Vox Romanica
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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2007
661
Kristol De StefaniISSN 0042-899 X 66 · 2007 VOX ROMANICA VOX ROMANICA ANNALES HELVETICI EXPLORANDIS LINGUIS ROMANICIS DESTINATI CONDITI AB J. JUD ET A. STEIGER EDITI AUSPICIIS COLLEGII ROMANICI HELVETIORUM A RITA FRANCESCHINI ET ANDRES KRISTOL 66 · 2007 A. FRANCKE VERLAG TÜBINGEN UND BASEL VOX ROMANICA Comité de rédaction: Georges Lüdi, président; Mmes et MM. Rolf Eberenz, Gilles Eckard, Felix Giger, Alexandre Huber, Marc-René Jung, Ricarda Liver, Lidia Nembrini, Hans- Rudolf Nüesch, Jean-Yves Tilliette. Rédacteurs: Mme Rita Franceschini (Freie Universität Bozen/ Libera Università di Bolzano), M. Andres Kristol (Université de Neuchâtel). Secrétaires de rédaction: Mmes et MM. Daniela Veronesi, Silvia Dal Negro, Alessandro Vietti, Paul Videsott, Helene Schwarz (Bozen/ Bolzano), Dorothée Aquino-Weber, Elisabeth Berchtold, Sara Cotelli (Neuchâtel). Adresses de la rédaction: Mme Rita Franceschini, Freie Universität Bozen/ Libera Università di Bolzano, Sernesiplatz 1/ Piazza Sernesi, 1, I-39100 Bozen/ Bolzano; courriel: r.franceschini@ unibz.it M. Andres Kristol, Centre de dialectologie, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Université de Neuchâtel, Avenue DuPeyrou 6, CH-2000 Neuchâtel (manuscrits et livres pour comptes rendus); courriel: andres.kristol@unine.ch Adresse de l’éditeur: A. Francke Verlag, Postfach 2560, D-72015 Tübingen (correspondance relative à l’administration); courriel: info@francke.de; page Internet: www.francke.de Abonnement: € 72.-/ SFr 121.- VOX ROMANICA est une revue scientifique de linguistique et de philologie romanes, publiée une fois par année. Enracinée dans les études romanes helvétiques depuis sa fondation en 1936 et ouverte sur la recherche internationale, elle consacre une attention particulière aux questions concernant le plurilinguisme et les minorités linguistiques. Tout en restant attachée à une optique historique et philologique, elle favorise également l’étude des variétés romanes actuelles et de nouvelles approches de la recherche linguistique. Renseignements pour les auteurs: Les manuscrits sont à envoyer aux adresses de Mme Franceschini et de M. Kristol (fichier informatisé et version papier). Les normes rédactionnelles peuvent être consultées sur le site www.unine.ch/ dialectologie/ vox/ vox.html (où on trouvera aussi la liste des livres disponibles pour les comptes rendus). Les articles sont évalués par des experts choisis au sein du comité de rédaction ou à l’extérieur de celui-ci. Les comptes rendus ne sont soumis à une évaluation que dans des cas exceptionnels. La rédaction se réserve d’éventuelles interventions stylistiques sur les textes. Les épreuves sont soumises aux auteurs. Au cours de la rédaction de ce numéro, 70 articles et comptes rendus ont été soumis à la rédaction (dont 7 dans l’année 2006). 4 contributions ont été jugées négativement, 4 ont été acceptées, en partie après une révision substantielle de la part des auteurs. À l’heure actuelle, 3 articles sont encore en cours d’évaluation. VOX ROMANICA 66 · 2007 VOX ROMANICA ANNALES HELVETICI EXPLORANDIS LINGUIS ROMANICIS DESTINATI CONDITI AB J. JUD ET A. STEIGER EDITI AUSPICIIS COLLEGII ROMANICI HELVETIORUM A RITA FRANCESCHINI ET ANDRES KRISTOL 66 · 2007 A. FRANCKE VERLAG TÜBINGEN UND BASEL Publié avec le soutien de l’Académie suisse des sciences humaines et sociales Alle Rechte vorbehalten / All Rights Strictly Reserved A. Francke Verlag Tübingen und Basel ISSN 0042 899 X ISBN 978-3-7720-2206-7 Satz und Druck: Laupp & Göbel, Nehren Buchbinderische Verarbeitung: Nädele, Nehren Printed in Germany Comité de rédaction: Rolf Eberenz (Université de Lausanne), Gilles Eckard (Université de Neuchâtel), Felix Giger (Dicziunari rumantsch grischun), Alexandre Huber (Glossaire des patois de la Suisse romande, Neuchâtel), Marc-René Jung (Universität Zürich), Ricarda Liver (Universität Bern), Georges Lüdi (Universität Basel), Lidia Nembrini (Vocabolario dei dialetti della Svizzera italiana), Hans-Rudolf Nüesch (Universität Zürich, Jud-Bibliothek), Jean-Yves Tilliette (Université de Genève). Inhalt - Contenu Georges Lüdi, Gerold Hilty und die erlebte (Zürcher) Romanistik in Vergangenheit, Gegenwart und Zukunft . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 Robert de Dardel, L’impasse des études romanes diachroniques . . . . . . . . . . 10 Anna-Maria De Cesare, Le funzioni del passivo agentivo. Tra sintassi, semantica e testualità . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 Raphael Berthele, Contact de langues et conceptualisations spatiales. Aspects de la sémantique et de la grammaire de la référence spatiale en sursilvan, vallader et surmiran 60 Alain Corbellari, Le retour de Guillaume. Les écritures de la ressemblance . . . 72 Sara Cotelli, La Petite Chronique de Jeanne de Jussie et le français régional de Genève à l’aube du XVI e siècle: étude lexicale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83 Franck Floricic, Remarques sur Oui, Non et les -istes . . . . . . . . . . . . . . . . . 104 Margherita Lecco, Joufroi de Poitiers e la poesia trobadorica. Il tema parodico della largesce cortese . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147 Alfonso Boix Jovaní, Corpes como frontera en el Cantar de mio Cid . . . . . . . . 168 Giovanni Bruno, Tracce ovidiane nel Libro de Apolonio: ancora sull’enigma della figlia di Antioco . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174 Ilpo Kempas, El Pretérito Indefinido y el Pretérito Perfecto aorístico en combinación con el adverbio hoy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182 Besprechungen - Comptes rendus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 205 Nachrichten - Chronique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 377 Büchereingänge - Livres reçus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 396 Prix Collegium Romanicum pour l’Avancement de la Relève . . . . . . . . . . . . 400 Besprechungen - Comptes rendus József Herman, Du latin aux langues romanes II. Nouvelles études de linguistique historique réunies par Sándor Kiss, avec une préface d’Alberto Varvaro (Paolo Gresti) 205 Reinhard Kiesler, Einführung in die Problematik des Vulgärlateins, (Robert de Dardel) 207 Martin-Dietrich Glessgen, Linguistique romane. Domaines et méthodes en linguistique française et romane (Hans Goebl) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212 Wolfgang Pöckl/ Franz Rainer/ Bernhard Pöll, Introducción a la lingüística románica, versión española de Fernando Sánchez Miret (Petra Braselmann) . 219 Giampaolo Salvi, La formazione della struttura di frase romanza. Ordine delle parole e clitici dal latino alle lingue romanze antiche (Paola Allegretti) . . . . . 222 Christiane Maass/ Annett Volmer (ed.), Mehrsprachigkeit in der Renaissance (Edeltraud Werner) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 224 Frédéric Duval, Pratiques philologiques en Europe. Actes de la journée d’étude organisée à l’École des Chartes le 23 septembre 2005, réunis et présentés par Frédéric Duval (Solange Lemaitre-Provost) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 230 Johanna Miecznikowski, Le traitement de problèmes lexicaux lors de discussions scientifiques en situation plurilingue. Procédés interactionnels et effets sur le développement du savoir (Pia Stalder) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231 Inhalt - Contenu Yvette Bürki/ Elwys De Stefani, Trascrivere la lingua. Dalla filologia all’analisi conversazionale/ Transcribir la lengua. De la filología al análisis conversacional (Nicolas Pepin) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232 Yuji Kawaguchi, Susumu Zaima/ Toshihiro Takagaki, Spoken Language Corpus and Linguistic Informatics (Mathieu Avanzi) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235 Sanda Reinheimer/ Liliane Tasmowski, Pratique des Langues Romanes II. Les pronoms personnels (Isabelle Lemée) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239 Wolfgang Dahmen/ Günter Holtus,/ Johannes Kramer/ Michael Metzeltin/ Wolfgang Schweickard/ Otto Winkelmann, (ed.), Romanistik und neue Medien. Romanistisches Kolloquium XVI (Nathalie Chasle) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 240 Annette Endruschat, Durch «mit» eingeleitete präpositionale Objekte in den romanischen Sprachen (Carolin Patzelt) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 242 Ermenegildo Bidese/ James R. Dow/ Thomas Stolz (ed.), Das Zimbrische zwischen Germanisch und Romanisch (Roger Schöntag) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245 Colette Feuillard (ed.), Créoles - Langages et Politiques linguistiques. Actes du XXVI e Colloque International de Linguistique Fonctionnelle, 30 septembre-7 octobre 2002 à Gosier (Guadeloupe) (Angela Bartens) . . . . . . . . . . . . . . . . 250 Colette Feuillard (ed.), Créoles - Langages et Politiques linguistiques. Actes du XXVI e Colloque International de Linguistique Fonctionnelle, 30 septembre-7 octobre 2002 à Gosier (Guadeloupe) (Goranka Rocco) . . . . . . . . . . . . . . . . 254 Iris Bachmann, Die Sprachwerdung des Kreolischen. Eine diskursanalytische Untersuchung am Beispiel des Papiamentu (Yvonne Stork) . . . . . . . . . . . . . . . . 256 Adnan M. Gökçen, I volgari di Bonvesin da la Riva. Testi del ms. Berlinese/ Adnan M. Gökçen, I volgari di Bonvesin da la Riva. Testi dei mss.Trivulziano 93 (v. 113-fine), Ambrosiano T. 10 sup., N. 95 sup.,Toledano Capitolare 10-28 (Paola Allegretti) . . . 260 Raymund Wilhelm, Bonvesin da la Riva, La vita di Sant’Alessio. Edizione secondo il codice Trivulziano 93 (Paola Allegretti) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 268 AA.VV, 4780 paròol int al nöst dialèt. Proverbi, detti, modi di dire e filastrocche popolari (Federico Spiess) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 270 Leo Spitzer, Lingua italiana del dialogo, a cura di Claudia Caffi e Cesare Segre, traduzione di Livia Tonelli (Massimo Cerruti, Adrian Stähli) . . . . . . . . . . . 271 Reinhold R. Grimm/ Peter Koch/ Thomas Stehl/ Winfried Wehle (ed.), Italianità. Ein literarisches, sprachliches und kulturelles Identitätsmuster (Edeltraud Werner) . . 275 Franca Taddei Gheiler, La lingua degli anziani. Stereotipi sociali e competenze linguistiche in un gruppo di anziani ticinesi (Annette Gerstenberg) . . . . . . . . . . 278 Vittorio Dell’Aquila/ Gabriele Iannàccaro, La pianificazione linguistica. Lingue, società e istituzioni (Sara Cotelli) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 282 Dominique Stich, Parlons romanche: la quatrième langue officielle de la Suisse (Ricarda Liver) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 286 N. J. Lacy/ J. T. Grimbert (ed.), A Companion to Chrétien de Troyes (Richard Trachsler) 289 Gérald A. Bertin, Le Moniage Rainouart III, volume 2 (Thomas Städtler) . . . . 291 Wauchier de Denain, La vie Seint Marcel de Lymoges, éd. critique par Molly Lynde- Recchia (Richard Trachsler) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 294 Adrian P. Tudor, Tales of Vice and Virtue. The First Old French Vie des Pères (Richard Trachsler) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 297 Gautier de Coincy, Le miracle de la chaste impératrice. Traduction, texte et notes par Annette Llinarès Garnier (Thomas Städtler) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 299 Les Chansons de Colin Muset. Textes et mélodies éditées par Christopher Callahan et Samuel N. Rosenberg/ Les Chansons de Colin Muset. Traduites en français moderne par Christopher Callahan et Samuel N. Rosenberg (Dominique Billy) . . 301 VI Inhalt - Contenu Jean-Charles Herbin (ed.), La Vengeance Fromondin (Frankwalt Möhren) . . . . 314 Aimé Petit (ed.), Réception et représentation de l’Antiquité. Actes du colloque du Centre d’études médiévales et dialectales de Lille 3 (Université Charles-de-Gaulle, 28-30 septembre 2005), Lille (Université Charles-de-Gaulle) (Gabriele Giannini) 315 Madeleine Jeay, Le commerce des mots. L’usage des listes dans la littérature médiévale (XII e -XV e siècles) (Maria Colombo Timelli) . . . . . . . . . . . . . . . . 318 Élisabeth Gaucher (ed.), Le vrai et le faux au Moyen Âge.Actes du Colloque du Centre d’Études médiévales et dialectales de l’Université de Lille 3 (Marie-Claire Gérard-Zai) 319 Sarah Baudelle-Michels, Les avatars d’une chanson de geste. De Renaut de Montauban aux Quatre Fils Aymon (Maria Colombo Timelli) . . . . . . . . . . . . . . 322 Denis Foulechat, Le Policratique de Jean de Salisbury (1372). Livre V. Édition critique et commentée des textes français et latin avec traduction moderne par Charles Bruckner, (Marie-Claire Gérard-Zai) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 324 Anja Overbeck, Literarische Skripta in Ostfrankreich. Edition und sprachliche Analyse einer französischen Handschrift des Reiseberichts von Marco Polo (Stockholm, Kungliga Biblioteket, Cod. Holm. M 304) (Stephen Dörr) . . . . . . . . . . 327 Élyse Dupras, Diables et saints: rôle des diables dans les mystères hagiographiques français (Marie-Claire Gérard-Zai) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 330 Hubert Bessat/ Claudette Germi, Les noms du patrimoine alpin. Atlas toponymique II; Savoie, Vallée d’Aoste, Dauphiné, Provence, Grenoble (Kathrin Schneitberger) 333 Nikolaus Schpak-Dolt, Einführung in die französische Morphologie. 2, neu bearbeitete Auflage (Goranka Rocco) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 336 Marianne Kilani-Schoch/ Wolfgang U. Dressler, Morphologie naturelle et flexion du verbe français (Sabine Heinemann) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 338 Martin-D. Glessgen/ André Thibault (ed.), La lexicographie différentielle du français et le «Dictionnaire des régionalismes de France» (Dorothée Aquino/ Christel Nissille) 342 Adolfo Murguía (ed.), Sens et références/ Sinn und Referenz, Mélanges Georges Kleiber/ Festschrift für Georges Kleiber (Olga Inkova) . . . . . . . . . . . . . . . 348 Gilles Lugrin, Généricité et intertextualité dans le discours publicitaire de la presse écrite (Jakob Wüest) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 351 Jürgen Erfurt, Frankophonie. Sprache - Diskurs - Politik (Simone Roggenbuck) . 353 Jean-Loup Lemaître/ Françoise Vieilliard (ed.), Portraits de troubadours. Initiales des chansonniers provençaux I et K (Paris, BNF, ms. fr. 854 et 12473), avec la collaboration de Marie-Thérèse Gousset/ Marie-Pierre Laffitte/ Philippe Palasi (Gabriele Giannini) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 355 Gabriele Giannini/ Marianne Gasperoni (ed.), Vangeli occitani dell’Infanzia di Gesù. Edizione critica delle versioni I e II (Gerardo Larghi) . . . . . . . . . . . . 359 Daniel Le Blévec (ed.), Les cartulaires méridionaux. Actes du colloque organisé à Béziers les 20 et 21 septembre 2002 (Gerardo Larghi) . . . . . . . . . . . . . . . 361 Philippe Gardy (ed.), «De Jasmin à Mistral: écritures autobiographiques occitanes» (Jakob Wüest) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 365 Roger Friedlein, Der Dialog bei Ramon Llull. Literarische Gestaltung als apologetische Strategie (Louise Gnädinger) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 367 Diego de Guadix,Diccionario de arabismos.Recopilación de algunos nombres arábigos. Estudio preliminar y edición de María Águeda Moreno Moreno (Stefan Ruhstaller) 370 Pedro Martín Butragueño (ed.), El Cambio lingüístico - Métodos y problemas (Sabine Ehrhart) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 371 Constantino García/ Antón Santamarina (ed.), Atlas Lingüístico Galego. Volume V. Léxico. O ser humano (I) (Xosé Soto Andión) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 374 VII Mitarbeiter des 66. Bandes (Die Seiten der Originalartikel sind kursiv gedruckt.) Inkova, O. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 348 Kempas, I. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182 Larghi, G. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 359, 361 Lecco, M. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147 Lemaitre-Provost, S. . . . . . . . . . . . . 230 Lemée, I. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239 Liver, R. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 286 Lüdi, G. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 Möhren, F. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 314 Nissille, C. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 342 Patzelt, C. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 242 Pepin, N. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232 Rocco, G. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 254, 336 Roggenbuck, S. . . . . . . . . . . . . . . . 353 Ruhstaller, S. . . . . . . . . . . . . . . . . 370 Schneitberger, K. . . . . . . . . . . . . . . 333 Schöntag, R. . . . . . . . . . . . . . . . . . 245 Soto Andión, X. . . . . . . . . . . . . . . . 374 Spiess, F. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 270 Städtler, T. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 291, 299 Stähli, A. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 271 Stalder, P. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231 Stork, Y. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 256 Trachsler, R. . . . . . . . . . . . . . . . . . 289, 294, 297 Werner, E. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 224, 275 Wüest, J. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 351, 365 Allegretti, P. . . . . . . . . . . . . . . . . . 222, 260, 268 Aquino, D. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 342 Avanzi, M. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235 Bartens, A. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 250 Berthele, R. . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 Billy, D. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 301 Boix Jovaní, A. . . . . . . . . . . . . . . . 168 Braselmann, P. . . . . . . . . . . . . . . . . 219 Bruno, G. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174 Cerruti, M. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 271 Chasle, N. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 240 Colombo Timelli, M. . . . . . . . . . . . . 318, 322 Corbellari, A. . . . . . . . . . . . . . . . . 72 Cotelli, S. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83, 282 De Cesare, A.-M. . . . . . . . . . . . . . . 32 de Dardel, R. . . . . . . . . . . . . . . . . 10, 207 Dörr, S. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 327 Ehrhart, S. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 371 Floricic, F. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104 Gérard-Zai, M.-C. . . . . . . . . . . . . . 319, 324, 330 Gerstenberg, A. . . . . . . . . . . . . . . . 278 Giannini, G. . . . . . . . . . . . . . . . . . 315, 355 Gnädinger, L. . . . . . . . . . . . . . . . . 367 Goebl, H. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212 Gresti, P. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 205 Heinemann, S. . . . . . . . . . . . . . . . . 338 Gerold Hilty und die erlebte (Zürcher) Romanistik in Vergangenheit, Gegenwart und Zukunft 1 À l’occasion du 80 e anniversaire de Gerold Hilty, Georges Lüdi, président du Curatorium de Vox Romanica, s’est entretenu avec celui qui a été le rédacteur de notre revue pendant 28 ans, de 1963 à 1991. Nous avons le plaisir de publier ici les souvenirs et les réflexions de Gerold Hilty en hommage à notre grand prédécesseur. La rédaction Wie sah die Romanistik bei Deinem Studienbeginn aus? Ich habe meine Studien der Romanischen Philologie an der Universität Zürich im Wintersemester 1946/ 47 begonnen. Zuerst eine Bemerkung zur Zahl der Professoren. Es waren vier Professoren für Romanische Philologie: Jakob Jud für Französische und Italienische Sprachwissenschaft, Arnald Steiger für Spanische Sprach- und Literaturwissenschaft, dann in der Literatur Theophil Spoerri für Französische Literatur seit der Renaissance und Mittelalterliche Italienische Literatur und Reto Bezzola für die Ältere Französische und die Neuere Italienische Literatur. Jede Professur hatte damals ein Lehrdeputat von acht Stunden. Daneben gab es - nach kriegsbedingter Unterbrechung - Lektorate für Französisch, Italienisch, Spanisch und Portugiesisch. Das war das Angebot. Nun zum Inhaltlichen. Jakob Jud vertrat damals selbstverständlich die Sprachgeographie und die Dialektologie. Anfang der vierziger Jahre war der AIS abgeschlossen worden; es wurde noch am Index gearbeitet, dessen Abschluss Jakob Jud nicht mehr erlebt hat. Daneben vertrat er die Historische Sprachwissenschaft, aber nicht ausschliesslich; gelegentlich bot er auch Vorlesungen über modernere Sprachphasen an, zum Beispiel über «français populaire» und dergleichen. Arnald Steiger hielt Vorlesungen über Spanische Sprachwissenschaft, vor allem historische; zu seinen Lehrverpflichtungen gehörten im französischen Bereich die Proseminarien und die Vorlesungen für die Sekundarlehramtskandidaten; sein Lehrauftrag war also nicht auf das Spanische beschränkt, umfasste dort aber auch die gesamte Literatur. Er war mit anderen Worten für das Spanische allein zuständig, sowohl für die Sprachwie auch für die Literaturwissenschaft. Reto Bezzola lehrte die Altfranzösische Literatur, worüber er auch viel publiziert hat, und daneben die neuere Italienische Literatur. Das war natürlich für ihn ein bisschen frustrierend, hatte er 1 Diese Erinnerungen und Ansichten von Gerold Hilty stellen die Verschriftlichung eines Gesprächs am 17. Oktober 2007 in seinem Haus in Oberrieden dar. Die Fragen stellte Georges Lüdi. Der orale Stil wurde bewusst beibehalten; Gerold Hilty hat den Text inhaltlich durchgesehen und präzisiert. Vox Romanica 66 (2007): 1-9 Georges Lüdi doch sowohl im Italienischen wie im Französischen den in den Augen der Studierenden weniger dankbaren Teil, während Theophil Spoerri sich die attraktiveren Perioden von den Anfängen der italienischen Literatur bis zu Tasso und von der französischen Renaissance bis in die Moderne reserviert hatte. Methodisch dominierte bei Theophil Spoerri die sogenannte Stilkritik; er gab zusammen mit Emil Staiger die Vierteljahresschrift für Literaturwissenschaft und Stilkritik Trivium heraus, deren Erscheinen allerdings Anfang der fünfziger Jahre nach nur neun Jahrgängen eingestellt wurde, nicht nur aus finanziellen Gründen, sondern wohl auch, weil sich die Stilkritik in der Form, wie sie in der Zeitschrift betrieben wurde, wissenschaftlich ein bisschen totgelaufen hatte. War diese Zürcher Situation repräsentativ für die Romanische Philologie im deutschsprachigen Raum oder hatte Zürich ein eigenes Profil? Zürich, aber auch Bern, waren sicher Spezialfälle in Bezug auf die Sprachgeographie. Aufgrund des AIS waren diese beiden Universitäten wegen der Gegenwart von Jakob Jud und Karl Jaberg gleichsam das Mekka der Sprachgeographie; sie wurde an diesen Universitäten intensiver betrieben als an anderen deutschsprachigen Universitäten. In Basel wirkte damals Walther von Wartburg, der sich stärker auf sprachhistorische Studien konzentrierte; seine grösseren Werke waren damals bereits erschienen, von den 40-er Jahren an arbeitete er vor allem intensiv an seinem FEW, d. h. in der historischen Lexikologie, aber in einem weiten Rahmen. Soweit ich das überblicke, war in Deutschland damals die alte Philologie, die Textphilologie noch lebendig; sie hatte den Krieg überlebt; es erschienen weiterhin Textausgaben in der Tradition der deutschen Romanistik, in welcher man ursprünglich, um sich habilitieren zu können, mindestens eine Textausgabe hergestellt haben musste. Insofern wurden in Zürich durchaus besondere Akzente gesetzt. Dazu kommt, dass, auch bei Jakob Jud, in Zürich ein klarer Einfluss der Genfer Schule von Ferdinand de Saussure spürbar war. Jud hat sich sehr intensiv mit Saussure und vor allem mit Bally auseinandergesetzt. Er war keineswegs ein sturer Sprachhistoriker, sondern brachte grosses Interesse für die in Genf entwickelte synchronische Perspektive auf. Inwiefern war damals die Idee der «Gesamtromanistik» noch lebendig und gab es schon Ansätze der Auseinanderentwicklung in Richtung von Einzelphilologien? Die Romanistik war damals noch viel stärker als heute eine Einheit. Jakob Jud verband regelmässig französische mit italienischen Fragestellungen und suchte immer wieder den Überblick über die Gesamtromania. Dabei lag ihm auch das Rätoromanische sehr am Herzen. Auch Arnald Steiger versuchte, über das Spanische 2 Gerold Hilty und die erlebte (Zürcher) Romanistik hinauszugehen, natürlich namentlich in Richtung des Arabischen, dessen Einfluss auf die romanischen Sprachen sein besonderes Forschungsgebiet war. Aber auch die Studierenden betrachteten sich als «Romanisten» und bildeten eine Gemeinschaft. Es gab gemeinsame Ausflüge und Feste, eine gemeinsame Romanistenweihnacht, zu welcher selbstverständlich alle Professoren kamen. Obwohl die Studienschwerpunkte der Studierenden verschieden sein konnten, Französische, Spanische, Italienische Philologie oder Vergleichende Romanische Sprachwissenschaft als Hauptfächer gewählt werden konnten, fühlten sich die Romanisten als Einheit. Das Romanische Seminar mit seinen drei Räumen war gleichsam ihre Heimat, wo sich die schätzungsweise etwa 150 Studierenden trafen und miteinander diskutierten. Die Betreuungsverhältnisse waren ziemlich gut, auch wenn sich die Studierenden nicht ganz gleichmässig auf die vier Professuren aufteilten; in den (Pro-)Seminarien dürfte der Durchschnitt bei etwa 25 Teilnehmern gelegen haben. Welches waren in der Folgezeit die entscheidenden Veränderungen und wann haben sie stattgefunden? In den 50-er Jahren hat sich zuerst wenig verändert, weil die Ablösung von Jakob Jud durch Konrad Huber anfangs des Jahrzehnts keinen Bruch darstellte. Huber war ein Schüler von Jud, hatte seine Dissertation im Bereich «Wörter und Sachen» geschrieben und führte die Wortforschung seines Lehrers weiter; er vertrat nicht eine andere Sprachwissenschaft als er. Er hat wohl etwas mehr sprachhistorische Themen angepackt, gerade auch in seiner unveröffentlichten Habilitationsschrift, aber es war keine Neuausrichtung; seine Arbeitsgebiete waren wohl sogar weniger breit als jene seines Lehrers, wie dies bei jungen Nachfolgern älterer Lehrstuhlinhaber häufig der Fall ist, welche ja mit dem abtretenden Vorgänger verglichen werden und nicht mit dem, was dieser Vorgänger bei seinem Amtsantritt gewesen sein mag. Eine Einschränkung lag zum Beispiel darin, dass er sich nur ganz selten mit Französisch beschäftigt hat und dann meist mit etwas periphereren Themen wie Sondersprachen. Das Französische gehörte auch nicht zu seinem eigentlichen Lehrgebiet. Denn beim Rücktritt von Jakob Jud hatte Arnald Steiger den Lehrstuhl übernommen und damit, neben dem Spanischen, auch die Verantwortung für die Französische Sprachwissenschaft. Dies war eigentlich schade, denn er hielt dann Vorlesungen über französische Themen, die nicht seine Spezialgebiete waren, und musste deshalb seine eigentliche Stärke, das Spanische, vernachlässigen. Für ihn war wohl dieser Wechsel, den er selber angestrebt hatte, auch wissenschaftlich nicht besonders fruchtbar, weil er im französischen Bereich kaum geforscht hatte. Und eine Forschung über das Frankoprovenzalische im Kanton Freiburg führte zu keinen Publikationen. Aber er war ein ausgezeichneter Didaktiker; er konnte komplizierte Probleme so darstellen, dass sie verstanden wurden, und vermochte auch in seinen französischen Vorlesungen die Studierenden zu begeistern, auch die Sekundarlehramtskandidaten. 3 Georges Lüdi Ist es richtig zu sagen, dass Deine Wahl als Nachfolger von Arnald Steiger auf das Wintersemester 1959/ 60 die erste entscheidende Veränderung in der romanischen Sprachwissenschaft darstellte? Ja, obwohl es vom Lehrauftrag her kein Bruch war, weil ich ja sowohl die Französische Linguistik wie die gesamte Iberoromanistik zu übernehmen hatte, inklusive der Literatur. Ich hatte zweifellos mehr auf dem Gebiet des Französischen gearbeitet als Arnald Steiger, vor allem im Rahmen meiner unpublizierten Habilitationsschrift über die erlebte Rede, die ich «oratio reflexa» nenne. Zwar hatte ich dafür alle romanischen Sprachen berücksichtigt, aber die grossen Diskussionen um diese Stilform fanden natürlich im Französischen statt. Und auch wenn es institutionell kein Bruch war; war es sicher in der Art etwas Neues, mit der Zeit auch im Inhalt der Lehrveranstaltungen. Ich habe versucht, meinen Weg zu finden und das Historische mit dem Synchronen zu verbinden, indem ich neben Vorlesungen über Strukturunterschiede zwischen dem Deutschen und Französischen auch Lehrveranstaltungen über französische Sprachgeschichte anbot. Daneben habe ich früh begonnen, mit Kollegen zusammenzuarbeiten, z. B. schon im Wintersester 1961/ 62 mit Stefan Sonderegger in einem gemeinsamen Seminar über «Sprachliche Begegnungen zwischen Galloromanen und Rheingermanen», mit einer Exkursion bis in die Niederlande. Dabei versuchte ich, das Spanische nicht zu kurz kommen zu lassen und bot auch literaturwissenschaftliche Vorlesungen an, beispielsweise über Lope de Vega und, im Anschluss daran, über die «Jüdin von Toledo». In der Literaturwissenschaft hatte schon in der zweiten Hälfte der fünfziger Jahre ein Einschnitt stattgefunden. Nach dem Rücktritt von Theophil Spoerri Ende Sommersemester 1956 übernahm Bezzola den Lehrstuhl, und im Sommersemester 1957 wurde auf ein persönliches Ordinariat Georges Poulet berufen, allerdings mit einem sehr beschränkten Lehrgebiet (von der französischen Revolution bis zur Gegenwart), während sein Kollege Bezzola die gesamte Italienische und Rätoromanische Literatur und die Französische Literatur von der Eulalia-Sequenz bis Ende des 18. Jahrhunderts vertrat. Dennoch hat Georges Poulets Wahl die Entwicklung der Zürcher Literaturwissenschaft entscheidend mitgeprägt; methodisch hat mit seiner Lehrtätigkeit etwas Neues begonnen, und er hat im übrigen im Verlaufe der Jahre durchaus auch über Autoren des 17. und 18. Jahrhunderts geforscht und gelesen. Du hast die starke Erweiterung des Romanischen Seminars in den Folgejahren massgeblich mitbestimmt. War das im wesentlichen eine quantitative Erweiterung oder war sie auch thematisch? Und inwiefern geschah dies im Einklang mit der internationalen Entwicklung der Romanistik? Ich hatte schon früh damit begonnen, mein grosses Gebiet in Zusammenarbeit mit anderen abzudecken. Da wäre beispielsweise Georges Güntert für den Bereich der spanischen Literatur zu erwähnen. Aber gerade weil ich wusste, dass 4 Gerold Hilty und die erlebte (Zürcher) Romanistik mein Lehrgebiet zu gross war, dachte ich sehr früh, der Lehrkörper müsse erweitert werden. Und in den 60-er Jahren war dies einigermassen leicht möglich, weil Geld zur Verfügung stand und die Studierendenzahlen zunahmen. Dazu kam noch etwas Persönliches. Heinrich Schmid und ich waren bei der Nachfolge Steiger Konkurrenten gewesen; nach meiner Wahl habe ich sofort versucht, auch für Heinrich Schmid einen Platz am Romanischen Seminar zu schaffen. Nach seiner Habilitation wurde er zunächst als Assistenzprofessor gewählt und später zum Extraordinarius befördert. Das war die erste Erweiterung des Lehrkörpers. Dabei hat er nicht nur mich selber in historischer französischer Sprachwissenschaft und Konrad Huber in italienischer Sprachwissenschaft entlastet, sondern auch der Vergleichenden Romanischen Sprachwissenschaft neue Impulse gegeben, bis hin zum Rumänischen, das er als einziger vertrat. Da er im Iberoromanischen kaum gearbeitet hatte, haben wir Absolvierende des Faches «Vergleichende Romanische Sprachwissenschaft» immer gemeinsam geprüft. Heinrich Schmid war zuständig für den ganzen Osten, ich für den Westen, von Portugiesisch bis Französisch. Das ergab eine ausgezeichnete Zusammenarbeit, wobei Heinrich Schmid einen besseren Gesamtüberblick hatte. Als Ende der 60-er Jahre Reto Bezzola zurücktrat, veränderte sich die Konstellation in den Literaturwissenschaften stark. Ich drängte zunächst sehr darauf, dass im Französischen eine selbständige Professur für mittelalterliche Literatur geschaffen wurde. Daneben musste die Italienische Literatur vertreten sein, so dass es mit der Berufung von Marc René Jung für Mittelalterliche Französische und Ottavio Besomi für Italienische Literatur zu einer eigentlichen Verdoppelung des Lehrstuhls kam. Im Gegensatz zu Deutschland, wo die Vorstellung vorherrschte und vorherrscht, romanische Literaturwissenschaftler müssten mehr als eine Literatur vertreten können, war also hier, besonders im Italienischen, eine Bewegung hin zu Professuren für Einzelliteraturen zu beobachten. Allerdings war die Argumentation zugunsten der Verdoppelung der Professur zum Teil anders. Eine gewisse Tragik von Bezzola war in meinen Augen, dass er forschungsmässig die fruchtbarsten Arbeiten im Altfranzösischen vorgelegt hatte, aber im Hinblick auf die mutmasslichen Interessen der Studierenden (die wohl nur zum Teil zutrafen) dieses Gebiet in der Lehre vernachlässigte. Dies wurde mit einer Professur, in der das Mittelalter im Zentrum stehen sollte, korrigiert. Damit reihte sich Zürich wiederum in eine deutsche Tradition der mittelalterlichen Philologie ein. Dabei verfügte Marc René Jung über ein feines Sensorium für andere romanische Literaturen des Mittelalters. Beim Rücktritt von Georges Poulet kam es 1970 gar zu einer Verdreifachung seiner Stelle und einer Erweiterung des methodischen Spektrums mit einem Ordinariat (Hans-Jost Frey), einem Extraordinariat (Luzius Keller) und einer Assistenzprofessur (Jacques Geninasca). Als Hans-Jost Frey Ende der siebziger Jahre in die «Vergleichende Literaturwissenschaft» hinüberwechselte, wurde Geninasca sein Nachfolger, und dazu wurde auf das Wintersemester 1979/ 80 Francillon als dritter Vertreter der neueren französischen Literatur gewählt. Das Ungleichgewicht zwischen der franzö- 5 Georges Lüdi sischen Literatur auf der einen, der italienischen und der spanischen Literatur auf der anderen Seite, wurde mit der Beförderung von Georges Güntert für Italienische und Spanische Literatur (Assistenzprofessor 1969, ausserordentlicher Professor 1973, Ordinarius 1978) etwas gemildert. Aufgrund der sehr hohen Studierendenzahlen (allein für das Französische über 400) - und im Zusammenhang mit meiner Ablehnung eines Rufes nach Tübingen («Sie würden mir den Entscheid, in Zürich zu bleiben, erleichtern, wenn eine Parellelprofessur zu der meinigen für Französische Linguistik geschaffen würde», schrieb ich dem Erziehungsdirektor) - wurde dann im Winter 1977 auch mein Lehrstuhl verdoppelt (Berufung von Jakob Wüest), um mich im Bereich des Französischen zu entlasten. Die Berufung von Jakob Wüest bot dann aber doch die Möglichkeit, Dich vermehrt und am Schluss ausschliesslich in die Iberoromanistik zurückzuziehen, und damit die Tendenz nach «Nationalsprachprofessuren» zu verstärken. Ja, aber da kam mein Rektorat dazwischen, während dessen ich sozusagen nicht gelesen habe und Jakob Wüest die Französische Linguistik weitgehend allein vertreten hat. Dass er sich in der Lehre fast ausschliesslich auf die synchrone französische Linguistik konzentrierte (während er durchaus weiter zu historischen Fragestellungen publizierte), mag zur Legendenbildung beigetragen haben, bei Hilty könne man nur historische Linguistik studieren. Die Wahl von Wüest war durchaus ein Schritt auf dem Weg in die Spezialisierung, die später bei der Nachfolge von Jung zur Schaffung einer eigenen Professur für Historische Französische Sprachwissenschaft (Martin Glessgen) führte. Dies war möglich, weil 1984 eine zweite Professur für Französische Literatur des Mittelalters geschaffen worden war (Luciano Rossi). Ich habe demgegenüber lange Zeit bewusst die vergleichende Perspektive Französisch-Spanisch gepflegt, z. B. mit einer Vorlesung über die Ausgliederung der westromanischen Sprachen zu Beginn der 90-er Jahre, die bei den Studierenden auf ein sehr gutes Echo stiess (über 100 Hörer). Und meine allerletzte Vorlesung war über die ältesten Sprachdenkmäler im galloromanischen und im iberoromanischen Raum. Damit versuchte ich weiterhin, die Westromania als gesamten Raum zu vertreten. Dass ich mich freilich in den letzten Jahren noch bewusster aufs Spanische zurückgezogen habe, geschah auch aus taktischen Gründen, um die Notwendigkeit einer eigenen Professur für Iberoromanische Sprachwissenschaft zu beweisen und zu verhindern, dass mein doppelter Lehrauftrag bei meiner Nachfolge auf die Landessprache Französisch eingeschränkt würde. Die Berufung von je einer Professorin für die Italienische und Spanische Literatur bei der Nachfolge Güntert (Tatiana Crivelli und Itzíar López Gil) hat in der Tat die Verselbständigung der einzelnen Romanischen Philologien noch verstärkt. 6 Gerold Hilty und die erlebte (Zürcher) Romanistik Wie beurteilst Du die heutige Situation die man, besonders im Vergleich mit der eingangs skizzierten Ausgangslage mit dem Stichwort «Vervielfachung der Lehrstühle verbunden mit hoher Spezialisierung» bezeichnen könnte? Im Grunde genommen ist es schade, dass die allgemeine, sprachübergreifende Perspektive heute viel weniger gepflegt wird als noch zu meiner Zeit. Das Problem liegt natürlich auch in der Entwicklung der wissenschaftlichen Methoden. In der historischen Sprachwissenschaft lag die vergleichende Perspektive nahe; mit anderen Worten führt die historische Perspektive der Romanistik fast zwangsläufig zum Vergleich (z. B. unter den Nachfolgesprachen des Lateins). Bei moderneren Methoden, etwa im Rahmen des Generativismus, scheint mir die vergleichende Perspektive nicht unbedingt sinnvoll, obwohl dies natürlich durchaus gemacht wird. Dies führt dazu, dass mit dem Überhandnehmen gewisser moderner Ansätze die vergleichende Perspektive fast zwangsläufig leidet. Schon unter dem Strukturalismus, aber da war es durchaus noch möglich, wenn auch sehr anspruchsvoll, Strukturen zu vergleichen. Die Typologie, so wie sie Georg Bossong mit Überzeugung vertritt, wäre eine Möglichkeit, aber wohl nur für eine Minderheit. Und sie führt nicht überall zu gesicherten Resultaten, wie ich das in Vox Romanica 43 bei der Besprechung einer typologischen Arbeit zu den phonologischen Systemen der romanischen Sprachen gezeigt habe. Auch der Plenarvortrag von Roegiest am Romanistenkongress in Innsbruck konnte meine Bedenken nicht ausräumen, dass die methodischen Probleme eines solchen Ansatzes es schwierig machen, die gesamte Romania ins Auge zu fassen. In dem Masse, wie die historische Sprachwissenschaft zurückgegangen ist, ist deshalb fast notgedrungen auch die sprachübergreifende Perspektive zurückgegangen. Die Probleme des Strukturunterschieds zwischen Deutsch und Französisch, über die ich selber publiziert habe, sind Teilprobleme, die eigentlich mehr auf der praktischen Ebene liegen als auf einer tieferen sprachlichen Ebene. Gewisse Erkenntnisse gewinnt man freilich bei einem solchen Sprachvergleich, der fast notgedrungen auf Übersetzungen basieren muss, aber es ist einfach viel schwieriger, mit modernen Methoden die gesamte Romania zu überblicken, wenn man nicht auf einer wissenschaftlich sehr oberflächlichen Ebene stehen bleiben will. Einen gegensätzlichen Trend zur extremen Auffächerung beobachtet man in jenen Universitäten, welche einzelsprachliche Lehrstühle radikal zugunsten übergreifender, allgemeiner Lehrstühle aufgeben wollen. Ist das eine echte Alternative? Ich glaube nicht, dass es eine überzeugende Alternative ist. Wenn man von Dutzenden von Sprachen spricht, welche der Hörer einer Vorlesung oder der Leser eines Artikels nur zum kleinen Teil kennen kann, dann wird die Wissenschaft aus meiner Sicht bis zu einem gewissen Grade unkontrollierbar. Da kann dann vieles 7 Georges Lüdi gesagt werden, das gut tönt und den Anschein von sehr umfassenden Kenntnissen erweckt; aber ich bin etwas skeptisch, ob die Kenntnisse dann wirklich so umfassend sind. Gewisse Universitätsbehörden, nicht nur in der Schweiz, sondern z. B. auch in Frankreich und in Deutschland, streichen als Antwort auf die rückläufigen Studierendenzahlen in den Sprachfächern massiv Professuren oder gar ganze Institute. Wie kann, wie soll die Romanistik darauf reagieren? Zunächst können wir einen Blick auf die Entwicklung der Zahlen der Hauptfachstudierenden in Französisch, Italienisch und Spanisch in Zürich über 10 Jahre hinweg werfen. Im Französischen ging die Anzahl von 325 auf etwa 240 zurück, im Italienischen von 187 auf 122. Im Spanischen hingegen verzeichnen wir eine klare Zunahme von 84 auf 145; Spanisch hat in Zürich die Landessprache Italienisch überholt. In Basel ist die Entwicklung ähnlich, in anderen Ländern Europas ebenfalls. Aber welches sind die Gründe? Und welche Konsequenzen sollten wir für unsere Fächer daraus ziehen? Es ist natürlich recht schwierig, etwas gegen diese Entwicklung zu tun. Wenn man die Entwicklung im Spanischen sieht, so ist ganz klar, dass die Zunahme zu einem rechten Teil durch Südamerika bedingt ist. Das kann uns einen Hinweis geben: es geht dort mehr um Kulturwissenschaft als streng genommen um Sprachwissenschaft. Ich halte es durchaus für möglich, dass die Sprach- und Literaturwissenschaften wieder mehr Interessenten finden, wenn sie bewusster in die Kulturwissenschaften eingebettet werden. In Südamerika sind die kulturellen Probleme so gross, dass man sie nicht übersehen kann. Aber man muss versuchen, diese kulturellen Probleme mit den sprachlichen Problemen in Verbindung zu bringen, auch wegen der Kulturwissenschaften, die ja sonst oberflächlich und blutleer wären, da ja Kultur fundamental von der Sprache getragen wird. Eine Entwicklung, die vielleicht aus dem Krebsgang hinausführt, könnte wie gesagt darin bestehen, dass Sprachwissenschaften und Kulturwissenschaften stärker zusammengehen, womit auch mögliche Spannungen zwischen Sprach- und Literaturwissenschaften gegenstandslos würden. Für fremde Kulturen ist das Interesse wirklich vorhanden. Aber die Philologien müssen dann ganz extrem darauf hinwirken, dass Sprach- und Kulturstudien parallel gehen, dass man nicht über Kulturen arbeitet, ohne deren Sprache zu kennen und zu berücksichtigen. An die Kulturwissenschaften muss denn auch die Forderung nach sprachlicher Absicherung gestellt werden. Es ist ein echter Widerspruch, wenn Kulturforschung ohne Sprachforschung betrieben wird. Dabei ist man nicht an «Nationalkulturen» gebunden. Es gibt z. B. innerhalb der 8 Gerold Hilty und die erlebte (Zürcher) Romanistik Romania durchaus kulturelle Erscheinungen, die über Sprachgrenzen hinweggehen und für deren Verständnis Kenntnisse der verschiedenen Sprachen notwendig sind. Allerdings muss dafür die Tatsache, dass Kultur etwas mit Sprache zu tun hat, von der betreffenden Sprache getragen wird, wieder vermehrt ins Bewusstsein eindringen; im Anschluss daran wäre der Beitrag der Sprachwissenschaft wieder klarer zu definieren. Also eine Entwicklung in Richtung area studies? Ja, das sind grundsätzlich nicht unterschiedliche Perspektiven. Zur Erforschung eines kulturellen Raumes gehört durchaus auch die Kenntnis seiner Geschichte, seiner Geographie usw. Kann «Bologna» einen Einfluss auf die Entwicklung der Romanistik haben? Ich bin natürlich nicht mehr in die Umsetzung der Bolognareformen involviert. Meines Erachtens ist diese Umsetzung ein Intelligenztest für die Professoren. Soweit ich höre, ist Bologna am Romanischen Seminar in Zürich einigermassen intelligent eingeführt worden. Die Auswirkungen auf die besprochene Entwicklung sind nicht von vornherein negativ, so z. B. die Stufung des Studiums gegenüber einem unstrukturierten Studium. Die Professoren müssen allerdings mögliche negative Konsequenzen sinnvoll abfedern. Es könnte ein Vorteil von Bologna sein, geeignete Gefässe für die oben geforderte Verschränkung von Sprach-, Literatur- und Kulturwissenschaften bereitzustellen. Letzte Frage: welches ist heute die wissenschaftliche und/ oder die gesellschaftliche Relevanz der Romanistik? Wenn wir einerseits davon ausgehen, dass das Sprechen und Verstehen von Sprachen die Grundlage für den interkulturellen Austausch darstellt, und andererseits Sprachwissenschaft als eine fundamentale Dimension der Kulturwissenschaft verstehen, dann ist die gesellschaftliche Relevanz, als Basis für die Finanzierung unserer Disziplin, sicher vorhanden. Um sich dieser Herausforderung zu stellen, muss sich die Romanistik aber wohl auch wissenschaftlich bewegen, auch um potentielle junge Wissenschaftler zu begeistern, muss jenseits ausgetretener Pfade den Entwurf einer romanistisch geprägten Kulturwissenschaft wagen. Oberrieden/ Zürich Gerold Hilty mit Georges Lüdi 9 L’impasse des études romanes diachroniques If the facts will not fit the theory - let the theory go. Hercule Poirot 1. Terminologie Du moment que le latin écrit, le latin parlé et le protoroman sont diverses faces d’une seule et même langue, comme on l’admet généralement, il serait logique de leur donner un nom commun: «latin». Mais, dans la pratique, on oppose «latin» et «roman», «latiniste» et «romaniste», ainsi que, parallèlement, des méthodes, des écoles, des manuels distincts. Entre latinistes et romanistes règne, en plus, une méfiance réciproque, sur deux plans: (i) certains latinistes estiment pouvoir rendre systématiquement compte de la genèse des parlers romans à partir du latin écrit et empiètent de ce fait sur le terrain des romanistes; (ii) de leur côté, les romanistes, qui partent de données romanes et en explorent l’origine par la comparaison des parlers romans, se méfient du latin écrit en tant que source de données, et à juste titre, puisqu’il appert de plus en plus que le latin écrit ne coïncide que partiellement, souvent de façon trompeuse, avec les reconstructions protoromanes. On pourrait songer à appeler l’ensemble de ces domaines le «latino-roman». Pour ma part, je préfère appeler toutes les données antérieures aux parlers romans, donc grosso modo antérieures à l’an mil, le «latin global», et les données postérieures, le «roman». Le latin global se divise selon la «dimension diamédiale», en deux «médias», à savoir en latin «écrit» et «parlé», et, selon la «dimension diastylique», en deux «styles», à savoir en latin «classique» et «non classique»; le roman se divise en «parlers romans». À ce principe de classement se superpose le «protoroman», qui est la portion du latin parlé que prolonge le roman; le protoroman est un fait de langue, à la différence du reste du latin global, qui, pour l’observateur moderne, ressortit en première approximation à la parole. Selon cette terminologie, les romanistes sont des chercheurs qui se réfèrent aux concepts de latin global et de roman, mais qui se penchent plus particulièrement sur le latin parlé sous sa forme protoromane, ainsi que sur les parlers romans, qui en sont une forme évoluée et différenciée. Vox Romanica 66 (2007): 10-31 L’impasse des études romanes diachroniques 2. Méthodologie 2.1 Systématique du comparatisme historique roman Au niveau du roman, nous avons plusieurs ensembles, qui sont les parlers romans; le latin global, en revanche, ne constitue qu’un seul ensemble, à vrai dire complexe. Exprimés en unités linguistiques de première ou de seconde articulation, les rapports historiques entre le roman et le latin global consistent par conséquent en rapports entre une unité linguistique multiple [a 1 ], [a 2 ], etc. pour chacun des parlers romans, et une unité linguistique correspondante unique [A] pour le latin global, schématiquement: latin global [A] : roman [a 1 ], [a 2 ], etc. ou latin global [lat. écrit manus ~ protor. manum]: roman [it. mano], [fr. main], etc. La comparaison historique consiste à établir les liens diachroniques entre les unités de même origine du roman, d’une part, et l’unité correspondante dans le latin global, d’autre part. En principe, soit les données du roman, soit celle du latin global sont en première instance inconnues. Et c’est à l’aide des critères du comparatisme, notamment du corpus de règles de correspondances phonético-sémantiques déjà établies, qu’on peut déterminer la valeur des unités à découvrir. Lorsque l’unité connue est une forme du latin écrit et que les unités inconnues se situent en roman, la démarche est dite «descendante» (d); exemple (cf. 4.2.1): latin global [lat. écrit obstare ‘faire obstacle’] → d → roman [fr. ôter ‘enlever’] Lorsqu’au contraire l’unité connue est un ensemble de formes du roman, mais qu’elle n’a pas de pendant connu en latin écrit, la démarche est dite «ascendante» (a) et vise à reconstruire le protoroman; exemple: le parfait fort de dicere (selon Dardel 1958: 50s.), latin global [protor. dixi/ dicisti] ← a ← roman [it. dissi/ dicesti], [afr. dis/ desis], etc. La démarche descendante et la démarche ascendante indiquent respectivement, dans deux directions opposées, à la fois le sens de l’évolution linguistique et celui de l’évolution chronologique. Par ailleurs, elles ne sont pas symétriques; plus précisément, elles ne sont pas de même nature: la première est une application mécanique des règles de correspondance déjà établies, la seconde, une démarche passant par le filtre des critères, plutôt complexes, de la comparaison historique et servant à découvrir ou reconstruire l’unité correspondante du protoroman. Dans la 11 Robert de Dardel 12 pratique des recherches, l’observateur procède dialectiquement, par tâtonnements ou par le procédé dit «trial and error», entre le latin global (niveau de [A]) et le roman (niveau de [a]). 2.2 Le cadre méthodologique Telle que je la conçois, avec quelques autres comparatistes, la description et l’explication de la genèse des parlers romans procèdent par hypothèses et sont soumises à des contraintes méthodologiques strictes, consistant dans les deux étapes suivantes: - Étape 1: la reconstruction, par une démarche ascendante, du système de la protolangue (le protoroman), au moyen de la grammaire comparée historique, techniquement à jour, comportant une analyse spatio-temporelle et, à chaque niveau temporel, une description synchronique des structures reconstruites, dont la succession pose les jalons et permet l’explication de l’évolution protolinguistique. - Étape 2: le recours au latin écrit, classique ou non classique, en vue d’une confrontation avec le protoroman, pour la confirmation ou l’infirmation des hypothèses et pour l’observation de relations diastyliques et diamédiales. Si cette étape, fondée sur des faits de parole, confirme ou infirme les résultats de la première étape, elle n’en prouve pas pour autant la justesse, d’où sa place secondaire dans la hiérarchie. Le comparatiste doit se conformer à ce cadre, en tenant compte de tous les éléments dont il se compose. Il n’existe actuellement pas d’autre voie menant à une description adéquate du protoroman, ni, par conséquent, de la genèse des parlers romans. Toutefois, ce cadre n’est pas accepté par tous ceux qui s’occupent du latin global et du roman. De là, des résultats partiels, qui peuvent être utiles pour la poursuite des recherches, mais aussi des résultats différents de ceux obtenus conformément au cadre en question, dont certains sont des résultats faux, que condamnerait sans retour le principe lapidaire énoncé par Hercule Poirot (en exergue). Dans le présent essai, mon but n’est pas de fournir, selon mon habitude, des résultats nouveaux relatifs au protoroman et à la genèse des parlers romans, mais de présenter, sur la base de données déjà publiées, une analyse de deux aspects méthodologiques antinomiques: (i) ma propre façon d’aborder l’étude diachronique romane, en conformité avec le cadre méthodologique (en 3, «Hypothèses conformes au cadre méthodologique»), et (ii) les approches déviantes, qui, ne retenant pas tous les critères du cadre ou s’en écartant, comportent le risque d’une impasse (en 4, «Hypothèses non conformes au cadre méthodologique»). Un rapide coup d’œil sur la production scientifique dans le domaine de la grammaire historique des langues romanes montre que, depuis quelques décennies, le L’impasse des études romanes diachroniques chercheur tend à quitter le terrain sûr des hypothèses conçues selon le cadre méthodologique et s’aventure de plus en plus sur le terrain glissant et improductif des hypothèses déviantes. Cette évolution me paraît tenir surtout à ce que le protoroman ne figure plus, comme c’était le cas à l’origine, au centre des préoccupations des latinistes et romanistes diachroniciens, à ce que les chercheurs n’incluent plus dans leur programme les approches incontournables que sont la technique de la comparaison historique et les principes du structuralisme et finalement à ce que, par ricochet, la grammaire historique romane, dans la mesure où elle est tributaire du protoroman, se trouve coincée dans une situation sans issue. Selon la thèse que je vais développer ici, la réactivation de l’analyse historique des parlers romans restera bloquée, pour les besoins des études romanes diachroniques, aussi longtemps qu’une prise de conscience ne se produit pas. Pour une introduction méthodologique relativement récente au comparatisme roman, cf. Dardel (1996: ch.1). 3. Hypothèses conformes au cadre méthodologique 3.1 Les deux modèles On peut distinguer deux phases dans l’histoire des recherches sur la genèse des parlers romans: celle régie par le modèle de la «successivité» des parlers romans par rapport au latin écrit, donc par l’hypothèse d’un ordre chronologique {latin écrit → parlers romans}, et celle régie par le modèle de la «simultanéité» du protoroman et du latin écrit ou parlé, donc par l’hypothèse d’un ordre chronologique {{protoroman ~ latin écrit ou parlé} → parlers romans}. Dans la seconde de ces phases seulement, il est possible de respecter l’ordre des deux étapes de la recherche prévues en 2.2. 3.1.1 Le modèle de la successivité Comme les parlers romans ne se sont manifestés concrètement qu’avec l’apparition de leurs textes, c’est-à-dire autour de l’an mil de notre ère, tandis que le latin écrit remonte à plusieurs siècles avant Christ, on a eu tendance, dès le début des études relatives à la genèse des parlers romans, à considérer que les parlers romans non seulement suivent, dans le temps, les textes latins antiques et tardifs selon le modèle de la successivité, mais aussi, assez logiquement en somme, qu’ils en sont issus. Ce modèle était déjà in statu nascendi chez Meyer-Lübke et d’autres chercheurs de l’époque néo-grammairienne; mais la différence entre les deux modèles était alors neutralisée par la régularité de l’évolution phonétique et par l’existence reconnue de nombreux étymons que le latin écrit n’atteste pas. Ces auteurs ont pu en effet reconstruire selon le modèle de la successivité de larges pans du protoro- 13 Robert de Dardel 14 man grâce aux règles de correspondance phonético-sémantiques (aboutissant aux dictionnaires étymologiques des parlers romans) et aux règles de correspondance morpho-lexicales (aboutissant à la morphologie historique), en s’appuyant alternativement sur les parlers romans, par une démarche ascendante, et sur des données du latin écrit, même tardif, par une démarche descendante. En l’absence d’une chronologie solidement établie de l’évolution du latin parlé, ils n’ont cependant pas pu prendre suffisamment conscience du fait - confirmé depuis lors et actuellement largement accepté - que l’évolution du latin parlé pertinente à la genèse des parlers romans remonte à l’Antiquité, défaut que sera censé corriger le modèle de la simultanéité. L’inconvénient du modèle de la successivité est toutefois aussi ailleurs. Lorsqu’on prétend faire dériver les parlers romans du latin des textes, en rapprochant par exemple, à l’époque des premiers textes romans, le fr. chien du lat. écrit canis ou canem, et le syntagme le comte de la cité du lat. écrit comes civitatis, on constate que, malgré ce qui a parfois été suggéré dans des présentations superficielles, les termes français ne peuvent pas être issus à cette époque-là des termes du latin écrit, mais ont dû s’y substituer à une époque bien antérieure. L’embarras où se sont trouvés des romanistes pour expliquer comment on est passé, si tardivement, de l’écrit à l’oral et inversement provient d’une méconnaissance de ce fait, laquelle entraîne l’inversion de l’ordre des deux étapes prévues pour la recherche et décrites en 2.2. 3.1.2 Le modèle de la simultanéité Entre temps, il est devenu évident, soit par les travaux de latinistes aux vues étendues, comme Väänänen, soit par ceux de romanistes comparatistes, comme Hall, que la genèse des parlers romans, dans un protoroman à l’origine unitaire, mais se diversifiant de plus en plus, remonte à l’Antiquité et a pu être en interaction diastylique avec le latin des textes pendant au moins un millénaire. Du côté du latin écrit non classique, nous avons des données datées, soit dans les textes préclassiques (rapprochements de la langue de Plaute avec les parlers romans), soit dans l’épigraphie (inscriptions de Pompéi) et dans les textes postclassiques (l’Itinerarium Egeriae, analysé par Väänänen 1987). Du côté du latin parlé et de ses prolongements romans, nous avons de la part de comparatistes diverses tentatives de dater et localiser l’évolution des traits protoromans, par exemple selon l’approche de l’école dite «linguistica spaziale»; dans cette perspective-ci, il apparaît aujourd’hui comme probable que le sarde, le parler roman de la Sardaigne, représente un état particulièrement précoce du protoroman, remontant au premier siècle avant Christ; on y trouve par exemple, à la surprise des chercheurs, un système acasuel des noms (3.2.1.1). Par ce que j’appelle des analyses spatio-temporelles du protoroman, prolongement perfectionné de la linguistica spaziale, on commence à découvrir que la formation des parlers romans, en tant que systèmes fonctionnels distincts de celui du latin écrit classique, re- L’impasse des études romanes diachroniques monte si loin dans le temps, qu’elle ne saurait plus être considérée comme postérieure aux textes latins, ainsi que le suggère le modèle de la successivité, mais qu’elle remonte, conformément au modèle de la simultanéité, à l’Antiquité. À une étape ultérieure des recherches (la seconde étape citée en 2.2), les deux perspectives diachroniques qui se dégagent de ce modèle, celle du latin écrit et celle du latin parlé, se prêtent à des rapprochements diastyliques ou diamédiaux synchroniques, qu’on pourrait appeler «globalistes»; ces rapprochements concernent les rapports internes soit sous l’angle des oppositions typologiques, soit sous celui d’emprunts entre le latin écrit, classique ou non, et le latin parlé, protoroman compris. Dans cette optique, des recherches de l’après-guerre livrent une image relativement cohérente de l’organisation du protoroman dans le temps et l’espace, de ses caractéristiques internes, en synchronie et en diachronie, et de ses rapports avec le latin écrit. 3.2 Le rôle des structures (illustré par le système casuel) La reconstruction du protoroman se fonde, au point de vue des techniques comparatives, sur divers types d’anomalie dans les parlers romans, et, au point de vue de la vérification des hypothèses protoromanes elles-mêmes, sur la cohérence et le fonctionnement du système reconstruit. À ces facteurs s’appliquent, dans l’abstrait, au niveau des faits de langue, les principes du structuralisme. Le comparatiste doit donc analyser la fonction des structures reconstruites et en éliminer des traits qui s’y révéleraient non fonctionnels, c’est-à-dire extérieurs à la protolangue proprement dite. Je vais illustrer cette théorie avec l’exemple du système casuel nominal. 3.2.1 Le premier cycle de réduction morphologique 3.2.1.1 Le trait fonctionnel productif La langue latine telle que nous la connaissons par les textes antiques distingue cinq cas, marqués par des désinences; or, selon une hypothèse récente (Dardel/ Wüest 1993), au cours d’une réduction morphologique, le latin parlé de l’Antiquité perd tous ses cas nominaux sauf un, l’accusatif, lequel, à lui seul, constitue le système nominal acasuel du protoroman le plus ancien, encore productif en ibéro-roman, sarde et italo-roman méridional (3.1.2) et laissant des traces dans d’autres parlers romans, où la seule forme permanente est, aujourd’hui encore, presque partout, un dérivé de l’accusatif latin. La fonction des cas est alors exprimée par des moyens syntaxiques, à savoir l’ordre des constituants et le recours à des prépositions: venit paulum ‘Paul vient’, videt paulum ad petrum ‘Paul voit Pierre’, venit paulum noctem ‘Paul vient la nuit’, librum de paulum ‘le livre de Paul’; dans ce système protoroman, résultat de ce que nous avons appelé le «premier cycle de réduction morphologique», l’accusatif nominal latin peut donc assumer ou contribuer à exprimer n’importe quelle fonction. 15 Robert de Dardel 16 3.2.1.2 Le trait fonctionnel non productif La réduction morphologique du premier cycle est liée à l’économie du langage. En simplifiant pour leurs besoins la grammaire latine, les sujets non latinophones du monde romain ont substitué au système morphologique complexe, synthétique, du latin «officiel» un système tendanciellement analytique, plus facile à mémoriser (3.2.1.5).Toutefois, comme l’économie du langage vise à maintenir un équilibre entre la loi du moindre effort et la nécessité d’un message réussi, la réduction morphologique à l’œuvre dans le système casuel nominal a, en général, épargné les noms qui, par leur grande fréquence ou pour quelque autre raison, s’étaient gravés dans la mémoire des sujets parlants et étaient de ce fait les plus rentables. Cela explique la survivance, au moins provisoire, en protoroman, de traits fonctionnels non productifs de cas latins autres que l’accusatif; ainsi, nous retrouvons le nominatif dans deus, esp. dios, et marcus, esp. Marcos, le nominatif et l’accusatif en opposition originairement fonctionnelle dans le log. déus (influence du lat. ecclésiastique)/ perdéu ‘per Dio’ (DES 1: 465) et le génitif dans les toponymes esp. Villatoro villam gothorum, à côté de Villagodos villam [de] gothos, représentant le système acasuel (Dardel 1999a: 6s.). 3.2.1.3 Le trait non fonctionnel Parmi les cas latins qui ont disparu en tant que forme fonctionnelle, il en est qui subsistent néanmoins en protoroman sans leur fonction, mais avec la désinence casuelle morphologique figée. En sarde, on attendrait dans le système acasuel décrit en 3.2.1.1 domu ‘maison’, de l’accusatif lat. domum; mais la forme sarde est domo ‘maison’ (sa domo ‘la maison’, etc.), où les étymologistes voient un dérivé de l’ablatif-locatif lat. domo, signifiant ‘à la maison’ (DES 1: 476s.); en sarde, la désinence casuelle primitive étant non fonctionnelle et figée, ce substantif est traité comme un terme du système acasuel et n’est pertinent au protoroman qu’à ce titre. On a donc, dans cet exemple, l’évolution suivante: (i) au sens de ‘à la maison’: le lat. cl. domo, ablatif-locatif, avec désinence fonctionnelle et productive. (ii) au sens de ‘(la) maison’: le protor. ( IPSA ) DOMO et le sarde (sa) domo, tous deux des termes du système acasuel, avec désinence non fonctionnelle figée. En protoroman, domo ne peut guère être qu’acasuel, puisque, dans le système alors en vigueur, un terme en fonction de complément circonstanciel n’est plus marqué par un cas morphologique, mais l’est par le contexte et éventuellement par une préposition. 3.2.1.4 La réduction massive du système casuel. Abstraction faite des traits morphologiques restés fonctionnels mais devenus non productifs (3.2.1.2), la réduction de la morphologie casuelle nominale est massive. L’impasse des études romanes diachroniques Elle affecte aussi toute la syntaxe nominale du protoroman précoce, entraînant la pertinence de l’ordre basique, qui est VSO, celle des prépositions de, pour l’expression du complément de nom, et ad, pour l’expression de l’objet d’attribution [+animé] et de l’objet direct [+animé], ainsi que celle de l’emploi non prépositionnel de certains substantifs en fonction de complément circonstanciel. Cette réduction est relativement brusque, puisqu’en sarde ancien on la trouve déjà entièrement réalisée. 3.2.1.5 Une cause possible du premier cycle de réduction morphologique Une cause possible de la réduction casuelle du premier cycle pourrait être, à mon avis, un phénomène de semi-créolisation, produit par le contact du latin parlé avec les langues substratiques (3.2.1.2). Cette cause externe agit sans doute, au point de vue des modalités, par une succession de syncrétismes, qui finissent par réunir les fonctions casuelles dans la seule forme de l’accusatif. Deux causes internes, souvent invoquées, doivent être écartées. (i) Un amuïssement des désinences casuelles latines est exclu, puisque le protoroman conserve, à l’époque du premier cycle, les phonèmes nécessaires à la distinction des cas classiques. (ii) C’est la disparition des cas morphologiques qui a entraîné l’ordre fixe des constituants majeurs, et non, inversement, l’ordre fixe qui a entraîné ou rendu possible la disparition des cas, comme le soutient Bourciez 1956: §30b. 3.2.1.6 La réduction partielle de tout système morphologique hérité du latin Toutes les observations faites à propos du premier cycle de réduction du système casuel s’appliquent à une partie non négligeable des autres structures morphologiques protoromanes; ainsi, toujours en protoroman précoce, l’adverbe de manière rejoint l’adjectif (fortem pour fortiter), le comparatif est analytique (plus/ magis altum pour altiorem), le verbe préfixé est reformé sur le radical du verbe simple (reclaudere pour recludere), les noms des jours de la semaine subissent l’ellipse du déterminé (martis, etc., pour diem martis, etc.); cette catégorie de constructions protoromanes connaît aussi des résidus fonctionnels non productifs (tels l’adverbe bene et le comparatif maior). 3.2.2 La (re)structuration morphologique Encore pendant que s’accomplit le premier cycle de réduction morphologique se généralise dans la Romania un suffixe -s attaché aux substantifs, adjectifs et adverbes en fonction prédicative et probablement issu, par généralisation du -s final, de certains adverbes d’intensité latins, tels magis et plus; ce processus vise sans doute, dans la perspective d’un besoin de clarté, à compenser, dans le système acasuel, l’absence de désinences casuelles par un système de marques discursives. Nous en avons le reflet, en roman, dans le -s dit «adverbial», caractéristique de la Romania continentale centrale, mais qu’atteste aussi le sarde (Dardel 2004). 17 Robert de Dardel 18 Par la suite, entre le premier siècle de notre ère et l’abandon de la Dacie par les Romains, se forme en protoroman, par étapes, un nouveau système casuel morphologique: d’abord, par l’introduction de nominatifs du latin écrit, un système bicasuel (murus/ murum/ / muri/ muros), puis, par le recours combiné au datif singulier et au génitif pluriel du latin écrit, un génitif-datif [+animé] (filio/ / filiorum), élément constitutif d’un système tricasuel, propre, à l’origine, aux noms [+animé]. Il s’agit, dans ces deux processus, d’emprunts de traits largement attestés dans les textes non classiques, d’inspiration encore classique, mais mêlés d’éléments non classiques soit pour la forme (bovis pour bos), soit pour la fonction (filio ‘du fils, au fils’/ filiorum ‘des fils, aux fils’). Ce développement est une bonne illustration de la dimension diastylique manifestée dans le latin global par le modèle de la simultanéité, qui comporte donc, en co-présence partielle, les structures illustrées par bos/ bovem et bovis/ bovem, puis par bos/ bovem et bovis/ bovi/ bovem. L’influence du latin classique qui est à l’origine des systèmes biet tricasuel s’exerce aussi dans la restructuration d’autres structures produites par la réduction morphologique, comme dans grandior et altior, pas cependant au moment du premier cycle de réduction, comme résidu, mais en protoroman plus tardif, ce qu’atteste leur distribution spatiale limitée. 3.2.3 Le second cycle de réduction morphologique L’évolution décrite en 3.2.1 concerne le premier cycle de réduction morphologique des cas nominaux, mais se répète mutatis mutandis dans le «second cycle», à propos des systèmes protoromans biet tricasuel, plus tardifs. En français moderne, où, au cours du second cycle de réduction, tend de nouveau à dominer un système acasuel, les noms sont acasuels au point de vue de la morphologie et expriment les cas par des moyens syntaxiques: Paul bat le chat/ Le chat mord Paul. Nous sommes ici au niveau des traits fonctionnels productifs. L’amour Dieu, en revanche, à la différence de l’amour de Dieu, est depuis longtemps un trait fonctionnel non productif, qui remonte au génitif-datif de la déclinaison protoromane tricasuelle. Enfin, la désinence -s, après avoir été une désinence cumulant la distinction casuelle et celle des nombres (murs/ mur/ / mur/ murs), n’est en français moderne qu’une désinence de nombre (mur/ / murs); comme désinence casuelle, elle est non fonctionnelle. Contrairement à ce qu’on observe à l’époque du premier cycle, à savoir une réduction précoce, relativement massive et peut-être brusque, la réduction du second cycle, dans le système casuel et dans d’autres structures morphologiques, se déroule d’une manière graduelle et sporadique, par un effacement pour ainsi dire prévisible (usure, affaiblissement phonique, syncrétisme) des morphèmes. L’impasse des études romanes diachroniques 3.3 Conclusions À en croire l’exposé qui précède (en 3), les études romanes historiques sont, depuis un siècle, en pleine évolution; on pourrait même parler d’une nouvelle orientation. On s’en convaincra en confrontant d’une part les débuts, où la genèse des parlers romans était considérée comme subordonnée à l’évolution du latin écrit (avec l’inversion des étapes décrites en 2.2) et traitée en termes préstructuralistes, et d’autre part les développements méthodologiques plus récents, impliquant un usage critique du latin écrit (envisagé comme seconde étape), une extension du latin parlé dans le temps, ainsi qu’un recours systématique au structuralisme. Mais, on va voir que - malgré la persistance d’apports prometteurs au lendemain de la Seconde guerre mondiale, avec Gamillscheg, Hall, Meier, Lausberg, Maurer, Rohlfs et bien d’autres - dans la pratique la plus récente, les recherches se conforment de moins en moins au cadre méthodologique dont je me suis fait l’avocat, de sorte que, si les vues que j’ai exposées plus haut sont recevables, nombre d’idées reçues relatives à la grammaire historique des parlers romans sont actuellement à revoir. 4. Hypothèses non conformes au cadre méthodologique 4.1 En rapport avec l’hypothèse des deux cycles de réduction du système casuel Dans la partie de mon exposé qui a trait au cadre méthodologique (en 3), j’ai mis en évidence et illustré avec le système casuel et quelques autres structures morphologiques deux aspects, actuellement indispensables, du comparatisme roman: (i) La reconstruction du protoroman selon le modèle de la simultanéité, qui implique que la genèse des parlers romans remonte au latin parlé de l’Antiquité, en relation diastylique éventuelle avec le latin écrit, et (ii) la nécessité de dégager la fonction des traits reconstruits en protoroman. Ces deux voies, imposées par les progrès méthodologiques de l’après-guerre, ne sont malgré tout que peu suivies par les chercheurs impliqués dans l’histoire des parlers romans. 4.1.1 Le modèle de la simultanéité Il y a un siècle, au temps de Meyer-Lübke, la technique comparative telle que je la propose dans le modèle de la simultanéité était à peu près inexistante dans les études romanes, parce que, la profondeur historique du protoroman et sa relative indépendance du latin écrit n’étant pas encore établies, on n’en voyait pas la nécessité. 4.1.1.1 Les exemples de Plaute Les témoignages écrits non classiques, comme ceux de Plaute, qui nous semblent aujourd’hui préfigurer les parlers romans (hunc ad carneficem dabo ‘je livrerai cet 19 Robert de Dardel 20 homme au bourreau’, Väänänen 1981: 113), n’étaient pas forcément pour autant considérés comme de possibles attestations prélittéraires des parlers romans, ressortissant à leur genèse, ni par conséquent intégrés à la reconstruction du protoroman. 4.1.1.2 Les systèmes biet tricasuel dérivés du latin antique À ma connaissance, tous les chercheurs qui se sont penchés sur les systèmes biet tricasuel du protoroman ont commis l’erreur - inévitable en l’absence d’une analyse spatio-temporelle reconnue - de les rattacher, dans une démarche ascendante, au système latin antique. Parmi les latinistes qui travaillaient avec les textes latins dits «vulgaires», c’està-dire avec ce que j’appelle le latin écrit non classique, c’est surtout Väänänen 1981 qui s’est intéressé à des rapprochements avec le protoroman; toutefois, même à lui, la profondeur historique du protoroman, telle que je la conçois actuellement, a encore en partie échappé, puisqu’il voyait dans le cas sujet de l’ancien gallo-roman, du type du fr. murs, un prolongement ininterrompu du lat. cl. murus (Väänänen 1981: 110). Et on considère jusqu’à ce jour (Lausberg 1971: §643, Zamboni 2002: 25) l’opposition sarde servus/ servu comme un vestige bicasuel du système latin, alors que cette interprétation est, depuis peu, il est vrai, infirmée par la chronologie des systèmes casuels et par le fait que le -s de ce qu’on prend pour un ancien nominatif n’est probablement rien d’autre que la marque prédicative (3.2.2). Parmi les chercheurs qui ont exploité cette fausse piste dans l’optique du système tricasuel, comportant un génitif-datif, il faut citer Maurer 1959: §39, Dardel 1964, Lausberg 1971, Hall 1974-83/ 3, Väänänen 1981. Chez Maurer, Lausberg et Hall, le système tricasuel est reconstruit sur la base du système roumain, étendu à toute la Romania; mais, comme le génitif-datif, qui se construit en protoroman avec les seuls noms [+animé], s’étend en roumain à tous les noms, sans distinction des catégories [+animé] et [-animé], ce schéma a été supposé, par extrapolation, mais sans justification méthodologique, à l’origine de tous les autres parlers romans. 4.1.1.3 Les systèmes biet tricasuel dérivés par emprunt Il a fallu une analyse spatio-temporelle poussée, dont je ne citerai pas toutes les péripéties, pour comprendre (i) que les systèmes biet tricasuel sont introduits tardivement, par emprunt, et (ii) que le génitif-datif est à l’origine réservé aux animés. Le fait que la séparation typologique du latin écrit d’avec le latin parlé, caractérisé par un système protoroman initial acasuel, remonte à l’Antiquité même n’a pu être confirmé par des critères chronologiques externes et démontré par des critères internes que grâce à l’examen de l’ancien sarde, qui permet de la faire remonter au moins au protoroman du premier siècle avant J.-Chr. (Dardel 1985). Toutefois, cette analyse, bien que favorablement accueillie par un spécialiste du sarde (Jones 1990: 315) et confirmée par l’absence en sarde «of any significant in- L’impasse des études romanes diachroniques 21 fluence from non-Romance languages» (Jones 1990: 314), n’a pas encore, un quart de siècle plus tard, sur les recherches historiques des romanistes, l’impact qu’on serait en droit d’en attendre. La plupart des chercheurs concernés par cette théorie, soit ignorent l’existence et la nature du protoroman, soit la connaissent, mais, n’y croyant pas, laissent les choses en l’état (c’est le cas de Banniard 1992; cf. pour la critique Dardel 2003) ou bien (c’est le cas de Herman 2001) opposent à mon hypothèse sarde, fondée sur des critères internes sûrs, encore confirmés depuis (Dardel 2005b: §3.1.1.2.3.2), une hypothèse fondée exclusivement sur des critères externes aléatoires, qui revient à retarder de plusieurs siècles l’isolement linguistique de la Sardaigne et, par là, à réduire indûment la dimension temporelle du protoroman et à saper l’hypothèse des deux cycles. L’hypothèse nouvelle d’un système nominal acasuel à l’origine du protoroman (réduction dans le cadre du premier cycle, Dardel/ Wüest 1993), confirmée par le sarde, la réduction morphologique concomitante partielle, constatée par la suite dans l’ensemble du système morphologique protoroman, et l’explication possible de la réduction du premier cycle par un principe de l’économie du langage, en combinaison avec un phénomène de semi-créolisation, ont déclenché une avalanche de critiques, dont, selon moi, aucun argument n’emporte la conviction (Dardel 1999b, notes; 2005a); la plupart des critiques se fondent, en creux, sur l’ignorance, inavouée mais évidente, du comparatisme, en général, et de ma thèse sarde, ainsi que de la profondeur historique protoromane qui en découle, en particulier. Les romanistes considèrent avec méfiance, par exemple, le système intermédiaire, bicasuel, comme attestant une romanisation relativement précoce des Grisons (Dardel 2001), région que n’affecte pas l’étape suivante, celle du système tricasuel, qui domine en revanche dans le reste de la Romania continentale centrale et orientale. On n’a pas pris garde non plus que l’évolution du roumain comporte des formes (ILR/ 2: 218) montrant que probablement le système tricasuel s’y est greffé sur la forme du système acasuel et ne remonte donc pas directement à la déclinaison latine classique, de structure d’ailleurs fort différente. 4.1.2 Le structuralisme Dans l’étude du lexique protoroman, au moment d’établir les règles de correspondance phonético-sémantiques, le comparatiste des débuts avait évidemment conscience de l’existence de structures au niveau des unités de seconde articulation, et cette approche a subsisté et s’est développée, notamment avec la description diachronique des systèmes vocaliques protoromans par Lausberg. Mais, au niveau des unités de première articulation, les rapprochements protoromans synchroniques de lexèmes dans une perspective structuraliste ne se faisaient guère; dans le REW, Meyer-Lübke traite, ce qui va de soi, les étymons protoromans séparément, sans relever entre eux de liens sémantiques ni en dégager les valeurs respectives. À ce niveau, la notion de structure fait son entrée dans les paradigmes morphologiques corrélatifs, entre autres chez Meyer-Lübke (GLR 2: 30s.), à pro- Robert de Dardel 22 pos du système bicasuel en ancien gallo-roman, où il voit du reste, lui aussi, un prolongement de la flexion latine classique. Or, tout latiniste ou romaniste n’est pas ipso facto structuraliste et ne réalise pas que, dans le cadre des développements modernes de la linguistique, la description scientifique d’une langue, fût-elle protolangue, est tributaire des contraintes de la synchronie et du jeu de ses fonctions. Ici intervient toute la structure syntaxique nominale protoromane que conditionne le système acasuel (Dardel 1994); s’il avait eu connaissance de cette structure, Bourciez 1959: §30b n’aurait pas expliqué l’absence de cas nominaux morphologiques comme un effet de la fixation de l’ordre des termes, mais envisagé la relation causale inverse. Ici intervient aussi la distinction entre le complément de lieu protoroman du type ad domum ‘à la maison’, fonctionnel, et le substantif sarde sa domo ‘la maison’, issu de l’ablatif-locatif latin, mais rabaissé par figement à un terme non marqué en cas, donc de ce point de vue non fonctionnel (3.2.1.3); avec des formes figées comme celle-ci, on rejoint la grammaire classique latine, mais point le protoroman, pour lequel existe une description entièrement synchronique et fonctionnelle. Récemment encore, on s’est attaqué à l’hypothèse du système protoroman acasuel, sans doute par référence à des désinences casuelles figées; c’est le cas de Herman, qui, au colloque d’Innsbruck, en 1991, dans la discussion, soutenait que le comparatiste peut retrouver en protoroman tous les cas morphologiques classiques. 4.2 Dans les études romanes diachroniques en général Les observations auxquelles les systèmes casuels des parlers romans donnent lieu (en 4.1) valent aussi pour les recherches diachroniques romanes dans d’autres secteurs de la grammaire. 4.2.1 La reconstruction par une démarche descendante justifiée Dans le paragraphe consacré au modèle de la successivité (3.1.1), il faut ménager une place à ce qu’on pourrait appeler, à certaines conditions, la «reconstruction par une démarche descendante justifiée». Ce cas se présente lorsque le chercheur part d’une forme ou construction du latin écrit pour la mettre en rapport avec ses dérivés romans historiques, comme il est d’usage dans la plupart des dictionnaires étymologiques, par exemple dans le REW 3831, lorsque l’auteur pose que du lat. gradus sont dérivés l’it. grado, l’engad. gro, le prov. gra, etc., par quoi il admet que le lexème lat. écrit gradus a son pendant dans le protoroman antique gradum. Ce procédé comparatif présuppose, entre les données antiques et les données romanes, un lien historique, garanti par un des critères du comparatisme, en ce cas par des règles de correspondance phonético-sémantiques. Dans ces conditions seulement, le recours au modèle de la successivité me paraît justifié. Chez les précurseurs, on peut citer certaines analyses de E. Löfstedt (1959: 23), dont le rappro- L’impasse des études romanes diachroniques 23 chement, aujourd’hui admis par le DELF s. ôter, entre le lat. tard. o(b)stare ‘faire obstacle’ et le fr. mod. ôter ‘enlever’, moyennant quelques virages délicats de l’évolution sémantique. Et voici, de la reconstruction descendante justifiée, quelques exemples plus récents: García-Hernández 2000 propose une analyse structurale du sens de suben latin écrit, dont les reflets se retrouvent au niveau des parlers romans, Martín Rodríguez 1998 analyse des cas comme celui du lexème locare, lequel exprime selon le contexte deux aspects opposés d’une action, à savoir le fr. louer, ‘donner à loyer’ et ‘prendre a loyer’, et Nieto Ballester 1998, à propos de mihi, livre un exemple clair de la complémentarité des études prélatines fondées sur l’écrit et des études romanes et protoromanes; dans la même veine, Haverling 1998 explique par des modifications structurales du latin tardif le prétérit inchoatif roman du type je sus ‘j’appris’. Bien que l’analyse spatio-temporelle prévue par le cadre méthodologique n’y soit pas décrite systématiquement, ces études sont, par la garantie qu’offrent les liens historiques, de précieuses contributions préalables à l’étude du protoroman. 4.2.2 L’apport des romanistes Avec l’énorme quantité de données romanes, observables soit en direct, dans les parlers actuels, soit indirectement, dans des documents écrits remontant en partie au IX e siècle, les romanistes sont en principe bien placés pour se livrer au comparatisme historique et reconstruire le protoroman. Encore faut-il évidemment qu’ils fassent leur la méthode appropriée, conformément au cadre formulé en 2.2, et déjà pratiquée, mise à l’épreuve et perfectionnée par des générations de comparatistes. De l’approche que je préconise, à savoir celle selon le modèle de la simultanéité, on retrouve aujourd’hui les effets au moins partiels dans les deux domaines chers aux néo-grammairiens et illustrés par des publications importantes, telles le LEI et la thèse d’Eva Büchi 1996 pour l’étymologie, et, pour les structures morphologiques, les études de Hall (par exemple 1979), de Tekav c i ú (1980/ 2: §643-45, à propos de l’affixe -isc) et de Lüdtke (par exemple 1980), ainsi que les grammaires historiques romanes de Maurer 1959, Lausberg 1971 et Hall 1974-83, toutes trois axées sur le protoroman. Dans la même période paraît, en plusieurs éditions, Bourciez 1956, un très bon manuel, où cependant l’évolution du latin global est décrite sur la base du latin non classique sous sa forme écrite, où les données romanes, classées par langues, sont présentées implicitement comme succédant au latin écrit et d’où sont absentes une analyse spatio-temporelle explicite et une allusion quelconque à une semi-créolisation, pourtant postulée déjà par Meillet 1977. Mis à part les ouvrages de Hall et de Lausberg, toutes ces grammaires historiques des parlers romans offrent une présentation systématique de la syntaxe; mais, faute d’une méthode comparative éprouvée dans ce domaine, il s’agit de reconstructions plutôt conjecturées intuitivement, à partir des données latines et romanes, que reconstruites, en protoroman, par la grammaire comparée. Robert de Dardel 24 La méthode de l’école néo-grammairienne, mise à jour selon le modèle de la simultanéité, se manifeste encore isolément. Ferguson 1976 part de données romanes actuelles plutôt que de données romanes anciennes, dont il se méfie; il compare des structures romanes, reconstruit des structures protoromanes, en synchronie et en diachronie, en s’inspirant de la phonologie diachronique de Martinet, et donne du développement du vocalisme roman une description mieux étayée, dans le prolongement des études de Lausberg sur le vocalisme. Ma n´ czak 1969 fait valoir avec raison la nécessité de compléter la dérivation des lexèmes selon les lois phonétiques par les dérivations qui s’en écartent en raison de la fréquence d’emploi. Mais voici quelques exemples d’études romanes où l’on n’a pas su tirer parti du modèle de la simultanéité, ni des possibilités offertes par la reconstruction ascendante. Haiman/ Benincà 1992 attribue à tort le verbe second en rhéto-roman à une influence germanique, alors qu’une analyse protoromane aurait mis en évidence la présence probable de cette structure en protoroman à date ancienne déjà, notamment en Sardaigne, où l’explication «germanique» est contestable. Chez Rebecca Posner 1996, l’emploi des modes dans les subordonnées romanes est décrit au cas par cas au niveau des parlers romans, alors qu’il existe une description protoromane structurale (Dardel 1983: §6.4.3), qui est simple et en rendrait compte. Jensen 1999 ne prend pas systématiquement en considération les deux témoins du protoroman le plus ancien que sont le sarde et le rhéto-roman; il ne peut donc pas mettre en évidence, dans toute son extension, la dimension diachronique du protoroman et livre de ce fait une description mutilée. 4.2.3 L’apport des latinistes Le latin écrit, qui est essentiellement un fait de parole, soutient, en science d’appui, le comparatisme roman dans le modèle de la simultanéité, tandis que son étude dans le modèle de la successivité est, mis à part la reconstruction descendante justifiée (4.2.1), au contraire méthodologiquement dépassée, du moins pour le comparatisme historique. À ce propos, on peut citer E. Löfstedt 1959, qui, en adepte du modèle de la successivité, fait de multiples rapprochements du latin écrit non classique et des parlers romans. Mais ces rapprochements sont malheureusement d’un intérêt aujourd’hui limité, car la reconstruction descendante risque d’y donner de mauvais résultats, pour deux raisons. (i) Elle a un côté superficiel, en ce qu’elle n’est pas forcément étayée par une analyse afférente préalable dans tous les parlers romans. (ii) Dans le rapprochement de données latines et romanes, il y a, en l’absence de certains critères comparatifs, risque de confusion, de la part du chercheur, entre le lien historique et les manifestations occasionnelles d’une simple tendance; aussi est-ce justement une tendance et non un lien historique que voit E. Löfstedt (1959: 120s.), à propos de substantifs en apposition se muant en adjectifs, d’une part dans le lat. stagnum ‘eau stagnante, nappe d’eau’, rapproché de la construction in stagnis aquis, chez Oribase (IV e s.), et d’autre part dans le frioul. age stañe ‘ruhig fliessendes Wasser’ (REW 8217a). L’impasse des études romanes diachroniques 25 Pour Wanner 1987, strict adepte du modèle de la successivité, en ce qui concerne la place des pronoms clitiques, le roman commence avec la loi de Tobler- Mussafia, sur laquelle débouche, tardivement, le système du latin écrit, et non avec les structures romanes antérieures à cette loi, que révèle pourtant déjà alors l’approche de Ramsden 1963 par le modèle de la simultanéité. Mais les noms en vogue de nos jours sont ceux de Herman et Banniard. Chez Herman, le modèle de la successivité se manifeste surtout dans son ouvrage sur les conjonctions de subordination (Herman 1963: 133), où l’ordonnance des données se conforme à ce modèle et où le caractère sommaire de l’analyse spatio-temporelle entraîne celui des structures synchroniques protoromanes et de leurs reflets dans les parlers romans; c’est à ces deux défauts que j’ai tenté de remédier dans mon ouvrage sur le même sujet (Dardel 1983). De l’apparition des conjonctions quod et quia introduisant les subordonnées complétives, Herman 1989, fidèle à son modèle, qui privilégie le latin écrit, a donné une description fondée expressément sur le seul latin des Pères de l’Église, en écartant donc, et les attestations en latin écrit préclassique, et le protoroman. Il en est résulté une datation et une chronologie biaisées (Dardel 1995/ 96). Tout récemment, dans sa communication «La chronologie de la transition: un essai», Herman 1998: 5-26, se mouvant encore dans le modèle de la successivité, refuse explicitement d’appliquer la reconstruction historique et choisit d’établir une «chronologie interne» du latin écrit, comme étant le lieu de faits «chronologiquement assurés»; et il poursuit en ces termes: «les processus [évolutifs] pris en compte sont, d’un point de vue chronologique, très hétérogènes . . . tout ceci donne l’impression d’une sorte de continuum inorganisé»; cette impression est en réalité une illusion, inévitable de la part du chercheur moderne, s’agissant d’un système où se chevauchent plusieurs normes qu’il n’a pas pris la peine de séparer et de situer dans le temps, l’espace et la hiérarchie sociale. Pour la même raison, l’idée qu’a régné dans l’Antiquité un «chaos» linguistique, mot que Herman n’utilise pas lui-même, mais que d’autres formulent dans le même recueil, est un non-sens. Quant à la thèse de Banniard 1992, elle ne mérite d’être étudiée par les romanistes qu’en raison de ses analyses fouillées du latin écrit dans ses rapports diastyliques; en revanche, pour avoir écarté d’emblée, à la légère, les travaux plus anciens des néo-grammairiens et des comparatistes, Banniard brosse un tableau incohérent de la manière dont les parlers romans sont issus du latin; par conséquent, il n’arrive pas à expliquer, en termes d’évolution de la langue, comment il se fait que les anciens textes français attestent par exemple le mot chien, alors qu’à la même époque les textes latins ont encore canis ou canem; il ne semble donc pas voir qu’il y a ici non pas prolongement linguistique interne, mais une substitution sur fond de relations diastyliques (Dardel 2003). Dans la thèse de Brigitte Bauer 1992, l’évolution de la syntaxe positionnelle «du latin au français», formule qui déjà trahit le modèle de la successivité, est décrite sur la base de textes latins d’abord; une preuve de l’inanité de la méthode est que l’auteur ne trouve pas, dans le latin écrit soumis à son analyse, la base OVS, que pourtant le protoroman a connue approximativement à l’époque de l’occupation de la Dacie et qui laisse, en roman, de Robert de Dardel 26 nombreuses traces dans l’ordre des constituants majeurs et dans les nominalisations qui en sont dérivées (Dardel 1989, 2000). À propos de l’histoire de l’adverbe de manière roman, deux problèmes se posent à Bauer 2003: (i) Pourquoi du type classique alte est-on passé au type roman alta-mente? et (ii) Pourquoi des siècles paraissent s’être écoulés entre la disparition du premier type et l’apparition du second? Bauer n’a de réponse satisfaisante ni à la première question, ni à la seconde; et pour cause: elle s’appuie sur les textes latins et leur chronologie, mais néglige le protoroman et sa chronologie propre, qui est différente. Si elle avait procédé en comparatiste, elle aurait constaté que, dans l’intervalle considérable entre le type alte et le type alta-mente, se situe, d’un bout à l’autre de la Romania, un troisième type, l’adjectif-adverbe altum, variable comme adjectif, invariable comme adverbe, qui se conserve intact en roumain et que nous rencontrons encore, comme vestige figé, dans les autres parlers romans, tel le fr. La tour est haute/ Pauline parle haut; or, l’existence de l’adjectif-adverbe protoroman permet de répondre aux deux questions que se pose Bauer: (i) le type en -mente n’est qu’une manière d’expliciter la fonction adverbiale de l’adjectif-adverbe, d’où l’étape finale altum adjectif/ alta-mente adverbe, (ii) l’adjectif-adverbe, dont Bauer ne tient pas compte, comble assez naturellement l’écart chronologique auquel elle s’achoppe. On pourrait hélas multiplier les exemples de ce type: Malkiel 1972: 359-61 trahit son adhésion au modèle de la successivité en disant, à propos du suffixe paleo-roman -isk (-esc(o)), pourtant bien attesté en sarde, «The post-Latin development of -esc(o) falls into two . . . phases. The first, or Paleo-Romance, phase . . . ». B. Löfstedt 1967/ 68 présente de nombreux exemples de l’adjectif-adverbe en latin écrit, mais n’aborde explicitement son statut historique ni en protoroman, ni dans les parlers romans, lacune qui ampute le tableau général d’éléments qui auraient enfin révélé ou confirmé l’extension considérable de cette structure. Un reproche analogue s’applique à Müller-Lancé 1994, qui, pour n’avoir pas recouru au protoroman, débrouille mal, dans les constructions absolues, les rapports historiques entre latin écrit et protoroman dans l’Antiquité, et à Piera Molinelli 1998, qui, déjà par le titre de son exposé, mais aussi par la teneur de sa communication, illustre parfaitement les ravages que cause encore de nos jours le modèle de la successivité. Ce sont là des cas patents, parmi beaucoup d’autres, d’un refus de recourir à la méthode comparative. Avec des études de cet acabit, malgré d’évidentes qualités du latiniste, la description historique du latin global est condamnée à faire du sur-place. 4.2.4 Du côté des globalistes Reste un petit peloton de savants, qui, dépassant les modeles partiels que sont ceux de la successivité ou de la simultanéité, poussent leurs recherches jusqu’aux limites du domaine couvert par le latin global, en direction par exemple du vieux latin, du lexique protoroman et du domaine encore peu exploré des relations dia- L’impasse des études romanes diachroniques 27 styliques. Des approches si ambitieuses, qui pourraient se réclamer du slogan «À latin global, méthode globale» et où souffle un vent du large, ne sont pourtant pas toujours couronnées de succès, surtout, ici encore, faute d’une solide analyse comparative. Au chapitre de la reconstruction du protoroman, il faut citer surtout Hall 1974- 83, remarquable travail de comparaison historique, où il distingue latin écrit et protoroman, qu’il situe en simultanéité à l’époque du latin classique, et Stefenelli 1992, qui livre une histoire combinée du latin écrit, du protoroman et des parlers romans dans le domaine du vocabulaire, sous la forme d’une vue d’ensemble dans une optique panromane, chiffrée et évaluée. Bork 1969 et Cornelissen 1972 laissent malheureusement l’analyse spatio-temporelle inachevée, pour n’avoir pas voulu la pousser jusqu’à l’état initial du protoroman. Meier 1986 tend, avec un relatif bonheur, à combiner la documentation romane avec le latin écrit et les résultats du comparatisme. Harris/ Vincent 1990, ouvrage collectif, notable par son plan uniforme et la possibilité d’une lecture transversale, est utile pour la synchronie du latin et des parlers romans, mais reste pris, en ce qui concerne la diachronie, dans des distorsions chronologiques et une combinaison confuse des modèles de la simultanéité et de la successivité, ignorant jusqu’aux ressources de l’analyse spatio-temporelle et, par conséquent, la possibilité de formuler des règles grammaticales protoromanes. Salvi 2004 fait un effort pour élargir sa méthode et augmenter les données; c’est une entreprise intéressante, en principe, pour une confrontation des traitements par la GGT et de celui par le comparatisme historique, que j’ai appliqué au même domaine que lui; seulement, cette confrontation, esquissée par Salvi, n’est pas pertinente; il maîtrise mal la méthode comparative que je pratique, ce qui ne l’empêche pourtant pas d’en contester les résultats. 5. Le sort des études romanes diachroniques 5.1 Vu par le petit angle de la caméra Envisageons le sort des études romanes diachroniques pour ainsi dire à travers le petit angle de la caméra. Dans le présent essai, j’ai illustré les diverses approches, favorables ou défavorables au progrès de la linguistique romane diachronique, par un échantillon de références à des études publiées; j’en ai passé un très grand nombre sous silence, mon but n’étant pas d’établir un catalogue. Le choix que j’ai fait visait plutôt à mettre en lumière l’évolution à long terme de la méthode, avec ses moments forts ou faibles et des résultats de qualité variable, mais déclinante. Je reconnais que la voie préconisée par moi est plus longue et ardue que celle qu’on suit encore souvent, ne serait-ce que par la nécessité de soumettre à toute analyse la totalité des parlers romans. Aussi, je ne me pose pas en modèle, ayant mis moi-même des années à surmonter les obstacles que j’ai rencontrés au début de ma carrière et à m’affranchir des préjugés que je dénonce aujourd’hui. Robert de Dardel 28 Reste que la pratique ne suit pas ou suit mal une théorie qui est actuellement en pleine évolution. La reconstruction d’un protoroman cohérent et fonctionnel, apte à se substituer à tant d’essais inachevés ou avortés, se fait attendre. Si les romanistes étaient encore entraînés aux techniques du comparatisme et animés par le besoin de voir clair dans la genèse des parlers romans, il y a longtemps qu’ils auraient entrepris de chercher et auraient trouvé et finalement adopté la solution de problèmes simples, contre lesquels butent à chaque pas - telle la mouche contre la vitre - les historiens des parlers romans: par exemple le pronom protoroman neutre pluriel illa, dans le type panroman qu’illustre le fr. il se la coule douce, la disparition du futur simple combinée avec la survivance du latin erit, qui en est un résidu fonctionnel, le système nominal bicasuel du rhéto-roman des Grisons, le dernier témoin du système casuel situé entre les systèmes acasuel et tricasuel, et j’en passe. Sans doute par ignorance des méhodes ou manque de curiosité, d’ouverture, de volonté «politique», par force d’inertie, peut-être même sous la pression administrative qui pousse les chercheurs à publier davantage, les études romanes diachroniques connaissent de nos jours une production déficitaire. Elles se trouvent en fait dans une impasse, que, sur le plan scientifique, j’attribue surtout à ce que, chez beaucoup, le structuralisme reste lettre morte et à ce que l’atout possible du latin écrit, exploité en dépit du bon sens, se retourne maintenant contre la linguistique romane. 5.2 Vu par le grand angle de la caméra Appliquons maintenant à ce problème le grand angle de la caméra. Nous apercevons que - sauf prise de conscience et inversion des tendances - ce qui est en cause est l’existence même de l’ensemble formé par le latin global et le roman en tant qu’observatoire de recherches linguistiques, ensemble presque unique en son genre par son étendue dans le temps et l’espace et par son encadrement historique. Ce qui est en cause, en un mot, c’est un paradigme, au sens de «modèle théorique de pensée qui oriente la recherche et la réflexion scientifiques» (Larousse). L’étymologiste Harri Meier a publié à la fin de sa vie une synthèse de ses réflexions méthodologiques, dans laquelle il dit (Meier 1986: 48s.) que les lois phonétiques élaborées au XIX e siècle constituent un outil inachevé, qui doit encore être complété par des lois phonétiques supplémentaires, à découvrir, et que c’est à tort que la phonétique historique a été délaissée, au début du XX e siècle, et qu’on recourt à des échappatoires faciles, telles l’assimilation, la dissimilation, la métathèse ou la contamination. Meier en donne un exemple issu des recherches de ses disciples: pour rendre compte de la sonorisation des consonnes initiales, comme on la trouve dans la paire d’étymons crassus/ grassus, et ne trouvant pas, dans le corpus de lois phonétiques traditionnel, de loi qui prévoie ce cas, Meier propose une loi nouvelle, phono-syntaxique, aux termes de laquelle une consonne initiale sourde protoromane précédée d’une voyelle se sonorisait, produisant des variantes du L’impasse des études romanes diachroniques 29 type (il)la derra/ (il)las terras, loi qui, à son avis, résoudrait un grand nombre de problèmes posés par la phonétique historique. C’est un sentiment semblable que j’éprouve à l’égard de la grammaire comparée des parlers romans. Dans les deux cas, il s’agit d’un outil inachevé ou mal employé et des symptômes d’un déclin du paradigme néo-grammairien, dans une suite ininterrompue de changements de paradigme qui ponctuent au cours des âges l’histoire de la linguistique, et sans doute de toute science. Cela est dans la nature des choses, et le chercheur individuel ne saurait l’empêcher. Mieux vaut peut-être tourner la page et faire confiance, pour l’avenir, à la formation programmée d’une relève de la grammaire comparée romane. Groningue Robert de Dardel Bibliographie Banniard, M. 1992: Viva voce. Communication écrite et communication orale du IV e au IX e siècle en Occident latin, Paris Bauer, B. L. M. 1992: Du latin au français. Le passage d’une langue SOV à une langue SVO, Nijmegen Bauer, B. L. M. 2003: «The adverbial formation in mente in vulgar and late Latin. A problem in grammaticalization», in: H. Solin/ M. Leiwo/ H. Halla-Aho (ed.), Actes du VI e colloque international sur le latin vulgaire et tardif. 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Introduzione Nell’ambito degli studi di linguistica italiana, le analisi relative alla costruzione passiva non mancano e nemmeno le prospettive scelte per affrontare il fenomeno: la frase passiva è stata analizzata sia concentrandosi sull’italiano antico (cf. per esempio Bertucelli Papi 1980; Salvi 2002; Pieroni 2003) sia sull’italiano contemporaneo; di questa struttura, poi, sono stati descritti aspetti grammatico-lessicali, tra i quali ad esempio la scelta dell’ausiliare (Herczeg 1966; Leone 1966; Lo Cascio 1968; Van Molle-Marechal 1974; Salvi 1988: 87s.) e la formazione del passivo con verbi intransitivi e/ o inaccusativi (La Fauci 1985a/ b; Fabbri 1992; Vanvolsem 1995), sociolinguistici, interrogando il parametro diamesico, diatopico e diastratico (Cresti 1999 e i lavori di Carla Bazzanella menzionati nella presente bibliografia 1 ), tipologici o contrastivi (Siewierska 1984; Mänttäri 2001; Sansò 2003, 2006), psicolinguistici e pertinenti alla didattica (Bertucelli Papi 1982; Bazzanella 1988; Gasparini 1992; Gianino 2004) e infine funzionali e testuali (cf. già Cinque 1976 e poi Salvi 1988: 96-98; ma soprattutto Bazzanella 1990, 1991a/ b, 1994, 1995, Mänttäri 2003 e Sansò 2003). Se si è scelto di ritornare ancora una volta sul costrutto passivo è perché, nel ricco quadro teorico-descrittivo che consegue dall’ampia bibliografia menzionata, manca ancora una spiegazione ragionata della o delle funzioni che svolge il cosiddetto «passivo agentivo», vale a dire la costruzione passiva in cui l’agente viene espresso sotto forma di complemento preposizionale, come in (1) (in questo, come negli esempi successivi, l’agente viene messo in rilievo con il grassetto): (1) I gioielli sono stati realizzati dalle più importanti ditte italiane. 1 Secondo Berretta 1995: 143 il passivo è generalmente poco usato in italiano: quando appare, lo si trova piuttosto nelle varietà formali (testi scientifici, burocratici) che nelle varietà medie o nel parlato. Questo sarebbe dovuto al fatto che nei testi scritti, più facilmente che nel parlato, ad essere soggetto di discorso (e più propriamente, come vedremo nel §3.2, Topic) sono spesso referenti non umani. La scarsa presenza di passivo nel parlato si spiega anche sulla base della complessità morfosintattica di questa struttura e della difficoltà a passivizzare frasi con agente di prima e seconda persona (come in: i libri sono stati ordinati da me); per questi motivi, nel parlato (cf. i dati di Cresti 1999) è preferito il costrutto alternativo che è la dislocazione a sinistra (i libri, li ho ordinati io). Va notato comunque che complementi d’agente di prima e seconda persona si trovano in varietà medie (cf. i libri ordinati da me, con riduzione dell’ausiliare) e in varietà più alte (la ricerca da me condotta). Vox Romanica 66 (2007): 32-59 Le funzioni del passivo agentivo Ora, l’assenza di spiegazione approfondita sul fenomeno non può giustificarsi, come si potrebbe di primo acchito pensare, alla luce della bassa frequenza di strutture come (1): infatti, secondo i risultati di un ampio spoglio di dati linguistici effettuato da Carla Bazzanella (cf. Bazzanella 1991 e 1994: 136 per la presentazione del suo corpus, che consta di 441 occorrenze di passivo «personale» 2 ), 32.5 % delle frasi passive realizzano l’agente 3 . Se questo dato conferma le nostre attese sulla frase passiva, in particolare il fatto che essa serve in primis a rimuovere il sintagma con il ruolo di agente, esso ci indica anche che l’espressione dell’agente non è un dato per niente marginale e trascurabile. Alla luce di quanto si è detto, lo scopo del lavoro consisterà dunque nello spiegare, in un confronto più o meno serrato con la frase attiva che allinea soggetto verbo e oggetto (ovvero: le più importanti ditte italiane hanno realizzato i gioielli), le ragioni sintattiche, semantiche e pragmatiche (informative e testuali) che sottostanno all’uso del passivo agentivo nei testi scritti 4 . Più precisamente, per arrivare a una comprensione complessiva del fenomeno, il lavoro si articola nel modo seguente: dopo una breve descrizione delle specificità grammaticali del passivo agentivo, in particolare del complemento preposizionale (§2.), si presenteranno, sotto forma più o meno elaborata e definitiva, le ragioni che motivano l’impiego del passivo con e senza cancellazione dell’agente (§3.); ci si soffermerà poi in modo più puntuale sull’impiego del passivo senza cancellazione dell’agente, con l’intento di verificare e approfondire le ipotesi che sono state formulate nella letteratura sull’argomento: in un primo momento, per determinare i valori sintattico-informativi dell’agente realizzato da tale struttura (§4.), in un secondo momento, per riflettere sugli sfruttamenti semantico-pragmatici del passivo agentivo (§5.). Infine, ritornando sulla 33 2 Come è noto, in italiano esistono diverse forme di frasi passive: accanto al passivo personale (o perifrastico, cf. Sansò 2003), illustrato in (1), troviamo il passivo impersonale, aperto dal pronome si (sul quale cf. per esempio Manzini 1986 e Cinque 1988). Più precisamente, esiste il cosiddetto «si passivante» o «si passivo» (Salvi 1988: 102), che si premette alla voce attiva dei verbi transitivi (Dardano/ Trifone 1997: 297), che viene considerato come un «semplice segno della passività del verbo» (Salvi 1988: 103) e che non coincide dunque con il soggetto (il soggetto coincide con un sintagma nominale che può seguire o precedere il «si + verbo»; cf. Salvi 1988: 102): all’improvviso si sentì (= fu sentita) una voce (Sensini 1988: 144). Vi è poi il «si impersonale» (che è in parziale sovrapposizione con il «si passivante»), che funge invece da soggetto della costruzione in cui viene impiegato: in campagna, si va (= la gente va) a dormire presto (Sensini 1988: 145). 3 Sempre secondo i dati di Carla Bazzanella, nello scritto vi sarebbero più frasi con cancellazione dell’agente che nel parlato (rispettivamente 75 % e 65 %; e addirittura 50 % nel parlato radiofonico). Questo dato, sorprendente, non è condiviso da tutti (cf. Berretta 1995). Chiede quindi di essere verificato in modo più puntuale. 4 I dati presentati in questo lavoro si basano su un corpus di 100 occorrenze di passivi agentivi: più precisamente, 43 occorrenze sono tratte da testi scientifici (dal sottocorpus Saggi di linguistica (abbreviato Sag_Ling) del Lisulb, un corpus privato delle Università di Losanna e di Basilea, e dalla rivista Italian Journal of Pediatrics), 34 da testi giuridici (dalla Costituzione italiana: Iur_Cost_It) e 22 da testi giornalistici (dal Corriere della Sera (Gio_Corr) e dal Sole 24 ore (S24H) del Lisulb). Anna-Maria De Cesare 34 domanda che motiva questo studio, si renderà conto delle ragioni che motivano il passivo agentivo confrontando tale struttura sintattica con la frase attiva (§6.). Il dato significativo che emerge globalmente da questo lavoro è il seguente: il passivo agentivo, illustrato al punto (1), è una struttura sintattica poco marcata. Essa, infatti, non è marcata né a livello sintattico né a livello informativo, ed è poco marcata anche per quanto riguarda il livello testuale, almeno per quello che concerne il vincolo che l’espressione dell’agente pone sul testo successivo. Queste caratteristiche si spiegano in parte con il valore associato all’agente stesso: esso è dotato di una salienza che si spiega piuttosto in termini semantico-denotativi che non pragmatico-testuali. 2. Dalla diatesi attiva alla diatesi passiva Nella Grande grammatica italiana di consultazione, la costruzione passiva viene descritta nei termini seguenti: Per costruzione passiva intendiamo una struttura in cui il compl[emento] oggetto di un verbo transitivo 5 assume le funzioni di soggetto, mentre il soggetto del verbo scompare o diventa un compl[emento] preposizionale (compl[emento] d’agente); la forma verbale stessa viene sostituita da una forma composta di un ausiliare (essere, venire, andare) 6 e dal participio passato del verbo stesso. (Salvi 1988: 85) Illustrano tutto ciò gli esempi (2) a (4): (2) Giovanni ha arrestato il ladro. → frase attiva (3) Il ladro è stato arrestato. → frase passiva senza complemento di agente 7 (4) Il ladro è stato arrestato da Giovanni. → frase passiva con complemento di agente 5 Sulla formazione del passivo con verbi intransitivi, di cui alcuni esempi sono ottemperare, ovviare, rimediare, ubbidire (cf. il maestro è ubbidito dagli alunni), rinvio a La Fauci 1985, Salvi 1988: 96 e Dardano/ Trifone 1997: 329. Si noti, inoltre, che non tutti i verbi transitivi possono formare il passivo personale: tale costruzione non è possibile, per esempio, con il verbo avere e con il verbo concernere (per una spiegazione di questo fenomeno, cf. Sansò 2003 e qui al §2.1.2.). 6 Si noti che il passivo personale può avere anche una forma ridotta, in cui viene a mancare l’ausiliare: Il ladro arrestato da Giovanni (in questo caso, il participio è usato come aggettivo, e la forma sostituisce funzionalmente una relativa passiva). 7 In alcuni casi, laddove il verbo essere sia seguito da un participio passato, si può avere una struttura sintattica ambigua, che può essere interpretata sia come costruzione passiva con essere (interpretazione i di (a)) sia come costruzione «essere + aggettivo» (interpretazione ii di (a)); in questi casi, l’espressione del complemento preposizionale (cf. (b)) impone l’interpretazione passiva (cf. Salvi 1988: 87-88): (a) La porta è chiusa. (Salvi 1988: 87) i. passivo di Chiude/ ono la porta → descrizione di un’azione ii. «la porta si trova in uno stato di chiusura» → descrizione di uno stato/ azione compiuta (b) La porta è chiusa da Giovanni. Le funzioni del passivo agentivo Le frasi (2) e (4) esprimono lo stesso contenuto proposizionale («semantico» o «grammaticale»); ciò che le distingue è «la presentazione e la messa in rilievo dei segmenti sintattici» (Serianni 2006: 90). Infatti, se nella frase passiva rimangono invariati i ruoli semantici degli argomenti coinvolti (cf. Graffi 1994: 230-31; Salvi/ Vanelli 2004: 43), in quanto l’argomento il ladro rimane il paziente e Giovanni rimane l’agente della struttura, rispetto alla costruzione attiva: a. il passivo ha un numero ridotto di argomenti: l’attante corrispondente al soggetto della frase attiva (Giovanni in (2)), secondo Salvi/ Vanelli 2004: 68, non fa parte della valenza del verbo (arrestare in (4)) ma coincide con un elemento extranucleare; b. uno degli argomenti rimasti, nella fattispecie l’oggetto diretto della frase attiva (il ladro), ha cambiato funzione grammaticale: è diventato soggetto. Come vedremo nei §3-4, tra la frase attiva e la frase passiva vi sono anche differenze a livello di struttura informativa: nella trasformazione di (2) a (4) (ma anche a (3)) sono cambiati i referenti che svolgono le funzioni di topic e di fuoco. 2.1 Proprietà sintattico-semantiche del complemento di agente 2.1.1 Come già accennato, quando nella frase passiva viene espresso l’agente, abbiamo a che fare con un elemento extranucleare, estraneo alla valenza del verbo 8 ; più precisamente, si tratta di un complemento preposizionale (d’ora in poi CP) introdotto dalla preposizione da (Salvi/ Vanelli 2004: 68): (5) Alcuni bambini vengono lodati da Piero. Il valore extranucleare del CP sembra giustificarsi soprattutto in base alla sua non obbligatorietà nella struttura sintattica di frase. Gli esempi (6) mostrano infatti che rispetto a un tipico elemento extranucleare, o circostanziale, come ogni giorno (7), la posizione del CP è meno libera: (6) a. Alcuni bambini vengono lodati da Piero b. ? ? ? Da Piero alcuni bambini vengono lodati c. ? ? Alcuni bambini, da Piero, vengono lodati (7) a. Alcuni bambini vengono lodati ogni giorno b. Ogni giorno alcuni bambini vengono lodati c. ? Alcuni bambini, ogni giorno, vengono lodati 2.1.2 Da un punto di vista semantico, il referente evocato dal CP può essere sia animato (cf. di nuovo (5)), e in questo caso viene chiamato complemento di agente, 35 8 Nella struttura sintagmatica ad albero modellizzata dai generativisti, tale argomento si attacca al SV e non al «V barra» (cf. Graffi 1994: 232). Anna-Maria De Cesare 36 che inanimato (come in (8)), e viene allora etichettato complemento di causa efficiente: (5) Alcuni bambini vengono lodati da Piero. (8) La casa fu distrutta da una frana (Salvi/ Vanelli 2004: 43) Per quanto riguarda poi il ruolo semantico del CP, esso può essere di due tipi: di agente (come negli esempi visti finora) ma anche di esperiente (9) (in ciò che segue, tuttavia, parleremo sempre di agente o di CP agentivo): (9) Maria fu vista da Giovanni (Salvi/ Vanelli 2004: 43) Gli esempi (10)-(12) mostrano che la costruzione passiva non è possibile con quei verbi transitivi il cui soggetto non abbia il ruolo di agente o di esperiente, come avere (il cui soggetto ha il ruolo di possessore), contenere (il cui soggetto indica un luogo), concernere, riguardare, preoccupare, sorprendere (con i quali il soggetto ha il ruolo di oggetto) ecc. (Salvi/ Vanelli 2004: 71): (10) *Il libro è avuto da Piero (Salvi/ Vanelli 2004: 71) (11) *Il veleno è contenuto dalla bottiglia (Salvi/ Vanelli 2004: 71) (12) *Piero è riguardato da questo decreto. (Salvi/ Vanelli 2004: 71) 2.2 Marcatezza del costrutto passivo Se si considera l’ordine lineare dei costituenti della costruzione passiva, si deve riconoscere che questa struttura sintattica coincide con una frase non marcata 9 : da un punto di vista formale, in effetti, la frase passiva (almeno negli esempi visti finora) presenta l’ordine canonico dei costituenti, ovvero allinea soggetto, verbo e, eventualmente, complementi (nucleari: il complemento di oggetto indiretto e/ o extranucleari: il complemento di agente/ di causa efficiente, ma anche i circostanziali veri e propri) 10 . Eppure, certi autori (tra i quali Carla Bazzanella, cf. Bazzanella 1994: 134), considerano la frase passiva una «struttura frasale marcata», al pari della frase scissa (è il ladro che Giovanni ha arrestato), della frase con dislocazione (il ladro, lo ha arrestato Giovanni) e della frase con la cosiddetta topicalizzazione o rematizzazione a sinistra (il ladro, ha arrestato Giovanni). La ragione di tale interpretazione va sicuramente ricondotta a un criterio pragmatico: al 9 Nella Grande grammatica italiana di consultazione, il passivo è descritto nel capitolo dedicato appunto alla frase semplice (cf. Salvi 1988) e non in quello intitolato «L’ordine degli elementi della frase e le costruzioni marcate»; idem nella Nuova grammatica italiana di Salvi/ Vanelli 2004. 10 Va notato che la frase passiva può anche presentare il soggetto in posizione postverbale (è stato arrestato il ladro, per cui si veda per esempio Sansò 2003). In questo lavoro ci concentriamo tuttavia essenzialmente sulla frase passiva di tipo SVO. Le funzioni del passivo agentivo pari per esempio della struttura con dislocazione a sinistra, alla quale viene del resto identificata a livello funzionale (cf. Berretta 1995: 143; Cresti 1999), il costrutto passivo si presenta come un dispositivo linguistico che svolge precise funzioni nella strutturazione del testo (così anche in Andorno 2003: 91). Alla luce di quanto si è detto nei paragrafi precedenti, si può comunque affermare che la costruzione passiva ha questo di marcato: in essa viene a saltare l’associazione preferenziale che esiste tra la funzione sintattica di soggetto e il ruolo semantico di agente (e anche, come vedremo più in là, quella tra il ruolo semantico di agente e la funzione pragmatica di Topic). Nella frase passiva, infatti, l’argomento con il ruolo sintattico di soggetto ha (tipicamente) il ruolo semantico di paziente. Si tratta quindi di una marcatezza che si esprime a livello sintattico-semantico. 3. Le ragioni del passivo con e senza cancellazione dell’agente In ciò che segue si vuole spiegare le ragioni sintattiche, semantiche e pragmaticotestuali per le quali si usa il costrutto passivo alla luce del «destino» del soggettoagente della corrispondente frase attiva. Due saranno le domande alle quali daremo una risposta più o meno elaborata e definitiva: perché l’agente è eliminato? e perché l’agente viene espresso sotto forma di CP? 3.1 Perché l’agente è eliminato? Poiché la frase passiva serve in primis alla eliminazione del soggetto-agente della frase attiva (per cui cf. i dati quantitativi menzionati in apertura del lavoro), si considera che la funzione principale di questa struttura consista nel togliere importanza all’agente 11 . Ora, i motivi della cancellazione dell’agente sono vari, e ben noti da tempo (cf. già Jespersen 1924). Essi dipendono in particolare dalla tipologia testuale nella quale si realizza il costrutto passivo: è chiaro, infatti, che i motivi per cui si elimina l’agente non sono gli stessi nell’ambito di un testo parlato o di un testo scritto, e all’interno di quest’ultimo, di un testo giornalistico, un testo tecnico-scientifico, un testo burocratico ecc. (cf. Cresti 1999; e i lavori di Carla Bazzanella menzionati nella presente bibliografia). 3.1.1 Alla cancellazione dell’agente sottostanno in primis un gruppo di motivi di ordine semantico-pragmatico; nella frase passiva si elimina l’agente quando il referente che codifica non è noto, non è rilevante oppure ancora quando è evidente 37 11 Nella letteratura sull’argomento, si parla anche di oscuramento, rimozione, demozione o impersonalizzazione dell’agente; queste etichette non sono tuttavia equivalenti: per esempio, esse non indicano necessariamente che l’agente è cancellato nella costruzione passiva. Per evitare possibili fraintendimenti, in questo lavoro parlerò di espressione/ non espressione o cancellazione dell’agente. Anna-Maria De Cesare 38 nel contesto di enunciazione (13a-c); l’agente viene volontariamente sottacciuto anche per motivi di politeness (13d-e) e/ o di oggettività e modestia (si pensi all’impiego del passivo nei testi scientifici) (13f): (13) a. Le stanze vanno pulite settimanalmente ( → dagli occupanti, dagli impiegati ecc.) (Salvi/ Vanelli 2004: 71) b. Ieri mi è stato chiesto se ero già pensionato ( → da uno che farebbe meglio a pensare prima di parlare) (ibid., p. 72) c. Oggi mi è stata recapitata questa lettera ( → dal postino) (ibid., p. 72) d. I passeggeri sono pregati di non fumare ( → da Trenitalia). (Bazzanella 1995: 252) e. Sono stato informato che hai sparlato di me ( → da un conoscente comune) (Salvi/ Vanelli 2004: 72) f. In questa relazione verrà esaminato un campione di nomi deverbali ( → da me) (Bazzanella 1991: 375) Come si sarà notato, ogni esempio del punto (13) può essere spiegato con più di un criterio o con un criterio in parte diverso: per esempio, la vaghezza che consegue dalla cancellazione dell’agente in (13d) potrebbe essere sfruttata per conferire maggiore autorità alla entità che formula la richiesta: si potrebbe infatti pensare che la richiesta emani da un’autorità superiore, quale per esempio la legge. È chiaro, poi, che quelli che abbiamo indicato sono solo alcuni dei motivi per cui si cancella l’agente. La cancellazione dell’agente può anche essere sfruttata per nascondere volontariamente l’agente, e quindi a rigore per manipolare la verità dei fatti. È questo l’impiego del passivo che viene fatto per esempio da George Orwell nel suo romanzo Animal Farm, dove con il progredire del romanzo aumentano i passivi senza agente, in particolare quelli che hanno la funzione di indicare una decisione presa da tutti gli animali laddove chi decide è in realtà un gruppo più ristretto: sono solo i maiali e in particolare il loro capo (riprendo qui i dati proposti in Bazzanella 1995). 3.1.2 A questo paradigma di motivi semantico-pragmatici se ne aggiungono altri, di tipo pragmatico-retorico: l’eliminazione dell’agente può essere usata per esempio per ritardare l’identificazione di un dato referente testuale; si crea così un effetto di suspense che viene sfruttato volentieri nella stampa. Per un esempio, si veda il brano seguente, dove l’agente soppresso nei due primi enunciati che codificano una frase passiva (di cui abbiamo messo in rilievo il verbo con il corsivo) viene espresso nell’ultimo enunciato, sotto forma del sintagma nominale soggetto il regime di Pechino: (14) Un assassinio è stato commesso nella capitale cinese. La grande ondata democratica è stata soffocata nel sangue. . . . mai quei ragazzi hanno ferito o ucciso. Il regime di Pechino sì, ha impugnato le armi, ha sparato e ucciso. (L’Unità, in Bazzanella 1991: 376) 3.1.3 Alla cancellazione dell’agente, e più precisamente alla sua demozione 12 , cioè al «fatto che l’agente venga tolto dalla prima posizione, spostato dopo il verbo, e 12 Il concetto di demozione risale ai lavori generativisti (cf. Permutter/ Postal 1977) e viene talvolta ripreso anche in ambito pragmatico-funzionalista (cf. Siewierska 1984 e Shibatani 1988). Le funzioni del passivo agentivo morfologizzato come complemento indiretto, se non del tutto cancellato» (Bazzanella 1995: 252), sottostanno infine anche motivi di ordine sintattico e informativo-testuale. Come è stato ampiamente discusso e illustrato nella letteratura sull’argomento, si ritiene infatti che la funzione principale della demozione dell’agente consista nel far assumere al complemento oggetto di un verbo transitivo le funzioni di soggetto sintattico e di topic semantico (cf. Salvi 1988: 96; Dardano/ Trifone 1997: 329-30; Bazzanella 1994: 137). In altri termini, la frase passiva permette di «topicalizzare», qui nel senso di portare a topic, cioè di porre come «ciò di cui si parla» un costituente diverso dall’agente (cf. tra gli altri Cinque 1976; Salvi 1988: 96; Bazzanella 1991, 1994; Berretta 1995: 143; Sansò 2003: 48s.), secondo lo schema: (15) [Giovanni soggetto/ agente ] Topic [ha arrestato il ladro oggetto/ paziente ] Comment → [Il ladro soggetto/ paziente ] Topic [è stato arrestato (da Giovanni) complemento di agente ] Comment In un secondo tempo, la demozione dell’agente e la promozione dell’oggetto della frase attiva a soggetto-topic della struttura frasale possono essere sfruttate a livello testuale: in primo luogo per creare, mantenere e/ o rafforzare la coesione del testo che si sta costruendo (cf. di nuovo Cinque 1976; Givòn 1983: 23; Bazzanella 1991, 1994; Sansò 2003: 152; Dardano/ Trifone 1997: 330). Secondo i dati di Carla Bazzanella (cf. Bazzanella 1991a: 378), nella frase passiva la continuità referenziale che permette la messa a topic dell’oggetto della corrispondente frase attiva avviene nel 64 % dei casi. Il mantenimento della continuità referenziale si rivela utile soprattutto per creare coesione testuale tra due enunciati contigui, come in (16) e (17), che presentano un esempio di frase passiva rispettivamente con e senza cancellazione dell’agente: (16) Nel 1932 la polizia aveva assoldato un certo Bettoni allo scopo di raccogliere notizie sulle attività clandestine. Questo Bettoni fu poi trovato morto nei dintorni di Porta Ticino nell’estate del 1935. (Salvi 1988: 97) (17) Indubbiamente, come nei primi anni Sessanta, potranno nascere romanzi di serie fortemente commerciali o, ancor peggio, incoraggiati e finanziati dai servizi segreti. Accadde negli Stati Uniti con Nick Carter. Sotto questo nome si nascondeva un gruppo di scrittori che lavoravano in un vasto open space in piena Madison Avenue. [ø = questo gruppo di scrittori] Venivano briefed da agenti operativi della Cia dislocati in vari Paesi dell’Est, e loro ci cucivano attorno vicende veloci, di pronto consumo, con forte connotazione antisovietica. Una semplice operazione politica. D’altra parte, il romanzo di spionaggio è politica. (Lisulb_S24H_Contr). Gli esempi proposti mostrano che tra il topic della frase passiva e il contenuto dell’enunciato precedente ci può essere progressione «a topic lineare»: in questo caso il referente testuale che funge da topic nella frase passiva (rispettivamente questo Bettoni e il soggetto sottinteso che coincide con il sintagma nominale questo gruppo di scrittori) riprende un referente testuale che si realizza nel Comment dell’enunciato precedente. 39 Anna-Maria De Cesare 40 Tra il topic della frase passiva e il contenuto dell’enunciato precedente ci può però anche essere progressione «a topic costante», il tipo di progressione che si realizza quando un referente testuale che funge da topic riprende un referente che era già presentato come topic nell’enunciato precedente; è questo il tipo di progressione che abbiamo in (18), dove il topic sottinteso dell’ultimo enunciato del secondo capoverso coincide con il topic dell’enunciato precedente, cioè con il pronome essa, che prende la sua referenza nel sintagma la residenza e sede dei fondatori della «Cooperativa vegetariana Monte Verità»: (18) Il Museo Casa Anatta al Monte Verità fu la residenza e sede dei fondatori della «Cooperativa vegetariana Monte Verità». Essa fu restaurata nel 1980. Nell’aprile 1981 [ø = la residenza e sede dei fondatori della «Cooperativa vegetariana Monte Verità»] fu adibita a museo permanente sulla storia del Monte Verità e [ø = la residenza e sede dei fondatori della «Cooperativa vegetariana Monte Verità»] aperta al pubblico quale sintesi dell’esposizione che, dal 1978 al 1980, fu portata con grande successo da Ascona a Zurigo, Berlino, Vienna e Monaco (da un foglio informativo sul Monte Verità). 3.2 Perché l’agente viene espresso sotto forma di complemento preposizionale? Rispetto al quesito precedente (perché l’agente viene eliminato? ), la domanda posta nel titolo di questo paragrafo non ha ancora ricevuto, secondo me, una risposta abbastanza approfondita e ragionata. Per quanto riguarda il livello testuale, si è detto - ma senza cercare di verificarlo in modo puntuale, guardando al testo che segue l’enunciato con la frase passiva - che l’espressione dell’agente contribuisce alla coesione del testo, in quanto diventa il topic di un enunciato successivo: La coesione anaforica costruita dalla continuità di topic (presente nella maggioranza delle occorrenze del passivo) può essere accompagnata anche dalla coesione cataforica costruita in base all’agente demosso, che diventa successivamente topic. (Bazzanella 1994: 138; il grassetto è mio) Peraltro, dell’agente espresso non si conoscono bene neanche le proprietà sintattico-pragmatiche, vale a dire la posizione che occupa nella costruzione passiva e i suoi valori informativi. Su quest’ultimo aspetto, esistono addirittura opinioni divergenti. Per alcuni (cf. Bazzanella 1994: 136; Dardano/ Trifone 1997: 330) l’agente è informativamente secondario: rispetto al paziente (soggetto e Topic della frase passiva), si situa cioè sullo sfondo dell’enunciato. Va notato che l’agente è considerato come defocalizzato non solo quando è cancellato ma anche quando viene mantenuto e «morfologizzato come complemento indiretto» (Bazzanella 1994: 136; Dardano/ Trifone 1997: 330). Secondo un altro punto di vista, invece, l’agente della costruzione passiva coincide con il fuoco (o focus) della frase: Le funzioni del passivo agentivo The passive is seen as a topicalizing construction for it places a non-agentive NP in unmarked subject-topic position. The agentive passive simultaneously locates the agent in the focal position of the clause. The agentive passive thus fulfils two functions, a topicalizing and a focusing one (Siewierska 1984: 222; il grassetto è mio). Questo punto di vista è condiviso da altri autori, che usano per esprimerlo termini affini a quello di Fuoco: limitandoci agli studi di italianistica, si è detto che il CP serve a presentare l’agente come nuovo (Salvi 1988), che ha funzione rematica (Salvi/ Vanelli 2004: 72), cioè che corrisponde all’informazione da trasmettere (cf. Salvi/ Vanelli 2004: 33), oppure ancora che esso serve a mettere in evidenza chi ha compiuto l’azione (Ferrari/ Zampese 2000): (19) Ho scoperto che il libro è stato scritto proprio da Michela. Ha fatto davvero un gran lavoro! (Ferrari/ Zampese 2000: 100). Alla luce di quanto si è detto in questo paragrafo risulta dunque che per spiegare l’impiego del passivo agentivo, in particolare la funzione svolta dall’agente, sono due i livelli che vanno interrogati: il livello della struttura sintattico-informativa dell’enunciato (§4.), al quale si deve determinare la posizione e lo statuto o i possibili statuti informativi dell’agente (esso coincide con lo sfondo o con il fuoco dell’enunciato? ); e il livello testuale (§5.), in base al quale, a partire dalla descrizione della funzione del passivo agentivo proposta da Carla Bazzanella, bisogna determinare secondo quali modalità l’agente serve a creare un nuovo topic, in particolare in quali Unità testuali avviene la «topicalizzazione» del referente evocato dal CP agentivo. Una analisi quantitativa permetterà inoltre di determinare quanto sia importante il movimento «topicalizzante-coesivo» che, secondo Carla Bazzanella, può attuarsi nel testo che segue un passivo agentivo. 4. Valori sintattico-informativi dell’agente di una frase passiva 4.1 L’agente come fuoco informativo dell’enunciato 4.1.1 I motivi che inducono a pensare che, rispetto a (2), che si ripropone per comodità qui sotto, in cui viene codificato come sintagma nominale soggetto, il referente testuale Giovanni in (4): (2) Giovanni ha arrestato il ladro. (4) Il ladro è stato arrestato da Giovanni. coincida con il fuoco dell’enunciato sono vari. Vi è innanzitutto una motivazione di ordine sintattico-informativo, che riguarda l’ordine dei costituenti e il loro rispettivo grado di dinamismo comunicativo (per dirla con i termini introdotti da Firbas, cf. per esempio Firbas 1992): prima di tutto, rispetto a (2), in (4) l’agente 41 Anna-Maria De Cesare 42 occupa la posizione finale di frase (di «End-Focus», secondo la terminologia proposta da Quirk et al. 1985), una posizione alla quale si associa tipicamente il massimo grado di dinamismo informativo. A questa, si affianca poi una motivazione di ordine informativo-testuale: in (4) il referente Giovanni si realizza nell’unità testuale principale dell’enunciato, ovvero nell’unità di nucleo informativo, secondo la modellizzazione seguente: (4i) / / Il ladro è stato arrestato da Giovanni./ / Nucleo Il nucleo informativo dell’enunciato si definisce globalmente (seguendo Ferrari 2005) come unità testuale necessaria e sufficiente dell’enunciato; la sua funzione sta nel definire l’atto illocutivo (di asserzione, domanda ecc.) e l’atto di composizione testuale (di motivazione, consecuzione, esemplificazione ecc.) globalmente effettuati dall’enunciato in cui compare. Così, sulla base di un esempio contestualizzato di passivo agentivo, realizzato nel primo enunciato del secondo capoverso di (20), il nucleo informativo, saturato dalla frase passiva le proposizioni vengono veicolate formalmente da frasi, sta in un rapporto di aggiunta-specificazione con ciò che viene espresso nel cotesto precedente; si noti poi che in questo esempio il nucleo informativo viene arricchito da altre unità testuali, che contengono materiale linguistico situato sullo sfondo dell’enunciato (cf. il contenuto che apre l’enunciato (A loro volta), quello veicolato dalle due relative appositive e la parte posta in inciso, tra parentesi tonde): (20) 3.1. Concetti e stati di cose Semplificando, e in un’ottica da prima puramente linguistica, le «cose che vengono dette» sono di due tipi: esse sono o «concetti» o «stati di cose espressi linguisticamente», cioè, più precisamente, «descrizioni linguistiche di stati di cose pensabili» - «proposizioni» insomma, come anche diremo. Concetti e proposizioni, quindi. I concetti, espressi lessicalmente da sostantivi . . . / / A loro volta,/ le proposizioni,/ che descrivono come si è detto stati di cose più o meno complessi (del mondo fisico, o dei pensieri, o delle sensazioni, e in particolare atteggiamenti mentali di chi scrive nei confronti di altro, come Io non sono d’accordo, A me non piace, ecc.),/ vengono veicolate formalmente da frasi,/ Nucleo che sono dal punto di vista semantico predicazioni applicate a concetti/ ./ / 13 (Lisulb_Sag_Ling) Nel passivo agentivo, l’agente espresso sotto forma di CP (in (4i) Giovanni, in (20) da frasi) viene così a coincidere con l’ultimo costituente dell’unità principale dell’enunciato, ovvero con l’ultimo costituente del primo piano (quello più dinamico) dell’enunciato. 4.1.2 Ora, dato che l’agente della frase passiva si definisce sintatticamente come elemento extranucleare e dato anche che occupa l’ultima posizione del nucleo informativo dell’enunciato, ci si può chiedere se queste proprietà portano a fare 13 Segundo una prassi ormai largamente in uso, la doppia sbarra indica un confine die enunciato e la sbarra semplice un confine inferiore, di unità informativa (cf. Ferrari 2005). Le funzioni del passivo agentivo 43 dell’agente un fuoco ristretto, vale a dire un fuoco che si estende al solo CP della frase passiva (cf. per esempio Janz/ Zancanaro Rubath 1991: 187). Il «test della domanda», che viene tradizionalmente impiegato per determinare l’estensione e la posizione del fuoco all’interno di una struttura frasale, ci permette subito di rispondere che le cose non stanno così; infatti, a seconda del contesto, nella fattispecie della domanda formulata nel cotesto precedente, una stessa frase passiva (qui (4)) può associarsi a strutture informative che presentano fuochi informativi diversi: così mentre il fuoco di (4a) coincide con il solo agente, in (4b) il fuoco copre il verbo e il CP agentivo e in (4c) si estende a tutto il contenuto della frase passiva: (4) Il ladro è stato arrestato da Giovanni. (4a) A: Da chi è stato arrestato il ladro? B: Il ladro è stato arrestato {da Giovanni} Fuoco (4b) A: Cos’è successo al ladro? B: Il ladro {è stato arrestato da Giovanni} Fuoco (4c) A: Cos’è successo? B: {Il ladro è stato arrestato da Giovanni} Fuoco Le coppie domanda-risposta date in (4d) e (4e) ci indicano inoltre che il fuoco di (4) deve necessariamente includere il CP agentivo finale (in un contesto in cui le risposte di B sono pronunciate senza soluzione di continuità intonativa): (4d) A: Chi è stato arrestato da Giovanni? B: *{Il ladro} Fuoco è stato arrestato da Giovanni (4e) A: Cosa è stato fatto da Giovanni? B: *{Il ladro è stato arrestato} Fuoco da Giovanni Dai dati precedenti si conclude che il passivo agentivo non corrisponde a una struttura sintattica che codifica linguisticamente il fuoco informativo dell’enunciato (come è invece il caso della frase pseudoscissa, di cui un esempio è Ad aver arrestato il ladro è stato Giovanni, per cui cf. De Cesare 2005). In altri termini, al pari della corrispondente frase SVO con diatesi attiva (Giovanni ha arrestato il ladro), la struttura focale del passivo agentivo è sottospecificata e tributaria del coe contesto enunciativo 14 . 4.1.3 Va ancora notato che la struttura informativa associata alla frase passiva data in (4), che riportiamo sotto (4i): (4) Il ladro è stato arrestato da Giovanni. (4i) / / Il ladro è stato arrestato da Giovanni./ / Nucleo 14 Si noti però che tra frase attiva e frase passiva non marcata vi è comunque una differenza fondamentale: nella frase attiva non marcata l’agente è sempre esterno al fuoco (salvo nell’interpretazione presentativa); nella passiva, invece, è sempre interno. Anna-Maria De Cesare 44 non è l’unica possibile. La struttura passiva del punto (4) potrebbe anche realizzarsi in due unità informative distinte, secondo lo schema «nucleo/ appendice», cioè secondo un andamento informativo in cui il contenuto del nucleo dell’enunciato è seguito, e integrato, da un’unità informativa che contiene del materiale collocato sullo sfondo dell’enunciato: (4ii) / / Il ladro è stato arrestato/ Nucleo da Giovanni/ Appendice ./ / La struttura informativa associata alla frase passiva data in (4ii) si realizza per esempio quando la semantica del verbo arrestare entra in contrasto con quella di un altro verbo, come uccidere in (21) (il maiuscoletto indica appunto enfasi contrastiva sul verbo); in questo caso, si noterà, il fuoco dell’enunciato è portato dal solo participio passato arrestato 15 : (21) A: Il ladro è stato ucciso da Giovanni B: No / / Il ladro è stato {arrestato} Fuoco / Nucleo da Giovanni/ Appendice / / Ora, anche se teoricamente possibile, è interessante notare che nel nostro corpus di frasi passive scritte la struttura informativa data al punto (4ii) non è rappresentata. Tale assenza si spiega sicuramente con il fatto che la realizzazione del passivo agentivo secondo le modalità spiegate per rendere conto dell’esempio (21) si fonda su un contesto linguistico fortemente refutativo, molto più tipico del parlato che dello scritto. 4.2 Altri valori informativi dell’agente In termini informativi, il CP agentivo non coincide necessariamente con l’apice del nucleo informativo dell’enunciato: all’interno del primo piano dell’enunciato, esso può anche associarsi a un dinamismo comunicativo più basso. Inoltre, esso può saturare spazi testuali che si situano sullo sfondo del primo piano dell’enunciato. 4.2.1 Quando l’agente di una frase passiva è seguito da uno o più costituenti frasali (argomenti interni del verbo e/ o elementi circostanziali), e quando l’ordine dell’agente e dei costituenti che seguono non è dettato da ragioni di peso fono-sintattico, il sintagma che porta il massimo grado di dinamismo comunicativo non è il CP agentivo ma il costituente che chiude il nucleo informativo. Per accertarsene 15 Sulla base di quanto afferma Cresti 2002, si potrebbe anche pensare che questo esempio si realizzi in un’unica unità intonativo-informativa, secondo lo schema / / Il ladro è stato {arrestato} Fuoco da Giovanni/ / Nucleo . In questa interpretazione, l’agente sarebbe dunque da valutare come «una coda tonale del nucleo precedente, come parte opzionale . . . di una stessa unità tonale, con la formazione di un pattern semplice composto solo da un’unità root». Le funzioni del passivo agentivo 45 basta considerare i due esempi seguenti, dove il fuoco dell’unità testuale principale (del nucleo) coincide rispettivamente con i sintagmi «nel De Nobilitate Legum ac Medicine di Coluccio Salutati» e «tre principali aree sintomatologiche» e non con l’agente da John Lennard e dal DSM-IV e dall’ICD-10: (22) Nella puntuazione greca e latina, infatti, non è identificabile alcun simbolo corrispondente alla parentesi tonda dell’ortografia contemporanea./ / La prima attestazione della nota di parentesi,/ sebbene non sia ancora di forma semicircolare,/ è individuata da John Lennard (1991) {nel De Nobilitate Legum ac Medicine di Coluccio Salutati} Fuoco ,/ Nucleo edito nel 1399./ / (Lisulb_Sag_Ling) (23) Introduzione / / L’autismo viene definito dal DSM-IV e dall’ICD-10 16 attraverso il ricorso a {tre principali aree sintomatologiche} Fuoco : / / Nucleo compromissione nell’interazione sociale; compromissione nella comunicazione; presenza di comportamenti ripetitivi e stereotipati (APA, 1994). (Italian Journal of Pediatrics, 27, 2001, p. 243) In (22) e (23) non è quindi possibile invertire l’ordine dei costituenti postverbali senza sconvolgere anche la struttura informativa, in particolare la posizione del fuoco dell’enunciato; in posizione finale il CP agentivo torna a diventare il costituente con il massimo grado di dinamismo comunicativo del nucleo dell’enunciato: (24) Nella puntuazione greca e latina, infatti, non è identificabile alcun simbolo corrispondente alla parentesi tonda dell’ortografia contemporanea./ / La prima attestazione della nota di parentesi,/ sebbene non sia ancora di forma semicircolare,/ è individuata nel De Nobilitate Legum ac Medicine di Coluccio Salutati,/ edito nel 1399,/ {da John Lennard} Fuoco (1991)./ / Nucleo (25) Introduzione / / L’autismo viene definito attraverso il ricorso a tre principali aree sintomatologiche {dal DSM-IV e dall’ICD-10} Fuoco : / / Nucleo Come mostrano le versioni manipolate date ai punti (24) e (25), lo sconvolgimento dei valori sintattico-informativi dei costituenti può poi provocare delle incongruenze sia a livello informativo che di costruzione del testo: in (24) si crea uno scarto tra l’informazione che dovrebbe portare il fuoco dell’enunciato, vale a dire il testo dove si incontra la prima attestazione della parentesi (il «De Nobilitate Legum ac Medicine di Coluccio Salutati»), e il costituente effettivamente dotato di maggiore dinamismo informativo, cioè da John Lennard, che coincide con la persona che ha individuato (nel 1991) la prima attestazione della parentesi. Difficile può anche essere, a livello testuale, la concatenazione dell’enunciato che contiene il passivo agentivo con il testo successivo: è questo il motivo che spiega la difficile 16 Si tratta qui di due abbreviazioni: DSM-IV = Manuale diagnostico e statistico dei disturbi mentali, Milano, Masson 1996; ICD-10 = Decima revisione della classificazione internazionale delle sindromi e dei disturbi psichici e comportamentali, Milano, Masson 1994. Anna-Maria De Cesare 46 accettabilità di (26), dove l’elenco del secondo enunciato non si realizza più a contatto con il costituente che specifica (a tre principali aree sintomatologiche): (26) Introduzione / / ? ? ? L’autismo viene definito attraverso il ricorso a tre principali aree sintomatologiche {dal DSM-IV e dall’ICD-10} Fuoco : / / Nucleo compromissione nell’interazione sociale; compromissione nella comunicazione; presenza di comportamenti ripetitivi e stereotipati (APA, 1994). 4.2.2 L’agente di una frase passiva può anche occupare da solo una unità testuale che si situa sullo sfondo del contenuto informativo posto al primo piano dell’enunciato. Si veda l’esempio (27), e in modo forse ancora più trasparente (28), dove il CP agentivo si colloca prima del predicato verbale e satura una unità informativa di quadro, l’unità definita «da una relazione di precedenza lineare rispetto al nucleo», volta a «riesplicitare o introdurre ex novo il campo semantico-concettuale in cui si pertinentizzano e si definiscono i valori denotativo, illocutivo e/ o testuale dell’informazione nucleare» (Ferrari 2005: 33): (27) Il X Convegno della API si concluderà in serata./ / Dai congressisti/ Quadro(? ) sono stati particolarmente trattati i problemi economici e finanziari del momento/ Nucleo ./ / (da Bazzanella 1991a: 377 sulla base di Siewierska 1984: 226) (28) La Pivano non è una colf Qual è il compito della politica? Nel lontano ‘46, parlando a New York, Albert Camus diede una risposta fulminante. La politica, disse, deve tenerci in ordine la cucina. Al resto - al bene, al bello, al vero: alle cose per cui vale la pena di vivere - provvediamo noi, e anche personalmente. Torna in mente, quest’opinione d’un premio Nobel che non mancò d’engagement, a proposito d’una notizia recente./ / Da un gruppo di intellettuali,/ Quadro uomini e donne di spettacolo e personaggi vari,/ Appendice riuniti a Roma per festeggiarla,/ Appendice è stato proposto che Fernanda Pivano sia nominata senatore a vita/ Nucleo . I motivi, evidenti, stanno in una lunga, intensa opera al servizio della cultura, della sensibilità, dell’intelligenza. (Lisulb_Gio_S24H_contr). Il brano seguente comporta un caso molto simile: in (29) il contenuto da parte degli allievi (agente della forma verbale ad essere intesi) satura però un’unità informativa di appendice; in questo esempio, l’agente espresso viene così ad arricchire, precisare il contenuto che occupa il primo piano informativo dell’enunciato (ovvero: Osserverei subito che i fattori di visibilità del multiculturalismo elencati nel primo paragrafo si prestano facilmente ad essere intesi come processi d’incremento dello stesso multiculturalismo): (29) / / Osserverei subito che i fattori di visibilità del multiculturalismo elencati nel primo paragrafo si prestano facilmente,/ da parte degli allievi,/ Appendice ad essere intesi come processi d’incremento dello stesso multiculturalismo,/ Nucleo di maniera che la risposta alla prima domanda del secondo paragrafo, bell’e pronta, abbisogna solo di qualche espansione, verbale più che concettuale./ / (Lisulb_Sag_Ling) Le funzioni del passivo agentivo 47 Si veda infine l’esempio (30), dove l’agente Baldacci occupa una posizione postverbale e satura un’unità testuale di inciso; si noti che in questo caso l’agente viene realizzato senza la preposizione da, che caratteristicamente lo introduce, il che sembra provocare un ulteriore smussamento del rilievo testuale che spetta normalmente al referente evocato dall’agente di un passivo agentivo 17 : (30) È stato rilevato giustamente (Baldacci) che se Tozzi, scomparso prematuramente prima dei quarant’anni, avesse avuto tempo di lavorare ad altri romanzi come in parte fece lasciandone uno completo ma in forma non definitiva (Gli egoisti), forse si sarebbe adeguato del tutto alla parabola disegnata per lui dal suo illustre ma un po’ tirannico protettore, Giuseppe Antonio Borgese, finendo con il fornirci alla fine ottimi romanzi veristi di maniera. (C. Martignoni, in Lavezzi et al. 1992: Testi nella storia. La letteratura italiana dalle Origini al Novecento, vol. 4, Il Novecento, p. 329) 4.3 L’agente come fuoco o sfondo: dati quantitativi Su 100 occorrenze di frasi passive, tratte da testi scritti, che realizzano l’agente, 88 di esse si trovano interamente nell’unità informativa principale dell’enunciato, il nucleo. All’interno del nucleo, poi, l’agente occupa di solito la posizione finale (67 % dei casi), ma può anche - come abbiamo visto sulla base degli esempi (22)- (23) - occupare una posizione interna integrata (21 %). Va ancora notato che nei 12 casi rimanenti, l’agente occupa da solo (cf. esempi 27-30), oppure insieme al resto della frase passiva, un’unità informativa di secondo piano. I dati del Grafico 1 visualizzano i risultati della nostra analisi corpus driven: 17 Ancora più sullo sfondo del testo è il complemento di agente specificato in nota: è il caso nel brano seguente: «Dal punto di vista informativo, il paratesto nel suo complesso ha la funzione fondamentale di contenere gli elementi essenziali dell’articolo, non tanto . . ., quanto piuttosto nel sopratitolo o nel sottotitolo e . . . nel vario corredo esterno al pezzo, a costituire quella che è stata definita la dispozione a stella 15 dei contenuti informativi» (da Bonomi 2003: 139). Nella nota 15 si specifica poi appunto chi è l’autore dell’espressione disposizione a stella: «Cf. Dardano (1994).» Nucleare (non finale), 21% Non nucleare, 12% Nucleare (finale), 67% Grafico 1: Posizione e valore informativo dell’agente di una frase passiva all’interno dell’enunciato Anna-Maria De Cesare 48 Da questi dati si ricava dunque che la posizione e il valore informativo dell’agente di una frase passiva (almeno nello scritto e nelle tipologie testuali considerate) sono abbastanza omogenei: in linea con quello che è stato proposto (cf. §3.2.), l’agente coincide con l’ultimo costituente del nucleo, ovvero con il sintagma più informativo del primo piano dell’enunciato.Al tempo stesso, i risultati del Grafico 1 mostrano però anche che non per forza l’agente è focale all’interno della frase passiva. Va comunque notato che i risultati ottenuti possono essere influenzati anche dalla struttura informativa degli enunciati che compongono i diversi tipi di testo che fondano il nostro corpus: nella Costituzione italiana e nei testi scientifici, in particolare nella rivista Italian Journal of Pediatrics, gli enunciati tendono a codificare il solo nucleo informativo. 5. Sfruttamenti semantico-pragmatici dell’agente di una frase passiva Veniamo ora ai possibili modi di sfruttare l’agente in una frase passiva. Come abbiamo accennato, nella letteratura sull’argomento si ritiene che l’agente venga tipicamente usato per porre a topic un nuovo referente nel testo successivo; infatti: Ciò che motiva il passivo senza cancellazione dell’agente è il fatto che entrambi i costituenti, sia l’oggetto focalizzato che l’agente demosso, nelle loro posizioni [cioè rispettivamente in posizione iniziale e in posizione finale del costrutto passivo] servono come meccanismi di coesione, l’uno rispetto al testo precedente, l’altro a quello seguente. (Bazzanella 1991: 378; il grassetto è mio). La coesione anaforica costruita dalla continuità di topic (presente nella maggioranza delle occorrenze del passivo) può essere accompagnata anche dalla coesione cataforica costruita in base all’agente demosso, che diventa successivamente topic. (Bazzanella 1994: 138; il grassetto è nostro) In ciò che segue, guardando in primis ai casi in cui l’agente della frase passiva occupa la posizione finale del nucleo informativo dell’enunciato, si vuole verificare e approfondire le affermazioni di Bazzanella identificando da un lato gli spazi testuali in cui avviene la messa a topic del referente evocato dal CP agentivo e d’altro lato la frequenza dei vari movimenti testuali; alla luce dei dati raccolti, si potrà poi determinare quanto sia tipico nell’impiego del passivo agentivo il movimento testuale di «topicalizzazione». 5.1 Tipi di prosecuzione del testo dopo il passivo agentivo 5.1.1 Il referente convocato dall’agente di una frase passiva può essere ripreso con la funzione di topic in una unità informativa che appartiene allo stesso enunciato in cui compare il passivo agentivo; i due brani seguenti mostrano che l’unità Le funzioni del passivo agentivo 49 informativa in cui avviene il movimento di «topicalizzazione» (di «messa a topic») dell’agente può seguire immediatamente o meno quella che ospita la frase passiva (da notare che negli esempi dati abbiamo rilevato con il corsivo l’elemento che riprende anaforicamente il referente dell’agente): (31) Sperava che già fosse riuscito a fuggire inosservato . . . l’avvertirono che era stato visto dagli Austriaci, i quali Topic gli tiravano addosso dalla sommità dell’altura (De Amicis 1972, in Cresti 1999: 168) (32) Il 5 luglio del 1984 fu scoperto in una cassa all’aeroporto di Stansead [sic] un ex ministro nigeriano, Umara Dikko, ricercato dal nuovo governo di Lagos per corruzione; era stato drogato da due israeliani, uno dei quali un anestesista (oggi entrambi in carcere), i quali Topic contavano di accompagnarlo in Nigeria. (Espresso, in Bazzanella 1991a: 378). Il referente testuale evocato dall’agente di una frase passiva può anche essere ripreso e messo a topic in un enunciato seguente la comparsa della struttura passiva; si vedano (33) e (34): (33) / / Ho scoperto che il libro è stato scritto proprio da Michela./ / [ø = Michela] Topic Ha fatto davvero un gran lavoro! / / (Ferrari/ Zampese 2000: 100). (34) Pavarotti e la sua collega hanno lavorato direttamente sui manoscritti pucciniani, accertando l’autentica scrittura musicale e persino l’originaria stesura del libretto. Perciò sono intervenuti sulla partitura e, nello stesso tempo, sul testo. Era giocoforza modificare qualcosa, poiché all’esigenza filologica di autenticità si univa quella di attualizzare l’opera pucciniana: occorre spazzare via, con tutto il rispetto per il Maestro, ciò che è ormai obsoleto. Un esempio: l’aria «Nessun dorma» poneva difficoltà di passaggio tonale a «tramontate stelle», poiché Puccini, sempre con tutto il rispetto, aveva trovato una modulazione armonica un po’ debole./ / Una soluzione eccellente è stata trovata da Ian Gillian dei Deep Purple,/ la cui competenza in polifonia e contrappunto è indubbia: / / all’approssimarsi di quel passaggio [ø = Ian Gillian] Topic ha emesso «deliziosamente» suoni paragonabili a una «baruffa tra felini»: / / una soluzione audace, di quelle capaci di svecchiare la routine operistica, e, ci sembra, più vicina agli intendimenti di Puccini di quanto non si pensi, e forse la fusione di «nessun dorma» e del corale polifonico «Pazza idea» di Patty Pravo migliorerebbe ulteriormente l’effetto. (Lisulb_S24H_Contr) 5.1.2 Il referente evocato dall’agente di una frase passiva può anche non essere ripreso nel testo successivo. In alcuni casi l’assenza di ripresa è semplicemente dovuta al fatto che il testo si conclude dopo l’enunciato che codifica la struttura passiva. Ma lo stesso fenomeno si verifica nei casi in cui il testo non si chiude con l’enunciato che ospita il passivo agentivo; è così per esempio in (35), dove il referente una interazione complessa di fattori linguistici, contestuali, cognitivi, culturali ecc. non viene ripreso negli enunciati successivi; il topic dell’enunciato che segue la frase passiva coincide invece con il soggetto sottinteso la coerenza di un testo, soggetto che era del resto già topic dei due enunciati precedenti (incluso quello che codifica il passivo agentivo): Anna-Maria De Cesare 50 (35) / / Il testo è un’unità linguistica di natura diversa rispetto alla frase, è un intrecciarsi di significati espliciti e impliciti; / / e la sua coerenza Topic non può essere definita come cumulo di proprietà linguistiche (cf. ad esempio Conte 1999)./ / La coerenza di un testo Topic è data da una interazione complessa di fattori linguistici, contestuali, cognitivi, culturali ecc.; / / e in realtà, più che una proprietà a parte obiecti, [ø = la coerenza di un testo Topic ] è una proprietà a parte subiecti: un presupposto col quale il lettore si avvicina al testo e che vale nel contempo come principio di guida interpretativa. (Lisulb_Sag_Ling) 5.1.3 A questo punto, per rendersi conto della frequenza con cui avviene la «topicalizzazione» dell’agente di una frase passiva nel testo successivo, è utile integrare il nostro discorso con alcuni dati quantitativi. Lo spoglio di 100 passivi agentivi ci indica che la ripresa successiva sotto forma di topic dell’agente della frase passiva è abbastanza marginale. Più precisamente, si verifica il dato seguente: su 67 occorrenze di CP agentivi che si collocano alla fine del nucleo informativo dell’enunciato, ve ne sono 50 (ovvero il 75 % dei casi) che non sono affatto ripresi nel testo successivo 18 ; il Grafico 2 integra ulteriormente questo dato. Da questo Grafico si ricava in particolare che, quando avviene, la ripresa sotto forma di topic del referente convocato dal CP agentivo si attua in primis nell’ambito dello stesso enunciato (cf. del resto l’esempio proposto dalla stessa Bazzanella 1991a: 378 (32)). Si tratta dunque di una ripresa «locale», in quanto avviene in uno spazio testuale circoscritto, che non supera generalmente il confine di enunciato. 18 Risultati analoghi, ma ancora più polarizzati, si trovano in Cresti 1999: 168: secondo i suoi dati la funzione di coesione a destra del complemento di agente si verifica solo nel 2 % dei testi di saggistica, 1 % dei testi di narrativa e in nessun caso nel suo corpus di testi orali. Grafico 2: L’agente di una frase passiva nella prosecuzione del testo (su 67 occ.) Ripresa in enunciato seguente (6 occ.), 9% Ripresa in unità informativa seguente (11 occ.), 16% Assenza di ripresa (50 occ.), 75% Questi dati indicano dunque globalmente che non si può considerare il movimento di messa a topic del referente evocato dall’agente come tipico dell’espressione del CP agentivo alla fine del nucleo informativo dell’enunciato. La sua messa a topic nel testo successivo è in realtà solo un corollario della struttura sintattica proiettata dall’intera frase passiva. Più precisamente, se vi sono casi di ripresa, sotto forma di topic, del referente convocato dal CP agentivo, e quindi - come osser- Le funzioni del passivo agentivo 51 va Carla Bazzanella - se l’agente permette di creare coesione con il testo successivo, ciò non dipende tanto dal fatto che l’agente sia demosso quanto dalla posizione che il referente di tale sintagma occupa all’interno della costruzione passiva e all’interno dell’enunciato: collocato alla fine del primo piano informativo (cf. §4.1.), il referente del CP agentivo si presenta come un buon (perché più semplice) candidato alla ripresa successiva con funzione di topic. E ciò, come è noto, in modo del tutto identico alla ripresa e messa a topic, in un enunciato seguente o solo in una unità informativa successiva, di un costituente che chiude una costruzione con diatesi attiva del verbo (sintagma nominale che funge da oggetto; sintagma preposizionale con il ruolo di complemento oggetto indiretto ecc.); per un esempio, si veda la progressione topicale degli enunciati 3 e 4 del brano (36), in cui l’oggetto l’interattività della frase canonica (SVO) con diatesi attiva gli utenti di Internet preferiscono generalmente l’interattività diventa appunto il topic dell’enunciato seguente (come sappiamo, la ripresa può essere effettuata anche mediante forme linguistiche più esili: pronome o soggetto sottinteso): (36) A distanza di pochi mesi la previsione di Wired si è però dimostrata sbagliata o comunque molto avventata. Per almeno due buone ragioni: / / innanzitutto gli utenti di Internet, a differenza del pubblico televisivo, preferiscono generalmente l’interattività./ / Enunciato 3 L’interattività Topic , sembra infatti essere la modalità ineliminabile degli internauti per partecipare alla vita della rete: / / Enunciato 4 posta elettronica, newsgroup, servizi chat e molte ricerche di informazioni richiederanno sempre una modalità interattiva. (Lisulb_Gio_Corr; corsivo nostro). Detto questo, dobbiamo ritornare sulla domanda posta nel titolo del §3.2. e chiederci di nuovo quali sono i motivi per cui esiste una struttura sintattica come il passivo agentivo. 6. Le ragioni del passivo agentivo 6.1 Perché l’agente viene espresso? Alla luce degli esempi di struttura passiva visti finora, come di quelli contenuti nel nostro corpus, ci sembra di poter dire che ciò che motiva l’espressione dell’agente non si spiega in termini di salienza pragmatico-testuale ma di salienza semanticodenotativa: l’agente individua infatti un referente denotativamente importante nella descrizione dello stato di cose evocato. Lo mostra ancora una volta l’esempio supplementare dato al punto (37), nel quale non vi è nessuna ripresa del referente convocato dall’agente (dalle forze dell’ordine e dai volontari) nel testo successivo. Questa spiegazione è in linea con il fatto che negli esempi come (37), il CP agentivo non è dotato di una salienza informativa particolarmente marcata, cioè non porta da solo il fuoco di frase: in (37) il contesto precedente l’enunciato che codifica la frase passiva porterebbe a interpretare come focale (almeno) il predi- Anna-Maria De Cesare 52 cato verbale e gli argomenti ad esso associati, cioè è tenuta giorno e notte sotto controllo dalle forze dell’ordine e dai volontari. (37) L’annuncio ufficiale della scoperta è stato dato nei giorni scorsi. A luglio dovrebbero cominciare gli scavi preliminari. Mancano ancora il benestare della Sovrintendenza archeologica e soprattutto i finanziamenti. Sembra però che ci sia qualche sponsor disposto ad accollarsi la spesa di 20 milioni per le due settimane di scavo./ / Intanto la zona è tenuta giorno e notte sotto controllo dalle forze dell’ordine e dai volontari./ / Ma Cornate riserva anche altre importanti sorprese archeologiche. La scorsa settimana, infatti, il professor Brogiolo ha svelato interessanti novità sulla chiesa della Madonna della Rocchetta, un monasterium fatto costruire secondo la tradizione nel 1389. Lo studioso ha trovato in realtà materiale e ceramiche del V-VI secolo: il nucleo originario potrebbe risalire perciò all’epoca tardo-antica. [fine testo] (Lisulb_Corr). Ora, va da sé che la salienza semantico-denotativa associata all’agente non si spiega con un unico fattore: piuttosto, essa è motivata da criteri diversi, che variano da occorrenza a occorrenza. La salienza denotativa associata all’agente può per esempio essere legata al fatto che il CP agentivo introduce nel testo un nuovo referente. In un testo i cui enunciati codificano (o tendono a codificare) delle costruzioni passive prive di agente (perché la sua referenza è ovvia oppure perché esso è già stato menzionato prima), l’espressione del CP agentivo può avere la funzione di introdurre una variatio di agente; è così nel brano (38), nel quale abbiamo evidenziato la comparsa delle forme passive con il corsivo (si noti che sono tutti passivi che presentano il soggetto in posizione postverbale), in cui nei primi enunciati del capoverso l’agente è sottinteso e coincide con gli autori del testo, mentre nel terzultimo enunciato l’agente è espresso e viene a corrispondere con il nuovo referente i genitori: (38) / / Per la valutazione della postura linguo-labiale in ogni singolo paziente erano considerati il tono muscolare delle labbra (ipotonia, ipertonia), l’atteggiamento posturale (procheilia, retrocheilia) ed il contatto labiale (labbra combacianti o non combacianti)./ / Nella postura linguale erano considerati il tono della lingua ed il suo atteggiamento./ / La lingua assume una postura corretta quando si appoggia sulle rughe palatine, favorendo la respirazione nasale./ / Veniva valutata la deglutizione, definita atipica in caso di postura scorretta della lingua durante l’atto deglutitorio, cioè la lingua non si pone sulle rughe palatine, bensì contro gli incisivi superiori, contro gli incisivi inferiori o si interpone tra le arcate dentarie./ / Al termine della I e della II valutazione veniva compilato dai genitori un questionario formulato dalla terapista./ / Il questionario conteneva 12 domande riguardanti la respirazione diurna e notturna. Tale questionario rappresentava in alcune domande una ripetizione di quello compilato presso l’ambulatorio del sonno, ma aveva il significato di verificare la validità di ciascuno dei dati. (M. P. Villa et al., Italian Journal of Pediatrics, 2001, 27, p. 231) Il referente convocato dall’agente può essere denotativamente importante anche perché coincide con un elemento saliente all’interno di un passo descrittivo. Nel testo che segue, per esempio, il referente evocato dal CP agentivo, vale a dire i metalli accumulati in una fonderia databile intorno al V o VI secolo, rappresenta un Le funzioni del passivo agentivo 53 indizio cruciale nell’indagine condotta da Mario Parma, alla ricerca di prove che la cittadina Cornate D’Adda celi resti di un passato glorioso; del resto un sintomo della centralità del referente convocato dall’agente è il fatto che esso viene ripreso nel testo successivo (nel capoverso che segue). (39) CORNATE D’ADDA - Da solo ha scoperto un insediamento romano del VI secolo dopo Cristo. Ezio Parma, caparbio imprenditore innamorato della sua Cornate, era convinto da anni che la sua terra celasse reperti di un passato antico e glorioso. Ma bisognava dimostrarlo. Lo scorso anno ha preso la grande decisione: con l’appoggio del sindaco Mario Parma è andato a bussare alle porte di archeologi e studiosi di fama e si è fatto spiegare cosa fare. La strada era una sola: servivano rilievi aerei per mostrare anomalie nel terreno, indizio probabile di reperti nascosti sotto terra. Detto, fatto: Parma ha sorvolato la zona con l’aereo di un amico pilota e i risultati non hanno tardato ad arrivare. Vicino a Villa Paradiso, una località non distante dal paese, ha individuato una grande fascia di terreno di colore rossobruno. Chiamato sul posto, il professor Francesco Brogiolo, docente di Archeologia medioevale all’università di Padova, ha confermato le speranze: la macchia è stata prodotta dai metalli accumulati in una fonderia databile intorno al V o VI secolo. Quasi sicuramente, a poche decine di centimetri dalla superficie, si celano i resti di una villa rustica tardo-romana. E il campo d’indagine, se gli scavi preliminari confermeranno le ipotesi, potrebbe farsi quanto mai interessante: è la prima volta infatti che si studiano complessi di questo tipo in Lombardia. Bisognerà scoprire da dove venivano i metalli, che strade seguissero, a chi fossero venduti. (Lisulb_Corr). 