Vox Romanica
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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2008
671
Kristol De StefaniISSN 0042-899 X VOX ROMANICA ANNALES HELVETICI EXPLORANDIS LINGUIS ROMANICIS DESTINATI CONDITI AB J. JUD ET A. STEIGER EDITI AUSPICIIS COLLEGII ROMANICI HELVETIORUM A RITA FRANCESCHINI ET ANDRES KRISTOL 67 · 2008 A. FRANCKE VERLAG TÜBINGEN UND BASEL VOX ROMANICA Comité de rédaction: Georges Lüdi, président; Mmes et MM. Rolf Eberenz, Gilles Eckard, Felix Giger, Alexandre Huber, Marc-René Jung, Ricarda Liver, Lidia Nembrini, Hans- Rudolf Nüesch, Jean-Yves Tilliette. Rédacteurs: Mme Rita Franceschini (Freie Universität Bozen/ Libera Università di Bolzano), M. Andres Kristol (Université de Neuchâtel). Secrétaires de rédaction: Mmes et MM. Daniela Veronesi, Silvia Dal Negro, Alessandro Vietti, Paul Videsott, Helene Schwarz (Bozen/ Bolzano), Dorothée Aquino-Weber, Elisabeth Berchtold (Neuchâtel). Adresses de la rédaction: Mme Rita Franceschini, Freie Universität Bozen/ Libera Università di Bolzano, Sernesiplatz 1/ Piazza Sernesi, 1, I-39100 Bozen/ Bolzano; courriel: r.franceschini@ unibz.it M. Andres Kristol, Centre de dialectologie, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Université de Neuchâtel, Avenue DuPeyrou 6, CH-2000 Neuchâtel (manuscrits et livres pour comptes rendus); courriel: andres.kristol@unine.ch Adresse de l’éditeur: A. Francke Verlag, Postfach 2560, D-72015 Tübingen (correspondance relative à l’administration); courriel: info@francke.de; page Internet: www.francke.de Abonnement: € 72.-/ SFr 121.- Les articles du volume présent sont offerts individuellement sur www.francke.de. VOX ROMANICA est une revue scientifique de linguistique et de philologie romanes, publiée une fois par année. Enracinée dans les études romanes helvétiques depuis sa fondation en 1936 et ouverte sur la recherche internationale, elle consacre une attention particulière aux questions concernant le plurilinguisme et les minorités linguistiques. Tout en restant attachée à une optique historique et philologique, elle favorise également l’étude des variétés romanes actuelles et de nouvelles approches de la recherche linguistique. Renseignements pour les auteurs: Les manuscrits sont à envoyer aux adresses de Mme Franceschini et de M. Kristol (fichier informatisé et version papier). Les normes rédactionnelles peuvent être consultées sur le site www.unine.ch/ dialectologie/ vox/ vox.html (où on trouvera aussi la liste des livres disponibles pour les comptes rendus). Les articles sont évalués par des experts choisis au sein du comité de rédaction ou à l’extérieur de celui-ci. Les comptes rendus ne sont soumis à une évaluation que dans des cas exceptionnels. La rédaction se réserve d’éventuelles interventions stylistiques sur les textes. Les épreuves sont soumises aux auteurs. Au cours de la rédaction de ce numéro, 72 articles et comptes rendus ont été soumis à la rédaction (dont 3 dans l’année 2007). 7 contributions ont été jugées négativement, 10 ont été acceptées, en partie après une révision substantielle de la part des auteurs. À l’heure actuelle, 5 articles sont encore en cours d’évaluation. VOX ROMANICA 67 · 2008 VOX ROMANICA ANNALES HELVETICI EXPLORANDIS LINGUIS ROMANICIS DESTINATI CONDITI AB J. JUD ET A. STEIGER EDITI AUSPICIIS COLLEGII ROMANICI HELVETIORUM A RITA FRANCESCHINI ET ANDRES KRISTOL 67 · 2008 A. FRANCKE VERLAG TÜBINGEN UND BASEL Publié avec le soutien de l’Académie suisse des sciences humaines et sociales Alle Rechte vorbehalten / All Rights Strictly Reserved A. Francke Verlag Tübingen und Basel ISSN 0042 899 X ISBN 978-3-7720-2207-4 Satz und Druck: Laupp & Göbel, Nehren Buchbinderische Verarbeitung: Nädele, Nehren Printed in Germany Comité de rédaction: Rolf Eberenz (Université de Lausanne), Gilles Eckard (Université de Neuchâtel), Felix Giger (Dicziunari rumantsch grischun), Alexandre Huber (Glossaire des patois de la Suisse romande, Neuchâtel), Marc-René Jung (Universität Zürich), Ricarda Liver (Universität Bern), Georges Lüdi (Universität Basel), Lidia Nembrini (Vocabolario dei dialetti della Svizzera italiana), Hans-Rudolf Nüesch (Universität Zürich, Jud-Bibliothek), Jean-Yves Tilliette (Université de Genève). Inhalt - Contenu Lidia Bartolucci, Niuno huomo non può sapere la grandezza della nostra terra se none noi. Su una redazione italiana della Lettera del Prete Gianni. . . . . . . . . 1 Riccardo Regis, Il tipo corylus: origine, riscontri, fortuna (con particolare riferimento al territorio italiano) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Alessandro Vietti, Scelta di codice in contesti comunicativi incerti. Il caso delle richieste di indicazioni stradali in Alto Adige/ Südtirol . . . . . . . . . . . . . . . . 34 Luca Barbieri, Achille et Ulysse dans le Roman de Troie: deux héros ambigus . . . 57 Frédéric Duval, Sémiotique des mots de civilisation romaine en français médiéval . . 84 William Rothwell, Anglo-French in rural England in the later thirteenth century. Walter of Bibbesworth’s Tretiz and the Agricultural Treatises . . . . . . . . . . . 100 Carine Skupien Dekens, Les formes en -ant dans la traduction de la Bible par Sébastien Castellion (Bâle 1555) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133 Federico Corriente, A vueltas con las xarajñt con texto romance de la serie hebrea . . 169 Manuel Bruña Cuevas, El Promptuario de Josep Broch en catalán, castellano y francés (1771) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183 Anna López Samaniego/ Ilpo Kempas, Realización del subjuntivo del pasado de valor aoristo en contextos hodiernales en catalán/ valenciano . . . . . . . . . . . . . 204 Besprechungen - Comptes rendus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220 Nachrichten - Chronique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 363 Büchereingänge - Livres reçus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 383 Prix Collegium Romanicum pour l’Avancement de la Relève . . . . . . . . . . . . 385 Besprechungen - Comptes rendus Philologie et linguistique générales - Allgemeine Philologie und Sprachwissenschaft Le rêve médiéval. Études littéraires réunies par Alain Corbellari et Jean-Yves Tilliette (Olga Shcherbakova) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220 Thüring von Ringoltingen, Melusine (1456). Nach dem Erstdruck Basel: Richel um 1473/ 74, 2 volumes édités par André Schnyder et Ursula Rautenberg (Jean- Claude Mühlethaler) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 222 Louis de Saussure/ Jacques Moeschler/ Genoveva Puskas, Tense, mood and aspect: theoretical and descriptive issues (Isabelle Lemée) . . . . . . . . . . . . . . . . . 227 Catherine Bolly/ Jean René Klein/ Béatrice Lamiroy (ed.), La phraséologie dans tous ses états. Actes du colloque «Phraséologie 2005» (Louvain-la-Neuve, 13-15 octobre 2005) (Adrian Chircu) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 230 Rika van Deyck/ Rosanna Sornicola/ Johannes Kabatek (ed.), La variabilité en langue. I. Langue parlée et langue écrite dans le présent et le passé; La variabilité en langue. II. Les quatre variations (Gaetano Berruto) . . . . . . . . . . . . . . . 232 Inhalt - Contenu Eva-Maria Thüne/ Simona Leonardi/ Carla Bazzanella (ed.), Gender, Language and New Literacy. A Multilingual Analysis (Gaetano Berruto) . . . . . . . . . . 235 Linguistique romane générale - Allgemeine romanische Sprachwissenschaft Wolfgang Dahmen/ Günter Holtus/ Johannes Kramer/ Michael Metzeltin/ Wolfgang Schweickard/ Otto Winckelmann (ed.), Was kann eine vergleichende romanische Sprachwissenschaft heute (noch) leisten? Romanistisches Kolloquium XX (Robert de Dardel) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238 Angela Schrott/ Harald Völker (ed.), Historische Pragmatik und historische Varietätenlinguistik in den romanischen Sprachen (Martina Nicklaus) . . . . . . . 248 Aschenberg, Heidi/ Wilhelm, Raymund (ed.), Romanische Sprachgeschichte und Diskurstradition. Akten der gleichnamigen Sektion des xxvii. Deutschen Romanistentags (Edeltraud Werner) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 255 Franck Floricic (ed.), La négation dans les langues romanes (Olga Inkova) . . . . 261 Richard Waltereit, Abtönung. Zur Pragmatik und historischen Semantik von Modalpartikeln und ihren funktionalen Äquivalenten in romanischen Sprachen (Martina Nicklaus) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 265 Stephan Schneider, Reduced parentheticals clauses as mitigators. A corpus study of spoken French, Italian and Spanish (Mathieu Avanzi) . . . . . . . . . . . . . . . 268 Italoromania Raffaele da Verona, Aquilon de Bavière. Roman franco-italien en prose (1379- 1407). Introduction, édition et commentaire par P. Wunderli, vol. III (Lidia Bartolucci) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 272 Ghino Ghinassi, Dal Belcalzer al Castiglione. Studi sull’antico volgare di Mantova e sul «Cortegiano», a cura e con una premessa di Paolo Bongrani (Gabriele Bucchi) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 277 Alberto Roncaccia, Il metodo critico di Ludovico Castelvetro (Gabriele Bucchi) . 279 Galileo Galilei, Il saggiatore. Edizione critica e commento a cura di Ottavio Besomi/ Mario Helbing (Tobias Daniels) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 281 Valeria della Valle/ Pietro Trifone (ed.), Studi linguistici per Luca Serianni (Maria Antonietta Marogna) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 283 Helga Thomassen, Lexikalische Semantik des Italienischen. Eine Einführung (Annette Schiller) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 298 Repertorio Toponomastico Ticinese. I nomi di luogo dei comuni del Cantone Ticino. Ronco sopra Ascona (Die Ortsnamen von Ronco sopra Ascona) (María Dolores Gordón Peral) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 300 Repertorio Toponomastico Ticinese. I nomi di luogo dei comuni del Cantone Ticino. Giornico (María Dolores Gordón Peral) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 302 Galloromania Federica Diémoz, Morphologie et syntaxe des pronoms personnels sujets dans les parlers francoprovençaux de la Vallée d’Aoste (David Heap) . . . . . . . . . . . . 305 Jean-Claude Vallecalle, Messages et ambassadeurs dans l’épopée française médiévale. L’illusion du dialogue (Alain Corbellari) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 308 Élisabeth Crouzet-Pavan/ Jacques Verger (ed.), La dérision au Moyen Âge. De la pratique sociale au rituel politique (Maria Nieves Canal) . . . . . . . . . . . . . 309 VI Inhalt - Contenu Richard Trachsler/ Julien Abed/ David Expert (ed.), Moult obscures paroles. Études sur la prophétie médiévale (Olga Shcherbakova) . . . . . . . . . . . . . . . . 313 Le Roman de Guillaume d’Orange. Tome II. Édition critique établie en collaboration par Madeleine Tyssens, Nadine Henrard et Louis Gemenne / Le Roman de Guillaume d’Orange. Tome III. Études introductives, glossaire et tables par Nadine Henrard et Madeleine Tyssens (Arnold Arens) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 315 Jacques Charles Lemaire (ed.), Le Roman de Gligois. Récit arthurien du XIII e siècle. Édition critique (Arnold Arens) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 316 Julia C. Szirmai (ed.), Un fragment de la Genèse en vers (fin XIII e -début XIV e siècle). Édition du Ms. Brit. Libr. Harley 3775 (Arnold Arens) . . . . . . . . . . . . 319 The Old French Ballette. Oxford, Bodleian Library, MS Douce 308. Edited, translated, and introduced by Eglal Doss-Quinby and Samuel N. Rosenberg; music editions and commentary by Elisabeth Aubrey (Dominique Billy) . . . . . . . . . 322 Susanne Röhl, Der «Livre de Mandeville» im 14. und 15. Jahrhundert (Lidia Bartolucci) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 326 Les Cent Nouvelles nouvelles. Présentées par Roger Dubuis (Arnold Arens) . . . 332 Thomas Maillet (? ), Les proverbez d’Alain, édités par Tony Hunt (Gabriele Giannini) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 333 Véronique Duché-Galvet (ed.), Diego de San Pedro, La Prison d’amour (1552) (Maria Nieves Canal) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 337 Nature & paysages. L’émergence d’une nouvelle subjectivité à la Renaissance. Actes des journées d’étude organisées par l’École nationale des chartes (26 mars 2004 et 15 avril 2005). Réunis par Dominique De Courcelles avec la collaboration de Jean-Pierre Bat (Laurent Bozard) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 339 Horst Geckeler/ Wolf Dietrich, Einführung in die französische Sprachwissenschaft. Ein Lehr- und Arbeitsbuch, 4., durchgesehene Auflage (André Horak) . . . . . . 343 Xiaoquan Chu, Les verbes modaux du français (Cécile Barbet) . . . . . . . . . . . 346 Florence Lefeuvre, Quoi de neuf sur quoi? Étude morphosyntaxique du mot quoi (Isabelle Lemée) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 348 Pierre Rézeau, Dictionnaire des régionalismes du français en Alsace (Aurélie Reusser- Elzingre) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 350 Christine Hélot, Du bilinguisme en famille au plurilinguisme à l’école (Sabine Ehrhart) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 354 Elissa Pustka, Phonologie et variétés en contact. Aveyronnais et Guadeloupéens à Paris (Anika Falkert) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 356 Iberoromania Ana C. Blasco/ Manuel Sánchez/ Alejandro Gurría, Tradición local y habla de Ballibasa (María Dolores Gordón Peral) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 359 R. Álvarez/ F. Dubert/ X. Sousa, Lingua e territorio (Xosé Soto Andión) . . . . . . 361 VII Mitarbeiter des 67. Bandes (Die Seiten der Originalartikel sind kursiv gedruckt.) Heap, D. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 305 Horak, A. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 343 Inkova, O. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 261 Kempas, I. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 204 Lemée, I. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227, 348 López Samaniego, A. . . . . . . . . . . . . 204 Marogna, M. A. . . . . . . . . . . . . . . . 283 Mühlethaler, J.-C. . . . . . . . . . . . . . . 222 Nicklaus, M. . . . . . . . . . . . . . . . . . 248, 265 Nieves Canal, M. . . . . . . . . . . . . . . 309, 337 Regis, R. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Reusser-Elzingre, A. . . . . . . . . . . . . 350 Rothwell, W. . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 Schiller, A. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 298 Shcherbakova, O. . . . . . . . . . . . . . . 220, 313 Skupien Dekens, C. . . . . . . . . . . . . . 133 Soto Andión, X. . . . . . . . . . . . . . . . 361 Vietti, A. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 Werner, E. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 255 Arens, A. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 315, 316, 319, 332 Avanzi, M. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 268 Barbet, C. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 346 Barbieri, L. . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 Bartolucci, L. . . . . . . . . . . . . . . . . 1, 272, 326 Berruto, G. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232, 235 Billy, D. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 322 Bozard, L. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 339 Bruña Cuevas, M. . . . . . . . . . . . . . . 183 Bucchi, G. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 277, 279 Chircu, A. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 230 Corbellari, A. . . . . . . . . . . . . . . . . 308 Corriente, F. . . . . . . . . . . . . . . . . . 169 Daniels, T. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 281 Dardel, R. de . . . . . . . . . . . . . . . . 238 Duval, F. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84 Ehrhart, S. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 354 Falkert, A. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 356 Giannini, G. . . . . . . . . . . . . . . . . . 333 Gordón Peral, M. D. . . . . . . . . . . . . 300, 302, 359 Niuno huomo non può sapere la grandezza della nostra terra se none noi Su una redazione italiana della Lettera del Prete Gianni Nell’ampio studio dedicato all’Epistola Presbiteri Johannis nelle sue numerose versioni Bettina Wagner si volge a esaminare le redazioni italiane di questo testo che nel Medioevo incontra grande fortuna presso il pubblico. Un potente e misterioso Prete Gianni, che in sé riunisce potere spirituale e potere temporale, descrive in una lettera in latino, indirizzata «Emanueli, Romeon gubernatori» (Zarncke 1879: 909-34), il suo vasto e lontano territorio d’Oriente, ove teratologia, alienità antropologiche e difformità degli elementi si intrecciano. L’Epistola si ascrive agli anni fra il 1150 e il 1165 ed è redatta da autore anonimo, probabilmente, come osserva Gioia Zaganelli, un chierico, uno dei tanti intellettuali che nel XII secolo affollavano le cancellerie dei potenti e dei quali i potenti, non sempre abili nelle pratiche della scrittura, si servivano per la loro amministrazione. Al corrente della letteratura relativa all’Oriente e lettore della Bibbia, egli, come presumibilmente il suo pubblico, sapeva dell’esistenza in Asia di popolazioni cristiane, come pure delle leggende che già all’inizio del XII secolo circolavano in Occidente su un potente re indiano, chiamato «Presbiter Johannes» (Zaganelli 1990: 15). In un lasso di tempo non troppo lungo l’Epistola, che si presta a livelli diversi di lettura, si diffonde in Occidente e conosce numerose interpolazioni, riscritture e traduzioni. Fra le traduzioni in lingua volgare particolare fortuna è conosciuta da una versione oitanica in prosa, siglata P1, che sviluppa l’ambito dei «mirabilia» rispetto alla lettera latina; da questa deriva una redazione breve in antico francese, indicata come P2 (cf. Gosman 1982: 3-22). Da P1 dipende la maggior parte delle versioni italiane sino ad oggi note. Bettina Wagner (2000: 197-200), rifacendosi a una tesi inedita di Petra Salentijn, viene a ripartire i dodici ms. italiani da lei conosciuti in due famiglie, indicate rispettivamente con le sigle «It. F» e «It. L». Quest’ultima famiglia comprende due testimoni di tradizione italo-latina, e cioè il ms. 353 del fondo Patetta della Biblioteca Apostolica Vaticana e il codice Magl. XXXV 169 della Biblioteca Nazionale Centrale di Firenze 1 , mentre al gruppo indicato come «It. F» si ascrive un numero più rilevante di ms., che mostrano di attingere dalla prosa lunga oitanica, che, rispetto all’originale latino dell’Epistola, costituisce una traduzione-adattamento. Alla studiosa è sfuggito il ms. da noi rinvenuto alcuni anni fa nella Biblioteca Ca- 1 I due ms. sono stati editi: cf. Bendinelli 1978: 37-64 e Magro 1999: 201-90. Vox Romanica 67 (2008): 1-10 Lidia Bartolucci pitolare di Verona: è il ms. miscellaneo DCCCXX, che alle col. 37r-39r conserva la narrazione iniziale della missiva. Si è recentemente scoperto che è stato esemplato, nella prima metà del XV secolo in mercantesca, da Tuccio Manetti, padre del famoso Antonio, che è stato «indefesso copiatore, traduttore, postillatore di codici, specialmente latini» 2 . Pertanto la tradizione manoscritta italiana della Lettera del Prete Gianni è costituita dai seguenti testimoni 3 : MS. Bartolucci Magro Wagner 1 Firenze, Biblioteca Marucelliana, C CLV A F E 2 Roma, Biblioteca Corsiniana, Rossi 163 C C O 3 Fermo, Biblioteca Comunale, 4 CA I.31 F Fe P 4 Firenze, Bibl. Mediceo-Laurenziana, Ashb. App. 1887 L La N 5 Firenze, Bibl. Mediceo-Laurenziana, Mediceo-Pal. 115 L1 Lb M 6 Venezia, Biblioteca Marciana, It. IX 142 (6280) M Ma G 7 Venezia, Biblioteca Marciana, It. XI 6 (7222) 4 M1 Mb C 8 Firenze, Bibl. Nazionale Centrale, Landau-Finaly 13 N Ne H 9 Firenze, Bibl. Nazionale Centrale, Magl. II II 39 N1 Nc D 10 Firenze, Bibl. Nazionale Centrale, Magl. II IV 53 N2 Nd F 11 Roma, Bibl. Apostolica Vaticana, F. Patetta 353 P A K 12 Firenze, Bibl. Nazionale Centrale, Magl. XXXV 169 Q Na L 13 Firenze, Biblioteca Riccardiana, 1475 R R A 14 Verona, Biblioteca Civica, 398 5 V V 15 Verona, Biblioteca Capitolare, DCCCXX V1 16 Vienna, Österreichische Nationalbibliothek, 3320 W W B Nel ms. della Biblioteca Capitolare, da noi siglato V1, la missiva del misterioso signore d’Oriente si interrompe dopo la menzione del fiume Sanbatyon e delle fortificazioni sul territorio del Prete Gianni: «Dall’altra parte di questa montagnia, donde questo fiume nascie, abbiamo noi .LXII. castella delle più forti del mondo, ed è l’uno all’altro presso a una balestrata» (c. 39r) 6 . V1 si rivela assai vicino al testimone italiano più antico dell’Epistola, il ms. R, che alle col. 146v-164r, custodisce una traduzione fedele di P1, caratterizzata, fra l’altro, da una «orientation française» 7 , ovvero da una reiterata esaltazione dei «Franceschi». Di R esiste una edizione ottocentesca, filologicamente superata 8 , mentre inedito è il testo di V1, 2 2 Cf. Bartolucci 1999: 5-11; Tanturli 1998: 514-15; Uzielli 1902: 473-91. 3 All’elencazione si affiancano le sigle attribuite ai ms. dalla scrivente, da Magro 1999: 212 e da Wagner 2000: 197-98. Cf. pure Bartolucci 2001: 89. 4 Per un refuso il ms. porta la segnatura It. IX VI invece di It. XI VI: cf. Wagner 2000: 197. 5 Il ms. 398 della Biblioteca Civica di Verona viene esemplato, nella seconda metà del Quattrocento, per un personaggio di rilievo della città, Galeazzo Canossa, e conserva una riscrittura dell’Epistola, contraddistinta altresì da numerose interpolazioni a carattere religioso-liturgico. La lettera si lega alla versione del ms. marciano It. IX 142, che Wagner 2000: 197 considera libera elaborazione. 6 Il testo di V1 corrisponde alle righe 1-221 del testo di P1. Per la descrizione del ms. cf. Peruzzi 1992: 241; Bartolucci 1999: 10-11; Marchi 1996: 598-600. 7 Cf. Gosman 1982: 37. Sul ms. cf. in particolare Bartolucci 1998: 5-15. 8 Il codice è stato pubblicato da Moutier 1823: ci-cxiii in appendice alla Cronaca di Giovanni Villani. Su una redazione italiana della Lettera del Prete Gianni del quale nel presente lavoro si fornisce la trascrizione 9 . Si osserva che rispetto a V1 R in qualche caso fornisce un testo più completo: ad es. trattando dei popoli rinchiusi da Alessandro Magno, R riferisce «Né queste generazioni di gente non fuorono de’ figliuoli d’Israel né sono, ma elli fuoro di Gos e di Magos» (c. 149v). La duplice precisazione di R è contenuta in alcuni testimoni oitanici che si raggruppano intorno al ms. I (Parigi, Bibliothèque de l’Arsenal, 5366) e al ms. L (Berna, Bibliothèque de la Bourgeoisie, litt. 113), i due «textes-guide» di P1; «Et ces generacions ne sont ne ne furent des fils d’Israël, mais il furent de Gos et de Magos»: così recita il ms. H, seguito dal ms. J per la prima famiglia e dai testimoni L, R, K e D del secondo gruppo 10 . V1 si limita a dire: «Né questa gienerazione di giente non furono de’ figliuoli d’Israel, ma furono della gienerazione di Gog e Magogh» (c. 38r). I due testimoni R e V1 presentano la stessa versione con poche e lievi divergenze tra loro: V1 R honorevolmente c. 37r honoratamente c. 147r li nostri poveri c. 37r li poveri della nostra terra c. 147r ivi presso c. 37v apresso c. 147v cresciuti c. 38r drudi c. 148v finirà c. 38r durerà c. 149v terra c. 38r città c. 150r Gison c. 38r Fison c. 150v diserto stretto c. 38v diserto estremo c. 152v stenperata c. 39r distenperata c. 153v cheto c. 39r queito 11 c. 153v Oltre all’errore comune già segnalato (Bartolucci 1999: 7) relativo alla pericope di P1 «adont trove on Babilone la Deserte qui est dalés le tor qui est apelee Babiel» (ms. I, p. 300, r43-45), R e V condividono un’altra lezione erronea, dovuta forse a un fraintendimento del modello: orecchi (V1 c. 37v)/ orecchie (R c. 149r) in luogo di «occhi», di cui riferisce P1: euz/ yeux/ yeulz/ oylz/ oilz/ ieus/ euz/ jeuix, come si può leggere ad es. nel ms. I (p. 162, r78): «gent qui ont euz davant et darrier» ‘gen- 3 9 Si è optato per una trascrizione notevolmente conservativa. Sono stati regolati secondo l’uso moderno i segni diacritici, la punteggiatura, l’utilizzo di maiuscole e minuscole e la divisione delle parole. Si è posta l’indicazione della carta fra due barre oblique; si sono utilizzate le parentesi quadre per le integrazioni e si sono segnalate le lacune nel testo con tre puntini posti fra parentesi tonde. Sono state conservate le cifre in forma di numero romano e sono state collocate fra due puntini. Si è distinto u da v, j è stato reso con i; si è segnalato il raddoppiamento fonosintattico con il punto in alto. Per le citazioni all’interno del testo si sono utilizzati i caporali. Per quanto concerne le abbreviazioni, che sono in numero ridotto, è stata resa con e la nota tironiana simile a 2; il titulus curvilineo è stato sciolto in m (es. femmina) o in n (es. stanno); il compendio di origine giuridica p con l’asta discendente tagliata è stato reso con per e il «nomen sacrum» xpiani con il titulus sovrapposto è stato svolto in cristiani. 10 Cf. Gosman 1982: 185, r92-94; 310-11, r92-94. 11 Il raffronto si arresta alla c. 39r di V1 e alla c. 153v di R. Lidia Bartolucci ti che hanno occhi davanti e dietro’; analogamente a I raccontano i testimoni A, Q, F, P e J della prima famiglia, e per la seconda soltanto M (p. 309, r78). Circa quest’ultimo codice Gosman (1982: 113) osserva che, nella tradizione manoscritta di P1, M rivela una considerevole «autonomie des leçons» e occupa una posizione particolare in quanto si collega ad entrambe le famiglie (Gosman 1982: 101-17). I due ms. italiani sono imparentati tra loro e V1, come abbiamo rilevato (Bartolucci 1999: 9-10), mostra di discendere da un codice assai vicino a R. Ciò che delineiamo ulteriormente è il loro dipendere in maniera sistematica dal gruppo oitanico I di P1, il quale, secondo Bettina Wagner, costituisce un gruppo storicotestuale secondario 12 . Avevamo già segnalato attestazioni della loro dipendenza dalla famiglia I: l’offerta della carica di siniscalco da parte del Prete Gianni e la descrizione della seconda fontana di «jouvence» (Bartolucci 1999: 7-8). Altre peculiarità si evidenziano dal loro raffronto con i ms. oitanici: I la frase «et femine ave intra loro di quello medesimo lignaggio» (R, c. 149r) / «e femmine ae intra loro di quello medesimo lingnaggio» (V1, c. 37v) compare solo in alcuni ms. della famiglia I, e cioè in A, H e J, che recita «de cele meismes lignee sont les fames», e della famiglia L (L, R, K, O ed N) 13 ; II la lezione riferita ai Sagittari «e stanno nel deserto» di R (c. 151r) e di V1 (c. 38v) figura in tutti i testimoni della prima famiglia e in M 14 ; III la frase di V1 «non eschono dal diserto inperciò che a Dio non piacie» (c. 38v) e di R «non escono del diserto inperciò ke a Dio non piace» (c. 151r) figura unicamente in M e nei testimoni del gruppo I: B, A, Q, H e J 15 ; IV di tali genti R aggiunge «giacciono continuamente in su l’erba» (c. 151r), al pari di V1 «giacciono continovamente in su l’erba» (c. 38v). La lezione corrispondente herbes ‘erbe’ è presente solo nel ms. B della famiglia I, in quanto tutti gli altri ms. sia di P1 sia di P2 16 hanno arbres ‘alberi’ (Bartolucci 1999: 8); V V1 puntualizza circa una delle tre Indie «tanto è netta e correvi uno fiume» (c. 38v) mentre il copista di R incorre in una omissione «tanto e correvi uno fiume» (c. 151v). Tale puntualizzazione figura in tutti i ms. della famiglia I (si est si nete) e solo in M (Gosman 1982: 182-83, r171; 329, r171); VI per gli arbusti del pepe R precisa: «sono drudi e folti e ramoruti e bene caricati» (c. 153r) traducendo letteralmente il dettato del ms. F, che appartiene 4 12 Wagner 2000: 205-06 constata che nella famiglia di L sono presenti passi provenienti dal testo latino della Epistola, invece mancano nella famiglia di I. 13 Cf. Gosman 1982: 162-63, r80; 308-09, r80. 14 «Et meinnent es desers» (ms. I): cf. Gosman 1982: 176, r144; «et mainent es desiers» (ms. M): ivi: 323, r144 15 Ivi : 176-77, r145-46; 323, r145-46. 16 Gosman 1982: 7-22 indica con P2 la traduzione-adattamento oitanica che si rifà a P1 e che presenta tre interpolazioni tipiche: quella sui Cinocefali pescatori, quella sugli uccelli di calda natura e quella sull’«Arbre de vie» e il crisma. Su una redazione italiana della Lettera del Prete Gianni al gruppo I, «sunt druz et espes, ramé et bien chargé» (p. 189, r188); V1 invece dice solo «sono bene ramoruti e charicati» (c. 39r). La precisazione è assente nei testimoni della famiglia L, ad eccezione di M, che recita «dru et espes et bien ramé et bien karchié» (p. 335, r188). Gli altri ms. della famiglia I che riferiscono di tale particolarità, cioè I, B, Q, F e J, presentano qualche differenza di lezione. È da rilevare che il dettato di J «bien ramez et carchiez» corrisponde alla traduzione di V1. VII Circa la vastità del suo territorio il Prete Gianni dice «Sì abbiamo un altro paese per lo quale noi possiamo visitare la nostra terra» (V1 c. 39r) / «Et se aviamo un altro paese per lo quale noi potiamo visitare la nostra / / terra» (c. 153r-v). Paese è un errore e la corrispettiva lezione païs compare solo in due testimoni della famiglia I, ovvero in J: «Si avons autres païs par quoy nous poöns visiter [nostre terre]», e in H «Si avons altres païs 17 par lequel nous poöns nostre terre visiter» (p. 194, r213). Di tale gruppo riportano correttamente pas ‘passo’ B e P; invece A, Q e F tacciono. La seconda famiglia di P1 ha la lezione corretta passage/ pasages/ passages/ passaiges (p. 340-41, r213). VIII Nell’elencazione delle pietre preziose trasportate da uno dei fiumi paradisiaci compare l’onice: oncie in V1 (c. 38v) e in R (c. 152r). Unicamente nel gruppo dei testimoni di I si ha menzione di tale pietra: ms. I, J, B ed F (p. 184- 85, r177). IX La precisazione «la quale è intra noi e figliuoli d’Israel» (V1 c. 39r) / «ch’ene tra noi e lli figliuoli d’Israel» (R c. 153v) figura soltanto nei ms. della famiglia I: «qui est entre noz et les fiuz Israël» (p. 194-95, r215). Il raffronto di V1 ed R con le versioni oitaniche in prosa conferma la loro dipendenza dal testo di P1, che, rispetto all’Epistola latina, presenta, come osserva Gioia Zaganelli, una grande novità in quanto suggerisce che nessun modello di bene sociale è proponibile se non si tiene conto anche delle forze contrarie, della presenza del male, dell’ingiustizia, dell’aggressione. L’immagine che qui ci è proposta è la meta di un percorso simbolico . . . Solo dopo aver attraversato l’immensità degli spazi esterni, dopo aver preso contatto con la violenza, dopo aver capito che il bene è un equilibrio, una mediazione tra forze antitetiche, si può raggiungere il cuore del regno e percepire appieno il senso dell’immagine sociale che in esso si incarna (Zaganelli 1988: 256). Forse proprio per questo sono state così numerose le versioni italiane della prosa oitanica indicata come P1. Verona Lidia Bartolucci 5 17 Gosman interviene sul testo correggendo in entrambi i ms. Lidia Bartolucci Trascrizione del testo 6 18 La lettura di ç è un po’ incerta: sembra che il copista sia intervenuto su t correggendolo in ç. 19 Rispetto a R, che riferisce di tre Indie (c. 147v), delle quali dà la denominazione, V1 sembra avere una lacuna. P1 racconta di tre Indie (Gosman 1982: 154-55, r41; 360-61, r41); P2 invece 5 10 15 20 25 30 35 40 / c. 37r/ Presto Giovanni, per la graçia 18 di Dio re cristiano, manda salute ed amore a Federigo, inperadore di Roma. Noi, Giovanni, siamo cierti che voi disiderate di vedere per cierte insegnie l’essere nostro e de’ nostri fatti. E inperciò che a noi è dato ad intendere che voi dite che [i] nostri Greci non credono fermamente la nostra leggie e non adorano Iddio sicome fate voi, ora sappiate di vero che noi vi mandiamo diciendo di vero che noi crediamo il Padre, il Figliuolo e •llo Spirito Santo in tre persone in uno Dio solamente; e questo crediamo noi fermamente. E inperciò noi vi preghiamo che voi ci facciate assapere la vostra credenza e •lla maniera della vostra giente e della vostra terra per vostre lettere. E noi vi manderemo singnificando la nostra maniera e •lla nostra leggie. E se a •vvoi piaciesse alchuna cosa che noi potessimo fare o trovare nel nostro reame, si •ccielo fate assapere e noi ve lo manderemo molto volentieri. E se a •vvoi piaciesse di venire infino qua a •nnoi, noi ne saremo molto lieti e faremovi sinischalcho di tutte le nostre terre. Ora sappiate di vero che noi abbiamo la più alta corona e la più riccha che sia al mondo sicchome d’oro e d’arciento e di fini pietre preziose e abiamo intra noi di molte forti tenute, sicchome sono ciptà e castella. Ancora sappiate di vero che .lxxii. re coronati sono sotto la nostra singnoria, i quagli sono tutti buoni cristiani; e sì abbiamo anchora assai altri re, i quali non sono cristiani e sono sotto il nostro comandamento. Ancora sappiate che tutti i nostri poveri noi sostengniamo di lemosine per amore di messer Domenedio sicché egli ànno assai per vivere. Ancora sappiate veramente che, al più tosto che noi potremo, noi anderemo a visitare il Santo Sepolcro del nostro Singniore Idio in Jerusalem e tutta la Terra di promissione, nella quale Idio ricievette morte e passione per noi riconperare delle pene dell’Onferno. E crediamvi andare honorevolmente con grande oste e chon grande conpagnia di baroni e di chavalieri per adorare la santa veracie crocie di Iesu Cristo. Ancora vi faciamo assapere che le nostre parti sono tre 19 : la Maggiore, la Mezzana e •lla Minore. Nella Maggiore India, dove è il nostro stallo, si giacie il corpo di Santo Tommaso appostolo ed è divisata verso l’Oriente dell’altre Indie. Ivi presso troviamo noi Banbillonia la diserta, la quale antichamente fu chiamata la Tore Babel. L’altra India si è la terza parte del Settentrione, diviziosa d’ogni vivande che al corpo dell’uomo bisogna; e questa India è tutta legiptima nostra sanza niuno intervallo. Nella nostra terra naschono i leofanti e moltre altre bestie divisate, sicchome moris, tormadarie, dramadarie bianchi e chammelli bianchi, e nasconci tori salvatichi e lupi bianchi, i quali piglano i ciervi. / c. 37v/ Ancora ci naschono asini salvatichi e leoni bianchi e neri e rossi e tacchati di diversi colori e sono di grandeza come bufoli. Ancora sapiate che noi abiamo bufali salvatichi e molte altre bestie le quali non avete voi in vostra terra né in vostre contrade. Ancora sapiate che noi abbiamo uccielli grifoni, i quali sono di tanta virtù che egli ne portano uno bue tutto intero al nido di loro pulcini, e tanto come queste bestie salvatiche e maniere d’uccielli truovano che mangiare, non eschono mai del diserto. 1 graçia: ç su correzione di t. 40 portano: ms. pottano. Su una redazione italiana della Lettera del Prete Gianni 45 50 55 60 65 70 75 80 7 racconta che il territorio del Prete Gianni è diviso «en quatre parties», in cui si trovano le tre Indie (cf. ivi: 441, r40-41). 20 La parola nel ms. si presta a una duplice lettura: linguaggio e lingnaggio. Abbiamo optato per la seconda lezione dal momento che R presenta «lignaggio» (c. 149r) e P1 dice lignie/ lignee/ lignies/ ligie/ ligne/ lingnye (cf. Gosman 1982: 162-63, r80; 308-9, r80). 21 Vengono unite nella Lettera due leggende distinte: quella della barriera fatta erigere da Alessandro Magno e quella dei popoli impuri, indicati come le genti di Gog e Magog che dilagheranno al tempo del Giudizio Universale. Cf. in proposito Jouanno 2002: 309. Ancora vi facciamo assapere che noi abbiamo infra noi li rodioni, i quali sono sopra tutti gli uccielli del mondo e sono un poco maggiori che non è l’aquila e sono di colore di fuocho e le loro alie sono taglenti sicchome rasoio; e in tutto il mondo non à se none un paio. Faccianvi cierti come naschono questi rodioni: ora sappiate che egli si fanno due huova e covanle .lx. dì; poi s’aprono l’uova ed eschonne fuori due pulcini. E quando il padre e la madre veggono nati i pulcini, si partono il più tosto che possono volare fuggiendo al mare; e quando sono al mare eglino s’affogano in mare. Poi, quando sono affogati, tutti gli uccielli che sono andati in loro compagnia, si ritornano indietro infino a’ due pulcini e sì guardano e nutrichano i due pulcini .lx. dì. Allora sono cresciuti sicché eglino possono volare; allora tutti gli ucciegli che gli ànno guardati, se ne partono inmantanente. Ora avete inteso in che modo nascono li rodioni e quanto è la loro vita. Ancora sapiate che noi abbiamo una maniera di bestie chiamate tigri, i quali sono minori di leofanti e questi tigri divorano molte altre bestie. Ancora sapiate che nell’una parte del nostro diserto si à huomini cornuti e altre gienti gli quali ànno orecchi dinanzi e di dietro, e gli loro nomi sono Fanturi, Picienfali, Tigrolope; e femmine ae intra loro di quello medesimo lingnaggio 20 . Ancora abbiamo altra giente che vivono solo di carne cruda e così si mangiano gli huomini come le bestie; e questa giente non teme la morte. E quando alchuno di loro muore, s’egli è o parente o amicho, eglino se ’l mangiano e dicono che ciò è la migliore carne del mondo. E il nome di quella gente si è Got e Magoth, Amie e Vegiene, Arcennes, Farfo, Cinepi, Gangamare, Agimodi. Tutte quelle gienerazioni e molte altre rinchiuse Allessandro, il grande re di Maciedonia, intra due monti, ciò sono Got e Magot 21 , e questa gente sono nelle parti d’Aquilone, dove noi abbiamo castella nelle quali noi tengniamo grande fornimento di giente per aiutare uno nostro re, che per noi conbatte contra quella setta. Tutte quelle gienerazioni e molte altre rinchiuse Allessandro, il grande re di Maciedonia, intra due monti, ciò sono Got e Magot 21 , e questa gente sono nelle parti d’Aquilone, dove noi abbiamo castella nelle quali noi tengniamo grande fornimento di giente per aiutare uno nostro re, che per noi conbatte contra quella setta. E quivi là appresso si à una ciptà la / c. 38r/ la quale si chiama Orindie. Né questa gienerazione di giente non furono de’ figliuoli d’Isdrael, ma furono della gienerazione di Gog e Magogh. E quando noi vogliamo menare di questa giente in battaglia, noi ne meniamo a nostra volontà; e a •lloro facciamo divorare tutti i nostri nimici e poi gli rimettiamo adietro nelle loro luogora, inperciò che se lungamente conversassero fra noi, egli consumerebbono tutta nostra giente e tutte nostre bestie. E questa giente none uscirà fuori infino a che il secolo finirà nel tenpo d’Anticristo. Allora si spanderanno per tutte terre, e sappiate che niuna persona potrebbe asommare il grande numero di loro se non chome dell’arena del mare, né tutta l’altra giente del mondo non la potrà contastare. E questi sono coloro de’ quali il profeta dicie che per loro pecchato non saranno il dì del giudicio al giudicamento, ma il nostro Singnore manderà sopra di loro il fuoco ardente, che tutti gl’arderà. E in questa maniera saranno distrutti queste gienerazioni delle gienti e il vento ne porterà la loro cienere. 53 chiamate: ms. chiamati. Lidia Bartolucci 85 90 95 100 105 110 115 120 125 8 22 Curiosamente sia V1 che R recitano rispettivamente detti (c. 38v) e tti (c. 151r). Ancora vi facciamo asapere che in una parte del nostro diserto contra il mare arenoso si à una maniera di giente li quali ànno i piedi tondi sicchome cammelli, e sono fessi in tre parti; e queste gienti sono sotto il nostro comandamento, ma egli non sono gienti d’arme, anzi sono lavoratori di terra. E neuna giente puote entrare nella loro provincia se non noi che guardiamo l’entrata e l’uscita; e perciò prendiamo noi trebuto da loro continovo e intanto noi non facciamo loro ghuerra. Nell’altra parte del diserto si à una terra ch’à nome Femmina dove niuno huomo puote vivere se none uno anno; e quella terra è molto grande ch’io voglio che voi sappiate di vero che ella tiene .l. giornate per lungo e altretanto tiene per largo. E avi intra loro tre reine, sanza l’altre donne che tengono la città e le castella da loro. E quando elle cavalcano sopra ad alchuno loro nimicho, elle menano ciento migliaia di donne di pregio bene a •cchavallo, sanza quelle che menano l’arnese e •lla vivanda. Ancora sapiate che la nostra terra si è avvolta d’uno fiume che escie di Paradiso, il quale si chiama Gison e non si puote passare sanza nave. E di là da quel fiume si è una terra [che] si chiama Picconie, nella quale terra abitano gienti piccholine sicchome fanciulli di cinque anni overo di sei e ànno cavagli di grandeza di montoni. E sono cristiani e niuna giente non fa loro guerra se none una maniera d’ucciegli che vengono sopra di loro ciaschuno anno due volte: l’una volta vengono nella ricolta, l’altra volta vengono nella vendemia.Alora i’ loro re esce fuori a battaglia con tutti quegli uccielli e già non se ne / c. 38v/ partono questi uccielli infino a tanto che eglino non ànno fatto grande mortalità di questa giente. E questa pestilenza diede loro Iddio pei pecchati de’ loro antecessori. Anchora abbiamo intra noi una giente di saracini i quali sono dalla cintola in su huomini e di sotto cavalli; e portano archi e stanno nel diserto. Appresso di •lloro confini stanno huomini salvatichi, i quali mangiano erba e carne cruda; e queste genti non eschono del diserto inperciò che a Dio non piacie e giacciono continovamente in su l’erba. E questi huomini salvatichi fanno guerra continovamente contra questi sagittari e gli saciptarii contra di loro. E perciò giacciono costoro in sull’erba, perché i serpenti no· nocciano loro. E sappiate che noi ne facciamo prendere a’ nostri huomini per ingegnio e sì gli guardiamo nella nostra chorte perché la strana giente gli vegghano. Ancora abbiamo una maniera di bestie le quali ànno uno corno in fronte dinanzi, lungo uno braccio. E queste bestie sono di detti 22 cholori: bianchi e neri e rossi, ma i bianchi sono più forti che gli altri, chè eglino combattono contra uno leone, e lo leone per ingengnio l’uccide: che quando eglino si conbattono insieme e lo leone si mette dopo uno albore ben forte e poi viene verso l’unicorno, e l’unicorno il crede ferire e lo lione fuggie il colpo dopo l’albero e l’unicorno feriscie l’albero sì forte che non puote riavere il corno; allora viene lo lione a •lluy e sì l’uccide. Ancora sappiate che noi abiamo apresso di noi gli giganti, i quali nell’antico tenpo solieno avere di lungo quaranto ghomita, ma hora non sono se non quindici. E non possono uscire del diserto se non quando noi vogliamo, inperciò che sono al nostro comandamento. Ancora abiamo una maniera di uccielli i quali ànno nome finici, che in tutto ‘l mondo non à se none uno solo. E questo ucciello vive cinqueciento anni e poi si fa uno nido e entravi dentro e tanto il batte dell’alie che il fuocho l’acciende e arde lui e il nido; poi quello nido diventa polvere e di quella polvere nasce uno simigliante ucciello. Su una redazione italiana della Lettera del Prete Gianni 130 135 140 145 150 155 9 23 Con il termine barba in V1 ed R viene tradotta la lezione oitanica racine/ rachine ‘radice’. Cf. Gosman 1982: 186-87, r181; 332-33, r181. 24 La scrittura di V1 si interrompe a circa metà dello specchio di rigatura a c. 39r. Ancora vi facciamo assapere che nell’una delle nostre Indie none à né vermini né serpenti tanto è netta, e correvi uno fiume il quale à nome Idal, il quale viene dal Paradiso Terresto; e questo fiume si divide in sei parti e va per la contrada India e mena oro e pietre preziose sicchome smeraldi, zaffiri, diaspi e calcidoni, oncie, topazi, grisopasse e rubini, giacinti, grisolette, berriche, sadine e molte altre maniere di pietre. Ancora abbiamo intra noi una erba che chiunque porta sopra la barba 23 puote chacciare via il diavolo e fallo venire a •llui e favellagli ed egli risponde di ciò che è domandato; e inperciò non osa abitare il diavolo intra noi. Ancora sappiate che nel nostro diserto stretto nascie il pepe e sì lo cogliamo / c. 39r/ ciaschuno anno. E la terra dove crescie si è tutta piena di serpenti; e quando il pepe è maturo in sugli alberi e sono bene ramoruti e charichati, allora i paesani vi mettono il fuoco e ardono il boscho e il pepe cade in terra e tutti i serpenti fugghono dinanzi dal fuocho. E quegli che ardono il bosco d’intorno sì gli uccidono tutti; poi quando il fuoco è spento e i paesani si tolgono forcie e rasstrelli e fanno grandi monti e mondallo al vento, poi lo cuocono tutto nell’aqqua perché n’escha fuori il veleno de’ serpenti. E questo boscho è d’intorno a una alta montagna la quale à nome Olinpus; e di quella montagnia escie una fontana che pare stenperata, quando l’uomo ne bee, di tutte le buone spezie del mondo. E qualunque persona ne bee di quella aqqua, non sente niuna infermità da indi a .xxx. anni, se tanto può vivere. E in quella fontana naschono pietre chiamate indevorio e sono di tal vertù quelle pietre che l’aquila le porta al nido de’ suoi pulcini per riconfortare loro la veduta e rischiarare loro gli occhi. Ancora vi facciamo cierti che noi abbiamo un’altra fontana, la quale è di tanta virtù che se alcuno huomo vi si bagnia dentro, egli si truova nell’età di trenta anni. Ancora abbiamo una mare di rena, pericoloso sicchome mare d’aqqua ed è molto grande, e niuno corpo d’uomo non v’osa d’entrare; e perciò niuno huomo non può sapere la grandezza della nostra terra se none noi, che n’abbiamo la scripta. E sì abbiamo un altro paese per lo quale noi possiamo visitare la nosstra terra e andare oltra quello mare per uno fiume ch’escie d’una montagnia, la quale è intra noi e’ figliuoli d’Isdrael; e questo fiume mena molte pietre preziose e fa il suo corso per lo Mare Arenoso e senpre chorre molto forte se none il Sabato, che non si muta in tutto il dì, anzi stà cheto e riposasi. Dall’altra parte di questa montagnia, donde questo fiume nascie, abbiamo noi .lxii. chastella delle più forti del mondo e de l’uno all’altro presso à una balestrata 24 . 128 quale: una macchia di inchiostro su ua. 130 diaspi: di aggiunta nell’interlinea con segno di richiamo dalla stessa mano. 136 pepe: la prima e sovrascritta. Lidia Bartolucci Bibliografia Bartolucci, L. 1998: «Sulle versioni R e W della Lettera del Prete Gianni (mss. Firenze, Biblioteca Riccardiana, 1475 e Vienna, Österreichische Nationalbibliothek, 3320)», Quaderni di Lingue e Letterature» 23: 5-15 Bartolucci, L. 1999: «Su un nuovo testimone della Lettera del Prete Gianni (ms. Verona, Biblioteca Capitolare, DCCCXX)», Quaderni di Lingue e Letterature 24: 5-11 Bartolucci, L. 2001: «Qualche nota sulla Lettera del Prete Gianni nella versione italiana N1 (ms. II II 39, Biblioteca Nazionale Centrale, Firenze)», Quaderni di Lingue e Letterature 26: 89-94 Bendinelli, M. 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(ed.) 1990: La Lettera del Prete Gianni, Parma Zarncke, F. 1879: «Der Priester Johannes», Abhandlungen der philologisch-historischen Klasse der königlich sächsischen Gesellschaft der Wissenschaften 7: 909-34 10 Il tipo corylus: origine, riscontri, fortuna (con particolare riferimento al territorio italiano)* sorbe e noci e culóre e nespole e tò, te scoppiassi, datteri e fighi secchi Francesco Guccini, Cròniche epafániche, Milano 1989: 85 (corsivo mio) Se, nella denominazione scientifica del nocciolo, Corylus avellana, risulta chiara l’origine del secondo termine 1 , abbastanza oscura resta l’etimologia del primo. Da qui l’idea di dedicare uno studio alla parola corylus, alla sua origine e alla fortuna che essa ebbe in latino e, in seguito, nelle lingue romanze. 1. Origini Le origini di corylus sono alquanto dibattute e non è possibile trovare un fil rouge che accomuni le varie proposte; affronterò pertanto la questione in due sottosezioni separate. 1.1 Il prestito Parecchi dizionari della lingua latina mettono in relazione corylus con il gr. kórylos; anche fra questi, vi è però scarso accordo circa la natura di kórylos, che viene da taluni segnalato come forma ricostruita (Georges/ Calonghi 1957, s. corylus), da altri come forma perfettamente attestata (Quicherat 1844, Klotz 1861, Lewis/ Short 1879, Bréal/ Bailly 1898, Gaffiot 1934 2 , LGL 3 , s. corylus). Bréal/ Bailly 1898 è, tra i lessici consultati, il più esplicito e pone accanto a corylus la dicitura «mot emprunté»; kórylos è tuttavia assente nei dizionari di greco (Rocci 1958, Liddell/ Scott 1968, Montanari 2000, TGL 4 ) e non viene menzionato in * Ringrazio Alessandro Vitale Brovarone per l’attenta lettura della prima versione di questo lavoro e per i preziosi suggerimenti che mi ha elargito. 1 «Abellanae ab abellano Oppido, ubi abundant, cognominatae sunt», annota Isidoro di Siviglia (Etym. XVII,7.24). 2 Questa indicazione non viene ripresa dalla nuova edizione del Gaffiot (ed. P. Flobert 2000, s. c ö r u lus). 