Papers on French Seventeenth Century Literature
pfscl
0343-0758
2941-086X
Narr Verlag Tübingen
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2014
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«Je ne codamne point vos manières»: la littérature burlesque au confluent du queer et du gay
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2014
Jean Leclerc
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PFSCL XLI, 81 (2014) « Je ne condamne point vos manières » : la littérature burlesque au confluent du queer et du gay J EAN L ECLERC (U NIVERSITÉ W ESTERN O NTARIO ) 1 La littérature burlesque constitue avant tout le lieu d’un renversement des codes esthétiques en vogue à l’âge classique, notamment à travers un retournement de la grandeur et de la noblesse présentes dans un genre comme l’épopée. Travaillant contre le principe de convenance entre un style et un sujet, le burlesque se plaît à traiter dans un style bas des matières nobles et sérieuses, en empruntant une trame narrative aux grands textes de l’Antiquité, ceux d’Homère et de Virgile, d’Ovide ou de Lucain. Une désacralisation du mythe s’opère alors grâce à un arsenal de procédés relevant à la fois de l’invention et de l’élocution, consistant à confondre l’héroïsme avec la pleutrerie ou d’autres tares morales, à croiser les références antiques avec les réalités de la France du XVII e siècle, à juxtaposer l’idéalisation des vertus nationalistes avec une trivialité abaissante, à mêler le langage figuré de la poésie avec un parler populaire artificiellement reconstitué, à peindre des figures mythologiques en proie à des passions ou des appétits déréglés, et à mettre en valeur le bas corporel, les fonctions digestives ou reproductives. Ces jeux de renversement ébranlent le socle des valeurs morales, politiques et spirituelles sur lequel est fondée la société française du XVII e siècle, à tel point que le burlesque peut s’envisager comme un mode d’expression jouant sur la topique du monde renversé, en ce sens qu’il prend ses distances vis-àvis d’un code esthétique fondé sur la hiérarchie des genres poétiques, 1 Cet article est une version remaniée d’une communication prononcée dans la séance « Queer » présidée par Guillaume Peureux lors du congrès de la SE-17 à Wellesley College, en novembre 2012, qui a été rendue possible grâce à une subvention du Conseil canadien de Recherches en Sciences Humaines. Jean Leclerc 258 dynamique potentiellement queer à plusieurs égards 2 . En effet, tout comme le queer sur le plan identitaire, le burlesque s’exprime à partir d’une position marginale, frondeuse et effrontée, se permettant de remettre en question les représentations hétéro-normatives qui fondent l’édifice d’un ordre social apparent - et illusoire. Cette mise à distance des codes de comportement peut se mesurer par l’usage que l’on fait des exemples illustrant une sexualité dissidente et hors norme, du moins selon les poncifs de l’Église catholique. L’étude des textes fait voir un nombre surprenant de traces d’une sexualité appartenant à la catégorie moderne et anachronique du gay, non seulement dans les travestissements d’épopées antiques à proprement parler, mais dans toute une série de textes qui s’inscrivent dans une esthétique et un esprit burlesques. Certes, il ne s’agit pas ici d’appliquer cette étiquette aux contemporains de Louis XIV, même si elle pourrait convenir à des hommes comme Monsieur ou Boisrobert 3 , étiquette dont s’est servi Madeleine Alcover pour décrire le « gay trio » que forment Chapelle, Cyrano et Dassoucy, trois auteurs qui ont excellé dans le style burlesque 4 . Il s’agira plutôt d’interroger des représentations du désir homosexuel (surtout masculin) et des indices d’une ambivalence du gender, avant de remonter vers un questionnement plus général quant à l’hétéro-normativité et les codes sociaux, en somme de s’attarder sur les traces plus visibles d’une sexualité gay afin d’identifier les aléas d’une posture queer. La littérature burlesque du Grand Siècle fait une place discrètement imposante à tout ce qui touche à la marginalité, l’homosociabilité, le désir homosexuel, notamment à travers l’héritage antique de figures comme Orphée, Narcisse et Ganymède. Les mœurs font aussi partie des procédés que la satire et le pamphlet emploient pour stigmatiser ses cibles et détruire leur crédibilité politique, sociale ou économique. Ainsi, après avoir inter- 2 Il faut en profiter pour exprimer ma dette envers les travaux de Pierre Zoberman sur la question, notamment ses articles « A Modest Proposal for Queering the Past : A Queer Princess with a Space of Her Own », dans James Day (éd.), Queer sexualities in French and Francophone Literature and Film, Amsterdam - New York, Rodopi, « French Literature Series », XXXIV, 2007, pp. 35-49, et « Gender, Identity and Sexuality : French and American Approaches », dans Concordia discors : choix de communications présentées lors du 41 e congrès annuel de la NASSCFL, New York, éd. Benoît Bolduc et Henriette Goldwyn, Tübingen, Narr, « Biblio 17 », n° 194, 2011, pp. 75-84. 