eJournals Papers on French Seventeenth Century Literature 36/71

Papers on French Seventeenth Century Literature
pfscl
0343-0758
2941-086X
Narr Verlag Tübingen
121
2009
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L’histoire sous le manteau: les stratégies éditoriales des historiens protestants pendant les guerres de Religion

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2009
Mathilde Bernard
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PFSCL XXXVI, 71 (2009) L’histoire sous le manteau : les stratégies éditoriales des historiens protestants pendant les guerres de Religion MATHILDE BERNARD Université Paris III-Sorbonne Nouvelle Au siècle de la Réforme, les ouvrages protestants sont malvenus en France. Sous François I er , un édit du 1 er juillet 1542 précise que tous les livres luthériens ou calvinistes doivent être remis aux autorités. Henri II durcit des mesures censoriales répressives, rendant la situation éditoriale protestante encore plus aléatoire. Le 26 juin 1551, l’édit de Châteaubriant systématise toutes les ordonnances sur l’imprimerie existant jusqu’alors. Il est bien sûr défendu d’imprimer ou de lire des livres condamnés, et les livres protestants le sont par définition, en l’absence même de procès. Afin de vérifier que ces mesures sont bien appliquées par les libraires, qui sont des maillons essentiels de la chaîne du commerce du livre, l’édit prescrit une visite des librairies deux fois par an, trois fois à Lyon. Pour éviter l’impunité, il est précisé que tout ouvrage doit porter le nom de l’auteur, de l’imprimeur, et la date, aux risques et périls de son détenteur. Enfin, afin de rendre la possession d’un livre pernicieux encore plus difficile, l’importation des ouvrages publiés à l’étranger est tout simplement interdite, sous peine de confiscation de corps et de biens. Aucune caisse expédiée de l’étranger ne pouvait être ouverte sans la présence de deux docteurs en théologie. Nombreux sont pourtant les livres protestants publiés au cours du XVI e siècle, et lus en France. Nous nous intéresserons particulièrement aux ouvrages historiques, qui, au cours des guerres de Religion, manifestent avec force la nécessité absolue de la lutte. Dans ces moments où les morts tombent par milliers, l’histoire est bien souvent la seule garantie de souvenir, et c’est aussi un moyen de combat par l’écriture. Mais, alors que la guerre par les armes se fait au grand jour, la plupart des historiens protestants choisissent d’emblée la clandestinité, l’impression de leur livre à l’étranger et sa diffusion sous le manteau en France. Certains, en revanche, font le pari de la légalité, à leurs risques et périls. Publier une histoire Mathilde Bernard 410 protestante, au moment des guerres de Religion, est une gageure. Le livre doit être non seulement lu - et donc diffusé -, influent - et donc respecté, du moins par un public choisi -, et ne pas mettre en danger son auteur, ou son imprimeur. Le choix du lieu d’impression relève de différentes stratégies, et de différentes conceptions du lectorat. L’argument sur lequel s’appuient les historiens protestants qui veulent faire éditer leur œuvre en France est le suivant : l’histoire publiée en France s’adresse à tous ; elle est modérée et vraie, donc réellement historique. Mais leur modération est souvent proche de l’autocensure, dont on peut se demander si elle est encore efficace quand le nom même de l’auteur suffit à faire brûler le livre. Ceux qui préfèrent l’édition à l’étranger refusent de se plier à la censure et de modifier leur œuvre. C’est la plupart du temps de leur propre chef qu’ils ne dévoilent pas leur nom, préférant rester dans l’anonymat plutôt que de pervertir leur pensée. L’auteur est cependant vite connu, vite dévoilé. C’est à l’efficacité des différentes stratégies éditoriales que nous nous attacherons, en considérant tout d’abord les publications françaises, puis les publications étrangères - essentiellement genevoises, quel que soit le nom sous lequel elles se cachent - , et le mode de diffusion de ces livres en France. Publications en France Publier en France confronte à un dilemme pour un auteur protestant engagé. Il doit de toute façon prendre en compte une censure qui, si elle n’est pas toujours efficace, n’est pas indulgente à son égard. S’il accepte de s’y plier, et modère son point de vue, il risque non seulement de se mettre en porte-à-faux avec sa conscience et ses coreligionnaires, mais en plus, de voir néanmoins son livre condamné. Un auteur protestant est d’avance suspect. Si, au contraire, il veut passer outre les instances de censure, le péril est grand, pour le livre, mais aussi pour l’auteur, l’imprimeur, et les libraires. À Paris, au cours des guerres de Religion, les libraires qui montrent des affinités avec la cause protestante sont régulièrement assassinés, et sont nombreux parmi les victimes de massacres. Dès lors, on peut se demander les raisons qui