3 Il LGL cita kórylos sotto la voce corylus, mentre non lemmatizza alcun kórylos nella sezione greco-latino. 4 Che riportano però l’antroponimo Korélas, satrapo di Paflagonia; il TGL lemmatizza inoltre Koréleion, città della stessa regione anatolica. Vox Romanica 67 (2008): 11-33 Riccardo Regis opere dedicate espressamente all’apporto greco in latino (Jannaccone 1950) o con sezioni significative dedicate a tale tema (Poccetti et al. 1999: 87-125). Il greco antico possedeva un termine generico, karéa, per indicare l’‘albero che produce vari tipi di noce’ (Montanari 2000, s. karéa) e dei termini specifici, káryon leptón, k. Pontikón e k. Erakleotikón (lett. e rispettivamente ‘noce minuta’, ‘noce del Ponto’, ‘noce di Eraclea’), e un diminutivo di káryon, karédion, per indicare la nocciola 5 . Sappiamo per certo che il latino accolse come prestito dal greco il sostantivo caryon ‘noce (frutto)’, attestato in Plinio (Nat. hist. XV,24), e l’aggettivo caryinos ‘di noce’, sempre in Plinio (Nat. hist. XV,28), ma sull’iter di *kórylos non possiamo che addurre delle supposizioni. L’ipotesi del prestito manifesta alcuni vantaggi e alcuni svantaggi che ora andrò ad esporre. I manuali di botanica sono concordi nell’affermare che il nocciolo è probabilmente originario dell’Asia Minore (DBot, Johnson 1974, Ferrari/ Medici 1996), come pure alcuni dei nomi del frutto greci (i già citati k. Pontikón e k. Erakleotikón) farebbero ipotizzare (il Ponto è infatti una regione storica dell’Asia Minore che si affaccia sul Mar Nero; Eraclea è un’antica città fortificata della Ionia asiatica, nel golfo di Latmo 6 ); in particolare, Ghisleni 1970: 383 delinea un percorso dell’oggetto che ben si accorderebbe al viaggio compiuto dalla parola («in coltura, pare che esso [il nocciolo] si trovasse già all’epoca romana, nel Ponto, donde sarebbe passato in Grecia, poi in Italia»). In secondo luogo, la terminazione -ylus suona alloglotta per il latino, che la adottava proprio in alcuni rari prestiti dal greco (cf. dactylus ‘dattero, dattilo’) 7 . Gli svantaggi sono purtroppo più numerosi e pesanti. Sembra innanzitutto di comprendere che, se il greco antico conosceva vari nomi per il referente nocciola, non ne conosceva uno specifico per il referente nocciolo; la qual cosa induce a credere che, in quella temperie culturale, il frutto fosse più importante della pianta 8 . L’accento era sostanzialmente posto sulle motivazioni commerciali e, per traslato, sulla nocciola. Ora, se volessimo dare credito all’ipotesi del prestito, ci aspetteremmo di trovare in latino una denominazione di origine greca per il frutto piut- 12 5 Il greco moderno presenta invece le forme fountoukì e fountoukìa, ‘nocciola’ e ‘nocciolo’ rispettivamente, prestiti di ritorno dal turco findik ‘nocciola’, a sua volta dal gr. káryon pontikón; Brighenti 1912 valuta tuttavia fountoukì «pop[olare] o inelegante», preferendogli leptokáryon (ma cf. GM, dove il solo turchismo è menzionato). Da connettersi con káryon pontikón sono pure l’arabo búnduqa (‘nocciola’ e, più in generale, ‘ogni tipo di oggetto che ricorda nella forma la nocciola’, ‘pinolo’; si veda lo sp. albóndiga ‘polpetta di carne’) e il persiano fandoq ‘nocciola’. 6 L’abitudine di designare con un etnico i frutti di origine straniera è d’altronde piuttosto consolidata: lat. armeniacum (pomum) ‘pomo dell’Armenia’ e quindi ‘albicocco’ ( it. armeniaca; piem. armugnàn, etc.), lat. persicum (malum) ‘mela della Persia’ e quindi ‘pesca’ ( it. persica, piem. persi), it. portogallo ‘arancia dolce’ (cf. cat. portogalla, gr. moderno portokálli, turco portukal e vari dialetti dell’Italia sett.), etc. 7 Resta peraltro vero che «[l]es morphèmes suffixaux latins . . . doivent au grec bien moins que celui-ci ne leur doit» (Jannaccone 1950: 53) 8 Ma è anche vero che il greco non sembra avere una serie pianta/ frutto compatta come il latino. Il tipo corylus: origine, riscontri, fortuna tosto che una denominazione di origine greca per la pianta. La nocciola è detta genericamente nux 9 e, solo più tardi, nux Abellana (o abellana) 10 . Il quadro denominativo latino ribalta quello greco; ai Romani, almeno all’inizio, interessa più la pianta del frutto. Ciò trova conferma indiretta nel significato primitivo di corylus ‘nocciolo allo stato selvatico’ (Bertoldi 1925: 238), ‘wilder Haselnussstrauch’ (FEW 2/ 2, 1241b, s. corylus). Il fatto poi che corylus venga ritenuto dal FEW (s. corylus) e da BlWtbg. (s. coudrier) una grafia ellenizzante per corulus mi porta a credere che la grecità del termine sia stata in qualche modo costruita o quantomeno accentuata; corylus è da attribuirsi probabilmente ad una tradizione grafica catoniana (Devoto/ Oli 1972, s. corilo: «dal lat. corulus, erroneamente corylus in Catone»; cf. anche DEI, s. corilo) 11 . Considerando la grafia corretta corulus, ci si potrebbe chiedere se essa non sia un ibridismo, una forma cioè ricavata dall’aggiunta di un suffisso latino (-ulus) ad una radice lessicale greca (karéa o káryon): la parola greca originaria viene ritenuta imprecisa, eccessivamente vaga, e allora si decide di renderla più specifica mediante un suffisso alterativo; il percorso è il medesimo che si registrerà in italiano nel passaggio da noce a nocciola, e poi a nocciolo. C’è una sostanziale consapevolezza, o perlomeno un forte sospetto, dell’origine greca del morfema lessicale, e la si vuole sottolineare, evidenziare, forse accentuare, attraverso la sostituzione di -ulus con -ylus ( gr. -ylos: cf. Devoto 1967, s. corilo). Il problema è, a questo punto, di ordine fonetico: appare infatti difficile ipotizzare il passaggio di -agreca, atona (karéa) o tonica (káryon) 12 , ad -o-. Questo mancato riscontro fonetico spiega la ragione per la quale i dizionari di latino summenzionati mettano in relazione corylus con *kórylos, ma non citino mai karéa o káryon; risultano altresì meno oscure le motivazioni che hanno spinto taluni a vedere un rapporto tra corylus e kórys ‘elmo’ 13 . Che all’origine di cory- 13 9 «Nuces autem generaliter dicuntur omnia poma tecta corio duriore» (Etym. XVII,7.22). 10 Plinio (Nat. hist. XV, 88) chiama la nocciola anche nux Pontica, ma si tratta di un calco dal greco káryon Pontikón, che non trova altro riscontro nell’opera pliniana né negli scriptores rei rusticae. L’Autore latino non era infatti estraneo a prestiti estemporanei dal greco, come dimostra l’uso sopraccitato di caryon e caryinos. Sui grecismi in Plinio, si veda in particolare Biville 1993. 11 L’attribuzione di una grafia ellenizzante ad un autore che, come Catone, non era per nulla filo-greco desta qualche perplessità; allo stesso modo, sembra improbabile che un profondo conoscitore di cose rustiche sia caduto in errore nel riferirsi ad una specie peraltro comune. Quanto noi leggiamo oggi nell’edizione critica delle opere latine potrebbe d’altronde non riprodurre con esattezza gli usi grafici di chi le vergò. La mediazione dei manoscritti è un fatto da non trascurare. 12 Nei prestiti che si riscontrano in latino, la -atonica resta tal quale o tutt’al più diventa -eo -i-: cf. gr. tálanton lat. talentum, gr. kamára > lat. camera, gr. trytána > lat. trutina (probabilmente mediato dall’etrusco), etc. (Palmer 1977: 62-63). 13 Spesso avvicinato a gr. kéras ‘corno’ (Frisk 1954-72, Chantraine 1968-80, s. kórys) e, per conseguenza, alla radice indoeuropea *kDr-,*kerD-, *krñ, *kerei-, *kereu- ‘parte superiore del corpo, testa, corno’ (Alinei 1996: 527; ma cf. IEW che, sotto la stessa radice, cita il solo lessema greco krñnos, di uguale significato). Per Sihler (1995: 150, 204), kórys «is apparently a foreign word», «of uncertain etymology»; per Semerano 1994 (s. kórys), il termine è affine alle basi accadiche qardu ‘guerriero’ e quarnu ‘corno, punta, pinnacolo, prua’ (si veda pure Semerano 2005: 72). Riccardo Regis lus possa esserci kórys viene proposto da due fonti lessicografiche: Canini 1925 lega l’it. corilo a kórys, addirittura senza citare il latino, «perché il frutto [del nocciolo] è ricoperto da una specie di elmo o di corona, avanzo del calice»; il VUI, sempre discutendo l’etimologia di corilo, rimanda al lat. corylus e al gr. kórylos, «così detto dal greco corys elmo, perché a questa foggia è fatto il suo calice». Ne consegue che la derivazione di corylus da kórys sarebbe soddisfacente sui versanti fonetico e morfologico (kór- + -ulus); i dubbi sono in questo caso circa la sua appropriatezza sul piano referenziale. La connessione con kórys è evidentemente descrittiva e poggia sulla somiglianza esistente tra l’elmo e il guscio della nocciola; ora, se è vero che i nomi delle specie arboree sono spesso costruiti a partire dal nome dei frutti rispettivi (si pensi all’it. nocciola, che genera nocciolo, o al fr. noisette, che porta a noisetier) e possono talvolta, nelle tassonomie popolari, identificarsi con essi (si veda l’uso dei continuatori di nux + suff. dim. sia per il frutto sia per la specie, frequente nelle varietà dialettali presenti sul suolo italiano), bisogna ricordare che in latino non abbiamo nessuna testimonianza dell’esistenza di una forma riconducibile a corylus per indicare la nocciola. Ciò che rende poco difendibile anche questa seconda ipotesi di prestito, basandosi essa su una sorta di relazione in absentia tra il frutto e la pianta. Sembra quindi di poter concludere che l’ascendenza greca di corulus non è dimostrabile né sul piano della denominazione né sul piano del referente, mentre la variante corylus va forse collocata all’interno dei falsi esotismi. 1.2 La radice comune L’altra ipotesi che intendo qui esporre contrasta nettamente con la teoria del prestito; essa riguarda la presenza di una radice indoeuropea comune, la quale sarebbe alla base di una buona parte dei termini che erano, e talvolta sono ancora, in uso nelle lingue d’Europa. IEW individua tale radice in *kos(e)lo ‘nocciolo’, da cui discenderebbero il lat. corulus, l’antico ir. coll (anche ir. moderno), l’antico cimrico coll, l’aat. hasal(a), l’ags. hœsel, antico isl. hasl ‘id.’ e l’antico lit. kasulas ‘bastone da cacciatore’ (cf. Alinei 1996: 507); DEI (s. corilo) e DEL (s. corylus) congetturano *koselos; ODEE (s. hazel) registra, accanto a *koselos, *kosolos 14 ; Devoto 1962 (s. 282) propone *kosilo. Come si sarà notato, tra le lingue ritratte nel quadro di famiglia indoeuropeo, non compare il greco: nessuno dei lessici consultati menziona infatti karéa o káryon, né, tanto meno, la forma *kórylos. Questo significa che, nel lavoro ricostruttivo degli indoeuropeisti, non soltanto il lat. corylus non può essere un prestito dal greco, ma addirittura si deve supporre per le forme greche una trafila tutt’affatto 14 14 Sulla derivazione, da questa stessa base, delle forme germaniche si mostra meno convinto l’EWD, che non fornisce l’etimologia del ted. Hasel (s. v.), ma si limita a suggerire un cauto avvicinamento al cimr. coll e al lat. corylus, corulus. Il tipo corylus: origine, riscontri, fortuna differente. Alcuni studiosi hanno avanzato l’ipotesi che káryon, e di riflesso karéa, abbia una relazione con un’altra radice indoeuropea, *kar- ‘duro’ (IEW, s. *kar-; cf. Boisacq 1938, Chantraine 1968-80, Frisk 1954-72, s. káryon; Carnoy 1959, s. karéa), che sarebbe anche alla base del lat. carina ‘guscio di noce, carena’ (si vedano sanscr. karakah ‘noce di cocco’, karka-h, karkata ‘gambero’, etc.: OLD, LEW, s. carina) 15 . Torna in primo piano la differenza di accento che, presso culture diverse, veniva posta sull’albero o sul frutto. Ai Greci, che avevano precocemente intuito le potenzialità commerciali dei frutti a guscio duro (siano essi noci, nocciole o mandorle), doveva sembrare naturale riferirsi a questi ultimi insistendo sulla durezza dell’involucro; il nome della pianta era costruito su quello del frutto, per traslato metonimico (si ricordi che il nocciolo non ha in greco antico alcuna denominazione specifica). Ai Romani, così come alle popolazioni celtiche e germaniche, interessava più che altro il nocciolo; l’importanza del frutto sarebbe cresciuta, e avrebbe superato quella della pianta, solo dopo che se ne fu introdotta la coltivazione, nelle regioni del dominio romano dal clima più mite. Mentre le inferenze sopra operate restano, per il mondo latino, vincolate al piano dei riscontri puramente lessicali, non mancano, per Celti e Germani, evidenze etnografiche: ad esempio, presso i Celti, si credeva che «bastasse percuotere le serpi con una verga di nocciolo, perché esse immantinente morissero» (Pedrotti/ Bertoldi 1930, s. Corylus avellana); sempre i Celti riconoscevano al nocciolo funzioni rituali, nelle cerimonie funebri e religiose, nonché la proprietà, attestata in Salento ma presumibilmente ubiquitaria, di far scoprire metalli nobili, tesori nascosti, sorgenti medicinali (Bertoldi 1925: 247-48; IPLA 57) 16 ; in Tirolo, è diffusa la leggenda che «la fresca ombra di un cespuglio di nocciolo servì di rifugio alla Sacra Famiglia nella sua fuga in Egitto» (Pedrotti/ Bertoldi 1930, s. Corylus avellana) e che, da allora, il nocciolo goda dell’immunità contro il fulmine; ai Germani era vietato di far legna con noccioli e querce, dal momento che le due piante erano protette da spiriti benefici a tutta la vegetazione (Bertoldi 1925: 238 N1) 17 , etc. Il nocciolo forniva inoltre «un sostituto di grassi con le gemme precoci non ancora sbocciate, e anche un sostituto di pane» e «si trova in tombe individuali per l’alimentazione del defunto»; con i suoi rami, molto flessibili, si ottenevano «cestini per la raccolta di bacche» (Devoto 1962: 282-83). Non si dimentichi poi che il nocciolo è un legno da piccola costruzione (capanne, tende, argini), che doveva essere particolarmente utile a popolazioni nomadi quali, almeno inizialmente, i Celti e i Germani; non è anzi da 15 15 Curiosa è l’etimologia che Plinio (Nat. hist. XV,87) fornisce di káryon, tratto evidentemente in inganno dalla somiglianza formale esistente tra questa parola e il gr. kára: «caryon a capitis gravedine propter odoris gravitatem convenit dictum». Kára è in realtà forma da confrontarsi con kéras (cf. N12). 16 In tempi non remoti, credenze del tutto simili sopravvivevano in alcune regioni della Francia (cf. Rolland 1896-1914/ 10: 198). 17 Alinei 1984: 101 ravvisa del resto tracce totemiche nell’appellativo tardo medievale Frau ‘signora’, dato nel mondo germanico al nocciolo e ad altre piante (quercia, sambuco, pino, ecc.). Riccardo Regis escludere che la pianta venisse un tempo coltivata non tanto per i frutti, ma per gli impieghi a cui il suo legno poteva prestarsi. Esistevano, è vero, anche credenze legate alla nocciola, nella tradizione gallica simbolo di fecondità e felicità coniugale (Bertoldi 1925: 247; IPLA 57), ma non si ha contezza di un suo valore commerciale 18 . Dovendo sposare una delle due teorie sull’origine del lat. corylus, chi scrive propenderebbe senz’altro per la via indoeuropea, che combina con successo dati linguistici e riscontri etnografici. 2. Riscontri 2.1 Dal latino alle lingue romanze Ho poco sopra accennato al significato originario posseduto da corulus, corylus (quello cioè di ‘nocciolo selvatico’); proprio da questo presupposto parte Bertoldi 1925: 238 per ricostruire la diffusione del termine latino, che sarà stato «più vitale nel sermo provincialis che non nel sermo urbanus, fra i contadini e i boscaioli che non fra i mercanti e gli artigiani, più vitale nelle regioni boscose e incolte dell’Imperium romanum che non nelle regioni a prato, a campo, a vigneto, a giardino». La diffusione di corylus è parallela, in buona sostanza, a quella del gallico *collo (cf. § 2.2) e del germanico hasal. Può essere a questo punto interessante mettere in rapporto corylus con le forme concorrenti abellana e nux + suff. dim.; queste ultime, indicanti all’inizio solo il frutto, sono poi passate a designare contemporaneamente, nel basso latino e nelle lingue romanze, la nocciola e il nocciolo (con o senza metaplasmi di genere, con o senza suffissi derivazionali). Per quanto attiene alle nocciole, già Catone (De agri cult. 8,2; 133,2) parla di nuces Abellanae e Praenestinae 19 (ovvero di Preneste, oggi Palestrina); Plinio (Nat. hist. XV,88; XVII,96) menziona più volte le (nuces) abellanae e Praenestinae e solo in un caso le Ponticae; Columella (De re rust. XII,59; V,10), contemporaneo di Plinio, riferisce di nuces avellanae e di avellanae Tarentinae ‘nocciole di Taranto’ 20 . Il nocciolo è indicato con le due varianti conosciute: quella (pseudo-) ellenizzante, corylus (De agri cult. 18,9; Nat. hist. XVI,74), e quella più propriamente latina, corulus (De re rust. XII,59) 21 . 16 18 Sulle denominazioni galliche della nocciola, si veda § 3. 19 Riproduco l’uso delle iniziali maiuscole e minuscole presente nelle edizioni consultate (cf. bibliografia). 20 Che tuttavia, dalla descrizione che ne fa Plinio (Nat. hist. XV,90), parrebbero delle mandorle e non delle nocciole; Columella (De re rust. V,10) è ad ogni modo inequivocabile: «Nucem Graecam et avellanam Tarentinam facere hoc modo poteris» . 21 Non è chiaro se corylus designi, in questi autori, il nocciolo selvatico oppure coltivato; si tratta probabilmente di una voce generale, che può indicare all’occorrenza sia l’uno sia l’altro. Il tipo corylus: origine, riscontri, fortuna Come sempre nelle testimonianze scritte, i dati a disposizione sono frammentari, ma ci permettono comunque di formulare alcune considerazioni. Innanzitutto, il termine Abellana sembra possedere, negli autori esaminati, valori differenti: per Catone, esso è ancora un etnico; per Plinio, un etnico 22 e, nel contempo, un’antonomasia (abellana è spesso il nome della nocciola tout court, senza l’elemento nux); per Columella, infine, un’antonomasia consolidata, che si presta già ad essere combinata con un nuovo etnico (Tarentina). In seconda istanza, tra la fine del III sec. e la prima metà del II sec. a. C., la coltivazione della nocciola doveva essere a Roma parecchio diffusa, altrimenti Catone avrebbe omesso di scriverne. In terzo ed ultimo luogo, corylus aveva già smarrito in epoca arcaica la connotazione primitiva di ‘nocciolo selvatico’. È senza dubbio problematico stabilire quali termini vi fossero in latino per i referenti nocciolo e nocciola, coltivati e no, prima dell’attestazione catoniana (collocabile tra la fine del III sec. e la prima metà del II sec.). Come ho avuto modo di ricordare, la coltivazione del nocciolo è stata presumibilmente importata a Roma dall’Asia Minore, attraverso la Grecia; mancano tuttavia riscontri cronologici precisi. Non sembra tuttavia essere stato tanto il passaggio semantico da ‘nocciolo selvatico’ a ‘nocciolo’ tout court, che abbiamo visto avvenire molto per tempo, a fare entrare in crisi corylus, quanto piuttosto la trasformazione di abellana da etnico a nome comune; si osservi, per inciso, che l’abellana è la sola qualità di nocciola che si rivela costante da Catone a Columella e sarà infatti quella destinata, almeno a livello di denominazione, a sopravvivere. Da quel momento incomincia, a mio avviso, la lenta erosione di corylus. L’Impero Romano presenta, alla fine dell’epoca classica, un perfetto allineamento con l’antica Grecia: il frutto, dopo secoli di transizione, ha finalmente avuto il sopravvento sulla pianta. Non sarà infatti un caso che le lingue romanze presentino oggi pressoché compattamente succedanei di abellana (cat. avellana, port. avel-, sp. avellana, rom. alunù) e che, in queste varietà, il nome della pianta sia sempre costruito a partire dal nome del frutto (cat. avellaner, port. avelera, sp. avellano, rom. alun). Solo in francese e in italiano le abellanae hanno conosciuto una nuova denominazione concorrente: nella prima lingua, avelinier ‘nocciolo’ e aveline ‘nocciola’ sono oggi molto meno popolari di noisetier e noisette; nella seconda, avellano ‘nocciolo’ e avellana ‘nocciola’ hanno parimenti ceduto il passo a nocciolo e nocciola. Quanto si è appena notato ci introduce con naturalezza a quel nux + suff. dim. che costituisce il tertium comparationis rispetto a corylus ed abellana. Benché nux + suff. dim. si configuri, tra quelli documentati, come lo strato recenziore, le tappe del suo successo si rivelano difficilmente circoscrivibili dal punto di vista cronologico. Gardette 1962: 72 e 1964: 71 riporta, fra le attestazioni più antiche di una for- 17 22 Forse Plinio non vede una relazione tra abellana e Avella; egli sembra piuttosto considerare abellana corruzione di un precedente Abellina ‘di Avellino’, quest’ultimo sì un etnico a tutti gli effetti: «Ceteris quidquid est solidum set, ut in abellanis, et ipso nucum genere, quas antea Abellinas patriae nomine appellabant» (Nat. hist. XV,88). Riccardo Regis ma diminutivizzata di nux, la nucicla di Isidoro di Siviglia (VI-VII sec.); si tratta tuttavia di un rimando non del tutto corretto, in quanto riferentesi alla mandorla e non alla nocciola 23 . Bertoldi 1925: 239 e il FEW (s. corylus) annoverano tra le fonti più antiche il Capitulare de Villis (VIII sec.), che, oltre ad indicare costantemente il nocciolo come avellanarius, impiega un nux minor per la nocciola 24 , e vari glossari e inventari di epoca carolingia, che documentano la presenza di nocella, nucilla, nucicla, nux minuta, nux parva ‘id’, etc. accanto a arbor abellanus e a nucis abellanae arbor ‘nocciolo’ 25 . Nessuna traccia di corylus; l’albero, quando viene menzionato, è un semplice produttore di nocciole. Sulla ragione per la quale oggi si trovino continuatori di forme diminutivizzate di nux solo in francese (noisette) e in italiano (nocciola) si potrebbe dibattere a lungo. A me sembra che si tratti del meccanismo uguale ed opposto all’affermazione di abellana come nome comune: se là si poteva supporre che l’innovazione fosse partita dalle ultime propaggini dell’Impero, dove non risultava più del tutto trasparente la relazione tra abellana e il luogo di origine 26 , per poi raggiungere la Capitale, qui l’innovazione parte sicuramente dal centro (Aquisgrana o altri nuclei di potere franchi) senza tuttavia riuscire più a irradiare la periferia, che ha ora altri padroni (Arabi nella penisola iberica; Gepidi prima, Avari poi, in Dacia). La fortuna di nux + suff. dim. si arena nelle secche delle nascenti lingue romanze, godendo le innovazioni del latino di una spinta propulsiva sempre più ridotta. Rapida è la coniazione, nelle aree interessate, di una forma con desinenza -ariu a partire dalla base nux + suff. dim.; si osservi che l’attenzione si mantiene, ormai pervicacemente, sul frutto. 2.2 Le lingue romanze Nel precedente paragrafo ho cercato di riprodurre l’iter percorso da corylus attraverso i secoli; ho provato altresì a rendere conto di come tale termine sia entrato in crisi. Ci si aspetterebbe forse che, al momento attuale, il tipo lessicale corylus risultasse comune soltanto nel sottocodice dei botanici 27 ; in realtà, nelle pieghe 18 23 «Amigdala Graecum nomen, quae Latine nux longa vocatur. Hanc alii nuciclam vocant, quasi minorem nucem» (Etym. XVII,7.23). 24 Considero forme diminutivizzate non solo quelle in cui compare un suffisso alterativo, ma anche quelle in cui si registra un modificante volto a rendere le dimensioni della ‘piccola noce’ (minor, parva, etc.). 25 Un repertorio molto completo delle denominazioni della pianta e del frutto nel latino medievale è in Rolland 1896-1914/ 10: 182,184; la lista difetta nondimeno di compartimentazioni topografiche e cronologiche precise. 26 Come si è visto, dalle testimonianze di cui siamo in possesso, è l’ispanico Columella a sancire la definitiva indipendenza di abellana dalla città di Avella (o perlomeno a farne un deonimo, non è dato sapere quanto consapevole). 27 Si ricordi infatti che la denominazione scientifica del nocciolo è Corylus avellana, e risulta comune tra gli specialisti l’uso di corileto ‘insieme di noccioli’ al posto di noccioleto. Il tipo corylus: origine, riscontri, fortuna delle varietà neolatine, qualcosa è riuscito a sopravvivere. Sono scampoli, resti, di un’area un tempo molto più estesa. Partiamo dalle lingue nazionali. In un quadro romanzo di totale abbandono di corylus, francese e italiano costituiscono nuovamente l’eccezione. Della fortuna di abellana e nux + suff. dim. nelle due lingue si è già trattato; di corylus non si è invece ancora detto che ha avuto come esiti, rispettivamente in francese e in italiano, coudrier (anche coudre: cf. GR) e còrilo. Mentre il termine còrilo è pervenuto all’italiano per via dotta, continuando evidentemente il corylus latino, la parola coudrier ha seguito un’altra via. È infatti opinione comune che l’antico francese coldre, di cui coudrier è sviluppo seriore, non discenda direttamente dal latino classico corylus-corulus, bensì dal latino popolare *còluru. Il passaggio da corulus alla forma metatetica *còluru si sarebbe maturato in territorio gallo-romano (Bertoldi 1925: 240) per influsso del locale *collos *coslo (DEI, s. corilo), *collo (BlWtbg., Dauzat et al., s. coudrier; FEW, REW, DEL, s. corylus), coetimologico ( ie. *koselo) e di uguale significato. Secondo Bertoldi 1925: 255, la decadenza di corylus viene in parte mitigata proprio da questo incontro fortuito. Corylus trae forza dall’incontro con il gallico *collos (*collo) e diventa *còluru 28 ; ma la nuova stagione di fasti, che è in realtà il canto del cigno di un vocabolo ormai destinato al tramonto, si consuma nel volgere del bellum gallicum: troppo forti sono le spinte commerciali legate ad abellana. La pervasività della forma metatetica deve comunque essere stata notevole, se il mantovano Virgilio (Georg. II,396) impiega l’aggettivo colurnus ‘relativo al nocciolo’ e se, ancora oggi, le attestazioni linguistiche paiono ricongiungere idealmente la Gallia Transalpina con la Gallia Cisalpina e la Rezia. In territorio francese, i succedanei di *còluru sopravvivono attualmente ai bordi dell’antica zona di diffusione (Gallia Lugdunensis, poi Celtica, e porzione settentrionale dell’Aquitania; cf. FEW, REW e REWs, s. corylus), nella quale le forme originarie hanno ceduto il passo a noisetier e, meno spesso, ad avelinier. I dati di ALF 918 (noisetier) rivelano la persistenza di *còluru nel lembo nord-occidentale 29 e centro-nord-orientale 30 dell’Esagono; le due aree sono collegate da una fascia centrale ormai piuttosto sbrindellata, dove le incursioni di nux + suff. dim. + -ariu 31 , 19 28 Utilizzerò, nel prosieguo del lavoro, *còluru come categoria metatetica sovraordinata, consapevole del fatto che esistono, nell’estrema frammentazione della Romània, continuatori diversi per genere (cf. frprov. cudra *còlura), per posizione accentuale (cf. bolognese clur *colúru; ma cf. Bertoldi 1925: 258, che avanza l’ipotesi di una forma base *colureus) o per entrambe le caratteristiche (cf. modenese culöra *colúra). Si tratta di una scelta coerente rispetto agli obiettivi di questo lavoro, che si propone di riflettere sulla concorrenza tra *còluru e gli altri lessotipi (*abellan(e)ariu e nux + suff. dim. + ariu) più che sulle differenti realizzazioni fono-morfologiche di *còluru. 29 In particolare, Manche, Calvados, Ille-et-Vilaine, Mayenne. 30 In modo speciale, Vosges, Marne, Haute-Marne, Meurthe-et-Moselle, Haute-Saône, Côted’Or, Doubs, Haute-Savoie. 31 A differenza dell’Italia centro-settentrionale, che conosce esiti suffissati di *nuceola (DEI, s. nocciuòla), la Francia del centro-nord rivela talvolta succedanei di nucicula + -ariu (FEW, s. nu- Riccardo Regis e talvolta di abellan(e)ariu 32 , hanno spesso avuto ragione della voce più arcaica 33 . Occorre tuttavia precisare che, anche nelle località in cui coudrier si mantiene, possono essere ravvisati segnali di sostituzione incipiente dell’antico lessotipo: non sono rari i casi che vedono, accanto a coudrier e simili, un noisetier 34 o un avelinier 35 , così come non mancano esempi di specializzazione semantica dello stesso coudrier 36 . Degno di riflessioni ulteriori è il dominio francoprovenzale transalpino, e più precisamente la sua estremità orientale (Suisse Romande, Haute-Savoie, e parte dello Jura e della Savoie); la buona concentrazione di cödr e cudra 37 , confermata tanto dai dati dell’ALF quanto, per l’area elvetica, dai materiali del GPSR (s. coudre; cf. anche coudrier), è qui forse da spiegarsi come una reazione al tipo *abellan(e)ariu, proveniente da Sud e da Ovest, e nux + suff. dim. + -ariu, proveniente da Nord. L’area francoprovenzale non fa che riflettere, per quanto attiene alle denominazioni del nocciolo, la sua collocazione geografica tra dialetti provenzali (tipo *abellan(e)ariu) e dialetti oitanici (tipo nux + suff. dim. + -ariu). I rilievi dell’ALJA 480 (noisetier) 38 , condotti quasi settant’anni dopo le inchieste dell’ALF, mostrano una situazione linguistica ancora non del tutto pacificata: in Haute-Savoie (14 punti indagati), il tipo *còluru ricorre in tre località, il tipo *còluru con *abellaneariu in quattro, il tipo *abellaneariu nelle restanti sette; in Savoie (diciassette punti indagati), il tipo *còluru è attestato in tre località, il tipo *còluru con *abellaneariu in due, il tipo *abellaneariu nelle dodici rimanenti; nello Jura (dieci punti indagati), il tipo *còluru è registrato in cinque località, il tipo *còluru con nux + suff. dim. + -ariu e *abellaneariu in una località rispettivamente, il tipo nux + suff. dim. + -ariu in tre. Anche ALJA 480 manifesta, limitatamente a Haute-Savo- 20 cicula) e, molto più spesso, forme da connettersi con noisetier; si osservi tuttavia che queste ultime sembrano essere di coniazione più tarda, e comunque già neolatina (la stessa base noisette è generalmente valutata come un alterato diminutivo di noix: cf. BlWtbg, s. noix). 32 Il tipo *abellan(e)ariu sussume gli allomorfi abellana + -ariu e *abellanea + -ariu, diffusi, il primo, in alcune zone della Francia meridionale, il secondo, nell’area francoprovenzale e in una porzione ormai vasta del territorio occitanico (LEI, s. abellana; cf. anche FEW, s. *abellanea e GPSR, s. alonyë, che suggerisce la mediazione di *aullania). Lo scambio tra -anus e -aneus avviene frequentemente nel tardo latino; in francoprovenzale, in particolare, il mantenimento di -anea è stato forse incentivato dal significato collettivo che il suffisso già possedeva (FEW, s. *abellanea). 33 Si vedano i Dipartimenti Loire-Atlantique, Allier, Nièvre, Yonne, Saône-et-Loire. 34 Cf. Haute-Marne (p. 28), Vosges (p. 59), Loire-Atlantique (p. 445, 466), Maine-et-Loire (p. 433, 435), Indre-et-Loire (p. 408, 414), Loire-et-Cher (p. 316), Cher (p. 101, 103), Côte-d’Or (p. 16), Indre (p. 303, 404), Jura (p. 21, 22, 23). 35 Cf. Savoie (p. 964). 36 Cf. Aube (p. 113, 114), Haute-Marne (p. 49), Loire-et-Cher (p. 306), Haute-Saône (p. 25), Allier (p. 802), con noisetier per la pianta e coudrier per l’arbusto (nocciolo selvatico? ). 37 Che lascerebbe intuire, come già si accennava, un antecedente *còlura. Questa interpretazione etimologica non compare tuttavia nel GPSR (s. coudrier), che riporta soltanto la base metatetica sovraordinata *còluru. 38 Che, com’è noto, non riguardano la Svizzera romanda. Il tipo corylus: origine, riscontri, fortuna ie e Savoie, esempi di persistenza di coudrier (e simili) con significato diverso da quello primitivo di ‘nocciolo’; si noti, in particolare, che esso vale ‘bois de noisetier’ in un punto della Haute-Savoie e in due punti della Savoie, dove il nocciolo è reso con un succedaneo di abellaneariu, mentre compare nell’accezione di ‘nocciolo’, ma solo limitatamente all’espressione buè de cudrè, in due località della Haute- Savoie e in una località della Savoie 39 . I due casi citati sono in tanto significativi in quanto palesano il graduale passaggio del termine cudrè a fossile linguistico. Lo stesso movimentato contendere fra i principali lessotipi romanzi è dato di cogliere non appena si attraversino le Alpi, e dalla Francia si passi in territorio italiano. Tornano qui utili i materiali di ALEPO I.I.80 (nocciolo), concernenti il Piemonte occidentale; com’è noto, si alternano nell’area l’occitano (valli alpine a sud dell’Alta Valle di Susa), il francoprovenzale (valli alpine a nord della Bassa Valle di Susa, fino ai confini con la Valle d’Aosta), il piemontese e, quale lingua di superstrato culturale, l’italiano. Le denominazioni del nocciolo riflettono, meglio di altre, le correnti e i contrasti delle valli Cisalpine: i continuatori di *còluru, oggi relegati in territorio francoprovenzale, nello spicchio occidentale del confinante Canavese e in un punto isolato dell’Alta Valle Tanaro (930), risultano insidiati dai succedanei di abellaneariu, che rivela ancora una certa solidità nel dominio occitanico, e di *nuceolariu, oggi proveniente dalla pianura. Per non portare che qualche esempio, Traversella (p. 012) e Val della Torre (p. 016), di parlata pedemontana con tratti francoprovenzaleggianti, i continuatori di *còluru originario sta gradualmente soccombendo sotto i fendenti di ninsola-linsola-linsulé. Se a ciò si aggiunge che le denominazioni del frutto sono nella zona unicamente ninsolalinsola, si assiste, su scala molto ridotta, alla stessa dinamica che ho ipotizzato essere stata alla base della crisi di corylus in epoca romana: l’innovazione legata al nome del frutto conquista rapidamente lo spazio lessicale circostante, tanto da invadere quello riservato al nome della pianta. Adesso come allora, il vettore economico-commerciale resta comunque il più forte; la strada per i continuatori di *nuceolariu è ormai spianata. Qualche parola occorre certamente spendere circa la Valle di Susa, territorio di sutura tra i domini francoprovenzale e occitanico. Nella Bassa Valle, dove ancora vi sono alcuni punti di lingua francoprovenzale, le denominazioni del nocciolo presentano maggioritariamente il lessotipo ulagnèr 40 di contro a cudra, che è attestato soltanto a Novalesa (p. 310) e Condove-Prato Botrile (p. 360) 41 . 21 39 ‘Nocciolo’ è anche qui reso con alognè ( *abellaneariu). 40 La stessa intrusione ha interessato l’unico centro della Val Sangone indagato dall’ALEPO, Coazze. Già Terracini 1981 [1937] metteva d’altronde in evidenza l’orientamento linguistico della Val Sangone verso la Bassa Valle di Susa. 41 Il successo dei continuatori di abellaneariu è stato attribuito da Terracini 1981 [1937]: 318 alla presenza in Valle di un sostrato provenzale, che si spiegherebbe storicamente col fatto che «la corrente discendente dal Monginevro, via romana, sia più antica di quella del Cenisio» (cf. anche Terracini 1969 e Buffa et al. 1970). L’annotazione di Terracini è molto problematica, in quanto lascerebbe ipotizzare che i cudra registrati nei p. 310 e 360 non siano dei relitti di un pre- Riccardo Regis Per restare al dominio gallo-romanzo, andranno poi esposti per sommi capi le condizioni in cui versa *còluru in Valle d’Aosta. Chenal/ Vautherin 1997 (s. coudra) attribuiscono ai continuatori di *còluru il significato arcaico di ‘nocciolo selvatico’, mentre riservano ai continuatori di abellaneariu il senso di ‘nocciolo coltivato’. Interlocutori sono invece i dati di AIS 1302 (nocciuola, nocciuolo), p. 123 e p. 122, che offrono per ‘nocciolo’ i lessotipi *còluru e rispettivamente abellaneariu, senza però attestare alcuna specializzazione semantica; confrontabili risultano i materiali raccolti da ALF 918 ai p. 985 e 986. Procedendo verso oriente e tornando di nuovo in territorio amministrativamente piemontese e linguisticamente gallo-italico, occorre soffermarsi sul Biellese e sulla Val Sesia. Per il primo, Sella 1992 (s. Corylus avellana) attesta una molteplicità di usi che AIS 1302 (p. 135, 137) tace 42 : còller e varianti valgono ‘nocciolo selvatico’; aulana e varianti ‘nocciolo coltivato’; nisciola-nisciulè e varianti tanto ‘nocciolo selvatico’ quanto ‘nocciolo coltivato’. Per la seconda, Tonetti 1894 riporta sia colòra ‘pianta del nocciolo’, che il FEW (s. corylus) fa risalire a *coluria, sia nicciòla ‘pianta e frutto del nocciuolo o avellano’; i dati di AIS 1302 (p. 124) confermano. Il territorio gallo-italico lombardo registra occorrenze di succedanei di *còluru soltanto nella sezione settentrionale 43 : Canton Ticino (AIS 1302 P. 53, Val Leventina; P. 50, Val Maggia, dove è sono pure attestate forme da ricondursi a *nuceolariu 44 ), Canton Grigioni meridionale (AIS 1302 p. 45), Comasco (Monti 1848, s. còler), Valtellina (AIS 1302 p. 209, 218) e Val Camonica (AIS 1302 p. 229). Dal dominio dialettale lombardo, l’esplorazione continua verso settentrione e verso oriente. A nord, si trova l’estesa area grigionese romancia (AIS 1302 p. 5, 9, 10, 11, 13, 14, 16, 19: Surselva, Engadina), dove i continuatori di *còluru si conservano piuttosto stabilmente. Il DRG (s. coller, collera ‘Hasel, Haselstrauch, Haselbestand’, con il secondo di diffusione esclusivamente surselvana 45 ) corrobora i dati dell’AIS, ponendo tuttavia in evidenza: la prevalenza del significato di ‘cespuglio 22 cedente *còluru, bensì delle sostituzioni seriori di un abellaneariu un tempo diffuso in tutto il bacino della Dora Riparia. 42 AIS 1302 fotografa infatti una situazione in cui soltanto le forme da connettersi con *nuceola e derivati sono presenti. Un utile raffronto, per l’area pedemontana, è Giamello 2004 (s. Corylus avellana), che compendia numerose varianti fonetiche e morfologiche dei lessotipi ninsulé e ulanìe; il dizionario non offre tuttavia alcuna attestazione relativa ai continuatori di corylus. 43 Il Novarese, benché Penzig 1924 (s. Corylus avellana) riporti per esso la forma colora, non presenta testimonianze lessicografiche o atlantistiche in tal senso (cf. Belletti-Jorio 2001-03, Ferrari s. d., Fortina et al. 1992, Oglino 1983, nonché AIS 1302 p. 129, 137, 138, 139). 44 La lotta tra i due lessotipi è d’altronde piuttosto viva nella Svizzera italiana, con còlar e culéra in Bregaglia, a Brusio e a Poschiavo, e nisciöla a Bellinzona e a Locarno (cf. LDSI, s. còlar, culéra e nisciöla). Mentre alcuni studiosi (von Wartburg, Bertoldi) sostengono la specializzazione del continuatore di *còluru nel significato di ‘legname’ e l’uso di niciolér per indicare l’arbusto portatore di frutti, altri (Schaad) attestano l’impiego di còlar in entrambi i contesti (VDSI, s. còlar). 45 Che l’area del collettivo col(e)ra fosse un tempo più vasta si ricava dallo stesso DRG, che cita i toponimi engadinesi Coldra (Ftan) e Coltra (Sent). Il tipo corylus: origine, riscontri, fortuna di nocciolo’ in Surselva; la sempre maggiore popolarità di nisciuler in Engadina. A est della Lombardia, si segnalano alcuni riscontri trentini. Questi ultimi meritano una riflessione più attenta, dal momento che, oltre ai dati di AIS 1302 (p. 320, 323), vi sono per la zona altre fonti, che ci consentono di dipingere un quadro più minuzioso. Espressamente all’anaunico e al solandro è dedicato Quaresima 1964, che attesta la discreta vitalità in loco di *còluru (s. còler), di contro al trentino del capoluogo noscelàr (che continua la base veneta, e di area meridionale, nucellariu: cf. DEI, s. nocèlla); Pedrotti/ Bertoldi 1930 (s. Corylus avellana) e Bertoldi 1925, dal canto loro, forniscono un quadro topograficamente molto dettagliato del Trentino e della Ladinia dolomitica, restituendo al lettore una zona divisa tra còler e ninsciulàr, con alcune intrusioni del tipo golanèr ( abellanariu 46 ; cf. Bleggio, Iavré, Montagne, Pinzolo e AIS 1302 p. 330). Bertoldi 1925: 259-60 discute inoltre con attenzione numerosi esempi di slittamento semantico a cui i continuatori di *còluru sono andati incontro: in qualche centro della Valle di Non, còler è passato ad indicare soltanto una parte della pianta (rami, pertiche, ceppaie) 47 ; per un contadino di Ruffré, il legname di còler è presente nella bottega del falegname, mentre nel bosco vi sono unicamente i noshlari; per un informatore di Dovena, còleri sono i cornioli e noshlari i noccioli, etc. Che il mutamento di significato, e la specializzazione «impropria» - non cioè nel senso di ‘nocciolo selvatico’, ma in altre direzioni -, sia un sintomo di crisi profonda di *còluru si è già fatto notare per Savoie e l’Haute Savoie 48 ; qui la disgregazione pare tuttavia aver compiuto un passo ulteriore. Più a sud, il tipo metatetico *còluru sparisce per poi riaffiorare nel Piacentino (AIS 1302 p. 420, cölara: genere femminile), nel Modenese (AIS 1302 p. 464, culöra: genere femminile con spostamento d’accento) e nel Bolognese (AIS 1302 p. 455, clura: genere femminile con spostamento d’accento; p. 456, clur: genere maschile con spostamento d’accento) sarà interessante rilevare che le attestazioni concernono la sola zona appenninica per Piacenza e per Modena (nel dialetto urbano di Piacenza, Foresti 1882 non registra che ninsöla; per Modena città, Maranesi 1893 e Neri 1981 riportano parimenti l’unico lessotipo ninzóla, linzóla), Appenino e città per Bologna (si vedano anche Berti 1869 e Ungarelli 1901, s. clur). Incontriamo poi alcune testimonianze liguri, limitate all’Imperiese (AIS 1302 p. 190 e 193, nel secondo in condominio con *nuceola; cf. anche Carli 1973 e DPL) e in consonanza con l’attestazione di ALEPO I.I.80 a Briga Alta (p. 930), centro 23 46 Ma, a ben vedere, potrebbe trattarsi di un incrocio tra *còluru e abellanariu. 47 Mutamenti semantici non troppo dissimili sono stati rilevati in Engadina, Bregaglia, Vallonia e Lorena. L’uso di còler per fare riferimento al legno della pertica, in particolare, sembra riconducibile alle proprietà miracolose riconosciute al legno di nocciolo, col quale, come si è detto, era sufficiente toccare le serpi perché queste morissero (si ricordi anche l’antico lit. kasulas ‘bastone di cacciatore’). 48 Va da sé che il ragionamento pare funzionare per il nocciolo, ma risulta problematico per altre specie. Basti citare, a questo proposito, la diffusione di arbra per Castanea sativa in alcune zone del Piemonte, dove è per il resto ancora molto vivo l’uso dello stesso termine per Populus sp. Riccardo Regis di parlata perioccitanica con notevoli influssi liguri intemelici; nessun riscontro invece nel Genovesato e nello Spezzino, dove solo i continuatori di *nuceolariu sono presenti (cf. Casaccia 1876, Plomteux 1975). Il breve excursus compiuto all’interno della Romània pone in evidenza un fatto importante: l’osservazione del FEW secondo la quale *còluru si sarebbe conservato in Francia ai margini dell’originaria area di diffusione (vale a dire la porzione della Gallia più profondamente celtizzata e meno romanizzata, quella Lugdunensis) è applicabile pure ai territori italiano ed elvetico. A partire dalla Liguria occidentale, i continuatori di *còluru si distribuiscono infatti ai bordi della Pianura, alla quale solo *nuceolariu è conosciuto; essi interessano le zone periferiche dell’area a sostrato gallico, e cioè, riassumendo, il Piemonte occidentale e settentrionale (Valli francoprovenzali, Canavese occidentale, Val Sesia), la Valle d’Aosta, la Lombardia settentrionale (Como, Valtellina, Val Camonica), il Ticino (Valli Leventina e Maggia), i Grigioni (Surselva, Engadina), il Trentino occidentale (Val di Sole,Val di Non,Valle di Rendena,Valle di Giudicàrie,Valle di Fiemme) e l’Emilia (Appennino, con l’aggiunta della città di Bologna). 2.3 La toponomastica La convinzione che l’area odierna di corylus (e varianti) altro non sia che l’ossatura esteriore di uno scheletro un tempo ben più ricco di giunture è alimentata dalla toponomastica 49 . Da una verifica condotta sull’indice dei nomi dell’Atlante stradale d’Italia [Centro Nord (Touring Club Italiano, Milano, 2003) e Centro Sud (Touring Club Italiano, Milano, 2004)], ho ottenuto i seguenti riscontri, che fornisco suddivisi per regioni amministrative (da nord-ovest a sud) 50 : - Piemonte: Colleretto Castelnuovo e Colleretto Giacosa, entrambi in provincia di Torino, Colloro (VB) 51 e Rio Coloré (comune di Bra - CN); - Lombardia: Cóllere (BG), Cólleri (PV), Colorina (SO); - Canton Ticino: Coldrerio 52 ; 24 49 Mi limito qui ad alcune annotazioni sulla situazione italo-romanza. Per il territorio francese, si rimanda ai dati contenuti in Rolland 1896-1914/ 10: 186. 50 La lista che qui si riporta non è da considerarsi esaustiva; essa mira semplicemente ad offrire una visione d’insieme della fortuna toponomastica di corylus e affini. 51 È credibile che anche i toponimi Cornale, Cornaletto, etc., diffusi in Piemonte, siano da ricondursi ad una base *corynale (cf. Raimondi 2003: 62). 52 Che è tuttavia di origine incerta, potendosi collegare tanto a *còlurus quanto a cal(i)daria ‘caldaia, calderone’ (VDSI, s. coldrée). Lo stemma del comune presenta la raffigurazione di un ramo di nocciolo e di una caldaia affiancati. Secondo il DTS (s. Coldrerio) però, «nella sua forma attuale il toponimo Coldrerio risale senza dubbio al sostantivo latino cùl(ı ˘)dñrı ˘um ‘calderone, caldaia’ con ulteriore suffisso latino in -ñı ˘us . . . Potrebbe però trattarsi pure di una rimotivazione popolare molto antica di un nome anteriore di un nome anteriore non più capito» (prima attestazione 852 Caledrano, Caletrano). Il tipo corylus: origine, riscontri, fortuna - Trentino Alto Adige: Cóler (TN) 53 ; - Veneto: Colloredo (VI); - Friuli Venezia Giulia: Colloredo, Colloredo di Monte Albano, Colloredo di Prato (tutt’e tre in provincia di Udine); - Emilia Romagna: Coloreto (PR), Corleto (RA), Corletto (MO) 54 ; - Toscana: Coloreta (Monte) (FI), Coloretta (MS) 55 ; - Puglia: Corleto (FG); - Campania: Corleto Monforte (SA); - Basilicata: Corleto (bosco di) e Corleto Perticara, ambedue in provincia di Potenza; - Calabria: Colloreto (Convento di) (CS) - Sicilia: Corleone (PA) 56 Un primo rilievo deve riguardare la distribuzione geografica dei nomi di luogo che continuano corylus (o meglio coryletum ‘noccioleto’) e, soprattutto, come essi siano concentrati in forte maggioranza al Centro-nord; in secondo luogo, bisognerà notare che nell’Italia centro-settentrionale i toponimi sono, in quindici casi su diciassette, da ricondursi alle basi metatetiche *còluru o *coluretum. Ciò che conferma, per un verso, l’antica popolarità di corylus nei territori celtizzati, per l’altro, la nettissima prevalenza in queste aree della varianti *còluru, causate dall’interferenza con il gallico *collo ‘nocciolo’. Il fatto poi che si registri l’occorrenza di un Colloreto in Calabria fornisce un’ulteriore evidenza: che la metatesi, sebbene sia stata accolta più facilmente nelle zone celtizzate dove si affacciava *collo, è comunque possibile in latino e neolatino. In buona sostanza, la sopravvivenza di nomi di luogo legati a corylus e simili laddove mancano attestazioni dialettali riconducibili al medesimo lessotipo contribuisce a rimpolpare quel territorio che, a chi consulti atlanti linguistici e dizionari, appare oggi fin troppo scarnificato. 25 53 Tale riscontro isolato è però da incrementare con la folta schiera di microtoponimi trentini fornita in Pedrotti/ Bertoldi 1930 (s. Corylus avellana). 54 In via cautelativa, escludo dalla lista Colorno, che è interpretato come Caput Lorni dal DT (s. Colorno); scorgono invece una connessione con l’aggettivo virgiliano colurnus FEW (s. corylus) e Pellegrini 1990 (s. Colorno). 55 È possibile che la stessa etimologia abbia pure Quorle presso Poppi (AR). 56 L’origine del toponimo è in realtà dibattuta, essendo stata variamente attribuita all’arabo oppure al latino. Se si sposasse la seconda ipotesi, Corleone sarebbe da collegarsi a corylus; non si può tuttavia escludere la connessione con un antroponimo locale (cf. DT, s. Colorno). Riccardo Regis 3. Fortuna Ho insistito più volte sul ruolo giocato, nel ritrarsi di corylus, dalle nuove denominazioni legate alla nocciola.Ma è sufficiente il movente commerciale per giustificare la morte quasi totale di una parola, per di più in un territorio vasto come l’Impero romano 57 ? Si sarà osservato che la concorrenza di abellana e nux + suff. dim. nei confronti di corylus è stata in qualche modo sleale: essendosi affacciati in un’epoca di forte espansione della coltura della nocciola, e per conseguenza del suo commercio, i primi hanno agito sul piano referenziale del frutto, laddove il secondo era particolarmente sguarnito 58 . I cenni alla pianta corylus si sono fatti via via più rari, fino alla nascita dei tipi uscenti in -ariu (e -etu) su base abellan(e)a e nux + suff. dim., per indicare appunto la specie produttrice, a un tempo, di abellanae e di nuces + suff. dim. Il solo successo commerciale dei frutti avrebbe probabilmente causato una disgregazione di corylus simile a quella che possiamo notare oggi, ma forse meno repentina; ad accelerare il processo ha senz’altro contribuito l’asimmetria insita della voce latina, che designava una pianta fruttifera i cui prodotti erano privi di nome (questo, abbiamo visto, per ragioni culturali). Se a difesa del nome della pianta vi fosse stato un *corylum o una *nux corylana per la nocciola, allora la strada percorsa da abellana e nux + suff. dim. sarebbe stata forse meno agevole. Così invece non è stato: dal campo referenziale del frutto, abellana e nux + suff. dim. hanno rapidamente invaso il campo referenziale della pianta, decretando la definitiva sconfitta di corylus. Certamente, una volta mutato il quadro culturale e attribuito al frutto del nocciolo il valore che gli compete, si sarebbe potuta coniare per la bisogna una forma derivata da corylus. Sulle ragioni che hanno impedito tale passaggio si possono ovviamente soltanto formulare delle congetture, che ora cercherò di esporre. Bertoldi 1925: 258 parla di un «difetto di carattere organico» della voce latina, soffermandosi in particolare sulla presunta «inattitudine fonetica» di corylus a ricevere il suffisso -ariu, tipico delle denominazioni arboree, se non al prezzo di produzioni cacofoniche del tipo *colerár o *corerèr. L’impossibilità quindi di operare questa derivazione avrebbe obbligato corylus a conservare il suo valore originario di albero, lasciando vacante il posto per il frutto (Bertoldi 1925). Il ragionamento di Bertoldi suona difettoso per alcuni motivi. Innanzitutto, e su un piano che esula dalle vicende di corylus, esso presuppone una serie di sposta- 26 57 Si osservi tuttavia che avvisaglie di crisi si scorgono già in epoca catoniana (incertezza nella resa grafica et similia). 