Papers on French Seventeenth Century Literature
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0343-0758
2941-086X
Narr Verlag Tübingen
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2010
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Alberto Beretta Anguissola (éd.): Racine, Teatro, con uno scritto di René Girard. Milano: Mondadori, 2009 (I Meridiani). 1960 p.
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2010
Vincenzo de Santis
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PFSCL XXXVII, 73 (2010) Alberto - Beretta - Anguissola - (éd.) : - Racine, - Teatro, - con - uno - scritto - di René Girard. Milano : -Mondadori, -2009 -(I -Meridiani). -1960 -p. « Et - la - contrainte - enfante - des - miracles ». - Dans - ce - vers - aux - échos pré--‐bau--‐ delairiens la - muse - de - l’Histoire déplore sa - pauvreté - et - sa - faiblesse - dans - une célèbre -épître -de -Nivelle -de -La -Chaussée -de -1731. -Pour -l’inventeur -du -genre -dit « larmoyant », - la - contrainte - « conduit - à - la - perfection » : - en - relisant - ces - vers de l’Epître - de - Clio - à - Monsieur - B *** - on - ne - peut - pas - s’empêcher - de - penser - à l’auteur - d’Iphigénie. - Le - nom - de - Racine - est - progressivement - devenu - synonyme de - règle, - norme, - dans - la - définition - d’un - système - esthétique - qui - se - fonde - juste--‐ ment - sur - la - contrainte, - l’aversio et - sur - ce - que - Spitzer - appelle - « l’effet - de - sour--‐ dine ». - Cet - univers - poétique - où - la - passion - est - toujours - détrempée - dans l’austérité - d’une - composition - rigoureuse, - où - la - psychologie - humaine - porte - le masque - du - mythe - et - où - la - parole - se - plie - à - une - véritable - esthétique - de - la contrainte, - risquerait - de - devenir - l’apanage - exclusif - d’un - public - d’érudits - et - de spécialistes. - Voilà - ce - que - Alberto - Beretta - Anguissola, - directeur - du - volume, - a délibérément - décidé - d’éviter - dans - cette - édition. - Loin - d’être - l’instrument - d’une simple - vulgarisation, - le - « Meridiano - Racine » - s’adresse - effectivement - à - « un public -italien -cultivé » -qui -ne -soit -pas -nécessairement -constitué -par -des -lecteurs « spécialisés ». -Le -volume, -qui -représente -la -première -traduction -italienne -inté--‐ grale - et - en - vers - du - théâtre - de - Racine - avec - le - texte original en - regard, - est - né - de la -volonté -du -poète -et -traducteur -Giovanni -Raboni -(1932--‐2004), -qui -avait -conçu l’idée - d’un - « Racine - tout - en - Italien », - à - l’usage - des - lecteurs - mais - aussi - des comédiens -et -des -metteurs -en -scènes. L’ouvrage - se - compose - de - plusieurs - sections - et - d’un - apparat - de - notes - et commentaires - extrêmement - riche. - Il - s’ouvre - sur - une - étude - inédite - de - René Girard traduite par - Anguissola, - suivie - d’une - introduction - et - d’une - chronologie rédigées - par - le - directeur - du - volume - et - complétée - par - une - bibliographie. - Si Anguissola - reconnaît - ouvertement - l’importance - des - recherches - philologiques et - des - apparats - critiques - de - l’édition - de - Georges - Forestier - (Gallimard, - « Biblio--‐ thèque - de - la - Pléiade », - 1999) - qui présente - les - pièces - dans - le - texte - de - leurs premières éditions, - il - adopte - néanmoins - des - critères - philologiques - très différents : -le -texte -français -a -été -établi -à -partir -des -Œuvres -de -1697, -la -dernière édition - publiée - du - vivant - de - l’auteur - qui - représenterait - donc - sa - dernière volonté. -En -raison -de -sa -valeur -prosodique, -la -ponctuation -originale -n’a -pas -été modifiée, -alors -que -la -graphie -a -été -modernisée. -Les -variantes -textuelles -ne -sont pas signalées dans - l’apparat - des - notes, - mais - l’éditeur - en - propose - un - bilan synthétique -dans -les -commentaires. PFSCL XXXVII, 73 (2010) 458 L’essai -de -Girard -qui -ouvre -le -volume -(Poesia -e -religione -nel -teatro -di -Racine) offre - une - analyse - de - la - « simplicité - mystérieuse » - de - la - poésie - racinienne - qui s’amorce - sur - l’examen - du - « langage » : - grâce - à - son - traitement - inédit - de - la rhétorique - des - passions, - Racine - a - su - réinventer - les - topoi - de - la - littérature - XVII e siècle, - qui - se - fondaient - sur - le - mélange - entre - violence, - sacré - et mythologie. L’étude - de - Girard - se - poursuit - avec - une - analyse - du - personnage - de Phèdre, -perçu - comme - le - symbole -de - la -« régression -humaine -vers -l’animalité », dans - un - système - lexical - où - « amour » - et - « idolâtrie » - sont - en - rapport - de synonymie. - Phèdre - incarnerait - en - outre - le - jugement - que - porte - l’auteur - sur - la cour -et -sur -la -société -de -son -temps. -A -l’idée -d’idolâtrie, -absente -chez -les -Grecs -et dont - use - Racine - pour - mettre - en - scène - le - sens - de - culpabilité, - s’opposerait - la doctrine - de - la - vérité - représentée - par - le - christianisme. - La - création - de - Phèdre coïnciderait -ainsi -avec -le -repentir -de -Racine : -à -l’horreur -qu’éprouve « la -fille -de Minos - et - de - Pasiphaé » - confrontée - à - sa - passion - incestueuse - correspondrait l’horreur - de - l’auteur - pour - son - œuvre - qui - le - mène - à - renoncer - au - théâtre - et - à retrouver - sa - foi - religieuse, - dans - une - conversion - que - Girard - juge - sincère. Néanmoins, - le - retour - à - la - dramaturgie - marqué - par - la - création - d’Esther - et Athalie -se -situe -d’après -Girard -dans -un -rapport -de -continuité -avec -l’ensemble -de la - production - de - Racine : - dans - les - pièces - sacrées - on - retrouverait, - en - dépit - de quelques -modifications, -les -grands -thèmes -de -son -théâtre -profane. Si -l’étude -de -Girard -se -présente -essentiellement -comme -une -sorte -d’anthro--‐ pologie - des - passions, - l’introduction - d’Anguissola - esquisse - un - parcours - histo--‐ rique -et -critique -où -le -théâtre -de -Racine -est -à -la -fois -considéré -par -rapport -à -ses caractéristiques - internes - et - aux - facteurs - externes - et - contextuels - qui - ont déterminé -la -formation -de -son -esthétique. -En -évoquant -une -formule -célèbre -de Giovanni - Macchia - (1912--‐2001), - Anguissola - définit - le - XVII e - siècle - comme - « un long - chemin - vers - l’ordre » : - par - l’analyse - des - rapports - de - l’auteur - à - ses contemporains, - le - critique - dessine - un - portrait - de - Racine - qui - met - en - relief - les aspects - les - plus - significatifs - de - son - œuvre - et - de - sa - personnalité. - Il - dégage - les motifs - récurrents - de - sa - dramaturgie - et - décrit - avec - précision - « l’augustinisme radical » -qui -caractérise -les -« labyrinthes -cruels » -de -sa -poésie. Anguissola - n’est - pas - moins - attentif - à - l’histoire - éditoriale - et - aux - mises - en scène - dont - il - trace - un - profil - synthétique - et - exhaustif, - complété - par - une - biblio--‐ graphie - des - travaux - critiques - réalisés - sur - le - théâtre - de - Racine - du - XVII e - siècle - à nos - jours. - A - la - perspective - diachronique - suivie - dans - la - rédaction - de - la - biblio--‐ graphie - correspond - l’organisation - des - commentaires - des - pièces : - après - un excursus - qui - situe - le - texte - par - rapport - à - son - contexte, - Anguissola - propose - un profil - historique - et - critique - de - l’œuvre - de - sa - création - jusqu’à - l’âge - contem--‐ porain. - Les - commentaires - se - focalisent - aussi - sur - les - querelles - engendrées - par les - pièces - et - sur - leurs - « applications » - (Jasinski), - dont - Anguissola - réalise - un examen -précis, -lucide -et -documenté. -Une -attention -toute -particulière -est -consa--‐ Comptes rendus 459 crée aux - intertextes - dont - s’est - servi - Racine - pour - la - création - de - ses - chefs--‐ d’œuvre, - qui - témoignent - du - caractère - « mnémonique » - que - le - XVII e attribue - à l’idée - d’invention. - Racine - use - en - effet - des - modèles - les - plus - différents, - de - la dramaturgie - antique - à - l’historiographie, - de - la - Bible - aux - Héroïdes et - l’apparat critique - a - été - rédigé - en - tenant - compte - des - traductions - françaises - et - latines - de l’époque. -Les -références, -ponctuellement -relevées, -sont -souvent -suivies -de -cita--‐ tions - permettant - au - lecteur - d’entrer - en - contact - direct - avec - la - source. - L’étude des - intertextes - ne - se - borne - pas - à - signaler - des - références - littéraires - érudites issues -principalement -de -l’univers -biblique -ou -gréco--‐latin : -Anguissola -examine de - façon - problématique - le - rapport - dialectique - qu’entretient - Racine - avec - ses modèles, -ces -derniers -agissants comme des -véritables -« textes -cachés ». - Comme - on - l’a - vu, - le - projet - d’un - « Meridiano - Racine » - a - été - conçu - par Giovanni -Raboni, -et -c’est -justement -à -lui -qu’Anguissola -dédie -ce -dernier -volume, où - il - publie - sa - deuxième - traduction - de Phèdre (Fedra, - Genova, - Marietti, - 1999) ainsi - que - deux - autres - traductions - inédites, - l’une - de - Bérénice, - l’autre - d’Athalie. Raboni - avait - également - signalé - la - traduction - d’Andromaque réalisée - par - le poète - Mario - Luzi - (1914--‐2005), - comprise - dans - le - volume Teatro - Francese - del Seicento, - dirigé - par - Giovanni - Macchia - (Torino, - ERI, - 1960), - et - republiée - ici. - Les autres -traductions, - inédites, -ont - été -réalisées -par -une - équipe -de -poètes - italiens contemporains : - Maurizio - Cucchi - (Alexandre - le - Grand, - Les - Plaideurs), - Milo - De Angelis -(La -Thébaïde, -Mithridate), -Luciano -Erba -(Bajazet, Esther), -Riccardo -Held (Britannicus, -Iphigénie). Le -projet originaire énoncé -par -Raboni -et -repris -par -Anguissola - consistait -à donner -une -vigueur -nouvelle, -un -caractère -moderne -et -actuel -aux -textes -propo--‐ sés - mais - les - traducteurs - ont - joui - d’une - marge - assez - large - de - liberté : - chaque traduction - suit - des - paramètres - stylistiques - différents - et - représente - ainsi - une relecture - personnelle - de - la - pièce. - Les - traducteurs - ont - opté - pour - une - métrique libre - et - variée, - qui - change - d’une - pièce - à - l’autre - et - répond - à - des - exigences spécifiques - de - « revitalisation » - du - texte. - Il - en - résulte - une - absence - presque totale -d’isométrie, -et -d’une -traduction -à -l’autre -et -par -rapport -au -texte -français. Si - des - études - détaillées - (on - peut - citer - à - titre - d’exemple - Robert - Garrette, La Phrase de - Racine. - Etude - stylistique - et - stylométrique, - Presse - Universitaire - du Mirail, - 1995) - ont - démontré - l’existence - d’une - évolution - du - rapport - entre syntaxe - et - versification - au - sein - du - théâtre - de - Racine, - les - traductions - tendent néanmoins -à -introduire -une -variation -métro--‐syntaxique -qui -s’oppose -à -l’homo--‐ généité - stylistique - d’ensemble - du - macrotexte - racinien. - Toutefois, - cette variation - s’inscrit - pleinement - dans - l’esprit - du - volume, - qui - vise - à - mettre - en relief - le - caractère -moderne -de - Racine, - grâce - à - la -présentation -d’une - version - en italien - « vivant » - à - la - nature - distinctement - « théâtrale ». - Le - théâtre - de - Racine, considéré - tout - à - la - fois - comme un - exemple - de - perfection - rhétorique et comme le -miroir -d’une -société, -est -ainsi -présenté -comme -un -microcosme -qui PFSCL XXXVII, 73 (2010) 460 cristallise - l’esprit - d’une - époque - dans - les - structures - du - mythe - et - de - la - poésie, une - dramaturgie - atemporelle - capable - « d’élaborer - la - synthèse - de - tous - les aspects -de -l’être -humain ». - - Vincenzo De Santis William - Brooks - (ed.) : - Philippe - Quinault, - Dramatist. - Oxford, - Bern, Berlin, - Brussels, - Frankfurt - am - Main, - New - York, - Vienna : - Peter - Lang, 2009 -(Medieval -and -Early -Modern -French -Studies, -6), -512 -p. This -remarkable -life -and -works -study -of -one -of -the -most -significant -playwrights from - the - second - half - of - the - seventeenth - century - offers - a - wealth - of - factual information - and - solid - critical - analysis. - It - is - also - the - first - full--‐length - book devoted - to - Quinault’s - spoken - plays - since - Etienne - Gros’s - indispensable - study, first - published - in - 1926, - which - Brooks - has - not - merely - updated, - but - also frequently -corrected -and -totally -rethought. The - chapters - alternate - between - the - factual - and - the - analytic, - with - a - pair devoted - to - each - of - the - three - chronological - periods - in - his - dramatic - career (excluding - the - opera - libretti, - not - treated - in - this - volume). - In - the - former - group Brooks -gives -extensive -biographical -information -about -Quinault -and -his -family, as -well -as -performance -histories -of -each -of -the -16 -spoken -plays. -He -has -done -an incredibly -meticulous -job -of -double -checking -the -information -provided -by -every single - primary - and - secondary - source, - and - in - a - large - number - of - cases - he corrects - misinformation, - indicates - what - is - certainty - and - what - is - conjecture, - or presents - theories - of - his - own - that - he - labels - as - such. - Every - aspect - of - production is -discussed, -from -which -troupe -staged -the -play -and -which -actors -played -which roles, -to -how -successful -the -work -was, -when -it -was -published, -and -how -often -it was - revived - or - reprinted, - even - whether - Quinault - had - a - conscious - strategy - in the - choice - of - dedicatees. - The - amazing - quantity - of - new - and/ or - corrected information - about - these - plays - complements - another - huge - project, - undertaken by - Brooks - and - Buford - Norman, - to - establish - an - accurate - chronology - of - the - per--‐ formances - of - Quinault’s - operatic - works. - For - the - reader’s - convenience, - Brooks provides -a -full -plot -synopsis -of -each -play -before -discussing -its -history. The - analytical - chapters - present - detailed - accounts - of - the - plays, - each subdivided - into - key - topics - such - as - plot - construction, - characterization, - the visual - dimension, - verisimilitude, - and - dominant - themes - (love, - political considerations, - deception - and - illusion, - false - or - mistaken - identity). - He - sheds light - on - Quinault’s - attitude - toward - genre, - all - the - more - pertinent - since - the dramatist - did - not - always - specify - whether - a - given - play - was - intended - as - a comedy, - a - tragicomedy - or - a - tragedy; - in - fact, - several - plays - are - on - the - frontier -