3 L’ouvrage de Maurice Lever apporte déjà quelques pistes à ce sujet : Les Bûchers de Sodome, Paris, Fayard, 1985. 4 Madeleine Alcover, « Un Gay Trio : Cyrano, Chapelle, Dassoucy », dans Ralph Heyndels et Barbara Woshinsky (éd.), L’Autre au XVII e siècle, Tübingen, PFSCL, 1999, pp. 265-275. La littérature burlesque au confluent du queer et du gay 259 rogé le substrat mythologique gréco-romain que la littérature burlesque réadapte selon ses propres codes esthétiques, j’examinerai les textes qui présentent une forte teneur référentielle afin d’établir un spectre des attitudes vis-à-vis de la représentation d’une sexualité gay. Je terminerai par l’analyse de quelques figures stylistiques formées à partir du mot « cul », images qui renversent l’ordre naturel et qui participent à la désacralisation des héros guerriers. En plus d’identifier et d’analyser les exemples les plus éloquents, j’aimerais en arriver à articuler la relation privilégiée entre un genre littéraire burlesque ou comique et la représentation de marginaux aux orientations sexuelles hors norme, en me demandant si le burlesque est un genre potentiellement favorable à l’adoption d’une posture queer, et si parallèlement des personnages ouvertement gay n’ont droit de cité à l’époque que dans des textes ou des genres marginaux. 1. L’héritage antique Les Anciens avaient donné depuis longtemps leurs propres mœurs à leurs dieux 5 , à commencer par l’enlèvement de Ganymède par Jupiter qui pouvait symboliser l’enseignement pédérastique encouragé par quelques sectes philosophiques. On trouve une allusion flagrante au sens de cette fable dans le Jugement de Pâris de Dassoucy, où l’échanson est qualifié de « beau mignon qui porte en crouppe 6 », expression qui signifie « admettre l’homme » selon le lexicographe Antoine Oudin, qui ajoute : « se dit d’une garce 7 ». Plusieurs couples à l’amitié ambiguë apparaissent d’ailleurs dans les poèmes épiques, qu’on pense à Achille et Patrocle, Oreste et Pylade ou Énée et Achate. Scarron imite Virgile de près en déclarant qu’Euryale est « Démesurément enflammé » du jeune Nisus 8 , vainqueur de la course au cinquième livre de l’Énéide, mais il ajoute un peu ironiquement que cet amour ne causait pas ouvertement le scandale, puisqu’une sorte de tabou entourait cette relation, à propos de laquelle « l’on ne pouvait rien dire 9 ». Au douzième livre de ce 5 L’article de Véronique Gely s’avère incontournable dans la compréhension de la réception des dieux au XVII e siècle : « Les sexes de la mythologie. Mythes, littérature et gender », dans Anne Tomiche et Pierre Zoberman, Littératures et identités sexuelles, Paris, Société Française de Littérature Générale et Comparée (SFLGC), 2007, pp. 47-90. 6 Charles Coipeau Dassoucy, Jugement de Pâris en vers burlesques, Paris, Toussaint Quinet, 1648, p. 5. 7 Voir Antoine Oudin, Curiositez françoises, Genève, Slatkine Reprints, 1993. 8 Paul Scarron, Le Virgile travesti, éd. Jean Serroy, Paris, Bordas, « Classiques Garnier », 1988, Livre V, p. 417, v. 1138. 9 Ibid., v. 1139. Jean Leclerc 260 même poème, les dons de médecine d’un dénommé Jäpis sont expliqués par l’amour que lui vouait Apollon, ce qui se traduit dans la version burlesque de Laurent de Laffemas par l’expression aimer « à la Bigarnaize 10 ». Le grand Hercule lui-même s’est épris de son jeune favori Hylas, à tel point qu’il a abandonné la mission des Argonautes quand des nymphes ont enlevé ce dernier, fable tirée d’Apollonius de Rhodes et reprise par François Colletet dans son Juvénal burlesque : Celles de ce Gargantua Qui seul tant de monstres tua, Hercule, qui perdit l’haleine Dessus le bord d’une fontaine Pour la perte du jeune Hylas À force de crier helas, Comme si ce grand vilain George Eût eu le poignart soubs la gorge 11 . Cyrano de Bergerac s’inspire pour sa part de la mythologie dans l’épisode des « Chênes de Dodone » dans les États et empires du Soleil, où il décrit au long les amours d’Oreste et Pylade avec leur métamorphose en arbre, et les effets merveilleux de leurs pommes sur tous ceux qui en mangent 12 . Loin d’être omis ou censurés, comme on pouvait s’y attendre, ou même atténués