inciteraient à la recherche d’une publication légale en France. De telles tentatives relèvent du pari. Si l’imprimeur obtient la permission, l’ouvrage pourra se diffuser librement. L’auteur qui vise ce mode de publication veut atteindre un public large, protestant comme catholique. En revanche, les livres publiés en pays protestant sont immédiatement suspects, et ne se diffusent a priori qu’entre initiés, ce qui restreint d’avance le lectorat. Il n’en va pas tout à fait de même pour une ville comme Lyon, qui, au tout début des années 1560, est dominée par les protestants. La Roche-Chandieu opte ainsi pour une publi- Les stratégies éditoriales des historiens protestants 411 cation lyonnaise de son Histoire des persécutions 1 , en 1563. L’imprimeur omet néanmoins volontairement de mettre son nom. Au cours des guerres de Religion, cependant, la situation change lorsque Lyon redevient une ville à majorité catholique. L’auteur doit absolument choisir entre publier dans un pays hostile, ou diffuser son livre de façon illégale. Le cas d’Agrippa d’Aubigné est éloquent sur la difficulté qu’a un auteur notoirement protestant à publier en France. Il affirme à plusieurs reprises sa volonté de faire paraître légalement son Histoire universelle, et justifie même par ce seul désir la neutralité, et donc le bien-fondé 2 , de son histoire. Il écrit poursuivre un objectif particulier dans son Histoire, qu’elle touche les personnes influentes, jusqu’aux plus hautes sphères du royaume : « Si quelqu’un sent ces discours à la vanterie, je le prie de considerer que mon livre veut aller au chevet des Rois, et je lui donne ses plus beaux habits, de peur que l’Huissier ne lui ferme la porte » 3 . En évoquant l’huissier, Aubigné fait très explicitement référence à la censure. Il contraint son écriture en fonction de cette instance, si bien que l’on pourrait se demander si sa prétendue modération n’est pas plutôt de l’autocensure. Mais Agrippa d’Aubigné a le souci de parer cet argument. Son discours, dans l’Histoire universelle n’est pas faux, il est agrémenté. C’est un projet d’homme mûr, dont les Tragiques ne seraient que l’ébauche, le pendant engagé d’une histoire neutre : Que si Dieu prend à gré ces prémices, je veux Quand mes fruicts seront meurs lui payer d’autres vœux, Me livrer aux travaux de la pesante histoire, Et en prose coucher les hauts faicts de sa gloire (...) Ayant fait cette paix avec ma conscience, Je m’avance au labeur avec cette assurance Que, plus riche et moins beau, j’écris fidèlement 1 Antoine de La Roche-Chandieu, Histoire des persécutions et martyrs de l’Eglise de Paris, depuis l’an 1557. iusques au temps du Roy Charles nefviesme. Avec une Epistre contenant la remonstrance des proffits qui reviendront aux fideles de la lecture de ceste histoire : et une exhortation à ceux qui nous ont persecutez, de revoir nostre cause, et juger derechef si ç’a esté à bon droit qu’ilz ont fait mourir tant de serviteurs de Dieu, Lyon, 1563. In-8°, LXXIX + 442 p. 2 À la fin du XVI e siècle, de nombreux théoriciens de l’histoire, tels que Jean Bodin et Lancelot Voisin de La Popelinière mettent la neutralité au premier rang des vertus d’un livre d’histoire. 3 Agrippa d’Aubigné, Histoire universelle du sieur d’Aubigné, Maillé, Iean Moussat, 1616-1620, 3 tomes en 11 vol. in-2° ; édition utilisée : Histoire universelle, Paris- Genève, Droz, 1981, tome I, p. 15. Mathilde Bernard 412 D’un style qui ne peut enrichir l’argument 4 . Le style de l’Histoire universelle, à la différence de celui des Tragiques, est modéré, parce que la « pesante histoire » est par essence mesurée. La censure sert ici d’argument à l’auteur : comme il veut que l’Histoire universelle aille au chevet des rois, c’est la preuve qu’il ne se montre absolument pas partisan, et il laisse le lecteur libre de statuer : Que si les termes de Papiste et de Huguenot se lisent en quelque lieu, ce sera en faisant parler quelque partisan passionné et non du stil de l’Autheur. Je n’ennuyerai personne de protestations de ma candeur ; car si je prevarique 5 , j’ai mon lecteur pour juge 6 . Agrippa d’Aubigné méprise fortement, dans son histoire, ceux qui sont bridés par la flatterie, tels que Pierre Matthieu, ancien ligueur, qui encensait d’autant plus Henri IV, ou Pierre-Victor Palma Cayet, ancien protestant, converti, accablant ses anciens coreligionnaires. Aubigné, lui, veut pouvoir imprimer en toute légalité, mais sans flatter, en disant tous les faits. Cependant, ces déclarations d’intention, et l’exceptionnelle modération de l’Histoire universelle au regard des Tragiques ne suffisent pas à le faire échapper à la censure, qui le touche profondément, non seulement parce qu’elle menace sa personne, mais parce qu’elle dédaigne son projet. Après une époque de rare indulgence, sous Henri IV, les rênes de la censure sont reprises en main sous la régence de Marie de Médicis, et les mesures de répression vont de la demande de