58 André 1956 (s. corulus) riporta soltanto due attestazioni di corilus con il significato (probabile) di ‘nocciola’ (si veda CGL IV,224,14; V,449,1). Un’altra interessante testimonianza è in Ruel 1543: LV,40-41, che, tra i nomi dati in epoca romana alle nocciole, cita la forma acc. pl. coryclos accanto a nucellas e ad auellinas. Il tipo corylus: origine, riscontri, fortuna menti di casella dei termini arborei latini, che passerebbero dal loro significato originario a quello del frutto relativo, e poi di nuovo a quello della pianta mediante l’aggiunta del suffisso -arius. Il processo è schematicamente rappresentabile nel modo che segue: NOME ORIGINARIO → NUOVO NOME DELLA PIANTA ( X ) DEL FRUTTO ( X ) ↓ X + - ARIU → NUOVO NOME DELLA PIANTA ( Y ) Bertoldi afferma addirittura che tale iter «è in qualche regione così radicato nella coscienza linguistica popolare che si applica persino a nomi di albero con frutti immangiabili, inutili ed anonimi» (Bertoldi 1925) e cita, per avvalorare la propria tesi, le forme sambugaro ‘sambuco’ e onaro ‘ontano’, che però a me sembrano funzionare soltanto parzialmente. La derivazione illustrata da Bertoldi fila infatti senza impedimenti soltanto se si riconosce ad -ariu il valore unico di suffisso d’agente 59 ; ma, nel caso di sambugaro, sarà consigliabile attribuire ad -ariu una differente funzione. Sulla scorta di Rohlfs 1969: 394, si può supporre che *sambucarius sottintendesse un arbor ‘albero’ 60 e che il suffisso -ariu servisse per trasformare la base in aggettivo di relazione, e non in sostantivo d’agente; l’*arbor sambucariu sarebbe quindi un ‘albero da riferirsi al genere dei sambuchi’, siano essi neri (Sambucus nigra), rossi (S. racemosa) o ebuli (S. ebulus). Queste, in ultima analisi, le due funzioni di -ariu che vorrei proporre, relativamente alle denominazioni arboree: a) -suffisso d’agente (applicato a nomi di frutti: pomum → *pomariu ‘che produce mele’) -ariu: b) suffisso di relazione (applicato a nomi di piante non fruttifere: sambucus → *(arbor) sambucariu ‘che è da riferirsi al genere dei sambuchi’) Esiste, a mio parere, una restrizione che limita l’applicazione di -ariu agentivo ai nomi di frutto (a), mentre destina l’aggiunta di -ariu relazionale ai nomi di pianta non fruttifera (b). Per tornare all’argomento di questo contributo, non ho certamente alcun problema nel riconoscere ai più volte menzionati abellan(e)ariu e 27 59 Tekav c i ú 1972: 37 osserva infatti che, tra i valori semantici che i derivati formati con i continuatori del lat. -ariu (it. -aio, -aro, -ario, oltre al prestito dal fr. -iere) possono assumere, «il più caratteristico è sicuramente il significato di nome d’agente». 60 Assumo che, in questa fase del latino, arbor sia già andato soggetto a metaplasmo di genere (da femminile a maschile), come l’attestazione arbor avellanus nel Capitulare de Villis lascerebbe presumere. Si veda anche André 1956 (s. arbos), che riporta usi di arbor al maschile in Itala e Oribasio (versione latina, VI sec.). Riccardo Regis *nuceolariu il valore agentivo di ‘pianta che produce’, rispettivamente, ‘avellane e nocciole’; nutro tuttavia qualche perplessità non solo nell’estendere tale proprietà ad un ipotetico *corylarius, ma nel credere che questa forma possa mai essere stata concepita, tanto nell’accezione (a) quanto nell’accezione (b) (cf. oltre per fr. coudrier). Due le motivazioni che mi sento di addurre: in prima istanza, entrambe le derivazioni paiono anacronistiche, perché se ne dovrebbe supporre la formazione in un’epoca, quella del tardo latino, in cui corylus era già stato abbandonato a favore di *abellan(e)ariu, nux + suff. dim. + -ariu; in secondo luogo, anche qualora non si considerasse anacronistico *corylariu, la derivazione agentiva sarebbe stata impedita dalla mancanza di un *corylum per il nome del frutto. La teoria di Bertoldi presenta un altro punto debole, che è legato non al campo delle ipotesi, ma a quello ben più solido dei dati reali. Si può in effetti facilmente notare che, anche nelle varietà in cui l’applicazione di -ariu a corylus avrebbe evitato gli esiti cacofonici prefigurati dal linguista, la derivazione non ha avuto luogo. Osserviamo ad esempio che il francese, pur avendo conosciuto le forme coldre e coudre per ‘nocciolo’ e presentando oggi la forma coudrier con lo stesso significato 61 , non ha mai avuto alcun coldre o coudre destinato ad indicare il frutto. La stessa situazione è ravvisabile nel Piemonte occidentale, dove la forma cudra ‘nocciolo’ (costruita probabilmente sul tipo arbra ‘pioppo’), complice il genere femminile, avrebbe potuto facilmente scivolare nella casella del frutto, lasciando il posto ad un cudrè per la denominazione della pianta; la qual cosa non è mai avvenuta. ALEPO I.I.80 riporta nel p. 011 culèra per ‘nocciolo’, che però non ha, e presumibilmente non ha mai avuto, nessuna forma «base» con il significato di ‘nocciola’ 62 . L’italiano medesimo avrebbe potuto affiancare a corilo un *corila, morfologicamente poco dispendioso, ma niente di tutto ciò si è mai verificato. Per spiegare l’attaccamento di corylus al valore di ‘nocciolo’, occorrerà mettere in relazione due fatti: da un lato, la coincidenza, più volte sottolineata, tra l’interesse per il frutto, la sua coltivazione e la conseguente necessità di un nome commerciale, tale da consentire un rapporto non ambiguo, biunivoco, tra denominazione e referente («mi riferisco alla noce di Avella, non alla noce di Preneste»); dall’altro lato, la potente restrizione semantica che doveva legare il termine corylus alla pianta. In un contesto nel quale la nocciola acquista importanza proprio perché coltivata e oggetto di scambi sempre più frequenti, ai Romani pareva forse scarsamente economico un *corylum o una *nux corylana per indicare la nocciola, in senso generico, o la nocciola selvatica, in particolare; più conveniente appariva loro l’impiego di nux Abellana o Praenestina per alludere alle specie commercializzate, lasciando innominata la nocciola latamente intesa o la varietà selvatica. I due accidenti sopra ricordati hanno presumibilmente scoraggiato qualsiasi tentativo neologistico che avesse come punto di partenza corylus. 28 61 Costruita per analogia su altre denominazioni di alberi fruttferi (poirier, pommier, etc.). 62 Forse anche perché l’ipotetica base *cula verrebbe a coincidere con il dimostrativo femminile singolare dei dialetti pedemontani. Il tipo corylus: origine, riscontri, fortuna Mi sembra di poter asserire che non qualche difetto fonetico o morfologico della voce, ma un’asimmetria nel sistema referenziale latino (la presenta di un corylus ma non di un *corylum o di una *nux corylana), assommata ad una scarsa incentivazione al porvi rimedio, avrebbe sancito l’uscita di scena di corylus dalla quasi totalità della Romània. Assumendo questo quadro di analisi, non è difficile credere alla scarsissima rilevanza numerica che hanno, nell’intero dominio neolatino, le forme indicanti la nocciola da porsi in relazione con corylus. Se si compulsano dati atlantistici - ALF 919 (noisette) e AIS 1302 - e lessicografici, non si giunge a più di sei-sette attestazioni. Più precisamente, troviamo, in Francia 63 , cudret nelle Îles anglo-normandes (ALF 919 p. 397, 399 64 ) e in punto isolato del Calvados (ALF 919 p. 355) 65 ; in Italia, còler nel Comasco (Monti 1848), clura nel Bolognese (cf. Berti 1869, Ungarelli 1901, Mainoldi 1967 66 ; AIS 1302 p. 455, 456) e due casi di sovrapposizione tra il nome della pianta e il nome del frutto (cf. AIS 1302: còlaru, p. 190, Liguria occidentale, e colöra, p. 464, Appennino modenese). Resta ora da capire se le forme appena citate siano dei continuatori effettivi di corylus, estesisi, per qualche ragione che oggi sfugge, al referente nocciola, oppure no. Chi scrive ha l’impressione che si tratti di forme create a posteriori, e in epoca già neolatina, secondo tre modalità di attuazione morfologica: o imitando altre denominazioni correntemente in uso per il frutto, o seguendo la trafila morfologica richiesta dai codici interessati, o praticando l’opzione «suffisso zero». La prima modalità sembra essere tipica del dominio francese, dove le sparute attestazioni di cudret palesano un debito nei confronti di noisette ‘nocciola’, a sua volta di probabile coniazione neolatina (cf. N30); vero è che l’applicazione di quel particolare suffisso diminutivo è comune e potrebbe aver avuto luogo indipendentemente, ma noisette deve aver costituito un richiamo molto forte. La seconda modalità, negli esempi bolognesi almeno, prevede l’applicazione del morfema flessionale femminile -a al nome della pianta; l’opposizione clur ‘nocciolo’/ clura ‘nocciola’ riflette l’opposizione maschile per la pianta/ femminile per il frutto tipica anche dell’italiano (cf. anche melo/ mela, pero/ pera, etc.). La terza modalità, che non ha costi dal punto di vista morfologico, si esaurisce nel trasferimento del nome della pianta al frutto; è il caso dell’Appennino modenese e della Liguria occidentale. In questa veloce disamina, è stata volontariamente tralasciata la forma colöva del Trentino occidentale (cf. Quaresima 1964 e AIS 1302 p. 320), che non manifesta un rapporto desinenziale evidente con il còler attestato per la pianta. Proprio in virtù di questa sua anomalia formale e dell’accentuazione piana, essa è stata av- 29 63 Escludo i punti di ALF 919 in cui la nocciola è nuà de cudr (pp. 343, 349, 359, 367, 368, 378, 450, 461, 483). 64 Per i quali ALF 918 non riporta però le denominazioni del nocciolo. 65 Rolland 1896-1914/ 10: 185 attesta, per l’antico francese, le forme corette, corane, côrine, coudrine, che sono però del tutto marginali rispetto ai continuatori di abellana e di nux (variamente diminutivizzati). 66 Che però non riporta, abbastanza curiosamente, la denominazione del nocciolo. Riccardo Regis vicinata da Bertoldi 1925: 246 ad una base gallica *cnova (cf. antico irl. cnú, antico cimrico cneven, corn. cnyfan, medio bretone knoenn, etc.), che avrebbe poi subito l’influsso del nome dell’albero *collo (cf. anche Pedrotti/ Bertoldi 1930, s. Corylus avellana e DIDE, s. colòva). L’interpretazione suggerita da Bertoldi è indubbiamente affascinante; e se pure non avesse rapporti diretti con corylus, la voce trentina offrirebbe spunti significativi circa gli influssi culturali celtici nei territori periferici. L’ascendenza prelatina di colöva parrebbe completare efficacemente la tela fino a questo momento tessuta: mentre, in altre zone della Gallia, l’esistenza del celtico *collo aveva incentivato il mantenimento del latino corylus, qui sono stati forse la presenza congiunta di *collo e *còluru e la grande diffusione di noccioli selvatici 67 a promuovere la conservazione del relitto gallico, formalmente non troppo distante. Va da sé che, per superare la lettura sostratica di colöva, sarebbe sufficiente una sua interpretazione in chiave formale. La voce di presunta origine celtica potrebbe allora essere spiegata come variante di colòa ( *colúra; cf. N27), attestata in fiammazzo, dovuta ad epentesi di -vper evitare lo iato. 4. Conclusioni Il contributo congiunto di dati dialettali e attestazioni toponomastiche ci ha restituito una vasta area in cui, un tempo, il tipo corylus doveva essere diffuso: più, abbiamo visto, nei territori a sostrato celtico, dove la parola latina ebbe modo di incrociare la parola gallica *collo di uguale significato, meno al di fuori di quel territorio (ma vi sono comunque testimonianze toponomastiche significative nell’Italia meridionale). La crisi di corylus, che oggi si conserva, sia in Italia sia in Francia, ai bordi dell’antica area di espansione, è da attribuirsi, in primo luogo, alla concorrenza sempre più forte delle denominazioni commerciali abellana e, successivamente, nux + suff. dim., in secondo luogo, alla debolezza che il tipo medesimo portava con sé. Debolezza, vale la pena di ricordare, non strutturale, non interna alla parola, ma relativa alla mancata costituzione di una famiglia lessicale intorno a corylus: la presenza del nome di una pianta fruttifera non accompagnato dal nome del frutto ha facilitato l’invasione del nuovo tipo abellana, prima nel campo referenziale del frutto, poi nel campo referenziale della pianta. Lo strato recenziore, rappresentato da nucicula- *nuceola-nucella, interessa ormai soltanto Francia e Italia: il nuovo Impero (già costituito o costituendo) è più circoscritto e meno coeso del vecchio Impero. Si aggiunga che le rarissime attestazioni di nomi di frutto legate a corylus non paiono essere dei «continuatori genuini» del tipo latino, bensì dei «continuatori 30 67 Così Mattioli 1557: Cap. CXLIII, 17: «Copia infinita di saluatiche, di lunghe, & di tonde se ne uede per tutte le montagne della giuridittione di Trento, oue con sacchi se le ricolgono i villani, quando son mature». Il tipo corylus: origine, riscontri, fortuna mediati» oppure dei «continuatori apparenti»: «continuatori mediati», quando vi sia stata soluzione di continuità rispetto alla matrice latina, e il nome del frutto sia stato coniato a partire dal nome della pianta in ambiente ormai romanzo (i casi di curet, clura, etc.); «continuatori apparenti», quando la relazione con la matrice latina non sia reale, ma dovuta soltanto ad una semplice affinità di significante (il caso di colöva, qualora se ne volesse assumere l’origine gallica). In ultima analisi, vi è più di una ragione per credere che la frana conosciuta da corylus sarebbe stata ancora più rovinosa se i muri di contenimento, fortuiti, non previsti, di una delle lingue dei vinti non l’avessero in qualche modo arginata. Il che, in una prospettiva diffusa in cui le lingue dei popoli sottomessi sono soffocate dalla lingua dei vincitori, non sembra privo di interesse. 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La classe di situazioni comunicative indagata è quella delle interazioni verbali tra sconosciuti, caratterizzate dalla richiesta e trasmissione di informazioni sulla posizione di luoghi dello spazio urbano e sui percorsi ottimali per raggiungerli (per esempio una via, un negozio, un ufficio pubblico ecc.; Gardner-Chloros 1985). Almeno da un punto di vista metodologico il processo di code selection all’interno di un repertorio può essere assimilato alla variabilità intralinguistica, in quanto entrambe sono operazioni di selezione di una variante all’interno di un insieme finito di alternative. Se la possibilità di assimilare sotto il profilo sociolinguistico la scelta della lingua (e/ o la commutazione di codice in senso ampio) alla variazione linguistica non è certamente nuova (Fasold 1987: 180-81), va altresì osservato che una teoria generale della scelta linguistica continua a essere una necessità non soddisfatta (parafrasando il titolo di Van Hout 1984; cf. anche Myers-Scotton/ Bolonyai 2001). D’altra parte, sebbene senza un’adeguata articolazione teorica, un approccio variazionista alla linguistica del contatto è stato sviluppato in questi anni attraverso studi empirici (Poplack 1993, Poplack/ Meechan 1995, Sankoff 2001). Poiché questo studio non ha obiettivi teorici, mi limiterò a seguire la linea empirista dell’approccio variazionista al contatto linguistico con lo scopo di descrivere la scelta di codice nello specifico panorama sociolinguistico dell’Alto Adige/ Südtirol. Quest’area geografica è stata spesso classificata sul piano della tipologia dei repertori linguistici come bilinguismo sociale bicomunitario (Mioni 1990b), caratterizzato cioè dalla presenza di due comunità linguistiche separate, una tedesca e l’altra italiana. L’indagine si prefigge l’obiettivo di definire i fattori principali che delimitano e influenzano la scelta di codice in situazioni comunicative incerte (Myers-Scotton 1976), ovvero un evento comunicativo nel quale il parlante non possiede una piena conoscenza delle norme linguistiche da seguire, oppure non conosce con certezza gli effetti delle proprie scelte. In interazioni con interlocutori sconosciuti i parlanti non sono del tutto in grado di stabilire a priori quali lingue (o combinazioni di lingue) siano consentite, o quale sia la natura del repertorio linguistico altrui. Partendo da tale prospettiva di osservazione del problema si possono formulare alcune prime ipotesi di lavoro: esiste una scelta non marcata, un codice linguistico tipico per questo genere di interazioni? La scelta linguistica è legata ad attributi Scelta di codice in contesti comunicativi incerti dell’identità sociolinguistica o è più probabile che i parlanti accomodino in direzione del codice introdotto per primo? E ancora, esistono in Südtirol delle specifiche strategie di neutralità, delle scelte linguistiche equidistanti? Alcune di queste congetture verranno affrontate attraverso un’analisi quantitativa multivariata su un corpus iniziale di 658 richieste di indicazioni stradali (RIS), estratto da un campione più ampio di 1100 osservazioni raccolte in due centri urbani altoatesini, Bolzano e Bressanone. Il metodo usato per la raccolta dei dati è una versione modificata delle laboviane rapid and anonymous surveys, così come sono state condotte in precedenza da Gardner-Chloros 1985, Sobrero 1992 e Dal Negro/ Vietti 2006. 2. La lingua come variabile sociolinguistica nelle richieste di indicazione stradale In anni recenti l’interesse per la scelta del codice, argomento più sociologico-linguistico, ha coinciso in larga parte con il tema della commutazione di codice. Mentre gli studi sul code-switching sono infatti cresciuti esponenzialmente così come le teorie avanzate per spiegare questo comportamento, il problema della language choice o selection ha perso gradualmente centralità finendo per confluire all’interno dell’ampia area di fenomeni legati alla commutazione. Questo spostamento di interesse può essere in parte imputato a un mutamento nel modo di guardare al comportamento plurilingue: mentre inizialmente si enfatizzava una visione più statica dei codici linguistici - un codice per ogni dominio - in una fase più recente si è affermata una concezione dinamica del comportamento linguistico che si focalizza sull’uso flessibile di più codici all’interno di uno stesso dominio, o di un singolo speech event. In tale spostamento di interesse, le scelte linguistiche del parlante non sono più influenzate meccanicamente dal dominio, inteso come una configurazione di proprietà sociali e linguistiche congruenti, piuttosto, in un’ottica più etnografica (a partire da Blom/ Gumperz 1972 e più ancora da Gal 1979), la selezione di codice è posta al centro di una complessa trama di relazioni che coinvolge varie dimensioni del parlante, ovvero la rete sociale, lo status, il ruolo interazionale e l’appartenenza a un gruppo sociale. Una cornice teorica che ha fornito interessanti contributi all’interpretazione del comportamento dei parlanti plurilingui è la accommodation theory (Giles et al. 1991). Nel modello originario si sottolinea la costante attività «sartoriale» del parlante che cerca di adattare il proprio discorso all’interlocutore, adottando alcuni tratti linguistici o l’intero codice dell’altro partecipante. L’assunto di base della teoria è stato discusso in chiave dialettologica da Auer/ Hinskens 2005 per mostrare come in realtà il parlante non cerchi di imitare il comportamento linguistico dell’interlocutore reale ma di un’immagine stereotipata e idealizzata di un determinato gruppo sociale. 35 Alessandro Vietti 36 it [the original accommodation model, A. V.] may be opposed to what could be called an identity-projection model according to which the adoption of certain dialect features (or their suppression) is the outcome of the speaker’s wish to identify with a certain group (i. e. the consequence of projecting a persona of himself or herself); it is irrelevant whether the interlocutor belongs to this group or not. . . . Convergence rather proceeds towards an abstract image of a group (Auer/ Hinskens 2005: 337-38). Su questa prospettiva «dinamica» qui appena sbozzata si salda ottimamente una visione probabilistica in grado di cogliere la natura variabile del processo di scelta linguistica. Scegliere quale lingua parlare in un determinato contesto non è però un’operazione elementare come lanciare un dado, piuttosto è una complicata procedura di valutazione dei valori sociali relativi all’effetto di ogni singola scelta. In questo senso, i parlanti applicano diverse strategie per affrontare il rischio di una decisione errata, in particolare quando non dispongono di una conoscenza completa e a priori del contesto comunicativo. Myers-Scotton 1976 ha individuato e studiato alcune strategie di code choice, chiamate strategie di neutralità o di evitamento, che verrebbero messe in atto dai parlanti con lo scopo di minimizzare le probabilità di una decisione fallimentare nel caso di situazioni comunicative incerte. L’incertezza è definita da Myers-Scotton come una condizione che riguarda non tanto la conoscenza delle norme linguistiche da adottare in una data situazione, quanto piuttosto la loro ordinabilità, la loro importanza relativa. In poche parole, l’incertezza non deriva della mancanza di conoscenza delle regole ma dalla difficoltà di stabilire quali siano le più importanti: nelle uncertain situations il parlante non saprebbe con sicurezza quale fattore sia il più saliente per la scelta della lingua. In questa direzione Van Hout 1984 elabora una definizione più analitica del concetto di incertezza in relazione alla scelta della lingua, individuando tre elementi di base per una teoria della scelta linguistica: un insieme di alternative (azioni), dei possibili stati del mondo futuri e le conseguenze di una particolare azione. L’incertezza potrebbe così nascere dalla conoscenza incompleta su uno o più di questi tre elementi centrali nel processo decisionale, per esempio un parlante potrebbe non conoscere con precisione l’effetto socio-comunicativo di una particolare scelta oppure non sapere esattamente quali sono le alternative disponibili in un dato contesto. Secondo l’analisi svolta da Myers-Scotton 1976 su contesti lavorativi in tre grandi centri urbani dell’Africa centrale (Kampala, Nairobi, Lagos) l’incertezza comunicativa può essere superata o per lo meno affrontata evitando gli atti di identità che risulterebbero più marcati etnicamente, in un contesto sociale caratterizzato da una forte inter-etnicità come quello africano. Le due principali strategie di neutralità a disposizione dei parlanti sarebbero, da un lato, l’affidarsi a una delle due lingue veicolari di largo impiego come l’inglese o lo swahili per l’Uganda e il Kenya, dall’altro, in modo ancora più prudente, l’adoperare entrambe tali lingue nel medesimo discorso, commutando tra l’una e l’altra. Considerando la situazione sociolinguistica sudtirolese va osservato che non esiste l’equivalente di una lingua veicolare neutrale, non associata a un particolare Scelta di codice in contesti comunicativi incerti gruppo linguistico. L’inglese, sebbene lingua di grande comunicazione in Europa, non ha certo una penetrazione così profonda da costituire un’alternativa percepita come appropriata e attivabile in una vasta gamma di impieghi quotidiani della lingua, fatta eccezione per gli ambienti lavorativi e professionali con un alto tasso di diversità linguistica o che si rivolgono a un mercato internazionale. La mancanza di un codice considerato «neutrale» non implica che non esistano in Alto Adige delle soluzioni neutre già esistenti e consolidate nelle differenti pratiche comunicative interlinguistiche. La strategia istituzionale tipica dei registri scritti alti è quella della doppia (sequenziale o parallela) produzione del messaggio in italiano e tedesco (Hochdeutsch) (per una sintesi sull’uso ufficiale delle lingue cf. Egger 2001), mentre per i registri alti orali i parlanti dispongono di un’ulteriore strategia di equilibrio, ovvero la giustapposizione delle due lingue, una sorta di commutazione di codice «morbida» per così dire, come si può notare nell’esempio che segue tratto dal discorso di un rappresentante delle istituzioni locali in occasione dell’insediamento del rettore della Libera Università di Bolzano nell’anno accademico 2004-2005 (Universitätsreden 2004: 15): Personalmente sono anche convinto che il valore dell’università non si rispecchi solamente in quanto in pubblico possa apparire brillante. Vi sono altri valori, surplus che rimangono meno visibili, ma che hanno una grande importanza come la costanza dell’istituzione nel tempo. Ich nenne dieses unsichtbare Element mit dem lateinischen Ausdruck der mittelalterlichen Mönchskultur die stabilitas loci. Esisterebbe un’ulteriore strategia che, sebbene non del tutto neutrale, sarebbe perlomeno avvertita come non-marcata e assegnerebbe all’italiano il ruolo di lingua normale per la comunicazione intragruppo quotidiana. Questo assunto, oltre ad avere un fondamento nell’opinione comune, verrebbe confermato da analisi qualitative sul comportamento linguistico reale in contesti lavorativi bilingui come Veronesi 2001: 320: Il raro ricorso al tedesco nelle interazioni tra tedescofoni e italofoni sembra dunque legato non tanto o non solo a presunte o reali (in)capacità linguistiche, quanto piuttosto all’esistenza di abitudini consolidate nella comunicazione interculturale tra i due gruppi linguistici, che «impongono» per default l’impiego dell’italiano, così come l’uso del dialetto sudtirolese è di norma la lingua di comunicazione intragruppo: in sostanza, ci si trova di fronte a pratiche comunicative talmente consolidate da annullare o limitare l’influenza del microcontesto interazionale. Evidenze contrastanti provengono da indagini statistiche sull’uso della lingua basate però su autovalutazioni dei parlanti (ASTAT 1988: 148) dalle quali si evincerebbe un uso della propria lingua (tedesco o italiano) anche nei contesti dove ci sono persone appartenenti all’altro gruppo linguistico. Analoghe osservazioni in tempi più recenti (ASTAT 2006: 131) mostrano invece una persistente abitudine del «Gruppo linguistico italiano» (65,4 %) a dichiarare di usare la propria «madrelingua» rispetto al 29,1 % del «Deutsche Sprachgruppe», rispondendo alla do- 37 Alessandro Vietti 38 manda «Quando si trova a parlare con persone non della Sua madrelingua, in che lingua si esprime normalmente, sapendo che queste stesse persone parlano anche la Sua lingua? ». Quanto rapidamente accennato sinora costituisce un utile punto di partenza per ogni indagine che voglia empiricamente verificare le reali strategie messe in atto dai parlanti in situazioni comunicative concrete e, in particolare, in contesti nei quali, come si è già accennato, non si ha una chiara visione di tutti gli elementi in gioco come le RIS. 3. Note sul contesto sociolinguistico dell’Alto Adige - Südtirol L’Alto Adige/ Südtirol (coincidente amministrativamente con la Provincia autonoma di Bolzano) è, come è ben noto, caratterizzato dalla presenza di tre comunità linguistiche (tedesca, italiana e ladina) che convivono nella stessa area geografica, ognuna di queste con differenti gradi di bie trilinguismo individuale. Lo status ufficiale del tedesco (e del ladino), accanto all’italiano, è stato ratificato giuridicamente attraverso il secondo Statuto di autonomia nel 1972, nel quale si sanciva la parificazione del tedesco all’italiano come lingua amministrativa, dell’istruzione e della comunicazione di massa. Se lo statuto dunque ristabilì i diritti della minoranza linguistica tedesca (e ladina), contribuì anche sul piano sociolinguistico a mantenere la divisione delle due speech communities principali (tedesca e italiana) stabilendo percorsi educativi e scolastici chiaramente separati. La distinzione tra i due gruppi linguistici non è costituita unicamente dalla diversa distribuzione di tedesco e italiano, ma anche dalla struttura dei rispettivi repertori linguistici, contraddistinti da una marcata asimmetria funzionale (Mioni 1990b): più equilibrato il repertorio della comunità linguistica tedesca, più sbilanciato e disarmonico quello della comunità italofona. Il repertorio linguistico della comunità linguistica «tedesca» (cioè prevalentemente tedescofona), sul versante delle varietà tedesche, è descrivibile come una diglossia mediale con il tedesco standard Hochdeutsch legato agli usi diafasicamente alti e formali (scritti) e i dialetti tirolesi (bavaresi o di area alemannica nel Tirolo di sud-ovest) a ricoprire le funzioni medie e basse, informali (Egger 2001; Lanthaler 1990; Mioni 1990a) 1 . Negli ultimi decenni si è dibattuto sulla possibile emergenza di una varietà intermedia di tedesco colloquiale regionale (Umgangssprache, cf. Lanthaler 2001): da un lato il Bozner Deutsch (una varietà colloquiale urbana; cf. Tonelli 2002) potrebbe essere un buon candidato a ricoprire questa funzione di uso medio, dall’altro la presenza estremamente vitale del dialetto fa sì che nella quotidianità si imponga uno stile bilingue che alterna dialetto a standard (regionale). Accanto poi alle varietà tedesche trova spazio nel reperto- 1 Per i dialetti tirolesi cf. Klein/ Schmitt 1965, Wiesinger 1990 e su aspetti fonologici Alber/ Lanthaler 2005. Scelta di codice in contesti comunicativi incerti rio anche la competenza dell’italiano regionale (altoatesino 2 ) seppur soggetta a forte variazione geografica (italiano delle valli vs. italiano di città) e molto probabilmente anche di tipo generazionale. D’altra parte, il repertorio tipico della comunità linguistica «italiana» è invece segnato, per ragioni storiche dovute alle caratteristiche sociolinguistiche dell’insediamento nella regione (Gubert 1978), dalla pressoché totale mancanza di dialetti italo-romanzi, situazione questa particolare rispetto al panorama sociolinguistico italiano e che ha fatto spesso pensare a un maggior grado di standardizzazione per l’italiano altoatesino (bolzanino in particolare, cf. Mioni 1990a). Inoltre a fronte di una competenza del tedesco standard tutt’altro che consolidata, sembra essere ridotta la conoscenza delle varietà di dialetto tirolese di uso quotidiano nella comunicazione parlata, fatta eccezione forse per i parlanti che vivono in piccoli e medi centri urbani a maggioranza tedescofona. Da qui scaturisce la forte asimmetria nella struttura dei repertori linguistici: più equilibrato e articolato secondo le esigenze funzionali della comunicazione quello tedesco, in parte menomato e instabile quello italiano, carente rispetto agli usi quotidiani ed espressivi sia per la comunicazione intra-gruppo (per l’impossibilità di attingere all’espressività dei dialetti), sia per quella interlinguistica e interculturale verso il gruppo tedesco (per la scarsa competenza del dialetto tirolese). 4. Metodologia della ricerca L’uso delle cosiddette rapid and anonymous surveys come metodo di indagine è apparso appropriato allo scopo primario dello studio, ovvero l’elaborazione di una mappa sociolinguistica della scelta di lingua in un contesto bilingue basata su numerose osservazioni della stessa situazione comunicativa in due distinti contesti urbani altoatesini. Questo metodo offre anche benefici aggiuntivi poiché può essere confrontato, da un lato, con una ricerca analoga condotta da Dal Negro/ Vietti 2006 nel Piemonte orientale in un contesto notoriamente dilalico e, dall’altro lato, con la ricerca sociolinguistica sul bilinguismo in Südtirol basata o su inchieste autovalutative sull’uso delle lingue (Egger 2001), o su analisi qualitative di singoli episodi comunicativi (Veronesi 2001). Sotto questo secondo aspetto, è particolarmente interessante comparare le conclusioni di tali studi con quelli di indagini quantitative che poggiano su ampie basi di dati tratte da interazioni reali. La combinazione di metodo e specifica situazione sociale osservata (richiesta di indicazioni stradali) presenta alcuni vantaggi di tipo metodologico. In primo luogo, chiedere delle indicazioni per la strada è un tipo di interazione molto breve e standardizzata nella sua struttura conversazionale perché ha come obiettivo co- 39 2 Sebbene manchi una caratterizzazione dell’italiano altoatesino, si possono almeno individuare le influenze dell’italiano regionale veneto (Mioni 1990a) e l’italiano di contatto di tedescofoni (Mioni 2001; Vietti/ Spreafico 2008). Alessandro Vietti 40 municativo primario la semplice trasmissione di informazioni. Da ciò ne consegue la possibilità di raccogliere una notevole quantità di tali interazioni per un’analisi quantitativa. In secondo luogo, l’alto grado di controllo sul contesto di elicitazione del dato spontaneo permette di utilizzare le RIS come dei contesti di ricerca quasi-sperimentali, dei piccoli laboratori nei quali è possibile osservare l’uso naturale delle lingue in modo relativamente controllato, selezionando i fattori e analizzandone l’effetto sul processo comunicativo. Come già accennato il metodo utilizzato è un versione rivista di quello già introdotto in Gardner-Chloros 1985, così come è stato applicato da Sobrero 1992 e replicato in Dal Negro/ Vietti 2006. I due raccoglitori (un maschio e una femmina) 3 sono studenti universitari con nessuna formazione teorica in sociolinguistica di 20 e 21 anni. Ai due giovani ricercatori sul campo è stato chiesto di camminare per le città di Bolzano e Bressanone chiedendo informazioni in varietà sia di tedesco che di italiano, così come illustrato dagli esempi 1-14 e specificato oltre (cf. anche Tabella 2), nel periodo tra l’estate del 2005 e l’inverno del 2006 (il così lungo periodo di indagine è legato alla possibilità di reperire soggetti con caratteristiche linguistiche adatte alle finalità dell’indagine). L’obiettivo delle loro richieste non era sempre esattamente lo stesso (questo avrebbe richiesto molto più tempo e molti più raccoglitori sul campo), ma era mantenuta costante la sua natura, ovvero non doveva essere un obiettivo generico o tipico di un turista (il duomo, la piazza principale, il centro della città, la stazione ferroviaria e così via), piuttosto oggetti dello spazio urbano che fossero anche parte della vita quotidiana della comunità: per esempio, negozi, supermercati, farmacie, uffici amministrativi, uffici postali, vie e luoghi specifici ecc. Tutte le interazioni sono state audio-registrate in forma anonima con un registratore Minidisc (Sony MZ-RH10) con un microfono esterno (Sony ECM- MS907) e per ogni interazione è stata compilata una scheda con alcune informazioni contestuali rilevanti come l’obiettivo della richiesta, la posizione, il genere e l’età approssimativa dell’interlocutore, impressioni sulla competenza linguistica del partecipante e infine alcune note di commento generale 4 . Il campione complessivo (1100 osservazioni) è stratificato secondo quattro variabili principali: - luogo, o centro urbano (Bolzano, Bressanone); - genere; - età approssimativa (percepita), 15-30, 30-50, 50; - lingua usata per la richiesta (tedesco, italiano). 3 Ci si riferisce qui ai due raccoglitori di lingua tedesca i cui dati sono stati analizzati nel presente lavoro; l’insieme complessivo dei collaboratori all’indagine è indicato nella Tabella 2 e illustrato nella sezione 5. Variabili. 4 Poiché le registrazioni erano completamente anonime per definizione e non venivano raccolte informazioni personali, non si poneva il problema etico di violazione della sfera privata. Scelta di codice in contesti comunicativi incerti Il sotto-campione di 658 occorrenze (interazioni) estratto dal corpus complessivo per l’analisi che verrà svolta di seguito è presentato sotto forma di tabulazione incrociata nella Tabella 1. Tabella 1: Campione di 658 interazioni (frequenze assolute) Luogo Genere Età appross. Codice della richiesta Italiano Tedesco Totale Bolzano Maschio 15-30 27 29 56 30-50 43 53 96 > 50 24 32 56 Totale 94 104 198 Femmina 15-30 23 45 68 30-50 25 47 72 > 50 19 25 44 Totale 67 117 184 Bressanone Maschio 15-30 15 13 28 30-50 27 35 62 > 50 25 12 37 Totale 67 60 127 Femmina 15-30 20 24 44 30-50 27 30 57 > 50 28 20 48 Totale 75 74 149 Totale 303 355 658 5. Variabili La regressione logistica, un metodo di analisi statistica multivariata, è stato applicato al corpus di 658 osservazioni di RIS per valutare il peso relativo dei fattori che co-occorrono in modo significativo con una specifica scelta di lingua. Per esemplificare la logica della tecnica si può pensare un’ipotesi come la seguente: quali fattori avranno un effetto significativamente positivo sulla selezione dell’italiano come lingua dell’interazione? I requisiti metodologici principali posti da questo strumento sono la suddivisione dei diversi fattori in variabili dipendenti e indipendenti (o esplicative) e, in secondo luogo, l’articolazione dei valori della variabile dipendente secondo una scala nominale e, più tipicamente, binomiale (a due valori) 5 . Inoltre il programma in- 41 5 Questa è una caratteristica del software Goldvarb, usato per l’analisi, piuttosto che un tratto specifico dello strumento matematico che è in grado di trattare anche variabili dipendenti a più valori (multinomiali). Alessandro Vietti 42 formatico Goldvarb X (Sankoff/ Tagliamonte/ Smith 2005) pone come ulteriore restrizione che anche le variabili esplicative siano nominali, sebbene questa non sia una condizione matematico-statistica. Le variabili considerate sono pertanto le seguenti: 1. la lingua della risposta (Codice risposta), 2. la lingua della richiesta (Codice richiesta), 3. il genere, 4. l’età, 5. il luogo (contesto urbano). La variabile dipendente è Codice risposta, vale a dire la varietà di lingua usata dal passante per fornire le informazioni richieste dal interlocutore-ricercatore. L’insieme di tutte le alternative è molto ampio e comprende per principio non soltanto tutte le modalità monolingui dei codici linguistici, ma anche tutte le differenti modalità plurilingui, ovvero tutte le potenziali combinazioni di più di una lingua all’interno di un turno di parola. È tuttavia molto interessante notare come l’insieme delle opzioni potenziali sia molto più vasto delle scelte messe in atto realmente. Un esempio emblematico è proprio quello dell’assenza nel corpus di modalità bie plurilingui come scelte reali, il code-switching è presente soltanto in alcuni casi sporadici come negoziazione di codice, ma non come una modalità comunicativa vera e propria. Anche una definizione operativa dei valori da assegnare per il repertorio linguistico del parlante sudtirolese presenta notevoli problemi di categorizzazione: come abbiamo osservato, seppure corrivamente, la realtà sociolinguistica altoatesina prevede un complicato intreccio di varietà di dialetto bavarese meridionale, tedesco e italiano. Per le finalità elementari di questa analisi preliminare, ho deciso di codificare l’intero repertorio in quattro categorie piuttosto lasche e semplificate: dialetto tirolese (che spazia dal dialetto locale, di paese o di valle, fino alla varietà regionale nella quale i tratti geografici più marcati vengono neutralizzati), tedesco standard regionale, italiano e mancata risposta. Una descrizione sociolinguistica e dialettologica affidabile di quest’area è purtroppo ancora in larga parte attesa e senz’altro dovrebbe prendere in considerazione il continuum tedesco standard - dialetto 6 (esempi 1-12) da un lato, e le diverse varietà di italiano regionale comprese quelle interferite dal tedesco dall’altro (si notino il calco sintattico e la scelta lessicale nel sintagma nominale in 13 che riflettono il contatto con il tedesco dell’es. 14). (1) eh mh: ich wollte wissen wo de: r zugbahnhof ist 036CP (2) entschuldigung ++ können sie mir bitte sagen wo die dantestrasse ist 025CP (3) ich hab eh: eine besorgung in (d)e(r) apotheke zu machen + ab(er) das ist nicht so dringend ++ abe(r) ich müsste danach ebn oswaldweg 014bCP 6 Un test percettivo pilota è stato condotto su un campione di 70 parlanti sudtirolesi con lo scopo di valutare la capacità di segmentare il continuum in varietà discrete sulla base di stimoli linguistici (tratti dal corpus RIS); i risultati sono ancora in fase di elaborazione. Scelta di codice in contesti comunicativi incerti (4) entschuldigung + wissen sie ob da oben der zugbahnhof ist 027CP (5) tschuldigung + wissen sie wo die näch ʃ te volksbank i ʃ 002CP (6) wissen sie eh: wo eh die näch ʃ te: apotheke i ʃ + irgnwo in do nächne ++ in d ə St ɑ dt untn od ɑ 014aCP (7) eh: weil i (hon) a vorstellungsgespräch ++ in do rungadgasse missat des sein 037CP (8) (en)tschuldigung ++ woasch du ob d ɒ irgendwo a Internetcafe i ʃ 079CP (9) (en)tschuldigung ++ wo i ʃ n die Sparkassenstr ɒ ße 056aCP (10) (en)tschuldigung + woasch du wo s ötzimuseum i ʃ 026CP (11) kana ʃ du mir bitte s ɒ gn wo s kr ɒ nknhaus i ʃ 034CP (12) k ɒ nn i do a augn gien 056bCP (13) mi scusi + dove c’è la: prossima farmacia 030CP (14) tschuldigung ++ eh wissen sie wo die näch ʃ te Apotheke i ʃ 001CP La prima variabile indipendente è il Codice richiesta, ovvero la lingua nella quale è posta la richiesta di informazioni. L’insieme delle lingue selezionate per chiedere le indicazioni non coincide con il repertorio linguistico sudtirolese appena sbozzato, ma contempla anche varietà di italiano e tedesco esterne alla regione. L’intero corpus di RIS è stato infatti raccolto da quattro collaboratori sul campo con differenti background sociolinguistici: due di loro sono altoatesini rispettivamente di lingua tedesca e italiana come lingua della socializzazione primaria e con una buona competenza nella lingua dell’altro gruppo. Gli altri due raccoglitori non sono sudtirolesi, ma uno proviene dalla Germania (dal Land Baden-Württemberg) e l’altra da una regione dell’Italia settentrionale (Lombardia) ed entrambi hanno una buona conoscenza rispettivamente dell’italiano e del tedesco come seconda lingua. Per riassumere, come mostra la Tabella 2 la variabile Codice richiesta ha otto possibili valori. È importante notare che, nella presente analisi, verranno considerate solo le quattro categorie (le varietà di italiano e di tedesco {T 1 , T 2 , I 1 , I 2 }) che si riferiscono ai due parlanti nativi di tedesco (PI, sudtirolese e ED, tedesco). Questa classificazione in quattro valori è senza dubbio estremamente problematica per più di una ragione e costituisce una eccessiva, ma necessaria, semplificazione in questo stadio dell’indagine. Inoltre, descrizioni approfondite delle varietà di lingua presenti nella provincia altoatesina, come i dialetti tirolesi (Wiesinger 1990), il tedesco colloquiale sudtirolese (Tonelli 2002), la varietà regionale di italiano (Coletti/ Cordin/ Zamboni 1992), le varietà interferite di italiano (Mioni 2001) e tedesco, le modalità di code-switching o l’eventuale presenza di varietà miste (il cosiddetto Krautwalsch), attendono ancora di essere redatte. La partizione in quattro varietà di lingua {T 1 , T 2 , I 1 , I 2 }, anche se sociolinguisticamente povera, costituisce comunque un banco di prova per testare l’ipotesi della convergenza (o divergenza) verso (da) differenti macro-varietà sulla base dell’opposizione locale - non locale. Per esempio si potrebbe osservare, sebbene da una prospettiva macroscopica, se i parlanti siano o meno in grado di riconoscere differenti varietà di italiano (I 1 , I 2 ). 43 Alessandro Vietti 44 Tabella 2: Raccoglitori sul campo e valori della variabile Codice richiesta Raccoglitori sul campo Valori della variabile Descrizione 1 Parlante sudtirolese (PI) Tedesco locale (T 1 ) Dialetto tirolese (Pusteria) Parlante nativa di tedesco tedesco colloquiale (? ), tedesco standard regionale Italiano di tedescofoni (I 1 ) Italiano regionale di tedescofoni 2 Parlante tedesco Tedesco non locale (T 2 ) Nel corpus: tedesco (Germania) (ED) standard regionale meridio- Parlante nativo di tedesco nale (area dialettologica alemannica) Italiano non locale (I 2 ) Varietà di italiano L2 3 Parlante sudtirolese Tedesco di italofoni (T 3 ) Varietà locale di tedesco di (NDC) italofoni Parlante nativa di italiano Italiano locale (I 3 ) Italiano regionale altoatesino 4 Parlante italiana (FD) Tedesco non locale (T 4 ) Varietà di tedesco L2 Parlante nativa di italiano Italiano non locale (I 4 ) Italiano regionale (settentrionale) La variabile Età necessita di una breve spiegazione sul significato assegnato ai valori della variabile. Con «età» si intende ovviamente l’età approssimativa, così come è stata percepita dai (giovani) collaboratori sul campo. Le istruzioni loro impartite erano di assegnare i valori ai rispettivi soggetti procedendo per immagini (in larga parte stereotipate) di membri prototipici delle diverse categorie generazionali, dai coetanei fino ai nonni. L’ultima variabile che abbisogna di qualche chiarimento è Luogo, ovvero i contesti urbani nei quali i dati venivano raccolti, Bolzano e Bressanone. Una possibile ipotesi, in relazione a questa variabile, è che i due valori non esercitino direttamente una pressione di tipo causale sulla scelta, ma che rimandino piuttosto alla presenza di due comunità linguistiche leggermente differenti per quanto riguarda la condivisione di norme e orientamenti valoriali verso le varietà linguistiche (nel senso di Labov 1972). Bolzano (100.052 abitanti 7 ) è come è noto il centro economico e amministrativo della Provincia autonoma di Bolzano/ Bozen e la sua popolazione è composta 7 Fonte: Istituto provinciale di statistica (marzo 2007), http: / / www.provincia.bz.it/ astat/ dati_online Scelta di codice in contesti comunicativi incerti 45 principalmente, per autodichiarazione 8 , da cittadini di lingua italiana (73 %, gruppo linguistico tedesco 26,29 %, gruppo linguistico ladino 0,71 % su 96.864 abitanti della rilevazione del 2001) 9 . Bressanone è un contesto urbano di minori dimensioni, molto attivo come centro turistico, ed è prevalentemente popolato da cittadini di lingua tedesca, così come si ricava dalle dichiarazioni ufficiali di appartenenza a un gruppo linguistico 2001 (lingua tedesca 73,13 %; lingua italiana 25,65 %; lingua ladina 1,23 %; su un totale di 18.597 abitanti nel 2001). 6. Analisi Come già indicato, il metodo statistico adottato per analizzare il corpus di 658 RIS è la regressione logistica, così come viene eseguita dal programma Goldvarb X. Tale programma esegue l’analisi unicamente su variabili dipendenti dicotomiche ed è necessario perciò ridurre i quattro valori della variabile Codice risposta (dialetto tirolese, tedesco regionale, italiano e mancata risposta) a due, Italiano (I) e Tedesco (T) (costituito dalle risposte in dialetto più quelle in tedesco regionale), eliminando per ora dal computo le mancate risposte. La precedente codifica in quattro valori della variabile dipendente non è stata un’operazione inutile poiché rende possibili successive analisi di singoli sotto-campioni. Definite queste condizioni si può stabilire quale valore dalla variabile dipendente (Codice risposta) costituisce il valore di default (application value). Poiché questa decisione implica il modo nel quale i risultati andranno interpretati, è conveniente iniziare con un modello elementare e, in questo caso specifico, assumere Italiano 10 come application value della variabile Codice risposta. I risultati andranno pertanto letti secondo questa prospettiva: «Quali sono i fattori che influenzano maggiormente la probabilità di selezionare l’italiano come lingua per fornire indicazioni stradali? » Una rappresentazione sintetica dei dati e delle variabili incluse nel modello di partenza è mostrata nelle Tabelle 3 e 4 in forma di tabulazione incrociata di distribuzioni di frequenze. 