au point de perdre toute allusion à la sexualité, ces passages des originaux grecs et latins figurent en toutes lettres dans les textes burlesques, ce qui permet de tisser un lien fort entre la poésie burlesque et la littérature du siècle précédent telle qu’étudiée par Guy Poirier, qui observait : « il est parfois surprenant de constater jusqu’à quel point le nefandum peut être dit avant que le poète satyrique ne le condamne 13 ». La seule présence de ces passages ne prouve certes pas l’entière acceptation de ce fait social, mais constitue peut-être un acquiescement par rapport à un état de culture 10 Laurent de Laffemas, Virgile goguenard ou Le douziesme livre de l’Eneide travesty (Puisque Travesty y a), Paris, Antoine de Sommaville, 1652, p. 79. Étrangement, ce syntagme n’est pas répertorié par les dictionnaires de l’époque, ni par Claude Courouve dans son ouvrage Vocabulaire de l’homosexualité (Paris, Payot, 1985). La langue courante n’a conservé que l’expression « coiffé à la bigarnaise », qui semble de beaucoup atténuer la portée initiale de l’expression « aimer à la bigarnaise ». 11 François Colletet, Juvénal burlesque, dans L’Antiquité travestie : anthologie de poésie burlesque (1644-1658), éd. Jean Leclerc, Québec, Presses de l’Université Laval, 2011, p. 392, v. 1359-1366. 12 Cyrano de Bergerac, Les États et empires de la Lune et du Soleil, éd. Madeleine Alcover, Paris, H. Champion, « Champion classiques », 2004, pp. 280-298. 13 Guy Poirier, L’Homosexualité dans l’imaginaire de la Renaissance, Paris, H. Champion, 1996, p. 186. La littérature burlesque au confluent du queer et du gay 261 antique mis à distance par le registre comique, voire une certaine connivence face à des pratiques intemporelles. Une place à part doit être faite à Narcisse et à Orphée, deux figures antiques particulièrement significatives pour l’étude du queer et du gay dans la littérature burlesque. Dans le cas de Narcisse, sa passion n’implique pas nécessairement le désir homosexuel d’un autre, mais occasionne une féminisation de soi qui entraîne un « trouble du genre » selon le titre d’un ouvrage bien connu de Judith Butler 14 , c’est-à-dire une ambivalence dans le gender qui provoque une distance entre l’être et le paraître. C’est du moins ce qu’on observe dans le traitement par Louis Richer du troisième livre des Métamorphoses d’Ovide, où le jeune homme se questionne sur son identité et ses désirs, passage d’autant plus queer que le garçon avait témoigné auparavant sa totale indifférence pour les personnes du sexe opposé en rejetant les avances de la nymphe Écho. Le face à face donne lieu à un blason du corps de l’être aimé qui emprunte au vocabulaire burlesque tout en déclinant les métaphores et les lieux communs de la poésie pétrarquiste : Il voit d’une œillade amoureuse, Une perruque non teigneuse, Son front sans ride & ses deux yeux Qui ne furent onc chassieux, […] Enfin de l’œil il environne Mademoiselle sa personne, Depuis la teste jusqu’aux piez, Qui ne sont point estropiez ; Et de quelque part qu’il regarde, Un petit Cupidon luy darde A chaque fois un trait nouveau, Qui le grille au travers de l’eau 15 . L’eau de la fontaine crée un dédoublement qui n’est pas étranger aux utilisations psychanalytiques du miroir, tout en opérant une féminisation de l’identité sexuelle - Narcisse amoureux de « Mademoiselle sa personne » - ce qui suscite en lui tout un débat intérieur que le poète s’amuse à traduire à partir de l’original latin : J’aime ; mais qui ? Je n’en sçais rien, Et si pourtant je le voy bien : Je connois bien que c’est moy que j’aime ; 14 Judith Butler, Trouble dans le genre : Pour un féminisme de la subversion, trad. par Cynthia Kraus, Paris, La Découverte, 2005. 15 Louis Richer, L’Ovide bouffon, ou Les métamorphoses travesties en vers burlesques, Paris, Estienne Loyson, 1662, pp. 72-73. Jean Leclerc 262 Et pourtant ce n’est pas moy mesme ; Car pour moy je suis dans ma peau, Et ma Maistresse est dedans l’eau. O la plaisante Comedie ! Dieu nous gard de la Tragedie ; Je suis moy mesme à ce moment, Et ma Maistresse, & mon Amant ; Je suis galant, je suis coquette ; […] Serois-je bien fille & garçon ? Non, je connois sous ma roupille Que je suis masle, & non pas fille, Et pourtant je voy dedans l’eau D’une pucelle le museau : […] Je voy bien à ma couleur blesme Que je suis feru de moy mesme 16 . Les troubles de perception donnent lieu à une sorte de vertige identitaire transmis au lecteur à partir de structures binaires équilibrées par l’adverbe « pourtant » et opposant des doublets antithétiques fondés sur les codes culturels de la galanterie (amant-maîtresse, galant-coquette, fille-garçon), mais également sur des connaissances littéraires (comédie-tragédie). Cette scène entérine sur un mode comique les réserves que formulent les philosophes vis-à-vis des sens et des erreurs dont ils peuvent être la cause, tout en essayant de construire de nouvelles certitudes épistémologiques grâce à l’appui des données empiriques (la répétition des verbes « connaître » et « être », les signes distinctifs « couleur blesme », « sous ma roupille »). Orphée se recommande quant à lui pour avoir le premier enseigné aux garçons l’art « d’aimer les garçons 17 », après l’échec de sa descente aux enfers pour chercher sa femme Eurydice. Ce dédain des femmes explique chez Ovide la haine que lui vouent Vénus et les Bacchantes, responsables de sa mort brutale. Cette fin justifie l’homophobie face à « l’infâme engeance 18 » qu’il symbolise, intolérance qui apparaît autant dans la seconde partie de L’Orphée grotesque, une mazarinade reprenant assez fidèlement les Métamorphoses, que dans une traduction burlesque de L’Art d’aimer d’Ovide, texte 16 Ibid., p. 75. 17 D.L.B.M., L’Herato-technie, ou L’art d’aimer d’Ovide en vers burlesques, dans L’Antiquité travestie : anthologie de poésie burlesque, op. cit., p. 122, v. 1398. 18 Anonyme, Suitte de l’Orphée, avec les Bacchantes ou les rudes joueuses en vers burlesques, Seconde partie, dans L’Antiquité travestie : anthologie de poésie burlesque, op. cit., p. 66, v. 129. La littérature burlesque au confluent du queer et du gay 263 « straight » s’il en est, et qui décrit sur le mode anachronique les conséquences de ces amours : Ce fut alors que notre Chantre Se choisit pour logis un antre, Dit : « Filles ni femmes de bien Jamais plus ne me seront rien » : Aussi pour esteindre sa flame, Il se soüilla comme un infame, Et c’est de luy que les garçons Apprirent d’aimer les garçons. Certes il meritoit la Greve Aussi pour sa mine de Feve Il fut mis en plusieurs tronçons Comme on fait ici les Cochons 19 . Par ce commentaire, l’auteur de L’Herato-technie marque à quel point les représentations de personnages homosexuels peuvent entraîner des réactions hétéro-normatives visant à décourager cette forme de relations, non seulement par la menace d’un dispositif judiciaire en place afin d’enrayer de telles pratiques par une mort publique infamante, mais aussi par une dévalorisation du personnage vers l’animalité grotesque, elle-même destinée à une forme plus triviale de mort cérémonielle. Dans le contexte d’une littérature pédagogique visant à former le modèle du parfait amant, l’un des mythes fondateurs de l’amour homosexuel est érigé en contre-exemple servant à prévenir le lecteur des conséquences rattachées à de tels types d’amour. En plus de confirmer la présence de l’homosexualité antique dans l’imaginaire et les textes du XVII e siècle français, ces quelques exemples révèlent une double polarité vis-à-vis du phénomène gay, soit un rejet et une condamnation de ce qu’on perçoit comme une infamie, soit une sorte de complaisante tolérance, deux attitudes qui se maintiennent lorsqu’il s’agit de textes qui ne prennent plus la mythologie pour fondement de leur fiction poétique. 2. Représenter pour mieux dénoncer ? Il n’est pas surprenant de déceler une critique acerbe de l’homosexualité et de la sodomie dans les textes satiriques, dont le mandat consiste à se moquer des travers moraux et à corriger les mœurs des contemporains. À cet égard, le XVII e siècle hérite à la fois des accusations antiques contre les efféminés dans la Rome impériale, et des condamnations bibliques de Sodome et Gomorrhe. C’est ce qu’illustrent deux extraits du Juvénal burlesque 19 D.L.B.M, L’Herato-technie, op. cit., p. 122, v. 1391-1402. Jean Leclerc 264 de François Colletet, où la satire romaine peut s’appliquer à la société parisienne qui lit la pièce. Le premier passage réfère explicitement à Néron, mais la logique des attributions à un contemporain pouvait très bien faire voir un « Prince » encore vivant dont les relations homosexuelles étaient notoires : Pendant que ce Prince impudique, Dont l’infamie estoit publique, Brusloit d’une estrange façon, De l’Amour d’un jeune garçon Et s’en servoit ribon ribaine Comme Paris faisoit d’Heleine 20 . La présence de Pâris et d’Hélène marque ainsi la force du modèle hétéronormatif dans la dénonciation qu’appelle sur lui ce « Prince impudique », tout comme la mention du mot « mariage » dans le second extrait : La honte couvre mon visage Quand je parle de Mariage Puis qu’il s’en fait de si honteux Qu’ils me font dresser les cheveux. Ouy dirai-je que dedans Rome Tel Homme, est amoureux d’un Homme, Et qu’on en void publiquement S’epouser solemnellement 21 ? Le recours à l’enfer sert alors de dispositif attendu pour susciter la menace et dissuader le lecteur qui peut se laisser persuader que ses actions seront jugées après sa mort, ce qui est illustré par l’Enfer burlesque de Laffemas au moment où l’on énumère les fonctions du juge infernal Rhadamante, qui interroge les criminels avant de les châtier : Si c’est un Courtisan François, Il veut sçavoir combien de fois Il a fait le peché de Rome, Je voulois dire de Sodome : Mais si c’est un Italien, Il ne luy demandera rien 22 . 