6.2 Perché l’agente viene espresso in posizione finale? Come abbiamo visto in precedenza, la posizione finale dell’agente nella struttura passiva non si spiega tanto in termini di focalizzazione di questo costituente (anche se esso fa parte del comment/ rema della struttura: ma per noi, comment e focus sono due concetti diversi). La ragione per cui tale costituente occupa una posizione finale nel costrutto è piuttosto da ascrivere a una combinazione di due altri fattori. Innanzitutto un fattore prettamente sintattico: il costituente con il ruolo di agente, demosso nella struttura frasale di base, viene ad occupare una posizione sintatticamente libera, che è appunto quella finale. Questo spostamento dipende a sua volta da un altro fattore, di ordine semantico-informativo: alla luce di quanto abbiamo esposto nel §3.1., il referente associato all’agente viene mosso dalla prima posizione della frase, e più precisamente «detopicalizzato», perché lo spazio riservato al costituente sintattico che funge da topic deve - per i motivi di coesione testuale di cui si è detto - essere occupato da un altro elemento. Tale elemento coincide generalmente con il costituente che nella corrispondente frase attiva svolge la funzione di oggetto-paziente.A questo va tuttavia ancora aggiunto che la funzione di topic può anche non essere ascritta a nessun altro elemento sintattico. In questo caso abbiamo a che fare con strutture presentative impalcate su una frase passiva. Anna-Maria De Cesare 54 La spiegazione, appena tracciata, della posizione dell’agente nella frase passiva può essere facilmente comprovata da una minima manipolazione di esempi di frasi passive, spostando l’agente dall’ultima alla prima posizione sintattica del costrutto. Come illustra la nuova versione di (39): (39 ) . . . La strada era una sola: servivano rilievi aerei per mostrare anomalie nel terreno, indizio probabile di reperti nascosti sotto terra. Detto, fatto: Parma ha sorvolato la zona con l’aereo di un amico pilota e i risultati non hanno tardato ad arrivare. Vicino a Villa Paradiso, una località non distante dal paese, ha individuato una grande fascia di terreno di colore rossobruno. Chiamato sul posto, il professor Francesco Brogiolo, docente di Archeologia medioevale all’università di Padova, ha confermato le speranze: i metalli accumulati in una fonderia databile intorno al V o VI secolo hanno prodotto la macchia. Quasi sicuramente, a poche decine di centimetri dalla superficie, si celano i resti di una villa rustica tardo-romana. in questo caso l’agente i metalli accumulati in una fonderia databile intorno al V o VI secolo viene necessariamente a coincidere con il soggetto/ topic della struttura frasale, il che crea un testo incoerente dal punto di vista della progressione tematica perché dà per presupposto il referente di un costituente sintattico di cui ancora non si è parlato. 6.3 Il passivo agentivo. Tra sintassi, semantica e testualità Per illustrare le varie ragioni che motivano l’impiego del passivo agentivo si veda, come caso esemplare, il testo proposto al punto (40), che riproduce l’Articolo 36 della Costituzione italiana (l’Articolo fa parte della sezione che regola i Rapporti economici). Di questo testo ci interessa in particolare il secondo comma, che presenta appunto un passivo agentivo: (40) Articolo 36 Il lavoratore Topic ha diritto ad una retribuzione proporzionata alla quantità e qualità del suo lavoro e in ogni caso sufficiente ad assicurare a sé e alla famiglia un’esistenza libera e dignitosa. La durata massima della giornata lavorativa Topic è stabilita dalla legge. Il lavoratore Topic ha diritto al riposo settimanale e a ferie annuali retribuite, e non può rinunziarvi. (Lisulb_Iur_Cost_It; corsivo mio) Ora, se l’espressione dell’agente dalla legge si spiega facilmente con il fatto che tale sintagma codifica un elemento denotativamente importante nello stato di cose che si sta evocando (si noti che in questo esempio la sua cancellazione non sembra neanche possibile), l’espressione dell’agente in posizione finale di frase si spiega in modo più sottile, alla luce di un confronto con la versione manipolata data al punto (41); si tratta di una versione del tutto accettabile e di primo acchito interscambiabile con (40), nella quale il secondo comma presenta il referente la legge come soggetto/ Topic di una frase con diatesi attiva: Le funzioni del passivo agentivo 55 (41) Articolo 36 Il lavoratore Topic ha diritto ad una retribuzione proporzionata alla quantità e qualità del suo lavoro e in ogni caso sufficiente ad assicurare a sé e alla famiglia un’esistenza libera e dignitosa. La legge Topic stabilisce la durata massima della giornata lavorativa. Il lavoratore Topic ha diritto al riposo settimanale e a ferie annuali retribuite, e non può rinunziarvi. Tra (40) e (41) c’è tuttavia una differenza importante: il testo del punto (41) non presenta la forte coesione che si innesca a partire dalla continuità topicale (la Topic continuity nei termini di Givòn 1983) delle tre parti dell’Articolo originale: è solo nella versione con il passivo agentivo, quando cioè l’agente si sposta in posizione finale di frase (è demosso), che il testo presenta una connessione dei temi, legati al referente lavoratore. Ancora una volta, quindi, il movimento di messa a topic di un costituente diverso dall’agente è sfruttato a livello testuale per strutturare il discorso. Tale sfruttamento testuale è del resto tipico dei testi formali (legislativi, tecnico-scientifici), che tendono a mantenere ferma l’attenzione su uno stesso argomento, cioè a non presentare salti tematici. 7. Osservazioni conclusive I dati presentati in questo lavoro permettono innanzitutto di confermare e di spiegare in modo più approfondito il fatto che, come è stato rilevato da vari autori, l’agente sintatticamente realizzato di una frase passiva è dotato di una certa salienza. Tale salienza si spiega soprattutto a livello semantico-denotativo: l’agente di una frase passiva è un referente denotativamente importante, che si sceglie di esprimere. Dall’analisi presentata in questo lavoro emerge anche il dato significativo seguente: a differenza di ciò che si è detto, e che di primo acchito si potrebbe pensare, la salienza pragmatico-informativa associata all’agente di una frase passiva è contenuta, in quanto il CP agentivo non ricopre generalmente da solo la funzione di fuoco dell’enunciato o non la ricopre affatto (l’agente, come abbiamo visto, può anche presentarsi come informazione di sfondo). La salienza del referente evocato dal CP agentivo può dirsi contenuta anche a livello di costruzione del testo, e più precisamente a livello della sua organizzazione topicale. Dai nostri dati risulta infatti che la ripresa dell’agente sotto forma di topic è relativamente poco frequente: essa si verifica in 25 % dei casi. Inoltre, quando vi è ripresa, essa si verifica generalmente all’interno dello stesso enunciato che codifica la frase passiva (in un’unità informativa secondaria). Da tutto questo risulta dunque che l’agente di una frase passiva introduce nel discorso, in particolare nel capoverso in cui viene evocato, un referente testuale secondario. Il mantenimento a brevissimo raggio del referente evocato dall’agente si verifica peraltro anche quando esso viene ripreso in un enunciato successivo (cf. l’esempio (34), in cui il referente Ian Gillian dei Deep Purple viene evocato sotto forma di Anna-Maria De Cesare 56 CP agentivo, promosso a topic dell’enunciato seguente ma subito dopo abbandonato). La contenuta salienza testuale del referente convocato dall’agente di una frase passiva potrebbe spiegarsi con il fatto che il CP agentivo è associato a una salienza pragmatico-informativa anch’essa contenuta. Abbiamo visto, infatti, che nel passivo agentivo l’agente non viene generalmente associato a un fuoco «forte», ovvero a un fuoco ristretto al solo CP, ma che il fuoco di tale struttura sintattica include spesso (almeno) anche il verbo della frase. La salienza informativotestuale debole associata all’agente della frase passiva si distingue quindi nettamente dalla salienza che caratterizza il costituente «scisso» di varie strutture sintatticamente marcate, quali la frase scissa (per cui si veda Roggia 2006), la frase pseudoscissa (De Cesare 2005) e la frase presentativa (De Cesare 2006 e 2007). Dagli studi citati emerge in modo chiaro che tali strutture sintattiche si contraddistinguono per il fatto che, a livello informativo, creano (quasi) sempre un fuoco ristretto sul costituente scisso, e che a livello testuale, il referente evocato da questo costituente è importante, in quanto viene ripreso nel discorso successivo non tanto in una unità informativa che segue la codificazione di tali strutture quanto in uno o più enunciati seguenti, che possono anche appartenere a capoversi diversi. A livello teorico, l’ipotesi è dunque la seguente: esiste una correlazione forte tra il grado di salienza con il quale si presenta un dato costituente linguistico (la sua «salienza formale») e la sua salienza nel discorso (la sua «salienza informativotestuale»). Il secondo tipo di salienza può essere misurato, come abbiamo fatto in questo lavoro, a livello della organizzazione topicale del testo, in base alla continuità che un dato referente presenta all’interno del contenuto del discorso: un referente poco marcato a livello del sistema lingua (= fuoco debole, non marcato), quale è l’agente di un passivo agentivo, non vincola in modo particolare il testo successivo; viceversa, un fuoco molto marcato a livello del sistema lingua (= fuoco forte), quale si presenta il costituente «scisso» delle frasi marcate menzionate, vincola fortemente il testo successivo: come abbiamo avuto modo di verificare in vari studi precedenti, il referente evocato da un sintagma fortemente messo in rilievo tenderà a diventare un referente importante, che resta cioè attivo in un’ampia porzione di testo. Ritornando alla frase passiva, secondo Sansò 2003: 103 è il soggetto di tale struttura (soprattutto quando esso veicola un’informazione cognitivamente nuova) che vincola il discorso successivo 19 , cioè che mantiene la sua referenza nel testo. Sansò 19 Secondo Sansò, neanche la frase passiva che presenta il soggetto in posizione postverbale è usata per introdurre un nuovo Topic. La frase passiva VS svolgerebbe dunque una funzione prettamente eventiva. Questo dato, che va però ancora verificato, sarebbe molto significativo in quanto la frase VS con diatesi attiva può svolgere una funzione sia eventiva (Cosa è successo? È arrivata una lettera anonima) sia presentativa (Che cosa è arrivato? È arrivata una lettera anonima, con fuoco unicamente sul soggetto posposto). Le funzioni del passivo agentivo 57 illustra questa osservazione con l’esempio (42), che riproduce l’incipit di un articolo di giornale, in cui il soggetto della frase passiva una donna e il suo convivente di molti anni più giovane viene ripreso sotto forma di topic nei due enunciati che seguono: (42) Poco più di tre anni fa, a fine settembre, Macomer salì involontariamente alla ribalta per una vicenda di pedofilia e filmini a luci rosse che di recente ha avuto una prima definizione in tribunale. Una donna, quarantenne, e il suo convivente di molti anni più giovane, furono arrestati nel 1996 con l’accusa di atti sessuali nei confronti di minori. I due Topic , che si proclamarono sempre innocenti, rimasero in carcere per circa un anno, poi [ø = i due] Topic furono rimessi in libertà in attesa del processo. [ø = i due] Topic Rientrarono a Macomer dove vivono ancora insieme. (La Repubblica, 11. 12. 1999, in Sansò 2003: 103) Questo punto rimane comunque ancora da verificare e approfondire. Come rimane da approfondire il ruolo che gioca la frase passiva nell’organizzazione logicoargomentativa del testo: Sansò 2003 suggerisce ad esempio che, a differenza della frase passiva con soggetto postverbale, la frase passiva con ordine delle parole SVO ed espressione dell’agente serva a veicolare movimenti testuali nucleari, ovvero dominanti nell’architettura logica del testo; da approfondire rimane inoltre anche la correlazione che esiste tra l’impiego di una frase passiva e la sua comparsa in particolari tipologie testuali: certi autori, tra i quali Cresti 1999: 170, osservano che la costruzione passiva (con o senza espressione dell’agente) ricorre in parti narrative piuttosto che in brani descrittivi del testo. Losanna e Basilea Anna-Maria De Cesare Bibliografia Andorno, C. 2003: Linguistica testuale. 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Selon Thomason/ Kaufmann 1988: 50, les emprunts lexicaux peuvent être distingués des emprunts structurels, le lexique et la structure morphosyntaxique étant affectés différemment en fonction du type de contact linguistique. En ce qui concerne les emprunts lexicaux, il va sans dire que le romanche a adopté beaucoup de mots allemands, et ce dans pratiquement tous les domaines du lexique. L’exemple 1, tiré du corpus analysé dans cette contribution (cf. p. 61 ci-dessous pour de plus amples détails au sujet de ce corpus), illustre à quel point il est usuel et facile pour un locuteur d’intégrer du matériau lexical allemand dans des énoncés en romanche: (1) e lu ei quella tscharva halt vegnida in tec verruckta (sursilvan) et puis est ce cerf tout simplement venu un peu fâché Les dialectes du romanche sont également affectés par des influences considérées parfois comme plus fondamentales, parce qu’elles agissent sur la structure syntaxique de la langue. Un exemple souvent cité est celui de l’adjectif épithète qui, depuis un certain temps, peut précéder le substantif, comme en allemand (Carigiet 2000: 239). Toutefois, comme l’a fait remarquer Weinreich en 1953 déjà, le contact linguistique n’induit pas uniquement le transfert de formes et de structures, mais également celui de contenus sémantiques (cf. Weinreich 8 1974: 48). Selon Muysken 2006: 161, les mécanismes de contact dans le domaine de la sémantique lexicale 1 Je remercie Franziska Heyna, Didier Maillat et Amelia Lambelet pour leurs précieuses remarques concernant des versions antérieures de cet article. 2 Ce n’est pas le lieu ici de décrire la situation plutôt précaire du romanche en Suisse aujourd’hui. Vox Romanica 66 (2007): 60-71 Caractéristique A de la langue 1 correspond (ressemble, est identique) à caractéristique B de la langue 2 emprunt développement/ amplification (par la langue source) convergence non (exclusivement) motivée par une langue source, Sprachbund Contact de langues et conceptualisations spatiales restent pourtant largement inexplorés. Nous allons discuter un tel cas d’emprunt sémantique au chapitre 2. Malgré ce qui vient d’être dit, il importe, dans l’observation des éventuels transferts d’une langue d’adstrat à une langue-cible, de ne pas invoquer a priori le contact linguistique comme la seule cause diachronique d’une ressemblance observable en synchronie. Dans la figure 1, nous essayons donc de distinguer, de façon très schématique, différents types et différents degrés d’impact de la part d’une langue-source. La langue-cible peut développer des caractéristiques déjà présentes dans la langue-source, même si cette présence est discrète, voire ignorée par les linguistes s’intéressant à une typologie synchronique. Il existe aussi des cas du type «Sprachbund» (Trubetzkoy 1930), c’est-à-dire des cas de coexistence durable de plusieurs langues avec des affiliations génétiques bien distinctes sur un même territoire. Dans de tels cas, il s’avère souvent difficile d’identifier les donneurs et les récepteurs linguistiques, bien que l’on observe de nombreuses convergences. Dans cet article, nous nous intéresserons aux phénomènes de cette nature dans le cadre du contact entre les dialectes romanches et l’allemand, et ce, en particulier, dans le domaine de la conceptualisation spatiale. Nos données ont été collectées au moyen de deux instruments bien connus dans la recherche linguistique consacrée à l’expression de la spacialité: pour éliciter des expressions qui désignent des objets animés situés dans un espace déterminé, les informateurs ont été priés de raconter une histoire à base d’images («frog story», Mayer 1969). De même, pour éliciter des expressions de nature statique, nous avons utilisé une série de 71 dessins contenant chacune un objet cible et un ou plusieurs repères dans différentes configurations spatiales (pour de plus amples détails, cf. Berthele 2004 61 A n’est pas «génétiquement» présent en langue 1 A est «génétiquement» présent a langue 1 A et B apparaissent en langue 1 et 2 TRANSFERT Fig. 1: Taxinomie des ressemblances linguistiques entre langue-source et langue-cible Raphael Berthele 62 et 2006). La fig. 2 contient plusieurs exemples de cette série de dessins (cf. Bowerman 1996) qui permettent de faire le tour des principales catégories spatiales exprimées dans les langues du monde. Le tableau n° 1 indique le nombre d’informateurs par variété linguistique. Tableau n° 1: nombre d’informateurs par langue sigle static topological relations frog story romanche surmiran 7 10 romanche sursilvan ROM 8 10 romanche vallader 4 10 italien IT 6 - français FR 13 16 allemand standard DE 5 19 Muotathal suisse alémanique MU 6 26 2. Les trois principales prépositions spatiales Dans un premier temps, nous avons comparé les trois prépositions spatiales les plus utilisées dans les réponses «statiques». Dans toutes les langues de notre corpus, il y a trois prépositions (FR: dans/ à/ sur) qui couvrent environ trois quarts de toutes les configurations statiques représentées dans les 71 dessins. La figure 2 montre une partie de l’espace sémantique qui est couvert par ces trois prépositions. Comme nous allons le voir, la répartition entre à et sur est particulièrement intéressante. Les configurations qui ont été majoritairement décrites au moyen d’une même préposition sont encerclées. Les lignes pointillées représentent les réponses françaises et italiennes; l’espace entouré par des lignes pleines représente les catégories qui correspondent aux réponses allemandes 3 et romanches. La fig. 2 montre clairement que les trois langues romanes ne présentent pas la même distribution des prépositions spatiales. Alors que le français et l’italien partagent la même catégorisation avec deux paires de prépositions (à/ a et sur/ su) - apparentées aux niveaux étymologique et sémantique - le romanche se rapproche de l’allemand. Il est vrai que la préposition vid 4 est issue de différentes racines la- 3 Dans la distribution de ces prépositions, il n’y a pas de différences entre les dialectes alémaniques et l’allemand standard. 4 Variantes: vida, vi da, ved. Contact de langues et conceptualisations spatiales tines (vi lat. viam; da lat. [de + ad] ou [de + ab]); son matériau lexical n’est donc pas rattaché à l’allemand. Mais le sémantisme de cette unité lexicale semble avoir été modifiée de telle sorte qu’elle correspond actuellement à la catégorie spatiale couverte par la préposition allemande an. La fig. 2 représente toutefois une image simplifiée, car nous avons rencontré une certaine variation dans le choix des prépositions. Par exemple, bien que la préposition sur soit dominante dans les descriptions françaises du dessin montrant les insectes sur un mur (cf. l’exemple 2 ci-dessous), nous avons également recueilli des réponses avec à, surtout en combinaison avec un participe passé (exemple 3). De même, comme le montrent les exemples 4 et 5 du surmiran, la variation dans le choix des prépositions existe aussi du côté romanche. (2) il y a de la vermine se promenant sur un mur (3) des insectes sont accrochés au mur (4) igls animals èn ve digl meir (surmiran) les animaux sont au mur (5) las filunzas en sen la parè (surmiran) les araignées sont sur le mur 63 Fig. 2: Extrait de l’espace sémantique attribué aux prépositions sur et à pour l’allemand standard (DE) et le dialecte alémanique de Muotathal (MU), le français (FR), l’italien (IT) et le romanche (ROM; vallader, surmiran et sursilvan confondus) Raphael Berthele 64 Du fait de ces variations, nous avons dû procéder à une analyse multidimensionnelle (multidimensional scaling, MDS, cf. Kruskal/ Wish 1991) pour pouvoir déterminer le degré de concordance effectif entre les différentes langues de notre échantillon, ce qui signifie que chaque préposition a été traitée comme une variable à 71 cas, correspondant aux 71 dessins. Pour chaque cas, chacune des prépositions s’est vu attribuer la valeur entre 0 (jamais utilisée pour ce dessin) et 1 (systématiquement utilisée). À partir des 12 variables (3 par langue), l’analyse multidimensionnelle calcule la distance entre les variables dans un espace bidimensionnel. Les représentations graphiques basées sur les distances MDS permettent ainsi de découvrir des structures qui ne sont pas forcément perceptibles lorsqu’on regarde simplement la valeur des variables. Ce que montre la fig. 3 n’est guère surprenant: il y a trois «clusters» différents qui correspondent plus ou moins aux trois prépositions. Dans le cas de la préposition qui représente la catégorie dans, il n’y a pas de différence significative entre les trois langues. Dans le cas du français/ italien à/ a et l’allemand an, il apparaît de nouveau que la préposition allemande est utilisée dans des contextes légèrement différents de à/ a. Ce qui est intéressant, c’est que le point pour vid se rapproche de an, ce qui confirme notre hypothèse selon laquelle cette préposition représente un emprunt sémantique à l’allemand, emprunt qui a supplanté la préposition «romane» a dans les parlers du romanche. Cette introduction de la catégorie Derived Stimulus Configuration Euclidean distance model Dimension 1 Dimension 2 Fig. 3: Analyse multidimensionnelle des trois prépositions les plus fréquentes Contact de langues et conceptualisations spatiales vid/ an en romanche ne reste pas sans effet sur la catégorie qui correspond à sur/ su en français et italien. Malgré l’existence d’une préposition apparentée à su en romanche, celle-ci est également plus proche de l’allemand auf, comme le montre aussi son usage plus restreint (tableau n° 2). Tableau n° 2: sémantique des prépositions spatiales sin, vid, sur, à, auf, an support horizontal la tasse est sur la table la tazza sta sülla maisa die Tasse steht auf dem Tisch support vertical, avec activité les insectes sont sur le mur ils insects sun vi da la paraid du repéré/ du repère (sursilvan) die Insekten sind an derWand support vertical, avec le tableau est sur le mur il purtret picha vi da la adhérence et support du paraid (vallader) repère das Bild hängt an der Wand support vertical avec fixation la lampe est au plafond la glüm picha vi dal plafuond (vallader) die Lampe hängt an der Decke Le tableau n° 2 essaie de délimiter les nuances sémantiques qui correspondent aux différents choix des prépositions dans les langues de notre échantillon. Il y a des cas clairs, prototypiques, de support horizontal, où toutes les langues sont d’accord sur le choix d’une préposition de type sur/ auf. Il y a aussi, à l’autre bout de l’échelle graduée, une situation prototypique qui est couverte par l’autre préposition, de type à/ an. Entre ces deux types de situation, nous trouvons un champ plus ou moins gradué en ce qui concerne le degré de support de la part du repère, son orientation, etc. Tandis que l’allemand et le romanche possèdent une grande catégorie an/ vid qui recouvre la plupart des situations intermédiaires, les langues romanes semblent étendre l’usage de sur/ su - bien sûr pas de façon systématique, comme on vient de le constater. Il n’est pas possible de discuter ces nuances en détail ici 5 , mais les quelques indications présentées ont permis d’illustrer assez clairement un exemple de convergence entre les catégories spatiales fondamentales observables dans les dialectes du romanche et celles de l’allemand. Il s’agit ici d’une convergence assez discrète qui n’est pas visible à la surface de l’usage linguistique, étant donné que la préposition du romanche - du point de vue de son étymologie et de sa forme morphophonologique - a un air parfaitement latin. 65 5 Pour une comparaison détaillée du français et de l’allemand cf. Becker 1994. Raphael Berthele 66 3. Verbes de déplacement Nous avons choisi ci-dessus le domaine des expressions spatiales parce que, selon un avis répandu, les langues romanes et les langues germaniques expriment de manière très différente les concepts spatiaux (Tesnière 1969, Malblanc 1968, Talmy 2000, Slobin 1996). Les principes de lexicalisation sont particulièrement différents dans le domaine de ce que Tesnière 1969: 308s. appelle déplacement (vs. mouvement) et ce que Talmy 2000 appelle path. Les langues dites «satellite-framed», par exemple, ont tendance à exprimer le déplacement au moyen d’une particule (adverbe, préfixe) en position sœur du verbe (ex. all. hinein-gehen, rausschlüpfen), tandis que les langues dites «verb-framed» ont tendance à exprimer le déplacement par le verbe (fr. sortir, entrer, monter, descendre). Puisque les langues dites «satellite-framed» n’occupent pas la position du verbe pour l’expression du déplacement, elles ont tendance à exprimer par le verbe ce que Tesnière 1969: 308 appelle le mouvement («manner of motion» chez Talmy 2000). Ainsi, la catégorie des verbes de mouvement comprend, très globalement, tous les verbes qui spécifient la manière dont le déplacement s’effectue (courir, marcher, voler, etc.). Malheureusement, nous ne pourrons pas élaborer davantage ici cette typologie des verbes du mouvement 6 . Il est toutefois intéressant d’observer de quelle manière une langue romane, c’est-à-dire une langue qualifiée de «génétiquement verb-framed» par Talmy 2000: 213, se comporte dans une situation de contact avec l’allemand. Nous avons donc catégorisé tous les verbes évoquant une situation dynamique en fonction de leur contenu sémantique. Avant de procéder à une évaluation statistique de l’emploi des verbes de mouvement/ déplacement, trois exemples devraient permettre d’illustrer la différence entre ces deux types de verbes: (6) e tut ils aviuls ein vegni ora (sursilvan) et toutes les abeilles sont venues dehors (7) und d bieli sind usse cho (alémanique, Muotathal) et les abeilles sont dehors venues (8) et les abeilles sortent du nid Ces exemples correspondent tous à un même dessin du questionnaire: un chien a fait tomber un guêpier (habituellement appelé nid d’abeilles par les informateurs) et les guêpes, furieuses, sortent du nid. Les trois exemples confirment la distinction typologique que l’on vient d’esquisser brièvement: tandis que le français exprime le path, donc le déplacement, par le verbe (sortir), l’allemand se sert d’un adverbe (MU: usse; DE: hin/ her-aus ou raus). Ainsi, l’allemand est en mesure d’utiliser le verbe pour exprimer d’autres concepts, en l’occurrence un aspect déictique du déplacement. Le romanche suit ici l’exemple de l’allemand. Il reste à déterminer s’il s’agit là d’une exception ou d’une tendance générale. 6 Pour une discussion plus détaillée, cf. Slobin 1996, Talmy 2000, Berthele (2004, 2006). Contact de langues et conceptualisations spatiales La figure 4 illustre une analyse quantitative de l’usage des verbes de déplacement (dans le sens de Tesnière 1969: 308s., ce qui correspond aux «path-verbs» de Talmy). La somme des parties hachurées des colonnes représente la proportion des verbes de déplacement. Les différentes hachures représentent les différents types de déplacements selon Wälchli 2001 7 . La figure 4 montre clairement que les locuteurs francophones utilisent en effet un nombre beaucoup plus important de verbes de déplacement que les locuteurs des autres langues de notre échantillon, le dialecte du Muotathal présentant la pro- 67 7 Les 6 directions de déplacement «canoniques» sont les suivantes (F = figure ‘repéré’; G = ground ‘repère’): AD: «figure go to ground»; IN: «F go into G»; SUPER: «F go onto G»; AB: «F come from G»; EX: «F come out of G»; DE: «F come down from G». V sans déplacement non-cardinal SUPER EX DE AD AB moyenne DE MU FR ROM 1.0 0.8 0.6 0.4 0.2 0.0 Fig. 4: Verbes de déplacement (path verbs) en allemand standard (DE), alémanique du Muotathal (MU), français (FR) et romanche (ROM; vallader, surmiran et sursilvan confondus) Raphael Berthele 68 portion la plus petite de verbes de déplacement. Le romanche présente une proportion de ces verbes proche de celle de l’alémanique; de plus, même la distribution des différentes catégories y est assez semblable. Une grande partie des verbes de déplacement dans les récits en français sont du type «de» (p. ex. tomber) ou bien du type «ex» (p. ex. sortir; entrer n’est pas représenté dans l’histoire). Or, même si le verbe sortir est bien attesté dans les dictionnaires de certains dialectes du romanche, il n’est pas du tout utilisé par les locuteurs romanchophones. Seule une analyse en diachronie pourrait permettre de déterminer si les verbes du type sortir/ entrer ont été utilisés à un moment donné de l’histoire du romanche. Toutefois, selon Clau Solèr (communication personnelle), ces entrées de dictionnaires semblent plutôt correspondre à un désir de «romaniser» le romanche qu’à une réelle pratique linguistique des romanchophones. L’usage restreint (par rapport au français) des verbes de déplacement en romanche est évidemment compensé par des adverbes de déplacement et des groupes prépositionnels. C’est ainsi que nous retrouvons des constructions comme celles des exemples 6-8, parfois avec plusieurs particules exprimant des aspects de la trajectoire du repéré. (9) Aber quei ei buc pusseivel ch’ella mondi si ad ault (sursilvan) mais ceci est pas possible qu’elle aille dessus en-haut (10) El ei revius siado cheu sigl emprem rom (sursilvan) il est grimpé en-haut ici sur-la première branche (11) ed el vo sur la cresta ve (surmiran) et il va par-dessus la crête là-bas (12) ed our da la foura dal bös-ch vain oura ün püf, üna tschuetta (vallader) et dehors de l’ouverture de-l’ arbre vient dehors un hibou, une chouette Comme nous l’avons montré ailleurs (Berthele 2006: 173s.), l’accumulation des particules de déplacement (ou d’emplacement) est particulièrement caractéristique pour l’alémanique, contrairement à l’allemand standard où elle est beaucoup moins accentuée. La richesse de l’expression spatiale de l’alémanique - en particulier de l’alémanique montagnard, celui des Walser - a déjà été décrite par Zinsli 1945; elle se trouve également dans les dictionnaires de divers dialectes alémaniques; par ailleurs, elle est parfaitement caractéristique pour les dialectes francoprovençaux valaisans et valdôtains. On pourrait même se demander si l’alémanique montagnard a été influencé par son substrat roman 8 . Même s’il n’est donc pas exclu que le contact linguistique entre le romanche et les dialectes alémaniques ait joué un rôle, une fois de plus, dans la genèse de ces constructions, il est fort probable qu’il s’agisse là en même temps d’un phénomène lié à un autre facteur, à savoir l’oralité conceptionnelle qui caractérise aussi bien le romanche que les parlers alémaniques (cf. à ce sujet Koch/ Oesterreicher 1985 et la discussion au chapitre 4). Ce lien est encore plus plausible si nous considérons le fait que des 8 Je remercie Andres Kristol pour la remarque concernant les variétés du francoprovençal. Contact de langues et conceptualisations spatiales constructions comparables existent bel et bien en français régional et dans le français des enfants (parfois de manière redondante, comme dans monter en haut, descendre en bas, formes stigmatisées par l’usage normatif; cf. Dupré 1972: 1644). Ce type de constructions est pourtant complètement inexistant dans notre corpus français, bien que celui-ci contienne également des récits d’informateurs issus de couches sociales relativement basses ou peu scolarisées. Il semble donc que la tradition prescriptive du français ait réussi à inhiber ce genre de constructions avec des verbes tels que monter, descendre, entrer et sortir. Le romanche ressemble donc fortement à l’alémanique, en ce qui concerne l’usage des verbes de déplacement. En effet, la majorité des verbes utilisés pour décrire un mouvement dans l’espace sont des verbes autres que des verbes de déplacement. Nous trouvons premièrement des verbes génériques du type ir (aller), qui ne spécifient ni le déplacement ni la nature du mouvement. L’usage des verbes de mouvement dans le sens de Tesnière, c’est-à-dire des verbes qui spécifient la manière de se déplacer (p. ex. sauter, grimper, etc.) varie beaucoup dans notre corpus. Si nous comparons la fréquence moyenne de ce type de «manner verbs» avec les autres langues du corpus, il s’avère que le romanche, avec 24 %, se trouve au milieu entre l’allemand standard, très riche, avec 49 %, et le français, très pauvre, avec 18 % 9 . Et une fois de plus, il y a une certaine ressemblance entre l’alémanique du Muotathal (33 %) et le romanche. À partir de la typologie introduite par Talmy 2000, on se serait attendu à ce que l’alémanique et l’allemand standard se groupent tous les deux du côté de la «manner-saliency» (Slobin 1996), puisqu’il n’y a pas la moindre différence structurelle entre les deux en ce qui concerne leur capacité d’utiliser des satellites pour exprimer le déplacement. Or, ce n’est manifestement pas le cas. En revanche, les données recueillies pour la présente étude permettent d’observer une proximité réelle du romanche et de l’alémanique, ce qui pourrait être dû à leur longue coexistence. 4. Discussion Au chapitre 2, nous avons d’abord montré un cas évident de transfert - plus précisément un cas d’emprunt sémantique - qui nous a permis d’illustrer de quelle manière des catégories spatiales tout à fait élémentaires ont tendance à converger dans un contexte de contact linguistique intense. Dans la deuxième partie de notre recherche, focalisée sur la comparaison des verbes de déplacement et de mouvement, la situation semble plus compliquée. En effet, nous sommes obligé de nous demander si nous avons réellement affaire ici à un cas de transfert d’une certaine syntaxe verbale entre l’alémanique et le romanche - ou bien si le romanche a tout simplement préservé un modèle de syntaxe romane, ayant recours à des construc- 69 9 Cette expression minimale de la nature du mouvement n’est du reste pas compensée par des gérondifs ou d’autres structures participiales du type «en sautillant». Raphael Berthele 70 tions verbales avec des particules, ce qui correspond par ailleurs à une syntaxe également attestée à un stade antérieur à la formation du français standardisé. Une hypothèse analogue a été avancée par Mair 1984: 418: Dieses Paradoxon löst sich indessen auf, wenn man nicht auf dem germanischen Einfluss insistiert, sondern in Rechnung stellt, dass es sich bei den romanischen Partikelverben um eine bevorzugte Ausdrucksweise der gesprochenen bzw. der populären Sprache handelt, welche sich durch eine starke Tendenz zum pleonastischen und expressiven Sprechen auszeichnet. Il nous semble donc fort probable que nous avons ici affaire à un phénomène qui n’est que faiblement lié au transfert linguistique (cf. figure 1). L’alémanique et le romanche sont des langues qui - pour des raisons bien différentes - sont caractérisées par une nette dominance de l’oral. Par ailleurs, à bien des égards, le romanche se trouve dans une situation diglossique comparable à celle du suisse alémanique par rapport à l’allemand standard: ce dernier est en effet souvent préféré comme langue écrite par la communauté romanche 10 . Cette oralité intrinsèque (selon la terminologie de Koch/ Oesterreicher 1985) de l’alémanique et du romanche pourrait être responsable de la relative pauvreté de l’expression verbale dans ces deux langues: ainsi la type-token ratio (log ttr) calculée pour tous les verbes utilisés dans l’échantillon y est relativement basse (MU: 0.779, ROM: 0.759) en comparaison avec le français et l’allemand standard (FR: 0.844; DE: 0.836). Le fait que le romanche, dans le domaine des verbes de mouvement (et dans celui des particules qui entourent le verbe), ressemble au suisse allemand, serait donc au moins autant le résultat de sa faible tradition scripturaire que de son contact avec ce dernier. Bien que nos théories, méthodes, données et résultats n’aient pu être esquissées ici que de manière extrêmement superficielle, nous croyons qu’il est possible d’en tirer certaines conclusions générales dignes d’être retenues. La convergence des catégories spatiales du romanche avec celles de l’alémanique telle que nous l’avons observée ici nous apparaît comme un exemple particulièrement parlant d’un changement linguistique «en dessous de la surface», c’est-à-dire au niveau sémantique et conceptuel, qui est dû au contact persistant entre les langues. Quant à la deuxième conclusion, plus importante encore, c’est bien sûr la mise en garde contre toute explication simpliste des ressemblances entre différentes langues que l’on découvre en synchronie. Bien que le romanche subisse depuis longtemps une énorme pression de la part de l’allemand, nous ne pouvons ni ne devons exclure des causalités bien plus générales, situées profondément dans la nature de l’usage linguistique (comme c’est le cas ici de son oralité conceptionnelle), lorsqu’il s’agit d’en expliquer certaines particularités. Fribourg (Suisse) Raphaël Berthele 10 Ceci encore plus dans l’écrit que dans l’oralité, qui est déjà souvent caractérisé par des alternances codiques vers l’allemand même entre romanchophones de différentes régions (cf. Solèr 1983: 103). Contact de langues et conceptualisations spatiales 71 Bibliographie Becker, A. 1994: Lokalisierungsausdrücke im Sprachvergleich. Eine lexikalisch-semantische Analyse von Lokalisierungsausdrücken im Deutschen, Englischen, Französischen und Türkischen, Tübingen Berthele, R. 2004: «The typology of motion and posture verbs: A variationist account», in: B. Kortmann (ed.), Dialectology Meets Typology, Berlin/ New York: 93-126 Berthele, R. 2006: Ort und Weg. Eine vergleichende Untersuchung der sprachlichen Raumreferenz in Varietäten des Deutschen, Rätoromanischen und Französischen, Berlin/ New York Berthele, R. [à paraître]: «Spatial Reference in an Endangered Romance Language: The Case of Romansh», in: Proceedings of the Berkeley Linguistics Society (BLS) 2003, Berkeley Bickel, H./ Schläpfer, R. 2000: Die viersprachige Schweiz. 2., neu bearbeitete Auflage, Aarau Bowerman, M. 1996: «Learning How to Structure Space for Language: A Crosslinguistic Perspective», in: P. Bloom/ M. A. Peterson/ L. Nadel/ M. F. Garrett (ed.), Language and Space, Cambridge MA/ London GB: 385-436 Carigiet, W. 2000: «Zur Mehrsprachigkeit der Bündnerromanen», in: Bickel/ Schläpfer 2000: 235-39 Koch, P./ Oesterreicher, W. 1985: «Sprache der Nähe - Sprache der Distanz: Mündlichkeit und Schriftlichkeit im Spannungsfeld von Sprachtheorie und Sprachgeschichte», RJ 36: 15-43 Kruskal, J./ Wish, M. 1991: Multidimensional Scaling, Newbury Park/ London/ New Delhi Liver, R. 2000: «Das Bündnerromanische», in: Bickel/ Schläpfer 2000: 211-34 Malblanc, A. 1968: Stylistique comparée du français et de l’allemand, Paris Mair, W. N. 1984: «Transferenz oder autonome Bildung? Bemerkungen zum Problem der Partikelverben im Ladinischen, Friulanischen, Italienischen und Französischen», ZRPh. 100: 408-32 Mayer, M. 1969: Frog, Where Are You? New York Muysken, P. C. 2004: «Two Linguistic Systems in Contact: Grammar, Phonology, and Lexicon», in: T. K. Bhatja/ W. C. Ritchie, The Handbook of Bilingualism, Malden: 147-68 Slobin, D. I. 1996: «Two ways to travel: Verbs of motion in English and Spanish», in: S. A. Thompson/ M. Shibatani (ed.), Grammatical constructions. Their form and meaning, Oxford: 195-217 Solèr, C. 1983: Sprachgebrauch und Sprachwandel (Rätoromanen von Lumbrein), Zürich Talmy, L. 2000: Toward a cognitive semantics. Vol. 2: Typology and process in concept structuring. Cambridge MA/ London GB Tesnière, L. 1969: Éléments de syntaxe structurale. 2 e édition revue et corrigée. Nouveau tirage, Paris Thomason, S./ Kaufmann, T. 1988: Language contact, creolization and genetic linguistics, Berkeley Trubetzkoy, N. S. 1930: «Proposition 16. Über den Sprachbund», in: Actes du premier congrès international de linguistes à la Haye, Leiden: 17-18 Wälchli, B. 2001: «A typology of displacement (with special reference to Latvian)», Sprachtypologie und Universalienforschung 54/ 3: 298-323 Weinreich, U. 8 1974: Languages in contact. Findings and Problems, The Hague/ Paris Zinsli, Paul 1945: Grund und Grat. Die Bergwelt im Spiegel der schweizerdeutschen Alpenmundarten, Bern Le retour de Guillaume Les écritures de la ressemblance L’une des définitions les plus courantes de l’épopée repose sur la caractérisation des héros qu’elle promeut: personnages hyperboliques, tout d’une pièce, reflets, par là, d’une pensée plus symbolique que psychologisante, ils s’opposeraient en bloc aux personnages romanesques, auxquels on appliquerait volontiers le qualificatif lukácsien de «problématique» 1 . Trop schématique, cette définition est, on le sait, éminemment sujette à caution: pour un Achille combien d’Hectors chez Homère! Et pour un Roland dont l’orgueil démesuré cause la perte en même temps qu’il fonde sa grandeur, combien de héros de chansons de geste dont la propension à l’insubordination est pour le moins «problématique». Roland lui-même n’est pas si monolithique qu’on l’a longtemps prétendu et s’il s’agissait seulement de dire ici que les personnages épiques de la France médiévale peuvent être sujets au doute, au découragement ou à une exaltation hors de propos, nous n’avancerions rien de bien nouveau. L’effort de réhabilitation de l’art littéraire de nos vieux conteurs de geste semble toutefois loin d’être achevé et les médiévistes sont de plus en plus nombreux à voir dans les jongleurs des artistes extrêmement conscients des pouvoirs de l’écriture. Poursuivant un effort déjà mené à travers plusieurs articles 2 , on souhaiterait plaider ici pour une lecture fine de la chanson de geste qui puisse rendre compte de contradictions et de complexités passées jusqu’ici trop inaperçues dans l’attitude prêtée à certains héros médiévaux et dans l’écriture même de leurs aventures. De fait, il paraît certain que, loin de se réduire à des motifs et à des formules plus ou moins heureusement enchaînés, l’écriture épique française médiévale est travaillée dès ses origines visibles (c’est à dire dès La Chanson de Roland et La Chanson de Guillaume) par une volonté d’interroger - pour ne pas dire de remettre en question - le statut du héros chevaleresque. Souvent discrète, cette propension entre évidemment en conflit avec le cadre monologique qui constitue l’horizon d’attente de la chanson de geste, mais elle n’en est pas moins présente dans la plupart des représentants du genre, la geste de Guillaume nous semblant constituer à cet égard un exemple privilégié, tant la construction du personnage titre s’enrichit et s’éclaire à travers la variété et la succession des œuvres qui le mettent en scène. On s’est ainsi proposé, dans un article sur Le Charroi de Nîmes, de distinguer deux modes de lecture de l’épopée médiévale, selon qu’est privilégiée la personne (abstraite) de l’auditeur, c’est-à-dire du récepteur traditionnel, pris dans une collectivité, 1 Voir Lukacs 1968: 60: «En toute rigueur, le héros d’épopée n’est jamais un individu». 2 Corbellari 1998, 2001, 2002, 2004, 2007. Vox Romanica 66 (2007): 72-82 Le retour de Guillaume sensible aux invariants et à l’idéologie générale du genre épique, ou celle du lecteur, récepteur individuel, qui considère au contraire en et pour elle-même chacune des versions qu’il lit ou entend, et se trouve, par là même, particulièrement sensible aux détails et aux finesses de la narration 3 . On aura compris que ces deux personnes de l’auditeur et du lecteur sont des entités abstraites qui ne se superposent pas nécessairement à des attitudes réelles d’audition et de lecture; la capacité mémorielle de l’homme médiéval était, on croit le savoir, considérablement supérieure à la nôtre et la simple audition n’empêchait pas un récepteur de l’époque de réagir à la manière du lecteur le plus fin que l’on puisse postuler. Inversement, on peut lire les chansons de geste en n’en percevant que l’aspect formulaire et conventionnel: c’est après tout très souvent de cette manière que les érudits de ces deux cents dernières années se sont contentés de les lire . . . Dans un tel cadre, l’étude d’un passage précis narré en deux versions différentes - par La Chanson de Guillaume et par Aliscans - peut se révéler riche d’enseignements. Les travaux étudiant les liens entre La Chanson de Guillaume et Aliscans et leur place respective dans le cycle de Guillaume ne manquent pas 4 ; aucun, cependant, ne s’est véritablement donné pour tâche d’étudier dans le détail de la lettre les différences et les ressemblances qu’entretiennent ces deux versions d’un même récit, afin de cerner les infléchissements de sens qui peuvent en résulter. Cette lacune de la critique en dit long - soit dit entre parenthèses - sur l’idée reçue qui veut que, même si l’on n’adhère pas totalement aux théories de Jean Rychner sur la composition orale des chansons de geste, l’on considère volontiers comme illusoire l’idée que les auteurs épiques auraient pu faire autre chose que de broder indépendamment, et sans grand souci de la nuance, sur des canevas traditionnels. Évidemment, la lecture ici proposée ne vise pas à prouver que l’auteur d’Aliscans a eu sous les yeux un exemplaire de La Chanson de Guillaume proche de celui que nous connaissons et qu’il l’a médité longuement dans son cabinet de travail; la distinction de l’auditeur et du lecteur tels que l’on vient de la définir nous dispense heureusement de recourir à une telle hypothèse, dont le caractère improbable est patent. L’épisode choisi ne l’a au demeurant pas été au hasard; la fameuse scène du deuxième retour de Guillaume à Orange, après sa défaite contre les Sarrasins, est, en effet, l’une des plus intéressantes et des plus complexes du cycle par le jeu qu’elle organise autour de l’identité du héros, que Guibourc refuse obstinément de reconnaître. Dans Le Charroi de Nîmes, c’était semblablement devant une porte, celle du palais sis à l’intérieur de la ville encore sarrasine dont le nom informe le titre de la chanson, qu’était remise en question l’identité héroïque de Guillaume, le déguisement de ce dernier menaçant en effet de trop bien remplir son office 5 . 73 3 Corbellari 2004: 142. 4 Voir en part. Tyssens 1967 et Wathelet-Willem 1975. 5 Corbellari 2004. Alain Corbellari 74 Or, si l’on s’obstine à lire le personnage de Guillaume selon la vision traditionnelle du héros épique, cette scène est incongrue, car on ne comprend pas pourquoi Guillaume se vexe de s’être fait tirer la barbe, alors qu’il devrait plutôt se féliciter de ce que son déguisement soit si efficace. Mais la contradiction est à la fois humoristique et structurelle: c’est précisément parce qu’il réalise que son déguisement fonctionne que Guillaume ressent une colère qui confine à la panique, car il se rend compte d’une discordance factuelle entre la facticité de son rôle épique et la réalité de son changement d’apparence. Alors que l’idéologie épique tend à réduire le réel à une pose héroïque, le narrateur de notre chanson met en place des éléments permettant de critiquer cette conception. On pourrait, à vrai dire, multiplier les exemples montrant que Guillaume est par excellence un «héros à la porte»: face aux villes à prendre (Nîmes, Orange), devant les monastères et l’huis des ermites dans le Moniage Guillaume, ainsi que, dans cette même chanson, devant la maison du preudome Bernard; enfin, de manière particulièrement emblématique, dans l’antichambre du palais de l’empereur Louis, indigne successeur de Charlemagne qui le laisse toujours attendre en vain les renforts qu’il lui promet, Guillaume est par excellence celui qui se heurte à des portes closes qu’il lui appartiendra d’ouvrir, et bien souvent de forcer. Or, ces portes sont toujours pour lui des lieux de remises en question, qui déterminent des moments d’épreuve où se joue constamment son statut de personnage héroïque. Ne pourrait-on pas même aller jusqu’à lire cette posture dans une perspective biblique, en y voyant l’image de celui qui «se tient à la porte et [qui] frappe» (Apocalypse 3,20)? Loin de nous l’idée d’affubler l’ensemble de la geste de Guillaume d’une signification symbolique chrétienne; elle ne s’y réduit assurément pas, mais en l’occurrence, cette caractérisation christique à travers le haut symbole de la porte close, symbole conjoignant paradoxalement la plus grande faiblesse et la plus grande puissance, ne paraît pas invraisemblable pour éclairer la figure du héros par qui arrive si souvent le salut de la douce France 6 . Mais revenons à notre enquête de détail. L’épisode qui nous intéresse occupe les laisses 140 à 142 (v. 2214-2328) de La Chanson de Guillaume 7 , et les laisses 46 à 49 (v. 1935-2166) d’Aliscans 8 : le second passage est plus long que le premier, certes, mais dans une proportion inférieure à celle qui caractérise l’amplification moyenne inhérente à l’ensemble de la chanson. Les 8185 vers d’Aliscans correspondent en effet à moins de deux mille vers de La Chanson de Guillaume (on sait 6 Curieusement, on a plus souvent glosé la symbolique chrétienne des contes arthuriens que celle des chansons de geste. Pourtant, s’il y avait une légitimité à nantir la littérature profane d’une senefiance biblique, elle pourrait se donner bien davantage carrière dans la «véridique» matière de France que dans la «vaine et plaisante» matière de Bretagne, pour reprendre les adjectifs fameux de Jean Bodel (Brasseur (ed.) 1989, v. 9-11). Après tout, au XX e siècle, la lecture de l’histoire de France en clé biblique n’a effrayé ni Léon Bloy, ni Charles Péguy, ni Paul Claudel. 7 Suard 1991. 8 Régnier 1990. Le retour de Guillaume que le début de cette dernière est repris, de manière d’ailleurs beaucoup moins précise, par la chanson de La Chevalerie Vivien), et on peut d’autant plus soupçonner l’auteur d’Aliscans d’avoir quelque peu négligé l’épisode du retour de Guillaume qu’il le fond de manière mal distincte dans celui de l’arrivée des prisonniers. Résumons rapidement les deux récits. Pour plus de clarté, et pour éviter d’avoir à répéter les éléments identiques, nous mettrons les épisodes en parallèle dans le tableau suivant: La Chanson Aliscans de Guillaume Ø v. 1935-1952 A Guillaume arrive en vue d’Orange. Longue plainte. v. 2214-2220 v. 1953-1987 B Guillaume arrive à la porte d’Orange, qu’il trouve fermée, et dialogue avec le portier. v. 2221-2234 v. 1988-2001 C Le portier va prévenir Guibourc. v. 2235-2248 v. 2002-2022 D Guibourc arrive et refuse de reconnaître Guillaume. v. 2249-2258 v. 2023-2025 E Plaintes de Guillaume. Ø v. 2026-2056 F Guibourc demande à Guillaume de lui montrer la bosse qu’il a sur le nez. Ø v. 2057-2059 G Guillaume ôte son heaume. v. 2259-2270 v. 2060-2076 H Guibourc demande à Guillaume d’aller délivrer des chrétiens captifs de Sarrasins qui passent sur la route. v. 2271-2302 v. 2077-2108 et I Guillaume vainc les Sarrasins et délivre les prison- 2112-2135 niers. v. 2303-2306 v. 2109-2111 J Guibourc semble convaincue et dit à Guillaume d’entrer. v. 2307-2316 Ø K Guibourc se ravise et demande à Guillaume de lui montrer la bosse qu’il a sur le nez. v. 2317-2321 Ø L Guillaume ôte son heaume. Ø v. 2136-2148 M Guibourc, prise de compassion, rappelle Guillaume. v. 2322-2328 Ø N Guibourc est convaincue et fait entrer Guillaume. Ø v. 2149-2166 O Guillaume entre dans Orange avec son butin et les captifs délivrés. Comme on le voit, les épisodes sont en gros les mêmes, mais leur agencement est sensiblement différent. Le récit d’Aliscans est, si l’on ose dire, «plus complet», ce qui n’empêche pas La Chanson de Guillaume de contenir des détails inconnus de la version ultérieure. De fait, à ne lire que la troisième colonne de notre tableau, on reconstitue un récit parfaitement fictif et partiellement contradictoire, le point de bascule se situant entre les épisodes E et F: le moment où Guibourc demande à Guillaume de voir la bosse qu’il a sur le nez infléchit en effet toute la narration, 75 Alain Corbellari 76 car la pertinence de la question est directement liée à son antériorité ou à sa postériorité par rapport à la mise en fuite des Sarrasins par le héros toujours invincible quoique fourbu. Dans La Chanson de Guillaume, le combat probatoire étant antérieur à la demande, celle-ci n’est plus qu’une formalité. Dans Aliscans en revanche, le combat apparaît comme un dérivatif bienvenu à une question dont la réponse n’a guère convaincu Guibourc. Ce passage a posé des problèmes aux exégètes; en effet, sa compréhension est subordonnée au sens d’un unique mot, la fameuse particule mar, que l’on lit au vers 2049 d’Aliscans. Reprenons toute la phrase: - Voir, dist Guiborc, tres bien oi au parler Que mar devez Guillelme resembler, Car ainc nel pot nus Turs espoenter. (v. 2048-50) Guibourc estime que les paroles (le «parler») peu belliqueuses de Guillaume sont indignes du héros qu’il est censé être; il pourrait donc sembler logique qu’elle en conclue que l’homme qu’elle a devant elle ne ressemble «décidément pas» à Guillaume. C’est la solution qu’adoptent les traducteurs de la collection Champion qui utilisent, il est vrai, une formule dont le principal mérite n’est pas la proximité avec l’original: - «Oui», répond Guibourc, «à vous entendre parler, j’ai très bien compris qu’il n’était pas possible que vous soyez Guillaume, car, à lui, aucun Turc n’a jamais fait peur» 9 . C’est également la lecture qu’admet Claude Régnier, le plus récent éditeur de notre texte, comme en témoigne la note qu’il met à cet endroit. Sentant pourtant bien que l’inférence, grammaticalement, ne va pas de soi, il argumente, en note, en glosant la valeur de mar: Mar est l’équivalent d’une négation et la [sic! ] verbe devoir a parfois un sens très affaibli (voir Ph. Ménard, Syntaxe de l’ancien français, 2 e éd., §138) 10 . Or, lorsqu’on consulte la Syntaxe de Philippe Ménard à l’endroit cité 11 , on constate que le paragraphe 138 ne concerne que le verbe devoir. L’indication de Claude Régnier apparaît donc à la fois indubitable et impertinente, ne semblant servir ici qu’à occulter une difficulté bien plus réelle, car le même ouvrage grammatical de référence précise bien (au paragraphe 410 12 ) que mar n’a valeur de négation que devant un impératif ou un futur. En ce cas, le terme insinue une nuance de menace, ce qui est tout à fait en accord avec son sémantisme propre qui, pour citer l’analyse fameuse de Bernard Cerquiglini, «exprime soit l’inopérant, soit le détrimen- 9 Guidot/ Subrenat 1993: 75. 10 Régnier 1990: 292. 11 Ménard 1994: 133-35. 12 Ménard 1994: 326. Le retour de Guillaume taire» (en l’occurrence plutôt l’inopérant), affirmation du locuteur, d’après qui «le sujet a eu tort d’associer l’une ou l’autre [des valeurs contraires, c’est-à-dire l’opérant et le non-détrimentaire], d’aborder son procès dans l’une ou l’autre de ces attentes, étant donné ce qu’il va énoncer et qui s’inscrit en faux» 13 . Au vers 2049 d’Aliscans, la valeur simplement négative, qui n’exprimerait là qu’un effet de syntaxe et non d’énonciation, n’est donc absolument pas soutenable, car la phrase ne contient ni impératif, ni futur. On est donc amené à corriger la première impression que l’on est tenté d’avoir sur le sens du vers et, partant, sur tout le passage. Mar, ici, ne saurait être un synonyme de mal 14 ; Guibourc avoue bel et bien que, à ses yeux, l’inconnu ressemble à Guillaume, mais, comme l’indique précisément mar, elle souligne le fait que cette ressemblance ne suffit pas à la convaincre, et plus précisément que le fait d’arborer une si troublante similitude «ne portera pas chance» (ne sera d’aucune utilité) à l’intrus. Joseph Bédier, dans l’adaptation théâtrale qu’il avait donnée en 1915 de quelques moments de la geste de Guillaume, sous le titre, précisément, de La Légende des Aliscamps, avait, selon tout vraisemblance, compris comme nous le passage, puisqu’en développant le motif de l’étonnement de Guibourc, la faisant insister sur la ressemblance physique, il en tirait la réplique suivante: Guibourc. Dieu! Ce sont les traits de Guillaume . . . Mais tu n’es pas Guillaume, tu es un enchanteur, - car Guillaume ne laisserait pas sous ses yeux tourmenter là, sur la route, ces chrétiens enchaînés! . . . 15 L’accusation de magie, quant à elle, pourrait bien venir des vers 1963-64 d’Aliscans, où le terme aversier peut désigner à la fois «l’ennemi» et «le démon»: Cuida qu’il fust de la gent l’averssier Qui le vousist traïr et engignier. Au demeurant, est-il nécessaire d’aller chercher, pour notre lecture, une caution aussi lointaine que celle d’un Bédier qui ne prétendait pas, dans le texte littéraire que nous évoquons, faire œuvre de philologue, mais bien plutôt de dramaturge? Une fois de plus, cependant 16 , Bédier nous montre que les deux postures de l’écrivain et du philologue se complètent chez lui plus qu’elles ne s’affrontent, car le vers 2055 d’Aliscans où Guibourc admet que «plusors homes se samblent de parler» serait incompréhensible si l’on devait retenir la lecture de Cl. Régnier. On doit donc s’interroger sur les raisons qui ont conduit à un tel contresens. Y aurait-il scandale à admettre que Guibourc refuse de reconnaître Guillaume alors qu’elle 77 13 Cerquiglini 1981: 174. 14 Même si dans certains contextes un rapprochement sémantique est possible. Voir Buridant 2000: §426/ 4. 15 Texte reproduit dans Corbellari 1997: 611. 16 Voir Corbellari 1997. Alain Corbellari 78 l’a bel et bien identifié? Mais la suite du texte est plus étonnante encore, car le moment décisif où Guillaume entend donner à Guibourc la preuve irréfutable de sa propre coïncidence avec lui-même est éludé à travers ce qu’il faut bien appeler un tour de passe-passe du narrateur: L’elme deslace, lait la ventaille aler. «Dame, dist il, or poez esgarder.» Si com Guiborc le prist a aviser, Parmi les chans voit .C. paiens aler. (v. 2058-61) Au moment précis où Guibourc va pouvoir vérifier s’il s’agit bien de Guillaume, son attention, on le voit, est appelée ailleurs. Or, une fois la bataille finie, convaincue par ce haut fait, elle ne demandera plus à voir la bosse et laissera entrer Guillaume! Non sans toutefois être visitée par une dernière angoisse; au terme d’une longue réplique où elle lui a tout d’abord rappelé, à la manière typique des amoureux passionnés, les premiers temps de leur passé commun, puis où elle lui a avoué son trouble à le voir rentrer seul, Guibourc s’écrie soudain: N’es pas Guillelmes! Tote en sui effraee. (v. 2215) À la vérité, ce cri n’est pas si inattendu qu’on pourrait le croire car, depuis une dizaine de vers, Guibourc revit l’angoisse qui l’avait prise au moment où Guillaume était encore de l’autre côté des murs de la ville: Mes d’une chose sui mout espoantee: S’eüst Guillelmes sa compaigne amenee, Bertran le conte a la chiere membree Si l’on pensait la relation de La Chanson de Guillaume avec Aliscans en termes de variantes manuscrites, on constaterait que ce développement, où sont évoqués tour à tour tous les disparus de la bataille, se retrouve bel et bien dans La Chanson de Guillaume, mais dans la bouche du héros et en un endroit légèrement différent: celui-là même où nous venons de supposer qu’aurait dû être sa place logique, à savoir dans l’épisode que nous avons appelé E, juste avant que Guibourc n’envoie Guillaume prouver à la fois son identité et sa vaillance en combattant les Sarrasins qui passent sur la grand-route: Ja repair jo de Larchamp sur mer, U ai perdu Vivïen l’alosé; Mun niefs Bertram i est enprisoné, Le fiz Bernard de Bruban la cité, E Guïelin e Guischard l’alosé. (v. 2254-59) Aliscans n’étant pas un manuscrit tardif de La Chanson de Guillaume, on résistera bien sûr à la tentation d’en corriger le texte à l’aide du témoignage de l’autre Le retour de Guillaume récit. Cependant, ce que nous ne pouvons pas prêter à un copiste nous pouvons sans doute plus légitimement l’attribuer à un remanieur 17 . Étant entendu, en raison de l’absence presque totale de reprise textuelle de la première chanson dans la seconde 18 , que l’auteur d’Aliscans n’avait sous les yeux nul manuscrit de La Chanson de Guillaume, il faut admettre chez lui un souvenir mémoriel suffisamment précis pour que les éléments soient recomposés, avec une science consommée des enchaînements et de la logique narrative 19 . Le remanieur ne ferait-il en ce cas que réintroduire in extremis un élément qu’il avait omis de placer en son lieu «naturel»? En tout état de cause, et quel que soit le mécanisme qui a pu présider à ce déplacement, il faut lire celui-ci comme entièrement assumé; l’auteur d’Aliscans a, en cet endroit, utilisé tout à fait sciemment le motif de la non-reconnaissance pour donner à la scène une profondeur supplémentaire qui entre en résonance avec le curieux «tour de passe-passe» signalé plus haut. En effet, ayant vu son attention distraite au moment où elle aurait dû se voir administrer la preuve décisive de ce que c’était bien Guillaume qu’elle avait devant elle, Guibourc ne peut, alors que le chevalier victorieux pénètre dans ses murs, qu’être rattrapée par l’angoisse résultant de la non-élucidation de l’identité physique dudit chevalier. Dans La Chanson de Guillaume, le combat est la première et la principale preuve demandée, et la vérification de la protubérance nasale ne constitue, si l’on ose dire, qu’une question subsidiaire. L’interversion des deux épreuves, et surtout l’incomplétude dans laquelle est laissée la première introduit par contre dans Aliscans une aporie qui, si l’on y regarde bien, ne sera en fait jamais comblée, la question se retrouvant sans objet une fois dépassée la situation de crise où elle s’est posée. Réintégré dans son rôle de maître d’Orange, Guillaume ne peut plus susciter aucun doute; le cri de Guibourc est donc à comprendre comme le signe d’une angoisse, d’une manière d’hallucination. Guillaume ne serait pas Guillaume si . . . Dans le 79 17 C’est l’occasion de relire ici le fameux «paradoxe sur les remanieurs» de Bédier: «La critique ne peut tenter que des reconstructions logiques des poèmes perdus, et ce n’est pas la seule logique qui crée les poèmes. Ce qu’il faudrait pouvoir reconstituer, par delà les remaniements, ce ne sont pas des romans parfaitement académiques; ce sont des romans parfaitement désordonnés que les remanieurs et les assembleurs ont fini par réduire aux formes à peu près cohérentes, à peu près régulières que nous possédons» (Bédier 1914: 343). Mais sommes-nous ici dans un cas de ce genre? On a en fait plutôt l’impression que le remanieur d’Aliscans répare comme il le peut une sorte de «bourdon narratif» assez embarrassant. À la vision téléologique d’un Bédier, qui, tout individualiste qu’il ait été, aurait peut-être eu de la peine à admettre le point de vue que nous défendons ici (ne compare-t-il pas - Bédier 1914: 335 - les chansons de geste à des «romans-feuilletons»? ), il faut donc résolument substituer une lecture qui tienne réellement compte de la subtilité de l’écriture des chansons de geste, indépendamment de la plus ou moins grande ancienneté de ces dernières. 18 La reprise de formules topiques telles que le «mar fu, jovente bele» (Chanson de Guillaume, v. 2001; Aliscans, v. 861) du planctus de Guillaume sur le corps de Vivien ne prouve évidemment pas une filiation écrite. 19 L’hypothèse traditionnelle de la source commune nous semble pour cette même raison sujette à caution, car trop tributaire d’une vision graphocentriste de la genèse des chansons de geste. Alain Corbellari 80 temps même où elle est abolie, cette angoisse reste pourtant indépassable car le combat a effacé la vision qui l’a précédé, comme si, faute d’être replacé dans la même situation, on admettait qu’un doute persistera toujours sur la question de savoir si le personnage qui s’était présenté devant Orange avant que Guibourc ne l’envoie prouver sa vaillance était bien Guillaume plutôt qu’un diable déguisé. Ce passage n’est pas unique dans la geste de Guillaume; nous avons déjà rappelé la scène du Charroi de Nîmes où le héros déguisé doit essuyer les sarcasmes des maîtres sarrasins de la ville, provoquant en Guillaume un dilemme que l’on ne peut analyser de manière complètement logique, car la colère du héros est le signe d’une réelle angoisse quant à sa propre identité: est-il encore Guillaume s’il peut si bien singer la démarche et l’allure d’un vilain 20 ? Dans Le Moniage Guillaume, la fragilité du héros est bien mise en valeur dans la scène des brigands qui occupe l’essentiel de la première partie de la chanson: envoyé chercher de la nourriture au bord de la mer, à une certaine distance du monastère qui l’a accueilli, Guillaume se voit formellement interdire l’usage de la force dans son expédition. Or, ses coreligionnaires savent pertinemment que la route est dangereuse et espèrent ainsi se débarrasser d’un novice trop remuant. Accompagné d’un serviteur, Guillaume se laisse dépouiller par les brigands qu’il a effectivement rencontré, jusqu’à ce qu’on lui demande sa ceinture, dont il avait obtenu qu’elle soit la seule pièce d’habillement dont la sauvegarde l’autorisait à se battre: in extremis, tel Antée reprenant forces au moment de toucher terre, Guillaume redevient ainsi le personnage héroïque qu’il a toujours été. Mais il tirera la leçon de sa mésaventure: constatant qu’il lui est décidément impossible de se fondre dans l’anonymat monacal, il quittera le monastère pour fonder ailleurs un ermitage, se laissant ainsi la possibilité de préserver son individualité héroïque. On a saisi le paradoxe: loin d’être un stéréotype, le statut épique s’avère ici l’exception et la garantie même de la liberté personnelle du héros 21 . Dans tous les passages que nous avons évoqués - et il y en aurait bien d’autres, dont le recensement est à peine entamé -,les narrateurs qui mettent en scène le marquis au court nez sont généralement parfaitement conscients du fait que toute posture héroïque est une construction qui fait toujours plus ou moins violence à l’être empirique du personnage qui l’endosse. Loin de figer Guillaume dans une attitude qui lui ôte tout libre-arbitre, ses exploits sont présentés non comme un donné, mais comme des possibles qu’il actualise au prix d’une victoire d’abord remportée sur luimême.Au contraire de ce qu’a toujours voulu nous faire croire une théorie courante sur l’épopée - théorie dont on peut légitimement se demander s’il existe seulement un cas d’école où elle peut être appliquée sans la moindre arrière-pensée - le héros de chanson de geste n’est jamais monolithique; certes, la posture héroïque est une tentation constante, des héros comme des narrateurs, et il est légitime d’en faire un horizon d’écriture idéal qui différencierait abstraitement l’épique du romanes- 20 Voir Corbellari 2004. 21 Voir Corbellari 2007. Le retour de Guillaume que. Mais dans les faits - ou, plus exactement, dans les textes - les fêlures, les brèches par où s’insinue le doute, et avec lui une plus grande humanité du héros, sont innombrables. La geste de Guillaume nous en offre quelques-uns des exemples médiévaux les plus frappants. Elle nous prouve que la construction du personnage épique se modèle, presque dès ses origines, sur des schémas qui sont déjà ceux de la création «romanesque» au sens moderne du terme, mais avec une composante supplémentaire qui rend ces exemples particulièrement fascinants: l’on nous montre non seulement le personnage lui-même, mais l’écriture censée rendre compte de ses actes en lutte avec un idéal irréalisable. Ces passages que les critiques du XIX e , et même d’une bonne partie du XX e siècle, jugeaient un peu rapidement illogiques, contradictoires, voire plaisamment incongrus, sont en fait le signe d’une résistance de la narration épique face à l’irrépressible besoin d’exprimer la complexité de personnages irréductibles à un schématisme les privant de toute autonomie. Il ne s’agit pas ici de faire intervenir l’idée anachronique d’une «psychologie romanesque»: le conflit de l’être et du paraître ne saurait se penser, au Moyen Âge, comme la libre cogitation d’un esprit autonome, et pas davantage comme une simple opposition de l’intérieur et de l’extérieur. On comprend dès lors que les narrateurs aient recours à la seule figure d’explication possible, signe de faiblesse pour les tenants du «tout psychologique», signe, au contraire, de force pour les partisans d’une logique non binaire: l’aporie. Par là, le texte médiéval, dont on pouvait croire, dans une vision normative et classique de l’art littéraire, qu’il avouait par sa bizarrerie et son «illogisme» qu’il n’avait pas les moyens de ses ambitions, se retrouve paradoxalement détenteur d’un savoir que les classiques ignoraient ou avaient perdu, celui de l’impossibilité de réduire la perception de l’humain à des catégories clairement délimitables et articulées. Guillaume mis face à face avec lui-même n’est en fin de compte pas très différent de nous autres lecteurs modernes qui avons appris que l’absolue présence à soi était décidément impossible. Lausanne Alain Corbellari Bibliographie Andrieux-Reix, N. (ed.) 2003: Le Moniage Guillaume. Chanson de geste du XII e siècle, éd. de la rédaction longue, Paris Bédier, J. 1914: Les Légendes épiques, t. 1, Paris Brasseur, A. (ed.) 1998: Jehan Bodel, La Chanson des Saisnes, 2 vol., Genève Buridant, C. 2000: Grammaire nouvelle de l’ancien français, Paris. Cerquiglini, B. 1981: La Parole médiévale. Discours, syntaxe, textes, Paris Corbellari, A. 1997: Joseph Bédier, écrivain et philologue, Genève Corbellari, A. 1998: «Abrègement ou mutilation? La fin de la Chanson d’Otinel dans ses deux manuscrits», PRIS-MA, XIV, 1: 1-16 Corbellari, A. 2001: «Le dehors et le dedans dans La Prise d’Orange», MA, 107: 239-52 Corbellari, A. 2002: «Parcours du désir et de la cruauté dans La Chanson d’Aspremont», in: L’épopée romane. Actes du XV e Congrès international de la Société Rencesvals. Poitiers, 21-27 août 2000, Poitiers: 465-73 81 Alain Corbellari 82 Corbellari, A. 2004: «Guillaume face à ses doubles. Le Charroi de Nîmes ou la naissance médiévale du héros moderne», Poétique, 138: 141-57 Corbellari, A. 2007: «Guillaume, les brigands et la forêt. Enjeux narratifs et poétiques d’un lieu emblématique», Amiens (à paraître) Guidot, B. et Subrenat, J. 1993, Aliscans, traduit en français moderne, Paris Lukacs, G. 1968: La Théorie du roman, trad. de l’allemand par Jean Clairevoye, Paris McMillan, D. (ed.) 1978: Le Charroi de Nîmes. Chanson de geste du XII e siècle, Paris Ménard, Ph. 1991: Syntaxe de l’ancien français, 4 e éd., revue, corrigée et augmentée, Bordeaux Régnier, Cl. (ed.) 1990 : Aliscans. Chanson de geste du XIII e siècle, 2 vol., Paris Suard, F. (ed.) 1991: La Chanson de Guillaume, Paris Tyssens, M. 1967, La Geste de Guillaume d’Orange dans les manuscrits cycliques, Paris Wathelet-Willem, J. 1975: Recherches sur la «Chanson de Guillaume». Études accompagnées d’une édition, Paris La Petite Chronique de Jeanne de Jussie et le français régional de Genève à l’aube du XVI e siècle: étude lexicale Introduction L’œuvre de Jeanne de Jussie est bien connue des historiens de la religion (par ex. Feld 2000) et des spécialistes de l’écriture féminine sous l’Ancien Régime (par ex. Åkerlund 2003). Son unique écrit est un témoignage important de l’histoire de la Réforme genevoise de même que du rôle des religieuses et des femmes dans cette société en plein bouleversement (Lazard 1985). La communauté scientifique porte aujourd’hui un intérêt significatif à ce texte; j’en veux pour preuve l’édition réalisée par l’historien de l’Église Helmut Feld en 1996 et une traduction anglaise sortie tout récemment des presses de l’Université de Chicago (Klaus 2006). Toutefois, la Petite Chronique 1 de Jeanne de Jussie se présente également comme un document précieux pour l’histoire de la langue française en Suisse. Outre le fait qu’il s’agit du premier texte du corpus de la littérature romande rédigé par une femme, ce manuscrit nous apporte des informations utiles sur le français écrit à Genève au XVI e siècle. Jeanne de Jussie, de langue maternelle francoprovençale 2 , n’est jamais sortie de Genève et de la Savoie. Elle y a reçu son instruction et y a résidé toute sa vie. La Petite Chronique nous offre ainsi une perspective de choix sur le français écrit dans la cité lémanique avant l’arrivée des théologiens et imprimeurs français exilés, comme Jean Calvin ou Robert Estienne. Il vaudrait d’ailleurs la peine de prolonger l’étude qui suit par une comparaison avec d’autres textes de l’époque tels que le Journal du syndic Jean Balard (Dufour 2001) ou les Chroniques de Genève de François Bonivard (Tripet 2001, 2004). Le présent article développe un aspect spécifique de mon mémoire de maîtrise qui explorait à différents niveaux (grapho-phonologique, morpho-syntaxique et lexical) le texte de la Petite Chronique de Jeanne de Jussie 3 . Il porte plus précisé- 1 Comme l’on fait Helmut Feld et Carrie Klaus, nous reprenons pour identifier ce manuscrit sans titre l’intitulé de Petite Chronique, en référence aux premières lignes du texte: «Sensuyt vng petite cronique contenant vng petit en partie de ce qua aeste fait dens genesue tant pour cause de languynotterie [terme dérivé de huguenot] que pour les heretiques et septe lucterienne de puis lan mille sinc cents et xxvi . . .» (3). Toutes les citations de Jeanne de Jussie sont tirées de l’édition d’Helmut Feld 1996. Les caractères gras et/ ou soulignés sont, sauf mention spéciale, un ajout de ma part. 2 À Genève même, le terme traditionnel le plus fréquent est «langage savoyard». 3 Cotelli 2003, mémoire de maîtrise, rédigé sous la direction du Prof. A. M. Kristol à l’Université de Neuchâtel. Je profite de cette occasion pour remercier M. Kristol pour ses remarques et ses corrections, ainsi que MM. Eric Flückiger et Raphaël Maître, rédacteurs au Glossaire des Patois de la Suisse Romande (GPSR) qui m’ont apporté aide et soutien pour la rédaction de cet article et qui m’ont ouvert les matériaux inédits du GPSR. Vox Romanica 66 (2007): 83-103 Sara Cotelli ment sur une description du lexique de l’auteure. En termes méthodologiques, j’ai procédé à un repérage complet du vocabulaire du manuscrit autographe de la Petite Chronique en le confrontant aux principaux dictionnaires qui reflètent la langue du XVI e siècle (God, Huguet, FEW). Bien que la plus grande partie des mots recherchés ait été identifiée facilement, le vocabulaire de l’auteure est riche et présente plusieurs particularités qui en font un sujet digne d’intérêt. Une partie des termes qui seront traités ici ne sont pas inconnus de la tradition lexicographique française. En effet, une édition du XVII e siècle de la Petite Chronique a été dépouillée par Frédéric Godefroy pour son Dictionnaire de l’ancienne langue française. Ces informations ont été reprises par Edmond Huguet. Il n’en demeure pas moins qu’une nouvelle étude lexicographique du texte de Jeanne de Jussie ne manque pas d’intérêt. Les éditions anciennes de la Petite Chronique diffèrent sensiblement du manuscrit autographe sur lequel j’ai fondé mes recherches et j’ai pu y découvrir de nombreuses données inédites. Je propose donc d’apporter ici un nouvel éclairage d’une part sur le texte de Jeanne de Jussie et d’autre part sur notre connaissance du français à Genève au XVI e siècle. Après une brève présentation générale de l’auteure et du texte (I.1.), suivie de quelques mots sur la graphie parfois particulière de Jeanne de Jussie ainsi que sur le contexte sociolinguistique dans lequel l’auteure s’inscrit (I.2.), on passera en revue les caractéristiques du lexique de La Petite Chronique. J’ai structuré mon propos autour des quatre grandes tendances décelées dans la langue de Jeanne de Jussie: - c’est une langue foisonnante, antérieure à la recherche d’une norme du français littéraire qui caractérisera le XVI e siècle (II.1.); - c’est une langue à tendance archaïsante (II.2.); - c’est une langue marquée par le latin (II.3.); - elle est influencée par l’adstrat francoprovençal (II.4.). I.1 Présentation de l’auteure et du texte Jeanne de Jussie (1503-1551), fille cadette d’une famille de la petite noblesse savoyarde, entre au monastère des Clarisses de Genève en 1521, à l’âge de 18 ans. Écrivaine, puis dès 1548, abbesse de la communauté des sœurs de Sainte-Claire, elle est l’auteure d’un manuscrit et de quelques lettres écrites au nom du couvent. Elle précise dans son texte qu’elle a été une «escolliere» de la ville (237, 242). Les historiens présument qu’elle a fait ses classes dans le couvent des Clarisses qui dispensaient parfois une instruction à des élèves externes (Ganter 1949: 208, Naef 1968: 297-98). C’est donc à Genève - et avant la Réforme - qu’elle a appris à lire et à écrire en français. Le témoignage de Jeanne de Jussie apporte un éclairage important sur l’histoire de la scolarisation dans l’espace francophone, de surcroît dans une petite ville de province. Le sujet de l’enseignement, particulièrement ce- 84 La Petite Chronique de Jeanne de Jussie lui qui était dispensé aux filles, reste en effet très peu connu. On sait que Jeanne de Jussie avait suivi une instruction; son ouvrage devient alors un indice pour juger de la qualité de cette formation. Son œuvre principale, la Petite Chronique, retrace les débuts de la Réforme à Genève, ainsi que les troubles politiques et religieux qui ont lieu dans la ville entre 1526 et 1535, la tentative de conversion des Clarisses par Farel, Viret et les autorités réformées. Finalement, l’auteure rapporte le voyage d’exil de la communauté en 1535, année de l’interdiction de la messe à Genève, jusqu’au refuge que les sœurs trouvent à Annecy, sous la protection du Duc de Savoie. Jeanne de Jussie a rédigé la Petite Chronique entre 1535 et 1546, soit juste après les événements qu’elle rapporte. Le rédacteur du manuscrit, même s’il parle parfois à la première personne, ne se nomme jamais. Cependant, Feld (1996: xxi-xxiv) a pu, grâce à divers extraits du texte, dater la rédaction et démontrer de manière fort convaincante que Jeanne de Jussie est bien l’auteure-narratrice de la Petite Chronique. De plus, grâce à la comparaison possible avec une lettre signée de la main de Jeanne de Jussie, il apparaît que nous disposons d’un manuscrit autographe. Il existe deux versions de ce texte: le manuscrit autographe (Ms. A) et une copie postérieure du XVI e siècle (Ms. B) 4 . L’un des deux a été imprimé au XVII e siècle par les frères Du-Four à Chambéry sous le titre Le leuain du Caluinisme ou commencement de l’hérésie de Genève. Comme son titre l’indique, cette édition inscrit le contenu du texte de Jeanne de Jussie dans le mouvement de la contre-réforme. Il existe des différences notables entre les manuscrits et cette première impression 5 . Beaucoup de termes ont été changés sans doute parce qu’ils ont été sentis comme trop vieux ou trop régionaux. La graphie est bien sûr normalisée dans le texte imprimé et surtout plusieurs passages qui pouvaient faire de l’ombre aux catholiques sont supprimés 6 . Il y a cinq éditions de ce texte au XVII e siècle - dont deux traductions, en allemand et en italien - reprises ensuite comme base pour deux autres éditions au XIX e siècle lorsque l’ouvrage est «redécouvert» par des historiens. L’édition moderne d’Helmut Feld 1996 retranscrit les deux manuscrits. C’est la première à restituer le texte initial dans sa graphie originale. Établie par un historien de l’Église pour son contenu plutôt que pour sa forme, elle présente parfois des défauts mais reste un très bon outil de travail pour le linguiste (Nicollier 1996: 764) 7 . 85 4 Les deux se trouvent à la Bibliothèque publique et universitaire de Genève sous la cote Ms. Suppl. 1453. 5 Voir à ce sujet les remarques de Junod dans Bossard/ Junod 1974: 156-57. 6 Dans le manuscrit original, par contre, Jeanne de Jussie apparaît comme un témoin relativement impartial des événements qui se sont produits à Genève lors de la Réforme, ce qui est confirmé par Helmut Feld qui cite pour la plupart des faits exposés par l’auteure d’autres sources corroborant le récit (Feld 1996). 7 Béatrice Nicollier mentionne la retranscription erronée de «nos» et «vos», Helmut Feld ne prenant jamais en compte la note tironienne en forme de 9 placée à la fin de ces pronoms personnels. Elle souligne en outre quelques fautes de transcription. C’est pourquoi, une vérification dans le manuscrit de tous les passages cités dans cet article a été nécessaire. Sara Cotelli I.2 La langue de Jeanne de Jussie et son contexte sociolinguistique Comme l’admet Junod (Bossard/ Junod 1974: 154), Jeanne de Jussie use parfois dans son manuscrit d’une «orthographe curieuse». Cependant, ce fait n’est pas - comme il semble le penser - uniquement la conséquence d’une «méconnaissance de la langue de France» ou d’une influence de la prononciation francoprovençale sur sa langue. Il n’en demeure pas moins que la couche graphique rend parfois la lecture difficile pour le lecteur moderne et qu’elle incite à mettre en doute les capacités langagières de l’auteure. Il n’en est rien. Nous allons amplement l’illustrer, Jeanne de Jussie fait parfois montre d’un certaine prétention littéraire et sa langue est très loin d’être un exemple de «langue parlée» retranscrite à l’écrit, comme l’écrit Helmut Feld (1996: xxiv). Divers modèles syntaxiques démontrent l’ancrage de la langue de Jeanne de Jussie dans la tradition écrite et littéraire. Mentionnons pour exemple un trait typique du français écrit de la Renaissance: l’emploi massif des formes de type lequel comme pronoms relatifs 8 . Si ces formes sont déjà relevées dans la littérature des XIV e et XV e siècles (Marchello-Nizia 1979: 164), elles ont rencontré au XVI e siècle un certain succès auprès des écrivains parce qu’elles permettaient de calquer la phrase latine (Gougenheim 1951: 92). Ainsi, la syntaxe de Jeanne de Jussie est correcte si on la compare à d’autres textes de l’époque et son lexique, nous allons le voir, est riche, varié, et souvent savant. La graphie de la Petite Chronique montre toutes les caractéristiques d’une graphie parfois archaïsante qui s’inscrit dans la tradition écrite des scriptæ bourguignonne et «para-francoprovençale», telles qu’elles sont décrites par Gossen (1965, 1967, 1970), et qui est typique des textes suisses romands des XIV e et XV e siècles (voir par exemple, l’article de Müller 1981 sur la scripta fribourgeoise du XV e siècle et l’édition critique de l’œuvre de Jean Baygnon (Keller 1992), auteur vaudois du XV e siècle). De fait, on trouve un nombre important de graphies proches de la scripta para-francoprovençale: conservation de a[ latin comme dans confrarie (8); graphie en -ou, -u pour ö [ latin vullent (117), ouures (215); graphies en -on pour ü +nasale latin londy (80), quelquons (140). Il convient finalement d’insérer la production langagière de Jeanne de Jussie dans le spectre plus large de la situation linguistique à Genève au XVI e siècle. Trois langues se partageaient les usages linguistiques de manière bien délimitée. D’abord, le «langage savoyard» est l’idiome de la conversation courante et de la vie quotidienne. C’est un dialecte francoprovençal qui se distingue du lyonnais et des parlers de la Suisse romande par certaines évolutions, notamment ses palata- 86 8 On en trouve de très nombreux exemples dans la Petite Chronique: «il menoien leur mauldit predicant nommee maistre guillame faret. Le quel ce my en chaire et preschoit en langue allemande.» (28-29); «Adonc le peuple gettat vng grant crist soit dispousant daller trouez ses heretiques en leur carrefort. Lesqueulx voians les cristiens si corageusement venir sur eulx et qui leur conuenoit deffendre ou mory villainement, furent espauanter.» (85); «Il avoit vne seur mariez a vng monlt riche appotiquaire, laquelle acuchat dung enffant.» (170). La Petite Chronique de Jeanne de Jussie lisations plus poussées que dans le reste du domaine francoprovençal (Keller 1919: 14-15). Même si le savoyard est en grande partie cantonné à un usage oral, il existe pourtant dès le XVI e siècle quelques rares exemples d’œuvres littéraires rédigée en francoprovençal genevois dont un texte poétique La Chanfon de la complanta et desolafion dé paitré (1525-1533) (Ritter 1906) et un texte plus polémique Le Placard de Jacques Gruet (Jeanjaquet 1913). Mais la grande majorité des documents écrits est en français. C’est le cas pour les Chroniques de François Bonivard et d’Antoine Fromment 9 . En effet, le français remplace peu à peu le latin comme langue de l’écrit. Finalement, le latin est encore attesté dans les textes officiels: les Registres du Conseil de Genève, par exemple, étaient rédigés en latin. Cette situation triglossique où trois langues coexistent avec des fonctions complémentaires ne manquera pas de marquer la langue de la Petite Chronique, comme la suite de l’article l’illustrera au travers du lexique. Par ailleurs, le choix de l’idiome qui a été fait par Jeanne de Jussie semble intéressant. Selon ce que l’on peut lire dans le manuscrit, celui-ci avait été rédigé en vue d’un usage interne au couvent des Clarisses 10 . Il s’agissait d’une sorte d’aide-mémoire pour permettre à la communauté des sœurs, présente et future, de se rappeler ces épisodes douloureux de l’histoire du couvent. Vu le public auquel elle était destinée, cette œuvre aurait pu être écrite en savoyard. Néanmoins, le choix du français allait sans doute de soi: comme nous l’avons dit, lorsque l’on rédigeait un texte de quelque importance à cette époque, transcrire le francoprovençal n’entrait pas en ligne de compte. Tout simplement, on n’apprenait jamais à écrire cette langue. II.1 Une langue créative L’étude du lexique de la Petite Chronique permet d’apprécier à quel point Jeanne de Jussie participe aux grands mouvements linguistiques du siècle dans lequel elle vit, notamment la tendance à l’enrichissement du vocabulaire que connaît le XVI e siècle. Non encore embarrassée d’une norme trop prescriptive, la langue de la Renaissance est avant tout créatrice (Chaurand 1977). L’auteure de la Petite Chronique dévoile une grande créativité lexicale qui prend plusieurs aspects. 87 9 Voir l’édition critique du texte de Bonivard (Tripet 2001-04). Bossard/ Junod (1974: 217- 70) proposent des extraits de l’œuvre de Fromment dans leur ouvrage sur les chroniqueurs du XVI e siècle. 10 Voir Cotelli 2003: 12-13. Je me contenterai ici de citer un passage-clé dans lequel l’auteure de la Petite Chronique explicite le sens de sa démarche: «Et moy qui ce escrip ay veu de mes yeulx ses jour plain dinfeliciter et ay pourter ma par de ses affliction auecque ma conpaignie de xxiiii. Et promest, que je ne escrip chose que je ne soie informee ala verite, et si ne escript pas la dizieme partie, mais seullement bien peu du principal pour memoire, affin que le temps a venir les souffrant pour lamour de dieu en ce monde sachent, que nos predecesseur ont souffert auant que nos, et nos apres et tousiour de degree en degree a lexemple de nostre seigneur et redempteur qui a souffert le premier et plus.» (113-14). Sara Cotelli Tout d’abord, Jeanne de Jussie démontre une certaine inventivité lexicale et imagée lorsqu’elle nomme ses concitoyens ayant adhéré aux thèses luthériennes. Aux côtés de termes plutôt attendus comme lutherien (77, 99, etc.), lucter (250, 280, 306, etc.) 11 , euangeliste (112, 185), ou heretique (27, 97, etc.), on trouve toute une série de qualificatifs insultants, aussi bien pour des individus que pour les réformés dans leur ensemble: ce garsson poure ydiot faret 12 (126), chetifz predicant guillame faret (172), le meschant viret (200), infideles mescreans (114), ses loups rauissant (104), peruers loups rauissant (207) ses inniques sathaniques (231), ses canaillies (179, 210, etc.), ses maluais garssons (70, etc.), ses chetifz (94), fault chiens heretiques (33), desleaulx chiens enragee (15), ses chiens (99, 180, etc). Ces épithètes révèlent bien les diverses sources auxquelles Jeanne de Jussie est allée puiser: tradition biblique et ecclésiastique, mais aussi tradition populaire. L’auteure emprunte également au champ lexical des religions juive et musulmane. Très certainement au travers de la notion d’«infidèle», de non-chrétiens, elle en vient à qualifier les luthériens de noms provenant de la tradition qui sert à dénommer les deux grandes religions qui s’opposent au christianisme à cette époque. Jeanne de Jussie compare plusieurs fois les luthériens avec les juifs et les musulmans. Ainsi, elle conclut un passage retraçant les actions sacrilèges et iconoclastes des Bernois dans les termes qui suivent: «en telle sortes, que les turcs mahommestisses et Juifz infidelles nen hussent peu faire pis» (34). Le champ sémantique se rapportant au judaïsme est le plus étendu, touchant les fidèles, les pasteurs, le temple où ils se réunissent, ainsi que leurs réunions: ses juifz (95), vng gros pharisee (231), ses rabis pharises (231), vostre sinagogue (185), leurs conseil judaiques (230). On ne trouve qu’une seule occurrence dans la Petite Chronique où les luthériens se confondent avec des musulmans: ses deux mahommestices (111), qui se rapporte à deux jeunes garçons luthériens. Ce type de vocabulaire n’est pas inconnu de la recherche lexicographique; plusieurs exemples sont attestés chez Richard (1959: 54-55), dans son ouvrage sur le lexique utilisé lors de la Réforme. Jeanne de Jussie en est néanmoins la référence principale; les extraits de la Petite Chronique représentent plus la moitié du corpus de Richard. Ensuite, la composante créatrice du lexique de Jeanne de Jussie apparaît dans son traitement de certains suffixes. L’auteure confère souvent une morphologie quelque peu différente à des termes bien attestés dans les dictionnaires et en change la suffixation. Si l’on en croit Huguet (1: xiv-xv), cette pratique est courante dans la langue du XVI e siècle où «on s’aperçoit qu’à un même radical se sont joints souvent deux, trois ou quatre suffixes ayant la même valeur, produisant ainsi des dérivés qui font double, triple ou quadruple emploi» (id.). Ainsi, tardance était at- 88 11 Huguet 5: 63b Luthere ‘luthérien’. 12 Faret est une retranscription du nom de Guillaume Farel, le célèbre réformateur. Les nombreuses hypercorrections et graphies oralisantes du manuscrit de Jeanne de Jussie nous démontrent à plusieurs reprises que son auteure ne prononçait pas les consonnes finales et les confond donc très souvent à l’écrit (voir Cotelli 2003: 32-35). La Petite Chronique de Jeanne de Jussie testé aux côtés de tardement et tardité. Le phénomène dont nous allons donner des exemples ci-dessous s’insère donc dans un courant d’élaboration de néologismes par suffixation répandu au XVI e siècle. D’une façon générale, ces créations vont, dans la Petite Chronique, favoriser les formes qui sont les plus proches du latin, témoignant ainsi de la volonté de l’auteure de donner un vernis érudit à son texte. Elles confirment également l’influence du latin sur la langue de Jeanne de Jussie. Espiateur, n. m. pl. ‘espion’: «Et de fait avons trouuer pluseurs espiateur de genesue venant deuant et apres nos» (297-8). Les différents dérivés nominaux du verbe espier abondent en moyen français: espieur, espieux, espiat ‘espion’ (*spehôn ‘épier’, FEW 17: 174a). Jeanne de Jussie s’essaie à une forme plus latinisante du suffixe, sur le modèle des emprunts savants au latin en -ator français -ateur: conservator → conservateur (empr. XIV e s.), curator → curateur (empr. XIII e s.), imperator → mfr. imperateur (FEW 4: 585b). Heresion, n. m. sg. ‘hérésie’: «le tier ne vollut james recognoistre son dieu et morut en son heresion et oubstination» (47). Cette forme inconnue des dictionnaires apparaît dans la Petite Chronique aux côtés de celle bien attestée d’heresie (81, 165, etc.) (haeresis ‘hérésie’, FEW 4: 374b). Le suffixe favorisé par l’auteur permet de calquer cet exemple sur des emprunts savants au latin qui passent du lat. -sion au français [-zjõ], comme par exemple, adhaesio → adhésion (empr. XIV e s.), conclusio → conclusion (empr. au XIII e s.), persuasio → persuasion (empr. XIV e s.). Pertinacion, n. f. sg. ‘opiniâtreté’: «cieux dens le chatiaulx voiant leur pertinacion» (178). On trouve dans les ouvrages lexicographiques de référence les formes pertinacité (God 6: 116c et Huguet 5: 743a) et le moyen français pertinace (pertinax ‘persévérant’, FEW 8: 283b) de même signification. Ce terme pseudo-savant a été formé par l’auteure sur le modèle des emprunts au latin de type damnatio → damnation (empr. au XII e s.), maledictio → malediction (empr. au XIV e s.). Planturité, n. f. sg. ‘abondance’: «[Il] leur monstrat la crotte de sa librerie . . . La estoit la cite dieu literalle, toute en planturite, escripte en beaux parchemin, bien enlumine dors et dazur . . . » (291) Si planturité n’est attestée dans aucun dictionnaire, les formes similaires avec d’autres suffixes sont nombreuses: mfr. plantureuseté (plenitas ‘abondance’, FEW 9: 58b) ou planturosité, plentureuseté (God 6: 203c et 217c). On retrouve dans cette forme l’adjectif plantureux qui signifie ‘largement abondant’ (God 10: 352a), et le suffixe latin -itas qui devient -ité dans les emprunts français, comme par exemple humanitas → humanité (empr. XII e siècle). 89 Sara Cotelli Le texte de la Petite Chronique nous offre un dernier témoignage de la créativité et de la vitalité impressionnante de la langue de son auteure. Nous y avons décelé deux termes qui, d’après les informations récoltées dans les dictionnaires, y font leur première apparition écrite. Enasée, n. f. sg. ‘épithète employée comme injure’: «toutes vniement la rebouttoiens, lappellant jangleresse, enasee et menteresse» (257). De la même famille étymologique que nez, ce substantif est attesté dans le FEW (nasus ‘nez’, 7: 35). Il est inconnu des autres dictionnaires consultés et semble rare; le FEW n’en donne qu’une attestation qui date de 1575. Heresiarque, n. m. sg. ‘chef d’une secte’: «Le prince et grant heresiarque de celle damnable septe fut vng religieulx de saint augustin, nommee martin lucter.» (48); et adj. fém. sg. ‘huguenot’, ‘hérétique’ (sens supposé): «vng mauldit religieulx apostat de sainct franscoy, pourtant encore labit de la sacree Religion, print possecion de prescher en la parroche de saint germain ala mode heresiarques» (155). Le nom vient du latin ecclésiastique haeresiarcha ‘chef d’une secte’ (FEW 4: 374b), qui lui-même est un emprunt direct au grec. Selon FEW, la forme hérésiarque serait utilisée pour la première fois chez Agrippa d’Aubigné (entre 1600 et 1630). On trouve également une forme antérieure, erersiarge, qui date de 1524 et qui a la même signification. Ceci est cependant remis en question par BW 314b qui fait remonter la première attestation du mot hérésiarque à l’année 1528. L’adjectif hérésiarque (155), quant à lui, est attesté dans TLF 9: 780b avec un exemple de Paul Claudel. Il est dans la Petite Chronique l’équivalent de huguenot. II.2 Une langue archaïsante La composante archaïsante de la langue de notre auteure n’est à priori pas étonnante. Des facteurs géographiques et sociaux l’expliquent en grande partie. Tout d’abord, Jeanne de Jussie vient d’une région périphérique où le français est utilisé principalement comme langue écrite. Ensuite, comme l’apprentissage linguistique de notre auteure s’est fait dans les premières décennies du XVI e siècle, il était encore très certainement tourné vers la tradition du siècle précédent. Les très nombreuses graphies archaïsantes recensées dans le texte en témoignent: murtre (132) et burre (243) refait en meurtre et beurre au XIV e s., confermer (270) pour confirmer, etc. Somme toute, si l’on prend tout ceci en considération, il est même assez remarquable que le nombre de formules et de mots vieillis soit si petit dans la Petite Chronique. Il est bien sûr toujours délicat de donner une date pour l’extinction d’un mot, sa sortie de l’usage. Les lexèmes encore indiqués comme usuels pour la fin du XV e siècle par les dictionnaires consultés n’ont donc pas été considérés dans cette 90 La Petite Chronique de Jeanne de Jussie étude comme des archaïsmes. Si l’on procède ainsi, on trouve dans la Petite Chronique uniquement trois archaïsmes avérés, c’est-à-dire qui ne sont plus attestés depuis la fin du XIV e siècle: adultérie, décolasse et messeaulx (mesel). On peut ajouter à cette liste quelques exemples de termes régionaux qui ont un statut particulier. S’ils ne sont pas encore des archaïsmes au moment de la rédaction de la Petite Chronique, ils sont en passe de le devenir. Ces termes courants en ancien et en moyen français ont disparu du français central actuel mais sont conservés dans la langue régionale, français ou francoprovençal, jusqu’au XX e siècle: cloucher (130) ‘boiter’ (GPSR 4: 117b, FEW 2: 794a) desroucher (45, 78, 157, 161, 164, etc.) ‘démolir’, ‘faire tomber qqn ou qqch’ (GLGEN 170, Pier 186b) ou meseau (81) ‘boucherie’ (Pier 353b). Adultairie, n. sg. ‘adultère’: «Il est bien vray, que les prelat et gens desglise pour ce temps ne gardoient pas bien leur veulx et estat, mais dissoluement des biens de lesglise gaudissoint, tenant femme et enffant en lubricite et adultairie» (51-52). On date l’usage des deux formes attestées entre le XIII e et le XIV e siècle: adulterie 13 (adulterare ‘commettre un adultère’, FEW 24: 186b) et adultérie ‘violation de la foi conjugale’ (TL 1: 159). Decolasse, n. f. sg. ‘décollation’: «le iour de la decollasse saint jehan baptiste» (45). L’ancien français decolace vient de l’étymon latin decollatio ‘décapitation’, dérivé de collum ‘cou’ (FEW 3: 26a). Il est probable que l’auteure utilise l’archaïsme en question parce qu’il est contenu dans une expression figée du calendrier religieux, qu’elle citerait tel quel. Il s’agit donc d’une locution considérée dans son ensemble et utilisée par tradition, plutôt que de l’emploi libre d’un terme senti ou non comme vieilli. Messeaulx, adj. m. pl. ‘malheureux’: «ce messeaulx chiens de loial ce parforsoit de la prendre» (162). Cet adjectif vient du latin misellus qui signifie ‘très malheureux’ (FEW 6/ 2: 166b). Il conserve ce sens en ancien français: mesel adj. ‘malheureux’ (vers 1165-XIII e ), parallèlement à celui de ‘lépreux’ (God 5: 278b, TL 5: 1616). Il est possible que cet usage très tardif de mesel soit dû à une influence du francoprovençal. En effet, misellus est à l’origine de nombreuses formes du francoprovençal, et ce avec des sens très divers, par exemple: Lyon mesiau ‘rogneux, teigneux’ (FEW 6/ 2: 167a). D’après les matériaux inédits du GPSR, l’adjectif mézi ' est bien attesté dans les dialectes francoprovençaux de toute la Suisse romande où il se réfère toujours à un animal malade. 91 13 La graphie en -aide la Petite Chronique ne pose pas de problèmes. La graphie -aialterne avec -edans tout le manuscrit (Cotelli 2003: 28-29). Sara Cotelli II.3 Une langue marquée par le latin Si l’influence latine est un fait saillant de la langue de la Renaissance (Chaurand 1977), cette question a d’autres implications pour le texte étudié, du fait surtout que son auteur est une femme. En effet, nous ne savons pas précisément quel était le niveau d’instruction de Jeanne de Jussie en latin. Si l’on se reporte à ce qu’écrivent les historiens de l’éducation, il est peu probable que Jeanne de Jussie ait suivi un enseignement formel de cette langue. En effet, à l’époque, l’enseignement prodigué aux femmes était beaucoup moins poussé que celui dispensé aux hommes 14 . Néanmoins, nous avons la certitude que notre auteure avait une excellente connaissance formulaire du latin par sa pratique religieuse journalière. En témoignent les nombreux latinismes relevés dans le texte, l’abondance de graphies latinisantes (profunde (27) «profonde») et étymologiques (racomptez (30) «raconter», audicteur (29), etc.), ainsi que plusieurs passages de prières ou de versets bibliques rédigés en latin (par ex. 68, 197, 216). Ils sembleraient révéler que la maîtrise du latin pour Jeanne de Jussie ne s’arrête peut-être pas à cette connaissance exclusivement formulaire. D’une part, on trouve dans la Petite Chronique beaucoup de latinismes dont la plupart est bien attestée par les dictionnaires. En voici quelques exemples: Ancelle n. f. sg. ‘servante du Seigneur’: «He, dieu de bonnaire, ne vuyllie habandonne vos poures ancelles qui por vostre amour endurent ceste paine et dolleur! . . . Hee, tresdoulces vierges marie, secores vos poures ancelles» (224)», «Il feit crie par toute sa baronnie de vyry, que chascuns de son pouoir aidat a vyure aux ancelles et seruiteur de nostre seigneur, qui estoit la retires et destitues de tous bien.» (286). Cet emploi religieux est directement issu de l’expression biblique ancilla Domini (XIII e -XVI e s.) (ancilla ‘servante, esclave’, FEW 24: 540b). Crudelite n. sg. ‘cruauté’: «[Les luthériens] prirent vng bon prestre. [. . . qui] mourut a la corde. Que chascung le tieng a trop grande crudelite et fut il vng turcq.» (171). Ce nom est un emprunt direct au latin crudelitas, «cruauté». Il date du XIV e siècle et est resté en usage jusqu’au XVII e siècle (FEW 2: 1367b). Exercite n. sg. ‘armée’: (66), «Les poures seurs conseilles de nostre seigneur se assemblerent vng jour toutes en chapitre ou sont de la clouchette, inuocante laide de nostre seigneur, du benoit saint espirit, de la sacre vierge marie et tout le diuin excersite» (205). L’ancien et moyen français exercite ‘armée’ est une transposition du latin exercitus de même sens (FEW 3: 292b). 92 14 Michelle Perrot cite la position d’un défenseur de l’instruction féminine du premier quart du XVI e siècle, Jean-Louis Vivès, qui prône cependant en parallèle «la primauté des travaux domestiques sur la lecture et l’écriture» ainsi que «l’extrême circonspection quant à l’initiation au latin, même réservé à la fine fleur de l’élite» (Duby/ Perrot 1991: 113). La Petite Chronique de Jeanne de Jussie Insules n. f. pl. ‘île’: «Pour sauoir le mode de turquie fault entendre, que le grant turqz tien trente six reaulme soubz sa sugettion et pluseurs insules et villes en la mer de pardela» (68). Il s’agit selon toutes probabilités d’un emprunt au latin insula ‘île’. Ce terme, contrairement aux autres, ne se trouve dans aucun ouvrage de référence. Item adv. ‘de même’, ‘autant’: «Item ou conuent des augustins rompirent pluseur belles ymage . . . » (35), (50, 57, 68, 69, 86, 91, 95, 121, 132, 138, etc.). Cet adverbe été emprunté au travers de la terminologie administrative (FEW 4: 823a-b). Postulation n. f. sg. ‘demande, supplication’: «Lan mille sinc cens xxx, le saint pere pape clement, a la requeste de monseigneur de casarte, maistre pierre lanbert, et sens le sceu ny postulation des seurs donnat le pardons general ou conuent de saincte clere, le iour de la nunciation nostre dame.» (37). Il s’agit d’un emprunt du XIII e siècle au latin postulatio ‘demande’, en usage de 1260 à 1700 (FEW 9: 251b). D’autre part, on peut rappeler la préférence donnée par Jeanne de Jussie aux suffixes latinisants dans la formation de termes pseudo-savant qui se calquent sur les emprunts au latin du moyen français: espiateur, exaudicible, planturite. Ces créations démontrent bien que l’auteure cherche parfois à conférer une note littéraire à son texte. Les emprunts directs présentés ci-dessus participent du même dessein. On peut pour finir mentionner un fait assez étonnant qui, en parallèle aux recherches sur le lexique, mettrait le texte de la Petite Chronique du côté d’une écriture savante et latinisante. On sait qu’au XVI e siècle, suite à la réforme érasmienne, une polémique fait rage autour de la prononciation en [u] ou [o] du o latin en syllabe initiale. C’est la querelle des oïstes et des ouïstes (Fouché 1969: 427-29). J’ai étudié la répartition des formes en -oet en -usur environ un tiers de la Petite Chronique 15 . Le résultat est formel: Jeanne de Jussie utilise plutôt des formes novatrices, 93 15 Un tiers du manuscrit a été dépouillé. Les chiffres absolus sont les suivants: a) -o- = 975; b) -opour le fmod [u] = 328; c) -ou- = 439; -oupour le fmod [o] = 51 (Cotelli 2003: 27-28). [u] pour le fmod [o] [u] [o] pour le fmod [u] [o] la répartition des [o] et [u] 55% 18% 24% 3% Sara Cotelli c’est-à-dire latinisantes, en -o-. Et cet usage ne peut s’expliquer par une éventuelle influence du francoprovençal qui présente plutôt des formes en [u] là où le français a préféré des formes en [o] 16 . II.4 Une langue régionale La langue maternelle de Jeanne de Jussie est le savoyard genevois. Celui-ci a laissé en tant qu’adstrat 17 de nombreuses traces dans sa langue, surtout dans le lexique. On trouve dans la Petite Chronique beaucoup de termes empruntés au francoprovençal. Cependant, ces dialectalismes ne forment pas la totalité de la composante régionale de la langue de Jeanne de Jussie. L’influence du francoprovençal se fait sentir dans différentes formes lexicales que nous allons passer en revue. Tout d’abord, relevons la présence des archaïsmes régionaux déjà mentionnés plus haut: cloucher, desroucher et meseau (II.2). On trouve également des régionalismes graphiques, soit une série de mots qui appartiennent au français central mais qui apparaissent dans le texte de Jeanne de Jussie sous une forme régionale. Il y a ainsi polymorphisme entre la forme du français standard et le régionalisme, qui ne touche que la couche graphique. Ces exemples sont à rapprocher des traces de scripta para-francoprovençale dans la graphie de l’auteure (I.2). Bisacche, n. f. pl. ‘besace’: «avoiens mande de petit coquinet a leur bisacche por espier» (298). GPSR 2: 353 donne une ancienne forme francoprovençale bisache pour les XVI e et XVII e siècles (bisaccia ‘bissac’, FEW 1: 378b). Cousine, n. f. sg. ‘cuisine’: «que nulz ne mengeat chers en carensme ny en aultre temps deffenduz [. . .]. Et quelcunque hostes feroint cousine de chers es dit temps seroins pugny.» (91), «la cousine pauee de pierre bien agues et tranchant» (304). GPSR 4: 644a cite une forme régionale ancienne: cousine (Vd, V, G 1528, F), attestée également dans les Registres du Conseil de la ville de Genève (GLGEN 154). Jeanne de Jussie favorise cette graphie dans tout son texte. Dans le manuscrit B, le copiste remplace parfois (mais pas toujours) la forme cousine par cuisine. Glacies, n. f. pl. ‘temps glacial, glace’: «Et hurent vne journee de grant froidure, car de dix ans nauoy fait si grosse bize et glacies.» (115). Ce terme vient du bas-latin glacia ‘glace’. Des formes francoprovençales similaires à glacies sont attestées: Montana laái et Lyon liássi ‘eau congelée’ (FEW 4: 94 16 Voir Keller (1931: 83-84) qui donne parmi d’autres exemples: grous «gros», sourti «sortir», etc. 17 Jeanne de Jussie n’a certainement jamais cessé de parler francoprovençal dans sa vie quotidienne. Je considère donc le francoprovençal comme un adstrat de son français. La Petite Chronique de Jeanne de Jussie 139b), ainsi que deux attestations fribourgeoises du début du XV e siècle glassy (Hafner 1955: 81 et 85). D’ailleurs, le -ide ces formes, que l’on retrouve dans la terminaison de glacies, est typique du francoprovençal (Jeanjaquet 1931: 26). Si la graphie du manuscrit A de la Petite Chronique conserve la forme francoprovençale de ce pluriel, le manuscrit B rétablit la terminaison française: «bize et glasses». Ensuite, citons une série de régionalismes sémantiques qui parsèment le texte de la Petite Chronique. Ceux-ci sont des termes de la langue centrale qui ont pris, dans certaines zones périphériques, un sens régional particulier. Adomescher, vb. ind. imp. 3sg. ‘dompter’: «[pour éviter que les mauvais garçons fassent du mal aux sœurs] frere nycolas des arnox, . . . les entretenoit et adomeschoit leur fureurs, ansin que dieu le volloit.» (26) Ce verbe est un dérivé du latin domesticus ‘qui appartient à la maison’. Une forme genevoise adomécher ‘dompter’ est attestée (CD 8; FEW 3: 123a). On hésite cependant à placer cet exemple parmi les autres emprunts au francoprovençal. En effet, l’ancien et le moyen français connaissent une forme adomeschier ‘apprivoiser’, très répandue (God 1: 107a, TL 1: 149). Il semble dès lors difficile de déterminer avec certitude si adomescher est un emprunt direct au francoprovençal adòmetsi ' ‘apprivoiser, dompter un animal rétif; maîtriser une personne récalcitrante’ (GPSR 1: 124b) ou s’il se présente plutôt comme un régionalisme sémantique. Chapler, vb. ind. passé simple 3pl. ‘couper; mettre en pièces’ «[ils] brulerent et chaplerent toutes les ymaiges qui estoient dehors» (25), «Item chaplerent les formes et chayre des seurs, qui estoient belles et de bon noier.» (216) Chapler vient du latin *cappare ‘castrer’ (FEW 2: 279a). On trouve en ancien français un verbe chapler qui signifie ‘tailler qqn en pièces en combattant’ (TL 2: 248, God 2: 63b). Le sens de chapler dans la Petite Chronique où l’objet du verbe est toujours un inanimé se retrouve dans les dictionnaires mais repose presque uniquement sur le texte de Jeanne de Jussie pour illustrer cette définition. Il prend alors la signification de ‘couper, briser, mettre en pièces’ (Huguet 2: 196b et God 2: 63b) et est accompagnée à chaque fois d’un exemple de Jeanne de Jussie 18 . Il s’agit en fait d’un sens régional qui a perduré en Savoie et en Suisse romande. En effet, on retrouve chapler dans divers dictionnaires du parler régional: CD 94b çhapla ‘couper par petits morceaux un objet; le gâter par maladresse ou avec malice en le coupant’; Dumont 37 chapler, v. a. ‘gâter, endommager un objet en le coupant ou en l’entaillant avec maladresse ou avec malice’; Odin 592b tsapl . å ' (frb. chapler), v. a. ‘couper, tailler, hacher, mettre en morceaux’; et Humbert 89. 95 18 C’est le seul exemple pour ce sens chez Godefroy et dans le FEW. Huguet donne deux exemples: celui tiré de la Petite Chronique ainsi qu’un autre de F. Bretin (Auxonne [Côte-d’Or] 1540-Dijon 1595), traducteur des œuvres de Lucien (1582), dans lequel le verbe a également pour objet une chose et non une personne. Sara Cotelli Commission, n. f. sg. ‘charge conférée par l’autorité ou par la communauté’: «Mere vicayre, aiant commission, agrant requeste de toutes les seurs, ce my agenoux, suppliant croire la verite» (262). Ce nom est un emprunt au latin comissio ‘réunion’ (FEW 2: 954a). Le sens régional attesté dans la Petite Chronique est cité dans GPSR 4: 196a pour l’ancien genevois. Compozer, vb. part. passé ‘relâcher un prisonnier moyennant rançon’: «[sire franscoy cartellier] fut detenuz prisonnier iusque le moix de mars a pres. Qui fut conpozer par inestimable finanble a monseigneur de genesue, et fut dit, que largent fut liurez a la mesure de blez.» (6- 7); [msB: ransonner]. GPSR 4: 220b mentionne ce sens avec la marque «ancien genevois». Il est illustré par d’autres exemples des XVI e et XVII e siècles. Ressaulter, vb. ind. passé simple 3pl. ‘tressaillir, sursauter’: «ces gens ressaulterent tous de paur» (244). Il s’agit d’un sens régional typiquement francoprovençal, Blonay rfisoutå ' , Lyon ressauter ‘tressaillir’ (saltare ‘danser’, FEW 11: 115b ou TLF 14: 97a). Ce sens est encore présent dans le français régional genevois au XIX e siècle (Humbert 153). L’emploi de comment présente une particularité dans la Petite Chronique. Sous l’influence du francoprovençal, ce terme est dans le texte l’équivalent de la conjonction comme. En francoprovençal de Suisse romande, la forme comment, formée sur comme par analogie avec les adverbes en -ment, a pris très tôt toutes les acceptions de comme, alors que celui-ci restait cantonné en français à une valeur adverbiale (GPSR 3: 188-91). Ainsi, comme a pratiquement disparu de la Petite Chronique 19 , presque toujours remplacé par comment. Ce dernier devient la principale conjonction qui marque la comparaison: «Et luy ce voiant en tel dangier, feit coment les aultres.» (92); «car il est ferme coment vne rouche pour mantenir la veritez de la sainte escripture.» (123) 96 19 Un pointage a été fait sur un tiers du texte de la Petite Chronique. Les chiffres absolus sont les suivants: a) comme = 3; et b) comment = 47 (Cotelli 2003: 71). comment comme 6% 94% La Petite Chronique de Jeanne de Jussie Il est également employé comme conjonction causale: «Adoncque il demandat lettre testimonialle pour porter a berne: coment il avoit fait son depuoir de venir preschez en la ville» (75). Ces quelques exemples illustrent bien la façon dont comment s’est investi des sens et des usages de comme dans la langue régionale de Jeanne de Jussie. L’influence du francoprovençal peut également toucher le genre d’un mot qui reste par ailleurs tout à fait conforme à ce que l’on peut observer en français central. Ainsi, le premier jour de la semaine se présente parfois au féminin dans la Petite Chronique. Toutefois, le changment de genre n’est pas systématique et dimanche apparaît aussi au masculin: ce premier dimenche (11), le premier dimenche (110), le dimenche (132). La dimenche, n. f. sg. ‘dimanche’: «celle mesme dimenche» (93); «sensuyt de la dimenche» (262) et (98,147, etc.). Le féminin de dimanche est bien attesté dans la plupart des dictionnaires consultés (CD 139a, Pier 193b ou GPSR 5: 708-13). FEW 3: 129b mentionne une forme féminine de dimanche à Lyon. Les tableaux phonétiques de Gauchat, Jeanjaquet et Tappolet (1925: §363) notent que dimanche est généralement féminin en francoprovençal. Mentionnons encore Rohlfs qui a étudié la question pour l’ensemble des langues romanes (1971: 96 et 278). Une dernière trace laissée par l’adstrat francoprovençal se lit dans les emprunts directs à cette langue. Les exemples de dialectalismes directement issus du francoprovençal sont nombreux et je ne commenterai ici que les termes qui n’apparaissent que peu, voire pas du tout, dans les dictionnaires régionaux. Voici une brève énumération de ceux que je laisse ainsi de côté: acarrer (9) vb. ‘pousser dans un coin, acculer’ («acârâ» CD 4; «akarñ ' » GPSR 1: 240a); banc (80-1, 89) n. m. ‘étal de boucher’ (GLGEN 67-9; GPSR 2: 223b); caignies (117, 161), n. m. ‘sobriquet que les catholiques donnaient aux réformés’ («cagne» GPSR 3: 32a); carnatier (7), n. m. ‘bourreau’ («carnassier» GPSR 3: 96b); coutter (214), vb. ‘bloquer, immobiliser’ pour le verbe coter (DSR 268-9); couttres (299), n. f. ‘couette, espèce de matelas de plume’ (GLGEN 155; «ku ' trø Ú » GPSR 4: 380a); dechappeler (9, 24, 162, 215, etc.) vb. ‘tailler, déchirer, mettre en pièces’ (GPSR 5: 109b); deplatteler (13), vb. ‘enlever les madriers d’un pont’ (GPSR 5: 373b); ferremente (16) n. f. ‘pièce métallique faisant partie de la ferrure d’un ouvrage en bois’ (GLGEN 195; «fèrmi ' nta» GPSR 7: 324- 25); mamelus (5, 6, 91) n. m. pl. ‘partisan de la maison de Savoie’ (FEW 9: 118b; GLGEN 233; Pier 346a); parroche (11, 180, 281, etc.), n. f. ‘paroisse’ (FEW 7: 658b; GLGEN 255); le reloge (11, 16, 176) n. m. ‘horloge’ (GLGEN 272; Pier 509b); tabla (249), n. m. ‘rayon, étagère’ («tablar» DSR 686-87). Bandissement, n. m. sg. ‘bannisement, exil’ (sens supposé): «il estoit aduertir du bandissement des poures religieuses» (288). Ce terme n’est attesté dans aucun dictionnaire. Il s’agit certainement d’un nom dérivé du verbe bandiser ‘bannir, exiler’ que l’on trouve dans GPSR 2: 227a et qui est un emprunt au germanique bandwjan ‘donner un signe’ (FEW 15/ 1: 56b). 97 Sara Cotelli Blosser, vb. part. passé ‘pincer’: «le moix de may dieu permy que aulcung furent print de la justice et desfait par toute la ville en chacune rue, pincee vne grande piece de chers a grant crocchet de fer ardant . . . Vng homme nomme michel caddo, enffant de ville, fut blosse a crouchet deffert tout son corps.» (40-41) Le verbe blyòsi ' ‘pincer’ est très bien attesté dans la plupart des parlers francoprovençaux de Suisse romande et de Savoie (GPSR 2: 429). Le mot vient d’une base *blottiare qui signifie ‘pincer’ et dont l’origine précise est controversée. Il garde par ailleurs ce sens jusque dans les dialectes modernes. On le trouve dans CD 53b blossi ‘pincer’; et dans FEW 1: 414a avec un exemple d’Annemasse blossi ‘pincer’. Campanez, vb. part. passé ‘sonner une cloche’: «Adoncque il dirent, que trop estoit campanez de par le grant diable et quelles se gardessent de plus sonnez, qui ne leur fut licencez.» (176- 77) Il s’agit très probablement de la francisation d’un verbe francoprovençal k-paná attesté dans le sens de ‘sonner une cloche’ au Valais (FEW 2: 150a). Chaquoterie, n. f. ‘chicanerie’ (sens supposé): «suis parvenue ala vraye lumiere de verite, considerant, que je viuoie tousiours en regret, car en ses religion ny a fort chaquoterie, corruption mantelle et ouysyuite.» (238) Il s’agit d’un dérivé du verbe attesté dans notre texte (cf. ci-dessous) Chaquoter, vb. part. passé ‘chicaner’ (sens supposé): «Nos sumes bien aduertir, coment la blaisine et vos estie chaquotes.» (240). Cette formation remonte probablement à la base onomatopéique táak-. On trouve dans FEW 13/ 2: 357b, le verbe tsacoté «trouver à redire, se chipoter», attesté en francoprovençal de la Vallée d’Aoste. Charretton, charrottons, n. m. ‘charretier, conducteur de voiture’: «acompaignie seullement dudit bon pere et dung jeusne gard . . . et vne bonne femme de villaige . . . et le charretton» (280), «Et fut donne congie aleurs bon charrottons de virys deux en retornes» (293). Il s’agit d’un dérivé du français régional charreter (GPSR 3: 390b, sous charroton). On trouve dans le GPSR des formes en -retet en -roattestées au XVI e siècle à Genève 20 . Ce nom est également présent dans CD 97 charoton «charretier, roulier». Charrottons, n. m. ‘chariot’: «le poure frere conuers avoit tant quis, qui trouuat par argent vng charrottons pour mettre les poures anciennes et malades, qui de falloiens en la voie» (279). 98 20 Pour l’explication phonétique de la forme -rot-, cf. la notice historique de charreter (GPSR 3: 391a), ainsi que Hasselrot (1957: 86). La Petite Chronique de Jeanne de Jussie Ce substantif est un dérivé du français régional charret (cf. GPSR 3: 386b, sous charret 1). Des formes valaisannes en -rot sont attestées dans GPSR 3: 391b sous charreton, ainsi que dans FEW 2: 428b (Hérémence tsaroton «chariot»). Pour la voyelle de la syllabe -ro-, voir la note sous charretton. Conforons, n. m. sg. ‘bannière d’église’: «et il avoit grant peuple, venant auecque la croix, le conforon et clouches sonnant en grant deuotion» (282) Ce nom vient d’un ancien haut-allemand *gundfano ‘étendard de combat’ (FEW 16: 102a). Ce même étymon est à l’origine du français gonfanon ou gonfalon (God 9: 707b-c). Le dérivé francoprovençal de gundfano est bien mentionné dans les divers dictionnaires régionaux: CD 112a et FEW 16: 102b qui cite pour Genève la forme: conforon (1852, campagne). Descorgeonnez, vb. part. passé ‘défaire un lacet de cuir’: «Et quant la poure dame mon belles et de coree alloit apres son mary, que long menoit de collez, toute descorgeonnez et escheuellee soit piteusement garmentant, elle demandant misericorde pour sa loialle partie.» (150) Il s’agit du participe passé d’un verbe identique à dèkòrdzounñ ' en francoprovençal de la Vallée de Joux (Vaud) (GPSR 5: 238b) qui a la même signification et est l’antonyme de kòrdzounñ ' ‘attacher au moyen de lacets de cuir’, au même endroit (aussi, FEW 2: 1222b). On trouve également une attestation vaudoise de 1707 ‘deux pieces corjonnées’ (matériaux inédits du GPSR). De plus, le substantif corgon est bien attesté à Genève au XVI e siècle (matériaux inédits du GPSR). En qualifiant ainsi la personne, l’auteure évoque (outre sa chevelure défaite) ses vêtements qui ne sont plus attachés ni arrangés. (Se) Esgerdeiller, vb. ind. passé simple 3sg ‘s’épouvanter’: «la poure jeusne seur ce reueilly et aperceu des trespasse allant par lesglise, ce esgardillat et courut ala porte pour cuider sortir.» (145) [msB: si se donna grand frayeur et paour]. Cette forme est identique au verbe francoprovençal èdzèrdzølyi ' ‘causer une grande frayeur, épouvanter’, cf. GPSR 6: 133b 21 . Frascher, vb. ind. passé simple 3pl. ‘rompre’: «les lucterien de nuyt frascherent et rompirent vne monlt belles ymaige de ihesus» (141), «Il frascherent et dechaplerent toutes les ymaiges» (162) Il s’agit d’une transposition directe du verbe patois frachi qui vient du latin *fraxicare ‘rompre’ et qui, avec ce sens, semble être uniquement attesté en Suisse romande: ancien fribourgeois, frachi ‘rompre’ (XVI e ), Suisse, fratzi ‘rompre’, Neu- 99 21 Pour l’étymologie du mot et la présence dans sa famille de formes en -ret en -rdz-, cf. la notice historique de dzèr 2 (GPSR 5: 1084a), ainsi que FEW 22/ 2: 40a. Sara Cotelli châtel, frñá ‘il rompt’ (FEW 3: 770a). Jeanne de Jussie lui a simplement adjoint une terminaison morphologique française, le conjuguant comme un verbe en -er. Saudant, souldanne, n. ‘geôlier’, ‘femme du geôlier’: «la femme du saudant qui le gardoit, estoit cristienne et luy faisoyt de grant sucide et humanite de son pouoit» (120); «les santique donnerent les articles derreurs a la souldanne, luy en joignant de luy presenter» (123); «La poure souldanne qui pour crainte de son mary ne luy avoit ozer parle de long temps» (124). Le substantif masculin est bien attesté à Genève, au sens de ‘geôlier’, à la fin du XV e siècle en latin d’époque, et au XVI e siècle sous la forme souldan dans des documents d’archives; cf. Sources du droit du canton de Genève, ii (indexe, sous geôlier), Registres du Conseil de Genève, iii, iv, x, xiii (index, sous soudanu, soldanu), GLGEN 284. Pour le sens, voir notamment François Bonivard, De l’ancienne et nouvelle police de Genève et source d’icelle, dans Mémoires de la société d’histoire et d’archéologie de Genève, v. 392: «Le geollier aussy de l’Isle, que l’on appelle communement le Soudan . . . ». On peut envisager deux hypothèses concernant l’étymologie de ce mot. L’étymon probable est le mot arabe sultan. On trouve la forme soudan ‘nom donné à un souverain musulman’ dans FEW 19: 164a. Le glissement sémantique de ‘sultan’ à ‘geôlier’ est relativement problématique. Il se pourrait cependant que l’on ait appelé ainsi le geôlier par analogie plaisante comme c’est le cas pour le substantif français pacha ‘gouverneur d’une province dans l’Empire ottoman, etc.’ et, par analogie, ‘commandant d’un navire de guerre’ (TLF 12: 766b). Toutefois, les formes latines d’époque, si elles ne sont pas secondaires, autorisent l’hypothèse d’un dérivé (en -anu) formé sur le latin solidus ‘massif’ (étymon à l’origine du fr. sous, et de l’emprunt à l’italien soldat). Le substantif au féminin est attesté en latin d’époque, avec le même sens que dans la Petite Chronique, dans les Registres du Conseil de Genève, vi, 120: soldane (datif). Sicles, n. f. sg. ‘petite ouverture, guichet’ (sens probable): «la souldanne . . . luy feit tendre ses articles par vne petite sicles» (124). Dans l’édition d’Helmut Feld, sicle commence par un s-. Cependant, vérification faite dans le manuscrit, il pourrait s’agir d’une erreur de transcription. Dans l’écriture manuscrite du XVI e siècle, les -set les -fse ressemblent énormément et, dans ce cas précis, il n’est malheureusement pas possible de décider quelle est la bonne lecture. Trois hypothèses sont donc à envisager concernant l’étymologie. S’il s’agit de la leçon ficles, le mot remonte au latin fistula ‘tuyau, conduit’. On trouve les formes correspondantes en Vallée d’Aoste, ficllia, et à St-Etienne (Loire), fécla ‘fissure’ (FEW 3: 583a). S’il s’agit de la leçon sicles, le mot remonte probablement au même étymon, la consonne initiale s’expliquant alors comme une hypercorrection due à la correspondance [f-] savoyard/ [s-] français pour les mots remontant à un étymon en ce-, ci-. La troisième hypothèse, celle de sicles remontant à l’étymon *cisculare ‘crier’ (FEW 2: 712a) ne semble pas pouvoir être retenue pour des raisons sémantiques. 100 La Petite Chronique de Jeanne de Jussie Tane, n. f. sg. ‘tannière’: «et si ne retorne james en vostre tane, car chascung de nos en retirerat vne en sa maison» (186). Ce terme est de la famille du bas-latin *tana ‘grotte’. Des formes francoprovençale de tane sont attestétes dans CD 387b, tannù, sf., ‘grotte, tannière’ et FEW 13/ 1: 77a, Haute-Savoie, t-na ‘caverne’. Conclusion L’examen du lexique de Jeanne de Jussie nous apprend combien sa langue est riche et souvent maîtrisée. Bien loin du style oralisant qui lui était imputé, l’analyse lexicale de la Petite Chronique laisse paraître une langue profondément tournée vers l’écrit. D’abord, la création de formes pseudo-savantes par changement de suffixes montre bien que notre auteure participait pleinement aux innovations de son siècle et que son écriture comportait parfois une certaine prétention d’érudition. Ensuite, la proportion d’archaïsmes et même de mots régionaux est plus basse que ce que l’on attendrait pour un texte de ce genre, écrit dans les circonstances que l’on connaît: rédaction en zone périphérique, par une femme, instruite au tout début du XVI e siècle. De fait, la section III.4 a proposé un inventaire complet des régionalismes lexicaux répértoriés dans la Petite Chronique. La liste paraît peu abondante si l’on prend en considération le fait que Jeanne de Jussie écrivait pour un public interne - la communauté des sœurs - qui partageait sa connaissance du francoprovençal, et non pas en vue d’une quelconque publication. De plus, ce bilan jette une lumière favorable sur l’enseignement qu’a pu recevoir Jeanne de Jussie. D’une part, nous constatons la qualité de cette formation: l’ancrage de la langue de la Petite Chronique dans la tradition graphique du XV e siècle et l’excellence de la syntaxe ne laissent aucun doute. D’autre part, nous pouvons en déduire qu’il existait, à cette époque, en Province, une instruction du français. Il semblerait ainsi que l’apprentissage de l’écrit ne passait pas forcément - et pas uniquement - par le latin. Finalement, ces conclusions nous rappellent que le texte de Jeanne de Jussie s’inscrit dans une tradition littéraire de textes écrits en français en Suisse romande, depuis le XIV e siècle sous la plume d’Oton de Granson ou de Jean Baygnon (Francillon 1996: 25-37). Les résultats que nous présentons ici permettent donc d’en connaître un peu plus sur le «français régional» de tels écrits, une langue qui n’a pas été assez étudiée jusqu’ici. Les graphies para-francoprovençales ainsi que les nombreux emprunts au francoprovençal de la Petite Chronique témoignent ainsi d’une spécificité diatopique du français écrit à Genève à l’aube du XVI e siècle. Neuchâtel Sara Cotelli 101 Sara Cotelli Bibliographie Éditions de la Petite Chronique Feld, H. 1996: Jeanne de Jussie. Petite chronique, Mainz Klaus, C. F. 2006: Jeanne de Jussie, The Short Chronicle. A Poor Clare’s Account of the Reformation of Geneva, Chicago Ouvrages consultés Åkerlund, I. 2003: Sixteenth Century French Women Writers: Marguerite d’Angoulême, Anne de Graville, the Lyonnese School, Jeanne de Jussie, Marie Dentière, Camille de Morel, Lewiston, etc. Bossard, M./ Junod, L. (ed.) 1974: Chroniqueurs du XVI e siècle: Bonivard, Pierfleur, Jeanne de Jussie, Fromment, Lausanne Chaurand, J. 1977: Introduction à l’histoire du vocabulaire, chap. 5 «Le XVI e siècle: afflux et reflux», Paris, 67-86 Cotelli, S. 2003: Jeanne de Jussie: La Petite Chronique. 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(dir.) 1971-94: Trésor de la langue française, Paris 103 1 Je tiens à remercier de leurs commentaires et observations Georgette Dal, Lucia Molinu, Fabio Montermini, Marc Plénat, Josette Rebeyrolles, et tout particulièrement Michel Roché. Naturellement, je porte seul la responsabilité des idées exprimées dans cette contribution. Vox Romanica 66 (2007): 104-146 Remarques sur Oui, Non et les -istes 1 Il est, selon nous, dangereux d’établir d’avance une distinction entre des éléments grammaticaux d’un côté et certains autres qu’on appelle extra-grammaticaux, de l’autre, entre un langage intellectuel et un langage affectif. Les éléments dits extragrammaticaux ou affectifs peuvent en effet obéir aux règles grammaticales, en partie peut-être à des règles grammaticales qu’on n’a pas encore réussi à dégager. (Hjelmslev 1928: 240) 0. Introduction Il est des événements politiques, sociaux ou économiques qui voient fleurir des néo-créations lexicales particulièrement intéressantes: le référendum français du 29 mai 2005 pour ou contre le traité de constitution européenne fait partie de ceuxlà. Ce référendum n’a pas vu seulement les partisans et les détracteurs de cette constitution s’affronter comme ils ne l’avaient pas fait depuis longtemps; il a vu également s’affronter des désignations diverses et variées des uns et des autres dont on se proposera de présenter ici quelques exemples, sans bien sûr prétendre à une quelconque exhaustivité. Il n’est pas dit non plus que ces désignations soient particulièrement nouvelles, mais le Net offre l’avantage et l’opportunité de récolter et de compiler en assez peu de temps des attestations multiples et variées. On verra également, s’agissant de formes en -iste, les implications qu’il est possible de tirer du bref excursus qui suit, et l’on s’interrogera sur la place qu’il convient de faire aux données qui seront présentées. 1. La sémantique du suffixe -iste Il convient avant d’aller plus loin de dire quelques mots sur le sens véhiculé par les dérivés en -iste et plus spécifiquement sur l’instruction associée à ce suffixe. D’une manière plus ou moins prototypique, on pense immédiatement à l’orientation ou à l’inclination privilégiée d’un individu vers un objet donné, ce dernier étant entendu au sens le plus large possible de ce vers quoi tendent l’attention et l’affect de l’individu en question. Cette orientation ou cette inclination privilégiée implique à son tour que l’objet de cette tension soit valué positivement, sans quoi celle-ci n’aurait aucune raison d’être. Ce type d’instruction est particulièrement bien représenté dans les formations dé-onomastiques, où précisément le nom en -iste Remarques sur Oui, Non et les -istes désigne un partisan de l’individu désigné par le nom base: il en est ainsi des dérivés tels que Lepeniste, Chevénementiste, Bonapartiste, Pétainiste 2 , etc. Dans le cas des formations du type Staliniste ou Marxiste, la base morphologique est là aussi le nom propre correspondant (i. e. Staline et Marx), mais sémantiquement, un Staliniste et un Marxiste sont moins des idolâtres de Joseph Staline et de Karl Marx que des partisans des idéologies auxquelles ces derniers ont donné naissance (le stalinisme et le marxisme respectivement). On pourrait en déduire que Staliniste et Marxiste sont construits morphologiquement sur Stalinisme et Marxisme; mais rien a priori ne justifie une telle analyse, si ce n’est le postulat d’une correspondance absolue entre information morphologique et information sémantique. L’analyse la plus simple et la plus immédiate est que Staliniste et Marxiste sont construits respectivement sur Staline et sur Marx 3 . Bien qu’a priori éloignés de ces formations-ci, il semble que l’on puisse proposer une analyse assez proche des désignations d’individus dont l’activité s’organise d’une manière privilégiée autour de l’objet qui leur sert de base morphologique. On pense ici à des formations telles que flûtiste, accordéoniste, guitariste, saxophoniste, etc., qui certes renvoient à la classe hypéronymique des musiciens, mais qui surtout désignent des individus qui entretiennent une relation privilégiée avec l’objet qui leur sert de base morphologique: la flûte, l’accordéon, la guitare et le saxophone ne sont pas pour le flûtiste, l’accordéoniste, le guitariste, et le saxophoniste des objets quelconques, mais des objets qui interviennent d’une manière constitutive dans leur dénomination, et qu’on serait presque tentés de rapprocher des membres du corps ou de la parenté dans les relations de type inaliénable. De 105 2 Il est intéressant de remarquer que le nom Pétain ([pete˜ ]) donne lieu à deux types de dérivés en -iste: pétainiste ([petenist]) et pétiniste ([petinist]), de la même manière que le nom Villepin donne soit villepeniste ([vilpenist]), soit villepiniste ([vilpinist]). Aussi ces deux types de dérivation résultent-ils de l’action de deux schémas de structuration distincts: d’un côté les alternances telles que fin : fine, de l’autre les alternances telles que serein : sereine. Or, comme le remarque Martinet 1965: 22-23, la première d’entre elles est de loin la plus fréquente, d’où il s’ensuit que «lorsque la question se pose de former un dérivé à partir d’un mot en / -æ˜ / c’est / -in-/ que l’on choisit de préférence à / -en-/ ou à / -iñ-/ (cf. pétainiste, malignité) parce que / -in-/ est dans ce cas beaucoup plus fréquent.» Sans doute ceci explique-t-il que les occurrences de la variante villepiniste soit beaucoup plus nombreuses que celles de la forme villepeniste - sans parler en outre du fait que villepeniste contient lepeniste, comme le montre l’exemple suivant où la «fusion» des deux désignations est signalée typographiquement: Si je prends mon cas (c’est celui que je connais le mieux, lol! ) je suis français, athée, de culture juive, fortement antiraciste ancré à l’extrême gauche. Je lutte contre le gouvernement raciste «chiraco-sarko-vilLEPENiste» comme je milite pour la reconnaissance d’un État palestinien et le retour d’Israël dans les frontières de 67, pour des états démocratiques où tous les habitants auraient les mêmes droits. Tout cela est très logique et je suis loin d’être le seul dans cette mouvance. (http: / / toulouse.indymedia.org/ article.php3? id_article=5419) 3 Ce qui ne veut pas dire, évidemment, que les termes du couple -iste/ -isme ne soient pas liés l’un à l’autre d’une manière très étroite. Mais la prolifération et l’extrême polysémie des formations en -iste interdisent de poser comme «règle» que le terme en -iste dériverait de la forme en -isme (pour une discussion de cette question, cf. Dubois 1962: 162s. et Guilbert 1975: 169s.). Franck Floricic 106 ce point de vue, il est sans doute possible d’établir un continuum dans le degré de solidarité et de cohésion entre un objet, un concept ou une notion donnés, et un individu. Une même désignation peut d’ailleurs afficher un type de relation sémantique différent entre le dérivé et le terme sur lequel il est construit: pointilliste se dit soit des néo-impressionnistes adeptes du pointillisme (i. e. la technique du pointillé), soit de quelque pratique dont les caractéristiques évoquent de près ou de loin le pointillisme. On peut ainsi parler d’une «écriture pointilliste» (cf. 1a), d’une «temporalité pointilliste» (cf. 1b) ou d’un «intérêt pointilliste» (cf. 1c), sans qu’évidemment il n’y ait plus ici aucun rapport avec la technique picturale au sens strict ou le mouvement artistique du même nom: (1a) C’est un espace où les repères topographiques aussi bien que scripturaux s’organisent autour de la notion centrale de point. On verra comment une écriture pointilleuse et pointilliste vaporise les lieux en une constellation de points épars. La section urbaine est bien le lieu du désappointement. Mais on verra aussi comment le temps revisite ces mêmes lieux pour agrandir l’espace entre ces pointillés et tracer, dans le vide interstitiel, la volatile existence de fantômes errants. (http: / / www.remue.net/ cont/ echenoz_ ChrisJer_Piano.html) (1b) Le deuxième objectif de cette discipline tient à l’évolution des conceptions de la temporalité.Après une conception cyclique (agricole et liturgique) au Moyen Âge, puis une conception linéaire et orientée à l’époque des Lumières (le temps du progrès), notre société voit l’émergence d’une temporalité pointilliste, constituée d’une succession de moments forts, qui exclut le projet et même la continuité. (http: / / eduscol.education.fr/ index.php? ./ D0126/ hist_geo_table_ronde1.htm) (1c) Le politologue Marc Lazar juge que «les militants de LO se sont enfermés dans un sectarisme sans bornes». Il s’agit là de la première entrée dans le journal. Il en est une seconde. L’hebdomadaire consacre en effet la moitié de sa pagination à des correspondances d’entreprise avec un intérêt pointilliste pour les luttes revendicatives et une tonalité bien plus anti-patrons, et plus encore anti-petits chefs, qu’anticapitaliste proprement dite. (http: / / www.regards.fr/ archives/ 1995/ 199507/ 199507cit06.html) À partir du moment où les formations en -iste peuvent être utilisées pour déterminer la notion signifiée par un terme régissant - et c’est le cas d’un grand nombre de ces formations - on peut s’attendre à ce qu’une partie seulement des traits ou des propriétés du X-iste soit convoquée dans l’opération de détermination à laquelle ils participent. C’est dans ses emplois comme «adjectif de relation» que le X-iste voit le plus le faisceau de propriétés qui le constitue se réduire à un sous-ensemble. Et cette restriction du faisceau de propriétés constitutives du X-iste n’est à son tour possible que parce que l’information que porte le suffixe -iste est au fond de nature assez générale et s’articule autour de deux pôles essentiels: d’un côté, un pôle où prévaut la dimension agentive ou volitive de l’entité ou de la propriété à laquelle réfère le X-iste, et de l’autre, un pôle où prévaut la dimension de localisation spatio-temporelle d’un individu en tant que son activité s’inscrit dans un événement ou un ensemble d’événements auxquels il prend part. À cette deuxième Remarques sur Oui, Non et les -istes dimension se rattachent des expressions telles que mardiste ou samediste, qui comme l’explicitent les deux extraits ci-dessous désignent des individus ayant pour habitude de se rencontrer respectivement le mardi et le samedi: (2a) Les Poètes maudits de Verlaine et À rebours de Huysmans devaient naturellement conduire au petit appartement du 89, rue de Rome un public plus nombreux et plus fervent qui recevait comme un signe d’élection spirituelle l’invitation tant convoitée. Dans un décor et selon un rituel immuables, «le mardi de 4 à 7» du début d’octobre à la fin du mois de mai, la petite cohorte des Mardistes prenait place dans le salon déserté par les dames . . . (http: / / www.adpf.asso.fr/ adpf-publi/ folio/ mallarme/ mallarme10.html) (2b) À peine sortis du conservatoire, six jeunes compositeurs ont coutume de se retrouver tous les samedis soir dans un petit restaurant parisien. Mais Darius Milhaud, Francis Poulenc,Arthur Honegger, Georges Auric, Louis Durey et Germaine Tailleferre ne sont pas seuls . . . Après le dîner, le groupe des samedistes se rend à la Foire du Trône ou va admirer les mimes des frères Fratellini au cirque Médrano. Les soirées se terminent chez Darius Milhaud ou au bar Gaya pour écouter Jean Wiéner jouer de la musique nègre. (http: / / www.scena.org/ lsm/ sm6-1/ coq-fr.html) On retrouve donc ici le schéma évoqué plus haut, où un objet donné, une notion donnée ou une qualité donnée forme un pôle de structuration privilégié autour duquel gravite le référent du X-iste. 2. Remarques sur la morphologie des X-iste Précisons que si dans les exemples ci-dessus la base morphologique du X-iste est un nom propre ou un substantif, ce n’est évidemment pas la seule possibilité et le X des X-istes peut être représenté par bien autre chose que par des substantifs 4 . Y compris en laissant de côté les cas où le suffixe s’attache au dernier terme d’une entité phrastique (cf. 3a et 3b), d’un syntagme nominal (cf. 3c et 3d) ou d’un syntagme adverbial (cf. l’exemple 3e daté de 1870! ), on peut noter que le X-iste prend également pour base morphologique la forme féminine d’un adjectif, la forme d’un adverbe ou encore celle d’une abréviation ou d’une interjection. (3a) Les stock-option-istes, les actionnaires-principaux-istes, les experts-libéro économistes, les MEDEF-istes, les flux-tendus-istes, les il-y-a-qu’en-France-que-ça-existe, les que-lesmeilleurs-gagnent-istes, les fils-à-papa-istes, les dents-longues-istes, et les travaille-ettais-toi-istes ont beau mettre leurs grosses phrases sur la bouche de Marianne, qui écoute la radio à sept heures du matin: elle crie, elle crie Marianne au SMIC, que c’est du pain pas cher qu’elle veut, trente mètres carrés au moins pour se loger, trente-cinq heures de vrai boulot, de la santé gratuite, une bonne école, des transports écolos économiques et un peu de rire aussi . . . (http: / / www.humanite.fr/ popup_print.php3? id_article=381352) 107 4 De ce point de vue, on s’inscrit totalement en faux avec des conceptions qui partiraient du postulat qu’il existe un schéma de sous-catégorisation tel que -ist → / N__, qui stipulerait que le suffixe -iste ne peut prendre pour base qu’un nom. Franck Floricic 108 (3b) Se taire sur l’injustice précipite la violence. Le silence, notre silence est lui-même une violence! Censeurs, tripatouilleurs d’informations, trieurs de nouvelles, menteurs, étouffeurs de vagues, toutvabienistes, jeteurs de voiles pudiques, autocenseurs peureux, complices par omission, vous êtes tous des allumeurs de violence! (http: / / kropot.free.fr/ Servat-loups.htm) (3c) Tout le monde n’a pas vécu au dedans, ou tout près (affectivement) d’une POUDRIÈRE. Et la redondance sécuritaire, le déballage fait-divertiste, la surexposition poéticide, même avec un distingo politico-religieux/ ethnique à la clef, profitent surtout à ceux qui en ont fait leur bizness (au sens large), et qui, eux, parlent rarement de religion ou de philo, et se foutent d’avoir raison 5 . (http: / / bertignac.com/ forum_bleu/ index.php? debut= 2045) (3d) Loin d’être malheureuse ou gênante, cette situation permet à des discours «Fin-dumondistes» fort questionnables de franchir les murs sécurisants et trop souvent clos des églises. (http: / / www.samizdat.qc.ca/ cosmos/ sc_nat/ findu_cp.htm) (3e) Voilà comme il faut être entre gens d’esprit. Quant à l’infaillibilité, ce sera dans le carême que le grelot [sera] attaché, ce sera un surcroît de pénitence pour les inopportunistes, que l’on appelle aussi les Pas-encoristes et également les Trop-tôttistes. (http: / / www.la-croix.com/ sdx/ alzon/ document.xsp? id=b02762&qid=sdx_q0&n=1) En (4a), la forme intensiviste est associée au SN «agriculture intensive» et désigne la qualité de ce qui offre de hauts rendements, alors qu’en (4b) le terme intensiviste désigne le médecin spécialiste des soins intensifs. Alors que le premier fonctionne comme déterminant d’un concept dont il augmente la compréhension, le second fonctionne quant à lui essentiellement comme substantif. Que ce dernier prenne appui sur la notion désignée par le syntagme «soins intensifs» ou sur celle désignée par le syntagme «médecine intensive», il reste que la base morphologique de ces deux X-istes est adjectivale, et qu’elle présente en position finale une consonne qui se trouve être précisément celle qui constitue l’exposant du féminin 6 . (4a) Elles aboutissaient aussi à doubler le prix de l’eau de consommation, ce qui revenait à faire payer deux fois les contribuables: une première par leur facture d’eau, une seconde par la part de leurs impôts allant au financement d’une politique agricole européenne directement responsable de ce système intensiviste destructeur. (http: / / www.ens-lsh.fr/ geoconfluence/ doc/ transv/ DevDur/ DevdurScient4.htm) 5 Wahlund relevait déjà en 1898: «(Le journaliste d’Hennepont) pensait y avoir rivalisé de verve narrative avec les faits-diversistes parisiens les plus éminents.» (cf. Wahlund 1898: 28). 6 Cf. à ce propos Bally 1944: 162: « . . . les dérivés de l’adjectif sont formés sur la base du féminin pris comme radical: grand(e), - grandeur, gross(e) - grossesse, bavard(e) - bavard-age, blanch(e) - blanch-ir, vieill(e) - vieillir, etc. Les adverbes en -ment sont particulièrement instructifs: nouvelle-ment, heureuse-ment, etc. car ici, il y a coïncidence fortuite entre un sentiment qui est en train de se créer et l’origine du type; on sait que le radical de ces adverbes a été autrefois un adjectif féminin (claire-ment = clarñ mente). On peut rappeler encore que la liaison de l’adjectif masculin amène souvent une forme identique au féminin: bo-n» ouvrage, heureux z époux, premie-r» ordre, etc.» Remarques sur Oui, Non et les -istes (4b) Tout le matériel de réanimation est naturellement disponible, et un cardiologue intensiviste peut intervenir immédiatement. (http: / / www.chuliege.be/ chuchotis/ chuchotis10/ dossier.html) 7 La même observation vaut naturellement pour des formations telles que blanchiste (cf. 5a), fraîchiste (cf. 5b), ou encore parfaitiste (cf. 5c), où de toute évidence les segments [ ∫ ] et [t] qui apparaissent à la frontière droite de la base sont ceux des formes blanche, fraîche et parfaite. (5a) Les Américains ont beaucoup à partager avec l’Afrique car au moins il y a une élite moins «blanchiste» que la France. Le rapprochement avec mon pays, le Sénégal et les USA est déjà en marche et nul ne saurait le contrarier car l’élite est consciente du manque de considération de l’ancienne puissance coloniale devenu un pays comme les autres. (http: / / www.amadoo.com/ forum/ topic.php? forum=3&numMax=30&tid=4593&lg) (5b) Autodidacte en peinture, et soucieux de le rester, il crée un mouvement fraîchiste, qui nous apporte ses sensations, sans tentative de rationalisation. Le fraîchisme peut se définir en quelques mots: il s’agit d’une peinture de sensation et non de convention, loin de toute technique imposée, de tout académisme et de toute routine, qui permet à chacun de s’exprimer, et qui livre au spectateur la sensation toute fraîche de l’artiste . . . «Le fraîchisme, c’est faire passionnément ce que l’on aime», vous expliquera Yug. (http: / / www.anovi.fr/ fraichisme.htm) (5c) Ce roman de politique-fiction se passe en 2073, soixante ans après la prise du pouvoir à Marseille par une Coalition Parfaitiste. La ville a été divisée en trois: le Ghetto, le Souk et la Cité Parfaite, cette dernière drainant toutes les ressources du pouvoir et de la richesse. La Coalition Parfaitiste s’est cantonnée dans la Cité Parfaite, devenant le Parti Unique qui n’a plus jamais perdu d’élections 8 . http: / / www.revue-solaris.com/ numero/ 2004/ 148-lectures.htm 109 7 Cf. également les deux exemples suivants, où les dérivés en -iste indiqués en cursif prennent respectivement pour base les formes adjectivales émotive, prescriptive et souveraine: (4c) Toute la philosophie morale analytique, qu’elle soit émotiviste, prescriptiviste ou réaliste, est fondée sur la notion d’énoncé moral (ou plus récemment, normatif): or c’est bien cette notion d’énoncé moral (ou, tout aussi fréquente, de «langage moral») qui est mise en cause dans la démarche du second Wittgenstein . . . (http: / / forum.hardware.fr/ hardwarefr/ Discussions/ sujet-20205-25.htm) (4d) En France, la campagne du référendum a enflammé le non européen au référendum. Ses porte-parole vont jusqu’à se prétendre les seuls vrais européens. Ils oublient que sa victoire l’affaiblirait, puisqu’elle déclencherait un antagonisme radical avec le non souverainiste, villiériste et Front national. (http: / / www.lemonde.fr/ web/ article/ 0,1-0@ 2-3232,36-653733@51-641597,0.html) 8 Cf. aussi l’extrait suivant: (5d) N’ayez pas une vision trop «parfaitiste» de la vie; il faut un peu de tout pour faire un monde. (http: / / www.maliweb.net/ services/ forums/ archive/ index.php/ t-26.html) Franck Floricic 110 On sera peut-être étonnés de voir affleurer ici comme base morphologique une entité pourvue d’un exposant de genre féminin, alors que ce dernier est par ailleurs supposé constituer le membre marqué de l’opposition masculin/ féminin. Il convient toutefois de garder à l’esprit la distinction essentielle entre fondement structural et fondement sémantique. Comme l’observe Kury l owicz 1977: 10: Il faut soigneusement distinguer entre fondement fonctionnel (sémantique), comme p. ex. dans la dérivation, et un fondement purement structural. On dira que dans le premier cas B est dérivé de A, dans le dernier cas bâti sur A. Beaucoup d’adjectifs français à motion, c-à-d. avec distinction formelle entre les deux genres, ont au fém. une consonne finale (blanche, verte, ronde, longue . . .) dont le manque est caractéristique pour le masc. (blanc, vert, rond, long . . .). Au point de vue de la fonction sémantique c’est le masc. qui est la forme-base puisqu’il est le représentant général de l’adjectif, p. ex. les blancs pour désigner une population de race blanche sans distinction de sexe. Mais quant à sa structure le masc. est bâti sur le fém. moyennant la suppression de la consonne finale, tandis qu’en partant du masc. la forme fém. est imprévisible (-á, -t, -d, -g . . .). Précisons tout d’abord que dans la perspective de Kurylowicz, le point essentiel est qu’il existe une relation d’implication unilatérale entre le masculin et le féminin (cf. Kury l owicz 1969: 373-74): là où il existe une distinction formelle entre le masculin et le féminin, la forme du masculin est généralement prédictible à partir de celle du féminin, alors que l’inverse n’est pas vrai. On remarquera d’autre part que l’exposant du féminin peut être de nature inframorphémique: dans des couples tels que naïf/ naïve, sportif/ sportive, etc., ce n’est pas n’importe quel segment qui marque l’opposition du masculin et du féminin, mais le trait de voisement du segment final de la forme masculine. Or, c’est justement le segment pourvu du trait de voisement qui apparaît dans le dérivé en -iste, comme du reste dans d’autres dérivés: (6a) On pourra avoir une vision superficielle de cet album, dont l’empreinte «naïviste» est cependant indéniable: innocence, nonchalance, joie de vivre et rigolade sont ici aussi au menu, et cela grâce au langage simple inventé par Emmanuelle Robert. (http: / / www.livresautresor.net/ livres/ li3droite.php? livre=4228&exclu=ok) (6b) Relevant aussi de la brièveté, il y a l’écriture de bréviste, qui n’est pas tout à fait la même chose que le style de bréviste: l’«écriture» garde une aura de scientificité parce qu’elle a été le terme élu par la sémiologie des années soixante-dix . . . Si l’on passe à la manière, terme emprunté à la peinture, et dont la notion «subjective» revient après deux décennies, c’est encore autre chose. Elle est nécessaire, liée au rapport exclusif du sujet au langage et à sa façon de sentir le monde et d’être au monde. On trouve dans les fictions brèves des manières de «longuistes» - et ce n’est pas un paradoxe, comme nous l’avons expliqué plus haut. (http: / / www.adpf.asso.fr/ adpf-publi/ folio/ lanouvelle/ 06.html) Naturellement, il est toute une série de formes adjectivales qui ne distinguent pas morphologiquement le masculin et le féminin, auquel cas le dérivé en -iste prend pour base un élément dont on peut considérer qu’il est en deçà de l’opposition masculin - féminin: Remarques sur Oui, Non et les -istes (7a) Nous avons constaté que les conditions objectives mentionnées se traduisent et s’expriment dans le domaine subjectif, c’est-à-dire précisément dans l’idéologie dominante avec sa pratique correspondante, jusqu’à aujourd’hui et nonobstant les efforts de transformation sociale entrepris par la Révolution Bolivarienne, dans l’égoïsme, l’individualisme, la compétition à la vie à la mort, et dans les attitudes de mépris ouvert de son prochain (héritage des rapports de production capitaliste), où se mêle une attitude passive-réceptive, faciliste et dépourvue de tout esprit de responsabilité propre (héritage de l’État paternaliste). (http: / / quebec.indymedia.org/ fr/ node.php? id=21618) (7b) . . . il importerait que se mette en place un travail interdisciplinaire entre médiévistes et antiquistes car beaucoup de choses se jouent dans l’Antiquité tardive et le très haut Moyen Âge. (http: / / www.mae.u-paris10.fr/ arscan/ Cahiers/ FMPro? -db=cahiers.fp5&-format= detailfasc.htm&-lay=cahiers&Theme=Controle*&-recid=33089&-find=) (7c) Qu’est-ce qu’une juvéniste? C’est le terme que j’ai proposé ailleurs - m’inspirant en cela des appellations en iste dont on gratifie mes collègues,qui dix-huitiémiste,qui vingtiémiste,etc.- pour désigner les chercheurs qui œuvrent en littérature pour la jeunesse. Nous ne sommes pas légion. La recherche en littérature pour la jeunesse est, dit-on, un axe de recherche en émergence. Dans les départements de littérature du monde francophone, et bien qu’elle ait ses supporteurs depuis près de trois décennies - ce qui n’est rien quand on pense à la longueur d’avance qu’ont d’autres champs disciplinaires sur le nôtre -, la littérature pour la jeunesse devient, peu à peu, un objet d’étude. Cette juvéniste là tient un blog, qui risque d’intéresser du monde (qui passera par là sans trop oser le dire): Au cours des dernières années, j’ai pu constater combien grandissant était le nombre des lecteurs adultes cachés entre les rayonnages des sections jeunesse des librairies 9 . (http: / / www.dicodunet.com/ actualites/ culture/ 66280--la-litterature-francophone-se-porte-tres-bien-17-03-2006-18-16-.htm) On pourrait se demander a priori si les formes faciliste et antiquiste des exemples (7a) et (7b) ne résultent pas d’une dissimilation de facilitiste ( facilité) et antiquitiste ( antiquité). Il nous semble toutefois peu économique en l’espèce de poser une règle d’effacement de la séquence -itdont la justification serait de résoudre la configuration dissimilative 10 . Les exemples présentés plus haut montrent en 111 9 Marc Plénat (c. p.) me fait observer que juvéniste pourrait fort bien être construit sur la base latine juven. Ce n’est bien sûr pas exclu, mais il est tout aussi évident que la forme adjectivale juvénile offre une prégnance dont on peut supposer qu’elle est susceptible de déclencher plus encore que la forme juven l’activation d’un schème de dérivation. 10 Nous n’excluons pas, bien évidemment, que des contraintes dissimilatives puissent être à l’œuvre dans la suffixation en -iste (comme dans les phénomènes de suffixation en général). Sans doute peut-on imputer à une contrainte de ce type la réduction de la diphtongue initiale du nom Bayrou dans la variante barouiste illustrée en (7d), moins fréquente certes que la forme bayrouiste en (7e) mais attestée néanmoins: (7d) Quel radicalisme de la part des «socialistes»! Mais c’est pas vrai, on passe plus de temps à s’expliquer entre Barouistes/ Ségoïstes plutôt que de critiquer ensemble le programme de Sarko/ Le Pen! (http: / / www.liberation.com/ php/ pages/ pageReactions- List.php? rubId=445&docId= 247877&s2=&pp=&next=10) (7e) François Bayrou est-t-il Strauss-Kahnien? Ou Dominique Strauss-Kahn est-il «bayrouiste», tout dépend de votre degré de compatibilté centriste. (http: / / politique.fluctuat.net/ blog/ 10663-bayrouiste-ou-strauss-kahnien-.html) Franck Floricic 112 effet que les dérivés en -iste peuvent tout à fait prendre comme base des formes adjectivales, et il semble bien que ce soit le cas ici. Naturellement, la sélection des formes adjectivales facile ([fasil]) et antique ([-tik]) offre l’avantage de ne pas présenter la configuration dissimilative qu’implique les termes facilité et antiquité, et surtout d’être plus courtes (bisyllabiques en l’occurrence). L’effet de cette contrainte-ci apparaît d’une manière particulièrement nette dans le dérivé juvéniste de l’exemple (7b), qui de toute évidence est bâti sur l’adjectif juvénile ([ yvenil]) et non sur le substantif jeunesse 11 . Il n’est du reste pas exclu que cette contrainte éclaire également - ne serait-ce qu’en partie - la forme particulière que prennent les dérivés en -iste de formations nominales et adjectivales en -ique. Les exemples (8a)-(8d) montrent en effet que les formes politique, catholique, magnifique, ou encore ludique donnent respectivement politiste, catholiste, magnifiste et ludiste plutôt que politiquiste, catholiquiste, magnifiquiste, ou ludiquiste: (8a) Ce que remarque également Bourdieu, c’est le décalage entre le discours démocratique universaliste et la pratique élitiste du système représentatif. Au fond, hormis quelques théoriciens et politistes honnêtes cités précédemment, rares sont ceux, notamment parmi les hommes politiques, à reconnaître l’aspect ouvertement élitiste du gouvernement représentatif. (http: / / www.sens-public.org/ article_paru1.php3? id_article=59) (8b) Que des royalistes soient individuellement de fervents catholiques, tant mieux, et qu’ils prient ensemble comme Paul Turbier les y invite, parfait! Mais l’idée de fonder au XXIème siècle une royauté «catholiste», à l’instar des régimes islamistes, ne me paraît ni réaliste, ni raisonnable. (http: / / home.tiscali.be/ vexilla/ Cesoclequinousunit.htm) (8c) Mauvaise surprise pour les adeptes du «vendredi magnifique»: les policiers ont raflé les boissons étalées sur les capots et toitures des voitures présentes, qui étaient plus nombreuses que d’habitude sur la Place du 13-Mai à la veille du week-end de la Pentecôte. . . . D’ailleurs, les victimes étaient très furieuses en interprétant l’ordre du maire d’Antananarivo de «tout casser, selon les rumeurs, comme une entrave à la liberté individuelle. «Ce n’est pas à Patrick Ramiaramanana de nous dicter ce que nous devons faire ou boire», se sont plaints de nombreux «magnifistes» en déplorant que la municipalité interdit aussi l’ouverture des débits de boissons à partir d’une certaine heure. (http: / / www.lagazette-dgi.com/ v2/ pagefr.php? genre=readarchive&id=30374&rubune=politics&MONTH=Mai%202005) (8d) Outre le jeu de rôle, tous les jeux de société me plaisent: je suis un ludiste impénitent. Les jeux divers et variés comme les cartes (à collectionner ou pas), les jeux de plateaux, de stratégie, de lettres, les wargames, les casse-tête, etc. . . . sont mon dada. Et si j’em- 11 Notons que juvéniste existe également comme dérivé de juvénat (cf. 7f): (7f) En 1950, le Frère Pancrace Gartiser est nommé directeur du Juvénat. Il réorganise le Juvénat, d’abord en sélectionnant mieux les élèves, puis en améliorant le recrutement et aussi les études. Depuis 1948 déjà, les juvénistes préparaient l’examen du C. E. P. sous la direction du professeur Alfred Klingler. En 1953, avec le concours du professeur Jung, on ouvrit le cours du Brevet. On notera seize élèves en 1948. http: / / perso.wanadoo.fr/ sentheim/ sentheim/ sjdd.htm Remarques sur Oui, Non et les -istes ploie le mot «ludiste», c’est parce que je considère le terme de «joueur» trop lié aux jeux d’argent dont j’ai une profonde aversion 12 . (http: / / www.fulgan.com/ players/ present/ moi.html) On pourrait penser a priori à une sorte de «règle de cacophonie» qui interdirait la finale -iquiste, où la voyelle haute [i] apparaît dans deux syllabes successives, mais une telle règle n’expliquerait absolument pas le cas de formes telles que Ségoliste (en face de Ségoleniste), où la troncation a lieu bien que le suffixe ne soit précédé d’aucun [i] 13 : (8f) Les socialistes, qui ont en commun avec tous les groupes humains (et même animaux) d’avoir l’instinct de survie, ont compris depuis bien longtemps que la seule façon de ne pas en prendre pour 15 ans de sarkozisme, c’est de devenir royalistes (ou royalien ou ségoliste). Bref, de muter. (http: / / delais.blog.20minutes.fr/ archive/ 2006/ 05/ 19/ la-manipulation. html) Il semble donc bien que les formations telles que ségoliste, catholiste, etc. soient au moins en partie conditionnées par des contraintes de «taille». Les formations dé-adverbiales quant à elles semblent nettement plus rares; elles sont néanmoins parfaitement attestées, comme le montre un terme tel que encoriste et peut-êtriste qui désignent respectivement les partisans à la participation gouvernementale d’un parti francophone belge, et les indécis face au projet de constitution européenne: (9a) Mais si Philippe Defeyt décide de s’engager pour un nouveau mandat, plusieurs possibilités s’ouvrent à lui. Soit il présidentialise la fonction en s’entourant de 2 proches qui agiraient en retrait, notamment pour la gestion du parti; soit il compose une équipe as- 113 12 Le cas de «ludiste» se distingue un peu des précédents dans la mesure où on peut difficilement dire que «ludiquiste» soit détrôné pour des raisons de taille prosodique: ludique est bisyllabique et devrait donc pouvoir s’attacher le suffixe -iste. Comme le montre l’extrait (8e), il est probable que la structure du complexe «ludiste» s’aligne sur d’autres qui présentent un schéma analogue (cf. rôliste, nudiste, etc.): (8e) J’aime bien ludiste, ça fait un parallèle avec rôliste. . . . comme ça l’été on dira «je vais jouer sur une plage de ludistes.» (http: / / www.orleans.tv/ jeux/ forum/ viewtopic.php? t=8869 &postdays=0&postorder=asc&start=45&sid=05e4fa1d47b32d2726ee118d3f05e897) 13 Le dérivé ségoliste n’est pas sans évoquer gaulliste, comme le montre l’extrait suivant où les deux termes sont explicitement mis en parallèle: (8g) Les partisans de Madame Royal sont désormais regroupés sous le fier étendard du «Ségolisme». On ne sache pas que jadis, les fans de Jospin étaient Lionelistes ou ceux de Balladur Édouardistes. C’est qu’évidemment, baptiser Royalistes ces partisans du renouveau ferait tout de même question, au pays de Saint-Just et Jean Moulin. Royalien n’ayant pas été retenu, va donc pour Ségolisme. Qui deviendra vraiment croustillant quand des hommes de droite rejoindront la bannière de la candidate: on évoquera alors «ces gaullistes ségolistes», et ça fera sourire les enfants. (http: / / blog-hrc. typepad.com/ ressepire/ rever/ index.html) Franck Floricic 114 surant la synthèse des courants. On a pris l’habitude des confrontations entre réalistes et fondamentalistes, entre participationistes et oppositionistes, on a parfois dit «encoristes» et «stoppistes». Ils se sont baptisé «Horizon» et «Groupe Citadelle». http: / / www2.rtbf.be/ jp/ matin/ 2002/ 06/ 26/ 6.html) (9b) Le peut-êtriste plutôt noniste que je suis, pense juste qu’il est étonnant de nous faire voter pour des textes . . . qui s’appliquent déjà 14 . (www.liberation.fr/ page_forum.php? Template= FOR_MSG&Message=2263785) Comme on l’a dit plus haut, il n’est pas jusqu’aux pronoms indéfinis, aux abréviations et autres sigles qui participent des formations en -iste, signe à la fois de l’extrême productivité de ce suffixe et de la polyvalence sémantique qui est la sienne. À partir de l’indéfini rien, de la forme tronquée prof et du sigle P. R. I. («Parti Révolutionnaire Institutionnel»), on peut ainsi former respectivement les dérivés rieniste, profiste et priste: (10a) Ici la noblesse, le clergé, les femmes, les vieux (du peuple) sont royalistes. les gens du gouvernement, le commerce: juste milieu. La partie vivante du peuple: napoléoniste-républicaine. - la jeunesse: rieniste. (F. Tristan, Le tour de France, journal inédit (1843- 1844), Paris,1973: 162-64; http: / / www.lgf-team.com/ forum/ index.php? act=Print&client= printer& f=22&t=472) (10b) Disons d’abord (point de vue «profiste») que la différence entre cours particulier et cours en classe n’est pas seulement qu’une question de vitesse; c’est surtout une question de demande. (http: / / forum.lokanova.net/ viewtopic.php? t=5915&postdays=0&postorder=asc& start=180) (10c) Las Abejas, en tant qu’organisation politique, est également un moyen pour les Indigènes de se défendre contre la répression des autorités municipales PRIstes 15 . (http: / / membres.lycos.fr/ elcompanero/ acteal.html) 14 Je remercie Marc Plénat de m’avoir signalé cet exemple. 