Papers on French Seventeenth Century Literature
pfscl
0343-0758
2941-086X
Narr Verlag Tübingen
61
2009
3670
Christian Zonza: La Nouvelle historique en France à l’âge classique (1657-1703). Paris: Honoré Champion (Lumière classique n° 68(, 2007. 776 p.
61
2009
Marie-Gabrielle Lallemand
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Comptes rendus 303 vocabulary expressions have been modernized to make them more comprehensible. In the case where a syllable is missing in a verse, prefixes and suffixes have been added in brackets so as to respect the rules of versification. In sum, instructors who wish to include female playwrights’ contributions to 17 th -century theater in their course syllabi will find this volume to be an essential tool in choosing which authors and plays to include in their programs. The editors’ efforts to make these plays available to researchers, readers, professors, and students encourage the study of female playwrights and how they contributed to the dramatic genres of the 17 th century. We impatiently await the arrival of the final volumes of this edition which will feature plays written by female playwrights from the very end of the 17 th century and throughout the 18 th century. Theresa Varney Kennedy C hri s tia n Zo n za : La Nouvelle historique en France à l’âge classique (1657-1703). Paris : Honoré Champion (Lumière classique n° 68), 2007. 776 p. Christian Zonza commence son étude en rappelant l’importance des travaux de René Godenne pour la connaissance de la nouvelle des XVII e et XVIII e siècles. Un même jugement peut être porté sur La Nouvelle historique en France à l’âge classique. La première partie de cet ouvrage, issu d’une thèse soutenue en 2003 à la Sorbonne sous la direction du professeur Gérard Ferreyrolles, est consacrée à l’examen des différents critères qui permettent de constituer un corpus de « nouvelles historiques ». L’ouvrage de René Godenne, paru en 1970, a montré que les récits brefs de la seconde moitié du XVII e siècle étaient très hétérogènes, d’une part, et, d’autre part, que de nombreuses nouvelles, par leur structure et par leur matière, s’apparentaient aux romans qui les avaient précédées. De plus, comme le fait remarquer C. Zonza au terme d’une minutieuse analyse des titres, les mentions génériques sont d’une utilité relative pour constituer un corpus : quand elles sont employées, ce qui est loin d’être toujours le cas, c’est approximativement. Ainsi « historique » peut-il signifier très largement « vrai ». Le corpus est constitué selon trois critères principaux : la présence de la matière historique (une même période de l’histoire de France est généralement le cadre de ces nouvelles : le règne des derniers Valois), la brièveté des histoires, qui sans cesser de recourir aux procédés romanesques les ont PFSCL XXXVI, 70 (2009) 304 adaptés, et, enfin, l’unité du récit. Christian Zonza travaille donc sur la cinquantaine de nouvelles qui portent dans leur sous-titre la mention « nouvelle historique » et sur celles qui comportent seulement dans leur titre l’adjectif « historique » ou la mention d’un genre historique : journal, annales... A ces récits s’adjoignent les nouvelles dont la matière est historique, comme le fait savoir la mention, dans les titres, de personnages historiques (ou pseudo-historiques). Tous ces textes sont recensés dans les quatre premières annexes placées à la fin de l’étude. Dans la cinquième, est précisé, pour nombre de ces récits, à quelle époque historique l’intrigue se déroule et en quel lieu, ainsi que les principaux événements historiques qui y sont évoqués. Ce recensement, comme les résumés d’environ soixante-dix nouvelles qui constituent la dernière annexe, fournit de précieuses informations. Les bornes temporelles de l’enquête menée sont, pour la première, sans surprise, 1657, année de parution du recueil de nouvelles de Segrais ; le terminus ad quem est a priori plus étonnant : 1703. C’est qu’il permet d’intégrer au corpus notamment La Princesse de Portien ainsi que la critique de cette nouvelle publiée dans le journal de Trévoux. Nombre de ces nouvelles sont anonymes, d’autres émanent d’auteurs connus (Lafayette, Villedieu, Bernard, Aulnoy…) mais la part est importante de ceux qui sont oubliés voire inconnus (Guy Allard, le sieur de Chassepol, Isaac Claude…). Au cours de cette première partie, C. Zonza étudie la récurrence de personnages et de situations, ainsi que les phénomènes de réécriture à l’intérieur de son corpus (p. 94-117). Ici comme partout dans cet