correction à la peine capitale, en passant par de nombreux stades : destruction publique de l’ouvrage par le feu, poursuite contre les détenteurs d’ouvrages interdits, condamnation de l’auteur à la prison ou aux galères 7 . La censure frappe lourdement l’Histoire universelle, son auteur et son imprimeur. L’arrêt du tribunal du Châtelet déclare le livre meschant, pernicieux et remply d’abominables et calomnieuses impostures contre l’honneur deub à la mémoire des deffunts Rois, Reines, Princes et 4 Les Tragiques donnez au dezert par le larcin de Prométhée, 1616, Au Dezert, par L. B. D. D M.DC.XVI. Éd. originale, impr. à Genève par Pierre Aubert d’après Tchemerzine, peut-être impr. à Maillé par Jean Moussat d’après le « Répertoire bibliographique des livres imprimés en France au XVII e siècle » ; édition utilisée, Paris, Champion, 2003, tome I, livre IV, vers 43-52. 5 Prévariquer : marcher de travers, dévier. 6 Agrippa d’Aubigné, Histoire Universelle, op. cit., livre II, p. 130. 7 Sur ces questions, voir l’Histoire de l’édition française, sous la direction de Henri- Jean Martin et Roger Chartier, Promodis 1982-1986 ; 4 tomes, tome I, Le Livre conquérant, du Moyen Age au milieu du XVII e siècle, Paris, rééd. Fayard 1989, ill. restreinte, p. 367. Les stratégies éditoriales des historiens protestants 413 autres qui ont tenu les premières charges du Royaume. Et comme tel sera bruslé en la place et devant le Collège Royal en l’Université de Paris par l’exécuteur de la haute justice 8 . Aubigné doit s’exiler en Suisse, et, dépité, tente de faire éditer son histoire à Genève. Il n’a pas réussi son pari, et son exemple montre combien il est difficile de publier légalement en France pendant les guerres de Religion quand on est ouvertement protestant, et que, comme lui on ne veut ménager personne. Plutôt que d’être bridé dans leur combat même, la plupart des auteurs mal vus en France choisissent de faire imprimer leurs ouvrages en pays protestant. Publications à l’étranger Les historiens français et réformés publient majoritairement leurs textes à Genève, qui est la Rome protestante. Plusieurs problèmes subsistent néanmoins. Tout d’abord, la censure existe en pays réformé. C’est pourquoi la seconde entreprise d’édition de l’Histoire universelle n’est pas simple, puisque le livre a déjà été condamné. La Suisse est tenue à un certain respect des décisions françaises, et le Conseil de Genève considère que l’auteur a adopté un comportement trop provocateur à l’égard des grands et du roi de France pour pouvoir éditer son Histoire universelle sans cacher le nom du lieu d’édition 9 . Ce n’est pas même le livre qui est mis en cause, mais la personne de l’auteur. Agrippa d’Aubigné rentre définitivement dans la clandestinité lors de la republication de l’Histoire universelle en 1626. Un état de l’édition ne présente ni nom de lieu, ni nom d’auteur, et l’autre état est censé avoir été édité à Amsterdam, par les héritiers de Jérôme Commelin 10 . Or l’ouvrage a été imprimé à Genève, et, si l’imprimeur a caché le nom de la ville, il a laissé son nom propre, se pliant ainsi strictement aux décisions du Conseil de Genève. Le Conseil de Genève sert la cause des auteurs protestants lorsqu’ils acceptent de rester dans la clandestinité. Cependant, une fois que le livre est imprimé en Suisse, il faut le faire passer en France. Des réseaux s’organisent de Genève à Paris, par Lyon, puis, dans un second temps, par Bâle et Francfort. Les livres sont cachés sous des marchandises ou dans des tonneaux. De 8 Madeleine Lazard, Agrippa d’Aubigné, Paris, Fayard, 1998, p. 422. 9 Sur cette question, voir l’ouvrage de Gilbert Schrenck, La Réception d’Agrippa d’Aubigné, XVI e -XX e siècles : Contribution à l’étude du mythe personnel, Paris, H. Champion, collection « Études et essais sur la Renaissance », p. 27. 10 Voir l’annexe. Mathilde Bernard 414 nombreux livres réussissent ainsi à passer les frontières, en raison du manque de vigilance des douaniers. La diffusion de la littérature protestante est ensuite largement l’œuvre des pasteurs. Lyon s’est insurgée contre l’inondation du marché par les livres protestants, et les marchands de Lyon ont réclamé que le nom de la ville et de l’imprimeur fût sur les livres, mais le Conseil de Genève, et le Conseil des pasteurs sont passés outre. Il est en effet dans l’intérêt de ces conseils que la pensée huguenote se diffuse en France, et le Conseil de Genève use de beaucoup de ruse pour simuler une censure, qui, en fait, est bien limitée sur la plupart des livres protestants. Aux marchands de Lyon, les conseils répondent qu’ils vont veiller à ce que les pages de titre soient complètes, ce qu’ils ne font pas. Et lorsqu’ils condamnent un livre pour des raisons diplomatiques, la peine est très douce. Ainsi que l’écrit Ingeborg Jostock, « l’objectif de l’interdiction consiste moins dans la destruction ou confiscation des ouvrages que dans l’intention de rassurer les