15 Par le choix de distinguer le sigle en mettant en majuscules ses éléments constitutifs, l’exemple (10c) montre d’une manière assez claire que P. R. I. est oralisé par épellation, mais le caractère de nouveauté du sigle ainsi que son monosyllabisme peuvent induire une certaine fluctuation dans son mode d’oralisation, et ce d’autant que PRI est parfaitement oralisable par lecture. De ce point de vue, l’oralisation de la forme PRDiste en (10d) laisse moins de marge de variation que n’en laisse la forme priste en (10e): (10d) López Obrador pourrait alors être poursuivi pour avoir procédé à des expropriations illégales au cours de son mandat. Les perspectives ne sont pas très bonnes, puisque les 149 députés du PAN ont affirmé qu’ils voteraient pour la perte de l’immunité, tandis que les 97 PRDistes ont déclarés qu’ils étaient contre, en signe de soutien à AMLO. Les députés du PRI feront donc la différence: il faut 251 voix au maire de Mexico pour éviter le jugement. (http: / / www.lepetitjournal.com/ content/ view/ 540/ 310/ ) (10e) Au total, 360 voix pour et 129 contre, seuls onze «pristes» et quelques jeunes du parti Vert écologiste ont su, aux côtés du PRD et du Parti du travail (PT), résister aux pressions et aux chantages. (http: / / www.humanite.presse.fr/ popup_print.php3? id_ article=460052) Remarques sur Oui, Non et les -istes 115 On pourrait naturellement multiplier les exemples pour illustrer les propriétés sémantiques et morphologiques du type de suffixation auquel participe le formant -iste. On se contentera de signaler, pour clore ce (trop) bref panorama, que l’un des cas de figure les plus intéressants de suffixation met en jeu des entités que l’on reconnaît traditionnellement comme des interjections. Il s’agit sans doute d’un type de formations aux marges de ce qu’autorisent les «règles» de la morphologie, mais qui précisément pour cette raison mérite toute notre attention. L’un des exemples les plus connus est celui de la forme zut, qui donna dans les années 1870 le dérivé zutiste, terme désignant les membres du cercle de poètes regroupés autour de Antoine Cros: (11a) Antoine Cros était médecin et écrivain. Il traduisit le Prométhée enchaîné d’Eschyle. Il fit partie d’un groupe auquel appartenaient Verlaine et Rimbaud. Ce groupe avait la spécialité de dire zut à tout, aussi l’appelait-on les zutistes. (http: / / www.academie-francaise.fr/ immortels/ discours_reponses/ vallery_radot.html) Sans doute l’interjection perd-elle une partie de ses propriétés constitutives à partir du moment où elle sert de base morphologique à des processus dérivationnels 16 . À titre d’exemple, la syllabe initiale de l’interjection peut faire l’objet d’un allongement (consonantique ou vocalique) de nature emphatique qui n’a de chance d’affleurer qu’à partir du moment où il y a identification entre l’instance dont elle émane et l’affect dont elle est le signe, et qui naturellement n’a plus de fondement dans le dérivé, ce dernier faisant partie d’une classe dont elle participe et à laquelle elle se conforme peu ou prou, indépendamment de toute variation individuelle (cf. [z: : : yt]/ [zy: : : t] vs. *[z: : : ytist]/ *[zy: : : tist]). Ce nonobstant, c’est bien l’interjection qui sert de base morphologique au dérivé zutiste, et non par exemple un quelconque verbe sous-jacent *zuter, même si par ailleurs on peut reconnaître que dans la plupart des cas zutiste se dit de «ceux qui disent zut». Précisons d’autre part que le cas de zutiste est loin de constituer un hapax, et il serait sans doute possible de faire une liste assez longue de dérivés analogues. Pour ne prendre qu’un ou deux autres exemples, on citera le cas de vroomiste, de aïste et de bofiste, qui appellent le même type d’observations: (11b) Bienvenue à toi . . . parmi les vroomistes et les autres, tu verras que dans la rubrique «ballades» tu auras le choix entre différents groupes qui partent tous les week-ends en promenades, suffit de faire connaissance, parfois t’inscrire sur le forum, et après on part en ballade certains plus vite que d’autres mais toujours dans une bonne ambiance. (http: / / www.vroom.be/ fr/ forum/ forums/ printer-friendly.asp? tid=6249) 16 Cf. Wegener (1885/ 1971: 150): «This appropriating of a direct utterance of another person in a reporting statement, whereby the original tone of sensation is lost, makes it even possible to build actual linguistic words with fully developed natural form from interjectional sounds. And so it was possible from the interjection ach: das Ach und Weh [alas! The Oh and Woe] to build the verb ächzen [to lament] or perhaps even the Greek πxo+ [ache], or oïmqzw, stenázw [to wail, to groan, etc].» Franck Floricic 116 (11c) Ajoutez à cela que Pirlipate avait apporté, en venant au monde, deux rangées de petites dents, ou plutôt de véritables perles, avec lesquelles, deux heures après sa naissance, elle mordit si vigoureusement le doigt du grand chancelier, qui, ayant la vue basse, avait voulu la regarder de trop près, que, quoiqu’il appartînt à l’école des stoïques, il s’écria, disent les uns: Ah diantre! Tandis que d’autres soutiennent, en l’honneur de la philosophie, qu’il dit seulement: Aïe! aïe! aïe! Au reste, aujourd’hui encore, les voix sont partagées sur cette grande question, aucun des deux partis n’ayant voulu céder. Et la seule chose sur laquelle les diantristes et les aïstes soient demeurés, d’accord, le seul fait qui soit rest incontestable, c’est que la princesse Pirlipate mordit le grand chancelier au doigt. Le pays apprit dès lors qu’il y avait autant d’esprit qu’il se trouvait de beauté dans le charmant petit corps de Pirlipatine. (http: / / 216.239.59.104/ search? q=cache: dhnuqrKAy2YJ: www.diogene.ch/ textes%2520libres/ contes-nouvelles/ Dumas%25201.pdf+a%C3% AFstes&hl=fr&lr=lang_fr) (11d) En gros je ne suis ni Ouiouitiste ni noniste mais Bofiste. Celui qui désire ne pas donner de mauvaises réponses à de mauvaises questions. (http: / / 66.102.9.104/ search? q=cache: m63cH5W1kBIJ: www.cahiersdufootball.com/ sujet.php%3FpageNum_replie s %3D1 2 9%2 6totalRow s _replie s%3D2 0 8 5%2 6id%3D2 5 7+bofi s te&hl=fr&lr= lang_fr) L’extrait (11d) est particulièrement intéressant et nous conduit directement au cœur du problème que nous allons examiner: la même phrase contient trois formes en -iste qui toutes trois sont construites sur une interjection, à savoir oui (dans le cas présent sa forme rédupliquée oui oui), non et bof. Nous allons consacrer la suite de cette contribution aux formes dérivées de oui et non telles qu’elles ont pu voir le jour à l’occasion du referendum du 29 mai 2005, et l’on verra que leur extrême variabilité est au moins en partie liée au statut interjectionnel de ces marqueurs holophrastiques 17 . 17 Nous n’avons pas évoqué le cas des emprunts, mais il est clair que les dérivés en -iste peuvent prendre pour base des entités qui ne font pas partie du stock lexical de la langue cible, et qui (en partie) pour cette raison peuvent offrir une certaine variabilité dans leur réalisation. On ne citera que deux exemples de ce cas de figure, mais il s’agit d’exemples intéressants car ils mettent en jeu tout un syntagme: (11e) Pendant ce temps, de l’autre côté de l’Atlantique, la RIAA préparait sa vengeance. Elle collectait ainsi de nombreuses IP sur les réseaux d’échanges de fichiers, obtenait de façon plus ou moins douteuse des email de peer-to-peeriste, et lançait des menaces, par mail. (http: / / www.forum-pc.net/ news/ article-416-limewire-clone-frostwire.html) (11f) Bref, on a à faire à un parfait profil-type du anti-héros (un peu (mais pas beaucoup) comme Perry Cox dans Scrubs, mais en moins sitcomesque et plus real-lifiste), et ça, c’est cool. (http: / / www.tv-haven.net/ index.php? 2005/ 08/ 17/ 2-house) Remarques sur Oui, Non et les -istes 117 3. Oui, non et les dérivés en -iste On ne cherchera pas ici à se défendre d’une objection que pourraient soulever les quelques remarques qui précédent: les formes telles que oui et non sont des «monstres linguistiques» au sens où l’on serait tentés de dire qu’elles participent de plusieurs catégories à la fois. Ces formes se distinguent des interjections «primaires» en ceci qu’elles passent sans problème des tests tels que l’enchâssement, la coordination ou la focalisation; non seulement ces marqueurs peuvent constituer le membre total d’une subordonnée, mais ils peuvent aussi fonctionner comme principale d’une phrase complexe et avoir sous leur dépendance un constituant phrastique (cf. Tesnière 1936). De ce point de vue, oui et non seraient apparentés au «adverbes de phrase» tels que peut-être ou sûrement dont ils partagent l’essentiel de la distribution syntaxique. En même temps, il convient d’observer toutefois que ces marqueurs peuvent faire l’objet de modulations formelles quasi infinies, ce qui fondamentalement les rattache aux interjections (cf. Brøndal 1948: 64). Lorsqu’elles ne sont pas monosyllabiques, les interjections se présentent en effet comme des formes particulièrement brèves, et tout se passe comme si les variations que subit une base en faisant jouer des substitutions sur l’axe syntagmatique opéraient dans les interjections sur l’axe paradigmatique, assignant ainsi aux modulations segmentales et suprasegmentales le même rôle que par exemple les alternances suffixales. On va voir du reste que le suffixe -iste s’attache à des formants extrêmement variables dont la valeur interjectionnelle laisse assez peu de doute. 3.1 «Tronquer ou ne pas tronquer»: that is the question . . . Comme on l’a dit plus haut, le referendum du 29 mai 2005 a donné lieu à un foisonnement de désignations renvoyant aux partisans et aux détracteurs du projet de constitution européenne. Parmi les multiples questions que pose la construction des formes dérivées des marqueurs holophrastiques oui et non, on peut signaler le problème des «contraintes de taille» ainsi que des contraintes de «fidélité». 3.1.1 Seuil phonologique et seuil informationnel Les contraintes de taille font partie des contraintes dont les effets ont le plus d’impact sur la forme des entités linguistiques. On considère généralement qu’il existe un seuil en deça duquel il n’est pas possible de descendre, et que des formes sub-minimales peuvent voir mises en œuvre des stratégies dont la raison d’être est d’optimiser des configurations qui autrement seraient de quelque manière «marquées». Pour ce qui est du français, il est peu probable que le seuil minimal puisse être identifié comme un pied monosyllabique et bimoraïque, car le français n’oppose pas des voyelles brèves et des voyelles longues, et l’inexistence d’alternances accentuelles comme celles de l’italien ne permet pas d’inférer quoi que ce soit sur la lourdeur vs. légèreté de certaines syllabes et sur la pertinence corrélative de la more comme unité fondamentale de Franck Floricic 118 la phonologie du français. Naturellement, une syllabe telle que sait [se] est moins complexe en terme de structure que celle de secte [sekt], mais il n’est pas possible pour autant d’en conclure que cette différence de structure doive être analysée en termes moraïques. L’autre hypothèse consiste à poser que l’unité fondamentale de la phonologie du français est non pas la more, mais la syllabe, et que les contraintes de minimalité qui pourraient émerger des données du français devraient prendre en compte plutôt cette unité-ci. La phonologie des hypocoristiques apporterait du reste des arguments en ce sens, et la structure de formes telles que [sekt] pourrait dans cette perspective être analysée comme contenant une syllabe dégénérée ou catalectique. On aura donc pour une forme telle que [sekt] une représentation comme la suivante 18 : (12a) 18 Bien qu’elle s’en distingue à certains égards, une analyse en termes de syllabe épenthétique telle que celle de Piggott 1994 n’est au fond pas très éloignée de celle qu’illustre la représentation (12a). 19 Une autre perspective ouverte par Plénat 1987 est d’admettre une structure dans laquelle une consonne qui s’ajoute aux deux segments constitutifs de la rime est extrasyllabique et marquée comme étant pourvue d’un appendice, d’où une représentation telle que (12c): (12c) D’une manière typique, la rime est constituée d’une voyelle et d’une sonante, et toute obstruente ultérieure aura donc le statut d’élément flottant au regard du «core» de la syllabe, d’où son association à l’appendice syllabique. L’assignation de la consonne [t] à une seconde syllabe dont elle fournirait l’attaque trouverait du reste confirmation dans la construction des dérivés, puisque régulièrement cette consonne est syllabifiée comme attaque (cf. sectaire, sectariser, sectateur, sectariste, etc.). Précisons que ce n’est naturellement pas la seule solution possible, et l’on pourrait également concevoir une structure pourvue d’une superrime, dans l’esprit de Dell 1995 19 : Remarques sur Oui, Non et les -istes 119 (12b) Il n’est évidemment pas question ici de discuter de problèmes qui dépassent de loin l’objectif de cette contribution et qui attendent encore un traitement satisfaisant. Remarquons simplement que si les structures bisyllabiques fournissent sans doute un patron rythmique idéal, il ne s’ensuit pas qu’il faille les reconnaître comme les seuls schémas auxquels serait soumise la phonologie du français. Car autant des exemples tels que [sekt] semblent légitimer l’introduction d’un constituant prosodique supplémentaire à la frontière droite du mot, autant il semble peu fondé d’autoriser une prolifération de syllabes vides ou dégénérées dans des formes telles que rat [ r a] ou pas [pa], qui au demeurant sont particulièrement nombreuses en français. Dans des cas de ce genre, il convient simplement de constater que la syllabe est formée d’une attaque et d’un noyau, et rien de plus. En revanche - et la question est directement pertinente à notre propos - il est bien connu que pour être mémorisées et reconnaissables, les entités linguistiques doivent être dotées d’une information segmentale suffisante pour permettre leur identification. C’est dire qu’il existe une contrainte qui tend à préserver un minimum d’information lexicale, et que cette contrainte intervient d’une manière cruciale dans l’élidabilité ou la non élidabilité du matériel segmental à la frontière droite du mot. Or, cette contrainte opère d’une manière d’autant plus impérieuse dans le cas des monosyllabes du type CV, où l’élimination de la voyelle en dérivation rendrait à peu près méconnaissable la forme source. C’est au fond ce que reconnaissent Corbin/ Plénat 1994: 149-50, qui observent: Quand la voyelle en position d’être tronquée est distincte de / i/ , la troncation est impossible avec les monosyllabes, variable avec les dissyllabes, et catégorique avec les mots plus longs (cf. (5a) - i. e. Dr. No noiste (*niste)) - quand c’est un / i/ , la troncation est également impossible avec les monosyllabes, mais elle est catégorique dès que le mot atteint deux syllabes (cf. (5b) - i. e. Pie X piiste (*piste); Gandhi gandhiste (*gandhiiste)). . . . quand le mot de base est monosyllabique, l’évitement de l’hiatus entraînerait la disparition de toutes les syllabes du mot de base (*niste et *piste ne conserveraient du mot de base que l’attaque initiale); cette in- Franck Floricic 120 fraction à la contrainte de seuil est trop sévère pour que le principe d’évitement de l’hiatus soit respecté (d’où noiste et piiste) 20 . De l’analyse de Corbin/ Plénat, il ressort que les formations en -iste qui prennent pour base une syllabe constituée d’une consonne et d’une voyelle ne devraient pas permettre l’élision de la voyelle (cf. aussi Roché 1993: 76) 21 . Or, les formations en -iste construites sur le marqueur holophrastique oui montrent qu’il n’en est rien, et que la voyelle de ce dernier peut parfaitement être élidée. 3.1.2 La structure phonologique de oui et de non Avant d’aller plus loin, il est nécessaire de dire quelques mots de la structure morpho-phonologique de oui et de non. Comme on a déjà eu l’occasion de le préciser, ces formes offrent une extrême variabilité quant à leur réalisation, et il convient 20 Le cas des sigles que nous avons évoqué plus haut est à cet égard instructif. Les deux extraits suivants fournissent des exemples particulièrement intéressants de séries où la voyelle finale du sigle est tantôt tronquée, tantôt conservée en fonction de l’opacification que provoquerait l’opération en jeu: (13a) Le commissaire (français) européen aux transports J. Barrotstein est un être exquis, d’une douceur extrême, paisible, qui ne ferait pas de mal à une punaise Cgtiste, un ver Cdtiste, un moustique Fo, un ditique Ctciste, un cafard Unsiste, une marmotte Fsuiste, une libellule Sudiste, il n’y a qu’a le voir se plaindre des misères que certains malveillants se mettent à divulguer. (http: / / ce-sera-non.over-blog.com/ ) (13b) Toujours pour France-Telecom, faut pas pousser, le personnel dans une grande majorité (CFDTistes, CGTistes, FOistes et même SUDistes) ont acceté de prendre des actions de l’entreprise. Comprenne qui pourra. (http: / / forum.aceboard.net/ p-6148- 603-4707-1.htm) Si la voyelle finale du sigle UNSA (Union Nationale des Syndicats Autonomes) est élidée, c’est qu’elle fait partie d’une série relevant d’un même hypéronyme (i. e. la notion signifiée par le terme «syndicat»), ce qui rend possible l’identification du référent à partir de l’information véhiculée par la suite segmentale [yns]. Dans le cas de FOiste ([efoist]) en revanche, l’élimination du segment [o] rendrait méconnaissable la base, d’où le maintien de la voyelle. L’exemple de Fsuiste ([efesyist]) montre clairement que le seuil n’est pas tant phonologique (la suite [efes] constitue un bisyllabe bien formé) qu’informationnel: le référent ne peut être identifié à partir des deux seules initiales FS, qui au demeurant interviennent dans la structure de plus d’un sigle. 21 Dans certains cas où la base est constituée d’une suite CV, on peut relever une oscillation entre le maintien de la voyelle et sa glidification. C’est ce qu’illustre la forme huiste de l’exemple (9c), qu’a priori on peut segmenter soit comme [yist], soit comme [ ɥ ist]: (13c) Une position défendue dans la presse, il y a quelques semaines, par Robert Hue. Il n’a pas souhaité la développer devant le Comité national mais a tenu, pour «tordre le cou à la rumeur», à répondre à certaines réactions qu’elle avait alors suscité: «À celles et ceux qui cherchent, dans mes propos, je ne sais quelle manifestation d’une stratégie de pouvoir, je dis simplement: vous gaspillez votre temps et votre énergie.» Et il a poursuivi: «Je ne sais pas ce que ‹huiste› signifie. Robert Hue ne s’organise avec personne et n’organise personne autour de lui.» (http: / / www.humanite.fr/ journal/ 2003-09-29/ 2003-09-29-379716) Remarques sur Oui, Non et les -istes 121 de garder à l’esprit cette donnée fondamentale lorsqu’on en propose une caractérisation 22 . La première question que pose la forme oui concerne le statut du glide initial: faut-il l’analyser comme premier membre d’une diphtongue associée au nucléus et formant un noyau complexe, ou faut-il l’analyser comme attaque syllabique? En réalité, la combinatoire syntaxique semble indiquer a priori que le glide fonctionne comme attaque syllabique. D’une part, alors qu’une forme telle que ami ([ami]) sélectionne la forme asyllabique de l’article défini, d’où l’ami ([lami]), la forme oui quant à elle sélectionne la forme syllabique de l’article, d’où le oui ([l Δ wi]) plutôt que l’oui ([lwi]) (cf. Gorra 1893: 485). De même au pluriel, alors que l’ami donne les amis ([lezami]) avec le marqueur de pluriel [z] devant initiale vocalique, le pluriel du syntagme le oui donne en revanche les ouis ([lewi]) plutôt que les [lezwi]. On a donc de bons arguments pour assigner à la forme oui la représentation (14a) plutôt que la représentation (14b): (14a) (14b) La représentation du marqueur non pose quant à elle des difficultés de nature différente; alors que dans sa variante neutre le marqueur oui est constitué simplement d’une suite Glide - Voyelle associée respectivement à l’attaque et au noyau de la syllabe, le marqueur non soulève le problème épineux de la représentation des consonnes nasales. Il s’agit d’une question particulièrement débattue à laquelle il n’est évidemment pas question de proposer ici une quelconque solution. On fera avec Paradis/ Prunet 2000: 341 l’hypothèse que la voyelle nasale est associée à une position squelettale et deux nœuds racine. On aura dans ce cas comme représentation possible le schéma en (15a): (15a) 22 Parmi les multiples variantes de ces formes, certaines se sont également imposées comme des entités relativement autonomes. Que l’on pense par exemple aux expressions voui [vwi], ouais [we]/ [w ɑ ], ouiche [wiç], etc. (unités squelettales) (nœuds racine) Franck Floricic 122 Dans une perspective telle que (15a), aucune unité temporelle n’est donc associée à la consonne nasale, mais seulement le nœud racine 23 . Aussi le trait nasal de la consonne est-il associé par défaut à la voyelle orale qui précède. Naturellement, d’autres analyses sont techniquement envisageables, mais d’une manière générale, la position défendue ci-dessus constitue une solution tout à fait possible et appuyée par certains phénomènes de dérivation et de phonosyntaxe. Il est bien connu que l’élément nasal de la voyelle nasale est dissocié de la voyelle dans des suites telles que bon ami, ce qui impose du reste de spécifier dans la représentation sous-jacente que l’élément nasal associé à l’attaque de la syllabe suivante n’est pas n’importe quel segment nasal, mais le segment [n]. On va voir que la même observation vaut pour la forme non, dont l’un des dérivés en -iste offre précisément une suite voyelle orale + N, à savoir noniste ([n ɔ nist]). 3.2 Les dérivés en -iste du marqueur oui Comme on l’a dit plus haut, le foisonnement de formes auquel a donné lieu le referendum du 29 mai est tel qu’il n’est possible de signaler qu’un nombre très restreint des très nombreuses expressions nées (ou recréées . . .) à cette occasion. Il n’est pas possible non plus d’effectuer un décompte précis du nombre d’attestations des diverses variantes. Une donnée essentielle émerge toutefois d’une rapide enquête réalisée en interrogeant le moteur de recherche Google: la forme ouiste est de loin la plus fréquente des variantes répertoriées sur le web. 23 Dans la littérature sur la question, on a également proposé que la voyelle nasale soit analysée comme une séquence voyelle orale + un élément nasal, d’où une représentation telle que (15b): (15b) Dans la représentation ci-dessus, la voyelle [ ɔ ˜ ] est donc constituée de la voyelle orale [ ɔ ] plus une consonne nasale flottante associée par défaut à la même position squelettale. Remarques sur Oui, Non et les -istes 123 3.2.1 À propos de la forme ouiste Il est en effet particulièrement frappant de constater que la forme ouiste est la plus fréquente de toutes celles que l’on a pu répertorier 24 . On n’en fournira ici qu’un exemple, mais que l’on pense relativement représentatif de ce qu’il est possible de relever: (16) J’ai lu dans Libération que les compagnons d’Emmaüs et l’Abbé Pierre étaient favorables au traité. Pourquoi n’en parle t-on que peu? Sans faire de la récupération de la politique, cela aurait au moins le mérite de tordre le cou à l’idée reçue propagée par le PCF selon laquelle les ouistes sont des nantis socialement favorisés. http: / / www.ouisocialiste.net/ article.php3? id_article=937 La première remarque qu’il convient de faire est que la forme ouiste ([wist]) contredit le principe énoncé par Corbin/ Plénat 1994 selon lequel la troncation des bases en / i/ est impossible avec les monosyllabes 25 . Il est néanmoins possible de maintenir l’esprit de l’observation de Corbin/ Plénat en analysant la forme ouiste comme un cas de coalescence. Dans cette perspective, on analysera cette forme comme en (17), où la suite [wist] constitue le point de convergence de deux séries de relations: celles qui lient chacun des formants [wi] et [ist] à sa propre représentation, et celles qui les associent à la structure où ils convergent: 24 C’est également la seule dont on ait pu relever des dérivés, comme le montrent les exemples suivants, où la forme ouiste constitue respectivement la base de dérivés en -ment, -ard, -eur, et -(e)rie: i. Le gouvernement, Anastasie et ses sbires de France Télévision, ont donc jugé que d’ici le 29 mai, les Français ne devaient être gavés que de sujets «ouistement corrects», foutant eux-mêmes à la boîte aux ordures le fumeux concept de «concurrence libre et non faussée» qu’ils voudraient nous ériger en dogme d’airain. (http: / / www.lcr-rouge.org/ article.php3 ? id_article=1750) ii. Il n’est peut être pas encore trop tard pour les «ouistards», vous pourriez même vous organiser un petit pélerinage à «Lourdes» entre vous, les 45 % du Loto perdant («Lourdes moi la constit’ j’en suis constip’»! ! ça fera un super slogan). (http: / / origine.liberation.fr/ page_forum.php? Template=FOR_MSG&Message=253195) iii. L’exemple précedent d’un ami ici faisant «confiance» à Badinter montre un peu dans quel guépier nous sommes les uns et les autres, et il faudrait un peu l’avouer et le reconnaitre, ce texte est une horreur . . . pour les nonistes, ça on le savait, mais également pour les ouisteurs . . . (http: / / www.pro-at.com/ forums/ topic.asp? TOPIC_ID=16385& whichpage=20) iv. Marrant, j’ai fait la même analyse ce matin en regardant pour la nième fois un journal balancer une ouisterie ridicule et en faisant l’analogie avec les élections US. (http: / / www.liberation.fr/ page_forum.php? Template=FOR_MSG&Message=281009) 25 En réalité, Corblin/ Plénat (op. cit.) précisent (N4) que « . . . la contrainte du seuil ne permet pas vraiment d’éliminer piste, qui contient intégralement Pie, comme gandhiste contient intégralement Gandhi.» Franck Floricic 124 Il est intéressant de remarquer que De Lacy (1999) propose précisément une analyse en termes de coalescence, mais il invoque à ce titre la forme ouiste comme étant impossible. Il note en effet que « . . . -iste cannot haplologize with a root that is too small. More precisely, the root must consist of more than a single mora (i. e. a vowel) if haplology is to apply to it.» En réalité, si l’on suit l’argumentation de De Lacy, la forme ouiste serait malformée car l’unité lexicale qu’elle constitue serait sub-minimale au sens où elle ne contient pas en propre au moins un élément moraïque 26 . La représentation (18c) montre en effet qu’une seule ligne d’association (en dehors de celle de l’attaque syllabique) relie le segment de la base à la rime: (18a) Root-Deletion (18b) Affix-Deletion (18c) Coalescence Root Affix Root Affix Root Affix w i s t w i s t w i s t On a déjà dit plus haut que la pertinence de la more pour la phonologie du français est une question loin d’être résolue; mais même en laissant de côté cette question, il ne nous semble pas que la restriction apportée par De Lacy affaiblisse en quoi que ce soit l’approche de la coalescence. Du point de vue de la reconnaissance de l’information lexicale, l’élément oui est parfaitement identifiable dans la suite ouiste ([wist]), de la même manière qu’elle l’est dans les blends dont on fournira plus loin quelques exemples. De notre point de vue, non seulement rien ne s’oppose à admettre une représentation telle que (17) ou même (18c), mais en plus elle offre l’avantage de préserver toute l’information segmentale (et sémantique) associée à chacun des morphèmes. On peut donc dire que l’intégrité lexicale du marqueur oui est bel et bien préservée, et son identification dans le dérivé est d’autant plus aisée que l’ensemble des termes qui offrent la séquence initiale oui- ([wi]) est particulièrement restreint: en ce sens, le «scanning mental» qui s’opère en produisant la forme ouiste épuise rapidement l’ensemble des termes dont on peut envisager qu’ils lui soient associés 27 . Il convient enfin de préciser un point sur lequel (17) 26 « . . . a lexical morpheme must contain at least one moraic element that is unique to it (i. e. not an exponent of another morpheme).» 27 Le Robert électronique signale, outre les variantes ouiche et oui-da du marqueur oui, les termes ouï-dire, ouïe, ouïes, ouïg(h)our, ouïr, et ouistiti. Quant aux expressions qui présentent Remarques sur Oui, Non et les -istes 125 on aura l’occasion de revenir plus loin: la valeur ludique d’une forme telle que ouiste ainsi que le réseau d’associations qu’elle est susceptible de déclencher avec tout un ensemble de formes apparentées sémantiquement et phonétiquement est tout autant responsable de son succès (sinon plus! ) que ses propriétés phonologiques, qui en l’occurrence sont assez loin d’être «optimales». Le formant ouiste est en somme pourvu d’un coefficient d’expressivité qui n’est sans doute pas étranger à son succès, et on peut constater que le gradient d’expressivité suit souvent une pente inverse de celle de la «bonne formation» phonologique (cf. à ce sujet les formations onomatopéiques discutées dans Floricic sous presse). 3.2.2 Les formes rédupliquées ouiouiste et ouiouitiste La forme qui d’une manière assez nette arrive en seconde place après ouiste est une forme dont a priori on ne s’attendrait pas à ce qu’elle occupe une place aussi proéminente: il s’agit de la forme ouiouiste ([wiwist]) ainsi que de sa variante ouiouitiste ([wiwitist]), l’une et l’autre dérivées de la réduplication de oui. Comme le montrent les extraits (19a), (19b) et (19c), les deux variantes ouiouiste et ouiouitiste présentent une valeur ludique - voire ironique - nettement palpable et indissociable de la forme à redoublement. (19a) Liberation relate l’appel lance par le collectif «Sauvons l’Europe». L’appel concerne avant tout des personnes de gauche qui étaient favorables a la constitution europeenne. J’en fais partie, et en ce sens, je serais pret a signer des deux mains si je faisais abstraction de la situation desastreuse de la gauche politique francaise . . . Ce qui me pousse a réfléchir avant de signer, c’est la peur de voir cet appel elargir un peu plus le fosse entre «ouistes» (ou ouitistes, ou ouiouistes, ou toute autre appellation stupide) et les «nonnistes». Mais d’un autre cote, je veux prouver aux «nonnistes» que les «ouitistes» sont toujours la, et qu’ils representent toujours une partie importante de la gauche francaise . . . (http: / / welcometothefold.canalblog.com/ archives/ 2005/ 10/ 01/ ) (19b) C’est bientôt fini de parler de ouiouitiste et autre béni oui oui? C’est pas un peu péjoratif comme termes ça? Je ne sais pas pour les autres media mais moi je trouve que le NON se rattrape bien sur internet . . . C’est quasiment mon seul vecteur d’information et je doit dire qu’on est plutôt bien servi! (http: / / 66.102.9.104/ search? q=cache: jF4Wn L85BAcJ: www.novaplanet.com/ forums/ viewtopic.php%3Fid%3D3552%26p%3D4+ ouiouitiste&hl=fr (19c) Je trouve que le terme de oui ouiste est méprisant pour tous ceux qui ont voté «oui» au référendum. J’aurai souhaité un résultat bien différent de celui qui est arrivé, c’est sûr! (http: / / www.liberation.fr/ page_forum.php? Template=FOR_DSC&Message=298171) l’initial w(h)i-, il s’agit essentiellement d’anglicismes (ou de flamandismes) dont on peut douter qu’ils fassent tous partie du stock lexical dont disposent les locuteurs francophones (cf. whig, whiggisme, whip, whipcord, whisker, whisky, whist, wicket, williams, winch, winchester, windsurf, windsurfiste, winglet, wintergreen, wishbone, wiski, witérite et witloof.) Franck Floricic 126 Sémantiquement, la forme rédupliquée oui oui a par rapport à la forme simple soit un effet intensif d’emphase, soit un effet minoratif d’atténuation. En ce sens, il est évident que les deux variantes en (19a) et (19b) sont dotées d’un fort quotient d’expressivité. D’un certain point de vue, on remarquera d’ailleurs qu’a priori ces formes ne devraient pas être beaucoup plus licites que ne le sont *[z: : : ytist] ou *[zy: : : tist], dont on a dit plus haut qu’elles étaient exclues en vertu du fait que le dérivé est construit sur une entité hors corrélation, un membre total dont la forme et la valeur sont indissociables de l’instance dont il émane et avec laquelle s’instaure une relation d’identification. Aussi, les expressions ouiouiste et ouiouitiste devraient-elles être morphologiquement aussi peu naturelles que par exemple une forme telle que ? ? fifillette ( fifille), ou qu’en syntaxe l’enchâssement de la forme rédupliquée oui oui ou non non au sein d’une subordonnée (cf. ? ? il m’a dit que oui oui; ? ? je pense que non non, etc.). Si ouiouiste et ouiouitiste sont possibles, il convient de garder à l’esprit que ce n’est qu’en se maintenant aux marges du système morphologique (mais non à l’extérieur dudit système! ), où les cantonne une valeur ludique et ironique que tout un chacun reconnaît comme telle. Pour preuve des extraits tels que (20a) et (20b), où le scripteur effectue des observations métalinguistiques particulièrement pertinentes pour notre propos: (20a) Désolé si ma réponse de tout à l’heure était un peu vive, mais quand je vois ouiouiste j’ai tendance à être un peu piqué, du fait de la repetition enfantine «ouioui» qui ne se trouve pas dans noniste, ce qui fait que noniste est plus neutre comme terme que ouiouiste, qui je trouve prend une connotation pejorative, ouiouiste = simplet qui dit oui. (http: / / forums.telerama.fr/ forums/ messages.asp? forum=147&msgID=218684&parentmsgID=0&threadID=63964&forumid=1431) (20b) Je suppose que le ouiouiste renvoie un peu au ouistiti et aussi à Noddy, personnage d’Enid Blyton appelé Oui-Oui en français. Et en bon anarchistes, les journalistes tirent sur tout ce qui bouge . . . j’imagine qu’ils avaient aussi pensé au fait que les guignols (célèbre émission satirique à la télé) avaient un moment parodié Jospin (pour le oui) en ouioui cité au-dessus 28 . (http: / / babel.lexilogos.com/ forum/ viewtopic.php? t=1047) Comme on l’a fait remarquer plus haut et comme il ressort également des deux extraits ci-dessus, les variantes rédupliquées sont induites par et déclenchent à leur tour tout un ensemble de connexions sémantiques qui forment un réseau intriqué où naturellement certaines connexions sont plus prégnantes que d’autres. Le schéma en (20d) donne une idée approximative de ce que pourrait être ce réseau: 28 Cf. aussi l’extrait suivant: (20c) Le terme même de «Oui-ouiste» illustre bien le niveau du débat actuel: c’est «Oui- Oui va voter», après «Oui-Oui à la plage» et «les vacances de Oui-Oui». (http: / / new.udf.org/ viewtopic.php? t=4197&view=next&sid=3abd8bcdfdeff701ee18b5e8e 413ff9c) Remarques sur Oui, Non et les -istes 127 (20d) Précisons tout de suite que la variante ouiouitiste est nettement moins fréquente que la forme ouiouiste, et que le réseau d’associations qui se crée autour de ouiouiste risque de ne pas être exactement le même que celui qui se noue autour de ouiouitiste. Par exemple, la forme ouistiti ([wistiti]) a plus de chance d’être évoquée par ouiouitiste que par ouiouiste, et ce pour la simple raison que l’ensemble des correspondances qui lient la suite segmentale du premier à ouistiti implique davantage de connexions (cf. 20d). A contrario, et pour les mêmes raisons, on peut s’attendre à ce que l’interjection oust ([ust]) ne soit quant à elle évoquée que d’une manière tout à fait marginale par les variantes ouiouiste et ouiouitiste, alors qu’elle le serait davantage par la forme ouiste 29 . Pour ce qui est de la raison d’être de l’asymétrie entre les deux variantes concernant leur fréquence respective, il est sans doute possible de la ramener (au moins en partie) à des propriétés structurales. Alors que la forme ouiouiste ([wiwist]) est bisyllabique, la variante ouiouitiste ([wiwitist]) est trisyllabique et se trouve donc pénalisée par sa taille prosodique. On va voir cependant que les variantes en -tiste peuvent être pénalisées sur un autre tableau: que le -t soit analysé comme épenthétique ou qu’il soit analysé com- 29 Pour preuve l’extrait (20e) ci-dessous: (20e) Je pense exactement comme C. Legay, les zelateurs beni OUI-OUI ne parlent que de ce qui les arrange dans ce texte usine a gaz incomprehensible. Des qu’on aborde ce qui fâche il n’y a plus personne. Moi je ne vote pas pour me faire arnaquer, j’ai déjà donné. J’attendais mieux que ca d’une zélatrice de l’UMP bcbg bien pensante. Les arguments du OUI n’arrivent pas à la cheville de ceux du NON, c’est pour ca que les OUIstes salissent les partisans du NON a longueur d’antenne. OUIste deviendra bientot OUste. (http: / / www.lesamisduoui.com/ oui/ 2005/ 05/ la_charte_des_d_2.html) Franck Floricic 128 30 Ceci ne vaut que si l’on considère la forme ouiste comme monosyllabique. Si en revanche on lui assigne une représentation telle que (22a), analogue à (12a), il faudra alors reconnaître que la forme ouiiste est quant à elle trisyllabique (cf. 22b): (22a) (22b) En réalité, l’association de l’obstruante à l’attaque d’une syllabe adjacente fournit une configuration qui préjuge de sa resyllabification en dérivation notamment; mais rien n’empêche d’admettre que par défaut, la consonne la plus périphérique s’associe au nœud syllabique de la même me résultant d’une généralisation paradigmatique, il reste qu’il est absent de la base et entraîne donc une violation de la fidélité à la base. Or, ce paramètre intervient d’une manière cruciale dans l’évaluation des deux variantes ouiiste et ouitiste. 3.2.3 À propos des «ouiistes» et des «ouitistes» Les expressions ouiiste ([wiist]) et ouitiste ([witist]) arrivent en très bonne place parmi les variantes les plus fréquentes que nous avons enregistrées. L’exemple (21) fournit une illustration de la première de ces variantes: (21) Ne pas rêver: la bien-pensance antilibérale, altermondialiste, pacifiste, antiaméricaine, antiblairiste, anti-israélienne, a encore de beaux jours. Et les nonistes de gauche, qui auront dénoncé la pensée unique, le lynchage et le terrorisme intellectuel des ouiistes, ne semblent pas disposés, concernant la défense de leurs susdites convictions, à adopter pour eux-mêmes la pensée plurielle, le dialogue et l’ouverture d’esprit. Mais ces imprécateurs radotants ont pris un coup de vieux. (http: / / www.atlantis.org/ publications_rioufol021.html) Si contrairement à ouiste, la forme ouiiste présente l’avantage de préserver intacte l’information lexicale de la base, elle présente en revanche un hiatus d’autant plus marqué qu’il implique deux segments identiques. En réalité, tout se passe comme si dans le cas présent, la tendance à l’évitement du hiatus était détrônée par la satisfaction simultanée d’au moins deux contraintes: d’une part, comme on l’a dit, la forme ouiiste préserve toute l’information lexicale de la base, mais elle présente en outre un gabarit bisyllabique qui, lui, constitue un schème rythmique idéal. Dans l’exemple (21), il est du reste intéressant de constater que la forme ouiiste ([wiist]) fait écho à la forme noniste ([n ɔ nist]) qui apparaît dans la même phrase et qui offre la même structure rythmique 30 . Si dans le cas présent on peut Remarques sur Oui, Non et les -istes 129 penser à une certaine harmonisation structurelle entre les deux formes sémantiquement opposées, le terme ouiiste apparaît dans de nombreux contextes où on ne peut pas lui trouver une telle justification. De toute évidence, la conjonction des deux contraintes sus-mentionnées joue un rôle crucial dans la promotion de la forme ouiiste. La variante ouitiste dont l’extrait (23) fournit un exemple appelle pour une part des observations semblables: (23) Devant la difficulté qu’ils éprouvent à défendre un texte indéfendable, les ouitistes de gauche développent donc deux arguments défensifs: le texte est mieux que l’existant et son rejet ne mènerait nulle part. (http: / / www.versailles.snes.edu/ spip/ article.php3? id_ article=175) D’un côté, cette variante préserve la structure de la base, et de l’autre elle se conforme au schème bisyllabique. Mais en plus de ces deux paramètres, elle résout la configuration hiatique de ouiiste en même temps qu’elle pourvoit la seconde syllabe d’une attaque (cf. Stein 1971: 54s.). On pourrait certes objecter que la forme ouitiste implique l’insertion d’un segment consonantique absent de la forme source, mais ce segment fait partie d’une classe dont on a déjà reconnu le caractère «non-marqué», et il contribue d’autant à optimiser la structure syllabique, ce qui de ce point de vue en fait a priori un candidat meilleur que ouiiste, pourtant plus fréquent. Nous devons reconnaître que la prépondérance numérique de ouiiste sur ouitiste demeure mystérieuse. Il est toujours possible d’invoquer dans des cas de ce genre l’action de contraintes dissimilatives qui expliqueraient le moindre rendement de ouitiste, mais de telles contraintes devraient exclure ou pénaliser tout autant (sinon plus! ) la variante ouiiste - que l’on pense à des formes verbales telles que créer ([kree]), qui connaissent de ce fait des variantes avec insertion de glide (v. [kreje] (cf.Ricken 1885, Gorra 1893: 485, etc.). Sans doute la forme ouitiste prend-elle appui sur l’existence de séries en -tiste auxquelles elle se conforme et dont elle contribue à augmenter la pression paradigmatique - ces séries en -tiste constituent d’ailleurs elles-mêmes un sous-ensemble des formes en -t(x) qui accentuent cette pression (cf. -taire, -teur, syllabe, un peu dans l’esprit de ce que propose Plénat 1987 (cf. 22c), l’autre solution étant de lui assigner un statut clairement extra-prosodique (cf. 22d): (22c) (22d) Franck Floricic 130 -tude, -té, etc.) 31 . En d’autres termes, et malgré les apparences, la forme ouitiste est mieux formée et donc moins marquée qu’il n’y paraît, ce qui d’un certain point de vue peut lui faire perdre en expressivité ce qu’elle gagne en termes de structure interne. La forme ouiiste présente quant à elle des propriétés qui sous cet aspect s’avèrent diamétralement opposées, mais il convient de reconnaître que la prééminence numérique de cette dernière reste quoi qu’il en soit assez mystérieuse. On ajoutera qu’il serait sans doute pertinent de déterminer le point d’origine de l’irradiation de chacune de ces variantes; il n’est pas rare en effet qu’une forme «prenne» à un moment donné pour des raisons qui n’ont rien à voir avec des considérations d’ordre phonologique ou morphologique - que l’on pense au succès que peuvent connaître certaines expressions du fait du prestige dont joui(ssen)t leur(s) promoteur(s). 3.2.4 Ouiniste(s), Ouiquiste(s), Ouiciste(s), Ouiviste(s) & Co. Les formes qu’on a mentionnées jusqu’ici étaient relativement bien représentées numériquement. Il en est cependant dont on ne rencontre que de très rares attestations, mais qui pour autant n’en sont pas moins intéressantes. Aussi convient-il d’opérer une hiérarchie entre les diverses attestations dont on dispose. À titre d’exemple, sans être aussi fréquente que les variantes signalées plus haut, la forme ouiniste est relativement bien représentée 32 , alors que la forme ouiquiste apparaît presque comme un hapax et n’est mentionnée que pour être aussitôt disqualifiée comme étant non harmonique: (24b) Pourquoi tant de cris et de haine? N’est-il pas possible de discuter sur un sujet aussi important sans employer des invectives ou chercher systématiquement à blesser l’autre. Moi je suis plutôt un ouiniste, pourtant je dois avouer sincèrement que nombres d’arguments du camp du non me semblent juste et je crois que la victoire du non ne sera pas une catastrophe pour l’Europe. (http: / / www.liberation.fr/ page_forum.php? Template=FOR_MSG& Message=238889) (24c) Noniste, c’est pas pire que ouiquiste. Et puis c’est hygiénique. Je n’en serai pas. Je le regrette déjà! (http: / / embruns.net/ logbook/ 2005/ 05/ 03.html) De la même manière, une forme telle que ouiciste (et sa variante orthographique ouissiste) est attestée notamment sur le «blog» de Dominique Strauss-Kahn (cf. 31 D’après Stein 1971: 61, la consonne [t] constitue de loin le segment «intercalaire» le plus fréquent de ceux qui apparaissent entre une base et un dérivé à initiale vocalique. 32 On ne peut pas exclure a priori que ouiniste ait pu subir l’influence d’un ensemble de termes formant constellation: noniste, winner, ouinie, etc., certains d’entre eux pouvant du reste être associés dans le même contexte. (24a) Et voilà c’est fait. Nous les Ouineur avons perdu. Le non a gagné avec 54 % des suffrages (29 % d’abstention), c’est triste. Bon Chichi, entends la voix du peuple, vire Rafi et prends ta retraite! El, le Ouiniste l’ourson. Sous le choc de la victoire des gens qui ignorent la communauté et prônent l’individualisme. (http: / / okedomia.blogspot.com/ 2005_05_01_okedomia_archive.html) Remarques sur Oui, Non et les -istes 131 25a), alors qu’on relève tout au plus quatre ou cinq occurrences de ouidiste (cf. 25b): (25a) Les pays ouissistes acceptent la nouvelle forme de presidence de l’union mais les noniens garde la forme ancienne. A priori on ne peut pas imposer la nouvelle de presidence aux noniens. (http: / / www.blogdsk.net/ dsk/ 2005/ 05/ visionnez_le_dv.html) (25b) Je n’ai pas vu de ouidiste soutenir le manque de démocratie mediatique proposé au nondistes. (http: / / 216.239.59.104/ search? q=cache: XIejxmSGsSUJ: www.onnouscachetout.com/ forum/ index.php%3Fshowtopic%3D8529%26 st%3D280+ouidiste &hl=fr&lr=lang_fr On relèvera aussi, parmi les hapax qu’on a pu enregistrer,les formes ouiviste (cf. 26a) et ouichiste (cf. 26b), dont on dénombre respectivement quatre et une occurrences: (26a) L’Agriculture concerne tout les gens qui se nourrissent autrement qu’avec seulement l’air du temps et tout ceux aussi qui vont parfois hors des villes, la campagne, pas le désert. Yannick, tes arguments tiennent encore moins la route que ceux des Ouivistes. Il faut dire que Chirac ne fut pas trés convaincant, pas trés bon, mais peut-être qu’il a dit quelques phrases convaincantes.Les Nonvistes,eux,ne savent que parler de leur peur,la peur de situations squi sont inéluctables. http: / / laurence.blog.lemonde.fr/ laurence/ 2005/ 04/ je_compte_sur_v.html (26b) crévindieu, cet aprem, vla ti pas qu’on a été bombardé par les ouichistes . . . (http: / / 216.239.59.104/ search? q=cache: ChlgVgF3z5sJ: www.terre-net.fr/ forums/ default. asp%3Fpage%3D8%26c%3Ddtl%26idSujet%3D295%26ordre%3Ddte_depot%26typOrdre%3Ddesc%26affList%3D%26thread%3D00064707+ouichistes&hl=fr) Il n’est pas toujours aisé de déterminer les principes qui président à l’émergence de telle ou telle forme et à l’inexistence de telle ou telle autre - inexistence étant entendu ici au sens d’absence d’attestation sur le web, ce qui bien évidemment ne signifie pas que dans l’absolu d’autres variantes n’aient pas pu voir le jour. Dans le cas des formes ouiciste ([wisist]) et ouidiste ([widist]), il est probable que l’existence de paradigmes de formes en -ciste et -diste ait pu contribuer à promouvoir ces variantes - comme me le fait observer Georgette Dal (c. p.), on ne peut pas exclure que la forme oui-da ait participé à la promotion de la variante ouidiste 33 . Pour ce qui est du hapax ouichiste, il est vraisemblable qu’il soit construit sur la variante ouiche ([wiç]) du marqueur holophrastique 34 . Pour autant, on ne voit pas très 33 On pourrait penser aussi à une influence possible de ouï-dire sur la formation de ouidiste. 34 La variante ouijiste ([wi ist]) avec consonne sonore est également attestée, mais elle constitue un dérivé de ouija, et non du marqueur oui: (27) Ouija est sans conteste le jeu paranormal le plus populaire chez les adolescents. Les enquêtes démontrent que 60 % des élèves, à la fin de leur secondaire, ont joué ou assisté à un scéance de Ouija. En fait, le cinéma et les médias ne cessent de favoriser la croyance en l’existence des phénomènes paranormaux. Le sujet sera abordé avec une approche «sceptique». Des exemples de planches ouijistes, des textes, des extraits audiovisuels accompagnent l’atelier. (http: / / www.geocities.com/ danielcoulombe/ INTERNETConference.htm) Franck Floricic 132 bien ce qui exclurait ouiguiste ([wigist]) au profit de ouiquiste ([wikist]). Sans prétendre apporter de réponse à cette question, il est intéressant de constater que la variante sonore des segments précédant -iste implique en général la variante sourde: en d’autres termes, toutes choses égales par ailleurs, c’est le segment dépourvu du trait de voisement qui émerge en contexte intervocalique, et lorsque le segment pourvu du trait de voisement est également attesté, la variante [-F] est de loin la plus fréquente (i. e. [widist] implique [witist] et la seconde est plus fréquente que la première). La forme ouiviste constitue une exception évidente à ce principe, puisqu’on n’a relevé aucune occurrence de ouifiste ([wifist]). En réalité, [wifist] est bel et bien attesté, mais il s’agit d’un dérivé de wifi, et non pas de oui. Tout se passe donc comme si la forme ouifiste était pénalisée en vertu du fait qu’elle constitue une «naming unit» déjà installée comme désignation d’un référent donné. Cette contrainte agit du reste d’une manière cruciale dans la sélection de variantes par ailleurs également viables: rien ne s’oppose à ce qu’un sigle tel que S. I. D. A. (Swedish International Development Agency) soit oralisé par lecture, si ce n’est le clash que ce mode d’oralisation induirait de sa coïncidence avec le nom de la maladie. De la même manière, Fabio Montermini (c. p.) me fait observer que les règles qui président à la construction des hypocoristiques italiens devraient en principe autoriser Fic(c)a comme diminutif de Federica. De toute évidence, le fait que le formant fica ([fica]) désigne (entre autres) la vulve pénalise cet hypocoristique, qui par ailleurs est parfaitement bien formé phonologiquement. 3.2.5 Des formes prosthétiques? Pour clore ces quelques remarques sur les dérivés de oui, on attirera l’attention sur un ou deux types de formations dont la structure se distingue légèrement de celles qu’on a signalées jusqu’à présent. Parmi les dérivés qu’on a examinés, certains présentent entre la base et le suffixe un élément consonantique qu’on peut a priori analyser soit comme une consonne épenthétique, soit comme partie intégrante de l’un des allomorphes du suffixe, soit encore comme un résultat de l’extension de la finale -tiste (cf. ouitiste [witist]). Il est cependant possible d’enregistrer des formes telles que vouiste ou nouiste, où un segment apparaît à la frontière gauche de la base qui ne fait pas non plus partie de cette dernière: (28a) L’Europe des crétins, la peur des nonistes et l’émulsion des vouistes, c’est pareil, ça tue. (http: / / 35heures.blog.lemonde.fr/ 35heures/ 2005/ 05/ pentecte_cest_n.html) (28b) J’ai du mal à comprendre a quoi peut servir de discutter la réforme du Canada alors que la formule d’amendement ne permet que très très difficilement le moindre changement et surtout que ceux qui veulent du changements sont plus que minoritaires. Les fédéralistes du Canada et Québécois (PLC), les nouistes (ni oui, ni non=ADQ) n’en réclament pas. La seule question est de savoir si nous restons annexés ou si on veut un pays bien à nous. (http: / / 216.239.59.104/ search? q=cache: 6z0U7WIXyPQJ: www.souverainete.info/ forum/ read.php%3Ff%3D7%26i%3D4440%26t%3D4313%26v%3Dt+nouistes &hl=fr) Remarques sur Oui, Non et les -istes 133 La forme vouiste est de toute évidence construite sur la variante voui de oui, où la consonne initiale peut s’analyser comme résultat d’un processus de fortition. Quant à la variante nouiste, elle est particulièrement intéressante car elle fournit a priori des arguments en faveur de l’analyse en termes de coalescence. L’extrait (28c) explicite d’ailleurs d’une manière on ne peut plus claire le processus dont cette forme est le résultat: (28c) Avertissement: Ce n’est pas politique! c’est mieux, c’est de l’art! Confronté, comme beaucoup de nos concitoyens, à la schizophrénie politique ambiante incarnée par cette division des forces politiques entre le oui et le non, nous ne voyons pas d’autre alternative que de faire fusionner les contraires dans une formule poétique: le NOUI. Qu’est ce que le NOUI? Le NOUI est une contraction de NON et OUI: NON-OUI . . . NO- NOUI . . . NOOUI . . . NOUI (http: / / www.provisoire.net/ noui/ ) Si l’on reprend le schéma présenté en (17), on analysera comme en (29) la structure de la forme nouiste: (29) Le fait que la forme nouiste sélectionne la consonne initiale du marqueur non (et pas n’importe quelle consonne) laisse peu de doute. Il apparaît donc que si elles offrent une structure semblable, les variantes vouiste et nouiste sont pourvues d’une consonne initiale dont la raison d’être est dans les deux cas différente. Le cas de la forme nouiste nous amène directement aux formations en -iste construites sur le morphème non, dont on vu quelques exemples plus haut mais dont on a dit assez peu de choses jusqu’à présent. 3.3 Les dérivés de non À vrai dire, une partie des observations que l’on a faites à propos des dérivés du marqueur oui valent également pour les dérivés de non, et il est du reste intéressant de remarquer que les deux types de formations fonctionnent souvent de concert, se faisant l’écho l’une de l’autre. Franck Floricic 134 3.3.1 À propos des nonvistes et des nontistes Un des exemples les plus éclairants de ce fonctionnement «en miroir» des formes dérivées de oui et de non est celui de l’expression nonviste dont l’extrait (26a) signalé plus haut fournit une illustration: (30a) (= 26a) L’Agriculture concerne tout les gens qui se nourrissent autrement qu’avec seulement l’air du temps et tout ceux aussi qui vont parfois hors des villes, la campagne, pas le désert. Yannick, tes arguments tiennent encore moins la route que ceux des Ouivistes. Il faut dire que Chirac ne fut pas trés convaincant, pas très bon, mais peut-être qu’il a dit quelques phrases convaincantes. Les Nonvistes, eux, ne savent que parler de leur peur, la peur de situations squi sont inéluctables. (http: / / laurence.blog.lemonde.fr/ laurence/ 2005/ 04/ je_compte_sur_v.html) S’il constitue un hapax, il n’en demeure pas moins que le terme nonviste ([n ɔ ˜ vist]) est formé sur le modèle de ouiviste qui apparaît dans le contexte immédiatement à gauche - la constrictive [v] résulte probablement de la fortition du glide de la forme rédupliquée ouioui ([wiwi]). De toute évidence, le mode de formation du dérivé de non suit le schéma de la proportionnelle: (30b) Oui ([wi]) : ouiviste ([wivist]) Non ([n ɔ ˜ ]) : x (x = nonviste [n ɔ ˜ vist]) À priori, on serait tenté d’en dire autant de la forme nontiste, qui dans l’extrait (31a) apparaît juste après le dérivé ouitiste: (31a) Et comble de la manipulation perverse, les Ouitistes brandissent à nouveau le danger de l’extrême droite, et accusent les Nontistes d’en être les responsables! Faut-il que la raison et les arguments pour le NON fassent peur, pour ressortir ces vieilles lunes ténébreuses! (http: / / www.specios.net/ ondiraitvous/ article.php3? id_article=180) Naturellement, il est possible que de telles formations analogiques résultent de la présence dans l’entourage immédiat d’une forme qui sert de modèle 35 . Mais la variante nontiste apparaît dans de nombreux contextes où la forme ouitiste est absente, ce qui tendrait à indiquer que si elles sont naturellement liées, ces deux expressions ne sont pas forcément faites l’une sur l’autre. Comme on a eu l’occasion de le signaler, il est probable que le paradigme des formes en -tiste exerce une certaine pression susceptible de promouvoir la variante nontiste. On ne peut pas exclure non plus que l’exposant de troisième personne du singulier et du pluriel -t- 35 C’est également ce que tendrait à confirmer un exemple tel que (31b): (31b) (= 25b) Je n’ai pas vu de ouidiste soutenir le manque de démocratie mediatique proposé au nondistes. (http: / / 216.239.59.104/ search? q=cache: XIejxmSGsSUJ: www. onnouscachetout.com/ forum/ index.php%3Fshowtopic%3D8529%26st%3D280+ ouidiste&hl=fr&lr=lang_fr) 36 Cf. Paradis/ Prunet 1998: 215: «The unanchored nasal consonant may, in some words and/ or languages, be prelinked to the vowel, as shown in (4a), but in most cases, the link is added during phonological derivations. Formally, the unpacking in borrowings consists of providing the unanchored nasal consonant with a timing unit, and delinking the nasal feature from the vowel if this feature is already linked to the vowel, as in (4b), which is usually the case at the moment borrowings are introduced into the target language (cf. Paradis and LaCharité 1997)». (4a) (4b) Remarques sur Oui, Non et les -istes 135 qui affleure en contexte de liaison contribue à faire émerger ou à promouvoir la finale -tiste. Les extraits (32a) et (32b) montrent en effet que s’agissant d’entités dont il est question et autour desquelles s’articule la prédication, l’exposant du verbe à la troisième personne peut se voir propager en vertu du fait qu’il constitue un «zéro morphologique» (cf. Koch 1994): (32a) Je crois en la sincérité de CERTAINS nontistes quand ils disent qu’il veulent une autre Europe, une Europe davantage sociale. . . . Comment vont-ils pouvoir s’unir ces nontistes de bord si différents pour présenter AUTRE chose? c’est croire au Père Noël, comme dit Alain (http: / / coumarine.canalblog.com/ archives/ 2005/ 05/ 30/ 536763.html) (32b) Il faudra trouver un compromis, cela prendra du temps des mois et mêmes des années et ce compromis sera validé par les élus en place => dans 3/ 4 ans ou plus, l’Europe politique penchera à gauche ou à droite et la nouvelle proposition de traité sera-t-elle meilleure ou moins bonne, seule madame Irma avec sa boule cristal peut vous le dire! et certains «nontistes» trouveront une amélioration et deviendront «ouitistes» et certains «ouitistes» deviendront «nontistes». (http: / / www.u-blog.net/ constitution/ note/ 17) Aussi le point fondamental réside-t-il en ceci qu’indépendamment de tout critère de bonne formation phonologique, des contraintes purement morphologiques peuvent s’exercer et donner la priorité à telle ou telle forme. 3.3.2 Les nonistes & Co. Nous avons eu plus haut l’occasion de dire quelques mots de la structure phonologique du marqueur non. Nous avons signalé qu’une analyse possible de la voyelle [ ɔ ˜ ] était de la reconnaître comme une suite formée d’une voyelle orale plus le trait de nasalité dont elle hérite par propagation de la consonne nasale suivante. Dans la mesure où cette consonne a au niveau sous-jacent le statut d’élément flottant, la nécessité d’assigner à la syllabe une attaque implique l’association de cet élément à l’attaque suivante dès lors qu’elle est vide 36 . Une forme telle que noniste, dont l’extrait (33a) fournit un exemple, aura donc la représentation en (33b): Franck Floricic 136 (33a) Tout ce qu’il va dire de positif et de vrai va perdre de sa susbstantifique moëlle puisque cela sortira de sa bouche et toutes les boulettes catastrophistes, démagogiques et/ ou fausses qu’il ne manquera pas de pondre (je lui fais confiance) seront montées en épingle par les nonistes (néologisme personnel). En définitive l’effet sera négatif et au vu des derniers sondages, les ouistes (vous aurez reconnu un autre néologisme directement dérivé du précédent) ont du souci à se faire. (http: / / paupolette.blog.lemonde.fr/ paupolette/ 2005/ 03/ ) (33b) Bien que les formes écrites puissent difficilement rendre compte de la manière dont sont effectivement prononcées les nombreuses variantes du dérivé de non, l’utilisation de conventions typographiques particulières semble autoriser l’interprétation selon laquelle l’expression [n ɔ nist] connaît également une variante [n ɔ ˜ nist] où la consonne nasale est associée à l’attaque de la syllabe suivante et où la voyelle reste en même temps nasale (cf. 34a et 34b): (34a) Je suis devenu non-niste, depuis deux mois seulement, après de longs débats, discussions, recherche d’informations et lecture du TCE. (http: / / www.liberation.fr/ page_ forum.php? Template=FOR_DSC&Message=232185) (34b) Je suis convaincu que la raison et la fraternité sauront emporter l’esprit du congrès. Je n’ai pas signé la fameuse contribution du premier secrétaire en poste. Grand bien m’y a fait, car l’esprit de liberté de pouvoir discuter avec tous sans aucun à priori est devenu possible. Et rien n’oppose en l’espèce les «oui-ouistes» et les «non-nistes». Je veux dépasser cela; viser l’excellence et l’unité du parti, en tendant la main à toutes celles et tous ceux qui veulent être d’abord en phase avec les attentes et espoirs des salariés et des plus démunis. (http: / / gilbert-roger.typepad.com/ gilbert_roger/ 2005/ 08/ ) De toute évidence, la forme non fonctionne ici comme dans les formations préfixales où, devant initiale vocalique, elle présente soit le formant [n ɔ n], soit le formant [n ɔ ˜ n] (cf. des expressions telles que non-ingérence ([n ɔ ne˜ e r -s]/ [n ɔ ˜ ne˜ e r -s]). On peut a priori considérer que le trait de nasalité de la consonne est associé à la fois à la voyelle orale qui précède et à la position d’attaque de la syllabe suivante. Il n’est évidemment pas question, dans le cadre de cette contribution, de rentrer davantage dans les détails du fonctionnement des voyelles nasales en phonosyn- Remarques sur Oui, Non et les -istes 137 taxe. Qu’il nous suffise de remarquer que les dérivés en -iste du marqueur non exploitent la nasalité pour élargir l’éventail de variantes associées à ce marqueur. 3.3.3 Les formes rédupliquées de non Les observations qui valent pour la forme simple valent en partie également, concernant du moins la nasalité, pour les dérivés en -iste de la variante rédupliquée de la négation, à savoir non non. Il semble en effet que les variantes avec et sans dénasalisation des deux voyelles nasales soient également attestées, comme le montrent les exemples (35a) et (35b): (35a) J’ai vu que beaucoup de «partisans du non» appelaient les «partisans du oui» des ouiouistes . . . C’est charmant . . . Alors j’hésite . . . je vais vous appelez les nonos? ? Les nononistes? ? Les nonettes? ? Les nonuttes? ? (http: / / www.comlive.net/ sujet-63959-304.html) (35b) Les ouiouitistes diabolisent le Non alors que les nonnontistes apparaissent comme de gentils sauveurs de brebis égarés. (http: / / www.les-marcheurs.net/ article.php3? id_article=194) Il convient de préciser que ces formes n’offrent que quelques rares occurrences, et qu’elles sont en ce sens relativement marginales en termes de fréquence. Ce faible rendement résulte sans doute de ce que la forme rédupliquée de la négation est beaucoup plus du côté de l’interjection que ne l’est la forme simple, et que l’interjection constitue une base de dérivation non prototypique. On a déjà signalé plus haut que la forme rédupliquée oui oui et son dérivé présentaient une valeur ludique et ironique indéniable; or, cette valeur se retrouve de toute évidence dans le dérivé de la forme rédupliquée non non, qui offre donc le même type de pondération entre le coefficient d’expressivité et le coefficient de bonne formation morpho(no)logique. 3.3.4 À propos des ouistes et des nonstes Nous allons clore ces quelques considérations sur les dérivés en -iste de oui et de non en signalant une forme des plus intéressantes. Les extraits (36a) et (36b) montrent qu’à côté des dérivés du type noniste ([n ɔ nist]), on peut relever toute une série d’occurrences où le suffixe prend la forme -ste ([st]): (36a) Pour être honnête, jusqu’à une période récente, je voulais voter oui. Par idéal européen, par volonté de ne pas être dans le même camps qu’un borgne facho et un baron fin de race. Puis j’ai écouté les uns les autres, j’ai entendu des remarques cruelles et sans objet, de la propagande vile et niaise, des imprécations de ouistes, de nonstes, des rancoeurs et des vieilles haines recuites . . . (http: / / hecate.tooblog.fr/ ? General/ 2005/ 05) (36b) Il serait tentant d’aller voir ailleurs. Mais ce serait une réaction de fuite. Je vais donc continuer à vous lire, chers ouistes et nonstes, peut-être intervenir à l’occasion, certainement essayer quelques synthèses sur divers points évoqués ici. (http: / / origine.liberation.fr/ page_forum.php? Template=FOR_DSC&Message=311628) Franck Floricic 138 On pourrait dans un premier temps penser qu’il s’agit d’erreurs typographiques comme on en relève beaucoup sur le web. Mais la régularité des attestations de la variante nonste interdit de la considérer comme une coquille. Pour interpréter correctement la structure de cette dernière, il convient de rappeler l’analyse que nous avons proposée de la forme ouiste (cf. 37a): (37a) (=17) Nous avons en effet suggéré une analyse où la suite [wist] constitue le point de convergence de deux séries de relations qui lient respectivement chacun des formants [wi] et [ist] à sa propre représentation et à la structure où ils convergent. Il apparaît donc que la voyelle [i] assume ici un double statut: elle s’interprète en même temps comme élément constitutif de la base, et comme élément constitutif du suffixe. L’apport sémantique relativement abstrait et sous-déterminé du suffixe -iste, ainsi que la prégnance du contenu signifié par le marqueur oui peuvent cependant induire une ré-analyse en vertu de laquelle le suffixe est amputé de la voyelle qui le constitue, et qui se trouve déjà représentée dans la base. Techniquement, ce processus résulte d’une dissociation de la voyelle de ouiste par rapport à la position squelettale associée à la voyelle initiale du suffixe (cf. 37b): (37b) (=17) Cette opération a pour résultat la création d’une variante -ste ([st]) du suffixe -iste. On pourrait certes parler d’allomorphie, mais l’utilisation de ce terme laisserait croire qu’il existe dans le lexique deux variantes d’un même suffixe dont la distribution est conditionnée par le contexte, alors qu’en l’occurrence, il s’agit simplement d’une ré-analyse locale. À partir du moment, donc, où ouiste peut être réinterprété ou ré-analysé comme oui-ste, l’application de la proportionnelle peut donner sans problème nonste ([n ɔ ˜ st]), d’où les formes en (36a) et (36b), qui du reste apparaissent dans le voisinage immédiat de ouiste sur lequel elles sont construites (cf. 38): Remarques sur Oui, Non et les -istes 139 (38) oui : (ou[i)ste] → (oui)[ste] ↓ non : nonste On a d’ailleurs pu relever des formes telles que non nonste/ nonnonste ([n ɔ ˜ n ɔ ˜ st]), où cette fois la variante -ste ([st]) du suffixe est attachée à la forme rédupliquée de la négation (cf. 39a-b): (39a) merci pour ce comment patamou, enfin un elan positif qui n’exclut personne! ! ! moi je ne vois pas de «oui ouiste» ou de «non nonst» juste des êtres humains qui se doivent de relever la tête et de marcher ensemble! ! ! (http: / / www.u-blog.net/ ricket/ 2005/ 06/ 10) (39b) Maintenant quand Vendredi Soir, on me sort royalement qu’on va voter NON parce que la redevance télé a augmenté, je me doute que le niveau intellectuel est relativement à élever chez ces gens là (ceux votent NON pour de mauvaises raisons attention pas tous les nonnonstes) et que le plombier polonais qui a été brandi comme un épouvantail pour faire peur au français n’a rien à nous envier, bien au contraire. (http: / / communaute.f1-express.net/ viewtopic.php? p=409351) Bien qu’il s’agisse d’une attestation isolée, il n’en demeure pas moins qu’elle obéit parfaitement au schème de structuration en (38), où la forme nonste ([n ɔ ˜ st]) est refaite sur la réanalyse de (ou[i)ste] comme (oui)[ste]. Il s’en faut que les considérations qui précèdent épuisent en quoi que ce soit l’analyse des dérivés en -iste des marqueurs oui et non. Nous avons sans aucun doute ignoré des variantes qui auraient mérité d’être signalées et qui auraient pu confirmer ou infirmer certaines des hypothèses que nous avons formulées. Il s’agissait moins, cependant, de prétendre à l’exhaustivité que de présenter des données originales et d’une grande portée pour l’analyse morphologique. Dans la dernière partie de ce travail, et en guise d’épilogue, nous allons présenter un certain nombre de formations qui confirment l’analyse des formes en -iste en termes de coalescence. Il s’agit là aussi de formes particulièrement intéressantes car aux marges du système morphologique. 3.4 Épilogue: oui, -iste et les «blends» On dira en effet quelques mots, en guise d’épilogue, sur des formations qui résultent de l’insertion de l’information segmentale associée au morphème oui (ou à son dérivé ouiste) au sein d’un terme donné: (40a) Face à la crise politique ouverte par la victoire du Non, la grande bourgeoisie tente de reprendre la main en prenant de vitesse les travailleurs. Elle mise pour cela sur l’attentisme de la «gauche d’en haut». Sans parler du Parti Social-Ouiste, plus préoccupé par 2007 que par son devoir d’opposition, les états-majors syndicaux inféodés à la CES ont laissé passer juin sans engager l’action pour l’annulation des délocalisations et des euroréformes Raffarin. (http: / / www.initiative-communiste.fr/ wordpress/ ? p=275) Franck Floricic 140 (40b) Dans votre raisonnement sur la paix, il y a un chaînon que je n’arrive pas à replacer.Vous trouvez l’argument catastroph-ouiste de la menace sur la paix en cas de NON ridicule. (http: / / www.bigbangblog.net/ forum.php3? id_article=77&id_forum=707&retour= %2Farticle.php3%3Fid_article=77) (40c) Écoutez les arguments du OUI et votez NON! Florilège de nos humanouistes qui pensent à leurs générations futures (http: / / lbervas.typepad.com/ anna/ 2004/ 11/ just_say_no.html Les formes Social-Ouiste, catastroph-ouiste et humanouiste en (40a), (40b) et (40c) constituent des «blends» au sens où l’output résulte de la fusion (de tout ou partie) de l’information associée aux deux entités qui leur servent de base. Or, il semble bien que ces trois formes appellent le même type d’analyse que celle proposée en (17); a priori, on peut en effet analyser chacune de ces expressions comme en (41a), (41b) et (41c), où la ligne intermédiaire voit converger le réseau de connexions associées à chacun des termes source: (41a) (41b) (41c) Remarques sur Oui, Non et les -istes 141 Naturellement, il convient de préciser que de la même manière qu’en syntaxe de dépendance, les connexions structurales se doublent de connexions sémantiques, ici aussi, le réseau de connexions met en même temps (et indissociablement) en relation de l’information segmentale et de l’information sémantique. De ce point de vue, le contenu sémantique du blend n’est pas fondamentalement différent de ce qu’il serait dans un syntagme déterminé - déterminant formé de chacun de ses éléments constitutifs: à titre d’exemple, socialouiste s’interprète sémantiquement comme l’intersection de la compréhension des termes socialiste et ouiste. La particularité et l’effet ludique du blend résultent notamment de ce qu’il rompt la linéarité de l’information par l’irruption, en un point donné de la chaîne, d’une information que l’on n’attend pas, d’où des chevauchements d’autant plus efficaces qu’ils déclenchent des associations mentales multiples et variées. Précisons que dans les exemples ci-dessus, le blend est construit à partir de deux termes qui sont eux-mêmes des dérivés en -iste, d’où un alignement de chacun d’eux à la frontière droite du mot. On peut cependant relever des exemples tels que (42a) et (42b), où la forme oui est comme infixée au sein du nom source. Les schémas en (43a) et (43b) offrent une représentation possible des expressions totalouitaire et découinner: (42a) Un seuil qualitatif dans la fascisation de la démocratie bourgeoise vient en outre d’être franchi: chef de l’UMP, Sarkozy est aussi le ministre de l’Intérieur chargé des futures élections. Après la campagne d’État «totalouitaire» du référendum, ça promet! (http: / / www.initiative-communiste.fr/ wordpress/ ? p=275) (42b) Faut pas découinner! Torreton n’est pas Jaures. . . . L’Agent Propagandouiste OUinneur aura été, comme Bips, artificieux tricheur du début à la fin. (http: / / www.oui-et-non.com/ react.php? id=1839&type=oui) (43a) (43b) Franck Floricic 142 À vrai dire, l’analyse des formes totalouitaire et découinner est loin d’être évidente. On pourrait a priori considérer qu’un segment épenthétique est inséré dans une expression telle que totalouitaire. Il est toutefois évident que l’élément qui apparaît dans cette expression, comme dans celles en (39a), (39b) et (39c), n’est pas un segment phonétique quelconque, mais un formant phonétiquement et sémantiquement défini, qui se trouve correspondre au marqueur oui 37 . Or, ce formant n’est pas à proprement parler «inséré» au sein de la forme source; il s’y coule ou il s’y modèle, en lui faisant éventuellement subir des distorsions. C’est particulièrement clair dans le cas de l’expression découinner ([dekwine]), où la voyelle [o] du verbe déconner fait place au glide du marqueur oui. Dire toutefois que la voyelle fait place au glide ne rend pas fidèlement compte des opérations en jeu: en réalité, chacun des éléments du réseau participe de plein droit au schéma de construction qui produit le blend. Tout au plus peut-on reconnaître que tel ou tel élément peut intervenir d’une manière plus ou moins prégnante dans le réseau où il prend place. Dans le cas de la forme découinner, et en dépit du fait que le verbe couiner présente davantage de connexions segmentales communes avec découinner, le marqueur oui construit une valeur déjà activée dans le contexte et offre donc en ce sens une prégnance majeure qui assure son identification dans le blend. Aussi la structure en réseau qu’illustre le schéma en (43b) nous semble-t-elle plus à même de décrire la complexité des relations dont le blend constitue le nœud. Comme cas extrême de «propagation» du marqueur oui, on relèvera pour finir un exemple tel que (45), où ce marqueur apparaît non seulement au sein de chacun des termes pourvus des voyelles [i], [u] ou encore [y], mais également au sein de termes où ces dernières sont absentes: 37 Cf. également (44a), (44b) et (44c). Le cas du terme utopOUIste en (44b) est à cet égard instructif, car il signale typographiquement l’élément qu’il donne à voir: (44a) Comme ils ont pu le constater lors des débats (peu démocratiques et propagandouistes), et comme j’ai pu le lire et l’entendre là où les citoyens pouvaient plus ou moins librement s’exprimer, le politiquement correct commence à se fissurer malgré la pression de la pensée dominante. (http: / / www.france-echos.com/ actualite.php? cle= 5502) (44b) bossant également en Allemagne j’ai aussi mainte fois entendu ce genre de discours et hélas il semble se propager chez des gens soit disant de gauche . . . je fais parti des utopOUIstes qui pensait qu’en votant pour le traité nos amis polonais, tchéques et autres nouveaux entrants profiteraient de l’Europe comme nos amis portugais et irlandais en profitent depuis une vingtaine d’annés . . . (http: / / origine.liberation.fr/ page_forum.php? Template=FOR_DSC&Message=296103) (44c) Et bien que vous soyez un rêveur comme tous ces Denbas qui «veulent y croire», il doit vous rester assez de lucidité pour subodorer qu’en vertu de la «dure concurrence» (du dumping social que vos amis Européouistes laissent deferler sur l’Europe . . . ce n’est ÉVIDEMMENT pas la démagogie des 35h qui prévaudra, ni les 5 semaines de congés payés/ an . . .. http: / / www.ledebat.com/ reactions-les-oeilleres-des-ouistes- 2431.html Remarques sur Oui, Non et les -istes 143 (45) Bonjouir à touites et touis, et bonne jouirnée à vouis. Jouiste un petouit rappel: le doumanche 29 moui, ne vouis trompez pas de bouilletin dans l’ouirne! Merçoui d’avance. (http: / / www.liberation.fr/ page_forum.php? Template=FOR_MSG&Message=277501) L’exemple (45) illustre certes un cas extrême, mais il montre néanmoins que les opérations qu’on a présentées plus haut peuvent s’appliquer à des séries toutes entières. En l’occurrence, presque tous les termes susceptibles de l’accueillir voient se couler en leur sein le marqueur oui, y compris le substantif mai ([me]), qui ne conserve plus dans moui ([mwi]) que sa consonne initiale. De toute évidence, il ne serait pas possible a priori d’identifier rien de précis dans une forme telle que moui prise isolément, mais son insertion dans le contexte rend parfaitement palpable le renvoi au terme mai. 4. Conclusion L’objectif de cette contribution était d’offrir un début de description des dérivés en -iste, en prenant comme point de départ les formations construites sur les marqueurs oui et non. L’intérêt de prendre en compte ces marqueurs était double: d’une part, les événements politiques français et européens ont fourni l’occasion de «nommer» des réalités particulières, et de cette nécessité a vu le jour tout un florilège de formations dont nous avons à peine effleuré la diversité. D’autre part, les marqueurs holophrastiques oui et non - et plus généralement les interjections - constituent des candidats «non prototypiques» au statut de base de dérivation. On a d’ailleurs pu relever, à l’occasion du référendum du 29 mai 2005, des formations qui par leur nombre et leur diversité mettent clairement en question certains des postulats attachés à la nature de la dérivation en -iste. À titre d’exemple, les données signalées dans ce travail montrent clairement que la forme ouiste est parfaitement bien représentée (plusieurs milliers d’attestations) et qu’en conséquence il n’est pas possible de l’exclure en vertu de l’application d’un éventuel «principe de minimalité». Du point de vue catégoriel aussi, les formations étudiées ci-dessus montrent qu’il s’en faut que les dérivés en -iste prennent exclusivement comme base des noms. Non seulement les dérivés de oui et de non montrent que des formes interjectionnelles peuvent également participer à la dérivation en -iste, mais elles illustrent en outre l’extrême variation des réalisations de ces dérivés, variation que l’on peut imputer à la fois au caractère monosyllabique des marqueurs oui et non et au potentiel d’expressivité qui est le leur. On n’en conclura pas, pour autant, que les phénomènes qu’on a présentés dans cette contribution sont «extragrammaticaux» (cf. Dressler 2000). Les interjections - et a fortiori des termes tels que oui et non, qui s’éloignent le plus du «core» de la classe des interjections - font bel et bien partie du système de la langue. Comme l’observe Troubetzkoy 1957: 24, « . . . des phénomènes comme l’allongement de la consonne et de la voyelle dans le mot allemand schschöön! («admirable»), prononcé avec extase, est évi- Franck Floricic 144 demment un phénomène linguistique (glottique): d’abord parce qu’il ne peut être observé que dans des manifestations linguistiques et non extra-linguistiques, ensuite parce qu’il possède une fonction déterminée et enfin parce qu’il est conventionnel comme tous les autres procédés linguistiques pourvus de fonction» (cf. aussi Brøndal 1948: 64-65). Ce n’est pas dire, évidemment, que les interjections (pour ne parler que d’elles) ne soient caractérisées par des propriétés qui leur assignent dans le système une place particulière, mais leur place au sein du système ne fait quant à elle aucun doute. Toulouse (ERSS - CNRS) Franck Floricic Bibliographie Anttila, R. 1977: Analogy, The Hague/ Paris/ New York Bally, C. 1940: «Sur la motivation des signes linguistiques», BSL 41/ 1: 75-88 Bally, C. 1944: Linguistique générale et linguistique française, Berne Bat-El, O. 1993: «The grammaticality of ‹extragrammatical› morphology», in: U. Doleshal/ A. M. Thornton (ed.), Extragrammatical and Marginal Morphology, München: 61-84 Benveniste, É. 1948: Noms d’agent et noms d’action en indo-européen, Paris Bergström, G. A. 1906: On blendings of synonymous or cognate expressions in English, Lund Bonami, O./ Boyé, G. 2005: «Construire le paradigme d’un adjectif», Recherches linguistiques de Vincennes 34: 77-98 Brøndal, V. 1948: Les parties du discours. Partes orationis. Étude sur les catégories linguistiques, Copenhague Corbin, D. 1988: «Une hypothèse à propos des suffixes -isme, -ique, -iste du français: la troncation réciproque», in: R. Landheer (ed.), Aspects de linguistique française. 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Il romanzo tradurrebbe alcuni elementi relati al personaggio di Guglielmo IX d’Aquitania (settimo conte di Poitiers) e ad alcune figure con cui egli fu in relazione negli anni della sua vita inscritta nelle date tra 1070 e 1127, elementi di tipo storico-cronistico, confermabili per via documentaria in antiche carte di localizzazione pittavina 2 . Ad un’indagine analitica, condotta comparativamente con testi di appartenenza trobadorica, tali rimandi appaiono tuttavia più numerosi, in relazione più sistematica, e di area differente rispetto a quanto il romanzo lasci intendere ad una prima lettura 3 . Essi concernono più fattori e si rinvengono a più livelli, coinvolgendo cenni biografici e personalità storiche, ma anche riferimenti testuali, paradigmi poetici e mimesi liriche. In maniera tale da fare del testo non tanto un roman d’aventures, come spesso indicato 4 , quanto un attivo, dialettico campo di prova per riconsiderare, passandoli ad un vaglio critico ed ironico, una cospicua serie di luoghi topici della poesia e della cultura trobadoriche: così ben distribuiti e coerenti da finire per rendere il preteso romanzo un meta-romanzo, dove le convenzioni propriamente romanzesche sono subordinate a finalità indipendenti da questo genere (che vi svolge tuttavia una parte), sottoposte a verifica, e, se il caso richiede, ribaltate. 1. Le linee di costruzione del romanzo. Nei lavori precedenti è da me stato sostenuto, in particolare, che 1) Joufroi de Poitiers (d’ora in poi JFP) dipende dalla vida trobadorica di Guglielmo IX, e che 2) lo schema del testo è formato dal proporsi ed alternarsi di due linee-voci principali, che finiscono per implicarsi a vicenda, alterando la prospettiva romanzesca 5 . 1 Fay/ Grigsby (ed.) 1972. Una traduzione inglese è stata curata da Noël (ed.) 1987. Per gli elementi della parodia, cf. p. 17-26. Si vedano anche Choate 1978 (che cito senza tuttavia averlo potuto consultare); Lacy 1990-91, e per un rilievo comunque ironico Menard 1969, passim; Dragonetti 1982; Trachsler 1992-95. Mi permetto di rimandare anche a Lecco 2003a e Lecco 2006a. 2 Cf. Fay/ Grigsby (ed.) 1972: 16-18s. 3 Cf. Lacy 1990-91 e Lecco 2003a: 49-53. 4 Così intitolano gli editori (cf. N1), e così anche Lejeune 1978. 5 Lecco 2003a e Lecco 2006a. Vox Romanica 66 (2007): 147-167 Margherita Lecco Come è noto, la vida di Guglielmo è una delle più antiche e sicure all’interno della compagine narrativa delle vidas, una delle poche che, tra queste, possa dirsi opera «praticamente certa» di Uc de Saint Circ, una delle «due ‹firme›» che compaiono nel «corpus delle prose biografiche» provenzali, insieme con Miquel de la Tor 6 : Lo coms de Peitieus si fo uns dels majors cortes del mon e dels majors trichadors de dompnas, e bons cavalliers d’armas e larcs de dompnejar; e saup ben trobar e cantar. Et anet lonc temps per lo mon per enganar las domnas. Et ac un fill, que ac per moiller la duquessa de Normandia, don ac una filla que fo moiller del rei Enric d’Engleterra, maire del rei Jove e d’En Richart e del comte Jaufre de Bretaingna 7 . Si ritiene, quindi, che essa presenti un notevole grado di autorevolezza, tale da assicurare una sostanziale verità (per quel che il termine vale) d’informazione. Se JFP vi viene messo a confronto, la comparazione consente di affermare che la selezione dei dati trascelti dal romanzo converge con la rispondenza degli indici tematici offerti dal testo occitanico. Dove la vida avanza un’affermazione, JFP risponde con puntualità, pur se per ampie aggregazioni di temi: 1. Lo coms de Peitieus si fo uns dels majors cortes del mon trova riscontro nella cortesia di Joufroi scudiero e salvatore della regina Halis; 2. dels majors trichadors de dompnas, e per enganar las domnas si ritrova negli avventurosi amori con Agnés, Blanchefleur, Halis; 3. bons cavalliers d’armas risponde al valore che Joufroi dimostra combattendo per il re d’Inghilterra Henri; 4. et anet lonc temps per lo mon si rinviene nell’erranza che Joufroi conduce tra le corti per combattere nei tornei. L’affermazione, inoltre, che Guglielmo saup ben trobar e cantar potrebbe costituire un punto 5, giustificato dal testo stesso, dove il canto è riassorbito dai versi. Ed un punto 6 potrebbe acclarare la presenza di altre personalità storiche, benché assunte più come immagini sonore che come effettivi oggetti di coincidenza esistenziale e cronologica: Enric appare prossimo a re Henri, En Richart eccheggia Richiers, il padre di Joufroi, Jaufre de Bretaingna richiama lo stesso eroe del romanzo 8 . D’altro ancora però, coniugato con la vita storica del Conte, non si 148 6 Meneghetti 1992, sp. cap. v: «La ricezione mediata dei testi lirici: struttura e prospettiva ideologica nelle vidas e nelle razos» (cf. in particolare: 182-83s.), e Meneghetti 2002. 7 «Il conte di Poitou fu uno degli uomini più cortesi del mondo e dei maggiori ingannatori di donne, e buon cavaliere d’armi e generoso nell’andare a donne; e seppe ben comporre e fare canzoni. E andò a lungo per il mondo per ingannare le donne. Ed ebbe un figlio, che ebbe per moglie la duchessa di Normandia, da cui nacque una figlia che fu moglie del re Enrico d’Inghilterra, madre del re Giovane e di re Riccardo e del conte Goffredo di Bretagna». Cito il testo da Favati (ed.) 1961: 115. Su questa vida cf. anche Lee 1987. 8 Cf. Fay/ Grigsby (ed.) 1972: 20-22. In senso stretto, però, non si trovano altri elementi direttamente riconducibili alla vicenda umana del Conte d’Aquitania, quale poteva essere fornita in via documentaria: non ci sono accenni alla spedizione crociata del 1101, né alla progenie di Joufroi de Poitiers e la poesia trobadorica potrebbe trovare: nessun cenno ad altre vicende che resero famosa, e in modo scandaloso, la vicenda umana del comes e trouvere 9 , né ad ulteriori notizie (ma di questo si dirà) che possano essere conosciute al di fuori dei vers del trovatore. Tanto da indurre a concludere che l’inventario dei dati rimandi ad una cognizione testuale, derivante da un certo numero di testi letterari, più che ad un apprendimento cronistico e realistico: fatto che non sorprende, se si considera la presumibile lontananza intercorsa tra la vita concreta del Conte d’Aquitania, la composizione di JFP e la possibilità per il suo autore di rinvenire in proposito un appoggio documentario sicuro. Nell’economia del romanzo, la vida trobadorica non costituisce, probabilmente, un finale punto di conferma e di confronto 10 , quanto piuttosto, all’inverso, il repertorio iniziale da cui ha preso le mosse l’autore, combinando a piacere elementi documentari pregressi, dotati di consistenza e puntuale memoria letterarie: come dire che la vita di Guglielmo cui si allude è di natura fittizia, una vita scaturita dalle pergamene delle vidas, delle razos e della lirica cortese 11 . La natura libresca delle componenti del romanzo è del resto corroborata da altri evidenti apporti. Vi si riconoscono contatti con il romanzo di Flamenca e con il Roman de Renart, e tracce di romanzi graaliani 12 , che si accompagnano ai consistenti temi-rimandi trobadorici. Questi ultimi, non sempre facili da decrittare, sono sparsi lungo i due livelli del testo. Il romanzo si struttura, e procede, alternando due trame, o, più ancora, due voci che si incrociano continuamente, intrecciandosi per frammenti alterni 13 . Una, in apparenza preminente, si esprime in terza persona, ed espone, con andamento diegetico tipicamente romanzesco, le avventure del conte Joufroi alle prese con le contingenze dell’esistenza cavalleresca, d’ambito soprattutto amoroso. L’altra, che s’incontra sin dall’inizio, e che si dà, in apparenza, come minoritaria, si esprime in prima persona, e, ricorrendo a moduli lirici, desunti dal repertorio trobadorico, elabora un discorso d’invettiva d’amore contro i falsi amanti. Il tema dell’amor cortese lega i due piani. I due intrecci paiono, in effetti, a prima vista, slegati, accostati per immotivata relazione. Il tema d’amore li connette, dove il piano diegetico si comporta come formula applicativa ed espositiva, quasi una narrazione per exempla, del piano lirico: così che i casi che descrivono gli amori di Joufroi, sorta di repertorio delle avventure d’amore infedele, o dell’amore declinato come avventura, sfida, fascinazione, inganno, si propongono come pro- 149 Guglielmo. Il nome di Amauberjon, figlia del Conte n’Anfos de Seint Gile, che diventa moglie di Joufroi (v. 4600), ed il nome medesimo di Anfos, erano tràditi anche da una fonte letteraria come Orderico Vitale (Fay/ Grigsby (ed.) 1972: id.). 9 Su vita e opere di Guglielmo IX, oltre alle Introduzioni alle edizioni (a cura di Pasero (ed.) 1973, e di Eusebi (ed.) 1995), cf. Bond 1982; Mancini 1984; Meneghetti 1992: 34s. 10 Come vorrebbero Fay/ Grigsby (ed.) 1972: 20. 11 Lecco 2006a: 52. 12 Lecco 2003a: 74 (ci si riferisce al Roman de Renart) e 81 (ci si riferisce al Romanzo cortese: si tratta forse della II Continuation Perceval? ) e Lecco 2006a: 53-55. Per i punti di contatto con Flamenca cf. anche Fay/ Grigsby (ed.) 1972: 12. 13 Sull’alternanza e l’intreccio cf. in particolare Lecco 2003a: 76-80. Margherita Lecco iezione oggettivata dei comportamenti «leggeri», deprecati dalla voce in prima persona, che è tutta rimbrotti contro gli amanti infedeli e i trichadors de dompnas. Si era detto poi, nei lavori precedenti, come le due voci finiscano per collidere e rovesciarsi, spingendosi sino ad un’inversione «a chiasmo», che rende l’una meno svagata e volubile, l’altra meno intristita ed irosa, desiderosa anzi di più corpose esperienze; e come il rovesciamento avvenga per impatto con un evento fortuito, l’arrivo del poeta Marcabru, chiamato in causa con esatto nome ed inteso secondo autentica personalità 14 , a smascherare Joufroi, combattente in incognito presso la corte inglese e dimentico dei possedimenti pittavini (invenzione in cui sarà forse da vedere un’allusione ad un verso famoso di Pos de chantar) 15 . Il momento di scambio delle due voci-trame, che portano Joufroi ad una recuperata (quanto sgradita? ) saggezza, e la voce lirica ad un inaspettato incanaglimento, avviene all’insegna di quello che è forse un ulteriore recupero dalle poesie del Signore d’Aquitania, una neo-declinazione di Farai un vers de dreit nien in chiave che, con qualche ragione, può essere identificata come parodica 16 . Alla luce specialmente di quest’ultima acquisizione, JFP chiede che ulteriori elementi siano sottoposti al tri di una possibile interpretazione parodica, che investe un dato numero di elementi, a vario titolo topici della sfera trobadorico-cortese 17 , ponendo un sostanzioso interrogativo sull’identificazione della voce d’inizio, su quella di colui che parla in prima persona per lamentare l’incostanza e gli inganni degli amanti. Non è difficile affermare che si tratti, anche in questo caso, di una voce mimetica e canzonatoria, troppo rigida e pedante, ed insieme troppo incline al lamento perché non la si debba ritenere impostata intenzionalmente 18 . Più ardua, invece, e degna di cautela l’idea di poterla ricondurre con sicurezza alla maniera poetica tipica di Marcabru, tesa a confutare le proposizioni dell’amor «scortese»; tanto più, poi, quando si pensi che il principale oggetto dei rigori di Marcabru era proprio Guglielmo 19 . In questo caso, si direbbe, i conti tornano sin troppo bene, inducendo a pensare che l’Autore di JFP fosse non solo uno specialista (come ho più volte sostenuto) 20 , a contatto e a proprio agio tra manoscritti d’autore e collezioni di trovatori, ma qualcuno che dominasse con eccezionale maestria tutta una tranche, una cospicua tranche, della storia poetica del xii secolo. È evi- 150 14 «Marchabruns ot non li mesages/ Qui mult par fu corteis et sages; / Trovere fu mult de grant pris», in: Fay/ Grigsby (ed.) 1972: v. 3603-05. 15 Per Pos de chantar m’es pres talenz, cf. Pasero (ed.) 1973: 106-12, e Eusebi (ed.) 1995: 79-86. 16 Per il testo di questo vers, cf. Pasero (ed.) 1973: 87-89, e Eusebi (ed.) 1995: 34-39. Sull’interpretazione del testo esiste una ricca, e sempre rigorosa, tradizione di studi. Cf. Köhler 1966; Pasero 1968; Lawner 1968; Milone 1989; Buzzetti 1993; Benozzo 1997. Per il confronto tra devinalh di Guglielmo e di Joufroi, cf. Lecco 2006a: 55-59 (specie par. 3, Il «devinalh» di Joufroi). 17 In senso storico-semiotico: Lotman 1985, sp. ii, «Semiotica della cultura». 18 Lecco 2003a: 76s. 19 Esiste, in proposito, una vasta bibliografia. Oltre ai saggi citati, rimando a Topsfield 1987 e Pasero 1987. 20 Lecco 2003a: 80-81 e Lecco 2006a: 63-64. Joufroi de Poitiers e la poesia trobadorica dente che un personaggio dotato di tali qualità d’introspezione poetica, e di così abbondante documentazione, non sarebbe passato inosservato. Se si rammenta, inoltre, che il testo rivela tracce insolite di una frequentazione dell’area francese di Sud-Est, e, forse, del Nord italiano 21 , si aprono spontaneamente, anche se per subito bloccarsi, congetture tanto affascinanti quanto pericolose: colui che ha scritto JFP è stato forse in contatto con l’ambiente di Uc de Saint Circ? Rimandando ad altra sede, ed ai necessari approfondimenti, la speculazione sull’identificazione di un possibile autore, del luogo in cui scrisse, e della presenza, nella prima voce, di tracce sicure della poesia di Marcabru, penso però che si possano avanzare alcune osservazioni su un’altra componente del testo, che concerne il trattamento di uno dei temi/ motivi più tipici e produttivi della lirica trobadorica (e, in genere, della poesia cortese), quello della largesce cortese, che si trova più volte rimarcata da JFP. 2. Il tema della largesce Che in JFP esistano riferimenti all’una e all’altra è stato notato da critici autorevoli come Roger Dragonetti e Roger Noël 22 . Dragonetti ne ha tratto, con indubbia acutezza, una serie di considerazioni (direi di matrice lacaniana) sulle valenze linguistiche del tema, osservate nel ricorrere di alcune parole e negli effetti di un loro distorcimento, essendo tali termini sottoposti ad un trattamento fono-semantico che correda la corrosiva dimensione testuale: tali, ad esempio, le applicazioni-distorsioni del toponimo Tonnerre, nome gentilizio di Agnés, prima vittima dell’amore di Joufroi, sottomesse ad immissioni epentetiche che finiscono con l’avvicinarle, per sorniona paretimologia, a tourner/ tournement, inteso come sinonimo d’«inganno» 23 . Noël vi ha trovato invece conferma della definizione del personaggio di Joufroi come malandrino e fanfarone, il cui gusto per la truffa passa anche per la dissipazione economica 24 . I richiami alla ricchezza ed al suo uso sono effettivamente numerosi: ed anche ben argomentati e diffusi, in modo da formare ora ristretti rinvii, di chiara parentela lirica e narrativa, ora importanti componenti nell’elaborazione di episodi, od anche intervenendo nella dinamica di episodi altrimenti compiuti. 1. La disposizione alla liberalità, sia pure, in questo caso, correttamente motivata, s’inizia dal padre di Joufroi, il conte Richier (v. 93), mult leiaus chevaliers (v. 94), cf. v. 118-27: sin dal nome, egli corrisponde alla funzione per cui è chiamato sulla scena del romanzo, la concessione dei dovuti mezzi di sostegno al figlio che desidera vedere adoubé alla corte del re d’Inghilterra, Henri: 151 21 Fay/ Grigsby (ed.) 1972: 49s. 22 Dragonetti 1982, e Noël (ed.) 1987: 10s. 23 Dragonetti 1982. 24 Noël (ed.) 1987: 11. Margherita Lecco Si te cargerai a despendre Mil mars d’argent et cin cent d’or Que ge prendrai en mon tesor, 120 Et ferai li somiers chargier. 2. Al riparo di tanta dovizia, Joufroi può menare vita felice alla corte inglese, attirandosi il favore generale: Mult fu de grant acointement; Mult se fist amer a la gent, 176 Car il lor donoit beaus joiaus, Beles cotes et beaus mantiaus. Armes et robes et destriers Donoit as povres chevaliers: 180 . . . Mult par l’amoient li Englois Et la raïne et li rois. 184 3. Passato Richier a miglior vita, Joufroi, che è tornato ai possessi aviti, si rivela signore assai generoso: Tot cel qu’el cuide que li siee 704 Lor fist et dist, et tant lor done Que chascuns por lui s’abandone De s’onor croistre chascun jor; Mult lo tindrent a bon seignor. 708 4. L’avventura amorosa con Agnés, che costituisce uno degli episodi-cardine di JFP, si struttura in stretta relazione con il tema della largesce, ripresa in più punti. L’engin di Joufroi, afublé sotto le mentite spoglie renardiane di un Sire de Cocagne (v. 954) 25 , prende avvio dalla sosta del Conte sotto un perier posto sulla piazza del castello di Tonnerre, durante la quale Joufroi fa mostra di gran dispiego di mezzi, chiamando tutti a libera cena (v. 1080-85, 1096-1122) e collocando sull’albero una distesa di candele che lo illumina come un cielo di stelle (v. 1086-92, 1171-79): Son chanberlens ra comandé Qu’il mete el perier chandoiles Plus espés que ciel n’a esteiles 1088 Par les branches de totes pars, E del metre ne soit eschars. La distribuzione concerne tutti, con particolare riguardo per i giullari, v. 1231-38, 1269-73. Il più onorato da tali doni è il Sire di Tonnerre, marito di Agnés, cui Jou- 152 25 Cf. Lecco 2003a: 73-75. Joufroi de Poitiers e la poesia trobadorica froi, con suprema malizia, dopo essersi allontanato, lascia in dono il luminoso perier e cinc destriers, covert de soie jusqu’aus piez, v. 1267-68, che l’avido e stolto apprezza senza avvertirne i possibili risvolti (v. 1277-1337): Quant il fu montez a cheval, Si a dit a son seneschal: «Seneschal, or faites laisier A mon bon hoste, le perier, 1280 Les nouf chevals que tant sunt gent, Que ge pris au torneiament. Alez, si les m’ataciez toz A ches branches qui sont desoz, 1284 Que bien m’a mes hostes servi, S’est bien droiz que il en soit meri». Li seneschaus comanche a rire, Qui fu cortois, et dist: «Biaus sire, 1288 Si m’aït Deus, raison avez Si vos li chevaus li donez . . . » Una forte somma viene poi impiegata da Joufroi per costruire adatto rifugio al momento di concludere l’incontro con Agnés (v. 1635-2196). Joufroi si è, questa volta, travestito da eremita, consunto dalla povertà, ridotto a severo rifugio e scarsi cibi, alloggiato in realtà, e nutrito, con dovizia di conforti (v. 1631-84). La camera dove riceve Agnés non assomiglia in niente a un romitaggio: Quan sont en la maison entré, Dous lit li a li cuens mostré, 1912 En coi n’ot colte ne coisin Ne drap de chanvre ne de lin, Mes sol un pou de grabatiz. Onc om ne vit plus povre liz 1916 Ne plus durs, ce poez bien croire. En icest lit faisoit acroire A la gent que la nuit gisoit, Et ses conpaingz qu’a lui estoit; 1920 Mes il mentoit, ne gisoit pas. En plus bel lit, en plus blans dras Gisoit, et en plus mole coutre. 5. Conclusa l’avventura a Tonnerre, Joufroi ritorna a Poitiers. Presso la sua corte egli riceve un dono misterioso, uno scrigno pieno di gioielli, recato da un ignoto serjanz (v. 2208). Perplesso di fronte all’entità del tesoro che gli viene donato (verges d’or et centures, joiaus et fermaüres, v. 2253-54), Joufroi, a propria volta, tutto dona alla corte: Et li buens cuens i met les mains, Qui ne fu escars ne vilains: 2260 Assez en done as chevaliers . . . 153 Margherita Lecco 6. A questo punto, sopravviene nella vita di Joufroi un nuovo personaggio, uns chevaliers de sa maisnie, v. 2343, pieno di sens et cortosie, v. 2344, messer Robert. Figura a mezzo tra l’amico e lo scudiero, Robert, mai prima nominato, dal v. 2341 diviene personaggio fisso del racconto, cominciando ad agire con Joufroi nell’inseguimento del serjanz (v. 2353s.), presto ad altro inteso per la scomparsa di questi. Robert ha ben altra personalità che non sia quella del servo: lo si vede entrare subitamente in collisione con Joufroi, e, in sostanza, rimproverargli di fondare la sua prodezza sull’abbondanza di mezzi di cui dispone: Mais bien sachiez tot a estros Que ge ne vail pas meins de vos Por bien sofrir un grant estor; Mais plus avez assez richor, 2432 Et plus de moi poez doner. Ce vos fait vostre pris monter Et vostre malvestié covrit, Qu’avoir fait mainte foiz mentir. 2436 Ne sorge tra i due una piccola querelle, in cui ciascuno, piccato per le intemperanze dell’altro, si ritira chez soi (Joufroi, v. 2466: Que trop m’avez dit grant ennui). Ma Joufroi non può fare a meno dell’audacia solerte di Robert, e ne prepara così il rientro, impostando una sua personale forma di distribuzione equanime: si reca da lui, lo fa scendere dal letto così come si trova (Robert stava giacendo con la moglie), e, davanti all’ignudo e imbarazzato sodale, divide a metà gran copia di ricchezze (v. 2517-35, samit, ermine, scarlate etc.), dopo di che i due, riconciliati, potranno darsi a comune avventura, por requerre chevalarie, v. 2710: Departi au mielz que il soit Treistot le hernois que il ot, 2644 La o atendoit li vasal, En dous parties par igal: L’or et l’argent et les diniers, Et les robes et les destriers, 2648 Les serjanz et les escuiers, Et les vaslet et les somiers, Et tot quant il ot aporté Mist en douz parz en mi lo pré. 2552 7. Nell’intermezzo che precede la donazione, Joufroi è intanto rientrato a corte, dove ottempera ai propri doveri di signore, donando largamente: Tros jors dura la cort mult bone; Au quart jorn parti a la none. 2508 Tuit s’en partirent lïement, Quar mult lor done largement Li cuens a toz, que de bien faire Ne se velt unques jorn retraire. 2512 154 Joufroi de Poitiers e la poesia trobadorica 8. Dopo aver portato soccorso a re Henri, che combatte contro Scozzesi e Irlandesi, Joufroi, che si nasconde sotto le mentite spoglie di un Giraut de Barri, e Robert possono disporre di grandi mezzi economici, e donare senza porre freno alla spesa: Aus gentis homes de la terre Qui povre furent por la guerre Donoient armes et destriers, Robes, palefroiz et deniers. 3368 Rapidamente i due si riducono alla povertà: Tant mistrent andui par content Que lor avoir vint a nïent 3372 Riconoscente per l’aiuto recato, Henri giunge a soccorrerli: Tot l’orent despendu et mis, Quant les secort li rois Hennris, Qui a chascus d’els dous envoie Set cent mars d’argent en menoie 3376 Joufroi e Robert sono però ormai senza freno: il denaro li tocca appena, e subito scompare, perduto nei mille rivoli della loro dispendiosità disordinata, disperso al punto che il re, dopo aver portato soccorso per due volte, ritiene opportuno cambiare metodo: Mais mult lor ot corte duree, Que chascus ot sa part donee Ainz qu’i venist au chief del mois. Lors refist a prendre li rois 3380 Quatre vint mars toz de fin or Qu’il fist peser en son tresor, S’en tramist quarante a chascun, Mais bien convenissent a l’un 3384 Qu’en mains de quinze jorn assez Rot chascuns toz les suens donez. Quant li rois vit la meission, Qu’avoirs ne lor avait foison, 3388 Ne rien qu’i lor saüst doner, Del doner o laissa ester. Que beau chanter a la feïe Enuie bien. 9. Privo di risorse, Joufroi si risolve ad un passo senza precedenti: va a cercare una moglie ricca che, possibilmente, non gli rechi fastidi, e si risolve a sposare una borghese benestante e ingenua, con un padre affetto da ambizioni nobiliari (Joufroi si 155 Margherita Lecco è opportunamente presentato come di padre borghese: ma la madre, no, de chevaliers fu ma mere, v. 3427). Anche questa volta, dopo poco tempo, Joufroi rimane senza denaro: Lors refurent riches andui Non pas del lor, qui de l’autrui 3552 Mais pou lor dura la richece, Qu’il recomencent la largece Et lo despendre et lo doner Et lo plus a desbareter. 3556 Egli deciderebbe di passare ad altro inganno, quando sopravviene inaspettato il poeta Marcabru in cerca del Sire di Poitiers. 10. Un’ultima comparsa del tema, anch’essa declinata nettamente sul versante della ricchezza, torna poi verso la fine del romanzo. Di questo si dirà poi. 3. Rilettura dei codici cortesi. Senza dubbio, non fosse che ad attenersi a ragioni quantitative, il tema della largesce occupa uno spazio di rilevo in JFP. La sua applicazione condiziona lo svolgimento di quasi tutti gli episodi narrativi del romanzo: esso s’immette come premessa e motore nel trattamento dei casi d’amore di Joufroi, che ne risultano determinati, trovandovi risoluzione oppure incremento di «avventura». Con due differenze fondamentali, però, ed un’intima evoluzione. Inizialmente (sempre all’interno della parte narrativa: diverso il discorso per la parte-voce «lirica»), almeno sino ai v. 2196, e v. 2320, in coincidenza con la conclusione dell’avventura a Tonnerre e l’arrivo alla corte di Poitiers del coffret pieno di gioielli, l’attenzione all’argomento sembra essere contenuta nei limiti della codificazione cortese: la prodigalità di Joufroi appare soverchia, un poco dubbia ed eccentrica in quanto tale, ma, nel complesso, essa non eccede l’intenzione, né la trattazione, che i testi segnati dal codice della cortesia riservano alla pratica del donare, estesa in specie agli appartenenti alla corte. Vari passaggi di JFP sembrano ripresi dalla più canonica e comune applicazione della topica relativa: i v. 169-80, ad es., potrebbero essere comparati, e con buon esito (siamo pur sempre in ambito romanzesco), ai v. 205- 14 del Lanval: Lanval Joufroi N’ot en la vile chevalier Ensi fu a cort retenuz Ki de surjurait grant mestier Li vaslet, et mult chier tenuz Que il ne face a lui venir I fu de toz par sa franchise, Erichement e bien servir. 208 Et por ce qu’en lui ert asise 172 Lanval donout les riches duns, Et cortesie et largeiche Lanval aquitout les prisuns, Et grant beatez et proeche. Lanval vesteit les jugleurs, Mult fu de grant acointement 156 Joufroi de Poitiers e la poesia trobadorica Lanval feseit les granz honurs. 212 Mult se fist amer a la gent, 176 N’i ot estrange ne privé Car il lor donoit beaus joiaus, A ki Lanval n’eüst doné 26 Beles cotes et beaus mantiau, Armes et robes et destriers Donoit as povres chevaliers. 180 Sino a questo punto, si può ammettere, JFP trascrive l’applicazione, se non altro, di un modo di rapportarsi ad un ethos, che gli interessati (coloro che si attengono a cortesia) cercano di rispettare. La poesia trobadorica, come le coeve relazioni sulla vita di corte e sulle sue maniere e pratiche, danno conto di consimili considerazioni della prodigalità funzionale, a mezzo tra realtà, proiezione del desiderio e captatio benevolentiae, che storici e commentatori puntualmente registrano. Due esempi divenuti famosi si leggono, ad es., in rapporto alle corti di Bonifacio di Monferrato e di Alfonso X di Castiglia, registrate per poesia di Raimbaut de Vaqueiras e di Folquet de Lunel 27 . Dice Raimbaut, nella famosa Lettera al Marchese di Monferrato, rivolgendosi a Bonifacio: En vostra cort renhon tug benestar: dar e dompney, belh vestir, gent armar, trompes e joc, viulas e chantar, e anc no.us plac nulh portier al manjar 28 101 della corte de re di Castiglia, Folquet afferma: Quar el ten cort on fadiar No.s pot nulhs hom bos en son do, E cort ses tolr’e ses forsar, E cort on escot’om razo: Cort ses erguelh e cort ses vilania, E cort on a cent donadors que fan D’aitan ricx dos, mantas vetz, ses deman, Cum de tals reis, qu’ieu sai, qui.lor queria. Nel Lanval, e nei documenti storici, o storico-letterari, le citazioni sulla largesce rinviano a comportamenti conformi ed auspicati, che ottemperano ai doveri del sovrano e del cavaliere, dei quali sottolineano la perfezione morale completa in ogni aspetto, d’animo come di maniere. Che Joufroi cerchi di conformarsi ad un 157 26 Cf. Angeli (ed.) 1992: 182. È persino superfluo dire che numerosissime citazioni di questo tipo si potrebbero trarre da testi medievali d’ogni tipo, specie da romanzi. Cf. ancora, come esempi, gli interventi di Artù verso i cavalieri della Tavola Rotonda, in romanzi come l’Erec, o le Continuations Perceval, o il Jaufre, che rivela una vera ossessione per il dono (cf. Lecco 2006b: 73-95). 27 Per queste e per altre citazioni, cf. Paterson 1993: 62-89/ 90-119, specie cap. 4: «The knight and chivalry», e cap. 5: «Curts and courtiers»; Meliga 2001. 28 Cf. Riquer 1983: t. II, 811-57 (cit.: 856), v. 103-06 dell’Epistola al Marchese di Monferrato che inizia con Valen Marques. Margherita Lecco codice analogo e ne applichi vividamente le prescrizioni non è quindi cosa insolita. Né l’applicazione risulta errata ai sensi della finzione romanzesca. Nell’episodio, ancora, di Agnés, le più che generose spese che Joufroi sostiene per ottenere vicinanza e confidenza nella tensione verso l’irraggiungibile amata non paiono ingiustificate a paragone dell’alto scopo che Joufroi si prefigge, la conquista d’amore, cui ogni cosa, come etica cortese impone, deve venire subordinata: l’enfatizzazione appare anzi apprezzabile e benemerita, se intesa in contrapposizione allo sposo della dama, che è insieme gilos e avaro. Più avanti, anche la ricca donazione che Joufroi e Robert fanno dei propri beni ai cavalieri che hanno sostenuto la lotta contro Scozzesi e Irlandesi in favore di re Henri (v. 3361-68) può (o potrebbe) non apparire strana, trattandosi, ancora una volta, di un dovere riconosciuto dal signore verso gli uomini della propria truppa. Pure, è a questo punto che i piacevoli progressi di Joufroi subiscono un arresto. L’elargizione supera i mezzi di Joufroi, che vengono a mancare (v. 3371-72: Tant mistrent andui par content/ Que lor avoir vint a nïent), senza che egli sappia escogitare un freno o un contrappeso alle spese, il cui cumulo s’impenna verso cifre impensabili. Allo sperpero non riesce ad opporsi nemmeno re Henri, che interviene sollecito per due, tre volte, ma è costretto ad arrendersi in nome del senso comune, così che Joufroi deve trarsi d’impaccio con un espediente matrimoniale, che lo pone in una posizione inferiore al proprio rango. Il fallimento delle nozze coincide con la rovina anche di questa fonte di proventi, il cui inaridimento è rimproverato a Joufroi dal padre della fanciulla Blanchefleur, con argomenti finanziariamente ineccepibili: «Beaus pere, fait li cuens, merci! . . . Beaus peres, bien sachiez san gas 3576 Qu’a ma vie toz jorn donrai, Et toz jorn riches serai» «Riches serez? fait li borgeis; Iche sera quant Deus li reis 3580 Non amera foi ne creanche, Et Provence conquerra Franche Par armes sans neguns content Et or sera plus vil d’argent, 3584 Et Judas iert de pechiez quites Quant ce sera que vos me dites» Atant part de lui toz iriez Li borgois et toz correciez. 3588 Avviata nei limiti della norma, pur se tendenzialmente debordante, in JFP la largesce finisce per svelare una faccia nascosta: essa si risolve nel suo opposto, che è spreco, sciupio, dissipazione. L’errore, o il peccato, di Joufroi è la spesa eccessiva, che lo costringe alla vendita dei beni personali, alla richiesta di un intervento esterno che ne sostenga le prebende di feudatario. Joufroi è allo sbando: il prestito reale non gli ha consentito di arrivare neppure alla metà del mese: cf. v. 3377-79. 158 Joufroi de Poitiers e la poesia trobadorica Mais mult lor ot corte duree, Que chascus ot sa part donee, Ainz qu’i venist au chief del mois così come avviene per i beni acquisiti per dote, subito scialacquati, v. 3553-55: Mais pou lor dura la richece, Qu’il recomencent la largece Et lo despendre et lo donar . . . In conclusione, il comportamento di Joufroi, e del compaing Robert, come descritto ai v. 3361-404, viene a qualificarsi come una somma di infrazioni, o errori, che vanno a colpire lo statuto di numerosi comportamenti e regole. L’infrazione essenziale, e, per così dire, ontologica, riguarda la regola cortese del mantenimento di una giusta medianità di sentimento e di attitudini, della mezura, intesa come componente di base del codice cortese. L’errore ed il peccato consistono nel rifiuto della mezura. Joufroi non sa, o forse non vuole, per indifferenza o per superbia (l’una è in relazione con l’altra), riconoscere la necessità di imporre a se stesso un limite, dunque di sottostare al tipo di regole previste dal codice cortese. La mancanza di limite dimostra un’incapacità di gestione relazionale, rivela l’incapacità di una maîtrise personale, che si determina sulla base del sistema cortese. La ricerca di eventuali soluzioni viene a coincidere con espedienti di infimo valore, specie nell’episodio di Blanchefleur, con il ricorso alle false nozze. Da cui viene a Joufroi una seconda infrazione, molto grave, perché chiarisce definitivamente, e con crudezza, come alla base delle sue azioni, anche prima dell’episodio in oggetto, stia l’inganno, gettando nuova luce sui mezzi, ed anche sui fini, delle sue imprese, condotte con l’ausilio di menzogne, con l’adozione di false identità e di mascheramenti. Il fallimento del matrimonio, che Joufroi contrae puntando al ripianamento delle perdite, conferma la sua noncuranza, e, più ancora, il disprezzo con cui considera l’aspetto economico della propria condizione nobiliare. Su queste forme di démesure interiore, centrate sul soggetto come persona, s’innesta una categoria ulteriore, diversamente coercitiva, in relazione diretta (cioè scarsamente mediata dal sistema di regole cortese, che è simbolico) con il contesto sociale. Essa si genera in rapporto con l’atto di donare, con la largesce: atto che dipende, in egual maniera, da una disposizione di generosità cortese e da un intento razionale, in sintonia con la concezione economica feudale, che si fonda su una distribuzione in apparenza priva di contraccambio. Il comportamento eccessivo di Joufroi commuta la largesce nel suo opposto, la trasforma, paradossalmente, in carenza, che, riallacciandosi all’inganno, torna a farsi negazione sotto il rispetto etico. Joufroi ostenta (perché poi è da vedere se le cose stiano proprio così) la mancanza di ogni cognizione, per quanto primitiva ed aurorale, dei meccanismi del sistema economico in cui vive: la distribuzione che egli fa a piene mani sembra ignorare l’origine della ricchezza, i mezzi della sua produzione, la consistenza del patrimonio, la sua dipendenza dal governo dei possedimenti terrieri, la necessità 159 Margherita Lecco di prevederne costantemente la cura ed i futuri assetti. Più semplicemente ancora, Joufroi pare non comprendere che l’eccesso di liberalità può condurre all’implosione del sistema, come avviene qualora la norma venga oltrepassata per difetto. Forma di incomprensione che riporta alla mente l’osservazione registrata, per Guglielmo IX, da un cronista contemporaneo: ita omnium vitiorum volutabrum premebat, quasi crederet omnia fortuito agi, non providentia regi 29 . Come chi tesaurizza ed accumula agisce contro l’etica nobiliare della (buona) generosità, immobilizza la ricchezza e ne arresta la circolazione sociale ed economica, così chi spende troppo e spreca interrompe il flusso equilibrato dei beni, la corretta canalizzazione ridistributiva. Joufroi, insomma, inceppa il meccanismo di distribuzione, invece di favorirlo. In più, in rapporto a chi sia in posizione minoritaria, nel caso a Robert, egli, sotto copertura di affettività e disinteresse, rivela e perpetra un’ineguaglianza economica ed un rapporto di dominio. Dei tre tipi di mancanza legati all’uso stravolto della largesce, questa terza componente (dopo démesure e inganno), che si potrebbe, nell’insieme, definire «materiale», è forse la più ricca di implicazioni connesse con un discorso a vasto raggio. Centrata su Joufroi, essa si articola in una serie di contenziosi, tra Joufroi e Robert, tra Joufroi e il re Henri, tra Joufroi e il padre di Blanchefleur, od anche nel rapporto minore con il marito di Agnés, l’avaro sedotto dai beni profusi dal «Seignor de Cocagne» (v. 1373). Per mezzo di ciascuno di essi, si definisce un intervento critico che coinvolge forse più di un obiettivo: poiché intende, in parte, a rilevare i difetti di una cattiva gestione dei fondamenti di una determinata forma economica; data per acquisita la sua specificità, che si colloca a mezzo tra i dettami di un sistema del dono (rappresentato da Henri) e nascenti criteri capitalistici (rappresentati dal padre di Blanchefleur), questa tarda applicazione dell’economia feudale ne osserva appunto la precarietà degli equilibri, la facilità di enfatizzazione su un versante o sull’altro. Forse però il vero bersaglio del discorso economico di JFP, che appare indiscutibile, per quanto unidirezionale, verte sulla sua, come dire, peculiarità di casta, sul fatto che le categorie economiche di cui si esibiscono le applicazioni appartengano tipicamente alla sfera della vita cortese. Può essere, in altri termini, che gli appunti di critica vertano meno sull’effettivo assetto economico del mondo feudale quanto sulla loro determinabilità letteraria, come applicazioni all’interno della poesia cortese, pur se questa sia, di certo, poesia di classe, storicamente e socialmente definita. JFP tematizza la svalutazione dei meccanismi che reggono il sistema delle relazioni di scambio e di potere come parte dell’investimento critico che compie sull’intero complesso della «cultura» cortese, parallelo e complementare della componente amorosa. 160 29 «Si rivoltava a tal punto nel pantano di tutti i vizi come se credesse che le cose accadano per caso, anziché essere governate dalla provvidenza», cf. Meliga 2001: 216. Joufroi de Poitiers e la poesia trobadorica 4. Joufroi e Guglielmo Un appoggio a questa ipotesi, a suffragio anche dell’enfasi riservata al tema della largesce, può forse venire, in via secondaria, da alcuni materiali cronistici. Sino al momento di riferire la disdetta finanziaria che Joufroi subisce da Henri e dal suocero, la critica di JFP, che si intende forse non radicale, ma che è esperta e pungente, resta esposta per larghi tratti; ovvero, si appunta su questioni che s’intendono essenziali, ma ancora prive di componenti specifiche. L’Autore identifica un obiettivo che presenta qualche motivo d’interesse, lo circoscrive e circonda di un’intenzionalità di acuta deprecazione, che si apparenta con altri aspetti, ma che risulta ancora poco individuante. A partire dallo scontro con Henri, con quel che segue, l’invenzione dell’Autore prende a seguire un’altra via. Gli storici che si sono occupati delle vicende del ducato d’Aquitania fanno sovente ricorso ad alcune pagine del cronista del XII secolo Geoffroy de Breuil, priore di Vigeois, in cui, accanto ad avvenimenti di larga valenza epocale, se ne ricordano altri pertinenti, diremmo oggi, al costume, aneddottici, prossimi alla curiosità memoriale. Tra i molti e bizzarri, se ne trovano due che riguardano la competizione tra signore e vassalli o vicini, espressa in forme «economiche», di spesa e di spreco senza limiti, giocata tra chi più spenda e dissipi. La prima testimonianza concerne una sfida tra Guglielmo IX d’Aquitania ed il Visconte di Limoges, Adémar, alle prese con un impari duello in cui sono coinvolti consumi di pepe e noci, all’epoca considerati beni alimentari assai costosi. Ademarus . . . venientem Lemovicas Guillelmum, Tolosani generum Guillelmi, pro consuetudine procuravit. Petiit ergo dapifer piper a Constantino de la Sana (seu Sarcia): qui ducens illum in domum quamdam, ubi piper absque aestimatione erat expositum solo, veluti glans porcis servitura: «En, ait, accipe piper ad Comitis salsas». Et abrepta rustica pala, non tam praebebat, quam projiciebat piper. Divulgata res est favorabiliter in aula; Dux vero rem tacitus considerabat. Contigit aliquando Ademarum Vicecomitem Pictavis adesse. Prohibuit igitur Comes ne quis Vicecomiti venderet ligna. Tunc clientes Ademari comparavere nucum aggeres immensos, ex quibus rogum accendunt. Hoc cognito, Dux favore congruo extulit Lemovicenses, qui illos multifarie reprehendere tentaverat rusticitatis causa seu nota 30 . 161 30 «Ademar [iii, Visconte di Limoges] provvedeva per dovere all’usuale mantenimento [del Conte] Guglielmo, genero di Guglielmo [V Conte di] Tolosa, quando veniva a Limoges. Il siniscalco, dunque, domandò del pepe a Constantin de la Sana (o Sarcia). Guidatolo in una certa casa, dove il pepe era sparso senza particolari riguardi, come fossero ghiande servite ai porci, questi disse: «Qui, prendi il pepe per i condimenti del Conte? » E afferrando una pala da fattoria, gli tirò, più che dargli, il pepe. La faccenda venne riportata a corte con approvazione, ma il Duca prese silenziosamente a riflettere. Avvenne un’altra volta che il Visconte Ademar fosse a Poitiers. Il Conte proibì quindi a chiunque di vendere legna al Visconte. Allora i servi di Ademar ammucchiarono insieme un bel po’ di gusci di noce, con cui accesero un falò. Quando lo venne a sapere, il Duca valutò i Limosini con giusta approvazione, benché egli avesse provato molte volte a sgridarli per la loro villania». Il testo originale si legge in Bond 1982: 124. Margherita Lecco Un’altra testimonianza, riportata ancora da Geoffroy, riguarda invece Guglielmo alle prese con il suo vassallo-compagno Eble de Ventadorn. Eble, capitato alla corte di Guglielmo ad ora di pranzo, si vede servire un pasto sontuoso, la cui preparazione richiede tempo e cure. Giunto alla conclusione, Eble, tra ammirato e sarcastico, osserva come non fosse il caso di darsi tanto da fare per un petit vicomte come lui. Poco tempo più avanti, Guglielmo si presenta alla corte del vassallo, con grande sfarzo di mezzi e di corteo, cosa che mette in sospetto Eble: Ebolus se philosophari animadvertens, aquam manibus illorum fundi citius jubet. Clientes interim circumeuntes castrum, cibos universorum praereptos haud segnes in coquinam deferunt (erat quippe quaedam solemntitas gallinarum et anserum ac hujusmodi volatilium); dapes tam largissime praeparant, ut nuptialis cujuslibet Principis dies a multis exquisita videretur. Advesperascente die, adest protinus rusticus quidam, Ebolo ignorante, adducens carrum tractum a bobus, clamavitque voce praeconis, dicens: «Accedant juvenes Comitis Pictaviensis, prospicientes quomodo cera libretur in curia domini Ventadorensis». Ista vociferans, carrum ascendit; arreptoque dolabro carpentarii, circulos tunc vehiculi illico fregit. Vecte disrupto, diversae et innumerae formae de cera mundissima deciderunt. Rusticus, quasi parvi penderet ista, carrum ascendend, apund Malmont mansum suum revertitur retro. Comis talia cernens, probitatem et industriam Eboli extulit ubique 31 . Fatta la debita tara di alcuni dati evenemenziali, i due episodi presentano notevoli somiglianze di struttura, e poi di senso: una sfida tra due contendenti in condizione non totalmente paritaria, dove il maggiore per titolo detiene anche la posizione di censo più elevata, una schermaglia che viene esercitata sul terreno della prodigalità, attraverso l’ostensione di una certa quantità di beni materiali, messi a disposizione ed offerti senza risparmio, mentre la composizione della contesa viene condotta con un tiro al rialzo, e risolta con un tono pieno d’ironia. Geoffroy ne riferisce con un tono a mezzo tra il compiacimento che gli viene dalla riflessione sulla vita signorile della sua regione, ed una vaga avvertenza dell’eccesso, dello spreco, dei mezzi dispiegati: che la posta in gioco sia la perfezione della largesce, come segno di cortesia, opposto alla rusticitas (direttamente chiamata in causa nella prima testimonianza: rusticitatis causa), non gli impedisce di confessare stupore per l’eccezionalità della situazione. 162 31 «Eble, comprendendo che il conte vuol giocargli un tiro, comanda che subito sia versata l’acqua perché si lavino le mani. Intanto, i servi vanno nei dintorni del castello e portano in cucina cibo d’ogni tipo, che era stato preparato o lì si trovava (c’era un cumulo straordinario di polli, oche, selvaggina d’ogni sorta). Preparano il cibo con tale sontuosità che ci si sarebbe potuti credere ad un pranzo di nozze regali. Verso sera, ecco venire, senza che Eble ne sapesse niente, un contadino che conduce un carro tirato da buoi, che grida: «Avvicinatevi, cavalieri del Conte di Poitiers, e guardate come si impiega la cera alla corte del Visconte di Ventadorn». Dicendo questo, sale sul carro, armato di una grossa scure da carpentiere, e si mette a sfasciare le botti: rotte le quali, cade giù una grande quantità di ceri, fatti della cera più fine. Il servo, come se si fosse trattato di una merce di poco prezzo, risale sul carro e se ne torna tranquillamente a Maumont, il suo villaggio. Il Conte, a questo spettacolo, elogiò Eble dovunque, per il suo valore ed il suo industriarsi», cf. ancora Bond 1982: 126. Si veda anche: Jeanroy 1973, vol. I-II (dove la citaz. è riportata nel vol. I: 85). Joufroi de Poitiers e la poesia trobadorica Si torni adesso a JFP: si è accennato (cf. §6) a come il rapporto che intercorre tra Joufroi e Robert, a metà tra amitié e vassallaggio, sia credibilmente descrivibile nei termini del compagnonnage tanto cari ai vers di Guglielmo IX 32 . Benché si sbilanci sovente sul lato inferiore della subordinazione, il rapporto imposta un aspetto della largesce che la mette in relazione diretta con il valore cavalleresco: Robert motiva la difficoltà a mostrare il proprio valore con la mancanza di denaro, di sussidi sufficienti a procurarsi armi e donativi da sfoggiare nei tornei (v. 2416- 40); così svelando un tratto dell’economia segreta dell’impresa cavalleresca, che dipende dalla conformità a precise condizioni economiche. Configurandosi come richiamo a più probe condizioni economiche, l’appello di Robert s’impone come protesta in merito al riconoscimento del valore individuale quale indice per decidere la qualità del cavaliere, che non deve coincidere con il denaro. Joufroi, più per bizza che per lealtà, riconosce il torto e accetta di porvi rimedio, spartendo con Robert una certa quantità di beni. Concede quindi a Robert le ricchezze dovute, che ammucchia con ostentazione davanti alla sua casa, insistendo perché le accetti, per quanta umiliazione il nudo, di beni, e, intenzionalmente, d’abiti, Robert possa trarne: andrebbe letto tutto il passo, v. 2513-2692, cito i v. 2682-92: Lors cuida lo meillor eslire Et d’anbedous part se prent garde. Chevaus, robe, escuz regarde, 2684 Et puis les buens aubers faitiz, L’avor qui fu sor les tapiz, Que li cuens ot des cofres trait Por ce que a penser l’ot fait. 2688 Tot regarde nis les somiers, Les serjanz et les escuiers; tant voit d’andous parz grant richace Qu’il ne set la quale li place. 2692 Nelle sue dinamiche, nel modo con cui è prospettato e condotto, l’episodio mostra notevoli affinità d’impianto con gli aneddoti riferiti da Geoffroy: assai esplicite nella decisione di rispondere a prodigalità con prodigalità, nell’irruenza della sfida, nella malizia di chi dà e nell’avvertita coscienza di chi riceve, nell’ostentazione della ricchezza esibita senza mediazioni o intralci, evidenti in specie a proposito del dettaglio dell’échantillonnage rovesciato in concreta massa materiale a terra, davanti agli interessati: Ista vociferans, carrum ascendit; arreptoque dolabro carpentarii, circulos tunc vehiculi illico fregit. Vecte disrupto, diversae et innumerae formae de cera mundissima deciderunt. L’or et l’argent et les diniers/ Et les robes et les destriers,/ Les serjanz et les escuiers,/ Et les vaslet et les somiers,/ Et tot quant il ot aporté/ Mist en douz parz en mi lo pre (v. 2647-52) 163 32 V. 2343: «Uns chevaliers de sa maisnie», ma pochi versi più sotto (v. 2557) è definito «Seignor Robert, son compaignon». Sul compagnonnage in Guglielmo ix, cf. le testimonianze citate in Bond 1982: 103,107,136s. Margherita Lecco Dove, tra parentesi, l’offerta coinvolge nelle sue dinamiche più di un sospetto sulla presenza di una forma di scambio in stile potlach, forma talvolta evocata a torto per altri tipi di dono medievale, che trova qui le motivazioni per un fondato parallelismo 33 . Ci si può chiedere, allora, se sia possibile identificare nei due passi di Geoffroy le originarie matrici dell’episodio di JFP, da leggersi in direzione assai più caustica di quanto non fosse per il cronista limosino, relatore stupito, immerso nella relazione di fatti che gli erano prossimi geograficamente e socialmente. Se è così, un altro tassello si aggiunge all’eventualità di vedere JFP come combinazione di materiali trobadorici, rivisti alla luce di una poetica interpretativa che si direbbe virata sempre in direzione della parodia e comunque dell’ironizzazione. La rivisitazione dei materiali trobadorici (soggetti poetici, personalità, stilemi retorici, ecc.) chiama in causa, per questo punto, quei casi di Occitan Extravagance pecuniaria (per dirla con Ruth Harvey) rammentati volentieri da storici come Geoffroy de Vigeois, e come Orderico Vitale, o Guglielmo di Malmesbury, che ne giudicano dalla posizione di avversari del lusso, da una prospettiva moralistica più che economica: testimonianze su feste (come quella di Beaucaire cui si riferisce la Harvey), corti plenarie, tornei, con distribuzioni di feudi, terre, vesti, cibi ed altro, dove la prodigalità si estrinseca in virtù signorile socio-economica per eccellenza 34 . Nel caso in oggetto, tuttavia, di un altro fattore si deve tenere conto: del personaggio principalmente coinvolto, della sua identità, trattandosi, per entrambi gli aneddoti, di Guglielmo IX, dell’oggetto di trattazione di JFP. Anche sotto questo aspetto, la caratterizzazione rientra nel quadro che del conte e signore d’Aquitania offrivano storici e cronisti, all’atto di rammentarne personalità e vicende pubbliche e private 35 . Nelle Cronache contemporanee, di Guglielmo era nota, con la spudoratezza dei costumi, la propensione a spendere e sprecare: come affermava, ad esempio, il cronista inglese William di Newburg quando lo descriveva in expensis profusior 36 , e com’era da attendersi da chi aveva molto sprecato in tempo di Crociata e da chi conduceva, da sempre, come aveva detto Guglielmo di Malmesbury, una vita di fatuus et lubricus 37 . Con queste ammissioni, però, si torna alle considerazioni proposte all’inizio: come non è possibile dimenticare, Guglielmo è Joufroi, o Joufroi Guglielmo, e la vicenda dell’uno si rifrange e compenetra in quella dell’altro, riletta attraverso una parodizzazione dei loci a vario titolo comuni della figura del grande signore e poeta. Parodia che si trova distribuita a vasto raggio intorno a tale figura, articolata 164 33 Si tratta di un problema ormai di vecchia data, suscitato per lo più a proposito dei romanzi arturiani, ove è coinvolto in questa pratica il don contraignant. Ribadendo che il don contraignant agisce su una sfera del tutto differente, che riguarda un legame morale (la promessa) e non economico (cf. Lecco 2003b: 20 N29), ammetterei però la categoria come pertinente ai due casi citati da Geoffroy. 34 Su questo cf. in specie Harvey 2001: cit. 59. 35 Cf. Bond 1982: 94-141 e Meneghetti 1992: 34-36. 36 Appunto «prodigo nello spendere», cf. Meliga 2001: 216. 37 La citazione dal De Gestis Regium Anglorum, V, 439 è riportata in Bond 1982: 134. Joufroi de Poitiers e la poesia trobadorica con momenti di notevole felicità inventiva e retorica (ad esempio, nel coinvolgimento, tra finzione e verità, di «Marcabru») e di fine interpretazione dei canoni lirici (la parodia del vers de dreit nient, della lirica d’amore per Agnés; per non parlare dei fitti riferimenti al trobar della Prima Voce). Come sopra accennato, nella selezione dei materiali sottoposti a parodizzazione, che coinvolgono personalità, biografie, produzione lirica, si delinea con sufficiente chiarezza un progetto di riflessione autoriale, che, per la presenza di indizi molto selettivi, si potrebbe pensare determinata in relazione alla conoscenza e diffusione della letteratura biografica occitanica, quanto dire dalla scrittura delle vidas e razos, sollecitata quindi in ambienti specialistici, nell’ambito forse di un ambiente di assemblatoricopisti molto ben calati a contatto con gli oggetti (codici e canoni poetici) del proprio mestiere. Il problema relativo all’ambiente di scrittura di JFP è estremamente spinoso, sollecitato in direzioni opposte, e, nel contempo, ristrette: centripete in relazione ad uno (o più) ateliers di localizzazione peraltro difficile, centrifughe per la diffusione e ricezione anche in zone extra-oitaniche. Solo indagini ulteriori, segnatamente quelle sulla congruità lirica dei versi pronunciati dalla voce in prima persona, potranno far luce, se non altro, sulla dimensione del coinvolgimento operato dall’Autore entro la compagine di una vasta area poetica, anche se l’esatta misura dell’entità del processo sia, forse, destinata a mantenersi nell’oscurità. Che la topica su alcuni temi-motivi trobadorico-cortesi sia stata perfettamente intesa dall’autore di JFP, in particolare in merito alla largesce, si vede comunque dalla conclusione del romanzo. Lo svolgimento della vicenda di Joufroi apre e poi lascia aperte diverse opzioni narrative. Queste giungono infine a composizione nella penultima sezione del testo, integrandosi nel progressivo cammino di rovesciamento prospettico compiuto dalle due linee della narrazione, condotte in fine a capovolgere la posizione di Joufroi e dell’ignoto «ego». Quando Joufroi, smascherato da Marcabru (v. 3649s.), ritorna sulla giusta via politica, cavalleresca e amorosa, che lo porta al recupero dei beni feudali in pericolo, si verifica per lui quella che potrebbe apparire come una tentazione estrema: la regina Halis (ritrovata forse meno fortunosamente di quanto sembri, v. 3784s.) gli dichiara il suo amore, svelando anche di essere la donatrice del misterioso coffret di gioielli che Joufroi aveva ricevuto dopo la conclusione dell’avventura con Agnés. La rivelazione, espressa con dolcezza dalla regina, è un colpo basso per Joufroi: poiché il dono proviene da una donna, da colei cui il codice cortese riserva l’indirizzo del dono; e perché la conduzione dell’affaire è stata condotta in assoluta segretezza, con esperta arte d’intrigo, e audacia piena di coraggio. Ruolo maschile e ruolo femminile vengono così ad essere invertiti rispetto alla situazione tradizionale, scambiando parti e competenze: con un avvicendamento la cui natura può dirsi, con evidenza, parodica, correlata al movimento narrativo di natura fortemente parodica che investe tutta la parte finale di JFP. Tanto meno prevedibile, e troublante, perché l’esito dell’incontro, che trascorre, con esito spontaneo, in notte d’amore, vede unirsi nella vendetta di Halis Robert, che ordisce, coinvolgendo la regina, un secondo gab ai danni di Joufroi (v. 4069s.). 165 Margherita Lecco Prima di essere definitivamente restituito al ruolo signorile che gli compete, Joufroi subisce una punizione segreta, che lo rende, da ingannatore, ingannato, e proprio ad opera di coloro che, più penosamente, per sensibilità e nobiltà d’animo, ne erano state le vittime. La largesce, in aspetto di dono dei preziosi gioielli, interviene ancora una volta: è la prodigalità, cioè un fattore materiale, a definire la situazione; essa consente ad Halis di riallacciare il discorso che era stato interrotto da Joufroi, al momento di lasciare l’Inghilterra per la prima volta, risultato che trascina poi la parallela azione condotta da Robert, astuto organizzatore dello scambio notturno nel letto di Joufroi. Così che si deve alla convergente azione dei due la vendetta e rivincita di tutti gli ingannati (Halis e Robert agiscono, senza volerlo, anche a favore di Agnés e di Blanchefleur) sull’ingannatore. A questo punto, Joufroi è battuto, la crisi innescata dallo svelamento di Marcabru può dirsi completata ed avviata al superamento, il tracciato della vicenda del Conte di Poitiers avviarsi allo scioglimento nella sfida contro N’Anfos. Giocata su molti piani, distribuita nella densità dell’intreccio della parte diegetica e nella progressione inaspettata di quella lirica, la codificazione delle regole cortesi, comportamentali e poetiche, ne esce sovvertita. Nell’ultimo episodio di Halis e Robert, l’invenzione parodica incide su ulteriori dati trobadorici acquisiti, come il non ricambiato servizio alla dama, la lealtà dell’amante, l’inaccessibilità dell’amata, la connotazione non venale del servizio d’amore, l’eguaglianza tra pari, così come, sul piano della prima voce, la variazione della posizione a seguito della ritrattazione nel devinalh parodico (v. 4347-81), investe il dovere della fedeltà, l’abominio della tricherie, la fatuità dei falsi amanti. Con tanti interventi, così frenetico lavorio e su una tale varietà di argomenti, JFP si conferma testo ben arduo, molto sollecitante per la storia del romanzo oitanico, tanto quanto lo è per gli statuti della lirica occitanica. Genova Margherita Lecco Bibliografia Angeli, G. (ed.) 1992: Maria di Francia, Lais, Parma Benozzo, F. 1997: «Guglielmo ix e le fate. Il Vers de dreit nien e gli archetipi celtici della poesia dei trovatori», Medioevo Romanzo 21: 69-87 Bond, G. 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En la materia que aquí nos ocupa, esto es, el Cantar de Mio Cid (CMC, en adelante), algunos de estos asuntos son la mesura del poema, la vida de frontera, el choque entre clases sociales o, por supuesto, la comparación entre las descripciones de Vivar y Valencia. Para Vivar se dedican los siguientes versos: De los sos ojos tan fuertemientre llorando, tornava la cabeça e estávalos catando. Vio puertas abiertas e uços sin cañados, alcándaras vazías, sin pielles e sin mantos, e sin falcones e sin adtores mudados. (v. 1-5) 2 Mientras que, para Valencia, el poeta hace subir al Cid y a su familia a la torre más alta del alcázar, desde donde contemplan la huerta: Adeliñó mio Cid con ellas al alcácer, allá las subié en el más alto logar. Ojos vellidos catan a todas partes, miran Valencia cómmo yaze la cibdad, e del otra parte a ojo han el mar, miran la huerta espessa es e grand; alçan las manos por a Dios rogar d’esta ganancia, cómmo es buena e grand. (v. 1610-17) 1 El presente estudio forma parte de las actividades desarrolladas en el marco del Proyecto del Plan Nacional de I + D + I con código HUM2005-05783/ FILO: «Génesis y Evolución de la Materia Cidiana en la Edad Media y el Siglo de Oro», financiado por el Ministerio de Educación y Ciencia y cofinanciado con FEDER. 2 Realizo todas mis citas del CMC a partir de la edición de Montaner 2007. Vox Romanica 66 (2007): 168-173 Corpes como frontera en el Cantar de mio Cid Tan dispares paisajes han sido considerados - muy acertadamente - como representaciones visuales de la riqueza y el poder que alcanza el Cid después de quedar desahuciado y partir hacia el exilio, amén de otras consideraciones que, por norma general, asocian entre sí las imágenes que el CMC ofrece de Vivar y Valencia 3 . Mas, si la función que cumple la descripción de la capital del Turia se ha entendido siempre como la antítesis de Vivar, existe también otro lugar que contrasta con la huerta valenciana: el robledo de Corpes, donde aconteció la brutal afrenta de los infantes de Carrión a las hijas del Cid. Si Vivar representaba el inicio del exilio y Valencia el final, será interesante tratar de comprender cómo se interrelacionan Valencia y Corpes dentro del CMC, ampliándose de este modo el significado simbólico de ambos parajes en el cantar cidiano. 2. Las descripciones Si ya ha sido citada más arriba la descripción de la huerta de Valencia, es forzoso recordar aquí la de Corpes: Entrados son los ifantes al robredo de Corpes, los montes son altos, las ramas pujan con las núes, e las bestias fieras que andan aderredor. Fallaron un vergel con una linpia fuent, (v. 2697-2700) Tras esta descripción no se ocultan al lector ciertos rasgos preocupantes, como que el robledo se halla en un «monte espesso» (v. 2769), y que es un lugar de «fieros montes» (v. 2715) donde habitan «las aves del monte e . . . las bestias de la fiera guisa» (v. 2751), hasta el punto de que Félez Muñoz pida a sus primas que despierten para que «los ganados fieros non nos coman en aqueste mont! » (v. 2789). La peligrosidad del paisaje no es casual, pues se corresponde con la terrible acción de los infantes de Carrión. Si pensamos en la descripción de la huerta, se observan diferencias que, aunque obvias, no dejan de ser importantes. Así, la huerta es un vergel cultivado por el hombre, y junto a ella se alza Valencia, la civilización, la presencia humana. Contrasta con ella Corpes, que no es una huerta sino un paisaje natural, salvaje y cuyos únicos habitantes, los propios de allí, no son los humanos sino los animales, las «bestias fieras». 169 3 Véase, por ejemplo, Grieve 1979-80: 47, Cacho Blecua 1988: 33, Pérez 1988: 281-82, Montgomery 1991: 425-26, Walsh 1990: 15. Alfonso Boix Jovaní 170 3. La frontera moral de Valencia Si tomamos los tres lugares cuyas descripciones nos ocupan aquí, Valencia, Corpes y, en menor medida, Vivar, resulta interesante apreciar un rasgo común entre estos dos últimos lugares: la ausencia física del Cid. La ausencia o presencia del Cid se asocia con la pérdida o recuperación de la honra, y esto queda reflejado en los paisajes de Valencia y Vivar, en una idea similar a la de la Tierra Yerma artúrica, como he tratado recientemente (Boix, en prensa). Así, cuando el Cid abandona Vivar, su caída en desgracia se manifiesta en aquellas puertas abiertas y la ausencia de aves de presa, mientras que en Valencia asombra la huerta, rica y frondosa, que muestra también la prosperidad del Cid tanto a nivel económico como social, pues recupera todo aquello que el exilio le había quitado, culminando con la recuperación de su honor. Como muy bien aprecia Sears (1998: 54), Valencia constituye una protección frente a la naturaleza salvaje, que contrasta con la hermosura de la huerta. Parte de esa naturaleza salvaje, exterior a Valencia, son los bosques, como también advierte Sears. Y, por supuesto, entre esos bosques ha de incluirse Corpes. Si la imagen de la huerta de Valencia representa al Cid, a su honra y poder, Corpes es antitético con la figura del Campeador y, en cierto sentido, similar a los infantes: los árboles se yerguen enormes, podría decirse que orgullosos, y las bestias son fieras, como lo será la acción de los infantes. Pero, en resumen, el paisaje del robledal es desmesurado, algo absolutamente distinto al carácter del Cid.Y eso representa el que Corpes esté vacío del Cid: Corpes no es peligroso por su naturaleza silvestre, sino por lo que esa naturaleza simboliza, esto es, la ausencia de protección, de civilización, y de la influencia del Cid. Las hijas del Cid estaban protegidas en Valencia 4 , pero en Corpes quedaban a merced de sus maridos y de los peligros naturales del entorno 5 . Tal ausencia se hace patente en la petición del autor: ¡Cuál ventura serié ésta, sí ploguiesse al Criador, que assomasse essora el Cid Campeador! (v. 2740-41) 4 Frente a Corpes, Valencia es la ciudad en la que se halla el Cid, y donde todo lo bueno parece concentrarse, pues fue en esa ciudad donde el Cid culminó su exilio, se reunió con su familia, y donde los infantes nunca se hubiesen atrevido a agredir a sus esposas. Es más, precisamente por ser un lugar donde reina el bien, fue allí donde los pérfidos infantes quedaron en ridículo en más de una ocasión, siendo especialmente memorable la aventura del león. 5 En su edición del Cantar, Montaner (1993: 632) identifica la descripción de los vv. 2697-99 con la de un locus horroris, mientras que el v. 2700 sería un locus amoenus. Empero, y como este autor advierte, un «contraste paisajístico entre el bosque y el claro» que «se refuerza con el de las acciones: la violencia (propia del locus horroris) se desata en el locus amoenus, el escenario del amor». En efecto, pues incluso los lugares que podrían asociarse con un locus amoenus se convertirán en elementos asociados a dolor: el claro donde, por la noche, los infantes yacen junto a sus esposas se convertirá en el escenario doloroso de la afrenta, mientras que la fresca fontana que fluye por aquel lugar servirá no para saciar la sed, sino para limpiar las heridas de las dos hermanas. Corpes como frontera en el Cantar de mio Cid Corpes no ha de contemplarse únicamente como un lugar físico, pues contiene un poderoso simbolismo. Montaner 2007: 10 advierte ¿Cuántos cuentos folclóricos no empiezan con la prohibición, pronto transgredida, de cruzar el lindero del bosque? En paralelo a esa simbólica división entre cultura y naturaleza, entre territorio domeñado e indómito, la frontera entre los espacios habitados por diversos pueblos es terreno abonado para la imaginación, en especial cuando esa línea separa dos civilizaciones distintas, dos modos de organizar la sociedad, dos mundos de creencias. Montaner relaciona - a mi parecer, correctamente - estos cuentos donde los bosques son lugares extraños o prohibidos con la frontera, allí donde dos culturas se encuentran, pues más allá de los límites de una sociedad, la otra resulta extraña y, en muchas ocasiones, fascinante por su misterio. Sin embargo, si se aplica a Corpes la referencia de Montaner a los bosques, ¿qué dos mundos serían estos si tomamos a Corpes por referencia? Es necesario considerar que, una vez acaecida la afrenta, los infantes marchan desde Corpes hacia sus tierras de Carrión, mientras que Félez Muñoz inicia el regreso con las muchachas, trasladándose rápidamente a San Esteban de Gormaz. Se observa, por tanto, que Corpes es un punto de separación, donde cada grupo - los infantes por un lado, las hijas del Cid y Félez Muñoz por otro - emprenden el camino hacia sus hogares. Entrar en Corpes significaba alcanzar el punto donde se separan las relaciones entre el Cid y sus yernos, el límite de las mismas, y, con ello, constituye también la frontera donde se separan los mundos del Cid y sus enemigos. Esa naturaleza salvaje de Corpes, tan distinta a la huerta valenciana, indica que las hijas del Cid han superado un límite, pasando del mundo donde están a salvo a un mundo hostil para ellas porque está más allá del control del Cid. Y, si es hostil para ellas, también lo es para su padre. Precisamente, el Cid ni siquiera acudió a las lides finales en Carrión, a las que acudirán sus elegidos bajo la protección regia, porque se quedó en Valencia, donde ejerce su dominio y protege la ciudad. 4. Conclusiones Si se ha considerado el CMC y, más concretamente, su primera parte, dedicada al exilio, como un poema de frontera por mostrar la vida guerrera en las zonas limítrofes entre moros y cristianos, no es menos cierto que la segunda parte del poema, iniciada alrededor de unas bodas y terminadas con otras aún más nobles, puede verse también como una lucha de frontera, en cuanto que dos mundos chocan entre sí. El mapa del CMC, y especialmente en su segunda parte, ha de entenderse, por tanto, no sólo como una ruta física, sino como unos lugares cuyas descripciones son simbólicas de algo mucho más profundo, esto es, de la frontera existente no entre moros y cristianos, sino entre antigua y nueva nobleza. Por un lado, los reinos añejos donde los nobles gobernaban desde hacía generaciones, estáticos, 171 Alfonso Boix Jovaní 172 anquilosados, sin moverse de sus tierras y cuyos únicos honores los obtenían por herencia; al otro lado, las tierras nuevas, las tierras por conquistar, al alcance de quienes dejaban aquel estatismo y se desplazaban para ganar por méritos sus honores: una nobleza de sangre vieja frente a una nobleza de sangre nueva, como se observa en las bodas finales. 6 Estas ideas han de aplicarse a un concepto fundamental en el CMC, otro de esos asuntos tan estudiados, tan tópicos, como ya he dicho anteriormente. Se trata del modo en que el Cid busca la justicia, y, en lugar de emprender una venganza privada, sangrienta y terrible, opta por una decisión mucho más civilizada, como es dejar la justicia en manos de su rey. Decisión esta que toma el Cid en Valencia, mientras que fue precisamente en Corpes donde la opción de la venganza privada tuvo lugar en manos de los infantes. No deja de ser significativo que los infantes, humillados en Valencia al inicio del Cantar III, sean derrotados finalmente en sus propias tierras. Y, por supuesto, no hay que olvidar que, a nivel artístico, el autor utiliza los paisajes como algo más que una mera ambientación, sino como un medio metafórico por el que representaba la situación que se iba a presenciar en el CMC. A cada situación, corresponde un paisaje: la dicotomía Vivar/ Corpes frente a Valencia parece clara, y, por tanto, parece obvio que Vivar y Corpes tienen a Valencia por referencia obligatoria, pues han de contrastar con ella. Puede afirmarse que la ciudad actúa como eje central a partir del cual se conciben los escenarios principales del poema, del mismo modo que la honra del Cid es el eje central del poema frente a las dos caídas en desgracia del Campeador. Castellón de la Plana Alfonso Boix Jovaní Bibliografía Boix Jovaní, A. (en prensa): «La Tierra Yerma y el destierro en el Cantar de Mio Cid», Bulletin of Hispanic Studies Cacho Blecua, J. M. 1988: «El espacio en el Cantar de Mio Cid», Revista de Historia Jerónimo Zurita, 55: 23-42 Grieve, P. E., 1979-80: «Shelter as an Image-Pattern in the Cantar de Mio Cid», La Corónica 8/ 1: 44-49 Montaner Frutos, A. (ed.) 2 2007 ( 1 1993): Cantar de Mio Cid; con un estudio preliminar de Francisco Rico, Barcelona Montaner Frutos, A. 2007: «Un canto de frontera (geopolítica y geopoética del Cantar de Mio Cid)», Ínsula 731: 8-11 6 Ahondando a un nivel simbólico mayor, es dable considerar que, al fin y al cabo, los árboles gigantescos de Corpes ahondan sus raíces en la tierra como las familias nobles de Castilla y León, que estaban allí desde hacía tiempos inmemoriales, frente a la huerta, espesa y grande, pero cuyas raíces no son, obviamente, tan poderosas. Corpes como frontera en el Cantar de mio Cid 173 Montgomery, T. 1991: «The Poema del Cid and the potentialities of metonimy», Hispanic Review, 59: 421-36 Pérez, R. 1988: «La naturaleza en el Poema de Mio Cid», in: Pérez, R. (ed.): 25 Años Facultad de Filosofía y Letras. I. Estudios de lengua y literatura, Bilbao: 273-83 Sears, T. A. 1998: «Echado de tierra». Exile and the Psychopolitical Landscape in the Poema de Mio Cid, Newark, Delaware Walsh, J. K., 1990. «Performance in the Poema de Mio Cid», RomPhil., 44/ 1: 1-25 Tracce ovidiane nel Libro de Apolonio: ancora sull’enigma della figlia di Antioco A Gerold Hilty Nelle strofe iniziali del Libro de Apolonio si narra che re Antioco, vedovo, costringe la bellissima figlia a subire una relazione incestuosa. Per evitare che la principessa, che tace su consiglio della nutrice, vada in sposa a uno dei numerosi pretendenti, Antioco sottopone loro un indovinello la cui soluzione consiste proprio nell’incesto. Chi trova la soluzione sposerà la principessa, chi sbaglia sarà decapitato e la testa sarà appesa ai merli come deterrente. Dopo molte esecuzioni capitali, alla corte di Antiochia giunge re Apollonio di Tiro, giovane intellettuale, che risolve l’enigma. Il malvagio Antioco nega però l’esattezza della risposta e minaccia di farlo decapitare, ma gli concede comunque trenta giorni per trovare la soluzione.Apollonio ritorna a Tiro, cerca assiduamente nei suoi libri un’altra risposta da dare ad Antioco e, non trovandola, decide, sconsolato e ferito nell’onore, di lasciare la propria terra e darsi all’avventura. Ecco i versi che racchiudono l’indovinello: La verdura del ramo escome la raéz, de carne de mi madre engruesso mi serviz. (17ab) 1 Il distico è stato oggetto di due articoli 2 in cui si è tentato non già di risolvere l’enigma, operazione superflua in quanto la soluzione è nota a tutti, ma di spiegarne gli elementi costitutivi. Il silenzio dei commentatori del Libro de Apolonio a questo proposito rendeva di fatto necessario fornire una spiegazione: dicono sì, magari implicitamente, quale sia la soluzione dell’enigma, ma non ne spiegano le componenti. Le interpretazioni proposte nei due articoli divergono in modo essenziale, come vedremo, e quindi risulta opportuno tornare sulla questione. Con il presente articolo intendo proporre al vaglio degli studiosi un nuovo elemento, attinto dalla mitologia classica, che iscrive l’enigma in una prospettiva intertestuale e colloca l’autore in un contesto culturale e letterario ben preciso, e che si pone a discrimine tra le due interpretazioni. Qui di seguito sono messi a confronto i due punti di vista contrastanti di Bruno 1995 e Uría 2001. L’impossibilità di avvalersi della collazione per tentare di restituire il testo originale del Libro de Apolonio, giunto a noi in un solo codice - che si fa, per forza 1 Cito da Monedero 1987. 2 Bruno 1995 e Uría 2001. Vox Romanica 66 (2007): 174-181 Tracce ovidiane nel Libro de Apolonio di cose, codex optimus -, ci obbliga a sottostare alle precarie regole dell’ecdotica dei testi a tradizione unitestimoniale e quindi ad affidarci in larga misura alla congettura 3 . E solo congetture potevano essere, infatti, le mie riflessioni a proposito dell’interpretazione dell’enigma, sorrette da riferimenti intertestuali stabiliti con opere coeve (Siete Partidas, Historia de la donzella Teodor, Bruno 1995: 158) e da agganci all’ambito della medicina (nomenclatura anatomica, terminologia medica in Spagna, p. 158s.), intesi a proporre una lettura allusiva, a più livelli, ambigua: suggerivo di intendere «serviz» come «cervice uterina» e «madre» come «matrice» o «utero» (p. 158), ma nel contempo ipotizzavo un errore di copia o la presenza di un calembour («mi serviz» - «míser viz», p. 159). Secondo Isabel Uría (Uría 2001: 630), il soggetto del primo verso dell’indovinello è «la raéz».Tuttavia, se la radice (Antioco) mangiasse la chioma (la figlia), allora sarebbe quest’ultima a morire. A 25b, spiegando la soluzione dell’indovinello, Apollonio dice ad Antioco: «tú pereces por ella» e quindi è la radice a morire, non la chioma. È la chioma/ figlia che divora/ fa morire (di peccato mortale) la radice/ Antioco. Continuo a credere che il soggetto sia «la verdura del ramo». A proposito del secondo verso, Uría (p. 630) ritiene che l’affermazione sia fatta da Antioco, mentre secondo me è pronunciata dalla figlia. La studiosa spagnola interpreta l’enunciato come espressione di linearità generazionale: io, Antioco, mi rinforzo («engruesso mi serviz») nutrendomi della carne (mia figlia) di mia madre; mia figlia è carne mia e quindi, essendo io a mia volta carne di mia madre, essa è anche carne sua (cioè di sua nonna). Per me è invece la principessa che dichiara che con la carne della sua matrice ingrossa la sua cervice (uterina), oppure che con la carne della sua matrice (o il debito carnale che era di sua madre) alimenta un vizio miserabile, ossia l’incesto: il tutto in un enunciato intriso di ambiguità. Isabel Uría mi attribuisce invece una lettura chiara e univoca, senza ambiguità, introducendo un’espressione esclamativa e conferendo al verso un assetto metrico-sintattico e interpuntivo al quale non avevo mai pensato: de carne de mi madre engruesso, ¡miser viz! 4 La necessità della cesura tra gli emistichi degli alessandrini del mester de clerecía è indiscussa e quindi una simile lettura sarebbe inaccettabile. La mia proposta d’interpretazione era: «della/ con la carne di mia madre/ della mia matrice alimento un vizio miserabile» 5 . Trattandosi di un calembour (come dice la stessa Uría a p. 629), 175 3 È la premessa soggiacente ai tre emendamenti proposti in Bruno 1993. 4 Uría 2001: 629. 5 L’assenza dell’articolo indeterminativo prima di «míser» troverebbe analogia in altre costruzioni presenti nel Libro de Apolonio, p. es. 46a «púsol’ achaque mala», 50a «Puso . . . ley mala e complida», 76a «diol’ fermosa respuesta», 82d «qüedo . . . grant gualardón dar», 90c «mandó pregón poner». Giovanni Bruno 176 non lo si può leggere come frase esclamativa. Il calembour implica, per definizione, un’ambiguità: «mi serviz» - «míser viz». Inoltre, la professoressa Uría afferma che con la mia interpretazione «el protagonismo del incesto recae sobre la princesa, y no sobre Antíoco, que es el mayor culpable» (p. 629). Credo che, nell’ottica dell’autore, la figlia sia responsabile dell’incesto almeno quanto il padre. Infatti è punita esattamente come lui ed è considerata istigatrice del peccato: Con él murió la fija quel’ dio el pecado, destruyólos ha amos hun rayo del diablo. (248bc) 6 A maggior ragione ritengo che il verso b dell’enigma sia posto in bocca alla principessa 7 . Vediamo ora la nuova proposta di approccio al nostro testo, che è complementare a quella del 1995. Come ben sappiamo, l’indovinello ha per soluzione l’incesto. L’immagine della pianta, evocata nel primo verso, è assente nella fonte del Libro de Apolonio, la Historia Apollonii Regis Tyri, ed è quindi da ritenersi elemento originale rispetto alla stessa. L’aver accostato l’incesto a una pianta rappresenta un’operazione che appare piuttosto ardita, e che merita la nostra attenzione. Come si spiega l’immagine della pianta in questo contesto? È vero che possiamo attribuire un significato alle diverse componenti dell’enigma 8 , ma il nesso incestopianta non ne scaturisce come risultato immediato o comunque obbligato 9 .Tale accostamento diventa tuttavia plausibile se consideriamo un caso specifico di incesto legato a una pianta: il mito di Mirra, narrato nei versi 298-518 del libro X delle Metamorfosi di Ovidio, che qui riassumo 10 : Mirra, invaghitasi del padre Cìnira, respinge tutti i suoi pretendenti.Aiutata dall’anziana nutrice, si congiunge con lui per diverse notti, rimanendo ignota grazie all’oscurità. Una notte Cìnira scopre l’identità dell’amante e tenta di ucciderla, ma la figlia riesce a fuggire. Dopo aver vagato per molto tempo, Mirra, ingravidata dal padre, si pente e chiede agli dèi di essere metamorfosata. Presa la forma di una pianta, la mirra, partorisce Adone. 6 Si veda il commento di Corbella 1992 N248c, in cui si citano Benaim 1985 e Artiles 1976, che condividono questo punto di vista. 7 Nella nota 6 del suo articolo Isabel Uría imputa a Gárfer/ Fernández 1990: I/ 59 una trascrizione errata del primo verso dell’enigma: «es como» anziché «escome». In realtà i due autori citano espressamente una «estrofa modernizada», tratta cioè dall’edizione in spagnolo moderno di Cabañas 1969 (che manca però nella loro bibliografia). La lettura «es como» è poi stata adottata, a titolo di intervento emendativo, da De Cesare 1974. 8 Cf. Bruno 1995 e Uría 2001. 9 Nell’articolo precedente avevo chiamato in causa il cosiddetto «arbor consanguinitatis» (Bruno 1995: 159). Tuttavia, alla luce del presente articolo, tale collegamento assume ora un’importanza secondaria. 