de temps en temps, pendant qu’il surveille les fouilles, il tire sur quelque alouette, jusqu’à ce qu’une tombe sur la route. En allant ramasser la proie, Fabrice voit s’approcher une voiture qui transporte Marietta, l’actrice avec laquelle il a depuis quelque temps une liaison, avec l’acteur Giletti, on ne peut plus être jaloux d’elle, et la vieille qui fait semblant d’être sa mère. L’acteur croit que Fabrice s’est posté délibérément si près de la frontière : il s’ensuit une rixe à la fin de laquelle Fabrice tue Giletti avec un couteau de chasse, et s’enfuit dans la même voiture. À partir de ce moment-là, la vie du jeune homme prendra une tournure complètement différente, dont l’issue, de fuite en fuite jusqu’à la prison et à la retraite finale, est connue. Stendhal dépeint la scène avec le détachement dû : comme il a eu soin de déclarer dans l’« Avertissement » (pourtant romanesque de son côté, anticipant en 1830 la composition du roman qui n’intervient qu’en 1839 21 ), l’auteur a laissé aux personnages les défauts de leur caractère, qu’il blâme moralement en tant que personne. Le jeu littéraire est évident, mais sert à l’écrivain à se mettre à l’abri de l’équivoque d’être identifié, surtout au niveau moral, avec ses propres personnages. Bien loin d’être le connoisseur expert et méthodique que fut Stendhal, Fabrice s’en écarte : la légèreté avec laquelle il mélange les deux passe-temps, la chasse et les fouilles, le perd à jamais. Comme il a été proposé sur le plan de l’argumentation, le meurtre de Giletti et les personnages impliqués dans la fuite de Fabrice ont proba- 20 La Chartreuse de Parme, pp.-438-439. 21 Ibid., pp.-5-8. 88 Elena Calandra blement leur origine dans le vécu de Stendhal qui, en tant que consul de Civitavecchia, était lié d’amitié avec le prince de Canino. Selon le rapport du 6- mai 1836, signé par le remplaçant du consul Beyle, Galloni d’Istria, deux fils de Lucien Bonaparte, Pierre et Antoine, attaquent dans une rixe sur la place de Canino un garde-chasse ; Pierre tue carrément le lieutenant à la tête des gendarmes envoyés pour les arrêter et est ensuite incarcéré dans le Château Saint-Ange, condamné, puis exilé. Les ressemblances entre les deux événements ne font aucun doute ; ceux-ci sont connectés également par le fait commun de la chasse qui est très récurrent dans la Chartreuse : la proximité se retrouve aussi dans l’emploi des noms de baptême des compagnons de fuite de Fabrice, amis du cocher Ludovic, Pierre Antoine et Charles Joseph : les Bonaparte impliqués sont Pierre et Antoine, tandis que Charles et Joseph sont également des noms en usage dans cette famille 22 . Si le fait de la chronique est filtré par la lumière de l’invention poétique, rares sont cependant les points de tangence entre l’écrivain et les personnages qu’il évoque, à l’exception d’un moment, où l’un des personnages, le jeune voyageur anglais, montre qu’il fait confiance exclusivement aux indications du guide de madame Starke, s’attirant de cette manière l’ironie du romancier 23 . Ce qui intéresse ici, bien sûr, est l’aspect archéologique même en ce qu’il est enchevêtré avec les événements du roman. Le site de Sanguigna, en effet, est inventé, mais comme il a été dit, dans le cadre d’une situation topographique réelle, et il possède toutes les caractéristiques de la vraisemblance par les modalités avec lesquelles il est exploité. Non loin des lieux apparaît un site archéologique toujours existant, Veleia, dans la commune de Lugagnano Val d’Arda, dans la province de Plaisance : la petite municipalité fut systématiquement enquêtée à partir de 1760 sous le duc de Parme Philippe de Bourbon, en concurrence avec son frère Charles-III qui, dans les mêmes années, entamait les fouilles de Pompéi 24 . Le lien entre les deux états bourbons réapparaît à la lumière des fouilles qui les rapprochent, et ce n’est peut-être pas par hasard que Stendhal, connaisseur profond de l’histoire italienne, entreprend un jeu intellectuel avec les deux grandes maisons : si les Farnèse, éteints en réalité, continuent à vivre dans le règne fictif, les Bourbons prêtent le milieu pour les fouilles, dans le royaume de Naples et dans le duché de Parme, mais dans un esprit 22 Cirrincione d’Amelio, Ludovica. « Stendhal e i prìncipi di Canino e Musignano », dans Arrigo Beyle “Romano”, op.