8 La popolazione residente in Alto Adige può dichiarare ufficialmente la propria appartenenza a un gruppo linguistico (italiano, tedesco, ladino, nessuno) come stabilito nello Statuto di autonomia. 9 Fonte: Censimento nazionale 2001, per consultare i dati relativi all’Alto Adige cf. N7. 10 Se avessi scelto Tedesco come valore di default i risultati dell’analisi sarebbero stati simili, soltanto i valori sarebbero stati invertiti. Alessandro Vietti 46 Tabella 3: Codice risposta (variabile dipendente), Luogo e Codice richiesta Luogo Var. Dip. Codice richiesta Totale T 1 T 2 I 1 I 2 f % f % f % f % f % Bressanone Italiano 12 21 6 9 56 75 43 90 117 48 Tedesco 44 79 61 91 19 25 5 10 129 52 Totale 56 67 75 48 246 Bolzano Italiano 40 29 11 20 55 92 56 88 162 51 Tedesco 99 71 45 80 5 8 8 12 157 49 Totale 139 56 60 64 319 Totale Italiano 52 27 17 14 111 82 99 88 279 49 Tedesco 143 73 106 86 24 18 13 12 286 51 Totale 195 123 135 112 565 Tabella 4: Genere, Età, e Codice risposta Età Var. Dip. Genere Totale Maschio Femmina f % f % f % 15-30 Italiano 39 50 40 47 79 48 Tedesco 39 50 45 53 84 52 Totale 78 85 163 30-50 Italiano 71 51 46 42 117 47 Tedesco 67 49 64 58 131 53 Totale 138 110 248 > 50 Italiano 39 58 44 51 83 54 Tedesco 28 42 43 49 71 46 Totale 67 87 154 Totale Italiano 149 53 130 46 279 49 Tedesco 134 47 152 54 286 51 Totale 283 282 565 Mentre la Tabella 4 non presenta interazioni significative, la Tabella 3 mostra, anche a una prima osservazione, delle interessanti tendenze di interazione tra le variabili. Innanzitutto emerge in modo prevedibile l’effetto che la lingua della richiesta di informazioni esercita sulla scelta della lingua da parte del passante e, in particolare, si nota una convergenza sulla lingua introdotta dal raccoglitore, sebbene vadano segnalate delle differenze tra le varietà di tedesco e italiano usate (si Scelta di codice in contesti comunicativi incerti 47 vedano le ultime tre righe della Tab. 3). In secondo luogo, si riscontra una probabile interazione tra due variabili indipendenti Codice richiesta e Luogo. All’interno della generale tendenza all’accomodamento verso il codice del raccoglitore, parrebbe che a Bolzano i parlanti siano leggermente più orientati verso la scelta dell’italiano e specialmente quando vengono usate le varietà T 2 (tedesco non locale) o I 1 (italiano di tedescofoni sudtirolesi). La significatività statistica relativa di queste congetture può essere stimata dall’analisi seguente. Eseguendo inizialmente una regressione stepwise per cercare il modello «migliore» risulta che soltanto una variabile viene accettata come significativa (Codice richiesta), mentre tre vengono rifiutate (Luogo, Genere, Età) come non significative. Questo tipo di procedura valuta modelli incrementalmente più complessi: comincia con un modello senza variabili indipendenti e poi passa alla comparazione di tutti i modelli a una variabile, promuovendo soltanto il modello in grado di spiegare la maggiore quantità di varianza nei dati secondo una misura di bontà di adattamento (goodness of fit). La Tabella 5 illustra questa operazione di confronto dei vari modelli a una variabile. Tabella 5: Regressione stepwise: modelli a una variabile Modelli Variabile Input Log Significa- Valori Peso Likelihood tività run # 2 Codice 0,505 -265,885 2,5656E-55 T 1 0,263 richiesta T 2 0,136 I 1 0,819 I 2 0,882 run # 3 Luogo 0,494 -391,296 0,461 Bolzano 0,514 Bressanone 0,482 run # 4 Genere 0,494 -390,372 0,126 Maschio 0,532 Femmina 0,468 run # 5 Età 0,494 -390,688 0,42 15-30 0,491 30-50 0,478 50 0,545 Osservando i modelli nella Tabella 5 è possibile stimare il potere esplicativo relativo di ogni variabile (separatamente dall’azione delle altre) 11 ; in questo caso Codice della richiesta è la singola variabile statisticamente più importante in relazione alla scelta di lingua. 11 Le cifre contenute nella colonna Peso variano tra 0 e 1, ma poiché questo intervallo è il risultato della «traduzione» da una scala logaritmica a una di probabilità, i valori tra 0 e 0,5 esprimono un effetto negativo e tra 0,5 e 1 un effetto positivo della relazione. I valori attorno a 0,5 sono invece la rappresentazione matematica di un effetto nullo. Alessandro Vietti 48 Ciò nonostante non è questo il modello migliore secondo la procedura di regressione stepwise, perché un altro modello emerge in modo piuttosto anomalo dall’output dell’analisi. La variabile Luogo, che è stata scartata come variabile singola (p = 0,461; decisamente non significativa) nell’analisi della Tabella 5, diventa invece significativa in un modello a due variabili insieme al Codice richiesta (Tabella 6). Ciò induce a concludere che le variabili che dovrebbero essere tra di loro indipendenti, Luogo e Codice richiesta, in realtà interagiscano (Sankoff 1988: 993), ovvero la distribuzione di frequenza dell’una è in parte predicibile osservando l’altra. Tabella 6: Modello di base con due variabili indipendenti Variabile Valori Pesi Freq. oss. Freq. attesa Codice richiesta T 1 0,243 0,27 0,25 T 2 0,140 0,14 0,14 I 1 0,833 0,82 0,84 I 2 0,885 0,88 0,89 Luogo Bolzano 0,566 0,51 0,57 Bressanone 0,415 0,48 0,42 Input value = 0,505 Totale Chi-quadrato = 4,3039 Chi-quadrato/ cella = 0,5380 Log likelihood = -262,478 Osservando il modello illustrato nella Tabella 6, la prima informazione rilevante è il valore dell’input 12 , ossia la probabilità complessiva di occorrenza del valore di default (in questo caso Italiano) indipendentemente dall’effetto delle variabili esplicative. In questo modello, il valore (p = 0,505) significa che ogni volta che una persona chiede informazioni a un passante in Alto Adige la metà delle volte riceverà una risposta in italiano, a prescindere da Genere, Età, Luogo. Se questa cifra viene confrontata, a puro titolo di esempio, con p = 0,116, cioè la probabilità generale di occorrenza del dialetto piemontese (Dal Negro/ Vietti 2006: 185), opposta a quella dell’italiano, nel contesto dilalico del Piemonte orientale, è possibile cogliere in modo immediato e con una misura sintetica il diverso status e ruolo funzionale (nelle RIS) dei codici linguistici coinvolti. Nel repertorio dilalico italo-romanzo, il dialetto è un codice dallo status sociolinguistico basso e il suo impiego in contesti sociali come le richieste di indicazione stradale non costituisce certo la norma d’uso, al contrario nel repertorio linguistico sudtirolese (inteso in senso ampio) sia l’italiano che il tedesco rappresentano due scelte ugualmente valide e accettabili per fornire informazioni a sconosciuti. 12 L’input value è una probabilità media di occorrenza del valore di default (in questo caso Italiano) espressa dal modello. Scelta di codice in contesti comunicativi incerti 49 Ritornando ai risultati della Tabella 6, l’informazione più saliente dell’analisi è contenuta dalla colonna Peso, poiché in essa è espressa la forza relativa della relazione tra il fattore esplicativo e la variabile dipendente. In questo senso, il valore elevato di I 1 e I 2 si riferisce alla forte influenza positiva che l’uso dell’italiano (come codice della richiesta) ha sulla scelta dell’italiano come codice della risposta, o in altre parole, si assiste a una convergenza consistente in direzione del codice della richiesta (italiano o tedesco). Ciò che pare ancora più interessante è che T 1 (0,243) e T 2 (0,140), le due varietà di tedesco, non soltanto hanno un effetto negativo sulla risposta in italiano, come ci si potrebbe aspettare secondo un’ipotesi di accomodamento, ma differiscono l’una dall’altra in modo leggero ma significativo. La cosiddetta varietà locale di tedesco T 1 (che comprende gli usi all’interno del continuum tedesco standard regionale-dialetto tirolese) mostra un effetto negativo meno marcato della corrispettiva T 2 , la varietà «non locale» di tedesco. Una ragione immaginabile per questo comportamento potrebbe essere che il passante sarebbe in grado di riconoscere le varietà sudtirolesi di tedesco e di conseguenza assegnerebbe all’interlocutore lo status [+ locale] 13 , questo giudizio attiverebbe un’ulteriore implicazione riguardante le risorse linguistiche del parlante sudtirolese medio: «se stai parlando T 1 , allora (a) sei un sudtirolese e (b) si suppone che tu te la possa cavare con successo anche con l’italiano». All’interno del modello di Tabella 6, va illustrato anche il ruolo particolare rivestito dalla variabile Luogo. Sebbene statisticamente irrilevante (e probabilmente interrelata con Codice richiesta), è necessario rilevare un’evidente differenza epistemologica tra le funzioni svolte dalle variabili Luogo e Codice richiesta. Mentre la relazione tra Codice richiesta e Codice risposta stabilisce un’associazione positiva tra le variabili e probabilmente anche un rapporto di causa-effetto, nel caso del legame tra Luogo e la variabile dipendente l’associazione non soltanto è meno forte, ma anche la natura del legame è diversa. Un’interpretazione ragionevole da verificare potrebbe essere che la divergenza di valori tra Bolzano, leggermente più orientata verso l’italiano (0,566), e Bressanone, più incline all’uso del tedesco, rimandi all’esistenza di due sotto-comunità linguistiche con atteggiamenti e norme d’uso in parte discrepanti. Per tentare di confortare empiricamente questa interpretazione e per sbrogliare l’interazione tra Luogo e Codice richiesta rivelata dai modelli in Tab. 5, si può formulare un nuovo modello scisso (Tabelle 7 e 8) basato su due analisi parallele condotte sui sotto-campioni di dati bolzanino e brissinese. 13 Sarebbe alquanto ingenuo pensare che tale complesso processo di categorizzazione si basi unicamente su aspetti linguistici che rivestono semmai un ruolo importante insieme ad altri fattori di tipo cognitivo, culturale, sociale ecc. Alessandro Vietti 50 Tabella 7: Il modello di Bolzano Variabile Valori Peso Freq. oss. Freq. attesa Codice richiesta T 1 0,249 0,29 0,29 T 2 0,167 0,20 0,20 I 1 0,900 0,92 0,92 I 2 0,851 0,88 0,88 Input value = 0,550 Totale Chi-quadrato 0,0001 Chi-quadrato/ cella 0,0001 Log likelihood = -152,486 Tabella 8: Il modello di Bressanone Variabile Valori Peso Freq. oss. Freq. attesa Codice richiesta T 1 Maschio 0,349 0,31 0,31 Genere Femmina 0,130 0,11 0,11 T 2 Maschio 0,098 0,08 0,08 Femmina 0,109 0,09 0,09 I 1 Maschio 0,668 0,63 0,63 Femmina 0,871 0,85 0,85 I 2 Maschio 0,929 0,92 0,92 Femmina 0,893 0,88 0,87 Input value = 0,457 Totale Chi-quadrato 0,0001 Chi-quadrato/ cella 0,0001 Log likelihood = -103,497 Guardando al valore di input (input value), il significativo scarto tra il campione di Bolzano (p = 0,550) e quello di Bressanone (p = 0,457) induce a concludere che lo status del(le varietà di) tedesco e dell’italiano in questo genere di interazioni pubbliche con sconosciuti è uguale soltanto a Bolzano, il centro amministrativo e anche la città con il maggior numero di parlanti che si dichiarano appartenenti al gruppo linguistico italiano. A causa della mancanza di una specifica evidenza empirica non è possibile formulare una generalizzazione accurata sulla relazione tra il tipo di insediamento urbano e la propensione alla selezione di una lingua in questo tipo di contesti comunicativi 14 , tuttavia è sempre possibile immaginare (a puro titolo di speculazione) che in centri urbani di minori dimensioni e con una forte presenza demografica di parlanti del gruppo linguistico tedesco le funzioni e lo status del tedesco e dell’italiano non siano equivalenti e bilanciate, ma vi sia una 14 Troppe sono infatti le dimensioni in azione (demografici, economici, geografici e anche culturali) per formulare ipotesi più precise. Scelta di codice in contesti comunicativi incerti 51 chiara preferenza per l’uso delle varietà del tedesco come scelta di default per comunicazioni pubbliche con sconosciuti e una minore dimestichezza nell’uso dell’italiano. Ma qui evidentemente è necessaria ulteriore ricerca sia ampliando il campione delle osservazioni, che estendendo il numero dei punti geografici da investigare. Dai risultati delle Tabelle 7 e 8, all’interno del pattern generale di accomodamento verso il codice della richiesta emergono due modalità di uso delle lingue, non soltanto per quanto riguarda il valore generale di input, ma anche per la struttura dei due modelli e le variabili selezionate come significative: il modello di Bolzano è basato su una sola variabile esplicativa (Codice richiesta), mentre nel modello di Bressanone si osserva una interazione tra Codice richiesta e Genere del passante. Nella Tabella 8 e nella sua rappresentazione grafica (Fig. 1) appare in modo chiaro una differenza tra il comportamento femminile e quello maschile, specialmente in relazione a T 1 e I 1 , rispettivamente le varietà di tedesco e italiano della parlante (raccoglitrice) sudtirolese. I parlanti maschi brissinesi divergono maggiormente dal codice proposto dalla raccoglitrice poiché l’effetto negativo del tedesco (0,349) e quello positivo dell’italiano (0,668) sono consistentemente attenuati rispetto ai valori delle donne e a quelli del modello generale (Tab. 6): questo significa che il codice della richiesta in sé è un fattore meno significativo per i parlanti maschi a Bressanone quando i dati sono raccolti nelle varietà locali di tedesco e italiano. Al contrario invece, T 2 and I 2 - le due varietà di tedesco e italiano Maschio Femmina Maschio Femmina Maschio Femmina Maschio Femmina T1 T2 I1 I2 1.0 0.9 0.8 0.7 0.6 0.5 0.4 0.3 0.2 0.1 0 Figura 1: Istogramma del modello di Bressanone Alessandro Vietti 52 non sudtirolesi - non mostrano la stessa variazione di genere e condividono piuttosto lo stesso schema generale di accomodamento. Prima però di tracciare qualsiasi tipo di conclusione a partire da questi dati, bisogna ricordare che esiste una possibilità di distorsione metodologica legata alla differenza di genere tra i due raccoglitori sul campo, PI è una studentessa sudtirolese mentre ED è uno studente tedesco. Va pertanto tenuto in considerazione che la differenza tra varietà locali vs. non locali si intreccia purtroppo in modo inestricabile con la diversità di genere dei collaboratori. Ciò nonostante si possono formulare almeno due interpretazioni piuttosto stimolanti sul comportamento dei passanti brissinesi: 1. i parlanti maschi riconoscono la raccoglitrice come una parlante sudtirolese e di conseguenza inferiscono una sua competenza bilingue; 2. indipendentemente dal fatto di essere consapevoli o meno delle differenze di varietà di italiano e di tedesco, i parlanti maschi decidono di eseguire un atto di identità deviando deliberatamente dalla strategia generale di accomodamento radicale. Come già ricordato, in ragione delle caratteristiche metodologiche esplorative e non del tutto sperimentali dell’indagine non è possibile escludere la possibilità che questo comportamento sia legato del tutto o in parte al genere femminile della raccoglitrice sul campo. Anche con questo limitato e tutt’altro che univoco sostegno empirico sembra comunque piuttosto paradossale e perlomeno inatteso osservare come le ragioni delle scelte linguistiche paiano diventare sempre più complesse e multifattoriali man mano che ci si sposta verso contesti urbani più piccoli. A Bolzano, nel centro geografico e politico dell’Alto Adige, i parlanti sono più inclini ad adottare una strategia di accomodamento radicale al codice dell’interlocutore come scelta di default in questo tipo di situazione comunicativa. Come interpretare tale atteggiamento: costituisce il grado zero di contributo soggettivo nella responsabilità di selezionare un codice linguistico? O piuttosto, l’accomodamento incondizionato non va visto come una non-scelta, ma come una decisione positiva di convergere e collaborare affermando una reale competenza bilingue? Oppure indica semplicemente una consuetudine all’uso di più lingue nella vita quotidiana e lavorativa? La risoluzione di questi nodi non si può trovare nella presente analisi, ma va ricercata in ulteriori osservazioni dei dati anche di tipo qualitativo, magari esaminando i casi che i modelli quantitativi giudicano meno probabili (cf. Cortinovis 2007). Un rapido raffronto con l’indagine piemontese mi permette di aggiungere un’ultima nota sul comportamento di genere in situazioni di code choice. Le due indagini mostrano una tendenza simile, ovvero quella femminile di essere più sensibili ai fattori contestuali e quella maschile di affermare maggiormente un’identità sociale precostituita, ma anche una differenza notevole: mentre nel caso piemontese la maggiore convergenza femminile/ divergenza maschile è legata solo all’uso del- Scelta di codice in contesti comunicativi incerti 53 l’italiano come codice delle richieste 15 , nell’inchiesta altoatesina (a Bressanone) l’identità di genere sembra influenzare la scelta linguistica indipendente dalla lingua usata per porre la domanda, ammesso che il raccoglitore sia sudtirolese (e di genere femminile . . .). Lo schema di variazione di genere in Südtirol scavalca il codice della richiesta e forse anche l’appartenenza al gruppo linguistico: i parlanti maschi prevalentemente tedescofoni o italofoni sembrano reagire nello stesso modo alla lingua usata nella richiesta. 7. Appunti conclusivi L’obiettivo di questo studio era di esaminare alcuni modelli multifattoriali di scelta linguistica con lo scopo di determinare come i parlanti selezionassero una lingua per fornire delle indicazioni stradali in interazioni anonime con sconosciuti in due città sudtirolesi. In quest’ultima sezione vorrei raccogliere le varie riflessioni sparse nel corso dell’esposizione in una lista di spunti problematici e risultati provvisori, cominciando da alcune note metodologiche. Un semplice piano di indagine come quello presentato sin qui è sufficiente per metter in rilievo alcuni punti deboli ben noti dell’analisi quantitativa in sociolinguistica. Osservando le interazioni su vari piani tra le diverse variabili del modello scisso (Tab. 7 e 8), i limiti euristici della regressione logistica come strumento statistico sono evidenti. Questa è una tecnica confirmatoria estremamente potente, da usare cioè quando si tratta di mettere alla prova un’ipotesi ben definita in termini di relazioni tra fattori e che non presupponga complesse interazioni tra le variabili esplicative. Altri metodi - come i modelli log-lineari o varie tecniche di statistica esplorativa (analisi fattoriale, PCA, scaling multidimensionale ecc.; per un’applicazione a dati sociolinguistici Vietti in stampa) - nei quali non vengono postulate distinzioni funzionali tra variabili sono forse più adatti a maneggiare questo tipo di fenomeni multidimensionali e caratterizzati da una forte interconnessione dei fattori. Una seconda annotazione metodologica riguarda la relazione tra analisi quantitativa e qualitativa. I risultati dell’analisi statistica presentati nelle Tabelle 6-8 forniscono una stimolante fonte di nuove informazioni sulle macro tendenze relative a come e quando vengano usate le lingue, ma non sono in grado di dirci perché i parlanti si comportano in questo modo o operano una specifica scelta: possiamo stabilire che esistono delle relazioni tra variabili, possiamo anche stimare direzione (positiva e negativa) e forza, ma ancora non siamo in grado di comprendere che cosa significhino per i parlanti. Tuttavia non c’è nulla nel piano metodologico dello studio che impedisca di ritornare alle trascrizioni delle interazioni e osservarle nuovamente con occhio qualitativo (conversazionale per esempio) alla ricerca di 15 Se la richiesta era posta in dialetto piemontese, uomini e donne accomodavano in modo uniforme verso questo codice, mentre se la richiesta era formulata in italiano le donne tendevano ad accomodare, gli uomini a divergere replicando in dialetto. Alessandro Vietti 54 segnali interpretativi sul micro-significato sociale del comportamento linguistico. Per esempio, l’esame di alcuni casi marginali di divergenza di codice potrebbe gettare una nuova luce sul contenuto delle relazioni tra fattori, arricchendo la nostra conoscenza del fenomeno. Riassumendo i risultati dell’analisi dei dati, l’esito più notevole è la forte correlazione tra la lingua usata per chiedere le informazioni (Codice richiesta) e quella scelta dai soggetti investigati per fornire le indicazioni (Codice risposta). Da ciò se ne deduce che in Südtirol l’accomodamento verso la lingua dell’interlocutore è la strategia basilare per gestire il repertorio bilingue, almeno in interazioni stradali anonime. Altre potenziali alternative esaminate nel primo paragrafo come l’uso di un codice di default o il code-switching non trovano un sostegno empirico nel corpus analizzato. Perciò l’accomodamento radicale potrebbe essere interpretato come la strategia di neutralità della comunità linguistica sudtirolese (in questo senso compatta sul piano normativo) messa in atto con lo scopo di evitare le insidie di una scelta individuale marcata, prendendo a prestito il codice proposto dall’altro partecipante. Sulla base di questa nuova acquisizione si può più realisticamente pensare a uno status funzionale equilibrato degli spazi varietistici tedesco e italiano poiché entrambi possono occorrere in eguale misura nel particolare contesto comunicativo, almeno per quanto riguarda Bolzano, il nucleo politico-amministrativo del Südtirol. I dati relativi al campione di Bressanone fanno invece supporre che ambienti meno urbanizzati e più rurali attribuiscano all’italiano e, in particolare, al (dialetto) tedesco valori socio-funzionali distinti, riflessi in una diversa distribuzione d’uso e probabilità di occorrenza delle due lingue. Continuando a intrecciare questa serie di congetture, si potrebbe descrivere la comunità linguistica altoatesina, intesa qui come l’insieme dei parlanti dell’unità geografico-amministrativa, come una speech community composita le cui linee di articolazione interna non sono modellate unicamente sulla divisione ufficiale tra gruppi etno-linguistici, ma attraversano la società secondo delle dimensioni culturali (vita urbana - vita di montagna) o identitarie (genere maschile e femminile). La comunità linguistica è tipicamente un concetto proteiforme e spesso sfuggente che però può essere osservato nel suo organizzarsi in gruppi sociolinguistici omogenei sotto il profilo del comportamento sociolinguistico. Dal calcolo delle distribuzioni omogenee delle diverse varietà in contesti simili, in modo analogo a quanto si fa con la variazione intralinguistica, possiamo desumere un comune orientamento normativo e una coerente valutazione funzionale delle varietà. Una postilla, forse ovvia, alla constatazione della effettiva equi-funzionalità di italiano e tedesco è quella di una diffusa competenza bilingue di base: una tendenza così regolare verso l’accomodamento significa in primo luogo che i parlanti altoatesini possiedono una competenza di una qualche varietà di italiano e tedesco sufficiente a sostenere un’interazione verbale elementare. In ultimo, è di particolare rilievo il fatto che l’informazione sociolinguistica contestuale che il parlante ricava dallo svolgimento dell’interazione - in questo caso rappresentata dalla variabile Codice richiesta - si riveli il fattore più significativo Scelta di codice in contesti comunicativi incerti 55 nel processo di scelta del codice, quando viene considerato l’intero campione. Se invece si svolgono analisi aggiuntive su sotto-campioni appaiono immediatamente nuove regolarità e tendenze d’uso, come la relazione significativa tra genere del parlante, luogo nel quale si svolge l’interazione e varietà di lingua usate dal raccoglitore. Date determinate circostanze, quali trovarsi a Bressanone e usare le varietà locali di tedesco e italiano (di tedescofoni), uomini e donne selezionano il codice linguistico basandosi su diversi fattori, rivelando in tal modo più norme d’uso delle lingue: gli uomini tendono a divergere di più delle donne dalla lingua dell’interazione, in modo uniforme per l’italiano e il tedesco. Ciò può indicare che per questi parlanti il contenuto identitario di «essere maschi» risulta più importante dell’orientamento al contesto e di una norma di collaborazione del tipo «(se puoi,) rispondi nella stessa lingua del tuo interlocutore (sconosciuto)». A mo’ di conclusione provvisoria, si può notare come, sulla base delle richieste di indicazione stradale (analizzate), i parlanti sudtirolesi si dispongano lungo confini sociali e culturali più frastagliati e dinamici rispetto ai ben noti raggruppamenti (etno-)linguistici: il tipo di contesto urbano, la capacità o abilità di riconoscere e classificare le varietà di lingua e soprattutto le norme d’uso linguistico attribuite ai ruoli di genere. Bolzano Alessandro Vietti Bibliografia Alber, B./ Lanthaler, F. 2005: «Der Silbenonset in den Tiroler Dialekten», in: C. Di Meola/ A. Hornung/ L. Rega (ed.), Perspektiven Eins. Akten der 1. Tagung Deutsche Sprachwissenschaft in Italien (Roma, 6.-7. Februar 2004), Roma: 57-88 Astat 2006: Barometro linguistico dell’Alto Adige 2004. Uso della lingua e identità linguistica in Alto Adige in provincia di Bolzano, Bolzano Auer, P./ Hinskens, F. 2005: «The role of interpersonal accommodation in a theory of language change», in: P. Auer/ F. Hinskens/ P. 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Dans une édition assez récente, j’ai trouvé des fragments inédits et des textes qui m’étaient inconnus. Dans l’ébauche d’un roman inachevé, l’écrivain nord-irlandais mort en 1963 imaginait la fin de la guerre de Troie d’une manière nouvelle et insolite 1 . Ménélas entre dans la ville en ruine et se met à la recherche d’Hélène, le cœur partagé entre un sentiment de pitié et un désir de vengeance. Quand finalement l’ancienne reine de Sparte est emmenée en sa présence, il a de la peine à le croire: celle qui incarnait l’idée même de la beauté et de la perfection est devenue une figure terne et insignifiante, à peine reconnaissable. Dix ans se sont écoulés, et le temps passé a gravé sur les traits de son visage plus de ravages que la guerre elle-même. Peu de temps après, une deuxième Hélène apparaît en Egypte, réplique parfaite de la beauté de jadis. Par le biais de ce souvenir cultivé de l’eidolôn de la tragédie d’Euripide, Lewis creuse sous la surface du mythe et met en scène ses propres tourments face à la grave maladie et à la mort de sa femme: le véritable amour doit-il se nourrir des doux souvenirs du passé ou peut-il se transformer en quelque chose de nouveau et s’approfondir à travers l’acceptation de la réalité? Peut-on vraiment aimer sans sacrifice, sans la perception pressante du destin? Cette expérience de lecture, ou de relecture, m’a permis de comprendre encore une fois ce qui, dans l’histoire de la culture, est déjà clair depuis des siècles: l’histoire de la guerre de Troie est devenue à bon droit un mythe universel; les faits, les situations et les personnages de ce mythe peuvent encore de nos jours exprimer les profondeurs et la vérité de la condition humaine. N’étant pas esclaves de nos préoccupations philologiques et conservatrices par rapport à la vérité historique, les savants du Moyen Âge ont opéré aussi des relectures de la matière troyenne, qui ne coïncident ni avec les formes classiques du mythe, ni avec nos interprétations modernes. Les personnages ont été transformés et sont devenus des symboles, les situations et les batailles allégorisant les événements contemporains, les histoires d’amour et les moralisations adoucissant la sévérité de la forme épique 2 . Le Roman de Troie de Benoît de Sainte-Maure et ses 1 After Ten Years, dans C. S. Lewis, The Dark Tower and other stories, edited by W. Hooper, London 1977. 2 Wilmotte 1914 déjà souligne la présence à l’intérieur du Roman de Troie d’une nouvelle veine lyrique qui exalte l’importance de l’amour à côté de l’attitude épique: «il y a en effet, quelque chose de changé dans la littérature du temps. La femme, qui n’était rien (ou peu de chose) dans Vox Romanica 67 (2008): 57-83 Luca Barbieri versions en prose contribuent à cette transformation perpétuelle des personnages de la matière antique. Dans ces pages je voudrais mettre en évidence la relecture médiévale dont font l’objet les héros éponymes des œuvres homériques: Achille et Ulysse. Achille et Ulysse sont de toute évidence les protagonistes principaux, de manière directe ou indirecte, de l’Iliade et de l’Odyssée: les thèmes exprimés dans les premiers vers des deux poèmes homériques sont clairs et explicites. Dans les textes grecs, ces personnages ne sont pas dépourvus de traits ambigus, mais il s’agit évidemment de deux figures positives avec lesquelles le lecteur peut facilement s’identifier: le courage, la bravoure, la force d’Achille et l’astuce, l’intelligence, la sagesse d’Ulysse sont légendaires et proverbiales. Mais le Moyen Âge, on le sait bien, ne connaît pas les poèmes d’Homère. Les sources principales du Roman de Troie, écrit par le clerc de Sainte-Maure vers 1165, sont deux courts textes latins en prose qui ont la prétention d’être des chroniques historiques des événements: l’Éphéméride de la guerre de Troie de Dictys de Crète (IV e siècle) et surtout l’Histoire de la destruction de Troie de Darès le Phrygien (VI e siècle) 3 . Dans le prologue de son roman, Benoît évoque pourtant le nom d’Homère (connu probablement à travers la réduction appelée Ilias latina), mais, en suivant Darès, il refuse son autorité sous prétexte que son récit serait poétique et donc mensonger, contrairement à la chronique de Darès, vraie et fiable parce que réellement «historique» 4 . Dans ce dernier texte, la guerre est racontée selon le point de vue des Troyens et de fait tout le Moyen Âge tend à prendre décidément le parti des perdants en mettant les Grecs sous une mauvaise lumière 5 . Pourquoi? Nous connaissons l’importance de l’autorité de Virgile pour la culture médiévale et l’immense fortune de son Énéide, qui raconte le mythe de la fondation de Rome par les descendants d’Énée, héros échappé au massacre de Troie. Le 58 les plus anciens récits de caractère épique, va occuper longuement les auteurs des romans imités de l’Antiquité, et Benoît plus que tous les autres» (105); «Benoît unit dans ses expressions les tours épiques et les façons de s’exprimer de la lyrique» (115). Sur le même thème cf. p. ex. Adler 1960 et Baumgartner 1996. 3 Les citations tirées de Darès et Dictys se réfèrent aux éditions Meister 1991 et Eisenhut 1973. 4 Roman de Troie, v. 45-74. Benoît reprend la lettre du présumé Cornelius Nepos, qui précède le récit de Darès. Pour le rapport entre Homère «poète» et Darès «historien», cf. p. ex. Jacquesson 1985. Dans son analyse, F. Jacquesson évoque aussi l’Hélène d’Euripide (87). Toutes les citations du Roman de Troie sont tirées de l’édition Constans 1904-12. Pour la version en prose «commune» (Prose 1), je fais référence à l’édition Constans/ Faral 1922. Pour les autres versions en proses inédites, je cite directement à partir des manuscrits: la version de Rouen est citée d’après le ms. O.33 de la Bibliothèque municipale de Rouen; la version napolitaine est citée d’après le ms. Royal 20.D.I de la British Library de Londres. 5 Une exception remarquable est constituée par l’Ovide moralisé, poème allégorique dont les moralisations exaltent les aspects christiques des héros grecs. Pour les interprétations discordantes de la figure d’Ulysse au Moyen Âge cf. Babbi 2000. Achille et Ulysse dans le Roman de Troie cœur du grand empire qui, selon la vision médiévale, a permis la diffusion de l’État juste et de la religion chrétienne a donc des racines troyennes. En se fondant sur ces prémisses culturelles, on ne doit pas s’étonner si tous les peuples de l’Occident chrétien veulent avoir une origine troyenne et si les souverains sont prêts à demander aux savants de cour d’en inventer une sur mesure. Charlemagne déjà, qui fondait son idée du Saint Empire sur la continuité idéale, politique et généalogique avec Rome, dut se construire une ascendance troyenne. À partir du IX e siècle, tout souverain censé fonder une nouvelle dynastie doit pour cette raison compter parmi ses ancêtres quelques-uns des héros dardaniens, que ce soit Énée, Anténor ou Hector. C’est l’idée de la translatio imperii: le pouvoir impérial est passé de Troie à Rome et de Rome à la France, tout comme dans la translatio studii le savoir est passé de la Grèce à Rome et de Rome à la France 6 . Dans quelques cas on arrive même à supposer que les rois français descendent d’un fils de Priam ayant survécu à la guerre 7 . La preuve en est que, dans le Roman de Troie, le vrai preux est Hector 8 . C’est à lui que l’on applique le plus souvent le couple d’adjectifs preux et hardis (et après sa mort, cet héritage passe à son frère Troïlus); c’est lui le vrai prototype du chevalier médiéval: fort, courageux, sage, modéré, pieux, protecteur de la famille mais disposé à tout sacrifier pour la patrie 9 . La scène de sa mort occupe le centre du poème, ses funérailles et son tombeau sont décrits avec force détails 10 . Cette relecture et ce renversement de perspective touchent inévitablement les héros grecs, sur lesquels quelques ombres commencent à se dessiner: ils gagnent la guerre par la tromperie, la déloyauté, la trahison et ces moyens ne sont pas très appréciés dans l’épique médiévale. Même l’astuce, la fameuse ruse d’Ulysse, est blâmée. Cela nous explique pourquoi Achille n’est pas inséré dans la liste des Neuf Preux. La colère du poème homérique devient au Moyen Âge un 59 6 La bibliographie sur la translatio studii et imperii est très abondante. Parmi les travaux les plus récents et complets sur la question cf. Faral 1969, Beaune 1985a, Beaune 1985b, Pastre 1992, Mathey-Maille 1997, Brückle 2000, Jung 2000, Chauou 2001. 7 C’est la version proposée par l’Historia regum Francorum du Pseudo-Frédégaire (VII e siècle), reprise par le Partonopeu de Blois (avant 1188) et par la deuxième version de l’Histoire ancienne jusqu’à César (ms. Royal f. 194d-195b). Voir par exemple Joris 2004. 8 Hector est une des trois figures de païens que l’on trouve dans la liste des Neuf Preux établie par Jacques de Longuyon dans les Vœux du paon, interpolation du Roman d’Alexandre écrite au début du XIV e siècle. Il incarne le modèle du guerrier modéré. Cette liste sera reprise, parfois avec quelques modifications, par d’autres auteurs. Sur le motif des Neuf Preux cf. Trachsler 1996: 294-313 et 401-64; Trachsler 2000: 233-38 et 286-97; Bellon-Méguelle 2007: 385-89. 9 Pour la description d’Hector et de ses qualités, en particulier largesse, prouesse et courtoisie, cf. Croizy-Naquet 1996. 10 Les mêmes caractéristiques ont été mises en évidence par Liliane Dulac 2006 dans son analyse du Livre de la mutacion de Fortune de Christine de Pizan, mais elles doivent être attribuées à la source utilisée par Christine, c’est-à-dire la cinquième mise en prose du Roman de Troie, dont il sera amplement question dans la suite. Luca Barbieri trouble caractériel, voire une altération psychique, qui le conduit à la folie: dans le Roman de Troie, Achille est violent, vindicatif, mentalement instable, déloyal. Il ne peut pas être un preux. Quant à Ulysse, surtout dans la partie finale du roman, est présenté comme un couard, un lâche, un menteur et un trompeur 11 . Le moment est venu d’entrer dans les détails et de donner quelques exemples du noircissement progressif des héros homériques: un processus qui commence dans le Roman de Troie en vers et qui continue dans ses cinq versions en prose composées entre le milieu du XIII e siècle et la première moitié du XIV e siècle. L’immoralité d’Achille Sur la base de quelques éléments tirés de l’art, de la littérature et de la mythologie antiques, le Moyen Âge se fait l’idée que les Grecs sont des gens immoraux, avec en particulier un fort penchant pour l’homosexualité, considérée comme un péché contre nature dans la doctrine chrétienne. Dans ce contexte, la caractérisation homosexuelle d’Achille peut être facilitée par deux éléments: a) la diffusion d’une légende posthomérique qui le présente comme tombant amoureux du jeune Troïlus, après l’avoir vu déshabillé près d’une fontaine 12 ; b) le lien d’amitié avec Patrocle, déjà mis en évidence à partir de l’Iliade, qui assume une connotation de plus en plus homoérotique au cours du Moyen Âge 13 . Dans le Roman de Troie, l’ambiguïté sexuelle d’Achille est suggérée déjà dans la description de Patrocle, qui suit immédiatement celle du fils de Pélée. Patroclus ot le cors mout gent e mout fu de grant escïent. Blans fu e blonz e lons e granz e chevaliers mout avenanz; les ieuz ot vairs, n’ot pas grant ire; beaus fu mout, a la verté dire. Larges, donere merveillos, mais mout par esteit vergondos. (Roman de Troie, v. 5171-78) Léopold Constans traduisait le mot vergondos (correspondant au latin verecundum de Darès XIII, 13) d’une manière particulièrement forte: «qui a des mœurs 60 11 Sur la caractérisation négative des héros grecs dans le Roman de Troie cf. par exemple Besnardeau 2006. 12 On peut trouver des traces de cette tradition dans le commentaire de Servius à Aen. I, 474: «Troili amore Achillem ductum palumbes ei quibus ille delectabatur obiecisse: quas cum vellet tenere, captus ab Achille in eius amplexibus periit». 13 Sur le lien entre Achille et Patrocle dans le Roman de Troie cf. Thiry-Stassin 1989 et Adler 1960 (plus particulièrement 22-23). Achille et Ulysse dans le Roman de Troie honteuses» 14 ; il faudra peut-être nuancer, mais il est clair que dans ce contexte on ne pourra pas attribuer à cette expression un sens neutre et générique 15 . La version en prose dite «commune» (Prose 1) 16 opte pour une interprétation assez banale, sans toutefois renoncer à mettre en évidence le caractère efféminé du personnage: Patroclus fu jeunes hons et de merveillouse biauté. Les iauz ot vairz et rianz et tous jors sambloit honteus come une pucele. Larges estoit en doner et miaux estoit tailliés a sejorner delicïousement que a travail d’armes. (Roman de Troie en prose, §70, 16-19) Mais les versions en prose successives ajoutent quelques éléments plus explicites: Patroclus estoit beaulx a merveilles, blonz cheveulx menuz recercellez, crespés, et blans et vermeulx, et preux et hardiz. Et s’entreamoient moult entre lui et Achillez. (ms. de Rouen, f. 23c) Patroclus estoit biaus a merveilles, blons cheveus menus recercelé, crespés, blans et vermeil, prous et hardis, et mult s’entreamoient il et Ulixés. (ms. Royal, f. 56cd) Le compilateur du ms. Royal (Prose 5) met à la place du nom d’Achille celui d’Ulysse; il s’agit d’une faute évidente qu’il faudra corriger, mais elle est significative parce qu’elle permet de faire un premier rapprochement des deux héros grecs. Lors de la première entrevue d’Achille et d’Hector 17 , après la mort de Patrocle, le prince troyen reproche à l’ennemi son homosexualité d’une manière à la fois ironique et méchante: 61 14 Roman de Troie, V, p. 5 et 313-14. 15 Pour une interprétation intéressante du portrait de Patrocle, cf. Thiry-Stassin 1989: 385: «Dans la longue série des portraits de héros grecs et troyens, les descriptions d’Achille et de Patrocle se font suite et traduisent fidèlement, tout en les amplifiant, les données de l’Excidio Troiae: les caractéristiques physiques et morales sont reprises, une seule mise en évidence est opérée à la fin de la représentation de Patrocle: en opposition à sa beauté et à sa largesse, celui-ci est dit ‹Mais mout par esteit vergondos›; si l’on ne peut être tout à fait sûr de traduire, comme le faisait L. Constans, par ‘qui a des mœurs honteuses’, on ne manquera pas de noter que les sens de ‘discret, timide, honteux’ ne sont employés par l’auteur médiéval que dans ces situations où les comportements sont faussement honteux ou discrets. La qualification, placée en opposition et figurant en fin de portrait, trahissant un comportement rougissant, féminin, peu digne d’un chevalier guerrier, fera mouche plus aisément. Il faut d’ailleurs remarquer chez Benoît une tendance à ajouter au portrait de certains de ses personnages des traits prophétiques pour leur carrière amoureuse». Le travail de Martine Thiry-Stassin est d’ailleurs parsemé d’observations intéressantes à propos de l’homosexualité d’Achille dans le Roman de Troie. 16 Pour une mise au point bibliographique et une synthèse des recherches sur le Roman de Troie et ses versions en prose cf. Jung 1996. 17 Cet épisode du Roman de Troie est marqué par les interventions de l’auteur qui indiquent les passages dignes d’une attention particulière: «Certain events in the story are accompanied by unusual concentrations of ‘clusters’ of personal interventions by the author. One such event is the interview between Hector and Achilles, in which a simple, dramatic solution to the conflict - a winner-take-all combat between the two champions - is proposed but is eventually vetoed by more senior figures on both sides (13121-260). Here the proliferation of the first person inter- Luca Barbieri L’ire grant que vostre cuers a porreiz vengier e les mesfaiz que tant dites que vos ai faiz, e la dolor del compaignon dont j’ai fait la desevreison, que tantes feiz avez sentu entre voz braz tot nu a nu, et autres gieus vis e hontos, dont li plusor sont haïnos as deus, quin prenent la venjance par la lor devine poissance». (Roman de Troie, v. 13178-88) Puisque les dieux du panthéon classique sont bannis dans la vision «historique» de Benoît, cette référence ne peut que représenter, sous le voile du mythe, la colère du Dieu unique chrétien envers une pratique considérée aberrante. Cette accusation est reprise par l’auteur de Prose 1, et le même texte se trouve dans Prose 5 (ms. Royal, f. 100b): Et por ce vos di je que li poins en est venus, se vos avés tant de proësce en vos come vos demoustrés ici par semblant, et se vos avés talent de vengier Patroclus que vos tant amastes, de quele amour aucune folles gens distrent cruël vilenie, la quel chose je ne vossice por amor de vos por mil mars d’or que ce fust voirs. (Roman de Troie en prose, §136, 17-23) Le fait que l’accusation soit moins nette que dans le roman en vers n’est pas dû au choix de l’auteur de Prose 1, mais au fait qu’il suit un manuscrit du roman en vers qui reporte la version longue de ce passage, qui est plus modérée 18 . La référence à l’homosexualité d’Achille est une ombre projetée sur la figure de ce grand guerrier. Benoît ne nie pas son excellence dans l’exercice des armes, mais il nous prévient de quelques excès dans son comportement, qui sont incompatibles avec l’image du parfait chevalier courtois, dont une des qualités essentielles est la mesure. Cette impression s’approfondira dans la suite du poème. 62 ventions (a total of five in the 54 lines of description which follow the dialogue between the two men) signals to the audience that the author considers this episode worthy of special attention, and that they should also give close consideration to its significance (which seems to be, once again, that both sides were guilty of exacerbating the conflict by refusing a course of action which would have limited the damage done by the war)» (Eley 1990: 185-86). 18 Il existe plusieurs versions de cette première entrevue entre Achille et Hector. Sur la base de l’analyse de Jung 1996: 30-32, on peut conclure que les versions Prose 1 et Prose 5, quasiment identiques, dépendent de la version longue typique des ms. CKN 4 S 2 W du Roman de Troie, tandis que l’édition de Constans suit le ms. M 2 , qui est un témoin de la version courte. Achille et Ulysse dans le Roman de Troie Achille l’infâme: la déloyauté et la cruauté gratuite en bataille Achille ne respecte pas les règles du bon chevalier courtois. C’est dans la description de son comportement pendant la bataille que Benoît opère sa transformation du mythe troyen la plus intéressante et la mieux construite, puisque l’attitude d’Achille est constamment mise en opposition avec celle d’Hector. De plus, une accusation d’infraction au code courtois est extrêmement grave pour la mentalité chevaleresque médiévale. L’épisode de la mort de Troïlus, bien que placé vers la fin du roman, est un excellent point de départ pour comprendre l’insistance sur l’attitude déloyale d’Achille opérée par l’auteur du Roman de Troie. Achille profite d’une chute accidentelle du fils de Priam, qui dans la circonstance perd aussi son heaume; avant qu’il puisse se relever, Achille lui coupe la tête avec son épée. Toz les aveit desbaratez, ocis, detrenchiez e navrez; a la veie les aveit mis, quant ses chevaus li fu ocis. Feruz esteit de dous espiez, ne poëit mais ester sor piez; en mi la place s’estendi, e Troïlus sor lui chaï. N’ot o lui compaignon ne per: ainz qu’il s’en poüst relever, fu Achillès sor lui venuz. Ha! las, tanz cous i ot feruz sor lui d’espees maintenant! E Achillès se mist en tant qu’il ot la teste desarmee. Grant defense, dure meslee lor a rendu: mais ço que chaut? Rien ne li monte ne ne vaut, quar Achillès, le reneié, li a anceis le chief trenchié qu’il puisse aveir socors n’aïe. Grant cruëuté, grant felenie a fait: bien s’en poüst sofrir! (Roman de Troie, v. 21423-45) Puis il attache le corps de Troïlus à la queue de son cheval et le traîne par le champ de bataille, reprenant un élément de la mort d’Hector dans l’Iliade, mais avec un surplus de méchanceté gratuite. A la cöe de son cheval atache le cors del vassal; adonc le traïne après sei, si quel virent cil del tornei. (Roman de Troie, v. 21447-50) 63 Luca Barbieri Peu après Achille s’acharne contre le cadavre de Memnon, qui lui avait reproché d’avoir tué Hector «par trahison», et le coupe en morceaux. Les versions en prose n’ajoutent rien de particulièrement significatif à la description de ces épisodes. Quant li coilverz, li enemis l’ot ensi vencu e ocis, sil detrencha tot par morseaus (Roman de Troie, v. 21595-97) Mais c’est justement la scène de la mort d’Hector qui nous intéresse le plus, car elle occupe le centre du récit, une position importante et stratégique dans l’économie du roman, et elle subit une transformation remarquable dans les versions en prose. Le fils de Priam est tué pendant qu’il est occupé à traîner le corps d’un roi qu’il vient d’abattre, et pour cette raison il n’est pas protégé de son écu. Dans le roman en vers, Achille est qualifié de cuiverz («scélérat») à cause de son acte 19 : Li cri i sont grant et li hu, qu’Ector ot un rei abatu; prendre le vout e retenir e as lor par force tolir: par la ventaille le teneit, fors de la presse le traeit, de son escu ert descoverz. E quant l’aperceit li coilverz, - c’est Achillès, qui le haeit, - cele part est alez tot dreit. dreit a lui broche le destrier: nel pot guarir l’auberc doblier que tot le feie e le poumon ne li espande sor l’arçon. Mout le trebuche tot envers: en poi d’ore est pales e pers. (Roman de Troie, v. 16215-30) 64 19 Les épithètes négatives qui caractérisent le personnage d’Achille et qui dénoncent la prise de position de l’auteur se multiplient dans la deuxième partie du récit. Elles sont déjà assez nombreuses dans le roman en vers (li coilverz 16222, 19016; recreanz e coarz e feus 19032; li aversiers 21138; le coilvert, le desfaé, le reneié 21200-01; coilverz 21476; Achillés le reneié 21441; li coilverz, li enemis 21595; del traïtor, del reneié 21846; cist enemis 21895), mais c’est surtout dans les versions en prose que le jugement devient fréquent (c. p. ex. le ms. Royal f. 113d: cuvers trahitres; f. 144c: li desloial et fel desloial). Memnon apostrophe Achille d’une manière particulièrement violente dans Prose 5, ms. Royal f. 144c: «Lors li dist Menon: ‹Vous le lairez, fel desloial! Trop avés grant crualté et grant mal et grant orgoil qui ensint avés trainé le fils le roi. Mes ceste outrage sera bien vengie et ne targera pas longuement. Mult est grant domage que vous avés tant vescu et que vous avés tant armes portees; de male heure fustes vous onques nés, car vous ne penssastes onques se fauseté et traïson non. Vous avés mort Hector et cestui a grant desloiauté et a grant felonnie, mes je vous en defi›». Achille et Ulysse dans le Roman de Troie Le texte de Benoît est repris par la version en prose «commune» 20 et par celle de Rouen (Prose 3), mais son évolution dans la version napolitaine (Prose 5), probablement à partir d’une variante contenue dans plusieurs manuscrits du roman en vers, est particulièrement intéressante et explicite. Lors out Hector abbatu .i. roi et le tenoit par la ventaille pour traire hors de la presse, et iert descouvert de son escu; et quant Achillés l’aperçut si est alés cele part tout droit, et brocha vers lui son destrier, et le fiert de la lance par derriere, que onques l’auberc doublier ne le pout garantir que il ne li espandist le foie et le poulmon, et mort le trebuche tout envers . . . Et il li fu nuncïe [à Memnon] la doulereuse novele que Hector ses chiers cousins, que il tant amoit, estoit occis par la main d’Achillés, et li fu conté comment il l’agaita et le feri par derriere . . . «Ha cuvers trahitres, ore as tu acompli ton desir! pluseur fois vous combatistes a lui cors a cors et esprovastes sa force quele elle estoit envers vous, et vous et vostre cosin Thoas ne le peüstes conquerre ne metre au desous pour toute la force de vous deuls ensemble. Et ore l’as tu agaitié comme traïtres, quant tu le veïs descouvert de ses armes et de son escu et le feris par derriere et l’occisis». (ms. Royal, f. 113cd) Achille frappe Hector par derrière. Il ne s’agit pas seulement d’une référence probable au thème de l’homosexualité du Grec (les images des manuscrits sont assez explicites 21 ). Ce geste de bassesse et de lâcheté est considéré comme une grave infraction au code chevaleresque; il paraît tellement scandaleux aux yeux de l’auteur de la version en prose qu’il l’évoque plusieurs fois en le reprochant à Achille. Une référence à la déloyauté du fils de Pelée est introduite aussi dans l’épitaphe qui est apposée au tombeau du prince Troyen (cf. Roman de Troie, v. 16812-16). ci gist Hector, li filz au roy Priant de Troie, que Achillés li fils Peleüs occist en la bataille. Mes toutesvoies il ne l’occist pas cors a cors, mes par agait. (ms. Royal, f. 116b) Mais cette mauvaise attitude est soulignée encore une fois vers la fin du récit, lorsque l’amazone Penthésilée s’adresse au fils d’Achille, dans un passage qui ne trouve pas de correspondant dans le roman en vers: ha, pute geste, fils de cuvert, qui occist le meilleur chevalier du monde en felonnie et en grant desloiauté, celui que je amai tant pour sa bone chevalerie (ms. Royal, f. 157b) 65 20 Le paragraphe 165 de l’édition Constans-Faral commence avec la rubrique: Coment Achillès ocist Hector par agait. 