alliés politiques ou d’intimider les sujets » 11 . Le Conseil de Genève ne suit qu’en apparence les revendications françaises. Ses conclusions sur le Resveille-Matin des François sont révélatrices de cette attitude ambiguë. Ce pamphlet, attribué à Nicolas Barnaud, est extrêmement violent à l’égard de Charles IX, de Catherine de Médicis, d’Henri d’Anjou et du duc de Guise. Il est à l’origine de la conception de la Saint-Barthélemy comme un crime intégralement orchestré par l’entourage du roi. Le Conseil de Genève ne peut pas ne pas statuer. Mais, au moment de la parution du pamphlet, en 1574, comme à la suite des plaintes françaises de 1579 et 1584, il feint de croire que l’impression n’est pas genevoise. La page de titre 12 indique « Edimbourg ». Une enquête est ordonnée, qui ne donne pas suite. Pourtant, les lettrines figurant sur la page de titre proviennent manifestement d’un matériel genevois. Les exemplaires sont confisqués au libraire Chuppin au début de l’année 1574 ; dès septembre, on les lui rend, sans même lui demander de révéler le nom de son fournisseur. Les exemplaires du Discours merveilleux de la vie, actions et déportemens de Catherine de Médicis, pamphlet publié en 1574, attribué à Henri Estienne 13 et rempli de calomnies sur la Reine-mère, sont confisqués provisoirement à l’éditeur Abel Rivery, mais le Conseil de Genève lui rend la marchandise le lendemain, sur la seule promesse que les livres ne seront diffusés que dans le nord de l’Europe. La Satyre Ménippée, violente satire contre la Ligue parisienne, publiée en 1595, est considérée « trop picquant(e) et mal edifiant(e) » par le Conseil, mais le livre n’est défendu qu’après l’écoulement des stocks. Tous 11 Ingeborg Jostock, La Censure négociée, le contrôle du livre à Genève 1560-1625, Genève, Droz, 2007, p. 18. 12 Voir annexe. 13 Id. Les stratégies éditoriales des historiens protestants 415 ces exemples montrent l’ingéniosité que met le Conseil de Genève à propager les idées protestantes dans le monde. En effet, il ne semble pas qu’il agisse ainsi par simple indulgence ; il apparaît au contraire qu’il cherche à aider la publication de ces livres. Le fait que les Memoires de l’Estat de France, ouvrage de Simon Goulart publié en 1576, 1577 et 1578, et sur lequel la France a demandé une censure de Genève, ait néanmoins connu une diffusion très importante, l’atteste. En effet, l’auteur y insère nombre de libelles préalablement prohibés, comme par exemple Du droit des magistrats sur leurs subjects, écrit de Théodore de Bèze, dont le Conseil de Genève a interdit la publication genevoise en 1575. Les Memoires de la Ligue, du même auteur, reproduisent en 1602 la Satyre Ménippée, pourtant interdite, mais l’ouvrage n’est pas censuré. Il est rare cependant que le nom de la ville de Genève soit indiqué sur la page de titre des ouvrages destinés à une diffusion internationale, ou tout au moins française. Les imprimeurs recourent à plusieurs ruses afin d’éviter que la provenance du livre pernicieux ne soit identifiée. Ils ont ainsi l’aval tacite du Conseil de Genève. Le tableau en annexe indique toutes les fausses indications présentes sur la page de titre. La ville n’est jamais nommée. Tantôt, le lieu d’édition est laissé vierge - dans la plupart des cas - tantôt un faux nom apparaît, Bâle et La Rochelle pour les deux états de l’édition de 1572 de l’ouvrage de Lancelot Voisin de La Popelinière La Vraye et Entiere Histoire des troubles et choses memorables…, Edimbourg pour le Resveille-Matin des François, Meidelbourg pour les Memoires de l’Estat de France, Anvers pour l’Histoire ecclesiastiques des Eglises reformees de Théodore de Bèze, Amsterdam pour un des états de l’édition de 1626 de l’Histoire universelle d’Agrippa d’Aubigné. Il s’agit de lieux moins provocateurs que Genève pour les censeurs, mais suffisamment éloignés pour que la vérification ne soit pas automatique. La Rochelle est un bastion protestant, mais le statut des livres en émanant reste différent de celui des livres issus de l’étranger. On peut noter une inscription du nom de Genève sur l’édition latine de l’Histoire des martyrs de Jean Crespin, sur les Acta Martyrum de 1556. Cependant il n’apparaît pas sur la page de titre, mais sur l’achevé d’imprimer. La précaution est gardée : les censeurs sont moins vigilants avec les livres latins, dans la mesure où les ouvrages réformés sont majoritairement écrits en français, et d’autre part, ils ne vont pas nécessairement aller regarder l’achevé d’imprimer. Robert Netz, pour expliquer ces anomalies, cite une lettre de Théodore de Bèze : Jean Crespin, lui, signe ses livres, mais, à partir de 1552, omet de plus en plus souvent la mention « Genève » tout en laissant son nom. Théodore de Bèze a expliqué cette anomalie dans une lettre : nommer Genève, c’est Mathilde Bernard 416 s’attirer les foudres des polices catholiques, mais ne mettre aucun nom d’éditeur, c’est éveiller des soupçons