20 François Colletet, Juvénal burlesque, dans L’Antiquité travestie, op. cit., p. 370, v. 565-570. 21 Ibid., p. 374, v. 721-728. 22 Laurent de Laffemas, L’Enfer burlesque, ou Le sixiesme de l’Eneide travestie, et dédiée à Mademoiselle de Chevreuse. Le tout accommodé à l’Histoire du Temps, Paris, Jouxte la Copie imprimée à Anvers, [s. n.], 1649, p. 23. La littérature burlesque au confluent du queer et du gay 265 À cet égard, et ce trait s’avère réciproque entre la France et l’Italie puisque l’Autre se révèlera toujours enclin à recevoir l’accusation d’infamie, on aime bien à prétendre depuis la Renaissance que la sodomie est une pratique privilégiée de l’Italie, et que les prélats romains s’en délectent en secret. Pendant la Fronde, le ministre Mazarin subit cette dénonciation des mœurs sodomites, et se voit accusé des pires obscénités, non seulement par rapport à son passé et à son ascension fulgurante dans la hiérarchie du Vatican, mais aussi depuis son arrivée en France et sa faveur auprès de Louis XIII et de Richelieu. On retrouve à nouveau l’expression « porter en croupe » dans une mazarinade intitulée l’Icare sicilien : Mais la vraye est qu’un Barberin 23 , Lequel on dit que Mazarin Dans ce temps-là portoit en croupe Quand il avoit le vent en poupe, Barberin qui Cardinal est Porta si fort son interest Que connoistre il le fit au Pape 24 . L’accusation d’homosexualité (ou de bisexualité) est topique dans les pamphlets contre le ministre, dont l’un des meilleurs exemples se trouve dans le Ministre d’État, flambé, attribué à Cyrano de Bergerac : Vous avez joüé tous les jours Et Createur et creature ; Et vous avez fait à rebours Le gaillard peché de luxure. […] C’est où vous estes trop sçavant Cardinal à courte priere, Priape est chez vous à tout vent, Vous trenchez des deux bien souvent Comme un franc cousteau de tripiere, Et ne laissez point le devant Sans escamotter le derriere 25 . La Mazarinade de Scarron va encore plus loin dans l’agressivité à l’égard des pratiques sexuelles du ministre, notamment dans la vulgarité du voca- 23 Antonio Barberini (1607-1671), cardinal depuis 1627. 24 Anonyme, L’Icare Sicilien, ou La cheute de Mazarin, avec sa metamorphose, dans L’Antiquité travestie, op. cit., p. 224, v. 365-371. 25 Cyrano de Bergerac, Mazarinades, éd. Marie-Madeleine Fragonard, Mugron, Éditions InterUniversitaires, 1989, p. 31. La suite à propos de ses pages mérite aussi d’être citée : « vous ne les avez laissez / Ny mains pures, ny gregues nettes » (p. 32). Jean Leclerc 266 bulaire : « Un vieil bougre enté sur Bardache / Et par-dessus tout un Gavache 26 », ou encore « […] tu devins la gouge / D’un autre bougre à bonnet rouge 27 ? », allusion transparente au cardinal Barberini déjà évoqué, dont Mazarin aurait été l’amant - gouge signifiant littéralement la pute. Dans ce pamphlet d’une rare violence où le ministre est comparé à Sardanapale et menacé de finir déchiré sur la place publique comme Concini, le terme « bougre » sert à créer un jeu verbal digne des grands Rhétoriqueurs, qui constitue l’apothéose de la méchanceté dans le poème 28 : Sergent à verge de Sodome, Exploitant par tout le royaume, Bougre bougrant, bougre bougré, Et bougre au suprême degré, Bougre au poil, et bougre à plume ; Bougre en grand et petit volume, Bougre sodomisant l’État, Et bougre du plus haut carat, Investissant le monde en poupe, C’est-à-dire, baisant en croupe ; Bougre à chévres, bougre à garçons, Bougre de toutes les façons, Bougre venant en droite ligne D’Onan, masturprateur insigne ; Bougre docteur in utroque, Piqueur, magicien quoque ! Homme aux femmes, et femme aux hommes […] 29 . L’agressivité des mazarinades n’est pourtant pas un indice fiable pour conclure à l’homophobie de Scarron ou de Cyrano, dans la mesure où cette accusation était topique et qu’elle figurait parmi les reproches les plus graves à lancer contre un ennemi public, on l’a vu, mais aussi parce que des enjeux politiques, sociaux ou financiers se mêlaient à ces accusations. La dynamique du bouc émissaire fait que Mazarin était susceptible d’être accusé de tout et de n’importe quoi, particulièrement des matières honteuses comme une orientation sexuelle ambivalente. L’accusation aurait très bien pu se retourner contre eux, surtout Cyrano, dont les écrits laissent une 26 Paul Scarron, La Mazarinade, dans Œuvres, Genève, Slatkine, 7 vol., t. I, 1970, p. 286. 