21 Cette image se trouve surtout dans les témoins de Prose 5: ms. Royal, f. 113v°; ms. BNF fr. 20125, f. 133v°; ms. BNF fr. 22554, f. 116v°; mais aussi dans quelques témoins de Prose 1 et du roman en vers: ms. BNF fr. 1612, f. 63r; Maredsous, Bibliothèque de l’Abbaye, ms. f° 26, f. 53v°. Cf. Jung 1996: 129, 219-20, 519s.; Gil 2002: 162-63 (avec les reproductions de quelques miniatures). Luca Barbieri La source de ce détail est probablement la traduction française de la chronique de Darès qui se trouve dans l’Histoire ancienne jusqu’à César, une longue compilation historiographique composée entre 1208 et 1213 22 . Et tantost vit et perciut Hector, qui toz s’estoit aclinés sor le col de son chival por avenir au riche haume Polibetés, qu’il n’i voloit laissier mie. Achillés, qui ne guaitoit ne ne porpensoit autre choze, brocha le chival des esperons si feri Hector par dederriere de son glaive en descovert si l’en mist plus de .iij. piés ou cors, quar li aubers li estoit un petit souslevés, por ce qu’il s’abaissoit paravant au cors qui gisoit a terre. (Histoire ancienne jusqu’à César, section troyenne, §40, 19-24) La scène d’Achille qui frappe Hector «par derrière» a évidemment touché l’imagination des lecteurs médiévaux, si on en juge à partir de sa diffusion dans les œuvres dérivées du Roman de Troie et de ses représentations iconographiques. Dans cet épisode, le renversement du mythe troyen est total, puisque la scène reprend les éléments de la mort de Patrocle tué par Hector dans l’Iliade, XVI, 786-821: d’abord le dieu Phébus frappe Patrocle par derrière de sa main droite en le faisant tomber par terre; à la suite de sa chute, Patrocle perd son heaume et sa cuirasse se délie; puis Euphorbe le transperce de sa lance, toujours par derrière; finalement Hector donne le coup final dans le ventre de Patrocle à moitié nu, blessé et désormais à bout des forces. On voit très bien le changement de perspective qui fait passer Hector de la condition de guerrier acharné et cruel à celle de victime innocente, alors que la marque de la cruauté gratuite et injustifiée passe du côté des Grecs et colle en particulier à la figure d’Achille. Achille le fou: l’amour malsain pour Polyxène et la mort du héros La folie d’Achille est provoquée par une femme. Achille tombe amoureux de Polyxène, la jeune fille du roi Priam, et à cause de cet amour il renonce au combat (c’est ce qui reste de la colère homérique), devenant ainsi un recreant, qui passe son temps dans un dialogue-monologue avec Amour. L’accusation de recreantise est la plus infamante pour un chevalier, et les amis ne manquent pas de mettre en garde Achille contre les conséquences de sa folie (cf. Roman de Troie, v. 18362-65, 19016-33, 19515-23). Se n’en prenez autre conrei, que vos reveigniez al tornei, ou vostre pris est toz periz, 66 22 La même version de la mort d’Hector se trouve également dans le poème italien connu sous le nom d’Intelligenza, 270, 5-9. Les détails décrits dans ce texte semblent renvoyer encore une fois à l’Histoire ancienne jusqu’à César, c’est-à-dire à la version française de la chronique de Darès, ou à un éventuel «volgarizzamento» italien. Achille et Ulysse dans le Roman de Troie recreanz estes e failliz, sacheiz que li criz de la gent torra sor vos si faitement qu’ainceis qu’acompliz seit li anz, sera del mal dit plus set tanz qu’il n’en fu onques jor dit bien. (Roman de Troie, v. 19515-23) Dans ce dernier cas, c’est Ulysse, envoyé en ambassadeur par Agamemnon, qui évoque devant Achille le risque de perdre en peu de temps l’honneur et la gloire qu’il a conquis au fil des années 23 . À cause de cet amour fou, Achille perd sa raison et sa capacité de discernement, et finit par mourir de manière indigne pour un chevalier, sans armes, sans gloire et sans honneur, dans l’embuscade que Pâris lui tend au temple d’Apollon, lieu d’un faux rendez-vous avec Polyxène (Roman de Troie, v. 22157-316) 24 . Achille est accompagné dans cette fin honteuse par un autre jeune ami, Antilocus fils de Nestor, et dans le passage qui précède la scène de la mort d’Achille, Benoît synthétise de manière admirable la parabole descendante de ce héros, en unissant la description de sa chute finale dans l’abîme de la folie amoureuse à une nouvelle allusion à son ambigüité sexuelle. Amor li a le sein toleit: ne set, ne veit ne n’aparceit; ne dote mort, ne l’en sovient. Ço fait Amors, qui rien ne crient. Tot autresi com Leandès, cil qui neia en mer Ellès, qui tant ama Ero s’amie que, senz batel e senz navie, se mist en mer par nuit oscure, ne redota mesaventure: tot autresi Achillès fait. De rien ne tient conte ne plait; ne crient peril ne encombrier, qu’Amors li fait le sen changier, qui home fait sort, cec e mu. . . . Uns chevaliers esteit sis druz: Antilocus aveit cil non, jovnes, senz barbe e senz grenon. 67 23 On reviendra plus loin sur le rôle d’Ulysse dans cette ambassade. 24 Wilmotte (1914: 111) avait déjà remarqué la différence existant entre la figure héroïque d’Achille dans l’Iliade et son évolution dans le Roman de Troie: «Achille aime, mais il n’est pas aimé . . . Tout le sépare de la fille de Priam, de la sœur d’Hector, et quand il meurt, victime d’un piège tendu assez odieusement par Hécube à son imprudente passion, il nous apparaît plus téméraire qu’héroïque. La tradition homérique a une autre grandeur, parce qu’elle a une autre noblesse». Luca Barbieri Al vieil Nestor ert heirs e fiz, e si sacheiz qu’il ert hardiz e proz e sages e corteis e mout preisiez entre Grezeis. Mout par l’amot danz Achillès: parent esteient auques près. (Roman de Troie, v. 22117-31 et 22144-52) Le portrait d’Ulysse La transformation d’Ulysse en personnage négatif est presque encore plus poussée et plus profonde que celle d’Achille. Cette opération est probablement facilitée par le fait que, malgré les exploits racontés dans l’Odyssée, la figure du roi d’Ithaque était déjà passablement ambigüe dans l’Iliade, et aussi dans les ouvrages latins médiévaux sur la guerre de Troie. Le changement de perspective opéré par Benoît se fait remarquer déjà à partir de la description physique d’Ulysse. Le Roman de Troie le qualifie immédiatement de menteur: De grant beauté, ço dit Darès, les sormontoit toz Ulixès. N’ert mie granz ne trop petiz, mout par ert de grant sen guarniz. Merveilles esteit beaus parliers, mais en dis mile chevaliers n’en aveit un plus tricheor: ja veir ne deïst a nul jor. (Roman de Troie, v. 5201-08) et le texte de la version en prose «commune» reprend en substance celui de Benoît, tout en mettant l’accent sur la trahison des amis, péché plus grave que la simple tricherie. Nous verrons plus loin à quels événements cette allusion fait référence. Ulixès les sormontoit trestous de grant savoir et de soutil enging et de souverainement parler. Jeus et gabois disoit trop volentiers, meis foi ne loiauté n’avoit nule envers ses amis. (Roman de Troie en prose, §71, 5-8) La leçon savoir du texte en prose trahit la source de la compilation, parce qu’elle reprend une variante typique des ms. x (FGLL 1 N) du roman en vers. Mais la version en prose napolitaine, qui reprend le même texte de la version de Rouen, est plus intéressante, car elle n’explicite pas les défauts d’Ulysse, mais se limite à les suggérer à travers la description physique: Ulixés estoit riches, noir et gros, roons, fors et soutils et sages, et li plus biaus parliers du monde. Dyomedés estoit bien riches, grans et gros et quarrés et orgoilleus et amoureus. 68 Achille et Ulysse dans le Roman de Troie Ulixés, de quoi nos avons parlé ci desus, estoit noirs et velus et cras et barbus et bien parlés sus tous ceuls du mon[f. 56c]de, si que en toutes les causes ou il estoit il gaagnoit par sa langue. Pour ce fu si esprouvé et dit qu’il avoit tousjours une pierre pretieuse en sa bouche, la pierre dont nous vous avons ci devant parlé, qui est appellee alectoire. C’est la pierre qui nais el gisier du chapon, et icele pierre fet bien parler, et si guarde celui qui la porte d’avoir soif. Et ovec cele pierre dient pluseur qu’il vainqui maintes grans batailles et maint estour dur et fort. (ms. Royal, f. 56bc) Dans la littérature médiévale, le portrait physique parle aussi des caractéristiques morales d’un personnage 25 . Ulysse n’est pas une personne agréable, et surtout il a les cheveux noirs, signe d’une personnalité ambigüe et négative. Le pendant d’Ulysse chez les Troyens est Énée, qui ressemble au Grec dans la description physique et morale que nous en donne le Roman de Troie, et qui remplira chez Benoît le rôle du traître à la patrie. Comme tous les traîtres du Moyen Âge, Énée a les cheveux roux 26 : Eneas fu gros e petiz, sages e en faiz e en diz. Mout saveit bien autre areisnier e son pro querre e porchacier. Merveilles esteit beaus parliers e en causes dreiz conseilliers. Mout aveit en lui sapiënce, force e vertu e reverence. Les ieuz ot vairs, le vis joios; de barbe e de cheveus fu ros. Mout ot engin, mout ot veisdie, e mout coveita manantie. (Roman de Troie, v. 5461-72) Il sera intéressant de remarquer que dans la version napolitaine, il y a un autre guerrier grec aux cheveux noirs: Achille 27 . 69 25 Je ne m’étends pas sur la référence aux vertus de la pierre alectoire, qui est typique du style et des intérêts du compilateur de la version de Rouen, qui fera l’objet d’une contribution future. 26 La couleur des cheveux dans la littérature du Moyen Âge donne toujours quelques indications sur les traits du caractère de la personne décrite. Les cheveux blonds font partie de la description stéréotypée de la beauté, les cheveux noirs, du moins chez Benoît et ses continuateurs, indiquent une personnalité hypocrite et ambigüe, alors que les cheveux roux sont le signe distinctif du traître. L’archétype de ce personnage est la figure de Judas qui, dans la littérature et dans l’iconographie du Moyen Âge, a toujours les cheveux roux. L’importance des couleurs dans la caractérisation des personnages au Moyen Âge a été mise en relief par les études de Michel Pastoureau, en particulier dans Pastoureau 1999. La caractérisation négative d’Énée est éliminée par le compilateur de la version «commune» (cf. Roman de Troie en prose, §73, 46-49). 27 En réalité, il y a un troisième guerrier grec qui a les cheveux noirs: il s’agit de Netolemus (ms. Royal, f. 57a), homonyme du fils d’Achille, ce qui pourrait expliquer l’analogie physique. Par contre, dans le roman en vers, les cheveux noirs sont aussi la caractéristique d’Ajax (Roman de Troie, v. 5187-200), guerrier de valeur comparable à celle d’Achille, avec lequel il partage aussi quelques caractéristiques physiques et de tempérament. Luca Barbieri Ulysse le meurtrier: la dispute du Palladium Dans le Roman de Troie et dans ses sources 28 , le Palladium est un don envoyé aux Troyens par la déesse Pallas (Minerve dans les sources latines), qui garantit l’invincibilité de la ville de Troie. L’importance de cet objet est décrite dans la version en prose de Rouen, reprise dans la version napolitaine que je copie, avant le récit de l’enlèvement d’Hélène 29 : Et firent .i. temple en la cité trop bel et trop riches et de noble ouvrage en l’onneur et en reverence de la deesse Pallas, qui en guerredon de ceste oevre leur en donna bon guerredon; car elle leur en donna une baniere grant et belle et bien tissue, et si ne pooit nuls hons savoir se elle estoit de lin ou de laine ou de soie ou de quel chose, mes onques homme ne vit plus bele ensengne. Bien fu entremellee d’or et de pierres pretieuses, ne nuls ne sout dont elle vint, mes tuit disoient que dame Pallas lor out envoïe du ciel; car elle descendi devant tous ceuls qui faisoient les sacrefices ou temple, descendi de haut sus l’autel, et leur apris une vois: «Madame Pallas vous envoie ceste ensengne et ce don, et si vous mande que vos le guardés en son honneur et en sa reverence. Car ja tant comme vos l’avrés ne serés vaincus ne pris, ne la cité fondue ne destruite; et saichiés que jamais ne fist en terre plus noble present ne plus riche». (ms. Royal, f. 46c = ms. Rouen, f. 15bc) Dans les pourparlers qui précèdent la trahison de la ville, Ulysse demande à Anténor de pouvoir obtenir en gage le Palladium. Une fois la guerre terminée, cet objet devient le symbole de la victoire des Grecs, et Ulysse et Ajax fils de Télamon se disputent pour sa possession. Les auteurs des versions en prose attirent notre attention sur l’importance de cet épisode en l’anticipant lors de la description du portrait d’Ajax: Li autres Ayax pour voir fu uns rois preus et hardis et corageus. Ce fu cils qui voult avoir le Paladion aprés la destruction de Troie maugré Ulixés, et se vout combatre cors a cors contre Ulixés. Mes tant fist Ulixés par sa langue et par ses belles paroles et par l’aide Agamenon et Menelaus son frere que il out le Paladion; et pour icele achoison fu occis Thalamon [Ayaus dans le ms. de Rouen] ‹par› nuit en traïson, si com nos vous deviserons ça en avant. (ms. Rouen, f. 23d-24a = ms. Royal, f. 56d) Ce trophée, qui remplace évidemment les armes d’Achille de la tradition classique, est gagné par Ulysse grâce à son habilité oratoire, tandis qu’Ajax stigmatise durement la déloyauté et l’hypocrisie de son rival. Le long discours prononcé par le fils de Télamon pour plaider sa propre cause (et celle d’Achille) fournit ainsi à 70 28 Cf. Dictys V, 5, 2-10. 29 L’auteur de la version de Rouen anticipe ici (f. 15bc) la description faite par Benoît aux v. 25373-425 du roman en vers et décrit le Palladium comme une baniere. La version napolitaine intègre ce passage dans son texte; puis, lors de la reprise du passage de Benoît qui précède la trahison (ms. Royal, f. 164d-165a), il décrit le Palladium et se rappelle qu’il avait déjà parlé d’un don de Pallas aux Troyens. Il ajoute donc un court passage qui reprend la description de la bannière en laissant entendre qu’il s’agit d’un objet différent du Palladium. Achille et Ulysse dans le Roman de Troie Benoît l’occasion de dresser un portrait extrêmement négatif d’Ulysse, qui est accusé d’être un menteur, un traître et un mauvais conseiller, et d’avoir permis aux Grecs de gagner la guerre par la ruse et par la trahison et non par le courage et la prouesse: Trop est grant honte et viltance, dont vos ici faites vantance ne dont vos tant cuidez valeir que il vos deie remaneir. Por ço, se vos estes trichiere e decevere e losengiere, e por ço que, par vostre fait, nos sera mais toz jorz retrait que parjures somes e faus e mençongiers e desleiaus, bien nos avez apareilliez, bien en devez estre preisiez, que ço que faire deüsson par proëce, senz traïson, ço nos avez a ço torné dont toz jorz mais seons blasmé, - por c’est bien dreiz qu’il vos remaigne? Cent dahez ait la vostre ovraigne! (Roman de Troie, v. 26705-22) Onc de faire d’eus dous la pais ne vos meïstes en grant fais: mieuz amiëz la descordance que la pais ne la bienvoillance. (Roman de Troie, v. 27005-08) Plus amisseiz, n’en dot de rien, le mal eslire que le bien; de vos n’eissi onques conseiz qui fust leiaus, dreiz ne feeiz. (Roman de Troie, v. 27028-32) Puisque j’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer au sujet de cet épisode (cf. Barbieri 2005), je ne m’attarderai pas sur ce point. Il suffira de dire qu’Agamemnon et Ménélas attribuent le Palladium à Ulysse, malgré les protestations du peuple («honte e vergoigne e tricherie/ a sormonté chevalerie», Roman de Troie, v. 27077- 78), en suscitant la colère d’Ajax qui s’en va en menaçant le fils de Laërte et les deux frères. Les Grecs se préparent pour la nuit avec un sentiment d’inquiétude et de danger imminent. Alors que tout le monde s’attend à un geste violent de la part d’Ajax, aveuglé par la rage et la folie 30 , c’est lui au contraire qui est retrouvé mort au matin, et l’on 71 30 La folie d’Ajax est évoquée dans les tragédies grecques, en particulier dans l’Ajax de Sophocle. Cf. Barbieri 2005: 323 N6. Luca Barbieri ne peut pas dire avec certitude qui est l’auteur du meurtre, même si les soupçons se concentrent inévitablement sur Ulysse et Ménélas, au point que le fils de Laërte est obligé de s’enfuir, abandonnant le Palladium à Diomède 31 . D’ailleurs, même si dans ce passage Benoît suit fidèlement sa source, pour lui il n’y a pas de doutes sur l’auteur du meurtre d’Ajax, comme il l’admet explicitement un peu plus loin, en modifiant le texte de Dictys. Diomède, exilé, essaie de se faire accueillir à Salamine, une ville gouvernée par Teucer, frère cadet d’Ajax, mais Teucer le fait chasser parce qu’il n’a rien fait pour empêcher le meurtre de son frère. Et Benoît de commenter 32 : Ço esteit bien dit et cuidé, qu’il aveit el conseil esté par qu’Ulixès l’aveit mordri. (Roman de Troie, v. 28137-39) La source principale du Roman de Troie est la chronique de Darès, qui raconte la guerre du point de vue des Troyens. C’est donc dans sa source que Benoît trouve les bases d’un renversement du jugement traditionnel qui fait des Grecs les exécuteurs d’une juste vengeance en attribuant à Pâris et aux Troyens la provocation qui est à l’origine de la guerre 33 . Sur ces fondements, le clerc tourangeau développe son idée de translatio imperii en faisant des Troyens de justes persécutés et des Grecs des guerriers cruels, déloyaux et immoraux qui gagnent la guerre par la tromperie et la traîtrise. Mais Darès attribue très peu de poids à la figure d’Ulysse, qui apparaît dans deux ou trois épisodes sans importance 34 . Ici Benoît suit sa deuxième source, la chronique du grec Dictys: c’est lui seul qui raconte la dispute du Palladium, et c’est chez lui que le héros de l’Odyssée commence à assumer une caractérisation sombre et sinistre 35 . La dispute n’est pas décrite dans les détails, mais l’opposition entre la prouesse et la ruse y est bien mise en évidence, et tous les éléments que Benoît 72 31 Sur la mort d’Ajax dans le Roman de Troie cf. Barbieri 2005: 333-39. 32 Le même passage se trouve aussi dans les versions en prose (cf. ms. Rouen f. 125a et ms. Royal f. 179d). Dictys par contre n’attribue pas directement à Ulysse le meurtre d’Ajax; cf. Dictys VI, 2, 23-26: «eo Diomedes expulsus regno et Teucrus prohibitus Salamina a Talamone, scilicet quod fratrem insidiis circumventum non defendisset, conveniunt». 33 Dans le texte de Darès, ainsi que dans le Roman de Troie, le récit de la guerre de Troie est précédé par celui d’une première destruction de Troie opérée par Hercule et ses compagnons. Cette campagne se termine avec l’enlèvement d’Hésione, sœur de Priam, par Télamon. L’enlèvement d’Hélène par Pâris ne serait donc que des représailles légitimes en réponse à la cruauté gratuite des Grecs. De l’union de Télamon et Hésione naîtra Ajax (cf. Logié 2002). 34 Après sa description physique (Darès XIII, 18), Ulysse est nommé lors de ses ambassades à Priam avec Diomède (Darès XVI, 25 et XXII) et de l’ambassade à Achille avec Diomède et Nestor (Darès XXX). Son rôle dans la trahison et dans la chute de la ville de Troie est très marginal (Darès XXXVII, 8 et XL, 4). 35 Cf. Dictys V, 14-15. Achille et Ulysse dans le Roman de Troie développera sont déjà dans sa source. La responsabilité d’Ulysse n’est pas affirmée directement, mais Dictys établit un parallèle très parlant entre le meurtre d’Ajax et celui de Palamède. Benoît n’a qu’à en tirer les conséquences. At lucis principio Aiacem in medio exanimem offendunt perquirentesque mortis genus animadvertere ferro interfectum. Inde ortus per duces atque exercitum tumultus ingens ac dein seditio brevi adulta, cum ante iam Palamedem virum domi belloque prudentissimum nunc Aiacem, inclitum tot egregiis pugnis, atque utrosque insidiis eorum circumventos ingemescerent. (Dictys, V, 15, 18-25) J’ai déjà analysé ailleurs (Barbieri 2005: 334) la transformation du motif classique du suicide d’Ajax vers cette mort mystérieuse qui laisse tout de même un espace important aux différentes interprétations, mais il est évident que, dans cet épisode, le noircissement d’Ulysse touche à son comble et assume des connotations définitives et irréversibles. Les versions en prose reportent le très long discours d’Ajax de manière inégale, en l’abrégeant parfois drastiquement, mais la partie qui contient la caractérisation négative d’Ulysse est toujours présente. Même la version «commune», qui a la rédaction la plus écourtée, et qui se montre souvent assez indulgente envers les Grecs, conserve toutes les accusations d’Ajax contre Ulysse et sa brièveté finit par les mettre encore plus en évidence 36 . Ulysse le traître: la mort de Palamède Le lien étroit qui unit Ulysse et Diomède est mis en évidence dès le début du récit troyen: lors de la présentation des notables grecs, les portraits des deux héros sont contigus (RTroie v. 5201-10 et 5211-24), et certains traits négatifs de la personnalité de Diomède sont calqués sur la description d’Ulysse: La chiere aveit mout felenesse: cist fist mainte fausse pramesse. (Roman de Troie, v. 5213-14) Les versions en prose ne font que reprendre cette description, en ajoutant comme d’habitude d’autres éléments qui vont dans la même direction et qui confirment l’impression d’une complicité étroite et maléfique entre les deux personnages 37 . Les versions de Rouen et napolitaine abrègent les descriptions, mais insèrent de 73 36 La seconde moitié de Prose 1 est inédite. J’ai pu consulter la transcription du ms. BNF fr. 1612 faite par Françoise Vielliard. Le discours d’Ajax se trouve aux f. 126d-127a, qui correspondent au paragraphe 323 de la transcription. Sur le rapport entre les diverses rédactions du discours d’Ajax dans les versions en prose du Roman de Troie et la tradition manuscrite du poème de Benoît, cf. Barbieri 2005: 335-39. 37 Roman de Troie en prose §71, 5-12; ms. Rouen f. 23ab; ms. Royal f. 56bc. Luca Barbieri manière significative le portrait de Diomède entre les deux parties de la description d’Ulysse, comme je l’ai montré plus haut 38 . Dans la suite du récit, Ulysse et Diomède forment un couple fixe sur le champ de bataille 39 et surtout à l’occasion des nombreuses ambassades 40 , dans lesquelles ils adoptent une stratégie qui met bien en évidence leur complémentarité: Diomède provoque l’ennemi avec son impétuosité et ses propos directs à la limite de l’insulte alors qu’Ulysse, avec son habileté diplomatique et sa facilité de parole, gère les accords et les oriente dans la direction voulue. Les ambassades des deux amis n’obtiennent pas toujours les résultats espérés par les chefs de l’expédition. Au contraire, comme il a été observé par Philippe Logié, elles aboutissent souvent à un effet opposé aux intentions 41 . Cela confirme aux yeux des lecteurs l’impression d’ambiguïté et de fausseté suscitée par les portraits des deux personnages. Avec une intervention typique d’auteur, le compilateur de la version de Rouen nous dit qu’une pierre précieuse aux pouvoirs extraordinaires permettait à Ulysse de gagner toutes les causes oratoires auxquelles il participait, et il nous prévient que, lors de l’ambassade infructueuse qui devait convaincre Achille de reprendre les armes, Ulysse a volontairement échoué. En revanche, lors de la dispute du Palladium, il a bien eu recours aux pouvoirs de la pierre pour obtenir une victoire qu’il ne méritait pas. Je cite le texte dans la version du ms. Royal: Iceste maniere de pierre et ices caracteres tels comme il affierent, qui assés sont de petis fais et la pierre de petit pris, elle a vertu trop grant. Icele portoit Ulixés en un anel d’or que il avoit en sa main destre, dont l’en trueve que onques ne requist chose a nullui que il vousist avoir que il n’eüst; et ce soivent tuit que, quant il pria Achillés que il portast armes, que il ne l’en pria mie de cuer, car il pensoit a avoir le los et le pris que Achillés out de ce que il occist Hector. Mes quant toute ‹Troie› fu destruite, si com nos vos conterons ci aprés, il vint a court issi garnis comme il miex pooit, non mie d’armes chevaleresces, mes des pierres precieuses dont nous avons avant parlé; car il estoit sages et soutils, si savoit bien [que] force ne li porroit avoir mestier contre tant de vaillant gent: se par sa[f. 49a]pience ne faisoit son conquest, ja autrement ne l’avroit. Si porta en son doit cel anel et en sa bouche la pierre dont nous avons avant parlé, qui est appellee alectoire, qui nest ou capon, que on doit laver en vin blanc et sa bouche aussi, et puis porter la pierre en sa bouche: cele vaint causes et si guarde l’omme d’avoir soif et a toutes bones vertus qui longues seroient a raconter. Ensint garnis vint Ulixés a court et 74 38 La seconde partie de la description d’Ulysse doit être un ajout du compilateur de la version de Rouen, puisqu’elle se concentre sur les vertus de la pierre alectoire qui permettait à Ulysse d’exceller dans l’emploi de la parole. La première partie des deux portraits, bien que synthétique, reprend le roman en vers, alors que la deuxième description d’Ulysse n’a aucun contact avec les vers de Benoît et dépend d’une source différente. 39 Ms. Royal f. 60ac (épisode du roi Lernesius), f. 94a, 127b, 134bd (conseil de guerre), f. 139c, 145b, 149d, 154c. 40 Ms. Royal f. 61b-62c, 98d-99c, 131b-134a (ambassade à Achille, avec Nestor), f. 162b-165c (conseil de la trahison). 41 «L’ambassade, ici comme dans la chanson de geste, remplit une fonction ambiguë: elle n’a pas pour but véritable de faire la paix, mais de justifier la guerre» (Logié 2002: 246). Achille et Ulysse dans le Roman de Troie seit on bien certainement que malgré tous les barons, par plet et par sa parole sus le pois a tous cels de Grece, par la grace de ses pierres si li fu Palladion donnés et otroiiés. (ms. Royal f. 48d-49a = ms. Rouen f. 17bd) Ulysse et Diomède participent aussi aux pourparlers de la trahison avec Anténor et Énée et, comme nous l’avons vu, Anténor donne à Ulysse le Palladium qui protège la ville de Troie en permettant ainsi la victoire des Grecs. C’est toujours Ulysse qui, dans la version napolitaine, explique à Épius comment réaliser le cheval de bois, le stratagème qui permettra aux Grecs de pénétrer par la ruse et la collaboration des traîtres dans la ville de Troie. Ce détail ne se trouve pas dans les autres versions en prose, ni dans le roman en vers, ni dans ses sources latines; mais l’initiative de l’auteur de Prose 5, qui récupère une ancienne tradition classique, explique bien l’évolution du personnage d’Ulysse, qui concentre sur lui toute action rusée et trompeuse 42 . Et li Grieu ne targierent plus, si firent drecier sus roës celle oevre grant et merveille‹use› qui estoit en four‹me› et en semblance de cheval, que Ulixés, qui estoit sages et de grant enging, avoit devisé et orde‹né› et Nestor avec lui. (ms. Royal, f. 167c) Mais c’est après la fin de la guerre que la vraie nature d’Ulysse se révèle ouvertement. Les fils de Laërte et de Tydée sont les protagonistes d’une série d’épisodes dans lesquels ils poursuivent leurs intérêts personnels contre les autres princes grecs, ce qui leur fait mériter l’étiquette de traîtres, de mauvais conseillers et de meurtriers. C’est Ulysse qui propose de sacrifier Polyxène sur le tombeau d’Achille. Son conseil est accepté et la vengeance est accomplie par Néoptolème, le fils d’Achille. Benoît s’accorde ici avec Dictys, mais il se démarque de sa source en attribuant à ce sacrifice d’une victime innocente l’origine des mésaventures qui caractériseront le retour des Grecs. Dein Polyxena suadente Ulixe per Neoptolemum Achilli inferias missa. (Dictys V, 13, 23-24) E Ulixès dit en apert que l’om l’ameint isnelement al tombel e al monument ou Achillès gist, la l’ocie: «Donc iert la venjance acomplie e li Enfernal apaié, qui de l’aller nos font devié». Creüz en fu; si le feront, mais griefment l’espeneïront, ensi com vos m’orreiz conter, anceis que vienge al definer. (Roman de Troie, v. 26430-40) 75 42 Pour les détails sur l’épisode du cheval de bois et son évolution dans les diverses versions du Roman de Troie, cf. Barbieri 2005: 339-51. Luca Barbieri C’est Ulysse qui dispute le Palladium à Ajax en semant la discorde entre les Grecs. Et c’est toujours Ulysse, avec la complicité de l’ami Diomède, qui est le protagoniste du meurtre odieux de Palamède, épisode dans lequel Benoît fait émerger avec évidence le caractère sournois et trompeur du héros grec. Ce meurtre est raconté par Dictys, dans son style synthétique habituel, vers le début de la guerre: Per idem tempus Diomedes et Ulixes consilium de interficiendo Palamede ineunt, more ingenii humani, quod inbecillum adversum dolore animi et invidiae plenum anteiri se a meliore haud facile patitur. Igitur simulato quod thesaurum repertum in puteo cum eo partiri vellent, remotis procul omnibus persuadent, uti ipse potius descenderet eumque nihil insidiosum metuentem adminiculo funis usum deponunt ac propere arreptis saxis, quae circum erant, desuper obruunt. (Dictys, II, 15, 6-15) Benoît déplace ce récit à la fin de son œuvre (Roman de Troie, v. 27671-867), et pour ce faire il l’introduit comme un conte indirect fait à Nauplus, le père de Palamède, pour le pousser à se venger des responsables. Ulysse, jaloux de Palamède à cause de son autorité et de son ascendant sur les Grecs, aurait écrit deux lettres anonymes pour l’accuser d’avoir volé de l’or que lui-même avait caché sous le lit de Palamède. Celui-ci se défend tellement bien que tous les Grecs sont convaincus par son discours. Ulysse est obligé de modifier sa stratégie et décide d’intervenir publiquement pour soutenir Palamède, dans le but de gagner son estime et sa confiance. Palamède est acquitté. Ulysse et Diomède lui révèlent avoir trouvé un trésor dans un puits qu’ils veulent partager avec lui. Palamède les accompagne et il se laisse convaincre d’entrer en premier dans le puits; quant il arrive au fond Ulysse et Diomède l’écrasent avec des grosses pierres. Dans ce passage, le clerc mélange la version classique de Virgile, d’Ovide et de Servius et celle de Dictys 43 , mais ce qui nous intéresse le plus c’est la surabondance d’expressions négatives associées au nom d’Ulysse. Cette attitude se manifeste dès le début du récit: Cist Nauplus ert en grant dolor: dit li aveit l’om e noncié - ne sai com li fu enseignié - que par merveille e par envie orent son fil geté de vie. Ç’orent fait Greu en l’ost entre eus, que Ulixès, qui tant ert feus, le haeit mout tres mortelment, qu’il par ert de tel escïent qu’en l’ost ne feïssent ja rien, ne haute uevre, ne mal, ne bien, se ço non que il comandast, qu’il vousist e qu’il loast: 76 43 Cf. Barbieri 2005: 357 et N78. Achille et Ulysse dans le Roman de Troie por ço li ert cil haïnos e malvoillanz e engeignos. Ore oëz quel seduction il fist de lui par traïson. (Roman de Troie, v. 27680-96) Pour le lecteur de la rédaction de Benoît, le comportement d’Ulysse et de Diomède dans cet épisode est réellement odieux, et l’inévitable jugement de réprobation auquel il parvient suit la progression d’un climax qui intéresse tout le passage: Palamède est engeignié (27721) par cil qui de traïson fu pleins (27728), c’est-à-dire Ulysse, qui est li feus (27736), li souduianz (27746), le souduiant (27806). Les détails de l’épisode sont omis par la version «commune» en prose, qui attribue l’homicide de manière générique aux Grecs, mais ils sont repris par Prose 3 et Prose 5, qui associent désormais au fils de Laërte une qualification fixe très peu flatteuse: Ulixés li trahitres 44 . Conclusions En choisissant de fonder son récit poétique de la guerre de Troie sur l’autorité de Darès, Benoît de Sainte-Maure fait d’emblée l’aveu de ses intentions. Il accepte un renversement de perspective qui fait des Grecs les méchants envahisseurs et des Troyens les justes persécutés. Cette interprétation était déjà présente dans l’idée de translatio studii et imperii selon la version du Pseudo-Frédégaire, mais la fortune de l’œuvre du clerc tourangeau la relance et la diffuse jusqu’à en faire la tradition de référence pendant tout le Moyen Âge, à quelques rares exceptions près. Elle sera reprise en France par Guillaume de Machaut et Christine de Pizan, en Espagne par le roi Alphonse X dans la General Estoria, vaste œuvre historiographique réalisée à sa cour, en Allemagne par Konrad von Würzburg dans son Trojaner Krieg, en Italie par quelques remanieurs anonymes et par Guido delle Colonne, auteur de l’Historia destructionis Troiae qui marque le retour de la légende troyenne à la langue latine. Le Roman de Troie s’insère dans le sillon ouvert par l’auteur de l’Eneas, qui introduit des histoires d’amour dans le récit des batailles. Les femmes jouent un rôle important chez Benoît: Médée tombe amoureuse de Jason et lui permet de conquérir la Toison d’or; Hélène se laisse séduire par Pâris au commencement de la guerre et son enlèvement déclenche la guerre qui finira avec la destruction de Troie; Briséida, la grande invention du Roman de Troie, exprime ses considérations sur l’amour et la nature féminine partagée entre Troïlus et Diomède; l’amour fou d’Achille pour Polyxène conduit le héros à la mort. Mais l’œuvre de Benoît de Sainte-Maure reste une œuvre épique comme l’a très bien dit Maurice Wilmotte, 77 44 Cf. ms. Rouen f. 121d et 122d, ms. Royal f. 177b et 178a. Luca Barbieri dont j’évoque ici les paroles: «sur 30.316 vers de Troie, 24.000 environ sont consacrés à nous décrire des combats, des préparatifs ou des conseils de guerre, des scènes de rapt ou de cruauté. La tradition épique le veut ainsi. Elle est encore dominante chez Benoît. Les chevaliers vivent la même existence que dans Roland» (Wilmotte 1914: 103). La comparaison avec la Chanson de Roland n’est pas extravagante. Les personnages et les situations du Roman de Troie suivent la dynamique typique de la chanson épique, en tenant compte du fait que Benoît écrit dans un contexte déjà imprégné de courtoisie. Benoît avoue sa dette envers la tradition épique à l’aide de quelques citations bien cachées dans l’impressionnante masse de son œuvre. Le roi Priam déclare vers le début du roman: «Grezeis ont tort, nos avons dreit», un vers qui renvoie immédiatement à l’affirmation analogue de Roland: «Paien unt tort e Chrestïens unt dreit» (Chanson de Roland, v. 1015); les noms de certains chevaliers grecs permettent d’établir un rapport d’assimilation avec les Sarrasins des chansons de geste (cf. Besnardeau 2006: 186s.). Hector, le vrai protagoniste du Roman de Troie, est un Roland courtois. Comme Roland, il est fort, brave, courageux, excellent guerrier et chef charismatique. Comme Roland, il est disposé au sacrifice: il prise plus son honneur et sa gloire que sa vie, il aime mieux la patrie que la famille. Dans la scène emblématique qui précède la mort du héros, Hector repousse sa femme qui, effrayée par ses prémonitions, essaye de le retenir en lui rappelant son rôle de père et de mari, et en faisant appel à l’autorité de Priam: Hector de rien ne s’asopleie ne por l’enfant ne s’amoleie: nel reguarde ne n’en tient plait. Ja li orent son cheval trait: monter voleit, n’i aveit plus. «Sire», fait il, «itel folie com fu solement porpensee? Por une fole, une desvee, que son songe vos a retrait, quos entremetez de tel plait? N’avenist pas! Ço di por veir, trop i porrai grant honte aveir, se jo remaing por tel afaire» (Roman de Troie, v. 15491-95 et 15582-89) Cette scène n’est pas sans rappeler le dialogue entre Olivier et Roland dans la Chanson de Roland (laisses LXXXIII-LXXXVII): le premier, constatant la supériorité écrasante des Sarrasins, invite Roland à sonner son Olifant pour rappeler le roi Charles avec le gros de l’armée; le second refuse de crainte que cette faiblesse ne lui fasse perdre son honneur. Mais Hector, à la différence de Roland, a toutes les caractéristiques du parfait chevalier courtois. Son excellence en courtoisie est rappelée par Benoît quand il dresse son portrait: 78 Achille et Ulysse dans le Roman de Troie De corteisie par fu teus que cil de Troie e l’oz des Greus envers lui furent dreit vilain: onc plus corteis ne manja pain. De sen e de bele mesure sormontot tote creature, n’onques por joie ne por ire ne fu menez jusqu’al mesdire ne a sorfait n’a nule faille: ja mais n’iert cors d’ome quil vaille. (Roman de Troie, v. 5353-62) Dans le Roman de Troie, Achille est un Hector à l’envers. Sa valeur dans la bataille égale celle du prince troyen, mais les vertus courtoises lui font défaut. Si Hector se distingue par sa sagesse et sa mesure, chez Achille tout est folie et excès. Il excède dans sa fureur dans la bataille, il excède en cruauté envers les ennemis, il excède dans les manifestations de son tempérament, il a des accès de colère avec les amis, il devient dépressif quand les choses tournent mal. Enfin, il est excessif aussi en amour, qu’il s’agisse d’aimer un homme (et dans ce cas l’excès coïncide avec le fait lui-même) ou une femme. En effet, ce chevalier intraitable et insensible tombe dans le paradoxe d’Aristote chevauché 45 : le guerrier misogyne et homosexuel qui veut ignorer les femmes se perd pour l’amour d’une femme. Sa passion pour Polyxène lui fait perdre la raison, l’honneur et la vie. L’altération des personnalités d’Hector et d’Achille, qui renversent leurs rôles par rapport à la tradition classique, procède à la même vitesse que le changement de perspective qui fait préférer les Troyens aux Grecs. Cette relecture qui caractérise la perception que le Moyen Âge avait des mythes de l’Antiquité est déjà présente chez Darès, mais c’est Benoît de Sainte-Maure qui la développe et la radicalise. Dans les versions en prose du Roman de Troie, elle parvient à son accomplissement 46 . Nous avons vu que la version «napolitaine» attribue à Achille des manifestations de cruauté que l’Iliade attribuait à Hector. La matière antique est pliée 79 45 La figure du philosophe grec est inévitablement évoquée dans la tradition du Roman de Troie. Au moment de parler de la folie amoureuse d’Achille, Benoît fait référence à Salomon (v. 18045-46, avec Samson et David, et 18452), qui dans sa vieillesse se laissa détourner par ses femmes vers les dieux païens (1 R 11, 4-5). En correspondance avec ce passage, le compilateur de Prose 1 augmente la liste d’hommes illustres dupés par amour, dont les noms sont tirés en prévalence de l’Ancien Testament: Adam, David, Salomon, Samson, Oliferne, Virgile et Merlin (cf. Roman de Troie en prose, §190, 12-13 et §198, 41-56). L’auteur de Prose 5, frappé par l’analogie entre l’épisode d’Achille et Polyxène et l’anecdote du philosophe chevauché, remplace Merlin par Aristote (cf. ms. Royal, f. 125c). 46 Benoît le reconnaît dans son prologue quand, en louant le Darès historien, il admet que « . . . s’il ert des Troïens, / ne s’en pendié plus vers les suens, / ne mais que vers les Grezeis fist» (Roman de Troie, v. 113-15). Par contre, nous surprenons dans un passage de transition du Roman de Troie une affirmation extrêmement explicite et digne d’un partisan: «Mais, ainz que fust prime de jor, / furent josté li nostre as lor» (Roman de Troie, v. 23855-56). Luca Barbieri sans aucun souci philologique aux nouvelles exigences littéraires et politiques de la translatio studii et imperii 47 . Si Benoît trouve en Darès les sources pour la transformation en négatif du personnage d’Achille, il n’en est pas de même dans le cas d’Ulysse. Nous avons vu que le fils de Laërte a un rôle extrêmement limité dans l’Historia destructionis Troiae. C’est donc à Dictys que l’auteur du Roman de Troie fait recours pour dessiner la figure d’Ulysse. Si Darès maintient une attitude assez équilibrée malgré sa sympathie pour la cause troyenne, Dictys, qui est un combattant grec, est beaucoup plus explicite dans le choix de son camp: chez lui, les Grecs sont toujours pacifiques, cultivés, loyaux, respectueux de la morale, tandis que les Troyens sont agressifs, frustes, faux et immoraux. Pourtant, c’est précisément chez Dictys qu’Ulysse, qui joue un rôle primaire dans les événements de la guerre, est dépeint sous une lumière négative et défavorable: à partir de son idée de sacrifier Iphigénie aux dieux (I, 20-22), jusqu’au meurtre de Palamède (II, 15 et 29), à la lutte contre Ajax (III, 19), à la négociation de la trahison (V, 7-8), au sacrifice de Polyxène (V, 13) et à la dispute du Palladium (V, 14-15). À bien regarder, on peut comprendre la raison de cette contradiction apparente. Dictys oppose souvent Ulysse à Achille, et par ce biais il veut probablement montrer que les Grecs n’ont pas gagné la guerre par la ruse et la trahison, mais grâce à la valeur de leur guerrier le plus redoutable. C’est en tout cas à partir de ce portrait d’Ulysse que Benoît développe son interprétation. Le clerc tourangeau doit à Dictys beaucoup plus que ce que la critique n’a admis jusqu’à maintenant. Il ne se limite pas à lui emprunter la partie finale du récit, que Darès ne pouvait pas écrire. Il récupère tout au long de l’Éphéméride les épisodes qui pouvaient servir à son interprétation; l’épisode du meurtre de Palamède, nous l’avons vu, est pris d’un des premièrs livres de l’œuvre de Dictys pour être collé à l’aide d’un stratagème à la fin du Roman de Troie. Mais Benoît doit surtout à Dictys la couleur sombre qui caractérise la partie finale de son roman, dès la fin de la guerre jusqu’au retour des Grecs. L’auteur du Roman de Troie, lié comme nous l’avons dit à un idéal de chevalerie en même temps épique et courtois, partage la condamnation de la ruse et de l’astuce trompeuse. C’est ainsi qu’Ulysse devient dans la tradition troyenne française un personnage désagréable, ambigu, sournois, douteux: un menteur, un trompeur et un traître. Comme d’habitude, les versions en prose du Roman de Troie ren- 80 47 À cause des arguments que j’ai exposés ici, je ne peux partager les conclusions de Wilfrid Besnardeau (2006: 195-96): «Benoît tâche de concilier les deux camps, comme lors des nombreuses scènes de trêve: son but prend alors une dimension idéologique. S’il ne peut complètement accabler les Grecs, s’il ne peut complètement défendre les Troyens, c’est que les deux sont équivalents». Ces conclusions sont tirées à partir d’un discours d’Anténor, figure du traître à la patrie chez Benoît, qui ne peut donc pas exprimer la pensée de l’auteur du Roman de Troie. D’ailleurs, l’expression de l’estime pour les ennemis est aussi typique des chansons de gestes, et il a été démontré que les descriptions des chrétiens et des sarrasins dans la Chanson de Roland obéissent à des critères analogiques et symétriques. Certaines figures de païens ne sont pas dépourvues de dignité, et l’auteur chrétien les regarde parfois avec une admiration secrète. Achille et Ulysse dans le Roman de Troie chérissent et ajoutent de nouveaux détails pour corroborer l’interprétation de l’œuvre en vers: c’est le cas par exemple de l’invention du cheval de Troie, qui est attribuée à l’initiative d’Ulysse seulement dans la version en prose «napolitaine» 48 , ou de la série d’épisodes qui racontent la complicité entre le fils de Laërte et Diomède. La marque infamante de conseiller frauduleux restera collée à Ulysse, malgré une certaine atténuation de ce jugement négatif vers la fin du poème. Les errements du héros sont racontés par Benoît d’une manière plus neutre, selon le style des chroniques, mais ils sont néanmoins l’expression de la punition divine pour ses méfaits, et le roman s’achève sur la mort d’Ulysse, alerté par une prémonition à laquelle il oppose des précautions inutiles, tué fatalement par son fils Télégonos, fruit de sa relation avec Circé. La version de Benoît et de ses continuateurs a peut-être contribué à la création de la figure d’Ulysse dans la Divine comédie de Dante. La tradition troyenne française eut une large diffusion en Italie, et avec elle la caractérisation négative de Diomède et surtout d’Ulysse. Il n’est pas invraisemblable que cette tradition ait pu être connue de Dante. Le poète florentin n’était pas seulement le probable auteur de la traduction italienne en vers du Roman de la Rose 49 , il était aussi un profond connaisseur de la littérature en langue d’oc et d’oïl, comme cela paraît évident en lisant le De vulgari eloquentia. Le chapitre 10 du premier livre révèle que ses connaissances ne se limitent pas à la lyrique des trouvères et des troubadours; dans ce chapitre, Dante déclare que la langue française était particulièrement adaptée aux œuvres en prose telles que l’Histoire ancienne jusqu’à César, les Faits des Romains et les aventures du roi Arthur 50 . La deuxième rédaction de l’Histoire ancienne contient, on le sait, la version en prose «napolitaine» du Roman de Troie. De fait, la collocation d’Ulysse dans le cercle des conseillers frauduleux s’expliquerait mieux en supposant une connaissance de la tradition française du Roman de Troie plutôt qu’en partant des sources latines habituellement évoquées par la critique italienne 51 . Comme Paolo et Francesca reconnaissent l’étincelle qui a fait naître leur amour adultère dans la lecture d’un Lancelot, ainsi Ulysse devrait sa position en enfer à la fidélité de Dante à la tradition latine et française médiévales de la matière troyenne. Mais chez le grand poète-théologien, le respect de la tradition constitue la structure formelle du poème, qui n’empêche pas un élan révolutionnaire de valorisation de tout ce que son expérience littéraire et humaine a pu connaître. La compassion pour l’amour adultère et courtois qui liait les 81 48 Cf. ms. Royal, f. 166d. 49 Le débat sur la paternité de la couronne de sonnets appelée Fiore, attribuée à Dante par Gianfranco Contini, est toujours ouvert, et dernièrement le parti des opposants à cette attribution s’est renforcé. 50 Probablement les continuations des romans de Chrétien de Troyes, comme par exemple le Lancelot en prose et la Mort le roi Artu, auxquels Dante fait des références concrètes dans Banquet IV, xxviii, 8; Enf. V, 127-138; Enf. XXXII, 61-62 et Par. XVI, 14-15. 51 Essentiellement l’Énéide de Virgile et l’Achilléide de Stace. Luca Barbieri amants de Rimini 52 et la participation affective au désir de connaissance qui animait Ulysse, dans lequel Dante voit le sommet de la raison humaine, trouvent également leur place dans cette valorisation. Pour l’extraordinaire homme du Moyen Âge qu’était Dante, cela ne constitue pas une prise de distance des préceptes de l’Église, mais, au contraire, la réalisation de l’exhortation de saint Paul: «omnia autem probate, quod bonum est tenete» (1 Th 5, 21). Genève Luca Barbieri Bibliographie Adler, A. 1960: «Militia et amor in the Roman de Troie», RF 72: 14-29 Babbi, A. M. 2000: «L’Ulisse medievale tra romanzo e allegoria», in: A. M. Babbi/ F. Zardini (ed.), Ulisse da Omero a Pascal Quignard, Verona: 183-97 Barbieri, L. 2005: «Qui a tué Ajax, fils de Télamon? De la double mort d’un héros et d’autres incohérences dans la tradition troyenne», R 123: 321-59 Baumgartner, E. 1996: «Benoît de Sainte-Maure et l’art de la mosaïque», in: L. Rossi (ed.), Ensi firent li ancessor. 