aussi graves 14 . Le nom de l’auteur, dans la majorité des cas, n’est pas mentionné. On remarque plusieurs exceptions à cette règle : dans la première édition de l’Histoire des martyrs, pour la raison susdite, et parce que, le livre n’a pas encore la notoriété qu’il aura lors de la parution des autres éditions ; sur la page de titre de l’Histoire universelle d’Agrippa d’Aubigné, qui rechigne à ne pas se dévoiler ; dans les Discours militaires de François de La Nouë. L’objectif de ce dernier n’est pas de faire un brûlot, et s’il a dû cacher le nom de la ville, ces mesures viennent sans doute plus du Conseil de Genève que de lui. Les éditeurs sont en général très prudents. La plupart du temps, ils gardent leur identité secrète - sauf dans les éditions latines de l’Histoire des martyrs - mais souvent, les imprimeurs indiquent un faux nom, Pierre Davantes pour La Vraye et entière Histoire des troubles… de La Popelinière, Jacques James pour le Resveille-Matin, Heinrich Wolf pour les Memoires de l’Estat de France, Jean Rémy pour l’Histoire ecclesiastique. L’édition de 1626 de l’Histoire universelle d’Agrippa d’Aubigné fait partiellement exception. Un état de l’édition ne porte pas de nom, et le deuxième état désigne le véritable éditeur. Aubigné se contente de céder aux pressions du Conseil de Genève, qui lui impose de ne pas mentionner le nom de la ville. L’usage des noms inventés n’est pas encore très étendu en France - il se développera dans la deuxième partie du XVII e siècle, avec notamment l’emploi récurrent du faux imprimeur Pierre Marteau, qu’on fait résider à Cologne - mais les historiens protestants semblent assez peu recourir à l’édition clandestine en France. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce fait. Le 13 janvier 1536, François I er défend sous la peine de la hart 15 toute impression clandestine de livres. Si la mesure n’est pas appliquée, elle est néanmoins dissuasive. Mais surtout, à partir d’Henri II, la censure préalable est attribuée à la Sorbonne sur tous les manuscrits destinés à l’impression et les censeurs ont droit d’inspection sur toutes les imprimeries et les librairies. Il est difficile d’imprimer en secret un livre dans la boutique d’un éditeur connu. La seule solution, onéreuse, est d’avoir ses propres presses clandestines. C’est le cas de Sully, qui fait éditer son livre en France dans la première moitié du XVII e siècle, et qui mentionne un faux nom d’éditeur et un faux nom de lieu. Ainsi, Sully et son imprimeur indiquent que les Memoires des sages et royalles œconomies d’Estat, publiés en 1632, ont été imprimés à « Amstereldam », chez « Alestinosgraphe de Clearetimelee et 14 Robert Netz, Histoire de la censure dans l’édition, Paris, Presses Universitaires de France, collection « Que sais-je ? », 1997, p. 21. 15 Hart : gibet. Les stratégies éditoriales des historiens protestants 417 Craphexecon de Pistariste ». Le livre vient en vérité des presses du château de Sully, et est imprimé par un typographe d’Angers. Mais les noms fantaisistes qui apparaissent alors semblent avoir pour fonction de faire explicitement référence au mauvais fonctionnement de la censure en France. Sully ne juge pas nécessaire de cacher le nom de l’auteur, et la présence d’un tel nom d’éditeur tend à retenir l’attention du lecteur. Diffusion en France Il ne s’agit pas, en effet, pour les auteurs et les imprimeurs, de tromper le public, mais le but de l’emploi des faux noms est plutôt de faciliter la propagation du livre en France, une fois qu’il a passé les frontières. Et globalement, on remarque que les ouvrages d’histoire protestants se diffusent très bien en France. La célébrité de l’Histoire des martyrs en est un exemple éloquent. Selon Jean-François Gilmont, qui a étudié de près la vie de l’éditeur Jean Crespin, le Livre des martyrs rencontre un « vif succès» 16 . Le nombre d’éditions l’atteste. Et ce succès dépasse largement les frontières de la Suisse. Tout le monde en parle, et les candidats au martyre de tous les pays y puisent le courage nécessaire à l’épreuve qui les attend : Jean Rabec était absorbé dans la lecture de ses pages quand il fut arrêté, Jean-Louis Paschale se reprochait, dans sa prison, de ne pas retrouver dans son âme une joie aussi vive que celle des martyrs dont il avait lu l’histoire, Michel Herlin, avant d’aller au supplice, se consolait en lisant ce livre. Chose étrange ! Il se rencontra des juges qui, ne sachant comment expliquer la fermeté de leurs victimes, leur reprochèrent de braver la mort « pour être mis en ce beau livre des martyrs de Genève » 17 . L’Histoire des martyrs devient un mythe. Selon Marc Vénard, tout bon protestant français possède une Bible, un psautier, et une édition de l’Histoire des martyrs de Crespin 18 . Agrippa d’Aubigné ironise sur le fait que les catholiques français craignent ce livre, qui a une influence énorme. Faisant référence à la peur qu’ils ont que le peuple puisse trouver dans la Bible des ferments insurrectionnels, il affirme dans La Confession catholique 16 Jean-François Gilmont, La Réforme et le livre (1517-70) : l’Europe de l’imprimé, Paris, les Éditions du Cerf, 1990, p. 15. 