-cit., pp.-81-91, particulièrement pp.-86-88. 23 La Chartreuse de Parme, pp.-482-483. 24 De la bibliographie interminable citons au moins le tableau expressif de Zevi, Fausto. « La storia degli scavi e della documentazione », dans Pompei 1748-1980. I tempi della documentazione, a cura dell’Istituto Centrale per il Catalogo e la Documentazione, Roma, Multigrafica Editrice, 1981, pp.-11-21. Stendhal, ou l’invention des fouilles 89 de variatio, géographique et chronologique. Il y apparaît en effet Misène et non Pompéi, mais Naples reste quand même cardinal : la Sanseverina, devenue comtesse Mosca, rêve de la vie napolitaine avec ses concerts et ses conversations, parlant de fouilles menées à bien par son mari évidemment dans une cité vésuvienne, dépensant mille francs par mois et faisant venir des Abruzzes les ouvriers qui lui coûtaient seulement vingt-trois sous par jour 25 . Certes, c’est Sanguigna qui apparaît et non Veleia, projetée sur un scénario différent, dans la plaine. Les fouilles du centre de l’Appenin furent particulièrement soignées et bien documentées, et porteront à la lumière, après la trouvaille fortuite de la célébrissime Tabula Alimentaria en 1747, un complexe public de dimensions très limitées, dont la basilique livra l’un des cycles statuaires Julio-Claudiens les plus complets et les mieux conservés de l’antiquité 26 . Le souvenir des découvertes de Veleia ne manquait certainement pas au bagage culturel de Stendhal, même si le lien n’est que générique, en tant qu’il n’y a pas de rapport entre les deux temples présumés et découverts lors des fouilles du comte Mosca et le petit complexe public fouillé à Veleia ; et la découverte des médailles et des fragments de statue ne se laisse pas rapporter à un lieu spécifique. L’écrivain fut cependant plusieurs fois à Parme et dans sa région entre 1801 et 1824, où il put entrer en contact avec la réalité archéologique locale 27 . Toutefois il n’aura pas négligé l’intérêt pour celle-ci, ni sous l’administration française (1802-1815) ni durant les années de Marie Louise d’Autriche jusqu’à la mort de cette dernière en 1847. Pendant la période française, plusieurs pièces de Veleia, parmi lesquelles la Tabula Alimentaria, sont enlevées et transportées à Paris en 1803, d’où elles seront rapportées seulement lors de l’établissement de Marie Louise en 1816 ; entre 1803 et 1805 une série de campagnes de fouilles sous la direction de De 25 La Chartreuse de Parme, p.- 987. Les ouvriers du royaume de Naples recevaient pourtant vingt-trois baiocchi ou vingt-cinq soldi par jour (Zevi, Cagiano, op.-cit., p.- 229, avec renvoi à la lettre à mademoiselle Sophie Duvaucel du 28- octobre 1834, dans Stendhal. Correspondance générale, éd. Victor Del Litto, Paris, 1997-1999, 6 vol., ici vol.-V, n o 2394). 26 http : / / www.treccani.it/ enciclopedia/ velleia (Enciclopedia-dell’-Arte-Antica)/ , voir Guido Achille Mansuelli, consulté le 10- novembre 2016 ; l’édition fondamentale des fouilles de la basilique sous la direction de Saletti, Cesare : Il ciclo statuario della basilica di Velleia, Milano, Ceschina, 1968. Le site archéologique de Veleia peut être visité : www.archeobologna.beniculturali.it, consulté le 10-novembre 2016. 27 Miranda, Silvana. « Gli scavi di Veleia nell’immaginario della prima metà del XIX secolo », dans Éric Perrin-Saminadayar (dir.), Rêver l’archéologie au XIX e siècle : de la science à l’imaginaire, Saint-Étienne, Publications de l’Université de Saint- Étienne, 2001, pp.-279-295, particulièrement pp.-294-295. 