Papers on French Seventeenth Century Literature
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0343-0758
2941-086X
Narr Verlag Tübingen
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2017
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Perry Gethner et Theresa Varney Kennedy (éds.): Madame de Maintenon: Proverbes dramatiques. Paris: Classiques Garnier, 2014 («Bibliothèque du XVIIe siècle», 20). 343 p.
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Volker Kapp
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PFSCL XLIV, 87 (2017) 348 profonde qui accentue le ’et puis’ qui prend maintenant tout son sens puisqu’il fait paire avec ‘là-dessus’ dans une double consécution » (340). On pourrait multiplier les exemples de lecture précise qui constitue un des mérites de cette analyse. Parmi ces atouts, Curat prend en considération les gravures de François Chauveau, qui, à l’occasion de Le Renard et la Cicogne, « télescope les deux dîners » (496) afin de mettre en évidence le message de la fable. Dans Simonide préservé par les Dieux, « Chauveau contourne les contraintes d’une image unique et statique en conjoignant des scènes que sépare le temps » (417). La reproduction de l’illustration de chaque fable est donc une invitation à les intégrer dans l’explication du texte. La focalisation de l’attention sur les spécificités de chaque fable permet de relever la structure de l’ensemble. D’après Curat, la lecture fait ressortir l’écrivain « des ombres du texte, s’y immiscer de plus en plus, engager son lecteur dans un dialogue pour une seule voix autour de ses personnages » (446). L’analyse de L’Enfant et le Maistre d’Ecole synthétise ce point de vue quand il souligne que le texte « ne s’apitoie pas sur l’enfant […] mais le maître d’école qui l’accuse de ‘sottise’ est lui-même un ‘sot’ […] le même lexème les épingle » (532). La vignette de Chauveau met face à face « le petit sot dans l’eau [… et] le sot à barbe blanche [indication de couleur que je ne retrouve pas dans l’estampe] sur la berge » […dont l’] apitoiement verbeux sur le malheur des parents absents alors que l’enfant se noie sous ses yeux est à la fois cocasse et révoltant » (532). Cette « microscopie » linguistique du premier livre des Fables de La Fontaine est utile pour la recherche littéraire aussi bien que pour les cours ou les explications de texte où l’auteur des fables mérite toujours une place prédominante. Volker Kapp Perry Gethner et Theresa Varney Kennedy (éds.) : Madame de Maintenon : Proverbes dramatiques. Paris : Classiques Garnier, 2014 (« Bibliothèque du XVII e siècle », 20). 343 p. Madame de Maintenon profite actuellement d’une attention renouvelée des spécialistes du XVII e siècle, et la présente édition de ses Proverbes dramatiques est un des fruits bienvenus de cette conjoncture. Son œuvre pédagogique est aussi abondante que son œuvre épistolaire plus connue. Constant Venesoen a édité ses Conseils aux demoiselles sous leur titre courant de Les Loisirs de Madame de Maintenon : Étude et textes (Classiques Garnier Comptes rendus 349 2011) et ces Proverbes dramatiques complètent bien ce volet des écrits de la marquise. Par cette édition des Proverbes dramatiques, M. Gethner et Mme Kennedy prennent la relève de leurs prédécesseurs : de Mommerqué, qui les a édités pour la première fois en 1829, et de Théophile Lavallée qui les intégra dans les textes pédagogiques de la marquise (1857, deux volumes) en modifiant malheureusement souvent la version donnée par Mommerqué. Suivant les principes de ces deux érudits du XIX e siècle, les chiffres désignant dans le manuscrit les interlocuteurs des dialogues sont ici substitués par des noms propres pour rendre plus aisée leur lecture. M. Gethner et Mme Kennedy critiquent à juste titre les modifications arbitraires que Th. Lavallée apporta aux textes (56-62) et se distancient parfois des lectures