17 Mathieu Lelièvre, Portraits et récits huguenots du XVI e siècle, Toulouse, Société des livres religieux, 1895, rééd. Nîmes, Lacour, 1997, p. 5. 18 Marc Vénard, « La grande cassure », in Histoire de la France religieuse, tome II : Du christianisme flamboyant à l’aube des Lumières, XIV-XVIII e siècles, sous la direction de Jacques Le Goff et René Rémond, Paris, Seuil, 1988, p. 295. Mathilde Bernard 418 du sieur de Sancy que l’Histoire des martyrs est le livre « (le plus) dangereux après la Bible ». Il met cette phrase dans la bouche du sieur de Sancy : De tous les livres qui peuvent faire un Heretique, ou au moins duquel un bon Catholique Romain se doit garder, je n’en trouve pas un si dangereux, apres la Bible que ce gros livre des Martyrs. Car c’est grand cas de voir six ou sept mille morts, qui ont toutes les marques du vray martyre, à sçavoir la probité de la vie, la pureté de la cause de la Religion, non meslee d’autres forfaits, les disputes, les sollicitations, et pour derniere marque, c’est d’avoir eu le choix de la vie ou de la mort jusques à l’extremité. Cela nous a osté beaucoup de gens, qui ont veu autrefois ces Prescheurs, ayant pour chaire l’eschaffaut, l’eschelle ou le bucher 19 . Les exemples de la bonne diffusion des livres pernicieux en France sont multiples. Le chroniqueur l’Estoile en mentionne plusieurs. À la date d’octobre 1574, il écrit : En ce temps furent divulgués les Mémoires de l’Estat et Religion sous Charles IX divisés en trois tomes et imprimés in-8, qui est une rapsodie et ramas confus, et trop precipitamment mis sur la presse […]. Il y a toutefois en ces livres beaucoup de choses curieusement recherches qui méritent bien d’estre recueillies, et quelques traités singuliers, qu’on ne peult nier pouvoir servir grandement au corps de l’histoire de nostre temps, qui a esté aussi l’intention de l’escrivain, comme il proteste. Mais il y en a bon nombre aussi infectés de la maladie du siecle, qui est la passion et la mesdisance, principalement […] les injures et sornettes transcriptes du Resveille Matin des Huguenots qui sont du tout à rejetter 20 . Plusieurs points retiennent notre attention dans cet écrit de Pierre de l’Estoile. Tout d’abord, malheureusement, nous ne pouvons être informés avec certitude de la date à partir de laquelle ces écrits se sont diffusés en France, 19 Agrippa d’Aubigné, La Confession catholique du sieur de Sancy et declaration des causes, tant d’estat que de religion, qui l’ont meu a se remettre au giron de l’eglise romaine, in Recueil de diverses pièces servant à l’histoire d’Henri III, Cologne, Pierre Marteau, 1660 ; édition utilisée, Œuvres d’Agrippa d’Aubigné. Introduction, tableau chronologique et historique p.p. H. Weber, J. Bailbé et M. Soulié, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1969, pp. 653-654. 20 Pierre de L’Estoile, Journal des choses memorables advenues durant tout le regne de Henry III roy de France et de Pologne ; à la suite duquel se trouve le procez verbal d’un nommé Nicolas Poulain, lieutenant de la prévosté de l’isle de France, qui contient l’histoire de la ligue, depuis le second janvier 1585, jusques au jour des barricades, escheües le 12 may 1588, [s.l.n.n.] [Paris, Pierre Dupuy], 1621, in-8° ; édition utilisée, Registre-Journal du règne de Henry III, Genève, Droz, 1992, vol. 1, pp. 88- 89. Les stratégies éditoriales des historiens protestants 419 dans la mesure où les souvenirs de l’Estoile semblent avoir été défaillants. Les Memoires de l’Estat de France n’ayant été publiés qu’en 1576, ils n’ont pu se diffuser en France en 1574, sous la forme d’imprimés. Cependant, il est possible que la confusion du chroniqueur vienne du fait que Simon Goulart reprend dans ses Memoires une grande partie du Resveille-Matin, qui s’est sans doute effectivement diffusé en France en octobre 1574, soit sept à huit mois après sa parution, ou peut-être même plus tôt encore. En effet, ainsi que l’explique Catherine Santschi, les éditeurs d’œuvres clandestines ont tout intérêt à faire sortir au plus vite de leurs librairies les livres qui n’ont pas reçu de permission, de peur de se voir contrôler par les visiteurs d’imprimerie 21 . La censure en France et à Genève n’aurait pas même pour effet de retarder la diffusion de l’œuvre. Elle ne s’exerce pas cependant par le seul biais des instances officielles de censure. En évoquant les Memoires de l’Estat de France et le Resveille- Matin, Pierre de L’Estoile les juge. Son appréciation est ambiguë et semble relever d’un compromis entre ce qu’il est décent de dire, et ce qu’il pense vraiment. Le chroniqueur condamne sans hésitation le Resveille-Matin, mais en revanche, s’il commence par dire que l’ouvrage de Goulart, les Memoires de