27 Ibid., p. 288. 28 Ce terme était si vulgaire à l’époque qu’il est absent des trois principaux dictionnaires de la fin du XVII e siècle : le Richelet, le Furetière et celui de l’Académie. 29 Paul Scarron, La Mazarinade, op. cit., p. 295. La littérature burlesque au confluent du queer et du gay 267 place importante à l’homosociabilité et qui semble bien avoir eu des relations non seulement avec Chapelle, le fils de son hôte dans les États et empires de la Lune, mais encore avec le poète burlesque Charles Dassoucy, qui se déclarait lui-même « hérétique en fait d’amour 30 ». Leurs œuvres contiennent d’ailleurs plus d’un passage où les initiés pouvaient lire un éloge des plaisirs pris entre personnes du même sexe. Dans Les États et empires de la Lune, on se souvient de l’épisode où le narrateur est la « femelle » de l’Espagnol, ils couchent ensemble et essaient de multiplier l’espèce, tandis les Séléniens pensent qu’ils ont l’un pour l’autre un « instinct naturel 31 ». Il faut aussi considérer l’arrivée du narrateur chez l’hôte où quatre jeunes garçons le déshabillent pour manger la fumée, après quoi on le caresse et chatouille avant de le mettre au lit 32 . Chez Dassoucy, c’est le même type d’éloge des plaisirs simples pris avec ses pages qui le massent après une longue journée de marche, et lui chatouillent le gras des jambes 33 . Dans ce contexte, les questions « malicieuses » à propos du page de Dassoucy qui se trouvent dans le Voyage de Chapelle et Bachaumont 34 ne peuvent provenir que d’un désir de vengeance contre des parjures de la même secte, une délation à demi-mots par un ancien amant qui semble avoir trouvé l’amour auprès d’un nouvel homme. Le passage raconte la rencontre fortuite du poète après qu’il se soit sauvé de Montpellier, où il était menacé de périr sur le bûcher : Il nous prit envie de sçavoir au vray ce que c’estoit que ce petit garçon et quelles belles qualitez l’obligeoient à le mener si soigneusement avec luy. Nous le questionnâmes donc assez malicieusement, luy disans : « Ce petit page qui vous suit Et qui derriere vous se glisse, Que sçait-il ? en quel exercice, En quel art l’avez-vous instruit ? - Il sçait tout, dit-il ; s’il vous duit 35 , Il est bien à vôtre service ». 30 Cité par Maurice Lever, Les Bûchers de Sodome, op. cit., p. 127. Voir à ce sujet l’article déjà cité de Madeleine Alcover, ainsi que la biographie récente de Jean- Luc Hennig, Dassoucy et les garçons, Paris, Fayard, 2011. 31 Cyrano de Bergerac Les États et empires de la Lune et du Soleil, op. cit., pp. 75-76. 32 Ibid., pp. 69-72. 33 Voir Charles Coipeau Dassoucy, Aventures burlesques de Dassoucy, éd. Emile Colombey, Paris, Delahays, 1858 et 1876. 34 Chapelle et Bachaumont, Voyage d’Encausse, éd. Yves Giraud, Paris, Champion, 2007. Voir tout le passage où il est question de Dassoucy aux pp. 143-145. 35 Le verbe « duire » signifie « il convient ». Jean Leclerc 268 Nous le remerciâmes lors bien civilement, ainsi que vous eussiez fait, et ne luy répondîmes autre chose Qu’« Adieu, bon soir et bonne nuit. De vôtre page qui vous suit Et qui derriere vous se glisse, Et de tout ce qu’il sçait aussi, Monsieur d’Assoucy, grand mercy ; D’un si bel offre de service, Grand mercy, Monsieur d’Assoucy ». La réponse de Dassoucy « s’il vous duit, / il est à votre service » prouve bien que ces hommes entendaient parfaitement de quoi il s’agissait et qu’ils n’en étaient pas à leur première expérience avec des pages, d’où la malice de faire passer ces mœurs exclusivement sur Dassoucy alors qu’ils étaient peutêtre tout aussi coupables que lui quant à leur hérésie amoureuse. La répétition dans les deux strophes de la tournure équivoque à propos du « page qui vous suit / Et qui derriere vous se glisse », souligne le plaisir esthétique que leur procure la création d’une image où la sodomie est si transparente. La propension du burlesque à intégrer des éléments de la culture gay et queer trouve alors un moyen d’expression dans l’élocution des textes. 