Papers on French Seventeenth Century Literature
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0343-0758
2941-086X
Narr Verlag Tübingen
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2008
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Jean-Pierre Chauveau (éd.) : Cahiers Tristan L’Hermite, revue annuelle publiée par l’Association des «Amis de Tristan L’Hermite» XXVIII, 2006. 110 p.
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2008
Marie-Odile Sweetser
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PFSCL XXXV, 69 (2008) 760 théologie positive, langage mystique et exégèse » (784), aussi entre-t-elle en crise autant à la suite des divergences intérieures du champ religieux que de la profanation du champ littéraire. Le livre de Christophe Bourgeois explore un domaine peu connu avec une érudition admirable et une grande sensibilité littéraire dont la finesse de ses analyses témoigne abondamment. Volker Kapp J e a n - Pie rr e C ha uv e a u ( é d.) : Cahiers Tristan L’Hermite, revue annuelle publiée par l’Association des « Amis de Tristan L’Hermite » XXVIII, 2006. 110 p. Cette livraison, dédiée à la mémoire de Jacques Morel, président de l’Association de 1979 à 2001 s’ouvre par un vibrant hommage de son savant et estimé successeur, Jean-Pierre Chauveau, spécialiste de la poésie du XVII e siècle qui a édité cette poésie dans l’Anthologie de la poésie française de la Pléiade, I, pp. 851-1253, 2000. Le nouveau président retrace la brillante carrière de l’érudit et éminent dix-septiémiste qu’avait été Jacques Morel, bien connu pour ses travaux sur le théâtre et la poésie du XVII e siècle. Il avait contribué à l’établissement et au développement de la société en collaboration avec son non moins regretté membre fondateur et secrétaire, Amédée Carriat. Le grand et délicat poète et écrivain que fut Tristan avait attiré à son œuvre, dans tous les genres qu’il avait pratiqués, l’attention des érudits. Le monde savant depuis un demi-siècle avait redécouvert la richesse et la valeur de la littérature et des arts du premier dix-septième siècle, diversement qualifié d’âge baroque ou de période Louis XIII. Jacques Morel avait joué un rôle important dans cette diffusion avec son Histoire de la littérature française de Montaigne à Corneille (1572-1660) chez Arthaud, sa thèse sur Rotrou, ses travaux sur le théâtre et sur un autre grand poète, Théophile de Viau. Françoise Graziani, vice-présidente de l’association, ancienne élève de Jacques Morel, lui consacre aussi une page émue, évoquant ses qualités d’ouverture et de dévouement à ses étudiants. Jean-Pierre Chauveau souligne le rôle joué par Jacques Morel dans la préparation des Œuvres complètes de Tristan L’Hermite, publiées chez Champion, à partir de 1999, dans la collection « Sources classiques » dirigée par Philippe Sellier qui a grandement contribué à mettre à la portée des universitaires les écrivains du premier dix-septième siècle. La maladie avait empêché Jacques Morel de mener à bien l’édition des Œuvres complètes, Comptes rendus 761 superbement réalisée sous la direction de son successeur avec une savante et prestigieuse équipe de spécialistes. Parmi ceux-ci on notera pour les volumes consacrés aux œuvres poétiques Véronique Adam, Alain Génetiot, Françoise Graziani, Amédée Carriat, Laurence Grove et Marcel Israel ; pour la prose Jean Serroy, Bernard Bray, Marc Fumaroli, pour le théâtre Roger Guichemerre, Danielle Dalla Valle, Anne Tournon, Claude Abraham, J-P Chauveau, Nicole Mallet et Jacques Morel. La présente livraison poursuit la tradition d’excellence de cette remarquable revue que tous les dix-septiémistes auraient intérêt à pratiquer puisque Tristan s’était illustré dans les principaux genres : poésie, amoureuse et pastorale, encomiastique et religieuse ; prose : lettres et surtout le charmant Page disgracié, précurseur d’un roman moderne libéré des contraintes ; théâtre : on se souvient que la Mariane (1636) avait été un des grands succès du siècle à la scène. Conscient de la variété des genres cultivés par Tristan, J.