90 Elena Calandra Lama, directeur des fouilles puis préfet, poursuivent les investigations précédentes sans apporter de nouvelles découvertes substantielles, mais sont soutenues d’une bonne documentation 28 . L’arrivée de Marie Louise à Parme marque le commencement d’une politique protectionniste des antiques et une ferveur renouvelée pour les fouilles, en cette même année 1816 et en 1824, puis de nouveau sous la direction du nouveau directeur des fouilles, Michele Lopez, surtout entre 1842 et 1847. Les résultats sont cependant pour le moins décevants par rapport aux découvertes spectaculaires du XVIII e siècle et produisent une documentation de niveau inférieur 29 . Si, comme il a été soutenu, il n’y a pas de certitude quant à une inspiration possible des fouilles de Sanguigna par celles de Veleia, il est pourtant impossible d’ignorer qu’en 1819 et 1822 paraissent à Milan les deux volumes de la publication de Giovanni Antonio Antolini, Le rovine di Veleia misurate e disegnate : si l’on calcule les temps dans le roman, les fouilles menées par Fabrice à Sanguigna semblent avoir lieu en 1823, ce qui ne paraît pas être une coïncidence, abstraction faite de la connaissance directe, au moins, du site archéologique de Veleia de la part de Stendhal. Le début des années 20 du XIX e - siècle verra pourtant un fort intérêt pour les antiquités, aussi en termes législatifs, notamment là où celles-ci prévalaient, à Rome : de 1820, date l’édit du cardinal Pacca, acte fondamental destiné à protéger l’État Pontifical qui put passer inaperçu aux yeux de l’écrivain et ne pouvait certainement pas être en vigueur dans le Parme imaginé ; cependant, l’impact de la nouvelle aile (Braccio Nuovo) des Musées du Vatican, inaugurée en 1822 30 , fut bien plus fort. Le nom de Veleia apparaît pourtant à plusieurs reprises dans le roman, c’est dans sa chartreuse que Fabrice se retire 31 , et c’est le lieu d’exil de la marquise Raversi, qui y possède un château dans lequel elle est contrainte de résider par le prince, lorsque les intrigues de la cour à propos de Fabrice lui sont défavorables 32 . Dans cette modalité apparaît la capacité d’invention de Stendhal, qui joue sur les plans du réel (les fouilles de Veleia) et du vraisemblable (la chartreuse et le château) pour créer complètement une situation comme celle des fouilles de Sanguigna. L’invention complexe de celles-ci, au contraire, semble se configurer comme une métaphore de la création littéraire même : c’est le même Stendhal qui prononce dans les Souvenirs d’égotisme le célèbre aphorisme : « Il n’y a de vérité que dans le roman ». 28 Miranda, op.-cit., pp.-282-285. 29 Ibid., pp.-285-289. 30 Dernièrement Paolucci, Antonio. Il braccio nuovo. I volti del restauro, Città del Vaticano, Musei Vaticani, 2016, pp.-7-12. 31 La Chartreuse de Parme, pp.-402 et 949. 32 Ibid., pp.-513, 527 et 614. Stendhal, ou l’invention des fouilles 91 Sur le plan archéologique, la citation des fouilles de Misène et le récit de celles de Sanguigna, sous le signe de la vraisemblance à des degrés divers, rendent bien la mentalité aristocratique et privée, fort éloignée de toute idée de jouissance publique, à la base des fouilles 33 . Le modèle semble être ravivé d’une manière précise dans la famille de Napoléon à qui l’on doit in primis la conscience du pouvoir évocateur des œuvres d’art : par la création du Musée qui porte son nom, il fixe une ligne de partage politique et culturelle très marquante à ce moment-là et aux conséquences durables dans le temps 34 . En même temps, l’architecture ainsi que la production artistique changent, formées par le contact rénovateur et direct avec les manifestations artistiques de l’antiquité, mais aussi l’ameublement et la mode seront conditionnés pour toujours par le style Empire, qui, imitant les antiquités et notamment celles des cités vésuviennes, décline en formes pures les intérieurs, le mobilier et les vêtements 35 . 33 Pour le collectionnisme à l’époque du néoclassicisme- voir Gualandi, Giorgio. « Dallo scavo al museo », dans I Musei, Capire l’Italia, Milano, TCI, 1980, pp.- 81-119, particulièrement p.- 85, et Gualandi, Giorgio. « Il collezionismo e le realizzazioni museali dall’antichità all’età neoclassica », dans Cristiana Morigi Govi et Giuseppe Sassatelli (dir.), Dalla stanza delle Antichità al Museo Civico. Storia della formazione del Museo Civico Archeologico di Bologna, Bologna, Grafis, 1984, pp.-87-98, particulièrement pp.-94-96. 34 Pour l’impact des campagnes napoléoniennes voir Bertrand, op.-cit., pp.-369-395. Pour l’enlèvement forcé des œuvres d’art de l’Italie et ses conséquences voir Haskell, Francis et Penny, Nicholas. L’antico nella storia del gusto. La seduzione della scultura classica, Torino, Saggi, 674, 1984, pp.