3. La surenchère burlesque Le style burlesque préconise l’emploi d’un vocabulaire bas qui se plaît à injecter une bonne dose de trivialité dans la narration de mythes antiques, en accumulant notamment des réalités corporelles comme la nourriture et la digestion. On observe à cet égard une omniprésence du mot « cul » et un nombre élevé d’images construites à partir de ce terme. Or, tandis qu’une littérature issue de la tradition rabelaisienne ou carnavalesque intègre à son élocution des composantes scatologiques, respectant ainsi les fonctions biologiques de la digestion et de la défécation, la littérature burlesque renverse parfois cet ordre naturel : le postérieur n’est plus le lieu d’une saine et normale évacuation, mais devient un orifice par lequel les objets du monde extérieur arrivent à pénétrer l’organisme humain, à le contaminer. Ces images sont quelquefois empruntées au langage courant, et se limitent alors à un sens métaphorique comme dans Le Virgile travesti de Scarron, quand Énée s’exclame après la tempête du premier livre : « Nous en avons eu dans le cul / Les vents à ce coup ont vaincu 36 », expression qui n’a en soi rien de queer et que Furetière traduit par : « On dit aussi, qu’un homme en a dans le cul, pour dire, qu’il a fait une grande perte, soit en procès, soit en jeu, soit 36 Paul Scarron, Le Virgile travesti, op. cit., Livre I, p. 87, v. 621-622. La littérature burlesque au confluent du queer et du gay 269 en autre affaire 37 ». Dans l’Ovide bouffon, Louis Richer s’inspire de la tradition médiévale et farcesque jouant sur la confusion entre l’âme, souffle divin, et le pet, afin de se moquer de la création de l’homme accomplie par le dieu Prométhée qui termine son ouvrage en lui « soufflant au cu 38 ». Quant à Dassoucy, il reprend le même épisode mythologique en s’attardant sur un autre aspect, c’est-à-dire le don du feu que fait Prométhée aux hommes, et qui lui vaudra le châtiment infernal qu’on connaît : Mais un Larron dit Prometée, Qui la Toillette aux Dieux plia, En disant cum licentia, Entreprit cet œuvre parfaire, Qui pour luy fut mauvaise affaire, Car humain Corps il figura, Puis au cul Torche luy fourra 39 […]. La forme phallique de l’objet inséré ainsi que le verbe employé au dernier vers forment une image qui rappelle la sodomie, en ce sens que le « cul » subit une pénétration qui n’est plus seulement métaphorique. Puisque le style burlesque s’amuse à créer de telles images, et qu’il ne condamne pas outre mesure les personnages qui commettent ces actions, il serait alors tentant d’avancer qu’il prend ses distances par rapport à l’hétéro-normativité et qu’il accomplirait à ce moment la rencontre entre le gay et le queer, du moins selon les réalités et les préoccupations d’une époque qui n’a pas encore inventé ces catégories modernes. Le contexte des combats héroï-comiques fait une large place à ce type d’images, où la pénétration par derrière vient désacraliser les vertus guerrières des combattants, et atténue par la même occasion la gravité des plaies reçues dans la mêlée, permettant de demeurer dans un registre comique. Scarron décrit la mort brutale du roi troyen Priam aux mains de Pyrrhus : « Il la mit [son épée] Capulo tenus, / Par l’endroit qu’on appelle anus 40 ». En empruntant l’expression « capulo tenus » directement à l’élocution de Virgile, qui signifie « jusqu’à la garde », Scarron prépare l’utilisation d’un autre mot latin à la rime, mais celui-ci relevant plutôt du discours anatomique et médical, transformant le coup de grâce en une sorte d’opération chirurgicale, voire en référant à la pratique très répandue des clystères. Ainsi, l’image sodomique aura pour effet de placer la victime dans 37 Antoine Furetière, Dictionnaire universel, éd. Alain Rey, Paris, SNL - Le Robert, 1978, article « cul ». 38 Louis Richer, L’Ovide bouffon, op. cit., p. 37. 39 Charles Coipeau Dassoucy, Ovide en belle humeur, Les Métamorphoses d’Ovide en vers burlesques, Paris, Charles de Sercy, 1650, p. 23. 40 Paul Scarron, Le Virgile travesti, op. cit., Livre II, p. 210, v. 2256-57. Jean Leclerc 270 une situation de viol symbolique et de la priver de sa propre masculinité. La mort du serpent Python aux mains d’Apollon dans L’Ovide en belle humeur de Dassoucy joue sur les mêmes codes d’une sexualité passive et de la représentation d’une victime émasculée, situation d’autant plus claire qu’elle joue sur l’équivoque du substantif « trait » : Quelque temps apres la Bataille Du grand Pithon le Portécaille, Où, comme est dit, il fut vaincu D’un trait qu’il receut dans le cu 41 ; Certes, il serait encore possible d’y voir la dégradation non seulement des fables antiques symbolisées par la figure de Python, mais également de l’écriture fictionnelle mise à mal par le « trait de plume » des auteurs burlesques. Un cas similaire se lit