de Mommerqué. Leur version du texte est donc la plus correcte. L’introduction souligne que Mommerqué voulait « profiter de la grande popularité des proverbes dramatiques, genre didactique et divertissant, effectivement toujours apprécié par le public du XIX e siècle » (56). Ce classement des dialogues dans le genre dramatique semble justifier la décision d’insérer le présent volume dans une « Série Théâtre ». Les liens indéniables de ces textes avec l’art dramatique sont toujours mis en relief, sans inclure l’impact de la rhétorique sur le domaine pédagogique de l’Ancien Régime, dont l’importance est mise en évidence par beaucoup d’études récentes. Dans la seconde moitié du XVII e siècle, le monde scolaire est imprégné de l’art oratoire, qui sera de plus en plus vilipendé au XIX e siècle, quoiqu’il soit encore longtemps présent dans les programmes scolaires. Une prise en considération de cet aspect rend caduques certains reproches avancés contre les Proverbes dramatiques. Les invraisemblances des dialogues et surtout « le procédé de sauter abruptement d’une intrigue à une autre au cours d’une saynète » (50) s’accordent parfaitement avec l’exercice de dialogues dans les classes de rhétorique. Qu’on ne riposte pas que l’éducation à Saint-Cyr n’a rien en commun avec celle des collèges recrutant les jeunes nobles ou les fils des bourgeois briguant des études supérieures. Sans aucun doute, Mme de Maintenon ne se propose pas de former des orateurs, mais les arguments de ce qu’on qualifie de Proverbes dramatiques visent autant le comportement des élèves que les standards linguistiques de la conversation nobiliaire, deux domaines sur lesquels ils fournissent des informations qu’on ne trouve que difficilement ailleurs. Avec les deux éditeurs il faut constater que « ce qui frappe dans son programme à Saint-Cyr, c’est l’accent qu’elle (= Mme de Maintenon) mettait sur la conversation et l’art de bien s’exprimer » (30). Cette partie de son programme ne s’explique pas seulement « par l’influence que la vie mondaine avait exercée sur elle pendant sa jeunesse » (30) mais par l’impact PFSCL XLIV, 87 (2017) 350 de la culture oratoire sur la vie de société et sur la conversation du grand monde au XVII e siècle. Sans confondre ces dialogues avec le genre des conversations littéraires très en vogue dans le Parnasse galant, on peut les rapprocher de ce volet de la littérature mondaine au lieu de les situer uniquement dans le prolongement des pièces de théâtre écrites pour les demoiselles de Saint-Cyr. C’était une erreur de Madame de Maintenon que de s’imaginer que les pièces commandées à Racine puissent remplir le but pédagogique envisagé. Ses dialogues illustrant un proverbe ne proviennent pas de l’ambition de concurrencer un dramaturge quelconque. Dans une optique éducative, elle aime opposer deux attitudes afin de dénoncer la séduction par ce qu’elle qualifie de luxe, par le désir immodéré de se divertir ou par la révolte contre la soumission au mari voire aux intentions des parents, surtout des mères. À propos du proverbe : « Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se brise » (169), l’une des interlocutrices caractérise bien la visée des Proverbes dramatiques : « Les plaisirs innocents n’ont point de suites fâcheuses » (168). Ces « plaisirs innocents » préparent aux exigences de la vie d’adultes en dénonçant les idées à la mode et les dangers inhérents à l’esprit mondain. Leur ton moralisateur y est contrebalancé par un certain badinage des répliques et par l’imitation du comportement et du langage des honnêtes gens. Quant aux Proverbes, leur introduction évoque les jeux de salon en se référant à Charles Sorel dont La Maison des jeux (1642) mentionne la représentation des Proverbes en les qualifiant d’« une espèce de Comédie ou, de Farce ». D’après Sorel, c’est une « agréable manière de divertissement » par « des discours libres