eJournals Papers on French Seventeenth Century Literature 36/70

Papers on French Seventeenth Century Literature
pfscl
0343-0758
2941-086X
Narr Verlag Tübingen
61
2009
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Philippe Chométy: "Philosopher en langage des dieux". La poésie d’idées en France au siècle de Louis XIV. Paris: Champion, 2006 (Lumière classique 73). 547 p.

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2009
Volker Kapp
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Comptes rendus 281 achieve utmost simplicity. Katherine Dauge-Roth’s study of the possession of Louise Capeau at the Ursuline convent of Aix-en-Provence is a scholarly and theoretical tour-de-force; starting from the premise that exorcism is by nature about the control of speech, Dauge-Roth presents a compelling case for seeing the possessed Capeau as a hybrid speaker who manages to use the discourse of the demonic other to circumvent the Pauline proscription of female preaching. (By contrast with Chaduc, Dauge-Roth, and most of the other work discussed above, Daniel-Odon Hurel’s detailed account of spiritual direction in the Benedictine congregation of Saint-Maur is unconcerned with issues of agency; instead, the author reconstructs the various factors responsible for Benedictine monks’ changing involvement with nuns’ spirituality.) In a word, Carr’s study productively dedramatizes the early modern convent world: the place neither of dark repression nor of sunny female bonding, the convent, and its often rich archive, is now one site among many scholars can look for data on a host of subjects of interest to cultural and literary history - textual practices as situated at the meeting point between individuals and institutions; the role that social, familial, and institutional networks play in the constitution of identity; gender relations in historical manifestations that are instructive precisely to the extent they do not easily align with our late modern preoccupations. The Cloister and the World should become the “go-to” volume for a new generation of scholarship on religious writing. Nicholas Paige Philip pe C ho m é ty : « Philosopher en langage des dieux ». La poésie d’idées en France au siècle de Louis XIV. Paris : Champion, 2006 (Lumière classique 73). 547 p. La citation du titre provient du Poëme du Quinquina de La Fontaine. L’auteur l’a choisie parce qu’elle explique le terme de « poésie d’idées » qui circonscrit le champ de sa recherche, à savoir la poésie dont le thème est la science. Celle-ci est rattachée au XVII e siècle à la philosophie et en voie de se dissocier de la théologie qu’un autre type de poésie d’idées, écartée dans cette étude, transmet toujours. Le Moyne, « poète jésuite » (111), fait partie du riche corpus des textes analysés, mais, selon Chométy, celui-ci connote « péjorativement » les notions de physique cartésienne dans De la Paix du Sage, entretien dédié à H.-L. Habert de Montmort, éditeur des œuvres de Gassendi, qui habita et mourut chez lui. PFSCL XXXVI, 70 (2009) 282 L’ouvrage est divisé en trois parties. La première cherche à éclairer la notion de poésie d’idées en distinguant la querelle entre poètes et philosophes sur leurs affinités et en insistant sur le caractère « épidictique » (121) de ce type de poésie. Houdar de La Motte écrit en 1725 une ode, couronnée par l’Académie française, sur L’Académie des sciences, où il célèbre « la mécanique, l’astronomie, la géométrie, l’algèbre, l’anatomie, la botanique et la chimie » (133). Cet habitué des cafés philosophiques doit toutefois sa notoriété plus à son rôle dans la querelle d’Homère qu’à ses dons de poète. Le siècle de Louis le Grand de Perrault et son Parallèle des anciens et des modernes sont restés plus familiers parmi les ouvrages exaltant les sciences. C’est dans ce contexte politique de la célébration du régime de l’époque, garant des avantages des modernes, que notre critique met en évidence l’importance du Poëme du Quinquina de La Fontaine, « en quelque sorte le dépositaire de l’explication « scientifique » des effets du quinquina » (p. 152s). Ce programme correspond à la devise de Richelet qui rappelle, dans La Versification françoise, la tradition des Gaulois d’appeler les poètes « Bardes, dont les vers enseignoient les Sciences ou