enfin chez Scarron dans la « Relation véritable de tout ce qui s’est passé en l’autre monde au combat des Parques et des poètes sur la mort de Voiture », quand une Parque se venge d’avoir été fessée par Apollon sur le pauvre poète Clément Marot : Et la Parque, dont la furie S’augmenta par la raillerie, Enfonça, je ne sçay comment Sa quenouille en son fondement. Il gaigna l’huis, faisant des esses, Une quenouille entre les fesses, Tel qu’un Hanneton, quand au cu Luy pendille un brin de festu 42 . En plus de peindre vivement l’image d’une pénétration anale, Scarron déploie toute sa richesse verbale pour qualifier le « cul » selon trois synonymes différents, focalisant toute l’attention du lecteur sur cette partie du corps du poète Marot. Cette sodomie presque théâtrale au cœur d’un combat burlesque est d’autant plus intéressante sur le plan du gender qu’elle est conduite par un personnage féminin, et qu’elle est mise à distance par l’ironie de l’auteur, qui se permet un commentaire sceptique : « Enfonça, je ne sçay comment ». De plus, cette scène condense la portée plus générale de cette psychomachie, où Apollon et les poètes veulent se venger contre les Parques, qui ont mis fin à la vie de Vincent Voiture, car la Mort seule réussit à briser l’inspiration du poète. 41 Charles Dassoucy, Ovide en belle humeur, op. cit., p. 91. 42 Paul Scarron, « Relation véritable de tout ce qui s’est passé en l’autre monde au combat des Parques et des poètes sur la mort de Voiture », dans Poésies diverses, éd. Maurice Cauchie, Paris, Librairie Marcel Didier, 2 vol., t. I, 1947, pp. 373-374, v. 65-76. La littérature burlesque au confluent du queer et du gay 271 Il semble donc, pour clore ce tour d’horizon rapide et bien incomplet, que la littérature burlesque fasse une place non-négligeable aux représentations qui touchent aux catégories du queer et du gay, dans une sorte de ludisme qui se rapproche de la saine attitude de tolérance qui est formulée par Bussy-Rabutin dans son Histoire amoureuse des Gaules et qui servait de titre à ma contribution 43 . En effet, si l’on exclut les quelques pamphlets ou textes satiriques dont la première fonction est d’assurer la rectitude des mœurs ou de dévaloriser un acteur politique, une telle présence massive de personnages ou d’expressions dans les vers burlesques suggère une acceptation, une volonté d’interagir du moins avec l’idée, et peut-être avec les mœurs contemporaines. Cette observation pourrait non seulement soutenir l’hypothèse que la poésie burlesque se fonde sur la topique du monde renversé et qu’elle poursuit une esthétique du renversement des codes littéraires et moraux, mais permettrait en même temps de pointer vers le public aristocratique du burlesque, où l’un des buts premiers serait de plaire aux grands seigneurs destinataires de ces ouvrages, dans la mesure où il ne serait pas tellement abusif d’associer la noblesse à des usages sexuels plus permissifs que dans l’ensemble de la société 44 . Il est à noter que l’on ne ridiculise jamais le gay dans ces textes, de la même manière qu’on ne le représente jamais sur scène. Contrairement à la littérature moraliste et classique de la seconde moitié du siècle, la littérature burlesque ne craint pas de faire place aux marginaux, ce qui témoigne à la fois de sa volonté de représenter le monde ou la société dans son ensemble, de son penchant pour la tolérance et l’acceptation des personnages hors norme, mais aussi de son potentiel libertin, au sens propre de liberté de tout dire et de tout faire - privilège foncièrement élitiste. Ainsi, entre les mythes fondateurs du comportement queer et les mœurs de contemporains explicitement nommés, entre la satire convenue et le libertinage à la fois du langage et de la pensée, la littérature burlesque des années 1640 et 1650 dresse un tableau composite et complexe d’un imaginaire et d’un état social dans la France du XVII e siècle. 43 C’est lors de la partie de Roissy qu’il trouve de Guiche et Manicamp dans le même lit, et qu’il rétorque : « Pour moi, je ne condamne point vos manières ; chacun se sauve à sa guise. Mais je suis bien assuré de n’aller point à la béatitude par le chemin que vous tenez ». Voir tout ce passage dans Roger de Bussy-Rabutin, Histoire amoureuse des Gaules, éd. Roger Duchêne, Paris, Gallimard, 1993, pp. 147- 151. 44 Je m’appuie évidemment sur l’affirmation de Maurice Lever selon laquelle « L’homosexualité demeure à cette époque […] un caprice réservé à un très petit nombre : la noblesse, l’élite intellectuelle et artistique, les princes de l’Église » (Les Bûchers de Sodome, op. cit., p. 73).