et sans étude » (cité p. 23). Les textes de ce recueil ne prévoient aucune improvisation, mais ils fixent des débits qui ressemblent aux conversations improvisées et qui pourraient servir de modèles de conversations dans la bonne société. La formule : « Je viens audevant de vous par l’impatience où je suis de vous entretenir » et la réplique : « Je suis très fâchée de vous avoir fait attendre » (207) sont des modèles de ces entretiens. Une femme, qui « vient tous les jours dîner » sans être invitée, est rangée parmi les « personnes remplies d’elles-mêmes » auxquelles il faut « faire sentir leur indiscrétion » (82) en lui jouant le tour de l’inviter en s’absentant pourtant. Ce dialogue illustre le proverbe « Bon chat, bon rat » (84) d’une manière surprenante. Un des atouts de ces dialogues est le portrait de la mentalité nobiliaire et des maximes de comportement qu’on voulait transmettre aux élèves de Saint-Cyr. Le chagrin d’une mère qui voit partir ses fils « pour un métier si dangereux » (158), se comprend bien, mais sa réplique qu’elle ne les voudrait pas « dans une autre profession » (158) que celle de la noblesse d’épée révèle la hiérarchie des valeurs que ces dialogues propagent. À une Comptes rendus 351 mère qui doute « que la mode des demoiselles de Saint-Cyr dure longtemps » répond une autre qu’on « dit qu’elles sont si sages, si bien instruites, et si raisonnables » (150). Une demoiselle, qui vient de sortir de Saint-Cyr, en porte toujours « l’habit » quoiqu’il ne convienne « ni à sa naissance, ni à son âge ». Pour se justifier, elle évoque sa « fortune » en soulignant que « quand on n’a point de bien, il ne faut point songer à faire comme ceux qui en ont » (116-117). Une mère qui est « heureuse dans [ses] enfants », tâche « de leur faire entendre raison » suivant la règle : « je mêle la douceur à la fermeté, et j’attends avec patience que Dieu bénisse ce que je fais » (173). La dévotion de la marquise inspire son jugement sur la cour : « […] je ne crois pas une plus malheureuse vie que celle de la cour, surtout pour les personnes droites et sincères ; le salut y est difficile et la tranquillité impossible » (283). Le lecteur du XXI e siècle hésite à partager le principe d’ériger en modèles les jeunes qui se conforment toujours aux vues de leurs parents : « C’est au père et à la mère à marier leurs enfants » (206). Les exemples illustrant cette soumission sont toutefois très variés. Interrogée pourquoi elle est « vêtue si simplement », une demoiselle répond : « C’est le goût de ma mère, et je m’y accommode sans peine » (141). Une fille « raisonnable » console ses parents dans leurs « peines » ils craignent la « dure séparation » (171) ; elle est « adorée de son domestique, qui en dit des merveilles » (172). Aussi est-elle préférée à une autre par l’homme qui voudrait se marier quoiqu’elle ne soit ni aussi « belle » ni « riche » (172) que sa rivale. Les mères avares qui gardent l’argent pour elles-mêmes au lieu de marier leurs filles, sont dénoncées. La tyrannie des maris fait partie du sort ordinaire d’une épouse : il n’y a « point d’autre partie à prendre qu’à vouloir ce » (293) qui plaira au mari. Les lois ne prévoient pas de divorcer d’un tyran qui maltraite sa femme. La perte d’un procès, la ruine financière, l’infidélité masculine et les effets néfastes du gaspillage sont également l’argument de ces dialogues dont le panorama des vicissitudes de la vie est un des charmes de ces Proverbes dramatiques, qui reflètent immédiatement les vicissitudes du quotidien vécu. Volker Kapp Giorgetto Giorgi (ed.) : Les poétiques de l’épopée en France au XVII e siècle. Textes choisis, présentés et annotés par Giorgetto Giorgi. Paris : Honoré Champion, 2016 (« Sources classiques »). 576 p. Ce volume présente un choix de textes théoriques relatifs aux poèmes héroïques, un genre qui a notamment connu un épanouissement considé-