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Selected papers from the 5 th Triennal Congress of the Inter- 82 52 Dans le même cercle de Paolo et Francesca, celui des luxurieux, se trouvent aussi Pâris et Hélène, Tristan et Achille, «che con amore al fine combatteo» (Enf. V, 66). La source latine de l’amour d’Achille pour Polyxène est le commentaire de Servius à Aen. III, 321, mais encore une fois on peut voir dans cette référence un souvenir du Roman de Troie. Achille et Ulysse dans le Roman de Troie national Courtly Literature Society, Dalfsen, The Netherlands, 9-16 August 1986, Amsterdam/ Philadelphia: 179-90 Faral, E. 1969: «Comment s’est formée la légende de l’origine troyenne des Francs», in: Id., La légende arthurienne. Études et documents, vol. 1, Paris: 262-93 Gil, M. 2002: «Le cycle d’illustrations du Roman de Troie en prose de Benoît de Sainte-Maure dans le milieu bourguignon: le cas du ms. f° 26 de l’abbaye de Maredsous (Arras ou Cambrai, vers 1450)», in: J.-Ch. 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Il faut avouer qu’a priori ce lexique ne semble pas très propice aux études variationnelles, tant il est soumis à des facteurs de stabilité. De façon intentionnellement réductrice, on pourrait aisément présenter ainsi les quatre ordres de la variation: au plan diachronique, les concepts ne se modifient pas, la référence au latin et le succès pluriséculaire de nombreuses traductions ou compilations contribuent sensiblement à la fixité du lexique savant. Faiblement héréditaire, ce lexique est peu touché par la différenciation géographique, sinon marginalement dans ses réalisations graphiques et phonétiques. Composés par des clercs de culture latine autant que française et destinés à une noblesse au moins frottée de latin, les textes savants français sont au Moyen Âge assez peu soumis aux variations diaphasiques et diastratiques. Faisant la part belle aux procédés de traduction comme facteurs de variation, les quelques études qui se penchent sur la question pâtissent d’une vision trop naïve du fonctionnement sémiotique. Adoptant une nouvelle approche, je tenterai de situer la variation à l’intérieur d’un schéma sémiotique global. Pour ce faire, je commenterai un schéma inspiré de celui proposé par M.-D. Gleßgen et F. Lebsanft 2 . Grâce à une meilleure compréhension du fonctionnement sémantique des mots de civilisation romaine en français médiéval, j’espère pouvoir dégager quelques principes explicatifs de leur variation. 1 Cf. Ducos 2006: 553-55, ainsi que Ducos 1998: 218-29. 2 Donné en dernier lieu dans Glessgen 2007: 239-42. Ce schéma s’inspire de celui de Raible 1991 et plus nettement encore de celui de Blank 1997: 148. Sémiotique des mots de civilisation romaine en français médiéval 85 Proposition de schéma sémiotique adapté aux mots de civilisation romaine en français médiéval 1. Absence de référent La notion de «civilisation» est relative et oppositive, puisqu’elle suppose la perception d’un ensemble cohérent d’activités collectives en opposition avec celles d’une société donnée (Duval 2006a). Ainsi, les «mots de civilisation» sont des signes qui réfèrent à des concepts étrangers à la société qui les emploie et perçus comme propres à une société ou à un ensemble de sociétés. Ils se définissent donc négativement: ce qui appartient au monde commun en est exclu. Le concept signifié par quercus en latin et par chêne en français a peu de chances d’être considéré comme propre à la civilisation romaine, étant donné que le locuteur médiéval est en contact avec le référent de ce concept, tout comme l’était le locuteur romain. Le monde de la civilisation à signifier est par définition inexistant dans le monde du locuteur qui nous occupe: cette absence provient d’une altérité spatiale et/ ou temporelle. Pour les mots de civilisation romaine en français médiéval, l’altérité est double. Bien sûr, l’ensemble du monde romain n’a pas disparu, mais c’est justement la partie du monde romain la plus étrangère au Moyen Âge qui est susceptible d’être conceptualisée puis verbalisée en un «mot de civilisation romaine». On pourrait objecter que des ruines antiques étaient encore visibles, mais en l’absence de reconstitution archéologique ou historique, ces édifices ne pouvaient générer le même concept au Moyen Âge qu’à l’époque de leur construction. Dans l’ensemble des textes dépouillés pour la constitution de la base de données lexi- Frédéric Duval 86 cales, la seule allusion à un référent d’époque romaine apparaît dans la traduction de la Cité de Dieu de saint Augustin par Raoul de Presles: «Ces theatres ou amphitheatres aucunes foys sont appellés les araines, pource que la se faisoyent les giex de pris et de exercitement, dont tu as encores a perpetuelle memoire de ce les araine de Nimees [sic]» 3 . Cette allusion est tout à fait exceptionnelle. La connaissance de l’Antiquité, surtout dans le nord de la France francophone, est exclusivement livresque et passe majoritairement par la langue latine. Le carré sémiotique proposé par M. Gleßgen et F. Lebsanft ne saurait donc expliquer le fonctionnement sémantique des mots de civilisation, dont la spécificité est l’absence de référent, tant concret que mental. L’homme médiéval n’est jamais en contact avec une toge (référent concret) et n’a pas accès au référent mental de édilité par l’intermédiaire d’un référent concret, comme le magistrat investi de cet office. 2. Concept Les schémas sémiotiques s’accordent à faire naître le concept du monde: le référent serait à l’origine de la conceptualisation. Comment, dans ces conditions, expliquer l’existence de concepts associés aux mots de civilisation, dont le trait distinctif est de ne renvoyer à aucun élément du monde actuel? La réponse réside dans un rééquilibrage du carré sémiotique par l’intégration d’un système sémiotique exogène, en l’occurrence latin. On peut définir le concept comme une abstraction du référent par accumulation d’un savoir encyclopédique suscitée par l’intérêt porté à ce même référent. Force est de constater que les concepts associés aux «mots de civilisation» accumulent également un savoir encyclopédique, dont l’origine n’est pas référentielle mais linguistique. Le concept est généré par l’actualisation graphique (ou phonique) à l’époque médiévale d’un signe latin verbalisant un concept considéré comme spécifiquement antique, lui-même généré par un référent antique. C’est donc autour du signe latin que s’agglomèrent des informations encyclopédiques qui dépassent le cadre du noyau dénotatif (contenu sémémique de F. Lebsanft et M. D. Gleßgen). Ces informations sont parfois verbalisées en latin sous forme de gloses, de définitions ou bien se déduisent de l’emploi contextuel du signe et de son réseau sémantique. Elles se substituent au monde pour régénérer un concept disparu. Le latin verbalise tous les concepts civilisationnels dont le français a besoin pour mettre en signes la civilisation romaine. Plus encore, les signes latins ont découpé le monde antique et délimité les concepts. La règle selon laquelle les concepts (du domaine de la pensée) ne varient pas d’une langue à l’autre n’est pas fondée pour les concepts associés à des mots dits 3 Raoul de Presles, traduction de la Cité de Dieu de saint Augustin (1371-1375), ms. Paris, BNF, fr. 22912, II.4 glose, f. 45c. Sémiotique des mots de civilisation romaine en français médiéval de civilisation. Les concepts sont conditionnés culturellement et se modifient en l’absence de référent. Or les concepts associés à une civilisation sont par définition fortement connotés culturellement, au point de ne pas exister en dehors d’une référence à ladite civilisation. Les concepts régénérés par les signes latins ne peuvent pas recouvrir le concept du locuteur de la Rome antique, et ce pour trois raisons principales: - l’absence de référent limite les connaissances encyclopédiques qui peuvent s’agglomérer au concept. Sans avoir disparu, le référent peut avoir subi de profondes modifications depuis la période antique, qui en modifient profondément l’encyclopédie. Ainsi les concepts relevant de la rhétorique ne sont plus au Moyen Âge associés à l’idéal social et intellectuel de l’orateur antique ni même à la pratique judiciaire, la rhétorique étant principalement employée pour analyser des textes écrits et apprendre à en produire ou bien à l’oral dans le cadre de la prédication. Si bien des concepts propres à la civilisation romaine ont disparu à l’époque médiévale, le savoir encyclopédique qui y est associé quand ils sont «régénérés» a également souffert, faute de référent. Dans certains cas, il semble que les données encyclopédiques se réduisent presque au noyau dénotatif. Le concept de ¢pedaturaÜ, rarement verbalisé en latin, l’est en français dans une traduction anonyme de Végèce, datée de 1380: «Car chascune centurie, c’est a dire la compaignie centeniere de l’ost, a sa pedature - c’est sa place - selon ce que les maistres et les mesureurs du champ le devisent» 4 . L’encyclopédie ajoutera peut-être au contenu dénotatif que ce concept semble lié à l’installation d’un camp militaire romain et, grâce à l’étymologie, que la mesure se fait par pieds ou pas. Le savoir encyclopédique est donc quasiment nul pour certains concepts antiques. - l’interaction avec le monde contemporain est inévitable. En l’absence de référent antique, le concept peut renvoyer par analogie à un référent du monde contemporain qui va à son tour modeler le concept ou lui apporter une information de type encyclopédique. Ainsi le concept ¢galeaÜ se trouve rapproché de celui de ‹heaume›, associé à un référent de la civilisation médiévale. Le signe servant à verbaliser et la coréférence nous indiquent la nature et la fréquence de ces associations analogiques. Le signe latin galea est ainsi presque toujours rendu en français par heaume. De même, le concept ¢legioÜ est fortement tributaire de l’organisation militaire médiévale, puisque la plupart des gloses françaises laissent entendre que ce corps de troupes était composé de cavaliers (chevaliers ou hommes d’armes) et non de fantassins. La distance référentielle du concept antique avec le monde contemporain a des incidences fortes sur la verbalisation. Elle explique notamment l’emprunt au la- 87 4 Cf. Löfstedt et al. 1989. Texte latin correspondant: Nam singulae centuriae, diuidentibus campidoctoribus et principiis, accipiunt pedaturas et, scutis uel sarcinis suis in orbem circa propria signa dispositis, cincti gladio fossam aperiunt (Végèce, Epitoma rei militaris, III.8). Frédéric Duval 88 tin (qui renvoie explicitement à un concept antique) ou bien l’utilisation d’un signe appartenant déjà au français, associé à un concept qui n’est pas spécifiquement antique. Prenons par exemple la différence de traitement des signes lexicaux latins lorica et toga dans les traductions médiévales françaises. La représentation mentale de ¢loricaÜ rapproche ce concept de celui de ¢haubertÜ, alors que le concept de ‹toga› ne se prête pas à ce type de translation référentielle. Du coup, lorica est rendue par haubert et toga par tog(u)e. Lorsque la distance référentielle se réduit sous l’effet de l’analogie, le signe français tend à quitter le champ des mots de civilisation. - le réseau sémantique du français a une incidence sur le concept. Je ne voudrais pas m’étendre sur ce point qui touche à des options théoriques fondamentales. Faut-il, en effet, considérer que la structure de la langue influe sur celle de la pensée? Si l’on admet après Saussure que l’extension sémantique d’un signe est limitée par celles des autres signes, il faut en déduire que la structuration d’un champ sémantique a une incidence certaine sur celle des concepts associés aux signes. E. Coseriu a combattu cette idée (cf. Lara 1983). En tout cas, il est possible que la verbalisation contribue à la restriction ou à l’extension du concept. À ce stade, seule m’intéresse la variation du concept. Ce concept, on l’a vu, est dépendant du signe linguistique à deux niveaux: au niveau de sa (ré)génération par le signe latin d’abord, au niveau de sa verbalisation par un signe français ensuite. Le corpus latin considéré dessine les contours du concept médiéval. Pour les mots de civilisation romaine, le corpus repose sur des auteurs de l’Antiquité classique et quelques textes de l’Antiquité tardive rédigés dans une langue littéraire fortement normalisée. Le corpus est en somme homogène et peu variant, particulièrement apte à servir de corpus lexical de référence. Chaque concept trouve sa réalisation lexicale dans un seul signe latin. Cette situation favorise une stabilité des concepts médiévaux. La variation dépend également de l’encyclopédie relative au concept exprimé par le signe latin: elle peut être extrêmement réduite, comme dans l’exemple cité extrait de Végèce ou bien étendue, lorsque le signe lexical latin est fréquent. Plus que l’analyse des contextes, qui exige un effort d’abstraction poussé, des gloses et définitions contribuent parfois à un accès aisé au concept. L’ampleur du savoir encyclopédique disponible est décisive pour la verbalisation du concept, car elle permet au locuteur médiéval de classer ou non le concept dans la catégorie différentielle «civilisation romaine» et l’oriente soit vers l’emprunt soit le mot commun. La variation du concept dépend enfin de la pression référentielle, c’est-à-dire de la plus ou moins grande prise en compte d’un référent actuel, analogique du référent disparu. La pression référentielle est elle-même tributaire de plusieurs critères. La richesse du champ sémantique français dans lequel le concept verbalisé est à prendre en compte: plus un champ sémantique est riche, plus la probabilité est grande qu’un concept déjà verbalisé influe par analogie sur le concept antique, voire s’y substitue. Ainsi, l’armement défensif, très développé au Moyen Âge, a géné- Sémiotique des mots de civilisation romaine en français médiéval ré de nombreux concepts analogues aux concepts romains du même domaine. À l’époque médiévale, le concept touchant à l’armement défensif romain aura tendance à être remplacé par le concept médiéval senti comme équivalent: ¢scutumÜ par ¢escuÜ, ¢loricaÜ par ¢haubertÜ, ¢galeaÜ et ¢cassisÜ par ¢heaumeÜ. Au moment de la verbalisation, la pression référentielle peut se traduire par l’utilisation d’un signe appartenant à la langue courante, ce qui n’est pas sans incidence à l’autre bout de la chaîne communicative, pour le lecteur ou pour l’auditeur. Lorsque Simon de Hesdin rend theatrum par theatre dans sa traduction de Valère Maxime et qu’il consacre plusieurs feuillets à expliquer à ses contemporains ce qu’était le théâtre antique 5 , il entend régénérer le concept antique, mais le signe lexical theatre renvoie ses lecteurs, du fait de la pression référentielle, aux représentations théâtrales médiévales, qui nourriront à leur tour une partie de l’encyclopédie, même à titre négatif. À côté des critères linguistiques, la configuration diastratique et diaphasique de l’énonciation médiévale influe sur la conceptualisation: une traduction savante s’adressant à des lecteurs latinistes mobilisera un savoir encyclopédique différent de celui d’un mystère hagiographique destiné à être oralisé devant une foule. 3. Du concept au signe lexical français 6 Une fois généré par le signe latin, le concept est verbalisé par un ou plusieurs signes français qui le spécifient, élargissent son utilisation et approfondissent sa catégorisation. L’interaction entre le signe français et le concept éloigne ce dernier davantage encore du concept antique original. À ce niveau, on distingue une variation entre la verbalisation du concept par un signe lexical unique ou par un ensemble de signes qui le «paraphrasent». Ainsi le concept ¢centurioÜ peut être signifié par centurion ou centoniere 7 , mais aussi par «capitaine chevalier dont chascun avoit cent chevaliers souz soi» 8 . Comme pour les autres signes lexicaux, il convient de considérer la variation d’ordre syntagmatique et la variation d’ordre paradigmatique. Au sein d’un énon- 89 5 Ms. Paris, BNF, fr. 9749, f. 99b et suivants. 6 La «langue» du schéma Lebsanft/ Gleßgen a été remplacée dans le nôtre par «signe» pour éviter l’opposition saussurienne entre «langue» et «parole». Comme E. Coseriu, je pense en effet que cette opposition est fausse: «Ainsi, quiconque analyse la doctrine saussurienne doit garder présent à l’esprit que ce qui est discutable n’est pas la distinction entre parole et langue, qui est inattaquable (évidemment, la langue n’est pas la même chose que la parole), mais plutôt le sens antinomique que leur donne Saussure, en transformant cette distinction en une séparation de fait. Comme dans la formulation de Hegel, la langue est le système de la parole, et non quelque chose qui lui est concrètement opposé» (Coseriu 1958: 207 N32). 7 Pierre Bersuire, traduction de Tite-Live (1354-1356), ms. Paris, BNF, fr. 263, f. 288a. 8 Jean de Vignay, Miroir historial (traduction) (ca. 1330), VII.35, ms. Paris, BNF, fr. 312 (1396), f. 250b. Frédéric Duval 90 cé, la relation au concept ne se limite pas à un signe, mais est induite par le discours. Dans un texte relatif à l’Antiquité, le substantif conseiller peut renvoyer au concept de ¢consulÜ, ce qui est improbable dans tout autre contexte. L’association à ce concept peut être stimulée par la co-occurrence de mots renvoyant à des concepts associés à celui de ‹consul›, comme dans l’exemple suivant où les substantifs compaignon et coadjuteur rappellent le partage du pouvoir entre deux consuls: Quant Brutus le vaillant conseillier fut mort comme dit est, Valerius son compaignon, qui demeura et fist faire ses solennité funeralles ainsi qu’il appartenoit, demanda aux senateurs et au commun de la ville qu’on luy baillast ung coadjuteur (Antoine Vérard, Orose en françois, éd. Paris, 1491, t. 1, f. 151c). L’étude de la variation syntagmatique doit tenir compte du genre de discours, de ses destinataires, de la présence ou de l’absence de gloses, de l’insertion du signe lexical dans un polynôme synonymique et des phénomènes de coréférence. L’ensemble de ces éléments permet, entre autres, de mesurer la normalisation d’un signe lexical (en termes saussuriens, son intégration dans la langue) et de traiter conjointement les phénomènes de variation et de normalisation. Historiquement, le lexique des mots de civilisation romaine en français s’est constitué grâce à des traductions-adaptations, d’abord de récits hagiographiques se déroulant à l’époque romaine, puis de textes d’histoire romaine compilés. L’histoire ancienne jusqu’à César et surtout les Faits des Romains (1213-1214) marquent un pas décisif. Riches en mots de civilisation, les Faits des Romains s’ouvrent sur un court glossaire des principales institutions romaines. Des micro-champs thématiques très structurés se mettent en place au sein de chaque traduction. Il importe d’étudier la variation idiolectale à l’intérieur de ces champs, afin de comprendre comment on est passé d’une juxtaposition de champs thématiques idiolectaux à des paradigmes normalisés au niveau sociolectal. 4. Du signe latin au signe français 4.1 Présentation générale Pour verbaliser le nouveau concept, le locuteur peut utiliser un mot déjà existant en français ou bien en créer un nouveau. La polysémie se révèle d’ordinaire insuffisante pour régénérer un concept attaché à la civilisation romaine, parce qu’elle fonctionne par extension sémantique alors que la notion de civilisation suppose une rupture avec les concept existants. Parfois, un amorçage sémantique efficace et appuyé, comme dans l’exemple cité plus haut de conseiller, permet à la polysémie d’être effective. Mais bien souvent l’amorçage ne suffit pas. Quand dans une histoire romaine en français, un auteur emploie prevost, le lecteur comprend qu’il ne Sémiotique des mots de civilisation romaine en français médiéval s’agit pas du concept contemporain de ¢prévôtÜ et il conceptualise un équivalent antique du prévôt contemporain. La modification touche-t-elle uniquement le concept ou bien s’étend-t-elle au noyau dénotatif auquel elle ajouterait l’attribut «Antiquité»? Si l’on admet une modification dénotative (ou du contenu sémémique), il faut alors parler de polysémie ou au moins de «micro-polysémie». Toujours est-il que le concept actualisé par la réalisation graphique du signe sera bien éloigné du concept antique de ¢praetorÜ dont prevost est une traduction courante. Le locuteur se voit souvent contraint de créer un nouveau signe pour verbaliser un concept antique. Comme il s’agit de signifier des concepts caractéristiques de la civilisation romaine dont les référents ont disparu, le degré zéro mais aussi le plus précis de la nomination, qui ne se prête ni à la confusion sémantique ni à la polysémie ou à l’anachronisme, est l’utilisation d’un signe lexical latin sans modification. Cette pratique est relativement courante au XIII e siècle dans plusieurs traductions inédites de Végèce. La traduction anonyme du manuscrit Saint-Pétersbourg, Bibliothèque nationale de Russie, Fr. F. v. IX, 1 (dernier quart du XIII e siècle), présente des passages de ce type 9 : Ordinarii sunt només siaus qui estoient premiers en la bataille et conduissoient les ordenemens. Asgustiales estoient siaus qui estoient conjoint as ordenarii par le comandement de Agust. Flainales [sic] estoit en senblance des agustalii conjoint a la legion par le comandement de Vaspasciens enpereor. Auquiliferi estoient siaus qui portoient la figure de l’enpereor. Obciones estoient siaus qui estoient mis au leue de lor greignors qui estoient contraint de maladies. Siniferi estoient siaus qui portoient enseignes, qui sunt ores només dragonarii. L’archéologie et l’historiographie romaines recourent de plus en plus à cette pratique aujourd’hui. Dans la plupart des cas, le processus d’emprunt se double d’une acclimatation phonologique, graphique et morphologique. C’est par l’intermédiaire de la concrétisation graphique de signes lexicaux latins verbalisant des concepts propres à la civilisation romaine que le locuteur français a accès au signe latin et à son noyau dénotatif. En cas d’emprunt, le noyau dénotatif du signe latin influence le noyau dénotatif du signe français. En fait, il est bien difficile de tracer une frontière entre le noyau dénotatif (ou contenu sémémique) et l’encyclopédie (qui relève du concept), ce qui explique dans le schéma la flèche du concept vers le signe français et la flèche du signe latin vers le signe français. Le recours au signe latin s’explique par plusieurs facteurs à la fois linguistiques et extralinguistiques. Parmi les facteurs linguistiques, l’insuffisance lexicale du français est souvent invoquée. Les prologues de traducteurs des XIV e et XV e siècles manquent rarement de rappeler cette difficulté 10 . L’apparition de nouveaux concepts nécessiterait donc l’emploi de néologismes empruntés au latin. Séduisante, cette explication est à soi seule insuffisante. Comment expliquer alors que 91 9 C’est moi qui souligne les latinismes dans la transcription, tirée du f. 16c. 10 F. Bérier 1988: 256-58 a rassemblé quelques extraits de prologues éloquents sur ce point. Frédéric Duval 92 Robert Gaguin, dans sa traduction du De bello gallico de César, ait employé si peu de latinismes 11 ? L’emprunt est le résultat d’une tension entre la norme lexicale française et le degré de précision visé. Deux pôles s’affrontent constamment: le premier pôle est celui d’une perte minimale d’information dans la verbalisation en français et par conséquent une tentation terminologique appuyée par la proximité du latin et du français; le second pôle est au contraire celui de la communication, de la vulgarisation, appuyées sur des signes entrés dans la langue, appartenant à une norme forgée par les énoncés antérieurs. Ce système sous pression où le commanditaire d’une traduction exige à la fois d’être aussi bien informé que s’il lisait l’original latin et que la langue soit claire et entendible 12 est facteur de variations, selon le pôle privilégié par le locuteur. Les rapports entre latin et français dépendent de la situation de contact linguistique entre les deux langues comme de l’activation sémantique du signe (par l’énonciateur ou par l’énonciataire). Quatre variables de base expliquent donc la variation et conditionnent l’activation ou non du signe latin. 1. L’énonciateur est en contact avec le latin: ce contact peut-être intériorisé par le bilinguisme de l’énonciateur et/ ou être établi par une situation d’énonciation particulière, comme la traduction, qui favorise le transfert d’éléments linguistiques de la langue-source à la langue-cible. En matière lexicale, ces transferts prennent la forme d’emprunts, de néologismes de sens ou de latinisation graphique. 2. L’énonciateur n’est pas en contact avec le latin: comme ne sont ici envisagés que des énoncés écrits, il est bien rare qu’un homme du Moyen Âge sachant écrire soit totalement étranger au latin, puisqu’on apprend à lire dans cette langue. Si la compétence latine varie, c’est aussi en fonction du latin qui est pratiqué, du latin de l’école élémentaire au latin classique, en passant par le latin juridique et le latin scolastique. De manière générale, un énonciateur non-latiniste n’utilisera que les mots de civilisation romaine bien intégrés dans la langue française. 3. Le lecteur/ auditeur français latiniste: bien des traductions d’auteurs antiques sont rédigées à l’attention de lecteurs latinistes. Simon de Hesdin incite ainsi ses lecteurs curieux à se reporter à tel ou tel auteur dans le texte latin 13 et Raoul de Presles compte bien avoir des lecteurs capables de comprendre le latin 14 . Nombre de prologues rappellent que le commanditaire de la traduction sait lire le latin et qu’il s’est adressé au traducteur pour diffuser un texte qu’il estimait particulièrement. Sous le topos et l’éloge du maître pointe sans doute une réalité: les commanditaires ont au moins une teinture latine, mais sont peu capables de 11 Cf. F. Duval 2006b: 167-82. 12 Cf. K. Daly 2006: 237. 13 Cf. A. Vitale-Brovarone 2004: 188. 14 «Et pource que plusieurs clers verront ce livre et que les vers sont tres beaux et tres notables a recorder je les ay ci mis en latin» (ms. Paris, BNF, fr. 22912, f. 47c, II.6, glose). Sémiotique des mots de civilisation romaine en français médiéval parcourir in extenso de longs volumes, surtout écrits en latin classique. Ces lecteurs peuvent parfois accéder au signe latin à travers le signe français et sont susceptibles de comprendre les développements étymologiques. 4. Le lecteur/ auditeur français non-latiniste: pour lui, bien des signes employés dans les traductions savantes risquent d’être autonymiques et ne renvoyer qu’à eux-mêmes, alors qu’ils fonctionnent auprès du «lecteur idéal» par corrélation avec un signe latin. Que des lecteurs aient trouvé des traductions savantes de la seconde moitié du XIV e siècle illisibles n’a rien pour surprendre, tant l’empreinte linguistique du latin marque ces textes. En guise de vulgarisation, les auteurs tentent d’éviter le recours au latin en lui substituant une glose ou un équivalent de la langue courante. 4.2 Analyse dynamique de l’emprunt des mots de civilisation romaine La partie du schéma consacrée aux relations entre signe lexical latin et signe lexical français doit être complétée par une présentation dynamique prenant en compte le facteur diachronique et la norme. Le schéma suivant illustre le processus d’évolution des mots de civilisation romaine (MCR) en français, à partir du mécanisme d’emprunt 15 . 93 15 Celui-ci a été très nettement analysé par Humbley 1974: 46-70. Frédéric Duval 94 4.2.1. À un moment T1, un locuteur français puise dans le stock lexical latin un signe exprimant un concept senti comme caractéristique de la civilisation romaine. Deux précisions s’imposent: (a) Le stock lexical latin doit être considéré comme un «dialexique», étant donné l’évolution diachronique du latin, de la République tardive au Moyen Âge central. Les mots de civilisation romaine utilisés à l’époque patristique et en particulier dans la Vulgate, comme legio et centurio, se sont conservés sous forme héréditaire en français médiéval. La définition ou la glose de certains mots attachés à l’Antiquité classique dans les Étymologies d’Isidore de Séville ou plus tard dans le Catholicon de Giovanni Balbi, favorisent l’emprunt 16 . Il en va de même pour l’emploi ponctuel de mots renvoyant explicitement à l’Antiquité en latin médiéval. La dimension diachronique du latin ne doit pas être oubliée, même dans le traitement des mots de civilisation romaine, puisque des mots comme toga ou amphitheatrum sont attestés dans des textes en latin médiéval. On compte ainsi dans la Library of Latin Texts (CLCLT) de Brepols 17 , 20 attestations de amphitheatrum du VI e au premier tiers du VII e siècle et 3 seulement postérieures jusqu’en 1500. Le même corpus donne pour la seule forme toga 13 occurrences pour la première période et 34 pour la seconde. (b) Les mots latins sentis comme mots de civilisation romaine sont sujets à l’historicité. L’ensemble «mots de civilisation romaine» évolue suivant les centres d’intérêt des locuteurs, tous les mots latins classiques étant des mots de civilisation en puissance. Cette variation a des incidences fortes sur le lexique français, puisqu’elle favorise l’emprunt dans un cas et le rejette dans l’autre. C’est ainsi que auriga est traduit par charretier en français médiéval avant qu’on s’intéresse à cette fonction, qu’on y voie une spécificité romaine, changement d’attitude et modification du concept qui transforme notre charretier en aurige en français moderne 18 . Plus largement, la conception de l’Antiquité par les hommes du Moyen Âge est fort complexe et évolutive. Il semble qu’une prise de conscience d’une rupture diachronique avec l’Antiquité se produise vers le milieu du XIV e siècle, au moment où commence à paraître la série des grandes traductions qui vont définitivement modeler le lexique des mots de civilisation romaine en français, en multipliant les emprunts, signes linguistiques d’une altérité consciente. C’est alors que le conseiller devint consul . . . 16 La présence d’une glose dans les Étymologies d’Isidore semble être une raison suffisante pour opter en faveur d’un emprunt aux yeux de Simon de Hesdin. Plusieurs exemples de ce type apparaissent dans sa traduction de Valère Maxime: «hastes [souligné dans le ms.], ce dist Ysidore, sont petites lances et estoient donnees a ceulz qui mielx avoient jousté ou usé de lances en bataille ou en autres cas d’armes» (ms. Paris, BNF, fr. 9749, III.2.27, glose, f. 152c-d) 17 Consultation datée du 29 septembre 2007. 18 Le TLF (s. aurige) date de 1823 l’apparition du mot. Sémiotique des mots de civilisation romaine en français médiéval 95 4.2.2. Le signe latin, afin d’être «acceptable» ou «recevable» dans un discours français, est transformé selon le «diasystème linguistique français» avant de rejoindre l’ensemble des mots français de civilisation romaine (un sous-ensemble assez bien défini du lexique). Toute langue repose sur un système de normes permettant l’intercompréhension des locuteurs, mais aussi l’expression des différentes fonctions du langage 19 . Les normes varient suivant des facteurs diachroniques, diatopiques, diaphasiques, diastratiques, engendrant un diasystème linguistique. En contact avec le français, le signe latin subit la pression des normes (diachroniques, diatopiques, diaphasiques, diastratiques) cibles. Si le contact a lieu à une époque peu propice aux latinismes (norme diachronique), que le genre textuel français y est également rétif (norme diaphasique) et que le public visé n’est pas latiniste (norme diastratique), les normes peuvent décourager l’emprunt. Si emprunt il y a, le signe latin est transformé et reçoit des attributs morphologiques et phonologiques français. De la configuration normative se dégagent les règles d’adaptation de l’emprunt. Plus les règles à appliquer sont simples, moins la variation sera importante: ainsi le substantif latin aedilitas, en cas d’emprunt, est rendu sans exception par édilité, parce que l’équivalence entre le suffixe latin -itas et le suffixe français -ité était canonique dans la norme savante. En revanche, en l’absence de règle ou lorsque ces règles sont trop complexes, voire contradictoires, l’emprunt connaît une forte variation formelle. Sans équivalence stricte avec un suffixe français, le suffixe -icius de l’adjectif aedilicius est ainsi rendu par -ieux (édilicieux), -ien (édilicien), -ial (édilicial) et -ice (édilice). Le diasystème français est, en outre, tributaire de la relation sociolinguistique du français à l’égard du latin. Il n’est pas question de résumer les rapports complexes entre les deux langues en quelques mots 20 , mais de la nature de cette relation dépendra la fréquence des emprunts et leur nature. Ainsi centurio latin se retrouve sous sa forme latine centurio dans une traduction rédigée en Italie au XIII e siècle 21 ; plus habituellement sous la forme centurion, avec un suffixe français hérité de celui du latin; mais l’on trouve également la forme centurien 22 , où le suffixe -ien, indiquant un agent, permet d’aligner le substantif sur un paradigme dérivationnel français bien établi. 19 Cf. par exemple le schéma de la communication proposé par R. Jakobson 1963: 209-48. 20 Pour une synthèse récente, voir F. Duval 2007: 217-349. 21 Il s’agit de la traduction anonyme du Breviarium d’Eutrope (2 e quart du XIV e siècle), contenue dans le ms. Paris, BNF, fr. 688. L’occurrence se trouve au f. 25a. 22 Chez Jean de Meun, traduction de l’Epitoma rei militaris de Végèce (1284) (éd. L. Löfstedt 1977: I.25), mais aussi chez Pierre Bersuire dans sa traduction de Tite-Live (1354-1356), ms. Paris, BNF, Nouv. acq. fr. 27401, f. 198d et chez Raoul de Presles dans sa traduction de la Cité de Dieu de saint Augustin (1371-1375), ms. Paris, BNF, fr. 22912, III.15 glose, f. 124c. Frédéric Duval 96 4.2.3. De T1 à T2, l’ensemble des mots de civilisation romaine subit les évolutions imposées par l’évolution du diasystème linguistique français. L’évolution du lexique savant en français médiéval est problématique, du fait de sa transmission. Contrairement au lexique commun, il ne s’inscrit pas naturellement dans le continuum intergénérationnel et n’appartient pas à proprement parler à la langue maternelle. Transmis par l’écrit savant, qui a une double fonction mémorielle et de prestige, sa normalisation s’effectue de façon discontinue au gré de l’autorité d’un texte particulier. Aucune norme prescriptive ne se dessine durant la période, même si les prologues des traducteurs énoncent des choix amenés à être repris. Restent les normes implicites: celle sous-jacente du latin, celle fixée par un corpus français de référence. Le contact avec le latin permet l’itération néologique: un mot de civilisation romaine emprunté au latin peut être apparu en français et avoir disparu sans avoir été repris; sa réapparition ne s’explique pas toujours par le continuum linguistique, mais par un emprunt réitéré accompagné des mêmes règles de francisation appliquées au signe latin. Quant au corpus français, par leur autorité et leur diffusion, quelques textes ont particulièrement contribué à la normalisation des mots de civilisation romaine.À la suite des Faits des Romains où le lexique des mots de civilisation romaine est assez structuré, ce sont surtout les traductions de Végèce par Jean de Meun, et de manière encore plus décisive les trois traductions royales de Tite-Live par Pierre Bersuire, de saint Augustin par Raoul de Presles et de Valère Maxime par Simon de Hesdin et Nicolas de Gonesse qui vont durablement normaliser les mots de civilisation romaine. Tous ces textes sont largement diffusés. Cette triade, qui constitue la porte d’accès privilégiée à l’Antiquité romaine durant le Moyen Âge tardif entérine par ses accords des choix de traduction (conseiller devient définitivement consul) et constitue définitivement en lexique de spécialité les mots de civilisation romaine. Qui plus est, ces trois traductions regorgent de gloses et de définitions et constituent la première encyclopédie française d’histoire romaine. La variation idiolectale est donc tempérée par un corpus lexical de référence qui interfère avec elle. Cette norme implicite contribue à limiter la variation des mots de civilisation romaine à la fin du Moyen Âge, mais individuellement, certains auteurs résistent à cette normalisation. Ainsi Robert Gaguin, dans sa traduction du De bello gallico, ne traduit jamais centurio par centurion, rejetant de façon systématique les mots de civilisation romaine comme étrangers et impropres à l’expression française. Il préfère utiliser centenaire, centenier ou capitaine. Au contraire, des «escumeurs de latin» n’hésitent pas, pour des motifs stylistiques, à emprunter à tour des bras des mots latins dont on se demande si l’on doit vraiment les considérer comme mots de civilisation. La traduction de Térence en vers, attribuée à Gilles Sybile est seule à rendre ancellula par ancellule, canticum par cantique, cetarius par cetare, citharistria par citharistrie, etc. Le long processus de constitution du lexique des mots de civilisation aboutit à un ensemble hétérogène composé de mots héréditaires (legion, centurion), de Sémiotique des mots de civilisation romaine en français médiéval 97 mots empruntés à diverses époques et qui ont obéi à des règles différentes de francisation, d’unités significatives pluri-verbales. La normalisation tend à rapprocher des signes latins (tant dans leur réalisation graphique que dans le concept exprimé) un noyau de mots sentis comme expression des concepts romains. Cette évolution prend en charge la variation. Des gloses associées au signe retenu expriment le concept en employant un ou plusieurs signes français concurrents. Dans cet exemple tiré du Livre des fais d’armes et de chevalerie (1410), Christine de Pizan utilise à la fois chevetain et cappitaine, qui sont deux autres façons assez communes de traduire le latin centurio: Et dient les aucteurs qui de ceste matiere ont parlé que des les temps anciens, les chevetains des ostz avoient propres enseignes sur leurs heaumes pour estre congneus des leurs et gonfanons a certaines devises ou leurs gens se retraioient. .c. chevaliers estoient soubs .i. cappitaine, c’est assavoire .c. hommes d’armes et iceulx on appelloit centurions (ms. London, BL, Harley 4605, f. 23b-c). Le cas des polynômes synonymiques est encore plus net: ainsi dans la Mer des histoires trouve-t-on consul et conseiller, nouvelle et ancienne dénominations du concept de ¢consulÜ. Cette prise en charge de la variation est plus importante dans les textes les moins savants. Dans les textes les plus savants, la variation est translinguistique et est envisagée du point de vue du passage du latin au français. Cette glose tirée d’un manuscrit de la traduction de Tite-Live par Pierre Bersuire en est une illustration parmi beaucoup d’autres: «Decemviros estoit le nom de l’office des dix hommes, car vir en latin, c’est homme» (ms. London, BL, Royal 15.D.VI, livre IV, chap. 9, f. 99a). 5. De la concrétisation graphique du signe latin à celle du signe français et vice versa Le prestige dont bénéficie le latin conduit non seulement à l’utilisation de nombreux signes latins plus ou moins francisés, mais à une (re)latinisation graphique. Ainsi les formes triumphe et triumphal s’imposent d’après le modèle latin, alors que des occurrences anciennnes laissaient voir une concurrence entre les formes en o et celles en u. Ces graphies étymologisantes favorisent l’identification des signes latins sous-jacents aux signes français et facilitent le processus d’interprétation pour les lecteurs latinistes, puisqu’elles activent directement les données encyclopédiques et conceptuelles liées au signe latin. * Tel qu’il est proposé, dans la version d’A. Blank, comme dans sa version modifiée par F. Lebsanft et M.-D. Gleßgen, le carré sémiotique est inadapté aux «mots de civilisation», qui ont un fonctionnement spécifique. C’est d’ailleurs cette spécificité Frédéric Duval 98 qui pose problème dans leur enseignement ou dans leur traitement lexicographique. Étudier leur variation nécessite de prendre en compte à la fois des faits de système et des faits historiques, ou plus précisément de situer les faits historiques au sein d’un système sémiotique. Les ordres variationnels (diachronique, diatopique, diaphasique et diastratique) interviennent de façon distincte à chaque étape du processus sémantique et opèrent différemment selon la fonction du locuteur (énonciateur ou énonciataire) dans la chaîne communicative. Les procédés de traduction gagneraient à être analysés comme produits de l’interaction du système sémiotique et des ordres variationnels à un moment donné. On pourrait ainsi dépasser les typologies habituelles qui sont trop largement descriptives et reposent sur des modèles explicatifs faibles. L’étude de la variation suppose celle de la norme. Le schéma proposé permet d’articuler les normes latines et françaises au sein du fonctionnement sémantique des signes lexicaux. Il resterait notamment à mieux intégrer la dimension diachronique pour aboutir à un schéma dynamique. En attendant, j’espère avoir démontré que l’étude des mots de civilisation impliquait d’aller chercher les racines de la variation au cœur d’un processus sémantique fort complexe mettant aux prises plusieurs mondes et plusieurs langues. Metz Frédéric Duval Bibliographie Bérier, F. 1988: «La traduction en français», in: Grundriss der romanischen Literaturen des Mittelalters, t. I (partie historique), vol. 8, La littérature française aux XIV e et XV e siècles, Heidelberg: 219-65 Blank, A. 1997: Prinzipien des lexikalischen Bedeutungswandels am Beispiel der romanischen Sprachen, Tübingen Coseriu, E. 1958: Sincronía, diacronía e historia. El problema del cambio lingüístico, Montevideo Daly, K. (ed.) 2006: Noël de Fribois, L’Abregé des croniques de France, Paris Ducos, J. 1998: La météorologie en français au Moyen Âge (XIII e -XIV e siècles), Paris Ducos, J. 2006: «Culture scientifique et néologisme: quelques pratiques de traduction en langue française», in: O. 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Domaines et méthodes en linguistique française et romane, Paris Humbley, J. 1974: «Vers une typologie de l’emprunt lexical», CL 25: 46-70 Sémiotique des mots de civilisation romaine en français médiéval 99 Jakobson, R. 1963: «Linguistique et poétique», in: Id., Essais de linguistique générale, vol. 1: Les fondations du langage, Paris: 209-48 Lara, L. F. 1983: «Le concept de norme dans la théorie d’Eugenio Coseriu», in: É. Bédard/ J. Maurais (ed.), La norme linguistique, Québec/ Paris: 153-77 Löfstedt, L. (ed.) 1977: Li abregemenz noble honme Vegesce Flave René des establissemenz apartenanz à chevalerie, traduit par Jean de Meun. Édition critique avec introduction et commentaire, Helsinki Löfstedt, L. et al. (ed.) 1989: Le livre de l’art de chevalerie de Vegesce. Traduction anonyme de 1380, Helsinki Raible, W. 1991: Die Semiotik der Textgestalt. 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Or, cette approche a abouti à une évaluation profondément erronée du texte de Bibbesworth: elle négligeait l’importance de son origine insulaire, et l’absence de toute considération sérieuse du lexique du Traité escamotait l’un des aspects les plus frappants de l’ouvrage. En réalité, le texte de Bibbesworth ne peut se comprendre que replacé dans son contexte culturel, social et linguistique, et surtout lorsque les manuscrits divergents sont systématiquement comparés, et leurs gloses anglaises confrontées au texte anglo-français. 