eJournals Papers on French Seventeenth Century Literature 36/70

Papers on French Seventeenth Century Literature
pfscl
0343-0758
2941-086X
Narr Verlag Tübingen
61
2009
3670

Un savant au service de ses semblables

61
2009
Jacqueline Leiner
pfscl36700023
PFSCL XXXVI, 70 (2009) Un savant au service de ses semblables JACQUELINE LEINER † Après mon époux, Wolfgang Leiner, c’est Roger Duchêne qui nous a quitté. Les dix-septiémistes sont bien éprouvés. Dès le début de sa carrière, Roger Duchêne crée le Centre Méridional de Rencontres sur le dix-septième siècle (CMR 17) qui attire très rapidement de nombreux chercheurs. Mon mari y travaille aussitôt. Sa mort seule, en janvier 2005, va interrompre cette collaboration fructueuse de plusieurs décennies que la personnalité exceptionnelle de Roger Duchêne rendait unique. Après des années de succès, à la demande de nombreux érudits étrangers surtout américains, le Centre Méridional de Rencontres sur le dixseptième siècle sera transformé en Centre International de Rencontres sur le dix-septième siècle (CIR 17). C’est alors qu’à notre étonnement Roger Duchêne donne sa démission de président. S’il créait toujours avec ferveur il savait se retirer quand il sentait que l’œuvre désormais bien rodée saurait vivre sans lui. Roger Duchêne pouvait travailler non seulement avec des érudits mais aussi avec ses simples concitoyens. Ainsi le CMR 17 était-il aussi à la disposition des habitants de Marseille et de ses environs sous forme de conférences, d’excursions de la journée ou de quelques semaines en France et à l’étranger, de déjeuners souvent très originaux ; je me souviens en particulier de celui consacré à la gastronomie au dix-septième siècle. Cette ouverture d’esprit se retrouve également au niveau de sa recherche, allant des origines de Marseille à la biographie de Marcel Proust en passant par sa thèse remarquable sur Madame de Sévigné ou ses clins d’œil à Ninon de Lenclos et à Madame de Lafayette. Dynamique, d’une humeur égale, Roger Duchêne était un véritable ami, toujours attentif. Je n’ai pas oublié ce colloque de San Francisco où, devinant les difficultés que représentait pour moi la séparation géographique d’avec mon mari (j’enseignai à Seattle et lui à Tübingen), il m’aida à me Jacqueline Leiner† 24 faire nommer à Aix-en-Provence. C’était non seulement un savant remarquable mais aussi un être très humain ainsi que sa femme Jacqueline, collaboratrice irremplaçable, érudite et si délicate. Que de souvenirs nous assaillent mais qui nous aident à vivre en ces temps douloureux.