10 Mi riferisco a Bernardini 1994. Tracce ovidiane nel Libro de Apolonio I punti comuni tra il Libro de Apolonio e il mito di Mirra nel libro X delle Metamorfosi sono il tema dell’incesto, la pianta, la nutrice complice 11 e i pretendenti scartati. Mentre gli altri tre erano già presenti nella Historia latina, l’elemento della pianta potrebbe procedere dalle Metamorfosi. Ma l’autore del Libro de Apolonio conosceva le Metamorfosi di Ovidio? Se si accetta l’ipotesi secondo cui i poeti della scuola del mester de clerecía operavano nel centro universitario di Palencia - e gli argomenti a suo sostegno sono forti e convincenti 12 -, allora la risposta non può che essere affermativa. Francisco Rico dimostra infatti che gli studenti dell’Università palentina - e quindi anche quelli che componevano versi - erano fruitori delle Metamorfosi di Ovidio 13 . Inoltre, nel Verbiginale, un trattato di morfologia verbale latina versificato e commentato, usato nell’ateneo palentino, le opere più citate sono la Alexandreis di Gautier de Châtillon, fonte primaria del Libro de Alexandre, e le Metamorfosi di Ovidio 14 . Nella più estesa e più elaborata delle opere del mester de clerecía, il Libro de Alexandre, Ovidio è citato esplicitamente (368c: «esto yaz’ en el livro que escrivió Nasón»; 1874d: «de la que diz’ Ovidio una grant cantilena» 15 ), e anche i riferimenti ai miti delle Metamorfosi non mancano (ad esempio Filomela: Libro de Alexandre 1874cd, Metamorfosi VI 412-674). È senz’altro ipotizzabile che il nostro autore, di fronte alla situazione di incesto della Historia latina, attingesse al mito di Mirra mutuandone in particolare l’accostamento incesto-pianta 16 . Come abbiamo visto, un’altra corrispondenza tra l’epi- 177 11 È interessante quanto si legge di questa figura nella General Estoria di Alfonso X: «Las amas e mayor mientre las uieias, assi como dize Ouidio en el libro del Arte de amar, sienpre sopieron mucho e assacaron mucho pora encobrir a sus criadas en fecho de amor.» (Díez De Revenga 1985: 164, nel capitolo cccxxxi della Seconda Parte della General Estoria, intitolato «de como dio el ama consseio a lo que la reyna pasife querie»). Il riferimento ovidiano contenuto nel brano alfonsino riguarda i versi 351-98 del libro I dell’Arte amatoria, di cui cito i primi due: «Sed prius ancillam captandae nosse puellae/ cura sit: accessus molliet illa tuos.» («Ma cerca di conoscere anzitutto della donna che brami/ l’ancella: aiuterà le tue mosse costei.», Fedeli 2007). Si noti che nei versi 281-342 dello stesso libro si passano in rassegna, partendo proprio dal caso di Pasifae, esempi di passione femminile, ritenuta «più acuta e furente di quella dell’uomo» (Fedeli 2007: II/ 1108). 12 L’ipotesi di una «scuola palentina» è propugnata da anni, con altri, da Isabel Uría. Cf., a titolo riassuntivo, Uría 2000, in particolare p. 57-69 (a p. 67 sono elencati i fautori della tesi palentina). 13 Rico 1985: 10 e N28, dove è riportato un estratto di un documento stilato da uno studente palentino che vi cita, oltre a due versi delle Eroidi ovidiane, alcuni versi del primo libro delle Metamorfosi. 14 Uría 2000: 61. 15 Cito da Cañas 1988. 16 Gli altri miti legati all’incesto nelle Metamorfosi non sono rilevanti per la nostra indagine: i casi di Nictìmene nel libro II e di Menèfrone nel libro VII sono appena accennati, mentre quello di Bìblide, nel libro IX, riguarda la relazione sorella-fratello. Il mito di Mirra è menzionato, ma solo di sfuggita, anche in altre due opere ovidiane: l’Arte amatoria (I 285-88, cf. N11) e i Rimedi d’Amore (99-100). Giovanni Bruno 178 sodio della figlia di Antioco e la vicenda di Mirra consiste nel fatto che in entrambi i casi la giovane è contesa da pretendenti sistematicamente respinti: per volontà della figlia nel caso di Mirra, per volontà del padre nel caso di Antioco. Nei versi 560-704 dello stesso libro X si narra la vicenda di Atalanta, che sfida i suoi pretendenti a batterla nella corsa. Chi vince l’avrà in sposa, chi perde pagherà con la vita (v. 566-72). La situazione è analoga a quella del Libro de Apolonio, in cui i pretendenti alla mano della principessa sono decapitati se non trovano la soluzione dell’enigma. E un’altra analogia situazionale-lessicale, in cui l’incesto si esprime anche nei nomi dei protagonisti, la si trova tra la strofa 11 del Libro de Apolonio: - Ama, dixo la duenya, jamás, por mal pecado, non dev[e], de mí, padre seyer clamado. Por llamarme él fija téngolo por pesado; es el nombre derechero en amos enfogado. 17 e i versi 467-68 del libro X delle Metamorfosi: Forsitan aetatis quoque nomine «filia» dixit: Dixit et illa «pater», sceleri ne nomina desint. 18 Come ben dice Isabel Uría, . . . todo lo que el anónimo poeta añade por su cuenta es, lógicamente, intencional y, por tanto, significativo. Mediante estos y otros versos y estrofas originales, el poema adquirirá un significado nuevo, un sentido distinto del que tiene el relato latino de su fuente. (Uría 1997: 197) L’aggiunta dell’immagine della pianta inserisce nel racconto un ricordo mitologico, assunto dal libro X delle Metamorfosi, arricchendolo - a mo’ di amplificatio - di una componente erudita, in perfetta sintonia con i principi della nuova scuola poetica. Ma il libro X delle Metamorfosi presenta anche un altro aspetto d’interesse con riguardo alla nostra tesi. La prima parte del libro è dedicata alla vicenda di Orfeo negli inferi (v. 1-85), mentre nella seconda lo stesso Orfeo canta la storia di Mirra (v. 298-518), inserita in una sequenza più ampia (v. 143-739). Orfeo è menzionato nel Libro de Apolonio in quanto, pari ad Apollo, supremo esecutore musicale (190ab). Il riferimento ad Orfeo manca però del tutto nella Historia Apollonii Regis Tyri, e quindi la sua integrazione nel Libro de Apolonio rappresenta, accanto all’accostamento incesto-pianta, un altro elemento di innovazione rispetto al modello diretto 19 e di aderenza a un modello indiretto, il libro X delle Metamor- 17 I corsivi sono miei. 18 Cito da Bernardini 1994, che traduce: «E forse anche, data l’età, la chiamò ‹figlia›, e lei lo chiamò ‹padre›, tanto perché all’incesto non mancasse nulla, nemmeno i nomi.» 19 Alvar 1989: 169: «Hay que aceptar, en definitiva, que Orfeo es aportación personal del poeta castellano . . . ». Tracce ovidiane nel Libro de Apolonio fosi 20 . Carlos Alvar, riflettendo sul perché le altre versioni, latine e romanze, della storia di Apollonio non menzionino Orfeo, afferma: La actuación de Apolonio ha sido musical [e non anche istrionica, come nella Historia latina]. Así, el recuerdo de Orfeo es exacto y adecuado, y sin embargo, no aparece en las demás versiones: el anónimo versificador de la cuaderna vía puede sentirse orgulloso de la precisión con que ha utilizado el recuerdo mitológico. (Alvar 1989: 167) Se per l’esecuzione strumentale ha citato Orfeo, reminiscenza obbligata accanto a quella di Apollo - peraltro padre di Orfeo -, a proposito dell’incesto il nostro autore si è ricordato di Mirra, la cui vicenda ha letto nel medesimo libro delle Metamorfosi 21 , integrando l’indovinello della fonte diretta con il riferimento alla pianta, che è, per così dire, il segno distintivo di quella particolare vicenda mitologica. E vi è un altro elemento ancora che potrebbe corroborare l’ipotesi di un legame tra il Libro de Apolonio e le Metamorfosi di Ovidio. Nella fonte latina del nostro Libro la moglie di Apollonius non è mai indicata con il proprio nome, che ignoriamo, ma è sempre detta «puella» o «filia» (del re di Pentapoli). Nel Libro de Apolonio prende il nome di Luciana. Si tratta quindi di un’altra innovazione rispetto alla Historia latina. Ebbene, nella scena della nascita di Adone da Mirra, cantata da Orfeo nei versi 506-11 del libro X delle Metamorfosi, si cita due volte la dea del parto, Lucina. Lucina è citata anche nella Historia latina, proprio nel momento della nascita di Tharsia dalla madre anonima. Per dare nome alla moglie di Apollonio, il nostro autore potrebbe essersi ispirato al nome della divinità romana delle partorienti. Secondo Isabel Uría, la scena in cui Apollonio, rinchiuso nella sua biblioteca, cerca conferma alla propria soluzione dell’enigma nei suoi libri annotati revela que el anónimo poeta era también un estudioso, un intelectual que, como Apolonio, leía y amaba los libros. Traslada, así, al protagonista de su poema la actitud que él mismo habría adoptado muchas veces. (Uría 2000: 86) Menzionando libri di imprese scritti in latino (31d), l’autore potrebbe aver alluso proprio alle Metamorfosi. Inoltre, sempre secondo Uría, il Libro de Apolonio e il Libro de Alexandre irían destinados a las personas cultas o semicultas, como textos que completaban su educación intelectual y moral; serían leídos en voz alta, y la lectura se acompañaría de glosas y comentarios de los pasajes más difíciles, pues así era como se realizaba la lectio en las escuelas y universidades medievales. (Uría 2000: 152) 179 20 Orfeo è peraltro menzionato anche nel Libro de Alexandre: 1879d e 2138d, dove l’autore dà inoltre prova, come il nostro, di vera padronanza della terminologia musicale. 21 Nel quale interviene anche Apollo (amando Ciparisso e Giacinto); nel libro XI, inoltre, Apollo pietrifica il serpente di Lesbo che tenta di divorare la testa mozza di Orfeo. Giovanni Bruno 180 Giunta la lettura all’enigma della figlia di Antioco, il commento dell’autore-recitatore potrebbe aver menzionato Mirra e le Metamorfosi di Ovidio. Possiamo affermare che la presenza esplicita di Orfeo e quella implicita di Mirra, i cui destini sono narrati contiguamente nello stesso libro, il decimo, delle Metamorfosi - dove il mito di Mirra è addirittura cantato dallo stesso Orfeo -, nonché l’implicazione onomastica Lucina-Luciana, sembrano proprio indicare che l’autore del Libro de Apolonio, come l’autore del Libro de Alexandre 22 , conoscesse le Metamorfosi di Ovidio 23 . Resta infine da valutare se il riferimento alle Metamorfosi venga a sostenere la mia interpretazione del 1995 e quali siano le implicazioni rispetto all’interpretazione divergente di Isabel Uría. Credo che la questione della colpevolezza, quale si configura agli occhi del nostro autore, sostenga il mio modo di intendere i termini dell’enigma. Infatti, come abbiamo visto, la figlia è considerata (cor)responsabile dell’incesto nel Libro de Apolonio e ne è di fatto la responsabile nelle Metamorfosi. La responsabilità di Mirra è proiettata alla figlia di re Antioco. E così il soggetto del primo verso dell’indovinello non può che essere «la verdura del ramo» (la principessa), mentre il secondo verso deve essere attribuito alla figlia e non al padre, come sostiene Uría. La sua lettura secondo cui la figlia di Antioco sarebbe carne della di lui madre, e quindi il primo verso sancirebbe la maggiore colpa del padre rispetto alla figlia, è senz’altro originale e seducente, ma si rivela problematica in quanto contraddice, come si è detto in precedenza, la dichiarazione cristallina del verso 248b: Con él murió la fija quel’ dio el pecado. Gerra Piano (Locarno) Giovanni Bruno 22 O come i suoi autori, cf. Uría 1997: « . . . es indudable que nuestro poeta [l’autore del Libro de Apolonio] conocía muy bien el Alexandre; incluso es posible que haya sido alguno de los que colaboraron en la versificación de este extenso poema» (209). 23 Nel suo studio fondamentale sul mester de clerecía, Isabel Uría si esprime in questi termini a proposito della fonte del Libro de Apolonio: «En suma, parece indudable que la fuente del poema castellano fue una versión de la hart [la Historia Apollonii Regis Tyri], hoy perdida, en la que se mezclaban motivos de las familias RA y RB [i due rami della tradizione manoscritta]» (Uría 2000: 226). E cf., sempre in Uría 2000: 64, N24: «El modelo ‹directo› del Apolonio no se ha encontrado. Tal vez, en Palencia había una copia de la hart, posteriormente perdida, con los rasgos que separan a nuestro poema de los textos latinos conservados». Ovviamente non possiamo escludere che la presunta versione perduta contenesse la menzione di Orfeo e l’accostamento incesto-pianta (nonché, eventualmente, il nome di Luciana). In tal caso i due (o tre) elementi proverrebbero direttamente dalla Historia latina, a sua volta eventualmente debitrice delle Metamorfosi. Tracce ovidiane nel Libro de Apolonio 181 Bibliografia Alvar, C. 1989: «De Apolonio a Orfeo. A propósito del Libro de Apolonio», VRom. 48: 165-72 Artiles, J. 1976: El «Libro de Apolonio», poema español del siglo XIII, Madrid Benaim Lasry, A. 1985: «The Ideal Heroine in Medieval Romances: A Quest for a Paradigm», Kentucky Romance Quarterly 32: 227-43 (cit. in Corbella 1992 N248c) Bernardini Marzolla, P. (ed.) 1994: Publio Ovidio Nasone, Metamorfosi (testo a fronte), Torino Bruno, G. 1993: «Tres nuevas enmiendas al Libro de Apolonio», VRom. 52: 230-36 Bruno, G. 1995: «L’enigma della figlia di Antioco nel Libro de Apolonio», VRom. 54: 156-60 Cabañas, P. (ed.) 1969: Libro de Apolonio, Madrid (edizione versificata in spagnolo moderno) Cañas, J. (ed.) 1988: Libro de Alexandre, Madrid Corbella, D. (ed.) 1992: Libro de Apolonio, Madrid De Cesare, G. B. (ed.) 1974: Libro de Apolonio, Milano Díez De Revenga, F. J. (ed.) 1985: Obras de Alfonso X el Sabio (selección), Madrid Fedeli, P. (ed.) 2007: Ovidio, Dalla poesia d’amore alla poesia dell’esilio (testi a fronte), Milano, 2 vol. (per i riferimenti all’Arte amatoria e ai Rimedi d’Amore) Gárfer, J. L./ Fernández, C. (ed.) 1990: Adivinancero culto español, 2 vol., Madrid Monedero, C. (ed.) 1987: Libro de Apolonio, Madrid Rico, F. 1985: «La clerecía del mester», HR 53: 1-23, 127-50 Uría Maqua, I. 1997: «El Libro de Apolonio, contrapunto del Libro de Alexandre», VRom. 56: 193-211 Uría Maqua, I. 2000: Panorama crítico del «mester de clerecía», Madrid Uría Maqua, I. 2001: «El ‹argument cerrado› del Libro de Apolonio (c. 15b)», in: Alonso García, M. J. et al. (ed.): Literatura y cristiandad. Homenaje al profesor Jesús Montoya Martínez. Estudios sobre hagiografía, mariología, épica y retórica, Granada, 627-33 El Pretérito Indefinido y el Pretérito Perfecto aorístico en combinación con el adverbio hoy 1. Introducción En este artículo, consideramos las frecuencias de uso del Pretérito Indefinido (en adelante: PI) y del Pretérito Perfecto (en adelante: PP) aorístico (o «perfectivo») en oraciones en que figura el adverbio hoy. Este último aparece como resultado de un proceso de gramaticalización, que se ha producido sólo en determinadas variedades del español. Nos basamos en datos recogidos empíricamente, a través de pruebas de evocación realizadas en distintos puntos geográficos de la España peninsular. La razón por la que pretendemos arrojar más luz sobre esta cuestión es que en estudios anteriores (Kempas en prensa; Kempas 2006: 50-57) sobre la elección entre el PI y el PP en contextos hodiernales (en adelante: HOD), es decir, relacionados con el día de la comunicación, detectamos una frecuencia más elevada del PP cuando en la proposición figuraba el adverbio hoy que cuando se incluía algún otro complemento adverbial HOD. Esto contrasta con la opinión de autores reconocidos (Alarcos Llorach 1947 [1980: 24-25]), según la cual el PP sería la única opción cuando en la oración figura el adverbio hoy. En el presente trabajo, examinaremos con más detalle la distribución del PI y del PP en otros dos ejemplos con el adverbio hoy. 2. Antecedentes En las diferentes variedades peninsulares del español, el PP aorístico (en adelante: AOR) ha penetrado en todos los contextos HOD, donde alterna con el «tradicional» PI. Lo ocurrido es resultado de un proceso evolutivo que no ha tenido lugar en las demás variedades principales del idioma (español americano y canario) ni en el área peninsular ocupada por los dialectos asturleoneses (Gili Gaya 1993: 161; Zamora Vicente 1967: 208; Kany 1969: 199-200). Se trata de casos como: (1) a. No he oído lo que has dicho. (frente a: No oí lo que dijiste.) b. Hoy he almorzado / almorcé a la una. (frente a: Hoy almorcé a la una.) Cuando la acción acaba de producirse, (1a) la norma peninsular aprueba sólo el uso del PP, mientras que el del PI se considera como típico de Asturias y León (Butt/ Benjamin 2004: 228). Nuestros resultados (Kempas en prensa y 2006: 50-57) apoyan la evidencia anterior, sugiriendo que el PI apenas se usa en este contexto Vox Romanica 66 (2007): 182-204 El Pretérito Indefinido y el Pretérito Perfecto aorístico fuera de dichas regiones. En cambio, el ejemplo (1b) ilustra la coexistencia de ambos tiempos verbales en el español peninsular estándar, cuando el evento HOD referido no se ha producido en un pasado tan inmediato como el ilustrado en el ejemplo (1a). Tanto en (1a) como en (1b), el evento expresado por el predicado ha concluido claramente en el momento del enunciado y no guarda relación con el mismo. La perspectiva temporal se percibe como cerrada. Se trata del aspecto gramatical Aoristo o Perfectivo: el evento se percibe como conjunto con límites estrictos (Bybee/ Pagliuca/ Perkins 1991: 54; Schwenter 1994: 73-5; Serrano 1994: 39; Thieroff 2000: 276-77; García Fernández 2000: 48). El PI es siempre AOR, mientras que el PP lo es a) principalmente en el español peninsular estándar 1 y b) principalmente en los contextos HOD 2 . En otros casos, el PP representa el valor Perfecto (o Anterior) (en adelante: PERF): el evento se ha producido o empezado a producirse antes del momento de referencia (en el caso del PP coincide con el momento comunicativo), para el cual sigue siendo relevante (Bybee/ Pagliuca/ Perkins 1991: 53 y 1994; Dahl 1985: 138-39; Comrie 1976: 25). Por su definición, el término «anterior» es sinónimo de Perfecto - arraigado en la nomenclatura española recientemente - aunque el primero tiene un origen un poco original: se basa en el llamado «enfoque Bybee-Dahl» (p. ej. Dahl 2000: 7), que no distingue entre tiempo y aspecto. No obstante, ha sido usado en la bibliografía por muchos autores, incluso por aquellos que sí distinguen entre tiempo y aspecto, como Serrano 1994: 39 y 2006: 131 3 , Thieroff 2000: 276-77 y Kempas 2006. El aspecto PERF no puede emplearse como tiempo de la narración para relatar eventos sucesivos («primero . . . luego . . . después . . . »); esta propiedad la tiene sólo el aspecto AOR (Lindstedt 2000: 371). En el ejemplo siguiente (2), el PP expresa el valor aspectual PERF: (2) a. He estado muy ocupado hoy. (Tengo un montón de cosas que hacer.) b. Hemos cambiado de coche. c. He visitado Argentina dos veces. Se observa la relevancia que el evento tiene respecto al momento presente, independientemente de si el evento está terminado (2b y 2c) o no (2a). El cambio ilustrado con el uso del PP en el ejemplo (1) es resultado de un proceso de gramaticalización, en el que el PP ha aumentando su campo semántico, adoptando un nuevo valor aspectual (el AOR) e introduciéndose en un contexto 183 1 El frecuente uso del PP en lugar del PI, también en los contextos HOD, es típico del español hablado en el norte de Argentina y parte de Bolivia (Kany 1969: 199; Alarcos Llorach 1994: 167; 448; Gili Gaya 1993: 160; Lapesa 1981: 590). En opinión de Donni de Mirande 1992: 655-70 y DeMello 1997, se extiende hasta Perú. 2 Existen estudios empíricos según los cuales, en el español peninsular, el uso AOR del PP se está extendiendo gradualmente a contextos temporales anteriores al día del habla (Schwenter 1994; Serrano 1994). Para frecuencias de uso y diferencias regionales, véase Kempas 2006. 3 Serrano 2000: 131 emplea este término junto con «imperfectivo» («el valor anterior e imperfectivo»). Ilpo Kempas 184 temporal donde, para expresar dicho valor, antes se usaba únicamente el PI. El que el PI prevaleciera antes también en el español peninsular en los contextos HOD queda patente en la conservación de ciertas expresiones fijas, como «se acabó» y «te pillé». En éstas, contrariamente a lo que hemos señalado en relación con el ejemplo (1), se sigue empleando el PI - siendo posible también el PP. Por gramaticalización se entiende aquí un proceso de cambio en el que determinados lexemas se convierten en morfemas gramaticales o ciertos morfemas gramaticales aumentan su carácter gramatical. La segunda parte de esta definición, basada en Kury l owicz 1965: 69, corresponde a lo ocurrido al PP en el español peninsular. Dos fenómenos íntimamente ligados a la gramaticalización, esto es, el reanálisis y la analogía (Hopper/ Traugott 1993: 32, 61), son fáciles de reconocer también en esta evolución y sus fases anteriores. El reanálisis consiste en la evolución de nuevas estructuras a partir de las viejas, y funciona en el eje sintagmático. Un caso de reanálisis se dio cuando el lexema latino habere, que expresaba únicamente posesión, adoptó una función gramatical al nacer la perífrasis «habere + participio pasado». La extensión - que pasó por varias etapas - al uso actual de la perífrasis como perfecto compuesto PERF, tal como se usa en español (cf. ej. 2) y las demás lenguas románicas, ocurrió después por analogía - un fenómeno del eje paradigmático. La nueva estructura se generalizó y se aplicó a nuevos contextos. Un nuevo reanálisis se produjo cuando, en los contextos HOD, el PP adoptó en el español peninsular una nueva función, la de expresar el valor aspectual AOR. Siempre y cuando el uso AOR del PP se extienda a contextos anteriores al día del habla, esto debe considerarse otra vez como fenómeno analógico. Por consiguiente, la «aoristización» del perfecto compuesto es un fenómeno que, además del español, abarca otras lenguas románicas, sobre todo el francés, el italiano - salvo los dialectos del sur (Sobrero 1988: 734; Squartini/ Bertinetto 2000: 424-26) - y el rumano (Mallison 1988: 407; Daniliuc/ Daniliuc 2000: 157). Su historia está bien documentada en francés: según la gramática de Port-Royal (Lancelot/ Arnaud 1660: 108-09), el passé composé se usaba en el siglo XVII para referirse a eventos HOD y el passé simple, respectivamente, para aludir a los ocurridos antes del día del habla. Tal división funcional correspondía en cierta medida a la que existe entre el PI y el PP en el español peninsular actual. Después, la gramaticalización del passé composé AOR ha continuado en francés de tal forma que su uso ha rebasado el límite del día de la comunicación y se ha extendido a todo tipo de situaciones pasadas AOR. En lo que respecta al español, Thibault 2000: 64-65 señala algunos ejemplos, poco numerosos del uso del PP AOR en los contextos HOD en La Celestina (1499), de Fernando de Rojas. Su introducción coincide pues con la época del descubrimiento de las Américas. No obstante, como en aquella época el proceso de introducción de ese uso innovador estaba todavía en ciernes en la Península, nunca llegó a tener arraigo en el español americano general 4 . 4 Para el frecuente uso del PP en el noroeste de Argentina y en Bolivia - y al menos en cierta medida en otras zonas andinas limítrofes - no hay una explicación comúnmente aceptada. Puede El Pretérito Indefinido y el Pretérito Perfecto aorístico 3. Problema de investigación, metodología y material Nos interesamos aquí por las diferencias en la distribución entre el PI y el PP que presentan tres oraciones de evocación, todas ellas de naturaleza AOR, que incluyen el adverbio hoy. En el apartado número cinco presentamos las frecuencias obtenidas. Las oraciones son las siguientes: (3) a. Hoy (yo) ______ a las seis y pico, luego ______ al baño a ducharme. b. Hoy ______ a la universidad justo antes de que --a llover a cántaros. c. Hoy ______ al trabajo a las siete. ______ en coche para evitar que la lluvia me ---. En (3a), el ejemplo está compuesto de dos proposiciones principales referidas a dos eventos consecutivos y unidos por el adverbio temporal luego, cuya presencia garantiza también que el predicado de la primera sólo puede asumir el aspecto AOR, quedando excluido el PERF. Para excluir la posibilidad de que luego se haya interpretado como enlace subordinante con valor consecutivo, como en «Hoy he llegado a las seis y pico, luego iré al baño a ducharme» - en cuyo caso ya no podemos estar seguros de que el predicado sea de valor AOR - excluimos del análisis los casos donde en una u otra proposición no figure el PI o el PP. El ejemplo (3b) está compuesto por una proposición principal y una subordinada que requiere el subjuntivo. La presencia de la conjunción antes de que hace que el predicado de la proposición principal sólo pueda asumir el valor AOR. Por último, el ejemplo (3c) está compuesto por dos proposiciones principales separadas, de las cuales la segunda se combina con una construcción de infinitivo encabezada por la conjunción para, seguida del verbo evitar, lo que requiere el empleo del subjuntivo en la subordinada que le sigue. El valor AOR de la primera proposición principal queda asegurado por la segunda, que presenta la situación entera como claramente desvinculada del momento del habla. No obstante, si en esta oración figura el verbo venir («Hoy he venido al trabajo a las siete»), el PP puede recibir también el valor PERF: en tal caso, el hablante puede contemplar la situación dada desde la perspectiva de seguir en el trabajo durante el momento del habla. En nuestro análisis se incluyen sólo los casos en los que el ejemplo se había interpretado como referido al pasado (aorístico). Como es evidente en el ejemplo anterior (3), las oraciones de evocación también pueden considerarse como referidas a una situación futura. 185 considerarse como parte del proceso de aoristicazión del PP tal como se ha presentado en ciertas otras lenguas románicas y en el español peninsular. Por otra parte, coincide geográficamente con el dominio lingüístico del quechua, cuyas influencias en el español de las zonas andinas bilingües - también el área de la sintaxis verbal - se han señalado repetidas veces en la bibliografía (para Bolivia, ver Lipski 1994: 216-27). Como contraargumento al supuesto origen quechua de este fenómeno, en Kempas 2006: 264 demostramos el carácter lineal de la disminución de la frecuencia del PP en el español santiagueño a medida que crece la distancia temporal entre el evento y el momento del enunciado. Este patrón corresponde a la gradual introducción del perfecto compuesto en contextos temporalmente más lejanos, atestiguada en algunas otras lenguas románicas. Ilpo Kempas 186 El método usado es la llamada prueba de evocación. Los informantes rellenan, con verbos y en tiempos que ellos mismos escogen, los espacios vacíos de las oraciones propuestas (cf. ej. 3). Berschin 1976 aplicó este método para estudiar el uso de los tiempos verbales en España. Ha sido empleado también en estudios más recientes sobre sintaxis, en diversos idiomas (Dahl 2000). En estudios sobre sintaxis, este método presenta la ventaja de que permite obtener ocurrencias del objeto de investigación mucho más fácilmente que las muestras basadas en la aportación de todos los elementos de la oración por parte de los informantes (entrevistas orales y otros tipos de actos de habla). En estas últimas, el objeto de investigación puede aparecer tan raras veces que resulte difícil sacar conclusiones sobre frecuencias. Además, la prueba de evocación permite investigar las costumbres lingüísticas de un gran número de personas, ventaja de la que, por naturaleza, carecen los métodos arriba citados - éstos requerirían mucho más tiempo y esfuerzo. La desventaja de la prueba de evocación es que no permite poner de manifiesto los factores situacionales relacionados con cada enunciado - por la simple razón de que no existen. Además, el que a los informantes se les presente la oración como marco ya existente puede no corresponder a su idiolecto; es probable que muchos de ellos expresen lo propuesto de alguna otra manera. No obstante, no creemos que esto reduzca la validez de los resultados obtenidos. Los datos se recogieron mediante un cuestionario, que fue rellenado por informantes españoles peninsulares de habla española en Madrid, Zaragoza, Granada, Santander, Tolosa, Barcelona y Castellón, entre junio de 2005 y marzo de 2007. El criterio «informante español peninsular de habla española» abarca también a los informantes que indican que su idioma materno es otro idioma peninsular (n = 80, catalán/ valenciano: 45; euskera: 35) 5 . Esto es una elección consciente. En primer lugar, es un hecho generalmente conocido que, la mayoría de las veces, incluso los hablantes nativos de euskera o catalán/ valenciano son completamente bilingües. En segundo lugar, el bilingüismo y los contactos entre el español y los demás idiomas peninsulares - aunque éstos se reflejen en las respuestas de los informantes - son parte del panorama global del uso del idioma español en España. De hecho, tomamos el factor «idioma materno» en cuenta al analizar los resultados y evaluaremos su posible influencia. Planteamos la hipótesis de que, en caso de que la lengua materna del informante se refleje en su elección entre el PI y el PP en los casos que estudiaremos aquí, en los hablantes nativos de catalán/ valenciano esa influencia produce un aumento en la frecuencia del PP, porque en catalán el tiempo pasado AOR usado en los contextos HOD es el perfecto compuesto he cantat (Eberenz 1977: 519; Pérez Saldanya 1999: 2592). Pérez Saldanya 1999: 2593 ilus- 5 La cuestión sobre el idioma materno de una persona originaria de una zona donde se habla alguna lengua minoritaria peninsular es potencialmente delicada, pudiendo «levantar ampollas». Por esta razón, y apoyándonos en Herrera 2006, hay que tomar en cuenta la posibilidad de que el idioma regional se mencione como idioma materno aunque en realidad el idioma materno del informante sea el español. El Pretérito Indefinido y el Pretérito Perfecto aorístico tra explícitamente, con ejemplos, la agramaticalidad del uso del perfecto perifrástico vaig cantar - que aspectualmente puede considerarse como equivalente al PI del español - en los contextos HOD. A diferencia del español, en el catalán moderno, el perfecto simple cantí (siempre de valor AOR) se ha convertido en un tiempo literario, como en francés (Bec 1970: 483). En el lenguaje común, está geográficamente limitado al País Valenciano y a las Baleares (Badia i Margarit 1991: 146). En opinión de Wheeler 1988: 189, el perfecto simple se emplea sólo en el valenciano central, pero ciertas formas del mismo se emplean en las demás variedades valencianas y en las Baleares. En euskera se usan distintos auxiliares para referirse a eventos AOR dependiendo de si el evento es HOD o si se ha producido antes del día del enunciado. Ilustramos esta diferencia en Kempas 2006: 235: «hoy he ido de compras» se expresa en euskera «gaur erosketak egitera joan naiz», mientras que el equivalente de «ayer fui de compras» es «atzo erosketak egitera joan nintzen». No nos atrevemos a afirmar que el auxiliar correspondiente al PP español sea la única opción en euskera en los contextos HOD, de la misma manera que lo es el perfecto compuesto en catalán; esta interesante cuestión merecería estudiarse empíricamente. Hay que tener en cuenta que el euskara batua, la lengua estandardizada, es una amalgama de varios dialectos, que sigue presentando cierta variación morfosintáctica regional. Por lo tanto, no excluimos la posibilidad de que, en este caso, el euskera no presente una única solución. No obstante, todos los ejemplos HOD de valor AOR incluidos en el método de euskera de Gereño 1981 ponen de manifiesto el uso del tiempo verbal correspondiente al PP español 6 . En esa obra, el PI y el PP tienen sin ninguna excepción como equivalentes los tiempos verbales ilustrados más arriba (Kempas 2006: 235). Una total correspondencia entre el PI y PP y los tiempos verbales en cuestión está presente asimismo en los ejemplos mencionados en Zubiri 2000. En consecuencia, no está excluido que el PP prevalezca o sea la única alternativa en euskera en los contextos HOD y que esto se refleje en el español hablado por vascohablantes nativos. No obstante, debido a las enormes diferencias estructurales que hay entre el euskera y el español, a priori consideraríamos el catalán como una fuente más probable de interferencia en este caso. El cuestionario contenía en total diecisiete oraciones, de las cuales tres son relevantes para el presente estudio. La mayoría de los entrevistados de las pruebas (n = 378) son estudiantes universitarios 7 , pero entre ellos hay también representantes de otras categorías profesionales. Excluyendo a cinco informantes que no indican su sexo, entre los informantes hay 236 (63,3 %) mujeres y 137 (36,7 %) hombres. En conjunto, a los informan- 187 6 Por ejemplo, «Gaur goizeko zortzietan etorri da» («Ha venido a las ocho de esta mañana», p. 27); «Gaur goizeko euria handia izan da» («La lluvia de esta mañana ha sido grande», p. 35); «Ez dizut ongi ulertu. Esan berriz» («No te he oído bien. Dilo de nuevo», p. 43). 7 En la muestra de Tolosa, los informantes son estudiantes de un instituto de educación secundaria y, por lo tanto, más jóvenes que los informantes de las demás muestras. Ilpo Kempas 188 tes se los puede considerar como representantes de la «norma culta». En cuanto a su origen geográfico, todos pertenecen al área del español peninsular «estándar» en lo que respecta al uso de los tiempos verbales, lo que significa que no incluimos en nuestro análisis informantes asturianos o leoneses, porque muchos de ellos - aunque no todos - difieren de los demás peninsulares en su preferencia por el PI en los contextos HOD 8 . Los informantes provienen de las siguientes localidades: Prueba de Madrid (N = 41): Madrid (37), Móstoles (1), Cáceres (1), Valencia (1), San Sebastián (1) Prueba de Zaragoza (N = 51): Zaragoza (33), Huesca (4), Soria (1), Calatayud (1), Fraga (1), Mas de las Matas: (1), Andorra (1), Graus (1), Codos (1), Galluz (1), Paracuellos de Jiloca (1), Lleida (1), Bardallur (1), La Almunia de Doña Godina (1); Logroño (1), Teruel (1) Prueba de Granada (N = 44): Granada (20), Marbella (3), Otura (2), Benalla (1), Huesa (1), Hueneja (1), Cabra (1), Canices (1), Alcalá la Real (1), Campillo Arenas (1), Arroyo del Ojanco (1), Jimena (1), Baza (1), Elche (1), La Línea (1), Salobreña (1), Alhama de Granada (1), Algeciras (1), Alaior (Menorca) (1), Almería (1), Carcabuey (1), Priego de Córdoba (1) Prueba de Santander (N = 59): Santander (25), Torrelavega (10), El Astillero (5), Reinosa (4), Cantabria (3), Los Corrales de Buelna (2), Cabezón de la Sal (1), San Román de Cayón (1), Laredo (1), Penagas (1), Carasa (1), San Vicente de la Barquera (1), Aneto (1), Miengo (1), San Felices de Buelna (1), (no indicada) (1) Prueba de Tolosa (N = 67): Tolosa (46), Ibarra (14), Villabona (2), Amaroz (1), Albeztur (1), Afallo (1), Zirkuzil (1), Irura (1) Prueba de Barcelona (N = 60): Barcelona (29), San Boi (3), L’Hospitalet de Llobregat (3), Badalona (2), Mataró (2), Sant Feliu Llobregat (1), El Prat de Llobregat (1), Vilafranca del Penedés (1), Sax (1), Gerona (1), Pineda de Mar (1), L’Empordà (1), Terrasses (1), Sant Andreu de la Barca (1), Molins de Rei (1), Sant Feliu de Codines (1), Viladecans (1), Ripoll (1), Sitges (1), Esparreguera (1), Artesa de Lleida (1), Premià de Mar (1), Cádiz (1), Sabadell (1), Santa Coloma de Gramenet (1), (no indicada) (1) Prueba de Castellón (N = 56): Castellón (17), Valencia (6), Vila-real (4), Vall d’Uixó (3), Burriana (3), Vinaròs (2), Almassora (2), Alcora (2), Manises (2), Benicassim (1), Bellreguard (1), Fortanete (1), Villena (1), Teruel (1), Alquerías del Niño Perdido (1), Cabanes (1), Cullera (1), Tavernes de la Valldigna (1), Gandia (1), Silla (1), Almenara (1), Betxí (1), Bellus (1), no indicada (1) Se observa que la mayoría de los informantes provienen de siete «polos», esto es, Madrid, Zaragoza, Granada, Santander, Tolosa, Barcelona y Castellón. Además, algunos informantes no son originarios de las zonas que circundan los lugares de realización de las pruebas, pero no lo consideramos como motivo suficiente para excluir las respuestas en cuestión. Como las pruebas de Zaragoza, Granada, Santander, Barcelona y Castellón incluyen más informantes de fuera de estas capitales de provincia, a continuación nos referiremos a ellas con los términos «Aragón», «Andalucía», «Cantabria», «Cataluña» y «Valencia» 9 , respectivamente. 8 Esto es evidente en Kempas en prensa. 9 Escogemos este término porque a la modalidad del catalán - con sus rasgos particulares - hablado en esta zona bilingüe se le denomina valenciano. Castellón de la Plana, donde se realizó la prueba, está situado en la parte norte de la Comunidad Valenciana, en la provincia de Castellón. El Pretérito Indefinido y el Pretérito Perfecto aorístico 4. Acerca del carácter particular del adverbio hoy entre los complementos hodiernales La diferencia aspectual entre el AOR y el PERF descrita más arriba merece particular atención en el caso del adverbio hoy. Como el PI es siempre AOR, los problemas se centran en el valor aspectual del PP - como es de esperar sobre la base de los ejemplos (1) y (2). Por una parte, hoy es semánticamente capaz de encerrar la acción referida, siendo así comparable a complementos adverbiales de tiempo como esta semana, este mes, este año y este siglo. Esta propiedad lo vincula con el aspecto PERF, porque destaca la relevancia del evento pasado para el momento presente: (4) a. Hoy no he comido nada. / Este año no he cambiado de coche. b. Hoy he tenido mucho trabajo. / Esta semana he tenido mucho trabajo. No obstante, el que la acción pasada se haya producido dentro del marco temporal expresado por un complemento adverbial no impide que pueda ser AOR: (5) a. Hoy he visto a Juan en el café. b. Me ha dicho hoy que no puede venir. El que (5) represente el aspecto AOR puede confirmarse mediante una prueba de permutación. El PP del ejemplo (5) es reemplazable por el PI («Hoy vi a Juan . . . »; «Me dijo hoy que . . . »), sin que cambie el significado, mientras que el del ejemplo (4) no lo es. Pero la diferencia entre los aspectos PERF y AOR no es tan clara como se ilustra en los ejemplos (4) y (5). Existen casos en los que a un observador externo le puede ser difícil, incluso imposible, interpretar con criterios objetivos el valor aspectual del PP HOD. Se trata de eventos claramente terminados - y, por consiguiente, diferentes de los ilustrados en el ejemplo (4) - pero que, dependiendo del caso, o son relevantes para el momento presente (PERF) o están desvinculados de él (AOR). Consideremos el ejemplo siguiente: (6) a. Hoy hemos comprado un coche. Es un SEAT. b. He hablado hoy sobre este problema con él. Ahora lo conoce a fondo. La aplicación de la prueba de permutación PP → PI a este ejemplo demuestra que el PP no es reemplazable por el PI sin que se produzca un cambio de significado - aunque esta vez sea menos acusado que al aplicar la prueba al ejemplo (4): el contenido semántico queda (casi) idéntico, pero cambia la perspectiva desde la cual se interpreta la situación. Tanto (6a) como (6b) son de valor PERF, y representan el llamado perfecto de resultado, definido por Comrie 1976: 56 como «un estado actual al que se hace referencia como si el mismo fuera el resultado de una situación pasada». A menudo lleva el adverbio ya: «Él ya ha llegado» (Schwenter 1994: 82). 189 Ilpo Kempas 190 Por lo tanto, sólo la consideración de la oración entera - junto con su contexto - permite definir el status aspectual del PP HOD. No obstante, estamos seguros de que existen casos en los que para un observador externo es imposible definirlo de forma fiable, sobre todo cuando el ejemplo se considera fuera de su contexto. Si bien el empleo del PI en combinación con el adverbio hoy es un hecho indiscutible (cf. apartado 5), en la bibliografía se pueden encontrar opiniones según las cuales no sería gramatical. Interpretamos estas críticas como dirigidas hacia el uso del PI en vez del PP PERF, no AOR. Una de estas posturas data de principios del siglo pasado: Padilla 1903: 265 da a entender que la localización del evento dentro del lapso de tiempo no terminado durante el momento del habla hace que el uso del PI no sea posible 10 . Opinamos que si el ejemplo mencionado por este autor («hoy almorcé fuerte») se enuncia como oración independiente, no seguida de otro elemento que implique que el evento sea de valor AOR, como otra proposición (ej. 3a y 3b), lo señalado por Padilla corresponde al estándar peninsular. En tal caso, el evento tiene el valor PERF. Ahora bien, la situación cambia de forma decisiva cuando se añade un elemento del tipo anterior, que le quita la relevancia para el momento del habla, como: «Hoy almorcé fuerte. Después, me eché una siesta. A las cinco volví al trabajo.» Sin embargo, como hemos señalado, el que el evento pasado se haya producido dentro del marco temporal expresado por un complemento adverbial no obsta para que pueda ser AOR (cf. también el ej. 5). También Gómez Torrego 1989: 114 considera incorrecto el ejemplo siguiente: «*Hoy, 25 de febrero, acudí a clase sin ganas (correcto: ‹he acudido›)». Al igual que el ejemplo anterior de Padilla 1903: 265, interpretamos también éste como de valor PERF, lo que explica aquí el rechazo del uso del PI por dicho autor. Se intuye que el ejemplo ha sido enunciado por un profesor cansado, que por la noche del día del evento está escribiendo un diario. Otra vez, cuando el ejemplo va seguido de elementos que lo relacionan con el momento de la realización del evento, se rompe su ligazón con el momento comunicativo, en cuyo caso corresponde al aspecto AOR: «Hoy, 25 de febrero, acudí a clase sin ganas. La clase fue un verdadero martirio. Agotado, recogí los libros y salí del aula.» Parece como si la opinión expuesta por Alarcos Llorach 1947 (1980: 24-25), según la cual el PP se emplea con adverbios que indican que el evento se ha producido «en un período de tiempo en el que se halla comprendido el momento del que habla o escribe» - que según el autor incluye también hoy - hubiera influido bastante en las actitudes lingüísticas del público. Lo mismo es señalado también por Piñero Piñero 1998: 111. Pero el evidente problema de lo señalado por Alarcos Llorach es que no toma en cuenta el papel de las diferencias aspectuales: es como si, para el autor, todos los eventos producidos hoy fuesen únicamente de valor PERF (ej. 4 y 6). El autor da a entender explícitamente (p. 24-25) que el adverbio hoy se combina exclusivamente con el PP, en contraste con los adverbios 10 «Estaría mal decir hoy almorcé fuerte porque si bien la acción está terminada, la época perdura.» El Pretérito Indefinido y el Pretérito Perfecto aorístico esta tarde y ahora, con los que se puede emplear el PI. El que, para hoy, lo anterior no sea exacto es fácil de demostrar. Además de nuestros ejemplos anteriores, existen resultados empíricos: en el 39,8 por ciento de las respuestas de informantes peninsulares a una prueba de evocación con el adverbio hoy (Berschin 1976: 78) figura el PI 11 . 5. Resultados El cuadro 1 ilustra cómo se rellenó la oración del ej. (3a). Para esta oración tenemos resultados de Aragón, Cantabria, Granada, Tolosa, Barcelona y Castellón; dicho enunciado no figuraba en la prueba que se realizó en Madrid en junio de 2005. Si bien la oración estaba incluida en el cuestionario usado en Kempas 2006, en las presentes consideraciones queremos limitarnos a los datos recogidos en las fechas mencionadas más arriba, usando el mismo cuestionario. La razón es que ahora tenemos buenos motivos para sospechar que, en algunas muestras, las frecuencias elevadas del PP atribuidas a hoy en Kempas 2006 y Kempas en prensa podrían explicarse por el efecto condicionante del propio cuestionario, al que la oración en cuestión sería particularmente sensible. Trataremos este problema más abajo, en el apartado 6. Cuadro 1: «Hoy (yo) _____ a las seis y pico, luego _____ al baño a ducharme.» (Porcentajes entre paréntesis) PI PP Total PI PP Total Aragón 16 (59,3) 11 (40,7) 27 21 (77,8) 6 (22,2) 27 Cantabria 37 (84,1) 7 (15,9) 44 41 (93,2) 3 (7,3) 44 Andalucía 30 (81,1) 7 (18,9) 37 32 (86,5) 5 (13,5) 37 Tolosa 7 (13,7) 44 (86,3) 51 9 (17,6) 42 (82,4) 51 Cataluña 14 (32,6) 29 (67,4) 43 16 (37,2) 27 (62,8) 43 Valencia 6 (20,0) 24 (80,0) 30 7 (23,3) 23 (76,7) 30 Se observa que el PI («me desperté») prevalece en tres muestras en ambas proposiciones, incluso claramente en la cantábrica y la andaluza.Al mismo tiempo, se observa que, en la aragonesa, la proporción del PP es más elevada que en estas últi- 191 11 La oración es: «Oye, ¿____ hoy al profesor López? » - «Sí, pero no estaba en casa». Ilpo Kempas 192 mas. No obstante, para excluir que este resultado se explique por el azar, habrá que considerar primero los datos sobre las otras dos oraciones (ej. 3b y 3c). Los informantes tienden a conservar el tiempo verbal de la primera proposición en la segunda, encabezada por luego. Un rasgo general en el cuadro es, sin embargo, que en todas las muestras el centro de gravedad se mueve hacia el PI, lo que se manifiesta como un ligero cambio en los porcentajes. Esto es evidente en el cuadro 2. Cuadro 2: Combinaciones del PI y PP en las dos proposiciones consecutivas en la línea temporal (Cuadro 1): PI + PI PP + PP PP + PI PI + PP Total Aragón 16 (59,3) 6 (22,2) 5 (18,5) - 27 Cantabria 37 (84,1) 3 (6,8) 4 (9,1) - 44 Andalucía 30 (81,1) 5 (13,5) 2 (5,4) - 37 Tolosa 7 (13,7) 42 (82,4) 2 (3,9) - 51 Cataluña 14 (32,6) 27 (62,8) 2 (4,7) - 43 Valencia 6 (20,0) 23 (76,7) 1 (3,3) 30 Total (%) 110 (47,4) 106 (45,7) 16 (6,9) - 232 Se observa, además, que aparece como alternativa la combinación PP + PI, aunque en menor medida, mientras que la combinación PI + PP no aparece ni una sola vez. El que en ambas proposiciones figure mayoritariamente el PI o el PP puede interpretarse como representativo de la libre variación: ambos tiempos son elegibles, pero en unas zonas se prefiere el PI, y en otras el PP. El uso predominante de un mismo tiempo verbal en ambas proposiciones significa una tendencia a la simetría y la analogía. No obstante, al mismo tiempo, se pueden encontrar algunos contraargumentos a la hipótesis de la libre variación en este caso. Si PI + PP no aparece nunca y PP + PI dieciséis veces - y es una tendencia que se da en todas las muestras - este resultado no puede atribuirse al azar, sino que debe tener alguna otra explicación. ¿Por qué es posible la combinación PP + PI pero no la PI + PP? La segunda proposición del ej. (3a), encabezada por luego, expresa lo que ocurrió después de lo expresado por la primera - esto es, relata un evento producido después de otro, lo que constituye uno de los criterios diferenciadores del aspecto AOR (cf. lo señalado por Lindstedt 2000: 371). Así, el valor AOR del predicado de esta proposición resulta aún más evidente que el de la primera. Creemos que esto explica la ausencia de la combinación PI + PP: por razones históricas el PI es percibido por El Pretérito Indefinido y el Pretérito Perfecto aorístico 193 los informantes como el principal tiempo verbal para expresar eventos pasados AOR, mientras que la gramaticalización del PP como tiempo verbal AOR - incluso en los contextos HOD - todavía no se ha consumado. En otros términos, el PI, por ser el tiempo verbal AOR «por defecto», se asocia con este aspecto más firmemente que el PP. Si bien ambos tiempos verbales tienen en este tipo de casos el valor AOR, entre sí no son del todo equivalentes, sino que se ordenan en una jerarquía mutua, explicable por sus respectivas propiedades semánticas y los vínculos que asocian el PI y el PP con sus usos establecidos en contextos de otro tipo. En cuanto a los verbos empleados en los dos casos, en la primera oración del ejemplo del cuadro 1 predominan - como era de esperar - levantarse y despertarse, aunque aparecen también algunos otros verbos. En la segunda, en cambio, el verbo más frecuente es ir(se). En la muestra de Cataluña, las respuestas de hablantes nativos de español (n = 38) y catalán (n = 22) coinciden en presentar una preferencia por el PP, tal como se aprecia en el cuadro 1: (catalanohablantes nativos: PP 58,9 % y 58,9 %; castellanohablantes nativos: PP 73,1 % y 65,4 %). El que la frecuencia del PP sea inferior en los catalanohablantes constituye un contraargumento a la hipótesis de que la interferencia del catalán aumentaría la frecuencia del PP en la zona cubierta por esta muestra. En cambio, la muestra de Valencia sí presenta una distribución que sugiere el posible papel de la interferencia anterior: los catalanohablantes emplean únicamente el PP, mientras que en los castellanohablantes las frecuencias del PP son del 62,5 y 56,3 por ciento. La posible interferencia del euskera debe excluirse en la muestra de Tolosa, porque los informantes cuyo idioma natal es el español (n = 32) presentan elevadas frecuencias del PP (81,8 % y 77,3 %), aunque, esta vez, son ligeramente superiores en las respuestas de vascohablantes nativos (n = 35) (89,7 % y 86,2 %). El cuadro 3 hace referencia al ejemplo (3b). Como se ve, incluye también resultados de Madrid: Cuadro 3: «Hoy ______ a la universidad justo antes de que --a llover a cántaros.» (Porcentajes entre paréntesis) Madrid Aragón Andalucía Cantabria Tolosa Cataluña Valencia PI 25 (75,8) 21 (55,3) 26 (86,7) 41 (78,8) 8 (15,7) 20 (43,5) 13 (32,5) PP 8 (24,2) 17 (44,7) 4 (13,3) 11 (21,2) 43 (84,3) 26 (56,5) 27 (67,5) Total 33 38 30 52 51 46 40 Se observa que las frecuencias obtenidas presentan una diferencia regional comparable a la del cuadro 1, lo que a la vez confirma esta última. En comparación con el cuadro 1, las frecuencias del cuadro 3 presentan también una ligera variación no Ilpo Kempas 194 explicable por ningún factor concreto: en algunas muestras, la frecuencia de uno u otro tiempo verbal crece o disminuye ligeramente. Como estos últimos cambios no ocurren de forma regular, deben atribuirse a la variación propia del método usado: los resultados caen más bien dentro de un intervalo de variación, y un porcentaje dado tiene siempre un carácter orientativo. La consideración de las respuestas de la muestra de Cataluña en relación con el idioma materno produce el mismo resultado que el anterior: la frecuencia del PP es más alta en los informantes de lengua materna española (64,5 %) que en los de lengua materna catalana (43,8 %). Por lo tanto, las respuestas de los castellanohablantes nativos hacen que la frecuencia general en las muestra en cuestión del PP sea superior a la del PI. Este resultado contribuye a descartar cualquier influencia sintáctica del catalán en las respuestas en la muestra en cuestión. En cambio, en la muestra de Valencia, los catalanohablantes presentan otra vez una preferencia más evidente por el PP (87,5 %) que los castellanohablantes (54,2 %). El análisis de las respuestas de la muestra de Tolosa induce a descartar otra vez la supuesta influencia del euskera en la alta frecuencia del PP. Entre los castellanohablantes nativos, esta última es del 86,4 por ciento, y entre los vascohablantes nativos del 82,8, respectivamente. Se observa, pues, que esta vez el PP resulta incluso ligeramente más frecuente entre los castellanohablantes nativos. La última oración de evocación (3c) presenta la distribución descrita en el cuadro 4. Hay que observar que, al igual que en el cuadro 1, consideramos aquí sólo los casos donde en ambas oraciones figura o el PI o el PP: Cuadro 4: «Hoy _____ al trabajo a las siete. _____ en coche para evitar que la lluvia me ---.» (Porcentajes entre paréntesis) Hoy_ Madrid Aragón Andalucía Cantabria Tolosa Cataluña Valencia PI 10 (47,6) 13 (68,4) 22 (95,6) 30 (81,1) 1 (2,7) 14 (35,9) 3 (13) PP 11 (52,4) 6 (31,6) 1 (4,3) 7 (18,9) 36 (97,3) 25 (64,1) 20 (87) Total 21 19 23 37 37 39 23 .__ en coche Madrid Aragón Andalucía Cantabria Tolosa Cataluña Valencia PI 13 (61,9) 14 (73,7) 22 (95,6) 35 (95) 6 (16,2) 20 (51,3) 3 (13) PP 8 (38,1) 5 (26,3) 1 (4,3) 2 (5,4) 31 (83,8) 19 (48,7) 20 (87) Total 21 19 23 37 37 39 23 El Pretérito Indefinido y el Pretérito Perfecto aorístico 195 Se observa que, en la primera proposición principal, el PP prevalece ligeramente en la prueba madrileña, que presenta una distribución bastante uniforme entre ambos tiempos verbales, mientras que en las pruebas de Aragón,Andalucía y Cantabria prevalece el PI, como en los cuadros anteriores. Esto puede explicarse también por el tamaño bastante reducido de la muestra madrileña. Por otra parte, el predominio del PI no es tan indiscutible como pudiera parecer, sino que el PI puede reemplazarse fácilmente por el PP 12 . En el cuadro 4, el PI presenta en la muestra andaluza una frecuencia más elevada que ninguna de las registradas hasta ahora. Teniendo en cuenta también los datos de los cuadros 1 y 3, se observa ahora que la muestra andaluza, seguida por la cantábrica, presenta el mayor uso del PI. Al mismo tiempo, entre las muestras donde prevalece el PI, la aragonesa y la madrileña exhiben frecuencias menores. Al igual que los cuadros 1 y 3, el cuadro 4 presenta la prevalencia del PP en las muestras de Tolosa, Cataluña y Valencia. Pero resulta interesante la inesperada caída de la frecuencia del PP en la segunda oración de la muestra catalana, donde ambos tiempos llegan a tener de hecho la misma frecuencia. Sin embargo, este cambio no se refleja en la frecuencia relativa de la combinación PP + PI en el siguiente cuadro 5, que ilustra cómo se combinan los tiempos de la primera oración con los de la segunda. Tanto el PI como el PP de la primera oración se conservan la mayoría de las veces también en la segunda, lo que corresponde a los resultados ilustrados en el cuadro 2: Cuadro 5: Combinaciones del PI y PP en las dos proposiciones consecutivas (cuadro 4): PI + PI PP + PP PP + PI PI + PP Total Madrid 9 (42,9) 7 (33,3) 4 (19,0) 1 (4,8) 21 Aragón 13 (68,4) 5 (26,3) 1 (5,3) - 19 Cantabria 29 (78,4) 1 (2,7) 6 (16,2) 1 (2,7) 37 Andalucía 22 (95,7) 1 (4,3) - - 23 Tolosa 1 (2,7) 31 (83,8) 5 (13,5) 37 Cataluña 14 (35,9) 19 (48,7) 6 (15,4) 39 Valencia 3 (13,0) 20 (87,0) - - 23 Total (%) 91 (45,7) 84 (42,2) 22 (11,1) 2 (1,0) 199 12 Un ejemplo de esto es que uno de los entrevistados andaluces indica tanto PI + PI como PP + PP como alternativas en la oración del cuadro 1. Ilpo Kempas 196 En otros aspectos se aprecia una correlación entre el tiempo verbal de la primera y la segunda proposición similar a las representadas en el cuadro 2. No obstante, el cuadro 5 tiene un punto de partida diferente al del cuadro 2. En este último, los dos eventos se presentan como consecutivos en la línea temporal, y en el cuadro 5 no. El resultado es interesante, porque subraya la tendencia hacia la simetría y la analogía respecto del uso de un mismo tiempo en oraciones consecutivas - en lugar del de las relaciones jerárquicas mutuas entre el PI y el PP, que se manifiestan en la casi ausencia de la combinación PI + PP. Por consiguiente, tenemos que descartar la consecutividad de eventos en la línea temporal como condición para la repetición de un mismo tiempo verbal en dos o más proposiciones consecutivas y explicarla por un deseo en el hablante de conservar el tiempo verbal de la primera proposición en la segunda - porque no existe ninguna necesidad de cambiarlo. Visto que las diferencias regionales son tan acusadas, el señalar porcentajes globales para todas las zonas no tiene mucho fundamento. La combinación PI + PP brilla de nuevo (casi) por su ausencia 13 , lo que confirma el resultado anterior mostrado en el cuadro 2. No obstante, en este caso se da algún ejemplo, en que las dos proposiciones no expresan eventos consecutivos, lo que es interesante, ya que para un observador externo no es nada evidente que el evento de la segunda oración tenga un carácter más AOR que el de la primera. De todas maneras, sea cual sea la explicación, resulta indiscutible que una gran mayoría de los encuestados rechazan la combinación PI + PP también en un caso como éste. La consideración de las respuestas de los informantes peninsulares cuyo idioma materno no es el español corrobora los resultados señalados para los casos anteriores. En la muestra de Cataluña, los catalanohablantes nativos utilizan el PP en el 38,5 y 30,8 por ciento de los casos y los castellanohablantes en el 76,9 y 57,7, respectivamente; el predominio general del PP en la primera oración en la muestra se explica otra vez por las respuestas de estos últimos. Como este patrón se repite ya por tercera vez, podemos a estas alturas estar seguros de que no se explica por el azar. En cambio, en lo que respecta a la muestra de Valencia, el análisis confirma de nuevo el predominio del PP en los catalanohablantes, el cual llega al cien por ciento, mientras que en los castellanohablantes la frecuencia del PP es del 78,6 por ciento en ambas oraciones consecutivas. En lo que a la muestra de Tolosa se refiere, ésta sigue exhibiendo altas frecuencias del PP, sin que la lengua materna del informante pueda reconocerse como factor contributivo (vascohablantes nativos: PP 100 % y 78,9 %; castellanohablantes nativos: PP 94,4 % y 88,9 %). 13 Las dos ocurrencias aparecen en las respuestas de una estudiante menor de 25 años, originaria de Cáceres así como en las de otra estudiante menor de 25 años, originaria de Santander. Estos casos aislados pueden representar también un lapsus linguae. El Pretérito Indefinido y el Pretérito Perfecto aorístico 197 6. ¿La otra cara del adverbio hoy? - Algunos resultados contradictorios obtenidos con otro cuestionario El ej. (3a) figuraba en el cuestionario que usamos para recoger datos para nuestra tesis doctoral (Kempas 2006). Se relacionaba únicamente con verbos, mientras que el cuestionario en el que se basan nuestros cuadros 1 a 5 llevaba también otros elementos para rellenar, como conjunciones y artículos. Creemos que, en comparación con el primer cuestionario, éstos distraían la atención del informante de nuestro objeto de investigación, reduciendo así el efecto condicionante del cuestionario. En el cuadro 6 ilustramos las respuestas a la oración (3a), obtenidas mediante ambos cuestionarios. Las pruebas realizadas usando el cuestionario de Kempas 2006 están marcadas en negrita para distinguirlas de las presentadas en el cuadro 1. Cuadro 6: Respuestas a la misma oración para rellenar obtenidas mediante dos cuestionarios distintos: «Hoy (yo) _____ a las seis y pico, luego _____ al baño a ducharme.» (Porcentajes entre paréntesis) PI PP Total PI PP Total Madrid 8 (57,1) 6 (42,9) 14 9 (64,3) 5 (35,7) 14 Aragón 16 (59,3) 11 (40,7) 27 21 (77,8) 6 (22,2) 27 Bilbao 3 (7,3) 38 (92,7) 41 6 (14,6) 35(85,4) 41 Vitoria 0 37 (100) 37 0 37 (100) 37 Tolosa 7 (13,7) 44 (86,3) 51 9 (17,6) 42 (82,4) 51 Santander 1 8 (28,6) 20 (71,4) 28 13 (46,4) 15 (53,6) 28 Santander 2 37 (84,1) 7 (15,9) 44 41 (93,2) 3 (7,3) 44 Andalucía 1 8 (25,0) 24 (75,0) 32 14 (43,8) 18 (56,3) 32 Andalucía 2 24 (82,8) 5 (17,2) 29 26 (89,7) 3 (10,3) 29 En primer lugar, se observa que la muestra madrileña comparte la prevalencia del PI con las muestras aragonesa, santanderina y andaluza - aunque el reducido número total de ocurrencias puede desviar el resultado ligeramente. En cambio, Santander y Andalucía (Granada) presentan una sorprendente diferencia entre las dos muestras: las distribuciones entre el PI y el PP son inversas. Un minucioso análisis de las muestras andaluzas nos permitió excluir todos los factores relacionados con los propios informantes como explicación a lo ocurrido. En- Ilpo Kempas 198 tre otras cosas, estudiamos el posible papel de su origen geográfico, marcando en un mapa de Andalucía las localidades de origen de los informantes. Además, nos planteamos si, en la primera prueba, el hecho de que los informantes fuesen estudiantes de Filología Inglesa se había reflejado en los resultados de tal manera que, por interferencia sintáctica del inglés, empleaban el PP «en demasía» en la situación de test, en comparación con su actuación lingüística normal 14 . No obstante, el que la repetición de la prueba con otro cuestionario produjera un resultado similar también en Santander - esto es, inverso - , demuestra que la explicación más plausible se encuentra en el cuestionario usado. Las oraciones que, en el primer cuestionario, preceden a la oración en cuestión son las siguientes (1-11): 1. Hace un año María y yo ____ un coche. 2. Mañana (yo) _____ a Sevilla por dos días. 3. Los abuelos _____ aquí hace dos horas, y ahora están en el salón. 4. Anteayer (ellas) ____ todo el día para redactar el informe. 5. Perdón, ¿qué ____? Aquí no se oye nada con este ruido. 6. El accidente ____ la semana pasada. 7. Ahora mismo ____ una carta. 8. La semana que viene ____de compras a un supermercado. 9. Ayer (yo) ____ a las ocho y pico, luego ____ al baño a ducharme. 10. Esta noche (yo) ____ la tele. 11. Hace tres días (yo) le ____ una carta. 12. Hoy (yo) ____ a las seis y pico, luego ____ al baño a ducharme. De lo anterior se desprende que los espacios vacíos se relacionan únicamente con los tiempos verbales. Además, la oración en cuestión es precedida por otra que requiere el uso del PI. Consideramos probable que este punto de partida haya «hipersensibilizado» a los informantes, provocando una frecuencia excesiva del PP, que puede explicarse por una tendencia a marcar contrastes entre los contextos temporales presentados. Ello lleva a soluciones que no son «erróneas», pero que no necesariamente corresponden a la elección que harían los hablantes en la práctica entre el PI y el PP. Sin embargo, el cuadro 6 sí confirma la prevalencia del PP en el País Vasco, aunque la prueba de Tolosa no presente una frecuencia del cien por ciento, arrojada a través del cuestionario anterior en Vitoria y en la zona circundante. Parece, pues, que el cuestionario ha tenido la misma influencia, que tiende a aumentar la frecuencia de uso del PP, también en las muestras de Bilbao y de Vitoria, pero esta influencia no destaca con igual claridad, debido al frecuente uso real del PP en esas zonas. Sería difícil creer que Vitoria, situada tan sólo a unos sesenta kilómetros de Tolosa, de hecho presentara mayores frecuencias de uso del PP que esta última. El problema de las frecuencias se presenta solamente con la oración en cuestión, debido al adverbio hoy.Al usar el nuevo cuestionario para Granada y Cantabria, la inclusión de otra oración de evocación, referida a otro contexto HOD, produjo re- 14 En la segunda prueba, los informantes eran estudiantes de Ciencias Económicas. El Pretérito Indefinido y el Pretérito Perfecto aorístico 199 sultados consistentes con los presentados en Kempas 2006: 55. Una misma oración con el complemento «hace dos horas», dio como resultado una frecuencia del 9,5 por ciento para el PP en la primera prueba realizada en la Universidad de Granada (Kempas 2006: 55), y del 6,9 por ciento en la segunda. De modo análogo, la primera prueba que se realizó en la Universidad de Santander arrojó un porcentaje del 13,2, y la segunda del 4,2. Si bien ambos casos presentan una disminución en la frecuencia del PP, el PI y PP conservan su orden proporcional. Opinamos que estos resultados confirman la validez del cuestionario e indican que el uso de los tiempos verbales en presencia del adverbio hoy reviste algunas peculiaridades específicas. 7. Conclusiones En primer lugar, observamos que el adverbio hoy se combina frecuentemente con el PI - aunque a priori creíamos que el tiempo asociado con este adverbio sería el PP. En las pruebas realizadas en Aragón, Andalucía, Cantabria y Madrid, el PI incluso llega a ser el tiempo predominante la mayoría de las veces. Por otra parte, el PP se muestra claramente más frecuente que el PI en Tolosa (País Vasco), Valencia y Cataluña; en esta última, debido a los informantes de lengua materna española. Por consiguiente, estamos ante una diferencia regional, explicable por distintas etapas del proceso de gramaticalización del PP como tiempo AOR. Por tanto, basándonos en los resultados del presente estudio, tenemos que descartar nuestra hipótesis anterior sobre el uso más frecuente del PP con hoy y concluir que, en determinadas zonas, el PI prevalece también cuando en la oración figura este adverbio. Hemos mencionado el resultado de Berschin 1976: 78, según el cual el PI figuraba en el 39,8 por ciento de las respuestas de informantes peninsulares a una prueba de evocación con el adverbio hoy («Oye, ¿____ hoy al profesor López? » - «Sí, pero no estaba en casa».) A la luz de la gran variación regional que existe, a estas alturas nos parece evidente que un porcentaje único no puede emplearse como índice para la España Peninsular en su totalidad. La hipótesis sobre la influencia sintáctica del catalán en las respuestas de los informantes se confirma para la muestra de Valencia, pero se refuta para la de Cataluña. En ésta, en dos de los tres casos considerados, las respuestas de los informantes de habla catalana incluso exhiben una preferencia por el PI, lo que resulta paradójico. Este resultado puede explicarse por una ligera ultracorrección: en comparación con los Valencianos, los Catalanes de la zona de Barcelona pueden estar más «sensibilizados» ante las diferencias entre el catalán y el español o ante la preferencia general por el PP en la variedad regional del español y, por consiguiente, tratar de acercarse a lo que creen ser «más correcto». De todas maneras, en el panorama del proceso de gramaticalización del PP, la influencia sintáctica del catalán/ valenciano, atestiguada por la muestra de Valencia, es un hecho, y puede contribuir a fomentar esa evolución. Ilpo Kempas 200 El que las mayores frecuencias del PP coincidan con zonas bilingües (País Vasco, Cataluña) nos induce a considerar el origen de lo ocurrido. Tocante al País Vasco, para contestar esta cuestión, se necesitan más datos sobre la elección entre los diferentes tiempos verbales en euskera. Sin embargo, ante la muestra de Valencia, que presenta el segundo mayor uso del PP, se plantea la posibilidad de que los hablantes nativos de español hayan adoptado su frecuente uso del PP por la interacción con hablantes del valenciano/ catalán, en cuya habla española se habría introducido por interferencia de su idioma materno. Lo mismo ofrecería una explicación también al frecuente uso del PP por castellanohablantes nativos en Cataluña. La tendencia a emplear un mismo tiempo verbal en dos proposiciones AOR sucesivas parece evidente en nuestro material y la interpretamos en el sentido de que el hablante tiende a la simetría y la analogía. Para el hablante resulta «económico» conservar el mismo tiempo verbal en la segunda proposición cuando también ésta tiene el valor aspectual AOR. Lo interesante es que esta tendencia no se limita a dos (o más) eventos ocurridos en orden cronológico (ej. 3a), sino que se da también cuando los eventos no tienen tal relación entre sí (ej. 3c). Hemos visto que los informantes se muestran reacios a empezar por el PI para continuar después con el PP en la oración siguiente, aun cuando las dos oraciones no sean consecutivas. Una posible explicación podría ser que los ejemplos (3a) y (3c) constituyen una estructura narrativa. El tiempo verbal del relato, cuando los eventos narrados se sitúan mayoritariamente en contextos temporales anteriores al día de la enunciación, es tradicionalmente el PI. No obstante, para confirmar la generalización de este resultado a todos los casos, sería indispensable extender el análisis empírico a más ejemplos. Está justificado plantear si los factores sociolingüísticos influyen en la elección entre el PI y el PP y si, en consecuencia, habríamos tenido que tomarlos en cuenta en la metodología usada. No obstante, por lo general, los fenómenos sintácticos no suelen presentar correlación con factores sociolingüísticos en la misma medida que los del nivel fonético (Silva-Corvalán 2001: 131). Como, en general, ambos tiempos verbales coexisten en los contextos HOD en el español peninsular, nos parece poco probable que los factores sociolingüísticos incidan en este punto. No obstante, lo estudiamos realizando un análisis estadístico con la prueba de Chi cuadrado para la primera oración del ejemplo del cuadro 3 (muestra de Madrid). Obtuvimos como resultado que cualquier correlación entre la respuesta y el sexo del informante queda descartada (x 2 = 2,112; p = 0,146), esto es, el sexo del informante no se refleja en su elección del tiempo verbal. Lo mismo sugieren las respuestas de los informantes incluidos en la muestra «Aragón» (x 2 = 1,910; p = 0,167) a la primera proposición del ejemplo del Cuadro 2 15 . Las restricciones de uso de la prue- 15 Decimos «sugieren», porque según las restricciones de uso de la prueba, no estaría permitido usarla, porque una de las celdas no tiene el valor mínimo permitido (4,92). No obstante, como este defecto es muy pequeño y el valor de p tan elevado, por recomendación de un colega estadístico nuestro mencionamos este resultado aquí. El Pretérito Indefinido y el Pretérito Perfecto aorístico 201 ba no permiten estudiar la posible correlación entre la elección y la edad y la profesión del informante, pero en este caso particular no creemos que exista. La introducción del PP en los contextos HOD es resultado de un proceso de gramaticalización y data de mucho tiempo atrás. El uso del PP para referirse a eventos HOD fue generalizándose a lo largo del siglo XVII 16 , de modo que nos cuesta creer que la variable «edad» influya en la elección entre ambos tiempos verbales. Además, como el uso de ambos tiempos es muy frecuente en los contextos HOD, queda excluida la posibilidad de que uno u otro esté estigmatizado o, por el contrario, resulte prestigioso. La predominancia generalizada del PI que acabamos de poner de manifiesto en cuatro zonas geográficas distintas sirve de contra-argumento a la postura - señalada por autores como Padilla 1903: 265 y Alarcos Llorach 1947 (1980: 24-25) - de que la localización del evento dentro del lapso de tiempo no terminado durante el momento del habla haría que el uso del PI no fuera gramatical, o no correspondiera a la norma del lenguaje estándar. No obstante, ante la variación geográfica que hay dentro de la España peninsular es comprensible que las opiniones al respecto puedan ser variadas. En el apartado 6 tratamos los resultados divergentes que para el ej. (3a) fueron obtenidos mediante dos cuestionarios distintos. Aunque el cuestionario de la primera prueba - destinada a estudiar el uso del PP en los contextos prehodiernales (= ‘antes de hoy’) - no hubiera sido óptimo como para estudiar su uso en los contextos hodiernales, nos hizo tomar conciencia de un rasgo muy interesante relativo a los rasgos semánticos del propio adverbio hoy. Es que este último resulta muy sensible a influencias exteriores, que pueden provocar el uso de uno u otro tiempo verbal. En el caso del ej. (3a), explicamos la frecuencia excesiva del PP por una tendencia a marcar contrastes entre los contextos temporales presentados en el cuestionario. Por «excesivo» no entendemos ‘erróneo’, sino una frecuencia que no corresponde a la actuación normal de los informantes, a una situación comunicativa desprovista de influencias condicionantes del mismo tipo. El caso en cuestión podría compararse con una situación en la que dos niños de casi el mismo peso están sentados en un balancín. El niño que pesa un poquito más, está algo más abajo que el otro. Y para levantar al niño con más peso, hace falta solamente un poco de fuerza exterior. Éste es también el caso del adverbio hoy: el PP está presente de forma subyacente como segunda alternativa, que es fácil de sacar a la superficie. Lo demuestra también la clara presencia, aunque minoritaria, del PP en las respuestas de los informantes de aquellas muestras donde prevalece el PI. Una interpretación a este resultado es justamente que esos informantes podrían en teoría emplear el PI o el PP en los ejemplos en cuestión, pero que normalmente prefieren uno u otro. 16 Véase Kempas 2006, para ejemplos de la coexistencia del PI y PP en los contextos HOD en obras como La dama boba (1613) de Lope de Vega (1562-1635) y La vida es sueño (1635) de Calderón de la Barca. Ilpo Kempas 202 Sobre este punto, las muestras pueden dividirse en dos categorías: en unas, la preferencia por uno u otro tiempo verbal está polarizada (Cantabria, Andalucía, Valencia, Tolosa o el País Vasco en su totalidad), mientras que en otras (Aragón, Madrid, Cataluña) es menos acusada. Para terminar, esperamos que la presente contribución a la mejor comprensión del uso de los tiempos verbales en combinación con el adverbio hoy sea útil para futuros estudios sobre la gramaticalización del PP en la España peninsular. Consideramos sobre todo la identificación de diferencias regionales como un resultado de interés. Hasta ahora, las diferencias regionales señaladas en la bibliografía parecen haberse centrado en la diferencia que existe entre Asturias/ León y las otras zonas peninsulares. El presente estudio ha puesto de manifiesto que también el área del propio español peninsular estándar presenta matices diferentes al respecto y que el proceso de gramaticalización del PP sigue en curso en los contextos HOD - al menos en teoría. Según hemos visto, en el marco del proceso de gramaticalización del PP, el campo semántico de este último se ha ampliado. No obstante, no se puede saber si, de hecho, este proceso continúa o si se ha detenido y si las diferencias regionales señaladas en el presente artículo se han establecido como tales. De todos modos, parece evidente que, si el proceso avanza, lo hace muy lentamente: más arriba hemos mencionado que unos casos de la coexistencia del PI y PP en los contextos HOD pueden encontrarse ya en novelas del siglo XVII. Sobre la base de los resultados obtenidos, puede plantearse ahora la cuestión de si la preferencia de las zonas consideradas por uno u otro tiempo verbal se da también con otros complementos de tiempo HOD, o si se trata de un fenómeno relacionado únicamente con el adverbio hoy, que, según hemos visto, difiere semánticamente de los otros complementos hodiernales por ser capaz de combinarse con el PP de dos valores aspectuales distintos (PERF y AOR) 17 . Seinäjoki Ilpo Kempas 17 Queremos agradecer a la Dra. Dª. Angela Bartens (Universidad de Helsinki) sus valiosos comentarios y observaciones sobre la primera versión del presente artículo así como a la Dra Dª. Mª Concepción López Fernández (Universidad de Cantabria), al Dr. D. Alberto Turón Lanuza (Universidad de Zaragoza), al Sr. D. Gartxot Agirre (Tolosa), a la Lda. Anna López Samaniego (Universidad de Barcelona), al Dr. D. Andreu Blesa Pérez (Universitat Jaume I) su ayuda para realizar las pruebas. El Pretérito Indefinido y el Pretérito Perfecto aorístico 203 Bibliografía Alarcos Llorach, E. 1947: «Perfecto simple y compuesto en español», RFE 31: 108-39. Reproducción del artículo in: Estudios de gramática funcional del español, Madrid (1980): 13-49 Alarcos Llorach, E. 1994: Gramática de la lengua española, Madrid Badia i Margarit,A. 1991: «Katalanisch: Interne Sprachgeschichte I. Grammatik», in: G. Holtus/ M. Metzelin/ C. Schmitt (ed.): Lexikon der Romanistischen Linguistik (LRL), 5/ 2, Tübingen: 127-52 Bec, P. 1970: Manuel pratique de philologie romane I, Paris Berschin, H. 1976: Präteritum- und Perfektgebrauch im heutigen Spanisch, Tübingen Butt, J./ Benjamin, C. 2004: A New Reference Grammar of Modern Spanish, London Bybee, J./ Pagliuca, W./ Perkins, R. 1991: «Back to the future», in: E. C. Traugott/ B. 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I diciassette articoli qui raccolti sono raggruppati in quattro sezioni: 1. «La différenciation territoriale du latin» (La latinité dans les provinces de l’Empire romain: problèmes de sociolinguistique, 11-18; Les ardoises wisigothiques et le problème de la différenciation territoriale du latin, 19-30); 2. «L’évolution de la structure grammaticale» (La disparition de -s et la morphologie dialectale du latin parlé, 33-42; Accusativus cum infinito et subordonnée à «quod», «quia» en latin tardif - nouvelles remarques sur un vieux problème, 43-54; On the grammatical subject in Late Latin, 55-64; À propos du «si» interrogatif: évolutions achevées et évolutions bloquées, 65-75; Remarques sur l’histoire du futur latin - et sur la préhistoire du futur roman, 76-87; L’emploi des noms indéclinables et l’histoire de la déclinaison latine, 88-100; DIS MANIBVS. Un problème de syntaxe épigraphique, 101-12); 3. «Situation linguistique et conscience linguistique» (Naissance de la Romania, 115-30; Conscience linguistique et diachronie, 131-46; La situation linguistique en Italie au VI e siècle, 147-57; Sur un exemple de la langue parlée à Rome au VI e siècle, 158-68; Spoken and written Latin in the last centuries of the Roman Empire. A contribution to the linguistic history of the Western Provinces, 169-82; La transition du latin aux langues romanes. Quelques problèmes de la recherche, 183-94; The End of the History of Latin, 195-213); 4. «Revue d’ensemble» (L’état actuel des recherches sur le latin vulgaire et tardif, 217-29). Richiederebbe certo troppo spazio l’analisi particolareggiata di ciascuno degli scritti raccolti nel volume curato da Sándor Kiss, e d’altra parte si tratta di studi ben noti a tutti i romanisti e a tutti i latinisti che si sono occupati, anche se da posizioni differenti, di quella nebulosa, ora più ora meno oscura, che avvolge con il suo pulviscolo il nodo fondamentale costituito dallo scivolamento del latino verso le lingue romanze. Al centro di tale evoluzione si pone solitamente il cosiddetto «latino volgare», nucleo intorno al quale si sono accese numerosissime discussioni, a volte sostanziali, a volte puramente nominalistiche. Ma appunto già qui, al punto di partenza si può dire, alla radice del «problema latino volgare» Herman dimostra di volersi liberare di quella zavorra che a nulla pare servire nello svolgimento della ricerca autentica: «le fameux latin vulgaire, source et objet de tant de discussions terminologiques souvent presque pénibles, apparaît comme un raccourci méthodologique» (La transition du latin aux langues romanes, citazione a p. 184); e ancora: «We are lost in the labyrinth of ill-defined designations and overlapping pseudo-categories like Late Latin, Early Medieval Latin, Literary Latin, Written Latin, Vulgar Latin, Popular Latin, Colloquial Latin, Spoken Latin, Romance, EarlyRomance, Proto-Romance, Pre-Romance - and the rest» (Spoken and written Latin, citazione p. 169-70). Ma d’altra parte già J. Svennung, Untersuchungen zu Palladius und zur lateinischen Fach- und Volkssprache, Uppsala 1935: v, scriveva che «der Streit darüber, was als Vulgärlatein anzusehen ist, ist aber eigentlich nur ein Streit um Worte». 1 J. H., Du latin aux langues romanes. Études de linguistiques historiques réunies par Sándor Kiss avec une préface de Jacques Monfrin, Tübingen (Niemeyer) 1990. Herman lavora spesso, si potrebbe dire sempre, sul campo, e anche le sue conclusioni più, per così dire, generali, ma mai generiche (ad es. Conscience linguistique et diachronie, o The End of the History of Latin), traggono sempre spunto da osservazioni puntuali di fatti riscontrabili nella documentazione: fatti trattati sempre - ed è uno dei grandi meriti dello studioso ungherese - con estrema prudenza e cautela, come sottolinea anche Alberto Vàrvaro nella Prefazione: «Le affermazioni di Herman sono . . . sempre nuancées, . . . il procedimento argomentativo avanza per distinzioni sottili quanto indispensabili» (6). Tra le ricerche più importanti e stimolanti ci sono senz’altro quelle sulle iscrizioni, qui ben rappresentate per esempio dagli articoli che sono contenuti nella prima sezione del volume; ma si può dire che le iscrizioni, che d’altra parte rappresentano, com’è noto, una delle più luminose testimonianze della dissoluzione del latino nelle lingue romanze (accanto a testi come per esempio la cosiddetta Appendix Probi), sono presenti in ognuno degli studi raccolti nel volume (si pensi, solo citarne qualcuno, al già citato Spoken and written Latin, oppure a DIS MANIBVS). Per fare solo alcuni esempi dei risultati ai quali può giungere la ricerca sulla lingua epigrafica, si può ottimamente ricorrere ai due interventi che aprono il volume: quello su La latinité dans les provinces, e quello sulle Ardoises wisighotiques. Nel primo si distingue tra errori puramente tecnici, dovuti al lapicida, e errori invece commessi sotto la pressione della lingua parlata, in un contesto di evoluzione linguistica pre-romanza. Le conclusioni alle quali giunge J. Herman sono assai interessanti: un numero elevato di errori per così dire pre-romanzi segnalerebbe «l’existence d’une couche plébéienne, peu cultivée, mais pour laquelle la langue latine était déjà le moyen de communication principal» (17); al contrario, la scarsa presenza di errori pre-romanzi verrà considerata come il sintomo di una romanizzazione sì avanzata, ma che «n’était pas ancore assez générale pour échapper au contrôle des centres urbains» (17), dove la tradizione romana era rappresentata in modo capillare, e dove il grado di scolarizzazione, e dunque il livello culturale, era piuttosto elevato. Le caratteristiche consonantiche e morfologiche delle iscrizioni sulle ardesie visigotiche (VI-VII secolo), invece, fanno intravedere i futuri sviluppi del latino verso le lingue iberoromanze: interessante, a questo proposito, l’osservazione del mantenimento di -s finale, tipico di tutte le lingue romanze occidentali, ma che a questa altezza diversifica il latino della Penisola iberica da quello della Gallia. Nel primo, infatti, la -s finale serve in particolare a distinguere il plurale rispetto al singolare, mentre in Gallia già si prefigura lo sviluppo della cosiddetta declinazione bicasuale che isola, dal punto di vista morfologico, le lingue gallo-romanze dalle rimanenti lingue neolatine 2 . Chiudono il volume la Bibliographie des ouvrages cités, la Bibliographie des travaux de Jószef Herman, e una Notice de l’auteur. Paolo Gresti ★ 206 Besprechungen - Comptes rendus 2 Questo sia detto nonostante alcune tesi contrarie, come ad es. quella di M. Maiden, «Il sistema desinenziale del sostantivo nell’italo-romanzo preletterario. Ricostruzione parziale a partire dai dialetti moderni (il significato storico di plurali del tipo ‹amici›)», in: J. Herman/ A. Marinetti (ed.), La preistoria dell’italiano, Tübingen 2000: 167-79, secondo la quale «nell’italoromanzo prelettario sarebbe esistita una distinzione desinenziale tra un caso retto e uno o più casi obliqui» (167). Reinhard Kiesler, Einführung in die Problematik des Vulgärlateins, Tübingen (Niemeyer) 2006, xii + 136 p. (Romanistische Arbeitshefte 48) 1. Ce manuel s’inspire de deux aspects alternants de la notion de latin vulgaire: l’aspect qu’on pourrait appeler «latino-centrique», utilisé par H. F. Muller et ses adeptes dans la première moitié du XX e siècle et visant la description du latin vulgaire écrit (ch. 1-10), et l’aspect «romano-centrique», courant chez les romanistes néo-grammairiens à la fin du XIX e siècle, puis de nouveau dans la seconde moitié du XX e siècle, avec Hall et son école, visant une approche historique des parlers romans dans une perspective théorique, que suggère déjà le mot «Problematik» dans le titre de l’ouvrage (ch. 11). Je présenterai ces deux volets séparément (cf. §2s.), puis les soumettrai à une appréciation critique (cf. §4). 2.1. Pour la forme du volet latino-centrique, cet ouvrage ne diffère guère des ouvrages antérieurs sur le latin vulgaire: une définition du latin vulgaire, une histoire externe, un chapitre sur les sources, une partie grammaticale étendue, comportant des exemples tirés du latin écrit, avec leurs pendants dans les principales langues romanes, ainsi que des descriptions, explications et commentaires, un chapitre sur les influences du grec, un autre sur la typologie, un choix de textes latins commentés, une bibliographie abondante de titres récents. C’est aussi un ouvrage que l’auteur a pris soin de mettre à la portée de ses lecteurs: clarté des exposés, tableaux, schémas et cartes, des devoirs en conclusion de chaque chapitre, et, à l’intention des lecteurs germanophones, la traduction des exemples, citations et textes choisis. 2.2. Le fond est traditionnel également. Selon une habitude déjà ancienne, mais encore chère à beaucoup de latinistes, les parlers romans sont, plus ou moins implicitement, traités comme issus du latin écrit. De fréquentes références, dans le texte et en note, orientent le lecteur sur la position d’auteurs en vue, tels Banniard, Coseriu, Herman, Lausberg, Maurer et Väänänen. Une mise à jour de nos connaissances est proposée épisodiquement, par exemple à propos de la définition du terme «latin vulgaire» (7-14), de l’origine de la gorgia toscana (26), de la datation de l’Appendix Probi (33), de l’éventuelle portée diastratique de la palatalisation de [k-] (40), de la structure et de l’évolution de l’ordre de base (67s.), de l’opposition typologique synthèse (latin écrit)/ tendance à l’analyse (parlers romans) et de la typologie selon des vues récentes de Coseriu (ch. 10). 3. Une tout autre perspective domine le chapitre final (ch. 11), déjà annoncé et résumé au début du livre (1s.), «Zusammenfassung und Ausblick: Probleme des Vulgärlateins». L’auteur y traite des aspects fondamentaux du latin vulgaire d’un point de vue surtout romano-centrique. Quelques éléments du volet latino-centrique y sont repris, amplifiés, nuancés, voire rectifiés. D’autres, les problèmes justement, y sont abordés pour la première fois de front et de façon relativement détaillée. Ils ont tous, isolément ou en combinaison, une grande portée méthodologique. Je vais en citer et commenter les principaux. 3.1. Déjà dans le volet latino-centrique (8-14), l’auteur, en guise de conclusion à une analyse des diverses définitions plus ou moins restrictives du latin vulgaire, avait formulé sa propre définition, globale, en ces termes: «Wir schließen uns demgegenüber der weiten Auffassung an und betrachten das Vulgärlatein als zu allen Zeiten der Latinität existierende, diastratisch und diatopisch variable Umgangssprache aller Mitglieder der lateinischen Sprachgemeinschaft» (13). Il s’agit donc d’une définition au sein de laquelle le chercheur est libre d’agencer les données à sa guise, mais qui ne prévoit pas de séparer méthodiquement le latin vulgaire écrit du latin vulgaire parlé, d’où, pour le lecteur, un flou permanent dans les analyses grammaticales. Aussi, l’auteur remédie-t-il à ce défaut (ch. 11.2), en affinant son analyse et en distinguant, dans l’ensemble des données du latin vulgaire global tel qu’il l’avait défini, deux sous-ensembles, à savoir, à côté des données écrites, un ensemble de données non écrites, produites, à partir des parlers romans, par l’«indispensable» re- 207 Besprechungen - Comptes rendus construction («eine unerlässliche Methode»), seule apte à établir l’extension spatiale de formes du latin vulgaire, seule à «attester» ce que les textes latins n’attestent pas. Il en résulte que, selon l’auteur, dans la description du latin vulgaire, les deux types de données, écrites et reconstruites, doivent toujours se compléter, étant entendu que la comparaison systématique des parlers romans est un préalable à la reconstruction de formes et de règles du latin vulgaire non écrit. Il s’agit en fait, dans cette démarche, sous le nom de «latin vulgaire reconstruit», d’une ébauche théorique de ce que les milieux romano-centristes nomment «protoroman» (cf. cependant §4.1). 3.2. Pour les néo-grammairiens déjà et de nos jours pour les adeptes de l’approche romano-centrique, les parlers romans se forment et évoluent dès l’Antiquité à côté du latin écrit; c’est le «modèle de la simultanéité». Pour les latino-centristes, l’origine des parlers romans ne remonte pas à l’Antiquité mais fait suite aux textes latins tardifs, dont ils seraient issus; c’est le «modèle de la successivité»; l’auteur mentionne ces deux types de filiation (109). Dans le volet latino-centrique de l’ouvrage, la successivité historique sous-jacente des parlers romans par rapport au latin écrit est parfois explicite, comme dans l’énoncé «Die Romanistik ist als historisch-vergleichende Wissenschaft entstanden, und die Entstehung der romanischen Sprachen und Dialekte aus dem Vulgärlatein [souligné par moi] ist insofern ihr traditionelles Hauptgebiet» (2). Au chapitre 11, ce point de vue est en revanche nuancé et partiellement corrigé, notamment par référence à des passages comme les suivants: l’un, emprunté à Lausberg, énonce: «Die Entstehung und Gliederung der romanischen Sprachen beginnt im Grunde bereits bei der Romanisierung Italiens und des Imperiums» (105, N3), et l’autre, rapportant, à propos de la bifurcation du vieux latin en latin classique et latin vulgaire, un point de vue plus général, mais point contradictoire, énonce: «Nach Coseriu setzt . . . das Vulgärlatein die Entwicklung des Altlateins fort, während das klassische oder literarische Latein davon abweicht» (110). L’auteur ne prend pas autrement position sur cette question; toutefois, par des citations comme celles-là, il paraît admettre la possibilité que l’origine des parlers romans se situe antérieurement à l’ère chrétienne. Il semble donc conscient de l’importance de ce problème et de ce que toute grammaire historique correcte est tributaire d’une estimation juste des rapports chronologiques. 3.3. Il ne fait de doute pour personne que les parlers romans, en se formant, ont fortement modifié la typologie du latin. L’auteur s’arrête avec raison à l’aspect historique de cette bifurcation typologique. Pour ce qui est de la cause, il rapporte, parmi d’autres, celleci: «Herman betont . . . auch die Rolle äusserer Einflüsse - besonders die Annahme des Lateins durch andere Völker» (107). Pour ce qui est de la modalité, il cite le passage suivant de Coseriu: «In Wirklichkeit aber ist das Vulgärlatein . . . keineswegs von jeher dagewesen: es handelt sich eigentlich um das gesprochene Latein einer bestimmten Epoche, das auf einmal, mit ungewöhnlich beschleunigtem Rhythmus [souligné par moi] von seiner Tradition abweicht. Und gerade durch diesen ungewöhnlich beschleunigten Rhythmus seiner Entwicklung stellt das Vulgärlatein ein ganz besonderes historisches Problem [souligné par moi] dar» (9). Le rapprochement de ces deux points de vue, de Herman et de Coseriu, de ceux, cités plus haut (cf. §3.2), de Lausberg et Coseriu, suggère que l’auteur fait allusion à un phénomène qui se profile depuis longtemps et de plus en plus nettement, où se rencontrent et se combinent par hypothèse, dans une «triple jonction historique» (i) une semi-créolisation du latin, (ii) la bifurcation consécutive, déjà signalée par Meillet, du latin global en latin traditionnel synthétique et latin parlé (protoroman) tendanciellement analytique, (iii) la date très ancienne et la rapidité de ce bouleversement. Cette jonction hypothétique des trois facteurs soulève un problème historique, dont les tenants et aboutissants se dissimulent dans un temps très reculé et une situation sociolinguistique difficile à saisir. Néanmoins, il est probable que ces énoncés cités par l’auteur, ou d’autres de même teneur, touchent de près ou de loin au cœur du problème. 208 Besprechungen - Comptes rendus Dans cet ordre d’idées, l’auteur s’attarde à un phénomène peu remarqué: la disparition, entre le vieux latin écrit et les parlers romans, de nombreux éléments du système, notamment de particules (ch. 6.3), où il détecte, très justement, le résultat d’une tendance à la simplification et régularisation grammaticales, par lesquelles le latin vulgaire reconstruit se distingue du latin vulgaire écrit, telle la disparition des subordonnants classiques cum, ne, quin, quominus et ut (63). Or, cette évolution me semble devoir être mise sur le compte de la bifurcation typologique, et, à travers elle, sur la triple jonction historique définie ci-dessus. 4. Jusqu’ici, je partage pour l’essentiel les opinions que Kiesler égraine tout au long du chapitre 11; je dois pourtant à la vérité de dire que, malgré l’abondance des données et remarques pertinentes, je trouve que son approche de la problématique est trop superficielle et lacunaire. Aussi, en ce qui concerne la cohérence dans l’ensemble de son livre, mes vues ne rejoignent-elles les siennes que partiellement. 4.1. À propos de la définition du latin vulgaire (cf. §3.1), l’auteur aurait dû préciser qu’il y a carrément non-équivalence des deux sous-ensembles, l’écrit et le reconstruit, en ce que les données écrites sont des faits de parole, dans le sens saussurien du terme, alors que les reconstructions sont des faits de langue, c’est-à-dire des éléments du système protoroman. Il en découle que ce que l’auteur dit dans le volet latino-centrique, à propos de la reconstruction, à savoir: « . . . die Rekonstruktionen haben immer nur den Wert von Hypothesen, zumindest solange, bis sie entweder aufgrund neuer Quellenfunde bestätigt oder aber widerlegt werden» (39), devrait être corrigé: on peut soutenir que de nouvelles données écrites («Quellenfunde») permettent de confirmer ou d’infirmer, au sens de ‘rendre plus/ moins ferme’, le résultat des reconstructions; en revanche, elles ne permettent pas d’en prouver l’existence par A + B, car, dans l’exploration du latin vulgaire, ce qui fait foi, c’est la forme reconstruite selon des techniques ad hoc, si hypothétique soit-elle; sur ce point, le latiniste et le romaniste puisent à des sources qualitativement différentes. Une des conséquences de cette erreur d’estimation est la distorsion chronologique à laquelle sont soumis les ordres de base protoromans (65-68); la chronologie antique y est examinée à partir de textes latins (Pétrone, Pompéi), ce qui est normal dans le modèle de la successivité, mais aboutit à des résultats sans commune mesure avec ceux du protoroman reconstruit selon le modèle de la simultanéité, lequel révèle par exemple, entre la base latine sov et la base romane svo, l’existence d’une ancienne base vso, d’extension panromane; en outre, il y est fait usage de la fréquence d’emploi, dont la pertinence statistique est douteuse lorsqu’il s’agit de faits de parole à ce point diffus. Quant à la continuité documentaire des langues romanes, qui s’étend, compte tenu du latin, sur presque 2500 années (2), elle est trompeuse puisque, fondée sur le modèle de la successivité, elle consiste à mettre bout à bout les textes du latin tardif et les premiers textes romans, comme s’il s’agissait là d’un enchaînement génétique, alors qu’il s’agit de textes ressortissant à deux filières distinctes; certes, et c’est plus remarquable, il y a effectivement une continuité génétique de presque deux millénaires et demi, qui relève toutefois du modèle de la simultanéité et passe par le protoroman, non documenté. Compte tenu de la non-équivalence du latin vulgaire écrit et du latin vulgaire reconstruit, nous aboutissons, sous le nom de latin vulgaire reconstruit, au protoroman (cf. §3.1), situé et caractérisé comme il doit l’être en vue d’une application orthodoxe de la grammaire comparée. 4.2. Un leitmotiv chez les chercheurs, surtout dans le camp des latinistes, est la grande complexité grammaticale du latin vulgaire écrit; çà et là, on parle même de «chaos». Kiesler s’y arrête très justement et cite à l’appui ce passage de Herman, en traduction: «Die Entstehung der romanischen Sprachen und die Geschichte des Lateins, insbesondere seine Spätgeschichte, bilden in Wirklichkeit ein und denselben hochkomplexen [souligné par moi] 209 Besprechungen - Comptes rendus realen historischen Vorgang . . . » (4). L’observation est correcte. Qu’on essaie de décrire un système linguistique comme celui qui se trouve à la base de l’Itinerarium Egeriae, on n’y arrivera guère plus loin qu’un ensemble assez hétéroclite de mots et de constructions, dont l’existence est sans doute plausible, mais d’où un système cohérent ne se laisse que difficilement dégager; en théorie, rien n’empêche par exemple qu’un texte écrit en latin vulgaire emploie un substantif à la forme accusative également en fonction de nominatif ou de circonstant. Toutefois, ici encore, les vues des chercheurs sont trompeuses. L’idée d’un chaos est avant tout une illusion, qu’alimente le modèle de la successivité; en effet, le chercheur qui situe l’origine des parlers romans à la suite du latin tardif ne peut rien comprendre au manque de systématicité qu’il observe, dès le début de notre ère, dans le latin vulgaire écrit. Le modèle de la simultanéité, lui, en rend compte en bonne partie, parce qu’il postule, dans le latin global, la présence simultanée, par clivages diastratiques, de diverses variantes d’un mot ou d’une construction donnés et les isole en synchronie par une analyse structurale. Ainsi, dès le I er s. de notre ère, il pouvait y avoir dans les textes vulgaires écrits, sous l’influence du protoroman, donc du latin vulgaire reconstruit, outre les vestiges du système acasuel antérieur, sous la forme d’un accusatif (murum), le nominatif qui fait partie d’un système protoroman bicasuel, alors productif (murus/ murum), sans compter, dans l’usage des locuteurs les plus instruits, le reflet des autres cas classiques, le génitif, le datif et l’ablatif (muri, muro), à quoi s’ajoute, pour comble de confusion, l’inconvénient inéluctable que ces formes écrites sont des faits de parole. 4.3. La reconstruction du protoroman est abordée relativement en détail (ch. 11.2), «Das Problem der Rekonstruktion». L’auteur y présente quelques principes et techniques censés permettre d’inférer le protoroman, c’est-à-dire la langue mère des parlers romans, de la comparaison systématique de ceux-ci. Il souligne cependant aussi les limites inhérentes au comparatisme et le fait que surtout la description de la syntaxe et de la phraséologie reste lacunaire. Pour les partisans du latino-centrisme, la reconstruction du protoroman selon les vues qui se sont développées chez les romano-centristes reste encore dans une large mesure terra incognita. J’en vois un indice dans l’absence presque totale d’une mention de deux techniques fondamentales du comparatisme: (i) celle dite «analyse spatio-temporelle», qui consiste à établir, en fonction des étapes de la romanisation, une corrélation entre l’étendue spatiale d’un trait protoroman et sa position en diachronie; cette technique, dont les débuts remontent aux néo-grammairiens et qui, perfectionnée entre temps, aboutit de nos jours à la possibilité non négligeable de dégager des synchronies successives, n’est mentionnée qu’en quelques lignes à propos de la pertinence en cette matière des données sardes et roumaines et de l’opposition entre Romania centrale et Romania marginale (64, 106s.); et (ii) celle du «critère de l’anomalie», cheval de bataille du grand comparatiste Meillet, qui pose que, sauf pour les emprunts, tout trait roman, même syntaxique, qui ne s’explique pas dans le système où il se trouve, remonte probablement au protoroman. C’est pourtant surtout grâce à ces deux techniques que les romano-centristes en sont venus à postuler la grande ancienneté du protoroman et à adopter le modèle de la simultanéité. Dans leur prolongement se dégage de plus en plus, à mesure que le protoroman s’enrichit d’éléments nouveaux, leur combinaison en constructions syntaxiques, malgré l’absence, dans ce domaine, de tout recours aux lois d’évolution phonétique; ainsi, aux analyses relatives à l’ordre de base en latin vulgaire écrit, dont je signale la faiblesse (cf. §4.1), les romano-centristes sont en mesure d’opposer des règles protoromanes systématiques en synchronie et, par cette voie, de procéder à la vérification des hypothèses protoromanes. Cette lacune dans les techniques de la reconstruction, ainsi que quelques autres, auxquelles je ne m’arrête pas, sont à l’origine de plusieurs prises de position et analyses, dans le volet latino-centrique de l’ouvrage, où le chercheur romano-centriste voit des erreurs de méthode. 210 Besprechungen - Comptes rendus Avec le savoir qu’il présente dans son chapitre final, complété par les précisions que je viens d’y ajouter et évidemment par l’étude de la littérature relative au protoroman et à sa reconstruction, l’auteur aurait pu donner à la partie latino-centrique de son livre un tout autre tour, plus novateur, plus stimulant et surtout plus juste. En voici, pour finir, une illustration, à propos du système casuel. Dans le cadre le l’hypothétique triple jonction historique (cf. §3.3), le virage du latin vers le type analytique du protoroman comporte, comme manifestation la plus frappante et inattendue, la réduction, avant notre ère, du système casuel nominal au seul accusatif, réduction suivie, au début de notre ère, d’une restructuration morphologique graduelle des cas avec des éléments empruntés plus ou moins directement au latin classique (cf. §4.2). En d’autres mots, le système bicasuel du gallo-roman (murs/ mur), que l’auteur postule par une analyse spatio-temporelle malheureusement incomplète, ne remonte au système classique que par un emprunt diastratique tardif; il s’ensuit qu’à mes yeux la description présentée dans l’ouvrage (49-51) n’est plus valable. Par ailleurs, le processus esquissé ici pour les cas nominaux - système du vieux latin réduction morphologique protoromane (restructuration morphologique protoromane) - s’observe en partie aussi dans toute une série d’autres sous-systèmes, également signalés par l’auteur, dont ceux de l’adverbe (fortiter forte forte-mente) et du comparatif (fortior magis/ plus fortem). L’hypothèse de la triple jonction historique rejoint plusieurs des citations présentées par l’auteur au chapitre final, mais s’appuie, techniquement parlant, sur des analyses spatio-temporelles et sur le critère de l’anomalie. Si elle est correcte et que les chercheurs soient vigilants, l’hypothèse en question, qui affecte de manière diffuse tout le système, entraîne nécessairement un réexamen de l’évolution grammaticale des parlers romans. 4.4. Un mot finalement sur l’état des recherches. Dans un passage intitulé «Zur Forschungslage» (ch. 1), l’auteur écrit: «Der heutige Stand der Forschung zum Vulgärlatein kann . . . als sehr weit fortgeschritten bezeichnet werden» (6). Toutefois (ch. 11.3), par référence à de nombreuses lacunes et aux problèmes de la reconstruction, surtout dans les domaines de la syntaxe et de la phraséologie, il écrit: «Im Bereich der Umgangssprache steckt der romanische Sprachvergleich noch in den Anfängen» (105). Le contraste entre ces deux jugements est moins surprenant qu’il semble. Sans doute, le ton optimiste du premier tient-il à ce qu’il s’agit du domaine latino-centrique, qui livre au chercheur une masse de résultats concrets et donne ainsi l’impression d’une forte avance quantitative des recherches. Quant au ton pessimiste du second, il est en partie justifié, parce que, dans le domaine romano-centrique, la syntaxe ne se prêtait, jusqu’il y a peu, que rarement à un traitement comparatif orthodoxe et reste encore qualitativement en retrait; quant à la phraséologie, elle ne se plie guère aux exigences du comparatisme, parce qu’elle reflète souvent des états ou des mouvements très courants, voire universels, par quoi elle échappe au critère de l’anomalie; aussi, pour l’italien alzare il gomito ‘lever le coude’ et ses pendants romans (88), l’origine latine ne peut-elle pas être établie avec certitude. Par ailleurs, ce pessimisme ne fait pas suffisamment justice aux chercheurs dans le domaine romano-centrique qui, avec des moyens limités, ont œuvré sur ce terrain aride depuis la dernière guerre. Hall, un pionnier des études romanes, n’est pas cité, ni le recours à la reconstruction, épisodique mais orthodoxe, par de nombreux auteurs américains et européens. Il y a eu, en fait, quant aux recherches selon le modèle de la simultanéité, dans les dernières décennies, plusieurs développements importants, dont je retrouve à peine la trace dans le chapitre final, bien qu’il fasse par ailleurs figure de synthèse: il s’agit de (i) la remise à l’honneur, par Hall, du modèle de la simultanéité et de la distinction des deux normes latines, de (ii) l’analyse spatio-temporelle du protoroman (cf. §4.3) et (iii) du critère de l’anomalie comme technique incontournable de la reconstruction (cf. §4.3). Cela revient à dire que l’état actuel des recherches romano-centriques n’est guère représenté dans cet 211 Besprechungen - Comptes rendus ouvrage, en dépit de son but affiché: «Das Buch möchte eine verständliche Einführung in Geschichte und Strukturen des Vulgärlateins auf dem aktuellen Forschungsstand [souligné par moi] geben.» (v). Sous le titre «Allgemeines» (ch. 11.1), Kiesler se livre à des considérations générales sur les progrès des études romanes. Constatant un certain morcellement des recherches, notamment en raison de différences d’opinion ou d’approche entre chercheurs et des définitions variables du latin vulgaire, qui, bien qu’inévitables, compliquent la tâche du chercheur, il ajoute: «Andererseits erfordert eine angemessene Beschreibung einen einheitlichen und kohärenten Blickpunkt» (103). Par là, il rejoint, plus qu’il ne pense, une de mes principales conclusions, à savoir que, les deux modèles de la successivité et de la simultanéité étant incompatibles l’un avec l’autre, les combiner, comme il le fait, débouche sur des résultats inacceptables et voue les recherches romanes au sur-place et à l’asphyxie. 4.5. En conclusion générale de mon appréciation critique, je dirais que l’ouvrage de Kiesler pèche par deux défauts particulièrement gênants. L’un consiste en ce que s’en dégage une impression de désordre du fait que l’auteur ne prend pas position entre les deux modèles concurrents, comme, me semble-t-il, il conviendrait en bonne méthode. Le second défaut vient de ce que l’auteur place, si je puis dire, la charrue devant les bœufs, en n’appliquant pas d’emblée, au volet latino-centrique de l’ouvrage, les excellents principes du chapitre 11. 5. Le bilan est mitigé. Dans la perspective du modèle de la simultanéité, auquel j’adhère et qui me paraît être actuellement le seul valable pour l’exploration comparative historique des parlers romans, bien des passages du livre de Kiesler me paraissent manqués ou surannés. Il eût été préférable que l’auteur, au lieu de nous offrir une présentation latinocentrique, qui fait sans doute l’affaire de latinistes, mais pas celle des romanistes, choisisse une fois pour toutes un seul modèle, le bon, et l’applique systématiquement au latin vulgaire reconstruit ou à reconstruire, dans la perspective de la problématique qu’il est un des quelques romanistes actuels à avoir examinée. Vu les qualités réelles que cet auteur manifeste aussi dans ce livre et l’étendue de ses connaissances, l’entreprise esquissée ici à son intention est, je l’espère, à portée de la main, pour le plus grand bien des études romanes. Je lui souhaite bonne chance. Robert de Dardel ★ Martin-Dietrich Glessgen, Linguistique romane. Domaines et méthodes en linguistique française et romane, Paris (Armand Colin) 2007, 480 p. In den Stürmen der diversen Studien - und Universitätsreformen - ob unter dem Zeichen des «Bologna-Prozesses» oder den Schlägen einsparungserpichter Kultusminister - scheint sich die «gute, alte» Romanistik nicht schlecht zu behaupten; wenigstens, wenn es nach Menge und Qualität der explizit unter diesem Markenzeichen in den letzten zehn Jahren erschienenen Publikationen geht. Darunter stellen bekanntlich das im Jahr 2005 mit dem achten Band abgeschlossene Lexikon der romanistischen Linguistik (LRL) und die auf drei Bände geplante (und hic et nunc - 2007 - bereits in zwei Bänden vorliegende) Romanische Sprachgeschichte (RSG) die Flaggschiffe dar. Rund um diese beiden monumenta aere perenniora gruppiert sich aber seit geraumer Zeit eine erkleckliche Anzahl mehr oder weniger umfangreicher Einführungen (etc.) in alle oder ausgewählte Sektoren der romanischen Sprachwissenschaft (cf. p. 34-36), auf denen die akademische Vermittlung der romanischen Sprachwissenschaft - und da ganz besonders in den deutschsprachigen Ländern - im wahrsten Wortsinn gründet. Verf. hat nun den überaus lobenswerten und vorzüglich 212 Besprechungen - Comptes rendus gelungenen Versuch unternommen, auf den Spuren aller in der Nachfolge der bekannten Origini delle lingue neolatine von Carlo Tagliavini verfassten Romanistik-Einführungen eine enzyklopädisch angelegte Konzeption der zeitgenössischen romanischen Sprachwissenschaft zu entwerfen, an zwei verschiedenen Universitätsstandorten (Straßburg und Zürich) eigenverantwortlich im akademischen Unterricht zu testen und dazu schlussendlich das vorliegende Buch zu verfassen, das trotz seines Umfangs und seines unübersehbar hohen Anspruchs bezüglich Materialmenge und Methodendarstellung immer noch als ad usum Delphini geschrieben gelten darf. Doch wird es wohl anderen Lesern dieses hochinteressanten Buchs so wie dem Rezensenten gehen, der sich - das Buch nach erfolgter Lektüre hoch erfreut beiseite legend - unmittelbar darnach mit Sorgenfalten auf der Stirn die Frage gestellt hat, ob es wohl in den Hörsälen der «real existierenden» Universitäten von heute genügend Studierende geben wird, die imstande sind, die in den vorliegenden 480 Seiten vorgestellten wissenschaftlichen Landschaften nutzbringend zu durchwandern, gebührend zu verstehen und sich dementsprechend zu eigen zu machen. Das Buch besteht aus einem Einleitungskapitel («Partie introductive») und vier Hauptteilen («Parties»), in die 35 graphisch überaus geschickt gestaltete Schwarzweiß-Graphiken eingeflochten sind, die seinen Charakter als manuel in heuristisch günstiger Form unterstreichen. In der «Partie introductive» (15-36) werden die folgenden vier Thematiken in ebensoviel Unterkapiteln abgehandelt: La linguistique romane et la structure du manuel (15- 18), Le concept de «langue» (19-26), La linguistique devant la langue et la société (28-31) und Lectures proposées en linguistique romane (32-36). Verf. scheut dabei auch nicht vor der Evokation aktueller «heißer» Themen zurück wie z. B. der Frage nach dem «apport de la linguistique à la société» (29-30) oder jener nach den «dangers de la linguistique» (30-31). Bereits in diesem Abschnitt kommt ein wesentliches Konstituens des ganzen Buchs deutlich zum Vorschein, nämlich das nach Argumenten und bibliographischen Ratschlägen sehr großzügig bemessene Durchschreiten großer thematischer Landschaften, das einem aufmerksamen Leser (semper utriusque generis) durchaus eine gute Vorstellung von jenen Reichtümern vermitteln kann, die die «Linguistique romane» nach Stoff, Methode und Theorienvielfalt früher wie heute zu bieten vermochte bzw. dies noch immer tut. Der erste Hauptabschnitt (Première partie: Les langues et variétés romanes actuelles, 39- 110) ist vor allem der Darbietung von «Stoff» gewidmet und stellt einen ausführlichen und akkurat gestalteten Rundmarsch durch alle geo-, sozio- und pragmalinguistischen Ecken und Winkel der mit den Füßen erfahrbaren (Alten und Neuen) Romania dar. Die Unterkapitel lauten: L’identification des langues romanes (39-46), Le contact linguistique dans la Romania (47-53), Les espaces linguistiques traditionnels dans la «Romania continua» (54- 67), La classification des langues romanes (68-72) und L’étude variationnelle des langues romanes (73-110). Dabei bleibt wirklich kein auch nur entfernt in der romanischen Linguistik als kanonisch geltender Aspekt unberücksichtigt; dies betrifft vor allem das zuletzt zitierte Unterkapitel, worin Verf. - der ja ein vielfach ausgewiesener Fachmann für verschiedene Species von Variation ist - zwischen Sprachabstand, Sprachausbau, primären und sekundären Dialekten, Norm- und Prestigefragen, Textgenera in Syn- und Diachronie und sogar der Dialektometrie all das erwähnt, was ein variationserprobter bzw. -orientierter Nachwuchsromanist kennen bzw. wissen sollte. Ob man den zweiten Hauptabschnitt (Structures et histoire interne des langues romanes, 113-295) als die pièce de résistance des ganzen Buches bezeichnen soll, mag Geschmackssache sein. Hinsichtlich der Anzahl der dafür aufgewendeten Seiten trifft diese Qualifikation auf jeden Fall zu. Dieser einsichtigerweise dominant innerlinguistisch und methodisch ausgerichtete Abschnitt enthält die folgenden vier Unterkapitel: Cadre général (113-23), Phonétique/ phonologie et graphématique (124-65), Morphologie et syntaxe (166-225) und Lexicologie (226-95). Verf. entfaltet dabei durch die geschickte Verflechtung von Text, er- 213 Besprechungen - Comptes rendus klärenden Aufstellungen, Übersichten, Tabellen und bibliographischen Hinweisen sowie durch eine sich nie allzu langatmig gebärdende Diktion ein wirklich beachtens- und lobenswertes didaktisches Geschick. Dazu trägt ein verschiedene Schriftgrößen und -arten (Fett, Normal, Kursiv, Kapitälchen etc.) lese(r)freundlich kombinierendes Layout durchaus das Seine dazu bei. In der Darstellung innerlinguistischer Sachverhalte werden erneut durchgehend variationsspezifische Fakten und Methoden eingeblendet sowie dem sprechenden Beispiel (in der Gestalt einzelner Belegformen oder ganzer Sätze) der ihm gebührende Platz eingeräumt, so dass bei den Lesern an keiner Stelle der Gedanken aufkommen kann, dass die diskutierten Sachverhalte und Probleme anders als multifaktoriell zu betrachten und zu erklären seien. Die Auswahl der Beispiele bleibt auch hier der ganzen Romania (mit Einschluss des Rumänischen) verpflichtet. Die Menge und die Zusammenstellung der erklärten und präsentierten Fachtermini sollten einen Anfänger durchaus in die Lage versetzen, sich nach dem eingängigen Studium dieses Buchs unverzüglich an die Lektüre einschlägiger (französischer und auch anderer) Texte der Sekundärliteratur zu wagen. Der dritte Hauptabschnitt (Histoire externe des langues et variétés romanes, 299-385) stellt das «diachrone Herz» des ganzes Bandes dar und liefert eine wirklich spannend geschriebene bzw. (im guten Wortsinn) «erzählte» Geschichte der romanischen Sprachen von der Ausbreitung des Lateinischen bis heute. Die entsprechenden Unterkapitel lauten: Introduction (299-307), La base latine des langues romanes (VII e siècle av. J.-C.-V e siècle apr. J.-C.) (308-14), La genèse de la Romania (V e -X e siècles) (315-31), La Romania au Bas Moyen Âge (XI e -XV e siècles) (332-50), L’époque moderne (1500-fin du XIX e siècle) (351-71), L’époque contemporaine (1880-2000) (372-80) und Les apports de l’histoire externe (381- 82). Dabei werden den Lesern mit aller Deutlichkeit die sozio-kulturellen, demographischen, ökonomischen sowie allgemein-historischen Bedingtheiten des Werdens, Entstehens und Vergehens von Sprachen und Sprechern sowie von Texten und deren Produzenten vor Augen geführt. Erneut fällt die geschickte und kompetente Beibringung von (linguistischen, metalinguistischen sowie textlichen) Beispielen und historischen Begebenheiten sehr angenehm auf. Die vom Verf. getroffene Periodeneinteilung erscheint im Lichte seiner Argumentation plausibel, ganz abgesehen davon, dass die Dichte der just der Romanistik quer durch mehr als zwei Jahrtausende zur Verfügung stehenden Dokumentation diesbezüglichen Innovationen oder gar Spekulationen sowieso wenig Spielraum lässt. Der abschließende vierte Hauptabschnitt (Éléments méthodologiques et pratique de la recherche en linguistique romane, 385-452) repräsentiert eine Mischung aus methodischen Reflexionen und direkt an die Adresse der romanistischen Studienanfänger gerichteten Hinweisen, Ermahnungen und Warnungen, die sich würdig in die Reihe (und den Tenor) dessen einreihen, was man seinerseits bei H. Lausberg und G. Rohlfs auf den ersten Seiten von deren Einführungsbüchern lesen konnte. Diese Reflexionen des Verf. sind keineswegs nur aus der Perspektive der für Studierende bestimmten Propädeutik von Interesse, sondern stellen darüber hinaus forschungspolitische Wegmarkierungen dar, die angesichts des angeschnittenen Themas einer gesamthaft gesehenen romanischen Linguistik und vor dem Hintergrund der aktuellen hochschulpolitischen Allgemeinlage inner- und außerhalb des deutschen Sprachraums in der Tat hochwillkommen sind. Die Unterkapitel tragen die folgenden Überschriften: Méthodologie. Méthodologie et pratique de la recherche en linguistique (romane) (385-86), Philologie. Étude des sources pour l’histoire des idiomes romans (387-424), Éléments d’historiographie en linguistique romane (425-52). Im der Philologie bzw. - wie die Germanisten sagen würden - dem «Alten Fach» gewidmeten (zweiten) Unterkapitel entfaltet der diesbezügliche sehr erfahrene Verf. vor den Augen seiner jungen Leser die ganze Vielfalt der philologischen Arbeitsmittel und -methoden, von den Problemen der Paläographie und Diplomatik, über jene der Herausgabe und philologisch-editorischen Erschließung von Fachtexten bis hin zur Erstellung von Editionen mit den Mitteln 214 Besprechungen - Comptes rendus von EDV und Internet. Nicht nur für den Fachmann im nostalgischen Sinn «sympathisch», sondern für das Selbstverständnis der ganzen Disziplin notwendig bzw. nach bald zwei Jahrhunderten «Romanistik» unabdingbar ist das mit großem Engagement verfasste Unterkapitel über die Geschichte (res gestae) der romanischen Linguistik an sich. Den Lesern wird dabei anhand der Genese wichtiger Schlüsselbegriffe (wie linguiste, linguistique etc.) klargemacht, dass nicht nur die vordem in extenso vorgestellten romanischen Sprachen und deren Strukturen, sondern auch die darum bemühte Wissenschaft, also die romanische Linguistik, eine geschichtliche gewordene sowie nach Raum und Zeit diversifiziert abgelaufene bzw. ablaufende Tätigkeit ist. Damit ist sichergestellt, dass Namen wie Friedrich Diez, Graziadio Isaia Ascoli, Gustav Gröber oder Wilhelm Meyer-Lübke in die mémoire collective auch der jungen Romanisten beiderlei Geschlechts als kanonische bzw. eine spezifische corporate identity stiftende Entitäten eingeschrieben werden. Ein an Reflexionen reicher Abschlussparagraph (Épilogue: à quoi sert la linguistique (historique)? , 450-52) beschließt den argumentativen Teil dieses an sehr willkommenen Denkanstößen gewiss nicht armen Bandes. Es folgen eine (dreispaltig gestaltete) Bibliographie (453-62) mit rund vierhundert bibliographischen Referenzen, ein zweiteiliger Index (Index des notions, 463-69 und Index des noms, 470-72), eine Table des illustrations (473) und die Table des matières (474-80). Mit nicht geringem Vergnügen habe ich das elegante sowie dann und wann in sehr förderlicher Weise mit prägnanten Metaphern durchsetzte Französisch des (germanophonen) Verf. zur Kenntnis genommen. Hier noch, wie bei Rezensionen unvermeidlich, einige punktuelle An- und Bemerkungen in der Abfolge der Gesamtpaginatur: - p. 57: Das Frankoprovenzalische wird - neben Okzitanisch und Gaskognisch - als eine der vielen romanischen «langues» dargestellt und damit der Eindruck erzeugt, als hätte es unter diesem Namen auch außerhalb der klassifikatorischen Konzeptionen der Linguisten eine reale (und vor allem von seinen Sprechern sub hoc nomine und sub specie unitatis erfahrene bzw. wahrgenommene) Existenz (gehabt). Tatsache ist jedoch, dass das auf G. I. Ascoli (1874) zurückgehende Konzept franco-provenzale sich inhaltlich und terminologisch exklusiv in der Gedankenwelt der Linguisten entfaltet hat und dort auch sehr gut verwenden lässt, sich jedoch in der «realenWelt» - worunter dieWelt der locuteurs réels dans la rue zu verstehen ist - nie verwurzeln konnte bzw. dort auch historisch nicht verankert war. Mit einer sprachpolitisch induzierten und - historisch gesehen - jungen Ausnahme: Aostatal. Dort hat der Terminus francoprovençal im Zuge der Entwicklung der seit 1945 bestehenden lokalen Autonomie eine gewisse Popularität und allgemeine Bekanntheit erreicht. Die vom großen Frankoprovenzalisten Gaston Tuaillon mehrfach vorgebrachte Defensio des Frankoprovenzalischen als langue (mineure) mit eigener Geschichte, Literatur und sozialer Verankerung muss als regionalpatriotisch induziert betrachtet werden. Eine mit dem Aostatal vergleichbare Situation mag heute auch in einigen Hochtälern des Schweizer Kantons Wallis vorliegen, wo der dort noch intergenerationell weitergegebene Patois frankoprovenzalischen Typs sich einer besonderen Aufmerksamkeit vonseiten der Sprecher und darum bemühter Linguisten erfreut. Siehe dazu Rezensent: «Sprachpolitik: auch für und mit Geisterbzw. Traumsprachen? », Sociolinguistica 16 (2002): 49-63. - p. 59: Die unteritalienische Gräzität in Kalabrien und Apulien soll auf byzantinische Einwanderungen nach dem Fall Konstantinopels (1453) zurückgehen. Das halte ich im Lichte der vorhandenen philologischen Forschungen und auch der Geschichte Unteritaliens sowie des Byzantinischen Reiches für völlig unwahrscheinlich. Die (schon ältere) Idee der laufenden Auffrischung antiker griechischer Siedlungsimplantate durch byzantinische Immigranten ist sicher richtig, muss sich aber historisch auf die Zeit zwischen Kaiser Justinian (527- 215 Besprechungen - Comptes rendus 65) und dem endgültigen Rückzug von Byzanz aus Unteritalien in der Folge der normannischen Eroberung (Mitte des 11. Jahrhundert) und somit auf eine Periode beziehen, in der Byzanz in imperialerAbsicht in Süditalien expansiv werden konnte.Die unmittelbar vor und nach 1453 von Byzanz ausgehenden Flüchtlingsströme betrafen eher soziale Oberbzw. Bildungsschichten und führten in urbane Zentren West- und Mittel-Europas. - p. 62 (a): Mit Blick auf die drei Blöcke des Rätoromanischen (Bündnerromanisch, Dolomitenladinisch und Friaulisch): «Dans le passé, des linguistes ont supposé pour cela une ancienne unité linguistique entre ces trois idiomes et établi un lien avec la population antique des Rhètes (d’où le nom de ‹rhéto-roman› appliqué aux trois langues); . . . ». In der Tat handelt es sich hier um eine sehr komplexe Thematik und es ist auch fraglich, ob deren differenziertere Behandlung überhaupt in ein Einführungsbuch hineinpasst. Da aber Verf. in diesem manuel auch ganz explizit die Geschichtlichkeit der romanistischen Linguistik-Forschung thematisiert, seien dem (mit der angeschnittenen Frage sehr gut vertrauten) Rezensenten einige einschlägige Bemerkungen gestattet. Zunächst ist nichts gegen die Darstellung des Verf. einzuwenden. Sie trifft den Kern dessen, was man dazu heute vielerorts lesen kann. Zum anderen soll aber sogleich festgestellt werden, dass die Entwicklung der ganzen Thematik seit den 1880-er Jahren bis heute ein hochinteressantes Lehrstück einer genuinen wissenschaftlichen Mythogenese darstellt. Mythen sind aber bekanntlich das Resultat von gewollt-ungewollten Verwechslungen, der Interferenz von echtem mit Halb- und Scheinwissen sowie von Unterstellungen und Missverständnissen. Die oben angesprochene unité, die in diesem Kontext auf deutsch wohl «Einheitlichkeit» bedeutet und damit eine Eigenschaft («Kohärenz») bezeichnen soll, wurde 1873 von G. I. Ascoli - unter Verwendung klar erkennbarer älterer Klassifikationsmethoden - in der Form unità mit der (logisch und klassifikationstheoretisch in eine ganz andere Richtung weisenden) Bedeutung einer «(Sprach)Gruppe» (über deren innere Variabilität dabei aber nichts ausgesagt wurde) in die Welt gesetzt und in weiterer Folge (v. a. ab der Jahrhundertwende) nicht mehr in ihrer originalen Intention wahrgenommen und damit fehlgedeutet. Es entstand damit etwas, was im wissenschaftshistorischen Rückblick sprachlich salopp (aber faktisch sehr zutreffend) als «Kuddelmuddel» bezeichnet werden kann. Die Sache mit den Rätern betrifft den von Th. Gartner 1883 auf das Titelblatt seiner «Raetoromanischen Grammatik» gesetzten Sprachengruppen-Namen, der zu diesem Zeitpunkt vor allem bei Schweizer Autoren eine schon 100-jährige Tradition hatte und mit der von Gartner intendierten Bedeutung bereits seit 1866 von niemand Geringerem als Hugo Schuchardt geläufig verwendet wurde. Gartner rechtfertigte seine Terminologiewahl 1883 in ganz wenigen Sätzen nicht mit Volk und Sprache der alten Räter, sondern mit der räumlichen Quasi-Koinzidenz des von ihm untersuchten Raumes mit der großflächigen römischen Provinz Raetia. Bezüglich dieser räumlichen Quasi-Koinzidenz wurde G. in der Folge von C. Battisti (und Co.) heftig kritisiert, worauf er 1910 - erneut in wenigen Sätzen - auf den Terminologie- und nicht Erklärungscharakter seiner Wortschöpfung hinwies und zugab, dass die alte Römerprovinz Raetia - was man in jedem der damals schon sehr zahlreichen Geschichtsatlanten deutlich sehen konnte - wirklich nur (vor allem, was die Geographie des Friaulischen betrifft) eine Quasi-Koinzidenz mit dem gesamten Verbreitungsgebiet des Bündnerromanischen, Dolomitenladinischen und Friaulischen hatte. Zusätzlich kann man in demselben Buch (Handbuch der rätoromanischen Sprache und Literatur 8) lesen, dass sich Gartner die Entwicklung des lokalen Vulgärlateins in dieser Gegend nicht anders als in Gallien vorstellt, nämlich, dass die lokalen Bevölkerungen (Gallier, Räter etc.) das von ihnen übernommene Vulgärlatein nach ihren eigenen Aussprache(etc.)prinzipien abgeändert hätten. Diese Auffassung von Gartner entsprach damit voll und ganz den damals inter- 216 Besprechungen - Comptes rendus national zur Substrat-Frage üblichen Meinungstrends und auch dem, was ich heute (2007) für die wahrscheinlichste (und «unschuldigste») aller Hypothesen zum Kontakt zwischen autochthonen und siegreich importierten Sprachen halte. Das hat aber nicht gehindert, dass man - vor allem aus der Feder italienischer Kollegen (von deren Deutschkenntnissen ich aber keine sichere Kunde habe) - bis heute immer wieder liest, dass Th. Gartner die drei zentralalpinen Idiome zu Fortsetzern des alten Rätischen (sic) und die Sprecher dieser Idiome zu Abkömmlingen des (als [natürlich] einheitlich gedachten: siehe oben unter unità [sic]) Volkes der Räter erklärt habe. Ich selber gehe diesen Fehlmeinungen seit rund einem Vierteljahrhundert anhand aller verfügbaren Quellen nach und habe dazu - abgesehen von zahlreichen Vorträgen auf Deutsch und Italienisch und vielen privaten Briefen (mit zahlreichen kopierten Beilagen aus den Quellen) an die Protagonisten dieser Mythen - einiges in den beiden Sprachen publiziert. Dennoch muss ich feststellen, dass sich in dieser Causa keine Fortschritte im Sinne einer Aufklärung feststellen lassen. Ich konnte jüngst in einer in Padua und Venedig erarbeiteten (und darnach veröffentlichten) Dissertation eine eindeutig auf mangelnden Deutschkenntnissen beruhende diesbezügliche Fehlübersetzung (und natürlich -deutung) der erwähnten Passage von Th. Gartner dingfest machen: siehe dazu Mondo ladino 29 (2005): 215-18 (Besprechung von: I. Sandri: Tratti ladini nella parlata della Val di Non, Mori 2003). Quintessenz, auch an die Adresse der jungen Leser dieses manuel: Mythen sind zäh und 25 Jahre zählen in der Geschichte einer großen Disziplin wie der Romanistik so gut wie «gar nichts». - p. 62 (b): Zum Bündnerromanischen, Dolomitenladinischen und Friaulischen wird behauptet, dass «La science est convaincue aujourd’hui de l’autonomie génétique des trois langues des Alpes orientales, même si leur ressemblances internes et externes permettent un regroupement phénoménologique». Beim Reden und Denken über Klassifikationen spielt der sprachkritische Einsatz der dabei verwendeten Begriffe eine große Rolle. Das ist eine allgemein-wissenschaftliche Erfahrung, die sich leider bis zu den Linguisten noch nicht durchgesprochen hat. So sind der Begriff und das (hier noch dazu hinsichtlich seines quantitativen Umfangs unabgetönt verwendete) Wort Autonomie für die Darstellung von klassifikatorischen Sachverhalten völlig ungeeignet, und erst recht von solchen, die sich auf eine von (allgegenwärtiger, aber quantitativ und qualitativ ungemein variabel abgestufter) Kohärenz und Interaktion gekennzeichnete Sprachlandschaft wie die Romania beziehen. Im übrigen zählt Rezensent zu denjenigen, die - mit guten und mehrfach mitgeteilten Gründen - von der oben zitierten Feststellung gar nicht convaincu(s) sind. - p. 62 (c): Terminologisch [im Einklang mit den französischen Handbüchern von E. Bourciez und P. Bec]: Basse- und Haute-Engadine sowie sur- und subsilvain statt Engadin inférieur und supérieur (61) sowie statt surselvain und sutselvain (62). - p. 84-85: Die zwei dort präsentierten, aus der Werkstatt des Rezensenten stammenden dialektometrischen Karten zur Galloromania sind das (sekundäre) Resultat zweier dendrographischer Analyse aller 638 Ortsdialekte des ALF, deren primärer heuristischer Ertrag jeweils ein komplex verzweigter (Stamm)Baum ist. Diese beiden Stammbäume sollten die Leser aber auch vor Augen haben, um den eminent hierarchischen Aussagewert der beiden Karten verstehen zu können. Die auf den beiden Karten sichtbaren (und mit Buchstaben gekennzeichneten) Teilflächen stehen nämlich zueinander nicht in einer pari-passu-Relation, sondern befinden sich auf verschiedenen Hierarchie-Ebenen des dazugehörenden Klassifikations-Baumes. Siehe dazu Rez., Estudis Romànics 25 (2003): 116-19 (davon Bäume: 116 und 118). 217 Besprechungen - Comptes rendus - p. 87: Verf. erwähnt mit Bedauern das (unbestreitbare) Faktum, dass die weit überwiegende Mehrzahl der derzeit existierenden romanischen Sprachatlanten viel zu wenig ausgewertet und beachtet wurden bzw. werden. Damit hat Verf. voll ins Schwarze getroffen. Als Autor, Benützer und auch Auswerter (sowie vielfacher Besitzer) von Sprachatlanten dankt der Rezensent dem Verf. sehr für diese Feststellung. - p. 89: Es werden die Vorzüge des ALF besprochen. Hier ist ganz unbedingt das folgende, schon 2005 erschienene Buch nachzutragen: G. Brun-Trigaud/ Y. Le Berre/ J. Le Dû, Lectures de l’Atlas linguistique de la France de Gilliéron et Edmont. Du temps dans l’espace. Essai d’interprétation des cartes de l’Atlas linguistique de la France de Jules Gilliéron et Edmond Edmont augmenté de quelques cartes de l’Atlas linguistique de la Basse- Bretagne de Pierre Le Roux, Paris. Dieses (großformatig und - was die Verwendung von Farbdruck betrifft - auch sonst sehr großzügig gedruckte) Buch zeigt anhand von mehr als 500 (! ) färbigen (! ) Diskussionen von das Gesamtnetz umfassenden Karten des ALF auf, welche dia- und synchronen Einblicke in die Geschichte und Struktur der Galloromania mit dieser wunderbaren Datenquelle möglich sind. Zudem hat dieses Buch einen eminent leser- und auch studentenfreundlichen Charakter, so dass es in jeder romanistischen Instituts- oder Seminarbibliothek eigentlich unmittelbar neben den ALF-Bänden aufgestellt gehört. - p. 317: Es wird unterstellt, dass das knapp vor 900 n. Chr. mit den Magyaren (Ungarn) nach Pannonien importierte Magyarische (hongrois) durch den Zusammenbruch des Römerreiches (allerspätestens 476 n. Chr.) als ancienne langue (! ) gegenüber dem fortan sozial geschwächten Lateinischen wieder Oberwasser ([reprendre] le dessus) bekommen hätte. Da ist historisch einiges durcheinandergekommen: Beim Zusammenbruch des Römerherrschaft in Pannonien gab es dort noch gar kein hongrois! Im übrigen ist sehr fraglich, ob die Magyaren bei ihrer pannonischen Landnahme überhaupt noch auf nennenswerte Reste eines «normal» gesprochenen Lateinischen oder Romanischen gestoßen sind. Immerhin hat dieser Raum seit dem 4.-5. Jahrhundert n. Chr. zahlreiche (und dabei demographisch sehr stürmisch verlaufene) Herrschaftswechsel erlebt. - p. 378: Zur Rolle des abbé Grégoire: «Celui-ci inventoria, à l’aube des régimes postrévolutionnaires, les dialectes de France, préparant paradoxalement leur anéantissement». Hätte Verf. statt paradoxalement schlichtweg de ce fait geschrieben, hätte sich jeder Einwand erübrigt. Was der sich selbst immer als anthropophile sehende abbé Henri Grégoire (1750-1831) zwischen 1790 und 1794 mit seiner berühmten Enquête getan hat, folgte einer überaus zweischneidigen prozeduralen Logik, die seit damals (mit z. T. mörderischen Konsequenzen) immer wieder ins Werk gesetzt wurde: etwas vorher dokumentieren und damit allseits sichtbar machen, um es nachher umso zielsicherer bekämpfen (und vernichten) zu können. An der Aktion Grégoires haftete also nichts «Paradoxes», sondern vielmehr war alles (= zuerst flächendeckende Enquête und dann Kampf gegen die patois) sehr klar und konsequent geplant bzw. gewollt. - p. 373: Verf. übersetzt den auf den deutschen Sprachsoziologen Heinz Kloss zurückgehenden Begriff «Abstandsprache» mit langue écart. Die Kloss’sche (sehr metaphernmächtige) Terminologie wurde seit den 80-er Jahren des letzten Jahrhunderts vom kroatischen Romanisten Íarko Muljaciú schrittweise romanisiert. Muljaciú hat dabei für «Abstandsprache» den Begriff langue par distanciation kreiert, der den Vorteil hat, auf den international leicht erkenn- und transferierbaren Latinismus «Distanz» zu rekurrieren und durch die (faktitive) Wortbildung (-ation) auch die (soziale) Machbzw. Wandelbarkeit der sprachlichen distance(s) zu suggerieren. 218 Besprechungen - Comptes rendus - p. 433: Verf. qualifiziert die beiden Dialektologen G. I. Ascoli und J. Gilliéron persönlich als ladin (Ascoli) und als francoprovençal (Gilliéron). Das ist in beiden Fällen - autobiographisch gesehen 1 - völlig unzulässig bzw. irreführend. Doch können all diese Monita nichts am absolut positiven Gesamteindruck dieses Buches ändern, dem eine rasche und zugleich weite Verbreitung in der Welt der Linguistique romane zu wünschen ist, und zwar inner- und auch außerhalb des französischen (und deutschen) Universitäts- und Sprachraums. Hans Goebl ★ Wolfgang Pöckl/ Franz Rainer/ Bernhard Pöll, Introducción a la lingüística románica, versión española de Fernando Sánchez Miret, Madrid (Gredos) 2004, 311 p. Este libro es la traducción española de la tercera edición reelaborada y con la inclusión de un tercer autor, Bernhard Pöll, de la Einführung in die romanische Sprachwissenschaft, publicada por primera vez por Wolfgang Pöckl y Franz Rainer en 1990. La segunda edición con meras correciones tipográficas apareció en 1994 y la tercera edición, base de la traducción, data de 2003. La traducción adapta los ejemplos y los ejercicios para un público de lengua castellana. Por motivo de consideraciones prácticas, el traductor Sánchez Miret incluye en la bibliografía recomendada y en los ejercicios sólo títulos en castellano. Desde la primera edición de 1990, la concepción general del libro no ha cambiado: el manual consta de trece capítulos y cada capítulo está dividido en tres partes. La primera parte se dedica a problemas metodológicos elementales o a aspectos de las técnicas de trabajo. La segunda parte de cada capítulo analiza una rama de la lingüística. La tercera parte presenta las distintas lenguas románicas. De esta forma el manual trata los temas siguientes: 1. Introducción, Fonética, Fragmentación de las lenguas romances. 2. Historia de la lingüística románica, Cambio lingüístico, Formación de la lenguas romances. 3. Tipos de publicaciones científicas, Etimología e historia de las palabras, Presentación de las lenguas (1): el latín. 4. Búsqueda de bibliografía (I): convencional, Geografía lingüística, Presentación de las lenguas (2): el rumano. 5. Búsqueda de bibliografía (II): electrónica, Semiótica, Pre- 219 Besprechungen - Comptes rendus 1 G. I. Ascoli stammte zwar aus Görz (*1829) und damit aus einer Gegend, die - nach dem Ausweis einer von ihm selbst im Jahr 1873 verfertigten Karte - als zona ladina bezeichnet wurde, war aber Mitglied einer alteingesessenen jüdischen Fabrikantenfamilie mit ganz deutlich artikulierten italo-patriotischen (und zugleich habsburg-kritischen) Neigungen. Von Ascoli existieren zahlreiche autobiographisch verwertbare Stellungnahmen - auch in der Form von Briefen - die nichts anderes zulassen, als für ihn die Qualifikation linguiste italien vorzusehen. J. Gilliéron wiederum wurde 1854 in La Neuveville am Nordufer des Bielersees geboren, wo einerseits die deutsch-französische Sprachgrenze verläuft und andererseits das lokale Romanische bereits viel mehr freigrafschaftliches (bzw. ostfranzösisches) als genuin frankoprovenzalisches Gepräge zeigt. Außerdem war Gilliéron lebenslang ein erklärter Gegner der ascolischen Lehre von den durch particolar combinazione erzeugten Geotypen wie Ladinisch (ladino) oder Frankoprovenzalisch (franco-provenzale). So hat er sich zwar ausgiebig mit frankoprovenzalischem Dialektmaterial beschäftigt, diesen Ausdruck aber in seinem ganzen Oeuvre nie verwendet und auch nie die von Ascoli postulierte Existenz einer geographisch klar definierbaren Großgruppe Frankoprovenzalisch akzeptiert. Und dann ist noch festzuhalten, dass Gilliéron seine Schweizer Staatsbürgerschaft bald nach dem Beginn seiner Lehrtätigkeit an der Pariser École Pratique des Hautes Études (und zwar im Jahr 1886) aufgegeben und an ihrer Statt die französische angenommen hat. Dies und sein in weiterer Folge zur universitären Elite von Paris (v. a. zu G. Paris und P. Meyer) unterhaltenes Nahverhältnis lassen eigentlich keine andere Qualifikation für Gilliéron als linguiste français zu. sentación de las lenguas (3): el italiano. 6. Preparación de un trabajo, Fonología, Presentación de las lenguas (4): el sardo. 7. Cita y plagio, Ortografía, Presentación de las lenguas (5): el retorromance. 8. El lenguaje técnico de la lingüística, Morfología, Presentación de las lenguas (6): el francés. 9. Teorías, hipótesis y definiciones, Sintaxis, Presentación de las lenguas (7): el occitano. 10. Diccionarios (I): diccionarios generales/ monolingües, Semántica, Presentación de las lenguas (8): el catalán. 11. Diccionarios (II): diccionarios bilingües, Pragmática, Presentación de las lenguas (9): el castellano. 12. Gramáticas, Lingüística textual, Presentación de las lenguas (10): el portugués y el gallego. 13. Corpus, Adquisición de una segunda lengua, Presentación de las lenguas (11): lenguas criollas (el papamiento). Siguen una bibliografía y un índice temático muy valioso. Comparado con la primera edición de 1990 el manual de 2003 (y asimismo su versión española) ha mejorado notablemente. Esto no concierne sólo a las innovaciones que surgieron durante estos trece años en cuanto al uso de los instrumentos de trabajo eléctronicos que fueron añadidos en las partes sobre las técnicas de trabajo sino también a los nuevos desarrollos en la lingüística. Podemos encontrar también mejoras en los temas «tradicionales»: p. e. la parte sobre la fonética contrastiva (acento extranjero y fonotáctica, prosodia y entonación como diferencias entre las lenguas romances) fue integrada en el capítulo sobre la fonética que antes constituía un capítulo separado. En el capítulo 2.1. sobre la Historia de la lingüística románica surge la concepción necesaria del «cambio de paradigma», que antes no se trataba. Pero esta noción desgraciadamente no tiene ninguna consecuencia en lo que sigue: los autores siguen hablando de siete fases en el desarrollo de la lingüística (Prehistoria, Fundación de la lingüística en el siglo xix, Lingüística neogramática, Lingüística idealista, Lingüística estructuralista, Gramática generativa, Situación actual). Operando con el concepto de paradigma (introducido por Thomas Kuhn en la teoría de las ciencias) estas siete fases marcan por lo menos tres cambios de paradigma: Primer paradigma: fase 1, segundo paradigma: fases 2-4, tercer paradigma fase 5, cuarto paradigma: fase 7 (cf. ya L. Renzi, Einführung in die Sprachwissenschaft, Tübingen 1980: 3s.). No se mejoró la presentación del «Préstamo», que sigue siendo discutido bajo el título Etimología (cap. 3.2.). Se refiere al esquema de Betz ya superado. Hoy está muy claro (lo demuestran las publicaciones correspondientes) que la Lehnschöpfung, la creación, no tiene nada que ver con los préstamos, porque en la Lehnschöpfung faltan dos condiciones importantes que constituyen la definición de un préstamo: el bilingüísmo y las dos caras del signo lingüístico que entran en juego. La Lehnschöpfung es una creación intralingüística es decir se forma dentro de un sistema. P. e. el sustituto español mercadeo para el anglicismo marketing, también existente en español, se creó partiendo del concepto (¡no de la forma! ), sobre el modelo de mercado. Esta manera de proceder es la privilegiada por los puristas a la hora de crear nuevos terminos para sustituir anglicismos «innecesarios», como hacen en Francia las comisiones ministeriales y en España los autores de los «libros de estilo» (cf. p. e. P. Braselmann, Sprachpolitik und Sprachbewusstsein in Frankreich heute, Tübingen 1999). El hecho de que en la edición de 1994 todavía no se mencione la ley francesa, la Loi Toubon de 1994, en el subcapítulo Normalización y cultivo de la lengua (8.3.2.) del capítulo sobre el «Francés» es comprensible. Pero no se puede entender por qué no se cita la ley de 1975, la Loi Bas-Lauriol que ya en esta época estaba en vigor. Esta ley precedente a la ley de 1994 tampoco es mencionada en la versión de 2003. Centrémonos ahora en la traducción misma. En general, se trata aquí de una transposición muy cuidada. El traductor trabaja con prudencia y sensibilidad incluso en los ejemplos muchas veces no fáciles de adaptar. Se puede hacer algunas anotaciones sólo a los casos siguientes: La palabra alemana Sprachskizze me parece muy acertada para describir lenguas diferentes. Sánchez Mirez la traduce prolijamente como Presentación de las lenguas en vez de Boceto de las lenguas simplemente. En el segundo capítulo que trata de aspectos histó- 220 Besprechungen - Comptes rendus ricos encontramos la traducción tratado incompleto refiriéndose a la obra dantesca De vulgari eloquentia (38) lo que en el texto alemán es Dantes (unvollendete) Abhandlung (2003: 19). Aquí parecería más adecuado el uso de la palabra inacabado, a saber, no sólo concerniente a unvollendet sino también al hecho histórico de la obra de Dante. Del mismo modo se dice «Virgilio dejó su Eneida inacabada» (cf. Pequeño Larousse, Barcelona 1975, s. inacabado). En el mismo capítulo la versión original habla de la fase 1 antes de la fundación de la Romanística en el siglo xix con Friedrich Diez (fase 2): «Daher hat auch die romanische Sprachwissenschaft, die sich . . . im zweiten Viertel des 19. Jahrhunderts konstituierte, eine lange und mit vielen bekannten Namen bestückte Vorbzw. Frühgeschichte» (2003: 19). Esta formulación refleja de forma conveniente el estándar de la discusión actual introducido por Lorenzo Renzi (Einführung in die romanische Sprachwissenschaft, Tübingen 1980) y Hans-Martin Gauger («Vor- oder Frühgeschichte? », in: W. Dahmen et al., Zur Geschichte der Grammatiken romanischer Sprachen, Tübingen 1991: 23-39) que diferencian entre Vorgeschichte/ Vorwissenschaft (época antes de la fundación de la ciencia, es decir época de prehistoria) y Frühgeschichte/ Frühwissenschaft (época protohistórica) como interpretación de la época hasta el siglo xix: ¿Pertenecen las ideas de autores como Dante, Nebrija y otros a la época que ya no se puede denominar científica (Vorwissenschaft) o más bien dan ellas las coordenadas para lo que sigue en la ciencia (Frühwissenschaft)? La traducción habla simplemente de «la larga prehistoria» (37) y suprime así la segunda parte de la formulación doble Vorbzw. Frühgeschichte. De todos modos, operando con la concepción de paradigma (cf. arriba) y hablando así de la época anterior al siglo xix del primer paradigma, esta época se caracteriza sin duda como Frühgeschichte. El uso del anglicismo líder en la formulación «El líder de la lingüística idealista alemana, Karl Vossler . . . » (41) para traducir «der Wortführer» (2003: 21) evoca connotaciones inconvenientes e inexistentes en la palabra alemana. En esta ocasión quiero mencionar el tratamiento de la «connotación» en el capítulo sobre «Semántica». Ya hace mucho tiempo que se sabe en la lingüística que con la «connotación» no se trata de algunos fenómenos subjetivos llamados anteriormente emocionales, sino de signos connotativos como indicadores des distintos niveles de la lengua, p. e. variantes regionales, sociales (cf. p. e. B. Garza Cuarón, La connotación: problemas del significado, México 1978). Por lo menos la versión alemana la define como «eventuell vorhandene überindividuelle emotionale Nuancen» (2003: 137). La traducción dice « . . . con el término connotación nos referimos a los eventuales matices emocionales» suprimiendo überindividuell que es muy importante y que podría ser traducido muy bien por supraindividual. Podríamos preguntarnos por qué «nonverbale Kommunikation» (2003: 71) se traduce como «comunicación no lingüística» (114) y no como «comunicación no verbal» que a mi modo de ver resulta más justificado.Además de esto, traducir «pragmatische Wende» (2003: 23, 165), que sucedió en los años setenta, con el concepto de que hablar no consiste sólo en activar unas reglas gramaticales, sino que es también una forma de interacción social - es decir con el paso de un análisis que se centraba exclusivamente en las estructuras abstractas a un análisis que situaba a la lengua en al ámbito social - como «revolución pragmática» (44, 240) exagera considerando el hecho histórico y sus consecuencias para la lingüística. Un término como «cambio prágmatico» o algo parecido parece interpretar mejor la versión alemana. La «revolución pragmática» no figura en el índice, mientras que «pragmatische Wende» forma parte del índice alemán. Para terminar algunas observaciones sobre el campo de los préstamos: en el esquema 5 (2003: 41), Lehnwortschatz tiene que ser traducido aquí como elemento léxico prestado [extranjerismo] y no como préstamo (74), ya que hay dos elementos bajo esta categoría: los extranjerismos (no asimilados) y los préstamos (asimilados). En la versión alemana estos últimos son marcados como «i. e. Sinne» lo que falta en la traducción. Lehnprägung puede 221 Besprechungen - Comptes rendus ser un calco, pero de ningún modo un préstamo semántico (error ya en la versión alemana), lo que significa Lehnbedeutung y que forma parte de los calcos. En consecuencia, si se acepta calco como concepto más amplio, Lehnbildung tiene que ser calco estructural (en oposición a calco semántico/ préstamo semántico). En la versión alemana Wolkenkratzer ( skyscraper) es el ejemplo de la Lehnübertragung, la transmisión libre (mejor: traducción cuasi literal, porque si la forma estuviera «libre», se trataría de la creación [Lehnschöpfung]), de la Lehnübersetzung, la traducción (mejor: traducción literal), Mitlaut ( Konsonant). Sánchez Miret no aprovecha la ocasión de tomar el mismo ejemplo: la forma española de sky-scraper es rascacielos, lo que figura en la categoría de las traducciones literales (Lehnübersetzung). Lo mismo vale para el ejemplo del préstamo semántico: el sentido prestado en realisieren (ejemplo en la versión alemana) existe también en realizar (y por lo demás en réaliser en francés). El traductor da aquí ejemplos no muy convincentes: manifestación y jugar un papel. En manifestación no se nota ningún sentido prestado y jugar un papel es a lo sumo un calco sintáctico del francés jouer un rôle o sea del inglés to play a role. Para concluir, a pesar de algunas consideraciones críticas, este manual es un compendio muy avanzado tanto en alemán como en español. Da una primera orientación de lo que se hace en la lingüística románica en distintos aspectos: histórico-sincrónico, teórico-práctico y empírico. Se puede recomendar su lectura sin restricciones. Petra Braselmann ★ Giampaolo Salvi, La formazione della struttura di frase romanza. Ordine delle parole e clitici dal latino alle lingue romanze antiche,Tübingen (Niemeyer) 2004, viii + 228 p. (Beihefte zur Zeitschrift für Romanische Philologie 323) Giampaolo Salvi, ticinese, docente nell’Università Eötvös Loránd di Budapest, allievo a Padova di Lorenzo Renzi, si raccomandava anche ad un pubblico di non specialisti per la condirezione della Grammatica essenziale di riferimento della lingua italiana, G. Salvi/ L. Vanelli (ed.), Firenze 1992, e per la limpida parte nella Grande Grammatica Italiana di consultazione, L. Renzi (ed.), Bologna 1988. La Premessa dichiara subito l’obbiettivo del lavoro che è «studiare i meccanismi del cambiamento diacronico della struttura di frase fra latino classico e lingue romanze antiche e . . . individuare le cause di questo cambiamento» (1), e la consapevolezza che «gli argomenti qui affrontati possono avere una certa rilevanza per la teoria della linguistica, sia diacronica che sincronica» (1). La grande formalizzazione del discorso, che potrebbe sembrare ostica ad un primo approccio, propone in realtà un percorso estremamente chiaro: ogni passaggio è spiegato accuratamente, ci sono dei paragrafi riassuntivi e si realizza insomma il raro connubio di una matrice di tipo logico-formalizzato con la sensibilità per un tipo particolare di dati storici, quali sono quelli sui quali lavora la linguistica quando affronta le cosiddette Origini romanze. Il libro è strutturato in sei capitoli. Dopo una Premessa e Apparato teorico formale (1-10), il primo capitolo (I. Introduzione: 11-40) esamina l’ordine delle parole, la posizione dei clitici e l’espressione del soggetto nelle frasi delle lingue romanze antiche. I tre elementi sono trattati in paragrafi distinti: dal punto di vista delle I.2 Ipotesi esplicative (17-29), della I.3 Formulazione dei problemi (29-32) e dei I.4 Problemi di teoria e di metodo (32-38). Già questa struttura merita di essere sottolineata perché si articola secondo una scaletta che va dalla storia delle ipotesi esplicative, ai problemi, per arrivare infine al metodo. È il percorso, onesto, consapevole ed esigente, della relazione scientifica che intercorre tra la descrizione e la spiegazione di un fenomeno linguistico. Il passaggio dall’analisi dei dati al problema 222 Besprechungen - Comptes rendus teorico della diacronia si carica nelle lingue romanze di una fattispecie storica e filologica (le Origini) che aggrava il ben noto divario tra lingua parlata e lingua scritta, e impone il proprio metodo. Così scrive Salvi: «Da questo punto di vista i secoli che precedettero l’apparizione dei primi testi volgari, presentano il massimo divario tra codice parlato e codice scritto e l’inizio delle scriptae romanze rappresenta una chiara rottura di tradizione quale non si ritroverà più nei secoli successivi. Così le origini romanze rappresentano un discrimine anche dal punto di vista dei metodi che si possono utilizzare nello studio di questa evoluzione: se infatti l’evoluzione ulteriore può essere seguita in base ad alcune testimonianze, per alcune varietà, quasi ininterrotta e, bene o male, relativamente omogenea, l’evoluzione anteriore, che costituisce l’oggetto principale di questo studio, può essere solo ricostruita per via di ipotesi basate sul punto di partenza (il latino classico), su quello di arrivo (le lingue romanze antiche, appunto) e sugli indizi molto indiretti che ci forniscono dei testi che sono stati scritti con l’intenzione di perpetuare il modello classico, ma che per nostra fortuna, in alcuni casi, lo fanno solo molto imperfettamente» (11). Il secondo capitolo, II. L’ordine delle parole in latino (41-64), descrive dettagliatamente i fenomeni dell’ordine delle parole in latino e ipotizza una struttura di frase in termini generativi, che possa spiegare i fatti osservati e possa servire per l’evoluzione successiva. Si distingue prima di tutto tra un II.1.1 Ordine non marcato (43s.) e una serie di II.1.2 Ordini marcati (45-55), nel dettaglio: II.1.2.1 Ordine . . .VX (45-49), II.1.2.2 Periferia sinistra (49), II.1.2.3 Focalizzazione (50), II.1.2.4 Frasi a verbo iniziale (50s.), II.1.2.5 Verbo in posizione Wackernagel (52), II.1.2.6 L’inizio delle subordinate (53). Tanto questa trattazione che quella in cui si presenta II.2 Un’ipotesi sulla struttura di frase del latino (55-62) sono chiuse da due utilissime ricapitolazioni, Riassunto (52 e 62). Il terzo capitolo, III. La formazione dell’ordine delle parole nelle lingue romanze antiche (65-122), descrive i principali fenomeni dell’ordine delle parole e si divide nelle seguenti parti: III.1 La struttura di frase delle lingue romanze antiche (65-90) in cui l’autore individua due grammatiche in concorrenza, una innovativa a Verbo Secondo e un’altra con caratteristiche più simili a quelle del latino; III.2 Il cambiamento della struttura di frase fra latino classico e lingue romanze antiche (91-97) che ipotizza nelle strutture latine a verbo iniziale il punto di partenza dell’evoluzione diacronica; III.3 La testimonianza del latino tardo e volgare (98-116) che raccoglie per una verifica i dati da testi latini tardi e volgari. Chiude il paragrafo intitolato III.4 L’ipotesi comparativo-ricostruttiva di Dardel (117-22) che propone un confronto con l’ipotesi ricostruttiva presentata da questo studioso in vari lavori. Con il quarto capitolo, IV. Dai pronomi deboli del latino ai pronomi clitici delle lingue romanze antiche (123-76), si affronta il secondo argomento del titolo generale del libro. I paragrafi descrivono ordinatamente una sintassi delle parole deboli in latino (IV.1 La posizione dei pronomi in latino: 123-51), una sintassi dei clitici nelle lingue romanze antiche (IV.2 La posizione dei clitici nelle lingue romanze antiche: 152-62), una proposta di fasi nel passaggio dal latino al sistema romanzo arcaico (IV.3 Dal latino alle lingue romanze antiche: 163-71), e il confronto con le posizioni di Robert de Dardel (IV.4 L’ipotesi ricostruttiva di Dardel e de Kok: 172-76). Il quinto capitolo,V. Pronomi deboli, clitici, affissi (177-200), tratta il problema della differenza categoriale tra le forme pronominali deboli del latino e quelle clitiche delle lingue romanze (V.1 Pronomi deboli, clitici, affissi: 177-81). L’ipotesi sulle cause del cambiamento sono legate alla progressiva perdita del sistema morfologico dei casi e alla contiguità fra posizione delle forme deboli e posizione del verbo nel latino tardo (V.2 Il cambiamento di categoria dei pronomi da deboli a clitici: 182-89). L’evoluzione dei clitici romanzi impone distinzioni più specifiche in questa categoria morfosintattica, di cui si fornisce una tipologia (V.3 Tipologia dei clitici obliqui romanzi: 190-99). L’ultimo capitolo riassume i contenuti del libro (VI. Conclusione: 201-14), ed è seguito dalla Bibliografia (215-28). Come si vede l’impianto del libro è estremamente coeso e consequenziale. Risulterà quindi più agevole riferire di un argomento, in modo particolare il capitolo III. La forma- 223 Besprechungen - Comptes rendus zione dell’ordine delle parole nelle lingue romanze antiche (65-122). Qui è evidente il lavoro sottile di interpretazione dei dati: da una parte testi della latinità tarda e volgare (misurati sulla norma classica) e dall’altra le testimonianze romanze (tra gli altri: francese della Chanson de Roland, di Aucassin et Nicolette, galego-portoghese antico del Cancioneiro da Ajuda, del Cancionero de Joan Airas de Santiago e di altri documenti, provenzale di Boecis e delle razos, lo spagnolo della Primera Crónica General de España, della Crónica Geral de Espanha de 1344, toscano del Libro di novelle e di bel parlare gientile e del Tesoretto di Brunetto Latini) convergono nel delineare una grammatica plausibile del cambiamento sintattico, in modo particolare dell’ordine V2, ma i singoli dati vengono discussi anche a partire da ipotesi esplicative alternative. I fenomeni, quantificati, di permanenza della struttura di frase latina vengono spiegati grazie alla possibilità di scindere la struttura grammaticale tra una base e una struttura superficiale di frase (6). Si avrà così che gli arcaismi sintattici giochino un ruolo decisivo, tanto nell’ottica dell’interprete che in quella della diacronia, poiché «Il fatto che lo spostamento di costituenti in posizione preverbale all’interno di I’’ continui tuttavia a esistere in maniera facoltativa nonostante la causa prima di questo spostamento (la necessità del caso morfologico) non esista più, può essere interpretato come la maniera con cui la facoltà linguistica cerca di appianare un cambiamento troppo brusco nel risultato di una rianalisi strutturale e di mantenere così la continuità fra la lingua di generazioni diverse: tra la grammatica con casi e con anteposizione obbligatoria dei costituenti al verbo e la grammatica senza casi e senza anteposizione dei costituenti diversi dal soggetto fa da ponte una grammatica senza casi e con anteposizione facoltativa. Se così dal punto di vista della struttura grammaticale abbiamo una rottura, dal punto di vista delle frasi prodotte abbiamo un continuo (che tra l’altro assicura la coesione delle generazioni nella comunità linguistica)» (86). Sono i dati, esaminati anche in sincronia e con la consapevolezza che il ricercatore vuole delle informazioni che i testi non sono disposti a fornire troppo facilmente («è evidente che gli autori di testi della latinità tarda e volgare avevano intenzione di scrivere in latino: avevano una certa idea delle caratteristiche di un testo scritto in lingua letteraria e si sforzavano di realizzare questo ideale; non possiamo quindi aspettarci di trovare in questi testi un riflesso coerente dell’evoluzione della lingua parlata . . . Quello che dobbiamo cercare nei testi sono dunque, in primo luogo, innovazioni qualitative e solo in secondo luogo evoluzioni quantitative (la valutazione quantitativa essendo possibile solo in casi fortunati di testi con lo stesso tipo di contenuto e di estrazione culturale)», 99), e la formalizzazione della grammatica generativa che consentono insieme di scegliere tra ipotesi che meglio si giustifichino reciprocamente. Il gioco è sottile e istruttivo, e l’argomentazione spiega le differenze tra una grammatica elaborata dal latino parlato almeno dall’inizio del ii sec. d. C. (con una variante non marcata e una con focalizzazione), e il sistema V2 delle lingue romanza, che è attestato solo a partire dalla cronaca teodoriciana del vi sec. d. C. (Theodericiana primum ab Henrico Valesio edita/ Aus der Zeit theoderichs des Grossen, I. König (ed.), Darmstadt 1997), (115-17). Paola Allegretti ★ Christiane Maass/ Annett Volmer (ed.), Mehrsprachigkeit in der Renaissance, Heidelberg (Winter) 2005, 283 p. Der Sammelband enthält 15 Beiträge aus unterschiedlichen Fachdisziplinen, die aus einem Symposium zum Thema der Mehrsprachigkeit in der Renaissance erwachsen sind. Der methodische Ausgangspunkt der Organisatorinnen war ein genuin transdisziplinärer, in dem die Renaissance in ihrem Wesen als mehrsprachige Epoche verstanden wird. Schwerpunkt 224 Besprechungen - Comptes rendus sind das 15. und das 16. Jahrhundert, insofern sie durch das Bildungsideal des Renaissancehumanismus geprägt sind. Der Band inspiriert sich in der Themenformulierung praktisch an dem drei Jahre vorher von den beiden Herausgeberinnen betreuten Band zu Frankreich (Christiane Maass/ Annett Volmer (ed.), « . . . pour decorer sa nation & enrichir sa langue». Identitätsstiftung über die französische Sprache vom Renaissancehumanismus bis zur Aufklärung, Leipzig 2002). Die Beiträge sind in fünf Sektionen untergliedert: I. «Mehrsprachigkeit im Renaissancehumanismus: Latein - Griechisch - Hebräisch - Gemeinsprachen» (7-114); II. «Dialekte und Mehrsprachigkeit» (115-52); III. «Sprache und Identität» (153-98); IV. «Genderspezifische Aspekte von Mehrsprachigkeit» (199-230) und V. «Übersetzung zwischen Ein- und Mehrsprachigkeit» (231-78). Umrahmt werden die Sektionen durch einen einleitenden Beitrag von Christiane Maass sowie durch den Index nominum (279-83). In der Einleitung von Christiane Maass, «Mehrsprachigkeit - Sprachbewusstsein in der Renaissance zwischen Ideal und textueller Praxis» (7-20), wird das Spektrum der Beiträge im Band prägnant greifbar: I. Gabriella Albanese, «Mehrsprachigkeit und Literaturgeschichte im Renaissancehumanismus» (23-56); Letizia Leoncini, «Latein - Volgare - Griechisch: Koexistenz und Interferenz in der Evolution der Literatursprachen von Dante bis zur Renaissance» (57-73); Sandra Pott, «Zweisprachigkeit oder Mehrsprachigkeit? Muster der Selbstbeschreibung in der poetologischen Lyrik des deutschen Humanismus» (75-90); Christoph Hoch, «Mehrsprachigkeit als Reflexionsfigur. Mittelalter-Anschluss und Kanon-Kommentar in der polyglotten Lyrik des Siglo de Oro» (91-112); II. Raffaele Sirri, «Fälle von Bilinguismus im Cinquecento» (115-28); Teresa Cirillo, «Bilinguismus und Dialekt. Der Fall Giovan Battista della Porta» (129-38); Sabine Greiner, «Die Funktionalität des Dialekts bei Ruzante» (139-50); III. Ursula Kocher, «Sprache und Erzählen. Zum Phänomen der Mehrsprachigkeit in der Renaissancenovellistik» (153-66); Gabriele Jancke, «Sprachverhalten in multilingualem Umfeld - Autobiographisches Schreiben des 15. und 16. Jahrhunderts im deutschsprachigen Raum» (167-80); Elke Waiblinger, «Tante novità - Vom Begreifen und Beschreiben fremder Wirklichkeit. Aus italienischen Asienreiseberichten des 16. Jahrhunderts» (181-95); IV. Susanne Gramatzki, «Die andere Stimme - Frauen und das Mehrsprachigkeitsideal der Renaissance» (199-213); Annett Volmer, « . . . se non mi giovasse il volgare, mi servirei del latino . . . - Sprache und Sprachreflexion in Texten italienischer Autorinnen der Renaissance» (215-28); V. Fabrizio Franceschini, «Volkssprachliche Mehrsprachigkeit in lateinischen Grammatiken (Buti, Guarino, Perotti, Erasmus)» (231-54); Ralf Haekel, «Übersetzung als Aneignung dramatischer und theatralischer Formen - Die deutschen Versionen von Thomas Tomkis’ Lingua und Ben Jonsons Sejanus» (255-65); Axel Heinemann, «Polyglotte Wörterbücher als Ausdruck einer neuen Mehrsprachigkeit» (267-77). Christiane Maass zeichnet das Interesse an der Renaissance seit ihrer Konstituierung als Epoche im 19. Jahrhundert nach und hebt deren lange Zeit vorrangig nationalpolitische Instrumentalisierung hervor, welche durch die im Sammelband vorgenommene Perspektivierung als sachlich unangemessen herausgestellt wird. Die Renaissance sei vielmehr durch Mehrsprachigkeit gekennzeichnet, in der insbesondere auch die klassischen Sprachen der Antike (Latein, Griechisch, Hebräisch) neben den Volkssprachen für «Transnationalisierung» sorgten. Sprache und Sprachbewusstsein, insbesondere in Gestalt von Sprachkritik, wird in dieser Sehweise eine hervorgehobene Rolle zugewiesen. Die Einsicht um die sprachliche Bedingtheit jeglichen Wissens wird zum Leitfaden auch von Besonderheiten und der Historizität von Wissensformen. Sprache ist als Diskurspraxis ausgewiesen, in der Normen und Autoritäten verhandelt und legitimiert werden. Das Mehrsprachigkeitsideal erscheint als elitäres soziales Phänomen, unbenommen dessen, dass individuell häufig nur Zweisprachigkeit, nämlich Latein und Volkssprache, vorlag, obwohl in der Epoche die 225 Besprechungen - Comptes rendus Volkssprache aus dem zeitgenössischen Kanon der Mehrsprachigkeit zunächst ausgeschlossen blieb. Verf. betont zu Recht obstinat, dass nationalphilologische Zugriffe auf die Renaissance nur verkürzend sein können. Die Beteiligung der Muttersprache an dieser Mehrsprachigkeit sei erst im 16. Jahrhundert kein Thema mehr, ja sie rücke nun selbst in den Mittelpunkt der Identitätskonstituierung als Ausdruck einer gegenüber dem 15. Jahrhundert deutlich veränderten Wahrnehmung des volgare als Gemeinsprache, welches keineswegs mit der Volkssprache als Muttersprache gleichzusetzen sei. Vielmehr handele es sich um ausgebaute Idiome mit reicher Literaturtradition. Gleichzeitig räumt Verf. mit dem Topos auf, dies habe sich auf Kosten des Lateinischen vollzogen. Letzteres bleibe tatsächlich bis weit ins 17. Jahrhundert hinein lebendige Literatur- und Wissenschaftssprache. Sekundiert werde dabei die Mehrsprachigkeit durch eine Mehrstimmigkeit, die sich in erster Linie in der Textsorte des im 16. Jahrhundert boomenden Dialogtraktats sowie in der Behandlung analoger Themen in unterschiedlichen Gattungen äußere. Sektion 1: Im Zentrum des Aufsatzes von Gabriella Albanese stehen frühe Texte der humanistischen Literaturgeschichtsschreibung des 15. Jahrhunderts aus Italien, und zwar von Leonardo Bruni, gesehen durch das Werk Flavio Biondos, sowie von Paolo Cortesi, die als Urheber einer Geschichte der Wiedergeburt und des Aufschwungs der humanistischen eloquentia und eleganza in enger Verbindung mit den antiken Sprachen Latein und Griechisch präsentiert werden. Der Aufsatz wird mit der Edition eines Auszugs aus Biondo Flavios Italia illustrata, Regio Sexta Romandiola, Descriptio Ravennae über die Entwicklung der humanistischen Literatur abgeschlossen. Letizia Leoncini setzt die Mehrsprachigkeit als bewusst und programmatisch gepflegte Erscheinung des Renaissancehumanismus von der «anarchisch und unkontrollierbar» manifesten Mehrsprachigkeit des Mittelalters mit dem Lateinischen als Sprache der Hochkultur ab und gelangt über de vulgari eloquentia und der «Wiederbelebung» Ciceros für die mittelalterliche Rhetorik sowie dem beharrlichen Gebrauch des cursus durch Dante zur Erneuerung des Lateins durch Petrarca und damit der ersten Blüte des Humanismus in Padua und Venedig. Verf. liefert prägnante sprachliche Analysen zu lateinsprachlicher Neuerung und Bewahrung. Sandra Pott behandelt das Thema der Zwei- und Mehrsprachigkeit aus germanistischer Perspektive. Sie sei Ausdruck einer festgefügten sozialen und mentalen Ordnung einer akademischen Elite, die das Lateinische als Statusmerkmal in Fach- und Literatursprache bis weit ins 18. Jahrhundert hinein benutze. Dabei versuche sich auch die gebildete Schicht schreibender Handwerker, von Meistern und Autodidakten einzuhängen, die antike Texte durch Übersetzungen nicht nur für den Schulgebrauch zu popularisieren suchten, sondern auch mit dem Ziel, diese Schriften allen alphabetisierten Schichten zugänglich zu machen. Verf. betont das Wechselspiel der Literaturen, in dem eine Trennung in deutsche vs. lateinische Sprachkultur nicht sachangemessen sei. Erst im Laufe des 17. Jahrhunderts münde diese Situation in einen Kampf der deutschen Muttersprache gegen die Vorherrschaft des Lateinischen ein. Im Rahmen ihrer Fragestellung hinterfragt Verf. kritisch die Berechtigung des Begriffs der Mehrsprachigkeit in Ausweitung einer faktisch individuellen Zweisprachigkeit Latein-Deutsch. Christoph Hoch führt mit einem sorgfältig wägenden Beitrag in die polyglotte Lyrik des Siglo de Oro. In Abhebung von Curtius und Contini geht er auf der Grundlage von Auerbachs Stiltrennungsregel von der These aus, Mehrsprachigkeit als Verfahren der Textgenerierung qua Sprachmischung sei gerade im Kontext der gattungspoetologischen Selbstbeschreibungssemantik des (spät)humanistischen Literatursystems eng an den Begriff der Stil-Lage gebunden, und zwar der niederen Genera als Stilem einer weiter gefassten Komik. Ausnahme bilde hier die bezüglich des classicismo bembiano periphere Region des ibero- 226 Besprechungen - Comptes rendus romanischen Raums, wo weiterhin eine hochliterarische Sprachmischung legitim erscheint. Illustriert wird das Ganze u. a. anhand eines viersprachigen Sonetts von Lope de Vega, welches im mittleren und hohen Register auf lateinische, spanische, portugiesische und v. a. italienische Dichtung im Sinne kunstspezifischer Codes referiert, einschließlich des Rekurses auf metrisch-syntaktisch geschlossene Systeme. Im zweiten Teil des Aufsatzes wird eine Funktionsgeschichte literarischer Mehrsprachigkeit als Desiderat eingefordert und exemplarisch über eine Bezugsetzung zum provenzalischen descort sowie zur cobla meytadada vorgenommen und argumentativ-deskriptiv durch Herausstellung gemeinsamer Strukturmerkmale polyglotter Lyrik des Siglo de Oro untermauert. Sektion 2: Raffaele Sirri behandelt verschiedene Konstellationen der Zweisprachigkeit in der Literatur Italiens im gleichen Zeitraum: zum einen Latein - Volgare mit dem Lateinischen als Modell für Syntax und Lexik, zum zweiten Hochsprache - Dialekt und zum dritten Literatursprache - gesprochene Sprache (und Dialekt), insbesondere auch in der Komödienliteratur (am Beispiel der Ramnusia von Giovanni Aurelio Schioppi, 1530). In ihr werde der das soziale Leben bestimmende Bilinguismus venezianischer Dialekt - toskanische Sprache programmatisch zu einer Mischsprache konfiguriert, die gesprochen und geschrieben werde. Die Kontrastsetzung erfolgt über die Komödien Della Portas durch die Herausarbeitung der unterschiedlichen Funktion des literarischen Italienisch in Venetien und in Neapel. Mit Sannazaro und Basile erfolge dann die dezidierte Absage an Sprachmischung und die Übernahme des boccaccesken und petrarkistischen Sprachmodells. Teresa Cirillo vertieft das Verhältnis von Zweisprachigkeit und Dialekt am Beispiel von Dramen Giovan Battista della Portas, der den Plurilinguismus als komödienkonstituierendes Element zur Wiedergabe des komischen Registers bewusst und differenziert einsetze, ohne es in der sprachspielerischen Prozedur jedoch zu einer Mischsprache kommen zu lassen. Sabine Greiner untersucht die Funktion des Dialekts bei Ruzante und zeigt auf, wie durch das Spiel mit den Traditionssträngen «Volksstücke mittelalterlicher Tradition», opere maccheroniche und antike bzw. gelehrte Komödien ein Gegenmodell zur höfisch-klassizistisch geprägten Welt der Asolani Pietro Bembos entworfen wird. Sektion 3: Ursula Kocher zeigt am Beispiel einer Mehrsprachigkeit Italienisch - Deutsch - Latein anschaulich die funktionelle Nutzung der verschiedenen Sprachen in der Renaissancenovellistik. Vorgeführt werden das Sprachparadigma der Renaissance (auch über die Literatur hinaus), die Macht des Lateinischen mit seinem spezifischen Rezipientenkreis sowie die Volkssprache und die neue Offenheit der Interpretation durch den Leser, der oftmals nicht mehr die bis dahin konstitutive Intertextualität, insbesondere auch zur antiken lateinischen Schaffensproduktion verstehe. Dies führe zu einem neuen Typ von paratextueller Gestaltung zur Leserführung. Illustriert wird der Komplex an der vielschichtigen Rezeption von Boccaccios Decamerone. Eingeschlossen werden die Probleme, die sich bei Übersetzungen in andere Volkssprachen ergeben. Gabriele Jancke widmet sich autobiographischem Schreiben im deutschsprachigen Raum auf der Basis eines Korpus von 234 Texten (davon ca. zwei Drittel in deutscher, ca. ein Drittel in lateinischer Sprache, und davon viele in einer breiten Palette von Mischformen). Autobiographisches Schreiben wird als soziale Praxis gesehen. Unter dieser Prämisse soll angesichts der faktischen Vielsprachigkeit der Autobiographen Sprachverhalten in multilingualem Umfeld dokumentiert werden. Obwohl die Texte keine reflektierende Metaebene zum Thema Mehrsprachigkeit enthielten, seien sie z. T. durchaus aussagekräftig bezüglich des praktischen Umgangs mit Sprache bzw. Sprachen im Einzelnen. So wür- 227 Besprechungen - Comptes rendus den pragmatische Netzwerkbildung und damit soziale Zugehörigkeit über die verwendete Sprache geschaffen.Verf. behandelt drei Komplexe: 1. die Sprache(n) der Texte und das Verhältnis von Landessprache und Gelehrtensprache, 2. das individuelle Sprachverhalten der Verfasserinnen und Verfasser der Autobiographien (exemplarisch dargestellt eher an Randphänomenen, am Beispiel von Schreibern spezifischer, nicht originär deutscher Kulturprovenienz) und 3. die Art der Gestaltung der Beziehung zum Leser durch Sprachverhalten. Die Nutzung des Lateinischen durch Schreiberinnen erfolge dabei oftmals als Selbstinszenierung in einer dominant maskulin geprägten Welt. Elke Waiblinger schließlich untersucht anhand italienischer Asienreiseberichte das Beschreiben und Begreifen fremder Wirklichkeit(en) in einem sich auflösenden Spannungsfeld zwischen meraviglia und verità hin zu einer «Entzauberung der Welt», in der Raum- und Zeiterfahrung seit der Mitte des 16. Jahrhunderts eine Veränderung erfahren - etwa durch das Aneignen des Fremden bis hin zur accomodazione, die auch die fremde Sprache umfasst und letztendlich zu Übersetzungen wissenschaftlicher und religiöser Texte in die neue Sprache führe. Sektion 4: Susanne Grimatzki widmet ihren Beitrag der Rolle der Frauen mit Blick auf das Mehrsprachigkeitsideal der Renaissance. Über die bereits bei Dante greifbare (? ) Polarisierung «Volgare - Muttersprache - Sprache der Frauen» gegenüber «Latein - Vatersprache - Sprache der Männer» werden in der Renaissance kurrente Bildungskonzepte beispielhaft dargelegt und, exemplifiziert am Beispiel von Laura Cereta (1469-99) und Cassandra Fedele (1465-1558),der Frage nachgegangen, wie Frauen versuchten, sich am humanistischen Diskurs im Kontext der männlich dominierten und auf das Lateinische fokussierten Rhetorik zu beteiligen. Annett Volmer analysiert in einem überzeugenden Beitrag sprachbezogene Diskurselemente aus der gender-Perspektive ausgehend von Moderata Fontes Il merito delle donne (1600) und arbeitet drei zentrale Bereiche für die Nutzung der lateinischen Sprache heraus: Sprachbeherrschung, Redeerlaubnis und sprachphilosophische Reflexion über die gesellschaftliche Geschlechterkonstitution. Teils vermag Verf. den Beitrag von Susanne Gramatzki zu ergänzen, teils aber auch in ein anderes Licht zu rücken, insbesondere was die Einschätzung der Lateinkundigkeit von Frauen der gehobenen Schicht angeht. Der Topos der Latein-Unkundigkeit treffe zumindest nicht auf diejenigen Frauen zu, die im volgare schrieben. Nichtsdestoweniger sei es für diese Frauen sakrosankt gewesen, im den Männern vorbehaltenen Latein zu publizieren. Eine Drucklegung von durchaus existierenden lateinischen und griechischen Texten von Frauen erfolgte, wenn überhaupt, erst sehr viel später postum. Einzige Möglichkeit zu Lebzeiten lateinisch zu publizieren, seien für Autorinnen religiöse Thematiken gewesen. Sektion 5: Fabrizio Franceschini dokumentiert kenntnisreich und in bester philologischer Manier, ausgehend von den Regules gramaticales von Francesco da Buti,dieWirkung volkssprachlich kommentierter Lateingrammatiken hinsichtlich ihrer Verbreitung, für die das jeweils zum Kommentar verwendete volgare betrachtet wird. Trotz der genuinen Zweisprachigkeit solcher Lehrwerke wird so mit Blick auf das Gesamtsystem überlieferter Handschriften und Drucke eine effektive Mehrsprachigkeit der Grammatikographie seit dem ausgehenden 14. Jahrhundert vorgeführt. Verf. nimmt dabei an, dass ein grammatisches Werk in seiner Tradition umso mehr unterschiedliche sprachliche Varietäten aufweist, je größer seine Verbreitung ist. Als Illustration wird die Übersetzung von Verben für meteorologische Phänomene ausgewählt. Insgesamt werden 27 handschriftliche Überlieferungen der Werke da Butis berücksichtigt, sowie diverse Überlieferungen der Grammatiken von Guarino, Perotti und Erasmus. 