eJournals Papers on French Seventeenth Century Literature 35/69

Papers on French Seventeenth Century Literature
pfscl
0343-0758
2941-086X
Narr Verlag Tübingen
121
2008
3569

Jürgen Grimm : Französische Klassik. Stuttgart, Weimar: Metzler, 2005. 313 p.

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2008
Matei Chihaia
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PFSCL XXXV, 69 (2008) 766 par la problématique même de l’ouvrage : comment critiquer sans sortir des bornes de la civilité ? Carine Barbafieri J ür g e n Grim m : Französische Klassik. Stuttgart, Weimar : Metzler, 2005. 313 p. Cette introduction à la culture du Grand Siècle est issue d’un cours magistral et non d’un effort de synthèse, contrairement à celle d’Andrea Grewe publiée quelques années auparavant. 1 Jürgen Grimm présente donc l’histoire et la société du dix-septième siècle d’une manière élaborée et compréhensible qui invite à une lecture continue. Les chapitres, structurés par un sommaire très détaillé, présentent, après une introduction sur le concept de « classique » et ses origines (I), des éléments d’histoire politique et sociale (II) et une première construction dialectique : au chapitre sur l’histoire des idées religieuses (III) s’oppose celui sur la philosophie et les sciences (IV). Une longue partie développe ensuite la relation entre classicisme et baroque sous l’aspect central de la relation des arts et du pouvoir politique (V). L’ensemble des thèmes des chapitres précédents est repris dans une partie qui esquisse leur évolution à la fin du Grand Siècle, dans une sorte de décadence générale (VI). Pour finir, une septième partie synthétise les formes et les thèmes littéraires de l’époque (VII). Bien que l’ouvrage s’appuie surtout sur le Dictionnaire du Grand Siècle, paru en 1990, 2 et sur les ouvrages de Pierre Goubert, il mobilise également une importante littérature secondaire. L’appareil critique présenté en annexe constitue un instrument de travail précieux, avec une bibliographie détaillée axée sur des sujets comme les courants religieux, les sciences, la situation des femmes et les salons, puis avec un index des noms communs, où l’on trouve des entrées aussi variées que « ‘législateur du parnasse’ » ou « Missernten » (mauvaises récoltes), qui donnent une idée de la richesse et des détails de ce livre, et finalement un index des noms propres. Ce dernier reflète assez bien, par la distribution des entrées, la manière d’aborder le Grand Siècle qui caractérise ce livre. A côté de Louis XIV et de Richelieu, références historiques inévitables, la forte présence d’Henri IV souligne l’effort de l’auteur d’intégrer tout le dixseptième siècle et d’esquisser un tableau des mouvements politiques et sociaux qui bouleversent la France à cette époque. De plus, on trouve presque autant d’entrées pour Molière que pour son Roi, non seulement 1 Andrea Grewe, Die französische Klassik. Stuttgart : Klett 1998. 2 François Bluche, Dictionnaire du Grand Siècle. Paris : Fayard 1990. Comptes rendus 767 parce que Grimm est un des grands spécialistes de cet auteur, mais aussi parce qu’il sait appliquer ses comédies à la réalité sociale, de sorte que les deux sphères s’illustrent réciproquement. Le théâtre classique n’est pas le sujet central de ce livre qui n’envisage la littérature que comme un aspect de la culture - ce dont témoigne la répartition des auteurs sur l’ensemble des chapitres. L’ouvrage insiste sur les essais critiques, les réflexions, le genre épistolaire et les genres « mineurs », tandis que les auteurs apparaissent dans le contexte des idées et des formes littéraires qu’on peut leur associer. Au fil de la lecture, on découvre donc les différentes facettes d’un siècle qui ne peut se réduire ni à la ‘doctrine classique’, ni à un petit cercle d’auteurs canonisés. Cette introduction complète donc les nombreux volumes d’histoire littéraire proprement dite, qui façonnent le concept de classicisme à partir des auteurs classiques. Grimm résume en dix pages (pp. 229-239), dont une seulement pour chacun des trois grands auteurs, la place du théâtre parmi les autres genres littéraires. Il est vrai que Molière revient fréquemment, qu’il est son exemple préféré, et que la discussion portant sur le « classicisme » et sur les « querelles » - celle du Cid, celle des Anciens et des