-132-140, traduction italienne ; Pucci, Giuseppe. Il passato prossimo. La scienza dell’antichità alle origini della cultura moderna, Roma, La Nuova Italia scientifica, 1993, pp.- 21-25 et 29-34 ; Coliva, Anna, Fabréga-Dubert, Marie-Lou et Martinez, Jean-Luc (dir.), I Borghese e l’Antico, catalogue de l’exposition, Roma, Galleria Borghese, 7- dicembre 2011-9- aprile 2012, Milano, Skira, 2011 ; des observations intéressantes se trouvent dans Slavazzi, Fabrizio. « Laocoonte al Moncenisio. Viaggi di opere d’arte in età napoleonica », dans Elisa Panero (dir.), In viaggio. Viaggi e viaggiatori dall’antichità alla prima età contemporanea, La Morra, Associazione Culturale Antonella Salvatico Centro Internazionale di Ricerca sui Beni Culturali, 2011, pp.-67-78 ; dernièrement Curzi, Valter, Brook, Carolina et Parisi Presicce, Claudio (dir.). Il Museo universale. Dal sogno di Napoleone a Canova, catalogue de l’exposition, Roma, Skira, 2016 : pour l’aspect archéologique- particulièrement : Parisi Presicce, Claudio. « Da memoria antiquaria a patrimonio della nazione in età napoleonica. Quale archeologia ? », pp.-33-45. 35 Pour l’omniprésence de l’antiquité voir Rosenblum, Robert. Trasformazioni nell’arte. Iconografia e stile tra Neoclassicismo e Romanticismo, traduction italienne, Roma, Carocci 1984 ; cfr. http : / / www.treccani.it/ enciclopedia/ stile-impero/ , consulté le 20 décembre 2016. 92 Elena Calandra Il n’est donc pas difficile d’entrevoir le modèle dans Lucien Bonaparte prince de Canino, emblème d’une tradition qui empruntait beaucoup aux fouilles de ces années-là sur le sol italien et qui porte même, comme dans le cas du frère de Napoléon, à se servir des fouilles aussi comme moyen de se procurer des biens à vendre pour apurer le patrimoine : comme il est notoire, Lucien avait les fouilles en Étrurie à partir de la fin des années 20, et il était donc bien présent pour Stendhal au moment de l’élaboration du roman, composé au cours de quarante journées fébriles en 1839 36 . Plusieurs membres de la famille de Napoléon se délectaient pourtant d’archéologie, de collectionnisme et de fouilles, et ceux-ci représentent certainement une référence immédiate pour l’écrivain : la première femme de Napoléon, Joséphine, était une collectionneuse attentive aux arts antique et moderne ; Joseph, le frère de l’empereur, collectionnait des vases, tout comme la sœur, Caroline Murat, qui promouvait également les fouilles et les illustrations des monuments à Pompéi ; la passion de l’archéologie animait aussi une autre sœur moins connue, Élise princesse de Lucques et de Piombino, qui menait des fouilles à Populonia et, après l’exil de Napoléon, dans la propriété de Villa Vicentina, près d’Aquileia 37 . L’étoile de Napoléon, désormais tombée, a fait des antiquités la source d’une fierté pour le moins controversée, et son émule et admirateur Fabrice del Dongo n’en est qu’un écho romantique. Traduction : René Sternke 36 Stendhal. La Certosa di Parma, traduction de Camillo Sbarbaro, Torino, 3 1953, introduction, pp.-VII-X. 37 Pour la passion archéologique des membres de la famille de Napoléon voir Slavazzi, Fabrizio. « La fortuna dei vasi antichi dell’Italia meridionale nell’Ottocento : i Bonaparte, le collezioniste », dans Gemma Sena Chiesa (dir.), Vasi immagini collezionismo, Giornate di studio La collezione di vasi Intesa Sanpaolo e i nuovi indirizzi di ricerca sulla ceramica greca e magnogreca, Milano, 7-8-novembre 2007, Milano, Cisalpino-Monduzzi, 2008, pp.- 117-138, précédé d’une bibliographie abondante ; pour Caroline Murat voir Gasparri, Carlo. « Il Museo della Regina. Collezionismo di antichità e politica dell’antico nel decennio francese a Napoli », dans Cioffi, Rosanna et Grimaldi, Anna (dir.), L’idea dell’Antico nel Decennio francese, Atti del Terzo seminario di studi “Decennio francese” (1806-1815), Napoli-Santa Maria Capua Vetere, 10-12- ottobre 2007, Napoli, Giannini, 2010, pp.- 149-156 ; Irollo, Alba. « Carolina Murat, François Mazois e l’antico », dans Buccaro, Alfredo, Lenza, Cettina et Mascilli Migliorini, Paolo (dir.), Il Mezzogiorno e il Decennio architettura, città, territorio, Atti del Quarto seminario di studi Decennio francese, Napoli-Caserta, 16-17-maggio 2008, Napoli, Giannini, 2012, pp.-253-273.