228 Besprechungen - Comptes rendus Ralf Haekel führt in die Zeit der Anfänge des professionellen Schauspiels in Deutschland in Nachahmung der englischen Komödianten, die seit 1592 die deutsche Theaterwelt maßgebend umprägten. Untersucht werden die deutschen Übersetzungen von Thomas Tomkis Schulkomödie Lingua, or The Combat of the Tongue and the Five Senses for Superiority sowie die römische Tragödie Sejanus His Fall von Ben Jonson, beides Werke, die sich mit dem Zusammenhang von Sprache und politischem Handeln auseinandersetzen. Leitfrage des Beitrags ist, ob die Übersetzungen ins Deutsche einen Versuch darstellen, das englische Dramen- und Theatermodell nach Deutschland zu übertragen, und wenn ja, ob dies gelungen sei. Scharfsinnig wird herausgearbeitet, was mit dem englischen Dramenstoff bei der Integration in den anderen politischen Rahmen geschieht. Aus einem politisch motivierten didaktischen Instrument eines Mäzens werde ein politisches Werkzeug in einem Umfeld, in dem Theater vom Hof protegiert werde. Die ursprüngliche Vielschichtigkeit und die selbstreflexive Sprache blieben bei der Übersetzung und Einbindung in den neuen Kontext weitgehend auf der Strecke, was insbesondere durch die Übersetzungen des Sejanus verdeutlicht wird. Die Übersetzungen spiegelten die machtpolitische Vereinnahmung des Dramas und des Theaters durch deutsche Fürsten wider, so dass der Transfer der englischen Dramatik nach Deutschland im 17. Jahrhundert als historisch gescheitert angesehen werden müsse. Axel Heinemann analysiert in einem lexikographiehistoriographischen Beitrag polyglotte Wörterbücher als Ausdruck einer «neuen Mehrsprachigkeit» im 16. Jahrhundert. Fokussiert wird dabei die Rolle des Französischen in diesem Zweig der Lexikographie sowie der Einfluss der spanischen Lexikographie auf die französische. Verf. geht von Calepinos Dictionarium und der Feststellung aus, das Französische komme in 51 von 54 Editionen (erschienen zwischen 1568 und 1599) vor. Über die Introductio quaedam utilissima . . . (1510, Rom), basierend auf dem italienisch-deutschen Introito e porta, Jehan Thomas ( 1 1514, Lyon), Hadrianus Junius (1567) und die Colloques ou Dialogues avec un Dictionaire en six langues (1576) erfolgt der Übergang zum Diccionario latino-espanol Nebrijas (1492), welcher schon bald Grundlage für Übersetzung in andere Sprachen wurde. Das Französische als Zielsprache wird erstmals 1511 im Vocabolarius Nebrissensis verwendet, allerdings zeigt Verf., dass die französische Übersetzung auf Busas Übersetzung ins Katalanische von 1507 basiert. Das wird anhand einer synoptischen Präsentation der drei Wörterbücher exemplifiziert. Auch Entlehnungen aus anderen Wörterbüchern der Zeit werden deutlich gemacht (Catholicon, Papias Vocabulista sowie der Baseler Beviloquus). Während das Französische zunächst nur Zielsprache war, erfahre es durch Robert Estiennes Dictionaire françois-latin (1539), Maurice de La Portes Epithètes (1571) sowie Nicots Thresor (1606) die Aufwertung als Ausgangssprache sowie als Sprache eines monolingual konzipierten Wörterbuchs. Der Sammelband vermag die Mehrsprachigkeit der Renaissance in zahlreichen Facetten hervorragend zu beleuchten und räumt gleichzeitig auch mit einigen traditionellen Topoi auf. Der Band ist sehr schön gemacht, allerdings wäre es wünschenswert gewesen, wenn die Herausgeberinnen noch einmal einen letzten Blick auf die Druckvorlage geworfen hätten. Einige unschöne Umbruch«fehler» sowie eine teils uneinheitliche redaktionelle Bearbeitung sowie gelegentliche Unglätten bei den an sich guten Übersetzungen der fremdsprachigen Beiträge wären so zu vermeiden gewesen. Das Verdienst des Sammelbandes vermag dies nicht zu schmälern, konnte doch gezeigt werden, dass die Epoche noch lange nicht erschöpfend bearbeitet ist und dass die thematisierte Mehrsprachigkeit Aspekte enthält, die aus einer transdisziplinären Sicht befriedigender behandelt werden können, als dies bislang durch die v. a. sprachwissenschaftliche Forschung geleistet werden konnte. Edeltraud Werner ★ 229 Besprechungen - Comptes rendus Frédéric Duval, Pratiques philologiques en Europe. Actes de la journée d’étude organisée à l’École des Chartes le 23 septembre 2005, réunis et présentés par Frédéric Duval, Paris (École nationale des Chartes) 2006, 173 p. (Études et rencontres de l’École des Chartes 21) La journée d’étude organisée à l’École des Chartes avait pour but de tracer le «panorama des pratiques européennes en matière d’édition de textes médiévaux» (5), à la suite des récentes discussions suscitées par la New Philology. Sept domaines linguistiques y ont été représentés: l’allemand médiéval (Thomas Bein, «L’édition de textes médiévaux allemands en Allemagne: l’exemple de Walther von der Vogelweide»), l’ancien et le moyen anglais (Leo Carruthers, «L’édition de textes en anglais médiéval: remarques sur les pratiques philologiques en Angleterre»), le moyen néerlandais (Ludo Jongen, «Combien partirent pour Cologne? L’édition des textes en moyen néerlandais: aperçu historique et problèmes»), l’italien médiéval (Fabio Zinelli, «L’édition de textes médiévaux italiens en Italie»), l’ancien et le moyen français (Frédéric Duval, «La philologie française, pragmatique avant tout? L’édition des textes médiévaux français en France») et le médiolatin (Dominique Poirel, «L’édition des textes médiolatins»). Le plan d’étude proposé aux participants se divisait en deux parties. Tout d’abord, une présentation historique du domaine de l’édition, incluant les diverses contraintes éditoriales «commerciales» et la situation académique actuelle de la philologie au sein de la recherche nationale et de l’enseignement universitaire. La deuxième partie tournait autour de la notion de fidélité: fidélité au sens originel, fidélité à l’archétype, fidélité au témoin. À la lecture des actes, nous sommes frappés par la grande disparité des interventions, le plan suggéré étant suivi de manière très libre. Alors que certains appuient leur point de vue sur des exemples précis et des expériences personnelles (Bein: 21-36, Jongen: 55-76, Zinelli: 77-113), d’autres ont choisi une approche plus générale des enjeux théoriques et techniques propres à un domaine linguistique particulier (Carruthers: 37-54, Duval: 115- 50, Poirel: 151-73). Le plus souvent, les discussions ont tourné autour de l’apologie ou de la condamnation des méthodes dominantes en édition de textes, l’Italie et l’Angleterre restant liées au lachmannisme et la France et l’Allemagne, plutôt au bédiérisme. Aux Pays-Bas, «la question s’y pose différemment, vu la forte proportion de manuscrits uniques et de fragments.» (12). Quant au latin médiéval, il «occupe une place singulière [parmi les sept langues représentées], en raison de sa relative stabilité» (151) encourageant une approche lachmanienne. L’idée de compromis est elle aussi revenue à plusieurs reprises dans les discussions, compromis entre les différents modèles théoriques de l’édition critique, mais également entre les approches littéraire, historique et linguistique, les points de vue des intervenants changeant selon leur formation de base. Les littéraires préféreront rendre compte du sens du texte et de sa beauté, contrairement aux linguistes et aux historiens qui privilégieront l’intention de l’auteur, le retour à l’original. Au-delà de ces partages sur l’édition des textes médiévaux, la rencontre avait également pour but de «promouvoir le statut de la philologie, menacée ou en régression dans les institutions académiques européennes» (5). Tous se sont entendus pour dire que les connaissances en linguistique, en paléographie, en codicologie, en histoire et en critique textuelle requièrent une longue et coûteuse formation. La valorisation de l’enseignement «mono-disciplinaire» (129) et le manque de ressources ont entraîné le démembrement de la philologie et son absorption par les départements de linguistique, de littérature et d’histoire, résultant en une diminution de l’attrait pour ce domaine. Malheureusement, aucune solution n’est proposée dans ces actes pour remédier au problème et susciter un regain d’intérêt autant de la part des étudiants que des universités. 230 Besprechungen - Comptes rendus L’intérêt principal de ce volume est qu’il regroupe des réflexions tournant autour des diverses pratiques philologiques européennes et en trace par le fait même un panorama axé sur la comparaison entre les langues médiévales et l’appartenance nationale de chacun des participants. Puisque plusieurs contributions offrent un survol des différentes méthodes d’édition de textes plutôt qu’une présentation des problèmes concrets qui y sont liés, les actes intéresseront principalement les «apprentis éditeurs», tel qu’annoncé sur la quatrième de couverture. Solange Lemaitre-Provost ★ Johanna Miecznikowski, Le traitement de problèmes lexicaux lors de discussions scientifiques en situation plurilingue. Procédés interactionnels et effets sur le développement du savoir, Berne (Peter Lang) 2005, 329 p. Dans cet ouvrage - une thèse de doctorat développée dans le cadre du projet «La construction interactive du discours scientifique en situation plurilingue», les deux dirigés par Lorenza Mondada - Johanna Miecznikowski s’intéresse aux problèmes lexicaux tels qu’ils émergent dans le contexte particulier de la collaboration scientifique transfrontalière en sciences humaines. L’étude se situe au croisement entre la sociologie des sciences et la linguistique interactionnelle venant de l’analyse conversationnelle d’origine ethnométhodologique. L’auteure propose une analyse qualitative des réunions de trois équipes de recherche dont les interactions ont été enregistrées sur bande audio pour être transcrites ensuite. Johanna Miecznikowski poursuit deux objectifs majeurs dans son travail: premièrement l’identification des types de problèmes lexicaux et la description de la façon dont les acteurs les traitent, voire les résolvent dans l’interaction. Deuxièmement elle vise à élucider les rapports entre les «séquences métalexicales», le travail scientifique des acteurs-chercheurs et l’exploitation située de leurs ressources linguistiques. Les «séquences métalexicales» sont définies en deux temps comme: a) des «séquences interactionnelles pendant lesquelles les locuteurs se focalisent réflexivement sur une unité lexicale du discours en train de se faire», et b) des «séquences . . . consacrées au traitement d’un problème lié à une unité lexicale en question» (21). L’ouvrage comporte trois parties clés (parties II à IV du livre), dont la première est centrée sur l’établissement d’une typologie des séquences métalexicales. La chercheuse présente un tableau récapitulatif mettant en évidence trois types de séquences métalexicales qui sont initiées différemment (p. ex. par une demande d’aide ou une critique), qui traitent divers problèmes (tels qu’un déficit d’information ou un désaccord) et qui affichent des configurations interactionnelles variées. Ces trois types sont: la réparation, la séquence latérale étendue et finalement la séquence se situant au niveau de l’activité principale. Malheureusement, la lecture de ce tableau se heurte un tant soit peu au vocabulaire non suffisamment différencié pour désigner les sept rubriques représentées. Dans la deuxième partie, l’auteure s’intéresse à la contribution des séquences métalexicales au développement des objets de discours et de savoir. Johanna Miecznikowski constate que ces procédés sont comparables à des procédés non métalexicaux, mais qu’ils ont des effets spécifiques, en particulier «grâce à l’exploitation de diverses facettes des unités lexicales en tant qu’unités discursives et linguistiques» (210). La dernière partie (IV) du livre - la plus intéressante - porte sur le traitement plurilingue de problèmes lexicaux. D’une part, l’auteure examine les aspects argumentatifs des demandes d’aide exolingues. Elle note que ces demandes d’aide sont rares dans son corpus de 231 Besprechungen - Comptes rendus discussions entre experts, parce que le niveau d’intercompréhension globale y est très élevé. Aussi remarque-t-elle que ces procédés sont des indices d’un désaccord potentiel et permettent entre autres d’introduire de façon avantageuse une intervention critique ou de justifier une prise de parole par autosélection. D’autre part, Johanna Miecznikowski analyse dans cette partie la fonction de l’alternance codique dans les séquences métalexicales. Elle observe que les locuteurs - lorsqu’ils mentionnent des discours de référence dans leurs tours de parole - peuvent choisir la langue de la mention et qu’ils «disposent donc d’un marqueur linguistique supplémentaire par rapport aux contextes unilingues» (274). Finalement, Johanna Miecznikowski aborde la thématisation des variétés linguistiques, en d’autres termes elle se focalise sur les commentaires métalinguistiques au sujet du plurilinguisme qui se produisent dans les réunions. Selon l’auteure, ces commentaires métalinguistiques font émerger un certain relativisme linguistique qu’elle considère comme une ressource interactionnelle. Celle-ci peut par exemple servir à atténuer une problématisation lexicale ou justifier un choix lexical. À travers cette analyse des séquences métalexicales en contexte plurilingue, la chercheuse démontre que les procédés plurilingues ne servent pas seulement à gérer la pluralité des langues, mais qu’ils ont effectivement des fonctions argumentatives. Le travail scientifique de Johanna Miecznikowski se distingue par le corpus remarquable et les exemples très illustratifs qu’elle présente de manière agréable à lire. Le plan progressif que l’auteure adopte culmine - comme je l’ai déjà signalé - dans la quatrième partie de l’ouvrage. Non seulement les spécificités du corpus analysé sont ici particulièrement prises en compte, mais aussi les données sont examinées plus explicitement en termes de fonctions et d’effets sur l’interaction. Johanna Miecnikowski a pris le soin d’intégrer beaucoup de résumés et de conclusions intermédiaires dans son ouvrage. Cet effort entraîne, par endroits, un léger manque de pertinence, puisque les messages-clés ont tendance à se diluer un peu dans cette «mer récapitulative». Quoiqu’il en soit, le lecteur arrive à bon port et acquiert une compréhension plus aiguisée sur Le traitement de problèmes lexicaux lors de discussions scientifiques en situation plurilingue. Pia Stalder ★ Yvette Bürki/ Elwys De Stefani, Trascrivere la lingua. Dalla filologia all’analisi conversazionale/ Transcribir la lengua. De la filología al análisis conversacional, Bern (Peter Lang), 2006, 409 p. L’ouvrage édité par Y. Bürki et E. De Stefani porte un titre alléchant pour qui s’intéresse aux questions de transcription de la langue. Le sous-titre est quant à lui intriguant, du fait qu’il projette le lecteur potentiel dans une perspective inhabituelle, partant de la philologie pour aboutir à l’analyse conversationnelle. Enfin, le fait que la couverture soit bilingue italien-espagnol ajoute encore à l’intérêt d’ouvrir ce qui se révèle un ouvrage certes atypique, mais passionnant et fort stimulant. Le livre comprend douze contributions en italien et espagnol (selon la langue de leur auteur) précédées d’une introduction bilingue. Son objet concerne les modes de représentation graphique de la langue, le rapport entre codes écrit et oral ainsi que la place de la transcription vis-à-vis les données empiriques rassemblées par les chercheurs. De par la diversité des approches, des théories, des méthodes et des objets que les articles rassemblés illustrent, l’ouvrage donne à voir différentes conceptions qui sous-tendent les pratiques de transcription et le travail analytique qui en découle. Ce faisant, le texte pose des jalons pour une histoire de la transcription non seulement comme pratique scientifique, mais plus largement comme pratique sociale. 232 Besprechungen - Comptes rendus Un premier groupe d’articles réfléchit au passage d’un système graphique à un autre. L’article de B. Schmid, d’orientation philologique, porte sur des textes rédigés en judéoespagnol avec un système d’écriture arabe ou hébraïque transcrits en alphabet latin. L’auteure montre la complexité qui se reflète dans ce qui n’est pas la simple translittération d’un système d’écriture à l’autre, mais un véritable mouvement de lecture et de réécriture. Un mouvement de lecture qui doit permettre l’interprétation des textes sources et un mouvement de réécriture qui tient compte des spécificités du système cible en vue de faciliter la lecture des textes par un public plus habitué à l’alphabet latin. L’auteure illustre son propos en analysant trois systèmes de transcription différents et en réfléchissant à la question de la normalisation orthographique du judéo-espagnol contemporain. L’article de F. Vicario porte sur l’édition de textes médiévaux frioulans tardifs. En s’appuyant sur l’examen rigoureux de textes édités à la fin des XVIII e et XIX e siècles par des lettrés frioulans, l’auteur, qui coordonne le projet Documenti antichi dagli archivi friulani, montre que la collaboration entre philologues, linguistes et paléographes permet d’apporter des solutions plus sûres aux problèmes d’édition de ces textes. En passant, l’auteur souligne également la nécessité de rendre compte des objectifs des éditeurs de l’époque quand on analyse leur travail d’édition. L’article de L. Martín et al. pointe les problèmes philologiques et techniques de la publication informatique de textes. À partir de leur propre expérience dans l’élaboration d’une bibliothèque virtuelle (en l’occurrence, la bibliothèque Joan Lluís Vives), les auteurs montrent la difficulté qu’il y a à marier le respect maximal de l’édition originale aux contraintes spécifiques de l’internet. Les deux articles suivants s’interrogent sur les processus à l’œuvre dans la constitution d’une norme écrite de variétés orales. L’article de A. Palermo aborde la question de la transcription par le biais des débats autour de la graphie à adopter pour rendre le dialecte napolitain à l’écrit. En se plaçant dans l’optique des dialectes par rapport à l’italien durant la seconde moitié du XIX e siècle et en analysant les journaux locaux de l’époque, l’auteure rend compte des débats et polémiques autour de l’écriture du napolitain, attestant ainsi de divers modes d’écriture du dialecte et soulignant l’effort fourni pour trouver une graphie commune en présence de différentes variétés. L’article de A. M. Cano González s’intéresse lui aussi à des questions de norme écrite, mais à partir du cas de la langue asturienne. L’article discute plusieurs exemples illustrant les facteurs linguistiques, sociolinguistiques et historiques ayant contribué à l’élaboration d’une norme écrite dans la Communauté autonome de la Principauté des Asturies. Tous les articles suivants traitent de la transcription de données de recherche orales. Ici, la réflexion s’oriente avant tout vers les enjeux épistémologiques et méthodologiques de la transcription. Une des questions centrales sur laquelle ces articles se penchent concerne le procès de documentation du réel par le chercheur. Les trois premiers articles s’en tiennent à une réflexion sur l’oralité, alors que les quatre derniers prennent en compte d’autres dimensions de l’interaction sociale, comme les gestes, les regards, les mouvements, les objets et l’espace dans lequel les situations prennent corps. L’article de L. Nussbaum s’intéresse à la transcription d’interactions en contexte scolaire. Son corpus, qui est la base d’une recherche sur les langues enseignées dans les centres éducatifs catalans, exploite des données plurilingues (catalan, espagnol, français) qui, de par la présence de nombreux phénomènes d’alternance codique, par la coprésence de différentes variétés d’une même langue, par la répartition asymétrique des compétences et des rôles langagiers et par les caractéristiques spécifiques de l’interlangue des apprenants, posent des problèmes pratiques et théoriques aux transcripteurs. L’auteure rend ainsi compte des difficultés que le chercheur affronte quand il travaille sur des données plurilingues orales, où il est parfois impossible de décider à quelle langue appartient un segment de parole. 233 Besprechungen - Comptes rendus L’article de M. Fatigante présente l’appareil théorique et méthodologique de l’analyse conversationnelle, un courant d’origine américaine qui, en accordant une place fondamentale à la transcription des données dans l’analyse, a développé depuis les années 1970 des principes de transcription extrêmement détaillés qui rendent les données accessibles au lecteur. Or, l’auteure montre que la transcription de tous les détails d’une interaction est potentiellement sans fin et que le transcripteur risque d’y sacrifier le travail d’analyse. En outre, du fait qu’il reste toujours un doute sur la transcription, certains chercheurs choisissent depuis quelques années de donner accès directement à leurs données, atteignant ainsi à une transparence que ne permet pas la transcription, mais posant des problèmes nouveaux, par exemple relativement aux droits des personnes enregistrées. Toujours sur des données orales, l’article de J. Sanmartín Saez s’intéresse à la manière dont un système de transcription peut être recyclé, modifié et renouvelé. Ses réflexions portent sur deux corpus d’espagnol auxquels l’auteure a contribué, dont l’un met en jeu des données avec des personnes aphasiques. Dans ce corpus, en effet, il est impossible de rendre compte de l’interaction et de l’intercompréhension des locuteurs sans tenir compte des phénomènes non verbaux. L’auteure montre ainsi que les choix de transcription sont non seulement liés aux objectifs de la recherche, mais aussi, intimement, aux spécificités des données de l’interaction. L’article de S. Spina porte sur la transcription d’un corpus de données télévisées (Corpus di Italiano Televisivo - CiT). L’auteure se penche sur les problèmes qu’il y a à transcrire un corpus hétérogène devant servir à différents types d’analyse. En effet, les choix que le transcripteur est nécessairement amené à faire ont des conséquences ultérieures sur la disponibilité et l’interprétation des phénomènes à analyser. L’article de L. Mondada investigue l’enregistrement et la transcription de données vidéo dans la perspective de la linguistique interactionnelle. Bien que l’enregistrement et la transcription soient deux étapes différentes, l’auteure montre qu’elle sont en fait liées, en ce sens que ce sont deux dispositifs de sélection (l’enregistrement) et de reconstruction (la transcription) pour l’analyse. L’auteure illustre son propos en analysant différents aspects d’une séquence où l’activité de pointer une carte se révèle une ressource des participants pour gérer leurs tours de parole. L’article insiste sur la nature multimodale de la conversation en liant gestes, regards, mouvements à la séquentialité et à la verbalisation. L’article de R. Alencar porte sur la synchronisation entre gestes, regards et applaudissements à l’ouverture de débats scientifiques. Ses réflexions portent en particulier sur la notion de tour de parole qui est abordée à partir des pratiques non verbales des participants (alors que cette notion est traditionnellement limitée à la séquentialité du matériel verbal) dans le passage d’une activité à une autre. Les choix faits par l’auteure pour représenter ses données montrent bien la difficulté qu’il y a à faire coexister sur la feuille de papier des modes d’organisation régis par des logiques différentes. En n’utilisant pas les images vidéo de son corpus dans son article, l’auteure révèle d’ailleurs, sans malheureusement thématiser cette question, les limites d’une transcription composée d’éléments linguistiques et symboliques uniquement pour représenter des données de nature multimodale. Enfin, l’article de E. De Stefani porte sur la manière de clore une interaction entre vendeurs et acheteurs dans un supermarché. L’article pointe les limites d’une approche qui ne tiendrait compte que du matériel audio en montrant que les aspects non verbaux de l’interaction sont eux aussi structurés séquentiellement et que les clôtures interactionnelles sont des phénomènes multimodaux. Ce faisant, c’est par l’exemple que l’auteur prend position pour une un type de transcription qualitative, orientée vers l’objectif de l’analyse (et incluant des images fixes issues des enregistrements vidéo), plutôt que pour une transcription quantitative, qui s’orienterait vers l’accumulation de détails pour rendre compte le plus finement possible de tous les phénomènes en jeu. 234 Besprechungen - Comptes rendus À la fin de ce tour d’horizon nécessairement limité, il appert qu’un des apports principaux de l’ouvrage tient dans la mise en contact de différentes approches, points de vue et objets liés à la transcription. C’est, à notre connaissance, le premier ouvrage qui fait se côtoyer dans un cadre commun des articles relevant de disciplines, de pratiques et d’ancrages théoriques si différents avec la volonté déclarée de «coinvolgere ricercatori . . . cercando di far luce sulle implicazione teoriche, metodologiche e analitiche connesse con la pratica del trascrivere» (Introduction, p. 8) et de «reunir a autores que discutan estos aspectos en español e italiano» (Introduction, p. 32). À notre sens, l’ouvrage a le mérite de relever ce défi qui rassemble des jalons épars sur les pratiques de transcription et les conceptions qui les soustendent. Certes, le cadre de travail reste relativement hétérogène, les éditeurs ne parvenant pas toujours à créer un lien entre les différentes contributions qui se côtoient sans vraiment dialoguer. Néanmoins, l’ouvrage rend bien compte du fait que la transcription est un phénomène de nature sociale marqué dans le temps, l’espace et l’idéologie des pratiques culturelles (y compris scientifiques). En ce sens, il prend position pour une conception contextuelle des pratiques de transcription et de leurs enjeux en philologie, en linguistique et plus largement en analyse des interactions sociales. Nicolas Pepin ★ Yuji Kawaguchi, Susumu Zaima/ Toshihiro Takagaki, Spoken Language Corpus and Linguistic Informatics,Amsterdam (Benjamins) 2006, vi + 434 p. (Usage-Based Linguistic Informatics 5) Le cinquième volume de la collection Usage-Based Linguistic Informatics (UBLI) - l’acronyme UBLI est celui d’un projet et d’une équipe de recherche lancés en 2002 dans le cadre d’un programme du Centre d’Excellence du département des langues étrangères de l’Université de Tokyo, qui se donne pour comme principal objectif de promouvoir le développement conjoint de l’apprentissage et de l’étude des langues étrangères basé sur des corpus de données attestées (usage-based model) - contient les contributions de trois séries de rencontres ou de journées d’étude consacrées, comme l’indique le titre du recueil, aux corpus de langue parlée et à la linguistique informatique, au sens large. La première partie du volume regroupe les textes des communications tenues à l’occasion du 2 ème Congrès de linguistique informatique à Tokyo le 10 décembre 2005. Le responsable du centre de recherche UBLI, Y. Kawaguchi, est l’auteur de l’article d’introduction. Il y présente de façon très générale les objectifs, les travaux et les projets à long terme de son équipe. L’objectif, pour résumer, est de promouvoir l’apprentissage des langues étrangères, dans une perspective écrite et orale, tant ce qui concerne la prononciation, l’apprentissage du lexique, les situations de dialogue et la typologie grammaticale. Suit la contribution d’une des plus célèbres grammairiennes descriptivistes spécialiste de la linguistique de corpus en France, C. Blanche-Benveniste. Cette dernière dresse au début de son article un état de la question très utile, sur l’état et la constitution des corpus oraux dans le domaine de l’Union Européenne, avec zoom sur le français. Elle poursuit son exposé par quelques considérations sur la description grammaticale des aspects oraux de cette langue. S. Conrad enchaîne avec un article qui fait état de l’intérêt des corpus dans les études sur l’acquisition de l’anglais langue seconde. M. Moneglia et E. Cresti font part de leur expérience C- ORAL-ROM 1 en revenant sur la question du rôle et du poids de la prosodie dans la 235 Besprechungen - Comptes rendus 1 E. Cresti/ M. Moneglia (ed.), C-ORAL-ROM. Integrated Reference Corpora for Spoken Romance Languages, Amsterdam 2005, incl. DVD. délimitation des unités de référence pour l’analyse grammaticale et discursives des langues romanes parlées. La deuxième partie du volume regroupe les actes des communications prononcées à l’occasion du workshop d’introduction qui a précédé le 2 ème Congrès de linguistique informatique. Cette journée d’étude a été pensée dans l’esprit de permettre aux principaux acteurs du C-ORAL-ROM de confronter leurs points de vue avec les chercheurs de l’équipe UBLI. E. Cresti tente de pointer les convergences et les divergences concernant les aspects théoriques et méthodologiques développés depuis une vingtaine d’années par elle et ses collaborateurs du LABLITA par rapport à ceux d’UBLI. Quant à M. Moneglia, il revient sur les stratégies lexicales et structurales qui régissent la construction des énoncés dans les quatre langues C-ORAL-ROM en fonction des différents genres discursifs. J. Deulofeu et C. Blanche-Benveniste cosignent un article qui constitue en quelque sorte les prolégomènes à une grammaire corpus-based du français parlé, et qui fait suite aux travaux entrepris dans diverses publications collectives dans lesquelles ont été impliqués les auteurs 2 . Avec cet exposé, les deux Aixois donnent une description beaucoup plus satisfaisante du corpus français de C-ORAL-ROM par rapport à toutes les autres publications disponibles jusqu’ici 3 . L’article suivant est rédigé par A. Moreno- Sandoval et J.-M. Guirao. Il reprend dans les grandes lignes les aspects concernant l’étiquetage morphosyntaxique du corpus espagnol du C-ORAL-ROM. Viennent enfin deux articles auxquels a participé F. Bacelar do Nascimento. Le premier, cosigné par J. B. Gonçalves, traite du rôle des corpus dans l’apprentissage du portugais. L’autre, rédigé avec A. Mendes et S. Antunes, aborde un thème cher à cette équipe portugaise, qui est celui des collocations. Les trois derniers chapitres de cette deuxième grande partie de l’ouvrage sont rédigés par des membres de l’équipe UBLI. Y. Kawagushi s’intéresse au poids de la norme pour rendre compte de la variation en français et en turc; S. Yilmaz, en s’inspirant des études de Morel et Danon-Boileau 4 , fait l’inventaire des propriétés grammaticales et discursives des marqueurs de point de vue et de postrhème en turc parlé; I. Shoho rend compte des valeurs référentielles des pronoms démonstratifs en malais. L’ouvrage se termine par les six versions écrites des conférences données au cours de deux journées d’étude organisées par UBLI en janvier et octobre 2005. L’ensemble des textes est pour le moins hétéroclite. Les contributions s’intéressent, toujours dans une perspective usage-based, à l’apprentissage de l’allemand (S. Zaima) ou encore à la typologie grammaticale (M. Minegishi). Un autre chapitre fait état des troubles grammaticaux que rencontrent certains apprenants japonais avec l’anglais. Une étude phonétique portant sur le VOT (Voice Onset Time) en negata et en shikoku, deux langues parlées au Japon, précède un article sur la structure sémantique des particules spatiales anglaises qui peuvent donner lieu à des interprétations métaphoriques. Une étude sociolinguistique sur la politique linguistique du Canada clôt cette série de travaux. L’ensemble des textes recueillis dans ce 5 ème numéro de la collection UBLI est riche et diversifié. Il soulève d’intéressantes questions, qui mériteraient chacune un développement. Pour ma part, je rappellerai et étayerai ici certaines critiques que j’ai pu formuler à diffé- 236 Besprechungen - Comptes rendus 2 Pour n’en citer qu’une, cf. C. Blanche-Benveniste et al., Le français parlé. Études grammaticales, Paris 1990. 3 E. Campione/ J. Véronis/ J. Deulofeu, «The French Corpus», in: E. Cresti/ M. Moneglia (ed.), C-ORAL-ROM. Integrated Reference Corpora for Spoken Romance Languages,Amsterdam 2005: 111-33. 4 M.-A. Morel/ L. Danon-Boileau, Grammaire de l’intonation. L’exemple du français, Paris/ Gap 1998. rentes occasions à l’encontre de C-ORAL-ROM 5 , ce dernier occupant dans ce livre une place importante. La discussion portera sur l’implication de la prosodie à la lumière des autres sphères d’analyse du discours dans la question du découpage des unités discursives pertinentes. Pour mémoire, l’idée fondamentale des initiateurs du C-ORAL-ROM est que la phrase, unité (ortho-)graphique par excellence, n’est pas un concept opératoire pour transcrire l’oral 6 . En vue de trouver un digne remplaçant à la phrase, E. Cresti et M. Moneglia ont proposé de recourir à la notion d’«énoncé» (ou utterance). Dans la théorie de la lingua in atto 7 , l’énoncé est défini selon deux critères fondamentaux. Le premier est d’ordre prosodique. Tout est énoncé est ponctué d’une frontière prosodique dite terminale. Le second est d’ordre pragmatique, et stipule que tout énoncé va de pair avec l’accomplissement d’un acte de langage, au sens d’Austin 8 . L’énoncé ne recoupe pas les démarcations de la phrase graphique (qui est censée contenir au minimum un verbe conjugué, d’après la doxa), il n’est pas non plus défini par la présence de pauses silencieuses. Dans le C-ORAL-ROM, le découpage en énoncés a été fait à la main, par des natifs doctorants ou post-doctorants, chez qui les notions d’acte de langage et de frontière prosodique ne sont pas inconnues. L’hypothèse selon laquelle les natifs discrimineraient aisément entre les signaux terminaux et non terminaux dans les discours spontanés a d’ailleurs été confirmée par l’évaluation d’une entreprise externe (Loquendo, Turin) 9 . Ce découpage est capital, puisque c’est sur cette base que les comparaisons entre les langues du C-ORAL-ROM et la totalité des analyses grammaticales (statistiques, descriptives et autres) ont été conduites (cf. contributions de M. Moneglia, E. Cresti, J. Deulofeu et C. Blanche-Benveniste dans ce volume). Il nous semble pourtant que l’énoncé, tel qu’il est défini et repéré dans le C-ORAL-ROM, ne fait pas mieux que la phrase qu’il est censé remplacer. Pire: ce concept amène à formuler des généralisations hâtives, et conduit à des descriptions basées sur des prototypes, qui selon nous ne rendent pas compte de la vraie complexité de la grammaire de l’oral. J’irai droit à l’essentiel. J’invoquerai ici deux ou trois aspects qui me paraissent discutables concernant la notion «d’énoncé», et a fortiori l’analyse grammaticale des énoncés telle qu’elle est envisagée dans le C-ORAL-ROM. Ma première objection concerne la façon dont ont été identifiés les énoncés. L’annotation manuelle des phénomènes prosodiques - et la catégorisation des différents types de frontières ne constitue pas une exception - est extrêmement variable d’un auteur à l’autre: elle demeure fortement subjective. Ainsi, Pickering et al. 10 signalent-ils que, entre les deux 237 Besprechungen - Comptes rendus 5 M. Avanzi, Compte rendu de «C-ORAL-ROM. Integrated Reference Corpora for Spoken Romance Languages», VRom. 65 (2006): 141-44 et M. Avanzi et al., «Méthodologie et algorithmes pour la détection automatique des syllabes proéminentes dans les corpus de français parlé», Cahiers de l’AFLS (à par.). 6 Cf., entres autres, A. Berrendonner/ M.-J. [Reichler-]Béguelin, «Décalages: les niveaux de l’analyse linguistique», Langue française 81 (1989): 99-124. 7 Voir E. Cresti (ed.), Corpus di italiano parlato, Firenze 2000 et contributions d’E. Cresti/ M. Moneglia dans ce volume. 8 L. J. Austin, How to do things with words, Oxford 1962. 9 Les protocoles et les résultats des expérimentations effectuées pour vérifier la pertinence du découpage perceptuel ont été consignés dans le chapitre Appendice de l’ouvrage, dont il ressort au final que «given the high scores on agreement, it is safe to say that the prosodically annotated data of the C-ORAL-ROM corpus are very trustworthy». Commentaires de M. Swerts (Université de Tilburg) à propos du «Final Report of the C-ORAL-ROM Prosodic Tagging Evaluation». http: / / lablita.dit.unifi.it/ coralrom/ reports.html. 10 B. Pickering/ B. Williams/ G. Knowles, «Analysis of transcribers differences in the SEC», in: G. Knowles/ A. Wichmann/ P. Alderson (ed.), Working with Speech. Perspectives and research into the Lancaster/ IBM Spoken English Corpus, London/ New-York 1996: 59-105 (67). experts qui ont annoté manuellement le même sous-ensemble du Spoken English Corpus, le taux de désaccord quant à la présence d’une frontière est de 27 %. Dans le C-ORAL-ROM, la notion de «rupture prosodique terminale» (terminal prosodic break), comme son nom ne l’indique pas, n’est pas définie selon des propriétés prosodiques stricto sensu, mais mêle des considérations relevant de plusieurs niveaux d’analyse. Selon la théorie de la lingua in atto développée par Cresti 2000, un acte de langage = une frontière prosodique terminale = un énoncé. Or, on peut douter du bien-fondé d’une telle équation. En effet, l’accomplissement d’un «acte de langage» ne va pas systématiquement de pair avec une rupture prosodique terminale. En voici deux exemples, puisés dans le C-ORAL-ROM. (1) et puis ben après/ qu’est-ce que je fais euh je rince des seaux [ffamdl11] (2) qu’est-ce qu’ils appliquaient? ils appliquaient les méthodes/ de la justice de l’époque [ffamdl20] Les fragments textuels ci-dessus sont tous deux formés d’un couple de constructions verbales, qui expriment chacune un acte de langage: la première, soulignée, est une question; la seconde une assertion. Pourtant, le premier membre n’est pas assorti d’une frontière prosodique terminale comme le voudrait la théorie, mais d’un signe prosodique clairement continuatif (d’ailleurs, les annotateurs n’ont même pas noté de frontière prosodique entre les deux termes du premier exemple). Troisième chose: bien qu’il soit dit que les experts qui ont été invités à vérifier le découpage sont des personnes indépendantes du projet, et que le taux d’accord inter-annotateur est relativement bon 11 , les auteurs ont oublié de préciser que ces experts «extérieurs» ont été formés par les annotateurs du C-ORAL-ROM eux-mêmes. Dès lors, rien d’étonnant au fait que les experts soient d’accord avec ceux qui leur ont appris à repérer les frontières prosodiques terminales . . . Enfin, notre dernière remarque portera sur l’opposition +/ - terminal et ses avatars (+/ - conclusif, +/ - final, etc.). Selon nous, cette dichotomie n’est pas opératoire pour définir les unités prosodiques d’intégration maximales. Le fait qu’une unité prosodique soit considérée comme terminale ou non terminale, outre qu’il s’agisse là encore d’une variable extrêmement subjective, n’est pas déterminant pour repérer les ruptures prosodiques pertinentes, dans la mesure où une frontière prosodique majeure peut être indifféremment continuative ou conclusive 12 . En conclusion, on soulignera que Spoken Language Corpus and Linguistic Informatics contient des contributions qui abordent tous les niveaux de l’analyse linguistique, sous des angles théoriques différents et dans des perspectives méthodologiques diverses. Il intéressera aussi bien les spécialistes du traitement automatique de la parole que les grammairiens descriptivistes, en passant par les chercheurs en sociolinguistique et les spécialistes en didactique des langues. Mathieu Avanzi ★ 238 Besprechungen - Comptes rendus 11 M. Danieli et al., «Evaluation of Consensus on the Annotation of Prosodic Breaks in the Romance Corpus of Spontaneous Speech ‹C-ORAL-ROM›», in: M. T. Lino/ M. F. Xavier/ F. Ferraira/ R. Costa/ R. Silva (ed.), Proceedings of the 4 th LREC Conference, Paris (ELRA), vol. 4, 1513-16. 12 Cf. M. Avanzi/ Ph. Martin, «L’intonème conclusif: une fin (de phrase) en soi ? », in: Nouveaux Cahiers de Linguistique Française, 28 (2007): 223-41 Sanda Reinheimer/ Liliane Tasmowski, Pratique des Langues Romanes II. Les pronoms personnels, Paris (L’Harmattan) 2005, 243 p. Continuant le volume précédent Pratique des Langues Romanes I, cet ouvrage, consacré à une introduction aux structures morpho-syntaxiques des langues romanes, s’adresse à un public qui, disposant d’une formation de base en linguistique, serait désireux d’accéder de manière raisonnée à la connaissance des cinq langues modernes majeures issues du latin, à savoir l’espagnol et le portugais européens, le français, l’italien et le roumain. Les auteures cherchent à concilier descriptions diachroniques et synchroniques, de sorte qu’à chaque instant les faits traités se décodent à la fois par la confrontation des langues entre elles et par rapport à leur point d’origine commun. Comme son titre l’indique, le livre devrait permettre aussi de passer de la théorie à la pratique. Dans ce deuxième tome, les auteures se sont concentrées sur les pronoms personnels, sans vouloir privilégier aucune approche théorique particulière. Le livre se divise en trois grands chapitres: 1) mutations du système pronominal du latin; 2) le système pronominal roman du début; 3) le système pronominal des langues romanes; elles sont suivies d’une conclusion générale. Le premier chapitre fait état des mutations subies par le système pronominal du latin, langue synthétique avec un ordre des constituants modifiable, vers celui des langues romanes, langues à tendance analytique, avec un ordre des constituants fixe. Pour exprimer les fonctions syntaxiques, les langues romanes disposent de pronoms personnels. Au cours de la transformation du latin vers les langues romanes, un seul et même paradigme s’est scindé en deux: les pronoms dits «forts» et les pronoms dits «faibles». Alors qu’en latin, le pronom personnel en général pouvait occuper n’importe quelle position dans la proposition, dans les langues romanes, le pronom personnel dit «faible» est incontestablement lié au verbe, tandis que les formes fortes sont libres. Les pronoms personnels apparaissent comme des «membres phonétiquement différents, au comportement syntaxique différent et à la pragma-sémantique différente» (80). Dans le deuxième chapitre, l’évolution du système pronominal roman à partir du latin est clairement présentée par le biais de nombreux exemples parallèles. Ainsi l’allégeance des langues romanes anciennes à la loi dite de Tobler-Mussafia, selon laquelle le pronom faible objet ne peut se trouver en première position absolue de la phrase, s’affaiblit au cours du temps. Ce chapitre met également l’accent sur la terminologie inadéquate que représentent les notions de «pronoms personnels forts et pronoms personnels faibles» pour couvrir l’ensemble des faits observables dans les anciennes langues romanes. Le troisième chapitre présente la réaction des langues romanes face à de nombreux phénomènes, tels que leur comportement par rapport à la loi de Tobler-Mussafia, abordée dans le chapitre précédent. Toutes les langues romanes ont été soumises à cette loi, mais pas toutes dans les mêmes proportions ni également longtemps. Du comportement des clitiques dans les séquences présentées, on peut déduire que l’ordre dans lequel ils apparaissent est conditionné à la fois par des facteurs grammaticaux et référentiels. Ensuite, les auteures analysent l’expression et la répétition obligatoires des pronoms sur des verbes en coordination. Elles présentent l’expression dans la proposition des compléments argumentaux dépendant du verbe, des compléments non-argumentaux, et des compléments prépositionnels. Sont étudiés la compatibilité avec un pronom fort de même fonction dans la proposition, l’ordre dans les séquences de clitiques, l’adjacence à une catégorie non-verbale, et finalement le passage à la préfixation ou à la suffixation avec perte des traits autres que ceux de cas. Les conclusions récapitulent les caractéristiques des cinq langues étudiées sous forme de tableaux qui permettent d’apprécier les points développés dans l’ouvrage dans une per- 239 Besprechungen - Comptes rendus spective synchronique, et les placent sur une échelle indiquant leur rapport à la languemère, le latin, de la façon suivante: «latin portugais/ roumain espagnol italien français» (221). L’ouvrage fournit une documentation non négligeable et présente de nombreux points de vue théoriques, récents ou moins récents. Il est très informatif et atteint ses objectifs, en permettant d’explorer de façon pratique l’utilisation des pronoms personnels dans les cinq langues romanes étudiées. Le recours à des exemples concrets et compréhensibles rend l’ensemble fort intéressant non seulement pour des linguistes chevronnés, mais également pour des étudiants en linguistique souhaitant approfondir certains aspects de la genèse d’un paradigme et son déclin au fil du temps. Notre seul regret se rapporte à la présentation beaucoup trop succincte du pronom personnel «on». Isabelle Lemée ★ Wolfgang Dahmen/ Günter Holtus,/ Johannes Kramer/ Michael Metzeltin/ Wolfgang Schweickard/ Otto Winkelmann, (ed.), Romanistik und neue Medien. Romanistisches Kolloquium XVI, Tübingen (Narr), 2004 Cet ouvrage, regroupant plusieurs contributions présentées lors du xvi e Colloque des romanistes allemands, examine le rôle joué par l’informatique et les nouveaux médias dans l’étude des langues romanes. Les articles sont classés selon quatre principaux thèmes abordés. Dans la première partie (1-75), les différents travaux traitent des nouvelles techniques informatiques utilisées comme instruments de travail pour l’analyse des diverses langues issues du latin. Plus précisément, c’est l’importance des données électroniques qui est mise en avant, principalement en ce qui concerne leur emploi dans les domaines de la philologie et de la didactique. Entre autres, l’étude de Johannes Kramer (Elektronische Hilfsmittel in der Klassischen Philologie, Epigraphik und Papyrologie, 23-35) illustre l’intérêt incontestable des aides automatiques dans la philologie classique. Après avoir retracé l’histoire des moyens de saisie électroniques des textes anciens, «de la carte perforée au CD-ROM», l’auteur mentionne les liens Internet les plus utiles qui permettent d’accéder aux diverses informations ayant rapport avec le grec et le latin (par exemple le site http: / / www.perseus.tufts.edu/ , qui consiste en une banque de données très conséquente sur l’Antiquité grecque, donnant accès à de nombreux textes grecs accompagnés de leur traduction anglaise). De la même manière, Wolfgang Dahmen et Eugen Munteanu (Rumänisch im Internet, 37-52) insistent sur le rôle joué par Internet en ce qui concerne le roumain. Après avoir expliqué les raisons (géographique, culturelle, politique) pour lesquelles la Roumanie a connu de graves problèmes d’isolement linguistique, les auteurs montrent comment Internet a enfin facilité l’accès à sa langue et à sa littérature. L’article consiste en une liste méticuleuse de sites Web consacrés au roumain, pouvant servir de complément au travail réalisé par Klaus Gabriel et al. sur les autres langues romanes (Romanistik im Internet. Eine praktische Einführung in die Nutzung der neuen Medien im Rahmen der romanistischen Linguistik, Bonn 1999). Ces liens englobent des moteurs de recherche, des bibliographies et des bibliothèques (entre autres, la Bibliothèque de l’Académie Roumaine, www.bar.acad.ro ), des journaux ( www.cotidianul.ro , www.romanialibera.com , etc.), des dictionnaires, des textes et des revues littéraires (par exemple la revue România literara, consultable à l’adresse www.romlit.ro ), des offres Internet régionales, ainsi qu’un glossaire de terminologie relative au roumain. La deuxième section de ce volume (77-186) regroupe plusieurs articles dans lesquels les auteurs exposent les possibilités d’utilisation des ressources électroniques de diverses lan- 240 Besprechungen - Comptes rendus gues romanes telles que le portugais, l’espagnol, le français ou encore l’italien. Concrètement, il est question de l’utilité des dictionnaires et des corpus de textes pour la recherche en linguistique. L’intérêt de ces outils semble certain, dans la mesure où les dictionnaires sur ordinateur permettent des analyses linguistiques nettement plus précises et complexes, et que les corpus donnent accès à des possibilités de recherches plus étendues lors de la conception de divers travaux. Joseph Reisdoerfer («Lexicographie et linguistique de corpus», 125-32) en fournit d’ailleurs un exemple typique en mettant en avant le corpus Lux- Texte conçu sous sa direction, grâce auquel Johannes Kramer a été en mesure de développer son projet lexicographique, à savoir le Dictionnaire étymologique des éléments français du luxembourgeois. Un bémol doit tout de même être formulé. Si ces aides électroniques sont indéniablement très utiles, certaines le sont nettement moins que d’autres, que ce soit par leur contenu parfois très restreint ou encore par des complexités d’utilisation (les articles de cet ouvrage permettent d’ailleurs d’accéder aux sources les plus fiables). De plus, des progrès sont encore attendus: certains logiciels, pourtant déjà très avancés par rapport à d’autres, présentent toujours des faiblesses (stockage de données limité, entre autres), et plusieurs dictionnaires et corpus en ligne connaissent encore quelques difficultés d’accès; ils ne sont pas tous consultables ni utilisables à des fins scientifiques. D’autres domaines de recherche ont également pu se développer ces dernières années, suite au développement de l’informatique et des nouveaux médias. C’est le cas, par exemple, de la dialectométrie. Pour cette discipline relativement récente, visant à comparer différents dialectes d’une zone donnée, le développement de logiciels plus performants s’est évidemment avérée bénéfique. C’est dans la troisième section de cet ouvrage (187-248) que sont abordées les diverses techniques d’analyse des données géolinguistiques, mais aussi les possibilités de restitution des résultats, aussi bien visuelles qu’acoustiques. Parmi les méthodes d’analyse d’atlas linguistiques, le logiciel créé par Edgar Haimerl, le VDM (Visual Dialectometry), doit être mis en relief. Celui-ci permet en effet d’effectuer rapidement des calculs dialectométriques et de visualiser les réponses à l’aide d’un affichage graphique. Ce logiciel très puissant a permis à Hans Goebl, entre autres, de comparer d’un point de vue dialectométrique deux atlas, à savoir l’ALF, qu’il a exploité avec son équipe de Salzburg, ainsi que l’atlas de Dees (A. Dees/ P. Van Reenen/ J. De Vries, Atlas des formes et des constructions des chartes françaises du 13 ème siècle, Tübingen 1980). Dans sa contribution VDM-Visual Dialectometry. Vorstellung eines dialektometrischen Software-Pakets auf CD- ROM (mit Beispielen zu ALF und Dees 1980) (209-41), Goebl donne une description précise de l’utilisation du logiciel, et montre de quelle manière celui-ci rend compte des résultats obtenus, à travers différentes cartes représentant les similitudes entre les deux atlas étudiés. Les nouvelles techniques informatiques permettent désormais de mettre à disposition les formes sonores des données. Ainsi, Dieter Kattenbusch et Roland Bauer ont développé le projet d’un atlas linguistique acoustique des variétés régionales de l’Italie. Les premiers aboutissements de ce travail sont présentés par D. Kattenbusch dans l’article intitulé Akustischer Sprachatlas Siziliens (243-48). Les contributions de la quatrième section de ce volume (249-326) sont consacrées aux nouvelles formes d’interaction linguistique, accessibles sur Internet, ainsi qu’au rôle joué à cet égard par les nouveaux médias: ce sont ces récents moyens de communication qui permettent de nombreux échanges diversifiés (linguistiques, culturels, politiques, etc). C’est en particulier l’intérêt des forums de discussions qui est mis en avant, ceux-ci permettant - sans connaissances poussées en informatique - de participer à des débats qui jusqu’ici n’étaient pas ouverts et accessibles à tous, le principe étant de pouvoir partager des idées, de se renseigner ou encore d’apporter de nouvelles informations sur un thème donné, à l’aide de courriers électroniques. 241 Besprechungen - Comptes rendus Dans cette section, l’article d’Annette Gerstenberg (Digitare in piazza: zur Sprache im italienischen Chat, 309-26), qui parle non pas de ces forums, mais des salons de bavardage (Chatroom) 1 , apporte des données très intéressantes. Ces salons se distinguent des forums par l’instantanéité des discussions, c’est-à-dire que les utilisateurs dialoguent en temps réel. Ils consistent en des conversations écrites, dont le style est intermédiaire entre l’oral et l’écrit, et n’obéissant à aucune règle déterminée. Le travail de Gerstenberg repose sur ces nouvelles pratiques, qu’elle analyse à l’aide d’un corpus basé sur le Chatroom italien «Clarence». L’auteure explique que ces bavardages se caractérisent par le relâchement des normes propres à la langue écrite, en analysant plus précisément les utilisations fréquentes d’émoticones 2 (éléments graphiques employés pour exprimer des émotions) ainsi que les caractères d’informalité et d’expressivité (insultes, métaphores, pléonasmes, diminutifs, etc), d’internationalité (usages d’emprunts, principalement anglais) ou encore d’économie (abréviations, apocopes, aphérèses, etc). Il semble ainsi que l’étude des variétés et des normes linguistiques ne peut se faire actuellement sans prise en considération de ces nouveaux médias qui bouleversent nos habitudes de communication. Et de façon plus générale, l’étude des langues romanes a pris un essor considérable suite à l’évolution de l’informatique, principalement du CD-ROM et d’Internet. Exceptée la contribution de Michael Trauth (Vom rechten Gebrauche der EDV. Acht Empfehlungen, 3-22) qui tente de prévenir contre un usage inapproprié de l’ordinateur, cette constatation est développée dans ce livre par tous les auteurs, qui s’entendent sur les apports bénéfiques de ces médias, très profitables dans l’avancement de la recherche en romanistique. Soulignons enfin les références systématiques à Internet contenues dans cet ouvrage: les adresses des sites Web, nombreuses et utiles, visent des domaines de recherches linguistiques divers et variés. Espérons que ces indications ne vieilliront pas trop vite: on sait en effet à quel point les informations sur Internet (et les adresses correspondantes) sont volatiles et changent souvent. Nathalie Chasle ★ Annette Endruschat, Durch «mit» eingeleitete präpositionale Objekte in den romanischen Sprachen, Bochum (Universitätsverlag Dr. Brockmeyer) 2007, v + 264 p. (Diversitas Linguarum 13) Die von Annette Endruschat vorgelegte Habilitationsschrift reiht sich in die mittlerweile durchaus beachtliche Liste von Arbeiten zur Komitativität ein. Die Untersuchung bietet jedoch insofern bedeutsame neue Erkenntnisse, als sich die Autorin mit den bislang wenig beachteten Verb-Präposition-Verbindungen mit komitativer Bedeutung beschäftigt, also komplexere syntaktische Verbindungen in den Mittelpunkt der Betrachtung stellt. Bei der Komitativität handelt es sich um ein übereinzelsprachliches, wenn nicht gar universales Konzept, für das einzelne Sprachen jeweils unterschiedliche sprachliche Realisierungsmöglichkeiten zur Verfügung stellen. Dabei gibt es maximal differenzierende Sprachen, in denen verschiedene komitative Unterkonzepte mit jeweils unterschiedlichen sprachlichen Mitteln realisiert werden, und minimal differenzierende Sprachen, bei denen 242 Besprechungen - Comptes rendus 1 La banque terminologique du Québec (Office québécois de la langue française) propose les synonymes bavardoir ou clavardoir. 2 Écrit aussi emoticon, émoticône; le terme recommandé par l’Office québécois de la langue française est binette. alle Subkategorien des Komitativs mit demselben formalen Mittel ausgedrückt werden. Zu letzterer Kategorie gehören die romanischen Sprachen, die allesamt über eine komitative Präposition verfügen, die dem deutschen «mit» entspricht. Als Ziel ihrer Habilitationsschrift formuliert Endruschat die semantische Beschreibung der komitativen Präpositionen, ihrer Funktionen und Verwendungen in den verschiedenen romanischen Sprachen. Dieser kontrastive Ansatz ist insofern begrüßenswert, als sich die bisher vorliegenden Untersuchungen zur Komitativität vorwiegend auf das Englische bezogen und kaum kontrastiv ausgelegte Untersuchungen durchgeführt worden sind, wie Endruschat selbst richtigerweise bemängelt (45). Ein erstes Problem, mit dem die Autorin dabei konfrontiert wird, liegt in der bislang äußerst uneinheitlichen Definition von «komitativ» und «Komitativität». Dies, so mutmaßt Endruschat, ist wohl vor allem auf die Komplexität und Heterogenität des Begriffs «Kasus» zurückzuführen. Das erste Kapitel ist daher der Aufarbeitung der linguistischen Kategorien «Komitativ» und «Komitativität» gewidmet: Die bisherigen Definitionen werden zusammengefasst und einander kritisch gegenüber gestellt. Auch wenn im Allgemeinen, wie Endruschat aufzeigt, beim «Kasuskonzept» eine Entwicklung weg von der strukturalistischen Ausrichtung auf morphologische Markierungen hin zur Einbeziehung semantischer Komponenten stattgefunden hat, so bleibt doch eine große Inkonsistenz unter den bisherigen Forschungsbeiträgen zu beobachten. Aus diesem Dilemma heraus entwickelt Endruschat schließlich einen eigenen, zunächst recht kompliziert erscheinenden Ansatz zu «Komitativ, Komitativität und komitativer Subkategorisierung». Sie definiert Komitativität als semantische Relation zwischen zwei Bezugsgrößen A und B, die an einer Handlung teilnehmen. Die Teilnahme an der Handlung gestaltet sich in Abhängigkeit von unterschiedlichen Parametern wie Belebtheit, Kontrolle und Selbständigkeit der Bezugsgrößen. Auf der Basis dieser Parameter können mehrere Subkategorisierungen unterschieden werden. (45) Endruschat schlägt insgesamt 13 Subkategorisierungen vor, an die sie den Anspruch stellt, dass alle denkbaren Funktionen berücksichtigt und Zweifelsfälle/ Überschneidungen so weit wie möglich ausgeschlossen werden sollen. Konkret unterscheidet sie zwischen direktiv, dissoziativ, instrumental, kausal, komitativ, konfektiv, konnektiv, konzessiv, modal, possessiv, referential, soziativ und temporal. Diese Kategorisierung erweist sich im Laufe der Arbeit in der Tat als sehr hilfreich und dürfte nicht nur in der Romanistik, sondern auch in der allgemeinen Sprachwissenschaft wertvolle Ansatzpunkte für zukünftige Forschungen bieten. Kapitel 2 widmet sich den komitativen Präpositionen in der Romania. Auf den ersten Blick scheinen die von der jeweiligen Präposition abgedeckten Funktionen und Bedeutungen übereinzustimmen. Die etymologische Zweiteilung - Weiterführung des lateinischen cum im Italienischen, Portugiesischen und Spanischen gegenüber Französisch und Katalanisch, die auf apud zurückgehen - wirft jedoch die Frage nach semantischen Divergenzen auf. Anhand der Etymologie und Wortgeschichte untersucht Endruschat daher in diesem Kapitel, ob die im ersten Kapitel erarbeiteten Subkategorisierungen der Komitativität in den romanischen Sprachen jeweils durch ein und dieselbe komitative Präposition ausgedrückt werden können oder nicht. Sinnvollerweise beginnt Endruschat dieses Vorhaben mit einer Gegenüberstellung der lateinischen Präpositionen cum und apud, für die sie sowohl auf syntaktischer als auch auf semantischer Ebene wichtige Unterschiede herausarbeiten kann. So ist apud beispielsweise nur in adverbialer Funktion mit nachfolgendem Substantiv dokumentiert, selten jedoch nach Verben und niemals als Konjunktion oder Wortbildungselement (65). Beide Präpositionen drücken örtliche Nähe (von Personen) aus, die Bedeutung von apud ist jedoch enger und vorwiegend lokal. Auf dieselbe 243 Besprechungen - Comptes rendus Weise wie die lateinischen werden sodann die aus ihnen hervorgegangenen romanischen Präpositionen analysiert, im Einzelnen sind dies it. con, port. com , esp. con , rum. cu, fr. avec und kat. amb. Endruschat gelangt zu der Erkenntnis, dass die im ersten Kapitel erarbeiteten Subkategorisierungen der Komitativität in den romanischen Sprachen in der Tat durch jeweils ein und dieselbe komitative Präposition ausgedrückt werden, nämlich durch die einfache komitative Präposition («mit»). Es treten jedoch sprachspezifische Unterschiede im Gebrauch der Präpositionen auf, z. B. treten sie im Französischen und Katalanischen in einigen Subkategorisierungen seltener auf. Endruschat begründet dies nachvollziehbar damit, dass das Etymon apud, auf das avec/ amb zurückgehen, im Lateinischen nur zwei der benannten Subkategorisierungen abdeckte, die übrigen komitativischen Bedeutungen übernahmen avec/ amb erst nach und nach. Die entscheidende Erkenntnis dieses Kapitels ist jedoch wohl der Nachweis, dass die komitativen Präpositionen in den romanischen Sprachen - anders als ihre lateinischen Vorgänger cum und apud - die gesamte Palette komitativer Subkategorisierungen abdecken können, die Endruschat in Kapitel 1 vorstellt. In Kapitel 3 geht es um eine Aufarbeitung der Eigenschaften von Präpositionen in verbregierten Kontexten. Dieses - rein theoretische - Kapitel ist insofern von Bedeutung, als das Phänomen komitativer Präpositionen in Verbindung mit Verben bislang von der Forschung sehr vernachlässigt wurde und einige in diesem Zusammenhang grundlegende methodische Probleme wie das der Definition von Verbvalenz nach wie vor ungelöst sind. Endruschat beginnt dann auch sinnvollerweise mit einer Diskussion dieser Problematik, und zwar speziell hinsichtlich der Präpositionalphrasen. Sie kritisiert vor allem die unpräzise Trennung zwischen syntaktischer und semantischer Ebene, die sowohl bei Tesnière als auch bei entsprechenden Nachfolgearbeiten vorliegt. Ein weiteres Unterkapitel bildet die Diskussion möglicher Stufen eines Grammatikalisierungsprozesses von Argumentbezügen, die auf der Grundlage der sieben Valenzbindungsdimensionen von Jacobs (1994) 1 erarbeitet werden. Endruschat wendet diese Dimensionen - Notwendigkeit, Beteiligtheit, Argumenthaftigkeit, Exozentrizität, formale Spezifizität, inhaltliche Spezifizität und Assoziiertheit - auf verschiedene Verb-Präposition-Verbindungen an und weist nach, dass diese Verbindungen umso grammatikalisierter sind, je mehr der Jacobschen Beziehungsdimensionen vorliegen. Ein wichtiges Kriterium für Grammatikalisierung besteht dabei in der Nicht-Austauschbarkeit der Präposition bei unveränderter Interpretation. Das Kapitel schließt mit der Feststellung, dass valenzabhängige Präpositionalphrasen mit den vorausgehenden Verben verschiedene syntaktische Konstruktionstypen eingehen. Kapitel 4 bringt die einzelnen Erkenntnisse aus Kapitel 3 zusammen und stellt damit die theoretische Grundlage für das Kernstück der Arbeit bereit, die in Kapitel 5 folgende Korpusanalyse. Endruschat weist nach, dass die Beziehung zwischen Verb und Präposition auf einem semantischen Kompatibilitätsprinzip basiert. Um nun die Semantik der Verben in Einklang mit der Semantik der komitativen Präpositionen zu bringen, wird auf der Basis der komitativen Subkategorisierungen und der syntaktischen Konstruktionstypen (cf. Kapitel 3) ein Raster erarbeitet, nach dem die Verben mit komitativer Präpositionalphrase in Kapitel 5 aufgeführt werden sollen. Dabei sorgt die Grammatikalisierung der Präpositionen in valenzabhängigen Präpositionalphrasen für eine Reduktion der ursprünglich 13 Subkategorisierungen auf 7 und macht die Analyse damit angenehm überschaubar. Gemeinsam mit den syntaktischen Konstruktionstypen ergibt sich ein Raster, mit dem die Autorin ihr Ziel, ein klares, Überschneidungen und Zweifelsfälle (weitgehend) ausschließendes Klassifikationsmodell zu entwickeln, zweifellos erreicht. 244 Besprechungen - Comptes rendus 1 J. Jacobs, Kontra Valenz, Trier 1994 Kapitel 5 verfolgt schließlich das Ziel, Verben mit valenzabhängiger komitativer Präpositionalphrase in das in Kapitel 4 erarbeitete Raster einzuordnen. Dabei ist vielleicht zu bedauern, dass die Autorin auf die Erstellung eines eigenen Korpus verzichtet und stattdessen für jede Einzelsprache ein Korpus «zusammenstückelt». Die ausgewählten Beispiele sind aber mit Bedacht gewählt. So ist es zu begrüßen, dass Quellen gesprochen-informellen Charakters ausgeschlossen werden, da «dort Abweichungen im Gebrauch der Präpositionen zu erwarten sind» (184). Die Darstellung der Verben mit komitativer Präpositionalphrase erfolgt sinnvollerweise getrennt nach Sprachen und folgt der Untergliederung nach Subkategorisierungen, Konstruktionstypen und den semantischen Rollen der Mitspieler. Endruschat weist anhand dieser Auflistung nach, dass in allen (untersuchten) romanischen Sprachen die einzelnen Subkategorisierungen durch Verb-Präposition-Verbindungen ausgedrückt werden können, und dass die komitativische Bedeutung der Präposition auch in grammatikalisierten Verwendungen erhalten bleibt. Innerhalb der Subkategorisierungen treten allerdings sprachspezifische Besonderheiten auf; vor allem beim Französischen stellt Endruschat einige Diskrepanzen im Vergleich zu anderen romanischen Sprachen fest. In Kapitel 6 werden die wichtigsten Schlussfolgerungen der Arbeit zusammengetragen und Desiderata für weiterführende Untersuchungen benannt. Die hier besprochene Arbeit leistet insgesamt betrachtet einen wichtigen Beitrag zur semantischen Beschreibung der komitativen Präpositionen und ihren Verwendungen in den romanischen Sprachen. Bemerkenswert ist dabei vor allem, dass die Arbeit gleich an mehreren Problemstellen der aktuellen Forschungslage ansetzt und Lösungsansätze aufzeigt: So wird nicht nur die bislang unbefriedigende Beschreibung des Komitativs thematisiert, sondern u. a. auch die der Wortart Präposition im Allgemeinen zugeschriebenen Funktionen. Hier weist Endruschat ausdrücklich darauf hin, dass Präpositionen nicht entweder lexikalisch oder grammatisch sind, sondern dass sie wahlweise die eine oder andere Funktion übernehmen können. Schließlich gelingt es Endruschat auch und vor allem, mit ihren auf der Basis von Jacobs (1994) durchgeführten Analysen etwas Licht in die unbefriedigende Lage der Valenzdiskussion zu bringen. Durch die systematische Auseinandersetzung mit diesen theoretischen Problemfeldern leistet die Arbeit nicht nur einen bemerkenswerten Beitrag zur Beschreibung valenzgeforderter Präpositionalphrasen, sondern legt auch den Grundstein für zukünftige Beschreibungen komplexerer syntaktischer Verbindungen mit komitativer Bedeutung, die auf die von Endruschat entwickelten Subkategorisierungen zurückgreifen können und sollten. Carolin Patzelt ★ Ermenegildo Bidese/ James R. Dow/ Thomas Stolz (ed.), Das Zimbrische zwischen Germanisch und Romanisch, Bochum (Brockmeyer) 2005, 240 p. (Diversitas Linguarum 9) Der unter der Ägide einer internationalen Herausgebergemeinschaft entstandene Sammelband ist das Ergebnis der am 7. und 8. Januar 2005 in Bremen veranstalteten Tagung «Das Zimbrische zwischen Germanisch und Romanisch» des Fachbereiches Sprach- und Literaturwissenschaften der Universität Bremen in Kooperation mit dem korrespondierenden Fachbereich Lingue e Letterature der Università degli Studi von Verona. Äußerst begrüßenswert ist dieser Beitrag nicht nur, weil der letzte Kongress mit dem Schwerpunkt zimbrische Sprache und Kultur bereits 25 Jahre zurückliegt und das wissenschaftliche Schrifttum zu diesem Themenbereich nicht gerade überbordend ist, sondern auch weil dieser Band in fruchtbarer Weise ein Spektrum von Aufsätzen vereint, die sowohl einzelsprachliche Phänomene des Zimbrischen behandeln, als auch größere linguistische 245 Besprechungen - Comptes rendus Zusammenhänge thematisieren, abgerundet durch einige Beiträge zu anderen, kulturwissenschaftlich interessanten Gegebenheiten. Der Sammelband ist zweigeteilt in (I) Sprachwissenschaftliche Themen und (II) Kulturanthropologische Themen, wobei der linguistische Part nochmals in die Bereiche (1) Theoretische Aspekte der Kontaktlinguistik, (2) Empirisches zum Zimbrischen und (3) Parallelen aus der Germania gegliedert wurde. Die erste Sektion, in der die spezifische Sprachinselsituation des Zimbrischen und die daraus resultierenden linguistischen Besonderheiten im Spiegel allgemeiner oder anderer Sprachkontaktphänomene beleuchtet und nutzbar gemacht werden, wird durch den Beitrag Interferenz, Transferenz und Sprachmischung: Prolegomena zu einer konstruktivistischen Theorie des Sprachkontaktes von Klaus Zimmermann eröffnet. Ausgehend von einer neurobiologisch basierten Theorie des Konstruktivismus sucht dieser die zentralen Begriffe des Sprachkontaktes neu zu definieren bzw. die dahinterstehenden sprachlichen und außersprachlichen Phänomene kritisch zu hinterfragen. Die zentrale Rolle der Kognition im Sprachkontakt begründet sich durch die individuelle und spezifische Perzeption des Menschen und die damit zusammenhängende Art des Kommunikationsverhaltens. Angenommen wird, dass die Wahrnehmungswelt eines Individuums immer konstruiert ist, da die zu postulierende Wirklichkeit als physikalische Realität vom menschlichen Gehirn nur in Form von elektrischen Impulsen berührt wird. Diese werden dann mit Hilfe stammesgeschichtlich und erfahrungsbedingt erworbener Regeln zu bedeutungshaften Wahrnehmungsinhalten zusammengesetzt, wobei die entstandene Wahrnehmung hochgradig selektiv ist und von rationalen und emotionalen Faktoren abhängt. Die unterschiedliche Art der Verarbeitung von Daten im Gehirn gebietet eine entsprechende Differenzierung des Sprachkontaktes, je nachdem, in welcher zeitlichen Relation die Konfrontation von Erst- und Zweitsprache abläuft: a) Erlernung von L2 nach L1 (+ Sprechen in L2), b) L1 mit Elementen aus L2, c) L1 + L2 gleichzeitig. Dementsprechend sind dann auch die im Titel thematisierten Begriffe zu definieren: 1) Interferenz: Elemente + Strukturen von L1 in L2 (Basissprache L2), 2) Transferenz: Elemente + Strukturen von L2 in L1 (Basissprache L1), 3) Sprachmischung: Sprechen von 2 Sprachen: a) strukturelle Sprachmischung (z. B. frühkindliches Sprechen mit 2 Sprachen, Language Intertwining), b) kommunikative Sprachmischung (z. B. Code-Switching, Code-Mixing), 4) Neukreation: Sprachkontakt als Auslöser für die Entstehung neuer Sprachen. Wie sehr schließlich die jeweils eigene selektive Wahrnehmung Art und Umfang eines Sprachkontaktes steuert, zeigt die nachgewiesene Relevanz von Parametern, welche die Einflussbereitschaft bzw. Resistenz gegen Einflüsse von Sprechern kennzeichnen. Parameter wie «individuelle Zielsetzung beim Erlernen» oder «Prestige» sind aber nicht nur individuell determiniert, sondern gehorchen einem (un)bewussten Abgleichen mit den Strategien anderer Sprachteilnehmer, so dass hier durchaus auch (sprach)soziologische Prozesse ablaufen 1 . Inwieweit diese hier geschilderten kognitiven und soziologischen Prozesse nun zur Klärung der zimbrischen Sprachsituation beitragen können, wird von Zimmermann indes leider nicht mehr ausgeführt. Der zweite Beitrag Migration von Sprachen und Kulturen - Überlegungen zur kulturellen Dynamik von symbolischen Formen (besonders im Alpenraum) von Wolfgang Wildgen setzt zur Erklärung der Dynamik von Sprachkontakt und Sprachwechsel bei der Einbettung des Menschen in sein kulturelles und naturgegebenes Umfeld an. Ausgehend von 246 Besprechungen - Comptes rendus 1 Zu möglicherweise weiteren relevanten Parametern bei der Erfassung von verschiedenen Sprachkontaktsituationen cf. auch R. Schöntag, Sprachkontakt: Grammatische Interferenz im Französischen? , München 2003: 61-74. der Tatsache, dass Sprachen eingebunden sind in den gesamtökologischen Komplex von Mensch, Tier, Pflanze und Klima, können Sprachkontakt und Sprachveränderung auch nur im Zuge von größeren Migrationsprozessen und der damit einhergehenden Veränderung bestimmter Faktoren betrachtet werden. Migration betrifft prinzipiell alle Lebewesen, d. h. Pflanzen (im Sinne von Ausbreitung) wie Tiere und damit auch den Menschen, wobei zwischen regelmäßigen Bewegungen (z. B. Jagen, Sammeln), saisonalen Bewegungen (z. B. Transhumanz), Expansionen (Erweiterung eines Lebensraumes) und Völkerwanderungen (z. T. Raubmigration) unterschieden werden kann. Bei jeder räumlichen Verschiebung kommt es unweigerlich auch zur Wanderung von Kulturgütern, Techniken, Innovationen, Sitten und Gebräuchen sowie Sprachen. Indem die biologische Migration, also die demischen Bewegungen, in chronologische Relation zur symbolischen Migration, d. h. der Verbreitung von symbolischen Formen wie Mythen, Kunst, Technik, Religion, Sprache, Ökonomie- und Rechtssystemen gesetzt wird, lassen sich kulturgeschichtliche Veränderungen besser in einen entsprechenden Kausalzusammenhang bringen. Bei der Skizzierung von Wanderungsbewegungen im Verlauf der Menschheitsgeschichte können immer wieder benutzte Haupt- und Nebenrouten ausgemacht werden, die wie ein Netz den gesamten Siedlungsraum der Erde umspannen. Anhand des Verlaufes solcher Migrationswege lassen sich bestimmte Gesetzmäßigkeiten der Besiedlung bestimmen. So sind viele Wanderungsbewegungen entlang von Flussläufen verlaufen und konnten dort mit größerer Geschwindigkeit vonstatten gehen, während sie etwa an Gebirgszügen gebremst wurden. Diese Lenkung von Migration durch natürliche Gegebenheiten hat auch Auswirkungen auf den Kultur- und Sprachkontakt. Für das Zimbrische im Giazza-Tal lässt sich die entstandene Sprachinselsituation gut mit der nach Norden durch hohe Berge und schwierige Übergänge gehemmten Kontaktmöglichkeit zu den benachbarten germanischen Idiomen, und dem zwar offenen, aber durch romanische Dialekte als Sprachbarriere ebenfalls abgetrennten Talzugang nach Süden in Einklang bringen. Im dritten Beitrag der ersten Sektion über die Italianisierung in den alloglotten Sprachen Italiens von Thomas Stolz wird die zimbrische Sprachkontaktsituation in Analogie zu anderen Sprachinselsituationen gesetzt, bei denen das Italienische in seinen verschiedenen Ausprägungen maßgeblichen Einfluss als Dachsprache ausübt. Stolz geht von der Überlegung aus, dass ein plausibler Nachweis für die Entlehnung eines eventuell kontaktinduzierten sprachlichen Phänomens vor allem dann möglich ist, wenn es in vergleichbaren Sprachkontaktsituationen ebenfalls auftritt. Er stellt deshalb das Zimbrische dem Italo- Albanischen, dem Italo-Griechischen, dem Italo-Slavischen und schließlich dem Maltesischen gegenüber. Exemplarisch soll sein Vorgehen anhand der lexikalischen Entlehnung von it. allora in seiner temporalen und kausalen Bedeutung dargelegt werden. Alle aufgeführten Sprachen bzw. Sprachvarietäten haben ohne belegbare strukturelle Not allora aus dem Italienischen übernommen und zwar in der gleichen Funktion wie in der Gebersprache, nämlich als temporal-kausale Partikel zur Diskursgliederung. In dieser Hinsicht sind die alloglotten Sprachen Italiens somit in gewisser Weise «italienischer» geworden. Dies gilt ebenso für die etwas abweichende Kontaktsituation auf Malta, wo das Italienische jedoch den gleichen Mechanismus wie bei den anderen Sprachgemeinschaften in Gang setzte. Auch ein Vergleich mit außereuropäischen Fällen einer derartigen Entlehnung von Diskursmarkern lässt recht zuverlässig darauf schließen, dass sich das Zimbrische zumindest in dieser Hinsicht durchaus «regelkonform» verhält, wenn es als Replikasprache Diskurspartikel der Prestigesprache übernimmt und entsprechend in sein Sprachsystem eingliedert. Im Anschluss an diese ersten drei, hier etwas ausführlicher resümierten Beiträge drängt sich ein allgemeines Desiderat auf, und zwar bezüglich einer gesamtheitlicheren Vorgehensweise bei der Beurteilung von potentiellen Sprachkontaktphänomenen. Jeder der hier referierten Ansätze hat seine begründete Berechtigung, denn sowohl die Einbeziehung von 247 Besprechungen - Comptes rendus kognitiven Prozessen oder kulturellen Dynamiken, als auch die Berücksichtigung von vergleichbaren Situationen bringt Licht in einen sehr komplexen Prozess, sollte jedoch nicht dazu verführen, nur mit einer Theorie oder Methode zu operieren. Die zweite Sektion mit spezifisch zimbrischen Fragestellungen beginnt mit dem Artikel von Ermenegildo Bidese und Alessandra Tomaselli zu den Formen der «Herausstellung» und Verlust der V2-Restriktion in der Geschichte der zimbrischen Sprache, in dem die Entwicklung der Syntax im Kontext der romanischen Einflusssphäre untersucht wird. Mit Hilfe eines Korpus, der Texte und Sprachbeispiele vom ersten zimbrischen Katechismus (1602) bis heute umfasst, wird in diachronischer Betrachtung der langsame Abbau des V2- Phänomens im Zimbrischen analysiert. Dabei lässt sich jedoch aufgrund der bekannten Resistenz grammatischer Strukturen gegen fremdsprachliche Beeinflussung 2 nur partiell und unter gewissen Bedingungen eine Einflussnahme benachbarter italienischer Dialekte postulieren. Die im Zimbrischen wie im Standarddeutschen verankerte Restriktion bezüglich der linearen Wortfolge, dass im Aussagesatz nur eine Konstituente vor dem Verb stehen kann, wird geschwächt, wenn in bestimmten Ausnahmefällen Satzkonstruktionen (z. B. Fokussierung), wohl unter romanischem Einfluss, reanalysiert werden, wobei auch veränderte Satzstellungen zu registrieren sind, die keine Parallele in der romanischen Struktur haben. Teil der zweiten linguistischen Sektion des Sammelbandes sind auch die Beiträge von Adriana Castagna zu den Personalpronomen und Klitika im Zimbrischen mit einer Untersuchung zu den Stellungseigenschaften des Subjektes, der Positionierung von nominalen, pronominalen und klitischen Objekten sowie dem Phänomen des clitic doubling, und von Günther Grewendorf und Cecilia Poletto, die den Dialekt von Ploden (Sappada, auf der Südseite der Karnischen Alpen) mit dem Zimbrischen in Bezug auf einen postulierten Wandel in der Wortstellung analysieren (Von OV zu VO: ein Vergleich zwischen Zimbrisch und Plodarisch). Die dritte sprachwissenschaftliche Sektion Parallelen aus der Germania beginnt mit dem Aufsatz von Christel Stolz Zur Typologie der Genuszuweisung im Standarddeutschen und Zimbrischen, in dem die mögliche Variation im Genus des Substantivs kontrastiv sehr anschaulich aufgezeigt wird. Zur morphosyntaktischen Integration von entlehnten nominalen Lexemen gehört im Deutschen auch die Zuweisung eines Genus, die von der Sprachgemeinschaft intuitiv nach bestimmten Kriterien vorgenommen wird. Der von Stolz hierarchisch gegliederte Katalog von möglichen Faktoren (semantische, morphologische, phonologische, orthographische, sprachexterne), welche die Genuszuweisung beeinflussen können, und die dazu erarbeiteten Beispiele ergeben eine brauchbare Ausgangsbasis zur weiteren Vertiefung dieser Problematik. Welche Kriterien im Einzelfall dominieren, ist oft nur schwer zu entscheiden. Die Gegenüberstellung der Sprachkontaktsituation des Zimbrischen und der des Standarddeutschen ergibt jedoch ein relativ klares Ergebnis. Trotz relativer geographischer Nähe zum deutschen (bairisch-(süd)tirolerischen) Sprachraum sind Kenntnisse des Deutschen bei den Zimbrischsprechern relativ gering (höchstens durch eine gewisse Arbeitsmigration ins Südtirol und die Schweiz), die des Italienischen bzw. seiner Dialekte dagegen sehr groß, sodass eine fast ausschließliche Entlehnung aus dem romanischen Raum nicht erstaunt. Nur durch diese guten Kenntnisse der prestigeträchtigeren und dominierenden Nachbarsprache ist es erklärbar, dass über 80 % (z. T. über 90 %) der Entlehnungen im Zimbrischen mit einer Kopie des quellsprachigen Genus einhergehen. Im Deutschen, wo aufgrund anderer politischer und sprachsoziologischer Determinanten die Sprecher eine (romanische) Gebersprache längst nicht so gut, wenn überhaupt kennen, ist 248 Besprechungen - Comptes rendus 2 Cf. beispielsweise S. G. Thomason, Language Contact, Edinburgh 2001: 63-65. ein dominierender Faktor bei der Genuszuweisung längst nicht so eindeutig auszumachen und auch die Genusschwankungen sind entsprechend höher anzusetzen. Der letzte sprachwissenschaftliche Beitrag hat die naheliegende und sinnvolle Gegenüberstellung von Sprachinselsituationen bei Walsern und Zimbern zum Untersuchungsgegenstand. Agnes Kolmer knüpft in ihrem Aufsatz Subjektklitika als Kongruenzmarker: Ein Vergleich zwischen bairischen und alemannischen Sprachinseldialekten in Norditalien (Zimbrisch und Walserdeutsch) in gewisser Weise an den Beitrag von Bidese/ Tomaselli an und thematisiert kontaktinduzierten Strukturwandel. Neben erwartbaren bzw. bereits bekannten Ähnlichkeiten, z. B. eine dem Standarddeutschen entgegenstehende Stellung des Subjektpronomens in Relation zum finiten Verb, fallen auch Unterschiede auf, die gegebenenfalls Rückschlüsse auf den jeweiligen Status eines Grammatikalisierungsprozesses geben könnten. So differieren beide Sprachvarianten u. a. hinsichtlich der Distribution der Subjektklitika, und zwar insofern, als das Zimbrische in seinem grammatischen Subjektkongruenzsystem mit dem deutschen Standard geht, während die walserischen Dialekte eher dem ambigen Kongruenzsystem des Italienischen zuneigen. Die Abteilung Kulturanthropologische Themen besteht aus vier sehr unterschiedlichen Artikeln und gibt einen stichpunktartigen Einblick in extra-linguistisch Bemerkenswertes zur zimbrischen Situation. James R. Dow nimmt sich in Bruno Schweizer’s «Gesamtgrammatik» as a product of the «Kulturkommission» der heiklen Aufgabe an, die Arbeit Schweizers zu beleuchten, die u. a. in der heute noch wichtigen, in den Jahren zwischen 1941 und 1953 entstandenen Gesamtgrammtik der Zimbrischen Sprache. Vergleichende Darstellung der zimbrischen Dialekte, inklusive einem Band Zimbrischer Sprachatlas besteht, sowie einen Fundus an Schallplattenaufnahmen mit originalen Sprecherzeugnissen der Zeit umfasst. Obwohl Schweizer selbst ohne NSDAP-Mitgliedschaft blieb und seine universitäre Karriere aufgrund seiner opponenten Einstellung zurückstellen musste (die Universität München hat diesbezüglich wohl weder vor, noch nach dem Krieg rühmlich agiert), bleibt sein Werk, das einer strengen wissenschaftlichen Arbeitsweise verpflichtet ist und auf selbst durchgeführten Feldstudien beruht, insofern problematisch, als der Auftraggeber die nazionalsozialistische Kulturkomission, eine Unterabteilung von Himmlers Institution SS Ahnenerbe, war und damit natürlich eine gewisse tendenziöse Erwartungshaltung seitens der Auftraggeber einherging. Wie sich das Leben der Menschen und die sie umgebende Naturlandschaft in ihren Bauten widerspiegelt, zeigt Joachim Moroder in seinem Aufsatz Formenreichtum und Werkqualität der Steinbaustrukturen in den Lessinischen Alpen. Die schon fast untergegangene Kultur der zimbrischen Architektur, die mit den verfügbaren Materialien aus der Umgegend Zeugnis ablegt von der Arbeits- und Lebensweise der (einstmaligen) Bewohner und die im Gegensatz zu modernen Siedlungs- und Baukonzeptionen den Einklang mit der Landschaft sucht, zeigt trotz (oder gerade wegen) ihrer Schlichtheit, wie nah sie an den modernen Grundsätzen eines konstruktions- und materialgerechten Bauens ist. Im einzigen auf Zimbrisch verfassten Artikel von Remìgio Geiser, Vomme Gatòttareche dar Paurn zomme Hòolighen Gaprèchte - asò òch dorrètat-sich de Zimbrische Zunga, wird herausgearbeitet, wie das Zimbrische, als einstige Alltags- und Umgangssprache, in seiner Verwendungsweise sich immer mehr auf Domänen mit festlichem, sakralem Charakter oder einer sonstigen Spezifik zurückgezogen hat, wie es aber auch durch entsprechende Aktivitäten neue Impulse erhält und z. B. schon seit 1999 im Internet vertreten ist. Im abschließenden Beitrag von Giovanni Molinari wird die Frage nach Globalisierung und Zimbertum: endgültiger Untergang oder Wiederbelebungschance? aufgeworfen und eindeutig damit beantwortet, dass eine engere Verflechtung von Kulturen und Sprachen nicht zu einer unbeschränkten Vereinheitlichung und Vereinnahmung führen darf, da das Ziel einer sich befruchtenden Pluralität menschlichen Schaffens nicht eine Monokultur, sondern 249 Besprechungen - Comptes rendus der Austausch der Kulturen sein sollte. In diesem Sinne ist auch die Arbeit zur Erhaltung und Dokumentation verschiedener zimbrischer Kulturvereine (z. B. Curatorium Cimbricum Veronese) und deren Aktivitäten zu verstehen, die auch medial zur interkulturellen Verständigung beitragen wollen (z. B. Zeitschrift Tzimbar-Cimbri, Lehrbuch Bar lirnan Tauc, Homepage www.cimbri.it, Radio Cimbri-Lessinia). Insgesamt stellt der 2005 erschienene Sammelband zweifellos eine Bereicherung dar und verdient nicht nur von einem engen Kreis von Adepten des Zimbrischen rezipiert zu werden, sondern von all denjenigen, die sich für Sprach- und Kulturkontakt interessieren, auch um aus einem kleinen Einzelfall Erkenntnisse für allgemeingültige Prinzipien gewinnen zu können. Obwohl es nicht zu den eigentlichen Aufgaben einer wissenschaftlichen Beitragssammlung gehört, wäre es in diesem Fall im Hinblick auf einen weiteren Leserkreis doch wünschenswert gewesen, wenn in einem etwas umfangreicheren Vorwort die Sprachsituation der Zimbern dem aktuellen Stand entsprechend resümiert worden wäre. Roger Schöntag ★ Colette Feuillard (ed.), Créoles - Langages et Politiques linguistiques.Actes du XXVI e Colloque International de Linguistique Fonctionnelle, 30 septembre-7 octobre 2002 à Gosier (Guadeloupe), Berne (Peter Lang) 2004, 358 p. Le recueil dont il est question ici réunit les actes du Congrès international de la SILF (Société internationale de linguistique fonctionnelle) qui a eu lieu à la Guadeloupe en automne 2002. Selon l’Avant-propos (xi-xii), plus de quatre-vingts participants, originaires de vingt-trois pays, ont participé au colloque. Cependant, seules cinquante-six contributions écrites par cinquante-sept auteurs figurent dans les actes. Comme l’annonce le titre du recueil, les langues créoles et la politique linguistique en milieu créolophone ont constitué la thématique centrale du colloque, ce que justifiait également l’endroit où celui-ci s’est déroulé. En réalité, seule la première partie du volume (Partie I. Les Créoles) est consacrée aux langues créoles. Celle-ci est divisée en I.1. Conférences inaugurales, I.2. Structure et diversité et I.3. Créoles, bilinguisme et enseignement. La deuxième partie du recueil traite du langage dans toutes ses dimensions: la partie II. intitulée Langages est divisée en II.1 Généralités, II.2 Phonétique/ phonologie, II.3 Morphologie et syntaxe, II.4. Lexique et sémantique, II.5 Synthématique, II.6 Stylistique, II.7 Langue et santé et II.8. Sémiologie. La troisième partie est consacrée à l’enseignement et aux politiques linguistiques (cf. «Table des matières», v-ix). Vu le grand nombre de contributions, il nous est impossible de les présenter toutes dans le cadre de ce compte rendu. Nous accorderons donc la priorité aux contributions consacrées aux langues créoles qui figurent dans la première partie des actes, et ne présenterons qu’une petite sélection des travaux de la deuxième. Auparavant, il y a pourtant quelques observations préliminaires qui s’imposent. La politique éditoriale adoptée par la SILF pour ses actes de colloque - qui est de publier indifféremment toutes les communications soumises à temps et d’en limiter la longueur à quelques pages seulement - en rend la lecture du volume désagréable, et pénible le travail d’en rendre compte. Les auteurs ont été obligés de réduire leurs contributions le plus possible, ce qui explique, par exemple, que l’on trouve des travaux sans références bibliographiques et/ ou sans exemples linguistiques. À partir d’une présentation qui est alors souvent hyper-généralisée, le lecteur a du mal à se faire une idée concrète de l’étude qui est (es- 250 Besprechungen - Comptes rendus pérons-le! ) à la base de la contribution. De plus, certains travaux de qualité insuffisante ne méritent tout simplement pas de figurer dans les actes (on se demande, en effet, pourquoi leur présentation a été acceptée). La démocratie a donc son prix et il serait souhaitable que les comités d’édition des actes des congrès de la SILF procèdent à une sélection des travaux à publier, ce qui permettrait, entre autres, de présenter les travaux retenus sans les amputer. Ceci étant dit, passons donc à la partie créolistique de ce recueil. Les conférences inaugurales ont été assurées par les créolistes M.-C. Hazaël-Massieux et J. Bernabé. M.-C. Hazaël-Massieux de l’Université de Provence - le centre le plus important de la créolistique en France jusqu’à présent - donne une vision panoramique du créole guadeloupéen dans sa conférence «Le créole de Guadeloupe. Situation et description» (3-11). Dans le bilan de sa présentation, elle souligne qu’il serait souhaitable «que chacune des langues puisse être utilisée par tous les locuteurs, aussi bien et aussi complètement à l’oral qu’à l’écrit» (11). Quant à J. Bernabé de l’Université des Antilles et de la Guyane, il traite des «Éléments d’écolinguistique appliqués à la situation martiniquaise» (13-29). En tant qu’artisan du CAPES en créole, il admet, à propos de la variété du créole à standardiser, qu’il s’inscrit «délibérément dans une optique qui est celle de la différenciation, garantie d’une vraie diversité linguistique au sein de la diglossie» (22) et il souligne, au nom du «principe d’exclusivité fonctionnelle selon laquelle deux langues ne peuvent pas cohabiter dans la même niche écologique» (27), qu’«on ne voit pas, par exemple, pourquoi dépenser de l’énergie à perte afin de constituer artificiellement une langue créole des mathématiques alors qu’aucune production de pensée mathématique ne se ferait sui generis dans cette langue» (29). La section intitulée Structure et diversité commence par des observations fort intéressantes faites par J.-M. Charpentier dans sa contribution «La différenciation pidgins/ créoles au niveau de la culture et ses implications en matière d’éducation» (31-36), selon lesquelles «l’association Langue/ Culture/ Société ne trouve un écho que dans le seul monde créole» (33). C’est, à peu de chose près, la même pensée que nous avons formulée maintes fois: les langues créoles se distinguent par le fait qu’elles véhiculent l’identité de leurs locuteurs et qu’elles peuvent assumer toutes les fonctions linguistiques. La comparaison faite par J. Martinet, «Créoles et interlingua» (37-42), semble être plus motivée par le lieu et la thématique du colloque que par des faits linguistiques. Le travail de J. Caudmont, «Origine de l’anglais et du bêndê dans l’archipel de San Andrés et Providencia (République de Colombie)» (43-45), que nous avons commencé à lire avec beaucoup d’intérêt, étant nousmême chercheure travaillant sur le créole en question, s’est révélé une déception: bien que l’étude puisse contenir certaines données historiques (est-ce que aa dans im aa fi mi fren ‘il est mon ami’ est une erreur typographique ou bien une variante de l’actualisateur moderne da? ), elle se base sur un séjour effectué en 1953! Le travail n’a même pas été actualisé du point de vue des théories créolistiques: à part les langues africaines, l’auteur cite les langues amérindiennes et le créole portugais et espagnol comme facteurs qui ont joué un rôle «dans la déformation de la source anglaise» [sic! ] (44). Le travail de M. Tatilon, «Le créole du Cap-Vert» (47-54), se base uniquement sur les travaux d’autres chercheurs et ne tient même pas compte des développements récents dans le champ d’études sur le créole capverdien en ignorant totalement l’ALUPEC (Alfabeto Unificado para a Escrita do Crioulo), qui était pourtant utilisé à titre expérimental dans l’archipel depuis quatre ans lors de la présentation de son exposé. Affirmer que les différences entre les créoles des îles qui composent l’archipel se réduisent à des variantes phonétiques et qu’elles proviendraient de plusieurs langues africaines (48) montre que l’auteur ne connaît pas bien son sujet. L’étude de l’éminente créoliste G. Staudacher-Valliamée, intitulée «Les langues créoles à l’épreuve de la classification: grammaire de créole réunionnais. Prolégomènes à la 251 Besprechungen - Comptes rendus grammaire d’une langue créole» (55-60), est, par contre, de très grande qualité et avance quelques idées intéressantes, par exemple que la saturation de la valence verbale expliquerait le dimorphisme verbal dans plus de 80 % des cas. La coexistence d’une forme verbale courte et d’une autre longue, notamment dans les créoles de l’Océan Indien, a semble-t-il jusqu’à présent constitué une quasi-énigme pour les franco-créolistes. De plus, la section contient une étude sur la «Phonologie et variation en créole guadeloupéen», par J. Sainton (61-70), une «Étude du créole martiniquais d’un point de vue de phonologie historique - Aspects méthodologiques» par A. Gulyás (71-77), le travail «Quelle forme graphique pour lésan trankil? » par F. Delumeau (79-81), «La prédication nominale et l’actualisation en créole martiniquais» par B. Jeannot-Fourcaud (83-86) et une comparaison «Système en ap/ Système en ka. Esquisse comparative des systèmes aspecto-temporels du créole haïtien et du créole martiniquais» par R. Damoiseau (87-99). L’auteur de ce dernier travail est maître de conférences à l’Université des Antilles et de la Guyane et également l’auteur des Éléments de grammaire comparée français-créole (1999); il n’est donc pas un novice en matière de créolistique et de linguistique. Il est cependant surprenant qu’il ne cite que des références en français et/ ou réalisées par des chercheurs francophones: Comrie 1976 est toujours incontournable en ce qui concerne la discussion des systèmes aspectuels dans les langues du monde et Spears (p. ex. 1990) compare les mêmes systèmes aspectuels de l’haïtien et du créole des Petites Antilles dans plusieurs travaux 1 . Le terme «itératif» (92) ne semble pas indiqué pour rendre compte d’une des fonctions du marqueur progressif ka du créole des Petites Antilles, «habituel» nous semblerait plus approprié. La deuxième section de la première partie du livre commence par l’étude «En milieu créolophone, faut-il faire fonctionner la langue du dysfonctionnement social en situation d’apprentissage? » par P. Durizot Jno-Baptiste (101-06). La formulation du titre en dit déjà (quasi) tout - pourquoi ne pas poser la question: «En milieu créolophone, faut-il donner l’opportunité aux enfants d’acquérir une bonne base pour les études postérieures en commençant l’apprentissage formel en langue maternelle? » Les autres travaux de la section traitent les sujets suivants: «Dyslexies phonologiques en contexte bilingue créole-français», par A. Dorville (107-12); «Étude des représentations du créole et du français au collège en Guadeloupe. Place du créole dans l’enseignement», par C. Van Berten (113-21) - en tenant compte des résultats, l’auteur a raison en soulignant «l’importance de l’influence des représentations sur la mise en place de la politique linguistique» (120); «L’enseignement des proverbes dans les classes de la langue et culture créoles», par M.-R. Lafleur (123-34) et «Une expérience du commentaire écrit en créole. Bilan d’enseignement de l’entrée officielle du créole dans le système éducatif», deuxième contribution de J. Sainton (135-42). Dans ce dernier travail, nous avons trouvé notamment intéressante la (re)confirmation du fait que les mots de liaison entre paragraphes surgissent dans l’écriture du créole (138), auparavant une langue orale - cf. aussi p. ex. Michaelis 1994 à propos de la complexification syntaxique lors du passage d’un créole à l’écrit 2 - et les néologismes proposés par l’enseignant (141). Dans la deuxième partie, intitulée Langages, il y a un grand nombre de contributions de qualité inégale portant sur des sujets très variés. L’étude de l’éditrice du volume, C. Feuillard, «Tendances contradictoires dans la dynamique des langues» (145-48), s’insè- 252 Besprechungen - Comptes rendus 1 B. Comrie, Aspect: An introduction to the study of verbal aspect and related problems, Cambridge 1976; A. Spears, «Tense, mood, and aspect in the Haitian Creole preverbal marker system», in: J. Singler (ed.), Pidgin and Creole Tense-Mood-Aspect Systems, Amsterdam 1990: 119-42. 2 S. Michaelis, Komplexe Syntax im Seychellen-Kreol. Verknüpfung von Sachverhaltsdarstellungen zwischen Mündlichkeit und Schriftlichkeit, Tübingen 1994. re parfaitement dans le cadre d’un congrès de la SILF puisqu’elle constate combien il est difficile de trouver une «justification» fonctionnelle pour le subjonctif et le conditionnel français. La comparaison de la «Structure atomique et (des) structures linguistiques» d’A. Xanthos (149-51) semble, par contre, trop recherchée pour s’y insérer de façon naturelle. Quant au travail de B. Rodriguez Diez, «Sur le genre et les genres en espagnol» (173- 77), il manque d’originalité, car une grammaire quelconque devrait, en principe, fournir le même type de classification, tandis que l’étude de N. Chatar-Moumni, intitulée «Le ‘pronom copule’ huwa en arabe marocain» (183-85), semble effectivement apporter de nouvelles connaissances, à savoir que l’unité en question s’est transformée en un marqueur de sujet. La seule contribution du livre écrite en anglais est le travail de T. Akamatsu: «The Threat of English Loanwords in Japanese» (211-14). Il est étonnant de constater qu’un tel exposé de purisme linguistique ait été accepté pour être présenté lors d’un colloque sur la linguistique au troisième millénaire. L’étude «Santé et migration: traduction idéale ou idéal de traduction», par P. Singy (245-58), reflète une recherche-action par excellence et constitue un complément bienvenu aux travaux autrement plutôt théoriques de cette partie des actes. «Le Nu en peinture: ‹masculin› & ‹féminin›. Un regard sémiologique», par A. Chaves (259-63), paraît d’abord légèrement hors contexte dans ce tome, mais apporte finalement des résultats sociologiquement fort intéressants: « . . . cette peinture dite moderne ou contemporaine n’est moderne que par l’emploi des nouvelles techniques. [Elle] continue toujours à véhiculer les mêmes valeurs rétrogrades et traditionnelles . . . où l’homme garde son rôle de sujet agissant, et la femme le rôle d’un objet esthétisé.» (263). Pour la troisième partie, nous allons également nous limiter à quelques contributions. Le travail de S. Durand-Gasselin, «Bilinguisme: fauteur ou révélateur de troubles? » (271-74), se basant sur une expérience de vingt ans comme orthophoniste en milieu bilingue à Madrid (et non à partir d’études rigoureusement menées), penche pour la deuxième hypothèse: le bilinguisme augmenterait les troubles langagiers même s’il n’en est pas la cause. Curieusement, l’auteure examine les troubles langagiers au niveau de la discrimination auditive et articulatoire d’une part et au niveau du langage d’autre part (272). Le niveau de la phonétique/ phonologie ne fait-il donc pas partie du système langagier? La question que se pose D. Manessa, «Faut-il apprendre à lire dans la langue maternelle? » (299-302), tout en se référant aux communautés créolophones de la Guadeloupe et de la Martinique, reste sans véritable réponse, tandis que N. Zellal, dans sa contribution «Oral/ écrit dans l’éducation de l’enfant versus de l’écolier» (303-05), se déclare ouvertement hostile à l’usage de la langue maternelle à l’école. R. Jolivet, dans son étude «Enseignement et maintien d’une langue menacée: le romanche» (323-26), démontre qu’un enseignement en langue maternelle dans le primaire n’est pas une garantie immédiate de maintien de la langue, mais croit cependant au rôle primordial de l’école. Dans la dernière contribution, J. C. Herreras fournit beaucoup de données sur la politique linguistique de l’Espagne postfranquiste dans son exposé «Langue(s) véhiculaire(s) dans l’enseignement primaire des Communautés bilingues de l’Espagne» (327-34). Dans la discussion, il souligne entre autres choses le fait que, pour le gouvernement autonome de la Catalogne, le principe de l’UNESCO qui conseille d’enseigner les enfants en langue maternelle, n’est plus de rigueur pour les enfants de langue maternelle espagnole (334). Malgré toutes les critiques formulées ci-dessus, le recueil offre des points de vue intéressants sur une multitude de sujets, et même les contributions les plus faibles peuvent être matière à réflexion pour le lecteur. Angela Bartens ★ 253 Besprechungen - Comptes rendus Colette Feuillard (ed.), Créoles - Langages et Politiques linguistiques. Actes du XXVI e Colloque International de Linguistique Fonctionnelle, 30 septembre-7 octobre 2002 à Gosier (Guadeloupe), Berne (Peter Lang) 2004, 358 p. Der 358-seitige Band umfasst insgesamt 56 Beiträge, in denen neben den Fragestellungen der Kreolistik, dem Hauptgegenstand des 2002 in Gosier stattgefundenen Kolloquiums, auch zahlreiche andere Themen aus verschiedenen sprachwissenschaftlichen Perspektiven beleuchtet werden. Das erste Kapitel (I.1) des ersten Teil des Bandes (I. Les créoles, 3-141) umfasst zwei einleitende Beiträge: eine dichte und informative Übersicht über die sprachtypologische Beschaffenheit und die phonologischen, morphosyntaktischen und lexikalischen Merkmale des Kreolischen von Guadeloupe (Marie-Christine Hazaël-Massieux, 3-11) und einen ökolinguistisch ausgerichteten Blick auf die sprachliche Situation auf Martinique (Jean Bernabé, 13-29). Das mit Structure et diversité betitelte zweite Kapitel (I.2, 31-99) beinhaltet zehn Aufsätze, die sich größtenteils strukturellen Eigenschaften und Besonderheiten der einzelnen Kreolsprachen zuwenden. Besonders lesenswert sind der Vergleich der Systeme der Aspekt- und Tempusmarker der Kreolsprachen von Haïti und Martinique von Robert Damoiseau (87-99), die Analyse des kontextbedingten Gebrauchs der auxiliaires de prédication in der nominalen Prädikation des Kreolischen von Martinique von Béatrice Jeannot- Fourcaud (83-86) und die Ausführungen von Gillette Staudacher-Valliamee (55-60) zu den unités complexes, die aufgrund ihrer Zugehörigkeit zum lexikalischen und grammatikalischen Inventar (z. B.: bann: in bann, ‘une bande’ vs. bann liv, ‘les livres’; (la)kaz: in gran kaz ‘une grande maison’ vs. lakaz madamelà, ‘chez cette femme’) Aufschluss über die Grammatikalisierungsprozesse geben und zugleich brauchbare Parameter des Sprachvergleichs liefern. Interessante Untersuchungsperspektiven eröffnen auch der kurze Überblick über das Variantenspektrum des englisch basierten Kreols bêndè auf der Inselgruppe San Andrés y Providencia (Jean Caudmont, 43-45), die Darstellungen der lautlichen, morphosyntaktischen und lexikalischen Eigenschaften des Kreolischen von Cabo Verde (Manuela Tatilon, 47-54) und des phonologischen Systems des Kreolischen von Guadeloupe (Juliette Sainton, 61-70), sowie die methodologischen Vorschläge zur diachron ausgerichteten phonologischen Untersuchung des Kreolischen von Martinique ausgehend von den Korpora der Dialekte der Normandie (Adrienn Gulyás, 71-77) und die Ausführungen von Fabrice Delumeau, der ausgehend von einem Beispiel aus dem Kreolischen von Guadeloupe verschiedene Positionen zum Verhältnis zwischen dem oral und dem écrit und zur Verschriftung des Kreolischen erörtert (79-81). Weniger einleuchtend sind die Vorgehensweise und der Erkenntniswert des sechs Seiten umfassenden phonologischen, morphologischen, syntaktischen und lexikalischen Vergleichs von «Créoles et interlingua» von Jeanne Martinet (37-42), dessen wissenschaftliche Grundlage sich auf einen 12 Zeilen langen kreolischen Text und dessen Übersetzung in Interlingua und Valdmans «Le créole: structure, statut et origine» (1978) beschränkt: «N’étant pas spécialiste de créole, j’ai puisé mon information à ce sujet dans l’ouvrage d’Albert Valdman. Le titre même de l’ouvrage suggère des critères de comparaison.» (37). Zu erwähnen bleibt noch der Aufsatz von Jean-Michel Charpentier (31-36), der sich ausgehend von Kritik an den herkömmlichen (und mit Blick auf die Funktion und strukturellen Eigenschaften des Pidgins im Pazifik unzulänglichen) Kriterien der Differenzierung zwischen pidgins und créoles der Frage zuwendet, welche Rolle die Pidgins im Unterricht spielen sollen. Es wäre einer Überlegung wert gewesen, diesen Beitrag eher im dritten und letzten Kapitel des 1. Teils zu veröffentlichen, in dem unter dem Titel «Créoles, bilinguisme et enseignement» sprach- und bildungspolitische Aspekte der Situation in kreolophonen Gebieten und ihre Auswirkungen auf die Unterrichtspraxis behandelt werden (101-41). 254 Besprechungen - Comptes rendus Zwei empirisch fundierte Beiträge behandeln die Frage nach dem Einsatz des Kreolischen als Unterrichtssprache und -fach: Der Beitrag von Paulette Durizot Jno-Baptiste bietet eine interessante Gegenüberstellung der Argumente zugunsten bzw. zuungunsten des Kreolischen, die in Befragungen der niederländisch-, französisch-, englisch- und spanischsprachigen Karibikbevölkerung erhoben wurden (101-06), während Christine Van Berten (113-21) aufgrund von Befragtenaussagen der Frage nachgeht, inwieweit die Aufwertung des Kreolischen von Guadeloupe auf der Ebene der Repräsentationen mit dem konkreten Wunsch nach dem Einsatz des Kreolischen als Unterrichtssprache und -fach korreliert. Vor dem Hintergrund der Aufnahme des Kreolischen in das Programm des I. U. F. M. (2001/ 02) und der neuen Prüfungsregelungen, die u. a. Textproduktion und Interviews auf Kreolisch vorsehen, berichtet Juliette Sainton (135-41) über Schwierigkeiten, die den Studenten diese neuen sprachlichen Erfahrungen bereiten (z. B. Unsicherheiten bei der Einschätzung des Sprachregisters kreolischer Texte) und über die von ihnen eingesetzten mündlichen und schriftlichen Strategien wie z. B. Bildung von Neologismen und Kodewechsel. Alain Dorville analysiert in «Dyslexies phonologiques en contexte bilingue créole-français» die Leseschwierigkeiten der kreolischen Muttersprachler und plädiert mit Blick auf die Entwicklung metalinguistischer Kompetenzen für den Einsatz des Kreolischen im vorschulischen Unterricht (107-12). Marie-Rose Lafleur untersucht die Möglichkeiten des Einsatzes kreolischer Sprichwörter im Unterricht (123-34). Der zweite (Langages, 145-268) und dritte (Enseignement et politiques linguistiques, 271- 358) Teil des Buchs umfassen insgesamt 39 kurze Beiträge (durchschnittlich 3 bis 4 Seiten) und bieten ein thematisch sehr diversifiertes Nebeneinander von strukturellen, stilistischen, semiologischen, sprachpolitischen und sprachpädagogischen Fragestellungen, bei dem man allerdings leider öfter den roten Faden vermisst. So untersucht z. B. Colette Feuillard im Abschnitt II.1 (Généralités, 145-55) die gegenwärtigen Tendenzen im Gebrauch des Subjonctif und Conditionnel (145-48), während Aris Xanthos einen knappen und eher abstrakt bleibenden Vergleich der Sprachstruktur mit Bohrs Atommodell (149-51) anstellt und Alexeï Prikhodkine (153-55) sich mit Spracheinstellungen gegenüber ausgewählten Regionalismen und Dialektalismen im Kanton Waadt befasst. Im Abschnitt II.2 (Phonétique/ phonologie, 157-72) werden von Alexandre Veiga phonologische Oppositionen und das Verhältnis zwischen Phonologie und Phonetik (157-62) und von François-Xavier Nève (163- 72) aktuelle Entwicklungen im Gebrauch des e muet behandelt. Im Abschnitt II.3 (Morphologie et syntaxe, 173-94) analysiert Bonifacio Rodrígues Díez die dem Genus im Spanischen zugrunde liegenden semantischen Oppositionen (173-77); Denis Costaouec wendet sich ausgehend von standardfranzösischen und dialektalen Beispielen dem Wert und Status der Kopulae (179-82) zu, während Nizha Chatar-Moumni die Rolle des pronom copule hüwa im marokkanischen Arabisch (183-85), Nuria Rodrígues Pedreira den kontextabhängigen Wert des adjectif qualificatif und adjectif relationnel (187-90) und Laura Pino die syntaktische Rolle des objet interne im Französischen untersuchen. Es folgen die Abschnitte II.4 Lexique et sémantique (195-214), II.5 Synthématique (215-36), II.6 Stylistique (237-43), II.7 Langue et santé (245-58) und II.8 Sémiologie (259-68), in denen neben wissenschaftlichen Analysen leider auch fachfremde persönliche Stellungnahmen zu lesen sind; so beklagt z. B. Tsutomu Akamatsu in seinem Artikel zum Gebrauch von englischen Lehnwörtern im Japanischen: «I personally find it difficult to reconcile myself to the rampant lexical mishmash in current Japanese. The threat of English loanwords in Japanese is a regrettable reality to me.» (214). In den 16 Beiträgen des dritten und letzten Teils werden ausgehend von Beobachtungen der soziolinguistischen und sprachpolitischen Situation im jeweils untersuchten sprachlichen Kontext verschiedene sprach- und unterrichtspolitische Themen erörtert, die sich um folgende Themenkreise gruppieren: 1) Mechanismen und Methoden des Spracherwerbs (cf. 255 Besprechungen - Comptes rendus die Erörterung der Frage, ob die Entwicklung der Lesekompetenz zunächst in der Muttersprache erfolgen soll, von Danièle Manesse (299-302), und die Ausführungen zur Frage des Erwerbs prosodischer Merkmale der Zweitsprache von Gabrielle Konopczynski und Christelle Dodane (275-82); 2) Rolle und Status der jeweils behandelten Sprachen im schulischen Unterricht bzw. in der betreffenden Gesellschaft und die damit verbundenen Perspektiven (cf. José Carlos Herreras Ausführungen zur Rolle der einzelnen Regionalsprachen Spaniens (327-34), Remi Jolivets Beitrag zum Rätoromanischen, (323-26), Hakim Smaïls Überlegungen zum gesetzlichen und reellen Status der Berbersprachen, (335-39), und die empirisch fundierte Studie zu den Einstellungen der Jugendlichen aus ein- und zweisprachigen Familien gegenüber dem Erwerb des Kasachischen und der Bedeutung des Kasachischen, Russischen, Englischen und Türkischen von Harald Weydt (315-21)). Der Titel des Bandes vermag der ausgesprochenen Verschiedenartigkeit der behandelten Sachverhalte und gewählten wissenschaftlichen Perspektiven nur zum Teil gerecht zu werden: Es ist schwer anzunehmen, dass ein mit «Créoles - Langages et Politiques linguistiques» betitelter Sammelband das Interesse des Lesers wecken dürfte, der sich etwa mit Verbalsyntagmen des Französischen, dem Genus im Spanischen, dem Status der Berbersprachen oder den morphosyntaktischen Eigenschaften des marokkanischen Arabisch befasst 1 . Das Fehlen eines genauer definierten und strenger strukturierten thematischen Rahmens und das Nebeneinander wissenschaftlich fundierter Analysen und an der Oberfläche bleibender Inputs wirken zwar stellenweise störend, doch insgesamt bietet der Band zahlreiche Anregungen und eröffnet viele interessante Perspektiven und Vergleichsmöglichkeiten, die ihn durchaus lesenswert machen. Goranka Rocco ★ Iris Bachmann, Die Sprachwerdung des Kreolischen. Eine diskursanalytische Untersuchung am Beispiel des Papiamentu,Tübingen (Narr) 2005, 215 p. (Frankfurter Beiträge zur Lateinamerikanistik 10) Den Inhalt dieser spannenden, von Birgit Scharlau betreuten Dissertation knapp zusammenzufassen, ist schwierig. Denn die originelle und dabei gut durchdachte Arbeit ist zum einen sehr dicht, zum anderen extrem breit angelegt und verknüpft mitunter Bereiche, die weit auseinanderliegen. Dadurch ist es für den Leser nicht immer leicht, am Ball zu bleiben, obwohl die Studie im Prinzip durchaus kohärent ist. Im Vordergrund steht die Frage: «Unter welchen diskursiven Bedingungen tauchen Kreolsprachen als Gegenstand der Sprachwissenschaft auf und welchen Platz erhalten sie dabei im Gefüge akademischer Linguistik? » (25).Anhand der spanischen Kreolsprache Papiamentu, die auf Aruba, Bonaire und Curaçao gesprochen wird, schildert Bachmann den langen Weg von der Abqualifizierung der Kreolsprachen als «korrumpiertes Spanisch» (resp. Französisch, Englisch, Portugiesisch) im 17. und 18. Jh. und in der historisch-vergleichenden Sprachwissenschaft des 19. Jh. zu ihrer Einstufung als vollwertige, eigenständige Sprachen im Rahmen der amerikanischen Pidgin and Creole Studies. Sie konzentriert sich dabei auf die Zeit seit der Mitte des 19. Jh., weil es vorher nur vereinzelt Sprachbeschreibungen der Kreols gab. Das Korpus, auf das sich Bachmann stützt, setzt sich zusammen aus Laiendiskurs und wissenschaftlichem Diskurs, wobei beide Diskurse miteinander verzahnt 256 Besprechungen - Comptes rendus 1 Um es in Zahlen auszudrücken: Der erste, den Kreolsprachen gewidmete Teil, beinhaltet 17 von insgesamt 39 Aufsätzen des Buchs. sind. Verf. bezieht drei Arten von Texten ein: zum einen Sprachbeschreibungen von Laien (z. B. Missionarsgrammatiken), daneben sprachwissenschaftliche Analysen der Kreolsprachen (v. a. des Papiamentu) und schließlich Texte «zum allgemeinen wissenschaftlichen Sprachdiskurs» (30). Es handelt sich hierbei um Texte u. a. von Diez, Paul, de Saussure, Jespersen, Bloomfield und Lyons, die zwischen der zweiten Hälfte des 19. Jh. und den frühen 1970er Jahren entstanden sind und von Verf. in Bezug zum Kreoldiskurs gesetzt werden; eine Entscheidung, die zunächst etwas überraschend anmuten mag, sich aber bei näherem Hinsehen als sinnvoll und ergiebig entpuppt. Die ersten beiden Kapitel haben einführenden Charakter. Im 1. Kapitel, «Diskursanalyse als Sprachwissenschaftsgeschichte» (9-24), präsentiert Verf. die theoretischen Grundlagen und beschreibt den Aufbau ihrer Studie. In Anlehnung an diverse in den letzten Jahren erschienene Arbeiten auf dem Gebiet der (post-)colonial studies wählt sie einen diskursanalytischen Ansatz und fasst Sprache auf als «Ergebnis einer diskursiven Praxis im foucaultschen Sinne . . ., die deren sprachwissenschaftliche Konzeptualisierung modelliert» (11). Der erste Schnitt, den sie setzt, umfasst Arbeiten zum Papiamentu, die zwischen der Mitte des 19. Jahrhunderts und den 40er Jahren des 20. Jahrhunderts entstanden sind. Die Sprachbeschreibungen aus dem 19. Jh. kommen vor allem aus zwei Bereichen. Zum einen handelt es sich um «volkspädagogische» Arbeiten, etwa in Form von Missionarsgrammatiken oder Katechismen, d. h. also Laiensprachbeschreibungen, zum anderen um Arbeiten aus der historisch-vergleichenden Sprachwissenschaft, v. a. aus der Romanistik. Im Laufe des 20. Jh. kann man ein «enormes quantitatives Wachstum des diskursiven Feldes» (13) beobachten. Die Laienbeschreibungen sind einem präskriptiven Diskurs zuzurechnen, wohingegen die sprachwissenschaftlichen Beschreibungen einem deskriptiven Diskurs angehören, d. h. hier wird Sprache als reines Beschreibungsobjekt charakterisiert. Der zweite Schnitt ist gleichermaßen ein zeitlicher und ein räumlicher: Bachmann untersucht das Auftreten der Kreolsprachen im amerikanischen Diskurs ab den 1950er Jahren. Sie analysiert, wie sich der Sprachdiskurs verändert, so dass Kreols in den Pidgin and Creole Studies nicht mehr wie in der historisch-vergleichenden Sprachwissenschaft als Derivate der romanischen Sprachen, sondern als vollwertige Sprachen aufgefasst werden. Sie vermutet, dass der «Remodellierung der Wissensformation von einer diachronen zur synchronen Linguistik» (13) bei dieser Veränderung eine nicht unbedeutende Rolle zukommt. Ein besonderes Augenmerk legt Verf. bei beiden Schnitten auf die konkrete Praxis der Datenerhebung sowie deren konzeptionelle Bedingungen. Es geht ihr nicht nur darum, die materialen Bedingungen nachzuzeichnen, sondern auch darum, die Wechselbeziehung zwischen Datenerzeugung und Gegenstandsbildung aufzuzeigen. Im 2., sehr kurzen Kapitel präsentiert Verf. «Das Korpus» (25-30). Das 3. Kapitel, «Das romanistische Modell: Kreolsprachen in der historisch-vergleichenden Sprachwissenschaft» (31-56), beginnt mit der Feststellung, dass in den ersten wissenschaftlichen Arbeiten zu Kreolsprachen - und zwar nicht nur in den romanistischen - bezüglich der Entstehung dieser Sprachen meistens Parallelen zur Entwicklung der romanischen Sprachen aus dem Lateinischen hergestellt werden. Wurden im frühen 19. Jh. die romanischen Sprachen häufig als «korrumpierte Fortsetzer» des Lateinischen bezeichnet, so sieht man später die romanischen Sprachen als natürliche Fortentwicklungen des Lateins an und die Kreolsprachen gelten in der 2. Hälfte des 19. Jh., etwa bei Schuchardt, als «korrumpierte Fortsetzer» des Französischen oder Spanischen. Innerhalb der historisch-vergleichenden Sprachwissenschaft beschäftigt sich - aus naheliegenden Gründen - vor allem die Romanistik mit den Kreolsprachen. Ihr Hauptinteresse richten die Wissenschaftler auf die systematische Erfassung der Lautveränderungen, die die Kreolsprachen gegenüber den europäischen Ausgangssprachen durchlaufen haben. Vergleichsgröße für das Papiamentu ist meist das europäische Spanisch, aber mitunter werden 257 Besprechungen - Comptes rendus auch panamerikanische Charakteristika oder - wegen der geographischen Nähe und des engen wirtschaftlichen Kontaktes - das venezolanische Spanisch zum Vergleich herangezogen. Die allmähliche Durchsetzung der historisch-vergleichenden Methode bedingt es, dass Sprachwandel nicht mehr als Verfall aufgefasst wird, sondern «der natürliche Prozess des Lautwandels als Motor von Veränderungen ins Blickfeld der Forschung [rückt], der . . . alle Sprachen . . . in systematischer . . . Weise transformiert» (51). Mit diesem neuen Fokus, so Bachmanns überzeugende Argumentation, hängt es zusammen, dass die Kreolsprachen nun nicht mehr wie bei Schuchardt als Bruch, sondern als «eine Verlängerung der europäischen Entwicklung» (51) konzipiert werden. Das 4. Kapitel, «Schrift und sprachliches Wissen» (57-85), dreht sich um die Zusammenhänge zwischen dem Laiendiskurs und der sprachwissenschaftlichen Beschreibung der Kreolsprachen. Die beiden Diskurse sind über das empirische Material miteinander verzahnt. Die historisch-vergleichende Sprachwissenschaft arbeitet mit Texten, die von Missionaren und Kolonialbeamten bereit gestellt werden. Es handelt sich einerseits um von den Missionaren verfasste Katechismen und christliche Prosa, andererseits um volkstümliche Texte wie Lieder oder Legenden. Erst nach der Aufbereitung gemäß den Methoden der wissenschaftlichen Textkritik gelten die Texte den Sprachwissenschaftlern als valables Material. Laiendiskurs und sprachwissenschaftlicher Diskurs unterscheiden sich, wie Bachmann stichhaltig darlegt, durch eine unterschiedliche Vorstellung von Schrift. Im Laiendiskurs ist der Buchstabe «die entscheidende analytische Größe . . ., von dem ausgehend man eine Schreibung des Papiamentu entwickeln und systematisieren konnte» (82), im Diskurs der historisch-vergleichenden Sprachwissenschaft ist es hingegen der Laut. Im 5. Kapitel: «De volkstaal van Curaçao: das Papiamentu zwischen Philologie, Volks- und Völkerkunde» (87-119) steht der Begriff der Volkssprache im Vordergrund. Feinsinnig analysiert Verf. die verschiedenen Verwendungskontexte dieses Begriffs. Er taucht im Laiendiskurs zum Papiamentu, aber auch im Diskurs der Sprachwissenschaftler auf und zwar in den Gegensatzpaaren Volkssprache - Literatursprache, Volkssprache - Schriftsprache und Volkssprache - Kultursprache. D. h. zum einen wird diastratisch differenziert zwischen der Sprache des einfachen Volkes, dem Papiamentu, und der Sprache der Gebildeten, Niederländisch oder Spanisch. Zum anderen wird medial differenziert zwischen der rein mündlichen Sprache des einfachen Volkes, dem Papiamentu, und der Literatursprache (Niederländisch oder Spanisch). Teilweise überschneiden sich die beiden Unterscheidungen (die, darauf weist Bachmann zu Recht hin, ähnlich auch in Bezug auf das Paar Vulgärlatein/ klassisches Latein zu finden sind). Eine gewisse Sonderstellung hat Rodolfo Lenz inne, der den Versuch unternimmt, «das Papiamentu, analog zu den europäischen ‹Kultursprachen› Niederländisch oder Spanisch in verschiedene sprachliche Register aufzuteilen und es damit vom Stigma des patois zu befreien» (94). Was die curaçaischen Beiträge in der Sprachenfrage betrifft, so konstatiert Verf. eine gewisse Ambivalenz. Zwar plädiert kein Autor öffentlich für das Papiamentu, doch wird immer wieder darauf abgehoben, dass das Papiamentu die Sprache aller Curaçaer sei. Einige einheimische Texte aus der ersten Hälfte des 19. Jh. zeigen eindeutig, dass das Papiamentu für die Autoren zum Symbol curaçaischer Identität geworden ist. In den 1930er Jahren wird «zum ersten Mal ein nationaler Diskurs deutlich, der auf das Papiamentu als Sprache der Curaçaer Bezug nimmt» (97). Während niederländische Kolonialbeamte das Papiamentu weiterhin als «Volkssprache» in der Bedeutung «Sprache der bildungsfernen einfachen Schichten» benützen, bezeichnet der dominikanische Priester Latour das Papiamentu als «de taal van een volk». Während volkstaal «die curaçaische Gesellschaft in verschiedene Gruppen - die gebildete Oberschicht und die ungebildete Masse - aufteilt, die unterschiedliche Sprachen sprechen», verbindet de taal van een volk «alle Bewohner Curaçaos zu einer Einheit, die sich durch ihre Sprache Papiamentu von den Niederländern unter- 258 Besprechungen - Comptes rendus scheiden» (98). Bezeichnungen des Papiamentu als neger-spaansch oder slaventaaltje (101) sind zwar zu finden, werden aber seit dem späten 19. Jh. nur noch aus der europäischen Perspektive verwendet, was wesentlich mit der Verbreitung des Papiamentu zu tun hat. Außenstehende sprechen ab dem frühen 19. Jh. von der allgemeinen Verbreitung des Kreols auch unter der weißen Bevölkerung (102). Bachmann weist - getreu ihrem Ansatz - zu Recht darauf hin, dass man daraus nicht automatisch den Schluss ziehen darf, dass die weiße Bevölkerung im 17. Jh. kein Papiamentu gesprochen hätte. «Es lässt sich aber eine unterschiedliche diskursive Konstruktion des Kreols ausmachen, das von einer eindeutigen Zuordnung als ‹Sprache der schwarzen Sklaven› zur ‹allgemeinen Umgangssprache von Curaçao› mutiert» (101). Das 6. Kapitel, «Intermezzo: Die Naturalisierung des Sprachbegriffs» (121-51), beinhaltet aufschlussreiche Informationen zum Begriff der Naturalisierung, wirkt aber andererseits aufgrund der nur kurz angerissenen Exkurse 6.3 «Kreolsprachen als Modell für eine internationale Hilfssprache», und 6.4 «Kindersprache - Muttersprache - fremde Sprache» arg heterogen. Bachmann beobachtet eine «Naturalisierung» von Sprache seit dem 19. Jh. Darunter versteht sie nicht, dass die Sprache selbst natürlicher geworden wäre, sondern «die Vorstellung von Sprache, die ihrer wissenschaftlichen Gegenstandsbestimmung zugrunde liegt» (123). Der Grund für diese Naturalisierung liegt ihres Erachtens darin, dass die Sprachwissenschaftler sich auf den Lautwandel als einen systematisch ablaufenden Prozess konzentrieren, Sprachwandel als einen natürlichen Vorgang verstehen und «der sprachverändernde Aspekt der Grammatisierung der europäischen Vernakularsprachen» (126) mit Hilfe von Wörterbüchern und Grammatiken 1 an Bedeutung verliert. Die «Ablösung des Wissenschaftsdiskurses von der Materialität der Schrift in der ersten Hälfte des 20. Jahrhunderts» (123) ist für Verf. die Bedingung dafür, dass die Kreols zu vollwertigen Sprachen aufgewertet werden. «Die Entstehung der Pidgin and Creole Studies» (153-89) ist das Thema des 7. und - sieht man von der Schlussbetrachtung ab - letzten Kapitels. Im 20. Jh. kommt es in Amerika gewissermaßen zu einer «Wiederentdeckung» der Kreols. Nach dem Ende des spanischamerikanischen Krieges werden die USA langsam anstelle der europäischen Staaten zur neuen Hegemonialmacht in der Karibik. In der Zeit zwischen den beiden Weltkriegen festigen sie ihre Vormachtstellung. Das ist der Hintergrund für die Herausbildung der Pidgin and Creole Studies als akademischer Disziplin seit den 1950er Jahren und für die zunächst zu beobachtende Inszenierung der Fachgeschichte als rein amerikanischer. Dass heute Pidgin und Kreol generisch verwendet und im allgemeinen in Bezug aufeinander definiert werden, dergestalt, dass Kreolsprachen als ursprüngliche Pidginsprachen gelten, die im Vergleich zu den Pidgins Grammatik und Lexikon stärker ausgebaut haben und im Unterschied zu diesen als Muttersprache fungieren, geht auf den amerikanischen Diskurs zurück. Sowohl Pidgin als auch Kreol waren ursprünglich nicht-generische Bezeichnungen für bestimmte Sprachen. Auch in anderer Hinsicht haben die Pidgin and Creole Studies der Kreolistik ein neues Gepräge gegeben. Betrachtet man z. B. die Korpusgewinnung des amerikanischen Kreolisten Charles Harris, stellt man fest, dass er mit einer recht schmalen Datenbasis operiert und zur Korpusgewinnung im Unterschied zu historisch-vergleichenden Sprachwissenschaftlern auf muttersprachliche Informanten zurückgreift. Der zentrale Unterschied, wenn man die Forschung zum Papiamentu in der amerikanischen Kreolistik mit der in der historisch-vergleichenden Sprachwissenschaft vergleicht, ist allerdings, dass die amerikanische Kreolistik das Papiamentu als eigenständiges und unab- 259 Besprechungen - Comptes rendus 1 Bachmann stützt sich hier auf Sylvain Auroux. hängiges Sprachsystem auffasst und keinerlei Veranlassung sieht, zur Erklärung bestimmter Lautwandelphänomene auf das Spanische oder das Portugiesische zu rekurrieren. Bachmann zufolge ist es die synchrone Betrachtungsweise, die überhaupt erst die Möglichkeit eröffnet, «eine größere Unabhängigkeit der einzelnen Sprachgebilde zuzulassen. [Dies] wurde in Bezug auf die Kreolsprachen zu einer Emanzipierung von der derivativen Perspektive der Diachronie genutzt» (174). Die Sprachwerdung des Kreolischen ist ein hochinteressantes und klug konzipiertes Buch. Wie Verf. ihre Schnitte setzt - sowohl in räumlicher als auch in zeitlicher Hinsicht - ist kühn, aber sehr plausibel. Bei ihren Interpretationen geht sie im allgemeinen mit großer Umsicht und Sorgfalt vor. Nur ganz selten fällt ihr Urteil etwas grob aus, etwa wenn Verf. annimmt: «Es ist vermutlich kein Zufall, dass die von der europäischen Genealogie ausgehende historisch-vergleichende Methode für zunehmend selbstbewusste (US-)amerikanische Forscher an Interesse verlor» (174). Hier muss man bedenken, dass zu der betreffenden Zeit - es geht Verf. um die Zeit seit den 50er Jahren - die historisch-vergleichende Methode auch in Europa ihre führende Rolle verloren hatte. Ihren Entschluss, die sprachwissenschaftliche Forschung zu Kreolsprachen in Relation zum allgemeinen sprachwissenschaftlichen Diskurs zu stellen, setzt Verf. überzeugend um, bspw. wenn sie zeigt, dass sich die Neukonzeption des Sprachwandels im Gefolge der Etablierung der historisch-vergleichenden Sprachwissenschaft auch auf die Wahrnehmung der Kreolsprachen auswirkt oder wenn sie darlegt, inwiefern der Wechsel von der diachronen zur synchronen Betrachtungsweise die Wahrnehmung der Kreolsprachen beeinflusst. Insgesamt handelt es sich bei dem Werk von Bachmann somit zweifellos um eine sehr differenzierte, anregende und faszinierende Studie. Yvonne Stork ★ Adnan M. Gökçen, I volgari di Bonvesin da la Riva. Testi del ms. Berlinese, New York (Lang) 1996, lvii + 224 p. (Studies in Italian Culture Literature in History 18) Adnan M. Gökçen, I volgari di Bonvesin da la Riva. Testi dei mss. Trivulziano 93 (v. 113fine), Ambrosiano T. 10 sup., N. 95 sup., Toledano Capitolare 10-28, New York (Lang) 2001, cv + 253 p. (Studies in Italian Culture Literature in History 32) Il primo volume dell’edizione di Gökçen (= Gökçen 1996) si compone di una Premessa (ixlvii = Prem1), in otto paragrafi, seguita dall’edizione 1 dei tredici testi di Bonvesin da la Riva contenuti nel codice milanese, presumibilmente di fine Duecento, proveniente dalla libreria quattrocentesca di Santa Maria Incoronata, chiamato per antonomasia Berlinese (Berlin, Öffentliche Wissenschaftliche Bibliothek, Ital. qu. 26, ff. 1r°-80v°, siglato a). I tredici testi, indicati dagli editori nella seguente maniera alfabetica, hanno la rubrica che li accompagna nel manoscritto e sono: a [De Sathana cum Virgine] «Quiloga se lomenta lo Satanas traitor» (3-23, 480v.); b Vulgare de elymosinis «Çascun homo il so stao, s’el vol a Deo servir» (25-69, 1048v.); c De quindecim miraculis que debent apparere ante diem iudicii «Aprov(o) la fin del mondo, s’el è ki’n voia odire» (71-3, 52v.); d De die iudicii «Queste en paroll(e) ter- 260 Besprechungen - Comptes rendus 1 Per opportunità tipografica si traslittera qui, nella trascrizione dei versi, il puntino espuntivo sottoscritto con le parentesi tonde. Recensione di F. Marri (autore di un Glossario al milanese di Bonvesin, Bologna 1977) in Studi e problemi di critica testuale 66 (2003): 185-89, che parla di «un’edizione in linea con le moderne esigenze della new philology, e (premesso comunque che il margine di arbitrarietà resta alto) degna di essere posta d’ora in avanti a fondamento della vulgata bonvesiniana.». ribele ke portan grand valor» (75-92, 369v.); e-f De anima cum corpore «Quiloga incontra l’anima sì parla l(o) Crëator» (93-116, 388v. e 144v.); g Disputatio rose cum viola «Quilò se diffinissce la disputatïon» (117-27, 248v.); h Disputatio musce cum formica «Eo Bonvesin dra Riva no voi(o) fà k’eo no diga» (129-41, 276v.); i De peccatore cum Virgine «Ki vol odir cuintar d’una zentil novella» (143-49, 144v.); l Laudes de Virgine Maria «Eo Bonvesin dra Riva mo voi(o) fà melodia» (151-74, 528v.); m Rationes quare Virgo tenetur diligere peccatores «La Vergen glorïosa matre del Salvator» (175-80, 124v.); n De quinquaginta curialitatibus ad mensam «Fra Bonvesin dra Riva, ke sta im borg(o) Legnian» (181-90, 204v.); o Vulgare de passione Sancti Iob «A çascun hom del mondo Deo ha dao poëstae» (191-204, 324v.); p Vita beati Alexii (v. 1-112) «Eufimïan da Roma fo nobel cavale(r)» (205-10, 112v., p si interrompe infatti nel manoscritto a al v. 112). Segue in questo volume, dai tre fogli di guardia del codice T 46 sup. della Biblioteca Ambrosiana (= frammenti ambrosiani) 2 , u [De cruce] «Se tu haviss(i) de quelle tu no t(e) lementarissi» (211-18, 178v.). Chiudono il volume cinque tavole del codice Berlinese (220-24). Ecco poi, sommariamente, l’articolazione degli argomenti di Prem1, che non hanno sottotitoli: §1 l’edizione critica di Contini 1941 [= «edizione romana»] (ix-xiii), §2 il sistema grafico del Berlinese (xiii-xxviii), §3 l’edizione di Contini 1941, «operazione paleontologica» quando elimina nel testo le varianti caduche (xxviii-xxix), §4 «le insufficienze che gravemente infirmano la validità dell’intera edizione romana» (xxix-xxx), §5 i criteri di Contini 1941 (xxxi-liv), §6 le desinenze dell’imperfetto (lv), §7 dieresi e dialefe (lv), §8 costituzione grafica dell’edizione in cui «tutte le varianti di forma che l’edizione romana adduce nell’apparato sono state promosse a testo» (lvis.). Il secondo volume, apparso cinque anni dopo (= Gökçen 2001), contiene la Premessa (vii-xciv = Prem2) in 11 paragrafi; la Nota bibliografica (xciv-c); Avvertenze e Appendice con le serie rimatiche dei testi p 113-t (ci-cv); e poi la prosecuzione alfabetica dei componimenti, a partire dal séguito di p Vita beati Alexii (v. 113-524) del testimone d «Dominodé - dis(e) quello -, tu sii glorificao» (3-28, 411v.); q del testimone b [De falsis excusationibus] «Multi hom(i)ni in questa vita se dan scusatïon» (29-46, 276v.); r del testimone b [De vanitatibus] «Le vanitae del mondo, tut(o) zo ke l’hom ha voia» (47-55, 128v.); s [Libro delle tre scritture] diviso in tre parti: s1 del testimone b [De scriptura nigra] «In nom(e) de Iesù Criste e de sancta Maria» (57-113, 908v.), s2 dei testimoni b e g [De scriptura rubra] «De la scrigiura rossa quilò sì segue a dire» (115-52, 448v.), s3 del testimone b [De scriptura aurea] «Dra lettera doradha mo voio aregordar» (153-200, 752v.); t del testimone e [Disputatio mensium] «Moresta d’aventagio ki vor odì cantar» (201-47, 736v.). Chiudono il volume, con una tavola ciascuno, i testimoni d (251), b (252), g (253). Ecco i paragrafi principali di Prem2, che presentano un loro titoletto nell’Indice (vii): §1 Edizioni, manoscritti, grafia dei mss. (ixs.), §2 Criteri per assimilare i mss. recenziori al ms. Berlinese (xi-xxxiv), §3 Le formule -eo, -ei, -er (xxxivs.), §4 Il dittongo -ae (xxxvi), §5 -t-, -dinterni (xxxvii-xliii), §6 Altri criteri di trascrizione (xliv-lv), §7 Articolo e pronome (lv-lxvi), §8 Cenni grafici (lxvii-lxxv), §9 Le forme integre (lxxv-lxxxiii), §10 Le rime (lxxxiii), §11 Circa l’edizione romana (lxxxivxciv). I manoscritti sono indicati secondo la siglatura dell’edizione critica di Contini 1941 (Prem2: lxxxvi-xciv), e cioè a (Berlin, Öffentliche Wissenschaftliche Bibliothek, Ital. qu. 26) dell’inizio del xiv sec., che contiene a, b, c, d, e, f, g, h, i, l, m, n, o, p; b (Milano, Biblioteca Ambrosiana, T 10 sup.) del sec. xv, che contiene, nell’ordine, s3, q, s1, d, l, m, e, f, s2, o, r, i; g (Milano, Biblioteca Ambrosiana, N 95 sup.) del sec. xv, che contiene d, s2, n; d (Milano, Archivio Storico Civico, cod. Trivulziano 93) della seconda metà del xiv sec., che contiene 261 Besprechungen - Comptes rendus 2 Scoperto e edito da S. Isella Brusamolino, «Bonvesin da la Riva, De cruce. Testo frammentario e inedito», ASNSP (1979): 1929-31. p; e (Toledo, Biblioteca Capitular, cód. 10-28) il codice, forse del xiv sec., che contiene t. C’è poi un altro testo (v), le Expositiones Catonis, trasmesso da due testimoni z (Bergamo, Biblioteca Civica, S.iv.36) del xv sec., e il ms. 1029 del Museo Civico Correr, non preso in conto da Gökçen «troppo malconcio perché se ne possa tentare la ricostruzione» (Prem2: x). La presenza di una doppia siglatura, greca per i testimoni e latina per le opere, rivela già da sola la complessa e lunga serie storica di lavori su Bonvesin, e difatti ripercorrere la bibliografia dà l’impressione di trovarsi davanti ad una compiuta filologia bonvesiniana (in àmbito tedesco si parla infatti di Bonvesin-Philologie), identificabile con una filologia dell’antico milanese, che potrebbe anche chiudersi su se stessa, nel suo àmbito linguistico e tematico, se non fosse che tra i suoi cultori si annovera il giovanissimo Gianfranco Contini (1912-90), con interventi che datano dal 1935, e con delle ripercussioni teoretiche di portata ben più generale, di cui si discuterà più oltre. La serie greca era stata adibita fin dal 1868 ai testimoni manoscritti, quella delle maiuscole latine è stata continuata anche con le scoperte più recenti, come quella di Silvia Isella Brusamolino nel 1979. Di necessità, l’esame dell’edizione di Gökçen non potrà prescindere dalla storia delle edizioni (anche virtuali) di Bonvesin, una sorta di genealogia che era ben presente a Contini, dal quale si apprende che «agl’inizi del xx secolo Leandro Biadene intraprese a . . . dar fuori il corpus, criticamente costituito, di Bonvesin da la Riva, impresa già progettata dal Mussafia e dal Monaci, poi abbandonata. Se non opera speculativamente critica (per un simile lavoro i fondamenti essenziali furon posti da Carlo Salvioni), quella del Biadene sarebbe riuscita riproduzione fedelissima, e perciò preziosa, di tutti i manoscritti bonvesiniani.» (Contini, «Leandro Biadene», SM, n. s. xii 1939: 232-34: 233). Questo ricordo ci serve ad evocare i nomi di Mussafia, Monaci, Biadene, Salvioni e Contini, e per quello che riguarda Contini ricorda la lunga diacronia dell’interesse bonvesiniano di questo maestro. Anche in questa recensione non si potrà prescindere da un duplice problema: da una parte le caratteristiche dell’edizione di Gökçen, e dall’altra la storia del problema «edizione di Bonvesin» nel pensiero di Contini, perché a lui è dedicato il primo volume del 1996 e al suo magistero Gökçen 1996 fa esplicito riferimento («È stato il prof. Contini a propormi il compito di riscrivere l’intero corpus bonvesiniano secondo nuove convenzioni, e lui ancora a volermi, con generosa disponibilità, consigliare nel corso del lavoro.» Prem1: v). Un discorso di questo genere si impone anche perché nel lavoro di Gökçen il confronto con il maestro italiano, costante e implicito (ma forse non del tutto congruo), prescinde da qualsiasi accenno ai problemi teorici. Esemplare al riguardo l’avverbio debitamente del seguente passaggio: «I testi conservati da tali testimoni tardi e deteriori sono nell’edizione Contini debitamente trasportati nella veste grafica del Berlinese.» (Prem1: xii), che è l’unica formula, veramente implicita, dedicata a uno dei problemi teorici più intricati dell’arte dell’edizione critica. 1. L’edizione di Gökçen. Ovviamente unitario è il progetto dei due volumi: i testi di Bonvesin sono presentati secondo la loro comparsa nei manoscritti. Prima i testi nell’ordine di a, in secondo luogo la conclusione di p contenuta in d (il quale comunque contiene integralmente La vita beati Alexii) e poi i testi e l’ordine di b, già parzialmente adoperato da B. Biondelli, Poesie lombarde inedite del secolo XIII , Milano 1856, che, nella Rivista europea dell’ottobre-novembre 1847, fu autore del primo intervento sulle opere volgari di Bonvesin da la Riva. Le opere sono indicate dalla sigla alfabetica: per i testi contenuti nel Berlinese (Prem1: xi) a-p, come proposto da A. Mussafia, «Darstellung der altmailändischen Mundart nach Bonvesin’s Schriften», SBWien 59 (1868): 5-40 (ora in A. Mussafia, Scritti di filologia e linguistica, ed. A. Daniele/ L. Renzi, Padova 1988: 247-84). La seriazione alfabetica è stata continuata da L. Biadene, Il Libro delle Tre Scritture e i Volgari delle False Scuse e delle Vanità, Pisa 1902, (q, r, s, t, v) per i testi trasmessi dagli altri testimoni manoscritti (Prem2: ci). Nell’edizione che qui si recensisce tale sigla alfabetica precede la numerazione di tutti i versi, a quattro cifre, ridotte a tre nel secondo volume (a 0001 e poi p 113). Tale in- 262 Besprechungen - Comptes rendus dicazione è adottata in vista dell’ultimo volume del lavoro di Gökçen, ancora non edito, cioè la concordanza linguistica a tutto il corpus bonvesiniano in volgare. Di questo terzo volume si ha la più confidente attesa, perché si tratta dell’unico pezzo mancante all’edizione critica di G. Contini, Le opere volgari di Bonvesin da la Riva, Roma 1941 3 , che il presente lavoro esempla fedelmente negli apparati e nelle loro dichiarazioni, e quasi sempre nella sostanza del testo. Ricordiamo brevemente che Contini 1941 invece raggruppò i testi sotto tre grandi rubriche, di tipo tematico e tendenzialmente di genere: i. Contrasti (t, a, i, e, f, g, h 1941: 1-98), ii. Volgari espositivi e narrativi (s, q, r, c, d, l, m, b, o, p 1941: 99-312), iii. Volgari didattici (n, v 1941: 313-60). Tale distinzione categoriale presiede anche alle successive scelte antologiche: nei Poeti del Duecento con un esemplare da ciascun gruppo (e cioè: g Disputatio rosae cum viola, l Laudes de Virgine Maria, n De quinquaginta curialitatibus ad mensam: Poeti del Duecento, Milano-Napoli 1960, vol. i: 667-712), e nella Letteratura italiana delle origini, con un solo brano dal testo didattico (n v. 193-256 G. Contini, Letteratura italiana delle origini, Firenze 1970: 116-42). Si tenga presente, per il prosieguo della discussione, che in Contini 1960 e Contini 1970 tali testi annoverano comunque, tra i loro testimoni, il Berlinese. La scelta di Gökçen obbedisce invece a un principio linguistico, non ben argomentato perché la resa linguistica è data per passata in giudicato ovunque, tanto in Prem1 («Agli stessi criteri ivi proposti da Contini [= Contini 1960: xxiii] si rifà, estendendoli a tutti i testi del Berlinese, la presente riscrizione che perciò stesso vuole essere il proseguimento dell’ultimo lavoro continiano.» Prem1: xxx) che in Prem2 («I testi conservati solo da tali testimoni tardi (p 113-fine, q, r, s, t; si tralascia v Expositiones Catonis, troppo malconcio perché se ne possa tentare la ricostruzione) devono essere trasportati nel costume del Berlinese.» Prem2: x). È invece ripercorso esplicitamente il solco del lavoro di Contini. E questo è vero fin dal titolo I volgari di Bonvesin da la Riva: perché le opere volgari del titolo dell’edizione Contini 1941 si potrebbero «anzi chiamar senz’altro ‹volgari›, secondo l’uso del loro autore (d 393, titoli di b e o in a, di e in b), rispecchiato anche nell’epitafio (qvi composvit mvlta vvlgaria)» (Contini 1941: vii). Gökçen istituisce una gerarchia che privilegia la lingua, la grafia e la testimonianza del Berlinese «Il Berlinese, infatti, è manoscritto autorevolissimo, da rispettare come un autografo non ostanti gli errori, del resto pochissimi, che vi intercorrono, esente così come è da lacune.» (Prem2: vii). Ora, i passaggi concettuali sono un po’ rapidi ma la sostanza è che tutti i testi di Bonvesin, nella globalità dell’edizione di Gökçen sono riportati alla veste grafica «reale» del Berlinese, come se fossero stati tutti trascritti dal copista di tale codice. Ora, il dibattito sul Berlinese Ital. qu. 26 non è definitivamente chiarito e concluso. Anche chi, come Aldo Rossi 4 , scrive che «questo codice può solo essere una copia ‹a buono› dell’ormai anziano Maestro milanese», non fornisce però dimostrazioni a sostegno di tale affermazione. Nonostante l’autografia resti quindi una questione aperta, il codice è comunque collocato allo scorcio del xiii sec. Identica provenienza linguistico-geografica, cronologia congruente con la datazione di Bonvesin (ca. 1250-1314? ), e soprattutto il fatto di essere l’unico testimone per cinque testi, hanno fatto sì che il Berlinese sia stato definito «quasi autografo». Questa definizione ha generato, a tutti gli effetti, soluzioni oltremodo problematiche: sebbene essa si giustifica su un piano pratico, non ha determinato però un trattamento editoriale uniforme e univoco. Contini si è posto il problema di una resa editoriale 263 Besprechungen - Comptes rendus 3 Come testimonia il rimando ricorrente «ogni correzione si fonda su uno spoglio di tutt’i casi in cui compaiano i vocaboli in questione, trova dunque la sua giustificazione nel glossario bonvesiniano» (Contini: xxxi), «Anche qui sta a fondamento dell’operazione il glossario bonvesiniano» (Contini: xxxi), il glossario, non stampato nel volume, ha le caratteristiche di una concordanza. 4 A. Rossi, Da Dante a Leonardo. Un percorso di originali, Firenze 1999: vii. dei versi alessandrini, raggruppati in quartine per lo più monorime, che rispetti la loro natura prosodica secondo una visione del problema che risale a Carlo Salvioni: quindi interviene sull’aspetto grafico del Berlinese, introducendo tutta una casistica di apocopi, a motivo di misure sillabiche (con un certo contemperamento da 1941 a 1960, che si vedrà più sotto). Gökçen invece ridiscute il «rapporto intimo e al tempo stesso intricatissimo che intercorre nei testi del Berlinese tra la rappresentazione grafica, qui in particolare delle vocali d’uscita, e il fatto fonetico» (Prem1: xiii), arrivando a una diversa prassi editoriale. Il sistema grafico del Berlinese è «arcaico e abbastanza coerente» (Prem1: xiii). Il problema è quello delle grafie apocopate, proprio in relazione alle varie soluzioni editoriali impostate da Contini. Sulla base di un prospetto di trentatré forme viene fuori «che il Berlinese (fermo restando il principio che normalmente vi sono rappresentate le vocali finali, con minor frequenza limitatamente a quelle precedute da certe consonanti continue), preferisce, nel caso dei doppioni, le varianti piene in fine d’emistichio o di verso; posizioni, queste che, caratterizzate come sono ambedue da una forte pausa, si equivalgono. Che in tali posizioni le finali si conservassero foneticamente, non fossero, cioè, mere rappresentazioni grafiche, è abbondantemente provato dalla rima che, anche se assai povera in genere in Bonvesin, e spesso ad assonanza, con tanto maggior rigore rispetta essa (oltreché, ovviamente, la tonica) la postonica, per cui rima solo ed esclusivamente con sé stessa ognuna delle desinenze.» (Prem1: xix). Gökçen rileva poi come il Berlinese preferisca le forme graficamente complete anche per i proparossitoni (Prem1: xxi-xxvi). Dunque Gökçen ribadisce quello che già era evidente a Salvioni e Contini: il Berlinese scrive sistematicamente le vocali finali. Dal momento che sulla base del metro a Salvioni 5 sembrava dimostrabile che tali vocali, pur scritte, determinavano delle sillabe ipermetre, risultava altresì dimostrato che dovevano considerarsi come inesistenti foneticamente. La metrica, come lunghezza sillabica dei versi, rendeva attingibile il livello della fonetica, e cioè della pronuncia, ed era considerata più importante della regola scrittoria-grafica, quale quella che Gökçen rileva in queste pagine: la regola della scrittura piena delle vocali apocopate finali o nei proparossitoni, pur nella sua sistematicità, era considerata arcaizzante e fuorviante. La soluzione adottata da Contini 1941 è stata quella di eliminare tali vocali, mentre in Contini 1960 vengono trascritte con l’accorgimento medievale del puntino di espunzione. Gökçen ritiene importante fermarsi all’aspetto grafico del Berlinese, ma quando crede di operare una distinzione tra sé e Contini scrivendo che «il parametro adottato è quello dei testi connotati diacriticamente, non quello dei testi potati, praticato da Contini nell’edizione romana» (Prem1: xxxi), non considera che, nonostante il diverso impatto per il lettore (in Contini 1941 deve andare a vedere la scripta del Berlinese nell’apparato), si tratta solo di differenti accorgimenti editoriali, mentre l’interpretazione resta la stessa (in aritmetica si parla di proprietà invariantiva: se a due termini di una operazione si somma o si sottrae lo stesso valore, il risultato non cambia). Però la vera novità di Gökçen rispetto ai predecessori, cioè che le vocali scritte (in ipermetria) dal Berlinese abbiano sostanza fonetica («Che in tale posizioni le finali si conservassero foneticamente», Prem1: xix), risulta contraddittoria con la riproposta dell’espunzione sottoscritta. Deboli risultano le due obiezioni alla prassi editoriale di Contini 1941: la prima è che l’apocope introdotta nelle forme «fagio» ridotte a «fag» introduce un grafema «g non può rappresentare» il suono palatale «per cui Bonvesin usa il digramma gi», e la seconda è che 264 Besprechungen - Comptes rendus 5 Cf. Contini 1986: 151s. e A. Stussi, «Gianfranco Contini e la linguistica», Humanitas 56 (2001): 665-78 p. 673. Su Salvioni, cf. «Sui dati fonetici ricavabili dai metrici in Bonvesin è fondamentale quello che è il più bel saggio di Carlo Salvioni, Osservazioni sull’antico vocalismo milanese desunte dal metro e dalla rima del codice berlinese di Bonvesin da Riva (in Studi letterari e linguistici dedicati a Pio Rajna, Firenze 1911, p. 367-88)» (Contini 1941: lvi). «fag per fagio monosillabo (anche avanti a vocale) e fagio bisillabo che si ha altrove a fine di emistichio o di verso . . . vengono in tal modo a costituire due unità separate mentre in realtà altro non sono se non una sola unità variante» (Prem1: xxix). La prima questione è meglio impostata (nei termini celebri della palinodia) in una famosa monografia dallo stesso Contini: «Per un verso, infatti, benché la cosa sia soltanto grafica, quelle vocali partecipano di una generale cultura italiana; per altro verso si verificano situazioni di rappresentazione consonantica legate alla presenza del segno vocalico (così fag per fagio ricorda incompletamente la convenzione del digramma gi per c e ne introduce una nuova equivalente a un diacritico g o c).» (G. Contini, «Filologia», in Breviario di Ecdotica, 1986, ora in G. Contini, Frammenti di filologia romanza, ed. G. Breschi, Firenze 2007: 39). Comunque già nel 1935 era chiaro il problema e chiaramente spiegata la provenienza della soluzione editoriale: «La necessità generale della soppressione delle finali nel corpo del verso non significa affatto che Bonvesin quelle vocali non le scrivesse (e l’osservazione valga addirittura per tutte le innovazioni grafiche che si sarà costretti a introdurre) . . . Come in questi [testi lombardo-orientali], soppressa la finale, la palatale sonora sarà qui rappresentata con g (fag, tug, grang, ms. fagio, tugi, grange)» (G. Contini, «Saggio di un’edizione critica di Bonvesin da la Riva», in MIL 1935, ora in G. Contini, Frammenti: 338). Quando si forniscono chiare regole, resta salvo il principio di reversibilità del lavoro dell’editore, che è una garanzia scientifica accettabile. La differenza che passa tra dire che «non significa affatto che Bonvesin quelle vocali [le finali] non le scrivesse» (Contini 1935) e dire che «Bonvesin usa il digramma gi» (Gökçen 1996) è sottile ma non inesistente. Soprattutto, fino a che non si dia la dimostrazione dell’autografia del Berlinese, tale differenza rivela una diversa esigenza morale nella conoscenza storica. Si rilegga poi il seguente passo dalla Premessa ai testi dell’edizione romana: «Che un’edizione critica dovesse comunque segnare come tali le vocali (e in genere le lettere) caduche, stampandole per esempio in corsivo o sottoponendo un puntino d’espunzione, secondo note pratiche, è fuor di dubbio: sopprimerle addirittura è una semplice differenza materiale, volta però a rappresentare il significato ideale dell’operazione filologica (e praticamente la grafia ‹illustre›, che ha un’incontestabile portata storica, produce nel lettore l’immancabile illusione d’un linguaggio esso stesso molto più ‹illustre› che non sia); inoltre ciò corrisponde a uno spirito di sincerità grafica che ha begli esempî anche nell’antica Lombardia, e più rigorosamente ad oriente, a Bergamo e a Brescia» (Contini 1941: xxiii). Questo per dire come le cose fossero dichiarate esemplarmente già a tale data. Nel primo volume quindi si ha l’edizione del Berlinese, corredata di diacritici prosodici e con il testo corretto qualora vi siano omissioni di abbreviazioni o altro, come segnala un ridotto apparato in fondo pagina. Nel secondo volume, l’aspetto grafico del Berlinese è applicato anche agli altri testimoni e Gökçen parla proprio di «Criteri per assimilare i mss. recenziori al ms. Berlinese.» (Prem2: xi). La chiarezza dell’oneroso procedimento si recupera nei testi perché l’edizione del secondo volume propone una riscrittura di ogni testo come se fosse del Berlinese, ricostruito criticamente anche per le varianti sostanziali, cui è sottoscritta la trascrizione dei testimoni di ogni singolo verso. Mentre però questa caratteristica (che è propria delle edizioni critiche, in cui si può recuperare il testimone dall’apparato) è rispettata nel secondo volume, diverso è quello che avviene in Gökçen 1996. Ad esempio per il testo p, spezzato nei due volumi, e secondo la lacuna tutta casuale del testimone Berlinese a, manca la trascrizione della testimonianza completa del Trivulziano 93 (d), la cui prima parte viene così semplicemente omessa. E così accade anche per il testimoniale completo di d, e, f, i, l, m, n, o. Questa lacuna inficia così non solo la completezza della recensione, ma anche il surricordato principio di reversibilità. ll confronto raccolto nella Prem2: lxxxvi-xciv enumera un sessantina di divergenze rispetto all’edizione critica di Contini 1941: tale è quindi la misura dello scarto tra un’edizione critica e l’edizione di Gökçen. 265 Besprechungen - Comptes rendus In questa edizione non si fa poi uso della scrittura diacritica per alcuni monosillabi, e dì (diem) è sempre dato come di (la preposizione semplice è de),mentre dì è riservato per «dire». Si spera che tali equivoci ortografici non generino problemi per le concordanze lemmatiche. 