Modernes - permet d’évoquer Corneille et Racine, mais c’est surtout avec l’histoire des idées et des mœurs que ce livre tente de familiariser le lecteur, en déplaçant ainsi la confrontation avec les œuvres classiques : les tensions qui traversent ces dernières et les ambiguïtés qu’elles présentent pour le lecteur moderne sont en deçà - c’est du moins l’impression que l’on a après la lecture de cette introduction - de celles que présente la réalité sociale, et notamment le conflit entre dévots et libertins. L’approche de Grimm favorise donc implicitement l’hypothèse des « classicismes au pluriel » (la formule de Roger Zuber 3 est citée à la p. 149), et pose par conséquent la question des différences spécifiques entre le classicisme des auteurs, celui des arts, de la société et des idées politiques. C’est d’autant plus surprenant que les nombreuses références à la nouvelle histoire remplacent toute allusion aux approches issues de près ou de loin de la « nouvelle critique », comme celle de Roland Barthes ou de Louis Marin. Des études comme Sur Racine, La Critique du discours et Le portrait du Roi auraient mérité d’être citées, leurs théories sur le dix-septième siècle s’étant propagées bien au-delà du cercle restreint des dix-septiémistes littéraires. Or cela correspondrait très bien au projet de Französische Klassik, qui se situe audelà de l’histoire de la littérature, dans une histoire des idées et des mœurs. Cet ouvrage est donc une introduction stimulante qui propose aux étudiants assez de détails, de citations et de points de vue différents pour leur donner 3 Roger Zuber, Les émerveillements de la raison. Classicismes littéraires du XVII e siècle français. Paris : Klincksieck 1997. PFSCL XXXV, 69 (2008) 768 un accès privilégié à ce phénomène culturel unique qu’est le siècle « classique ». Matei Chihaia K a rin e L a nini : Dire la vanité à l’âge classique : paradoxes d’un discours. Paris : Champion, 2006. 695 p. There are numerous literary and historical studies of the attitudes toward death that have no ideological engagement; but like the pioneering works on the subject, the brilliant book by Karine Lanini has profound moral and ideological resonances. From a Right-wing and virtually anarchist perspective, Philippe Ariès sought to destabilize social and institutional trends that he deemed Modernist, by writing the history of dying. From a very different perspective, Michel Vovelle sought to know if religious belief declined in the eighteenth century, and he researched the statistically secularizing impulses measured by the evocation of the divine in wills, paid masses, and so forth. Karine Lanini situates her study beyond areas of agreement shared by Ariès and Vovelle that consumerist culture from circa 1500 prompted increased anxiety about death, she then deepens the secularizing perspective by research on the “century of saints” and focuses on the literary, religious and artistic significance of vanity. Faced with the emptiness of dying, the discourses of believers are found to be inadequate or irrelevant when confronted with the corporal and mental decline of dying. A defense of modernity? Not quite. Lanini’s book reaches far deeper than that, by exploring fundamentally new, more intense notions of vanitas that she characterizes as “laïque” because the human condition that is elucidated is trans-historical and beyond the boundary of religions. Beginning with dictionary definitions, still-life and vanity paintings, and a close reading of the book of Ecclesiastes, Karine Lanini elucidates a specific, more intense thematic field around the word “vanity.” Still-life paintings are different from vanity paintings because skulls are present in the latter, not unlike the liturgical stripping of altars to denude a church of any iconographic presence of the religious, and the silencing of bells between Good Friday and Easter Morning. Pascal might be said to have radicalized the genre of the ars moriendi when he made the néant as meaningful and intimate as he does. Jean Delumeau’s 1983 work on how a movement within the clergy elaborated a spirituality centered on fear of hell, purgatory and dying, is noted in the Bibliography, but Karine Lanini does not engage this argument, perhaps because it does not square with her general perception of the Church as