l’estat de France est trop peu réfléchi, qu’il a été « trop precipitamment mis sur la presse », s’il fait cette concession au public, il note « qu’on ne peult nier [que ces mémoires servent] grandement à l’histoire de ce temps ». Il s’érige ainsi en censeur de l’œuvre, et adopte en fait intégralement la vision avouée de Simon Goulart, qui ouvre son livre par ces termes : Ce sont memoires voirement & bien petits commencemens de l’admirable histoire, pour l’agencement de laquelle ie prie Dieu qu’il reveste de son esprit quelqu’un qui y mette la main 22 . Si l’Estoile ne peut approuver sans réserve une œuvre aussi dangereuse pour la royauté, il refuse d’adopter le jugement global par lequel le livre est condamné par la société. L’ouvrage de l’Estoile, à son tour, est publié sans mention du lieu de ville et du nom d’éditeur, et est officiellement censuré en 1747, par un décret de la Congrégation de l’Index. À la fin du XVI e siècle et au début du XVII e siècle, la censure en France n’empêche pas les idées dangereuses de se propager, et de toucher les 21 Catherine Santschi, La Censure à Genève au XVII e siècle, Genève, Tribune Éditions, 1978, p. 21. 22 Simon Goulart, Memoires de l’estat de France, sous Charles neufiesme : Contenans les choses plus notables, faites et publiees tant par les catholiques que par ceux de la Religion, depuis le troisiesme edit de pacification fait au mois d’Aoust 1570. iusques au regne de Henry troisiesme, reduits en trois volumes, chascun desquels a un indice des principales matieres y contenues, Meidelbourg, Henrich Wolf, 1576, f. 3 v. Mathilde Bernard 420 milieux influents, notamment le cercle parlementaire. L’Estoile évoque les ouvrages qui les portent, ainsi que Jacques-Auguste de Thou, dans son Histoire universelle 23 . Les propos de ce dernier ne sont pas élogieux, mais ils sont inscrits dans une œuvre qui est elle-même suspecte pour Rome. Au grand désespoir du président du parlement de Paris, l’Histoire universelle est également mise à l’Index, tôt cette fois, en 1609. Nombre d’analyses de l’histoire, chez Jacques-Auguste de Thou comme chez bien d’autres, sont directement inspirées des Memoires de l’Estat de France de Simon Goulart. Les lectures de De Thou ne sont sans doute pas étrangères à ses convictions gallicanes, celles-là même pour lesquelles son œuvre a été officiellement censurée. La pensée protestante trouve un écho dans les discours catholiques de la fin du XVI e siècle, et marque durablement les esprits. Les instances de la censure manquent de cohérence, et surtout d’efficacité. L’introduction en France d’œuvres sans nom d’auteur, sans nom d’éditeur, sans nom de lieu est la plus grande marque du très mauvais contrôle de la police sur les œuvres pernicieuses. Les livres les plus saturés de calomnies ne tombent pas entre les seules mains des parlementaires, et pour reprendre l’expression d’Agrippa d’Aubigné, ils arrivent sans problème et sans correction « au chevet des rois », ainsi que l’atteste Pierre de L’Estoile : En ce temps 24 , la Vie de la Roine Mere imprimée, qu’on a depuis vulgairement appelée la Vie S te Katherine, court par tout. Les caves de Lion en sont plaines, et la Roine elle mesme se la fait lire, riant à gorge desploiée, et disant que s’ils lui en eussent communiqué devant, elle leur en eust bien apris d’autres qu’ils ne sçavoient pas, qu’ils avoient oubliées, et qui eussent bien fait grossir leur livre, dissimulant, à la Florentine, le mal talent qu’elle en avoit et couvoit contre les Huguenots, ausquels il estoit permis de crier et de se plaindre, puis qu’ils ne pouvoient autre chose. La verité est toutefois que ce livre fust aussi bien recueilli des Catholiques que des Huguenos (tant le nom de ceste femme estoit odieux au peuple) et ai oui dire à des Catholiques, ennemis jurés des Huguenots, qu’il n’y en avoit pas 23 Jacques-Auguste de Thou, Illustris viri Jacobi Augusti Thuani, …Historiarum suis temporis ab anno… 1543 usque ad annum… 1607, [lieux divers], Ambroise et Hierosme Drouart, 1606-1621, 5 tomes reliés en 4 vol. in fol. ; édition utilisée : Histoire universelle de Jacques-Auguste de Thou depuis 1543 jusqu’en 1607. Traduite sur l’édition de Londres - 1734, vol. VII, livre 57, pp. 18-19. 