2. Bonvesin in Contini. Gökçen ripropone, forse inconsapevolmente, il dibattito di un nodo dialettico, interno e durevole, della riflessione teorica di Contini: la veste formale di un’edizione critica. Che la ribalta sia offerta inconsapevolmente è evidente perché, come rileva Lucia Lazzerini, in generale «scopriamo che per la vulgata - ignara dello scabro e non-finito Bonvesin come, a maggior ragione, dei trattatelli astrologici provenzali o del trovatore di terza fila Bertran Carbonel - la grandezza del filologo romanzo è consegnata all’antologia dei Poeti del Duecento, alle edizioni delle Rime di Dante, del Canzoniere petrarchesco, del Fiore e del Detto d’Amore (con relativo dibattito attributivo)» (L. Lazzerini, «Appunti e riflessioni in margine all’ecdotica di Gianfranco Contini», Anticomoderno 3 (1997), 7-26: 8). Eppure sarebbe il caso di sottolineare che proprio nella Premessa ai testi dell’edizione del 1941 (Contini 1941: vii-lxxiii), lavoro non più ristampato, si trovano una serie di assiomi che passeranno tali quali nella famosa voce Filologia. E così troviamo la valorizzazione della variante formale: «Nessuno è convinto quanto noi dell’opportunità che, in massima, sia dato rilievo principale alle sole varianti di lezione, riserbando a un secondo piano, o trascurando se ne sia il caso, l’ingombro delle cosiddette varianti di forma; ma è evidente che, dove siano in gioco necessità linguistiche, specialmente su un terreno di non grande tradizione filologica, e dove per di più il problema della vera e propria correzione si faccia quantitativamente pressoché trascurabile, le cose cambiano.» (Contini 1941: xiis.). Oppure la dialettica tra edizione critica e testo antico, in quei termini non più ritoccati: «Se ce ne scostiamo, non è certo per il fatto che il Berlinese non è forse veramente prossimo all’originale, argomento che potrebbe al massimo invocarsi per qualche punto singolo: per noi è come se fosse autografo; ciò che appunto ci autorizza è la natura stessa dell’edizione critica, fosse pure quella d’un autografo, interpretazione e ipotesi scientifica (cioè fatto spirituale), non riproduzione materiale. Se nel testo dell’Ariosto si toglie l’h all’huomo e all’honore, ciò che pure, secondo una celebre sentenza dell’autore, equivarrebbe a sopprimerne umanità e onorabilità; se si distingue u da v in Dante, presso il quale pure solo l’indistinzione dichiara un famoso gruppo acrostico di terzine (vom, Purg. XII 25s.), non vediamo quale fondata obiezione potrebbe rivolgersi contro i nostri, certo più estesi, interventi» (Contini 1941: xxi) Le due esemplificazioni finiranno poi, quarant’anni dopo, sotto la rubrica Edizione interpretativa (16s.). Come si vede, il nodo è quello fondamentale della riflessione filologica continiana, ma c’è anche qualcosa di più, che riguarda il rapporto di Contini con la filologia della generazione precedente. Infatti Segre, in un intervento specifico su questo argomento, evidenzia proprio un passaggio della lunga conversazione tra Contini e Ludovica Ripa di Meana che si riferisce al nostro problema: «attualmente, farei delle riserve su certi risultati tecnici. Lui [scil. Santorre Debenedetti], per esempio, mi suggerì di adottare certe forme grafiche, paleontologiche, che in realtà non dovevano essere adottate, e io ho poi rovesciato la posizione.» (C. Segre, «Contini e la critica testuale», Filologia e critica. Su/ per Gianfranco Contini 15 (1990): 217-29 (217s.), la citazione è da Diligenza e voluttà Ludovica Ripa di Meana interroga Gianfranco Contini, Milano 1988: 158). Qui Contini si riferisce all’edizione di Bonvesin (1941), e adopera un aggettivo «paleontologico», la cui accezione negativa è ben presente anche a Gökçen 1996. L’aggettivo paleontologico è stigma polemico almeno a partire da Graziadio Isaia Ascoli 6 , eppure c’era stato un periodo in cui la paleontologia era 266 Besprechungen - Comptes rendus 6 G. I. Ascoli, Squarci d’una lettera concernente le ricostruzioni paleontologiche della parola, in: Studj critici, Torino-Roma-Firenze 1887: 1-30. invece considerata un modello di ricerca, come nella seguente affermazione di Adolphe Pictet, che de Saussure ricorda all’origine della sua vocazione di linguista: «Car les mots durent autant que les os; et, de même qu’une dent renferme implicitement une partie de l’histoire d’un animal, un mot isolé peut mettre sur la voie de toute la série d’idées qui s’y rattachent lors de sa formation.Aussi le nom de paléontologie linguistique conviendrait-il parfaitement à la science que nous avons en vue; car elle se propose pour but de faire revivre, en quelque sorte, les faits, les choses et les idées d’un monde enfoui dans les ténèbres du passé» (A. Pictet, Les origines indo-européennes, ou les Aryas primitifs. Essai de paléontologie linguistique, Paris 1859, 2 e éd., Sandoz et Fischbacher 1877: 14). Questa forte prospettiva antropologica, che mira alle idee, ai fatti e alle cose risulta sfocata per troppa forza nei confronti dei documenti meglio strutturati, come i manoscritti esistenti. Se il filologo vuole operare una ritraduzione dalla veste formale di un testimone dato ad altra patina formale, deve per lo meno dimostrare la plausibilità di questa operazione, postulando un cambiamento linguistico intercorso tra la lingua-scrittura dell’autore e quella del testimone (e in Contini si davano entrambe le argomentazioni). Il reversibile e il documentato sono due principi necessari. Certo non sembra plausibile operare in tale direzione, si potrebbe dire di riscrittura, sulla base di una semplice esigenza «ortografica». 3. Esame di un caso. Prendiamo un caso concreto, che ci consenta di misurare la distanza tra edizione critica, edizione interpretativa e problemi della restituzione formale. Uno dei principi «paleontologici» di Contini era il seguente: «In ultimo ci resta da avvertire che abbiamo sempre semplificato il nesso -liin i (come si vide di -li), per ragioni grafiche (bataia, doia ecc. accanto ad -alia, -olia), di rima (beselia con -eia O 81) e anche di metro (apilia probabilmente bisillabo N175)» (Contini 1941: xxi). Ecco quindi che ci ritroviamo con una forma verbale come la seguente, per Gökçen apiliare, per Contini 1941 apiare per Contini 1960 api(l)iare. n 0175 «Apilia l(o) nap(o) de soto e sporze. con una man», che si presentava come «Apía lo nap de soto e sporz con una man» (Contini 1941: 321), e poi nell’edizione ricciardiana «Api(l)ia lo nap(o) de soto e sporze. con una man» (Contini 1960: 711). Gökçen dà di questo verbo alcune occorrenze in sede di rima nella Vita beati Alexii p 0063 «E da illò per terra so edro el ha apiliao» dove il secondo testimone d ha «piato», ricostruzione che corrisponde, nell’edizione critica, precedentemente «E da illò per terra so edro el ha pïao» (Contini 1941: 292); p 0072 «E vestiment(e) de povero indosso el ha apiliao», dove d ha «i(n)dosso ela portado», l’edizione critica «E vestiment de povero indoss el ha pïao» (Contini 1941: 292); p 115 «[ke] no voi tu k’ e’ sia da(l)i me’ servi impiliao» dove d, testimone unico «No voy tu che sia dali me serui inpiato», l’edizione critica «Ke no voi tu k’eo sia dai me’ serv inpïao» (Contini 1941: 294). La forma ricorre anche in [De falsis excusationibus] q 250 «perzò ke la usura, ke malament(e) l’impilia,» con b «Perzo che la usura che malamente lo impilia» (in rima con dormilia sentilla despilia); [De vanitatibus] r 009 «Quant(o) plu lo peccaor a (l)i ben mond(o) s’apilia,» con b «Quanto piu lo peccatore a li beni del mondo se apilia» (in rima con despilia assutilia squilia). Il Berlinese da solo testimonia Vulgare de elymosinis b 0777 «La baira un vaxello apilia incontinente», Disputatio musce cum formica h 0274 «Apilia l(o) gran im boca». Paola Allegretti ★ 267 Besprechungen - Comptes rendus Raymund Wilhelm, Bonvesin da la Riva, La vita di Sant’Alessio. Edizione secondo il codice Trivulziano 93, Tübingen (Max Niemeyer Verlag) 2006, viii + 98 p. (Beihefte zur Zeitschrift für Romanische Philologie 335) Il libro si compone delle seguenti tredici parti introduttive: Premessa (v-vi), Indice (vii), Introduzione (1-38): 1. Bonvesin narratore (1s.), 2. Bonvesin traduttore (2-6), 3. Bonvesin e Pietro da Barsegapè (6-8), 4. I miracoli di Sant’Alessio (8-11), 5. Le edizioni moderne della Vita di Sant’Alessio (11-14), 6. Il codice Trivulziano 93 (14-16), 7. La lingua del copista come varietà composita (17-19), 8. Il polimorfismo nella morfologia verbale (19-23), 9. Morfologia e sintassi del pronome soggetto (23-28), 10. La forma metrica del testo tràdito (28-32), 11. Abitudini scrittorie del copista (32-37). Seguono i due testi: La Vita latina (39s.), con una edizione paragrafata secondo le esigenze del confronto con il volgarizzamento di Bonvesin: De vita sancti Alexii (40-45) e La Vita di Sant’Alessio di Bonvesin da la Riva (codice Trivulziano 93, cc. 16r-30v) (49-65), quest’ultima corredata di Commento (67-73), Bibliografia (75- 79), Glossario di taglio grammaticale piuttosto che lessicale (81-96), Indice dei nomi (97). Le riproduzioni della c. 26v e della c. 27r del codice Trivulziano (46s.), inserite tra l’edizione del testo latino più vicino alla traduzione di Bonvesin (40) e la Vita di Sant’Alessio, danno subito al lettore la percezione delle caratteristiche grafiche, tipologiche e codicologiche del codice Trivulziano 93 (usualmente siglato d): un codicetto miscellaneo di piccolo formato e di contenuti devozionali, nel quale «L’accostamento di testi latini e volgari, di vite di santi e di preghiere si rivela infatti altamente funzionale come prontuario di un frate» (16). È questa l’agile edizione, con commento e glossario, della Vita di Sant’Alessio del milanese Bonvesin da la Riva, opuscoletto per il quale il Wilhelm propone, con grande progresso rispetto agli studi precedenti, una datazione a post 1274 (8) sulla base del databile Sermone di Pietro da Barsegapè. Il lavoro presenta alcune novità metodologiche e alcune prese di posizione generali che meritano di essere sottoscritte. Innanzitutto, la rivalutazione di Bonvesin, soprattutto nei confronti dell’italianistica tedesca, che ha espresso un giudizio limitativo su questo autore e la sua opera fin dagli albori della Bonvesin-Philologie, che data al 1850, con l’edizione ad opera di Immanuel Bekker del codice Berlinese (Berlin, Öffentliche Wissenschaftliche Bibliothek, Ital. qu. 26 testimone fondamentale di Bonvesin per il quale si rimanda alla recensione a Gökçen, qui in VR). Non si può non essere d’accordo che, in generale, ma soprattutto recentemente, nella cultura universitaria «Ci troviamo . . . di fronte a una delle lacune più sorprendenti della storiografia della letteratura italiana delle origini. Non c’è dubbio infatti che una lettura attenta dei suoi racconti agiografici ci può portare a riconoscere in Bonvesin da la Riva il primo grande narratore in un volgare italiano» (2). Nel suo piccolo, poi, la presente edizione rappresenta una rivoluzione copernicana nella Bonvesin-Philologie ed è veramente importante che un lavoro di tale respiro metodologico sia stato pubblicato in lingua italiana. Ecco una prima definizione del problema: «L’interesse primario della nostra edizione della Vita di Sant’Alessio è incentrato sul testo nel modo in cui esso fu inteso dal copista della fine del trecento.» (17). Mentre finora i testi di Bonvesin da la Riva venivano editi con tutta una serie (a volte assai articolata) di modifiche al testo dei manoscritti (vere e proprie riscritture) sulla base di considerazioni metricolinguistiche, qui, con una diversa prospettiva e prassi editoriale, il punto di partenza è di tipo morfologico-grammaticale: «Nel presente lavoro invece si è scelto un percorso in certo senso inverso: la riflessione ecdotica parte qui da un’analisi morfologica e sintattica e ricorre alla metrica solo in un secondo tempo, come ad un’istanza di controllo. La metrica ci può senz’altro aiutare, entro certi limiti, a riconoscere ed eventualmente emendare singole sviste del copista, ma non sembra ammissibile voler correggere l’intero testo trasponendolo in 268 Besprechungen - Comptes rendus una forma metrica regolare, che il testo tràdito evidentemente non conosce o non rispetta.» (28). Ma il merito più considerevole consiste nell’applicazione del concetto di diasistema alla lingua del testimone Trivulziano, come confluenza di testo copiato e abitudini scrittorie del copista, e soprattutto nell’esame concreto delle caratteristiche del diasistema in questa testimonianza della Vita di Sant’Alessio, esame favorito senz’altro dalla ridotta estensione del testo, ma veramente notevole perché si differenzia da un’invalsa e inerte descrizione delle caratteristiche grafiche della copia, come viene fatto di trovare in lavori di questo tipo. Wilhelm pubblica la Vita di Sant’Alessio sul solo testo del Trivulziano 93, che però viene considerato filologicamente. Due solo gli strumenti utili a questo fine: la collazione, fino al v. 112 con il Berlinese e il confronto con un altro testo della silloge del Trivulziano, la Vita di Santa Margarita, che presenta affinità tematiche e fonetiche con l’operetta di Bonvesin. Tale confronto incrociato consente alcune considerazioni come le seguenti, che riconsiderano alcune questioni della scripta del Trivulziano (come del dialetto milanese antico), che venivano considerate acquisite. Non è infatti agevole distinguere nel testo tra forme di presente e perfetto storico, ugualmente plausibili in base al contesto narrativo e tendenzialmente omografiche, pur con una serie di varianti scrittorie. Per esempio la forma «dice»/ «disse» fa registrare «otto volte dixe, due volte dise e una volta disse.» (20). L’esame della scripta, allargato nel modo che si è detto, non consente di ritenere che le tre varianti siano distinguibili su base fonetica, che abbiano cioè chiara rispondenza biunivoca con le categorie grammaticali distinte, come invece riteneva Mussafia (Darstellung der altmailändischen Mundart nach Bonvesin’s Schriften, Sitzungsberichte der philosophisch-historischen Classe der kaiserlichen Akademie der Wissenschaften, Wien 59, 1868: 5-40). «È ovvio quindi che le tre varianti grafiche ‹dixe›, ‹dise›, ‹disse› non rimandano a realtà fonetiche chiaramente distinte. E potremmo concludere che dixe, dise, e disse sono funzionalmente indifferenti nella varietà di lingua qui impiegata» (20). Ora, qui abbiamo l’accettazione di uno scandalo, perché, per una esigenza non giustificabile dimostrativamente ma comunque rivendicata come primaria, di fronte ad un testo antico e medievale anche gli addetti ai lavori reclamano costantemente all’editore una veste grafica uniforme e omogeneizzata. Eppure, anche fermandosi, come in questo caso, alla lingua scritta dal copista del Trivulziano 93 viene fuori che la prassi medievale è ben lontana da queste aspettative «tipografiche», e soprattutto ben diversa. Il paragrafo che stiamo esaminando si intitola per l’appunto La lingua del copista come varietà composita e la presa in conto di questa evidenza documentaria dimostra come il lavoro su un solo codice non sia una scelta di pigrizia: «Questi rilievi puntuali sono un’ulteriore conferma del fatto che sarebbe erroneo, almeno dal punto di vista storico-linguistico, voler ridurre il ricco polimorfismo presente nel nostro manoscritto ad una forma linguistica normalizzata. Il compito del filologo, nel caso del Sant’Alessio trivulziano, può essere solo quello di documentare i reali usi linguistici e di valutarli, dove possibile, nella prospettiva più ampia della storia linguistica dei dialetti lombardi. In modo particolare l’edizione e il suo corredo interpretativo servono così anche a raccogliere un inventario di forme in vista di una futura grammatica storica della scripta milanese dei primi secoli.» (23). Se il primo principio che discende da questo approccio è un principio di non intervento, veramente nuovo in àmbito bonvesiniano: «Nella concezione ecdotica che guida il presente lavoro non è ammissibile alterare la struttura grammaticale del testo tràdito per pure ragioni metriche.» (25), ci sono però anche alcune acquisizioni puntuali che dobbiamo registrare. In sostanza, rispetto alla base metrica che ha tradizionalmente governato le scelte editoriali della filologia bonvesiniana, si sostituisce qui una base grammaticale che consente di spiegare, quando è possibile, il testo tràdito e comunque non fornisce regole per alterare quella parte della testimonianza che si chiama variante formale. Che però il metodo abbia 269 Besprechungen - Comptes rendus una sua efficacia è dimostrato dalle regole di distinctio delle stringhe grafiche che è in grado di enunciare in particolari casi, per i quali assicura, con la probabilità del sistema, la giustezza di alcune scelte editoriali. È il caso del nesso congiunzione + soggetto pronominale di prima o terza persona singolare + verbo. Di fronte a stringhe grafiche del tipo «che fenisca» l’editore ha infatti due alternative: o distinguere «che fenisca» (cioè congiunzione e verbo), o invece «ch’ e’ fenisca» (cioè congiunzione, pronome personale e verbo). La scelta, irrilevante sul piano prosodico e fonetico, non è equipollente dal punto di vista grammaticale, anche in funzione di descrizioni future di questo tipo di lingua antica, perché la differente distinctio annulla o rende reperibile una intera categoria grammaticale di clitici pronominali. Come fa notare l’editore, «l’interpretazione ch’ e’ fenisca non comporta una ‹aggiunta› del pronome soggetto: sciogliendo ‹che› in ch’ e’ si introduce solo una separazione di parole, ossia si rende visibile un’elisione operata dal copista.» (25). Wilhelm circoscrive la portata dell’intervento su base statistica, per reperire quale sia l’incidenza, tra le proposizioni subordinate, di questo attacco (che potrebbe eventualmente analizzarsi come privo del soggetto espresso), e poi enuncia una serie di regole operative che potrebbero essere utili anche ad altri editori alle prese con stringhe analoghe. Le quattro regole, garantite dall’incidenza statistica del fenomeno, sono le seguenti «1. ‹che› + X + verbo che; 2. ‹che› + verbo (1 pers. sing.) ch’ e’.» (25), «3. ‹che› + verbo (3 pers. sing. masch.) ch’ e’» (26), «4. ‹che› + verbo (3 pers. plur. masch.) ch’ e’» (27). La dimostrazione, dati alla mano, è plausibile: tanto più si ammirerà allora l’equilibrio di queste affermazioni: «Se ogni decisione in questo campo lascia un margine di dubbio, è comunque indispensabile decidere per una soluzione o l’altra. Qui, a differenza delle edizioni precedenti, si è cercato di motivare la decisione fra che e ch’ e’ sul piano sintattico. La filologia testuale si fonda inevitabilmente su considerazioni grammaticali» (28). Paola Allegretti ★ AA.VV, 4780 paròol int al nöst dialèt. Proverbi, detti, modi di dire e filastrocche popolari, Gravellona Toce (Press Grafica) 2006, 301 p. Dopo la pubblicazione della sua monografia sul dialetto di Casale Corte Cerro (cf. la segnalazione in VRom. 63), Elena Weber-Wetzel continua con questo volume la sua esplorazione delle parlate del Cusio. Mettendosi a disposizione della Pro Senectute di Omegna, che ha voluto celebrare il 30° anniversario di fondazione della società con una pubblicazione sulla parlata locale della sua sede, ella ha coordinato il lavoro di ricerca di un gruppo di dilettanti appassionati del loro dialetto, e ha esposto i risultati così ottenuti con precisi criteri dialettologici. Voci e frasi dialettali sono trascritte con una grafia univoca e coerente, ma facilmente leggibile per chiunque. La prima parte, un glossario omegnese-italiano, comprende ben 165 p. e dà, accanto al lemma dialettale, la categoria grammaticale, le forme di plurale dei sostantivi, il femminile e il plurale degli aggettivi, la terza persona singolare del presente e il participio passato dei verbi, la traduzione italiana e, spesso, ma non sempre, esempi concreti dell’uso della voce, quali per abà, abate, al fra al rispùund cum là ‘ntunà l’abà, per avàar, avaro, l’avàar as fa fa ‘l vistì sénza sacòc, per bichè, macellaio, chi spéend méno int al bichè, l’a-spéend püsè int al spiziè, per cargà, caricare, se ‘s carga tröp s-ciòpa änca la cana d’un a-s-ciòp, per dislipà, sfortunato, se ‘t nasat dislipà, at piòou int al cül änca quäänd at sé sità, per gaasc’, gazza, a nìid fac’, la gaasc’ l’è mòrta, per impini, riempire, al füm dal ròst l’impinìs mìa la pänscia, per mèsa, messa, nà mèsa dai dudas a misdì, per savé, sapere, chi sa da savé pòoc an sa püsè da chi sa tüt, per ura, ora, dòp un’ura al capìs sübit, per vaca, mucca, änca la vaca négra la fa ‘l lac’ biäänc. 270 Besprechungen - Comptes rendus La seconda parte Proverbi, detti popolari e modi di dire è suddivisa per argomenti, fra i quali citiamo ad es.: «Il denaro, il potere, la richezza, la povertà», «La salute e le malattie», «La Chiesa e la fede», «La morte», «Il mangiare e il bere». Si estende su 62 p. e, oltre a detti di ampia diffusione, contiene, come fanno rilevare gli stessi autori, proverbi e modi di dire di sicura origine cusiana. Nella terza parte Filastrocche popolari e cantilene sono ugalmente presenti numerosi esempi che sono da considerare tipicamente locali. Nelle ultime 20 p. vengono dapprima presentati i membri del gruppo di ricerca. Si pubblica indi un’intervista della coordinatrice. Seguono indicazioni geografiche e storiche su Omegna e il lago d’Orta e una breve cronologia dei primi trent’anni di vita dell’Associazione alla quale dobbiamo la pubblicazione dell’opera. Resta solo da auspicare che l’esempio encomiabile della Pro Senectute di Omegna possa essere seguito da altre benemerite società in occasione dei loro anniversari di fondazione. Alla ricerca dialettologica si aprirebbero in tal modo nuove preziose fonti di documentazione. Federico Spiess ★ Leo Spitzer, Lingua italiana del dialogo, a cura di Claudia Caffi e Cesare Segre, traduzione di Livia Tonelli, Milano (Il Saggiatore) 2007 (traduzione italiana di Italienische Umgangssprache, Bonn/ Leipzig 1922), 382 p. 1. Se è vero (come è vero) che - come scrive De Amicis - «una gran parte della lingua italiana nei vocabolari non si trova» (citato in epigrafe) spetta a Leo Spitzer il merito di essere stato fra i primi studiosi ad aver messo in rilievo, in modo accuratamente illustrativo più che con troppa pretesa di sistematicità 1 , la ricchezza espressiva e stilistica dell’italiano lungo l’asse delle sue variazioni. Pare ovvio che uno studio del parlato dialogico quotidiano basato su esempi tratti da opere letterarie, soprattutto teatrali - come quello della Italienische Umgangssprache - incorra nel rischio di chiudersi in se stesso, di mancare di andare oltre la mera documentazione, o per dirla con Claudia Caffi, di guardare gli alberi e perdere di vista il bosco. Nel tentativo di offrire ai suoi lettori una rassegna di forme e fenomeni del parlato l’opera di Spitzer colpisce comunque per la sua abbondanza di spunti innovativi nonché per il fatto che il suo autore ha saputo anticipare - come «entusiastico improvvisatore di principi» (16) 2 - tendenze che solo una cinquantina d’anni dopo sarebbero state descritte in modo più sistematico. A 85 anni (sic! ) dalla pubblicazione dell’edizione tedesca - in verità Italienische Umgangssprache fu terminata già nel 1914 - il volume esce ora in traduzione italiana (e grazie al lavoro faticoso e intelligente della traduttrice Livia Tonelli che è riuscita a mantenere la complessità e densità della Stilsprache spitzeriana) e per noi è l’occasione di leggere pagine significative di estrema ricchezza, in quanto opera di qualcuno che, come ammette Cesare Segre nella sua presentazione, «ha precorso i tempi» (9). Che si tratti in Lingua italiana del dialogo di un percorso di una «pragmatica a venire» è ben dimostrato nelle analisi di 271 Besprechungen - Comptes rendus 1 Lo ammette lo stesso Spitzer nella lunga captatio benevolentiae che è la sua lettera-dedica al maestro Meyer-Lübke in apertura del libro: «Se Le sottopongo un lavoro che invero non rispecchia la Sua indole, ma, distaccandosi dalla Sua predilezione per un’architettonica sistematica, indulge alla pura e semplice illustrazione . . . è perché sono certo che qualsiasi metodo ha la Sua approvazione, purché esso non sia di per sé sbagliato» (53). 2 Citazione originale da L. Renzi, Presentazione a L. Spitzer, Lettere di prigionieri di guerra italiani 1915-1918, Torino 1976: vii-xxxiii (xvi). Claudia Caffi (15-35), curatrice del libro assieme a Segre. L’opera si presta però anche ad un altro tipo (ad altri tipi) di lettura, come lo studio di elementi costitutivi del dialogo che rappresentano niente meno che uno «standard a venire». Spitzer stesso si propone di cercare dei «modelli ispiratori» (Muster in tedesco) del parlato dialogico, affermando con Jakob Grimm che «tutte le eccezioni grammaticali mi sembrano o dei residui di vecchie regole che a tratti ancora baluginano, oppure albori di regole nuove che prima o poi compariranno» (54) 3 . La costituzione, proprio in questo senso, di un «nuovo» standard dell’italiano (italiano dell’uso medio secondo alcuni, neostandard o italiano tendenziale secondo altri) 4 è - come sappiamo - tra gli argomenti di maggior rilievo della linguistica italiana soprattutto dagli anni ’80 in avanti. Ed è noto del resto come l’attuale standard in formazione sia particolarmente ricettivo di tratti tipici del parlato e di tendenze o modalità già presenti nelle forme popolari e/ o dialettali della comunicazione (parlata) ordinaria. Se Spitzer passa in rassegna una serie di forme grammaticali comunemente marcate come non proprie dello standard normativo, come ad esempio le dislocazioni a sinistra o la sovraestensione della particella ci originariamente con valore di avverbio di luogo (291 s.), queste (pur nella loro asistematicità di esposizione) si inseriscono in un insieme complessivo di fenomeni che rappresentano al meglio le tendenze di ristandardizzazione salienti in proposte più recenti di autori come Sabatini o Berruto 5 . 2. L’opera coglie in effetti un buon numero di caratteri che prefigurano alcune tra le principali direttrici di sviluppo dell’italiano contemporaneo. Nonostante il carattere notoriamente non organico della trattazione, contrassegnata da un accumulo non strutturato di esempi e da un andamento argomentativo che, come scrive Caffi nel saggio introduttivo, «sembra soprattutto dal particolare al particolare» (16), è infatti possibile riconoscere, nella cooccorrenza di alcuni dei tratti indagati, i semi di importanti ristrutturazioni paradigmatiche oggi in fieri. Ci si può limitare, a scopo esemplificativo, ad alcune considerazioni centrate su un settore specifico della grammatica; si consideri, segnatamente, il microsistema dei pronomi personali atoni, uno dei settori nei quali la ristandardizzazione corrente conosce portata maggiore. Tra le direzioni fondamentali di sviluppo del paradigma va senza dubbio annoverata la tendenza dei clitici a legarsi alle forme verbali, che preconizza una futura evoluzione degli elementi pronominali in direzione di veri e propri morfemi flessivi verbali; allo stato presente, in cui il mutamento è lontano dall’essere compiuto, lo statuto dei pronomi atoni oscilla tra quello di affissi invariabili e quello di affissi variabili. Tracce del processo, così come dello statuto instabile di questi clitici, si possono già riconoscere nei numerosi passaggi che Spitzer trae da fonti letterarie. Alle p. 291-96, ad esempio, è ampiamente discusso il fenomeno della concrezione al verbo del morfema ci, uno dei casi che tendono verso la massima grammaticalizzazione, e quindi desemantizzazione e invariabilità, della forma pronominale; l’autore tratta sia esempi quali ci vuole pazienza e ci sto, glossati rispettivamente come «bisogna metterci la pazienza» (292, conservandone la sfumatura locativa 6 ) e «prendo parte, partecipo (a quanto accade)» (292), in cui si determina un’entrata lessicale 272 Besprechungen - Comptes rendus 3 Citazione originale da J. Grimm, «Über das Pedantische in der deutschen Sprache», in: K. Müllenhoff (ed.), Kleinere Schriften von Jakob Grimm, Berlin 1864/ 1: 327-73. 4 Cf. F. Sabatini, «‹L’italiano dell’uso medio›: una realtà tra le varietà linguistiche italiane», in: G. Holtus/ E. Radtke (ed.), Gesprochenes Italienisch in Geschichte und Gegenwart, Tübingen 1985: 154-84; G. Berruto, Sociolinguistica dell’italiano contemporaneo, Roma 1987; A. Mioni, «Italiano tendenziale: osservazioni su alcuni aspetti della standardizzazione», in: Scritti linguistici in onore di G. B. Pellegrini, Pisa 1983: 495-517. 5 V. N4. 6 Cf. Sabatini, op. cit., 160. autonoma rispetto alla forma non pronominale corrispondente, sia verbi come averci (es. ci avviso che sua moglie cià l’amante, Trilussa, 295), in cui il clitico reca un semplice valore rafforzativo o attualizzante (nel caso specifico, marcando inoltre gli usi non ausiliari di avere 7 ). Si comportano come affissi invariabili anche i clitici ne e la in formazioni quali, rispettivamente, se ne sta a vedere senza far nulla o se ne vive solo (295, con valore originariamente locativo o di specificazione) e farsela, passarsela o finirla (215-17, con il clitico formalmente accusativo che rimanda, secondo Spitzer, a referenti generici quali cosa, vita, ecc.). Comporta invece uno stadio inferiore di grammaticalizzazione lo statuto di affissi variabili 8 ; sono tali i casi in cui l’elemento pronominale è interpretabile quale marca di accordo sul verbo. Tipicamente riconducibili al fenomeno sono le dislocazioni a destra e a sinistra, quali lo nascose il dolore (Rovetta, 237) e i facchini la mancia la pesano (De Amicis, 219), anche con ci e ne (es. da certi pasticci non ce se n’esce con tanta facilità, 292, e su questo non ci so dir nulla, Petrocchi, 292). Costrutti di questo genere, che Spitzer tratta principalmente in termini di organizzazione pragmatica dell’informazione, assumono particolare rilevanza, è noto, anche sul piano dell’evoluzione tipologica della lingua. È stata infatti sostenuta l’ipotesi che questi fenomeni di topicalizzazione e di fissazione dei clitici sul verbo rechino tracce di un parziale sviluppo dell’italiano neo-standard in direzione di una coniugazione polipersonale; i clitici, svincolati dal valore anaforico e legati fonologicamente alla loro testa sintattica (il verbo), agirebbero cioè da segnalatori di accordo fra questa e i suoi attanti, con evidenti conseguenze di ordine tipologico (incremento della morfologia verbale e possibilità di una maggiore libertà nell’ordine dei costituenti) 9 . Tratti come quelli appena menzionati, poi, danno conto del fatto che a determinare gli sviluppi correnti dello standard, prefigurati dai fenomeni che a suo tempo Spitzer riscontrava nella lingua parlata dell’uso quotidiano, concorrono, come si è già detto e com’è risaputo, costrutti già presenti nell’italiano del passato. Oltre ai fenomeni sopra discussi 10 , sempre per quanto riguarda il settore dei pronomi e gli sviluppi in atto ad esso relativi, è ben noto in tutta la storia linguistica italiana l’uso del dativo etico 11 , di cui Spitzer riporta casi quali tu mi sei tornato alla tua prima infanzia (Butti, 132) e se ancora mi ti vedo attorno per la strada faccio arrestare anche te (Bracco, 132). Esemplificando invece da altri settori della grammatica, pur in maniera ugualmente rapsodica, si possono citare gli impieghi controfattuali dell’imperfetto indicativo, già attestabili in stadi priori dell’italiano 12 e in netta espansione nell’uso contemporaneo; Spitzer, in particolare, si concentra sull’imperfetto cosiddetto «di cortesia» (135-37), discutendo esempi quali volevo dire, non intendo dire, cioè volevo dire (Manzoni, 135) e cosa fate voi qui? Veniva in traccia di lei (Goldoni, 135). Oppure, ancora, si può menzionare la tendenza all’incremento della nominalizzazione, già 273 Besprechungen - Comptes rendus 7 Su questo punto cf. B. Moretti, «Il ciclo di avere. Costanti e variazioni nel mutamento dal latino all’italiano moderno», Rivista italiana di linguistica e dialettologia, 6 (2004): 143-60. 8 Cf. C. Lehmann, «Universal and typological aspects of agreement», in: H. Seiler/ F. J. Stachowiak (ed.), Apprehension. Das sprachliche Erfassen von Gegenständen, Tübingen 1982/ 2: 201-67. 9 Cf. M. Berretta, «Tracce di coniugazione oggettiva in italiano», in: F. Foresti/ E. Rizzi/ P. Benedini (ed.), L’italiano tra le lingue romanze. Atti del XX congresso internazionale di studi della SLI (Bologna, 25-27 settembre 1986), Roma 1989: 125-50; M. Berretta, «Correlazioni tipologiche fra tratti morfosintattici dell’italiano ‹neo-standard›», in: S. Dal Negro/ B. Mortara Garavelli (ed.), Temi e percorsi della linguistica. Scritti scelti di Monica Berretta,Vercelli 2002 [1994]: 379-410 (404-08). 10 Per cui si vedano, tra gli altri, P. D’Achille, Sintassi del parlato e tradizione scritta della lingua italiana. Analisi di testi dalle origini al secolo xviii, Roma 1990: 261-76 e 87-204; M. Durante, Dal latino all’italiano moderno. Saggio di storia linguistica e culturale, Bologna 1981: 61. 11 Cf. Berruto, op. cit., 76. 12 Per un esame delle occorrenze nel periodo ipotetico dell’irrealtà si veda ad esempio D’Achille, op. cit., 296s. ampiamente documentata a partire dal Cinquecento 13 e ora in crescente diffusione nell’italiano contemporaneo, a proposito della quale Spitzer tratta vari casi di costruzioni con ellissi del verbo (es. delizioso stamattina il mare, Butti, 225). La dovizia di esempi che correda ogni riflessione analitica offre inoltre al lettore un’attenta rassegna dei contesti di occorrenza dei tratti indagati, fornendo così un importante contributo descrittivo alla definizione della gamma dei valori di diversi elementi grammaticali. È quanto si può constatare, in particolar modo, per quei fenomeni che meglio si prestano all’esame dei rapporti intercorrenti tra grammatica e pragmatica (su cui più si concentra l’interesse dell’autore), quali profrasi e segnali discorsivi. Considerando esemplificativamente il caso di già, è infatti possibile rilevare come i passaggi analizzati da Spitzer (163-166) diano effettivamente conto di tutte le principali sfumature che la particella può assumere in funzione di profrase o segnale discorsivo 14 ; si possono citare, fra gli altri, i valori: di presupposizione deontica, in replica ad antecedenti dichiarativi: - Quella [lettera] lì è la sola da cui non si rilevi chiaramente la verità - Cioè? - Cioè che io . . . le ho detto di sì soltanto per compassione - Già! (Bracco; il valore deontico emerge chiaramente dal commento di Spitzer: «egli avrebbe dovuto osservare fin da prima che quel determinato evento non si rileva chiaramente», 165); o, in replica ad antecedenti interrogativi, di segnalazione dell’evidenza della richiesta: - E dunque? . . . su che cosa desideravate di chiedermi un parere artistico? - Ah, già fece egli, che, evidentemente, non pensava più allo scopo del nostro incontro (Bracco, 165); oppure di concessione, seguita da un’espressione di disaccordo: - È mòlto - Nun pol’ esse’, via, Torello . . . O s’ielsera lo veddi; era ar teatro - Già! ma stamani è andat’ a fa’ ’n duello (Neri, «si ammette energicamente quello che va ammesso . . . al fine di contestare con energia ancora maggiore l’affermazione dell’interlocutore», 166); oppure, ancora, di replica antifrastica ad antecedenti iussivi: - Devi far così come dico! - Già! (Petrocchi, «con cui si simula accondiscendenza, mentre in realtà la si pensa in modo opposto», 166). Ad accrescere poi il valore del contributo descrittivo fornito dall’autore è l’originalità di certi spunti interpretativi; si può infatti ritenere che alcuni di questi rappresentino dei veri e propri precedenti, in forma embrionale, di proposte teoriche che troveranno formulazione consapevole soltanto in tempi più recenti. Si consideri, anche qui, un unico caso d’esempio: l’affermazione «la particella ecco! . . . ha assunto il ruolo di verbo, come suggerisce la forma con il clitico eccomi» (92). La sua singolarità si può ben cogliere se si pensa che la prima trattazione grammaticale dell’italiano in cui è riconosciuta la natura verbale di interiezioni del tipo di ecco, definite tradizionalmente «parole-frasi», è (per lo meno secondo Menza 15 ) la Grande grammatica italiana di consultazione 16 , dove ecco figura all’interno della classe dei verbi non inaccusativi monovalenti. Ultimamente, poi, l’enunciazione del carattere (parzialmente) verbale di interiezioni quali ecco ha dato luogo a una delle più recenti proposte teoriche in ambito generativo, la teoria del paraverbo 17 . Essa introduce una nuova categoria grammaticale, denominata appunto paraverbo, comprensiva di tutte quelle 274 Besprechungen - Comptes rendus 13 Cf. Durante, op. cit., 182s. 14 A proposito delle quali cf. G. Bernini, «Le profrasi», in: L. Renzi/ G. Salvi/ A. Cardinaletti (ed.), Grande grammatica italiana di consultazione, III. Tipi di frase, deissi, formazione delle parole, Bologna 1995: 175-222 (220s.). 15 S. Menza, Il paraverbo. L’interiezione come sottoclasse del verbo, Alessandria 2006: 26. 16 G. Salvi, «La frase semplice», in: L. Renzi (ed.), Grande grammatica italiana di consultazione, I. La frase. I sintagmi nominale e preposizionale, Bologna 1988: 29-114 (73). Venendo invece ai dizionari, tale natura è riconosciuta esplicitamente nel DISC (Dizionario italiano Sabatini Coletti, Firenze 1997), che assegna a ecco un «comportamento morfologico e sintattico affine a quello di un verbo» (s. ecco). 17 Menza, op. cit. parti di discorso che esibiscono un comportamento verbale, sia che reggano un argomento interno (a cui assegnano un ruolo semantico e con cui costituiscono una frase minima) sia che non reggano alcun complemento (e dunque si comportino come verbi intransitivi o zerovalenti). Una delle classi di elementi incluse nella categoria è naturalmente quella delle interiezioni; nello specifico, le possibili strutture argomentali di ecco riceverebbero le seguenti rappresentazioni sintagmatiche 18 : [[Ø] SN [ecco pV ] SV ] F ,[[Ø] SN [ecco pV [mi] SN ] SV ] F, e, con riferimento a uno degli esempi trattati, [[Ø] SN [ecco pV [come annò er fatto] SC ] SV ] F (Trilussa, 93). La citazione esplicita da parte di Spitzer di una forma con clitico incorporato (eccomi, v. sopra) coglie inoltre la proprietà essenziale che distingue ecco dagli altri paraverbi - rendendolo rispetto a questi più vicino alla categoria verbo -, ossia l’incorporazione di un argomento pronominalizzato mediante un clitico (si confronti, ad esempio, eccomi con *evvivami, *accidentimi, *graziemi, ecc.). Già da questa fugace discussione di tratti, condotta in parte seguendo lo stile citazionale e spesso frammentario dell’autore, si possono dunque riconoscere il carattere eminentemente anticipatore e le implicazioni prognostiche dell’opera. Molti, tuttavia, rimangono i percorsi d’analisi in attesa d’essere intrapresi. Per concludere con le parole di uno dei due curatori dell’edizione italiana (Caffi, 34), «per chi avrà la pazienza di leggerla con attenzione, [l’opera] sarà una miniera di spunti e di intuizioni che attendono di essere sviluppati». Massimo Cerruti, Adrian Stähli 19 ★ Reinhold R. Grimm/ Peter Koch/ Thomas Stehl/ Winfried Wehle (ed.), Italianità. Ein literarisches, sprachliches und kulturelles Identitätsmuster, Tübingen (Narr) 2003, viii + 301 p. Der Sammelband enthält Beiträge zum Eichstätter Italianistentag und umfasst eine Reihe von Aufsätzen von Sprach- und Literaturwissenschaftlern, die sich das Konzept der (sprachbezogenen) italianità aus einer kulturwissenschaftlichen Perspektive im Spannungsfeld von Selbst- und Fremdbildnissen anverwandelt haben. Als zentrale Ausdrucksform dieser sprachlichen italianità wird in Einbeziehung der historisch-kulturellen Dimension regionaler Identität(en) das Mit- und Ineinander von unità und varietà gesehen. Der Band umfasst zehn sprachwissenschaftliche und acht literaturwissenschaftliche Beiträge, die ein weites Spektrum der mit dem Konzept der italianità verbundenen Thematiken bieten: In der sprachwissenschaftlichen Sektion handelt es sich um die Beiträge von Í arko Mulja c i ú , «Was bedeutet(e) italoromanisch, Italoromanisch, Italoromania? » (1-13); Barbara Frank-Job, «Romana lingua - vulgare illustre - italiano. Kategorisierungen der Muttersprache in Italien» (15-38); Corrado Grassi, «Formazione, diffusione e aspetti del concetto di italianità linguistica nei gruppi dialettofoni storici» (39-48); Sarah Dessì Schmid, «Il genio della lingua italiana» (49-64); Waltraud Weidenbusch, «Lingua und dialetto in der Questione della lingua im 18. und 19. Jahrhundert» (65-86); Gerald Bernhard, «Jugendsprache, italianità und kulturelle Identität» (87-96); Franz Rainer, «Italico und italienische Autostereotype» (97-114); Claudia M. Riehl, «Italianità als Problem: Minderheiten und nationale Identität» (115-32); Rita Franceschini, «Italianità di moda e adozione linguistica nei paesi germanofoni: valenze moderne di una lingua minoritaria» (133-48); 275 Besprechungen - Comptes rendus 18 La categoria del paraverbo è qui indicata con pV. 19 Sebbene il lavoro sia frutto di un’impostazione comune, l’attribuzione dei paragrafi va così intesa: §1. Adrian Stähli, §2. Massimo Cerruti. Christoph Schwarze, «Grammatische und lexikalische Italianität» (149-62). Die literaturwissenschaftliche Sektion umfasst Beiträge von Hermann H. Wetzel, «Italiens Lieux de mémoire. Versuche der Identitätsstiftung» (163-78); Barbara Vinken, «Ad fontes, ad fundamentum: Petrarca und die Frage nach dem Grund» (179-90); Susanne Heiler, «Ser picaro zwischen Italianità und Hispanidad. Italienische und spanische Identitätskonzepte und die Rezeption der novela picaresca im Seicento» (191-220); Friedrich Wolfzettel, «Künstlerautobiographie und Identitätsproblematik im italienischen Ottocento» (221-40); Manfred Hinz, «Manzonis Konstitution der Nationalliteratur.Von der Urfassung des Adelchi zum historischen Roman» (241-56); Peter Kuon, «Ritti sulla cima del mondo . . . Italianità im Umkreis des Futurismus» (257-70); Rudolf Behrens, «Gebrochene Italianità. Das Bild der Grenze als Konstituens Triestiner Identität» (271-90); Manfred Hardt, «Italianità im Spiegel der italienischen Literatur der Gegenwart» (291-301). Im folgenden wird auf die sprachwissenschaftliche Sektion ausführlicher eingegangen. Íarko Muljaciú liefert eine terminologie- und referenzgeschichtliche Untersuchung zu der formalen Triade italoromanisch (Adj.), Italoromanisch (Subst.) und Italoromania im Vergleich zu scheinbar analogen Bildungsmustern wie Iberoromanisch, Galloromanisch, Rätoromanisch etc. Er stellt heraus, dass die thematisierte Benennungstrias gerade in Italien eher unpopulär sei. Verf. weist über ein Kapitel zu den verschiedenen Italiae in der Geschichte des Choronyms in einem vertiefenden Resümee der Salzburger Dissertation von Sobielle darauf hin, dass der Trias kein genau definierbarer Referent zuordenbar sei, da weder das mit Italien gemeinte Land in Geschichte und Gegenwart stabil sei, noch - anders etwa als bei Galloromanisch und bei Iberoromanisch - ein die gesamte Region kennzeichnendes Bevölkerungssubstrat existiere. Barbara Frank-Job wendet sich aus einem anderen Blickwinkel der Entwicklung der Benennung romanischer Volkssprachen zu. Neben der Darstellung erster Ansätze zur Kategorisierung der Volkssprache in der mittelalterlichen Galloromania geht es mit Blick auf Italien in einer metahistorischen Untersuchung um die Herausarbeitung von Regelhaftigkeiten in der Kategorisierungspraxis historischer Sprecher mit Sicht auf das eigene sprachliche Handeln. In zwei einleitenden methodenorientierten Kapiteln werden Mündlichkeit, distinkte Wahrnehmung und Typisierung als Voraussetzung für Kategorisierungen als Beschreibungsparameter eingeführt. Im Kern geht es um eine operationalisierte Fassung der Entstehung und Entwicklung von (Volks)- Sprachbewusstsein. Die ursprüngliche Benennung einer lingua romana vollziehe sich auffälligerweise immer in einem germanisch-romanischen Kontext, was den Schluss nahe lege, das Romanische, genau wie das Germanische, als eigenständige Sprache neben dem Lateinischen zu sehen, und zwar als Eigenschaften ihrer Träger. Während in der Galloromania romanus für die sprachliche Kategorisierung gewählt wurde, sei dies in Italien vulgaris lingua und dann volgare gewesen. Die Darlegungen und Interpretationen sind sehr differenziert. Verf. rückt denn auch die von Migliorini begründete Zuordnung von patrio ore und nativa lingua in den Gestae Berengarii (915) zu Latein und volgare zurecht, indem sie die These vertritt, das Paar beziehe sich tatsächlich auf Germanisch als der Vatersprache Berengars und auf das volgare der ansässigen Bevölkerung. Den Abschluss des Beitrags bildet die Entwicklung der Konzeptualisierung einer lingua toscana aus dem volgare illustre heraus. Insgesamt handelt es sich um anregende und für alte Klischees neue Interpretationen und Einsichten. Corrado Grassi wendet sich der Herausbildung und Verbreitung des Konzepts der italianità bei historischen Dialektsprechern zu. Es handelt sich hierbei um einen soziolinguistischen Beitrag zum Turin der 1930er Jahre, der dem Bewusstsein und der Einschätzung des dialetto torinese verglichen mit dem italiano sowohl in mündlichen wie auch in literarisch-schriftlichen Domänen (am Beispiel Pavese und Fenoglio) nachgeht. Generell wird ein weites Forschungsfeld aufgewiesen. Sarah Dessì-Schmidt rückt das Konzept des genio della lingua italiana bei Algarotti und in der zeitgenössischen Diskussion in den 276 Besprechungen - Comptes rendus Mittelpunkt ihrer kenntnisreichen Betrachtungen und behandelt es im Blick auf den die Zeit bestimmenden Antagonismus von Rationalismus und Sensualismus. Über die Behandlung des Begriffs des genio im sprachbezogenen Sinn und die in ihm implizierten Thematiken allgemein, geht Verf. auf dieses Konzept in Algarottis sprachbezogenen Schriften ein, um schließlich in einer Art Zusammenschau die Bedeutung des Algarottianischen Konzepts für die aktuelle Polemik zu Identität und Sprachentwicklung zu veranschaulichen. Der Aufsatz dokumentiert zudem eine hervorragende Kenntnis der historisch-systematischen intellektuellen Zusammenhänge mit den Querverbindungen zur Diskussion in Frankreich. Waltraud Weidenbusch untersucht in ihrem Beitrag in Belegmaterialien aus dem 18. und 19. Jahrhundert die Alterität von lingua und dialetto unter Einbeziehung von favella, linguaggio, idoma, parlare und volgare. Die Termini werden aus den Perspektiven Diatopie, Rhetorik, Diastratie und Diaphasie abgeklopft und durch Zitate für die Interpretation gestützt. Neben zahlreichen stabilen Diskussionstopoi stellt Verf. für ihren Zeitraum auch Veränderungen fest wie etwa die Abkehr von einer ästhetischen hin zu einer philosophischen Diskussion oder die Natur als Bewertungsmaßstab für Dialekte und damit deren Aufwertung. Gerald Bernhard stellt die Jugendsprache in einem kurzen Beitrag in den Fokus von italianità und kultureller Identität. Am Beispiel des römischen Hip-Hop- Sängers Er Piotta wird das von diesem verwendete romanaccio auf seinen Dialektalitätsgrad hin untersucht sowie seine Rolle für die italienischen Jugendkulturen der 1990er Jahre nachgezeichnet. Des weiteren geht es um die Rolle der Dialektalität für Musik und «Sprache» schlechthin sowie um die Bedeutung einer so herausgestellten (neo)dialettalità für die Auffassung von sprachlicher italianità der «jugendlichen Teile der italienischen Gesellschaft». Franz Rainer behandelt den in den 1990er Jahren insbesondere in naturwissenschaftlichen Kreisen für eine kritische Distanzierung genutzten bis anhin veralteten bzw. literarisch konnotierten Begriff «italico» mit abwertendem Beiwert. Auf einer Materialbasis, die den gesamten Jahrgang 1994 von Il Sole 24 ore sowie 1000 italienischsprachige Internet-Dokumente umfasst, die dieses Adjektiv enthalten, wird dieses mit Hilfe des deskriptiven Instrumentariums der handlungstheoretischen Semantik unter Rückgriff auf den Wittgensteinschen Bedeutungsbegriff untersucht. Verf. kann zeigen, dass die Verwendung des Adjektivs italico heute wesentlich komplexer ist, als dies die neuere Lexikographie vermittle. Gleichzeitig vermag der Beitrag sprachbasiert einen guten Zugriff auf Stereotypen (Autostereotypen und Heterostereotypen) im Rahmen kulturhistorischer Zusammenhänge zu dokumentieren. Claudia Maria Riehl thematisiert in ihrem dem Gedenken an Andreas Blank gewidmeten Beitrag italianità als Problem mit Blick auf ethnische Minderheiten in Italien, und zwar unter dem Aspekt der Zuschreibung und als Mittel der Aus- und Abgrenzung. Italianità wird von zwei Seiten betrachtet: Einerseits sei damit das Gefühl der Zugehörigkeit zu einer ethnischen Gruppe (der italiani) mit gleicher Sprache und Kultur verbunden, andererseits kämen auch bestimmte Kriterien von Habitus und Verhaltens- und Denkweisen ins Spiel, die im allgemeinen unter dem Begriff der Mentalität gefasst würden. Besonders virulent sei hierbei die Situation in Südtirol, insbesondere in der autonomen Provinz Bozen, wo italiani, deutschsprachige Südtiroler sowie Ladiner die sprachlich-kulturelle Situation bestimmen. Verf. zeigt nach einer knappen Übersicht zur historischen und soziolinguistischen Situation in der Region, die unterschiedlichen Zugänge der beiden ethnischen Gruppen zu ihrer ethnischen Identität. Grundlage für die Untersuchung sind Selbstaussagen von muttersprachlichen SprecherInnen, auf deren Basis markante Unterschiede in der eigenethnischen Zuschreibung herausgelöst werden. Während für die Ladiner der eigenidentitäre Status unabhängig von nationaler oder regionaler Zugehörigkeit als selbstverständlich erfolge, versuche der «Südtiroler» eine eigene regionale Identität zu konstruieren und sich gegen die italianità der italienischen Muttersprachler bewusst diskursiv (und ethnisch) abzugrenzen. Rita Franceschini befasst sich in einer anregenden Studie mit 277 Besprechungen - Comptes rendus einer neueren Erscheinung, der italianità «di moda» in deutschsprachigen Ländern, insbesondere in der deutschsprachigen Schweiz. Italienischer life style wird als kulturelles cross over-Phänomen aus sprachwissenschaftlicher Perspektive vorgeführt und historisch perspektiviert. Die sprachlichen Untersuchungen im engeren Sinn betreffen Interferenzen sowie hybride Bildungen im Bereich der Wortbildung wie etwa röschtizza ( röschti + pizza) oder brilleria ( Brille + -eria). Bildungsmuster werden herausgelöst und systematisiert. Diese erwiesen sich seit den 1990er Jahren als Ausdruck eines spezifischen life style mit durchweg positiver Konnotation, der im Rahmen pluriidentitärer Zuschreibungsmöglichkeiten verortet wird. Christoph Schwarze schließlich beschäftigt sich mit grammatischer und lexikalischer Italianität und will zeigen, dass mit dem Rahmenthema italianità nicht nur Kulturwissenschaftler und Historiker involviert sind, sondern auch der Grammatiker, wenn auch in eher indirekter Weise. Anders als in den 1930er Jahren, als etwa Walther von Wartburg die These propagierte, Sprache sei der wahrnehmbar gewordene Geist eines Volkes, geht Verf. in einem historischen Streifzug der Frage nach, was denn eigentlich italienisch am Italienischen sei. Zu diesem Zweck nimmt er eine Sichtung derjenigen Forschungsinstrumente und -richtungen vor, die hier eventuell Aufschluss geben könnten: Grammatiken, selektive Strukturanalysen sowie vergleichende und typologische Charakterisierungen (Lausberg, Körner, Geckeler). Desgleichen wird eingegangen auf Charakterisierungen des Italienischen anhand idealisierter Prozesse des Sprachwandels, insbesondere auf den Umbau der Lexikalisierungsmuster bei Verben der Fortbewegung, auf die partielle Ablösung der starken Perfektstämme, auf den Funktionswandel des Verbsuffixes -sksowie auf die Auxiliarreduktion. Allerdings produzierten diese Analysen kein sonderlich übersichtliches Bild für die Fragestellung und Verf. kommt zu dem Schluss, zwar einige individuelle Züge des Italienischen angesprochen zu haben, doch das Ganze bleibe gegenwärtig ohne Gewähr. Damit thematisiert Schwarze das grundsätzliche Problem, die Rolle des Sprachwissenschaftlers und Grammatikers im engeren Sinne innerhalb eines kulturwissenschaftlichen Paradigmas zu verorten. Sprachwissenschaft als Wissenschaft von der Sprache im Sinne einer sprachimmanenten Sprachwissenschaft scheint in diesem Rahmen obsolet. Sie muss hier ihren Charakter als eigenständige Wissenschaft und ihren Gegenstand verlieren in der Verlagerung ihrer Bemühungen auf das sprachextern konditionierende Paradigma. Es ist dies eine Konsequenz, möchte man hinzufügen, die die Literaturwissenschaft in gleichem Maße tangiert. Die Sektionsbeiträge sind sorgfältig redigiert, wenn auch einige Umbruchfehler stehen bleiben; ärgerlich ist ein «Tippfehler» in Inhaltsverzeichnis und Titel des Beitrags von Grassi. Die Aufsätze - und hier beziehe ich auch die nicht behandelten Titel der literaturwissenschaftlichen Sektion ein - vermitteln ein vielfältiges Bild des Umgangs mit dem Konzept der italianità als Schlüsselkonzept eines inter- und transdisziplinär basierten kulturwissenschaftlichen Zugriffs auf einen manifesten Nationalmythos mit seinen Implikationen für Identität(en) und Alterität(en). Edeltraud Werner ★ Franca Taddei Gheiler, La lingua degli anziani. Stereotipi sociali e competenze linguistiche in un gruppo di anziani ticinesi, Locarno (Osservatorio linguistico della Svizzera italiana) 2005, 547 p. (Il Canocchiale 8) Diese Arbeit darf für sich in Anspruch nehmen, die erste gerontolinguistische Monographie zum Italienischen darzustellen. Die Vf. erschließt dieses junge Arbeitsgebiet auf Basis einer empirischen Untersuchung, welche neben dem Italienischen auch den Tessiner Dialekt 278 Besprechungen - Comptes rendus berücksichtigt. Neben 78 älteren werden auch 18 jüngere Personen in die Studie einbezogen. Diese Gewährspersonen nahmen im Verlauf der Treffen (50-120 Minuten) an einer Serie von elf Tests teil. Die Entwicklung der Tests schließt in unterschiedlichen Teilbereichen an jüngere gerontolinguistische Studien an. Diese zeigen, dass die Forschung zur Alterssprache quer zu den Disziplinen der Linguistik, Kommunikationswissenschaft, Psycholinguistik und anwendungsorientierter Fächer (Pflegewissenschaft) verläuft. Mit ihrer Arbeit trägt die Vf. also auch zur sprachwissenschaftlichen Konturierung einer romanistischen Gerontolinguistik bei. In ihrer Introduzione (23-32) gibt die Vf. einen konzentrierten Überblick zum Forschungsstand. Anschließend werden die Zielsetzungen der Einzelanalysen vorgestellt, es folgt ein Kapitel zur Zusammensetzung des Korpus. Die Befragten gehören drei Gruppen an: Anziani dipendenti (AD), wohnhaft in Altenheimen, 26 Frauen und 12 Männer (dieses Geschlechterverhältnis ist zwar nicht ausgewogen, bildet aber die Situation in den Einrichtungen ab) im Alter von 69-98 Jahren; Anziani indipendenti (AI), 20 Frauen und 20 Männer im Alter von 69-86 Jahren; Giovani (G), 11 Frauen und 7 Männer imAlter von 23-37 Jahren.Weiterhin wird nach der Schulbildung (Schulart und Zahl der absolvierten Schuljahre) und dem Beruf unterschieden, nach der Zahl der Schuljahre richtet sich die Einteilung in vier soziokulturelle Niveaus. Schließlich werden die detailliert erhobenen Informationen zur Sprachverwendung, bes. des Italienischen und des Dialekts dargestellt: Muttersprache; verwendete Sprache im Gespräch mit den Kindern und mit Freunden; weitere Sprachkenntnisse. Drei Analysekapitel befassen sich mit den im Untertitel als stereotipi sociali bezeichneten Einschätzungen der Angehörigen der drei Gruppen (AD, AI, G) in sozialen, kognitiven und auf das Sprachverhalten bezogenen Kategorien; dabei wird mittels eines Fragebogens jeweils nach der Beurteilung der eigenen und der entgegengesetzten Altersgruppe gefragt. In einigen Bereichen tritt ein Unterschied zwischen AD und AI hervor: «secondo G e AI sono gli Anziani ad essere più loquaci, mentre per gli AD sono i Giovani ad essere più loquaci» (62). In anderen Bereichen zeichnet sich eine Gegenüberstellung von AD und AI einerseits sowie G andererseits ab. Letztere bekundeten eindeutig, im Umgang mit Älteren auf eine klare, einfache Sprache zu achten, von der Vf. als Zeichen eines elderlyspeak bewertet. Dieses Ergebnis wird modifiziert durch die Einschätzung der AD und AI, dass sie kein auffälliges Sprachverhalten ihnen gegenüber von Seiten Jüngerer bemerkten, auf der anderen Seite aber beklagen, vom Personal geduzt zu werden (88). Aus Beobachtungen der Interviewsituation und aussagekräftigen, längeren Zitaten ergeben sich weitere Anknüpfungspunkte, z. B. wird auf Fälle von code-switching hingewiesen (73 N9, passim). Sieben weitere Analysekapitel sind von psycholinguistischen Arbeiten angeregt. Sie beziehen sich auf Tests zum Kurzzeitgedächtnis, zur Kompetenz in grammatikalischen Fragen, zu Synonymen und zur Fähigkeit, einen komplexen Sachverhalt zusammenzufassen, eine Situation an Hand einer Bildvignette zu erfassen und zu kommentieren, Gegenstände (Computerzubehör) korrekt zu bezeichnen sowie unter Zeitdruck Wortlisten zusammenzustellen. Es zeigt sich, dass der Abstand zwischen der Gruppe der Älteren und der Gruppe der Jüngeren geringer ist als erwartet, während sich der Grad der Schulbildung deutlich ausprägt; allerdings werden diese Ergebnisse mit der gebotenen Vorsicht bewertet, da die Testsituation Blockaden hervorruft (111) oder mangelndes Verständnis der Fragestellung die Vergleichbarkeit der Ergebnisse einschränken kann (117). Für die Beurteilung der Ergebnisse wirkt sich auch erschwerend aus, dass im Bereich der competenza grammaticale nicht nur nach der Beurteilungsfähigkeit der Grammatikalität gefragt war, sondern das gewählte Beispiel (dem Verb vorangestelltes gli statt nachgestelltem loro) zugleich den Problembereich der diachronischen und diaphasischen Variation eröffnet. Da im Bereich der 279 Besprechungen - Comptes rendus Synonyme der Fachterminus sinonimi in der Fragestellung verwendet wurde, muss auch hier gefragt werden, ob die entsprechenden Kompetenzen nicht durch eine weniger fachsprachlich formulierte Frage besser hervorgetreten wären. Interessant sind die Beobachtungen zu diachronen Varianten, sowohl im Bereich gli vs. loro als auch im Fall von lui vs. gli (bzw. loro vs. esse): «gli Anziani mostrano apertura nei confronti delle ‹nuove› (ormai del tutto acclimatate) regole della lingua parlata» (126). Die Frage des Sprachwandels wird auch im Kapitel über die Deutung einer Bildvignette relevant; auch wenn zunächst ausgeführt wird, dass in anderen Studien zum Thema neben dem Prozess des naming die Frage im Mittelpunkt stand, wie «effizient» die Situation wiedergegeben wird. Aber im vorliegenden Kapitel verlagert sich das Interesse auf eine Fragestellung der lexikalischen Semantik. Dabei ist auch modernes enzyklopädisches Wissen gefragt: Das Verständnis der Bildvignette setzt voraus, dass die Doppeldeutigkeit des Anglizismus mouse im Italienischen bekannt ist, weiterhin werden Bezeichnungen wie dischetto, tappetino, computer, schermo, tastiera erfragt. Die Gruppe der Älteren stellt sich diesbezüglich differenziert nach Männern und/ oder AI (eher computerkundig) einerseits und Frauen und/ oder AD (eher unerfahren) andererseits dar. In der Auswertung knüpft die Vf. an die Diskussion der stereotipi der ersten Kapitel an und kontrastiert dieses Ergebnis mit dem pauschalen Urteil der Jüngeren zur mangelnden Computerkenntnis der Älteren. Dem Lexikon ist ein weiteres Kapitel gewidmet, in welchem die verwendeten Testverfahren zunächst den naming tests zugeordnet werden. Dabei verschiebt sich der Akzent vom eingangs skizzierten Problem des naming als kognitiver Prozess der Bezeichnungsfindung auf das Ziel, auch die sprachliche Variation zu erfassen: «di verificare la conoscenza di termini afferenti a particolari gerghi o sottocodici e di misurare il grado di ‹regionalità› dei vocaboli usati, rispetto al campione di parlanti giovani» (161). Infolgedessen werden Schwierigkeiten bei der Definition seltener oder neuer Wörter nicht nur als Zeichen des calo nel recupero dell’informazione semantica gewertet, sondern auch mit der Lebenssituation in Zusammenhang gebracht: «La condizione di ‹isolamento parziale› e la mancanza di contatto con altre fasce d’età e con la realtà circostante giustifica del resto molti dei risultati qui discussi» (198). Das umfangreichste Kapitel der Studie (Il parlato semi-spontaneo, 219-323) wertet fünfbis zehnminütige Erzählungen aus, über eines von drei vorgeschlagenen Themen (insgesamt 93 Texte); es handelt sich dabei um die zehnte Aufgabe, die von der gewachsenen Vertrautheit mit Interviewerin und Mikrophon profitieren soll. Nicht immer entstanden monologische Texte, da kurze Antworten häufige Nachfragen erforderten. Das Verhältnis von monologischen, monologisch-dialogischen und dialogischen Texten wird zuerst aufgeschlüsselt, danach werden die selbst gewählten Themen erfasst. Die analisi linguistica behandelt Universalien der gesprochenen Sprache und Merkmale der Regionalsprache. Die einzelnen Merkmale werden quantitativ erfasst und in Beziehung zur Gesamtzahl der Sprecher in der jeweiligen Gruppe (AD, AI, G) gesetzt. Es überrascht, dass keine Angaben zur Anzahl der graphischen Wörter des Korpus und seiner Teile erfolgen, jedes Merkmal wird nach Zahl der absoluten Ausprägungen erfasst, z. T. in Relation zur Zahl der der jeweiligen Gruppe zugehörigen Sprecher. Auch unterbleibt der Versuch, die untersuchten Merkmale als Varianten zu beschreiben, z. B. wird non c’ho i soldi mitgezählt (264), aber nicht nach der Frequenz von Formulierungen des Typs non ho i soldi. Der jeweils attestierte Grad der «generationellen Markiertheit» (marcati in senso generazionale) der sprachlichen Merkmale kann daher nur eine Tendenz anzeigen. Besonders prägnante Ergebnisse sind Merkmale in der Sprache der Älteren, besonders der AI, z. B. die Verwendung des passato remoto (279) und vieler diaphasisch hoch markierter Lexeme, denen jeweils varianti basse zur Seite gestellt werden, z. B. attività professionale vs. lavoro, domicilio vs. casa, intrattenere rapporti vs. avere rapporti (285). Demgegenüber ist eine deutlich höhere Frequenz von Gesprächswörtern wie cioè, bon, appunto, così, ecco, niente bei den Jüngeren zu verzeichnen (321s.). 280 Besprechungen - Comptes rendus Abschließend fasst die Vf. zusammen, dass die Texte aller Jüngeren homogener wirken, während sich bei den Älteren eine größere Vielfalt ausprägt, nicht nur im lexikalischen Bereich: «i testi degli Anziani mostrano, a livello lessicale (così come ad altri livelli), un tasso di variabilità molto maggiore rispetto a quelli dei Giovani che tendono invece ad essere più omogenei (sia che si considerino i vari livelli di scolarizzazione che il sesso biologico). Le differenze si attenuano e il linguaggio si livella» (321). Ein alle Einzelkapitel kurz zusammenfassendes Schlusskapitel rundet die Darstellung ab. Die Transkriptionen der Erzählpassagen sind vollständig im Anhang beigefügt (Appendice II: I racconti degli Anziani e dei Giovani, 369-527), sowie zahlreiche und teilweise längere Transkriptionen aus den übrigen Testphasen. Damit stellt die Vf. weiteren Studien eine wichtige Quelle zur Verfügung. Die Regole di trascrizione werden einleitend vorgestellt (13), es handelt sich um eine orthographische Transkription. Die lautlichen Eigenheiten des Ticinese (Palatalisierung des vorkonsonantischen s und Affrizierung des auslautenden c, Velarisierung des auslautenden n, gegebenenfalls Öffnung/ Schließung von e und o) werden den verwendeten lateinischen Lettern zugeordnet, weitere lautliche Phänomene werden «gelegentlich» wiedergegeben (inzoma, 387 passim) - dadurch verlieren sie an Aussagekraft. Die Transkription fügt auch Interpunktionszeichen hinzu, zudem werden parasprachliche Ereignisse oder Beobachtungen (in eckigen Klammern), Pausen («lange» und «kurze»), Turn-Überlagerungen (die hier verwendete Unterstreichung dient auch für Hervorhebungen), Emphase (Lautstärke) und Satzabbrüche notiert. Diese letzte Notation ist problematisch, da sie einerseits die Lektüre nicht nennenswert erleichtert - denn die getreue Wiedergabe z. B. von Wortwiederholungen erfordert ohnehin die Bereitschaft, sich auf die Syntax des Gesprochenen einzulassen - andererseits (verständlicherweise) nicht durchgehalten wird. Die Entscheidung für eine rein orthographische Transkription (inkl. Interpunktion) oder für eine auf Basis intonatorischer Phänomene segementierte Transkription (inkl. Symbole für Pausen, aber auch für Stimmhebung und -senkung) wäre konsequenter gewesen. Die Transkriptionskriterien wären noch um den Hinweis zu ergänzen, dass Dialektpassagen zuweilen kursiv und dass erschlossene Wörter oder Laute in runde Klammern gesetzt werden. Auch enthalten die Transkripte auffallend wenige Interjektionen, deren Behandlung einen eigenen Kommentar verlangt hätte. Nicht recht deutlich wird, warum wichtige terminologische Klärungen nicht in der Introduzione, sondern als Premessa im ersten Analysekapitel erfolgen. So hätten die Abschnitte zum Interactive model for the communicative predicament of aging, zur Communication Accomodation Theory/ teoria dell’accomodazione comunicativa und zum Terminus ageism (47-50) in die theoretische Einleitung mit einbezogen werden können. Daran hätte sich die Überlegung anschließen können, welche «Hervorbringung von Alter» (Nikolas und Justine Coupland, Reinhard Fiehler) die Kommunikationssituation der eigenen Studie zur Folge hat. Schließlich kann die Konfrontation mit «banalen» Testfragen zu Irritationen führen, wie die Reaktion eines nicht näher bezeichneten Informanten zeigt: «ma cosa pensa lei, crede che non sappia come si chiama questo oggetto? » (162). Im Bereich der psycholinguistischen Fragestellungen zeigen sich Schwierigkeiten, die Voraussetzungen für die vergleichsweise große Anzahl von Tests zu kontrollieren; dies schränkt teilweise die Deutbarkeit der Ergebnisse im Sinne der ursprünglich vorgenommenen Fragestellung ein. Die Vf. benennt diese Probleme klar und gleicht sie durch umsichtige Deutung aus; zudem wird die Transkription auch der «Rand»-Kommentare zu den jeweiligen Tests zum Ausgangspunkt weiterführender Beobachtungen. Diese Vorgehensweise trägt zum Verständnis der Schnittpunkte, aber auch der Grenzen zwischen Psycholinguistik und Sprachwissenschaft bei. Denn sprachwissenschaftlich aufschlussreich können 281 Besprechungen - Comptes rendus gerade die Erklärungen für die Störfaktoren von Tests sein, insofern sie die diatopische Variation und Fragen der Sprachbewertung sowie nach der unterschiedlichen Ausdeutung der Gesprächsituation zulassen. Im Bereich der Untersuchung der Erzähltexte bedingen die Materialfülle und die Vielzahl der besprochenen Merkmale, dass die Darstellung in diesem Kapitel oft allzu knapp und wenig problemorientiert erscheint. In ihrer Premessa (15-21) erörtert die Vf. weitere Forschungsdesiderata im Zusammenhang mit dem elderly talk; im Verlauf der Untersuchung und im Schlusskapitel werden zahlreiche Ideen benannt. Ausgangspunkt kann ein zentrales Ergebnis der vorliegenden Studie sein: «qualsiasi generalizzazione in merito alle capacità linguistiche degli Anziani è sconveniente e fuorviante» (20). Die wertvollen erhobenen Sprachzeugnisse sowie die zahlreichen aufschlussreichen Ergebnisse illustrieren eindrücklich, wie diese Grunderkenntnis fruchtbar gemacht werden kann. Annette Gerstenberg ★ Vittorio Dell’Aquila/ Gabriele Iannàccaro, La pianificazione linguistica. Lingue, società e istituzioni, Rome (Carocci editore) 2004, 209 p. L’ouvrage de Vittorio Dell’Aquila et Gabriele Iannàccaro sur la planification linguistique répond à un besoin: il n’existe pas de manuel traitant spécifiquement des questions d’aménagement linguistique pour un public non-spécialiste. Le type de lecteur visé par les auteurs est clairement l’étudiant italien, voire européen, qui, après ses études, sera confronté aux questions de politique linguistique, un sujet amplement débattu depuis une dizaine d’années au sein de l’Union Européenne. Les auteurs entendent donner à ces étudiants une formation théorique, une explication des concepts et des modèles existants, ainsi qu’une expérience de diverses situations concrètes de planification linguistique en Europe, afin qu’ils puissent participer, en connaissance de cause, aux débats suscités par les rapports entre langues et communautés régionales et/ ou nationales. Il existe, bien entendu, une vaste littérature sur les questions de planification linguistique. Citons les recherches de Fishman 1 , qui propose un des ouvrages pionniers sur cette discipline; celles de Kaplan et Baldauf 2 qui offrent un état des lieux et des problèmes; ou encore celles, plus récentes, de Wright 3 présentant une vue générale des politiques linguistiques d’un point de vue historique. L’opuscule rédigé par Calvet en 1996 pour la collection «Que sais-je? » des Presses Universitaires de France 4 constitue bien un premier pas dans la direction d’un manuel, il retrace l’histoire des concepts de planification et de politique linguistiques dans la recherche universitaire depuis les années 1970 et donne un aperçu de quelques situations concrètes. Cependant, comme les autres ouvrages cités, il s’adressent plutôt à un lectorat de linguistes. Au contraire, Dell’Aquila et Iannàccaro entendent rendre leur texte accessible à l’étudiant non-linguiste et à un public plus général. On en veut pour preuve, outre l’explicitation de leur démarche dans le préambule, l’éclaircissement de divers concepts (dialecte, diglossie, communauté linguistique, etc.), pourtant bien connus des étudiants en sociolinguistique, qui figure dans le premier chapitre. De plus, l’abondance dans cet ouvrage d’exemples illustratifs (22 «casi studi», voir la liste p. 197) et l’annexe finale qui propose une fiche descriptive pour la situa- 282 Besprechungen - Comptes rendus 1 J. Fishman, Language Planning, Amsterdam 1991. 2 R. B. Kaplan/ R. B. Baldauf, Language Planning. From Practice to Theory, Philadelphia 1997. 3 S. Wright, Language Policy and language planning. From nationalism to globalisation, Houndmills, New York, etc. 2004. 4 L.-J. Calvet, Les politiques linguistiques, Paris 1996. tion sociolinguistique et juridico-linguistique de chaque pays européen, militent en faveur d’une telle interprétation. Jean-Marie Klinkenberg avait déjà entrepris une démarche similaire pour le public francophone, dans un ouvrage consacré à la langue française face aux enjeux sociaux et politiques 5 . L’accent n’est toutefois pas mis dans cet ouvrage sur la planification linguistique. Dans le préambule, les auteurs explicitent leur démarche. Ils rappellent l’importance prise par les questions de planification linguistique en Europe, et particulièrement en Italie, depuis les années 1980. Si cette discipline universitaire est relativement neuve dans le monde académique italien, elle est appelée à prendre une importance grandissante au vu des enjeux suscités par la problématique des rapports entre langue et communauté. En outre, les deux rédacteurs nous apprennent qu’ils ont directement puisé dans leur expérience du terrain pour l’écriture de ce livre. C’est donc dans ce cadre général qu’intervient la rédaction de cet ouvrage. Le premier chapitre place d’emblée la planification linguistique dans le giron de la sociolinguistique. Même si d’autres disciplines (sociologie, histoire, géographie, économie, droit, sciences politiques) peuvent, et doivent souvent, intervenir dans la description d’une situation concrète, le travail de la planification linguistique «rimane principalmente un lavoro da linguista» (11). C’est pourquoi, les auteurs s’en tiendront dans cet ouvrage à un point de vue strictement langagier sur le vaste champ de la planification linguistique. Fidèles à leur perspective, ils commencent par passer en revue les concepts sociolinguistiques généraux qui sont au cœur de la planification linguistique: la différence entre langue et dialecte, les concepts de communauté linguistique, de répertoire, de diglossie, de dilalie, etc. (12-21). Ils terminent ce premier chapitre, fort utile, en plaçant la notion de planification linguistique en regard d’autres concepts qui lui sont proches, comme la politique linguistique, l’aménagement linguistique, la normalisation, le language revival ou language revitalisation. Ils définissent finalement la planification linguistique comme «l’attività prettamente linguistica di studio e intervento sulle realtà sociali plurilingui» (22). Le second chapitre intitulé «lingua e stato» est le moins réussi de cet ouvrage. Il part pourtant d’un excellent principe: souligner le caractère historique de l’équation langue- État, de l’importance de la langue comme facteur de cohésion sociale et nationale. Les auteurs décrivent la situation linguistique et politique en Europe durant le Moyen Âge et sous l’Ancien régime (2.1). Ils soulignent ensuite la rupture représentée par la Révolution française et l’apparition du nationalisme qui a aboutit à la plupart des État-nations que nous connaissons aujourd’hui en Europe (2.2). La référence au concept de nation reste cependant trop floue et les auteurs peinent à faire entrevoir au lecteur la complexité de cette notion. D’autres auteurs que Hobsbawm 6 auraient mérités d’être cités à cet effet, comme Benedict Anderson ou Michael Billig qui offrent tous les deux à la langue une place de choix dans leur analyse du nationalisme 7 . La suite du chapitre comporte une étude de la planification linguistique dans l’ex-Union Soviétique et un état de la question à la suite de la chute du mur de Berlin. Finalement, constamment attachés à leur vision, Dell’Aquila et Iannàccaro exposent en détail la situation actuelle en Italie et dans l’Union Européenne. Les trois chapitres qui suivent reprennent la grande tripartition de la planification linguistique présentée au début de l’ouvrage (23-4): corpus planning, status planning et acquisition planning. Ces chapitres sont très intéressants. On peut cependant regretter la séparation artificielle entre ces trois grands axes qui sont pourtant totalement interdépen- 283 Besprechungen - Comptes rendus 5 J.-M. Klinkenberg, La langue et le citoyen, Paris 2001. 6 E. J. Hobsbawm, Nation and Nationalism since 1780, Cambridge 1990. 7 B. Anderson, Imagined Communities. Reflections on the Origins and Spread of Nationalism, Londres, New York 1983 et M. Billig, Banal Nationalism, Londres, Thousand Oaks, etc. 1997. dants, même si cela s’explique par un désir louable de clarification. La distinction entre corpus et status planning remonte aux travaux de Kloss 8 , et, même si elle a été adoptée de façon unanime par la recherche en planification linguistique, elle reste vivement controversée. Un auteur très critique à cet égard, Glyn Williams 9 , considère que cette «fausse dichotomie» introduit un problème majeur: une fois cette bipartition installée, on peine à prendre en compte la relation inhérente qui lie ses deux composantes. Pourtant, chaque fois qu’une langue voit accroître son statut, cela a inévitablement des répercussions sur le corpus; non que la langue présente forcément des «manques», mais suite à sa reconstruction sociale (Williams 1992: 147). Remarquons tout de même que Dell’Aquila et Iannàccaro soulignent lors d’une brève partie du chapitre 3 (3.8) l’interdépendance entre corpus et status. De plus, les études de cas viennent bien souvent confirmer cette corrélation par l’exemple. Nous pouvons citer le cas du rumantsch grischun (caso studio 15, 88-9), une langue «artificielle» crée comme langue administrative suite à l’acception du romanche en tant que langue nationale dans la Constitution fédérale helvétique aux côtés du français, de l’allemand et de l’italien. Dans ces trois derniers chapitres, les deux auteurs présentent, tour à tour, le spectre d’action de chacun des angles de vue de la planification linguistique, en fournissant au lecteur de très nombreux exemples concrets sous la forme de «casi studi» qui ne concernent pas toujours les langues et/ ou les régions les plus connues. Matière principale du chapitre trois, le corpus planning est l’action de la planification linguistique qui porte sur les aspects orthographiques, morphologiques, syntaxiques et lexicaux. Les auteurs reprennent ces points un à un en les exemplifiant. Le cas d’une intervention planificatrice sur la morphosyntaxe est ainsi illustré grâce à la standardisation du ladin (81-3). Si les deux auteurs citent l’exemple archiconnu de la Turquie moderne (87) 10 pour illustrer l’action de planification sur le lexique, ils développent deux situations fort intéressantes et moins connues que sont celle du corse standard et du rumantsch grischun (88-9). La dernière partie du chapitre (3.8) souligne, nous l’avons déjà mentionné, l’interdépendance intrinsèque des corpus et status planning, vu la corrélation entre statut, fonction et prestige d’une langue: «i due concetti sono assai strettamente correlati e, nella pratica della pianificazione, assai difficilmente separabili» (92). Le status planning, objet du quatrième chapitre, se réfère à l’ensemble de l’appareil normatif et législatif qui assure le maintien d’une langue, consolide son prestige, etc. Les auteurs reprennent tout d’abord la grande distinction en droit linguistique entre liberté de langue (liberté individuelle) et principe de territorialité (droit des communautés). Ils se penchent ensuite sur les différentes dénominations données aux langues dans les systèmes juridiques européens (langue nationale, langue officielle, régionale, minoritaire, «llengua pròpia» [Catalogne]) et internationaux («lesser used languages», etc.). Ils étudient en détails deux systèmes poltiques utilisant des lois linguistiques très différentes: la Catalogne et la Finlande (107-18). Ils discutent finalement le cas des législations scolaires, passant en revue les différents types d’organisation du système scolaire sur le continent européen (France, Luxembourg, Pays basque espagnol, Norvège, provinces italiennes où l’on parle le ladin). Le chapitre se termine sur l’exemple de la Belgique (130-31). Le chapitre cinq introduit l’acquisition planning, un concept qui a été proposé par Cooper en 1989 11 . Il renvoie aux aspects de la planification linguistique qui touchent concrètement les changements dans la société, c’est-à-dire les changements des rapports (numérique, économique, politique, identificatoire, etc.) entre les langues (134). Une telle intervention a donc des répercussion à plusieurs niveaux, linguistique, bien sûr, mais souvent 284 Besprechungen - Comptes rendus 8 H. Kloss, Research Possibilities on Group Bilingualism. A Report, Québec 1969. 9 G. Williams, Sociolinguistics. A Sociological Critique, Londres, New York 1992: 136s. 10 Voir aussi L.-J. Calvet, Les politiques linguistiques, Paris 1996: 81s. 11 R. L. Cooper, Language Planning and Social Change, Cambridge 1989. juridique également, et ainsi, elle ne sera possible que grâce à d’autres interventions simultanées sur le status et le corpus. Nous peinons à comprendre l’utilité d’un nouveau concept qui, au final, ne fait qu’englober la dichotomie corpus/ status en mettant l’accent sur les conséquences sociales de la planification linguistique. Nous estimons que celles-ci sont intrinsèquement présentes dans les notions de corpus et status planning. De plus, les deux auteurs passent complètement sous silence toute discussion sur l’opportunité d’une nouvelle distinction. Le chapitre, pourtant n’est pas inintéressant. Dell’Aquila et Iannàccaro illustrent l’acquisition planning par l’exemple de la montée de l’emploi du gaélique irlandais en République d’Irlande depuis les années 1990 (134-40). Ils présentent ensuite une modélisation des différentes étapes nécessaires à une revitalisation de la langue par l’acquisition planning: c’est le Catherine wheel model, initié par Strubell (140-43) 12 . Si le cas de la normalisation en Catalogne reste un des exemples les plus probants de politique d’acquisition planning, on en trouve néanmoins de plusieurs types (nationaliste, diglossique, sociétés parallèles, etc.) et elles peuvent être plus incitatives que directives. Les auteurs exposent ensuite un deuxième système de modélisation, introduit par Fishman 13 . Il s’agit des diverses étapes d’une politique du reversing language shift. La partie finale se concentre sur les enjeux divers du plurilinguisme administratif. Ce dernier chapitre nous semble former une sorte de conclusion, reprenant certains aspects développés au sujet des corpus et status planning. Si les troisième et quatrième chapitres sont relativement homogènes et linéaires dans leur contenu, la ligne adoptée dans le cinquième est plus floue et le lecteur se perd un peu. On peine à comprendre l’accumulation de concepts similaires (acquisition planning, normalisation, reversing language shift). Il faut également noter que c’est le chapitre qui renferme le moins d’études de cas. Peut-être souffre-t-il ainsi d’un manque d’illustration par l’exemple. Au final, il convient de recommander cet ouvrage qui, fidèle à la perspective de départ de ses deux auteurs, propose bien au lecteur un excellent passage en revue des différents concepts liés à la planification linguistique et de nombreuses illustrations fort intéressantes. On peut toutefois regretter l’eurocentrisme dont font preuve les deux auteurs, même s’il est pleinement revendiqué et participe à la mission générale de l’ouvrage. En effet, ce parti pris les oblige à faire l’impasse sur de nombreux exemples qui apporteraient une illustration claire de leur propos. Au contraire, à la fin de la lecture, on ne manquera pas d’être impressionné par la diversité des situations linguistique qu’on peut trouver en Europe. Cependant, un dernier point nous paraît important: Dell’Aquila et Iannàccaro évitent souvent de souligner les enjeux de pouvoir qui sont pourtant au cœur des diverses planifications linguistiques. Ils les mentionnent parfois, mais sous couvert d’une dénomination plus neutre (statut ou prestige). Les deux auteurs, par exemple, se demandent trop rarement quel groupe d’intérêt peut être à la base de telle législation linguistique. Bourdieu 14 a montré comment les différentes langues en présence sur un marché linguistique occupent une place précise et comment la situation sociolinguistique repose sur un pouvoir et une violence symbolique. La compréhension de tels processus nous semble essentielle à la formation que les deux auteurs veulent proposer par ce livre. Sara Cotelli ★ 285 Besprechungen - Comptes rendus 12 M. Strubell, «From Language Planning to Language Policies and Language Politics», in: P. J. Weber (ed.), Contact + Confli(c)t, Bonn 1999, 237-48. 13 J. Fishman, Reversing Language Shift. Theoretical and Empirical Foundations of Assistance to Threatened Languages, Clevedon 1991. 14 P. Bourdieu, Langage et pouvoir symbolique, Paris 2001. Dominique Stich, Parlons romanche: la quatrième langue officielle de la Suisse, Paris (L’Harmattan) 2007, 212 p. In der Reihe Parlons . . . des Verlags L’Harmattan, die sich die Beschreibung wenig bekannter Sprachen zum Ziel setzt (Afrikaans und Slovenisch sind hier Ausnahmen neben Lobiri, Pijin, Maori, Oromo etc.), stellt Dominique Stich das Rätoromanische vor, und zwar in der Form der Einheitssprache Rumantsch Grischun mit Ausblicken auf das Sursilvan und das Vallader. Das Buch ist in 12 Kapitel gegliedert. Die beiden ersten geben eine allgemeine Einleitung zur Sprachsituation in der Schweiz und in Graubünden (chap. i) und zu Geschichte und heutiger Verbreitung des Rätoromanischen in Graubünden (chap. ii, La langue, son origine, ses variétés). Die Kapitel 3 und 4 befassen sich mit den phonetischen Verhältnissen, 3 in synchronischer, 4 in diachronischer Sicht (chap. iii, Orthographe et phonétique, chap. iv, Évolutions phonétiques). Kapitel 5 umreisst kurz die Prinzipien, nach denen das Rumantsch Grischun gestaltet ist. Das Kernstück des Buches ist das umfangreiche Kapitel 6 (p. 69-129); es ist der grammatischen Beschreibung des Rumantsch Grischun gewidmet, mit den Abschnitten «le substantif, les numéraux, le pronom, le verbe, auxiliaires et verbes irréguliers». Auf der oberen Hälfte der Seite wird jeweils die Einheitssprache behandelt, auf der durch einen Strich abgetrennten unteren Hälfte die Entsprechungen in Vallader und Sursilvan. Die restlichen 6 Kapitel enthalten teils sprachliches Anschauungsmaterial, teils ergänzende Anhänge: chap. vii, Les toponymes, chap. viii, Réflexions sur le romanche-grison, chap. ix, Phrases usuelles, chap. x, Textes, chap. xi, Lexique. Romanche-grison-Français, Français-Romanchegrison (151-205). Kapitel 12, als «annexe» bezeichnet, stellt einer Auswahl von Wörtern des Rumantsch Grischun die Entsprechungen im Dolomitenladinischen gegenüber, gefolgt von einer französischen Übersetzung. Eine kurze (allzu kurze! ) «petite bibliographie commentée» beschliesst die Publikation. Der Autor hat eine Menge Information in sein Buch verarbeitet. Dafür kann man ihm dankbar sein, insbesondere für die konzise Beschreibung des Rumantsch Grischun (Kap. 6) und für den Abriss einer historischen Lautlehre (Kap. 4). Allerdings bleibt man im Ungewissen bei der Frage, an was für ein Publikum sich dieses Buch wende. Von der Ausrichtung der Reihe Parlons . . . her würde man vermuten, es sei eine breite, nicht linguistisch geschulte Leserschaft (immer französischer Muttersprache) anvisiert. Andererseits operiert der Autor mit Begriffen der Linguistik, setzt die Vertrautheit mit der phonetischen Umschrift voraus, bezieht die diachronische Dimension mit ein. All das ist sicher nicht für ein Laienpublikum geeignet. Liest man das Buch jedoch als Romanist, fühlt man sich befremdet von elementaren Informationen, die vielleicht für Studenten des 1. Semesters neu sein können, andererseits von Ungenauigkeiten (höflich ausgedrückt; es gibt auch krasse Fehler) und pauschalisierenden, reduktiven Aussagen (z. B. über die Entstehung von Schriftsprachen, über die Definition von Sprache). Dass der Verfasser im Rumantsch Grischun die Rettung des bedrohten Bündnerromanischen sieht, sei ihm unbenommen, wenn auch sein Glaube etwas allzu vertrauensselig anmutet («Mais rien n’est perdu, avec la création du romanchegrison . . . », 32; «De par son statut privilégié le RG, lui, est sûr de perdurer . . . », 137). Einige Illustrationen (sie liessen sich leicht vermehren) zu den erwähnten Kritikpunkten. Beginnen wir mit den grundsätzlicheren Aspekten. P. 29 äussert sich der Autor zu der Frage «Qu’est-ce qu’une langue? » Nach der Feststellung «il n’existe aucune définition linguistique de ce qu’est une langue» erörtert der Verfasser zwei Fälle, in denen eine staatliche Instanz einer «Sprache» den Status einer «Sprache» verweigert: das Okzitanische und das Frankoprovenzalische in Frankreich. Kein Wort davon, dass es eine linguistisch-dialektologische und eine soziolinguistisch-historische Definition von «Sprache» gibt, und dass einzig 286 Besprechungen - Comptes rendus die zweite ausschlaggebend ist für die Unterscheidung Sprache - Dialekt (Dialektgebiet). Der Autor ereifert sich über das zentralistische Frankreich, das dem Okzitanischen den Status einer Sprache nicht zugesteht, ebensowenig dem Frankoprovenzalischen, «cette langue incontestée». Die beiden Beispiele sind nur teilweise vergleichbar. Während das Okzitanische auf eine bedeutende schriftsprachliche Tradition im Mittelalter und in neuerer Zeit zurückgreifen kann, ist das Frankoprovenzalische eine einzig aufgrund linguistischer Kriterien definierte sprachliche Einheit. Anders noch einmal der Fall des Bündnerromanischen. Stich bemerkt, man könnte das Engadinische linguistisch abtrennen vom übrigen Bündnerromanischen und mit dem Dolomitenladinischen zu einer eigenen Sprache vereinigen. Dass das nicht so geschehen sei, sei wiederum eine politische Entscheidung: «Là encore c’est un État qui a pris la décision». Richtig, und zu Recht, denn das Engadinische teilt seine Geschichte mit den übrigen bündnerromanischen Varietäten, nicht aber mit dem (dialektologisch zweifellos nahe verwandten) Dolomitenladinischen. Ein zweites Problem, in dem die Darstellung von Stich unbefriedigend ist, betrifft die Entstehung von Schriftsprachen. P. 67 fragt der Autor: «Les langues de culture sont-elles si naturelles que cela? » Abgesehen davon, dass der Begriff «natürlich» inbezug auf die Sprache problematisch ist 1 , bleibt der Verweis auf die Rolle von Dante und Luther bei der Entstehung der italienischen und der deutschen Schriftsprache mehr als vage. Der Autor vergisst (und er ist beileibe nicht allein dabei), dass die Situation in Romanisch Bünden letztlich nicht vergleichbar ist mit derjenigen in den grossen romanischen oder germanischen Ländern, wo (abgesehen von den politischen Faktoren) eine grosse Zahl von Intellektuellen, Schreibenden und Lesenden, an der allmählichen Herausbildung eines schriftlichen Standards beteiligt waren. In Graubünden ist die kritische Masse für einen vergleichbaren Prozess einfach nicht gegeben. Dessen müssten sich auch die grössten Optimisten unter den Verfechtern des Rumantsch Grischun bewusst sein. An mangelhaften Beschreibungen und eigentlichen Fehlern im Sachlichen 2 sei Folgendes erwähnt. - Sprachgeschichte. Die Rolle der Räter in der Urgeschichte Graubündens ist missverständlich dargestellt. Was p. 12 als Siedlungsgebiet der Räter bezeichnet wird (GR, Ostschweiz, Liechtenstein, Südbayern, Tirol) gehört zwar zur römischen Provinz Raetia, war aber sprachlich ziemlich sicher gemischt. Entsprechend ist auch die Aussage «Le latin s’installe donc en lieu et place du rhétique» (ibid.) zu differenzieren. Die Wörterbücher des Bündnerromanischen sprechen vorsichtig von «vorromanisch». Zu Bifruns Übersetzung des NT wird p. 22 N2 gesagt: «Il s’agit de la première traduction de la bible dans une langue romane». Dem Romanisten stehen die Haare zu Berge! Zwei Aussagen zum Prestige des Puter resp. des Engadinischen in seiner Gesamtheit sind fragwürdig. P. 24 wird gesagt, das Puter sei «plus prestigieux grâce aux cantiques de Frizzoni», p. 27, Vallader und Puter verdankten ihr Prestige «à leur usage liturgique». Beides ist viel zu eng (und welcher Leser kann mit dem Namen Frizzoni etwas anfangen? ). Das Engadin hat seit dem 16. Jh. eine (nicht nur religiöse) literarische Tradition, die in der Gegenwart unvermindert weiterwirkt. - Mangelnde Vetrautheit mit der heutigen Realität Graubündens. Es ist mindestens missverständlich, dass p. 31 bei der Beschreibung der deutschsprachigen Regionen jeweils die (wenig gebrauchten) rätoromanischen Namen voranstehen und die 287 Besprechungen - Comptes rendus 1 Cf. R. Keller, Sprachwandel, Tübingen 1990, 58s. 2 Wir verzichten auf die Erwähnung von Druckfehlern (die es ja nicht mehr gibt) resp. Versehen, die bei der Korrektur unbemerkt blieben. Sie sind nicht übermässig, aber doch ziemlich zahlreich. üblichen deutschen in Klammer beigefügt werden: Valragn (Rheinwald), . . . Avras (Avers) etc. Schlimmer sind Fehler wie p. 31 «le Val d’Avras (Surmeir)» (richtig: Alvra; Avras ist romanisch für Avers). Dass der Heinzenberg (Mantogna) p. 25 als eine der «trois vallées» der Sutselva deklariert wird, muss jeden verdriessen, der sich an die Aussage des Duc de Rohan in Conrad Ferdinand Meyers Jürg Jenatsch erinnert, wonach der Heinzenberg der schönste Berg der Welt wäre. Im Übrigen ist das Romanische am Heinzenberg inzwischen ausgestorben. - Fehler in der Sprachbeschreibung. Aus welchem veralteten Lehrbuch wohl die Aussage (70) stammt, das Surselvische unterscheide da von de? Und die angeblich unterschiedenen Funktionen werden erst noch verwechselt: «da (appartenance) et de (provenance)». DRG 5: 17s. da I stellt die Dinge klar. Bei der Behandlung des Adjektivs (75) wird richtig auf die surselvische Besonderheit hingewiesen, dass das Adjektiv je nach syntaktischer Funktion (attributiv oder prädikativ) eine unterschiedliche Form hat. Die Aussage «Ce système se retrouve également dans les temps composés de la conjugaison avec être qui procède de même au masculin pluriel (nominatif latin du type boni)» ist jedoch mindestens ungenau. Der für das Rätoromanische singuläre i-Plural tritt einzig bei den schwachen Partizipien auf, nicht jedoch bei den starken, die den üblichen s-Plural aufweisen. Neuere Diskussionen der romanistischen Forschung zum Bündnerromanischen sind offensichtlich am Verfasser vorbeigegangen. So wird p. 88 gesagt, die Formen des Demonstrativums (hier: pronom démonstratif) «peuvent tous servir comme pronoms ou comme adjectifs». Die als «adjectifs» charakterisierten Formen (z. B. surs. quei cudisch ‘dieses Buch’) haben jedoch nicht den Status eines Adjektivs, sondern vielmehr den eines emphatischen Artikels (cf. il grond cudisch, quei grond cudisch). Ferner wird aus der Darstellung von Stich nicht klar, dass surs. quest nicht denselben Status hat wie RG quest: im RG wie im Engadinischen (und im Italienischen questo) ist quest das Demonstrativum «der Nähe» (entsprechend dt. dieser in Opposition zu jener); im Surselvischen kommt quest nur noch in festen Formeln vor (questa sera, questa notg), während die Opposition «dieser/ jener» mit quei/ tschei ausgedrückt wird 3 . Auch zur traditionellen Charakterisierung der Formen quei, gliez, tschei als «neutres», die Stich übernimmt (und zum «Neutrum» im Surselvischen generell), gibt es eine neuere, überzeugendere Auffassung 4 . Im Anschluss an die Darstellung des Konditionals im RG werden p. 103 einige «temps non retenus en romanche-grison» vorgestellt, neben dem engadinischen synthetischen Futur und dem passé simple das surselvische Paradigma, das als «subjonctif imparfait (différent du conditionnel)» bezeichnet wird (miravi, temevi, vendevi, sentevi). Ich bin sicher, dass der Leser dieses Buches mit diesen Paradigmen, zu deren Verwendung nichts gesagt wird, rein gar nichts anfangen kann. Das surselvische Verbalsystem, gerade im Bereich Konditional/ Konjunktiv, ist äusserst kompliziert. Wer sich hier ein Bild machen möchte, braucht sehr viel detailliertere Informationen 5 ; andernfalls bringt die Erwähnung des Phänomens überhaupt nichts. Ziemlich peinlich, dass der Autor das berühmte Muoth-Zitat, «la meilleure des conclusions» (150), als «inscription en sursilvan» bezeichnet und auch noch falsch übersetzt: Stai si, defenda, romontsch, tiu vegl lungatg «Lève-toi, défends le romanche, ton antique langue! ». Romontsch ist Vokativ, «Romane». 288 Besprechungen - Comptes rendus 3 Cf. R. Liver, Rätoromanisch, Tübingen 1999: 134s. (mit Literatur). 4 P. Wunderli, «Requiem für eine heilige Kuh.Das ‹Neutrum› im Surselvischen»,ASSR 106: 134-63. 5 Eine Übersicht bei Liver, op. cit. p. 142s. Detaillierte Behandlung der Thematik bei M. Grünert, Modussyntax im Surselvischen, Tübingen/ Basel 2003. Genug der Kritik. Am Schluss fragt man sich: Wozu dieses Buch? Sicher vermittelt es eine Menge Information, und die Beschreibung des Rumantsch Grischun kann als gut gelungen bezeichnet werden. Die Ansprüche an eine wissenschaftlich fundierte Darstellung des Bündnerromanischen sind jedoch nicht erfüllt. Dass in der «petite bibliographie commentée» keine linguistischen Arbeiten erwähnt werden, die über das Rumantsch Grischun hinausgehen, ist symptomatisch. Und warum verschweigt der Autor, dass er nicht der erste ist, der das Bündnerromanische einem französischsprechenden Leserkreis zugänglich macht? 6 Ricarda Liver ★ N. J. Lacy/ J. T. Grimbert (ed.), A Companion to Chrétien de Troyes, Cambridge (Brewer) 2005, 242 p. (Arthurian Studies 63) Voici un Companion destiné à guider le lecteur, à la fois débutant et spécialiste, dans son approche de celui qu’il est convenu d’appeler le premier grand romancier de France. Chrétien de Troyes accède donc au rang d’un Malory ou d’un Gower pour qui il existe dans la même collection des ouvrages analogues, l’œuvre du poète champenois devient l’égale du cycle du Lancelot-Graal ou d’Ancrene Wisse également à l’honneur chez Brewer. Cette ascension s’est faite graduellement et aurait elle-même pu faire l’objet d’un livre entier. Le présent volume exclut, à quelques rares exceptions près, toute mise en perspective concernant l’évolution de la critique sur Chrétien de Troyes et confère d’emblée la parole à dix-sept «authoritative voices», qui, en seize chapitres, font le point - en synchronie - sur les aspects les plus importants de l’œuvre de Chrétien de Troyes. L’organisation des études, «classique» et discrète, est de bon sens: une première partie est consacrée au Background, la suivante aux Texts et la dernière à la Medieval Reception and Influence. C’est à la fois un parcours et un état des lieux. Voici le détail des seize contributions, toutes dues à des spécialistes aux compétences indiscutables. De l’arrière-plan - on aurait aussi pu dire «contexte» - se sont occupés: John W. Baldwin, «Chrétien in History» (3-14); June Hall McCash, «Chrétien’s Patrons» (15-25); Laurence Harf-Lancner, «Chrétien’s Literary Background» (26-42); Norris J. Lacy, «The Arthurian Legend Before Chrétien» (43-51); Douglas Kelly, «Narrative Poetics: Rhetoric, Orality and Performance» (52-63); Keith Busby, «The Manuscripts of Chrétien’s Romances» (64-75); Peter F. Dembowski, «Editing Chrétien» (76-83). Les Textes sont traités dans l’ordre qu’on suppose chronologique par Roberta L. Krueger, «Philomena: Brutal Transitions and Courtly Transformations in Chrétien’s Old French Translation» (87-102); Donald Maddox et Sara Sturm-Maddox, «Erec et Enide. The First Arthurian Romance» (103-19); Joan Tasker Grimbert, «Cligés and the Chansons: A Slave to Love» (120-36); Matilda Tomaryn Bruckner, «Le Chevalier de la Charrette: That Obscure Object of Desire, Lancelot» (137-55); Tony Hunt, «Le Chevalier au Lion: Yvain Lionheart» (156-68); Rupert T. Pickens, «Le Conte du Graal: Chrétien’s Unfinished Last Romance» (169-87). La postérité de l’œuvre de Chrétien est explorée par Annie Combes, «The Continuations of the Conte du Graal» (191-201); Michelle Szkilnik, «Medieval translations and Adaptions of Chrétien’s Works» (201-13); Emmanuèle Baumgartner, «Chrétien’s Medieval In- 289 Besprechungen - Comptes rendus 6 M. Schlatter, J’apprends le Romanche, quatrième langue nationale, Lausanne 1964. R. Liver, Manuel pratique de romanche. Sursilvan - vallader. Précis de grammaire suivi d’un choix de textes. Deuxième édition revue et corrigée, Cuira 1991. fluence: From the Grail Quest to the Joy of Court» (214-27), article que reliront ceux qui l’ont connue, qui retrouveront là toutes les convictions exprimées dans ses dernières productions, fondées sur - et filtrées par - l’expérience de toute une vie faite de lectures d’œuvres narratives du Moyen Âge. L’ensemble est hautement instructif et servira sans doute à la fois les chercheurs confirmés et les «advanced students» que les éditeurs déclarent vouloir aider au premier chef. La bibliographie finale, forcément sélective, mais équilibrée, ainsi qu’un index précis et fiable aideront à retrouver personnages et notions à travers les différentes contributions. C’est donc à partir de cette base entièrement positive que je voudrais échafauder quelques considérations supplémentaires. En un siècle et demi, depuis les premières enquêtes sur la littérature française du Moyen Âge, ont paru plusieurs milliers d’études sur Chrétien de Troyes. Un «advanced student» n’a certes pas besoin de connaître l’histoire de notre discipline per se, mais il a besoin de quelques notions rudimentaires pour savoir où situer l’article qui lui tombera sous la main au hasard de ses lectures. Il aurait donc peutêtre été utile de retracer le destin de chacun des dossiers traités à travers la critique dans les contributions de ce Companion. Il est bien difficile aujourd’hui d’imaginer qu’on ait pu penser que le Chevalier de la Charrette était dérivé du Lancelot en prose, et aucun étudiant ne comprendra les passions qu’a pu déchaîner la Mabinogionfrage si l’on ne lui explique pas le contexte. Le même étudiant verrait alors que les choix éditoriaux de Wendelin Foerster sont étroitement liés à ce contexte et il serait ainsi en mesure de mettre, par exemple, en relation la contribution de Norris Lacy sur les sources avec celle de Peter Dembowski sur les éditions. Un petit développement chez l’un où chez l’autre des chercheurs aurait permis au néophyte de mieux comprendre que tout, en un certain sens, se tient: pour Wendelin Foerster, Chrétien de Troyes était le génie créateur qui avait su faire émerger du magma de la fruste tradition celtique des œuvres d’art et non pas celui qui «translatait» simplement une telle tradition en français. Foerster se devait donc de retrouver la lettre originelle dans le maquis de la tradition manuscrite, et devait, par conséquent, produire un texte éclectique, conforme essentiellement à ses propres goûts. Chaque époque a ses convictions, la nôtre aussi. Il est en effet fort probable que ce que dit Tony Hunt - le seul, avec Peter Dembowski, à faire l’historique des études critiques dans «son» domaine - des étapes parcourues par la critique s’applique mutatis mutandis aussi aux autres romans du poète champenois. C’est donc un mouvement de fond, qui agit indépendamment du texte individuel. Dans sa contribution à tous points de vue exemplaire, Tony Hunt montre très clairement que les pierres d’achoppement dans Yvain sont toujours les mêmes - tout simplement parce que le texte n’y répond pas de façon univoque - alors que les solutions trouvées par les chercheurs sont toujours différentes. On peut présenter les choses, comme le fait notre collègue d’Oxford, comme une sorte de parcours orienté, mais ce chemin ne mène nulle part en particulier. Ce n’est pas le progrès objectif dont rêvait Gaston Paris, il s’agit plus d’une errance au sens médiéval. Il ne faut pas oublier que nous n’inventons pas seulement les solutions, mais aussi les problèmes: les centres d’intérêt de la critique se transforment au fil des décennies et au gré des modes, et si certaines pierres d’achoppement restent bien en évidence, d’autres sont oubliées ou négligées parce qu’elles se trouvent dans des domaines où aucun critique ne daigne plus aller: les études sur les sources, par exemple, ne sont aujourd’hui possibles que si elles sont revêtues d’un integumentum aux couleurs de l’intertextualité, alors que les études sur les rapports entre Erec et Enide, placées il y a un siècle sous des signes bien différents, ont parfaitement réussi plusieurs mues pour continuer à fleurir à l’époque des women studies. C’est nous, et non pas les œuvres, qui décidons du paysage des études critiques. Cela aussi, l’étudiant doit le savoir, et un auteur aussi densément étudié que Chrétien de Troyes offre un excellent laboratoire pour en faire la démonstration, comme le montre précisément la contribution de Dembowski, qui refait en 290 Besprechungen - Comptes rendus quelque sorte l’histoire de l’édition de texte à l’aide du corpus des romans de Chrétien de Troyes. Il faut donc avoir le regard expérimenté pour remarquer tout le potentiel qu’offre vraiment ce volume par les lectures croisées qu’il ne manquera pas de susciter. On se demandera, par exemple, si la virtuosité technique évoquée par Douglas Kelly dans son chapitre concernant le style de Chrétien de Troyes a apparu en même temps que l’ironie dont parle Tony Hunt. Dans les deux cas, c’est la marque d’un auteur en pleine possession de ses moyens artistiques. Tant que Chrétien était considéré comme un conteur gentillet, certes remarquable pour son époque mais tout de même irrémédiablement empêtrée dans l’esthétique balourde et enfantine de son temps, ni l’ironie ni la maîtrise des procédures stylistiques ne pouvaient être visibles. Dans un tout autre registre, on réfléchira aussi sur la façon dont il faudra désormais emboîter les cercles anglo-angevins traditionnellement crédités d’un rôle important dans la genèse des romans de Chrétien (y compris dans le présent volume) et l’existence de deux chapitres historiques parlant uniquement de la Champagne et des Flandres. Face à l’abondance d’adaptations et de traductions dans les «pays du Nord» que présente Michelle Szkilnik dans son chapitre, on s’interrogera aussi sur l’absence d’un équivalent «méridional» et on se demandera alors, guidé par Keith Busby, qui recommande de faire partir toute étude des manuscrits, s’il n’y a pas quelque chose à tirer du fragment franco-italien du Cligés. La région cisalpina, plus francophone que les pays du Nord, n’avait peut-être pas les mêmes nécessités. Et quand on consulte l’index à l’entrée «performance», on est bien entendu renvoyé à la contribution de Douglas Kelly, qui comporte le mot dans son titre, mais surtout à celle de Keith Busby, qui en parle lorsqu’il décrit les signes de ponctuations que présentent les manuscrits. Les ponts entre les différents chapitres restent donc certes à bâtir, mais avec l’excellent index, tout est mis à la disposition du lecteur pour lui permettre de commencer la construction. Un Companion, c’est cela: c’est quelqu’un qui vous aide à faire du chemin: le vôtre. Richard Trachsler ★ Gérald A. Bertin, Le Moniage Rainouart III, volume 2, Paris (F. Paillart) 2004, 260 p. Mit dem vorliegenden Band (DEAF-Sigel: MonRainaB [pikardisch, Ende 12. Jh.]) ist die Edition des Moniage Rainouart abgeschlossen, deren ersten Band (MonRaincB) der mittlerweile verstorbene Gérald Bertin schon 1973 und deren ersten Teil des zweiten Bandes (MonRaindB) 1988 vorgelegt hatte 1 . Der Vorschlag zur Publikation war bereits 1965 an die SATF ergangen. In einem nicht signierten Vorspann, der vermutlich aus der Feder A. J. Holdens stammt, dem verantwortlichen Commissaire der Publikation, erfährt man, dass sich diese durch den Tod des Herausgebers sowie durch das Verschwinden des Originaltyposkripts noch einmal deutlich verzögert hat. Nun also können wir, nach den Handschriften der Version a (a 1 : BN fr. 774 [2. H. 13. Jh.], hier Basishandschrift ab Vers 1774.92; a 3 : BN fr. 368 [1. H. 14. Jh.], Basishandschrift bis dorthin; a 4 : Mailand Bibl. Trivulziana 1025 [2. H. 13. Jh.]), in den Varianten auch die der Version b (BL Royal 20 D.XI [1. H. 14. Jh.] und BN fr. 24370 [14. Jh.]), noch einmal nachlesen, wie Rainouart, der altgediente Haudegen, der mit seinem tinel, einem mächtigen Holzprügel, in so mancher Schlacht so manchem Gegner den Schädel eingeschlagen hat, einige Schwierigkeiten hat, sich an die Regeln des klösterlichen Lebens zu gewöhnen, für das er sich im 291 Besprechungen - Comptes rendus 1 Dieser erste Teil des zweiten Bandes trägt den Titel Le Moniage Rainouart II et III, was deswegen etwas irreführend ist, weil der Moniage III erst im jetzt vorgelegten Band enthalten ist. Alter nun entschieden hat. Die Brüder versuchen, ihn unter verschiedenen Vorwänden immer wieder aus dem Kloster fortzuschicken, und so kommt es schon einmal vor, dass Rainouart einem der Räuber, die ihm begegnen und deren gesamtes Vesper er vorher verzehrt hat, mit bloßer Hand derart aufs Haupt schlägt, dass diesem gleich beide Augen aus demselben fahren (570s.), den nächsten wirft er ins Feuer, usw. Als er alleine auf einem Schiff, dessen Besatzung er zuvor erschlagen hat, auf dem stürmischen Meer treibt, betet er zu Gott und dem heiligen Julian, sie mögen ihn erretten, er werde sich dann auch wieder dem Klosterleben zuwenden (885s.). Das tut er dann auch, erweist sich aber nach wie vor als nicht sehr konventfähig, etwa wenn er einen Mitbruder erschlägt, der ihm keinen Wein zum Essen bringen mag (1610s.). So sind die Mönche gottfroh, dass Rainouart beschließt, sie zu verlassen, um Guillaume, der ihm über den Weg gelaufen ist, im Kampf gegen alle möglichen Heiden beizustehen (1751s.). Äußerst treffend beschreibt Rainouart selbst, wie es um ihn bestellt ist: Mielz aing bataille que lire ne chanter, Ne estre au cloistre ne matines soner. Des or vueil ge ma grant force esprover, Tant con je puisse cest buen baston lever Et sor cez Turs et ferir et chapler (1981.11-15). So geht er denn mit Guillaume, dem es bei seinem Versuch als frommer Bruder später ganz ähnlich ergehen wird, in den Kampf gegen eben diese «Sarazenen», fordert deren überragenden Recken Maillefer zum Zweikampf heraus, um schließlich festzustellen, dass es kein anderer als sein eigener Sohn ist, den zu massakrieren er eben zugange ist (2106s.). Kaum hat sich der Sohn halbwegs von den väterlichen Hieben erholt, wird er auf Vorschlag Guillaumes mit dessen Nichte verehelicht, der Vater aber kehrt zum Entsetzen der Mitbrüder ins Kloster zurück, wo sich jedoch letztendlich alle um ein erträgliches Zusammenleben bemühen. Der Text, den Bertin vorlegt, liest sich im allgemeinen sehr anständig - die üblichen epischen Längen und Wiederholungen sind dem Herausgeber nun wirklich nicht anzulasten. Einige kleine Anmerkungen: 4 (und öfters) es ist nicht mehr üblich, in altfranzösischen Texten zwischen dit il einen Trennungsstrich zu setzen, ebensowenig, einen Akzent bei weiblichen Formen wie levee, menee 806, 809 (und öfters) zu verwenden; - 240 setze einen Punkt am Ende der Laisse; - 327 li servise est si sainz lui chanté l. sanz lui? - 342 qui’il l. qu’il? - 369 (und öfters) bei dient und puent könnte man durchaus auch ein Trema auf den ersten Vokal setzen; - 449, 593.7 (und öfters) nach direkter Rede sollten die Anführungszeichen geschlossen werden; - 491.1 que li avoit l. que il avoit; - 530 streiche den Strichpunkt am Ende; - in den im Grunde sauber reimenden Laissen finden sich einige Auffälligkeiten, etwa 536-538 posé/ estoit tel/ enconbrez im Reim; - 678 mor l. mort; - 1624 par par l. par; - 1661.23 ist im zweiten Hemistichium um eine Silbe zu lang, lies oder skandiere Esprit statt Esperit? - 1783 ist im ersten Hemistichium eine Silbe zu kurz, lies Vet s’en Guillaume (cf. 1793); - 1800 ne borde me meson l. ne b. ne m.; - 1944 ist im zweiten Hemistichium um zwei Silben zu kurz, lies font devant els mener (cf. MonRaindB 1944); - 2030.6 und 2674 garde ne me celer l. garde nel me celer? cf. 2029, 2083 (und öfters); - 2165 ist im zweiten Hemistichium um eine Silbe zu kurz: ou il conbatra l. ou il se conbatra (cf. MonRaincB 2165); - 2588.7 ist im zweiten Hemistichium um eine Silbe zu lang: le Sarrasin qui ert fier l. le S. qu’ert fier? - 2892.17 Quant tu toz sains ist mir unverständlich; - 2966 des tables sont levé l. les tables sont levé oder pronominale Verwendung der Verbs ohne Pronomen; - 2968 or oiez non pensé l. or oiez mon pensé; - 2695 Aler vos adoubler l. Alez vos adoubler, da der Infinitiv anstelle eines Imperativs im Text sonst ungebräuchlich ist. Dem Text folgen als Appendices einige eingeschobene Laissen aus der Handschriftenfamilie b (so auch der Appendix vi, der fälschlicherweise der Familie a zugeschrieben wird) sowie das dort etwas anders gestaltete Ende. Es schließen sich die ausführlichen Anmerkungen an (183-220), die sich auch auf die ersten beiden Bände der Edition beziehen. Der Hinweis auf p. 192, dass die Verse 1661.9-18 in Handschrift a 5 fehlen, überrascht etwas, da es eine solche Handschrift laut der Beschreibung in MonRaincB S.xi nicht gibt. Dem Vari- 292 Besprechungen - Comptes rendus antenapparat nach müsste es sich um a 4 handeln. Es folgt ein umfassendes Verzeichnis der Eigennamen (221-43), welches ebenfalls die ersten beiden Bände miteinbezieht, wobei unter den unterschiedlichen Namen in den einzelnen Versionen leider nicht immer aufeinander verwiesen wird. Ein Beispiel nur: Der einzige von Rainouart verschonte Schiffskaufmann heißt in a 675 Errant. Unter diesem Namen findet sich kein Verweis auf Madrant, wie der gute Mann in der Version d heißt, auch nicht auf Turcant/ Turquant, wie er in den Versionen b und e, aber überraschenderweise auch in a 710 und 741 genannt wird. Der Verweis auf Errant wiederum fehlt unter Turcant und unter Madrant; unter letzterem gibt es schließlich einen Verweis auf Torgant, doch handelt es sich bei dem Träger dieses Namens um eine ganz andere Person. Das Glossar wird eröffnet mit der Vorstellung der Prinzipien, denen es folgt, und die a priori beim Rezensenten Kopfschütteln hervorrufen. So sind zum einen die Wörter nicht aufgenommen, die bereits im Glossar von MonRaincB enthalten sind, was für den nicht so geübten Leser, der öfter einmal ein Wort nachschlagen möchte oder muss, extrem unpraktisch ist und geeignet erscheint, das Lesevergnügen zu minimieren. Dagegen sind Wörter aufgenommen, die sich in den früher publizierten Versionen finden, im ersten Glossar jedoch fehlten. Zum anderen, so erfahren wir, sind vor allem die Wörter zu finden, «qui posent des problèmes particuliers de sens ou de forme». Über die Fragwürdigkeit und Beliebigkeit dieses Kriteriums, das insbesondere dem lexikographisch Interessierten ein Dorn im Auge ist, hat sich jüngst Jean-Pierre Chambon einmal mehr ausführlich geäußert (RLiR 70,123-41), weswegen dies hier unterbleiben mag. Die Folge ist, dass nun etliche schwierige oder sprachgeschichtlich wichtige Wörter und Belege in keinem der beiden Glossare zu finden sind. Einige Ergänzungsvorschläge 2 (die Verszahlen ohne Erweiterung beziehen sich auf den vorliegenden Text): adoubler v. pron. ‘die Waffen anlegen’ 2695 ist eine eigentümliche Erweiterung zu adouber (sofern kein Lese- oder Druckfehler vorliegt, cf. adoubez 98); - ajorner inf. subst. ‘Tagesanbruch’ 328; 371.2; - amuafle ‘orientalischer Würdenträger’ 971; - avesprer inf. subst. ‘Abenddämmerung’ 3105, cf. 3149.1 ainz qu’il soit avespré; - aviser v. tr. ‘erkennen’ 1644.3; - crainail ‘Zinne’ ist belegt aus d 4639, ergänze creneaus pl. 2241.1; - crestïener v. tr. ‘christianisieren’ 2931; - desloer v. tr. ‘ausrenken’ 2580; - endurer inf. subst. ‘Erdulden’ 1585.1; - enpenser v. tr. ‘ins Auge fassen, andenken’ 847.1; - froer v. intr. ‘in Stükke gehen’ 3128; - galice ‘Kelch’ 308, nicht allzu häufige Variante zu chalice; - ges = je les 2268; - haute heure ‘später Vormittag’ 624; - herbu ‘mit Gras bewachsen’ 2340; 2877.1; 2885; - liue ‘Zeitraum’ 258; - mordrisieres c. s. ‘Mörder’ 387; - nu = ne le 282; - ordené m. ‘Ordensbruder’ 3083.1; - orguener v. intr. ‘Orgel spielen’ 340; - radement ‘heftig’ 2305; - rez ‘geschoren (vom Kopf)’ ist belegt aus d 6131var., ergänze res 289, rez 770; - reoignier v. tr. ‘beschneiden’ 1774.46, Variante zu rooignier; - resaner v. tr. ‘heilen’ 2651.6; - tranchier in aktiver Konstruktion mit passivischer Bedeutung ‘abgeschnitten werden’, cf. Buridant §229. Errata zu den ersten beiden schließen diesen dritten Band der Ausgabe des Moniage Rainouart ab, durch den wir nun in komplexer Form Zugang zu den verschiedenen Versionen des Textes haben, aus den erwähnten Gründen zum Teil mit dem Wermutstropfen reduzierter Benutzerfreundlichkeit. Thomas Städtler ★ 293 Besprechungen - Comptes rendus 2 Cf. auch die zahlreichen Ergänzungen, die Takeshi Matsumura in seiner in der ZRPh. erscheinenden Besprechung gibt, und die hier nicht wiederholt werden sollen. Wauchier de Denain, La vie Seint Marcel de Lymoges, éd. critique par Molly Lynde- Recchia, Genève (Droz), 2005, 130 p. (Textes Littéraires Français 578) L’édition et l’exploration du versant hagiographique de la production littéraire de Wauchier de Denain se poursuit: après les éditions parues dans la même collection en 1993 et 1999, en voici une troisième tranche, qui devient accessible grâce au travail de Molly Lynde- Recchia 1 . Cette fois, c’est saint Martial qui est à l’honneur. Comme la vie de saint Nicolas déjà éditée, la sienne fait partie de ce qu’on appelle le «second recueil» de Wauchier, consacré aux huit saints suivants: Martin, Brice, Gilles, Martial et Nicolas, Jérôme, Benoît et Alexis. L’attribution à Wauchier de Denain s’appuie sur les passages octosyllabiques que comportent ces vies en prose où se nomme un certain Gauchiers, que l’on pense, sans doute avec raison, pouvoir identifier avec Wauchiers de Denaing, qui signe la vie de Grégoire le Grand dans le «premier recueil». Grâce à la mention de Philippe de Namur que contient le prologue du «premier recueil» et la mention d’un comte, toujours de Namur, dans un passage au début du «second recueil», on peut raisonnablement penser que les textes ont été composés au début du XIII e siècle, entre 1204 et 1212. Tout cela est très clairement expliqué par l’éditrice dans son introduction qui donne aussi des informations sur les sources latines et les aspects littéraires de la vita. Le texte français est conservé dans dix-huit manuscrits brièvement énumérés (24-25), puis classés. Ce classement se fait selon un critère apparemment indiscutable, la présence d’un passage versifié ainsi que celle des sept citations en latin que contient le texte. À l’aide de cette grille, les dix-huit témoins peuvent être répartis en six groupes, dont le plus complet est composé des manuscrits London, British Library, Old Royal 20. D. vi et Paris, Bibliothèque Nationale de France, f. fr. 411 et 412, ce dernier daté de 1285 mais contemporain, peu ou prou, des deux autres manuscrits du groupe. C’est le fr. 412 que choisit l’éditrice, comme avant elle déjà l’éditeur de la Vie de saint Nicolas. Si les raisons invoquées sont très peu explicites (30), cette décision a l’avantage de proposer maintenant au public le texte de Wauchier dans une forme homogène et se justifie parfaitement bien au vu du résultat. Suivent une courte Description du manuscrit de base (30-31), des observations sur la Toilette de texte (31-32), plutôt traditionnelle, si ce n’est en ce qui concerne l’usage plus abondant de l’accent aigu, un paragraphe expliquant la pratique en matière de corrections (33), puis un autre, concernant l’étude de la langue, totalement absente de ce volume, mais accessible, il est vrai, dans l’édition de la Vie de saint Nicolas. Plus copieuses sont l’Analyse (34-35) et la Bibliographie (37-42). La vie du saint est donc éditée d’après le fr. 412, les leçons rejetées sont enregistrées en bas de page (45-92), les variantes des deux autres manuscrits du groupe sont rassemblées à la suite du texte (93-100), tout comme les notes critiques qui s’y réfèrent (101-09). Outre l’Index des noms propres (123-25) et le Glossaire (127-30), le volume comporte deux appendices: l’édition de deux passages de la vita contenue dans le fr. 23112, qui amplifie considérablement les événements de la version de base (112-15), ainsi que la version du fr. 988, qui, elle, abrège assez radicalement la vie du saint (117-21). Le tout est fait consciencieusement et appelle peu de remarques de détail, mais peut-être quelques observations générales, dont la première concerne le glossaire, très utile aux débutants. Toutefois, en se limitant à offrir une aide à la compréhension la plus élémentaire de 294 Besprechungen - Comptes rendus 1 L’Histoire des Moines d’Égypte suivie de La vie de saint Paul le Simple, éd. critique par Michelle Szkilnik, Genève 1993 et Wauchier de Denain, La Vie Mon Signeur seint Nicholas le Beneoit Confessor, éd. critique par John Jay Thompson, Genève 1999. J’ai rendu compte de ce dernier travail dans VRom. 60 (2001): 311-13. Il faudrait ajouter aussi la vie de saint Alexis, publiée il y a longtemps, avant que l’attribution à Wauchier ne soit à l’ordre du jour: Die altfranzösische Prosaversion der Alexiuslegende, ed. Erich Lutsch, Berlin 1913. son texte, l’éditrice a ici fourni quatre pages qui sont à peu près inaptes à être exploitées scientifiquement: sauf pour les verbes, qui ont droit à trois occurrences, seule la première attestation d’un mot est indiquée, ce qui fait qu’on peut avoir deux graphies suivies d’un seul renvoi. En outre, les articles sont organisés de manière peu rigoureuse et les constructions ne sont pas toujours enregistrées de façon précise. Quant aux définitions, il s’agit souvent d’une série de parasynonymes censés traduire avec plus ou moins de bonheur un mot ou une expression. Les comptes rendus que feront les lexicologues rendront sans doute justice à cette partie de l’édition et, ce qui est plus important, enrichiront nos connaissances de l’ancien français à partir des emplois intéressants que comporte le texte. Il conviendrait probablement d’étudier le vocabulaire en rapport avec la vita latine pour bien comprendre, par exemple, la répartition que fait Wauchier entre les deux termes désignant le fait de consacrer une église: dedication (84/ 1235) et dediement (85/ 1282), alors que la version du fr. 988 dit dedicace (121/ 129). Le reste du travail de Molly Lynde-Recchia est bien supérieur au glossaire. Surtout l’établissement du texte est, dans son genre, presque parfait 2 . À la limite, on aurait pu souhaiter une ligne de conduite éditoriale un peu plus sûre, fondée, par exemple, sur une étude de la langue du manuscrit de base. Çà et là, des formes et constructions admises ailleurs sans difficulté dans le corps de texte ont été corrigées, comme qui en fonction de régime, corrigé en 52/ 218, mais entériné 58/ 412, ou l’absence de pronom réfléchi dans la construction tu lieves («tu te lèves»), corrigée en 53/ 242, mais admise en 62/ 538. Cette attitude un peu chatouilleuse peut surprendre, surtout quand on voit intronisées, sans explication aucune, et, jusque dans le glossaire, des formes très suspectes comme hertie pour heitie (52/ 106), ou mesiaus, interprété comme une graphie de «muet» 3 . Si, donc, l’édition peut donner satisfaction dans la mesure où elle fournit un texte presque parfaitement normalisé, elle paraît toutefois caractérisée par son indifférence pour tout ce qui rend notre discipline intéressante, au premier chef l’enracinement concret d’un texte dans une époque et dans un lieu, enracinement qui est ici double puisqu’on est en présence d’une littérature française qui se greffe sur une tradition latine, séparée d’elle du point de vue géographique et linguistique. Dans l’introduction, l’éditrice rappelle bien comment la légende de saint Martial subit des modifications importantes au XI e siècle, précisément à l’abbaye Saint-Martial à Limoges, sous la plume bien intentionnée, mais peu scrupuleuse d’Adémar de Chabannes, qui essaie de transformer le saint en apôtre. Cette version amplifiée de la vita latine a été très diffusée au Moyen Âge, puisqu’on en connaît presque cent copies, et le texte français de Wauchier de Denain en est l’écho assez fidèle. Dans le travail de Wauchier, l’éditrice voit à juste titre «un transfert de savoir et d’autorité linguistique qui aboutira dans le remplacement du latin par le français» (24). Même s’il peut paraître quelque peu excessif de parler ici de «remplacement» dans le domaine de l’hagiographie, où le latin résistera encore pendant bien des siècles, on sera d’accord pour dire que nous 295 Besprechungen - Comptes rendus 2 Tout au plus pourrait-on faire remarquer que l’on aurait pu appliquer un traitement un peu plus conséquent à mes sires et mon seigneur, traditionnellement écrits en un mot quand il n’y pas de relation hiérarchique (46/ 34, 47/ 77, 48/ 11, etc. vs 49/ 34, etc.) et qu’il aurait été possible de se dispenser de l’accent sur enfés ( infans, passim). Une attitude un peu plus tolérante à l’égard de la pratique du scribe aurait permis d’éviter, par exemple, la correction de leceü en receü (47/ 74). En fait, il s’agit d’un lambdacisme, qui n’est pas rare dans la scripta septentrionale dont le fr. 412 est un représentant. La ponctuation peut occasionnellement paraître un peu anglo-saxonne au lecteur français, mais donne en général satisfaction (le point virgule en 79/ 1099 est, lui, une authentique coquille). 3 Pour hertie, l’on subodore une confusion dans la lecture entre i et r, soupçon que l’exemple de dementiés (54/ 294) où l’on attend dementres ne fait qu’attiser. avons affaire à un changement: l’on passe d’une abbaye limousine du XI e siècle à une cour comtale située près de Denaing, au début du XIII e . Il aurait donc été intéressant d’étudier, par exemple, ce qui advient des toponymes lors de ce passage. Dans l’index des noms propres de l’édition, certains lieux figurent sans être localisés et on aurait pu se demander si l’équivalent contenu dans le modèle latin était plus «exact» et donc identifiable, afin de savoir comment fonctionne concrètement ce «transfer» culturel. En d’autres termes, on aurait pu tenter de voir sur pièces comment s’effectue le processus, au lieu de simplement constater le phénomène. La constellation était particulièrement favorable à une telle enquête puisque nous disposons ici à la fois de la traduction de Wauchier et d’un texte latin dont John Jay Thompson, l’éditeur de la vie de saint Nicolas, a cru reconnaître le modèle suivi par Wauchier dans le manuscrit latin Valenciennes, BM 515 qui présente en effet exactement l’ordre du texte français. Le chantier de l’éditrice pouvait donc nous renseigner sur les pratiques du traducteur et sur le phénomène d’«acculturation» en général. Or, actuellement, tout ce gisement - idéologique, lexicologique et stylistique - est totalement inexploité, comme si l’éditrice n’avait pas voulu tenir compte du potentiel de son propre travail, préférant confirmer les grandes vérités de nos manuels d’histoire littéraire plutôt que de contribuer à la réécriture de quelques-uns des chapitres qu’ils contiennent. L’autre grand aspect du chantier à être quelque peu sous-exploité est celui de la tradition manuscrite. Les cotes des manuscrits que Molly Lynde-Recchia a mobilisés pour corriger son manuscrit de base, louablement enregistrées dans l’apparat, informent que, sur les 38 corrections, une vingtaine provient des deux manuscrits de contrôle 4 . Les trois témoins de ce groupe sont en effet très proches, ce qui permet de corriger les lapsus du manuscrit de base, mais ôte, soit dit entre parenthèses, presque tout intérêt aux variantes relevées. Ce qui est moins attendu, c’est la provenance des autres corrections. Bien que six corrections (dont trois concernant des accidents de copie, qui n’appellent pas de justification particulière 5 ) aient été effectuées sans l’appui de la tradition manuscrite, 17 s’appuient sur pas moins de cinq témoins différents: Paris, BNF, n. acq. 23686 (2 corr.), Paris, Bibl. Mazarine, 1716, Arras, Bibl. Mun., 851 (1 corr. chaque), Bruxelles BR, 9225, Paris, BNF, f. fr. 183 et 185 (7 corr.) 6 . C’est donc un patchwork dont la bigarrure instille un doute: si la version comportant le passage en vers octosyllabiques et les sept citations en latin qu’édite Molly Lynde-Recchia est réellement la plus ancienne et la plus authentique, comment se fait-il que la «bonne» leçon soit conservée, dans près de la moitié des cas, ailleurs que dans ce groupe? ou, en termes lachmaniens, comment se fait-il qu’elle soit conservée en aval de l’arbre? Il n’y a que deux réponses possibles: soit le classement des manuscrits a été fait selon des critères non pertinents, par exemple parce que n’importe quel scribe peut choisir d’omettre un passage en vers ou une citation latine (on peut observer que le manuscrit de base luimême contient à un endroit un blanc prévu pour une citation latine), soit les corrections sont discutables. L’éditrice se devait au moins de signaler ce problème, d’autant qu’elle l’avait formulé, presque à son insu, dans son introduction: les manuscrits Paris, BNF, f. fr. 183 et 185, dont proviennent sept corrections, forment, avec Bruxelles, BR 9225, le «groupe 4». Dans l’apparat, ils figurent avec le sigle G, parce c’est ainsi que Paul Meyer les a désignés dans son classement des légendiers français dans lesquels les vitae par Wauchier de Denain ont 296 Besprechungen - Comptes rendus 4 Malheureusement, l’accord des deux, en cas de correction, n’est pas indiqué. On ne sait donc pas si l’un des deux ne va pas avec le manuscrit de base. 5 En 79/ 1078, la leçon rejetée dans l’apparat est identique à ce qui est imprimé dans le texte et ne permet donc pas de se faire une idée de la correction effectuée. 6 J’obtiens ce nombre en incluant la correction en 50/ 150 qui est empruntée au ms Bruxelles, BR, 9225, et qui, selon la nomenclature de l’éditrice, devrait être siglée «G» et être comptabilisée avec les six autres corrections effectuées avec l’appui de ce groupe. été intégrées. Le fait est remarquable, comme le dit aussi l’éditrice, dans la mesure où le savant parisien, pour son classement, ne s’est pas occupé des textes, mais uniquement du contenu des manuscrits auxquels il reconnaissait une organisation hiérarchique qui s’est progressivement mise en place: à un noyau primitif formé de la vie du Christ, de la Vierge et des apôtres, ont été ajoutés, au fil du temps, les martyrs, confesseurs et vierges. Ainsi, Paul Meyer répartissait la masse des manuscrits en sept groupes, siglés A à G, selon les vies des saints qu’ils donnaient. Pour ce qui est de la vie de saint Martial, elle apparaît à partir du groupe C de son classement, dont le groupe G, étant le plus «inclusif» de tous, représente le dernier stade. On revient donc au point de départ: comment se fait-il que ce «dernier» stade conserve la «bonne» leçon? Ne s’agirait-il pas simplement de lectiones faciliores, le résultat d’une «purge» administrée au cycle au moment où il a été amplifié une dernière fois? Un nouvel examen de la tradition manuscrite de ces différentes vies de saints de Wauchier de Denain devrait à mon sens inclure, en amont, la tradition latine et les rapports avec le manuscrit de Valenciennes et, en aval, le devenir du texte au sein des légendiers français, qui paraissent lui avoir réservé une attention renouvelée au moment de la composition du cycle complet tel qu’il est donné par le groupe G. À peu de frais, l’éditrice aurait pu, en suivant les jalons qu’elle avait elle-même mis en place, pousser plus loin nos connaissances sur la circulation matérielle de la vie de saint Martial. Accessoirement, j’en suis convaincu, elle aurait aussi pu se faire plaisir. En l’état, il s’agit d’un travail consciencieux et honnête, mais qui manque d’expérience et de recul et passe donc un peu à côté des enjeux que comportait cette vie de saint Martial. Richard Trachsler ★ Adrian P. Tudor, Tales of Vice and Virtue. The First Old French Vie des Pères, Amsterdam- New York (Rodopi) 2005, 612 p. (Faux Titre 253) La Vie de Pères est un recueil de contes pieux composés, sans doute, au début du xiii e siècle. Connu, comme le rappelle Michel Zink dans sa courte préface, «depuis les débuts de la philologie romane» (11), le recueil a été édité intégralement en 1987-97 seulement et n’a suscité aucune étude d’ensemble. Le livre imposant d’Adrian Tudor comble donc cette lacune de façon heureuse et permettra de rendre justice à un texte qui a amplement circulé et vécu au Moyen Âge, comme l’attestent non seulement la cinquantaine de manuscrits conservés, mais aussi les variations que ces derniers présentent. Malgré une longueur de plus de 20000 octosyllabes, c’est donc un texte qui a été lu durant toute la période médiévale avant de sombrer dans l’oubli d’où la critique moderne a du mal à le sortir: privé de la virtuosité verbale qui caractérise les écrits de Gautier de Coincy et qui rend sa production si séduisante pour le public universitaire moderne, moins intéressant aussi, pour les spécialistes du folklore, que certains exempla avec lesquels il partage la thématique, le recueil de la Vie des Pères pourrait, peut-être, d’abord être lu comme un témoignage de l’expression d’une certaine piété médiévale. Ce n’est, naturellement, pas à une lecture pieuse qu’Adrian Tudor convie ses lecteurs, mais à la découverte d’un texte qu’il s’efforce d’éclairer sous différents angles littéraires. Le voyage en vaut certainement la peine. Mais comment évoquer les quarante et un contes qui composent la Première Vie des Pères? En effet, chaque conte est encadré d’un prologue et d’un épilogue qui le rendent de fait autonome, et l’ordre des composantes du recueil varie assez dans les manuscrits pour ne jamais avoir fait l’unanimité parmi les critiques. Fort de ce constat, Adrian Tudor opte pour une solution radicale: il choisit un ordre de présentation qui «deliberately avoids reproducing 297 Besprechungen - Comptes rendus the order of any manuscript» (38), car, selon lui, ce recueil n’a de toute façon jamais été lu ou récité d’un bout à l’autre, mais a été consulté «à la carte». Le critique moderne peut, et doit, donc proposer un autre ordre. L’ordre d’Adrian Tudor est un regroupement des contes par thèmes, habilement placés sous deux grands concepts formant les deux parties de son livre: «The Ten Commandments» (47-270) et «The Seven Deadly Vices and the Seven Cardinal Virtues» (271-75). Sous ces deux grandes rubriques, des contes (leur nombre varie de trois à six) sont rapprochés par leur thème et placés sous les titres adéquats: ainsi, pour citer le premier chapitre, les contes Juïtel, Sarrasine, Renieur, Païen, Crucifix, Image du Diable, figurent sous les deux commandements Thou shalt have no other gods than me et Thou shalt not make unto thee any graven image. Chaque série s’ouvre par le résumé des contes qui vont faire l’objet de l’analyse, ce qui garantit que même le lecteur le moins préparé pourra suivre le développement de la pensée. Chaque conte est ensuite commenté en fonction des intérêts qu’il présente et des liens qu’il entretient avec d’autres textes médiévaux, le plus souvent hagiographiques, religieux ou didactiques, mais aussi fabliesques. Une attention particulière est accordée aux jeux des correspondances qui unissent les différents contes du recueil entre eux, si bien que s’établit, au fil de la lecture, un réseau de renvois de plus en plus dense autour des thèmes majeurs de la Vie des Pères. Une bibliographie, exhaustive et très à jour, complète le volume, qu’un index aurait rendu plus facile à consulter. Il est clair qu’Adrian Tudor connaît admirablement bien «son» texte. Il est clair aussi qu’il était de son devoir de faire profiter son lecteur au maximum de sa familiarité avec la Vie des Pères, en le guidant et en lui facilitant la circulation dans le labyrinthe du recueil. C’est sans aucun doute ce que le livre fait: il propose au lecteur une visite guidée à travers un texte soigneusement préparé, d’abord segmenté, puis réaménagé en fonction d’un projet de lecture. Ce projet de lecture, on l’a vu, privilégie à juste titre la portée religieuse du texte, en déployant les éléments du recueil en fonction des Dix Commandements, des péchés capitaux et des sept vertus cardinales et en proposant ainsi un parcours orienté. Mais il faut bien admettre qu’à l’intérieur de cette architecture, la plupart des récits auraient pu glisser d’un endroit à l’autre, car fréquemment, le péché de l’un n’est que l’occasion d’illustrer la vertu de l’autre et bien souvent, les Commandements sont en relation avec péchés et vertus. Le parcours de lecture d’Adrian Tudor, tout en mettant en évidence des correspondances thématiques qui existent vraiment, est donc quelque peu factice et nous donne à voir un texte qui, lui, n’existe pas. Dans la mesure où les réseaux de correspondances informant la Vie des Pères se mettent en place tous azimuts - c’est précisément ce que l’étude en question parvient à montrer - il aurait peut-être été plus économique, plus naturel et plus éclairant de dérouler l’écheveau à partir d’un ordre existant dans les manuscrits. Au lieu d’avoir sous les yeux la Vie des Pères d’Adrian Tudor, le lecteur aurait ainsi eu accès à une version de la Vie des Pères médiévale, présentée, commentée et interprétée par Adrian Tudor. Puisque les contes sont analysés comme autant d’unités autonomes, une modification dans ce sens n’aurait pas entraîné de grands changements. Il s’agirait simplement d’enfiler les mêmes perles dans un autre ordre qui serait peut-être plus authentique. À force de vouloir présenter au lecteur une étude bien structurée, l’auteur finit par lui cacher l’organisation de la Vie des Pères. Notre guide se transforme parfois en écran. Ce point est également sensible dans un tout autre domaine: Adrian Tudor connaît non seulement admirablement bien la Vie des Pères, il l’aime aussi. Il n’y a rien à redire à cela puisque toute son étude en démontre les finesses et les échos intertextuels qui rattachent l’œuvre à d’autres textes. C’est donc un travail littéraire de grande qualité qu’on est en droit d’admirer. Mais on a parfois l’impression que cette conviction conduit Adrian Tudor à transformer l’artiste en humaniste et à lui prêter une idéologie qui n’est pas la sienne puisqu’el- 298 Besprechungen - Comptes rendus le n’est pas médiévale, mais moderne: notre collègue britannique, et c’est tout en son honneur, s’efforce de «sauver» son auteur lorsqu’il lui semble contrevenir à certains principes de tolérance de base, par exemple, quand il s’agit de présenter les femmes ou les juifs. Il est clair que pour une sensibilité moderne, de surcroît anglo-saxonne, les contes de la Vie des Pères ne sont pas politiquement corrects puisque l’auteur, pour atteindre son but, ne fait pas dans la dentelle. Mais même si l’auteur de la Vie des Pères est certainement moins virulent dans ses attaques contre les juifs et les femmes que Gautier de Coincy, ces attaques sont là, au service de son propos, et le contraire serait surprenant puisqu’elles font partie d’une certaine tradition littéraire médiévale. La sympathie, toute légitime, que le chercheur peut éprouver à l’égard du texte qu’il étudie, devrait idéalement le conduire à expliquer ces faits plutôt qu’à les atténuer. Mais ce n’est là qu’une preuve supplémentaire de la volonté d’Adrian Tudor de servir à la fois son œuvre et son lecteur, et l’on peut être certain que son beau livre, tel qu’il est, aura atteint ce double but. Richard Trachsler ★ Gautier de Coincy, Le miracle de la chaste impératrice. Traduction, texte et notes par Annette Llinarès Garnier, Paris (Champion) 2006, 243 p. (Traductions des classiques français du Moyen Âge 75) Man gestatte mir einen Hinweis vorab: vom Erwerb des hier anzuzeigenden Bandes sei all denjenigen abgeraten, die wie ich der (irrigen) Meinung sind, in einem Buch mit einem derartigen Titel sei eine Ausgabe des altfranzösischen Coincy-Textes zu finden - immerhin hat sich die Autorin in etlichen Publikationen mit diesem Dichter und Teilen seines Werkes befasst. Erst bei Erhalt des Bandes kann und muss ich feststellen, dass ich die neueste Folge aus der Reihe der Traductions des classiques français du Moyen Âge aus dem Hause Champion in Händen halte. Etwas enttäuscht, schlage ich das Buch an einer beliebigen Stelle auf, lese etwas und bleibe an Vers 1349 hängen, in dem vom cou plissé et chiffonné die Rede ist, und der von einer umfänglichen Anmerkung begleitet ist: «creceli, cresseli, ne figure ni pas le T. L. [sic]. Il pourrait s’agir d’une forme de crestel, crestelé, qui a une crête d’où plissé, ridé, chiffonné. La forme greseli en revanche est enregistré par GOD. Ce terme est à rattacher au verbe grésiller, grédiller. Le F. E. W. mentionne sous craticula de nombreux dérivés: moyen français ‘se griller, se plisser’ (en parlant de la peau). Il existe une autre occurrence de ce terme chez Gautier, Mir. iii, page 103, vers 778». Sehen wir uns diese Anmerkung etwas näher an. Die beiden altfranzösischen Formen stammen offensichtlich aus der Ausgabe Koenig (CoincyII9K), von der nirgendwo gesagt wird, dass sie der Übersetzung zugrunde liegt, und die außer den beiden zitierten Formen noch die Varianten cresteli, creselli, creseli, tresseli, crecheli und greseli bietet, was bei der Diskussion des Wortes ja nicht uninteressant sein mag. TL hat den Beleg durchaus und zwar unter greselir (4,625). Die Anknüpfung an crestel erscheint für die Formen ohne -tetwas abenteuerlich. (Die gegebenen Definitionen sollten den heutigen Gepflogenheiten gemäß mit Anführungszeichen versehen werden.) Das FEW hat den Beleg aus Coincy in Band 16, 85b unter *grisilon. Der andere Beleg findet sich in CoincyI37; «Mir. iii» bezieht sich auf die Bandzählung der Ausgabe Koenig. Man fragt sich, warum bei diesen Angaben ein Verweis auf ColletCoincy 135 fehlt, obschon die Arbeit in der Bibliographie erwähnt wird, oder aber auf DEAF G 1140,48, wobei dieses Wörterbuch wahrscheinlich als «Dictionnaire étymologique étymologique [sic] de l’ancien français, Québec 1989 [sic]» in der 299 Besprechungen - Comptes rendus Bibliographie figuriert 1 . Ich erspare dem Leser und mir die Darstellung weiterer Stichproben dieser Art, die keinen Deut besser ausfallen. Etwas entsetzt, hake ich die Arbeit als wissenschaftlich unbrauchbar ab und gönne mir die entspannte Lektüre des ganzen Bandes - eine Haltung, die ich jedem trotz allem interessierten Leser empfehlen möchte. Die sehr schön lesbare und rein literaturwissenschaftliche Einleitung ist untergliedert in die inhaltsorientierten Kapitel «L’histoire» (9-16), «Les sources» (16-22), «Analyses des personnages» (22-33), «L’impératrice vue par ses agresseurs» (33-41), und wird abgeschlossen von einigen stilistischen Beobachtungen unter dem Titel «Le style à la source du sens» (41-57). Die Lektüre dieser Einleitung bietet eine gute Einstimmung auf den Text selbst, wobei man deutlich spürt, welche Sympathie die Autorin der Protagonistin entgegenbringt: «L’Impératrice offre le portrait idéal de la femme belle et pieuse. Sa chasteté pour laquelle elle a subi tant d’outrages est restée intacte. Au terme de son chemin initiatique, elle est sortie de la chair tout en restant dans un corps. Elle représente un modèle monastique parfait: vivre dans un corps comme si on n’en avait pas» (33). Vorsicht ist freilich immer geboten, wo der altfranzösische Text ins Spiel gebracht wird (um den es ja aber offensichtlich auch nicht geht): allein in den acht Zitaten auf Seite 21 finden sich zwölf Fehler 2 . Dann also die Geschichte von der schönen Kaiserin, die nacheinander vor den Nachstellungen und Verleumdungen ihres Schwagers sowie des schäbigen Bruders eines edlen Herren fliehen muss. Nachdem es sie auf eine unwirtliche Insel verschlagen hat, weist ihr die Gottesmutter - warum nur greift sie jetzt erst ein? - im Traum die Stelle (just unter ihrem Kopf), an welchem ein Kraut wächst, durch dessen Berührung jeder Leprakranke geheilt wird. Frischen Mutes macht sich die zuvor doch arg gebeutelte Kaiserin ans Werk, heilt landauf landab reihenweise die Leprösen und schließlich auch ihre vormaligen Peiniger, die ob ihrer schweren Sünden dem Aussatz ausgesetzt sind. Darüber kommt die schröckliche Wahrheit zutage, der reumütige Kaiser will seine Gattin wieder bei sich aufnehmen, doch der steht definitiv der Sinn nach Höherem: «Je veux être l’épouse du Roi du ciel» (Vers 3527), weswegen sie den Rest ihrer Tage im Kloster verbringt. Die Übersetzung liest sich recht angenehm, zumal sie im Umgang mit dem Text mitunter etwas frei ist, ebenso im Umgang mit der Versabfolge, wenn dies der neufranzösischen Syntax entgegenkommt. Untermauert oder eher unterwandert wird der Text von etlichen Anmerkungen, auf die man weitgehend hätte verzichten können (s. oben). Was soll etwa die Manie, altfranzösische Brösel zu geben und mit einer Definition zu versehen, die in aller Regel schon oben in der Übersetzung verwendet wird? Die längste Anmerkung (zu Vers 3540) gibt ohne Not den kompletten neufranzösischen Text des Gleichnisses von den Arbeitern im Weinberg (Mt 20,1-16 3 ). Ich frage mich abschließend ergebnislos, wem ich die- 300 Besprechungen - Comptes rendus 1 Diese Bibliographie ist die unglaublichste, die ich seit langem gesehen habe. Von Fehlern wimmelnd, ist sie zudem Meilen von jedweder Norm entfernt. Zur Illustration möge es genügen, die letzten drei Einträge der Rubrik «II. Dictionnaires» in extenso zu zitieren: F. E. W. Wartburg von, Französiche Etymologische Wörterbuch. GOD. Godefroy. T. L. Tobler A. Lommatsch E., Altfranzösiche Wörterbuch. 2 Chas´ÿns l. Chaÿns (1549), après l. aprés (1555), pluseur l. pluiseur (1617), soupirent l. souspirent (1619), elle l. ele (2202), tribulacion l. tribulatïons (2205), Descovertes et reveles l. Descouvertes et revelees (2208), tristres l. tristes (2710), dois l. doy (2711), que la bele l. que ja la bele (2712). 3 Die Kapitelangabe fehlt hier, wie überhaupt der gesamte Band von einer mangelnden Drucküberwachung gekennzeichnet ist. Ich kann nicht beurteilen, ob man der Autorin die Gelegenheit zum Korrekturlesen vorenthalten hat, ob es sich der Verlag selbst vorenthält, Lektoren zu beschäftigen - das Ergebnis ist auf jeden Fall unerfreulich. ses Buch guten Gewissens empfehlen sollte. Normalerweise überlasse ich meine Rezensionsexemplare der Bibliothek unseres Seminars. Bei dem vorliegenden Band kommt mir spontan eine ganz andere Idee. Thomas Städtler ★ Les Chansons de Colin Muset. Textes et mélodies éditées par Christopher Callahan et Samuel N. Rosenberg, Paris (Champion) 2005 (Les Classiques français du Moyen Âge 149). Les Chansons de Colin Muset. Traduites en français moderne par Christopher Callahan et Samuel N. Rosenberg, Paris (Champion) 2005 (Traductions des Classiques du Moyen Âge 71) Colin Muset a bénéficié d’une édition collective dès 1850, mais son œuvre sera longtemps accessible à travers la seconde édition corrigée et complétée de J. Bédier parue en 1938, 26 ans après la première (1912), préparée par sa thèse latine de 1893. Callahan et Rosenberg (= CR) ont relevé le défi de donner une nouvelle édition qui présente de réels atouts: ils intégrent les apports critiques de la recherche, proposent diverses améliorations du texte, publient les mélodies conservées selon des critères modernes plus acceptables que ceux que J. Beck avait retenus pour la première édition de Bédier, et l’accompagnent d’une traduction, publiée à part. L’ordre retenu dans la présentation des pièces suit dans les grandes lignes la logique de Bédier, en fonction directe de la crédibilité des attributions, mais présente des différences de détail parfois notables 1 : la v e de Bédier se trouve ici en huitième position; la xiii e , en dix-neuvième; les pièces xvii et xviii (n° 14 et 13 de CR) sont déplacées entre les groupes vi-xii et xiii-xvi, eux-mêmes réarrangés. Les critères retenus diffèrent quelque peu: 1°) attribution interne (n° 1-4 = i-iv); 2°) trois caractéristiques communes: attribution dans une source au moins, forme métrique unique (sauf n° 12 = x), thématique colinienne (n° 5-12 = groupe v-xii); 3°) versification et thématique coliniennes (n° 13-19 = xiiixix). Il convient toutefois d’apporter une rectification: le descort (au sens strict) n° 6 (vii) ne présente que deux des caractéristiques visées: l’attribution dans C - dont on connaît le peu de fiabilité - et l’originalité formelle dont il faut rappeler qu’elle est inhérente au genre employé et ne prouve par conséquent rien. Tant la thématique que le style n’y ont rien de colinien, ce qui semble ne pas avoir frappé Bédier lui-même, et à la doncele, damoisele, blonde, blondete, pucelette, douce amie ou fame ordinairement chantée par Colin (ou pseudo-Colin) se voit substituer la douce dame de l’amour courtois, sans qu’y transparaisse la «voix de jongleur quelque peu désabusé» que CR relèvent dans les n° 10 et 11 (25). Suivent deux pièces sur lesquelles plane un doute «considérable» (29): xx (n° 21: Hidousement), rejetée récemment avec quatre autres par Chiamenti 2 et dont l’attribution de C (qui le contient seul) à un certain Ancuses de Monveron - dont Bédier estimait qu’il ne pouvait s’agir d’un «nom de chrétien», imaginant alors une ingénieuse machination philologique pour justifier l’indication du ms. - a depuis pu trouver une certaine caution dans les archives 3 , et xxi (n° 22: De la procession). À ces deux pièces, CR ajoutent Je chant conme desvez 4 301 Besprechungen - Comptes rendus 1 CR ont numéroté les pièces au moyen de chiffres arabes, contrairement à Bédier. Nous donnerons en général les numéros des deux éditions. 2 M. Chiamenti, «Cinque testi non attribuibili a Colin Muset», Studi mediolatini e volgari 47 (2001): 239-49. Nous y ajouterons au §4 un argument métrique. 3 M. Parisse, La noblesse lorraine. xi e -xii e siècles. Thèse, Nancy II, 1975. 4 Non Je chante. (RS 922) (n° 20) qui suit immédiatement dans les mss. (KNPX) les pièces 1 (RS 966) et 8 (RS 476) attribuées à notre trouvère, et «dont l’originalité même rappelle la pratique de Colin Muset» (28), sans être pourtant attribuable avec quelque certitude à Colin comme le souhaiterait D. A. Fein 5 . Cette nouvelle pièce est cependant attribuée à Jacques de Hesdin, mais CR (19) tirent argument de «la dissimilitude notable entre RS 922 et la seule autre pièce connue comme étant attribuée à ce trouvère (RS 1252)» pour rejeter l’attribution de KNPX. Il faut cependant bien reconnaître que cet argument ne vaut rien puisque CR reconnaissent ailleurs (29 N1) que RS 1252 est plus vraisemblablement attribuable à Gilles de Viés Maisons sur la foi d’autres mss. CR donnent une présentation des traits linguistiques de l’auteur et des copistes, une autre des formes lyriques (technique poétique et musique). Dans leur étude linguistique, CR examinent les traits lorrains des mss. CU, tout comme Bédier, avec un classement un peu différent (35-37). Bédier invoquait en outre le cas de consoil, le w de transition de loweir et le maintien du c final de po(u)c. On constatera que les traits lorrains attestés à la rime ne se trouvent que dans les n° 8 (mesnie, pigne), 18 (-elx pour -eaus ou -ieus; vermués, escurués), 21 (ostaul, roiaul) et 22 (sie, changie), soit une seule pièce où l’attribution est étayée par la tradition manuscrite (KNPX). Pour l’établissement du texte, K a été retenu dans les quatre pièces conservées par le groupe KNPX; U a été préféré à C dans le cas des quatre pièces que transmettent seuls ces deux mss., mais dans le cas du n° 21 (xx) conservé dans COU, C qui en donne la version la plus complète a été préféré: on peut ici préciser que tels étaient déjà les choix de Bédier. La numérotation des vers est de type relatif: 2.3 désigne le troisième vers du second couplet; E.2 (6) le second vers de l’«envoi» correspondant au sixième vers de la strophe employée. Pour la mélodie, N a été préféré à K, jugé moins satisfaisant, à deux reprises (n° 1 et 3). CR ont procédé à une certaine régularisation dans l’usage de c et s initiaux souvent interchangés dans C, pour discriminer les déterminants ou la conjonction selon eux en cause, mais la substitution n’est pas toujours signalée dans les leçons rejetées. Les résolutions d’abréviations ne sont pas signalées. Les points d’enclise ont malheureusement été remplacés par des points standards. Les interventions personnelles des éditeurs ou leurs émendations à partir d’autres leçons ne sont généralement pas signalées dans le texte quand cela est pourtant possible 6 : ainsi n° 2, 2.6 (lire [a] löer), 4.3 (lire [me] met), n° 5, 1.15 (lire sen[z]), 3.5 (lire [Deus, tres dous] Deus, d’après C) etc. L’utilisation des crochets est pratiquement réservée au signalement de lacunes non comblées (n° 4, 1.3; n° 8, 3.4), comblées par une duplication 7 (n° 1, 1.16; n° 9, 5.9a; n° 16, 3.7-8) ou par emprunts à d’autres sources (n° 21, E). Seules les variantes significatives sont indiquées. C’est par mégarde qu’on les trouve au n° 12, 5.3-4 (cf. §6). La ponctuation est généralement moins expressive que celle de Bédier, au point de supprimer le point d’exclamation à la fin d’énoncés nettement exclamatifs tel que Fous est qui s’i aseüre! (n° 15, 4.11), des interjections telles que Deus! (n° 21, 1.9 et 3.1). CR n’acceptent pas tous les enjambements interstrophiques que Bédier acceptait avec trop de libéralité 8 . 302 Besprechungen - Comptes rendus 5 D. A. Fein, «Evidence Supporting Attribution of a Satirical Song to Colin Muset», Neuphilologische Mitteilungen, 81 (1980): 217-20. 6 Nous ne trouvons guère que [un] plonjon (n° 19, E1.1) comme signalement d’une émendation (par insertion d’un morphème omis). 7 Il s’agit en fait de conjectures que rien ne justifie: où Colin donne-t-il l’exemple de tels procédés? 8 Ils y renoncent dans les n° 8 (V), str. 2/ 3; 7 (viii), str. 9/ 10; 19 (xiii), str. 4/ E1. Ne restent plus que ceux des n° 5 (vi), 13 (xviii) et 17 (xiv). Le format adopté ne se prêtait guère à la transcription des mélodies, mais la disposition de plusieurs vers par portée destinée à mettre en évidence les phénomènes de répétitions peut aboutir à l’alignement de vingt-trois notes sur 8 cm (167), format qui nécessite l’usage d’une loupe pour la lecture des caractères. Le volume est complété d’un index des noms propres 9 et d’un glossaire de près de 400 entrées (celui de Bédier en avait 142). Le volume de traduction se voit octroyé une certaine autonomie avec une introduction donnant des repères biographiques, une présentation du corpus à travers la tradition manuscrite, plus un «essai sur la rhétorique colinienne», le tout complété d’une bibliographie fournie suivant un ordre méthodique (éditions de Colin; éditions collectives; études consacrées à Colin; ouvrages de référence sur la lyrique médiévale; langue et poétique; musique). La traduction est assortie de notes explicatives regroupées à la fin du volume. Nous nous étendrons à présent plus longuement sur les aspects relatifs à la forme, car il s’agit des aspects les plus problématiques: leur sont en effet liées des questions relatives tant à l’établissement du texte qu’à la crédibilité des attributions. Nous terminerons par des remarques relatives au texte 10 . 1. La question des envois CR donnent une étude fouillée de la technique poétique de Colin, que méritait largement son originalité, ainsi qu’une étude conséquente de la musique accessible au non-spécialiste. Prenant à la lettre le terme d’«envoi» auquel ils reconnaissent deux valeurs selon la perspective (formelle ou «sémantique») adoptée, CR (41) en viennent à cette proposition fallacieuse que, chez Colin, n° 19 (xiii) mis à part 11 , les «envois» ne se réalisent que sur le plan formel: au Moyen Âge, seul le point de vue inverse se justifie, et nous dirions plutôt que les «reprises» 12 (les tornadas de la tradition des troubadours) ne contiennent qu’une fois un envoi (au sens strict), ce qui n’a rien d’exceptionnel 13 . Il convient à cela d’ajouter que, chez les trouvères, contrairement aux troubadours, sauf exceptions, l’envoi éventuel était habituellement contenu dans le dernier couplet 14 et que l’on prisait assez peu les reprises. Nous ajouterons que la juste émendation de CR qui refusent l’interprétation de Tyssens 15 dans le dernier couplet du n° 9 (ix), préférant insérer le refrain après 5.9, oriente l’interprétation formelle du couplet de 15 vers qui en résulte non comme une forme amplifiée du douzain utilisé par Colin, mais comme un dernier douzain suivi d’une reprise (sans envoi) de trois 303 Besprechungen - Comptes rendus 9 On ne peut voir dans Eloir une simple «variante graphique» d’Eloi (220), et il faut revenir au point de vue de Petersen Dyggve qui y voit une altération pour la rime. 10 On apportera quelques corrections. 19: De la procession est la pièce n° 22 (non 21). - 32: la table présente six erreurs, avec notamment des déplacements d’une colonne à l’autre. Le n° 2 se trouve dans O 52 (non 152); le n° 6 se trouve dans C 170 (non X 179 [sic]) et U (non C) 77; le n° 7 se trouve dans C 226 (non X 226) et U (non C) 78. - 37: «Le pronom relatif ke s’emploie au casrégime tout comme ki»; il s’agit en fait du cas-sujet (ajoutons avec Bédier que ke est la forme courante). - 45: n. 3: il s’agit des str. 3, 5 et 6 (non 1, 2, 4) du n° 3; n. 4: il s’agit des str. 3 et 7 du n° 6 (non du n° 7). - 67: trois couplets du n° 3 et non tous sont composés d’une rime unique. 11 En ce qui concerne les chansons strophiques, car le «lai-descort» n° 3 se termine sur un tel envoi (plus précisément une adresse). 12 Le terme est peu courant, mais il existe; cf. U. Mölk, «Deux remarques sur la tornada», Metrica, III (1982): 3-14, à la p. 6 et N13. 13 Dans le descort (stricto sensu) de Colin (n° 6 = VII), l’envoi (stricto sensu) se situe dans l’avantdernière strophe. 14 Ce phénomène s’observe parfois dans les premières générations de troubadours. 15 Qui suppute la présence en amont d’une editio variorum où les vers 5.10-11 «constitueraient une seconde rédaction d’auteur» (156). vers 16 , ce qui est autre chose qu’«une conclusion analogue à l’envoi de tant d’autres chansons» (156). Jugeant «assez insolite» (159) une structure en coblas doblas suivies de coblas ternas 17 , CR se demandent à propos du dernier couplet du n° 10 (xi) s’il ne s’agit pas «d’un envoi qui serait exceptionnellement long». Nous penserions plutôt à la fusion de deux reprises formellement distinctes, soit, vraisemblablement, 3 + 1 vers, du fait de l’autonomie syntaxique du dernier vers. Au n° 17 (xiv), il s’agit certes d’une prolongation d’un vers de la seconde (et dernière) strophe, prolongation que rejetait Tyssens comme «une lourde glose inutile des vers précédents» (193), mais cette prolongation ne se distingue en rien d’un cas de reprise finale, où le sens apparemment complet des huit premiers vers se complète en une hyperbate plaisante d’un complément circonstanciel suivi d’une apposition (. . . / Ne seroie pas envïous / De chevachier toz besoignous 18 / / Aprés mauvais prince, angoissoux). La situation dans le dernier couplet du n° 8 (v) est analogue (Plus que nus ne porroit dire.), quoi qu’il faille penser des vers 5.4a-b (cf. §2). CR n’éprouvent d’ailleurs aucune gêne à isoler après Bédier - et ceci à juste titre - les deux derniers vers du n° 5 (vi) pour en faire une reprise en dépit de leur lien syntaxique avec les vers précédents. 2. L’hétéromorphisme On sait que le chansonnier de Colin présente un certain nombre de spécificités formelles, dont certaines strictement métriques, mais cette édition a l’avantage de montrer, directement ou non, qu’elles n’ont pas toujours l’importance que Bédier leur accordait. Quatre chansons présenteraient ainsi «un discret emploi de l’hétérostrophie» (41), phénomène que J. H. Marshall caractérisait mieux sous le terme d’«hétéromorphisme» 19 : les n° 8 (v), 9 (ix), 16 (xvi) et 17 (xiv) 20 . Nous avons cependant montré que ces irrégularités résultaient probablement de l’intégration de reprises dans les n° 9 et 17. Celles des n° 8 et 16 relèveraient d’un même procédé d’amplification supporté par la répétition d’une même phrase mélodique. Reste le cas du n° 8 au sujet duquel Tyssens penche pour une erreur de transmission (151). Il faut par contre ajouter les str. 2 et 4 de la «note» (n° 3 = ii) qui est composée de deux modules rimico-métriques ne différant que d’un vers (2: aaabba aaaabba; 4: aaab aab). La question de l’anisosyllabisme, pourtant manifeste dans l’œuvre de Colin, n’est pas évoquée dans l’introduction. CR se montrent sur ce chapitre beaucoup plus exigeants que Bédier qui relevait une vingtaine de cas 21 , en rejetant un grand nombre moyennant une émendation des vers concernés: ils renoncent ainsi à l’adjectif initial de la tenson avec Jacques d’Amiens (n° 4 = iv: Biaus Colins Musés, je me plaing d’une amor), unicum de C, suivant l’avis judicieux de M. Switten; néanmoins, ils acceptent tel quel le décasyllabe qui se présente au v. 37 (5.2) au lieu d’un heptasyllabe, reléguant en note la proposition d’une correction (133). Contrairement au premier, ce vers dont aucun amendement ne s’offre avec évidence, est bien de la plume de Colin, mais la simple résolution mélodique de l’hypermétrie 22 304 Besprechungen - Comptes rendus 16 Soit: 7 aabaabaab[A]ab, plus Aab. 17 La technique qui consiste, dans des compositions à nombre impair de couplets - comme c’est ici le cas - à rattacher par la reprise des mêmes rimes le couplet final à la dernière paire de couplets, est un procédé particulier qui n’a rien d’insolite car il a bien été adopté par quelques trouvères; cf. D. Billy, L’Architecture lyrique médiévale, Montpellier 1989: 99. 18 Besoignous est une conjecture non signalée dans le texte de CR (lire: b[esoign]ous). 19 Hétérostrophie désigne en principe l’utilisation de types strophiques distincts comme dans le descort, non l’utilisation altérée à l’occasion d’un type strophique unique. 20 Pour une raison mystérieuse, Bédier (1938: xix) ommettait de mentionner le n° ix. 21 Bédier 1938: xix; il émendait en fait le vers 2 de iv; nous ne comprenons par contre pas la mention des vers 12 et 13 de X: il doit s’agir d’une erreur pour ii (pour laquelle n’est indiqué que le v. 12). 22 La mélodie n’est pas conservée. nous paraît problématique, et n’a rien à voir avec les cas d’allométrie acceptés par CR. En dehors de ce cas, CR ne retiennent, semble-t-il, l’hypothèse de l’anisosyllabisme que dans les n° 1 et 8. Dans le n° 1, il s’agit du fameux vers initial Volez oïr la muse Muset? où l’octosyllabe normalement requis a une syllabe de plus - phénomène particulièrement frappant en incipit. On peut dès lors se demander si le refus de cas métriquement semblables dans le n° 5 (1.11 et 2.13) - impliquant tous deux un même syntagme la tousete où CR suppriment le déterminant - est bien justifié 23 . Dans le n° 8, il s’agit de la substitution de l’octosyllabe à heptasyllabe à deux reprises (2.6, 2.8) et de celle d’un pentasyllabe à un tétrasyllabe (5.5) pour lequel CR donnent une mauvaise interprétation mélodique 24 . 3. Les «lais-descorts» CR réunissent sous la désignation de «lais-descorts» la «note» n° 3 (ii), le descort n° 6 (vii), le n° 7 (viii) Sospris sui d’une amorette, et le n° 13 (xviii) dont l’incipit Bels m’est li tens rappelle tant celui du descort d’Albertet, Bel m’es oimais (43-46) dont il est vraisemblablement un contrafactum. Ils y rattachent à l’occasion le n° 16 (66) qui est jusqu’à preuve du contraire une composition isostrophique affectée d’un certain hétéromorphisme. Leur étude (43- 46 et 66-69) attire quelques remarques. CR se demandent si l’on ne peut pas voir dans le cas du n° 13, contrafactum d’un descort, «un argument en faveur de l’identité du lai et du descort»; ce point de vue est fondamentalement erroné, et la conclusion comparable à celle qui admettrait l’identité des genres du sirventes, de la canso et de la tenso du fait que maints sirventes et maintes tensons sont des contrafacta de chansons d’amour. Il n’y a pas non plus lieu de s’étonner de ce que ces pièces accordent «une place infime» à la division entre «frons» et «cauda» 25 (45): cette analyse est en effet inadéquate du point de vue terminologique, ces termes ayant été conçus par Dante dans le cadre du De vulgari eloquentia pour le genre de la chanson isostrophique, pour qui frons n’est du reste en rien synonyme de pedes 26 . Mais elle est également inadéquate du point de vue structural: comme pour toutes les formes apparentées à la séquence, les strophes des «lais-descorts» devraient être analysées au moyen du concept de Versikel élaboré par les musicologues allemands 27 auxquels Marshall a emboîté le pas en 1981 (versicle) 28 , et que Canettieri à la suite d’Antonelli désigne sous le nom de periodi 29 . Dans ces genres, les strophes sont en effet composées selon le principe de la répétition, généralement de deux à quatre fois, d’un même module rimico-métrique 30 , le plus souvent de deux ou trois vers, et ceci quelle que soit la solution adoptée au niveau musical, la mélodie pouvant ou non (mélodie éventuellement 305 Besprechungen - Comptes rendus 23 On comprend mieux la nécessité d’une émendation du vers 3.5 où il s’agit d’une base décasyllabique augmentée d’une syllabe, apparemment sur le premier hémistiche, avec un sens peu satisfaisant (Sades cortois deus). 