ouvrage, les analyses sont précises, qui prennent en considération de nombreuses nouvelles. On ne saurait trop insister sur cet aspect du travail de C. Zonza : la connaissance et la prise en compte d’un corpus important de récits. Cela permet d’affiner et de nuancer des analyses qui ont pu être faites sur la nouvelle, qui trop souvent ne s’appuient que sur quelques textes théoriques (Du Plaisir et Valincour particulièrement) et quelques nouvelles (celles de Madame de Lafayette, de Saint-Réal et de Boursault en tête). La deuxième partie s’attache à l’étude de la relation entre le récit historique et le texte fictionnel, qui constitue ce genre hybride, héritier de l’histoire et du roman, qu’est la nouvelle historique. L’analyse menée sur des passages extraits de Mézeray concernant la période privilégiée des auteurs de nouvelles (les derniers Valois), pour montrer comment l’historien écrit parfois exactement comme un romancier, est éclairante. Plus avant dans cette partie, cette analyse sur Mézeray aide à poser d’une manière non anachronique le problème de la contradiction entre la vérité à laquelle doit s’assujettir l’histoire et l’omniscience du narrateur de nouvelle historique. Ce narrateur, en effet, de même que les historiens écrivant comme Mézeray, Comptes rendus 305 lit dans l’âme des personnages, et, comme eux, il trouve les motifs qui poussent les hommes à agir (p. 372). Toujours dans cette partie, on trouvera une étude du traité du père Menestrier sur l’histoire, paru en 1669 et réécrit en 1694, qui met en évidence de façon convaincante la parenté entre certaines formes d’écriture de l’histoire et la nouvelle (p. 234-243). L’histoire et le roman sont en butte à des critiques qu’inventorie Christian Zonza, et qui l’amènent à conclure : « Le moment semblait donc favorable pour que la nouvelle historique profitât de leurs difficultés conjointes et les résolût en partie. Il fallait pour cela que le nouveau genre satisfît tout à la fois les détracteurs du roman et de l’histoire » (p. 301). Pour satisfaire ces derniers, les auteurs de nouvelles utilisent des procédés qui vont donner aux lecteurs l’illusion de lire un texte historique (noms, dates et événements historiques, description de batailles, citation des sources…). C’est à l’étude de ces procédés qu’est consacrée la fin de la seconde partie : le moindre n’est pas celui qui consiste à établir entre l’histoire secrète et amoureuse, matière privilégiée de la nouvelle historique, et l’histoire événementielle, celle qui est connue de tous, un lien de nécessité, qui consiste donc à faire de l’une la cause ou la conséquence de l’autre. Il est l’application de l’injonction que formulait Du Plaisir, dans son fameux texte sur la nouvelle : que rien n’arrivât dans un récit qui ne fût préparé de longue main. Certaines assertions concernant les romans héroïques et le rôle que l’histoire joue dans ces fictions pourraient être discutées et sans doute nuancées (p. 435, par exemple). La troisième partie, « Axiologie et idéologie de la nouvelle historique », montre comment la nouvelle historique est parfois empreinte du souvenir de l’ancienne galanterie, et qu’elle propose toujours à son public, en grande partie féminin, une galerie de femmes fortes. Elle transmet aussi, dans certains cas, une représentation héroïque de la noblesse. Cependant, s’inscrivant dans la lignée des travaux de Jean-Marie Goulemot sur l’histoire aux XVII e et XVIII e siècles et de ceux de René Démoris sur les récits de la fin du XVII e siècle et du début du siècle suivant, C. Zonza montre, à l’aide d’exemples nombreux, que d’autres nouvelles historiques rendent compte des mutations politiques et sociales de la fin du siècle, tout comme elles témoignent de l’inflexion pessimiste de la représentation de l’amour, ainsi que de la faiblesse humaine, idées qui fondent plus particulièrement la morale de la fin du siècle de Louis XIV. L’intérêt de cette recherche sur les valeurs que véhiculent les nouvelles, parce qu’elle s’appuie sur un corpus important, est de montrer que, d’un texte à l’autre, ces valeurs sont diverses jusqu’à être opposées. PFSCL XXXVI, 70 (2009) 306 Cette riche étude est complétée d’une importante bibliographie critique (p. 740-765). Il y a une trentaine d’années, un critique pouvait écrire : « Entre Madame de La Fayette et Lesage, c’est Préchac, Le Noble, Courtilz de Sandras : autant dire rien ». Le travail de C. Zonza est un de ceux qui contribuent à convaincre que ce « rien » n’est pas sans intérêt. Marie-Gabrielle Lallemand