Papers on French Seventeenth Century Literature
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0343-0758
2941-086X
Narr Verlag Tübingen
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2014
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Mathilde Levesque, Olivier Pédeflous (dir.): L’emphase: copia ou brevitas? (XVIe-XVIIe siècles). Paris: PUPS, 2010, 180 p
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2014
Volker Kapp
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PFSCL XLI, 81 (2014) 438 préfaciers aussi bien que le principe de l’exemplarité dont la préface au livre d’Esdras souligne l’importance en répétant la doctrine rhétorique suivant laquelle « [l’]exemple est d’un plus grand poids que les paroles pour persuader les peuples » (641). Le genre des devises est évoqué dans la préface d’Isaïe. La doctrine connue suivant laquelle « on prend pour corps quelque chose qui est ordinaire dans la nature pour marquer d’une manière courte et ingénieuse une vérité qu’on a dans l’esprit » (223), est appliquée au lierre pour discuter ensuite le rapport entre « le sens de la lettre et le sens spirituel » (224). Le préfacier pense mettre en évidence que le sens spirituel « est l’âme dont ce sens littéral n’est que le corps » (224). Le critique littéraire se rend compte dans quelle mesure cette argumentation théologique se base sur la poétique de l’époque. Ces préfaces sont une mine riche pour celui qui voudrait saisir l’altérité du XVII e siècle. Elles seront désormais faciles à consulter grâce à la présente édition. Volker Kapp Mathilde Levesque, Olivier Pédeflous (dir.) : L’emphase : copia ou brevitas ? (XVI e -XVII e siècles). Paris : PUPS, 2010. 180 p. L’emphase, qualifiée de pompe, passe de nos jours pour un défaut de style. De l’Antiquité au XVII e siècle, les manuels de rhétorique sont unanimes à la décrire comme un procédé permettant de condenser l’énoncé. Les deux notions de copia et de brevitas sont censées caractériser ses possibilités de le mettre en relief, ces propriétés n’étant pas encore antagonistes. L’actuelle dépréciation fait de la brièveté le contraire de l’emphase et n’attribue à l’abondance qu’une signification négative. Les jugements erronés des critiques ignorent les modifications du concept. La prise en considération de la rhétorique ancienne invite à le réévaluer en retraçant les moments cruciaux de la modification de la doctrine. Au XVI e siècle, les grands auteurs perpétuent encore l’ancienne rhétorique mais, au XVII e siècle, Boileau loue « l’emphase admirable » en condamnant toutefois « l’ambitieuse emphase ». Cendrine Pagani-Naudet cite ces deux énoncés (« Emphase et dislocation », 43) et illustre l’évolution du goût par le Discours sur le style des inscriptions où Boileau justifie la substitution des inscriptions latines de François Charpentier dans la galerie des Glaces à Versailles par les devises françaises écrites par lui-même et par Racine sur l’ordre du roi exigeant de remplacer « ces pompeuses déclamations » par des « inscriptions simples » (43). Pagani-Naudet néglige l’arrière-fond culturel pour se concentrer sur les aspects grammaticaux. Ces actes d’une journée d’étude analysent les Comptes rendus 439 énoncés emphatiques à travers les prismes « rhétorique, syntaxique, stylistique, ou encore sémantique » (9). Les onze contributions du volume, divisé en quatre parties, traitent d’abord l’emphase en tant que « notion problématique » (21-70), ensuite ses liens avec des « types de discours » (71-100) et le « cas Rabelais » (101-128) et finissent par son rôle dans « syntaxe et pragmatique » (129-174). Elles se situent à la frontière de la rhétorique traditionnelle et de la stylistique linguistique, ce qui constitue un avantage indéniable des travaux dont la terminologie linguistique cependant ne facilite pas forcément la lecture. Stéphane Macé focalise l’attention sur « L’emphase : un point de rencontre entre rhétorique, syntaxe et stylistique » en s’étonnant « à quel point la lecture ou l’usage modernes ont souvent eu tendance à modifier le sens des termes de la rhétorique classique » (21). La notion d’emphase est victime d’une « vision largement erronée » de l’amplification considérée comme « un équivalent de la copia ou de la dilatatio » (26). Le terme d’emphase est d’origine grecque. Son « équivalent latin, significatio » (22), est défini chez Quintilien par une bipartition : « une expression dense condensant un large potentiel de signification » et « la troncation d’un membre de phrase » (23). Jusqu’au XVII e siècle, l’effet de « faire entendre davantage que ce que disent les mots » (25) est abordé par les théoriciens sur trois plans, 1) comme une qualité du style, surtout de la brevitas, 2) comme une figure utilisée pour exprimer les passions, 3) comme l’antithèse de l’amplification. Parmi les exercices scolaires, celle-ci servait à condenser ou à développer un discours « (au sens à la fois ‘quantitatif’ et ‘qualitatif » du terme) » (28). Le côté ‘quantitatif’ de l’amplification, synonyme de « soulignement » (30,) se prêtait aux « connotations négatives » (31) de l’emphase. Georges Moliné insiste sur « la tension du couple abondance / brièveté » (64) en tant que catégorie de style qui a pour effet « un faire-voir » et « dépasse la portée rigoureusement sémantico-sémiotique de l’expression » (65). La « puissance de désignation » de l’emphase lui semble « plus neutre et plus large » (66) que le sublime. Les recueils d’anecdotes fournissent selon Karine Abiven « un corpus propice au repérage de ces marqueurs de brièveté » (73). La forme brève hérite de l’exemplum dans le genre des Ana, dans les apophtegmes aussi bien que dans les mémoires. Toutes ces formes nécessitent « une optique de concentration des effets et de mise en relief visant à déclencher la démarche interprétative du lecteur » (75). Abiven énumère les différents marqueurs communs au genre textuel de l’anecdote. Jennifer Tamas associe l’emphase à « la déclaration d’amour afin de montrer comment le personnage racinien met au jour une identité amoureuse complexe et dense » (87). PFSCL XLI, 81 (2014) 440 Cécile Lignereux « adopte un point de vue esthétique sur la prose sévignéenne » (131) en recourant à la catégorie de la « dislocation », souvent évoquée dans ces études. Pour obtenir « l’impression de naïveté épistolaire » (131), l’épistolière accumule les sujets les plus variés et se sert pour ses aveux sentimentaux des « constructions disloquées avec détachement à gauche » (135), par exemple « Mais pour penser à vous, ah ! je ne fais nulle autre chose » (9-11-1689). Pour ses énoncés à portée générale, elle utilise des « constructions clivées » (138) et pour le côté subjectif des « structures pseudo-clivées » (142), par exemple « […] ce qui est fâcheux, c’est que, quand on gâte ses affaires, on passe le reste de sa vie à les rhapsoder » (5-1-1671). La structure emphatique a, chez Cyrano de Bergerac, des « propriétés argumentatives » (Mathilde Levesque, « Une « syntaxe d’expressivité » ? Cyrano et la phrase ostentatoire », 151). Les « dislocations droite présentes dans le manuscrit » sont souvent « supprimées pour la version imprimée » (153) en faveur de la dislocation gauche donnant « l’occasion d’une mise en relief du subjectif » (155) et imposant « sa propre vision du monde » (158). Margot Kruse a expliqué en 1960 les maximes de La Rochefoucauld dans la tradition humaniste des sentences. Mathias Degoute l’ignore en reprenant le même argument dans une optique linguistique afin d’expliquer les modifications des Maximes « comme recentrage vers l’essentiel d’un propos, une diminution qualitative des éléments signifiants (lexicaux, grammaticaux, prosodiques ou encore pragmatiques), qui peut passer par un allongement quantitatif de la maxime » (« Concevoir la concision dans l’écriture aphoristique à la lumière des réécritures des Maximes de La Rochefoucauld », 169). Ces études surtout linguistiques de l’emphase méritent l’attention des critiques qui pourront les compléter par des points de vue littéraires sans invalider leurs résultats importants. Volker Kapp Craig Moyes: Furetière’s ‘Roman bourgeois’ and the Problem of Exchange. Titular Economics. Oxford: Legenda. (Research Monographs in French Studies 34). Modern Humanities Research Association and Maney Publishing, 2013. x + 158 p. In the opening, dubbed ‘Preliminaries’, the author announces a reading of Le Roman Bourgeois that “provides a pointed reflection on the mechanisms of literary, financial and social exchange” (p. 4) in the aftermath of the Fouquet affair (1661-1664). Having examined in the first part of ‘Liminaries’ several possibilities of contextualizing Furetière’s work within the