24 Les deux dernières syllabes (-lie) sont en effet regroupées en une seule sous la dernière note; c’est naturellement le mélisme do-si qui doit être dissocié au niveau des syllabes précédentes -janss(e) a-, et -li-e doit être chanté sur les deux dernières notes. 25 Voir le détail p. 83. 26 Cette confusion se trouve dans la définition donnée p. 60 et dans divers emplois, tels p. 80-81 (on a affaire à des versus dans les n° 2, 16 et 17). 27 Voir F. Gennrich, Formenlehre des mittelalterlichen Liedes als Grundlage einer musikalischen Formenlehre des Liedes, Halle (1932): 96-231. 28 J. H. Marshall, «The Isostrophic descort in the Poetry of the Troubadours», RomPhil. 25 (1981): 130-57. 29 Cf. P. Canettieri, «Descortz es dictatz mot divers». Ricerche su un genere lirico romanzo del xiii secolo, Roma 1995: 55; R. Antonelli, Repertorio metrico della scuola poetica siciliana, Palermo 1984: lxiv-v. 30 CR parlent quant à eux d’un «bloc de quelques vers répété une ou plusieurs fois» (83). indivise) se conformer à ce partitionnement, avec parfois des versions contradictoires 31 . Dans certains cas, le troubadour regroupait deux Versikel en une strophe unique; ainsi, dans la str. 1 du n° 3, analysée tantôt comme «pedes cum cauda avec répétitions» (127), tantôt comme «pedes cum versibus avec répétitions» (89) 32 , on a précisément affaire à deux Versikel constitués de deux modules répétés deux fois chacun (7 aa-aa 33 et 7 bba-bba) 34 . La même situation se présente avec les str. 1, 3 et 7 du n° 6 35 . Il en va d’une façon un peu différente de l’analyse en «pedes cum versibus» de strophes telles que la première du n° 13 36 : a 4 b 7 a 4 b 7 a 4 b 7 a 4 b 7 est en fait composé de deux parties de même structure, avec deux fois le module rimico-métrique a 4 b 7 et les mêmes rimes, avec une phrase musicale distincte, phénomène que l’on peut observer dans d’autres «lais-descorts» 37 : la question de la reprise de rimes d’un Versikel à l’autre relève en fait d’une stratégie plus complexe dont il existe une grande variété de réalisations, entre Versikel de même structure ou de structure différente, et que ces Versikel soient contigus comme ici ou non (voir en particulier, chez Colin, n° 3, str. 1 et 2 [ai, er]; n° 6, str. 1 et 3 [ier, ai] ou 8 et 9 [er]; n° 13, str. 3 et 4 [ee, ise]). CR (171) appliquent également la notion d’oda continua, terme conçu par Dante pour désigner une mélodie continue, sans répétitions, dans la description de la chanson isostrophique. Ils parlent même d’oda continua «répétée» dans le cas de la str. 3 (iii) du n° 13, qui est un concept pour le moins contradictoire: la mélodie se déploie ici sur un ensemble de huit vers, constitués de la répétition d’un même module de quatre vers (a 4 a 5 a 5 b 5 a 4 a 5 a 5 b 5 ); cette structure est reproduite une seconde fois sur la même mélodie. On a donc affaire à une strophe quadripartite sur le plan rimico-métrique, c’est-à-dire composée de quatre fois le même module, bipartite sur le plan mélodique: il n’y a là rien de fondamentalement différent de ce qui s’observe dans les quatre premiers vers du n° 3, avec un soi-disant pes en a 7 a 7 . La septième strophe du n° 6, de 12 vers, est composite. Canettieri 38 l’analyse en trois periodi, un de 4 (7 abab, rimes ie, ent), un de 3 (7 aaa, rime ie) et un de 5 vers (7 ccccc, rime ee) respectivement, ce que contredit l’emplacement des petites majuscules initiales en tête des 306 Besprechungen - Comptes rendus 31 Nous contestons ici le parti que CR tirent de la mélodie contradictoire, en oda continua, que W donne de PC 10,45 (67): indépendamment même du caractère tardif et exotique de cette version, nous réaffirmons que le principe fondateur du descort est bien le partitionnement métrique qui ne se trouve remis en cause que dans quelques pièces, dans la strophe terminale, en raison du statut particulier que celle-ci peut jouer, avec un rôle de tornada «discordante». 32 Ce genre d’inconséquence se retrouve ailleurs: ainsi la str. 4 du n° 13 est donnée comme «sans division intérieure» (82), mais comme «pedes cum versibus» (88, 171) (nous ne voyons aucun pes dans cette structure en AB CC’DE etc.). Il en va de même dans le cadre plus approprié de la chanson isostrophique: la structure du n° 2 est ainsi analysée comme «pedes cum cauda» (89, 122), alors qu’on pourrait y voir, à la rigueur, des «pedes cum versibus» (AA’AA’BB’BB’). Celle du n° 8 est donnée tantôt comme «pedes cum versibus» (152), tantôt comme «pedes cum cauda» (90, 150), et bien que la seconde catégorisation soit la seule correcte, cette pièce illustre avec les n° 1 (en fait un Strophenlai) et 16 (d’attribution incertaine) la première catégorisation qui caractériserait la majorité des chansons de Colin (66). 33 Du seul point de vue rimico-métrique, on peut y voir une division quadriparite: 7 a-a-a-a; cependant, la mélodie réunit les vers deux à deux (aa-aa). La seconde partie a une mélodie continue. 34 Cf. Canettieri 1995: 637-38. 35 Sur la 7 e strophe, cf. infra. 36 Le cas de la str. 3 nous entraînerait trop loin. 37 Soit pour les descorts stricto sensu la première strophe du RS 416 de Gautier de Dargies, ou la quatrième de RS 2018 d’Adam de Givenci. Voir aussi pour les lais la troisième strophe d’anon. RS 192a (Ne flours ne glais), pièce liée à Bels m’est li tans, la septième du lais de la pastorele (RS 1695) ou d’anon. RS 1020 qui lui est liée. 38 Op. cit.: 399-400, notes: 637-38. vers impairs dans U, mais il faut à notre avis voir dans les deux derniers (7.5-12) un unique Versikel composé de deux modules conformes: 7 aaab cccb, où c = b; les deux groupes de quatre vers sont en effet sémantiquement autonomes, et ce type de situation est bien attesté dans une pièce anglo-normande, Eyns ne soy ke pleynte fu (MW 272, 9a), avec une strophe en 6 aaab cccb où b = a (ie, ie, esse) 39 . CR voient dans le couplage rime et mètre («le mètre change en parallèle avec la rime») (46) «une tendance stylistique qui distingue ses lais-descorts de ses chansons». Il ne s’agit pas en fait d’une caractéristique stylistique, mais d’une propriété qui résulte de la structure partitive des strophes de «lais-descorts» et de la prépondérance des modules binaires sur deux rimes (ab) que l’on peut observer également chez les autres trouvères à avoir pratiqué ce(s) genre(s) 40 . On précisera que le phénomène ne concerne que cinq strophes (74- 75), soit une sur six. Il n’y a pas davantage lieu de trouver surprenant que deux tiers des strophes soient monomètres et que les strophes hétérométriques ne reposent que sur deux mètres (44-45): ce sont là des caractères typiques des genres concernés. 4. La question de la césure L’analyse des vers césurés (46-47) n’est pas satisfaisante: si l’on ne peut qu’approuver l’idée du «peu d’insistance» de Colin «sur l’immuabilité de la césure», avec «une fluidité qui ne se laisse pas endiguer par le contenu», on ne saurait se contenter de dire que les hendécasyllabes se prêtent à une lecture 7+4 ou au rythme inverse, ou qu’ils semblent «réclamer des coupes différentes» 6+5, 5’+5, 7’+3 etc. qui s’appuient en fait sur la détermination d’une coupe prosodique ne prenant pas en compte son éventuelle fonction structurale. On sait que ce mètre n’accepte les césures féminines qu’avec réticence, sous la forme élidée ou enjambante 41 qui justifient l’idée d’une césure «accentuelle», où c’est moins une frontière morphologique qui définit l’articulation du vers qu’un accent. Ainsi, dans RS 428 (n° 10 = xi: Mult m’anue d’iver . . .) composé uniquement sur ce mètre: - él.: Se me covient ke je soie en cest esteit (1.4; voir aussi 4.5) - enj.: Bone dame belle et blonde l’ait loweit, (2.1; v. aussi 2.5) Selon le texte établi par CR, Colin accepterait même la césure lyrique, mais il s’agit selon le ms. d’une césure épique (2.2: C’est bien drois ke ieu en faice sa volonteit, amendé en ke j’en). Colin va beaucoup plus loin, et accepte des conjonctions à la césure (#), à commencer dans l’incipit qui affiche d’emblée la singularité métrique de notre trouvère: Mult m’anue d’iver ke # tant ait dureit, (1.1); Jai de joie faire ne # serai eschis, (3.1). Mieux encore, il accepte que la césure tombe au sein d’un mot avant la syllabe tonique: Ke li siecles n’est maix cor- # -tois ne jolis, (4.2). CR admettent au demeurant que, «Dans l’exécution, le chanteur . . . n’aurait pas eu de mal à aligner les trois vers 42 exceptionnels sur le rythme des autres, en scandant de façon syncopée» (159). Si l’on admet ces décalages illicites de la syntaxe par rapport à la césure, on n’a plus de raison de refuser des phénomènes de compensation interstichique comme aux deux premiers vers du n° 19 (xiii) où le ms. (U) donne: Qant je voi 307 Besprechungen - Comptes rendus 39 S. N. Rosenberg/ H. Tischler (ed.), Chanter m’estuet. Songs of the Trouvères, n° 70, London/ Boston 1981: 143-46. Cette strophe semble présenter une mélodie continue, contrairement aux autres, mais la mélodie des vers 5-6 est une nette variation de celle des vers 1-2, et le 7 e a la même attaque que le 3 e . 40 La consultation du répertoire de Canettieri s’impose. 41 Cf. D. Billy, «L’analyse distributionnelle des vers césurés dans la lyrique française et occitane du Moyen Âge», dans Contacts de langues, de civilisations et intertextualité, t. 3, Montpellier 1992: 805-28. 42 Soit 1.1, 3.1 et 4.2 auxquels ils ajoutent peu après 2.2. lou 43 tans refroidier/ et geleir, suivi par Bédier mais non par CR qui adoptent la correction de Jeanroy et Långfors: Qant je lou t. r./ Voi et geleir qui donne une syntaxe quelque peu acrobatique, me semble-t-il, pour Colin. Le problème métrique est en effet ici articulé sur un hendécasyllabe sous-jacent, et la situation est en tout point comparable à celle du vers 4.2 du n° 10, le seul problème étant le déplacement du site de la rime sur une position inadéquate. À ceci il convient de rappeler que le site des rimes internes a pu connaître de tels aléas: on en a des exemples divers tant chez les troubadours que chez les trouvères, et l’on trouve même un décasyllabe sous-jacent semblablement traité dans la pastourelle anon. RS1508a (4 + 6 5+5) 44 . Nous ne croyons pas pour notre part que Colin ait une pratique plus sage de la césure dans le cadre du décasyllabe commun. Mais les libertés qu’il prend y sont de nature différente, ce qui est normal, car la question de la césure dans le cadre du décasyllabe commun n’a rien à voir avec celle de l’hendécasyllabe / 7 + 4/ : Colin accepte en effet la césure enjambante (n° 5: 1.7, 2.1, 2.5 et 2.7), y compris dans le descort (stricto sensu) qui lui est attribué (n° 6 = vii: 2.4), contrairement à l’usage général 45 . Il emploie la césure élidée, déjà marginale dans la pratique usuelle des trouvères bien qu’elle soit plus acceptable que l’enjambante (n° 4: 4.5; n° 5: 1.1). La césure lyrique, seule vraiment pleinement admise par la tradition médiévale ne se rencontre que deux fois: l’une dans le n° 6 juste avant un vers à césure enjambante, l’autre dans Bel m’est li tans (n° 13 = xviii: 4.6) dont on rappellera qu’il s’agit d’un contrafactum de descort, d’attribution au demeurant incertaine. En revanche, elle se trouve à quatre ou cinq reprises 46 dans Hidousement (n° 21) où cet usage métrique conventionnel contribue à dénoncer sa douteuse authenticité, d’autant plus que la forme strophique n’est «ni unique ni caractéristique de Colin» (30), avec un huitain de décasyllabes. Colin n’emploie ce mètre qu’en mélange dans ses chansons isostrophiques 47 , alterné avec l’heptasyllabe dans le n° 4 dont la forme a été choisie par son interlocuteur, avec l’octosyllabe dans le n° 5 (vi). La dilection qu’avait Colin pour la césure enjambante se manifeste également dans la piécette emblématique Volez oïr la muse Muset? où le décasyllabe est divisé par la rime interne 48 , s’offrant aussi bien à l’élision (1.11: Une dancele avenant et mult bele,) qu’à l’enjambement (2.11: Mon cuer sautele pour la damoiselle; ), avec deux cas de chaque 49 , mais on verra au §6 que le phénomène n’y a sans doute pas la même signification. 308 Besprechungen - Comptes rendus 43 Et non le donné dans l’apparat critique (200). 44 Cf. D. Billy (1989: 40-41); nous reconnaissons volontiers que le déplacement de la rime dans le cadre d’un vers de sept syllabes est exceptionnel. Marcabru qui utilisait également des hendécasyllabes sous-jacents ne présentait un site incertain pour la rime interne qu’au sein de l’hémistiche heptasyllabique, jamais en sa fin. Cependant, un cas tel que la chanson RS 738 de Thibaut de Blaison où le seul ms. O (i et iv 5-6) substitue 6 + 5 à 7 + 4 en contradiction avec les autres manuscrits, montre que l’hypothèse d’une altération ne peut pas pour autant être complètement écartée. 45 Il est cependant intéressant de savoir que les trouvères picards ont tendance à admettre plus facilement ce type de césure dès Conon de Béthune, et que la tendance s’est considérablement accentuée chez Guillaume le Vinier avant de conquérir le cercle de Jehan Bretel. 46 Le ms. O qui ne transmet que deux couplets plus la reprise en contient deux nouvelles dans sa version du 4 e couplet, soit en tout cinq césures lyriques pour seulement 20 vers. 47 Il est employé sans mélange dans deux strophes de ses pièces hétérostrophiques (n° 6, 2 et n° 13, 4). 48 Une césure lyrique aurait naturellement eu une incidence sur la rime en en déplaçant le site d’une syllabe vers l’arrière, mais cette situation ne fera aucune difficulté aux poètes du XV e siècle dont la poésie, certes, n’était pas chantée. 49 Le phénomène y est encore plus marqué que ne le croient CR qui ne reconnaissent que 4 cas de décasyllabes sous-jacents au lieu de 16; cf. infra, §6. 5. Rime et assonance L’étude de la rime s’appuie sur une démarche parfois novatrice. CR proposent ainsi un classement original des rimes selon leur richesse: les rimes léonines (au sens moderne, c’est-àdire sans prise en compte de la syllabe post-tonique) sont en partie rattachées aux «rimes riches» (types VV, VCV, VVC, avec ou sans posttonique 50 ), mais il convient de faire remarquer ici que, dans la poésie lyrique en particulier, la richesse phonétique des rimes est un critère secondaire au regard de considérations volumétriques, une rime léonine ajoutant toujours un temps supplémentaire, avec au moins une note, quel que soit le nombre de phonèmes impliqués. CR envisagent par ailleurs l’existence de «degrés intermédiaires» de richesse avec divers cas de paronymie. On ne peut attribuer à Colin une grande liberté dans le traitement des consonnes finales sans s’interroger sur ce qui lui appartient vraiment, et CR ont tendance à traiter le corpus réuni comme un tout indivis, avec des analyses quelque peu superficielles. Le rimaire de Colin témoignerait ainsi de l’amuïssement de [s], [r], [t] et [l] (48), mais l’examen des cas montre que [t] est vraisemblablement hors de cause, étant exclues les graphies conservatrices en -eit pour -é du ms. C dans le n° 10 (xi) (Mult m’anue . . .). Le cas de [t] s’appuie sur deux éléments, à commencer par l’association de -ez et -et dans le n° 2 (iii), où une unique forme en -ez (rossignolez cas-sujet singulier), curieusement dans l’incipit, s’oppose à pas moins de 20 formes en -et, ce qui ne permet pas d’y voir simplement une confusion des deux formes, et ne signifie aucunement l’amuïssement de [t], -z représentant vraisemblablement l’affriquée [ts]: on pourrait plutôt évoquer l’amuïssement éventuel du [s] final. Le mélange -ans (-ens) (graphie en fait en -z) et -ant (-ent) qui se trouve dans le n° 20, pièce rajoutée au corpus par CR, n’est qu’apparent, car les formes en -ant sont strictement sectorisées au sein du schéma rimique, affichant ainsi leur singularité: le schéma aabaabbbaab distribue en effet la première rime par groupes de deux vers, et dans le quatrième couplet, les formes en -ant correspondent au troisième groupe qui est situé dans la cauda (4.9-10: vaignanz: argenz). Cet isolement est d’autant plus significatif que, dans le couplet précédent, les deux premiers groupes riment en -ant/ -ent, le dernier associant chascun: nul 51 . L’amuïssement de [r] après [e] ne se trouverait que dans le n° 16 (xvi) (Il me covient renvoisier), d’attribution incertaine, composition singulière à bien des points de vue: la str. 1 associe estey : deporter : trovey : enamoré : grever : dessevrer dans un schéma rimique en ababbbbb (mais voir §6), mais les autres pièces du corpus distinguent bien -er 52 de -é 53 , y compris dans le n° 8 (v) qui présente une assonance féminine caractérisée. On a par contre dans le n° 18 (xix) (Devers Chastelvilain) une combinaison de -é avec -ai (prét. 1 en -ai, donné) qui la démarque ainsi du corpus. L’amuïssement de [r] après [i] serait attesté dans les n° 3 (ii) et 17 (xiv) (Quant je voi yver retorner). Toutefois, dans le n° 3, le mélange se limite à l’utilisation d’amis à la fin d’une strophe alignant quatre infinitifs en -ir plus plaisir, et l’on trouve deux autres infinitifs en -ir dans la str. suivante: on est par conséquent davantage porté à voir ici une assonance ponctuelle, et donc davantage une négligence qu’un procédé de composition comme dans le n° 17 (autresi: mariz: plesir: partir). Partout ailleurs, -ir rime isolément (n° 5, 6, 21). On a donc ici des arguments pour douter de l’authenticité du n° 16 et du n° 17 - qui, rappelons-le, adoptent la forme du n° 2 (iii) (mélodie différente). 309 Besprechungen - Comptes rendus 50 V = voyelle; C = consonne. Les voyelles nasales sont analysées comme VC. 51 À corriger vraisemblablement en nun: cf. p. 205 (on trouve nuns au sein du vers dans les n° 5, 2.6 (CU) et 14, 3.3 (U) d’attribution incertaine). 52 Dans les n° 2, 3, 6, 8, 11 (graphie -eir; ms. C), 17, 19 (graphie -eir; ms. U), 20 et 22. 53 Dans les n° 1, 10 (graphie -eit -atum ou -atem; ms. C) et 22 (XXI) (graphie -ei/ -ey, dont le prét. 3 mandey; ms. O). Le n° 8 inclut ostel (cf. infra), conmandez et donez parmi des formes en -é mais rime -er à part. L’amuïssement de [l] final ne s’observe que dans le n° 8 (v), mais il faut remarquer qu’il ne concerne que le seul ostel, à deux reprises (1.2 et 4.1) en rime avec -é. La question de l’amuïssement de [s] final est par contre plus pertinente: il s’observerait dans les n° 2 (ii), 3 (ii), 8 (v), 9 (ix), 15 (xv), 17 (xiv), 18 (xix), 19 (xiii) et 20 (RS 922). Nous avons déjà vu ce qu’il fallait penser des occurrences visées dans les n° 2, 3 et 20, ainsi que la str. 2 du n° 17. Dans les n° 9 (-el(s/ x/ z)), 15 (-ie(s)), 18 (-el(x)), 19 (-on(s)), ainsi que la str. 1 du n° 17 (-on(s)), il s’agit de l’s de flexion nominale, mais le phénomène n’affecte que le dernier couplet du n° 18 54 , et il en va de même du n° 15, avec un regroupement qui réduit la portée de la disparité (ababbbccccc, vers 7/ 8); on peut toujours s’interroger sur l’authenticité de ces couplets marginalisés par leur position et ces irrégularités. Dans le n° 16, c’est le singulier a grant bandon qui se démarque parmi des formes verbales en -ons, plus dons. Dans le n° 4 (-or(s)), le phénomène est limité à l’emploi de l’adverbe aillors parmi des formes en -or, et il est imputable à Jacques d’Amiens, non à Colin. Dans le n° 8, attribué à Colin par KNPX, on a la désinence -ez en rime avec volenté, gré (str. 2), et cette pièce présente d’incontestables assonances (ville: -ie, -ise: -ie, pigne et -ire: -ie) qui, il faut bien le dire, lui confèrent une allure à part dans le corpus colinien. L’s de flexion est par contre bien pris en compte dans les n° 6 (-iez), 10 (-is), 11 (-is), 13 (-anz plus tens), 14 (-etes, -ors, -eus), 22 (-is), ainsi que 20 (-ez) 55 , sans parler des pièces restantes qui peuvent employer des rimes dépourvues de s final de flexion: il s’agit donc bien de voir des licences plutôt que l’amuïssement des consonnes finales dans les cas où l’attribution à Colin est bien fondée (rimes imparfaites), avec dans le n° 8 la recherche d’un style nettement négligé («jongleuresque») recourant délibérément à l’assonance. L’appendice E: «Timbres rimiques» (85-87) procède à des regroupements trompeurs. La confusion «ant/ anz/ ent» est ainsi inexistante: sur les huit pièces indiquées, seul le n° 20 pourrait être invoqué, mais nous avons vu que -anz (-enz) était strictement circonscrit au sein du couplet, ainsi isolé de -ant (-ent). Le groupe «ete/ etes» ne correspond à aucune confusion dans les deux pièces indiquées (n° 7 et 14). Le groupe «ier/ iez» ne correspond à aucune confusion dans les 7 pièces citées. Le groupe «or/ our/ ors/ ort» (7 pièces indiquées) n’est pas justifié: our n’est du reste qu’une variante graphique de or (n° 1, 4, 9), et la confusion avec ors ne s’observe que dans le n° 4 (avec aillors) 56 . Le groupe «é/ er/ et/ ez» n’est pas justifié: sur les 13 pièces indiquées, il y a deux cas de confusion, limités à -et/ -ez dans le n° 2, et -é/ -er (-é graphié -ei/ y) dans le n° 16, ce qui aurait tout au plus justifié la création de deux groupes distincts. Il est par ailleurs faux de prétendre à propos du n° 20 (RS 922), en se référant à «la liberté avec laquelle Colin Muset a tendance à traiter les consonnes finales», que «les timbres er et ez pourraient s’interpréter comme interchangeables», aux seules fins de trouver des coblas doblas au caractère approximatif (205). Les cas de confusion sont ainsi très circonscrits, comme on peut le voir dans les autres groupes proposés par CR: le groupe «i/ ir/ is/ iz» ne donne lieu à confusion que dans le n° 17 sur les 9 pièces citées, et le n° 3 mêle seulement -ir/ -is; le groupe «ie/ ies» ne donne lieu à confusion que dans le n° 15 sur les 8 pièces citées; le groupe «el/ elx» ne correspond à une confusion que dans les n° 9 et 18 sur les quatre pièces indiquées; la confusion «on/ ons» ne s’observe que dans les n° 16, 17 et 19 sur les 6 indiquées. Ces éléments amènent là encore à s’interroger sur la prétendue négligence de Colin auquel on attribue trop volontiers les irrégularités que présentent des pièces dont on mentionne parfois à l’occasion qu’elles sont d’attribution plus ou moins douteuse. 310 Besprechungen - Comptes rendus 54 Où -ez pour -é/ ai est circonscrit dans le schéma rimique (aabaabbaab, vers 8/ 9). 55 Anz/ enz est bien circonscit dans le schéma rimique comme on l’a vu supra. 56 On précisera qu’une série en -oie du n° 12 inclut la forme voise. 6. Remarques ponctuelles sur l’édition CR apportent diverses améliorations au texte de Bédier (B.), mais, sans prétendre à l’exhaustivité, on peut relever une soixantaine de divergences entre le texte des deux éditions, plus une quinzaine au niveau de l’apparat critique, où l’absence d’indications explicites ne permet pas de savoir chez qui se trouve la mauvaise lecture, absence qui surprend d’autant plus qu’il s’agit souvent d’unica. Dans la moitié des cas, il s’agit d’un rétablissement de la forme du manuscrit 57 , mais dans les autres cas il s’agit bien d’une erreur 58 . N° 1 (i): CR font correspondre les notes des syllabes -se Mu- (de muse Muset) du v. 1 à celles, unies, de ma- (de matinet) au v. 2, mais il convient de préciser que selon J. Beck, il s’agirait des notes correspondant à muse (voir Bédier 1938: 42). En ce qui concerne la disposition des vers, là où Bédier allait à la ligne après chaque terminaison rimée, CR réunissent les v. 11 et 12 de Bédier qu’ils considèrent ainsi comme un décasyllabe à rime interne: on ne comprend pas alors pourquoi ils n’ont pas procédé de la même façon pour les paires de vers suivants 12 et 13, 14 et 15, 16 et 17, d’autant plus que leur transcription mélodique les dispose bien par paires, et que leurs vers 14 et 15 sont chantés sur une variante mélodique de leur vers 11 composite. Il fallait reprendre la disposition de Bédier ou adopter une forme réduite reconstituant les quatre décasyllabes sous-jacents: CR: a 8 a 8 a 8 b 4 a 8 b 4 a 8 b 4 a 8 b 4 c 10 c 4 d 5 c 4 c 5 c 4 d 5 d 5 (var. c 4 c 6 et c 4 d 6 par «synaphie» 59 ) Bédier: a 8 a 8 a 8 b 4 a 8 b 4 a 8 b 4 a 8 b 4 c 4 c 5 c 4 d 5 c 4 c 5 c 4 d 5 d 5 (var. c 4 c 6 et c 4 d 6 ) Forme réduite: a 8 a 8 a 8 b 4 a 8 b 4 a 8 b 4 a 8 b 4 c 10 d 10 c 10 d 10 d 5 La structure du vers, un pentasyllabe, montre que la décomposition du décasyllabe sousjacent se fait davantage sur une base 4’+5 que 4(’)+6, cette dernière forme se présentant comme une alternative, interprétation que renforce l’hiatus médian en 3.14-15: Je n’en prendroie/ Avoir ne mounoie, hiatus difficilement concevable dans le décasyllabe commun, indiquant que l’on a affaire à deux segments jouissant d’une autonomie plus grande que deux hémistiches authentiques: cet argument est favorable au découpage de Bédier. N° 2 (iii): 1.2 boissonnet: corr. boissonet. Leçons rejetées: ajouter 1.6 de flor. N° 3 (ii): 3.4 plaisir: corr. plesir. - 5.3: la conpaignie a plus de chance de se situer desouz l’ente florie que la rose de s’y espanir, comme l’avait bien compris B. - 6.4 conpaignie: corr. conpagnie. Manuscrits: supprimer la mention «(str. 6)» après N 161v. Leçons rejetées: ajouter 4.3 doig. Variantes: 1.9 et de flor (+ 1): corr. de flour sans et: on est en présence d’un jambage barré auquel ne correspond aucune note, vraisemblable anticipation de porter. - 2.1 l’eucre: corr. leuere. - 2.2 entroubliai N: corr. entrobliai. - 2.3 s’il donne bien ades au lieu de 311 Besprechungen - Comptes rendus 57 Sans compter les variantes, nous relevons: n° 4 (iv), 1.6 (ce vs se), 4.7 (garnie vs gairnie), 6.2 (chaipons vs -pp-), 6.4 (boen vs bon); n° 6 (vii), 3.1 (qant vs qu-), 5.4 (li vs lui); n° 7 (viii), 9.4 (Q’encor vs Qu-); n° 8 (v), 5.9a (nus vs nuls); n° 9 (ix), 4.9 (bone vs -nn-), 5.2 ([air]brexelz vs -els), 5.11 (meir vs mer); n° 10 (xi), 5.1 (ieul vs eul), 5.3 (estei vs -eit); n° 12 (x), 7.3 (Lo vs Le); n° 13 (xviii), 1.1 (Bels vs Bel), 4.9 (Nou vs Non; cf. notre commentaire au §6); n° 14 (xvii), 3.12 (Gratïous vs -cious); n° 17 (xiv), 2.6 (lessast vs lai-); n° 18 (xix), 3.4 (seignor vs -eur), 3.7 (ce vs se); n° 21 (xx), 3.1 (Deuz vs Deus), 4.7 (poront vs -rr-); n° 22 (xxi), 4.3 (Vilemurvi vs -ll-), 7.6 (marrien vs mairien), 8.1 (filz vs fils). 58 Nous n’avons pas eu le temps de vérifier certains cas que voici: n° 3 (ii): 2.4 voi vs vois; n° 5 (vi) Var. 2.13 (blonde(- 1) vs blondete), 3.3 (trouvai vs trovai); n° 11 (xii) Leçons rejetées; 3.3 (B. ne iert); n° 12 (X), 5.3 (plux vs B. plus). 59 Synalèphe ou élision (dans le cas présent) entre deux vers consécutifs. ains, ce vers n’est pas pour autant hypermétrique dans N qui donne pensai au lieu de penserai. N° 4 (iv): Les retraits d’alinéas ont été omis pour la démarcation des heptasyllabes. - 1.4 trouveir: corr. troveir. - 4.2 que: corr. ke. - 4.6 amerait : il convenait de signaler que l’on a ici affaire au futur lorrain. - 4.7 garnie; B. gairnie. - 6.2 chaipons; B. chaippons. - 6.4 boen; B. bon. N° 5 (vi): 3.14 lo mentir: corr. lor m. Variantes: 1.3 en ai amoreit: corr. enamoreit. - Il faut supprimer la note à 1.11 (il s’agit d’un doublon provenant des Leçons rejetées). N° 6 (vii): L’alignement des vers 3.5-8 est à revoir. - 6.6 debonairement: corr. -ant. N° 7 (viii): 2.6 doncele: le c est cédillé dans le ms. - 4.5 doinst: corr. doist. Variantes: 2.2 si La manque effectivement, le vers n’est pas hypométrique pour autant, car le ms. C donne fille est a roi, au lieu de La fille au roi. - 3.5 vi ke fuisse: corr. vi fuise (soit - 3 syll.). - 5.1 J’en: le ms. donne Ieu. - Ajouter: E.1 k’il m’en. - B. donne des indications supplémentaires qui auraient dû être prises en compte (sinon contestées). N° 8 (v): 2.5 cortoisie: corr. courtoisie. - 2.8 j’i: corr. g’i. - 3.1 le surnom Engelé méritait du moins le rappel de la note de Bédier (1938: 64). - 3.7 vant: corr. vent. Variantes: 2.8 l’hypermétrie n’est qu’apparente, car l’absence d’apostrophe dans je i vois n’implique pas l’absence d’élision. Mélodie: le vers 7 est chanté sur une expansion de D (v. 5): la-si-do-ré-do si la-sol-sol au lieu de la-si-do si -la-sol. - Si nous avons bien compris la manière de noter les motifs, il faut lire F 4 D’ 3 (non D’ 4 ) au v. 7. N° 9 (ix): 2.11 Plus: corr. Plux. N° 10 (xi): 5.2 plus: corr. plux. N° 12 (x): 2.7 Que: corr. Ke. - 5.3-4 supprimer les crochets et corr. 5.3 quant plux en kant plus. Leçons rejetées: 5.3-4 sont bien présents dans U. Variantes: 4.8 la variante jeus u. pour Geus k’usure n’implique aucune hypométrie. Musique: il s’agit moins de pedes (notés ABAB) qu’un punctum (apertus plus clausum) tel que le décrit Jehan de Grocheo, les vers 2 et 4 (heptasyllabes) n’ayant que le chant des deux premières syllabes en commun (mifa sol ). N° 13 (xviii): 4.9 Nou: bien que la lecture soit bonne, il faut amender avec Bédier en Non, et signaler le rejet de la leçon du ms. - Nous ne comprenons pas le refus de CR (172) de scinder la dernière strophe en deux comme l’a fait Marshall, puisque cette pièce n’est pas un «lai-descort» original mais un contrafactum: sa structure est nécessairement inféodée à celle de son modèle. Leur base métrique identique (décasyllabes monorimes) n’est pas un critère suffisant, et CR distinguent bien deux strophes distinctes dans une situation semblable que présente la «note« (n° 3). N° 14 (xvii): 1.2 aquoison: corr. aqoison. N° 15 (xv): 1.2 novelle: corr. novele. - Il convient naturellement de rectifier le vers 6.1 (Je ne quier aler) pour rétablir la rime en transposant l’infinitif: Aler je ne quier (cf. n° 5, 1.4), plutôt que d’imaginer que Colin se soit «écart[é] de son propre usage» (181) avant d’envisager sans plus la possibilité d’une erreur de copie (Bédier reproduisait de même la leçon du ms. [U], mais sans le moindre commentaire). Leçons rejetées: 1.2 nouiele: corr. novele. - 2.6 an la fontelle. N° 16 (xvi): 2.4 grans: corr. granz. Nous comprenons que CR aient été tentés de fragmenter le v. 16 décasyllabe de Bédier, Solaçons et deportons! Bons poissons, en trois trisyllabes, en supprimant la conjonction, encore que, si l’on reconnaît à Colin l’usage de l’anisosyllabisme, la suppression ne se justifie pas vraiment, d’autant que l’on a quatre notes disponibles. Nous ne voyons toutefois pas de raison de ne pas diviser le vers en question en un heptasyllabe suivi d’un trisyllabe, en chantant la strophe 2 en ABABCDECD, où E correspondrait très exactement au premier hémistiche de l’hendécasyllabe chanté sur D: l’enchaînement mélodique ne nous semble poser aucune difficulté. La question des rimes 312 Besprechungen - Comptes rendus internes ne justifie pas en effet la fragmentation extrême que préconisent CR: CR signalent eux-mêmes (188) la présence d’une rime interne à la césure des hendécasyllabes 2.8 et 3.8. Cette question des rimes internes amène d’ailleurs à se poser la question de la structure strophique: ces vers longs se subdivisent en effet alors en 7a4b, où l’on retrouve très précisément la forme et les rimes des pedes; la structure métrique de la pièce doit donc être réanalysée en: - Ia 7 b 4 - a 7 b 4 - b 3 x 7 b 4 - b 3 x 7 b 4 ier, ey/ é/ er - IIa 7 b 4 - a 7 b 4 - b 3 x 7 b 4 - b 7 - b 3 a 7 b 4 eaus/ iaus, on(s) - IIIa 7 b 4 - a 7 b 4 - b 3 a 7 b 4 ier, ey/ é 60 L’intermittence de la rime au niveau de la césure des hendécasyllabes 7+4 sous-jacents n’est pas surprenante, mais on ne peut pour autant prétendre que cette forme soit satisfaisante en l’état, et l’on peut à bon droit suspecter dans l’hétéromorphisme la conséquence d’une corruption du texte dont l’étendue serait malheureusement impossible à déterminer. N° 17 (xiv): 2.8 chevachier: corr. chevau-. Leçons rejetées: ajouter 1.5 monton. Bédier acceptait la forme qui se retrouve au n° 22 conservé dans le même ms. O, et lui réservait une entrée dans son glossaire. Musique: l’analyse des motifs en A 5 B 3 n’est pas justifiée, la phrase mélodique A étant composée de la répétition d’un même motif (sol-fa-mi ré -mi); on lira donc A 4 A 4 (et on rectifiera ensuite l’ordre alphabétique). - E 3 est identique à C 3 . N° 18 (xix): 4.4 Rignel: cette émendation pour Rignez n’est pas pertinente (cas-sujet). N° 19 (xiii): 2.5 CR amendent inutilement acoillir en acoillier pour la rime: le mot apparaît à la césure d’un heptasyllabe sous-jacent, lieu propice à l’intermittence de la rime dont on a maints témoins chez les trouvères (voir ici même le n° 16), et CR reconnaissent deux vers non rimés, dans les n° 1 (2.5 cuer au lieu de -et, dans un 8 + 4 sous-jacent) et 18 (3.1 Soilli au lieu de -ai, en tête d’un module 6 aab). N° 20 (RS 922): 1.1 chante: corr. chant (de même p. 28 et 240). - 3.10 nul: cf. notre N51. Variantes: 3.10 nus X seul (nul N). N° 21 (xx): 1.7 formant: corr. -ent. - 2.6 le: corr. les. - 2.8 et 3.4 ferait: il n’aurait pas été inutile de signaler qu’il s’agit ici du futur lorrain. - 4.8 L’interligne a été omis avant la reprise. Version O du dernier couplet (209): 4.1 obedïent: corr. -iant. Musique: il nous paraît difficile de voir dans la mélodie du v. 4 une simple variante de celle du v. 2: la situation dans les quatre premiers vers est à rapprocher de celle du n° 12. N° 22 (xxi): 3.9 vaincra: corr. veincra. - 7.9-10 l’utilisation de l’italique ne se justifie pas: que ces vers aient un caractère parémiologique n’implique en rien qu’il s’agisse d’un proverbe. CR acceptent la perturbation de l’ordre des rimes dans ce couplet, refusant le réarrangement proposé par Tyssens (vers 9, 10, 8, 7); nous remarquerons pour notre part qu’une simple transposition rétablirait l’ordre attendu (Fous est qu[i] le pasquiz/ Enseingne au viel oison.), d’autant plus que le relatif sujet n’a pas ailleurs d’autre forme que qui dans cet unicum de O, sans élision susceptible de trahir une forme en que primitive (cf. 2.4 qui ot; 8.8 qui entende). On remarquera que la restauration du schéma rimique crée un lien de coblas capcaudadas avec le couplet suivant, lien déjà établi avec le couplet précédent (ois, is; is, on; on, er). Leçons rejetées: 8.4 monton (cf. supra n° 17, 1.5). Dominique Billy ★ 313 Besprechungen - Comptes rendus 60 Nous ne prenons pas en compte la répétition de 3.5-6 à laquelle procèdent CR, qui ne s’impose pas, comme il est dit dans le commentaire (188) qui parle d’«hypostrophie» sans guillemets. Jean-Charles Herbin (ed.), La Vengeance Fromondin, Abbeville (Paillart) 2005, 521 p. (Société des Anciens Textes Français) La Vengeance Fromondin, chanson de geste appelée aussi Yon d’après un des héros centraux (d’où le sigle du DEAF, Yon, pic. ca. 1260), appartient à la Geste des Lorrains. Elle y forme une continuation de Garin le Loherain (GarLorr, 4 e quart XII e s.) et de Gerbert de Metz (GerbMetz, fin XII e s.). Cette continuation est, quant à sa généalogie, parallèle à Anseïs de Metz (alias Anseÿs de Gascogne, AnsMetz, 1 er tiers XIII e s., où le héros Yon prend le nom d’Anseïs). Le vaillant Herbin a déjà édité la chanson d’Hervis qui s’inspire de GarLorr. La V. F. se compose de 6672 décasyllabes rimés, disposés en 246 laisses: assez de vers pour animer trois soirées d’hiver. Dans le manuscrit unique du troisième quart du XIII e siècle, le texte est précédé de GarLorr et de GerbMetz. Il y a trois scribes, mais la V. F. est transcrite par le seul scribe II, lorrain. L’éditeur discute le fait curieux que les 383 derniers vers ont un aspect très lorrain, tandis que le gros du texte comporte peu de lorrainismes. L’hypothèse d’un modèle acaudal, complété d’après un modèle moins bon et plus lorrain, paraît plausible (plus qu’un modèle illisible vers la fin, et plus qu’une fin perdue (39-42)). Une phonétique graphématique, suivie de remarques morphologiques (18-38), documente les traits lorrains, peut-être messins (33, §46: asxillier/ essilier, etc.). S’intercale ici, de façon un peu surprenante, la mention de l’édition Mitchneck [YonM], de 1935, peu fiable (on accorde volontiers à l’éditeur de YonH le petit plaisir d’épingler quelques bévues savoureuses de son prédécesseur: la caractérisation des éditions antérieures fait partie des tâches essentielles des éditeurs). Des extraits amples (1068 vers, édition semi-diplomatique correcte (512 entandu s’y lit -en-: erroné)) avaient été donnés dans une petite thèse de 1885 [YonR], et 784 vers avaient accompagné RCambrM. Le chapitre voué à l’auteur (47-101) comprend bien des choses, toujours intéressantes: a) métrique avec observations morphologiques, b) rimes avec calculs, c) lexique avec l’essai très louable de localiser les régionalismes (de l’auteur) essentiellement picardes: demerques ‘mercredi’, sapin ‘bois de sapins’, simple ‘abattu, désespéré, compatissant’ (p. 70; ce n’est pas une définition, mais plutôt une série de traductions possibles bien qu’hétérogènes; FEW 11, 635b ‘penaud, affligé, triste’, Chrestien, etc., semble correspondre, mais chez Chrestien ‘humble’, mieux documenté, est plus probable; le cas est délicat), tripeler ‘faire des sauts, se démener, danser’ (! ) (le mot est tout de même proche de trepeller ‘sautiller’, pic. ca. 1300 YsiiB xxxviii 5, v. TL), d) style et esprit du texte, e) clefs pour la datation (essai d’identifier les personnages mentionnés, aboutissant à une datation autour de 1260), f) place de la V. F. dans la Geste des Loherains. L’éditeur circonspect nous rend un texte très bien lisible; les corrections sont placées entre crochets, les leçons originales sont indiquées au pied de la page et discutées en note. Heureusement, les exponctuations, suscriptions etc. sont dûment indiquées. Certaines substitutions paraissent au moins téméraires, p. ex. (H. fu) iriez (3897, avec note) au lieu de correciez, pour raccourcir un vers hypermétrique: dans ce cas, la leçon du manuscrit est bonne, il suffit de lire correciez comme bi-syllabe, corcier étant de toute façon bien documenté. Les amples notes montrent que H. a pénétré le texte et qu’il n’escamote pas les difficultés par le silence comme il est si fréquent dans ce métier. Il invite par là le lecteur à s’essayer aux problèmes (au vers 3796, avec note, on pourrait penser qu’il y avait à l’origine la chaeine/ pic. le c-, mais cette possibilité reste aussi hypothétique que celles discutées par H.). Le glossaire satisfait le lecteur et le lexicographe quant à son étendue. Il fournit aussi le lien avec les notes. Les renvois numériques ne sont pas complets, ni les renvois onomasiologiques par ailleurs bien venues (p. ex. sous chiere: renvois à manbree, manbrue, mais pas à marrie [le renvoi numérique y est]; rain d’olive, 3751, est sous rain, pas sous olive; etc.), mais ce n’est jamais possible. En guise de définition on y trouve souvent des traductions de 314 Besprechungen - Comptes rendus bouts de phrases sans, en fait, analyse sémantique du mot (cf. p. ex. jornal): un tel glossaire (il est typique dans son genre) aide à la compréhension du texte, mais pas dans chaque cas à celle du sens des mots, réduisant par là aussi l’accès à l’intention de l’auteur. Branc ‘lame de l’épée’ est distingué de ‘épée’, ce qui est juste (308); comme il s’agit d’une synecdoque, c’est une distinction toujours difficile; brans de coulor ‘lames où joue la lumière’ est douteux, mieux probablement ‘lame[s] à l’aspect bicolore (par le damasquinage)’. Muer color ‘rougir de honte; blêmir ou rougir de douleur ou de contrarieté’: indications contextuelles. Comme nobile n’est pas une variante de noble, on ne devrait pas les traiter dans un même article. Cire ‘sceau de cire’ transpose la synecdoque; du point de vue littéraire il serait mieux de définir ‘cire (du sceau)’, ce qui serait en même temps correct du point de vue linguistique. Besant, denier et paresis sont employés dans le texte de façon identique comme renforcement de la négation (cp. 3836 avec 5196), mais les traductions fournies en sont très diverses. Il manque une reproduction d’une page du manuscrit. Dans l’ensemble une édition qui fait honneur à la SATF. La collation d’un certain nombre de folios a confirmé que la transcription est exempte d’erreurs. Comme le récit est moins ennuyeux que bien d’autres chansons de geste (H. parle à juste titre de la ‘délicatesse d’expression’ (71)), l’édition pourrait servir au questionnement en cours des méthodes éditoriales 1 . Frankwalt Möhren ★ Aimé Petit (ed.), Réception et représentation de l’Antiquité. Actes du colloque du Centre d’études médiévales et dialectales de Lille 3 (Université Charles-de-Gaulle, 28-30 septembre 2005), Lille (Université Charles-de-Gaulle) 2006, 354 p. (Bien dire et bien aprandre 24). Les journées d’études, désormais traditionnelles, organisées par le Centre d’études médiévales et dialectales, ont été consacrées, en 2005, à un sujet qui jouit depuis une trentaine d’années d’une considération croissante et demeure au centre des intérêts des animateurs du rendez-vous lillois 1 : l’état des questions, par rapport à la présence et à la réception de l’Antiquité dans les textes littéraires médiévaux, a certes été donné par Francine Mora-Lebrun dans une mise au point récente 2 ; cependant, l’on constate d’emblée, en lisant les actes réunis par Aimé Petit, un glissement remarquable de l’intérêt général vers la question de la vitalité de l’œuvre de Virgile et des formes et des contextes de sa réception. Parmi les quatre sections de l’ouvrage, la deuxième (Autour de Virgile, 109-82) y est entièrement consacrée, la première (Quelques figures féminines et mythologiques, 11-108) s’y rattache, notamment dans les contributions concernant les figures virgiliennes de la Sybille et de Lavine ; quant à la quatrième (Réception de l’Antiquité (XVII e -XX e siècles), 287-354), elle s’intéresse à des aspects de la fortune de Virgile à l’époque moderne dans trois essais sur cinq. Néanmoins, la variété des thèmes et des apports est assurée par la complexité des questions posées dans certaines contributions, comme le montrent efficacement, dans la première section, les recherches autour de quelques figures majeures. Par ailleurs, la troisième partie (Réception de l’Antiquité au Moyen Âge et au XVI e siècle, 183-285) se charge de regrouper les études dé- 315 Besprechungen - Comptes rendus 1 Cf. F. Duval (ed.), Pratiques philologiques en Europe, Paris 2006. 1 Cf. par exemple Troie au Moyen Âge. Actes du colloque du Centre d’études médiévales et dialectales de Lille 3 (Université Charles-de-Gaulle, 24-25 septembre 1991), Lille 1992 (Bien dire et bien aprandre 10). 2 F. Mora, «La réception de l’Antiquité au Moyen Âge», Perspectives médiévales 30 (2005): 367-81. gagées de toute référence au courant virgilien, ce qui permet d’aborder nombre de problèmes et de textes, échelonnés entre la fin du IX e et du XVI e siècle, et d’observer selon plusieurs points de vue l’évolution de certaines composantes culturelles sur une longue durée (par exemple la doctrine amoureuse ovidienne). Il faut ajouter que l’ouverture de la réflexion à l’époque moderne, loin de nuire à la cohérence du recueil, apporte au contraire des suggestions parfois précieuses. Ceci dit, la qualité des contributions ainsi que l’intérêt des sujets particuliers abordés demeurent très inégaux. La première section s’ouvre par deux contributions sur la représentation littéraire de la Sybille au Moyen Âge, dont on apprécie la nature complémentaire: F. Mora-Lebrun («Les métamorphoses de la Sybille au XII e siècle», 11-24), qui avait déjà recensé un certain nombre de textes médiévaux où la prophétesse antique est transmuée en séductrice perverse, revient sur ce sujet pour repérer les premiers stades du processus de transformation et en reconnaît l’un des moments décisifs dans la superposition du personnage romanesque et épique de la belle sarrasine; J. Abed («La vieillesse de la Sibylle: devenir d’un stéréotype antique à l’époque médiévale», 25-38) s’intéresse à la persistance et à l’évolution dans plusieurs textes médiévaux d’un trait marquant livré par la tradition latine, le grand âge de la prophétesse. Plus loin, l’étude de M. Possamai-Pérez («La faute de Narcisse», 81-97), consacrée à la fable de Narcisse dans le livre iii de l’Ovide moralisé, s’avère intéressante, notamment pour l’analyse détaillée des rapports entre texte et source principale (les Métamorphoses), qui permet de déceler dans l’adaptation médiévale une moralisation poussée du personnage, devenu entièrement responsable de sa perte, et l’emploi, en tant que source secondaire, de la mise en roman de la légende livrée par Guillame de Lorris dans le Roman de la Rose, lors de l’arrivée du narrateur à la fontaine de Narcisse. Cependant, une prise en compte de la première exploitation du récit mythique en ancien français (Narcisse, daté entre 1165 et 1175) aurait été souhaitable, ainsi que l’utilisation du travail de Louise Vinge, toujours fort utile, et la prise en compte des précisions sur la fortune du thème fournies par Roberto Crespo en marge d’un passage lyrique de Richard de Fournival 3 . La section est complétée par les travaux de S. Cerrito («Les métamorphoses de Médée au Moyen Âge. Analyse du mythe dans les versions françaises, italiennes et espagnoles», 39-56), qui s’attache à l’une des figures mythologiques les plus complexes et ambiguës, R. Cormier («À propos de Lavine amoureuse: le Savoir sentimental féminin et cognitif», 57-70), W. Michera («De la féminisation du mal», 71-80) et R. Baudry («Merlin, fils du diable? Une légende tenace née d’un contre-sens latin! », 99-108). Ce dernier revient au récit fondateur contenu dans l’Historia Regum Britanniae, qui fait de Merlin le fils d’un de ces esprits «quos incubos daemones appelamus» et qui, en résidant entre Terre et Lune, «partim habent naturam hominis, partim vero angelorum», pour redonner au daemon de Geoffroy de Monmouth son sens platonicien de génie aérien et imputer à Robert de Boron l’interprétation de cette indication de paternité qui a conduit à la diabolisation du mage. La contribution la plus solide de la section virgilienne est due à A. Petit («Dido dans le Roman d’Énéas», 121-40), qui revient à la réécriture médiévale de l’épisode de Didon pour examiner en détail la réorganisation de la matière virgilienne. L’article souligne la transformation subie par le personnage dans l’Énéas, où Didon devient «une amoureuse ovidienne et surtout une héroïne humanisée, aux accents presque chrétiens» (140), et précise le rôle et la signification de l’épisode par rapport à l’ensemble de l’œuvre. Ph. Logié («La catabase d’Yonec: un souvenir de Virgile? », 141-51) part d’une constatation que l’on partage volontiers - la coexistence dans nombre d’œuvres médiévales d’apports folkloriques 316 Besprechungen - Comptes rendus 3 Cf. L. Vinge, The Narcissus Theme in Western European Literature up to the Early 19 th Century, Lund 1967 et R. Crespo, «Richard de Fournival e Narciso», Medioevo romanzo 11 (1986): 193-206. et savants - et s’intéresse, dans cette perspective, au voyage dans l’au-delà du protagoniste du lai de Marie de France. Mais si la proximité du récit de la catabase d’Yonec avec la conception traditionnelle irlandaise de l’au-delà est frappante, son rattachement à l’épisode de la descente d’Énée aux enfers (Énéide, livre vi) s’avère moins convaincant. Ce dernier, dans l’adaptation allemande de l’Énéas rédigée entre 1174 et 1186, fait l’objet de l’étude de M.-S. Masse («Images des enfers virgiliens dans l’Eneasroman de Heinrich von Veldeke», 155-69). De moindre intérêt sont les essais d’A.-F. Pifarré («Le personnage de Virgile dans Le Roman de Dolopathos: le philosophe élu de Dieu», 111-19) et d’É. Tabet («Au tombeau de Virgile: pèlerinage virgilien et inspiration littéraire au début du XIX e siècle», 171-82). D’ailleurs, ce dernier aurait mieux été placé dans la quatrième section. En ouverture de la troisième section, W. Besnardeau («La représentation des Grecs dans Le Roman de Troie», 185-96) s’attache, d’une manière parfois naïve, à relever les choix onomastiques et descriptifs de Benoît censés suggérer au lecteur une assimilation entre certains personnages grecs du Roman de Troie et les Sarrasins des chansons de geste. Ensuite, M.-M. Castellani («L’Antiquité dans Athis et Prophilias», 197-211) cherche à déterminer la culture antique des deux versions du roman dont elle est spécialiste, et remarque - par exemple en ce qui concerne la description ovidienne de l’amour - que cette culture est surtout indirecte, c’est-à-dire acquise par l’intermédiaire des romans antiques de la première génération, notamment l’Énéas. Deux travaux soignés mesurent le poids que les aspirations politiques bourguignonnes exercèrent au XV e siècle sur certaines traductions et mises en prose réalisées à la cour de Bourgogne. Ainsi, S. Montigny («La comparaison entre les institutions romaines et les institutions bourguignonnes dans la traduction de la Guerre des Gaules de Jean du Quesne (1473-74)», 241-57) montre, à partir de l’analyse d’un chapitre introductif de la traduction du De bello Gallico accomplie par le chroniqueur de Charles le Téméraire, comment la représentation de l’Antiquité y est instrumentalisée afin de justifier les pratiques politiques et l’idéologie du régime bourguignon. C. Gaullier-Bougassas («Alexandre, héros du progrès: la lutte contre les tyrans orientaux dans l’œuvre de Jean Wauquelin», 211-27) se concentre sur la transformation que subissent, dans Les faicts et les conquestes d’Alexandre le Grand (1448), les figures des tyrans orientaux Darius et Porrus par rapport à la source principale d’Alexandre de Paris. Elle met en évidence le lien entre cette mutation et la sacralisation tout à fait nouvelle du pouvoir absolu d’Alexandre, qui incarne dans l’œuvre de Jean Wauquelin l’ancêtre et le modèle des souverains chrétiens occidentaux et qui, bien évidemment, préfigure l’autoritarisme et les aspirations expansionnistes (même orientales) de Philippe le Bon. G. Gros («Digression narrative et périple méditerranéen: la Grèce et Rome au prisme de l’Estoire del Saint Graal», 229-40) s’intéresse à deux longs récits intercalés dans l’Estoire del Saint Graal qui concernent Pompée et Hippocrate et prétendent relater des épisodes de leurs vies oubliés par l’histoire officielle. Le but de l’auteur de ces récits est la mise en cause de certaines valeurs qui sont le propre de l’Antiquité, étant donné que «l’échec de ces modèles antiques est imputable à des valeurs apparemment trop humaines pour s’ouvrir aux promesses du christianisme» (240). J. Ch. Lemaire («Souvenirs de l’Antiquité dans Les Angoysses et remedes d’amour de Jean Bouchet, 259-70) et Y. Coz («L’Antiquité romaine dans l’Angleterre des années 890: la traduction-adaptation des Histoires contre les païens d’Orose en vieil-anglais», 271-85) concluent la section. Dans le lot des contributions portant sur la réception de l’Antiquité de la Contre-Réforme au XX e siècle (N. Brout, «L’adoption des dialogues de Cicéron comme modèle et son pervertissement par A. Schott dans le contexte de la Contre-Réforme», 289-304; S. Thorel- Cailleteau, «Le Roman de Didon et Énée à l’âge classique», 305-15; C. Zudini, «Une présence virgilienne dans La Maison hantée d’Alberto Savinio», 329-44; D. Viellard, «Aragon et l’arma virumque cano virgilien: une dimension épique pour les Yeux d’Elsa», 345-54), on 317 Besprechungen - Comptes rendus signalera celle de F. McIntosh-Varjabédian («Pourquoi Rome? », 317-27), qui s’attache à l’une des premières œuvres marquantes de Jules Michelet, l’Histoire romaine (1831), et éclaire les raisons du choix d’un tel sujet, alors que l’histoire de Rome n’était pas au centre du débat historiographique contemporain en France et que, d’ailleurs, ce thème paraît à première vue étranger au projet historique national de Michelet. Gabriele Giannini ★ Madeleine Jeay, Le commerce des mots. L’usage des listes dans la littérature médiévale (XII e -XV e siècles), Genève (Droz) 2006, 552 p. (Publications Romanes et Françaises 241) Madeleine Jeay fait le point dans ce gros livre sur un sujet qui l’occupe depuis quelques années déjà (cf. ses titres, cités dans la bibliographie aux p. 521-22), à savoir la fréquence si voyante des listes dans la littérature en vers du Moyen Âge. Il s’agit d’un phénomène récurrent caractérisé par des traits marquants et reconnaissables: retour des thèmes, hétérogénéité signalée par rapport au contexte, polyvalence des dimensions possibles (la liste pouvant assumer tour à tour une fonction encyclopédique, mnémotechnique, ludique, poétique, comique, satirique . . .), association enfin avec la figure du poète. Une telle matière impliquait un risque majeur, dont M. Jeay était si consciente qu’elle a su l’éviter: offrir une liste de listes sans arriver à en dégager les éléments constants, les enjeux, et surtout sans essayer d’en comprendre la motivation profonde. C’est donc selon une approche essentiellement sémantique que l’enquête a été menée sur un ensemble de textes très variés, tirés d’un vaste corpus qui comprend tant des chansons de geste que des romans, des dits et des pièces lyriques (à ce propos, on signalera que les titres de ce corpus, qui ne fait pas l’objet d’une présentation explicite, sont réunis dans la section «Textes» de la bibliographie, p. 503-10). Sans que cela soit vraiment signalé, le livre est divisé en deux parties, articulées, l’une sur des problèmes généraux (les caractéristiques des listes, une analyse de pièces ou de fragments centrés sur la dénonciation de l’incompétence d’un jongleur individuel ou des jongleurs en général, la «belligérance» comme thème fondateur des textes, font l’objet des trois premiers chapitres), l’autre sur des genres ou des auteurs précis (Jean Bodel et Rutebeuf au chapitre 4, les dits énumératifs au chapitre 5, Machaut, Froissart, Deschamps, Villon dans les quatre derniers). Plutôt que de prétendre donner une synthèse du contenu, nous essayerons de souligner l’apport original de l’étude de M. Jeay. Il s’agissait en premier lieu de faire le point sur le plan théorique et définitoire (en reconnaissant par exemple le processus de nominalisation comme fondement de toutes les listes) et parallèlement d’identifier les centres d’intérêt, finalement peu nombreux et tous rapportés à l’univers concret de l’homme et à son milieu. Sur le plan littéraire, M. Jeay affirme la priorité chronologique de la chanson de geste, où l’énumération (par exemple, la liste des combattants et de leurs cris de ralliement) constitue évidemment un motif attendu du public; mais en même temps elle refuse de rattacher les listes à un, ou même à plusieurs genres littéraires, puisqu’elle affirme que c’est la littérature médiévale dans son ensemble qui est marquée par une dimension conflictuelle: par des exemples tirés tant de la lyrique occitane que de la poésie en langue d’oïl, elle prouve que l’énumération, associée à un contenu polémique, sert au poète-jongleur pour affirmer sa maîtrise de la parole et sa propre valeur contre ses «adversaires» ou concurrents. C’est alors une sorte d’esthétique de la liste qui se met en place, reconnaissable grâce à la présence d’un principe énumératif associé au ton polémique et à une actitude de jactance. Par ailleurs, les sujets privilégiés de ces listes (les œuvres d’un auteur donné, mais aussi les lieux, les métiers, les denrées, alimentaires ou autres, les biens des ménages) semblent 318 Besprechungen - Comptes rendus moins significatifs que les différents buts auxquels les poètes les plient: que ce soit pour affirmer leur orgueil personnel, éventuellement caché sous le topos d’une modestie affichée, pour appuyer une satire anti-féministe ou anti-matrimoniale, le recours aux énumérations constitue moins un lieu commun qu’un instrument qui témoigne et de la plasticité du lexique et de la joie verbale des poètes. C’est ce qui explique aussi comment la liste d’œuvres (celle, très célèbre, qui inaugure le Cligès de Chrétien de Troyes, d’autres moins connues) fait du poète, «commerçant de mots» selon le titre de cet ouvrage, la figure parallèle du marchand, et comment le «savoir» de l’un s’apparente à l’«avoir» de l’autre. On ne sera pas surpris de constater comment des poètes de grande envergure ont adapté le procédé à leur propre poétique: pour alimenter une double image de clerc amoureux (Machaut), pour multiplier les effets d’autobiographie (Froissart), pour en faire un «mode d’écriture privilégié» au service de la vituperatio (Deschamps, p. 365), ou encore pour nourrir une image ambivalente oscillant entre la virtuosité et l’auto-dérision (Villon). Le véritable apport de cette étude nous paraît résider dans la richesse même et l’accumulation des données. Et si M. Jeay affirme ne pas pouvoir conclure, c’est bien pour éviter une dernière fois de tomber dans le piège inhérent à son sujet: l’exhaustivité, la fermeture, sont d’emblée exclues d’une matière si abondante et, au fond, inépuisable. Il nous semble cependant que deux pistes au moins restent ouvertes: l’approche lexicographique d’abord, puisque la proximité entre les listes poétiques et les glossaires, manières de langage, dictionnaires organisés par champs sémantiques, n’est qu’effleurée ici (270-71). D’autre part, on aura remarqué que les textes en prose n’ont même pas droit d’entrée dans cette analyse; on ne pourra certes pas reprocher à Madeleine Jeay de ne pas les avoir pris en compte dans un corpus déjà si vaste, mais la question se pose nécessairement: la «poétique de la liste» se décline-t-elle uniquement dans les textes en vers? En d’autres termes, quel est le rapport qui s’instaure entre le jeu des listes et la forme poétique, voire les contraintes de la versification? En contrepartie, quels sont sa part et son rôle - si part et rôle il y a - dans l’autre moitié de l’univers littéraire médiéval, celle qu’occupent les œuvres en prose? Maria Colombo Timelli ★ Élisabeth Gaucher (ed.), Le vrai et le faux au Moyen Âge. Actes du Colloque du Centre d’Études médiévales et dialectales de l’Université de Lille 3, Villeneuve d’Ascq (Université Charles-de-Gaulle - Lille 3) 2005, 368 p. (Bien dire et bien aprandre 23) Ce volume 23 consacré aux concepts médiévaux de «vrai» et de «faux» est dédié à Aimé Petit. L’homme médiéval ne prétend pas atteindre la vérité pleine et entière, qui est l’apanage de Dieu, et pourtant il la poursuit sans relâche. Au Moyen Âge, l’homme attribue à Satan la paternité de la fausseté et de la tromperie, et pourtant, lui-même ne cesse de fabriquer des faux et d’en légitimer l’usage. Ces concepts investissent tous les domaines du champ culturel, littérature, linguistique, discours scientifique et juridique, l’interdisciplinarité visant à affiner la définition d’une vérité qui, loin d’être monovalente, s’adapte aux contextes les plus variés. Chapitre I: Semblances et Senefiances romanesques. Christine Ferlampin-Acher, Celui qui croyait aux fées et celui qui n’y croyait pas: le merveilleux romanesque médiéval, du «croire» au «cuidier» (23-39). Le merveilleux romanesque pose le problème du vrai et du faux, et renouvelle cette opposition en thématisant son enracinement fictionnel sous la forme de deceptions, d’illusions et de bourdes, de mensonges, c’est-à-dire sous la forme à la fois d’êtres et de discours marqués par la fausseté. Le corpus étudié comprend Artus de Bretagne, Par- 319 Besprechungen - Comptes rendus tonopeu de Blois, le Lancelot en prose, Perceforest, Merlin de Robert de Boron, Escanor, Brun de la Montagne, Méliacin de Girart d’Amiens. Pour l’auteur, l’illusion merveilleuse et la fiction romanesque vont de pair. Etienne Gomez, Chacun sa vérité. Un nouvel examen de la Deuxième Continuation du «Conte du Graal» (41-54). On observe la même opposition à triple fond entre vrai et faux, vers et prose et bref et long. L’auteur dit clairement qu’on peut mettre dans le conte des choses qui ne se trouve pas dans l’estoire, ou qu’on peut croire à tort que le conte témoigne de toute l’estoire. Il impose à la vérité deux conditions originales; la première relève de la forme, la deuxième de la structure. Annaïg Queillé, Perceval le «nice», Amadan Mor, Peredur et Finn (55-78). Plusieurs chercheurs ont fait remarquer les liens étroits existant entre le Perceval de Chrétien de Troyes et les personnages de Finn et Amadan Mor pour la tradition irlandaise et écossaise et de Peredur pour la tradition galloise. A. Queillé conclut qu’à travers ces diverses formes de réécriture selon les valeurs de l’époque, le héros mythique est devenu un personnage héroïque romanesque, héros humanisé, improbable et problématique, emblématique des préoccupations morales et intellectuelles de l’époque. Jean-René Valette, Les «Hauts livres» du Graal et le problème de la vérité (79-99). Le problème de la vérité dans les Hauts livres du Graal pose, en réalité, celui de la vérité des Hauts livres du Graal eux-mêmes, de ces romans qui revendiquent la qualité de Hauts livres. La question fondamentale est celle de l’articulation qu’il convient d’établir entre une conception chrétienne qui règne sans partage au sein de la fiction, celle d’une vérité de la foi, et la foi qu’il convient d’accorder à ces textes. Chapitre II: Ambivalences tristaniennes. Jacques Chocheyras, De la tromperie à l’erreur, sémantique du «faux» au Moyen Âge (103-09). Scrupuleusement, l’auteur examine les trente-cinq occurrences de mots de la famille de «vrai» et vingt de celle de «mentir». Jean-Marc Pastré, Pour une éthique de la communication: le vrai et le faux dans les romans de «Tristan» (111-20). L’exposé retient essentiellement les épisodes du serment ambigu et du refrain chanté par Tristan à la cour de Petite Bretagne. Jacques Ribard, Le «Tristan de Béroul» ou l’impossible quête de vérité (121-27). L’auteur étudie en particulier les Folies Tristan et le lai du Chèvrefeuille de Marie de France; il met en exergue l’importance du thème du regard et de la parole. Chapitre III: Visions et voyages dans l’au-delà. Robert Baudry, Merlin: visionnaire ou faussaire? (131-41). La figure de Merlin est ambivalente; ces enchantements sont-ils bénéfices ou maléfices? L’auteur conclut que les textes doivent se comprendre par la mentalité de leur temps et non par celle du nôtre. Mattia Cavagna, La «Vision de Tondale» à la fin du Moyen Âge: vérité historique ou fiction littéraire? (143-58). Les visions médiévales de l’au-delà sont issues, plus ou moins directement, de la littérature apocalyptique qui se développe à partir du II e siècle avant Jésus-Christ. L’apocalypse attribuée à saint Paul est indiquée comme la principale source de la production médiévale. La question posée est la suivante: quelle est l’attitude du lecteur laïc de la fin du Moyen Âge vis-à-vis du récit de la Vision de Tondale? Est-il encore considéré comme le témoignage d’une expérience authentique, ou plutôt, comme une création, voire une fiction littéraire? Huguette Legros, Vérité testimoniale, vérité théologique et «vérité de l’art» dans quelques récits de voyage dans l’au-delà, deuxième moitié du XII e -début XIII e siècle (159-72). Des analyses effectuées, il ressort que le concept de «vérité» est polysémique. L’opposition vérité/ mensonge peut renvoyer soit à l’opposition littérature religieuse/ littérature profane ou encore édification/ fiction, soit à l’authenticité ou non de l’écrit au témoignage du voyageur. La vérité testimoniale, quant à elle, n’est, jusqu’au xii e siècle, remise en 320 Besprechungen - Comptes rendus cause que de manière rhétorique pour mieux accréditer la véracité du récit du visionnaire. Chapitre IV: Le «bel» mentir du genre épique. François Suard, La question de la vérité dans les chansons de geste (175-93). Le chanteur de geste, de par la dignité de son sujet, de par la relation immédiate qu’il entretient avec son public, semble ne pas devoir prouver la véracité de ses propos: il le fait pourtant, jusque dans les textes les plus anciens. Mensonge et vérité sont liés à la construction du sens de la chanson de geste; ils concourent aussi à la création du pathétique, dans la mesure où l’annonce véridique de l’avenir, soit par le songe, soit par la parole, est négligée ou rejetée par les protagonistes. Hélène Tétrel, Le brouillage des sources dans les adaptations norroises des chansons de geste (195-207). Traits stylistiques, influences étrangères dans l’organisation narrative, prologues, citations et autres garanties sont autant d’indices d’après lesquels on peut établir la nature des sources épiques françaises des sagas traduites. Chapitre V: Fictionnalisation de l’histoire. Philip E. Bennett, Jean le Bel, Froissart et la Comtesse de Salisbury: entre histoire et mythe chavaleresque (211-24). On a l’impression que pour Froissart, au moment où il rédige le Livre I des Chroniques, le mythe passe avant le vrai. Marie-Geneviève Grossel, Entre désinvolture et imposture? «Les Récits d’un Ménestrel de Reims» (225-37). Pour comprendre et goûter le Ménestrel de Reims comme le firent ses auditeurs puis ses lecteurs, il nous faut accepter de quitter nos idées préconçues. Nous devons lire ses Récits comme l’œuvre d’un conteur plein de verve et de fantaisie, qui visait à divertir tout en édifiant. Chapitre VI: Rhétorique et linguistique. Corinne Féron, Les modalisateurs «il est voir/ vrai, en vérité» et «à la vérité» en français médiéval (241-61). L’auteure s’intéresse à des expressions comprenant le nom vérité ou les adjectifs voir ou vrai, en se limitant à leurs emplois comme modalisateurs. L’étude porte sur des œuvres narratives en prose des XIII e , XIV e et XV e siècles qui figurent dans la Base du français médiéval. Danièle James-Raoul, La rhétorique entre vérité et mensonge: les leçons des arts poétiques des XII e et XIII e siècles (263-75). L’auteure souligne les spécificités de l’écriture fictionnelle aux XII e et XIII e siècles: le rapprochement tangentiel de la poésie avec la philosophie, la question de la vraisemblance qui tend à s’imposer en remplaçant celle du vrai, l’importance accordée à la figuration du discours poétique, vecteur de vérité ou de mensonge. Dominique Lagorgette, La vérité du nom: métadiscours sur le droit nom, métadiscours sur l’origine? (277-93). La dénomination médiévale, telle qu’elle est représentée dans les œuvres littéraires en ancien et moyen français, paraît poser de manière cruciale le problème du vrai et du faux pour l’ère culturelle envisagée, bercée qu’elle est par les principes judéo-chrétiens. C’est à travers le rapport au nom que l’individu prend sa place dans le groupe social, mais aussi plus généralement dans le monde. Il s’insère dans une histoire à la fois familiale, locale et sociale qui le précède, le suivra et surtout sera transmise, d’où l’importance pour lui de ne pas perdre son «droit nom». Ce sont surtout le Conte du Graal, le Bel Inconnu et la farce Jenin, fils de rien qui servent d’exemples. Fabienne Pomel, L’art du faux-semblant chez Jean de Meun ou «la langue doublée en diverses plicacions» (295-313). Le faux semblant repose sur la disjonction de l’apparence et de l’être, par opposition au vrai qui scelle leur concordance et coïncidence. Faux-Semblant, par delà le jeu de la falsification, invite le lecteur à chercher une vérité seconde, complexe, contradictoire. Il propose une leçon de méfiance envers les signes, qu’ils soient sociaux, amoureux ou langagiers et incarne une figure ambiguë, alliant ruse, transgression et plaisir du jeu. 321 Besprechungen - Comptes rendus Chapitre VII: L’autorité juridique et scientifique. Joëlle Ducos, Fantasmes et illusions: les apparitions aériennes (317-31). Le phantasme aérien, lié à l’apparence et à l’illusion, invite à l’interprétation sur sa forme, sa réalité et sa perception. Il n’est plus simple image, mais composante intrinsèque du monde naturel que l’on ne peut décrire autrement que par l’analogie ou la métaphore. Corinne Leveleux-Teixeira, Droit et vérité. Le point de vue de la doctrine médiévale (XII e -XV e s.) ou la vérité entre opinion et fiction (333-49). La vérité occupe une place paradoxale dans le discours juridique savant du Moyen Âge. D’un côté, il semble établi dès les premiers Glossateurs que le droit doit être interprété «selon la vérité» et qu’il peut être assimilé à une entreprise de vérité. À l’inverse, maints moyens n’ont-ils pas été mis en œuvre à seule fin de prévenir et réprimer l’altération, la dissimulation ou la falsification de ces mêmes actes, l’insincérité des témoignages produits ou la manipulation des indices et des preuves allégués au cours d’une procédure? Christine Silvi, Faire dire vrai dans le discours de vulgarisation scientifique en français (XII e -XV e siècles): l’argument d’autorité à l’épreuve de la méthode doxographique (351-68). Pour que sa parole devienne parole de véridiction, l’encyclopédiste a à sa disposition toutes sortes de stratégies discursives dont la plus fréquente est l’argument d’autorité. La méthode doxographique qui est à l’œuvre dans les textes scientifiques en langue vulgaire dénonce d’ailleurs les limites d’une telle conception. Marie-Claire Gérard-Zai ★ Sarah Baudelle-Michels, Les avatars d’une chanson de geste. De Renaut de Montauban aux Quatre Fils Aymon, Paris (Champion) 2006, 535 p. (Nouvelle Bibliothèque du Moyen Âge 76) On reconnaîtra à cette étude de Sarah Baudelle-Michels deux grands mérites au moins: celui de la clarté d’abord, clarté du plan, de l’exposé, de l’application méthodologique, et celui du courage, qualité indispensable pour approcher un corpus aussi vaste que celui des réécritures imprimées de Renaut de Montauban. Cet ensemble (dont sont exclus tant les livrets d’opéra que les bandes dessinées et les adaptations dérivées de la branche italienne) ne compte pas moins de 218 titres pour la tranche chronologique allant des premiers incunables à l’an 2000; et il est bien compréhensible que, pour mener à bien son travail, l’auteure ait dû réduire son inventaire, en retenant une vingtaine de titres étalés sur six siècles et représentatifs d’une triple réception: versions «traditionnelles», marquées par une sorte d’inertie éditoriale qui les rend très proches entre elles (imprimés anciens et Bibliothèque Bleue), versions «dérivées» (remaniements plus libres, produits à partir du XVIII e siècle) et versions théâtrales (du XVIII e au XX e siècle). On trouvera le recensement des titres - complet dans la mesure du possible - aux p. 13-31 de l’Introduction, le corpus de travail aux p. 49-51. Les pages introductives rendent aussi compte de l’approche critique adoptée: il s’agit de l’esthétique de la réception élaborée par Hans Robert Jauss, qui permet de s’interroger sur les raisons d’un succès éditorial aussi durable en tenant compte et des traits caractéristiques du texte de départ (qui n’est pas - il vaut sans doute mieux le rappeler - la geste en vers du XIII e siècle, mais une réécriture en prose déjà, la version «courte» transmise par le ms. Arsenal 3151) et des goûts des différents publics pour lesquels l’ancienne épopée a été adaptée au fur et à mesure. La première partie du livre («Cadres et structures») s’attache aux aspects formels, en mettant en relief continuités (pérennité du titre - Quatre fils Aymon - sous sa forme archaïque, traits constants dans les textes liminaires) et ruptures (morcellement du texte, re- 322 Besprechungen - Comptes rendus modelage stylistique, renouvellement linguistique). Le traitement du contenu fait l’objet de la deuxième section («La geste des rebelles»): S. B.-M. s’attache alors aux motifs portants de la geste: la faute originelle, véritable moteur de l’histoire (l’épisode de la querelle aux échecs est partout conservé), le personnage de Charlemagne (dont l’ambiguïté foncière et la furie originale sont l’objet de relectures diverses au fil des siècles), le thème de la révolte enfin, qui se révèle, au-delà des apparences, un thème ouvert, laissé en suspens et sans réponse définitive. Le titre de la troisième partie («Auxiliaires et décors») ne doit pas tromper; de fait, ni les personnages féminins (chapitre 7), ni Bayard (ch. 8), ni les Ardennes (ch. 9), pour être accessoires dans les textes médiévaux, ne jouent un rôle secondaire dans les réécritures des Quatre fils Aymon: si la matière féminine ne se trouve amplifiée que chez Castilhon (1787) contre tout le reste de la tradition, l’importance de Bayard ne cesse de s’accroître au fil des siècles, secondée par une iconographie qui lui fait la part belle; alors que les Ardennes, terre des aventures, changent de contours, se prêtant entre autres à une récupération régionaliste. Le choix de Renaut de Montauban, texte complexe, à la tradition richissime et enchevêtrée, est un choix courageux - nous l’avons déjà dit - et intelligent: au-delà de son intérêt et de ses qualités intrinsèques, la geste des Quatre fils Aymon constitue un cas privilégié pour s’interroger sur les causes d’un succès durable et toujours vivant (on rappellera la réécriture encore récente de François Suard, dans la collection Castor poche de Flammarion, en 2000). Ce sont la richesse du texte originel, dont les réécritures rendent lisibles des aspects figurant déjà, pour l’essentiel, dans le modèle, et surtout le thème qui singularise cette geste - la solidarité fraternelle et familiale - qui permettent d’expliquer la faveur dont Renaut de Montauban, inférieur à Roland en grandeur épique, et pour cela même plus humain, jouit encore de nous jours. La qualité du livre de S. B.-M. ne faisant pas de doute, je me permettrai deux petites remarques de détail et une observation d’ensemble. Ma première réflexion est d’ordre linguistique; l’interprétation proposée à la p. 149 pour un passage tiré de l’incunable de 1485 me paraît insoutenable: «elle regarde Regnault de rechief et le congneust bien a une playe quil auoit au visaige qui luy fut faicte au pourter quant il estoit petit enfant». Plutôt que de voir dans «au pourter» une locution «mystérieu[se]», et de l’interpréter comme «au porter des armes» (ibidem), je verrais dans la forme «au» la contraction «à + pronom personnel» (= à le porter). Deuxième remarque, d’ordre bibliographique: dommage que S. B.-M. n’ait pas tiré profit de l’article de K. Busby «Roman breton et chanson de geste au XVIII e siècle» (in: D. P. Schenck et al. (ed.), Echoes of the Epic. Studies in Honor of Gerard J. Brault, Birmingham, Alabama 1998: 17-48); cette étude lui aurait certainement rendu service pour mieux situer la «miniature» des Quatre Fils Aymon publiée dans la Bibliothèque Universelle des Romans en 1778. Une observation générale pour conclure. Il est vrai que S. B.-M. refuse d’emblée une approche philologique aux textes (elle le répète très honnêtement tant dans l’Introduction que dans sa Conclusion), mais il me semble dangereux de proposer des comparaisons ou d’avancer des rapprochements entre les différentes adaptations du texte sans tenir toujours compte de leurs sources respectives: ainsi par exemple pour l’extrait publié dans la Bibliothèque Universelle des Romans, fondé non pas sur les imprimés du XVI e siècle, ni sur les livrets de la Bibliothèque Bleue, mais sur la «version cyclique» transmise par les ms. Ars. 5072-5075; après avoir signalé très correctement cette source (43), S. B.-M. procède dans la plupart des cas à une comparaison directe du texte de la BUR avec les autres remaniements en négligeant cette différence capitale (voir par ex. p. 225, 241-42). Il aurait alors été souhaitable de présenter, non pas un véritable stemma au sens philologique du terme, mais au moins un schéma rendant plus immédiatement visibles les filiations et les groupements des textes. 323 Besprechungen - Comptes rendus En conclusion, ce livre, en dépassant le cas d’espèce, pourrait bien constituer un modèle pour l’étude d’autres textes dont la fortune - sans égaler celle des aventures des Aymonides - a connu une durée comparable: Valentin et Orson, Huon de Bordeaux pour l’épopée, Paris et Vienne, Pierre de Provence et la Belle Maguelonne pour le roman, devraient bien inspirer des recherches analogues. Maria Colombo Timelli ★ Denis Foulechat, Le Policratique de Jean de Salisbury (1372). Livre V. Édition critique et commentée des textes français et latin avec traduction moderne par Charles Bruckner, Genève (Droz) 2006, 907 p. (Publications romanes et françaises 242) Charles Bruckner a le grand mérite de mettre à disposition des chercheurs ce «Miroir des princes dans un miroir des princes», cas unique dans les littératures médiévales, française et latine à l’époque où le genre des miroirs des princes est devenu un moyen d’expression littéraire pour tous les auteurs qui, tout en rendant hommage à un prince protecteur ou mécène, cherchent à se rendre utile en prodiguant des conseils. Nous possédons avec cet ouvrage une édition critique commentée de ce miroir en moyen français, mais sans jamais quitter le «modèle» latin, puisqu’il s’agit de la traduction, par Denis Foulechat, du Livre V du Policraticus de Jean de Salisbury. Au point de présenter également l’édition commentée du texte latin correspondant qui se rapproche le plus du texte de Foulechat, c’est-à-dire le texte du manuscrit latin dont on peut raisonnablement penser qu’il présente de fortes similitudes avec celui en présence duquel se trouvait Foulechat au moment de son travail de translation. Il s’agit du manuscrit latin (Soissons, Bibliothèque municipale, ms. 24-26). Vu la difficulté du texte latin, et pour Foulechat, et pour le lecteur moderne, Charles Bruckner a jugé bon de donner du texte latin une traduction la plus proche possible de l’original, d’autant que le Policraticus n’a jamais été traduit en français moderne et d’autant que le Livre V, dont il s’agit ici, comporte des allusions à des notions et des ouvrages relativement techniques, notamment dans l’ordre du droit romain. Enfin, la matière même de ce Livre V, à savoir la conception politique de l’État par Jean, explique l’ampleur des commentaires qui accompagne ces deux éditions. C’est tout particulièrement la méthode de traduction appliquée par Foulechat et la mise en œuvre d’un vocabulaire spécifique, mais édifié sur un fond traditionnel, qui constituent un des intérêts du texte français. Au centre de l’édition commentée figure le texte latin, qui est le texte référent, puisque la pensée de Jean de Salisbury s’y exprime de manière authentique dans la langue de l’auteur, sans truchement quelconque, bien que le travail majeur d’édition porte avant tout sur le texte en moyen français, rédigé par Denis Foulechat. Les notes abondantes portent, d’une manière générale, aussi bien sur la forme que sur le fond, à l’exclusion des variantes du texte en moyen français qui sont reportées après la traduction du texte latin en français moderne. Les trois «textes» se succèdent. L’idéal eût été de mettre face à face le texte français de Foulechat et le texte latin de Jean de Salisbury et, au-dessous du texte latin, la traduction en langue moderne. Mais en raison des multiples notes une telle présentation n’était pas réalisable. Le Livre V du Policratique, ce miroir des princes prescrit par Jean de Salisbury, présente l’originalité d’intégrer ce que le Moyen Âge considérait comme le miroir des princes de Plutarque, l’Institutio Trajani, qui, indépendamment du problème épineux de la paternité et de l’origine du texte, partage l’esprit des traités politiques et moraux de Plutarque. Ce Livre développe les principes fondamentaux de gouvernement. C’est ainsi que pour la première fois les idées de Plutarque, quelle que soit la forme de transmission, entrent dans le domaine culturel du monde occidental, sous la forme latine d’abord du Policraticus en 1159, sous 324 Besprechungen - Comptes rendus la forme française ensuite en 1372. La première traduction latine d’un traité grec de Plutarque remonte à 1373; la première translation française du même traité par Nicolas de Gonesse apparaît vers 1400. Traduit par Denis Foulechat, le Policratique fait son entrée à la cour de Charles V. Les références à la situation politique, morale et juridique du XII e siècle dans l’empire Plantagenêt, mais aussi aux auteurs antiques et médiévaux faisant autorité en la matière définissent le Livre V comme l’axe même de l’œuvre. Ces aspects ont sollicité l’attention d’un contemporain de Denis Foulechat, Nicolas Oresme, dans la mesure où l’essentiel des critiques formulées par Jean sur le fonctionnement de la justice continuaient de s’appliquer aux institutions contemporaines de Charles V. Jean de Salisbury se propose de commenter la pensée des Anciens, mais dans une perspective humaniste: donner, sinon des règles, du moins des conseils d’ordre moral à l’homme qui s’occupe des affaires publiques; objectif où le moral rejoint le politique. Ce Livre V, placé au milieu de l’ensemble de l’œuvre, Miroir des princes dans un Miroir des princes, constitue un point de convergences de toutes les leçons d’ordre moral et politique que Jean de Salisbury tient à donner à son ami Thomas Becket, mais aussi, de toute évidence, au religieux plongé dans le monde politique et les affaires de son temps. Pour la première fois, les problèmes politiques sont examinés sous l’angle du droit canonique et du droit romain. Nombreuses, en effet, sont les citations et les références relevant du Corpus juris civilis et du Corpus juris canonci. Mais allusions et citations juridiques ne signifient dans l’esprit de l’auteur ni polémique fondée sur la technicité juridique ni exposé théorique d’une idéologie éthique et politique quelconque. Selon Charles Bruckner, «son grand art réside dans un heureux équilibre entre technique oratoire et technique politique et juridique» (25). La culture personnelle et les convictions philosophiques et théologiques de Jean de Salisbury sont étroitement liées à l’enseignement dispensé à l’école de Chartres. Le prologue du Livre V place l’objectif du débat très haut, à savoir la quête de la vérité, qui est inséparable de la liberté. Les maîtres mots sont veritas et libertas, qui, à eux seuls, constituent tout un programme idéologique. Ce sont là également deux piliers qui ont soutenu la lutte politique contre les empiètements du pouvoir royal d’Henri II sur les libertés et les privilèges de l’Église d’Angleterre. Mais l’originalité de ce livre réside dans l’analyse que fait Jean de Salisbury du problème général, à savoir la différence entre prince et tyran. Dans l’Introduction (17-262) de Charles Bruckner, celui-ci consacre quelques pages (68-92) à l’analyse commentée du Livre V, du prologue aux chapitres i à xvii. Les citations et les allusions, ainsi que les énoncés proverbiaux et sentencieux, représentent un témoignage de l’alliance, si caractéristique de la culture de l’homme du XII e siècle, de la morale, de la religion et de la politique, l’Antiquité et le monde biblique étant, à chaque instant, convoqués pour garantir l’authenticité et la crédibilité des argumentations de l’écrivain. Même si Jean de Salisbury disposait de florilèges et de concordances, on ne peut lui dénier une habilité remarquable dans la manière d’étayer son raisonnement par citations et allusions. Dans ce commentaire des auteurs les plus fréquemment présents, nous trouvons Horace, en particulier, les Épîtres et les Satires de Juvénal; les Strategemmata de Frontin jouent un rôle essentiel dans la rhétorique et la dialectique de Jean. Tout aussi important quantitativement et qualitativement, l’ensemble des textes bibliques auxquels l’auteur latin fait référence. L’Ancien Testament constitue la charpente même de la thématique. En effet, les Miroirs carolingiens combinent habilement l’idéologie chrétienne, notamment celle qui est transmise par les Pères de l’Église, et les idées proprement médiévales relatives à l’Église et à ses rapports au pouvoir temporel. Le personnage de Moïse, dans le chapitre 6 du Livre V du Policraticus, forme un axe thématique autour duquel se développe l’idée de «prince du peuple» ordonné par Dieu lui-même. C’est le Livre de Job qui compte le plus grand nombre de citations et d’allusions et ensuite l’Ecclésiastique. Le texte du Nouveau 325 Besprechungen - Comptes rendus Testament le mieux représenté est celui des Épîtres de saint Paul. Dans les textes juridiques, le Codex Justinianus et les Digesta sont fréquemment cités. La parution du Policratique en 1372 se situe au milieu du règne de Charles V, qui commence en 1364 et finit en 1380. Elle coïncide avec la période des victoires françaises dans la Guerre de Cent ans. La date de 1364 est celle de la victoire de Cocherel, c’est aussi le moment où se manifeste la personnalité de Bertrand du Guesclin. Vers 1370, Charles V reprend le Rouergue, le Limousin, la Saintonge, la Normandie et le Poitou. L’année 1372, année d’achèvement du Policratique, «fut une année décisive, après laquelle le triomphe définitif de la politique royale ne fit plus de doute» (120). C’est tout particulièrement la culture qui a largement bénéficié de la paix apportée par Charles V, mais encore plus de l’intérêt de ce roi pour les lettres et les arts. À propos de l’édition des textes, l’auteur justifie, dans le chapitre ii, le choix du manuscrit latin S (Soissons, Bibliothèque municipale 24 [26], fol. 113a-147d) qui remonte aux environs de 1170-80, par rapport aux manuscrits H (Charleville-Mézières, Bibliothèque municipale 151), P (Montpellier, Faculté de Médecine 60) et celui de Paris, Bibliothèque Nationale lat. 6418, du XIV e siècle (157-66). Quant à la traduction du texte latin en français moderne, Charles Bruckner confesse avoir suivi le texte latin le plus fidèlement possible, sacrifiant quelquefois l’élégance à l’exactitude. Pour le texte de Denis Foulechat, nous sommes face à trois manuscrits: N, «manuscrit de base», Paris, Bibliothèque Nationale fr. 24287, vraisemblablement le manuscrit de la dédicace à Charles V, datant de 1372; A, Arsenal 2692, qui ne comporte que les six premiers livres, datant du début du XV e siècle; G, Paris, Bibliothèque de Sainte-Geneviève 1144-45, en deux volumes de la fin du XV e siècle. Le chapitre iii est consacré à la syntaxe du texte de Denis Foulechat: structure de la phrase, ordre des mots, types de subordination, négation, syntagme nominal, les déterminants cil et cist, syntagme verbal, prépositions. Le texte de Denis Foulechat se caractérise essentiellement par une langue fortement conservatrice en ce sens que de nombreux traits de syntaxe, relativement peu fréquents en ancien français, sont maintenus et, quelquefois, amplifiés. En revanche, le traducteur a pleinement mis en œuvre des constructions, qui ne sont pas forcément latinisantes, dont seules les premières tentatives se sont manifestées avant lui. Fait plus important: il a su résister, tant au plan de la syntaxe qu’au plan du vocabulaire, à la tentation du calque latinisant dans une partie du Policratique où les argumentations techniques, juridiques notamment, sont bien plus nombreuses qu’ailleurs, ce en quoi on est en droit de reconnaître en lui, un des premiers, sinon le premier des traducteurs au sens moderne du terme (214). Le chapitre iv analyse la méthode de traduction de Denis Foulechat. L’organisation textuelle, dans ce qu’elle a de plus formelle, reste dans l’ensemble relativement autonome et indépendante du texte latin. Cette liberté que s’octroie Denis Foulechat lui permet de ne pas être l’esclave des mots de liaison du texte latin. Le souci de l’explication va jusqu’à conduire le traducteur médiéval à des additions dépassant le simple groupe de mots. Il n’est pas rare de voir ajoutée toute une proposition, notamment complétive, qui ne connaît aucun équivalent dans la phrase latine correspondante. On peut à juste titre se demander si l’on est en présence d’un commentaire ou d’une traduction au sens moderne du terme, même si, pour un esprit du XIV e siècle, la différence entre ces deux concepts ne se pose pas encore de la même façon que pour nous-mêmes. Redoublements, redondances sont souvent appliqués par Denis Foulechat. Le souci d’apporter plus de clarté dans le texte qu’il traduit l’amène nécessairement à remanier certaines phrases. En conclusion, les transpositions et les remaniements opérés par Denis Foulechat respectent les idées de Jean de Salisbury tout en leur donnant une coloration originale, et somme toute, remarque l’éditeur, le travail de traducteur Foulechat réussit à implanter la pensée de Jean dans une phrase authentique- 326 Besprechungen - Comptes rendus ment française (225). Un premier outil ou procédé dans la transformation syntaxique qui intervient dans la démarche de traduction est la suppression des subordonnées et leur remplacement par des propositions indépendantes. Les participes apposés sont presque systématiquement remplacés par des verbes à mode personnel. Si les transformations syntaxiques se font dans les structures profondes, le travail du traducteur concernant le lexique est plus immédiatement perceptible. Il suit quatre procédés: l’addition, la suppression, la modification par remplacement et la synonymie des binômes. Le chapitre v (245-62) offre une ample bibliographie, suit le texte du Livre V du Policratique de Denis Foulechat, accompagné de la traduction en français moderne et du texte latin (263-727). Dans un appendice (729-31), l’auteur établit les éléments biographiques concernant Jean de Salisbury: les années d’études et de formation, le contact avec l’administration épiscopale et papale, l’exil et sa carrière comme évêque de Chartres. Les variantes du texte du Policratique de Denis Foulechat occupent les pages 733-53, les «proverbes et énoncés proverbiaux ou sentencieux» du texte en moyen français sont répertoriés aux pages 755-64, suivi du «répertoire des citations et des allusions» (765-73). L’ouvrage est complété par un index des noms propres (775-83) et du précieux glossaire du texte du Policratique de Foulechat (785-898). Ce glossaire vise à la fois de fournir le plus de renseignements possible sur l’interprétation et la compréhension des vocables d’un texte de traduction, qui, dans l’ensemble, suit fidèlement l’original latin, mais aussi sur la phraséologie du moyen français. Dans de nombreux cas, les références sont accompagnées de contextes significatifs. L’auteur s’est efforcé de tendre vers la complétude sur deux points: d’abord, ne pas omettre de vocable qui, par sa datation, soit significatif, en ce sens qu’il ne serait pas attesté avant 1372; ensuite, enregistrer non seulement les sens nouveaux, n’existant pas avant 1372, mais encore les nuances contextuelles qui semblent nouvellement mises en œuvre dans notre texte. Même pour des vocables qui ne posent pas vraiment de problèmes de compréhension, mais qui, du point de vue lexicologique, voire sémiotique, sont remarquables, il a tenu à présenter un nombre d’occurrences respectables, si bien que ce glossaire approche, par sa structure et son contenu, du lexique. C’est désormais un instrument indispensable pour les linguistes et philologues qui étudient la langue philosophique et juridique du xiv e siècle. Marie-Claire Gérard-Zai ★ Anja Overbeck, Literarische Skripta in Ostfrankreich. Edition und sprachliche Analyse einer französischen Handschrift des Reiseberichts von Marco Polo (Stockholm, Kungliga Biblioteket, Cod. Holm. M 304), Trier (Kliomedia) 2003, 546 p. (Trierer Historische Forschungen 51) Im Jahre 1999 hatten Günter Holtus und Anja Overbeck (damals Körner) die Zielsetzung der Arbeit klar umrissen: «Um eine solide Grundlage für jegliche sprachliche Untersuchung bieten zu können, muss der Text möglichst eng am Original transkribiert werden. Wurde in den Editionen der Vergangenheit bei der Abschrift häufig in vielen Bereichen mehr oder weniger zugunsten einer angeblich besseren Lesbarkeit modifizierend eingegriffen, so ist doch in den letzten Jahren immer deutlicher geworden, dass Textanalyse und -vergleich unnötig erschwert werden, wenn etwa Abbreviaturen in der Transkription nicht gekennzeichnet werden, wenn eine Nummerierung oder eine Benennung der Kapitel nachträglich eingefügt wurde oder wenn Versionen unkommentiert vermischt wurden. Daher soll sich die geplante Edition bewusst an ein wissenschaftliches Publikum wenden, das weniger an der bequemen Lektüre als vielmehr an einer Basis für weiteres sprachliches Arbeiten mit den 327 Besprechungen - Comptes rendus zahlreichen Versionen des Reiseberichts und der Erforschung mittelalterlicher Skriptae interessiert ist» 1 . Um es vorwegzunehmen: Frau Overbeck ist dieser Vorgabe streng gefolgt und die Qualität der von ihr geleisteten Arbeit ist hoch. Die Fachwelt ist ihr zu Dank verpflichtet, dass sie ein wichtiges Textzeugnis für die Geschichte der Marco-Polo-Forschung publiziert hat. Die Arbeit ist in drei Teile gegliedert: 1. Die Stockholmer Marco-Polo-Handschrift im Kontext von Provenienz, Genealogie und Edition (15-125), 2. Sprachliche Analyse der Stockholmer Handschrift (127-241), 3. Die Edition der Stockholmer Handschrift (243-421). Im ersten Teil beschreibt Frau Overbeck die Entstehungsgeschichte des Textes, die Handschriften und ihre Verteilung auf Familien. Ferner liefert sie eine präzise Analyse der Stockholmer Handschrift nach kodikologischen und paläographischen Kriterien 2 . Bezüglich der Marginalien kann sie fünf Hände identifizieren, die mindestens bis in den Anfang des 16. Jahrhunderts reichen. Interessant, aber diskutabel sind die Ausführungen zur Editionsgeschichte und zur Bewertung bestehender Marco-Polo-Ausgaben (66-125). Hier wird die sogenannte New Philology, die sich, so Frau Overbeck, um eine dem Mittelalter gerecht werdende Erfassung und Wiedergabe der überlieferten Texte bemüht, die aber in der Editionstheorie der Romanistik keinen echten Rückhalt gefunden hatte, in ein positives Licht gerückt mit dem Argument, dass ihr die Wiederbelebung der eingeschlafenen Diskussion zwischen den Disziplinen geglückt sei. Die traditionelle Editionsmethode (für die unter anderem die Namen von Meyer und Roques stehen) wird als unkritische Methode bezeichnet, die «sich noch in Editionen der 1990er Jahre wieder[findet], ohne dass sie nennenswert überdacht worden wäre, was sicherlich zum Teil auf die mangelnde Teilnahme am interdisziplinären Diskurs zu diesem Thema zurückzuführen ist» (70). Diesen und anderen Editionen läge «das verschwommene Konzept der ‹Lesbarkeit›» (71) zugrunde. In ihrer Edition bemüht sich Frau Overbeck hingegen um den «Grundsatz der möglichst authentischen Wiedergabe aller in der Handschrift enthaltenen Details sprachlicher und außersprachlicher Natur» (113). Abgelehnt wird «eine vom Herausgeber künstlich herbeigeführte ‹Vereinheitlichung› oder ‹Vereinfachung› des Textes, [die] somit automatisch eine Enthistorisierung nach sich [zieht]» (114). In der Umsetzung bedeutet dies, dass zur Imitation der Handschrift auf die herkömmliche Trennung von i/ j, u/ v verzichtet, die Trennung von s/ und jede Untergliederung der Handschrift (z. B. mittels punctus elevatus) beibehalten wurde. Als zusätzliche Elemente werden ein Kapitälchen-m (für das im Kodex vorkommende unziale m) und ein í (für i mit Strich) eingeführt 3 . Die offensichtlichen Fehler im Text bleiben 328 Besprechungen - Comptes rendus 1 MélSuard p. 429-30. Alle hier verwendeten Sigel sind die des DEAF; sie sind frei und kostenlos konsultierbar unter www.deaf-page.de. 2 Kleinere Korrekturen: B 1 : Royal 19 D 1 l. Royal 19 D. I; S. 25: Zur Familie F: «die franko-italienischen Handschriften» steht im Widerspruch zu N33: «Da zu dieser Gruppe (= F) eigentlich nur eine Handschrift gehört»; Londoner l. Londoner; die Datierung der Stockholmer Handschrift ist nicht erhellend: p. 36: «um 1350»; «spätestens in der Mitte des 14. Jahrhunderts»; Ménard, der hier zitiert wird: 1. Hälfte 14. Jahrhundert; p. 52: «Archetyp der Gruppe C frühestens 1352»; p. 53: «Man kann also mit großer Wahrscheinlichkeit davon ausgehen, dass die hier untersuchte Handschrift eigens für die Bibliothek Karls V. angefertigt wurde und dass sie somit spätestens 1373, vermutlich aber bereits in den 1350er bis 1360er Jahren oder früher fertiggestellt wurde»; in ihrer Besprechung zu Band 3 von MPolGregM datiert Frau Overbeck ihre Hs. «vermutlich aus den Jahren um 1350» (ZRPh. 122, 2006, 137n); der DEAF datiert «mil. 14 e s.». 3 Nicht immer ist die Imitation oberstes Ziel: «Auch die in der Handschrift auftretenden Diakritika werden zunächst mit in die Edition aufgenommen, da erschöpfende Untersuchungen zu diesem Thema noch nicht vorliegen. Im einzelnen handelt es sich hier um das punktierte y, das ohne Ausnahme mit einem übergeschriebenen Punkt auftritt (y · ) und daher als einfaches y in die Textwiedergabe eingeht» (p. 120). Im Übrigen wird auch darauf verzichtet, Schaft-r und Ligatur-r zu scheiden. erhalten und erfahren nur ein «sic» in einer Fußnote. Ebenfalls wurde an der scheinbaren Zusammen- oder Auseinanderschreibung der Wörter in der Handschrift festgehalten. Auf das Ergebnis dieser Druckmethode kommen wir noch zu sprechen. Sprachliche Analyse der Stockholmer Handschrift (127-241): Dieser Teil der Arbeit, vom Umfang gesehen der kleinste der drei Teile, liefert den Haupttitel des Werkes: Literarische Skripta in Ostfrankreich. Frau Overbeck erstellt hier eine «intensive, statistisch untermauerte Analyse einiger besonders interessant erscheinender Skriptamerkmale der Stockholmer Handschrift». Auch wenn sie zu Recht betont, dass hierdurch noch keine Grammatik des Ostaltfranzösischen geschrieben sei, so stellt man mit Dankbarkeit fest, dass nun zumindest ein großes Puzzlestück für eine eben solche Grammatik besteht 4 . Das Ergebnis dieser Untersuchung ist, «dass die Skripta neben vielen anderen Facetten zahlreiche lothringische Züge trägt». Nicht klar ist dem Rezensenten hingegen, welchen Anteil die von Frau Overbeck gewählte Druckmethode bei der Erarbeitung der Ergebnisse hatte. In seinen Augen wäre diese sprachliche Analyse auch auf einer mit traditionellen Editionstechniken erstellten Grundlage zu leisten gewesen. Die Edition der Stockholmer Handschrift (243-421): Die Edition der Handschrift mit dem Ziel der möglichst authentischen Wiedergabe, der Imitation des Textes, ist der - zumindest quantitativ - wichtigste Teil der Arbeit. Die Qualität der Abschrift ist von großer Güte. Bei der Kollation der ersten Kapitel zeigten sich nur wenige Fehler und Fragen: 1 díu(er) ɾ es ms. kein Strich auf ı; 3 quí ms. quı; 35 plus en avant ms. plus avant; 71 auuec, was ist da zu verstehen: auvec oder avuec? ; 145 chrestiente ms. crestıente; 168 ih(erusale)m ms. ıhrl’m (id. 113, in Fn. genannt); 198 la venue ms. la venu; 204 les preuíleges ms. toz les preuíleges; 216 en contre ms. eher encontre (ebenso 270 la moit ms. lamoıt; nicht nur an diesen Stellen zeigt sich, wie subjektiv die Entscheidung darüber ist, ob eine Worttrennung vorliegt oder nicht); 229 de epulchre ms. dou epulchre; 302 Et en dementiers ms. Et endementıers; 325 chrestiente ms. crestıente; 375 cest ms. cest’. Um einen ersten Eindruck von diesem imitativen Druck zu vermitteln, seien hier einige wenige Zeilen wiedergegeben: Ciz p(re)míer∫chapitre∫ e∫t coment li duí frere ∫e pertírent ·[26] [J]l fu uoir∫ que au ten∫ que bauduíns e∫toit emparere∫ de [27] co∫tantenoble · Ce fu lan de líncarnacion ih(e∫)ucri∫t · m · CC · [28] · l · anz · mon∫(eignour) nícholaus pol quí e∫toit peres mon∫(eignour) mart · | [29] (et) mon∫(eignour) mace frere au dit mon∫(eignour) nícholas e∫toient en la cite de co∫[30]tantínoble alez de ueníse auec lor m(er)cheandises · (et) e∫toie(n)t m(ou)t [31] pourueant ∫anz faille . . . Jeder, der sich mit mittelalterlichen Handschriften beschäftigt hat, erkennt, dass ein solches Kunstprodukt nichts mit dem Original zu tun hat. Von einer möglichst authentischen Wiedergabe kann keine Rede sein. Wir nehmen gedruckte (und auch geschriebene) Sprache «typographisch» wahr; deshalb ist es sinnlos, mit typographischen Mitteln die Schreibpraxis der handschriftlichen Zeugen fingieren zu wollen 5 . Alle, die sich mit mittelalterlicher Schriftkultur (wie etwa Kodikologen, Paläographen, Philologen) beschäftigen, sind besser bedient mit einer Faksimile-Abbildung der Handschrift, der synoptisch eine auf Lesbarkeit 329 Besprechungen - Comptes rendus 4 Fast zeitgleich erschien die Edition des altfranzösischen Albucasis-Textes aus der Werkstatt von David Trotter (ChirAlbT), die ebenfalls eine ausführliche Skriptaanalyse präsentiert; cf. auch VMortHélD. 5 Cf. auch Gerhard Schmitz’s Besprechung zu den Conseils pour l’édition des textes médiévaux, vol. 1, ed. Guyotjeannin/ Vielliard, Paris 2001: «Mit Recht können die beiden Autoren der ‹édition imitative›, die mit unzureichenden Mitteln die jeweilige Vorlage möglichst genau nachzuahmen versucht, nichts abgewinnen. Edieren heißt immer auch schon: interpretieren, und sei es bloß durch die Interpunktion! », DA 57.2: 624. ausgerichtete Edition zur Seite gestellt ist (bei Frau Overbeck scheint allerdings der Begriff der Lesbarkeit negativ konnotiert). Darüber hinaus sollte man bedenken, dass die Editionsphilologie zwischen der Literaturwissenschaft und der Sprachwissenschaft steht. Wenn sie sich auf einen hermetischen Sonderweg einlässt, so wird sie - auch durch die Aufgabe des Prinzips der Lesbarkeit - Gefahr laufen, diese Funktion zu verlieren, zum Schaden aller. Ob die imitative Edition von der Marco-Polo-Forschung rezipiert wird, wird außerdem abzuwarten sein. Die Arbeit wird abgeschlossen von einem Glossar (das dann nicht mehr Glossar, sondern Formeninventar heißt) (423-89), einem «Anthroponymregister» (491-501), einem «Toponymregister» (502-21), der Bibliographie (523-39) und 6 Abbildungen des Kodex (541-46). Hierzu noch kurze Anmerkungen. (423): «Auch im Glossar [i. e. Formeninventar] werden stets alle Okkurenzen zu einem Lemma bzw. Phänomen aufgelistet, so dass ein quantitativstatistischer Zugang auch hier ermöglicht wird»; dieser Aussage widerspricht das Fehlen von arbre ‘Schiffsmast’ 326: Bedeutungserstbeleg (6 weitere Belege für ‘Baum’ sind hingegen verzeichnet); die Reihenfolge der Belege für arbre unter arbre sec ist gewöhnungsbedürftig; ebenso unter arceue que; etc. (offenbar muss man den Kontext in die alphabetische Reihenfolge einbeziehen); (424): «Als Lemma fungiert stets diejenige unter den aufgelisteten Formen, die am wenigsten auffällig erscheint . . . » (sic); argente und argentíne sind sicher keine Formen von argentieres ‘Silbermine; mine d’argent’ (die Formen müssen in die französische Lexikographie integriert werden); ebenso sind harbargaiges und habergeries keine Form von harberges ‘Unterkunft, Herberge; logis, auberge’; ordeneement findet sich unter ordene und als eigener Eintrag mit gleichem Verweis; etc.; das System, Ableitungen unter das Simplex zu räumen («am wenigsten auffällig»? ) ist unsinnig; anstelle von Definitionen werden Übersetzungsangebote auf Deutsch und Französisch gegeben; die Übersetzung ‘Gesetz; loi’ für no( t)re loi maho(n)met, ~ crestiene ist falsch, cf. TL 5,585 ‘Religion, Glaube’; ‘Norden; nord’ für le toile tramontane ebenso; richtig wäre ‘Polarstern’; etc.; die Erklärungen im Toponymregister sind zum Teil ahistorisch: z. B. Abasie ‘Abessinien, heute Äthiopien’; Baudac ‘Bagdad’; Hauptstadt [wovon? ] am Tigris (Irak) [Tigris alleine wäre klarer als Irak]; Calatu ‘heute Ruinen von Qualhat im Golf von Oman . . .’ (sic); Caracoron ‘Karakorum, mongol. Har Horin; heute Ruinen südwestl. von Ulaan Baatar’; etc. Im Prinzip müssen alle, die sich mit Marco Polo beschäftigen, Frau Overbeck dankbar sein für die geleistete Arbeit. Auch wenn eine text- und wortsemantische Analyse noch aussteht, ist nun ein weiteres Zeugnis der Textgeschichte fassbarer geworden. Ob ihre Editionsmethode in Zukunft weitere Verwendung finden wird, ist allerdings fraglich. Stephen Dörr ★ Élyse Dupras, Diables et saints: rôle des diables dans les mystères hagiographiques français, Genève (Droz) 2006, 464 p. (Publications Romanes et Françaises 243) L’auteure canadienne de cet ouvrage a travaillé sous la direction de plusieurs spécialistes internationaux du théâtre médiéval, Giuseppe Di Stefano, Graham A. Runnalls, Alan E. Knight et Bruno Roy. Les innombrables diables qui parcourent les mystères hagiographiques ont le pouvoir de séduire leurs proies, certes, mais également leur public et même les praticiens de la scène médiévale. Élyse Dupras pose l’importance du rôle des diables et le caractère paradoxal de ces personnages. Victimes d’une conception du théâtre héritée du classicisme, qui supportait mal l’intrusion d’éléments perçus comme comiques ou grotesques dans les pièces nécessairement sérieuses du théâtre religieux, les diables étaient vus 330 Besprechungen - Comptes rendus comme «un accident, non un élément intégrant du poème». L’étude retient un échantillonnage de vingt-quatre mystères, auxquels s’ajoutent deux miracles. La période couverte s’étend d’environ 1350 à 1541, ce qui correspond à l’époque où ce théâtre semble avoir connu sa plus grande vogue. Les mystères choisis relatent la vie d’un saint ou d’une sainte, soit martyr, soit confesseur. L’un des principaux critères déterminants est bien sûr la présence d’un ou de plusieurs diables dans la pièce visée. Il s’agit des textes suivants: Le Mystère de saint Christophe, édité par G. A. Runnalls, en 1973. Le Mystère de saint Sébastien, édité par L. R. Mills, en 1965. Le Martyr de saint Pere et saint Pol, édité par G. A. Runnalls, en 1976. Le Mystère de saint Crépin et saint Crépinien, édité par E. Lalou, en 1980. Le Mistère de saint Adrien, édité par E. Picot, en 1895. Les Fragments du Mystère auvergnat de sainte Agathe, édités par G. A. Runnalls, en 1994. La Vie et mystere de saint Andry, connu par l’imprimé de Pierre Sergent (Paris, B. N. Rés.Yf 121), il aurait été joué en 1458. La Vie et passion de Monseigneur sainct Didier, de Guillaume Flamang, édité par J. Carmandet, en 1855. Le Mystère des trois Doms, du Chanoine Pra et de Claude Chevalet, représenté en 1509, édité par P. E. Giraud et U. Chevalier, en 1887. L’Ystoire et la vie de saint Genis, de Jean Oudin, éditée par W. Mostert, en 1895. Le Mystère de saint Clément, édité par Ch. Abel, en 1861. Le Mistère de saint Quentin, de Jean Molinet, édité par H. Châtelain, en 1909. Le Mystère de saint Laurent, édité par W. Söderhjelm, en 1891. Le Mystère de sainte Barbe en deux journées, édité par P. Seefeldt, en 1908 et ensuite par M. Longtin, en 1996. Le Mystère de saint Bernard de Menthon, édité par Lecoy de la Marche, en 1888. Le Mystère de l’Assomption de la Vierge, connu par un imprimé du XV e siècle, (Paris, B. N. Rés. Yf 2908). Le Mystère du roy Advenir, de Jehan du Prier, édité par A. Meiller, en 1970. Le Jeu de saint Loÿs, édité par D. Smith, en 1987. La Pacience de Job, édité par A. Meiller, en 1971. Le Mystère de saint Martin, d’Andrieu de la Vigne, édité par A. Duplat, en 1979. Le Mystère de saint Rémi, édité par J. Koopmans, en 1997. Le Mistere de l’Institucion de l’Ordre des Freres Prescheurs, édité par S. de Reyff, G. Bedouelle et M.-C. Gérard-Zai, en 1997. Le Mystère de l’Apocalypse de Jehan Zebedee, de Louis Choquet, connu par un imprimé de 1541 (Paris, B. N. Rés. Yf 22). Le Mystère du Jour du Jugement, édité par J.-P. Perrot et J.-J. Nonot, en 2000. Le Mistère dune Jeune fille laquelle se voulut habandonner a péché, édité par M. et L. Locey, en 1976. Le Miracle de saint Nicolas et d’un Juif, édité par O. Jodogne, en 1982. Les personnages de diables jouent un rôle essentiel dans le renforcement de la cohésion du groupe social et religieux. Leur comique indéniable a longtemps fait oublier la mission essentielle qu’ils jouent dans la fiction dramatique. Indispensable faire-valoir des saints dont ces mystères chantent les louanges, souffre-douleur des anges, images du mal, de l’adversité et de l’altérité, les diables se trouvent être des moteurs de l’action théâtrale. Les diableries font partie des rituels d’exclusion qui visent l’autre représenté par les diables. Les spectateurs communient dans leur opposition aux diables, au Mal et à la menace qu’ils incarnent, dans leur rejet de cette damnation éternelle qui représente l’exclusion du paradis, laquelle signale par métonymie l’exclusion de tout univers se désignant lui-même comme positif. L’unanimité en ressort plus forte (28). La première partie de l’ouvrage, intitulée «Les diables, leurs masques» (35-110) porte sur l’extériorité de ces personnages et répond à la question «Que sont-ils? ». Les personnages 331 Besprechungen - Comptes rendus de théâtre possèdent un aspect physique et évoluent dans un lieu. Ce que l’on sait du costume des diables et de leur gestuelle contribue à la construction du physique de ces personnages. Le rôle des décors et des costumes est essentiel à la perception des spectateurs, la part du vu par rapport au dit étant considérable. D’autre part, les personnages de théâtre, êtres de parole, se caractérisent par leur langage: certains éléments propres au langage des diables sont étudiés par l’auteur. Dans les mystères, les diableries comportent des éléments plaisants qui viennent capter, sinon renouveler, l’attention des spectateurs. Les procédés du langage diabolique, outre leur fonction de distanciation, sont utilisés à cette fin: cris de rage, jargon apparemment incompréhensible, latin macaronique, doubles sens, injures, ainsi qu’une gestuelle propre aux diables et à leurs pareils: mouvements grotesques, gestes grossiers, coups, manipulations d’instruments de torture. La deuxième partie, intitulée «Les diables, acteurs du monde » (111-317) répond à la question «Que font-ils? » par le biais d’une nomenclature commentée des activités des diables. Ces actions des diables, qu’il faut distinguer de la gestuelle, sont celles évoquées par les dialogues: elles situent leurs acteurs dans un univers d’opposition maléfique, qui se rapproche beaucoup, dans les mystères, de celui des récits hagiographiques. Les diables contribuent largement au dynamisme de l’action des mystères, et l’antagonisme qui les caractérise prend plusieurs formes. Tantôt serviteurs de Dieu malgré eux, tantôt victimes des personnages relevant de l’univers bénéfique, ces personnages sont des perdants. Même quand ils parviennent à faire le mal, ils n’en tirent aucun avantage. Ils exercent malgré tout une certaine influence par le biais des modes de diabolisation, mais au bout du compte le bien finit toujours par vaincre. La troisième et dernière partie (319-432), intitulée «Les diables, sujet du discours», répond à la question «Que disent-ils? ». Elle analyse le rapport que le discours des diables entretient avec la vérité et étudie leur pratique du discours de séduction dans les mystères et les deux miracles figurant au corpus. Le syntagme «discours diabolique» désigne ici tout discours tenu par un diable. Aussi le discours tenu par des humains, y compris les humains diabolisés et maléfiques, échappe-t-il à cette catégorie. En conclusion (433-40), masques, actions, paroles fournissent donc les trois angles de vue à partir desquels Élyse Dupras pose un regard sur les personnages des diables dans les mystères hagiographiques français. Fortement ancrés dans la réalité locale des villes où ils étaient produits, les mystères hagiographiques ont joué un rôle dans la construction et la transmission de l’idéologie dominante. L’étude des personnages diaboliques permet de saisir une part des attentes du public médiéval et une part de la réponse que les instances de production (fatiste, régisseur, acteurs) apportent à ces attentes. L’idéologie dominante s’y révèle à la fois bourgeoise, c’est-à-dire de plus en plus citadine et préoccupée par l’accumulation et la préservation d’un patrimoine, et surtout chrétienne. Les diables, quant à eux, apparaissent comme exclus de la communauté qui partage cette idéologie. Le théâtre relaie la prédication mais, lui-même distraction et mondanité, il donne un espace à cela même que son discours condamne (433). D’une certaine manière, ce paradoxe est aussi celui du personnage diabolique et participe des fonctions différentes et parfois apparemment contradictoires, de récréation et d’édification, du théâtre religieux. L’ouvrage est complété par une abondante bibligraphie (441-56) incluant les sites internet. Marie-Claire Gérard-Zai ★ 332 Besprechungen - Comptes rendus Hubert Bessat/ Claudette Germi, Les noms du patrimoine alpin. Atlas toponymique II; Savoie, Vallée d’Aoste, Dauphiné, Provence, Grenoble (ELLUG) 2004, 464 p. Der vorliegende toponomastische Atlas steht in der Tradition der früheren Arbeiten von Hubert Bessat und Claudette Germi, insbesondere von Lieux en mémoire de l’alpe (1993) 1 und Les noms du paysage alpin (2001) 2 . Seinen Grundstock bildet die Doktorarbeit von H. Bessat unter der Leitung von Michel Contini am Centre de dialectologie de l’Université de Grenoble. Der Atlas gliedert sich in eine Einleitung (5-10), die toponomastische Studie (11-345), welche zehn Unterkapitel umfasst, 93 dialektale und toponomastische Karten (347-441) und eine Schlussfolgerung (443-48). Eine ausführliche Bibliographie und 16 kommentierte und mit Namen versehene Farbfotos in der Mitte des Buches runden ihn ab. In der Einleitung (5-10) geht das Autorenpaar Bessat/ Germi auf seine Arbeitsweise und die Gründe für die Entstehung des zweiten Bandes des Atlas toponymique ein. Ziel ist es, den ersten Band, der die Themengebiete der alpinen Landschaft umfasste, um die der menschlichen Nutzung der Lebensraumes Alpen zu erweitern. Dabei stehen wieder die Zuordnung von Toponymen und dazugehörigen Dialektausdrücken zu ausgewählten Themengebieten sowie die Lokalisierung von onomastischem und dialektalem Material mittels Karten im Vordergrund. Reflexionen zur aktuellen und geschichtlichen Verbreitung von Name und Dialekt sowie die Etymologisierung der Patois-Ausdrücke sollen die Studie abrunden. In den Darlegungen ihrer Vorgehensweise beweisen die Autoren erneut, dass sie sich der Bedeutung von Benennungsgeschichte und oraler Tradition bewusst sind. Ein Name ist für sie nicht allein eine schriftliche Aufzeichnung in Kataster oder Karte, die einen Ort identifiziert, sondern das Zeugnis einer bewussten Benennung von Menschen, auf deren Geschichten und lokale Sprachformen es zu hören gilt. Feldstudien sowie die Auswertung von Wörterbüchern 3 und Monographien zu Dialekt und Geschichte sind für Bessat/ Germi daher fixer Bestandteil ihrer Studien. Während die Vorgehensweise durchwegs positiv zu bewerten ist, muss an ihrer Darstellung Kritik geübt werden: Die genaue Vorgehensweise vom Beginn der Recherche bis zu den Resultaten der vorliegenden Arbeit wird dem Leser nur durch Zurückgreifen auf Lieux en mémoire de l’alpe (1993) und Les noms du paysage alpin (2001) verständlich 4 . Dieser Umstand mag zu verzeihen sein, da es sich bei dem vorliegenden Werk um eine Ergänzung der Arbeit von 2001 handelt, und der interessierte Leser wohl immer auch die Vorgängerwerke konsultieren wird. Dennoch ist er bei einem Buch, das prinzipiell als Monographie vertrieben wird, problematisch. Der Hauptteil der Arbeit, die toponomastische Studie, unterteilt sich, wie oben bereits erwähnt, in zehn Unterkapitel. Jedes dieser Kapitel behandelt die Namen eines Themengebiets, wobei jede Namengruppe wiederum einen eigenen Abschnitt erhält. Die Themengebiete, nach der Benennungsmotivik gruppiert, lauten: 1. La forêt, les arbres et la faune sauvage des Alpes (13-50), 2. L’exploitation forestière et les défrichements (51-70), 3. La mise en valeur du sol: friche, jachère et assolements (71-112), 4. Le statut des terres ara- 333 Besprechungen - Comptes rendus 1 H. Bessat/ C. Germi, Lieux en mémoire de l’alpe. Toponymie des alpages en Savoie et Vallée d’Aoste, Grenoble 1993. 2 H. Bessat/ C. Germi, Les noms du paysage alpin. Atlas toponymique I; Savoie, Vallée d’Aoste, Dauphiné, Provence, Grenoble 2001. 3 Wie zum Beispiel A. Duraffour, Glossaire des patois francoprovençaux, Paris 1969. Dieses Wörterbuch gilt als überaus verlässliche Quelle für heute nicht mehr gebräuchliche Dialektausdrücke der behandelten Region. 4 Zu erklären ist diese Tatsache daraus, dass die vorliegende Arbeit eine gewisse Synthese aus neueren und teils lange zurückliegenden Forschungen ist, die auch Basis zu den Vorgängerbüchern waren. bles et les cultures (113-146), 5. Les animaux domestiques et l’espace pastoral (147-78), 6. L’habitat permanent et temporaire (179-220), 7. L’activité artisanale et industrielle (221-36), 8. Les édifices publics et religieux (237-56), 9. Les voies de communication (257-76) und 10. Les toponymes de limites territoriales (277-345). Den einzelnen Kapiteln sowie den Unterabschnitten zu den einzelnen Namengruppen gehen jeweils einleitende historische Fakten voraus, die das Themengebiet, respektive die Namen beziehungsweise die ihnen zu Grunde liegenden Dialektausdrücke, in einen größeren, außersprachlichen Kontext setzen. Bessat/ Germi verfolgen hierbei ein Ziel, dass sie in ihrer Schlussfolgerung (443-48) noch genauer formulieren: «une collaboration plus étroite entre les chercheurs des divers domaines» (447). Denn nur durch eine gewisse Öffnung hin zu außersprachlichen Argumentationshilfen könne die Namenkunde sprachliche Phänomene korrekt interpretieren. Gleichzeitig können ihre Ergebnisse aber auch für die anderen Disziplinen, wie Geschichte, Archäologie und Ethnographie fruchtbar sein. Eine Erkenntnis, mit der das Autorenpaar nicht allein dasteht und die der Toponomastik sicher gut tut. Nach diesen kurzen Einleitungen folgen die Abschnitte zu den Namen einem fixen Schema: Diskussion der dialektalen Karte, Diskussion der toponomastischen Karte, Ausblick auf die dialektale und toponomastische Verbreitung und schließlich Etymologisierung der Namengruppe. Die Diskussionen der Karten und die daraus gezogenen Schlüsse auf Verbreitung und Etymologie weisen jene Objektivität und Zurückhaltung auf, die man bereits aus den anderen Büchern des Autorenpaars kennt. Die gefundenen Belege von Toponymen und Dialektausdrücken werden aufgelistet und geographisch zugeordnet. Schlüsse über die geschichtliche Verbreitung von Namen und Dialektausdrücken werden nur dann gezogen, wenn sie ausreichend belegt werden können. Nicht eindeutig belegte Vermutungen sowie nicht gesicherte Etymologien werden stets mit der nötigen Zurückhaltung formuliert. Als Beispiel möge hier folgender Satz dienen: «Les attestations toponymiques et dialectales . . . de rafour . . . participent-elles d’une diffusion du mot depuis un foyer qui pourrait être Lyon ou ne sont-elles pas plutôt les reliques d’une vaste aire lexicale conservatrice . . .? » (236). Bei der Etymologisierung der Namen und Dialektausdrücke stützen sich die Autoren ferner auf renommierte etymologische Werke wie das FEW 5 , das GPSR 6 oder Praeromanica 7 . Das Fehlen der von Keltologen heute teils geforderten Distanz zu Hubschmids Deutungen kann den Romanisten Bessat/ Germi nicht angelastet werden 8 . Zudem ist die Etymologisierung der Dialektausdrücke nur eine kleine Beigabe zur eigentlichen Arbeit der Studie, der Zuordnung von Toponym und Dialektausdruck sowie deren Lokalisierung. Die Karten, die sich von Seite 348 bis Seite 441 erstrecken, sind von hoher Qualität. Sie beinhalten eine Auswahl der in den jeweiligen Kapiteln behandelten Toponyme und Dialektausdrücke und sind so weder überladen noch unübersichtlich. Sie überzeugen durch klare Zeichen und eine einfache Legende. Während die französischen Departements in einer Karte zusammengefasst wurden, behielt das Aostatal zwölf eigene Karten, was einen sehr detaillierten Einblick in die Namengebung und Dialektsituation dieses Landstrichs ermöglicht. Ihre Übersichtlichkeit verdanken die Karten sicher nicht zuletzt dem Faktum, dass sie auf dem digitalen Kataster der Region basieren. Hier liegt aber auch ein kleines Problem der Karten. Der nicht ortskundige Leser kann nur mit Hilfe einer zweiten Karte der Region die verzeichneten Fundorte der Toponyme und Dialektausdrücke einordnen, 334 Besprechungen - Comptes rendus 5 W. v. Wartburg, Französisches etymologisches Wörterbuch (FEW), Bonn/ Basel 1928-2002. 6 L. Gauchat et al., Glossaire des patois de la Suisse romande (GPSR), Neuchâtel/ Paris 1924-. 7 J. Hubschmid, Praeromanica, Bern 1949. 8 Dennoch wäre zum Beispiel die Herleitung von arolle aus kelt. *arawo (37) aus heutiger keltologischer Sicht zu überdenken. da ihm die Gemeindegrenzen, die als einziger Indikator auf den Karten des Buches verzeichnet sind, meist nur wenig helfen. Den Karten folgt die Konklusion des Buches (443-48), die in knappen Worten Sinn und Zweck der Arbeit zusammenfasst und eingesteht, dass die vorliegenden Forschungen keinesfalls als vollständig zu verstehen sind. Wichtigstes Ergebnis der Studie sind neben der erfolgreichen Zuordnung von Toponymen und Dialektausdrücken sowie deren Lokalisierung «de nombreux exemples [qui] sont venus illustrer les contributions que la toponymie alpine apporte aux connaissances linguistiques, géographiques, historiques et ethnographiques» (444), also ein Beitrag zur interdisziplinären Forschung 9 . Dass eine fruchtbare Zusammenarbeit mit anderen Forschungsdisziplinen allerdings nicht einseitig, sondern reziprok verlaufen sollte, wurde bereits weiter oben erwähnt. Der Atlas schließt mit einer ausführlichen Bibliographie, die nicht nur linguistische Werke zu Onomastik und Dialektologie enthält, sondern auch Monographien aus Geschichte und Ethnologie. Das Autorenpaar berücksichtigt ferner auch Arbeiten regionaler und lokaler Natur. Zusammenfassend lässt sich sagen, dass Les noms du patrimoine alpin ein überaus gelungener Beitrag zur alpinen Namenforschung ist. Er zeigt eindrücklich die Namenvielfalt und ihre Motivik in den Alpen. Ferner verdeutlicht er, wie auch seine Vorgängerwerke, wie viele alpine Toponyme in den aktuellen und historischen lokalen Sprachformen verankert werden können und daher keiner vagen, vorrömischen Wurzeln als Etyma bedürfen. Diese Erkenntnis wurde leider lange Zeit von den Namenforschern ignoriert 10 , und es ist nicht zuletzt Bessat/ Germi zu verdanken, dass nun ein Umdenken bei der Interpretation der Toponyme der Region stattfindet. Weiters hat sich das Autorenpaar, obwohl es über jahrzehntelange Erfahrung in Recherche und Auswertung von Toponymen und Dialektstudien im frankoprovenzalischen Gebiet und seinen Nachbarregionen verfügt, die bescheidene Ehrlichkeit bewahrt, einzugestehen, wenn eine Frage nicht lösbar ist oder allfällige Antworten nur Vermutungen sein können. Diese Eigenschaft macht ihr Buch umso wertvoller, weil es dem Leser das berechtigte Gefühl gibt, sich auf die Ergebnisse, die sich darin befinden, verlassen zu können. Zu kritisieren gibt es eigentlich nur einige formale Aspekte. Neben den bereits erläuterten Problemen mit Einleitung und Karten stellt sich die Frage, ob das erste Kapitel La forêt, les arbres et la faune sauvage des Alpes (13-50) nicht besser in den ersten Band des Atlas Les noms du paysage alpin (2001) gepasst hätte. Ähnlich wie das letzte Kapitel dieses Buches Toponymie et aires culturelles alpines (2001: 191-206) wohl eher in den hier rezensierten zweiten Band gehört hätte. Ferner wäre ein Index der behandelten Namen mit Verweisen auf die dazugehörigen Dialektausdrücke, wie er von Bessat/ Germi (443) angekündigt wird, wünschenswert gewesen. Wird dieser in naher Zukunft nachgereicht, sei auch dieser Kritikpunkt vergessen. Kathrin Schneitberger ★ 335 Besprechungen - Comptes rendus 9 Beispielsweise die Stützung von archäologischen Funden zur Siedlungsgeschichte durch bestimmte Toponyme, wie Raffour, Grange, Chazal (447). 10 Obwohl bereits A. Kübler in seinem kleinen Büchlein Berg- und Flurnamen der Gemeinde Chamonix: Ein Beitrag zur Kenntnis des Francoprovenzalischen, Münnerstadt 1901 erste Ansätze zur Herleitung der Namen von Chamonix aus dem lokalen Patois zeigte. Nikolaus Schpak-Dolt, Einführung in die französische Morphologie. 2, neu bearbeitete Auflage, Tübingen (Niemeyer) 2006, 156 p. Ziel dieser Einführung ist es, eine am Strukturalismus amerikanischer Prägung orientierte Zusammenstellung der Inhalte zu bieten, die, wie es im Vorwort heißt, «ein Romanist unbedingt beherrschen sollte». Den Veränderungen im Vergleich zur Erstauflage, z. B. der Umgliederung (die Flexion wird in der zweiten Auflage vor der Wortbildung behandelt), der stellenweisen Straffung, sprachlichen Vereinfachung und Wahl treffenderer Beispiele liegen z. T. didaktisch-methodische Überlegungen zugrunde, v. a. der Wunsch nach mehr Klarheit, Verständlichkeit und didaktischer Progression. Darüber hinaus sind ebenso begrüßenswerte und gelungene Erweiterungen der Darstellungen zur Morphophonemik (1.8) und Komposition (5) und das neu hinzu gekommene Kapitel zur Parasynthese (4) zu erwähnen. Das Buch gliedert sich in drei Hauptteile: I «Grundlagen der strukturellen Morphologie» (3-39), II «Flexion» (41-77) und III «Wortbildung» (79-142) mit jeweils sechs bis sieben Aufgaben zu jedem Hauptteil (39, 77, 142) und zwei Beispielen für morphlogische Zerlegungsansätze im Anhang (143-47). Der erste Teil widmet sich der Definition und Abgrenzung der Basisbegriffe und führt auf progressive und auch für Anfänger sehr verständliche und übersichtliche Weise die sprachwissenschaftlichen Termini wie Formenlehre, Wortbildungslehre, sprachliche Form, Morph, Morphem, Distributionsanalyse, Allomorph, Basisallomorph, freie, phonologisch und morphologisch bedingte Alternation, grammatisches und lexikalisches Wort ein. Der zweite Abschnitt des ersten Teils geht zum einen auf die verschiedenen Verwendungsweisen des Terminus «Wort» und die terminologische Unterscheidung zwischen dem lexikalischen und dem grammatischen Wort ein; zum anderen werden hier verschiedene Morphemtypen (unter Berücksichtigung des Problems der Abgrenzung zwischen «frei» und «gebunden» in der gesprochenen und geschriebenen Sprache) und Typen von Affixen vorgestellt. Das Hauptanliegen des dritten und letzten Abschnitts ist es, die hierarchische Struktur der Morphemverkettungen und die Prinzipien der Zerlegung in unmittelbare und mittelbare Konstituenten an Beispielen zu verdeutlichen. Im zweiten Teil wird nach einer Klärung der Begriffe «Flexionsschema» und «Paradigma» auf grammatische Kategorien eingegangen, die, um Mehrdeutigkeiten zu vermeiden, in Anlehnung an Hockett in generische und spezifische (z. B. Sg./ Pl.) Kategorien (z. B. generisch: Numerus, spezifisch: Sg./ Pl.) unterteilt werden. Im Anschluss daran wird gezeigt, durch welche Kategorien Substantive, Adjektive und Verben des Französischen gekennzeichnet sind und wie diese Kategorien im code graphique und im code phonique ausgedrückt werden. Besonders ausführlich wird auf die verbale Flexion eingegangen: Im 4. Abschnitt werden die grammatischen Kategorien finiter und infiniter Verbformen, die Prinzipien der Verbklassifikation und die Zerlegungsmöglichkeiten verschiedener verbaler Formen dargelegt und das herkömmliche Konzept der Regelmäßigkeit revidiert, indem die Differenzierung zwischen regelmäßiger und unregelmäßiger Tempusbildung als Alternativvorschlag zur traditionellen Unterscheidung zwischen regelmäßigen und unregelmäßigen Verben formuliert wird. Im dritten, der Wortbildung gewidmeten Teil der Einführung werden zunächst Derivation, Komposition und Wortkürzung als Hauptverfahren der Wortbildung definiert, auch hier nicht ohne Hinweis auf andere Klassifizierungssansätze (z. B. Konversion als eigenes Wortbildungsverfahren, semantisch begründete Klassifikation). Die Grundbegriffe «Simplex», «Derivat» und «Kompositum» werden ausgehend von Beispielen der Konstituentenanalyse erläutert. Darüber hinaus geht der Verf. auf mehrere interessante Fragen der Wortbildung ein: auf das Problem der Bestimmung der Derivationsbasis, die fließenden 336 Besprechungen - Comptes rendus Übergänge zwischen «motiviert» und «demotiviert», die Frage der formalen Zerlegbarkeit bei nicht mehr eindeutig erkennbaren Morphemgrenzen und die Stellung der Derivata und Komposita aus diachronischer Perspektive. Im Anschluss an diesen einführenden Abschnitt wendet sich der Verf. der Suffigierung (III. 2), Präfigierung (III. 3), Parasynthese (III. 4) und Kompositon (III. 5) zu. Nach einem Überblick über phonologisch und morphologisch bedingte Alternationen bei Derivationsbasen und Suffixen, über volkstümliche und gelehrte Ableitung und über Nullsuffigierung wird im Abschnitt «Suffigierung» eine Auswahl von Derivationssuffixen gegeben, die nach Wortart klassifiziert (Substantivderivation mit Unterklassen: deverbale, deadjektivische, denominale Ableitungen; Adjektiv-, Adverb- und Verbderivation mit jeweiligen Unterklassen) und mit zahlreichen Beispielen und Kommentaren zu Funktionen, Varianten, Ursprung (gelehrt/ volkstümlich) und Produktivität der einzelnen Suffixe und zu den Bildungsvoraussetzungen und -regularitäten versehen werden. Der Abschnitt «Präfigierung» beschäfigt sich vordergründig mit den Besonderheiten der Präfigierung gegenüber der Suffigierung (z. B. Kombinierbarkeit der französischen Suffixe und Präfixe mit unterschiedlichen Wortarten, formale Veränderungen der Derivationsbasis bei der Suffigierung und Präfigierung) und der Frage der Abgrenzung gegenüber der Komposition, deren Komplexität durch die Darlegung der verschiedenen sprachwissenschaftlichen Standpunkte und durch die Tatsache, dass der Verf. seine ursprüngliche Ansicht revidiert, bestens veranschaulicht wird: Anders als in der ersten Auflage, in der die analysierten Ableitungsbeispiele mit sur, sous, entre und contre als Komposita interpretiert wurden, bezeichnet der Verf. sur, sous, entre und contre hier als zu Präpositionen homonyme Präfixe und die abgeleiteten Verben dementsprechend als Derivate. Auch dieser Abschnitt endet mit einer kommentierten Auswahl der französischen Präfixe. Im Abschnitt «Parasynthese» erörtert der Verf. das in der Literatur als Bedingung für die Zuordnung eines Derivats zu den Parasynthetika betrachtete Kriterium der gleichzeitigen Anfügung eines Suffixes und eines Präfixes und überprüft anschließend die Annahme parasynthetischer Bildungen bei Substantiven, Adjektiven und Verben. Als Fazit hält er fest, dass die Parasynthese nur bei der Derivation von Verben eine bedeutende Rolle spielt, und gibt einen kurzen Überblick über die an der Parasynthese beteiligten Präfixe und die Konjugationsklassen, denen aus Substantiven, Adjektiven und Verben gebildete verbale Parasynthetika tendenziell angehören. Der fünfte und letzte Abschnitt des III. Teils definiert zunächst das Verfahren der Komposition, analysiert anhand einer Reihe von Beispielen die Frage der Abgrenzung gegenüber der syntaktischen Fügung und untersucht die Komposita hinsichtlich der Relationen zwischen Gesamtwort und Kompositionsgliedern (endozentrisch vs. exozentrisch, determinativ vs. kopulativ). Der Abschnitt endet mit einer kleinen Auswahl von volkstümlichen und gelehrten Bildungen. Bereits bei der Lektüre der ersten Seiten fällt auf, dass der Verf. eine besonders klare und verständliche Darstellung anstrebt: die Definitionen der für die Studienanfänger erfahrungsgemäß abstrakten und schwierigen Inhalte werden an zahlreichen Beispielen illustriert (z. B. Abschnitt 1.3. «Morph und Bedeutung», p. 7s.: Hier verdeutlicht der Verf. die Inhalte zweier Definitionen des Morphs anhand der Gegenüberstellung der Segmentierungsmöglichkeiten, die sich aus den unterschiedlichen Definitionen des Morphs ergeben). Bei den Ausführungen wird durchgängig der Unterschied zwischen der gesprochenen und geschriebenen Sprache beachtet. Um die Übersichtlichkeit der Ausführungen nicht mit komplexen oder besonders umstrittenen Zerlegungsmöglichkeiten zu belasten, werden einige Analyseansätze aus den jeweiligen Kapiteln ausgegliedert: So wird im Anhang ausführlich auf die Möglichkeiten der morphologischen Analyse am Beispiel des Futurs, des Passé Simple und der gelehrten Ableitungen eingegangen. 337 Besprechungen - Comptes rendus Für den Einsatz dieses Buchs in sprachwissenschaftlichen Seminaren und Einführungen spricht auch die konsequente Berücksichtigung terminologischer und definitorischer Divergenzen in der Literatur (vgl. z. B. die Anmerkungen zu «Morphem» und «Monem» auf p. 9, zu «Lexem», «lexikalisches Wort» und «lexikalisches Morphem» auf p. 24, zu den Definitionen von «frei» und «gebunden» auf p. 26). Wünschenswert für die nächste Auflage wären mehr Aufgaben - etwa am Ende jedes der insgesamt zwölf großen Abschnitte -, und mehr Beispiele aus anderen, insbesondere romanischen Sprachen (oder z. B. Verweise auf die Einführung in die Morphologie des Spanischen von Schpak-Dolt), die zu einem vertieften Verständnis der dargestellten Formen und Funktionen und zu einem erweiterten, umfassenden Blick auf viele dargestellte Phänomene (z. B. Allomorphie, Suppletion, Alternation zwischen volkstümlichen und gelehrten Ableitungsformen) führen würden. Dadurch könnte dieses didaktisch-methodisch durchdachte und empfehlenswerte Buch noch mehr zur Herausbildung des sprachanalytischen Vermögens der Studienanfänger beitragen. Goranka Rocco ★ Marianne Kilani-Schoch/ Wolfgang U. Dressler, Morphologie naturelle et flexion du verbe français, Tübingen (Narr) 2005, 243 p. (Tübinger Beiträge zur Linguistik 488) Die hier zu besprechende Arbeit verknüpft eine Revision der Natürlichkeitstheorie (cf. Kap. I, 17-116) mit deren Anwendung auf die französische Verbalmorphologie (mit dem Schwerpunkt der synchronen Betrachtung, Kap. II, 117-229). Die dem ersten Hauptkapitel vorausgehende Einführung (13-16) betont die Notwendigkeit, psycholinguistische Erkenntnisse in die Entwicklung der Theorie einzubinden, und gibt gleichzeitig einen kurzen Abriss über die Geschichte der Natürlichkeitstheorie. Die auch schon in früheren Arbeiten betonte Dreigliederung in eine universal, eine typologisch und eine einzelsprachlich bezogene Natürlichkeitstheorie ist auch in dieser Fassung dominant - der Begriff der Natürlichkeit wird durch denjenigen der Präferenz z. T. ersetzt (mit Natürlichkeit als primär die einzelsprachliche Ebene betreffend). Der Band schließt mit einer Zusammenfassung (217- 19), einer ausführlichen Bibliographie (221-38) und einem Index (239-43). Aufgrund der nur indirekten Beziehung zwischen kognitiver Basis und (einzel-)sprachlichem Phänomen lässt sich die Struktur des morphologischen Zeichens als über das Konzept der Markiertheit motiviert betrachten. Eine Präzisierung und Gewichtung des Konzepts wird durch die Einbindung unterschiedlicher - weitgehend kognitiv fundierter - Parameter erzielt, die zum größeren Teil bereits in früheren Fassungen der Theorie diskutiert wurden (hier benannt als Prinzipien a) des konstruktionellen Ikonismus, b) der Uniformität und c) der Transparenz (wiederum auf demjenigen der Uniformität basierend), sowie einzelsprachlich bezogen d) der Systemangemessenheit), die hier allerdings ergänzt bzw. genauer, v. a. hinsichtlich der Interdependenzen unterschiedlicher Parameter beleuchtet werden. Für die hier formulierte Theorie werden sieben - weitgehend aus vorherigen Fassungen der Natürlichkeitstheorie bekannte - Parameter formuliert und diskutiert, von denen universelle Präferenzen abgeleitet werden. Die jeweilige Basis ist angelegt in kognitiven Mechanismen der Perzeption und des Gedächtnisses, der neuronalen Organisation der Informationsvermittlung. Die gestaltpsychologischen Größen Figur und Grund etwa werden aufgrund der ihnen inhärenten Kontrastierungsmöglichkeit für die Differenzierung zwischen Basis und Affix als erster Parameter herangezogen (allerdings auf die Länge der jeweiligen Morphe bezogen). In diesem Kontext wird die Interaktion mit dem Ikonizitätsparameter betont - bei 338 Besprechungen - Comptes rendus Ausblendung desselben ließe sich keine Präferenz für eine bestimmte Abfolge oder die Bestimmung einer langen Basis als Figur und eines kurzen Affixes als Grund vorhersagen; klarer zu fassen scheint die im weiteren propagierte perzeptive Prominenz im Rahmen der Salienz zu sein. Für die morphologische Betrachtung sind offensichtlich eher semantische, nicht so sehr morphologische Fragestellungen (mit Ausnahme der Morphemlänge) ausschlaggebend - daraus ergeben sich wiederum zwangsläufig Schwierigkeiten im Fall der Flexion in den Bereichen der Stammallomorphie und der Suppletion, für die eine Hierarchisierung angenommen wird. Bei Einnehmen einer rein grammatischen Perspektive wird offensichtlich, dass das grammatische Morph als Figur und die lexikalische Basis als Grund fungiert - die unterschiedliche Perspektivierung basiert auf einem Kippeffekt und beruht damit ausschließlich auf der sprecherabhängigen Fokussierung von stärker lexikalischen oder grammatischen Morphemen. Der zweite wesentliche Parameter ist derjenige der Ikonizität mit einer Differenzierung in drei Grade (cf. v. a. konstruktionelle Ikonizität/ Diagrammatizität); die Metapher - der Terminus nimmt hier Bezug auf eine Ähnlichkeitsbeziehung in der Übertragung der Konzeptauf die Ausdrucksseite und ist aufgrund der semantischen Determination ungünstig - ist für grammatische Morphe weniger relevant. Übergangsformen (hier bezeichnet als metaphorische Diagrammatizität) werden ebenfalls angenommen, woraus eine kontinuale Strukturierung erkennbar wird, deren Nutzbarmachung auch für die diachrone Entwicklung von Interesse ist (leider wird die diachrone Perspektive bis auf Einzelfälle ausgeblendet). Flexionsmorphologisch interessant ist die Differenzierung in syntagmatische (Fusionsgrad) und paradigmatische (Alternanz) Diagrammatizität. Als Beispiel wird eine so basierte Differenzierung zwischen schwachen und starken Verben angeführt, die gleichzeitig die Frage nach der Beurteilung der Stammallomorphie auslöst; cf. hierzu auch die syntagmatisch bezogene Wertung der starken Verben im Allgemeinen und der Suppletion als Verfahren im Besonderen: «La suppléance des mots à signification essentiellement grammaticale est la manifestation de la tendance générale à l’expression combinée ou cumulative plutôt que séparée des catégories grammaticales dans les langues flexionnelles» (53); auf der Basis des Vergleichs der suppletiven und der regulären Paradigmen wird die paradigmatische Diagrammatizität sichtbar: «Dans le verbe supplétif sein ‘être’ (sens lexical essentiellement grammatical), la similarité sémantique est moins forte à l’intérieur du paradigme qu’elle ne l’est à l’intérieur du paradigme du verbe régulier lernen (sens lexical spécifique). Ce contraste est reflété par des degrés différentes de similarité formelle dans les deux paradigmes: moindre dans le verbe supplétif, forte dans le verbe régulier» (53). Einerseits wird hier auf die Semantik des Verbs an sich abgehoben - und hier wäre auch die Möglichkeit der Vollverbverwendung einzelner Verben (z. B. avoir, aller) zu berücksichtigen - andererseits auf die innerparadigmatische Semantik: Die angesprochene Ausdifferenzierung bzw. die mehr oder weniger stark ausgeprägte Bedeutungsähnlichkeit wird allerdings nicht weiter erläutert und bleibt damit unklar. Problematisch bleibt in diesem Kontext wiederum die diachrone Perspektive, da eine Grammatikalisierungstendenz einzelner Verben ausgehend vom (V)Lat. in die Fragestellung einzubinden wäre. Als weiterer Parameter wird die Indexikalität angeführt, die auf die bereits angesprochene Salienz und leichtere Perzipierbarkeit verweist. Verf. zufolge lasse sich die Morphologie durchgehend als indexikalisch erfassen, wobei deren Gewinn vornehmlich auf typologischer oder universaler, weniger dagegen auf einzelsprachlicher Ebene angesiedelt sein dürfte. Der Parameter der Transparenz zeigt häufig Interaktionen mit anderen, wobei im Falle morphotaktischer (gegenüber morphosemantischer) Transparenz Konvergenzen mit Diagrammatizität auftreten. Zudem besteht eine Interdependenz zwischen Ikonizität und 339 Besprechungen - Comptes rendus Transparenz; Ikonizität setzt ein gewisses Maß an Transparenz voraus und bleibt bestimmend für die Salienz sprachlicher Strukturen. Die morphosemantische Transparenz ist dabei wesentlich für die innere morphologische Struktur (opake Einheiten sind so als monomorphematisch interpretierbar); im Rahmen der morphotaktischen Transparenz gestaltet sich die Morphemanalyse als schwieriger, da jedwede Modifikation der Basis auch zu einer Veränderung des Signatum führt. Die morphosemantische Änderung wird also parallel durch eine solche auf morphotaktischer Ebene angezeigt. Die Alteration der Basis widerspricht aber dem Anstieg der Transparenz. Als maximal opak erweist sich die Suppletion, deren Irregularität auf morphotaktischer Ebene angesiedelt ist, d. h. die Formen lassen sich nicht über Regelformulierung ermitteln. Die hier erfolgende Differenzierung in statische und dynamische Morphologie wird bedauerlicherweise erst an späterer Stelle eingeführt, wodurch sich die Differenzierung von Allomorphie und Suppletion, wie sie hier vertreten wird, erst nachträglich erschließt. Andererseits bedeutet Regularität von Paradigmen nicht zwangsläufig Transparenz, vielmehr kann sich die Regularität auch auf weniger dominante Regeln gründen, wie z. B. die Apophonie in engl. drink, drank, drunk mit allerdings opaken Ergebnissen (diachron dürften sich die Regeln und Paradigmen als produktiver und durchsichtiger erweisen). Die abschließende Charakterisierung der Suppletivformen: «Les formes supplétives ne permettent pas une description en règles parce qu’elles sont trop dissemblables au niveau morphotactique» (72) führt auf eine klare Differenzierung von Suppletion (cf. in früheren Arbeiten die Begründung einer Suppletionsdomäne) und Allomorphie hin, die sich aber nicht zuletzt in der historischen Entwicklung besser als Punkte auf einem Kontinuum fassen lassen. Und auch Verf. selbst revidieren diese Äußerung zumindest auf den Grad der Suppletion hin (cf. Zahl der modifizierten Segmente, relative Transparenz,Anzahl Lexeme; interessant ist hier der Hinweis auf die Rekurrenz einer Alternanz, was die Erschließung einer Allomorphie-Regel möglich macht, wodurch aber die Abgrenzung von Allomorphie und Suppletion neuerlich sichtbar wird). Auf der Ebene der statischen Morphologie formulieren Verf., dass «toute alternance est une suppléance» (73) - wenn allerdings eine Regelhaftigkeit erkennbar sei, ergebe sich eine Zuordnung zur Allomorphie und damit zur dynamischen Morphologie. Interessant sind diese Hinweise auf die Behandlung der Suppletion v. a. mit Blick auf die Kontroverse zwischen den Vertretern der Natürlichkeit und denjenigen der sprachlichen Ökonomie. Im Rahmen der Natürlichkeitstheorie sei die Suppletion in ihrem spezifischen Bereich (der bereits benannten Suppletionsdomäne) funktional und das Suppletionsprinzip das stärkste Natürlichkeitsprinzip, das einen Abbau nicht systemangemessener suppletiver Paradigmen verhindere. Im Falle token-frequenter Formen seien Idiosynkrasien möglich, ein Anschluss an stabile Flexionsklassen (im Sinne der Systemangemessenheit) eher selten. Mit der Einbindung der tokenneben der type-Frequenz, die vormals hauptsächlich Berücksichtigung fand (unter Vernachlässigung der token-Frequenz, der - wenn überhaupt - lediglich suppletionerhaltende Funktion beigemessen wurde) wird zwar ein wesentlicher Kritikpunkt der Ökonomietheorie aufgegriffen, die Suppletion dennoch separat behandelt. Mit der Verortung der Suppletion in einer ihr eigenen Domäne wird die kontraikonische morphologische Realisierung durch eine Markiertheitsumkehrung aufgefangen, die dem Problem nur begrenzt gerecht wird. Der Zusammenhang zwischen hoher Frequenz und kontraikonischer Symbolisierung wird zwar ansatzweise anerkannt - wenngleich die Entwicklung den als natürlich beschriebenen Prozessen (paradigmatischer Ausgleich, analogische Extension, innermorphologische Neutralisation) zuwiderlaufen kann, da bei derartigen hochfrequenten Formen die Möglichkeit verstärkter intraparadigmatischer Irregularisierung bzw. Differenzierung mit gleichzeitiger Tendenz zur Ausdrucksreduktion besteht (cf. auch das im Rahmen der Natürlichkeitstheorie diskutierte Prinzip der Kürze hochfrequenter Einheiten). Auch in der vorliegenden Arbeit bleibt die zu starke System- 340 Besprechungen - Comptes rendus bezogenheit sowie die weitgehende Vernachlässigung der token-Frequenz als strukturbildender Faktor ähnlich anderen, sozialen Faktoren vorherrschend (z. B. Sprach-, Dialektmischung, Entlehnung, Normierung), die auf die Natürlichkeit Einfluss nehmen können (cf. hierzu auch den Vorschlag eines gebrauchsbezogenen, token-frequenzbasierten Modells im Rahmen der Ökonomietheorie). Die Suppletion wird in der vorliegenden Arbeit wie gesehen der statischen Morphologie zugewiesen, d. h. die einzelnen Formen lassen sich nicht regelbasiert ermitteln, sondern werden in toto memoriert. Denkbar ist allerdings eine Analogie zu Fremdparadigmen (wenn auch selten auftretend), die eine generelle Zuweisung der vollständigen Paradigmen zur statischen Morphologie unterbinden kann. In einer diachronen Perspektive können dabei zusätzlich Verschiebungen auftreten (Zugehörigkeit statische vs. dynamischer Morphologie). Zugrunde liegt der strikten Abgrenzung zwischen statischer und dynamischer Morphologie ein Kontinuum, das über die Zuweisung einzelner Verben zu Makro- und Mikroklassen oder im Bereich der Suppletion in der Hierarchisierung sichtbar wird, aber nicht in den Vordergrund rückt, obwohl dessen Relevanz für die sprachliche Entwicklung unmittelbar einsichtig wird (cf. hier z. B. die Veränderungen in der type-Frequenz in ihrer Abhängigkeit von sprachgeschichtlichen Faktoren). Ein weiterer Parameter ist mit der Eineindeutigkeit gegeben, wovon Eindeutigkeit und Ambiguität abgrenzbar sind. Paradigmatisch wird hier die Einheitlichkeit der Darstellung auf Wortebene angesprochen, syntagmatisch die Phrase und hier z. B. die Kongruenz (cf. türk. ev-ler-de mit totaler morphosemantischer Transparenz, paradigmatischer und syntagmatischer Eineindeutigkeit und Diagrammatizität - dies zeigt wiederum die Verflechtung der hier angesprochenen Parameter). Im Gegensatz zu den übrigen bisher erläuterten Parametern ist derjenige der Binarität nicht semiotisch oder psychologisch basiert (z. B. mask. - fem., Sg. - Pl.). In der Formulierung gradueller Oppositionen wird im weiteren eine Gegenüberstellung von grammatischer und außergrammatischer Morphologie geleistet - dabei bezieht sich grammatische Morphologie auf Kategorien, Regeln und Prinzipien, die diese Regeln beherrschen; für die randständige grammatische Morphologie sind die extern und intern angelegten Grenzen bestimmend (z. B. Fehlen morphotaktischer Regeln, cf. Suppletion; Übergänge von der Flexion zur Derivation/ Komposition, die sich wiederum als Pole eines Kontinuums beschreiben lassen). Das zweite Hauptkapitel widmet sich der Anwendung des Modells auf die französische (synchrone) Verbalmorphologie, die zur Definition der Präferenzen einer Einzelsprache beiträgt. Wichtig ist für die Darstellung die bereits angesprochene Differenzierung von dynamischer und statischer Morphologie. Zentral für die dynamische Morphologie ist die Produktivität, während die statische Morphologie die Domäne der im mentalen Lexikon memorierten Flexionsformen darstellt und stärker auf Ähnlichkeiten ausgerichtet ist. Die lexikalistische Komponente nimmt im Rahmen der statischen Morphologie Bezug auf die Speicherung ganzer Flexionsformen. Trotz der Einbindung unproduktiver, aber regulärer Bildungsmuster (cf. oben zur Apophonie) vollziehen Verf. eine Differenzierung von dynamischer und statischer Morphologie, ohne auf den hier möglicherweise hilfreichen Kontinuumsbegriff zurückzugreifen. Der für die Klassifikation relevanten Unterscheidung einer vertikalen und einer horizontalen Organisation (v. a. ausgerichtet auf die Ähnlichkeiten zwischen Paradigmen und die Möglichkeiten der Gruppierung) folgt die Klärung der Begriffe Paradigma, Flexionssystem/ morphologische Kategorie, Klassenhierarchie, bei der Mikroklassen auf der Basis paradigmatischer Ähnlichkeit definiert werden. Die Gliederung in Mikro- und Makroklassen bildet das Ordnungsraster für die Darstellung der Verbalmorphologie. Hinsichtlich der Ähnlichkeiten zwischen einzelnen Paradigmen wird der Begriff der Familienähnlichkeit, wie er von Wittgenstein eingeführt wurde, nutzbar gemacht. Für die Paradigmenfamilie stehen Ähnlichkeiten im Vordergrund, die sich als graduell 341 Besprechungen - Comptes rendus einordnen lassen (primär auf lautlicher und morphotaktischer Ebene, seltener semantisch motiviert). Wie bereits angeführt, werden in der statischen Morphologie alle Alternanzen als suppletiv gewertet, Regeln - darunter auch Allomorphie- und morphonologische Regeln - dagegen als Mechanismus der dynamischen Morphologie. Ein wichtiger Parameter stellt für die einzelsprachliche Betrachtung v. a. die Produktivität dar; die grammatische Produktivität ist auf der Ebene des potentiellen Systems der Sprache angesiedelt und steht damit im Gegensatz zu den reellen Normen. Gleichzeitig sagt sie aber nichts über die Wahrscheinlichkeit aus, mit der eine Form gebildet wird und sich durchsetzt. Im weiteren ist eine Abgrenzung zur Frequenz notwendig, die der Bildung der Form nachgeordnet ist. Neben der Beleuchtung der Relevanz der einzelnen vorgestellten Parameter werden typologische Fragestellungen kurz angesprochen - das Französische zeigt so Veränderungen hin zum isolierenden Typ: «le type isolant ne maintient principalement que l’iconicité des catégories les plus pertinentes pour le verbe» (150). Wenngleich nicht im Vordergrund stehend, lassen sich einige parameterbasierte Aussagen für die Diachronie fruchtbar machen. So wird auf Schwankungen im Hinblick auf die Paradigmenstabilität aufmerksam gemacht, sowie die Tatsache, dass eine höhere Frequenz nicht vor Ausgleichstendenzen schützt (cf. Präsens, Futur; und dazu die Diskussion der Problematik suppletiver Paradigmen). Gleichzeitig sind neben den Interdependenzen und Interaktionen einzelner Parameter auch Konflikte z. B. zwischen Ikonizität und Systemadäquatheit zu berücksichtigen (cf. im Fall der Dubletten bei -ir-Verben - mit und ohne Stammerweiterung, u. U. mit semantischer Ausdifferenzierung). Wie verschiedentlich in der mehr oder minder starken Ausprägung einiger Parameter (bzw. in der entsprechenden Charakterisierung einzelner Formen) sichtbar geworden ist, lassen sich Kontinua bezüglich der Präferenzen ermitteln und daraus universelle und typologische Vorhersagen treffen. Diese gründen auf den Kontinua für die Indexikalität, die Transparenz und auf der Interaktion einzelner Parameter (morphologische Prozesse, Länge des präferierten Wortes und der präferierten Basis). Für das Französische ist die Asymmetrie zwischen statischer und dynamischer Morphologie bezeichnend. In dem einzelsprachlich ausgerichteten Kapitel werden die Parameter in die Darstellung eingebunden, so v. a. die Ikonizität sowie das Kontinuum morphotaktischer Transparenz und Einheitlichkeit der Basen (eine ausführlichere Darstellung wäre wünschenswert gewesen, zumal die Parameter ausführlich im ersten Hauptkapitel diskutiert werden). Die Autoren verweisen selbst darauf, dass wichtige Aspekte wie Morphonologie (v. a. liaison), die im français régional vorliegenden Verhältnisse, darüber hinaus die Nominalflexion, Derivation, Komposition, sowie die typologische Perspektive vernachlässigt wurden. Denkbar wäre schließlich eine Überprüfung der Operationalisierbarkeit der einzelnen Parameter auch für eine diachrone Analyse, die leider unterbleibt, aber möglicherweise die Rechtfertigung bezüglich der Gewichtung und Interdependenz der Parameter aufzeigt. Sabine Heinemann ★ Martin-D. Glessgen/ André Thibault (ed.), La lexicographie différentielle du français et le «Dictionnaire des régionalismes de France». Actes du Colloque en l’honneur de Pierre Rézeau, Strasbourg (PUS) 2005, 314 p. Très attendu, ce recueil de communications présentées en l’honneur du soixante-cinquième anniversaire de Pierre Rézeau est annoncé par les éditeurs comme suit: «l’idée directrice des études réunies dans ce volume a été de montrer les perspectives qu’apporte la 342 Besprechungen - Comptes rendus parution du DRF à la recherche» (xvii). En effet, le Dictionnaire des régionalismes de France (DRF), dans la continuité d’autres descriptions lexicographiques comme le Dictionnaire Historique du français québecois (DHFQ) ou le Dictionnaire suisse romand (DSR), participe à l’élaboration d’un nouveau modèle lexicographique qu’il convient de circonscrire et de définir. Ainsi, bien plus qu’une ouverture sur les perspectives qu’offre le DRF pour la recherche lexicographique, cet ouvrage constitue une somme en trois parties: elle offre d’abord un bilan méthodologique et théorique du français régional (L’étude des régionalismes du français: considérations théoriques et méthodologiques), puis elle ouvre la discussion sur les perspectives d’avenir que permet ce type d’ouvrage et détermine les questions que le lexicographe devra se poser dans des études futures (Le modèle du DRF: études métalexicographiques et perspectives d’avenir) avant de mettre l’accent sur les rapports qu’entretiennent la régionalité, la lexicographie et la société (Régionalisme, dictionnaires et société). En ouverture du Colloque, Martin-D. Glessgen et André Thibault - La «régionalité linguistique» dans la Romania et en français - définissent avec succès la «régionalité» linguistique. Ils opèrent, pour ce faire, une distinction non seulement terminologique, mais aussi conceptuelle entre cette «régionalité» et les autres variations dans l’espace (dialectes primaire et secondaire, codification pluricentrique), et ceci dans toute la Romania. Les différentes caractéristiques de cette régionalité sont développées de manière théorique et générale, ce qui permet dans un deuxième temps d’y positionner le français et d’observer son utilité «comme objet d’étude pour la ‹régionalité› linguistique» (iii). Ces précisions théoriques posées en préambule sont reprises et développées d’un point de vue méthodologique dans la première contribution de la première partie par Jean-Pierre Chambon: Après le «Dictionnaire des régionalismes de France»: Bilan et perspectives (3- 30). Le bilan que Chambon dresse de la lexicographie différentielle du français constitue le pont entre les considérations de Gleßgen et Thibault et leur développement concret dans le reste du recueil. Le «nouveau canon» (3) constitué par le DHFQ, le DSR et le DRF apporte selon lui - et nous ne saurions le contredire - un changement radical dans le traitement des régionalismes. En amont, nous avons affaire à un changement de rapport avec la lexicographie générale et avec la dialectologie, dont le point de convergence se trouve dans l’utilisation critique de la bibliographie qui est à disposition et dans l’exploitation des meilleurs modèles. Ainsi, Chambon replace les variétés régionales par rapport au standard et aux dialectes non plus dans un niveau intermédiaire entre les deux, mais les définit comme la «dynamique géohistorique concrète du standard» (8). Cette appréhension des variétés régionales ouvre donc de nouvelles questions qui, selon l’aperçu que nous avons des travaux antérieurs, ont été parfois effleurées, présenties voire ébauchées, mais qui, dans cet ouvrage, prennent une place importante et attendue. Cette «dynamique» amène Chambon à considérer que les régionalismes peuvent et doivent être marqués sur «les autres axes de la variation» 1 (9). Ce présupposé implique l’existence de (sous-)normes régionales, ce qui conduit à considérer l’influence linguistique de certaines aires et par conséquent de la transmission et de la diffusion des régionalismes. C’est donc bien la prise en compte de la géolinguistique et de l’histoire des mots qui peut permettre, selon l’auteur et comme l’étayent les diverses contributions de cet ouvrage, des explications étymologiques convainquantes ainsi qu’une «typologie» et une «stratigraphie des aires lexicales» (14-5). 343 Besprechungen - Comptes rendus 1 Cf. «Les diatopismes peuvent appartenir à n’importe quel niveau de langue (soutenue ou relâchée), voire au vocabulaire institutionnel et officiel (statalismes), et participent de plein droit à la configuration de la langue standard» (viii). La question des «rapports entre les dialectes et les français régionaux» (32) fait l’objet des trois communications suivantes traitées respectivement par Jean-Paul Chauveau, Éva Buchi 2 et Michel Francard. Jean-Paul Chauveau - Régionalismes et dialectalismes: quelques exemples manceaux (31- 44) - a choisi de se pencher sur les cas de figure qui apparaissent régulièrement dans les rapports qu’entretient le français régional avec les dialectes primaires. Par le biais de l’analyse de quatre régionalismes manceaux, il nous présente l’«utilité des sources dialectales, glossaires et atlas pour l’étude des régionalismes» (32) lorsque ces derniers sont utilisés localement et sur une aire semblable à l’aire du dialectalisme correspondant. De manière très convainquante, les exemples choisis illustrent l’enquête à mener afin de faire la différence entre régionalismes issus de dialectalismes et emprunts des dialectes au français de ces régions. Les résultats obtenus permettent à Chauveau de dégager différentes voies de propagation et d’avoir un aperçu de cette «circulation permanente entre les différentes instances» (44) qui oblige le lexicographe à nuancer ses conclusions. Ce «rapport étymologique entre la langue et les parlers dialectaux» est, pour ainsi dire, «quantifié» par Éva Buchi dans l’article Les emprunts dans le «Dictionnaire des régionalismes de France» (81-98), où elle considère le pourcentage des emprunts dans le DRF. La question de la représentativité des résultats obtenus est soulevée et trouvera sa réponse dans des «recherches futures» (83), mais la méthode appliquée au corpus du DRF apporte d’ores et déjà des observations très intéressantes: une analyse quantitative quant à la provenance des emprunts ainsi qu’une analyse aréologique de ces régionalismes permet à Éva Buchi de dégager des indications sur le «poids et le rayonnement (extralinguistique) des différents centres diffuseurs» (98). Michel Francard - La frontière entre les langues régionales romanes et le français en Wallonie (45-62) - apporte une réponse à la question du lien entre la vitalité d’une langue régionale 3 et le taux de dialectalismes dans un français régional. Par une analyse de la situation linguistique de la Wallonie, région pour laquelle on peut postuler une vitalité très forte de la langue régionale, et se basant sur les enquêtes sociolinguistiques préalables au DFB (Dictionnaire du français en Belgique), Francard nuance l’hypothèse qui pose un parallélisme entre «le taux d’exposition aux langues régionales et le taux de présence de dialectalismes dans le français régional» (55) par l’idée que la visibilité des dialectalismes en français est inversement proportionnelle à l’importance des différences entre les deux langues. La «frontière poreuse, au plan des pratiques comme au plan des représentations» (57) qui existe entre français et wallon favorise, selon lui, l’utilisation des dialectalismes. Renversant une fois de plus les idées reçues - n’est-ce pas ce que l’on attend d’un tel ouvrage? -, Francard conclut, en considérant la valeur identitaire positive qui en découle, que cette composante dialectale «pourrait contribuer à l’autonomisation croissante d’une variété de français spécifique à la Belgique francophone» (61). Poursuivant la réflexion sur la confrontation de la variation «régionale» à «d’autres types de variation diatopique» (xvii), Albert Valdman - L’évolution du lexique dans les créoles à base lexicale française (63-70) - considère la vitalité et les mouvements sémantiques du français par le biais de la question de la nature des créoles à base lexicale française. Il remet en question l’africanité des créoles dans leur structure sémantique et l’organisation de leur lexique (63). Ainsi, selon lui, il ne faut pas s’appuyer uniquement sur l’influence du 344 Besprechungen - Comptes rendus 2 La communication d’Éva Buchi apparaît, selon l’ordre choisi par les auteurs du volume, plus loin dans l’ouvrage; nous pensons toutefois que, d’un point de vue thématique, elle trouve sa place dans cette première unité traitant des rapports entre les dialectes et les français régionaux. 