la Vertu » (cit. p. 157). La vertu n’est thématisée dans ce livre que dans la perspective d’une morale laïcisée, jugée comme l’apanage des sciences, qui s’oppose à la religion chrétienne. Genest, versifiant Descartes dans les Principes de Philosophie (1716), prétend être « un des premiers, en France, à faire sentir, dans les vers, la « juste cadence » des idées » (196) mais Chométy, conseillant la « précaution » (196), préfère s’en tenir à Colletet et à Marolles qui révèlent la longue tradition de la poésie d’idées dont les exemples du XVII e siècle s’inscrivent « dans une certaine continuité avec la Sepmaine » (200) de Du Bartas. La première partie se termine en précisant le concept de poésie d’idées dont Le Moyne fournit « la définition la plus stricte » (210). D’après Chométy, ses fondements « s’inscrivent dans la conscience qu’a le XVII e siècle de se trouver au débouché d’une longue tradition de relation entre la poésie et la philosophie » (211). Les porte-parole de la science, contemporains de Descartes, se rendent encore compte des présupposées philosophiques de toute méthode scientifique, clairvoyance qui explique, d’une certaine manière, le désintérêt qui affecte ce volet de la littérature dès le XIX e siècle quand les prétentions ‘scientifiques’ des critiques dévient vers le positivisme et vers l’éloge du cartésianisme du ‘siècle classique’. Boileau favorise cette évolution en insérant La Mesnardière et Magnon « dans sa liste d’auteurs détestables » (342). La deuxième partie innove le plus par rapport à l’état de la recherche car elle délimite le corpus de cette poésie tout en soulignant sa « finalité didactique » (215). Il est impossible de résumer l’abondance surprenante de Comptes rendus 283 textes provenant en partie d’auteurs aujourd’hui peu connus qu’on trouve en annexe (461-472). Contentons-nous d’évoquer les titres des trois chapitres : « Poèmes de la nature et nature des choses » (221-272), « Poèmes et philosophie(s) : traduction et trahison » (273-338), « Philosophie et puissance poétique » (307-323). Chométy perçoit dans « l’ensemble des poèmes de la nature du XVII e siècle [...] les débuts d’un esprit nouveau qui conduira à la science moderne » (253). Aussi vante-t-il Genest de se « rallier sans condition » (255) au système héliocentrique. Malgré « une forte présence de Lucrèce » (271) et de l’atomisme épicurien, les poètes libertins « semblent se préoccuper de philosophie morale et moins de philosophie naturelle » (271). L’emploi « ludique » (281) du vocabulaire philosophique prédomine dans la poésie d’idée qui « ne semble être encore qu’une intériorisation exceptionnelle des idées » (306). La troisième partie est consacrée à l’art du langage, étude difficile selon Chométy, parce qu’on « ne possède plus l’expérience de la poésie d’idées d’un lecteur « modèle » du XVII e siècle » (343). Cette problématique s’aggrave du fait « qu’il n’y a ni genre ni sous-genre, ni forme, ni style, ni tonalité caractéristique de la poésie d’idées » (357). La diversité des moyens linguistiques fait partie de sa manière d’introduire les sciences dans le domaine de l’art de la parole, même le registre humoristique ou érotique ne lui est pas étranger, étant donné que « le poète-philosophe élabore toujours son langage » (396). Aussi l’auteur qualifie-t-il l’époque de « champ d’étude particulièrement fécond pour observer la formulation poétique des philosophèmes » (413). Il se met ensuite à détecter la « délectation esthétique » (427-456) qui « naît de l’artifice, voire même du trucage et de la manipulation » (437s) dans cette poésie. N’oublions pas toutefois que la transposition d’un thème de prose en poésie signifie à l’époque toujours une manière de l’ennoblir. Chométy attire à juste titre l’attention sur la poésie d’idées, négligée à tort, et qu’on lira désormais en s’inspirant de ses analyses. Volker Kapp S o phie C o nt e ( é d .) : Nicolas Caussin : rhétorique et spiritualité à l’époque de Louis XIII. Actes du colloque de Troyes (septembre 2004). Berlin : Lit Verlag, 2007 (Ars Rhetorica, n°19). 358 p. Le jésuite Nicolas Caussin (1583-1651) est resté dans les mémoires comme l’auteur de la Cour sainte (1624-1645) et l’éphémère confesseur (du 23 mars au 10 décembre 1637) du roi Louis XIII, appelé puis disgracié sur ordre de