Papers on French Seventeenth Century Literature
pfscl
0343-0758
2941-086X
Narr Verlag Tübingen
121
2017
4487
Hervé Curat: La mesure des mots. Microscopie du Livre I des fables de La Fontaine. Genève-Paris: Droz, 2015 («Langues et cultures», 46). 687 p.
121
2017
Volker Kapp
pfscl44870347
PFSCL XLIV, 87 (2017) Hervé Curat : La mesure des mots. Microscopie du Livre I des fables de La Fontaine. Genève-Paris : Droz, 2015 (« Langues et cultures », 46). 687 p. Le « prologue » qualifie ce livre d’« analyse des vingt-deux ‘fables de La Fontaine’ qui font le Premier Livre de ses Fables choisies de 1668 » (9). Le terme de « microscopie » du titre de volume désigne l’analyse linguistique qui focalise l’attention sur « les données langagières du texte : étymologie, lexique, morphologie, phonétique, poétique, typographie, stylistique, syntaxe, faits grammaticaux et lexicaux » (10). Hervé Curat emprunte « à Lévi-Strauss la façon dont il interprète certains traits sémantiques qu’il appelle mythèmes » (10). L’étude des Chats de Baudelaire par R. Jacobson et C. Lévi-Strauss lui sert de modèle sans qu’il se contente de l’imiter servilement. Chaque analyse de fable commence par un chapitre intitulé « transcription phonétique et structures » avec des schémas qui sont plus familiers aux spécialistes de linguistique qu’aux critiques littéraires. Bien que pratiquant une analyse linguistique des fables, Curat n’en néglige pas les lectures littéraires, dont il discute les principaux travaux en critiquant parfois leur manque d’attention aux données langagières. Ses développements comparent toujours les différents titres des fables afin de saisir la spécificité de chaque énoncé. Les innombrables majuscules servent à présenter les principaux personnages de la fable. Il est inadmissible de les changer quand ils font problème, pour une raison toute simple : « Si tous les noms communs de protagonistes portent un déterminant défini dans les titres, c’est qu’il s’agit systématiquement d’individus déjà connus du locuteur » (119). On appréciera la précision avec laquelle l’auteur met en évidence l’orthographe et les particularités linguistiques de l’édition originale de 1668 parce qu’il souligne à juste titre qu’on défigure un texte poétique en touchant à la « typographie, la mise en page, la ponctuation et l’orthographe » (20). Cette première édition est « soignée » (25), bien que sa graphie ne soit pas « toujours cohérente » et qu’elle « s’écarte souvent de la norme actuelle » (25). Il vaut toutefois la peine de vérifier les intentions de La Fontaine dans les cas de déviations à première vue incohérentes. Curat reproche aux éditeurs des fables de La Fontaine le peu de respect de l’édition originale parce qu’on perd « des détails pertinents » (25) en modernisant leur texte. Il attire également l’attention sur « l’art de ponctuer » en montrant par exemple à propos des trois vers du dénouement de Le Loup et l’Agneau que « toutes les éditions soit changent en virgule le point-virgule qui suit ‘rapporte’ au vers 28, soit le suppriment carrément », ce qui « affecte le sens » (339). L’édition originale « fait une coupure PFSCL XLIV, 87 (2017) 348 profonde qui accentue le ’et puis’ qui prend maintenant tout son sens puisqu’il fait paire avec ‘là-dessus’ dans une double consécution » (340). On pourrait multiplier les exemples de lecture précise qui constitue un des mérites de cette analyse. Parmi ces atouts, Curat prend en considération les gravures de François Chauveau, qui, à l’occasion de Le Renard et la Cicogne, « télescope les deux dîners » (496) afin de mettre en évidence le message de la fable. Dans Simonide préservé par les Dieux, « Chauveau contourne les contraintes d’une image unique et statique en conjoignant des scènes que sépare le temps » (417). La reproduction de l’illustration de chaque fable est donc une invitation à les intégrer dans l’explication du texte. La focalisation de l’attention sur les spécificités de chaque fable permet de relever la structure de l’ensemble. D’après Curat, la lecture fait ressortir l’écrivain « des ombres du texte, s’y immiscer de plus en plus, engager son lecteur dans un dialogue pour une seule voix autour de ses personnages » (446). L’analyse de L’Enfant et le Maistre d’Ecole synthétise ce point de vue quand il souligne que le texte « ne s’apitoie pas sur l’enfant […] mais le maître d’école qui l’accuse de ‘sottise’ est lui-même un ‘sot’ […] le même lexème les épingle » (532). La vignette de Chauveau met face à face « le petit sot dans l’eau [… et] le sot à barbe blanche [indication de couleur que je ne retrouve pas dans l’estampe] sur la berge » […dont l’] apitoiement verbeux sur le malheur des parents absents alors que l’enfant se noie sous ses yeux est à la fois cocasse et révoltant » (532). Cette « microscopie » linguistique du premier livre des Fables de La Fontaine est utile pour la recherche littéraire aussi bien que pour les cours ou les explications de texte où l’auteur des fables mérite toujours une place prédominante. Volker Kapp Perry Gethner et Theresa Varney Kennedy (éds.) : Madame de Maintenon : Proverbes dramatiques. Paris : Classiques Garnier, 2014 (« Bibliothèque du XVII e siècle », 20). 343 p. Madame de Maintenon profite actuellement d’une attention renouvelée des spécialistes du XVII e siècle, et la présente édition de ses Proverbes dramatiques est un des fruits bienvenus de cette conjoncture. Son œuvre pédagogique est aussi abondante que son œuvre épistolaire plus connue. Constant Venesoen a édité ses Conseils aux demoiselles sous leur titre courant de Les Loisirs de Madame de Maintenon : Étude et textes (Classiques Garnier