1. At the end of January 1930 the soutenance of a thesis entitled Le Traité de Walter de Bibbesworth sur la langue française submitted for the Doctorat d’Université by Miss Annie Owen took place in the Sorbonne, before a jury made up of three of the most eminent French philologists of their day, Mario Roques, Alfred Jeanroy and Antoine Thomas 1 . The thesis was written in French, submitted for a French academic degree, published in Paris and the language of the text which provided the subject-matter of the thesis was medieval French. The thesis had been published in 1929 by the Presses universitaires de France and a review of the edition signed by two of the examiners had appeared that same year in Romania 55 (1929): 575-79, of which the third examiner was editor. Apart from the Middle English glosses which accompanied the French text, everything about this thesis was French, so it was not surprising that it would be assessed according to the criteria applicable to editions of medieval French texts at that time. The language of the text being edited was the widely disfavoured Anglo-French variety from the late thirteenth or early fourteenth century, with variants from thirteen other surviving manuscript versions of the text also in Anglo-French stretching from the fourteenth into the early fifteenth century 2 , so that, given the low esteem in which insular French was held by philologists in France, the editor was perhaps naturally anxious to play down the extent of the undesirable insular features present in her text, affirming in her Introduction that: «Les passages incorrects ne sont pas très nombreux, on ne trouve pas tous les traits qui 1 The Secrétaire Général of the Sorbonne in a personal letter dating from 1982 gives the date of the soutenance as follows: «j’ai l’honneur de vous confirmer que Mademoiselle Annie Owen a soutenu devant la Faculté des Lettres de Paris, le 30 janvier 1930, une thèse pour le doctorat d’université intitulée: Le Traité de Walter de Bibbesworth sur la langue française. » 2 Owen 1929: 31-2. A further fragment identified in 1971 by Dr. Oschinsky will be referred to later. Anglo-French in rural England in the later thirteenth century caractérisent le français de l’Angleterre . . . et la syntaxe . . . est assez française» (28). Be that as it may, the French examiners duly interpreted the author’s reference in his prologue to what he called his «tretiz . . . pur aprise de langage» as promising a grammatical study of the medieval French language, with the various areas of grammar being treated separately, but this traditional approach resulted in their review article in Romania being strangely ambivalent. The first section, written by Jeanroy, begins in very condemnatory vein: «Ce ‹traité› n’est en réalité qu’un Nominale . . . », a not unexpected demotion in line with current philological opinion which put grammar before lexis in the academic scale of values 3 , and he goes on to say that the work contains over a thousand words which are «longuement commentés en vers d’une incroyable maladresse» to such a degree that «le texte est, en maints passages, inintelligible: l’éditrice aurait dû, soit s’efforcer de l’expliquer, soit au moins signaler la difficulté. L’analyse du traité est vraiment trop vague et incomplète, et le glossaire français laisse de côté beaucoup de mots ou de formes intéressantes» (575). In his judgement then, whilst the text itself and Miss Owen’s edition of this mere «nominale» could not be simply dismissed out of hand as being totally worthless, the text was riddled with grammatical errors to the point of unintelligibility and the editor had not provided adequate help in making its lexical content accessible to the reader, so both author and editor were deemed to be grossly at fault. Yet nowhere in the review is there any hint that the examiners sought to mitigate this lack of intelligibility said to be rife in the French text by making use of the abundant Middle English glosses which Bibbesworth states in his prologue to be an integral part of his work, intended to help anglophone readers understand the French vocabulary - «Dounc tut dis troverez vous primes le fraunceis e puis le engleise amount». Consequently, the Tretiz would be judged by the examiners solely as an exercise in medieval French grammar as defined by the philologists of the time, in total disregard of the author’s intentions as clearly expressed in his Prologue and in ignorance of the wider social background obtaining at that period in the area of rural England which had provided the incentive for 101 3 The belief in the primacy of phonology in linguistic studies held sway amongst philologists until the closing years of the twentieth century, when Bernard Cerquiglini produced his work on the origins of the French language in which he writes: «Ne disait-on pas, alors, que la phonétique était la partie ‹matérielle› de la langue, ce qui parvient physiquement à nos oreilles, tout le reste (morphologie, syntaxe, lexique et sémantique) étant un ensemble de relations immatérielles interprété par notre esprit ? Or cette partie ‹matérielle› de la langue évolue selon des lois propres qui ne doivent rien au hasard, sont indifférentes au sujet qui prononce, aveugles au sens dont le signifiant phonique est le vecteur. . . . la loi phonétique est l’aune à laquelle on mesure les langues vernaculaires, elle est l’instrument de leur archéologie, le support des investissements idéologiques et des réinterprétations biologiques . . . En appliquant ainsi les lois de la phonétique, on pouvait dériver, par construction, la plupart des mots français à partir de leur étymon en latin vulgaire. Au plan phonétique, du moins, mais avec la certitude de la science, et selon une écriture quasi mathématique, l’origine du français était prouvée. Il avait fallu plusieurs siècles pour aboutir a la phrase de Brunot: ‹Le français est du latin parlé›.» (Cerquiglini 1991: 23). William Rothwell 102 his work. The Tretiz would be judged as an exercise in medieval French phonology and morphology without reference to either space or time. However, Jeanroy’s strictures sit uneasily alongside other more positive remarks in which he unexpectedly acknowledges the value of the Tretiz in general, outside the confines of grammar, saying that «il est intéressant par sa date et sa richesse» and «Son importance . . . avait été rendue plus évidente par les extraits qu’en avait publiés, en 1877, P. Meyer . . . » He is also complimentary of the editor’s efforts in writing the thesis, referring to it as «ce travail très méritoire» and is presumably speaking also for his colleagues when he says that: «Miss Owen s’est acquittée de cette tâche avec une conscience et une intelligence très digne d’éloges: son édition fondée sur les quatorze mss connus donne tout ce que ceux-ci contiennent d’utile.» This unexpectedly fulsome conclusion to an otherwise very critical review contains the nub of the whole question regarding Miss Owen’s edition of the Bibbesworth text and the examiners’ assessment of her work. If the editor’s application and intelligence had indeed produced a thesis that covered all that was useful in the numerous known manuscripts of a text characterised by its «richesse», notwithstanding her failure to make it intelligible and her inadequate treatment of its lexis in her Glossaire, then responsibility for any remaining deficiencies in the edition would have to be laid at the door of the author and/ or the scribes who copied and adapted his work. Nevertheless, although concrete examples of the lexical richness of this «nominale» did not find their way into the examiners’ review article and so remain unidentified 4 , Jeanroy’s mention of their presence indicates that the maligned author and scribes must be credited with possessing a surprisingly extensive and detailed knowledge of at least one sizeable register of medieval French vocabulary, that of the countryside, despite the grammar of the text being beyond redemption. The admitted richesse of the French terminology found in the Tretiz, supplemented by the Middle English glosses, indicates that the author must somehow have managed to acquire a large body of uncommon and often specialised vocabulary in both French and English from undetermined sources, but yet appeared to lack the elementary grammatical knowledge of French that would have enabled him to set it down intelligibly. Moreover, the irremediably flawed work which resulted from these grammatical failings had inexplicably been preserved for over seven centuries in a considerable number of versions up and down the country, not to mention the numerous cases where extracts from the Tretiz can clearly be seen to have been incorporated from Bibbesworth’s work into texts of a quite different character up into the fifteenth century. If the factors of time and space are added to the author’s intentions set out in his Prologue, however, it may be seen that the examiners’ review did not address the primary purpose of the work. The prologue to the G manuscript chosen by Miss Owen as her base text begins with the statement that it is a «tretiz . . . pur aprise de 4 These matters may have been taken up at the soutenance, but no record of this has apparently been brought into the public domain. Anglo-French in rural England in the later thirteenth century langage», its aim being to provide the offspring of his landed patroness, Dyonise de Mountechensi, with all the vocabulary (tut le fraunceis) that they will need in order to manage their estates in French when they come of age to inherit, the terminology of what he calls «husbondrie e manaungerie» (l. 7-8). These two largely synonymous Anglo-French terms, the one English in origin, the other French, cover the varied procedures involved in estate management which are all set out in the Prologue, so that Bibbesworth’s Tretiz is to be understood as an attempt on the part of an influential landowner living in the East Midlands in the late thirteenth century to preserve the role of French in the agricultural life of her region. In this situation lexis might be expected to take precedence over grammar, but Bibbesworth’s Prologue was in prose and so would appear to have completely escaped the attention of the examiners, whose preoccupation was with the rhyming verses of the main text on account of the phonological information which it was believed they could provide, rather than with its vocabulary.This lapse is evidenced by their failure to comment on Miss Owen’s important mistranslation in her Glossaire of the key term manaungerie by the obsolete and totally aberrant mangerie. «Husbandry» and «feasting» do not naturally go hand in hand, the pleasures of the second being entirely conditional on the success of the first. «Feasting» does, however, occupy the final section of the Tretiz, but its presence in a work ostensibly dealing with the vocabulary of the countryside is explained neither by Miss Owen nor the examiners in their review article. Like the misunderstood manaungerie, it needs to be set correctly in space and time. When the manuscripts of the Tretiz are considered as a whole they demonstrate that their various compilers were capable not only of listing the French terminology for the parts of the human body, items of clothing or the flora and fauna of the English countryside in which they lived, but also of giving the French names for many birds and animals, together with their calls, the names of trees, flowers and plants, sometimes with their medicinal properties, and were even able to provide vocabulary of a more technical kind such as the names for the components of a plough or a cart, the materials necessary for building a house, the terms for weaving cloth and the techniques of making bread or ale. All these areas of vocabulary are far removed from the everyday terminology that makes up the bulk of the lexical content of most literary texts and raise the question as to how such specialised knowledge of French was acquired by English writers who were apparently ignorant of even the most elementary rules of French grammar. Furthermore, if these technical French terms used in the different versions of the Tretiz are checked against the dictionaries of Godefroy and Tobler-Lommatzsch, with their Middle English glosses similarly checked against the Oxford English Dictionary and the Middle English Dictionary 5 , the result shows that in the great majority of cases the 103 5 Whilst T-L and the Middle English Dictionary were not available for consultation at the time of the soutenance, the ten-volume Gdf. and the equally comprehensive Oxford English Dictionary would have been readily to hand, the latter under its early name of New English Dictionary. William Rothwell 104 «ignorant» author and scribes were correct in their use of such specialized terminology in both languages 6 , thus emphasising the gulf between the lexical content of the Tretiz and the grammar in which it is couched. The varied spellings in both French and English found in the different manuscripts do not detract from their semantic accuracy, such orthographical variation being a prominent feature of both languages. In contrast to this lexical richness the only phrase in the Tretiz which might be construed as referring to grammar is to be found at the end of the Prologue where Bibbesworth says that he will teach his pupils «le dreit ordre en parler e en respundre» (l.15-16) - a sort of afterthought briefly expanded in just a pair of lines (v. 25-26) of the verse text itself to mean no more than the correct use of the possessive adjectives mon/ ma, etc., hardly sufficient material to provide the substance of a treatise on French grammar, especially when the grammatical «rules» are not observed. The second important feature of the Bibbesworth texts that went unmentioned by the editor and unnoticed by the examiners is the compilation of numerous groups of a whole range of (quasi-)homonyms and synonyms in French which vary from one manuscript to another, accompanied by their counterparts in Middle English, a specialized linguistic exercise that would call for an unusual command of the lexis and semantics of French on the part of an English author and English scribes in an age long before the advent of the printed dictionaries which would facilitate work on such groupings for later generations.Yet nowhere in their review article do the examiners address the important question of how Bibbesworth and the unknown scribes who copied and adapted his work came to acquire this ability to construct lists of homonyms and synonyms in both English and French 7 along with their wide-ranging knowledge of the French vocabulary of the countryside, and yet commit a string of elementary grammatical errors. Only when this dichotomy is addressed, with the manuscripts examined individually and the texts correctly identified as belonging to the society of rural England in the late thirteenth and fourteenth centuries, the only conclusion capable of explaining the presence of the Middle English glosses, can Bibbesworth’s work be properly assessed. A striking example of a failure to appreciate the extent of the author’s command of the French lexis (as shown by his ability to bring together such homonyms) is provided on p. 576 of the Romania review where Jeanroy writes that: «Il (i. e. Bibbesworth) distingue (v. 833s. 8 ) quatre rais: le rai de soleil, le rai de roue, la raie (poisson) et ceux qui ‹ver la feire vount›; aucun ne figure dans l’analyse, deux seulement au Glossaire et le quatrième nous reste mystérieux.» His criticism of the editor for her failure to explain adequately these French terms is justified, especially as regards the fourth homonym, which is passed over without comment 6 Some of the small number of exceptions will be examined later. 7 A selection of these are shown in the Appendix. 8 The correct numbering is v. 835-44; cf. N9. Anglo-French in rural England in the later thirteenth century in the edition, an indication that she, like her examiners, did not understand it, but his admission that he and his colleagues were defeated at this point confirms that they must have worked solely from the printed thesis set before them. Had they consulted the manuscripts or even Miss Owen’s footnote to the word that baffled them in her v. 836 9 , they would have seen that in no fewer than three of the manuscript versions this raie is glossed by forms of burel, a French term that had been taken into Middle English. What is more, on f. 290va of the base G manuscript itself below «le (l. lé) raies» this word bureles (whether French or English) has been crossed out. A further gloss borer clot (i. e. ‘burel cloth’) in the A manuscript (f. 303rb) makes it clear that the word designates a fabric, although it is incorrectly set above the wrong line. The quotation indisputably means ‘the striped cloth goes to the fair’ (i. e. to be sold), burel being amply attested in Gdf. 8.395b-96a as ‘grosse étoffe de laine’ from the twelfth century onwards (Rothwell 1960). The French raie itself is similarly well attested in both continental and insular French, although the only example given in Gdf. under rai 2 (6.558c) is defined as rayure and comes from an Anglo-French source. Under roie T-L 8.1406-7 illustrate the juxtaposition of raie and burel in medieval French from the thirteenth century. The correctness of Bibbesworth’s work here is also verified by official texts on the English side of the Channel around the time of his Tretiz. In a law suit of 1292 a man accused of passing himself off as a cleric in order to claim clerical privilege is told by the judge that his plea is unacceptable because: «Vous estes vestu des draps de Ray», i. e. not clerical attire (Bolland 1925: 25) 10 . Under rai(e (n. 2) (a) the MED gives examples of the meaning ‘A kind of striped cloth; also, a piece of this cloth’ in both Anglo-French and Middle English from the early fourteenth century. This case of a word in the French text being glossed in «English» by another French word is a reminder that the French influence on English has been predominately in the area of lexis rather than grammar. The extensive knowledge of the vocabulary of French and Middle English that would be required to enable the author to assemble such groups of homonyms from memory is nowhere acknowledged in the review article. Although from the examiners’ point of view the Bibbesworth text offered nothing more than a long list of French words set in verses that made little attempt to conform to the accepted norms of medieval French grammar or spelling, being no more than a barbarous perversion of the language that often appeared to make no sense, if accurately transcribed and placed in its correct social 105 9 Numbered verse references will not be made to Miss Owen’s edition of the Tretiz (Owen 1929) except when quoting directly her text or references to it, because she omitted v. 584 «Nos averoms grisil puis qu’il grele» together with the M. E. gloss «hailith», nullifying Bibbesworth’s juxtaposition of grele ‘small’ and grele ‘hail’ and upsetting the correct verse-numbering from that point onwards. See N21 for the exception to this rule. 10 I am indebted to Professor D. A. Trotter for providing me with a copy of this passage. The phrases robes de ray and draps de ray (with varying spellings) are to be found from the late thirteenth century onwards in Harvey 1965: 247, Rotuli Parliamentorum 2,241, and in Riley 1859-62: 676. William Rothwell 106 context, the Tretiz may be seen to occupy a significant position in English history and the history of English. As was mentioned earlier, despite their recognition of the many difficulties of comprehension presented by the text, there is nothing anywhere in the examiners’ review to suggest that they ever turned to the manuscripts themselves in an attempt to resolve these problems, as was shown with the raie difficulty above and will be demonstrated again later, so that their verdict when allocating responsibility for the errors in the edition is based entirely on the sole authority of the text as printed. This already fragile judgement was further clouded by the editor’s convoluted explanation of her choice of G as her base manuscript (32), in which she asserts that: «Walter de Bibbesworth a préparé une édition du traité (représentée par T) pour M me de Munchensy, et une autre (représentée par G) pour le public», that «la seconde édition est un remaniement de la première» and that «l’auteur a préparé la seconde édition avec plus de soin que la première» (33) 11 . No concrete evidence is adduced in support of these assertions, so that the examiners’ evaluation of the various Bibbesworth manuscripts with their many errors is therefore predicated on an unsupported hypothesis enlisting the personal responsibility of the original author himself in order to help establish the authenticity and primacy of the G manuscript said to have been prepared avec plus de soin que la première (T) and destined for an unidentified general «public», whilst, against all the rules of courtesy and class, his noble patroness 12 who instigated the work in the first place would have to be content with his earlier uncorrected T version, all the other versions presumably being deemed to be nothing more than copies of one or other of these two. The examiners’ apparently uncritical acceptance of this uncorroborated ranking of the manuscripts, their attention being focussed on the imperfections in the grammatical forms of the single text submitted to them, and their consequent acceptance of Miss Owen’s contention that her error-strewn G version as printed was the authentic definitive product of Bibbesworth himself, as would be indicated by the absence of any dissent or even doubt expressed in their review, might explain their failure to refer back to the manuscripts when faced with the innumerable problems of meaning or intelligibility presented on the printed pages of the Tretiz. Unsurprisingly, however, Miss Owen’s gratuitous premiss regarding the ranking of the manuscripts is demonstrably untenable once the Middle English glosses are brought into the picture. In the very first section of the supposedly authoritative G text one of the Middle English glosses is blatantly aberrant, whilst other less favoured manuscripts, including the «uncorrected» T, have the correct form, thus demolishing Miss Owen’s assertion of the primacy of G and with it the certainty 11 For ease of reference the manuscripts are referred to in the forms given on p. 30-32 of Miss Owen’s Introduction. John Koch’s use of a completely different set of symbols makes his article (Koch 1934) very difficult to use. 12 Dionyse de Munchensy or Mountechensi, Bibbeworth’s patroness, was from a noble landed family in the Chelmsford area. Anglo-French in rural England in the later thirteenth century of Bibbesworth’s personal responsibility for its compilation, together with the examiners’ faith in the correctness of her text as printed. When illustrating the different senses of the medieval French top/ toup, the G manuscript reads: «E[n] la lute desrenés le toup», incorrectly glossed in Middle English as «wind the yarne» (v. 38). The correct meaning of the French is the very different: «In the wrestling win the ram», as supported by the Middle English glosses from several other «inferior» manuscript versions given in Miss Owen’s footnotes 13 . This is a reference to the well-known wrestling event in centuries-old country sports where a ram was the winner’s prize, as may be seen in the Seneschaucy 14 , written at about the same time as the Tretiz, and later in Chaucer’s Canterbury Tales, where it is said of the brawny Miller that - «At wrastlynge he wolde have alwey the ram» 15 . The scribe of the G manuscript is confusing the English word tup (still to be heard in the north of England) with its French homonym as used two verses above - «E serencez de lin le toup», which is glossed correctly in Middle English as hechele a toppe 16 of flax. A further mistake is to be found later in a list of bird-names, where G incorrectly glosses a form filaundre by star (i. e. ‘starling’). This time the error is in the French, not the Middle English gloss. Filaundre is not a bird-name at all, but means ‘gossamer’ (v. 719) 17 . As was the case with «tup», three other manuscripts have the correct gloss here. Miss Owen was aware of both of these errors, referring to them on p. 30 of her Introduction, but without drawing any negative conclusion from them regarding the primacy of the G manuscript. Similar scribal errors in glossing are to be found elsewhere in the chosen G text. For instance, in v. 93 molet is glossed in G by the Middle English hole instead of ‘lobe (of ear)’ (T-L 6.180), whilst other ms. have lap or dewlap which carry the correct sense of ‘a pendulous piece of skin’; in v. 164 the English term pees (‘thighs’) is used incorrectly in G to gloss the French reynes, even though the editor publishes the correct Middle English lendes (‘loins’) at this point in her footnote references for ms. B and O. In v. 1065 of the G text the Middle English gloss steppes is wrongly used for the French escous instead of laps, but is used correctly for the French esclos only a few verses later (v. 1072). That Bibbesworth himself would be responsible for such obvious 107 13 The correct gloss is to be found in ms. A: «A la lute dereynetz le toup», «Wyn pe ram atte wrestling» (f. 299rb), «at pe wrastlinge win pe rom (l. ram)»; ms. C (f. 2va), «pe ram at wre[st]ly[ng]»; ms. T (f. 120v). T-L 10.384 under top s. gives both quotations from the Bibbesworth ms., but without recognising the difference in meaning between the two and so giving only the one gloss ’Schopf, Büschel’. 14 This agricultural treatise will be referred to again later in this article. In this text la lute, along with the feire, marché and the taverne is mentioned as a distraction forbidden to those in charge of animals (p. 278). 15 General Prologue v. 548 (Benson 1987). 16 OED s. top sb.1, section 2 ‘A tuft or handful of hair, wool, fibre, etc.’ 17 This incorrect filaundre appears again in the Nominale sive Verbale (Skeat 1906): «Arounde esturnel et filandre/ Swalewe and starlinge» (v. 809-10). This text is one of the works deriving from Bibbesworth’s Tretiz. The two French forms esturnel et filandre for the single «starlinge» might well be an echo of the error in the G manuscript. William Rothwell 108 mix-ups in the very manuscript that is claimed to be his personal choice, whilst other less favoured manuscripts carry the correct sense, is simply not credible, so these errors confirm beyond any reasonable doubt the rejection of Miss Owen’s claim that the G manuscript is the original work of Bibbesworth himself. A similar but more complicated situation arises in v. 548 of the G text where a form vert tenail is glossed by the scribe as grene balke, with tenail again glossed by balke in v. 561, and repeated in v. 564 and 567 without being glossed. The printed form tenail in v. 548 is an editorial error, the manuscript reading giving the correct terail, glossed correctly by the Middle English balke, but the erroneous tenail in v. 561, 564 and 567 is scribal, not editorial. Terail and tenail are part of a group of near-homonyms that Bibbesworth wishes to separate for his readers - terail (‘bank’ or ‘slope’), tenail/ tenailles (‘tonge(s)’), tenoun (‘handle’ of a plough). These errors of scribe and editor are compounded by the editor’s further misreading of ber as ver in v. 567, giving the meaningless «E par le tenail passe meinte ver», instead of the correct «E par le terail passe meinte ber» (‘And many a (noble) man passes over the bank/ slope’). The forms tenail (‘tonge(s)’) and ver (whether taken to mean ‘spring’, ‘a boar’ or ‘a worm’), make no sense in this context. Scribe and editor combine to reduce a perfectly intelligible text to nonsense and the hapless author is made to appear an ignoramus. However, these errors in the G manuscript, claimed by the editor to be Bibbesworth’s personal version of choice, do not mean that the «second-best» T version is always correct and can be elevated to the role of base manuscript in place of G. In folio 122v, T has the following verse: «Le clerk soune le dreyn apel», with apel wrongly glossed as a mouster (i. e. not an English word, but French, meaning ‘a monastery/ church’) instead of the correct gloss «The cleric tolls the knell» 18 . This is another example of the mixing of the languages. Other manuscripts, including G, have the correct Middle English knel here. Again, in folio 127r of the T text the French Le cem is incorrectly glossed by the Middle English pe paw (‘the thaw’), but in f. 130r the same word, spelt ceym has the correct gloss sleet, not «thaw». These few random examples of errors in both G and T suffice to show that neither of these manuscripts can be regarded as the original text composed by Bibbesworth himself, but are to be treated along with the other extant versions as being the work of unknown scribes, the original manuscript presumably having been lost 19 . These errors present in both manuscripts would mean that Bibbesworth himself cannot be held responsible for all the manifold errors in the text as 18 As in Gray’s Elegy. 19 A similar error to that of Miss Owen is made regarding the status of the glosses in Koch 1934. Because Bibbesworth states in his Prologue that the reader will find the English glosses above the French text, Koch assumes that the author himself was responsible for them «woraus hervorgeht, dass auch die Glossen, wenn auch nachmals teilweise geändert, von Walter herstammen» (p. 33). If the text itself was altered by later scribes, as it manifestly was, it stands to reason that the glosses too would be liable to be altered. This alone can explain the considerable differences between the glosses in different versions of the Tretiz. Anglo-French in rural England in the later thirteenth century published. The error concerning his personal authorship of G and T led in turn to a lasting failure to assess correctly the role of the Tretiz in the society of later medieval England for which it was destined. Bibbesworth’s treatise was dismissed as nothing more than a gross travesty of the «correct» language of continental France, just a botched attempt to teach French grammar that could not have any bearing on the history, linguistic or social, of its country of origin - England. This derogatory label would remain attached to Bibbesworth’s work for decades to come. Yet the numerous surviving manuscripts of the Tretiz were composed in widely separated areas in England (Koch 1934: 58) over a period of a century or more, thereby attesting to its long-lasting, if unexplained, popularity, and their scribes display far more independence in their treatment of its various sections than is customary with literary works of the period, suggesting that they were not merely copying blindly a «received» text. The length of the Tretiz varies from one manuscript to another as the scribes not only reduce or omit altogether one or more of its sections, but also present them in a different order or vary their content, even adding significant new material, as will be shown later. This independence carries with it another difficulty in arriving at a correct assessment of the Tretiz that is not to be found in similar assessments of literary material. The fact that the scribes of the various Bibbesworth manuscripts are dealing with areas of lexis that are seldom encountered in more conventional texts and differ widely in their treatment of them means that there is often no «standard» set of items of vocabulary by which the accuracy of all the manuscripts may be judged. The amount of glossing also varies from one manuscript to another, being completely absent, for example, from Sloane 513, sparse in the B. N., Nouv. acq. lat. 699 version and very abundant in the later All Souls 182 20 . These factors mean that the G manuscript cannot be taken as being representative of all the other versions of the text. Although these important differences between manuscripts are not readily discernible in the Owen edition, where, as mentioned earlier, they are reduced to the level of footnote variations of individual words in both languages placed below the printed base text without any surrounding context, their presence indicates a widespread and long-lasting interest in the subject matter of the work on the part of educated scribes and, concomitantly, the presence up and down England of a literate readership for a text that in an era dominated by phonology and morphology has been judged to be unacceptably flawed. If the manuscripts of the Tretiz are correctly transcribed and situated in their historical context as individual entities in their own right, with the diversity of their French versions and their Middle English glosses set out in full, the complete work being regarded as an exercise in Anglo-French vocabulary rather than continental French grammar, this will produce a quite different and more appropriate assessment of the text. 109 20 For details of the 13 manuscripts known to Miss Owen, see p. 30-32 of her edition. Cf. Dean/ Boulton 1999: n° 285 (17 ms.). William Rothwell 110 Whilst the readers of the Tretiz in the later Middle Ages, whose interest lay in the lexical content of the text, would have had before them tangible authentic manuscripts, Miss Owen’s examiners, concerned more with sounds and forms, must have had at their disposal nothing more than an unverifiable printed transcription of one single manuscript, accompanied at the foot of the page by variants from other versions. Consequently, they were quite unable to question the accuracy of her readings of even the base G text itself, had they been so minded, and were dependent for the texts of all the other manuscripts on nothing more substantial than the incomplete and often inaccurate individual variants in both languages as given in her footnotes. In concrete terms, if the text and its footnote variants as set out in the edition are compared with the manuscripts themselves, it will be seen that many of the errors in the base text as printed, in the accompanying variant readings and also in the Middle English glosses, which together account for a very considerable proportion of the lack of intelligibility deplored by the examiners, stem not from the ignorance of author or scribes, but from faulty transcription in both languages on the part of the editor (cf. Rothwell 2004). There are, in fact, two quite distinct layers of error in the text as printed, those mistakes which are attributable to the various scribes and those which are the responsibility of the editor herself. The separation of these two categories of error, essential for a correct assessment of Bibbesworth’s competence, would be impossible for the examiners in the absence of all the manuscript evidence. In sum, the examiners were judging not Bibbesworth’s Tretiz, as they imagined, but merely Miss Owen’s faulty transcription of one imperfect version of it. They cannot have set eyes on any of the manuscripts, not even the B text which would have been readily to hand in Paris, having been acquired by the Bibliothèque Nationale in 1908, as stated in the Owen edition (32), and were content to concentrate their attention on just the one text, despite its obvious manifold errors. The following examples of such errors in the printed edition of the Tretiz, the variants and also the Middle English glosses, as revealed by scrutiny of the base manuscript, make no claim to being exhaustive, but are simply intended to illustrate the fact that any judgement of the work based exclusively on Miss Owen’s printed version cannot be reliable and therefore cannot reflect accurately the role played by Bibbesworth in the changing linguistic climate of his day, as French in England became increasingly an acquired rather than a vernacular language, the preserve of the literate, whilst Middle English was spoken at all levels but not yet written in proportionate quantity. In v. 34 of Miss Owen’s edition 21 the French text as printed reads: «Moun toup vous prie estanchez», the verb estanchier in the editor’s Glossaire being glossed as ‘arrêter’, which would give the nonsensical reading: «I pray you to stop/ halt my forelock/ quiff». The Middle English gloss hevese (OED evese ‘to cut short (of hair)’) written by the scribe and printed by the editor over the alleged estanchez 21 In this section the verse numbers quoted must inevitably be those of the printed thesis. Cf. N9. Anglo-French in rural England in the later thirteenth century ought to have warned both editor and examiners that this reading could not possibly be correct. If read as estauchez instead of estanchez the sense is clear. In his entry for estaucier Gdf. 3.603b-c gives the correct meaning ‘tondre, tailler’, although under top (7.746b) he repeats Paul Meyer’s erroneous estancez in this same quotation, a mistake that may be the source of Miss Owen’s error. In v. 234 and 276 cerceles and cercel are not the same word ‘crécerelle, oiseau de proie’ (i. e. English kestrel) as given in the Glossaire. The Middle English gloss teles (i. e. ‘teals’) above cerceles in v. 234 is supported by the similar reading telys in no less than five other manuscripts according to Miss Owen’s own footnote, but was ignored by editor and examiners alike, whilst cercel (v. 276) is preceded by faucoun, so is to be read as tercel, giving faucoun tercel as in Gdf. tiercel 2, tiercelet (7.710a), the English tercel as in OED: ‘The male of any kind of hawk’. On p. 62 of the printed text, in additional material taken from ms. O, where the scribe is making the distinction between the noun forure (‘scabbard’, applying to a sword) and the adjective furé (‘lined’, applying to a garment), the «f’» of furé is misread by the editor as a «long s» giving the reading sure (‘safe’) which makes no sense in that context. On p. 63 the text as edited reads «De la ceinture le pendaunt / Passe par un trespasse le mordaunt» (v. 191-92), another nonsensical statement, but if the minims in un are simply read as mi, the corrected text gives good sense: «De la ceinture le pendaunt / Passe parmi, trespasse le mordaunt» (‘the end of the belt goes through, traverses the buckle’). Again, Bibbesworth rounds off his account of the techniques of brewing by saying that the method of preparation should be worked through until good beer is produced - «Deskes vous eez bone serveise» (G f. 286rb), but Miss Owen prints «Deskes iour cez bon serveise» (v. 493), which makes no sense. On p. 70, in the context of protecting a barbican from attack, the printed text reads: «Pur le barbican defendre / Al assaut ke home vent vendre» (v. 268), but reading veut for vent and rendre for vendre provides the good sense intended by the author. The text of v. 367-68 in the edition runs: «Mes pur plus parfitement / Parler devant une gent» instead of the correct « . . . bone gent». On p. 97 in v. 545 the reading «Puis pas ceo bois . . . Passerez» should obviously be «Puis par ceo bois . . . ». The same mistake occurs a little further on where «Ki pas bost . . . » (v. 605) must be read as «Ki par bost» (i. e. ‘who by a boast . . .’, with the English boast being used as a French term). Again on page 97 (v. 550) streams are said to be «si chers e si beles», when the manuscript reading is clers. A few verses later (v. 554) the printed text reads: «Et par le orail est meint home» instead of the author’s correct «Et par le orail oit . . . », i. e. ‘hears’ (through his ears). The letters f, l and s are again confused in the following examples: in v. 318 of the printed text it is stated that a frog «fist en un reoun» instead of «sist en un reoun» (i. e. ‘sat in a furrow’); in v. 644 it is said that the primrose and the cowslip «le mustrent en tens de veir», instead of «se mustrent» (‘show themselves, appear in the springtime’) as in the manuscript. Verses 683-4 in Miss Owen’s text make no sense as printed: «Mes si ad diverseté grant, / Ki ne sevent une a quaunt» but if the minims in une are read as mie and a quaunt as aquant the corrected sense is ‘ . . . which some people do not know’. When the 111 William Rothwell 112 song of the cuckoo is said to be unpleasant and: «Poyne serreit si riotuse, / Si l’un chaunt fu graciouse» (v. 793-94), the manuscript clearly reads Poynt (the negative ‘not at all’) and sun (‘its’) not lun, restoring the author’s sense. Again with regard to the cuckoo, when the base manuscript reads kokel in the French, glossed in Middle English as kockou (v. 791), with four other manuscripts giving the gloss cuckow, it is perverse to print le cucknel instead of le cuckuel as being the reading in manuscripts A, P and T (117). Moreover, the Middle English gloss in ms. A at this point is misread as a kocken instead of the obvious a kockeu. The meaning of the text at this point is further blurred by its being printed as: «Il ne semble que le cuknel Tent sun chaunt . . . » instead of «Il me semble . . . », the correct reading. On p. 138, v. 1069 reads: «E herbe qe cirst al huis del estable . . .,» when the correct reading is: «E herbe qe crest . . .,» i. e. ‘grass that grows at the stable-door’ (f. 293va). A variant reading from ms. O f. 336va on p. 100 is said to state that in winter «les ees se tiennent en nischez», but bees are more likely to remain in their hives - ruchez - the correct manuscript reading, rather than in niches 22 . On p. 141.5, quoting a difficult passage taken from ms. B, the printed text has the meaningless «Qant le kens onli quistron . . .,» but if u instead of n is read in kens and onli this produces the correct forms «Qant li keus ou li quistron . . . » , i. e. ‘when the cook or the kitchen-boy . . .’. A few verses later, in the context of negligently burning the beef during cooking, the incomprehensible printed text runs: «Si dit homme qant enrisé / Que li evesque ust passé», but if the manuscript is read correctly as: «Si dit homme dunc en risé / Que li evesque i est passé» (f. 106r), meaning ‘then people say as a joke that the bishop has called there’, the sense is perfectly clear, being a jocular reference to the bishop’s power to send his flock to burn in Hell. Similarly, the errors of spelling or sense in the English glosses contain the following: in v. 16 the gloss it lagge him should read bilagge him (‘soil/ dirty himself’); in v. 249 the vache is the ‘cow’ in English, not the low; in v. 253 the printed text says that a cat mewich, instead of mewith (i. e. ‘mews’); in v. 337 dranck should read drauck (modern English ‘drawk’); in v. 502 the gloss for aroé should be hose (‘hoarse’) not hole; in v. 761 ther should read pei (‘thy’); in v. 830 boutes are bontes or bondes (the metal hoops round the wheels of a cart, OED bond sb.1). In v. 754 and 756 the English gloss for the French tresel/ trestel 23 is printed as stonc where other manuscripts are listed as reading stak and shocke (i. e. modern English ‘stack’ and ‘shock’ of corn), so the printed stonc is yet another blatant confusion of n/ u, a misreading for stouc (MED stouk(e, stouc), the modern English ‘stook’. Although this far from complete set of such elementary errors allegedly committed by Bibbesworth and/ or the scribes in their native language would provoke deep scepticism on the part of English readers, they are not commented on by the examiners, who must evidently have ignored them as lying outside their purview, or, if they had understood them, must 22 Gdf. 10.202c and T-L 6.635 record niche only from the very end of the fourteenth century, about a century later than Bibbesworth. 23 See Gdf. 8.48c for similar forms with this sense in modern Norman and other dialects. Anglo-French in rural England in the later thirteenth century have accepted them without question as proof of writers’ utter incompetence in both French and English. The errors in the edition extend into the Glossaire, although on occasion the context in which the Anglo-French terms are used ought to have alerted the editor to the problem. For example, on p. 150 of the Glossaire the noun agaz (f. 291rb) is defined as an independent adjective ‘rusé’, despite its being glossed in the manuscript by the substantival Middle English gloss scorne and forming part of the well-attested locution tenir a gaz ‘to take lightly, scorn’, based on the noun gab/ gas/ gaz, etc. ‘mockery’ (Gdf. 4.196a-b). On the same page of the Glossaire is an infinitive aourser unattested elsewhere and coined from aourt (f. 291vb), an attested present indicative form of the commonly used verb aerdre (Gdf. 1.121c- 123c). The editor’s mistranslation of manaungerie by the obsolete mangerie (‘feast’) in the prologue to the Tretiz, that was mentioned earlier, is not the only case of a failure to recognize different registers of vocabulary. It occurs again in a more difficult context concerning the building of a house, where the roof is said to need a genchour to strengthen it (f. 292ra). This word is translated in the Glossaire as ‘garde-manger’, which would call for the highly unlikely practice of situating a larder at the top of a house as a support for the roof. The error arises from a Middle English gloss given in the edition as pantre, interpreted as modern English ‘pantry’, but this is another, although more difficult, case of the frequent confusion of n/ u in the manuscript. The word must be the Middle English pautre (MED ‘A beam, prob[ably] a wall plate (OF poutre)’) 24 . Incidentally, Bibbesworth’s use of this word in the later thirteenth century could provide the MED with its earliest attestation, its present entries coming from the second half of the fourteenth century and the fifteenth. On p. 96 Miss Owen complicates matters by printing a whole additional passage on fish names with their glosses said to be found in ms. B O 4, but not in the base G text, an example of the scribal independence referred to earlier. Only one version of this passage is printed in the edition, which would indicate a most unusual case of three manuscripts written at different times in different places carrying precisely the same texts and making the same mistakes in both languages. In fact, however, the manuscripts named by the editor as having the same text differ considerably in their listing of the types of fish in French and also in the English glosses which apply to them. The mistakes in both the Anglo-French and Middle English 113 24 The form genchour appears to be unattested elsewhere, but in this context of building a house other Bibbesworth manuscripts support the G version at this point. Ms. C glosses its guenchour by pautreo (v. 1075, f. 12vb); ms. O f. 339va gives the Middle English pautree to gloss trabes (v. 1016), pautre to gloss mesier (‘wall’) (v. 1018) and furst to gloss its gwengeur (v. 1022). For this latter term see OED first ‘The inward roof or ceiling of a chamber, also a ridge-pole’. In the O manuscript this beam is said to be necessary en longure i. e. ‘lengthwise across the house’. Schellenberg’s explanation of genchour as «Wohl zu guenchir im Sinne von ‘obliquer’ = ‘in schräger Richtung gehen’ is difficult to justify, the beam needing to go straight from one end of the house to the other (for Schellenberg’s work, see below). William Rothwell 114 to be found in this passage are difficult to deal with on the sole basis of the printed text without having the manuscripts to hand, their source as given by the editor not always being accurate. For instance, if the manuscripts of B and O are used in order to point up the discrepancies without too much complication, the first verse of the addition is said to read: «E si de heise y peschez», with peschez glossed by fesches, but this is valid only for ms. O (f. 335vb), not for B (f. 100v), where the form heise is replaced by heche glossed by hoke (i. e. ‘hook) and peschez glossed by fisches. The text of v. 6 in this additional piece is said to read: «Le platon, et luy espines», with espines glossed by thurllbak. However, as in the example above, the version given in the printed text is again taken from ms. O (f. 336ra), not B (f. 100v), and the correct form is espinés glossed correctly by thornbak, i. e. ‘stickleback’. The reading in B is: «Le platoun & li espineis», and neither of these nouns is glossed. Yet again, in v. 8 the edition reads: «Oistre creveis et cok hanoun», glossed as oistre, wiwe and rueskill, where the second and third elements are incorrectly transcribed, but this is yet again a form of the O version, in which the correct glosses are oistre, welke and cokil muskill (i. e. ‘oyster’, ‘whelk’ and ‘cockle/ mussel’). At this point B (f. 100v) has «Oister, crevis & kochamon» without any Middle English glosses. Verse 11 as printed reads: «Le goleis e le taupe», with goleis glossed as schripes, but this also is taken from O (f. 336ra). The correct forms would be shri[m]pes (i. e. ‘shrimps’), and tanpé. The correct version is found this time in ms. B (f. 100v), but not used in the printed edition: «Le geleis ne le tauntepé», glossed as wylke & prane (i. e. ‘whelk and prawn’). At the foot of p. 96 Sanguille ought to read L’anguille and goioun should be read as gojoun, i. e. ‘gudgeon’. This inserted passage contains also other fish-names of interest such as the grelet and the carbonel (B 100v), glossed as congur and colfysh respectively. The grelet is recorded only once by Gdf. 4.346b in an Anglo-French text of 1396 25 and defined in French as ‘l’ombre’, modern English ‘grayling’, whilst the carbone is similarly recorded only once in the same text, but left by Gdf. without a proper definition as ‘sorte de poisson’. It is the ‘coal-fish’. The importance of this passage found in the three manuscripts concerned is that it shows clearly the independence of the scribes who adopted and adapted Bibbesworth’s Tretiz for their own requirements, moving away from his stated aim of providing French agricultural vocabulary for future estate owners in the English countryside. The majority of the fish mentioned in these manuscripts are creatures of the sea, whose French forms would be unfamiliar to all but a minority of the educated inhabitants of England in the fourteenth century. In other cases the examiners themselves propose corrections to Miss Owen’s text that are erroneous. For example, Jeanroy rejects the editor’s translation of bulenge in v. 378-79 ‘bluteau à passer la fleur de farine’ in her Glossaire, saying that it means not the modern ‘blutoir’, but ‘blutage’, i. e. not the instrument, but the process of sifting or bolting flour, yet the word is glossed by the Middle English 25 Kristol 1995: 11. Both grelet and carbonel are found there. As will be demonstrated, this text draws on Bibbesworth for some of its material. Anglo-French in rural England in the later thirteenth century bolting cloth in v. 379. Also, in the variants given in the footnotes to the edition, bultingge clot for v. 378 occurs in no less than four other manuscripts, with bultyng, the operation of sifting, being found in a further manuscript referring to v. 379. The presence of both meanings (the process as well as the instrument) in the Middle English glosses would counsel against any dogmatic «correction» on the part of the examiner and demonstrates the danger of not being able or willing to handle the important Middle English content of the text. Again, when attempting to correct Miss Owen’s translation of the Anglo-French drache (ms. G, v. 275) by ‘carouge’ in her Glossaire, Jeanroy would replace it by the modern French ‘gousse de légumes’, saying that she had taken her gloss inaccurately from Godefroy, but Gdf. 2.766a gives the correct meaning ‘rafle du raisin’ as his second meaning, immediately below his ‘carouge’ sense, in the quotation «drasche que les pors mangeoient», a context that matches perfectly the one in Bibbesworth’s quotation: «Troye groundile qaunt drache quert» (the editor’s reading of the Middle English gloss over troye as soune is yet another n/ u error and ought to be read as souue = sowe = modern English ‘sow’), the phrase meaning ‘the sow grunts when seeking draff’. The OED, which would have been available for consultation by the examiners from 1928 onwards, defines draff as: ‘ . . . wash or swill given to swine; hog’s-wash’ 26 . Elsewhere Jeanroy rejects Miss Owen’s translation ‘moustache, favoris’ for Bibbesworth’s gernoun (v. 97), replacing it by giron. However, Gdf. 4.348a-b under grenon 1 has many examples of the word which he glosses as ‘moustache, favoris’, evidently the source of Miss Owen’s translation. The Bibbesworth text refers to the gernoun as being situated below the ear - «desouz le orail», therefore at some distance from Jeanroy’s ‘giron’ (‘lap’). The Middle English gloss thonewonges (i. e. MED thunwonge ‘The temple of the head’) here in ms. G is supported by other ms. In ms. C f. 3ra the French reads as follows: «Desouz le orayl avez gernoun», with the Middle English gloss: the her over the ere (= ‘the hair over the ear’), and ms. O f. 332ra reads: ere of pe hed, so the correct meaning would be ‘sideburns’ or ‘side-whiskers’ growing on the cheeks. Antoine Thomas is more circumspect than Jeanroy in his section of the review, making some useful corrections to Miss Owen’s Glossaire, but when he «corrects» her translation of aillie in the expression «il ne vaut pas un aillie» (: nascie) in v. 1076 as ‘ail’, claiming that its form should be changed to ‘aillade’, he is ignoring the Middle English gloss a pile of garlec (i. e. an object of little worth). This use of ‘ail’ to mean ‘a worthless object’ is frequently attested (Gdf. Complément 8.58a, T- L 1.238) and has also the variant forms aly, ailli and allie in Anglo-French. Thomas again leads the reader into error when he states that Miss Owen’s translation of frenol by ‘jonc’ is wrong, claiming that the Middle English gloss «keiex, aujourdui (sic) kex signifie ‘ciguë’.» The correct meaning is again confirmed by the OED as ‘the dry, usually hollow stem of various herbaceous plants’ (OED s. kex). In the context of a servant lighting a frenole, the key element must be the dryness of the 115 26 See also the entries under drast in OED and MED. William Rothwell 116 plant, making it combustible, hence the general sense ‘rush’, as Miss Owen says, rather than the precise ciguë, ‘hemlock’. 