3 Francard indique qu’il utilise à dessein l’expression «langue régionale» afin d’éviter la confusion avec le terme anglo-saxon «dialect» dans la N5 (45), mais il s’agit bien ici du wallon. substrat africain, mais considérer la productivité «en CH [créole haïtien] de signifiés de puissance 4 hérités du français» (64) en développant donc un aspect peu étudié, les «processus lexicogénétiques d’ordre sémantique» (64). La question de la situation des régionalismes dans «leur environnement linguistique global» (72) est étudiée par France Laguenière: L’exploitation du FEW et des grands dictionnaires de langue dans l’étude des régionalismes du français (71-80). Elle présente la méthodologie pour une utilisation critique de la bibliographie ainsi que l’exploitation des grands dictionnaires pour le traitement des régionalismes, leur «identification, vitalité, cadrage [aréologie] et histoire» (77). Elle passe donc en revue ces grands dictionnaires - langue ancienne (Godefroy), période pré-classique (Huguet), période contemporaine (TLF), étymologie (FEW) - en nous donnant, comme l’a fait Chauveau pour les matériaux dialectologiques, quelques exemples intéressants d’exploitation de ces données. Elle conclut qu’il est nécessaire, pour l’étude des régionalismes, d’analyser ces matériaux à la manière du DRF, c’est-à-dire en séparant la documentation de l’interprétation des matériaux afin de permettre à l’utilisateur une approche critique. Les deux contributions suivantes s’intéressent de plus près au vocabulaire ancien. Toujours dans le domaine de l’utilisation des sources, Frankwalt Möhren - Le DEAF - Base d’un atlas linguistique de l’ancien français (99-114) - relève les aspects «méthodologiques de l’analyse géographique ou diatopique du vocabulaire ancien» (99). Après un aperçu des «conditions épistémologiques de toute recherche historique» (histoire du mot, qualité du vocabulaire, condition de transmission des textes, nature des documents) et des problèmes posés par la localisation des textes anciens ainsi que par la notion fuyante de scripta, etc., il considère la pertinence de l’utilisation du DEAF dans ce contexte. S’il conclut à l’impossibilité de «transposer mécaniquement ses données sous forme d’atlas» (113), il indique néanmoins que les matériaux qu’il contient sont «identifiables, datables, et, dans une large mesure, localisables» à l’aide de la bibliographie. La question énoncée par Chambon des «variétés diatopiques nées lors de la diffusion dans l’espace du français standard ou en voie de standardisation» (7) trouve un écho dans les questionnements de Yan Greub - Diatopismes et diachronie (115-27) - qui se penche sur les diatopismes du français dans une de ses périodes anciennes afin de «comprendre mieux le fonctionnement de la langue française au 16 e siècle» (115). Il s’agit ici de mener une réflexion sur la diffusion du français qui tienne compte de la variation diatopique. Greub considère cette diffusion comme correspondant au passage d’une architecture linguistique à un étage à une architecture à deux étages, dialectes et français. En suivant ces deux «lignes étymologiques» par le biais d’analyses aréologiques, il parvient à révéler la typologie des «spécifismes diatopiques» (120) ainsi que leur source. La deuxième partie du volume s’ouvre sur deux contributions qui, par des approches différentes mais complémentaires - l’une qualitative et l’autre quantitative -, cherchent à montrer la manière dont il est possible d’exploiter au mieux les matériaux du DRF, notamment les cartes, pour une interprétation de type géolinguistique. Mathilde Thorel - Le DRF et l’aréologie. Une étude de cas: la Bretagne (131-52) - s’intéresse au profil géolinguistique du «français de Bretagne» tel qu’il est véhiculé par le DRF ainsi qu’à la validité de cette notion. En précisant que les données choisies devraient être complétées pour une étude plus fine, elle s’appuie sur un corpus regroupant tous les particularismes du DRF «attestés dans au moins un département de la région Bretagne au sens administratif» pour proposer une typologie des aires lexicales. L’analyse de ces occurences permet à Mathilde Thorel d’observer un «contraste qualitatif entre deux formes de dyna- 345 Besprechungen - Comptes rendus 4 En cela il s’appuie sur l’exemple de J. Picoche (Structures sémantiques du lexique français, Paris 1986) qui applique la notion de «Signifié de Puissance guillaumien» (64) au français. misme linguistique». La Basse Bretagne se définit par un fort dynamisme interne alors que la Haute Bretagne semble être caractérisée par une grande intensité au niveau de ses échanges externes. Ceci permet à l’auteure de conclure que l’utilisation de l’expression «français de Bretagne» ne convient qu’imparfaitement à la description des réalités géolinguistiques et qu’il faudrait lui préférer «français de Basse Bretagne» ou «français de l’Ouest». Hans Goebl cherche à élargir, par une étude de type quantitative - Comparaison dialectométrique des structure de profondeur des cartes linguistiques du Dictionnaire des régionalismes de France (DRF) et de l’Atlas linguistique de la France (ALF) (153-93) - l’aspect «géographique» du DRF «par des décomptes . . . et des calculs dialectométriques» (153) pour analyser la variation linguistique de l’espace. Le DRF ne proposant que des informations descriptives «à portée empirique limitée» (154) qui, selon lui, ne donnent qu’une «image très incomplète de la structuration diatopique du patrimoine mésolectal de la France», l’auteur choisit de procéder de manière comparative. Il traite donc en parallèle et selon la méthode dialectométrique, des corpus de l’ALF et du DRF afin d’en tirer des résultats et de comprendre comment différents lexèmes occupent l’espace géographique. Toutefois, la prudence reste de mise et le lecteur est appelé à se méfier des «tares quantitatives de la documentation cartographique du DRF qui s’opposent à une comparaison-DM [dialectométrique] fiable du DRF et de l’ALF» (165). Les deux contributions suivantes s’éloignent du seul aspect géographique pour mettre l’accent sur des considérations métalexicographiques au sens large. La première s’intéresse à la structure interne du DRF alors que la seconde élargit l’angle de vue pour comparer ce que Chambon nomme le «triplet» (3) à savoir le DRF, le DHLQ et le DSR. Dans sa communication intitulée Le Dictionnaire des Régionalismes de France: analyse macroet microstructurelle (195-208), Michaela Heinz cherche à comprendre la méthode qui sous-tend le DRF. Elle précise que le dernier né de la lexicographie différentielle francophone s’attaquait à une difficulté supplémentaire à celles rencontrées par les rédacteurs du DHFQ et du DSR qui «pouvaient facilement prendre leurs distances avec le français de France» (208). En effet, les auteurs du DRF devaient s’attacher à décrire «des particularités régionales françaises du franco-français tout en vivant en France» (208). Par ailleurs, en analysant en détail l’article «chambouler» qu’elle a choisi comme témoin pour sa démonstration, Michaela Heinz relève les «fonctions supplémentaires» des exemples et citations: informations sur la répartition géolinguistique, l’emploi et la vitalité du lexème, «fonction définitoire et explication métalinguistique» (206). Ce dernier point est développé en détail par Louis Mercier. Partant du constat déjà dressé par A. Thibault dans son Introduction au DSR, à savoir que les données encyclopédiques ne doivent plus être considérées comme des corps étrangers dans la description lexicographique, Mercier nous offre une suite d’observations sur Le dialogue entre les données linguistiques et encyclopédiques dans le DRF, le DHFQ et le DSR (209-31). Il illustre, en proposant de nombreux exemples, la manière dont ce dialogue - relevons au passage que le terme est loin d’être anodin et se réfère explicitement à l’univers musical - est mis en place par les auteurs dans ces trois dictionnaires différentiels et combien ces procédés, même s’ils diffèrent quelque peu d’un ouvrage à l’autre, tendent à enrichir l’information sur le lexique par rapport à ce que l’on peut trouver dans un dictionnaire de langue usuel. La deuxième partie de ces actes se termine par deux contributions qui, tout en prenant comme point de départ le DRF, sortent de l’hexagone en élargissant progressivement la problématique à d’autres variétés régionales. Ayant remarqué que certains particularismes de l’Afrique francophone sont également relevés dans les français régionaux de France, Claude Frey - Régionalismes de France et régionalismes d’Afrique: convergence lexicales et cohérence du français (233-49) - démontre que non seulement «les variétés lexicales de français en usage en Afrique ne font pas rup- 346 Besprechungen - Comptes rendus ture avec les variétés hexagonales» mais qu’elles participent à façonner «un ensemble linguistique cohérent» (233). Il parvient à établir que, même sous ce qu’il nomme les «différences de surfaces» (249) - et c’est là tout l’intérêt de sa recherche - il est possible de déceler une cohérence du système linguistique du français. Selon lui, ce type de découverte ne «peut être sans conséquences sur la description lexicographique»; elle doit venir enrichir le contenu de nos dictionnaires pour témoigner de «l’appartenance de ces pays à une même communauté linguistique, au sein de laquelle aucune variété ne l’emporte qualitativement sur l’autre» (249). L’article de Rolf Eberenz - Un dictionnaire de régionalismes pour l’espagnol? Quelques réflexions sur les rapports entre lexicographie et dialectologie en Espagne (251-63) - porte un regard extérieur sur le DRF et pose la double question de la faisabilité et du rôle d’un tel dictionnaire dans le contexte linguistique espagnol. Ce contexte diffère en effet considérablement de celui du français, notamment dans les rapports que la langue standard entretient avec les dialectes du territoire espagnol. L’état des lieux de la lexicographie espagnole lui permet d’avancer qu’actuellement une «description rigoureuse des éléments les plus usuels, assortie de données fiables sur leur zones de diffusion . . . n’existe pas» (260), même si la recherche a progressé dans ce sens et devrait «à moyen terme» posséder suffisamment de données pour être en mesure de proposer un ouvrage de synthèse qui pourrait «se faire selon les lignes directrices du DRF». Cependant il semble que, au delà de sa «régionalité péninsulaire» (xvii), la lexicographie espagnole ait à relever un autre défi de grande envergure: celui qui consiste à «se positionner face à l’espagnol d’Amérique ou plutôt à ses différents standards nationaux» (259). La troisième partie de l’ouvrage réunit des communications qui ont pour point commun de s’intéresser à la norme. Si elles traitent toujours de régionalismes en particulier dans leurs rapports avec la société et les dictionnaires, elles ne prennent pourtant plus directement et uniquement le DRF comme point de départ. Robert Vézina s’attache à mettre en lumière l’élaboration du dialogue entre politique linguistique et régionalismes. Il retrace de manière linéaire l’évolution de la perception des particularismes du Québec (canadianismes puis québécismes) à travers l’OQLF (Office québécois de la langue française) de sa création en 1961 à nos jours - L’OQLF et les particularismes du français du Québec: aspects rétrospectifs (267-80). Il démontre ainsi que cette politique reflète «de façon accrue la vie réelle de la langue française en sol québécois» et tient compte des «pratiques linguistiques des locuteurs québécois» (280). Par cette approche, Vézina illustre de quelle manière se construit une variété nationale de français et introduit par la même occasion l’idée de norme pluricentrique du français. Poursuivant l’idée des régionalismes bénéficiant d’une réelle légitimité, Marie-José Brochard - La représentation des variations diatopiques du français dans le Petit Robert: enjeux et contraintes (281-88) - dépeint une politique lexicographique dans le cadre d’une lexicographie générale qui intègre aujourd’hui certains «faits de variation diatopiques» (282). Ainsi, si le Petit Robert reconnaît la légitimité des régionalismes et se propose d’en «enregistrer un échantillon représentatif» (283) et de leur offrir le même traitement qu’au lexique général en tenant compte des recherches spécialisées, il manque toutefois encore «d’homogénéité dans leur traitement» (288). L’auteure explique que c’est dans «la répercussion des données d’ouvrages spécialisées dans un ouvrage grand public», qu’un dictionnaire différentiel comme le DRF pourrait fournir un apport considérable à des productions dictionnairiques du type PR en permettant une «représentation plus fidèle des variations diatopiques du français» (288). La dernière contribution du volume - Régionalismes et «culture de la langue» dans le monde francophone - permet à Franz Lebsanft d’ouvrir brillament la discussion sur un problème plus général et de placer le débat au niveau des «rapports entre régionalismes et 347 Besprechungen - Comptes rendus culture de la langue» (289). Partant de la constatation - qui était aussi celle de Vézina (267- 80) - que le français est une langue pluricentrique, Lebsanft brosse deux tableaux différents: alors que «certains pays francophones créent leurs propres ouvrages de référence pour décrire le ‹bon français›», en France, il semble qu’il y ait «beaucoup plus de difficultés à admettre une norme régionalisée» (296). Si certains lexèmes bénéficient cependant en France d’une légitimité - comme l’indiquent certaines citations métalinguistiques présentes dans le DFR - les questions qui restent ouvertes, selon Lebsanft, sont notamment celles «du respect qu’une norme locale inspire . . . chez les locuteurs exogènes» et des facteurs de normalisation et de diffusion. L’honneur de la clôture de ce volume revient à Pierre Rézeau lui-même (299-300) qui a souhaité insister sur trois mots clé pour la recherche en lexicographie différentielle: «approfondir», «poursuivre» et «valoriser». Ce mouvement d’approfondissement, de poursuite et de valorisation est déjà amorcé, comme le prouve ce volume de discussion réunissant des communications à la fois plurielles et complémentaires qui dialoguent et se répondent. Elles ouvrent des perspectives claires pour la lexicographie différentielle mais posent peut-être aussi, dans une optique plus large, des questionnements pour la lexicographie générale. Dorothée Aquino/ Christel Nissille ★ Adolfo Murguía (ed.), Sens et références/ Sinn und Referenz, Mélanges Georges Kleiber/ Festschrift für Georges Kleiber, Tübingen (Gunter Narr) 2005, 255 p. Cet ouvrage collectif en hommage à Georges Kleiber réunit dix contributions qui abordent les domaines d’intérêt qui sont les siens. Le tout est précédé d’un prologue Sémantique et logique du sens dans lequel Adolfo Murguía esquisse le portrait de G. Kleiber, homme et savant. La contribution Référence physique et construction du sens dans la linguistique naturaliste au XIX e s. de Jean-François P. Bonnot, qui ouvre le volume, se donne comme objectif l’analyse de l’activité linguistique de dénomination. Dans un style qui se veut désinvolte, l’auteur étudie la construction des dénominations catégorielles dans la science de la seconde moitié du XIX e siècle. Malheureusement, il est parfois difficile de discerner, sous une averse de faits, de noms et de citations qui témoignent certes de l’érudition de l’auteur, le fil conducteur de l’étude. J.-F. P. Bonnot semble vouloir démontrer essentiellement trois choses, du reste assez bien connues: que le rapport entre le signifié et le signifiant d’un terme n’est jamais stable et intangible, que les conditions mêmes de la production du savoir (le fait que le chercheur «agit dans un temps social dont il ne saurait s’abstraire» (17)) ont des retombées sur la construction des hypothèses et qu’inversement les classifications et les typologies structurent l’univers mental. L’étude de Injoo Choi-Jonin et de Véronique Lagae est une tentative de décrire le fonctionnement de il y a dans les constructions du type Il y a des gens ils ont mauvais caractère attestées surtout à l’oral. Au terme d’une analyse comparée de l’emploi «standard» de il y a et de son emploi «oral», analyse fondée sur plusieurs paramètres (type d’emploi de il y a, type de SN introduit, type de relative), les auteurs arrivent à dégager les contraintes spécifiques qui régissent le fonctionnement de il y a «oral» dans ses deux emplois: comme un introducteur de thème (avec un SN indéfini à lecture partitive ou avec un pronom en) et comme introducteur de topique (dans les autres cas). Les différences dans la distribution de il y a «standard» et «oral» ne se résument donc pas en une différence de registre, ce qui permet aux auteurs de conclure que les deux constructions ont «toutes deux leur raison d’êt- 348 Besprechungen - Comptes rendus re» (64). Il s’agirait alors, pour ce qui est de il y a «oral», d’une nouvelle unité linguistique issue de la grammaticalisation (les auteurs notent en effet le figement de la forme du verbe dans l’emploi oral) et son analyse sous cet angle ne pourrait qu’enrichir l’étude. Les anaphores associatives et leurs concurrentes possessives sont étudiées dans la contribution de Danielle Crévenat-Werner. En analysant les possibilités de remplacement de l’article défini par un possessif dans différents types d’anaphore associative, l’auteure cherche à définir la spécificité fonctionnelle de la détermination possessive, mais subit un échec qui est dû, en majeure partie, au caractère plutôt négligé de son étude. Côté forme, le texte abonde en répétitions (ainsi, les exemples «un livre a un auteur» et «un village a une église» balisent tout le texte, à tel point que le crime et son auteur de l’exemple [7] (70) deviennent le livre et son auteur dans les commentaires qui suivent); des segments de phrases manquent (75), alors que d’autres sont mal placés (70, 74, comme, d’ailleurs, dans d’autres contributions au volume), sans parler de points en milieu de phrase (73). Côté contenu, l’auteure semble exposer ses idées telles qu’elles lui viennent à l’esprit, sans se soucier de leur place dans l’argumentation générale (pour guider un peu le lecteur, elle signale ses révélations par un point d’exclamation, et c’est bien sûr ce signe de ponctuation expressif qui clôt l’article! ); les interprétations de certains exemples sont parfois un peu naïves (79), parfois plus que discutables (70, 77); enfin, dans les conclusions, elle résume les hypothèses de Kleiber, Clark et Bartning, et l’on se demande quelle est sa contribution personnelle dans l’étude du phénomène en question. L’étude De la double référence du langage en sémantique génétique (presque 40 pages) de Jean-Pierre Durafour est d’un tout autre calibre. En s’inspirant des travaux de Husserl et de Heidegger, l’auteur y propose une «nouvelle sémantique génétique» appelée à remplacer les théories actuelles de sens, incapables, à son avis, de fournir une description sémantique, adéquate à la nature historique, sociale et culturelle du langage «en tant qu’activité créatrice universelle, historique et individuelle de l’homme» (89). Cette incapacité réside, selon l’auteur, dans «la malformation théorique du modèle duel ou ‹étapiste› de la formation du sens» (89). Le triangle sémantique de la tradition métaphysique devrait être remplacé dans la sémantique génétique prônée par J.-P. Durafour par un modèle plus complexe où la référence ontologique mentale, advenante au signe (qui se compose du signifiant, du signifié et de l’invariable), et la référence ontique mentale, advenante au mot en discours, se trouvent en rapport génétique. Le signe de la langue est ainsi le «précurseur ontologique, un et ouvert» (108) des sens variables du mot et déterminables, à partir du signifié indéterminé du signe, par le système temporel du contexte mental. «Nous interprétons l’être à partir du temps», écrivait Heidegger. Laissons donc dire au temps si cette nouvelle sémantique génétique arrivera à séduire les linguistes comme l’a fait en son temps la sémantique «triangulaire». L’article de Pierre Frath Pour une sémantique de la dénomination et de la référence alimente la polémique sur la nécessité de transformation dans la théorie linguistique. Après avoir passé en revue la référence telle qu’elle est perçue «par les approches du sens les plus marquantes du XX e siècle, à savoir la philosophie du langage, le structuralisme et le cognitivisme» (121), l’auteur pose la notion de dénomination à partir de la sémantique référentielle de Kleiber et celle de signe interprétant à partir de la sémiotique de Peirce. Tout en restant au sein de la sémantique triangulaire, P. Frath privilégie un point de vue nominaliste: en valorisant le troisième sommet du triangle sémiotique - l’objet réel - souvent écarté, implicitement ou explicitement, de l’étude du sens, la sémantique pourra sortir «d’une confrontation stérile entre le signifiant et le signifié, entre la forme et le concept» (145). De plus, si nous définissons le concept comme un signe interprétant, «une construction linguistique à propos de l’objet» (134), nous lui donnerons un véritable statut sémantique, ce qui permettra de mieux le saisir dans sa dimension mentale et linguistique et de le rendre accessible à une description rigoureuse. 349 Besprechungen - Comptes rendus Dans sa très courte contribution À propos de l’historicité des textes, Johannes Kabatek soulève des questions, d’ordre théorique et méthodologique, liées à l’étude des traditions textuelles. Il s’applique, en particulier, à définir la place des théories discursives dans la théorie linguistique. Pour ce faire, l’auteur s’appuie sur la typologie conceptuelle de l’historicité proposée par Coseriu: l’historicité linguistique au sens restreint (historicité de la langue particulière); l’historicité en tant que tradition de certains textes ou de certaines formes de textes (c’est-à-dire en tant que possibilité de les répéter); l’historicité générale au sens de «faire partie de l’histoire» (151). L’auteur rattache les traditions textuelles à deux types de traditions: à celles d’une communauté linguistique d’une part, et à celles d’une communauté textuelle qui ne correspond à aucune communauté linguistique d’autre part (152s.). Il met par ailleurs l’accent sur la spécificité et la primauté de l’historicité linguistique qui ne peut être mise sur le même plan que d’autres historicités ou traditions (156). L’étude de Peter Koch Taxinomie et relations associatives analyse les fondements des relations de superordination/ subordination taxinomiques. L’auteur part des trois relations associatives fondamentales introduites dans la pensée occidentale par Aristote, à savoir la similarité, la contiguïté et le contraste, mais n’en retient que deux pour les buts de son analyse, à savoir la similitude et la contiguïté. En effet, selon lui, la similitude et le contraste ne constituent que «deux aspects complémentaires d’un même itinéraire associatif» (165). P. Koch parcourt ensuite différents plans de l’analyse lexico-sémantique (synchronie «externe», synchronie «interne» et changement sémantique) et montre que les relations associatives de la contiguïté et de la similarité traversent toute l’organisation du lexique. L’accent est mis sur la description des relations taxinomiques entre le niveau de base et le niveau subordonné. Selon l’hypothèse défendue par P. Koch, la description conceptuelle d’un concept spécifique, p. ex., tulipe, doit se présenter sous la forme suivante: {[une tulipe est une fleur] a [X + Y etc.] b }. Le module taxinomique se fonde alors sur trois relations: la relation T lie l’hyponyme à son hypéronyme et met en valeur la composante a du concept spécifique; la relation T 1 lie l’hypéronyme à un des hyponymes et met en valeur la composante b; la relation S lie les hyponymes du même hypéronyme. Si cette dernière relation se fonde sur la similarité (d’où S), les relations T et T 1 sont «de nature particulièrement complexe puisqu’elles font entrer en jeu l’antagonisme . . . entre les relations de similarité cotaxinomique (S) et les relations de contiguïté (C)» (182): la relation T résume S, inhibe C; la relation T 1 accentue C, estompe S. La contribution de Adolfo Murguía À propos de la vérité des choses - langage et silence du monde, essaie, de l’aveu de l’auteur, d’«accompagner surtout les premiers travaux de G. Kleiber: sa thèse, ses travaux sur la réalité extralinguistique, sa discussion avec Putnam» (194). Dans un court essai (de quatre pages), l’auteur suit le parcours de la pensée européenne dans sa «quête de la vérité» (195), notamment en analysant les fonctions que revêt la langue dans la «relation entre nous et le monde» (195). Les réflexions théoriques et méthodologiques exposées par Wulf Oesterreicher dans son étude Autonomisation du texte et recontextualisation. Deux problèmes des sciences du texte, portent, dans une optique diachronique, sur une série de problèmes liés à la conceptualisation dans le domaine de l’oral et de l’écrit. Elles permettent de mieux saisir les notions de codage graphique, c’est-à-dire de «tous les faits linguistiques qui sont définis par l’écriture en tant que médium graphique» (202), et de mise par écrit, comprise comme «tous les processus linguistiques qui sont en relation avec le domaine conceptionnel de la distance communicative» (202). À l’aide de ces instruments conceptuels, l’auteur précise le sens des deux termes utilisés dans le titre de sa contribution: l’autonomisation est «le résultat du processus historique de l’émancipation du texte par rapport à l’événement discursif et communicatif d’origine» (210), et la recontextualisation est un procédé qui permet de relier la 350 Besprechungen - Comptes rendus forme graphique du texte avec l’événement discursif d’origine afin de «récupérer les modalités sémiotiques multiples» (210) de la situation communicative authentique. Cette dernière tâche est particulièrement problématique pour la linguistique diachronique. L’étude est suivie d’une vaste bibliographie (de 210 titres) dont le poids contraste avec celui, un peu faible, de l’analyse proposée. La contribution de François Rastier Les mots sans les choses, qui clôt le volume mais qui n’y occupe point la dernière place, commence par une affirmation provocatrice qui va, de toute évidence, à l’encontre des propositions formulées dans la contribution de P. Frath: pour «se constituer véritablement en discipline autonome et achever de définir son domaine propre d’objectivité», la sémantique linguistique, doit «sans doute abandonner la problématique référentielle» (224). Pour l’aider à y parvenir, l’auteur se propose d’expliquer la «remarquable stabilité» du postulat référentiel qui «demeure l’obstacle épistémologique principal au développement de la sémantique linguistique» (225) et de rendre compte des «évidences» qui le soutiennent, ce qu’il fait du reste avec beaucoup d’humour. F. Rastier propose de réduire le problème de référence à celui de «l’impression référentielle» et souhaite que la référence «cesse d’être une évidence de bon sens convoqué à la bonne franquette, pour devenir un problème empirique interdisciplinaire» (250). Mais dans cette vision interdisciplinaire de la référence, il n’est permis à la linguistique que d’«exercer un ‹droit de suite› sur le territoire d’une discipline voisine, la psychologie cognitive, pour y étudier la perception des signifiés sous la forme d’images mentales» (238-9). Reste à savoir si cette proposition de transformation de la théorie linguistique sera acceptée par les sémanticiens, y compris par le «héros de la fête» qui a lui aussi essuyé de sévères critiques, et s’ils seront prêts à abandonner le champ référentiel labouré par plusieurs générations de linguistes. Si, après avoir parcouru l’ensemble des contributions, nous regardons l’organisation globale du volume, nous constatons que les contributions y sont présentées par ordre alphabétique des auteurs, alors qu’une composition thématique (p. ex., théories linguistiques du sens, construction du sens, études empiriques) aurait été, à notre avis, préférable. Olga Inkova ★ Gilles Lugrin, Généricité et intertextualité dans le discours publicitaire de la presse écrite, Bern (Peter Lang) 2006, x + 487 p. (Publications Universitaires Européennes 21/ 288). Gilles Lugrin est à la fois maître-assistant à l’Université de Lausanne et fondateur d’une société de conseil en communication et en marketing. Sur le site de cette société (www.ComAnalysis.ch), on peut trouver les nombreux articles sur la publicité de Lugrin et de ses collaborateurs, ainsi qu’une bibliographie regroupée par matières des publications francophones sur la publicité. Dès lors, il n’est pas étonnant que le livre de Lugrin se signale par une excellente connaissance de la matière, et que son auteur réussisse à illustrer ses propos par des exemples particulièrement bien choisis. C’est surtout la première partie du livre, consacrée à la problématique générale de la communication publicitaire (7-117), qui lui permet d’étaler son immense savoir, qui s’appuie sur une bibliographie (447-76) d’un millier de titres avant tout francophones. Cette introduction ne se limite d’ailleurs pas aux aspects linguistiques de la publicité, mais aborde les aspects les plus divers, à l’exclusion pourtant du marketing. Comme Lugrin ne prend en considération que la publicité de la presse écrite, il est tout naturellement amené à s’intéresser aux deux systèmes sémiologiques qu’utilise ce genre de 351 Besprechungen - Comptes rendus publicité: l’image et la parole 1 . C’est pourquoi il propose d’ailleurs de parler de l’«iconotexte» publicitaire. On regrettera néanmoins l’absence du livre de Gilles Feyel 2 sur la presse d’information en France sous l’Ancien Régime. Feyel a montré d’une manière très convaincante que, contrairement à ce que suggère encore Lugrin (22s.), l’histoire de la publicité de presse ne commence pas en France avec Théophraste Renaudot. Propriétaire d’un bureau d’annonces et rédacteur du premier journal français en 1631, La Gazette, Renaudot distinguait clairement ses deux activités. C’est surtout la deuxième partie du livre, intitulée Les genres publicitaires: une notion problématique (121-84), qui suscite quelques réserves. Lugrin a tout à fait raison de mettre en garde contre les difficultés d’établir une typologie dans le domaine de la publicité ou dans tout autre domaine. Il existe en effet une multitude de critères (médias, instances énonciatives, stratégies cognitives, etc.) qui entrent en ligne de compte. Il reviendrait donc au linguiste de choisir d’emblée le critère ou une hiérarchie de critères qui correspondent le mieux à ses intentions. Au lieu de cela, Lugrin passe tout d’abord en revue les classifications existantes pour en présenter finalement une synthèse (179) où, malheureusement, tous les critères sont confondus. Cette synthèse me paraît d’autant plus problématique qu’elle n’est pas illustrée par des exemples. Si j’ai bien compris, la différence entre la réclame traditionnelle et la publicité produit d’aujourd’hui serait donc surtout diachronique, la publicité moderne étant plus indirecte et davantage fondée sur l’image. Quant à ce que Lugrin appelle publicité de marque, il s’agit pour moi surtout d’un type de publicité, aujourd’hui fort répandu, où l’image l’emporte complètement sur le texte, celui-ci étant très souvent réduit au seul nom de la marque. Kroeber-Riel 3 parle dans ce cas d’Aktualisierungswerbung, d’une publicité qui actualise l’image de la marque, le consommateur ayant tendance, dans le cas d’un achat, à préférer une marque connue à une marque inconnue. Dans ce cas, il s’agit donc effectivement d’un autre type de publicité, où l’intention fondamentale reste néanmoins celle d’une recommandation d’achat (84). En revanche, la publicité de connivence ne semble se distinguer que par sa stratégie cognitive, qui est celle de l’humour. C’est surtout la publicité éthique ou, pour être plus précis, la publicité d’action sociale qui pose un problème. On voit aujourd’hui des publicités contre l’alcoolisme, le tabagisme ou les drogues, dont la fonction est tout à fait différente de celle d’une recommandation d’achat. Est-ce qu’on peut encore parler de publicité dans ces cas? Ne faut-il pas plutôt parler d’un détournement des moyens de la publicité pour un but complètement différent? Voilà pourquoi il est effectivement difficile d’établir une typologie des publicités. Ce sont pourtant les 260 pages de la troisième partie consacrée à l’intertextualité publicitaire (185-445) qui forment la partie essentielle du livre. Les emprunts que la publicité fait à d’autres domaines ont déjà fait l’objet d’études partielles. Lugrin reprend ici le problème de l’intertextualité dans la publicité dans sa totalité. Il fait d’abord l’historique de la notion d’intertextualité pour en proposer finalement une définition nettement restrictive. Il emprunte à Gérard Genette la distinction entre intertextualité et hypertextualité, cette der- 352 Besprechungen - Comptes rendus 1 En ce qui concerne le rapport entre le texte et l’image dans la publicité, on consultera désormais la thèse très importante de N. Rentel, Bild und Sprache in der Werbung. Die formale und inhaltliche Konnexion von verbalem und visuellem Teiltext in der französischen Anzeigenwerbung der Gegenwart, Frankfurt/ M. 2005. 2 L’annonce et la nouvelle. La presse d’information en France sous l’Ancien Régime, Oxford 2000. 3 Cf. en dernier lieu W. Kroeber-Riel/ H.-R. Esch, Strategie und Technik der Werbung. Verhaltenswissenschaftliche Ansätze, Stuttgart 6 2004. nière impliquant une transformation du texte original, comme dans la parodie ou dans le pastiche. De plus, il propose de distinguer entre discours rapporté et intertextualité (228s.), en retenant surtout le critère de la notoriété - Lugrin parle de sédimentation - pour l’intertextualité. De fait, il ne faut pas seulement aborder l’intertextualité dans la perspective de la production des textes, mais aussi dans celle de leur réception, où l’intertextualité ne peut fonctionner que si les récepteurs reconnaissent l’intertexte. Lugrin (298s.) donne un excellent exemple à propos de l’image fort connue de Marilyn Monroe dont la jupe blanche est soulevée par le souffle d’une grille de métro, image reprise avec les transformations les plus diverses par la publicité. Il montre que plus les transformations sont importantes, moins l’identification de l’image originale est certaine. Même si les catégories dont nous venons de parler et quelques autres reviennent constamment dans son texte, Lugrin ne fonde pas son traitement de l’intertextualité sur elles, mais introduit soudain à la fin du chapitre introductif (249-52) une série de sept dimensions dont il va se servir dans ce qui suit, mais dont j’avoue ne pas avoir bien compris l’intérêt. C’est pourquoi je me suis senti par moments un peu désorienté dans cette partie du livre, même si j’ai toujours apprécié la perspicacité des interprétations et l’excellent choix des exemples. C’est donc un livre que l’on appréciera beaucoup pour l’ampleur des connaissances de son auteur, sur le plan pratique aussi bien que sur le plan théorique, que l’on admirera de même pour la pertinence et la justesse de ses commentaires, mais dont on aurait pu souhaiter que la structuration soit un peu plus rigoureuse. Jakob Wüest ★ Jürgen Erfurt, Frankophonie. Sprache - Diskurs - Politik, Tübingen (Francke) 2005, xvi + 219 p. Das Erscheinen in der Reihe UTB lässt es bereits erkennen: Das Buch von Jürgen Erfurt zur Frankophonie ist gedacht als Studienbuch. Es setzt keine Vorkenntnisse voraus und bietet «vom Punkt Null» an eine Fülle von Informationen sowie Problematisierungen des Themas. Das breite Spektrum wird bereits in der Gliederung sichtbar: Das Buch beginnt mit einer Begriffsdefinition und -abgrenzung (Kapitel 1). Der Hauptteil besteht aus Kapiteln zur geographischen und sozialen Differenzierung der Frankophonie, ihrer historischen Entwicklung und einem Abriss der beteiligten Institutionen und Akteure (Kapitel 2-4). Die abschließenden Kapitel 5 und 6 befassen sich mit multikulturellen Aspekten sowie mit möglichen «Bedrohungen» der Frankophonie in der Zukunft. Die Kapitel 1 bis 4 sind zweifelsohne die Kernkapitel des Buches. Erfurt differenziert gemäß der gängigen Verwendung des Begriffes «Frankophonie» zwei Bedeutungen: die sprachlich-kulturelle francophonie und die politisch-institutionelle Francophonie mit «großem» F, sowie daneben eine ideologische Bedeutung, die als Querkategorie gesehen werden kann. Die Darstellung der weiteren Kapitel bindet für den studentischen Leser die Ausführungen immer wieder an diese Grundunterscheidungen an, so dass der Zusammenhang sukzessive vertieft wird. Sehr sympathisch sind schon im ersten Kapitel die übersichtlichen Tabellen und Schaubilder mit aktuellen Zahlen. So macht z. B. die Zusammenstellung der offiziellen Sprachen der Länder, die der Organisation internationale de la Francophonie (OIF) und/ oder der Agence intergouvernementale de la Francophonie (AIF) angehören (19-21) den zunehmend ungeschminkt politischen Charakter der 353 Besprechungen - Comptes rendus Frankophonie deutlich. Seit den 1990er Jahren treten der OIF mit Beobachterstatus zahlreiche Länder bei, für die Französisch weder Mutter-, Minderheiten-, Amts- oder Prestigesprache ist, wie z. B. Andorra, Armenien, Griechenland, Österreich, Ungarn usw. Bei aller Sachlichkeit der Darstellung vermisst man dabei nicht wie bei vielen anderen Texten zur Frankophonie ideologiekritische Bemerkungen. Erfurt spricht unverhohlen den «Frankreichzentrismus» an, der «bisweilen Formen eines Kulturchauvinismus annimmt» (23), ebenso wie die wirtschaftlichen Interessen und den Kolonialismus, der die Geschichte und Institutionalisierung der Frankophonie von Anfang an begleitet und geprägt hat. Dass die Frankophonie hier allerdings auch keine Ausnahme bildet, zeigt der Vergleich zu anderen «Fonien» (Englisch, Portugiesisch, Spanisch; 26s.). Hier wie an anderen Beispielen zeigt sich die datenbezogene Orientierung des Buches. Theoretische Ansätze wie die Diskurstheorie im Sinne von Habermas werden zwar implizit angesprochen (Frankophonie als «sozialer Raum»; p. 6, 161), jedoch nicht näher erläutert oder vertieft. Entsprechend findet man auch bei der geographisch-sozialen Darstellung der Frankophonie (Kapitel 2) nach kurzer Erläuterung einschlägiger soziolinguistischer Begriffe wie Einsprachigkeit, Mehrsprachigkeit, Diglossie eine übersichtliche und bündige Darstellung frankophoner Länder weltweit mit Karten und Tabellen, die in Anlehnung an Ager 1996 zwischen realen und okkasionellen Frankophonen unterscheiden 1 . Das Zahlenwerk zu den Sprecherzahlen ist zwar mit dem Problem behaftet, dass es Bevölkerungszahlen und Sprecherzahlen aus verschiedenen Jahren und Quellen zueinander in Bezug setzt, doch scheint dies verzeihlich angesichts der Tatsache, dass aktuelle differenzierte Statistiken zu Sprecherzahlen aus offizieller Quelle kaum zu bekommen sind (selbst die Euromosaic-Studie der EU bietet hier nur Bruchstücke). In jedem Fall ermöglichen die Daten dem Studenten einen Zugang zu der Frage, «wo wie wieviel» Französisch gesprochen wird von Frankreich bis in den Pazifik. Die Geschichte der Frankophonie (Kapitel 3: 77-118) umfasst die interne und externe Sprach(politik)geschichte vom 16. Jh. bis in die 1980er Jahre. Interessant sind hier vor allem die Ausführungen zur zweiten Phase der Kolonialisierung (1830-1962) in Afrika und Nahost (99-102), die in anderen Abhandlungen des Themas oft elegant umgangen werden, obwohl sie evident nicht nur zur Verbreitung von französischer Sprache und Kultur, sondern natürlich auch zur Erweiterung des französischen Einflussbereiches beigetragen haben.Vor dem Hintergrund, dass die Frankophonie zu einem erheblichen Teil als politisches Bündnis im Sinne eines Para-Staatenbundes neben EU, UN etc. zu verstehen ist, sind die Ursachen ihrer geographischen Verbreitung für das Thema schlicht relevant; die aus heutiger Sicht bedenklichen Formulierungen kolonialen Denkens sind nennenswert und werden auch genannt: wie der Beitrag von Victor Hugo (100) oder die Rassentheorie Gobineaus (102). Als Gegengewicht nennt Erfurt jedoch auch positive Ummünzungen des Rassengedankens wie die literarische Bewegung der «négritude» in den 1930er Jahren. So kann der Bogen geschlagen werden vom rassistischen Gedankengut über den Export eines aufgeklärten Bildungssystems (inklusive seiner Sprache) bis hin zur wirtschaftlichen, kulturellen und politischen Zusammenarbeit in der Nachfolge von Senghor u. a. Dass die Frankophonie zunehmend eher als globaler Staatenbund einer neuen Form zu verstehen ist, dessen Funktionsweise politologisch noch kaum erforscht ist, verdeutlichen die Ausführungen zur institutionellen Seite der Frankophonie (Kapitel 4). Erfurt erläutert, warum spätestens seit der Leitung der OIF durch den Ex-UN-Generalsekretär Boutros Boutros-Ghali die Frankophonie nicht nur sprach-und kulturpolitisch zu verstehen ist, sondern als ein Gegengewicht zum Hegemonialstreben der Vereinigten Staaten (139-42). Da- 354 Besprechungen - Comptes rendus 1 D. Ager, «Francophonie» in the 1990s. Problems and opportunities, Clevedon 1996. Eine Aufnahme der Erläuterung, was unter «realen Francophonen» zu verstehen ist, wäre hilfreich gewesen. rüber hinaus bietet das Kapitel den Studierenden übersichtliche Schaubilder und Zahlenmaterial zu Instrumenten der institutionalisierten Frankophonie-Politik (Medienpolitik, Kultur- und Bildungsprogramme, Informationstechnologie etc.). Meines Erachtens besonders interessant: die kurze Beleuchtung der finanziellen Seite der Frankophonieförderung, die ähnlich wie die Kolonialproblematik, oft ausgeklammert wird. Nach Recherchen von Erfurt verfügte der Fonds Multilatéral Unique (FMU) in den Jahren 1998/ 1999 zusammen immerhin über ein Budget von rd. 1 Mrd. FF (ca. 300 Mio € ); zu den Geberländern gehören neben dem Hauptdonator Frankreich auch Kanada mit 16 %, Belgien, die Schweiz und Monaco. Insgesamt bieten Kapitel 2 bis 4 eine sehr umfängliche und gut strukturierte Synopse des Themas, ergänzt durch übersichtliche Schaubilder, Zahlen und kritisches Potential. Kapitel 5 bricht mit diesem Konzept und zeigt rein exemplarischen Charakter. Anhand kommentierter Fallbeispiele (Migranten-Interviews) soll soziolinguistisch die Heterogenität, Hegemonialität und Normativität der Frankophonie verdeutlicht werden. Nach einem kurzen Ausblick - «Quo vadis, Francophonie? » - folgt ein letztes Kapitel zu «Datenrecherche und Bibliographie». Anders als in der «Bibliographischen Orientierung» (29-32), die Hinweise zur weiterführenden Lektüre enthält, werden hier neben einigen www-Adressen zur Frankophonie (wovon viele sehr leicht auch über Google bzw. die Adressen der Frankophonie-Institutionen zu finden sind) Recherchetipps äußerst allgemeiner Natur gegeben, u. a. Otto Klapp und Google; daneben auch Verweise auf virtuelle Fachbibliotheken und elektronische Zeitschriften. Unter dem Titel «Frankophonie» verwundert dies einigermaßen, da solche Grundkenntnisse spätestens nach dem ersten Semester bei den Studenten vorhanden sein sollten. Es bestätigt jedoch den Charakter des Buches: «Frankophonie» zielt auf Studenten des Grundstudiums mit wenig oder keinen Vorkenntnissen. Als solches ist das Buch hervorragend geeignet als Grundlage für ein Proseminar oder eine Übung sowie zur Prüfungsvorbereitung. Alle Aspekte des Themas werden gut strukturiert und auch kritisch beleuchtet, die entscheidenden soziolinguistischen Grundbegriffe werden in den Kontext eingebettet. Die Bezüge zu Politik und (Sprach-)geschichte werden ebenso deutlich wie die kulturellsoziale Seite des Themas. Ein empfehlenswertes Buch. Simone Roggenbuck ★ Jean-Loup Lemaître/ Françoise Vieilliard (ed.), Portraits de troubadours. Initiales des chansonniers provençaux I et K (Paris, BNF, ms. fr. 854 et 12473), avec la collaboration de Marie-Thérèse Gousset/ Marie-Pierre Laffitte/ Philippe Palasi, Ussel (Musée du pays d’Ussel - Centre Trobar) 2006, lxxxviii + 198 p. (Mémoires et documents sur le Bas- Limousin 26). Le volume présente une reproduction complète, en couleurs, des célèbres lettres historiées des chansonniers occitans I et K, qui encadrent le portrait - au sens médiéval du terme - du troubadour dont l’initiale ouvre la première pièce du recueil individuel. Les lettres de ces deux manuscrits (92 dans I, 78 dans K), longtemps considérés jumeaux, ont été agrandies environ quatre fois et sont présentées en vis-à-vis (1-187): la qualité et le soin du travail, incontestables, mettent ainsi à la disposition des philologues et des historiens de l’art «une source iconographique exceptionnelle», comme le dit à juste titre J.-L. Lemaître dans l’avant-propos (xv). Ces représentations synthétisant habituellement les données contenues dans les vidas - récits biographiques en prose qui précèdent, dans I et K, les initiales historiées -, les direc- 355 Besprechungen - Comptes rendus teurs de la publication ont choisi de garder, pour la distribution des planches, l’ordre établi dans l’édition courante des vidas, qui est d’ailleurs fondée sur le texte d’I et K 1 . Les couples de portraits suivent ainsi rigoureusement cet ordre qui répartit les troubadours, de manière parfois forcée, en six sections définies sur une base géographique; ce qui «permettra à ceux qui voudront accompagner l’image du troubadour de la lecture du texte de sa vida . . . de se retrouver commodément dans une édition facilement accessible en France» (lvi): ainsi, les planches numérotées 36, contenant les portraits d’Aimeric de Belenoi (66-67), correspondent à la vida qui dans l’édition Boutière/ Schutz 1964 porte le même numéro. Ce choix n’est cependant pas dépourvu d’inconvénients, car le découpage et la redistribution des miniatures selon un ordre qui n’appartient ni à I ni à K empêchent d’en percevoir la suite originelle et d’évaluer si, comme on l’a supposé, «la sequenza delle miniature ha ben poco di casuale e . . . anzi, almeno in linea di massima, . . . obbedisce a un piano comunicativo abbastanza definito» 2 . L’interprétation iconographique de chaque diptyque de portraits est confiée à M.-Th. Gousset, qui en offre dans le «Tableau synoptique» (xlv-liii) une description à la fois claire et précise. Ajoutons cependant quelques précisions, tout à fait marginales: la tête de Marcabru est ceinte d’une couronne végétale (pl. 3, K f. 10); Giraut de Borneil serait suivi par deux chanteurs dans le ms. K (f. 4), par un dans I (xlviii), mais on croit entrevoir dans ce dernier, au-dessus de la tête du chanteur, la chevelure d’un deuxième accompagnateur (pl. 8, I f. 14) 3 ; Peire de Bussignac porterait «un manteau à capuche» (l), toutefois la capuche n’est pas évidente (pl. 13, I f. 190v); dans le ms. K (f. 36), Perdigon a la tête ceinte d’un tortil (pl. 59), comme la spécialiste le dit de Guiraut lo Ros (xlix) dans le portrait livré par le même chansonnier (pl. 54, K f. 67v); la tête de Castelloza est ornée, dans le ms. K (f. 110v), d’un diadème de perles (pl. 49), de même que celle de la Comtesse de Die (pl. 69, I f. 141, K f. 126v); dans le ms. I (f. 105 bis), Guilhem de Cabestany est certes représenté à partir d’un point de vue inhabituel («en armure, à cheval, vu de dos, tient une lance», xlix), mais on voit bien qu’au bras gauche il porte un écu (pl. 94); dans K (f. 128v), on aperçoit derrière Gausbert Amiel à cheval un élément architectural qu’on aurait du mal à mieux préciser (pl. 37), car il n’est pas comparable à la tour ou au château des pl. 22 (Gui d’Ussel, I f. 89v, K f. 73), 41 (Guilhem de Saint Leidier, K f. 62), 51 (Gauceran de Saint Leidier, I f. 142) et 58 (Raimon de Miraval, K f. 52v) 4 . Enfin, il est peut-être intéressant de noter que dans les deux 356 Besprechungen - Comptes rendus 1 J. Boutière/ A.-H. Schutz (ed.), Biographies des Troubadours. Textes provençaux des XIII e et XIV e siècles, Paris 2 1964. 2 M. L. Meneghetti, Il pubblico dei trovatori. La ricezione della poesia cortese fino al XIV secolo, Torino 2 1992: 254. D’ailleurs, «nei due codici ‹gemelli› I K la sequenza delle immagini miniate appare meno studiata che in A [(Bibliothèque Vaticane, Vat. lat. 5232)], ma sempre tendente a pianificare il catalogo trobadorico sulla base di accostamenti logici e di raggruppamenti omogenei. Se prendiamo la serie illustrata di K, vediamo che anche qui le prime figure costituiscono una sorta di panorama poetico-sociale: ci sono Peire d’Alvernha e Peire Rogier, entrambi rappresentati come anziani e solenni canonici, c’è l’autorevole Guiraut de Bornelh, accompagnato dai suoi cantori. Seguono Bernart de Ventadorn, in elegante abito di corte, Gaucelm Faidit e la moglie, tutti e due abbigliati da giullari. Poi la rassegna prosegue, alternando gruppetti omogenei o singoli rappresentanti delle quattro ‹classi› che più hanno contribuito allo sviluppo della cultura cortese nel Midi: i cavalieri feudali, i cavalieri di corte, i chierici, i giullari» (255-56). De toute façon l’ordre d’apparition des miniatures peut être rétabli à l’aide de la table «Répartition des initiales dans les chansonniers I, K et A» (lxxiii-lxxvi). 3 Cf. d’ailleurs Meneghetti (1992: 260-61 N55). 4 Ces éléments jouent, bien évidemment, un rôle fonctionnel précis dans ces quatre portraits, puisqu’ils évoquent des traits saillants de la biographie de l’auteur retenus par les vidas, comme l’avait remarqué Meneghetti 1992: 261. Quant à Gausbert Amiel, la vida le dit simplement «paubres cavalliers e cortes e bons d’armas» (Boutière/ Schutz 1964: 257). ms., Peire Rogier est représenté debout, en train de déclamer (pl. 40, I f. 12v, K 2v), selon un modèle iconographique figé, fréquemment exploité ici, mais alors que dans le ms. K il est tourné vers le texte, comme l’impose le modèle, dans I il est tourné vers la marge du feuillet: or, le fait ne se produit que dans trois autres cas, qui ont pour particularité d’appartenir au ms. I (pl. 49, I f. 125; pl. 52, I f. 140; pl. 69, I f. 141) et de concerner des trobairitz (Castelloza, Azalaïs de Porcairagues, la Comtesse de Die). M.-Th. Gousset a également examiné le style des miniatures et de la décoration («Deux chansonniers provençaux originaires de Vénétie», xli-xliv), ce qui lui permet de confirmer et préciser davantage les conclusions tirées vingt ans auparavant 5 : «l’homogénéité de l’illustration, de l’iconographie et du décor secondaire autorise à considérer ces deux manuscrits comme issus d’un même atelier bien que les artistes, tant enlumineurs que filigraneurs, soient différents» (xliv). Leur réalisation peut donc être datée du dernier quart du XIII e siècle et rattachée à la production vénéto-padouane de la même période, à laquelle appartiennent deux autres chansonniers occitans, les ms. N (New York, Pierpont Morgan Library, M. 819) et A (Bibliothèque Vaticane, Vat. lat. 5232), ce dernier étant «stylistiquement proche des ms. fr. 854 et 12473, mais probablement un peu antérieur» (xlii). L’ajout principal de cette nouvelle expertise réside dans l’attribution de la décoration du ms. DVIII de la Bibliothèque Capitulaire de Vérone, qui renferme le Tresor de Brunet Latin et date du dernier quart du XIII e siècle, au même atelier qu’I et K. On regrette tout de même que la spécialiste, pour dater et localiser plus précisément les ms., ne mette pas à profit l’étude récente d’A. Cortese 6 : après avoir examiné attentivement la reliure originelle du ms. de Vérone sur laquelle les armoiries sont encore lisibles 7 , ainsi que l’ensemble de ses initiales historiées, Cortese affirme en effet (1) que l’on peut sans doute identifier le commanditaire du manuscrit (et son premier possesseur) avec Andrea Dandolo, fils du célèbre doge Giovanni (1280-89), (2) que ce volume de luxe doit émaner d’un atelier de Venise «in un momento compreso tra il 1290, anno dell’assunzione dello stemma crociato [par Andrea Dandolo], e il 1298, anno della sua morte» 8 , et (3) que la culture figurative de l’artiste s’ancre solidement dans le milieu artistique vénitien de la fin du XIII e siècle, auquel appartiennent également les enlumineurs des ms. I et K 9 . Les autres contributions qui précèdent et qui ont pour but de contextualiser l’album photographique sont peu homogènes en termes de soin et de qualité. À l’utilité de l’encadrement donné par F. Vielliard de la formation et des caractéristiques typologiques des anthologies occitanes («Les chansonniers», xvii-xxv) s’oppose la brièveté excessive et le manque de rigueur des notices codicologiques rédigées par M.-P. Laffitte («Les manuscrits», xxvii-xl) 10 . En voici quelques exemples. L’indication «réglure . . . sur deux ou trois colonnes» pour I (xxx) égare le lecteur, car seuls les f. 48v et 49 sont réglés sur trois colonnes, pour reproduire l’ensenhamen d’Arnaut de Mareuil, pièce non strophique en couplets 357 Besprechungen - Comptes rendus 5 F. Avril/ M.-Th. Gousset, Manuscrits enluminés d’origine italienne. 2. XIII e siècle, Paris 1984: 14- 16. 6 A. Cortese, «Per la miniatura veneziana del Duecento: un Trésor alla Biblioteca Capitolare di Verona», Arte Veneta 59 (2002): 7-21. 7 Cf. Cortese 2002: 8, pl. 2. 8 Cortese 2002: 11. 9 Ces apports critiques sont confirmés par G. Mariani Canova, «La miniatura», dans: F. Flores d’Arcais (ed.), La pittura nel Veneto. Le origini, Milano 2004: 223-44 (237-39). 10 Heureusement, on peut maintenant se référer aux descriptions soignées de W. Meliga, «Intavulare». Tavole di canzonieri romanzi. I. Canzonieri provenzali. 2. Bibliothèque nationale de France, I (fr. 854), K (fr. 12473), Modena 2001: 41-66 et 129-53, à compléter par les précisions de F. Zinelli, «D’une collection de tables de chansonniers romans (avec quelques remarques sur le chansonnier estense)», R 122 (2004): 46-110 (55-61). d’hexasyllabes qui ont été transcrits - tout à fait exceptionnellement - katà stíchon. L’information correspondante pour K, «réglure . . . sur deux colonnes» (xxxvii), est erronée, puisque le même ensenhamen y impose trois (f. 35) ou quatre colonnes (f. 35v) 11 . Aucune mention n’est faite des copistes et de leurs graphies, même lorsqu’un changement de main semble plausible (I f. 188-89v et 198-99v) 12 . On affirme que K «est passé dans la bibliothèque de la famille d’Este où le cardinal Bembo l’a lu et annoté» (xxxvi), tandis que Meliga 2001: 140 juge fort improbable et surtout non documentée cette éventualité, déjà avancée par Avril/ Gousset 1984: 16. Le passage du même chansonnier dans la bibliothèque particulière du cardinal Querini, qui l’aurait donné «en 1731 à la bibliothèque pontificale» (xxxvi) 13 , est résolument exclu par Meliga (2001: 142 N18). Ces négligences sont d’autant plus surprenantes qu’en tête des deux notices (xxvii et xxxiv), le lecteur est renvoyé aux tables de Meliga 2001 pour le contenu des chansonniers. Deux annexes visent à fournir des matériaux utiles à l’élargissement de la perspective, mais l’accumulation de fautes, souvent banales, les rend presque inutilisables. La première, «Les postilles du chansonnier A» (lxix-lxxi), donne le texte des notes rédigées en dialecte vénitien, qui sont placées en marge des initiales du ms. A et précisent le sujet de la représentation pour le miniaturiste 14 . Or, ce texte montre des discordances remarquables avec l’édition d’Avalle 1961: 179-81 qu’il est censé reproduire, et ceci sans qu’aucun nouveau contrôle auprès du manuscrit ne soit mentionné 15 . La deuxième annexe, «Les initiales du chansonnier M» (lxxvii-lxxix), présente brièvement le ms. M et ses grandes lettres historiées, qui révèlent un style très différent de celui des ms. A, I et K et qui surtout sont stéréotypées, car elles représentent toujours le même chevalier, armé ou non, sauf dans les cas du troubadour d’ouverture, Guiraut de Borneilh (f. 1), qui déclame devant un lutrin, et de Jaufre Rudel (f. 165), qui enlace la comtesse de Tripoli 16 . Or, ici de même, les erreurs abondent, de la côte du ms. («Paris, BNF, fr. 12744» [lxxvii], au lieu de 12474) à son origine («manuscrit provenant de la France méridionale» [lxxvii], alors que de nombreuses études ont établi qu’il a dû être exécuté à Naples pour un personnage lié à la cour angevine) 17 ; elles concernent aussi la liste des noms des troubadours représentés (lxxviii-lxxix), dont la forme devrait correspondre à celle retenue par M dans la rubrique qui précède l’initiale 18 . 358 Besprechungen - Comptes rendus 11 Cf. Meliga 2001: 46 et 136. 12 Cf. Meliga 2001: 48-49 et pl. 24. 13 Cf. déjà Avril/ Gousset 1984: 16. 14 Cf. d’A. S. Avalle, La letteratura medievale in lingua d’oc nella sua tradizione manoscritta. Problemi di critica testuale, Torino 1961: 105-06 15 En voici une liste: f. 9 Alvergne - Avalle 1961: 179-81 Alvernge; f. 11 e(n) - e(n) biffé par le rédacteur des notes, corega - carega, Guirautz - Girautz; f. 43 cu(n) sparvero - cu(n) .j. sparuero; f. 70 Gaucelm - Gaucelms; f. 82 - f. 84; f. 86 Ventadorn - Ventedorn; f. 108v jogular - jogolar; f. 113 monego cu(n) - monego a caual cu(n), monge - monges; f. 115 femebna - femena, monge - monges; f. 127 cu(n) altra çente - con altra çe(n)te; f. 131 dame - dona; f. 134 diu - dia; f. 142 home - homo; f. 143 - f. 143v, home - homo; f. 154 clerege - clerego, Uc - Ucs; f. 172 in - i(n); f. 189 caval - cauall; f. 197 Guirautz - Girautz; f. 199 - f. 199v, abala - abata, a cavallo - da cauallo; f. 203 cu(n) - c(on); f. 203v ka - ke, davanti - dana(n)ti. 16 Platitude qui aura certes été déterminée par l’absence, dans M, des récits biographiques, comme le veut Meneghetti 1992: 264-65. 17 Cf. au moins A.-C. Lamur-Baudreu, «Aux origines du chansonnier de troubadours M (Paris, Bibl. Nat., fr. 12474)», R 109 (1988): 183-98 et S. Asperti, Carlo I d’Angiò e i trovatori. Componenti «provenzali» e angioine nella tradizione manoscritta della lirica trobadorica, Ravenna 1995: 43-88. 18 Au f. 25, on lit «Folquet» pour Folqe; au f. 37, «Bernart de» pour Bernard da; au f. 89 (et non «88»), «Aymar» pour Aymeri; au f. 103, «Raimbus» pour Raimbaud; au f. 124, «Albertetz de Se[storo]» pour Albertet de Se[staro]; au f. 128, «Arnauz» pour Arnautz; au f. 143, «Arnautz» pour Arnauz; L’expertise de Ph. Palasi, «L’héraldique des troubadours» (lxxxi-lxxxii), portant sur les décors héraldiques des portraits d’I et K, riches mais fictifs, à l’exception des armoiries d’Alphonse II d’Aragon (pl. 92), et une bibliographie raisonnée (lxxxiii-lxxxviii) complètent la série de contributions. Étant donné l’ampleur des compétences de l’équipe scientifique chargée de la publication et l’insuffisance des descriptions courantes 19 , on aurait pourtant souhaité trouver un examen paléographique approfondi de l’œuvre des copistes, ainsi que des nombreuses interventions successives à l’achèvement des deux anthologies. Cette étude aurait par ailleurs permis d’étendre les recherches à d’autres ms. que l’on a supposés sortir du même atelier, notamment le chansonnier A et le Tresor aujourd’hui à Vérone, et de prendre également en considération les écritures de deux fragments de chansonniers, dénommés K et K , qui proviendraient «de la même région (peut-être du même atelier) qui a produit IK» et auraient été «confectionnés à partir du même modèle que pour IK», mais sans recevoir l’illustration et la décoration prévues 20 . Gabriele Giannini ★ Gabriele Giannini/ Marianne Gasperoni (ed.), Vangeli occitani dell’Infanzia di Gesù. Edizione critica delle versioni I e II, Bologna, 2006, 426 p. (Biblioteca di Filologia Romanza della Facoltà di Lettere e Filosofia dell’Università di Bologna 11) Pubblicato per la prima volta oltre un secolo fa, il corpus dei Vangeli dell’infanzia è stato ora ripresentato in edizione critica, con ampio commento da due filologi italiani, Gabriele Giannini e Marianne Gasperoni. Al primo si devono l’introduzione, le note ai testi e glossario; mentre la seconda ha curato i testi. Il lavoro congiunto ha il pregio, già di per sé sufficiente a giustificare un giudizio positivo sul volume, di esibire, raccolte in un luogo solo, tutte le testimonianze occitaniche relative ai Vangeli dell’Infanzia, testi apocrifi che godettero di una larghissima diffusione nel mondo romanzo. I due studiosi hanno esaminato i manoscritti latori dell’opera, compresi quelli oggi irrecuperibili e di cui rimangono vestigia attraverso le testimonianze indirette, offrendo per ognuno di essi una scheda storica e paleografica completa, non limitandosi ai soli dati ricavabili dall’esame dei singoli codici, ma inserendo tali elementi nel contesto storico e culturale di provenienza. Ciò ha consentito, ad esempio, di individuare per il manoscritto F (Firenze, Biblioteca Medicea Laurenziona, Ashburnham 103), la connessione con i ms. Ashburnham 115 e 116 e di ricondurre tutti questi codici alla mano di Jazme Olliou. L’analisi della struttura interna, del testo tradito e dei rapporti tra redazione occitanica e versioni antiche dei Vangeli dell’Infanzia, occupa una parte consistente del volume. Al termine della disamina i filologi evidenziano l’esistenza di due famiglie di testimoni, tra cui esistono notevoli differenze strutturali e contenutistiche, in relazione sia alla scelta degli episodi da tradurre sia alla loro lunghezza e dunque al loro peso specifico nell’opera. Lo studio dei rapporti ecdotici tra i latori delle due versioni consente di parlare di due redazioni distinte, conservate rispettivamente dai testimoni CT e P 1 e da P 2 - FN. 359 Besprechungen - Comptes rendus au f. 148, «Aymeric de Bellenuech» pour Aimeric de Bell[enuech]; au f. 152, «Cadenetz» pour Cadanetz. 19 Mentionnons pourtant les annotations de Meliga 2001: 41-66 et 129-53 et de M. Signorini, «Riflessioni paleografiche sui canzonieri provenzali veneti», Critica del testo 2 (1999): 837-59. 20 F. Zufferey, Recherches linguistiques sur les chansonniers provençaux, Genève 1987: 69. Dans le volume, on ne trouve nulle part mention de l’existence de ces deux fragments, sauf erreur de ma part. Ma anche CT - P 1 rappresentano due diversi nuclei testimoniali, per quanto l’esiguità del testo di cui CT sono latori abbia convinto gli editori - nonché a seguire P 1 nel testo a stampa, a non presentare separatamente i due testi (103). Uno dei risultati più significativi del lavoro sulla tradizione è poi la dimostrazione che i rapporti tra FN non sono assimilabili a quelli tra un codice modello e il proprio descriptus, come finora sostenuto dagli studiosi, bensì si tratta di manoscritti discendenti indipendentemente da un unico antigrafo comune. La parte centrale del lavoro introduttorio è dedicata allo studio della versificazione e della lingua di autori, copisti e rimaneggiatori di ognuna delle due versioni conservateci. L’analisi della struttura metrica della versione I del testo, couplets di octosyllabes, non manca di rivelare la presenza di nuclei rimici composti da gruppi di 3 o 5 versi sulla medesima rima, e che dunque infrangono la regola della coppia stichica. Le trasgressioni alle norme rimiche sono contenute e per esse gli editori hanno sempre il merito di rinviare a analoghi fenomeni linguistici, individuando nelle testimonianze, poetiche e documentarie, congruenze con le opzioni praticate da copisti e autori dei Vangeli dell’Infanzia. L’esame minuzioso distingue - con prudenza ma anche acutezza - tra fenomeni imputabili alla struttura rimica originaria, e fenomeni da ricondurre alla lingua degli autori, identificando la tendenza dell’autore a uscire dalle rigide regole rimiche di derivazione trobadorica per frequentare più comodi modelli compositivi. La lingua dell’autore ne rivela l’origine orientale, tra «la catena alpina e la riva sinistra del Rodano» (123), e ne colloca l’opera a cavallo tra fine del xiii s. e primo terzo del xiv (139). L’esame della versione II rivela una maggiore corrività, segno di una minore perizia dell’autore, nell’uso dei couplets di ottosillabi, imperizia che talora confina con un «tendenziale anisosillabismo» (151). Alla medesima scarsa abilità potrebbe ricondursi anche il fenomeno, già notato dai precedenti editori, di una indistinzione delle occlusive sorde in posizione postvocalica finale. Una tale circostanza è stata finora attribuita alla lingua dell’autore (159), ma molto accortamente Gabriele Giannini ne ha riversato la possibile origine sulla necessità di accoppiare rime di scarsa maneggevolezza (in -ep, -ob, -eph, -uc), piuttosto che su una provenienza dello scrittore dall’area «in cui [k] [p] [t] e [tá] tendevano a scomparire nella pronunzia, quando finali di parola». Senza dimenticare che tale fenomeno risulta attestato solo a partire dal 1400 e che nei secoli precedenti esso non è «definibile in maniera scientificamente accettabile, nemmeno con grossolana approssimazione». Gli scarni riscontri forniti dalla lingua dell’autore, impongono allo studioso una certa prudenza nella identificazione dell’area di provenienza della versione II, che viene infatti localizzata genericamente nella regione del Gard e dell’Hérault, come dell’epoca di composizione posta nel «Trecento meglio se pieno» (173). I testi sono pubblicati secondo le lezioni distinte delle due versioni. L’apparato negativo dà conto delle letture rifiutate di P 1 e delle divergenze rispetto a CT per la versione I (e di P 2 e FN per la seconda versione). Sono segnalati, nella edizione della versione II, i versi ipermetri e le diversità nella numerazione degli stichi tra P2 e FN. La redazione di questi ultimi codici poi è fatta oggetto di una ulteriore edizione. L’editrice raccoglie in apparato anche le letture divergenti rispetto alle precedenti edizioni. Abbondanti note conclusive danno conto delle scelte dell’editore, dei rapporti tra testo occitanico e modelli latini e dei fenomeni linguistici e prosodici che caratterizzano l’opera. Il lavoro è concluso da un glossario selettivo che raduna sotto gli item prescelti le occorrenze dei lemmi, le diverse grafie e il contesto nel quale sono inseriti. Le scelte dei due editori appaiono dunque condivisibili sia dal punto di vista editoriale che per quanto attiene lo studio e la localizzazione dei testimoni e i loro rapporti per quanto proprio la particolare tipologia di questi testi e la relativa abbondanza di varianti avrebbero forse suggerito una diversa disposizione dell’apparato. In particolare sarebbe forse stato meglio differenziare in due distinte fasce le lezioni tratte dai codici latori dalle varianti 360 Besprechungen - Comptes rendus introdotte nelle precedenti edizioni: la scelta di distinguerle unicamente attraverso strumenti tipografici non sempre aiuta a una pronta comprensione. Poche le note da aggiungere e scarse le mende da correggere. In particolare però segnaliamo che contrariamente a quanto si legge a p. 86 N162 Montmajour non è un monastero cittadino, trovandosi a una decina di chilometri da Arles. In definitiva una ottima edizione: completa, curata e che apre affascinanti prospettive per chi voglia indagare la assai varia produzione - direttamente o latamente - agiografica del Medioevo occitanico. Gerardo Larghi ★ Daniel Le Blévec (ed.), Les cartulaires méridionaux. Actes du colloque organisé à Béziers les 20 et 21 septembre 2002, Paris 2006, 270 p. (Études et rencontres de l’École des Chartes 19) Nel 2002 l’École des Chartes promosse a Béziers un colloquio sul tema «Les Cartulaires méridionaux»: di quell’incontro sono stati editi ora gli atti. Gli interventi stampati in un agile volumetto, indagano alcune tra le principali raccolte di diplomi delle regioni meridionali. Si tratta di strutture provenienti dai capitoli ecclesiastici metropolitani (chartriers di Arles e Apt), dai grandi linhatge laici (il Liber Instrumentorum Memorialis della famiglia Guilhem di Montpellier, o il cartulaire dei Trencavel di Béziers), dai centri monastici (Saint Victor di Marsiglia o la casa Templare di Saint Gilles), o infine dalle comunità urbane (Toulouse, e il Thalamus di Narbonne). I cartulari francesi sono una fonte fondamentale per chi si confronta con la civiltà medievale. Già gli storici settecenteschi, Papon, Anibert e prima ancora Baluze, ne avevano sottolineato il ruolo decisivo per una più compiuta conoscenza di un mondo di cui ignoriamo ancora troppi aspetti o di cui ci sfuggono elementi decisivi. Saccheggiati in quanto fornitori di documentazione preziosa per lo studioso del passato, divenuti assunto di analisi per gli storici del diritto, da qualche decennio essi sono usciti dalla condizione di documenti unicamente servili. P. Bertrand, C. Bourlet e X. Hélary, Vers une typologie des cartulaires méridionaux (7- 20), dopo la pubblicazione del fondamentale Répertoire des Cartulaires français. 1 - Provinces ecclésiastiques d’Aix, Arles, Embrun, Vienne, diocèse de Tarentaise. Publié par Isabelle Vérité, Anne-Marie Legras, Caroline Bourdet et Annie Dufour, gli autori dell’articolo riflettono sul lavoro che ancora rimane da fare per indagare queste fonti storiche. In particolare molti cartulaires lasciano intravedere l’esistenza di raccolte precedenti di atti e documenti, da cui essi stessi avrebbero tratto i materiali confluiti nelle loro pagine. Pancartes o pré-cartulaires che siano (10-12), è evidente che essi sono i preziosi testimoni, di un rapporto tra proprietà, memoria e parola scritta ancora in larga parte da analizzare. Ma se tali fonti possono dire moltissimo allo storico, la loro presenza, il loro uso, la loro stessa natura non sono senza ricordare al filologo analoghe raccolte, i Liederblätter, che furono in quei decenni all’origine dei canzonieri trobadorici. Il contributo di Bertrand, Bourlet e Hélary, si intrattiene poi sul problema delle relazioni tra le grandi istituzioni religiose e i notai (12-14), e sulle questioni terminologiche (14-15). Infine una ampia sezione dello studio è dedicata alla analisi della typologie des cartulaires (15-20), arrivando alla conclusione che si possa individuare una tipologia per queste fonti e che una precisa urgenza della ricerca diplomatica sia proprio quella di indagare in questo campo. Alain Venturini, Les cartulaires des anciens Évêchés d’Uzès et de Nîmes (21-31) presenta i risultati di una approfondita recensione dei cartulari assemblati nell’area geografi- 361 Besprechungen - Comptes rendus ca corrispondente grosso modo all’attuale dipartimento del Gard. Complessivamente si tratta di 10 strutture memoriali (due stese nella diocesi di Uzès, otto in quella di Nîmes), di cui solo 4 edite (ma 3 richiederebbero un nuovo studio) e 4 inedite. Circa i rimanenti due non possediamo che la notizia della loro esistenza, e sono per noi dunque irraggiungibili (30-31). Laurent Schneider, À propos de l’espace rural durant le Haut Moyen Âge méridional: archéologie et cartulaires (34-59), analizza il rapporto che si può stabilire tra la documentazione giuridica, l’archeologia e la ricostruzione storica delle mutazioni subite da una determinata area geografica. Fin dal XVIII s. dalle raccolte di chartes furono tratte indicazioni in ordine alla topografia e alla toponomastica in stretta correlazione con l’archeologia (33-35): a questa visione statica della storia di una determinata area, oggi si preferiscono «des approches qui touchent plus largement à l’organisation de l’espace», inscrivendo gli studi archeologici che possono essere condotti a partire dai cartulari in una dinamica «de l’habitat dans un temps long» (35). I cartulari rivelano a loro volta, in queste ricerche, proprio grazie alla analisi della loro stessa organizzazione interna, i contorni delle vicende che presiedettero ai rapporti sociali e di potere che li crearono e di cui essi vollero dare conto. Schneider dopo aver sottolineato come archeologia e cartulari concorrano entrambi alla ricostruzione di storie familiari e sociali di lungo periodo, posto che «les informations livrées par les cartulaires nourissent les recherches qui s’attachent à la notion d’espaces savants ou vécus» (37), passa alla analisi delle «dynamiques de transformation de l’habitat» attraverso lo studio del caso rappresentato dalla villa di Sclacianum/ Esclatian attestata fin dal secolo X (39- 41). Dedica poi alcune pregevoli pagine alla «enquête lexicologique et démarche archéologique: l’exemple des villae avec tour», a partire dalla differenza tra villa e castrum (42-47). La «profondeur mémorielle des patrimoines: le vrai, le faux et les vides documentaires» sono occasioni per riflettere, attraverso una analisi dei diplomi più antichi contenuti nel cartulaire di Saint-Sauveur d’Aniane, sulla integrazione tra creazioni monastiche, le cellae che furono fondate nell’area di Montpellier già nel IX secolo dai carolingi, e lo spazio rurale della regione. Gli scavi archeologici condotti dal 1960 in poi hanno però messo in rilievo le differenze esistenti tra la datazione proposta dalle carte e i risultati delle prospezioni intorno al locus denominato Saugras. Differenze che sono da ricondurre a una attualizzazione del passato e a un desiderio di preservare la libertas dell’insediamento religioso rispetto alle pretese del monastero di Gellona, e che comunque rischiano ai nostri occhi di produrre forti distorsioni storiche. In ogni caso la lezione che possiamo trarre dalla analisi di Schneider è la necessità di una relazione dialettica tra archeologia e diplomatica. Florian Mazel, Cartulaires, cathédraux, réforme de l’église et aristocratie: l’exemple des cartulaires d’Arles (v. 1093-1095) et d’Apt (v. 1122-1124) (61-90), attraverso una analisi di due cartulari tra i più antichi conservati nella regione a est del Rodano, tenta una ricostruzione cronologica dei rapporti tra alcune famiglie aristocratiche e le istituzioni monastiche. L’esame dello storico francese intende verificare la relazione tra la logica aristocratica e la Riforma gregoriana, rilevando le tracce che questo rapporto ha lasciato nella formulazione archivistica riflessa nei cartulari. Ne emerge il contorno di una tipologia di cartulari, definiti «cartulaire cathédral» in cui si intravedono i riflessi dei profondi cambiamenti subiti dalle strutture civili e religiose a cavallo tra XI e XII secolo in Provenza. In essi si mescolano l’intento di affermare l’importanza della vita comune del clero e il desiderio di stabilire un inventario dei beni della chiesa episcopale, ma soprattutto si mette «l’accent sur la puissance de l’archevêque . . . puissance qui est d’abord temporelle, seigneuriale» (70) e dunque anzitutto indipendente da ogni signoria laica. Autonomia che comunque, nel cartulaire di Apt, non esclude l’intento di associare all’episcopatus una famiglia aristocratica, gli Agoult. Sicché una struttura memoriale religiosa diviene anche compilazione familiare. I due documenti sono dunque testimoni delle logiche che presiedettero alle relazioni tra clero grego- 362 Besprechungen - Comptes rendus riano e famiglie nobili in Provenza tra fine XI e inizio XII secolo. Logiche riformatrici, è vero, e insieme anche desiderio di rinnovare una collaborazione tradizionale. Pierre Chastang, La préface du Liber Instrumentorum Memorialis des Guilhem de Montpellier ou les enjeux de la rédaction d’un cartulaire laïque méridional (91-123), anatomizza ideologia, eventi e metodi seguiti nella stesura del cartulaire dei signori di Montpellier, a partire da un esame stringente del testo prefattorio allegato alla struttura diplomatica. Il lungo scritto parrebbe evocare la situazione politica che la città languedociana visse tra la fine del dominio di Guilhem VIII e Guilhelm IX, e dunque situarsi nei primissimi anni del XIII secolo (94-95), ma in ogni caso in esso è evidente il rinvio alle preoccupazioni che la casata stava vivendo. Il cartulario diviene così lo strumento di difesa della proprietà del lignaggio e dunque assume finalità eminentemente giuridiche: siamo cioè ben lontani dalle preoccupazioni escatologiche di cui era intessuto invece il cartulario di Gellona. La seconda parte della prefazione evoca infatti il linguaggio del diritto, costruendo uno strumento che doveva ad un tempo difendere e dare ordine a una proprietà di cui si percepiva la debolezza. La analisi serrata che Chastang conduce sulla raccolta documentaria evidenza i criteri che sovrintesero al suo assemblaggio, ottenuto anche attraverso la raccolta di documentazione proveniente certamente da fondi archivistici preesistenti. Il raffronto tra Liber instrumentorum e Liber Feudorum maior dei conti di Barcellona consente poi allo storico di rilevare congruità e differenze tra questi due cartulari laici quasi coevi. Il Liber Feudorum fu costruito al fine di edificare una sovranità, quella di Alfonso I, in relazione ai suoi vassalli: per chi elaborò quel repertorio, al centro di tutto vi era la regia majestas da cui discendevano territori e uomini. Al contrario il magister languedociano che edificò il Liber instrumentorum sembra piuttosto aver voluto sottolineare la centralità delle strutture di potere della città occitana e della signoria laica che su di essa dominava. Hélène Débax, Un cartulaire, une titulature et un sceau: le programme politique du vicomte Roger II (Trencavel) dans les années 1180 (125-43) indaga la raccolta documentaria dei visconti Trencavel. Tale struttura memoriale fu costruita per sostenere il diritto della famiglia albigese a titolarsi visconti di Albi e non più solo di Ambialet (129): in altri termini essi rivendicarono il diritto del loro linhatge su tutto l’Albigeois e non solo sulla parte orientale. Come e perché essi abbiano reclamato tale sovranità è questione che ancora occupa gli storici: l’autrice verifica però che questi eventi sono in stretta connessione con l’azione politica di Raimondo V di Tolosa che portò a focalizzare sulla regione della Linguadoca gli sguardi delle gerarchie ecclesiali, preoccupate di estirpare ogni forma di eresia. Il cartulario ci permette insomma di gettare luce sul momento della nascita di quegli eventi che furono alla base della fine della civiltà occitanica cantata (e poi rimpianta) dai trovatori del XIII secolo (130). Trattandosi di un organo teso ad affermare una continuità dinastica e destinato dunque a divenire base per ogni forma di rivendicazione territoriale, fiscale, feudale, si comprende perché in esso, assai più che in altre consimili raccolte, abbiano rilievo le formule di giuramento e di fedeltà. Tali espressioni rituali ci consentono a un tempo di leggere l’evoluzione delle strutture promissorie, di intravedere come il linguaggio giuridico si andasse precisando, e insieme di verificare la interazione tra diritto romano e strutture politiche occitaniche (140). L’edizione delle formule di giuramento è ancora da fare, ma una prima sommaria analisi delle locuzioni raccolte nella tesi di dottorato di Laurent Macé ci svela la ricchezza di informazioni che da esse, e dal cartulario dei Trencavel possiamo trarre. Débax nella sua analisi arriva anche a datare con precisione l’epoca di raccolta - e copia - dei diplomi: una prima parte risale agli anni 1185-1186, e fu voluta da Roger II Trencavel. Ma già all’inizio del XIII secolo si volle completare il volume con nuove trascrizioni, probabilmente per ordine di Raimon Roger Trencavel, deceduto nel 1209. Queste aggiunte furono tratte dal liber instrumentorum vicecomitalium, che era allora conservato presso lo studio notarile di Bernart Marti: ne possiamo dedurre che il visconte albigese ab- 363 Besprechungen - Comptes rendus bia desiderato confezionare un secondo cartulario che completasse quello paterno. Le formule di fedeltà sono lì trascritte una di seguito all’altra, spesso in ordine confuso, sovente senza che vengano citati neppure i testimoni e in buon numero senza data: erano dunque assenti elementi che la prassi giuridica meridionale pur considerava indispensabili. Sembra di poterne desumere che i copisti notai, e dunque anche il committente, intendessero sottolineare la centralità assoluta rivestita dalle parole stesse. I verba dovevano essere espressi con una sintassi non sempre lineare ma comunque con un fondo ritmico che aggiungeva alla cerimonia e alla promessa un elemento quasi religioso. È questa la dimostrazione che il giuramento di fedeltà, la base della civiltà meridionale, ebbe in sé un carattere liturgico, che dunque aveva validità propria e che non richiedeva altra conferma: il potere feudale vicecomitale si erigeva dunque sull’autorità stessa della parola (141-42). Damien Carraz, Le cartulaire du Temple de Saint-Gilles, outil de gestion et instrument de pouvoir (145-62), studia il ruolo svolto dagli ordini monastico-cavallereschi nella regione a ovest del Rodano. La fortuna ha voluto che ci siano conservati ben sette cartulari risalenti alle case templari o ospedaliere di quella area. Tra tali monumenti si annovera, inedito, il cartulaire del Tempio di Saint Gilles, testimone della straordinaria fortuna arrisa a quest’ordine insediatosi sulle rive del piccolo Rodano nel 1139 e integrato nel Gran Priorato di Saint Gilles nel 1312 al momento della sua dissoluzione. Il contributo di Carraz si sviluppa lungo due assi di ricerca: il cartulario come strumento di gestione di un patrimonio signorile; la raccolta archivistica in quanto servizio per il dominium templare e forma memorialis dei lignaggi che si legarono ai monaci cavalieri. La struttura diplomatica adotta una organizzazione topografica, fondata sui territori in cui la casa vantava possedimenti. Una analisi delle carte originali conservateci rivela criteri selettivi legati anzitutto al desiderio di marcare la propria autonomia rispetto alle autorità comitali e episcopali. Nel cartulario non dovevano trovare spazio documenti che potessero disturbare l’istituzione nella sua quotidiana lotta per conservare potere e beni acquisiti nella sua storia: esso risponde anzi alle caratteristiche proprie della politica sviluppata da Guilhem Catel, il responsabile della casa dal 1201 al 1204: ne possiamo assegnare la compilazione alla primavera del 1203. Probabilmente la sua stesura fu affidata a qualche notaio, secondo la consuetudine che si andava diffondendo nelle regioni a Sud della Loira. Strumento di gestione il cartulario intese però anche conservare la memoria genealogica dei lignaggi che si legarono all’ordine monastico, divenendo prova - agli occhi dei contemporanei ma anche delle generazioni future della coesione esistente tra Templari e laici. Monique Zerner, L’abbaye de Saint-Victor de Marseille et ses cartulaires: retour aux manuscrits (163-216), in un lavoro ampio e approfondito esamina i cartulari assemblati a Saint- Victor: il grand-cartulaire, raccolto quando i principi della riforma gregoriana stavano penetrando in Provenza e il petit-cartulaire, di epoca successiva e probabilmente rimasto incompiuto. Il primo rispose alla concreta urgenza storica della fine del secolo XI risalendo la sua nascita a pochi anni dopo il 1080. Il secondo, steso dopo il 1246, forse intorno al 1250, riflette invece la grave crisi sociale e religiosa attraversata dalle istituzioni monastiche nel momento del trionfo capetingio e della estinzione della dinastia catalana grande alleata del cenobio marsigliese. La ricostruzione, precisa e puntuale, di Zerner consente di colmare lacune e errori contenuti nella edizione di Benjamin Guérard gettando nuova luce sui meccanismi culturali e gestionali che presiedettero alla stesura della prima raccolta di atti monastici. François Bordes, Les cartulaires urbains de Toulouse (XIII e -XIV e siècles) (217-38), esamina nel suo contributo la serie AA dei registri conservati nelle Archives di Toulouse distinguendo i cartulari veri e propri da altri tipi di raccolte documentarie. Essi sono in ogni caso strumenti decisivi per definire il sistema di relazioni sociali, politiche, giuridiche che si creò nelle comunità urbane. Ne emerge l’esistenza di quattro grandi cartulari medievali, che 364 Besprechungen - Comptes rendus sono oggetto della indagine dell’archivista francese. Tra essi si segnala il cartulaire di Guilhem Bernard (AA 1 e 2), costituito a partire dalla primavera del 1205 e fino al successivo mese di settembre, raccogliendo privilegi e atti essenziali del comune di Toulouse: il lavoro infatti fu realizzato in nome e per conto della universitas della città a difesa dei privilegi e degli usatica qui in Tolosa erant e che erano messi in discussione in quell’arco cronologico dalla azione dei due legati papali Peire de Castelnau e Raoul de Fontfroide. Jacqueline Caille, Les Thalamus de Narbonne (239-47), anatomizza i 17 cartulari consolari conservati a Narbonne sotto il nome di thalamus e composti a partire dalla metà del XIII secolo sotto la sorveglianza della autorità municipale. Caille li esamina e di ognuno definisce tempi e motivi che presiedettero alla redazione: complessivamente essi raccolgono una imponente massa di diplomi che si estende dalla metà del XII s. fino al termine del XV s. Un esame della documentazione a disposizione consente alla ricercatrice di ricollegare il curioso lemma thalamus all’ebraico talmud (reso graficamente nei testi medievali anche con thalmud o talémus e che designò il «libro dei giudei, raccolta di costumi, di tradizioni di leggi») oppure con il latino thalamus, cioè «camera, letto, parte più segreta ove sono conservati i beni preziosi» e da qui per estensione «collezione di atti e di documenti di valore». Jean-Loup Lemaître, Quelques réflexions sur les cartulaires méridionaux (249-51) in omaggio al titolo del suo contributo definisce l’oggetto cartulaire: «[il] n’est pas un simple recueil de copies d’actes, il est l’œuvre d’un homme» e «cet homme lui donne une forme matérielle qui reflète ses préoccupations, ou celles de son commanditaire» (249). Esso dunque somiglia assai più a un libro che a un anonimo documento d’archivio: una constatazione che richiama la necessità di averne studi sempre più precisi e completi, tali da sostituire le pur benemerite edizioni del secolo scorso. Monique Bourin, Conclusion (253-68), lega i cartulari al notariato diffusosi assai presto nel Midi, riconducendo a questo nodo anche la precocità del fenomeno delle strutture memoriali laiche e urbane. Il panorama però, all’interno di questo vasto perimetro si presenta molto vario per tipologia di raccolte (signorie laiche e monasteri), per genere di committenza, per quantità di materiale assemblato (da poche decine di atti a oltre un migliaio), per periodo di redazione (dal 1080 alla metà del XIII secolo). Non di meno, pur tra assenze inquietanti e troppe questioni ancora aperte, l’autrice affaccia al termine del suo contributo l’ipotesi che sia giunto il momento di tracciare una tipologia dei cartulari distinti secondo tempi, luoghi e obiettivi particolari (267-68). Ipotesi affascinante e che non mancherebbe di dischiudere squarci inediti sulla storia della società francese meridionale. Gerardo Larghi ★ Philippe Gardy (ed.), «De Jasmin à Mistral: écritures autobiographiques occitanes», Revue des langues romanes 109 (2005), p. 225-388 La Revue des langues romanes a consacré plus de la moitié du numéro 2 de son tome 109 (2005) aux écritures autobiographiques occitanes. Philippe Gardy, qui a réuni ces études, divise, dans sa Présentation (227-32) et dans le premier article du recueil (Les voies de l’autobiographie en occitan aux XIX e et XX e siècles: Jasmin, Mistral, 233-70), la production autobiographique occitane en deux périodes. La première période, celle de l’autobiographie en vers, est initiée par le poète-coiffeur d’Agen, Jacques Boé, dit Jasmin, qui publie en 1835 Mous soubenis et, vers la fin de sa vie, en 1863, Mous noubèls soubenis. Jasmin, très populaire à son époque, trouve de nombreux imitateurs que Gardy énumère dans la bibliographie qui termine son article. 365 Besprechungen - Comptes rendus La seconde période, celle de l’autobiographie en prose, est dominée par Frédéric Mistral, dont la véritable autobiographie, Memòri e raconte, ne paraît qu’en 1906. Elle est cependant précédée de plusieurs textes à caractère autobiographique, dont notamment la préface à son recueil de poésies, Lis isclo d’or, en 1876, et flanquée de textes autobiographiques d’autres membres du Félibrige. Textes à caractère autobiographique ou autobiographies? Il est sûr que beaucoup de textes étudiés dans ce volume ne correspondent pas à ce que l’on appelle communément une autobiographie, que Philippe Lejeune définit comme «un récit rétrospectif en prose qu’une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu’elle met l’accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l’histoire de sa personnalité» 1 . Dans le cas de Jasmin, il ne s’agit pas d’un récit suivi. Auteur d’une série d’histoires édifiantes, Jasmin utilise quelques épisodes de sa propre vie pour en faire des histoires édifiantes, comme le montre Claire Torreilles dans son excellente contribution (Jasmin, les fables du souvenir, 270-93). L’article de Jean-Yves Casanova sur Mistral (Cet autre Frederi: aspects de l’autobiographie mistralienne, 337-58) me paraît plus flou. De fait, le chemin parcouru de la préface à Lis Isclo d’or jusqu’à Memòri e raconte est long, même si Mistral reprend textuellement quelques phrases. Ce n’est que le livre de 1906 que l’on peut qualifier sans ambages d’autobiographie. L’intention communicative de la préface de 1876 est différente. Mistral la définit clairement dès le premier paragraphe de son texte. Il s’agit de répondre à une question qui lui a été souvent posée: «M’an demanda souvènt coume vai qu’escriviéu en lengo prouvençalo». Le but est donc d’expliquer les motivations qui ont amené le poète à écrire en langue occitane. Ce faisant, il s’attarde davantage sur la personnalité de son père que sur sa propre personnalité. Son père, un homme d’un autre âge - il devait avoir 59 ans à la naissance de son fils Frédéric - l’a en effet profondément marqué. Alphonse Tavan, dont Rita Mazaudier (Les deux préfaces autobiographiques d’Alphonse Tavan, 295-336) republie les préfaces autobiographiques de ses deux recueils de poésies, Amour e plour (1876) et Vido vidanto (1900), semble mû d’une intention communicative semblable. Le fait de faire des vers en occitan semble bien avoir besoin d’explications à cette époque. Analysons rapidement le texte le plus long, celui d’Amour e plour, qui est divisé en douze parties numérotées. Dans les quatre premières parties, Tavan décrit dans une envolée poétique la région de Châteauneuf de Gadagne, où il est né et mort, et du village voisin de Font-Ségugne, où le Félibrige est né. Quelles réticences, en revanche, quand il est amené dans la cinquième partie à parler de soi-même: «Ausarai-ti racounta ma jouinesso? Bessai que mi leitour auran interès de saupre de quento maniero siéu arriba à faire de vers». Ce qui vaut la peine, à ses yeux, c’est de raconter comment un pauvre paysan comme lui est arrivé à faire des vers en provençal, et il parle de ses maîtres, de ses premiers essais, des encouragements qu’il a reçus et, enfin, comment il a été amené à participer à la fondation du Félibrige. En ce qui concerne sa vie personnelle, il reste extrêmement pudique: «Noun vole eici racounta moun istòri, car es trop tristo . . . », écrit-il au début de la onzième partie. Voilà donc un autobiographe qui fait l’éloge des gens qu’il a rencontrés, mais qui ne fournit, quant à sa personne, que les détails qu’on pourrait aussi trouver dans un curriculum vitae. À propos de ces textes, comme à propos de tous les autres textes autobiographiques, se pose évidemment le problème de la véracité. À l’instar de Rousseau, Jasmin propose un véritable pacte autobiographique à ses lecteurs: 366 Besprechungen - Comptes rendus 1 Le Pacte autobiographique, Paris 1975: 14. Arrè lou fau! Bòli lou bray! Qu’en se pintran d’autres mentisquen E se fardan e s’enbelisquen. Jou, me fau tel que suy ; res de may, res de mens. Se nou suy pas poulit, me bôli ressemblen. (Mous soubenis, II) Dans son article, Claire Torreilles reste pourtant très sceptique; chez ce poète, qui était surtout célèbre pour ses récitations, la mise en scène littéraire l’emporte selon elle sur la véracité des propos: «Mous soubenis est écrit pour se dire, mais sur la scène et avec le masque du poète comédien. On le classerait aujourd’hui dans l’autofiction» (280). Le même problème apparaît dans l’article de Philippe Martel (Les jeux de l’amour et de la mémoire: l’autobiographie de Batisto Bonnet, 363-88), qui clôt le volume. Baptiste Bonnet devait son succès relatif à la protection de Frédéric Mistral et d’Alphonse Daudet. Il a raconté sa vie de valet de ferme d’abord dans L’Aioli, la revue félibréenne de Mistral, puis dans deux volumes traduits en français et préfacés par Alphonse et Léon Daudet. Martel compare les deux versions et découvre que le récit de sa vie sentimentale change considérablement d’une version à l’autre. Comme le souligne Martel, ce n’est pas la question de savoir si le poète a menti qui est importante. Il s’agit là bien plutôt d’un questionnement sur le genre autobiographique en tant que tel. Jakob Wüest ★ Roger Friedlein, Der Dialog bei Ramon Llull. Literarische Gestaltung als apologetische Strategie,Tübingen (Niemeyer) 2004, 348 p.(Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie 318) Die vorliegende äusserst wertvolle, da vielseitig ausgreifende und überzeugend klärende, für die Llull-Forschung also inspirierende Untersuchung mit Textedition - dies sei der folgenden Präsentation vorweggenommen - wurde im Februar 2001 durch die Freie Universität Berlin, Fachbereich Philosophie und Geisteswissenschaften, als Inauguraldissertation gutgeheissen, für den Druck nur leicht überarbeitet und aktualisiert. Bei der inhaltlichen Fülle und der Vielfalt der Blickrichtungen und Untersuchungsfelder mit gleichzeitig ausgebreitetem Detailreichtum lässt sich die Studie kaum resümieren. Es werden darum hier lediglich die kapitelbildenden Schwerpunkte genannt und kurz vorgestellt. Die dichte Einführung (I., 1-58) befasst sich vorerst allgemein mit dem Thema Dialog im Mittelalter, um sich dann auf Ramon Llull (1238-1316) zu konzentrieren. Ein Blick auf die antiken und frühchristlichen Dialogtraditionen führt zu den nachhaltig traditionsbildenden Namen Plato und Cicero sowie Boethius und Augustinus. Unter den im Forschungsüberblick zahlreich erwähnten Arbeiten (Sekundärliteratur) zum Dialog im Mittelalter fällt jene von P. Schmidt (1977) auf: anstelle einer gattungsmässigen Idealtypenumschreibung propagiert er neu eine Klassifikation der literarischen Dialoge in die Kategorien Kontroversdialog, philosophischer, didaktischer, hagiographischer und selbstbetrachtender Dialog. Der funktionale und sozio-kulturelle Aspekt, dazu der weitere epocheneigene literarische Kontext führen denn auch den Autor Roger Friedlein (fortan R. F.) zu einem neuen, revidierten Dialogkonzept für das Mittelalter, speziell für das Werk Ramon Llulls, nachdem vorgängig die Dialogkonzepte der bisherigen Llull-Forschung (Llinarès, Colomer, Domínguez, Jauss) kritisch befragt wurden. Drei mediävistischen Themenbereichen - selbstverständlich immer im Hinblick auf die Dialogliteratur Llulls - schenkt R. F. besondere Beachtung: der dialogisch strukturierten 367 Besprechungen - Comptes rendus Trobadorlyrik, den Debatten und den Religionsgesprächen. Religionsdialoge machen einen eigenen, für das Werk Llulls höchst bedeutenden Bereich aus. Im Unterschied zu älteren Untersuchungen geht hier bei R. F. die Frage nicht nach der möglichen «Echtheit» (Authentizität) eines realiter stattgefundenen Gesprächs und dessen Verschriftlichung. Die Frage dreht sich vielmehr um die Bedeutung von Fiktion und (simulierter) Spontaneität des Dialogs im Spannungsfeld von Mündlichkeit und Schriftlichkeit, denn historische Mündlichkeit ist kaum rekonstruierbar. R. F. möchte die Bezeichnung «Dialog» für das rein literarisch angewandte Bau- und Gestaltungsprinzip von Dialogtexten reservieren, während ein schriftlich fingierter mündlicher Kommunikationsvorgang als «Gespräch» zu bezeichnen wäre. Damit gelingt es R. F., die im Mittelalter in grosser zeitlicher Spannweite und idiomatischer Vielfalt vorkommende Dialogform begrifflich einzugrenzen und auf einen für Llulls Dialogliteratur gültigen Kernbereich einzuschränken. Da gibt es in den religiösen und theologischen Texten in Dialogform eine Verankerung in Zeit und Raum, den situativen Kontext also, dazu oft den Einsatz eines Erzählers. Kennzeichnend ist weiter, gemäss R. F., die Argumentativität des Dialogs, was den gegenseitigen Bezug der Sprecher aufeinander bei gemeinsamem Thema impliziert. Konstitutiv für den mittelalterlichen Dialog erweist sich, wiederum gemäss R. F., die Ernsthaftigkeit. Bloss der Unterhaltung dienende Texte, wie etwa nugae, werden aus dem Dialogkonzept ausgeschlossen. Zusammenfassend lässt sich feststellen: Mündliche Gespräche können der Entstehungsanlass des schriftlichen Texttyps «Dialog» sein, welcher notwendig in einem Kontext situiert ist und dessen Szenerie oder begleitende Handlung durch einen Erzähler oder durch sprechende Figuren vermittelt werden. Der kulturelle und literarische Kontext von Llulls Dialogen - gut zwei Dutzend seiner über 250 hinterlassenen Texte - ist Gegenstand des zweiten Teils des Einführungskapitels. Die literarische Selbststilisierung Llulls im autobiographischen Bericht (Vita coaetanea) und die Neuheit der Ars Lulliana und ihrer Frage-Antwort-Form mit einem entschieden rationalistischen Denkansatz wird nun in seiner Eigenart charakterisiert. Auch der notwendige Hinweis auf die erstaunliche Reise- und Missionstätigkeit des weitgehend autodidaktisch ausgebildeten, des seiner Arabischkenntnisse wegen arabicus Christianus genannten Doctor illuminatus fehlt nicht. Die Ars Lulliana, auch Ars magna benannt, ein zur Ars generalis evolvierendes System, will bei vernunftgemässer Beweisführung eine Einheit des Glaubens und der Kirche herbeiführen. Durch die von Llull entwickelte universal-rationale Erkenntnismethode, ein auf einer relationalen Ontologie aufgebautes relationales System, soll Muslime, Juden und Heiden mit den Christen in Übereinstimmung bringen. Llulls Ars combinatoria steht im Dienste einer analogisch zu erfassenden Realität und einer Beweisfindung für alle Glaubensartikel durch eine Reihe «relativer Prinzipien», wobei die dazu eingesetzten Fragen und Antworten, kombinatorisch generiert, alles Wissbare umfassen. Die Verbindung des llullschen Frage- und Antwortschemas mit dem Dialog als literarischer Form wird anhand von Parallelen wie den Joca monachorum, Alcuins Disputatio, Adria und Epictitus, den Fragedialogen des Elucidariums (Honorius Augustodunensis) und dem Livre de Sidrac (Frage-Dialog, 13. Jh.) dargelegt. Denn, so R. F., als literarische Gattung ist der Dialog in seinen typischen Merkmalen beschreibbar und abgrenzbar, sodann mit Texttraditionen relationierbar. Alle diese vorgängigen, minutiös durchgeführten Untersuchungen und festgemachten Differenzierungen dienen dem endlich simpel genannten Ziel, ein llullsches Dialogkorpus etablieren zu wollen (56-58). Die dabei in Frage kommenden 26, zwischen 1275 und 1314 entstandenen Texte decken fast die gesamte Schaffenszeit Llulls ab. Teil II der Untersuchung (59-98) zeigt dann am ältesten der llullschen Dialogtexte, dem Llibre del gentil, grundsätzlich die strukturellen Möglichkeiten der literarischen Gattung Dialog auf und er- 368 Besprechungen - Comptes rendus arbeitet anhand weiterer ausgewählter llullscher Dialoge deren spezifische Kennzeichen. Der Liber Tartari (III., 99-138) erweitert die im Llibre del gentil vorgestellte Religionsdisputation und Missionsinitiative Llulls durch einen literarischen Dialog, der als Spiegel der göttlichen Trinität fungieren will, dabei das im Mittelalter allgegenwärtige Buchmotiv (liber creaturae, (Lebens)Buch und Richter u. a.) variiert. Hauptabschnitt IV (139-304) entdeckt in Llull den Autor der Dialoge als Figur. Die relevante Ichdarstellung erfolgt zumeist im Prolog. Ramon als Figur wird umschrieben am Beispiel der Consolatio Venetorum, einem Tröstungsdialog in boethianischer Tradition, und des Desconhort (autobiographisches und moralisches Ich). Die Oracions i contemplacions de l’enteniment (V., 205-21) nehmen die Soliloquientradition und Elemente der mittelalterlichen Betrachtungsliteratur wieder auf, die als Ichdarstellung erscheinen. Ein Exkurs über Llulls Llibre de sancta Maria, insbesondere zu den dort auftretenden Personifikationen, schliesst sich an. Die Disputatio Fidei et Intellectus (VI., 223-42) - in der damaligen europäischen Einheitssprache der Gelehrten, in Latein, abgefasst - zeigt exemplarisch die mögliche Gesprächskohärenz in einer bestimmten Gesprächskonstellation. Dabei stellt der Dialog selbst schon eine gattungspoetische Stellungnahme dar. Im Anschluss an diesen Text weist R. F. ausdrücklich auf Llulls Tendenz hin, seine Dialogproduktion zu mechanisieren durch eine zunehmende Regelhaftigkeit der Gesprächsabläufe, etwa durch den reihenhaften Einsatz von Quaestionen als Vertextungsverfahren. Der Einsatz der Ars lulliana zur Generierung von Fragen und Antworten wirkt ebenfalls schematisierend. Der llullsche Dialog galt fortan als Modell, das besonders im iberoromanischen Llullismus des Mittelalters weitergeführt wurde (VII., 243-58). Sämtliche Dialoge des llullschen Dialogkorpus werden in Anhang 1 (259-86) nicht nur in weitgehend chronologischer Abfolge aufgelistet, sondern vor dem Hintergrund der nächst verwandten Textsorte bei Llull, dem Traktat, vorgestellt und anhand folgender Stichworte kurz analysiert: Entstehungszeit, Erstausgabe, Gliederung, Thema, Ort und Zeit, Figuren, Handlung, Gesprächsdynamik, Besonderes. Das Verhältnis der Rollen der Interlokutoren (Sprecherkonstellation) erweist sich in der Analyse von Belang. Diese Textbeschreibungen - sie überschreiten nie den Umfang einer Druckseite - verstehen sich in Bezug auf den Dialog im Mittelalter als exemplarisches Vorgehen, in Bezug auf Ramon Llull sind sie ein einfacher Vorschlag, wie R. F. zugesteht. Anhang 2 (287-312) bringt eine Textedition der Consolatio Venetorum, wovon es bisher nur eine Teiledition gab (Hauréau 1892). Dieser Consolatio-Text wird nach zwei Handschriften (Paris, Bibl. Nat. Ms. lat. 15 145, fol. 206r°-222v° und Vat. lat. 13680, fol. 108r°- 131v°) ediert, um ihn «in einer gut lesbaren Arbeitsversion zugänglich zu machen» (287). Reproduktionen der Illuminationen zum Llibre del gentil lassen sich in Anhang 3 betrachten (313-17). Sie zeigen in graphischer Darstellung durch Baumstrukturen Ausschnitte aus Llulls kombinierbarem Begriffssystem; die Serie der llullschen geometrischen Figuren ist hier nicht zu sehen. Im Beisein verschiedener Religionsvertreter präsentiert sich einmal der Baum der göttlichen Eigenschaften, dann der Baum der Tugenden und göttlichen Eigenschaften, weiter der Baum der göttlichen Eigenschaften und der Todsünden sowie der Baum der Tugenden und der Baum der Tugenden und der Todsünden. Bibliographische Angaben und Register (343-8) schliessen den positiv beeindruckenden, umfassenden Beitrag zur llullschen Dialogkenntnis ab. Er mag, wie vom Autor erwünscht, der künftigen Llull-Forschung förderlich dienen. Louise Gnädinger ★ 369 Besprechungen - Comptes rendus Diego de Guadix, Diccionario de arabismos. Recopilación de algunos nombres arábigos. Estudio preliminar y edición de María Águeda Moreno Moreno, Jaén (Servicio de Publicaciones de la Universidad de Jaén) 2007, 509 p. La existencia de la obra Primera parte de una recopilación de algunos nombres arábigos, que los árabes (en España, Francia y Italia) pusieron a algunas ciudades, y a otras muchas cosas, de Diego de Guadix, ha sido un hecho notorio prácticamente desde su elaboración hacia el año 1593, sin duda debido a que Sebastián de Covarrubias la citaba con cierta frecuencia en su Tesoro de la lengua castellana o española (1611), generalmente para ofrecer etimologías arábigas. Paradójicamente, la obra en sí hasta ahora ha sido casi desconocida, sin duda debido a que nunca llegó a imprimirse. Esta lamentable situación se remedia por fin con la publicación por parte de María Águeda Moreno (Universidad de Jaén) de la obra Diccionario de arabismos. Recopilación de algunos nombres arábigos, libro que contiene, además de la transcripción del manuscrito del Padre Guadix, un detallado estudio introductorio y unos extensos índices léxicos; la obra se basa en la tesis doctoral realizada por la citada investigadora bajo dirección de Ignacio Ahumada Lara, quien presenta la publicación con un valioso prólogo. El libro se estructura en tres partes, cuya primera es un amplio estudio preliminar que arroja abundante luz sobre un lexicógrafo y su obra tan importantes como poco conocidos. En primer lugar se exponen los datos biográficos que se conocen sobre Diego de Guadix: hijo de una familia noble de la ciudad granadina de Guadix nacido a mediados del s. XVI, tomó los hábitos de la orden eclesiástica de San Francisco de Asís, probablemente en el convento de San Francisco de Granada. Su amplia formación y su agradable carácter hicieron que fuera un hombre de reconocido prestigio entre sus coetáneos, que ocupó diversos cargos eclesiásticos de importancia: fue nombrado definidor de la provincia de Granada en 1584 (cargo en que visitó a diario los conventos de la orden en la provincia), Comisario Visitador de la provincia de Canarias en 1586, y, a su regreso a Granada en 1587, intérprete de la lengua arábiga en el Santo Oficio de la Inquisición de Granada y su provincia. Obtuvo este cargo gracias a su profundo conocimiento del árabe - él mismo confirma, en el proemio al lector: «esta lengua arábiga me es a mí quasi materna por averla aprendido y sabido dende niño» -, al igual que el encargo de colaborar, en la ciudad de Roma, en el año 1590, en la «traslación del Testamento Nuevo de la lengua arábiga en la lengua latina». Después de su estancia en Italia, donde realizó su diccionario, volvió a Granada para retomar sus tareas anteriores. El religioso tenía la lengua árabe en gran estima puesto que era consciente de su importancia en la difusión de la doctrina católica entre la población morisca. Así, colaboró en la Escuela Arábico Catequista creada, como instrumento de la evangelización, por el primer arzobispo de Granada, quien expresamente había animado a las órdenes religiosas al estudio de la lengua árabe para el adoctrinamiento de moriscos; de hecho, Guadix afirma dentro de su obra: «Yo . . . en público y en secreto e predicado muchas vezes en esta lengua arábiga a moriscos y a árabes». En este mismo contexto había surgido ya en 1505 el célebre Vocabulista arábigo en letra castellana, obra del jerónimo Pedro de Alcalá. La obra de Guadix está concebida fundamentalmente como diccionario etimológico, el género dominante en la época, y como tal se integra en una larga lista de obras firmadas por eruditos como Sebastián de Covarrubias, Francisco del Rosal, Alejo Venegas, Francisco Sánchez de las Brozas, Francisco López Tamarid, entre otros. Destaca, no obstante, por su extensión, pues abarca 4336 entradas, de las que 2275 corresponden a voces del léxico general (apelativos) y 2061 a nombres propios, entre ellos 1318 topónimos; a estas cifras hay que sumar las 2874 voces internas, es decir, voces que, «sin constituir cabeza de artículo, se incluyen dentro de la microestructura como material adicional»; estos datos permiten afir- 370 Besprechungen - Comptes rendus mar, como hace Ignacio Ahumada en el prólogo (xviii), que «las algo más de seis mil voces españolas incorporadas a este repertorio representan, hasta ese momento, el conjunto más acabado de toda nuestra lexicografía monolingüe». El detallado análisis lexicográfico de la obra que sigue cobra especial valor en vista del hecho de que el diccionario nunca antes había sido sometido a un estudio de primera mano y en profundidad. La autora ofrece una serie de interesantes tablas (xlviii-liii) que ponen de relieve aspectos como la distribución de los materiales léxicos por tipos de voces, la tipología del léxico onomástico, la información diatópica, la presencia del léxico italiano, la marcación diatécnica, así como la información gramatical. Se examinan los criterios de lematización empleados por Guadix (liv-lvi), la estructura del artículo lexicográfico (lvi-lx), las entradas (lx-lxii), las características del enunciado lexicográfico (lxii-lxiii) y del enunciado definicional (lxiii-lxiv), las equivalencias lingüísticas ofrecidas en otras lenguas (lxiv); se clasifican los distintos tipos de definición empleados por Guadix (lxvi-lxxii), y, finalmente, se analiza el procedimiento de Guadix a la hora de establecer sus etimologías (lxxiii-lxxxiv). A este estudio preliminar sigue la extensa edición diplomática del diccionario (437 páginas), realizada a partir del manuscrito conservado en la Biblioteca Colombina de Sevilla. Se trata de una concienzuda reconstrucción paleográfica, en la que se ha puesto especial cuidado en los detalles de la presentación gráfica para facilitar al lector moderno la comprensión del texto; para ello se ha modernizado la puntuación, se han empleado diferentes tipos de letra para una nítida delimitación de los elementos de la microestructura, y se han resuelto las abreviaturas. De gran utilidad son, finalmente, los índices léxicos (439-508), en los que se distingue entre los que incluyen el léxico general y los dedicados al léxico onomástico (en éste, a su vez, se diferencian diferentes clases de nombres), así como las voces internas. En suma, cabe resaltar el gran mérito de este libro de haber hecho generalmente accesible una de las más importantes obras lexicográficas de la historia del español, una obra hasta el momento casi desconocida incluso para los expertos debido a su estado manuscrito. A la cuidadosa edición se añade un fundamental estudio introductorio al autor y su obra en el que se esclarecen numerosos aspectos de la obra hasta ahora en buena medida desconocidos. Sin duda serán numerosas las investigaciones de historia de la lexicografía que tomarán como punto de partida esta magnífica publicación. Stefan Ruhstaller ★ Pedro Martín Butragueño (ed.), El Cambio lingüístico - Métodos y problemas, México (El Colegio de México) 2004, 144 p. (Estudios de lingüística 3) Auf dem Gebiet der Sprachdynamik und der Sprachkontaktforschung sind in den letzten Jahren mehrere richtungweisende Werke in spanischer Sprache oder über spanischsprachige Kontexte erschienen. Allen voran ist hier Norma Díaz et al., La Romania Americana. Procesos lingüísticos en situaciones de contacto, Madrid 2002 zu nennen; weitere bedeutende Autoren auf diesem Gebiet sind Ofelia Garcia in der Nachfolge von J. Fishman, Anne-Marie De Mejía, Ana Celia Zentella und Luci Nussbaum. Das vorliegende Buch unter der Herausgeberschaft von Pedro Martín Butragueño fasst die wichtigsten Beiträge eines Symposiums zum Thema Sprachwandel zusammen, welches im November 2000 am Colegio de México stattfand. Die vorgestellten Bereiche sind von außergewöhnlicher Vielfalt und betreffen auch Sprachen, die nur selten oder nie Beachtung in der sprachwissenschaftlichen Forschung erfahren haben (wie das Yutoazte- 371 Besprechungen - Comptes rendus kische im Artikel von Karen Dakin oder das Otomí bei Yolanda Lastra). J. G. Moreno de Alba behandelt ein besonderes morphosyntaktisches Phänomen im Spanischen Europas und Lateinamerikas. Der Bezug zu Mexiko ist das verbindende Element der ersten drei Beiträge. Der Herausgeber schließt mit einem ausführlichen, stärker synthetisch angelegten Kapitel, in welchem er am Beispiel des Spanischen von Madrid die treibende Kraft der Dialekte bei Prozessen des Sprachwandels aufzeigt. Im Vorwort weist der Herausgeber darauf hin, dass die Erkenntnisse der historischen Linguistik, der Dialektologie und der Soziolinguistik als komplementär betrachtet werden müssen, um den Sprachwandel in seiner Gesamtheit zu begreifen. Die hier gestellten Orientierungsfragen zur Arbeit über Variation und Sprachwandel liefern einen interessanten Rahmen für die vorgestellten Studien und auch für die weitere Forschung: Werden hierbei Systeme oder Prozesse verglichen? Sind die Elemente des Sprachwandels funktionaler oder formaler Art? Läuft der Wandel in den verschiedenen sprachlichen Bereichen (Syntax, Phonetik und Phonologie, Lexik) in ähnlicher Weise ab oder gibt es deutlich sichtbare Unterschiede? Der erste Artikel von Karen Dakin zum Thema «Imágenes visuales, Lingüística Yutoazteca y evidencia etnohistórica sobre Mesoamérica - Puntos de Encuentro» überprüft anhand von ethnographischen und ethnohistorischen Methoden die Hypothese, nach der bereits in den Vorläufersprachen der heutigen mesoamerikanischen Sprachen bestimmte Wortschatzfelder mit geometrischen Formen assoziiert werden können. Anhand von mehreren Beispielen und unter Bezugnahme auf die Gesamtheit der über diese Kulturen zur Verfügung stehenden Informationen demonstriert die Autorin in brillanter Weise diese Zusammenhänge, so am Beispiel *su, für das sie ein breites semantisches Feld von den mütterlichen Vorfahren über Tierarten und Pflanzenteile erschließt. Ihre Orientierung ist dabei von Vygotski beeinflusst, den sie zum Abschluss ihres Artikels auch zitiert (29): «The primary word is not a straightforward symbol for a concept, but rather an image, a picture, a mental sketch of a concept, a short tale about it - indeed a small work of art (L. S. Vygotsky, «An experimental study of concept formations», in: P. Adams (ed.), Language in Thinking, Hammonsworth 1972: 277-305)». Somit postuliert Karen Dakin eine Entwicklung der Sprache ausgehend von einer in der menschlichen Entwicklung früher angelegten Fähigkeit, Bilder und geometrische Formen abstrakt zu erfassen. Sprachwandel kann daher nach der Autorin unter anderem auf innere kognitive und psycholinguistische Reifungsprozesse zurückgeführt werden. Für Leser, die weniger mit dem Gebiet der Ikonizität von Metaphern vertraut sind, wäre eine kurze zusätzliche Bezugnahme auf Sprachen mit Ideogrammen eine sinnvolle Bereicherung. Yolanda Lastra liefert eine glottochronologische Raumanalyse von beeindruckender Tiefe am Beispiel des Otomí. Sie stützt sich dabei auf schriftliche Informationen, die von Wörterbüchern der ersten Missionare 1580, 1605 und 1640 über Werke des 18. und 19. Jahrhunderts bis in die direkte Gegenwart reichen. Parallel dazu hat sie ausführliche Feldstudien durchgeführt, sowohl in der Zeit (eine Langzeitstudie von über 10 Jahren Dauer) als auch im Raum (31 Dialekte wurden persönlich gesammelt und für zwei weitere die Daten aus Wörterbüchern des 20. Jahrhunderts hinzugezogen). Die Forschungsergebnisse dieser Untersuchungen stützen die dialektologische These, dass sich bestimmte chronologisch aufeinander folgende Phasen des Sprachwandels heute noch im Raum ablesen lassen: So finden sich in den konservativsten Dialekten des gegenwärtigen Otomi sprachliche Strukturen, die bereits im 1605 entstandenen Wörterbuch von Urbano belegt sind. Der zentrale Teil der Arbeit beschäftigt sich mit Beispielen aus dem Bereich der Phonetik und Phonologie, zum Abschluss wird ein kurzer Ausblick auf Morphosyntax und Lexik angefügt. Für den Leser, der nicht über eine detaillierte Kenntnis der geographischen Kleinräume des Untersuchungsgebietes verfügt, wäre eine typographisch etwas exaktere Darstellung der 372 Besprechungen - Comptes rendus physikalischen Umwelt (Täler, Gebirgszüge, Bachverläufe) hilfreich, um die Datenfülle und speziell die Distributionsmuster der sprachlichen Phänomene noch besser einordnen zu können. Yolanda Lastra verknüpft die diachrone und die synchrone Sichtweise in ihrer Vorgehensweise und bietet uns anhand von fundierten Daten ein hervorragendes Beispiel für die Kräfte der inneren und äußeren Sprachdynamik, welche Sprachwandel hervorrufen können. Die letzten beiden Beiträge von J. G. Moreno de Alba und P. M. Butragueño sind direkt dem Bereich der romanistischen Sprachwissenschaft zuzuordnen. J. G. Moreno de Alba untersucht die diasystematische Variation anhand des Unterschiedes zwischen den Formen canté und he cantado. Er geht dabei weit über die im Titel seines Artikels angegebene diachronische und diatopische Variation hinaus. Außer den Betrachtungen zum Sprachwandel im Laufe der Zeit und in Abhängigkeit vom räumlichen Aspekt (die Illustration 1 zeigt die Auftretenshäufigkeit der beiden Formen vom 12. bis zum 20. Jahrhundert und speziell auch die Unterschiede in der Gebrauchsfrequenz zwischen Lateinamerika, insbesondere Mexiko, und dem peninsularen Spanisch) untersucht er zusätzlich auch die diaphasische und die diamesische Komponente: In welcher Situation wird welche Form bevorzugt gebraucht (direkte oder indirekte Rede, Erzählungen, Gegenwartsbezug; schriftliche oder mündliche Kommunikationsformen bzw. Sprachregister). Die Arbeit ist eine geschickte Verknüpfung von quantitativ erhobenen Daten mit einer qualitativen Einordnung. Für den Leser wäre es eine Bereicherung, noch etwas mehr über die Erhebungsdaten zu erfahren, ganz besonders in Bezug auf die aktuelle Sprechweise in Mexiko. Weiterhin wäre es interessant, die Frequenzverteilung zwischen indefinido und perfecto compuesto auch in Abhängigkeit vom semantischen Gehalt des Verbtyps zu untersuchen (verhält sich sprechen oder tanzen oder weggehen wie singen? ). P. M. Butragueño befasst sich verstärkt mit dem europäischen Spanisch. Er untersucht den Kontakt zwischen verschiedenen spanischen Dialekten der iberischen Halbinsel, die durch die Arbeitsmigration im Großraum Madrid seit mehreren Generationen miteinander in Kontakt treten (mit kurzen Exkursen zur lateinamerikanischen Städteentwicklung). Er kann dabei Entwicklungen feststellen, welche die von P. Trudgill entwickelte Theorie der Koineisierung stützen. Die Dynamik der Sprachentwicklung orientiert sich auf den Pol der Fokussierung (im Sinne von R. Le Page), verfolgt also im Grossen und Ganzen eine zentripetale Richtung zum Standardspanischen hin. Die Stärke der Arbeit liegt auf der guten Auswertung eines beeindruckenden Datenmaterials aus einer longitudinal angelegten Studie, sowohl in quantitativer als auch in qualitativer Hinsicht. Vom Standpunkt der Soziolinguistik ausgesehen kann man dabei unterschiedliche Sprachmuster feststellen, je nachdem wo sich der Sprecher auf der Skala zwischen Identität (durch Anpassung) und Markiertheit (durch Herausstellung der unterschiedlichen Herkunft) situiert. Hierbei sind auch Entwicklung in der Sprachdynamik und in den sprachlichen Formen im Laufe eines Lebens festzustellen. Eine kleine methodologische Schwäche könnte eventuell angemerkt werden: Der Autor unterscheidet streng zwischen sprachlichen Entwicklungen auf dem Gebiet der Aussprache und denen der Morphosyntax oder der Lexik, ohne hierfür eine genauere Erklärung zu geben. Wenn er seine Beschränkung auf das Gebiet der Phonetik und Phonologie mit einem Blick auf die anderen Bereiche geöffnet hätte, hätten Phänomene wie Grammatikalisierung und Reanalyse ihn vielleicht eher daran erinnert, dass bei allem äußeren Sprachkontakt auch sprachinterne Prozesse (in seinem Fall mehr oder weniger gesetzeshafte lautliche Entwicklungen) in Betrachtung gezogen werden müssen. Einige wenige geringfügige Schönheitsfehler wie der nicht genau übereinstimmende Titel zwischen Einband und Buchinhalt (Cambio ohne Artikel vs. El Cambio) und Druck- 373 Besprechungen - Comptes rendus fehler (llnar auf p. 34) verringern die Qualität dieses Buches keineswegs, das uns die Tür zum faszinierenden und höchst aktuellem Bereich der Sprachdynamik und dem des Sprachwandels eröffnet. Sabine Ehrhart ★ Constantino García/ Antón Santamarina (ed.), Atlas Lingüístico Galego. Volume V. Léxico. O ser humano (i), A Coruña (Fundación Barrié de La Maza) 2005, 589 p. No ano 2003 saía do prelo o vol. IV do Atlas Lingüístico Galego, un proxecto de investigación que baixo o mesmo nome se desenvolve no Instituto da Lingua Galega da Universidade de Santiago de Compostela. Inauguraba un formato renovado, que se continúa no actual volume V, con tapas brandas e dimensións máis reducidas; moi manexable, xa que logo, como obra de consulta. Aínda que nós prefiramos tamén este novo formato, cómpre dicir na defensa dos anteriores que boa parte dos atlas publicados en ámbitos lingüísticos diferentes ao noso adoitan ser de tapas duras e de tamaño medio (Atlas Lingüístico de Castilla y León, Atlas Lingüístico y Etnográfico de Aragón, Navarra y Rioja, Atlas Lingüístico y Etnográfico de Andalucía, The Linguistic Atlas of England . . .), grande (Atlas Lingüístico de la Península Ibérica, Atlas lingüístico-etnográfico de Colombia . . .) ou moi grande (Atlas lingüístico de México . . .). Ademais do dito, ese volume IV abría unha nova serie de traballos centrada no eido das variantes léxicas organizadas por campos semánticos, nesa ocasión a quenda fora para o tempo atmosférico e cronolóxico. Pois ben, seguindo este vieiro publicouse o actual volume V, que aborda o léxico relativo á dimensión física do ser humano, abrindo pola súa vez un novo ciclo de traballos concentrados nesta temática, que no futuro pretende continuarse co estudo das variantes que dean conta da dimensión psicolóxica e social. Observamos que a diferenza doutros atlas, como acontece con algúns dos nomeados atrás, o galego limítase exclusivamente á lingua, desbotando das súas páxinas a temática etnográfica, case sempre acompañada de ilustracións e fotografías, que facilitan a comprensión dalgúns vocábulos. A maior ou menor utilidade dun ou doutro modelo dependerá da finalidade que se persiga e dos destinatarios en que se pense. Acostuma falarse de atlas lingüísticos de grandes dominios e de pequenos dominios coma por exemplo o andaluz, gascón, corso e mais o caso que nos ocupa, que comprende o territorio galego e os estremeiros de Asturias, León e Zamora. Esta obra ten como base 167 enquisas de traballo de campo, realizadas nos anos 70 nestes puntos xeográficos e proxectadas aquí en trescentos mapas de distintas escalas. Malia que a información achegada é ampla, os autores advirten que o especialista poderá atopar máis datos en determinado material complementario, moito del inédito, constituído por certos traballos sobre falas, principalmente memorias de licenciatura. Mágoa que o Atlas non se enriqueza xa con novas achegas destes estudos realizados nos anos oitenta e noventa, para poder así propagar os resultados daquelas pescudas que case ninguén coñece; sería unha boa oportunidade de divulgar eses resultados entre a comunidade científica e tirar proveito dun esforzo de ducias de mozos investigadores que con grande empeño realizaron un importante labor de recolleita e estudo de variantes dialectais. O actual volume apaña conceptos relacionados coas partes do corpo (cabeza, xeonllo, pálpebra . . .), as accións (petiscar, esbirrar, axexar . . .) e as características físicas humanas (chato, moreno, tatexo . . .). Ao comezo da obra os autores explican polo miúdo a técnica e metodoloxía empregadas, o que lle outorga rigor e credibilidade ao traballo realizado. As variantes dialectais distribúense en cadanseu mapa mediante símbolos xeométricos de co- 374 Besprechungen - Comptes rendus res (triángulos, cadrados, círculos, estrelas . . .). As palabras de uso máis frecuente levan cor negra e as raras cores e símbolos rechamantes. Existen outros xeitos de proceder, como se pode comprobar nos atlas preparados por Alvar (algúns dos nomeados ao comezo), que sitúan as variantes transcritas foneticamente no interior de cadanseu mapa, en tamaño de letra reducido. Isto pode facilitar a localización máis doadamente nunha primeira ollada, pero se o analizamos engorde o procedemento é máis confuso có seguido nos atlas galegos. Este volume V estrutúrase do seguinte modo. Os mapas 1 a 81 ocúpanse do léxico relativo á cabeza e extremidades, rematando coas variantes do sangue (o/ a sangue, sancre, o/ a sangre . . .). Os mapas 82 a 84 céntranse no cuspe e nas bágoas. Os que van do 85 ao 109 refiren características físicas do ser humano (anano, gordo, feo, moreno, cabezón, pálido . . .). Os numerados entre 110 e 176 ofrecen información sobre denominacións de doenzas e malformacións físicas (toco, tatexo, papeiras, xarampón, borrecas . . .). Os comprendidos entre o 177 e o 291 dan conta de accións e sensacións (petiscar, tragar, beliscar, avantar, cuchichar, salucar . . .). Observamos que os últimos mapas, o 289 (medrar), 290 e 291 (envellecer, imitarse) parecen quedar algo descolocados no conxunto da obra, talvez entrasen mellor no grupo de mapas referidos ás características físicas. O feito de representaren accións máis ca calidades ou características do individuo probablemente fixo que os autores optasen por esta agrupación. Os títulos dos mapas responden a criterios heteroxéneos, en xeral adoita seleccionarse a variante máis común ou máis amplamente representada. En principio, esta parece ser unha boa solución. No entanto, outras veces bótase man de criterios dispares como son a consideración máis ou menos adecuada dun vocábulo consonte sexa ou non castelanismo, vulgarismo ou estea aceptado polo VOLG (Volume Ortográfico da Lingua Galega), etc. Estes últimos criterios, máis subxectivos e aplicables de ordinario ao estándar, igual non teñen a mesma relevancia canto ao grao de aplicación á hora de lle dar título a mapas pertencentes a un traballo de carácter dialectal. Os mapas están complementados con notas a pé de páxina referidas ao número do cuestionario do que proceden os datos, con outras respostas obtidas, con transcrición fonética e información fónica para as formas da lenda, con información adicional e gramatical, ás veces variantes non diatópicas e por último con aspectos sociolingüísticos. Toda esta información fai da obra un traballo dos máis completos no seu xénero. O volume remata cunha serie de índices, que lle facilitan ao lector dar coa forma procurada nun momento dado: índice de mapas, índice de formas e índice xeral. A rede de puntos de investigación semella bastante ampla. Na introdución do primeiro volume desta serie de atlas infórmasenos de que a distancia entre as localidades de recolleita foi duns vinte quilómetros. Emporiso, botando man de traballos inéditos talvez fose posible obter unha escala máis densa, de tal xeito que quedasen rexistradas variantes dialectais mesmo a nivel de parroquias e lugares próximos; claro que unha información achegada tan polo miúdo precisaría de volumes descomunais, prolixos e ata pouco manexables. Na introdución din os autores que o cuestionario inclúe as preguntas do Atlas lingüístico de España e Portugal e do Atlas linguarum Europae. Así e todo pode que resultase interesante que os volumes do Atlas publicasen a enquisa utilizada no traballo de campo. O AliR ou o Atlas lingüístico e etnográfico de Portugal e da Galiza publican cuestionarios. Debemos lembrar que o tipo de pregunta e o xeito de formulala determina en ocasións unha ou outra resposta. Doutra banda, contribuiría a crear un modelo e marco de traballo que servise de guía a novos investigadores continuadores do tema. Imos rematar lembrando que nun momento en que a transmisión xeracional do galego se pon en dúbida, excelentes obras destas características resultan de extrema utilidade para a conservación do léxico patrimonial e da fala cotiá, sobre todo de cara á súa transferencia 375 Besprechungen - Comptes rendus ás novas xeracións. A ansia por coñecer a lingua estándar, que é a proxectada dende as escolas, medios de comunicación e administracións, unido á desaparición dos falantes de máis idade son feitos que contribúen ao desuso e esquecemento das variedades dialectais. Grazas a publicacións tan ben levadas coma o Atlas axudamos a preservar o patrimonio oral do país e a normalizar o uso da lingua. Alén do manifestado, este tipo de obras son de uso recorrente para os especialistas, filólogos e lingüistas, das que sempre tiran proveito para as súas investigacións (lingua moderna, historia da lingua, estudos comparativos . . .) e para o seu labor docente. Sería desexable que nun futuro próximo se preparase algún volume que recollese variedades sintácticas, un traballo tan complexo coma apaixonante. Existen xa atlas destas características, vennos agora á mente o inglés The Linguistic Atlas of England, que mestura mapas de carácter fonético, léxico, morfolóxico e sintáctico e no que a información sintáctica vai referida a variantes diatópicas relativas á orde de palabras (give me it/ give it me). Pois ben, seguindo esta liña, as investigacións do atlas galego deberían tamén chegar a abordar a variación sintáctica dende a vertente xeográfica, co mesmo rigor que veñen demostrando ao longo de todos estes anos. Xosé Soto Andión ★ 376 Besprechungen - Comptes rendus Nachrichten - Chronique 1. Bibliographie der Schweizer Romanistik 2006 Aquino-Weber Dorothée, *Delaplace Denis, Bruant et l’argotographie française. «L’argot au XX e siècle (1901)», avec un avant-propos de Jean Pruvost, Paris, Genève 2004, 305 p.; VRom. 65 (2006): 231-33 Bähler Ursula, Éthique de la philologie - Ethik der Philologie, Berlin 2006 Berenguer Amador Ángel/ Cerezo Manuela/ Schmid Beatrice, «El muerto que está vivo: A propósito del infinitivo en judeoespañol», in: T. Brandenberger/ B. Schmid (ed.), Actas del VI Encuentro hispano-suizo de filólogos noveles (Oviedo, 9 de mayo de 2006), Basel 2006: 25- 36 - *E. Romero (con la colaboración de Carmen Valentín), Seis coplas sefardíes de «castiguerio» de Hayim Yom-Tob Magula. Edición crítica y estudio, Madrid: CSIC, 2003; Sefarad 76 (2006): 479-81 Bossong Georg, «La sintaxis de las Glosas Emilianenses en una perspectiva tipológica», in: J. J. Bustos Tovar/ J. L. G. Alconchel (ed.), Actas del VI Congreso Internacional de Historia de la Lengua Española (Madrid 2003), Madrid 2006: 529-43 - «Religionsgeschichte, Philosophie und Sprachgeschichte: Iberoromania», in: G. Ernst/ M. D. Glessgen/ C. Schmitt/ W. Schweickard (ed.), Romanische Sprachgeschichte. Ein internationales Handbuch zur Geschichte der romanischen Sprachen. Histoire linguistique de la Romania. Manuel international d’histoire linguistique de la Romania, vol. 2, Berlin/ New York 2006: 1333-46 - «Meaning, form and function in basic case roles», in: I. Bornkessel/ B. Comrie/ A. Friederici/ M. Schlesewski (ed.), Semantic role universals and argument linking. 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Dahmen et al., Was kann eine vergleichende romanische Sprachwissenschaft heute (noch) leisten? Romanistisches Kolloquium XX, Tübingen 2006: 361-89 - *S. Bouquet/ R. Engler (ed.): Écrits de linguistique générale par Ferdinand de Saussure. Texte établi par S. Bouquet et R. Engler, Paris 2002; CFS 58 (2005), 293-97 - *T. Franceschi, La struttura fonologica dell’italiano e le sue radici latine, Alessandria 2004; VRom. 64 (2005): 246-55 - *G. Holtus, Franco-italien et épopée franco-italienne. Grundriss der romanischen Literaturen des Mittelalters, 3/ 1-2/ 10 (2005), Heidelberg; BBSR 37 (2005-06): 20-23 - *Y. Tressel, Sermoni subalpini. Studi lessicali con un’introduzione alle particolarità grafiche, morfologiche e geolinguistiche, Darmstadt 2004; VRom. 64 (2005): 255-59 388 Nachrichten - Chronique 2. Stand einiger periodischer Veröffentlichungen - État de quelques publications périodiques (Abgeschlossen am 31. Oktober 2007; cf. zuletzt VRom. 63: 395.) Archivio dei nomi di luogo, Bellinzona (Archivio di Stato): vol. 12 Cademario, 2003 vol. 13 Cadempino, 2003 vol. 14 Barbengo, 2003 vol. 15 Bioggio, 2003 vol. 16 Tegna, 2006 vol. 17 Verscio, 2004 vol. 18 Cavigliano, 2004 vol. 19 Lodano, 2004 vol. 20 Rivera, 2005 vol. 21 Sagno, 2005 vol. 22 Rancate, 2006 Dictionnaire étymologique de l’ancien français, Tübingen (Niemeyer): fasc. I3-I4: invasion - *iwit, 2003 fasc. J1: J - *jascoine, 2004 fasc. J2: *jascoine - joër, 2005 fasc. J3: joër - jor, 2006 Dictionnaire onomasiologique de l’ancien occitan, Tübingen (Niemeyer): fasc. 9: ovin (1334) - ourson (1454), 2005 fasc. 10: gîte (1457) - petit singe (1499) (+ index alphabétique des concepts), 2007 Dicziunari Rumantsch Grischun, Cuoira (Institut dal Dicziunari Rumantsch Grischun): vol. xi, fasc. 149/ 150: Lumbard - macuba, 2003 fasc. 151/ 152: macuba - magnanimità, 2004 fasc. 153: magnanimità - mahunar (+ index), 2004 vol. xii, fasc. 154/ 155: mai I - makroscop, 2005 fasc. 156/ 157: mal I - maldiant, 2005 fasc. 158/ 159: maldiant - malplascher, 2006 fasc. 160/ 161: malplascher - man I, 2007 fasc. 162/ 163: man I - mancar, 2007 Französisches Etymologisches Wörterbuch, Basel (Zbinden)/ Nancy (INaLF): 2007 nouveaux articles téléchargeables au format PDF (état de rédaction octobre 2007) à l’adresse suivante: http: / / www.atilf.fr/ scripts/ mep.exe? HTML=mep_few.txt; CRITERE=LETTRE_B; OUVRIR_MENU=3; ISIS=mep_few.txt: - bajulare (fr. bailler) - balare (fr. bêler) - ballare (fr. baller, bal) - basiare (fr. baiser) - bassus (fr. bas) - bastum (fr. bâton) - bataculare (fr. bâiller) - bilanx (fr. balance) - birrus (fr. barrette) - bucculus (fr. beugler) 389 Nachrichten - Chronique Glossaire des Patois de la Suisse Romande, Genève (Droz): tome vii, fasc. 107: fouler - fournatchyi, 2003 fasc. 109: fournatsèri - fra, 2004 fasc. 111: fra - frøgilyiè, 2005 fasc. 112: frøgnat - fripeur, 2006 tome viii, fasc. 108: géranium - gîte, 2004 fasc. 110: gîte - gògala, 2005 Lessico Etimologico Italiano, Wiesbaden (Reichert): parte i, vol. ix, fasc. 77-85: c - cambiare, 2004-06 fasc. 86: cambìre - camminare, 2006 fasc. 87: camminare - campania, 2007 fasc. 88: campania - canalis, 2007 Germanismi, fasc. 3: *panc - *banstu, 2004 fasc. 4: *banstu - *bihordon, 2007 Mittellateinisches Wörterbuch bis zum ausgehenden 13. Jahrhundert, München (Beck): vol. iii, Lieferung 6: dissertatio - dominum, 2004 Lieferung 7: dominum - efficientia, 2004 Lieferung 8: efficientia - enitor, 2005 Lieferung 9: enitor - evito, 2006 Lieferung 10: evito - eximius, 2007 Repertorio toponomastico ticinese. I nomi di luogo dei comuni del Cantone Ticino, Bellinzona (Archivio di Stato): vol. xvi, Moghegno, 2004 vol. xvii, Onsernone, 2004 vol. xviii, Biasca, 2004 vol. xix, Sonvico, 2005 vol. xx, Bioglio, 2006 Schweizerisches Idiotikon, Frauenfeld (Huber): vol. xvi, Heft 208: Wand - wund, Wang - wung, Wangg - wungg, Wanggs - wunggs, Wank - wunk, Wans - wuns, Wansch - wunsch, Wanst - wunst, Want - wunt (wunderig bis winterle n ), 2003 Heft 209: Want - wunt, Wanz - wunz, Wap - wup, Wapf - wupf, Waps - wups, War - wur (winterle n bis Stickerì-War), 2004 Heft 210: War - wur (Stumpe n -War bis Vih-Wërschaft), 2005 Heft 211: War - wur, Warb - wurb (Vih-Wërschaft bis g e -wirbig), 2005 Heft 212: Warb - wurb, Warch - wurch (g e -wirbig bis wërche n ), 2006 Heft 213: Warch - wurch, Ward -wurd, Warf - wurf (Wërche n bis üs-wërffe n ), 2006 Vocabulario dei dialetti della Svizzera italiana, Lugano (Mazzucconi): vol. iv, fasc. 61: cavalina - cavezzá, 2003 fasc. 62: cavezzada - cavòzza (+ index), 2003 vol. v, fasc. 63: cavra - cazzú, 2005 fasc. 64: cazzú - cèsta, 2005 fasc. 65: cèsta - ciapa, 2005 fasc. 66: ciapa - cicolatt, 2006 fasc. 67: cicolatt - ciochétt, 2006 fasc. 68: ciochétt - cistèrna, 2006 fasc. 69: cistèrna - cóbia, 2007 390 Nachrichten - Chronique Zeitschrift für Romanische Philologie, Beihefte, Tübingen (Niemeyer): vol. 317 Friede Susanne, Die Wahrnehmung des Wunderbaren. Der «Roman d’Alexandre» im Kontext der französischen Literatur des 12. Jahrhunderts, 2003 vol. 318 Friedlein Roger, Der Dialog bei Ramon Llull. Literarische Gestaltung als apologetische Strategie, 2004 vol. 319 Becker Martin G., Zwischen Tradition und Wandel. Zum Wortschatz des politischen Diskurses in Spanien seit 1976, 2004 vol. 320 Sinner Carsten, El castellano de Cataluña. Estudio empírico de aspectos léxicos, morfosintácticos, pragmáticos y metalingüísticos, 2004 vol. 321 Kabatek Johannes, Die Bolognesische Renaissance und der Ausbau romanischer Sprachen. Juristische Diskurstraditionen und Sprachentwicklung in Südfrankreich und Spanien im 12. und 13. Jahrhundert, 2005 vol. 322 Heintze Michael/ Schöning Udo/ Seemann Frank, Trobadorlyrik in deutscher Übersetzung. Ein bibliographisches Repertorium (1749-2001), 2004 vol. 323 Salvi Giampaolo, La formazione della struttura di frase romanza. Ordine delle parole e clitici dal latino alle lingue romanze antiche, 2005 vol. 324 Kiegel-Keichler Yvonne, Iberoromanische Arabismen im Bereich Urbanismus und Wohnkultur. Sprachliche und kulturhistorische Untersuchungen, 2005 vol. 325 Trotter David (ed.): Albucasis. Traitier de cyrurgie. Édition de la traduction en ancien français de la Chirurgie d’Abü’l Qñsim Halaf Ibn ’Abbñs al-Zahrñwì du manuscrit BNF, français 1318, 2005 vol. 326 Gerstenberg Annette, Thomaso Porcacchis: L’Isole piu famoso del mondo. Zur Text- und Wortgeschichte der Geographie im Cinquecento (mit Teiledition), 2004 vol. 327 Schulze Joachim, Amicitia vocalis. Sechs Kapitel zur frühen italienischen Lyrik mit Seitenblicken auf die Malerei, 2004 vol. 328 Tittel Sabine, Die «Anathomie» in der «Grande Chirurgie» des Gui de Chauliac. Wort- und sachgeschichtliche Untersuchungen und Edition, 2004 vol. 329 Jungbluth Konstanze, Pragmatik der Demonstrativpronomina in den iberoromanischen Sprachen, 2005 vol. 330 Hans-Bianchi Barbara, La competenza scrittoria mediale. Studi sulla scrittura popolare, 2005 vol. 331 Petersilka Corina, Die Zweisprachigkeit Friedrichs des Grossen. Ein linguistisches Porträt, 2005 vol. 332 Blumenthal Peter, Wortprofil im Französischen, 2006 vol. 333 Frenz Dietmar, Kunstvolles Schmähen. Frühe toskanische Dichtung und mittellateinische Poetik, 2006 vol. 334 Heinz Matthias, Textsortenprosodie. Eine korpusgestützte Studie zu textsortenspezifischen prosodischen Mustern im Italienischen mit Ausblick auf das Französische, 2006 vol. 335 Raymund Wilhelm (ed.), Bonvesin de la Riva. La Vita di Sant’Alessio. Edizione secondo il codice Trivulziano 93, 2006 vol. 336 Stark Elisabeth, Indefinitheit und Textkohärenz. Entstehung und semantische Struckturierung indefiniter Nominaldetermination im Altitalienischen, 2006 vol. 337 Wunderli Peter, ed.: Raffaele da Verona, Aquilon de Bavière. Roman franco-italien en prose (1379-1407), 2007 vol. 338 Waltereit Richard, Abtönung. Zur Pragmatik und historischen Semantik von Modalpartikeln und ihren funktionalen Äquivalenten in romanischen Sprachen, 2006 vol. 339 Enghels Renata, Les modalités de perception visuelle et auditive. Différences conceptuelles et répercussions sémantico-syntaxiques en espagnol et en français, 2007 vol. 340 Blum andreas, Etymologische Erklärungen in alfonsinischen Texten, 2007 391 Nachrichten - Chronique 3. Neue Publikationen und laufende Arbeiten zum Bündnerromanischen 2006 3.1. Linguistik 3.1.1. Wörterbücher Duboux Marianne/ Duboux Jean-Pierre, Dicziunari Gourmet - Dictionnaire Gourmet. Retorumantsch-franzos, français-rhéto-roman, Thun [2006] Duboux Marianne/ Duboux Jean-Pierre, Dicziunari Gourmet - Dizionario Gourmet. Retorumantsch-talian, italiano-retoromanzo, Thun [2006] Duboux Marianne/ Duboux Jean-Pierre, Dicziunari Gourmet - Wörterbuch Gourmet. Retorumantsch-tudestg, Deutsch-Rätoromanisch, Thun [2006] Janzing Gereon, Rätoromanisch. Wort für Wort, Bielefeld 2006 (Kauderwelsch, 197) Lia Rumantscha, Minidicziunari rumantsch-englais, englais-rumantsch - Minidictionary romanshenglish, english-romansh, Fouenant 2006 Lia Rumantscha, Minidicziunari rumantsch-talian, talian-rumantsch - Minidizionario italianoromanico, romanico-italiano, Fouenant 2006 Stich Dominique, Minidicziunari rumantsch-franzos, franzos-rumantsch - Minidictionnaire français-romanche, romanche-français, Fouenant 2006 Stich Dominique, Minidicziunari rumantsch-tudestg, tudestg-rumantsch - Wörterbüchlein Deutsch-Romanisch, Romanisch-Deutsch, Fouenant 2006 3.1.2. Monographien Andriuet Flurina: Johannes Barandun, La giuvantegna dilg Johannes Barandun. Analisa dils plaids tudestgs (che Barandun drova en siu raquent) e dils plaids romontschs corrispundents, Disentis/ Marly 2002 [Seminararbeit Univ. Fribourg] Berthele Raphael, Ort und Weg. Die sprachliche Raumreferenz in Varietäten des Deutschen, Rätoromanischen und Französischen, Berlin 2006 (Linguistik - Impulse & Tendenzen 16) Caprez Uorschla Natalia, Varietats da lingua in La Müdada da Cla Biert (1962), Friburg 2002 [Seminararbeit Univ. Fribourg] Derungs Silvana, Eveniments da deplazzament el romontsch sursilvan, Alterswil 2005 [Seminararbeit Univ. Fribourg] Dinkelaker Bärbel, Lebensbedingungen europäischer Kleinsprachen, untersucht in Rückzugsgebieten des Kymrischen, Nordfriesischen und Rätoromanischen, Frankfurt am Main 2002 (Europäische Hochschulschriften. Reihe 21, Linguistik vol. 245) Eichenhofer Wolfgang, Die Stellung der Nomen-Nomen-Komposita in Rumantsch Grischun zwischen Deutsch und Italienisch, Tübingen 2006 Etter Barbla, Promova La Quotidiana l’identitad interrumantscha? In’analisa da la gasetta dal di rumantscha areguard l’avischinaziun e la chapientscha tranter las regiuns, Madulain 2005 [Lizenziatsarbeit Univ. Fribourg] Etter Barbla, Promova La Quotidiana l’identitad interrumantscha? Die LQ im Fokus ihrer Leserschaft. 10 onns La Quotidiana. Ina curta istorgia ed analisa sin il 10avel anniversari da la gasetta dal di rumantscha, Cuira 2006 Gemeinde Malix (ed.), Wortschatz, Flurnamenverzeichnis und Flurnamenkarte. Malix [2006? ] (Projektgruppe: Heidi Conrad, Sylvester Davatz-Asper et al.) Hofmann Fadrina, Die Bedeutung des Radios in einer Minorität am Beispiel Radio Rumantsch. Strategische und operative Funktionen des Radio Rumantsch zur Bildung einer rätoromanischen Identität, Scuol 2006 [Lizentiatsarbeit im Fachbereich Medien- und Kommunikationswissenschaften der Univ. Fribourg] 392 Nachrichten - Chronique Klainguti Sidonia, Il svilup dal pronom persunel d’object direct ed indirect in ladin. Üna analisa da corpus da texts biblics, Turich 2004 [Seminararbeit Univ. Zürich] Kundert Mathias, Der Sprachwechsel im Domleschg und am Heinzenberg/ GR (19. und 20. Jahrhundert) - La germanisation du Domleschg et du Heinzenberg/ GR (XIX e et XX e siècles), Carouge 2006 [Lizenziatsarbeit Univ. Genf] Lutz Ursin, Reflexiuns davart l’ortografia populara sin basa dallas cronicas dalla Cumpignia da mats e dall’Uniun da giuventetgna Rabius da 1950 tochen 1990, Fribourg/ Rabius 2005 [Seminararbeit Univ. Fribourg] Lutz Ursin: Steffan Gabriel, Ilg Vêr Sulaz da pievel giuvan, Psalm XII. Etimologias, Cuera 2006 [Seminararbeit Univ. Fribourg] Schweizer Sprachen - Langues suisses - Lingue svizzere - Linguas svizras. Konversationsführer - Guide de conversation - Manuale di conversazione - Guid da conversaziun. Deutsch, français, italiano, rumantsch. 3 e éd., complètement revue, Neuchâtel 2006 Truttmann David, La «Rumantschia». In construct d’unitad rumantscha, Turitg 2005 [Seminararbeit Univ. Zürich] Valär Rico Franc, «AND» ün pronom pers? Frequenza ed adöver illa litteratura d’Engiadin’Ota, Turich 2005 [Seminararbeit Univ. Zürich] 3.1.3. Artikel Coscienza Svizzera, «Rinforzar il plurilinguissem en Svizra», Calender Romontsch 147 (2006): 330-36 Dahmen Wolfgang, «Übersetzen und Sprachgeschichte - Traduction et histoire des langues. Übersetzungen ins Bündnerromanische - Traductions en romanche», in: G. Ernst et al. (ed.), Romanische Sprachgeschichte. Ein internationales Handbuch zur Geschichte der romanischen Sprachen, Berlin 2006: 1367-72 (Handbücher zur Sprach- und Kommunikationswissenschaft vol. 23.2) Darms Georges, «Sprachplanung, Sprachlenkung und institutionalisierte Sprachpflege - Aménagement linguistique, interventions sur la langue et défense institutionnalisée de la langue. Bündnerromanisch - Romanche», in: G. Ernst et al. (ed.), Romanische Sprachgeschichte. Ein internationales Handbuch zur Geschichte der romanischen Sprachen, Berlin 2006: 1455-62 (Handbücher zur Sprach- und Kommunikationswissenschaft vol. 23.2) Eichenhofer Wolfgang, «Weitere Bemerkungen zu Etymologien des Niev vocabulari romontsch sursilvan-tudestg (NVRST)», Ladinia 30 (2006): 185-202 Furter Thomas, «Rumantsch Grischun - Die sechste vierte Landessprache der Schweiz? », Sprachspiegel 62 (2006): 169-78 Jodl Frank, «L’origine della palatalizzazione di [k G / A ] nel romanzo dell’Italia settentrionale, del Ticino, dei Grigioni e della Ladinia dolomitica», Ladinia 29 (2005): 155-92 Plangg Guntram A., «Romanische Relikte im Walgau», Montfort 58 (2006): 7-12 Popovici Victoria, «Innerromanische Sprachkontakte - Contacts linguistiques intraromans. Romanisch und Bündnerromanisch - Roman et romanche», in: G. Ernst et al. (ed.), Romanische Sprachgeschichte. Ein internationales Handbuch zur Geschichte der romanischen Sprachen, Berlin 2006: 1751-58 (Handbücher zur Sprach- und Kommunikationswissenschaft vol. 23.2) Pult Chasper, «Il schlavazzun biling: Die zweisprachige Schneeschleuder auf der Berninastrecke der Rhätischen Bahn - Viafier retica - Ferrovia retica. Die Dreisprachigkeit im Kanton Graubünden im Spannungsfeld zwischen politischen Lippenbekenntnissen und kulturpolitischen Ansprüchen», in: Sprachendiskurs in der Schweiz. Vom Vorzeigefall zum Problemfall? Tagung der Schweizerischen Akademie der Geistes- und Sozialwissenschaften, vom 11. November 2005 in Biel, Bern 2005: 173-83 (Sprachen und Kulturen) Richter Dagmar, «Das dreisprachige Graubünden», in: D. Richter, Sprachenordnung und Minderheitenschutz im schweizerischen Bundesstaat. Relativität des Sprachenrechts und Sicherung des Sprachfriedens, Berlin 2005: 851-956 Schmid Francestg, «Las rieischs digl retorumantsch», Sulom 85 (2006): 62-68 Solèr Clau, «Nua è propi il problem? », Per mintga gi 85 (2006): 110-16 393 Nachrichten - Chronique Solèr Clau, «Spracherneuerung im Rätoromanischen. Linguistische, soziale und politische Aspekte», in: I. Ties (ed.), LULCL: Lesser Used Languages Computer Linguistics. Proceedings of the Lesser Used Languages and Computer Linguistics Conference, Bolzano, 27 th -28 th october 2005, Bozen 2006: 11-27 3.2. Literatur 3.2.1. Monographien Andriuet Flurina: Gian Fontana, Mistral Gion Flury, L’uolp da Flem, Disentis/ Fribourg 2002 [Seminararbeit Univ. Fribourg] Andriuet Flurina: Gion Deplazes, La Bargia dil tschéss. Luregn, ina tragedia humana ell’umbriva dil tschéss e sin funs historic, Disentis/ Marly 2003 [Seminararbeit Univ. Fribourg] Andriuet Flurina, Las Passiuns romontschas cun risguard special dalla Passiun da Lumbrein da 1862 e dalla Passiun da Sumvitg, Disentis/ Mustér 2005 [Lizenziatsarbeit Univ. Fribourg] Caprez Uorschla Natalia, Differents aspets dal gener autobiografic tenor Lejeune. Teoria da las perspectivas tenor Genette, analisadas in La rumur dal flüm dad Oscar Peer, Friburg 2001 [Seminararbeit Univ. Fribourg] Da las funtanas - Von den Quellen. Rätoromanische Anthologie (mehr-, vielsprachig) mit deutscher Übersetzung, Landeck 2006 (Am Herzen Europas 8) Derungs Gabriela/ Heimgartner Ladina, Il process da scriver - Ün’analisa cun 5 exaimpels, Friburg/ Turich 2003 [Seminararbeit Univ. Fribourg] Derungs Ursicin G. G., Passiun - Passion - Passione 2003. Friaul.: Antoni Beline, it.: Maria Cristina Bartolomei. 2° ed. cun las modificaziuns dil fevrer/ mars 2003, Vilegnove di San Denêl 2005 Etter Barbla: Gian Travers, La chanzun da la guerra dal chastè da Müsch. Scu as defenda Travers cunter ils rimprovers? Lavur da seminari illa filologia romana/ rumauntsch, Fribourg 2003 [Seminararbeit Univ. Fribourg] Heimgartner Ladina, Autur - narratur - lectur. Il transport dad infuormaziuns i’l Tunnel da Jon Nuotclà, Friburg 2002 [Seminararbeit Univ. Fribourg] Hofmann Fadrina, Il descendent da Cla Biert, Fribourg [2003] [Seminararbeit Univ. Fribourg] Lutz Ursin, Ils condaments tier Gabriel, Nauli e Calvenzano ella glisch dalla reformaziun e dalla cunterreformaziun, Cuera 2006 [Seminararbeit Univ. Fribourg] Lutz Ursin, Lungatg da concepziun orala e sia funcziun litterara en Giacumbert Nau da Leo Tuor. Lavur da seminari, semester d’unviern 2003/ 2004. Versiun currigida e revedida il matg 2006, Fribourg/ Rabius 2006 [Seminararbeit Univ. Fribourg] 3.2.2. Artikel Beeli Gian, «L’oter muond. Siemis, paraulas e legendas en La müdada da Cla Biert e lur influenzas junghianas», AnSR 119 (2006): 149-96 Brunold-Bigler Ursula, «Rätoromanische Märchen aus Graubünden. Internationales Wandergut oder Eigenproduktion? », in: R. Furter et al. (red.), Cultures alpines - Alpine Kulturen, Zürich 2006: 185-92 (Histoire des Alpes - Storia delle Alpi - Geschichte der Alpen 11) Decurtins Alexi, «Il romontsch duront la Secunda uiara mundiala. Anavos allas ragischs», Calender Romontsch 147 (2006): 340-52 Lutz Ursin, «Figuras retoricas repetitivas e lur funcziun litterara en Buna notg - in’amur da Flurin Spescha», AnSR 119 (2006): 7-19 Pult Chasper, «Ist das Romanische wenigstens literarisch kein Teddybär? Die romanische Literatur im Spiegelbild der Schillerstiftung», in: Schweizerische Schillerstiftung - Fundaziun Schiller svizra 1905-2005, vol. 1: Festschrift, Zürich 2005: 56-59 394 Nachrichten - Chronique Riatsch Clà, «Chasper Po e l’Odol. Fantastic-romantic-farmaceutic», Chalender ladin 96 (2006): 79-83 Riatsch Clà, «Stilizzazioni letterarie di un contro-discorso alpino. Alcuni esempi retoromanci», in: J. Mathieu/ S. Boscani Leoni (ed.), Die Alpen! - Les Alpes! Bern 2005: 419-27 (Studies on Alpine History 2) Riatsch Clà, «Zu Andri Peers Ars poetica», Versants 51 (2006): 183-99 Schreich Hans-Peter, «La Val Müstair illa litteratura tudais-cha», Biblioteca Jaura. Rapport 2006: 5-18 Valär Rico Franc, «Leo Tuor: Giacumbert Nau. L’intertextualitad e las relaziuns intratextualas», AnSR 119 (2006): 329-60 3.2.3. Übersetzungen aus dem Rätoromanischen Gangale Giuseppe, Dunna Neasa im Paradies. Erzählung, aus dem Sutselvischen übersetzt von Huldrych Blanke, Bündner Kalender 165 (2006): 119-21 Halter Toni, Jurnal ecleziastic. Orig.: Diari suenter messa. Traducere din romanóa, note ói prefaòa de Magdalena Popescu-Marin, Bucureóti 2006 Peer Oscar, Il ritorno. Orig.: Accord (1978). Trad. di Marcella Palmara-Pult, Bellinzona 2006 (Collana CH. Letterature della Svizzera in traduzione) Rüthers-Seeli Tresa, In cor da glas. Ins Serbische von Zlatko Krasni, Smederevo 2006 (Meridijani) [Smederevo: International Festival of Poetry Smederevo’s Poet Autumn, 2006] 3.2.4. Übersetzungen ins Rätoromanische Heimgartner Ladina, Davant la ledscha. Traducziun dal text Vor dem Gesetz da Franz Kafka, Friburg 2003 [Seminararbeit Univ. Fribourg] 395 Nachrichten - Chronique 4. Büchereingänge - Livres reçus 2006-2007 Alvarez Rosario/ Dubert Francisco/ Sousa Xulio, Atlas lingüístico galego, vol. 5, «Léxico. O ser humano» (1), A Coruña (Fundación Pedro Barrié de la Maza) 2006 Aslanov Cyril, Le français au Levant, jadis et naguère, Paris (Champion) 2006, 272 p. (Bibliothèque de l’Institut de Linguistique Française) Bentley Delia, Split intransitivity in Italian, Berlin/ New York (De Gruyter) 2006, 455 p. (Empirical Approaches to Language Typology 30) Bidese Ermenegildo/ Dow James R./ Stolz Thomas (ed.), Das Zimbrische zwischen Germanisch und Romanisch, Bochum (Brockmeyer) 2005, xi + 240 p. (Diversitas Linguarum 9) Berlan Françoise (ed.), Langue littéraire et changements linguistiques, Paris (Presses de l’Université Paris-Sorbonne) 2006, 546 p. Blasco Aguedas Ana Cristina/ Sanchez Barea Manuel/ Gurría González Alejandro, Tradición oral y habla de Ballibasa, Jaca (Comarca Alto Gállego) 2005, 261 p. (Yalliq 8) Boivin Jeanne, Naissance de la fable en français. L’Isopet de Lyon et l’Isopet I-Avionnet, Paris (Champion) 2006, 512 p. (Essais sur le Moyen Âge 33) Bolly Catherine/ Klein Jean René/ Lamiroy Béatrice (ed.), La phraséologie dans tous ses états. Actes du colloque «Phraséologie 2005» (Louvain-la-Neuve, 13-15 octobre 2005), Louvain-la-Neuve (Peeters) 2005, 321 p. (Cahiers de l’institut de linguistique de Louvain 31.2-4) Bongrani Paolo (ed.): Ghino Ghinassi, Dal Belcazer al Castiglione. Studi sull’antico volgare di Mantova e sul «Cortegiano», Firenze (Olschki) 2006, xiv + 318 p. (Biblioteca Mantovana 5) Bonhomme Marc, Le discours métonymique, Berne, etc. (Lang) 2006, viii + 221 p. (Sciences pour la communication 79) Burgess Glyn S., Marie de France. Supplement 3, Woodbridge (Tamesis) 2007, xi + 132 p. (Research biliographies and checklists: New series 8) Bürki Yvette/ De Stefani Elwys (ed.), Trascrivere la lingua/ Transcribir la lengua. Dalla filologia all’analisi conversazionale/ De la filología al análisis conversacional, Berne, etc. (Lang) 2006, 409 p. Calaresu Emilia/ Guardiano Cristina/ Hölker Klaus (ed.), Italienisch und Deutsch als Wissenschaftssprachen/ Italiano e tedesco come lingue della comunicazione scientifica. Bestandesaufnahmen, Analysen, Perspektiven/ Ricognizioni, analisi e prospettive, Berlin (Lit Verlag) 2006, 338 p. (Romanistische Linguistik 7) Cano Raphael (ed.), Historia de la lengua española, Barcelona (Ariel) 2005, 1208 p. Corbellari Alain/ Tilliette Jean-Yves (ed.), Le rêve médiéval, Genève (Droz) 2007, 258 p. (Recherches et rencontres 25) Courcelles Dominique de (ed.), Nature et paysages. L’émergence d’une nouvelle subjectivité à la Renaissance, Paris (École des chartes) 2006, 296 p. (Études et rencontres de l’École des chartes 24) Crouzet-Pavan Élizabeth/ Verger Jacques (ed.), La dérision au Moyen Âge. De la pratique sociale au rituel politique, Paris (Presses de l’Université Paris-Sorbonne) 2007, 292 p. (Cultures et civilisations médiévales) Curat, Hervé, Lévi-Strauss mot à mot. Essai d’idiographie linguistique, Genève-Paris (Droz) 2007, 376 p. (Langue et cultures 39) Dahmen Wolfgang/ Holtus Günter/ Kramer Johannes/ Metzeltin Michael/ Schweickard Wolfgang/ Winkelmann Otto (ed.), Was kann eine vergleichende romanische Sprachwissenschaft heute (noch) leisten? Romanistisches Kolloquium XX, Tübingen (Narr) 2006, xxvi + 403 p. (Tübinger Beiträge zur Linguistik 491) Dahmen Wolfgang/ Holtus Günter/ Kramer Johannes/ Metzeltin Michael/ Schweickard Wolfgang/ Winkelmann Otto (ed.), Lengua, historia e identidad/ Sprache, Geschichte und Identität. Perspectiva española e hispanoamericana/ Spanische und hispanoamerikanische Perspektiven, Romanistisches Kolloquium XVII, Tübingen (Narr) 2006, 339 p. (Tübinger Beiträge zur Linguistik 485) 396 Nachrichten - Chronique Diémoz Federica, Morphologie et syntaxe des pronoms personnels sujets dans les parlers francoprovençaux de la Vallée d’Aoste, Tübingen (Francke) 2007, xxx + 361 p. + CD audio (Romanica Helvetica 126) Diu Isabelle/ Parinet Élisabeth/ Vielliard Françoise (ed.), Mémoire des chevaliers. Édition, diffusion et réception des romans de chevalerie du xvii e au xx e siècle, Paris (École des chartes) 2007, 244 p. + 16 illustrations (Études et rencontres de l’École des chartes 25) Doss-Quinkby Eglal/ Krueger Roberta L./ Burns E. Jane (ed.), Cultural performances in medieval France. Essays in honor of Nancy Freeman Regalado, Cambridge (D. S. Brewer) 2007, xxxvi + 299 p. (Gallica 5) Dubuis Roger (ed.), Les Cent Nouvelles nouvelles. Présentées par Roger Dubuis, Paris (Champion) 2005, 576 p. (Traductions des classiques du Moyen Âge 69) Duval Frédéric (ed.), Pratiques philologiques en Europe. Actes de la journée d’étude organisée à l’École des chartes le 23 septembre 2005, réunis et présentés par Frédéric Duval, Paris (École nationale des chartes) 2006, 173 p. (Études et rencontres de l’École des chartes 21) Duval Frédéric (ed.), Lectures françaises de la fin du Moyen Âge. Petite anthologie commentée de succès littéraires, Genève (Droz) 2007, 474p. (Textes littéraires français) Endruschat Annette, Komitivität und Verben. Durch mit eingeleitete präpositionale Objekte in den romanischen Sprachen, Bochum (Brockmeyer) 2006, 300 p. (Diversitas Linguarum 13) Endruschat Annette/ Schmidt-Radefeldt Jürgen, Einführung in die portugiesische Sprachwissenschaft, Tübingen (Narr) 2006, 230 p. (Narr Studienbücher) Ernst Gerhard/ Wolf Barbara (ed.), Textes français privés des XVIIe et XVIIIe siècles. Édition électronique (version définitive), Tübingen (Niemeyer) 2005, CD-ROM (Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie, 310) Felber Jean-Pierre, De l’Helvétie romaine à la Suisse romande, Genève (Slatkine) 2006, 384 p. Ferrari Anna/ Romualdi Stefania (ed.), «Ab nou cor et ab nou talen». Nouvelles tendances de la recherche médiévale occitane, Modena (Mucchi Editore) 2004, 358 p. Floricic Franck (ed.), La négation dans les langues romanes, Amsterdam (John Benjamins) 2007, xi + 229 p. (Lingvisticae investigationes supplementa 26) Franchi Claudio (ed.), Pastorelle occitane, Alessandria (Edizioni dell’Orso) 2006, 372 p. (Gli Orsatti. Testi per une altro medioevo 28) Franchi Claudio, Trobei pastora. Studio sulle pastorelle occitane,Alessandria (Edizioni dell’Orso) 2006, 291 p. (Scrittura e scrittori 19) Garavelli Enrico/ Helkkula Mervi/ Välikangas Olli (ed.), Tra Italia e Francia/ Entre France et Italie. In honorem Elina Suomela-Härmä, Helsinki (Société Néophilologique) 2006, xiv + 518 p. (Mémoires de la Société Néophilologique de Helsinki 69) Gîrbea Catalina, La couronne ou l’auréole. Royauté terrestre et chevalerie celestielle dans la légende arthurienne (XII e -XIII e siècles), Turnhout (Brepols Publishers) 2007, 603 p. (Culture et société médiévales 13) Herman, József, Du latin aux langues romanes II. Nouvelles études de linguistique historique éditées par Sándor Kiss et Alberto Varvaro, Tübingen (Niemeyer) 2006, vi + 263 p. Kawaguchi Yuji/ Susumu Zaima/ Toshihiro Takagaki (ed.), Spoken Language Corpus and Linguistic Informatics,Amsterdam (John Benjamins) 2006, vi + 434 p. (Usage-Based Linguistic Informatics 5) Kiesler Reinhard, Einführung in die Problematik des Vulgärlateins, Tübingen (Niemeyer) 2006, xi + 136 p. (Romanistische Arbeitshefte 48) Kilani-Schoch Marianne/ Dressler Wolfgang U., Morphologie naturelle et flexion du verbe français, Tübingen (Narr) 2005, 243 p. (Tübinger Beiträge zur Linguistik 488) Labère Nelly, Défricher le jeune plant. Étude du genre de la nouvelle au Moyen Âge, Paris (Champion) 2006, 1072 p. (Bibliothèque du XV e siècle 69) Lecco Margherita (ed.), Poeti e poesia a Genova (e dintorni) nell’età medievale. Atti del Convegno per Genova Capitale della Cultura Europea 2004, Alessandria (Edizioni dell’Orso) 2006, 226 p. (Scrittura e scrittori 20) Lefeuvre Florence, Quoi de neuf sur quoi? Étude morphosyntaxique du mot quoi, Rennes (Presses Universitaires de Rennes) 2007, 284 p. (Rivages linguistiques) - Le français préclassique. 1500-1650, Paris (Champion/ C. N. R. S.) 2007, 296 p. 397 Nachrichten - Chronique Lemaire Jacques Charles: La traduction en moyen français de la lettre anticuriale De curialium miseriis epistola d’Aeneas Silvius Piccolomini, Villeneuve d’Ascq (Presses Universitaires du Septentrion) 2007, 240 p. (Documents et témoignages) Llinarès Garnier Annette (ed.): Gautier de Coinci, Le miracle de la chaste Impératrice. De l’empeeris qui garda sa chasteté contre mout de temptations. Traduction, texte et notes par Annette Llinarès Garnier, Paris (Champion) 2006, 256 p. (Traductions des Classiques du Moyen Âge 75) Massoumou Omer/ Queffélec Ambroise Jean-Marc, Le français en République du Congo sous l’ère pluripartiste (1991-2006), Paris (Éditions des archives contemporaines) 2007, 451 p. Melillo Michele, Studi francoprovenzali, Bari (Adriatica editrice) 2006, 251 p. (Lingua e storia in Puglia 46) Miecznikowski Johanna, Le traitement de problèmes lexicaux lors de discussions scientifiques en situation plurilingue. Procédés interactionnels et effets sur le développement du savoir, Bern, etc. (Lang) 2005, xi + 329 p. Murguía Adolfo (ed.), Sens et références/ Sinn und Referenz. Mélanges Georges Kleiber - Festschrift für Georges Kleiber, Tübingen (Narr) 2005, 256 p. Nobel Pierre (ed.), La Bible d’Acre. Genèse et Exode, Besançon (Presses Universitaires de Franche-Comté), 2006, xcvii + 263 p. Ramat Paolo/ Stolz Thomas (ed.), Mediterranean languages, Bochum (Brockmeyer) 2002, xv + 298 p. (Diversitas Linguarum 1) Rézeau Pierre, Dictionnaire des régionalismes du français en Alsace, Strasbourg (Presses universitaires de Strasbourg) 2007, 655 p. Romagnoli Patrizia/ Wahlen Barbara (ed.), Études de lettres. Figures de l’oubli (IV e -XVI e siècles), Lausanne, vol. 1-2, 2007, 358 p. Roussineau Gilles (ed.): Perceforest. Première partie. 2 vol., Genève (Droz) 2007, 686 + 793 p. (Textes littéraires français) Russo Michela, La metafonia napoletana. Evoluzione e funzionamento sincronico. Presentazioni di Max Pfister e Patrick Sauzet, Bern, Berlin, etc. (Peter Lang) 2007, 469 p. Salmon Gilbert (ed.), Les régiolectes du français, Paris (Champion) 2006, 336 p. (Travaux de recherches des Universités rhénanes 19) Schneider Stefan, Reduced parenthetical clauses as mitigators. A corpus study of spoken French, Italian and Spanish, Amsterdam (John Benjamins) 2007, xiv + 237 p. (Studies in corpus linguistics 27) Schpak-Dolt Nikolaus, Einführung in die französische Morphologie, Tübingen (Niemeyer) 2006, xii + 156 p. (Romanistische Arbeitshefte 36) Schwarz-Ammann Cornelia (ed.), Ronco sopra Ascona, Bellinzona (Archivio di Stato del Cantone Ticino) 2007, 221 p. (Repertorio toponomastico ticinese 22) Spetia Lucilla (ed.), «Intavulare». Tables de chansonniers romans, 4.Z (Siena, Biblioteca Comunale H.X.36), Liège (Bibliothèque de la Faculté de philosophie et lettres de l’Université) 2006, 132 p. (Chansonniers français 2) Taddei Gheiler Franca, La lingua degli anziani. Stereotipi sociali e competenze linguistiche in un gruppo di anziani ticinesi, Osservatorio linguistico della Svizzera italiana, Locarno (Dado Editore) 2005, 547 p. Tipografia portuguesa do séc. XVI nas colecções da Biblioteca Pública Municipal do Porto. Porto (Câmara Municipal do Porto) 2006, 287 p. + cd-rom Trachsler Richard/ Abed Julien/ Expert David (ed.), Moult obscures paroles. Études sur la prophétie médiévale. Paris (Presses de l’Université Paris-Sorbonne) 2007, 271 p. (Cultures et civilisations médiévales 39) Tyssen Madeleine/ Henrard Nadine/ Gemenne Louis (ed.), Le Roman de Guillaume d’Orange. Édition critique établie en collaboration, vol. 2, Paris (Champion) 2006, 624 p. (Bibliothèque du XVe siècle 70) Tyssen Madeleine/ Henrard Nadine (ed.), Le Roman de Guillaume d’Orange. Études introductives, glossaire et tables, vol. 3, Paris (Champion) 2006, 224 p. (Bibliothèque du XVe siècle 71) Wid l ak Stanis l aw, Italia e Polonia. Popoli e lingue in contatto, Kraków (Wydawnictwo Uniwersytetu Jagiellon´ skiego) 2006, 192 p. 398 Nachrichten - Chronique Vallecalle Jean-Claude, Messages et ambassades dans l’épopée française médiévale. L’illusion du dialogue, Paris (Champion) 2006, 640 p. (Nouvelle Bibliothèque du Moyen Âge 82) Van Acker Marieke, «Ut quique rustici et inlitterati hec avdierint intellegant». Hagiographie et communication verticale au temps des Mérovingiens (VII e -VIII e siècles), Turnhout (Brepols Publishers) 2007, 662 p. (Corpus christianorum. Lingua Patrum 4) Waltereit Richard, Abtönung. Zur Pragmatik und historischen Semantik von Modalpartikeln und ihren funktionalen Äquivalenten in romanischen Sprachen, Tübingen (Niemeyer) 2006, x + 203 p. (Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie 338) Wilhelm Raymund (ed.): Bonvesin da la Riva. La vita di Sant’Alessio. Edizione secondo il codice Trivulziano 93, Tübingen (Niemeyer) 2006, vii + 97 p. (Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie 335) Wunderli, Peter: Raffaele da Verona, Aquilon de Bavière. Roman franco-italien en prose (1379-1407), vol. 3, Commentaires. Berlin, New York (Walter de Gruyter) 2007, xi + 414 p. (Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie 337) 399 Prix Collegium Romanicum pour l’Avancement de la Relève MISE AU CONCOURS Le Collegium Romanicum met au concours le «Prix pour l’Avancement de la Relève» pour l’année 2008. Les membres du Collegium Romanicum sont invités à envoyer leurs propositions (dossier du/ de la candidat/ e, monographie, 2 rapports) à chacun des trois membres du jury. Le délai de présentation est le 22 juin 2008. Adresses du jury: Prof. Dr. Angela Ferrari, Istituto di italianistica, Maiengasse 51, 4056 Basel Prof. Dr. Itzíar López Gil, Romanisches Seminar, Zürichbergstrasse 8, 8028 Zürich Prof. Dr. Olivier Pot, Département de langue et de littérature françaises modernes, rue De-Candolle 5, 1211 Genève 4 Règlement 1. Le collegium Romanicum décerne chaque année aux jeunes romanistes suisses ou travaillant en Suisse qui n’auront pas dépassé les 35 ans au moment de leur candidature le «Prix d’Avancement de la Relève». Il récompense les travaux scientifiques des jeunes chercheurs/ chercheuses qui se sont distingué(e)s dans le domaine de la Philologie Romane (linguistique ou littérature). 2. Ce prix est mis au concours annuellement lors de l’Assemblée Générale du Collegium Romanicum. La dotation en est de 2.000,- CHF. 3. La date limite de présentation est le 22 juin. 4. Le jury qui doit accorder le Prix de la Relève est formé par trois membres du Collegium Romanicum. Ceux-ci sont choisis par les membres présents à l’Assemblée Générale. Le jury peut, au besoin, demander à des spécialistes des rapports supplémentaires. 5. On accordera le prix à des monographies scientifiques (livres, thèses) du domaine de la Philologie Romane (linguistique ou littérature), déjà parues ou achevées au moment de leur présentation au concours. 6. Chaque candidature (monographie et candidat/ e) doit être proposée, par écrit, par deux professeurs (un du Collegium Romanicum). 7. Le prix sera remis lors de l’Assemblée Générale qui suivra à la mise au concours.