24 En septembre 1574. L’édition française du Discours merveilleux de la vie de Catherine de Médicis a été publiée en 1575, mais une édition latine circulait depuis 1574. Si on peut faire confiance aux dates données par L’Estoile, il s’agirait alors de cette édition. Les stratégies éditoriales des historiens protestants 421 la moitié de ce qu’elle avoit fait, et que c’estoit dommage qu’on n’y avoit tout mis 25 . On parle beaucoup à Paris des livres en provenance de Genève. Ils sont de notoriété publique, et, en dépit de leur caractère nuisible à la royauté, ils ne sont pas poursuivis, car grâce à l’habile complicité du Conseil de Genève, ils restent officiellement sans auteur, sans provenance, et sans éditeur. La Reine-mère peut bien rire jaune. Si l’influence de la censure française s’étend au-delà de la France, c’est sans grand succès. Les instances genevoises de contrôle sont elles-mêmes bridées par les autorités françaises, et élaborent à leur tour des stratagèmes pour passer outre la censure. En ce qui concerne les idées protestantes, la censure française en interdit l’expression, tandis que les instances genevoises aident au contraire les auteurs protestants, tout en les obligeant à rester dans le secret. Ainsi, la censure proférée par le Conseil de Genève, l’arrêt prononcé sur un livre, ne trouve pas de répondant dans les actes. On relève un écart sensible entre le discours d’interdiction et ses effets. Ce décalage trouve son explication dans les précautions langagières qui permettent au livre de trouver des portes de sortie du territoire. Des précautions similaires apparaissent dans la censure officieuse d’auteurs catholiques qui, tout en semblant condamner un livre, en justifient en fait le bien-fondé, ou du moins en assurent la publicité. Le paradoxe de l’édition clandestine est l’étendue de ses répercussions publiques. La censure sociale, en ce sens, va également à l’encontre de l’action des instances officielles de la censure française. Parler mal d’un livre, c’est avant tout en parler, et ce fait est suffisamment connu pour qu’on puisse soupçonner Pierre de L’Estoile et Jacques-Auguste de Thou d’avoir consciemment contribué à cette censure positive. 25 Pierre de L’Estoile, Journal des choses memorables advenues durant tout le regne de Henry III roy de France et de Pologne ; à la suite duquel se trouve le procez verbal d’un nommé Nicolas Poulain, lieutenant de la prévosté de l’isle de France, qui contient l’histoire de la ligue, depuis le second janvier 1585, jusques au jour des barricades, escheües le 12 may 1588, [s.l.n.n.] [Paris, Pierre Dupuy], 1621 ; édition utilisée : Registre-Journal du règne de Henry III, Genève, Droz, 1992, tome I, p. 85. Mathilde Bernard 422 Annexe : pages de titre des histoires protestantes publiées à l’étranger NB : les inscriptions en gras correspondent aux fausses indications (ou à l’absence d’indications) sur la page de titre AUTEUR LIEU ÉDITEUR DATE Recueil de plusieurs personnes qui ont constamment enduré la mort pour le nom de nostre Seigneur Jesus Christ Non mentionné (en réalité Jean Crespin) s.l. (en réalité Genève) s.n. (en réalité Jean Crespin) 1555 Acta martyrum Jean Crespin s.l. (mais l’achevé d’imprimer indique Genève) Apud Jo. Crispinum 1556 Actiones et monimenta martyrum… Non mentionné (en réalité Jean Crespin) s.l. (en réalité Genève) Apud Jo. Crispinum 1560 Actes des martyrs déduits en sept livres, depuis le temps de Wiclef et de Hus jusques à présent Non mentionné (en réalité Jean Crespin) s.l. (en réalité Genève) s.n. (en réalité Jean Crespin) 1565 Histoire des vrays tesmoins de la verité de l’Evangile Non mentionné (en réalité Jean Crespin) s.l. (en réalité Genève) s.n. (en réalité Jean Crespin) 1570 Histoire des martyrs persecutez… jusques à l’an 1574, comprinse en dix livres Non mentionné (en réalité Jean Crespin et Simon Goulart) s.l. (en réalité Genève) s.n. (en réalité Eustache Vignon) 1582 Les stratégies éditoriales des historiens protestants 423 La Vraye et Entiere Histoire des troubles et choses memorables, avenues tant en France qu’en Flandres, et pays circonvoisins… Non mentionné (en réalité Lancelot Voisin de La Popelinière) Bâle, La Rochelle (en réalité Genève) Pierre Davantes (en réalité Jacob Stoer) 1572 Le Resveille- Matin des François Eusèbe Philadelphe Cosmopolite ; attribué à Nicolas Barnaud Edimbourg (a priori Genève : Lettrine V, lettre blanche sur rinceaux hachurés, 16 mm sur 16 mm, assez commune dans le matériel typographique genevois) Jacques James 1574 Discours merveilleux de la vie de Catherine de Médicis Non mentionné ; attribué à Henri Estienne s.l. (en réalité Genève) s.n. (faux nom ; en réalité, Abel Rivery) 1575 Memoires de l’Estat de France Non mentionné (en réalité Simon Goulart) Meidelbourg Heinrich Wolf (pour la troisième édition, qui date de 1578, il est certain qu’elle a été éditée à Genève, chez Eustache Vignon) 1576, 1577, 1578 Mathilde Bernard 424 Histoire ecclesiastique des Eglises reformées au royaume de France Non mentionné (en réalité Théodore de Bèze) Anvers (en réalité Genève) J. Rémy (en réalité Jean de Laon) 1580 Memoires de la Ligue Non mentionné (en réalité Simon Goulart) s.l. (en réalité Heidelberg, ou Genève) s.n. (en réalité Jérôme Commelin) 1590 sq Discours politiques et militaires François de La Nouë s.l. (en réalité Genève) Jacob Stoer (Il semble qu’une partie du tirage ait porté « Pour François Le Feure, de Lyon ») 1596 L’Histoire universelle du sieur d’Aubigné Agrippa d’Aubigné Deux états de l’édition : 1) s.l. 2) Amsterdam En réalité Genève Deux états de l’édition : 1) s.n. 2) Les héritiers de Henri Commelin 1626 (2 ème édition)