-P. Chauveau justifie le choix du titre pour ce numéro spécial « Thèmes et variations », en contraste avec les numéros précédents où les contributions étaient groupées autour d’un thème précis : c’est ainsi que le n° XXVII de 2005 présentait les Actes de la journée d’étude organisée par Alain Génetiot à l’Ecole Normale Supérieure autour du Page disgracié. Cette année, comme le note J.-P. Chauveau dans sa Présentation, c’est l’idée de variété, de diversité qui a retenu l’attention de l’éditeur et de son conseil. On se rappelle la devise énoncée dans ce sens par La Fontaine, héritier de Tristan, « un aîné par l’âme » selon la belle formule de Marc Fumaroli dans le Poète et le roi (p. 121). Ce dernier estime que, parmi les plaisirs énumérés par La Fontaine se trouvaient « ceux que préférait le très tendre Tristan ». Les forêts, les eaux, les prairies Mères des douces rêveries… Ce sont précisément ces thèmes de la tradition pastorale dans l’ensemble de l’œuvre, des Plaintes d’Acante à l’Amarillis qui font l’objet de l’excellente étude de Sandrine Berregard, bien préparée par la récente publication de son Tristan L’Hermite : héritier et précurseur, Biblio 17, vol. 157, Tübingen, Gunter Narr, 2006. Loïc Thommeret s’intéresse à une des tragédies moins connue, généralement négligée dans « L’autonomie du lyrisme dans Panthée de Tristan ». Son analyse se montre très poussée et bien documentée. Du côté anglophone, il s’appuie sur les importants travaux de Claude Abraham sur le théâtre de Tristan et cite le toujours utile Racine et la poésie tragique d’Eugène Vinaver. Il estime que « le lyrisme seul s’avère insuffisant à faire naître le tragique » (p. 32), ce qui expliquerait l’insuccès de la pièce. PFSCL XXXV, 69 (2008) 762 Aurore Labenheim qui avait publié une stimulante étude dans un précédent Cahier, n. XXVI, « Une esthétique du flou entre dissimulation et travestissement », poursuit ses recherches dans les procédés d’expressions du poète dans « Une stylisation du contraste chez Tristan L’Hermite » et illustre son recours constant au paradoxe et à la pointe, ce qui le rattacherait à une esthétique baroque. On connaît les désillusions du poète dans ses rapports avec son mécène. Lionel Philipps y consacre une belle étude très fournie suivie d’une présentation de deux Odes illustrant cette navrante situation : « Le poète et le Prince dans les Vers héroïques : agonie d’une relation mythique » et « Tristan et Billaut face à Gaston d’Orléans : la louange désabusée. Autour de deux odes ». L’auteur prend comme point de départ le magnifique et envoûtant poème « La Mer », « fruit d’une inspiration mélancolique et éminemment personnelle » (p. 65). Après un long et vain service auprès de Gaston d’Orléans, le poète déçu espère trouver un nouveau mécène dans la personne du duc de Guise avec des vers où « la contamination du registre héroïque par le registre amoureux serait possible » (p. 79). On trouvera ici, comme dans les précédentes livraisons, d’excellents, précis et utiles comptes rendus dûs à Guillaume Peureux, Véronique Adam, Sandrine Berregard et Mathilde Bombart ainsi qu’une Bibliographie et une Chronique des activités de l’Association. La mémoire de Jacques Morel a été bien servie par ses collègues et amis. L’œuvre de Tristan aussi, son époque et les circonstances dans lesquelles elle a été créée. Les lecteurs apprécieront la richesse et la ferveur tristanienne de cet hommage collectif. Marie-Odile Sweetser Gé r a r d F e rr e yro ll e s (dir.) : La Polémique au XVII e siècle, Littératures classiques, n° 59 (été 2006). 369 p. G. Ferreyrolles nous présente un recueil d’articles de grande qualité sur la polémique au XVII e siècle, fruit d’un séminaire conduit en 2002-2003 et 2003-2004 à la Sorbonne. Le sujet est central pour l’âge classique, à tel point que l’on pourrait proposer (comme l’a fait E. Bury dans son article « Frontières du classicisme », Littératures classiques, n° 34, automne 1998, p. 217-235) une périodisation fondée sur les différentes querelles qui parcourent le siècle. Cet intérêt pour la polémique, les controverses et les querelles, s’il n’est pas nouveau (à la fin du XVIII e siècle, S.-A. Irailh publiait déjà ses Querelles littéraires…depuis Homère jusqu’à nos jours ! ), trouve un intérêt particulier dans la recherche la plus actuelle, comme en témoigne le