2. Apart from the examiners’ printed review, Miss Owen’s study aroused little interest amongst scholars working in the field of medieval French, giving rise only to a short Berlin thesis by Gerhard Schellenberg entitled Bemerkungen zum Traité des Walter von Bibbesworth (1933) that was based entirely on her work 27 and the article by Koch referred to earlier that concerned itself with the Middle English glosses rather than the French text. Although Schellenberg makes no mention of their review article or to having seen the base manuscript for himself, he followed in the examiners’ footsteps by attempting to analyse the language of the work in accordance with the traditional grammatical divisions applied to Old French at that time and, like them, was content to accept Miss Owen’s version of the text at face value. Not surprisingly, he too was most dissatisfied by what he found. His negative statement «Es ist schwer, im Anglonormannischen festen Boden unter die Füsse zu bekommen» (5) indicates an expectancy of a less than adequate work in conformity with the prevailing view that the firm ground of «rules» as laid down in the manuals of Old French for the different areas of grammar is not to be found in the later Anglo-French across the Channel. He proceeded nonetheless to work through each of these areas, comparing the forms in the text as set down in Miss Owen’s thesis with the «correct» ones given in the grammar books, and contrasting their spelling with «die normalen altfranzösischen Schreibungen» (7-33), a criterion which the abundance of forms given for many of Godefroy’s entries shows to be very elastic indeed 28 . In short, Schellenberg found that there was a good deal of «Unübersichtlichkeit» in the phonology of the text, that the morphology was even worse: «es würde ins Uferlose führen, jede flexivische Ungenauigkeit zu besprechen», and that the syntax was simply hopeless: «Syntaktisch ist das vorliegende Material nicht ernst zu nehmen, ein Beispiel dafür gibt die stellenweise völlige Ausserachtlassung der Beziehungen» (5). In his Einleitung, however, he refers to «die Eigenart dieses oft mehr als Nominale zu bezeichnenden Traités» (5), his demotion of the work from a «treatise» to a mere «wordlist», like Jeanroy before him, unwittingly recognizing the predominance of the lexis in Bibbesworth’s text, yet neither of them drew from this observation any conclusions regarding the author’s purpose in compiling the work. Schellenberg’s thesis has been quoted in some detail in order to show that, schooled in the medieval French grammar of the day, he was broadly in accord with the findings of Miss Owen’s examiners as regards the unsatisfactory nature of the text and their method of approach to the thesis. However, he did at least suspect that the editor herself was responsible for some of the textual errors in the work, 27 «Was über Dichter und Werk wissenswert ist, findet sich in der Einleitung von A. Owen» (p. 5). 28 To give only one example of this, noticed quite by chance when looking for something different, the verb herbergier is recorded in no fewer than 36 forms in Gdf. 4.455a. Anglo-French in rural England in the later thirteenth century although he failed to follow through his suspicions. Directly beneath the title of his final chapter «Zu erklärende Fehler und Besonderheiten» (64-69) he writes in brackets «Zum Teil auf die unsorgfältige Behandlung des Textes zurückzuführen», proof that he must have been aware of the potential danger inherent in equating uncritically Miss Owen’s edition with the manuscript on which it was ostensibly based. Schellenberg’s tentatively sceptical attitude towards Miss Owen’s handling of the manuscript was repeated more strongly in Koch’s article dealing with the Middle English glosses, where his earlier familiarity with the Bibbesworth manuscripts housed in what is now the British Library made him aware of what he termed «die mancherlei Unvollkommenheiten» in respect of both the French and English in her edition, and he rightly observes bluntly that: «Ausserdem sind die Variantenangaben der Herausgeberin . . . weder vollständig, noch immer genau genug, ja, mitunter geradezu irrig» (31), a far cry from the positive report of the examiners, but a judgement based on solid manuscript evidence, which theirs was not. Regrettably, as in the case of Schellenberg, this awareness of the defects in the editor’s handling of both languages of her texts was not set out in detail by Koch and did not become widely known to future readers of the Tretiz. The overall similarity between Schellenberg’s approach to the text and that of the examiners, even though there is no evidence of his being familiar with their review, is indicative of the generally dismissive approach to Anglo-French at the time of its publication. The lack of interest in the Tretiz on the part of the philological community is reflected in the small circulation of the edition compared with that of the standard works on the grammar of medieval French. Nyrop’s orthodox sixvolume Grammaire historique de la Langue française, published in 1930, went through four editions in as many years, and Miss Pope’s From Latin to Modern French, with especial Consideration of Anglo-Norman, Phonology and Morphology of 1934 has been reprinted more than once, has been widely quoted and has consistently figured in the reading lists of British universities for the last seventy years. Miss Owen’s thesis is not included in the Bibliography of the original edition of this work or its reprints. In contrast to the widespread success of these publications, Koch states that he was unable to find a copy of the Owen edition for use in his Anglia article of 1934 and had to resort to asking the Bibliothek des Romanischen Seminars zu Berlin for help 29 . The negative attitude adopted by scholars in the twentieth century towards Bibbesworth’s Tretiz as printed by Miss Owen contrasts markedly with its positive reception by his compatriots in his own day. Its popularity is evident not only from the number of surviving manuscripts but also from the proof of its wider dissemination and influence in the later Middle Ages that emerges from other sources.The early fourteenth-century Anglo-French Nominale sive Verbale (Skeat 1906) and Femina (Rothwell 2005) from the early fifteenth with their complete Middle English translations are not independent works in their own right despite their 117 29 «die . . . Ausgabe, von der ich mir nur mit Mühe ein Exemplar verschaffen konnte» (p. 31). William Rothwell 118 titles, but adaptations of basic material taken from sections of Bibbesworth, the Nominale being a fully glossed copy of a small section of the Tretiz and Femina adding to a similarly fully glossed (but again truncated version) of the text a moralising element based on Urbain le Courtois and the Proverbes de bon enseignement of Bozon, evidence of a breadth of interest present in the educated section of English society in the later medieval period that will be dealt with later. Although the Nominale omits much of the original Bibbesworth text, it greatly expands his list of bird-names. In an article entitled «The Taxonomy of Bird-Naming in Anglo- Norman and in Channel Island Patois» (Evans 1993) the late Dafydd Evans pointed out that: «The Nominale doubles Walter’s total» (111), one of the rarer varieties of bird being the praele glossed as «buntynge» (113; v. 805 in the Nominale) 30 . The same word occurs again twice with the spellings prel and prelle in the later manuscript of the Tretiz from the early fifteenth century housed in All Souls, Oxford (O f. 334rb, v. 407 and 409). This uncommon word is thinly attested in Gdf. 6.363c under the headword praieor, with the forms praiere and praiiere in his quotations, and T-L 7.1691 give the forms praier and praiere, referring the reader to Tilander’s Glanures lexicographiques (Tilander 1932: 209), where evidence is given of the word being attested on both sides of the Channel. It does not figure in Miss Owen’s footnote variants or her Glossaire, but its presence in the Nominale and the Oxford version of Bibbesworth show that other Englishmen a century after him must have been similarly familiar with a far wider range of French vocabulary than might be expected in what has been called the «period of degeneracy» of Anglo- French (Pope 1934: 424). In his article, Evans went on to quote a letter in the collection of Anglo-Norman Letters and Petitions edited by M. D. Legge for the ANTS (Legge 1941), which gave a long list of bird-names, dividing them into three distinct categories. Bibbesworth was clearly not alone in England in being able to provide his compatriots with vocabulary from the less familiar areas of the French lexis more than two centuries after the Conquest. What is more, in a number of other Anglo-French texts dating from around the same later medieval period as the Tretiz and quite distinct from the various Bibbesworth texts themselves may be seen unmistakable «borrowings» from the Tretiz. The editor of the fifteenth-century Orthographica Gallica (Johnston 1987) writes concerning lists of French words found in different manuscripts of his text that: «The lists are plainly compiled with indebtedness to other writers, e. g. Walter of Bibbesworth» (26). These «borrowings» from Bibbesworth are scattered over p. 26 (L. 50) of the variant readings and extend into p. 27. Additionally, in the base text of the work five lines of quasi-homonyms treated by Bibbesworth in different sections of his Tretiz are to be found on p. 15 (L. 50), followed on p. 17 (L. 86) by another example of the same feature: «Item habetur diversitas inter . . . kyvil et kevil» 31 , and then by examples of cases where Bibbesworth shows that one English 30 The form preal is found in the Bibbesworth ms. O v. 406, 407 and 409. 31 Misread by the editor as kynil and kenil. Anglo-French in rural England in the later thirteenth century term needs to be translated by several different words in French: «Item habentur diversa verba gallica pro isto verbo anglico ‹reed›, videlicet rous chivaler, chival; et harang soor; escue de goules, une rose vermaile» (L87). Similarly, on p. 18 (L88) is found: «Item habentur diversa verba gallica pro isto verbo anglico ‹breke›: fruschez chaud payn; debrusez l’os; rumpez la corde; enfraignez covenaunt, depessez la hanap», all of which are copied more or less verbatim from v. 308s. and 1053s. respectively of the Bibbesworth text as set down in the Owen edition.Again, it might be assumed that the fifteenth-century Liber Donati (Merrilees/ Sitarz-Fitzpatrick 1995) would be entirely devoted to the Ars grammatica, but, after only seven pages of the expected «grammar» (7-14), the text moves on to give French equivalents of Latin verbs and adverbs (p. 14-18) and then the names of the days of the week and numbers (p. 18), followed by seven pages given over to so-called «dialogues» (19-26) which contain lists of birds, animals, parts of the body, clothing, etc., very reminiscent of the corresponding lists in Bibbesworth, together with other clearly recognizable «borrowings» amongst the «Variant Readings» (27-31). Similarly, in the Manières de Langage (Kristol 1995), which deal with the vocabulary necessary for the English traveller in France, the 1415 version contains a section on the parts of the body (77s.) that follows in abbreviated form the similar section in Bibbesworth (v. 40s.), and a list of clothing on p. 78 is reminiscent of a similar list on p. 61-62 of the Owen edition. The long list of fish names on p. 11 and 43-44 of the Manières resembles the one given in the B O 4 manuscripts of Bibbesworth referred to earlier. More generally, on p. 145-47 of her thesis Miss Owen herself gives Extraits de Nominalia from colleges in both Oxford and Cambridge which deal with glossing from Latin or French into English and concentrate especially on Bibbesworth’s sets of homonyms and synonyms which the examiners failed to take into account when compiling their review article. All these extraneous pieces of evidence bear witness to the currency and influence of the Tretiz in England during the whole of the fourteenth century and beyond, despite its reprehensible grammar, yet the importance of the work was not recognized. For example, the Tretiz may be shown to be useful in respect of the history of modern English. The OED affirms that the adjective raucous is not found in English before 1769, being belatedly taken from the Latin raucus. The MED in its turn lists only rauc, not the fuller raucus, deriving the word from the «L[atin] raucus & OF rauque», its earliest attestation coming from a fifteenth-century translation into Middle English of a medical treatise by the French surgeon Chauliac, where the form rauc in the Middle English text is glossed by the genuine English hose (i. e. ‘hoarse’) 32 , suggesting that rauc was not generally accepted as being an English term at that time. For French, the form rau (corrected to raus) is given by Gdf. in a quotation from the later thirteenth century meaning enrhumé, enroué (6.622a, correction in 10.489a) and T-L 8.1340-41 under ro provide numerous examples of 119 32 «Rauc (adj.) Chauliac ? a1425 . . . pe lepre, . . . ffoulenez of pe lippez, Rauc, i hose, voyce [L. vox rauca] . . . ». William Rothwell 120 raus/ rowes/ roie, etc. in both continental and insular works from the early twelfth century, but there is no mention of «rauque». However, the form recous is given as a French term in no fewer than three manuscripts of Bibbesworth’s Tretiz with reference to the sound of the cuckoo 33 . In the B and G manuscripts it is not glossed, but the later O manuscript glosses it as hors (i. e. ‘hoarse’), so it would seem that the modern English raucous may have been first attested as a «French» word not found in France itself, long before its earliest attestation in the OED. Remaining with the «cuckoo», the point of Bibbesworth’s play on words - when he says that the sound of the cuckoo is heard more frequently in the lady’s chamber (oriol) than that of the (golden) oriole (oriol) - seems to have been missed 34 . The sound of the cuckoo is a euphemism for ‘cuckolding’. Similarly, the OED’s first attestation of soil as a noun meaning ‘The earth or ground’ is dated as «13..» i. e. some time in the fourteenth century, being derived from «Anglo-French soil, soyl and app[arently] representing the Latin solium», but the Latin dictionaries do not support this derivation. The MED under «soil (n. 1)» with the same meaning as the OED entry again gives the derivation of the word as coming from the Anglo-French soil, a «var[iant] of OF sueil, suil, souil» and dated «c1400». The Trésor de la Langue française states that its sol 1 with this sense dates only from the fifteenth century and comes from «haut bret[on].» The new Petit Robert also dates the word from the fifteenth century, but as coming from the Latin solum. The true situation is simpler, the word not only being used by Bibbesworth in the late thirteenth century «En bace tere ad bon soil», with soil glossed by the M. E. gloss erthe (v. 102 in the Owen edition), but attested even half a century earlier in the Anglo-French Rules of Robert Grosseteste (1240-42), where he gives advice to the landowner regarding the use of corn seed - «enquerez cumbien prent l’acre de semayl de cel soyl de terre», meaning that the landowner ought to find out how much corn seed per acre is needed for land with this type of soil. The correction of just some of the many textual errors in Miss Owen’s edition of Bibbesworth’s Tretiz set out above goes some way towards making possible a more accurate assessment of its contents and purpose in that it can no longer be dismissed out of hand as a failed attempt to teach French grammar. Yet so long as it is viewed in isolation there is no apparent reason for the appearance of a bilingual work of this kind in the England of the later thirteenth century and its subsequent spread through the numerous versions produced in the decades that followed. The link between the Tretiz and the society of rural England which alone 33 «Le chaunt de kokel (M. E. kockou) est recous» Owen 1929: v. 791; «Le chant de cocoil (M. E. cockow) est bien recous (M. E. hors)» ms. O f. 337vb; «Le chaunt de cocoel est ben rotous (l. rocous)» ms. B f. 104r. 34 G here has the erroneous orkoil to mean the bird, thus breaking the repetition of oriol, but B 104r has the correct oriol (tour) and oriol (wodewale), whilst O (f. 338ra) has oriol (tour) and arioule (wodewale). Anglo-French in rural England in the later thirteenth century would permit the correct attribution of the Tretiz to the domain of medieval English history rather than to that of medieval French grammar was provided only in 1971, being an indirect consequence of the publication of Dorothea Oschinsky’s Walter of Henley and other Treatises on Estate Management and Accounting (Oschinsky 1971: 396), the work not of a philologist, but a medieval historian. In her study of the many manuscripts which contain one or other of these agricultural treatises Dr Oschinsky came across copies of the Bibbesworth text set down together with literary works of different kinds. As a historian untrammelled by considerations of sounds and forms to the detriment of content and meaning, her association of Bibbesworth with a number of literary works correctly situated the Tretiz for the first time alongside manuscripts dealing with agriculture in the social context of later thirteenth-century England and enabled the Tretiz to be properly situated in the English society for which it was produced 35 . Her attention was focused principally on four agricultural texts produced in England in the second half of the thirteenth century. The earliest of these was written «in 1240 to 1242» (5) by Robert Grosseteste, bishop of Lincoln, better known to scholars working in the field of Anglo-French literature as the author of religious texts in keeping with his clerical calling. His text begins: «Isci comencent les reules ke le bon eveske de Nichole Robert Grosseteste fist a la contesse de Nichole de garder e governer terres e hostel», putting together the administration of a substantial household and the management of a large country estate. This treatise was followed by a lengthy anonymous Seneschaucy, which sets out in detail the many duties of each of the landowner’s chief officers together with the wide range of skills and knowledge that would be demanded of them, beginning with the seneschal himself (the steward) and working down the hierarchy. The third text is Walter of Henley’s Hosbondrye, its title perhaps an influence on Bibbesworth’s statement in his Prologue that he will deal with the French of «husbondrie» and «manaungerie». Henley’s work is more personal than the Seneschaucy, taking the form of parental advice from father to son on the techniques and difficulties of estate management. The fourth text is another anonymous treatise on husbandry. Of particular interest for present purposes is the Walter of Henley work which is thought to have been written in about 1280, around the same time as Bibbesworth’s Tretiz. When viewed as a whole, these agricultural texts in Anglo-French show the importance of the rural economy in thirteenth-century England and, consequently, of the written Anglo-French language in which its methods of management were expressed. The four treatises had been first published together by Elizabeth Lamond (Lamond 1890), but without the wider literary and social perspective brought in by Dr Oschinsky, and they remained for almost a century confined to the sphere of me- 121 35 The indissoluble link between language and the society which uses it was firmly established in Möhren 1986: 17: «Wortforschung ohne Sachforschung [ist] nicht möglich»; «Geschichte und Philologie erhellen sich gegenseitig. Und beide sind Hilfswissenschaften der Menschheitsgeschichte . . . ». William Rothwell 122 dieval historians without any link being made with other types of text in Anglo- French produced in the same period. In France itself, Louis Lacour had published a Traité d’Économie rurale composé en Angleterre au XIII e siècle as early as 1856 (Lacour 1856) 36 . His first footnote (123) is a quotation from L. Delisle’s preface to his even earlier Études sur la condition de la classe agricole en Normandie in praise of English agriculture: «C’est en Angleterre que les écrivains du moyen âge semblent avoir eu le plus de goût pour l’économie rurale. Ils nous ont laissé sur cette matière des travaux originaux du plus vif intérêt.» Lacour himself opens his edition of the Anglo-French Traité d’Économie rurale with a similar eulogy: «Au treizième siècle, l’agriculture en Angleterre était arrivée à un degré de perfection que nous ne devions pas atteindre de si tôt», with again a similar quotation from Delisle in support: «Le lecteur aurait été surpris de la perfection qu’avait dès lors atteinte en Angleterre l’exploitation des champs» (128), and goes on to praise the organization of the work-force from landowner down to labourer, also its homogeneity and its common interest in the success of the enterprise. The changing balance in thirteenth-century England between the language introduced by the conquerors in 1066 and the rising tide of Middle English must have provided to at least some extent the incentive to set down the French agricultural texts as a defensive measure. Lacour’s publication was known to Dr Oschinsky who lists it in her Bibliography a century or so later 37 , but without referring to it in the body of her study of the agricultural treatises. The end of the Traité d’Économie consists of paragraphs entitled «De faire payn», «De faire cervoise», «Médicine pur breez» and «Médicine pur cervoise rouge» which are very reminiscent of the corresponding sections of Bibbesworth’s Tretiz dealing with the making of bread and ale, thus establishing a significant connection between the highly praised work produced in France and the error-strewn text written in England as published by Miss Owen. Dr Oschinsky’s book not only illustrates the methods of farming in later thirteenth century England and the specialized French vocabulary that goes with them, but also shows the wide range of professional skills brought together by the demands of this successful agriculture. She points out that the texts were «compiled for the legal public» (6), and also that «high farming made efficient organization and accurate methods of accounting and auditing essential» (4), going on to state that «Just as the legislation of Edward I brought about the rise of a class of professional lawyers . . ., so too the legal demands of the period . . . were the impetus for the creation of a class of professional estate officers trained for estate management and accounting . . ., and receiving practical training on manorial estates» (73-4), continuing « . . . the new profession of qualified baillifs put estate management on a scientific basis and intensive farming was encouraged by the support of 36 I am indebted to Professor D. A. Trotter for providing me with a copy of this work. 37 His initials are given as «M. C.» in the bibliography, but there is no doubt about the text involved. Anglo-French in rural England in the later thirteenth century Statutes. Young baillifs, trained on the lines described in the Seneschaucy and Walter . . . needed efficient methods of compiling accounts . . . » (233). The principal language used in these texts on accounting and the law was Anglo-Latin containing many terms «borrowed» from French, together with some French (e. g. 475-78). Along with this account of the different areas of intellectual activity in later thirteenth-century England brought together by the promotion of agriculture, Dr Oschinsky’s book ranges more widely as she examines the diverse works which accompany the treatises in the manuscript collections.An example of the varied areas of knowledge to be found in such manuscripts and consequently in the educated community who collected them at this time may be seen amongst the intellectual writings in a manuscript now in the Cambridge University Library. Dr Oschinsky says that it «is thought to have been the work of John of Longueville, an eminent Northhampton lawyer who lived during the late thirteenth and early fourteenth centuries». One section of this very substantial manuscript is «a collection of texts useful in particular to estate officers», consisting of legal texts, «a treatise on letter writing, a treatise on accounting, the Extenta Manerii, the Seneschaucy, . . . and Walter [of Henley]» (24). She does not indicate the nature of the rest of the contents of this particular collection, but when dealing with the wide dissemination of the agricultural works in which «eighty-four manuscripts include one or more of our treatises» (10), she mentions in respect of one of them, the Bodleian Selden Supra 74 dating from about 1300, that: «The MS. is of interest because its content shows that the texts by Walter of Bibbesworth, Walter of Henley, and Nichole Bozon were considered in some circles as equally ‹good› reading, and because the comparison of the three treatises shows that the authors knew each other’s work.» (44). Later, in a footnote (154 N2), she develops this point about the relationship between the three works: «This text (i. e. Les proverbes de bon enseignement de Nichole Bozon), together with Walter (i. e. Walter of Henley’s Hosbondrye) and the nominale by Walter of Bibbesworth (i. e. the Tretiz) was copied in MS. 68 . . ..» 38 . She might have added that in this manuscript the final verse of the truncated text of Bibbesworth’s Tretiz to which she refers leads directly into the blurred opening line of a version of Walter of Henley’s Hosbondrye, so the two texts could not be closer together physically. A corresponding link between Bibbesworth and Bozon is to be seen in another manuscript, the one that houses Miss Owen’s C version of the Tretiz. This came originally from the Phillipps collection in Cheltenham as ms. 8336 and is now in the British Library as Additional 46919. In the Introduction to his edition of Nine Verse Sermons by Nicolas Bozon, Brian Levy (1981: 1) wrote regarding the location of his material that: «The poems are all found together in a single manuscript (MS British Library Additional 46919)» 39 , so it would be strange indeed if the Bibbesworth text alone in these two compilations were unintelligible. 123 38 This number indicates its position in Dr Oschinsky’s work, not the Bodleian numbering. [74] 39 This is the «Thirlestaine House 8336» ms. later acquired by the British Library as Additional 46919 and given the identity C by Miss Owen. William Rothwell 124 The connection between Bibbesworth and Bozon had been noticed as early as 1884 in an article by Paul Meyer (1884: 499s.) dealing with the contents of the Phillipps 8336 manuscript. Alongside Bibbesworth’s Tretiz, which Meyer apparently did not understand, calling it «ce curieux opuscule» (500), he makes reference to the presence of the poems of Nicholas Bozon, writing: «la portion la plus considérable, celle qui contient les poésies de Bozon et de Gautier de Bibbesworth . . . n’a pas été étudiée jusqu’à ce jour» (499) 40 . On p. 31 of her Introduction to the Tretiz Miss Owen lists the other varied contents of this manuscript: «Les Chastel de Leal Amour, l’Art de Venerie, par Mestre Guillaume Twich, un traité sur les oiseaux, et un autre sur l’amour, des prières à sainte Marie, une Description de Chivalerie par Hue de Tabarie.» This very disparate group of texts accompanying the Bibbesworth work testifies both to its acceptance by his contemporaries and also to the wide range of their literary interests, in sharp contrast to the modern approach which tends to separate the contents of medieval manuscripts into specialized sections to be studied by different groups of scholars working independently in each particular section. Although Meyer did not pursue his linking of Bibbesworth with Bozon, his remark complements the similar linking of Bibbesworth and Walter of Henley referred to above, thus bringing together Bozon’s many religious writings, Henley’s agricultural treatise and Bibbesworth’s essay on the French vocabulary relating to that agriculture, confirming Dr Oschinsky’s statement regarding the eclectic reading of the educated ruling classes in later medieval England and broadening the perspective in which the Tretiz needs to be judged. Bibbesworth and Bozon may again be seen to be linked by an unusual detail common to both their works. In his Contes Moralisés 41 Bozon says that the industrious badger is driven from its newly-made set by the fox which leaves its excrement at the entrance, driving the badger away, and then installs itself in the set when the badger has gone. This tale is said by the editors of the Contes to originate in a version of the Physiologus by Bartolomaeus Anglicanus entitled De proprietatibus and to be found only in that text. However, Bibbesworth mentions this same feature briefly in his section on the names of animals in his Tretiz: «Jeo vi vener un graunt tesschon (M. E. brocke) / Ki ad guerpi sa mansioun / Pur les fens du gopil (M. E. fox) / Ki l’ad mis en exil» 42 . This linking of Bibbesworth’s Tretiz on the one hand with contemporary works well established in the canon of Anglo-French literature and on the other hand with texts dealing with the techniques of medieval English agriculture moves it from the category of an isolated and severely flawed essay on the grammar of me- 40 For details of the present state of publication of the many works by Bozon see AND 2 p. xxxi. 41 Toulmin Smith/ Meyer 1889: Conte 144, p. 179, and Owen 1929: v. 799-802. 42 Since the Contes are attributed by the editors to the early decades of the fourteenth century whilst the Tretiz is commonly said to date from around 1280, it could be argued that Bibbesworth’s work might have provided the story in the first place, but the version in the Contes is fuller. Anglo-French in rural England in the later thirteenth century dieval French into the mainstream of the literary and social history of medieval England. By revealing the juxtaposition in the same manuscript collection of three texts belonging to what have been regarded in modern times as separate areas of knowledge - medieval French language, medieval French literature and medieval English history - Dr Oschinsky drew attention to the need for a more integrated view of the legacy of French in medieval England. Further evidence in support of such breaking of the barriers between works in Anglo-French that have traditionally been considered in modern times to be the preserve of different groups of scholars is provided by the other works of Bibbesworth himself that have received little attention and are far removed from the subject-matter and written style of the Tretiz. As early as 1841 Thomas Wright published in his Reliquiae Antiquae (Wright 1841), an Anglo-French poem which he entitled «Dialogue between Henry de Lacy and Walter Bibbesworth on the Crusade» (134-35). This was published again by Suzanne Thiolier-Méjean (1980) as an appendix to an article entitled «Croisade et registre courtois chez les troubadours» 43 . The poem would seem to be a joint effort by the two friends. It begins: «Ci commence le counte» and Henry de Lacy proceeds to lament that he is torn between his duty as a Crusader - «Ore sui croisee, pur Deu servir» - and his love for his lady - «Cele au cler vys, au ryaunt oil.» He knows that if he does not go to join the Crusaders in the Holy Land everyone apart from his beloved will hate him and he will be dishonoured, but if he leaves her he will lose her love. Bibbesworth replies («Respont sire Gauter») that love is like the honeysuckle clinging to a fine tree and smothering it, in an apparent reference to Marie de France’s Lai du Chievrefeuil. To save the tree it must be cut down near the ground, so that new branches may flourish. Henry de Lacy remains unconvinced and says that he is constrained «Par force d’amour qe tut veint», to which Bibbesworth replies that his friend must not abandon Christ «Qui fust de un glayve au quer enpeint» in favour of a woman «qe vus veut mener Au fu d’enfern qe ja ne esteint» and ends with the harsh admonition: «Cil qi de gré se veut noier N’en doit par raisoun ester pleint». It is noteworthy that this Dialogue, whether the work of one or both parties, does not display any sign of the abundance of grammatical error found in the Owen edition of the Tretiz and its numerous footnote variant readings. The reason for this may perhaps be that, not being of such general interest as the Tretiz with its wide-ranging vocabulary, the more private Dialogue would have been less likely to be copied by unknown scribes of unverifiable knowledge and competence who provided the various versions of the Tretiz and to whose errors were added those of Miss Owen herself. This Dialogue also gives a hint of the place of Anglo-French in the intellectual climate of Europe in the later Middle Ages. The 1980 article shows that the Bibbesworth-Henry de Lacy poem is not to be seen as an isolated piece of writing from 125 43 I am indebted to Professor D. A. Trotter for drawing my attention to this later article and providing me with a copy of it. William Rothwell 126 a distant unimportant and unlettered outpost of French, but is on a par with numerous similar expressions of unease about the Crusades found across the Channel in both troubadour and trouvère circles. The writer quotes a couplet by Conon de Béthune dating from 1189 in which he confesses that, although his body will go on the Third Crusade, his heart will remain behind with his beloved. Two similar confessions are cited from poems by Thibaut de Champagne half a century later, whilst on the troubadour side the names of prominent poets such as Raimbaut de Vaqueiras, Marcabru, Sordel and Gaucelm Faidit are to be found associated with the same kind of text. Furthermore, nearly half a century after Wright’s Reliquiae Antiquae, Paul Meyer (1884: 531-32) included in his article referred to above short extracts taken from two other poems by Bibbesworth found in the same manuscript as the version of his Tretiz mentioned earlier (ms. C, now British Library Additional 46919, Cheltenham 8336 in Miss Owen’s list, 31). The first of these is in honour of the Virgin, the second in honour of women, but Meyer printed only a few verses from what are poems of some considerable length 44 , regarding them as worthless on account of their play on words and lamenting that «le goût des vers équivoqués avait pénétré en Angleterre» (531). This feature not appreciated by Meyer dominates the two poems from beginning to end, the author displaying again a talent for juggling with words that is reminiscent of his play on (quasi-) homonyms in his Tretiz, a linguistic skill that would call for a thorough command of the French language, however its literary quality might be judged by later generations. The seriousness of the poems is made clear by Bibbesworth’s Introduction: «Cy comencent les dytees moun syre Gauter de Bybeswurthe: Regardez, lysez, apernez». Like the Dialogue between Bibbesworth and Henry de Lacy, these poems show no trace of the gross grammatical errors allegedly found in the Tretiz, and so they reinforce the view that the blame attached to the author in this respect ought to be transferred to scribes and editor. When added to the contacts with writers across the Channel referred to above concerning the crusades, these poems by Bibbesworth lead to the other factor which must be taken into account when assessing the importance of the Tretiz in the late thirteenth and fourteenth centuries, namely the social position of the personages with whom he was in regular contact. When identifying the writer in her Introduction, Miss Owen mentions that the Bibbesworth family held land in Essex and that Henry de Lacy, treated as Bibbesworth’s equal in the Dialogue, was not only Count of Lincoln but a counsellor of Edward I (23). Indeed, the Lacy family also had an extensive country estate in Dorset over to the west of the country, in the area now known as Kingston Lacy 45 . Walter of Henley too was a prominent landowner, and Bibbesworth’s patroness herself would be linked later to the de Vere family, counts of Oxford, by the marriage of her grand-daughter. All these landed families were originally of French extraction and would have been most un- 44 They occupy f. 92v to 95v. 45 The present estate, in the care of the National Trust, covers over 8000 acres. Anglo-French in rural England in the later thirteenth century likely to allow themselves to be associated with a corrupt French text littered with all manner of errors as printed by Miss Owen. An understanding of Bibbesworth’s position in society helps to explain the final section of his Tretiz entitled «Ore le fraunceis pur un feste araer», which moves away from the vocabulary of the countryside to set out the French terminology associated with the organization of a feast - «un mangerie» (v. 1100 in the Owen edition of ms. G). This departure from his teaching of «tut le fraunceis . . . de husbondrie e manaungerie» is not explained or even mentioned by the editor. The confusion in Miss Owen’s Glossaire between manaungerie and mangerie (i. e. ‘management’ and ‘feast’) referred to earlier which showed that she did not understand the synonymity of husbondrie e manaungerie as agricultural terms would also have prevented her from appreciating the purpose of this description of a mangerie. When set in the context of the upper classes in English society towards the end of the thirteenth century, this concluding chapter of Bibbesworth’s Tretiz may be seen to be neither aberrant nor isolated. Ample evidence of the presence of a rich Anglo-French culinary vocabulary in use in England as early as the Bibbesworth era is to be found in the «Culinary Collections» edited by Hieatt/ Jones 1986. A later example of this branch of literature from quite different sources has recently been brought into the public domain by Lisa Jefferson 1998. Composed more than a full century after Bibbesworth’s Tretiz, two of these feasts were organized to celebrate the awarding of degrees at Oxford, the third being held in London in honour of the King’s Sergeants. In the light of the Bibbesworth manuscripts discussed above, the use of language in these feast menus at such a late date is of interest for the history of both English and Anglo-French.The article states that: «All three of the languages of medieval England (English, French and Latin) are deployed, and the admixture is such that one cannot always be sure whether one should count a word as English or French (blamange, flampayn, jussell). French, or rather Anglo-French, is the base language, and is employed for almost all culinary terms (endoré, enarmez, en comfyt). English words have been gallicized (rostez, bakez), and French word-order is preserved (chykyn farsé) except in a few instances. The small connecting words of a phrase are also usually French (ové, de, en) and names for animals and birds are purely English . . . Latin appears in the abbreviated ‹Epi. Slez . . . › and in the interjected ‹vel bakemet raylis roiall vel doucetes›.» (246). The list of the linguistically mixed terminology used in these menus given on the three pages which follow bears witness to the extent of this culinary vocabulary in use in fifteenth-century England. Thirty years before the «Three Fifteenth-Century Feast Menus» evidence of this kind of fluctuation between French and English in the area of feasting, but at a much earlier time and at a much lower social level, had been published in «The Guardian» newspaper on Friday, December 22, 1967 (6) under the title of «A fourteenth century feast». The subject of the article is an English poem of 250 lines, regrettably said to be «too long to print here in its entirety», which tells of the antics 127 William Rothwell 128 of the «sweaty Swinkers 46 and true Drinkers of Tottenham» on the occasion of a mock tournament held in the alehouse after «a Sports Meeting, beside the high way . . ., with the hand of the landlord’s daughter as the prize». The menu for «this joyous mockery of a lord’s manorial banquet» held «in ridicule of the foreign imported fashions of the period» is understandably quite different from that of the decorous proceedings described by Bibbesworth and those recorded in the «Three Fifteenth-Century Feast Menus», but the vocabulary of the food enjoyed by the «labourers, bakers, potters, and working fellows» who took part in this farce contains French terms alongside English ones (e. g. capon, mortrews, browet of Almayne, pestils (cf. MED pastil)). These texts, the one serious, the other mocking, show that the ending to Bibbesworth’s Tretiz was not just an inexplicable and irrelevant afterthought. The organisation of feasts is mentioned in one of the agricultural treatises referred to earlier. A section in Grosseteste’s Rules from the mid-thirteenth century sets out in detail the hospitality in hall to be offered to honoured guests, the seating arrangements, the saying of grace, the parading of the baker and butler before the lord carrying their food and drink, the rules for the order in which guests were to be served, etc., a «lord’s manorial banquet» as mentioned in the Tottenham farce (Oschinsky 1971: 402-6). Instruction in the arrangement of this kind of ceremonial feast would have been an essential part of the education received by the rising generation of landlords on large estates many decades before the «Three Fifteenth-Century Feast Menus». The passage of culinary terminology from French into English that may be seen in the final section of Bibbesworth’s Tretiz, in the «Three Fifteenth-Century Menus» and the «Guardian» text contrasts markedly with the very limited adoption into modern English of the rural vocabulary that forms the basis of Bibbesworth’s Tretiz. His prologue in particular lists the terminology of agriculture that he intends to pass on to the offspring of his patroness - arer (‘to plough’), rebingner (‘to turn over ground a second time’), waretter (‘to plough fallow land’), semer (‘to sow’), searcler (‘to hoe, weed’), syer (‘to reap’), fauger (‘to mow’), carier (‘to cart’), muer (‘to stack’), batre (‘to thresh’), ventre (‘to winnow’), mouwere (‘to grind’), pester (‘to knead’), brescer (‘to brew’), bracer (‘to malt’), haute feste araer (‘to arrange a feast’), but of all these terms only carier (‘to cart’), batre (‘to beat’) and feste araer (‘to arrange, organise a feast’) have come through into modern English. Similarly, the English vocabulary of the countryside in general has not been substantially modified by Bibbesworth’s work, only a few of the many French terms it contains being present in the lexis of modern English. The explanation for this may be found in the economic and social condition of medieval England in the later thirteenth and fourteenth centuries. The complimentary comments of Delisle and Lacour mentioned earlier regarding the advanced state of English agriculture as seen in French texts show that there was 46 I. e. ‘labourers’. Anglo-French in rural England in the later thirteenth century no need for the English landowners of French descent to bring the relevant vocabulary over from France, but, whilst they and a handful of their principal officials might regulate the overall activities of their work-force through the medium of French, native or acquired, the all-important direct contact with the soil itself, its products and the implements required for their cultivation would be made by a much larger contingent of monolingual and unlettered English workers whose passage through life would leave little trace and whose silence hinders any detailed understanding of the linguistic situation obtaining in the English countryside in the later Middle Ages. Often working in thinly-populated rural areas, these farm-labourers would have had little immediate contact with their French-speaking masters and many would have spent their lives in one small community 47 where they would be less exposed to French influence from outside than the more cosmopolitan inhabitants of large towns, at least some of whom would be working in national or local organisations where French would remain the language of communication for many years to come, or were more mobile for reasons of trade and commerce. Also, the number of intermediary officials working at different levels in the agricultural community who would have been capable of using both languages with varying degrees of competence from one generation to another and so acting as intermediaries between the francophone masters and their anglophone workers must remain an unknown quantity. Once cleared of the layers of error for which Bibbesworth was not responsible and viewed as a social phenomenon produced at a particular time, in a particular area and for a particular group of readers, the Tretiz may be seen as an important historical document that marked the end of an era. The fact that the work was commissioned by Dyonise de Mountechensi specifically to maintain the presence of the French voice in the practice of English agriculture in the fertile East Midlands based on Lincoln, the diocese of Grosseteste, is an indication that she must have been aware of the threat to its future continuation in that role in the face of the rising tide of English and must have chosen the bilingual Bibbesworth as being best qualified to carry out the task of preservation. Yet although the Tretiz would be copied and modified right through the fourteenth century, with some of its material «borrowed» even in the fifteenth century into texts not concerned in any way with estate management, the work as a whole made little lasting impression on the linguistic history of England, the language of agriculture at the level of the labourers being too deeply rooted to be changed from above in favour of the language of a steadily declining rural aristocracy. The French terminology which transformed Middle English into modern English would only rarely be related to agriculture or the natural world of the country- 129 47 As was mentioned in N14, the Seneschaucy forbids the workers in charge of animals to frequent fairs, markets or taverns and to indulge in wrestling-matches, activities which would reduce the isolation of small communities. William Rothwell 130 side 49 , but rather to more urban concerns such as governance and the law at national and local level, or trade and commerce at home and abroad. Using Chaucer as being representative of English in the later fourteenth century, his work shows little sign of French grammar, but if the French terminology that pervades his writings were to be removed, they would be incomprehensible (cf. Rothwell 1996; 2006; 2007). Swansea William Rothwell Appendix A selection of 1) French words in the Tretiz which have similar forms but different meanings and 2) English words which are to be translated by more than one French word. 1) French cece (‘stumble’) chece (‘fall’) v. 19; greve (‘parting in hair’) grive (‘thrush’) v. 30-32; toup (‘lock of hair’) toup (‘top of flax’) toup (‘spinning top’) toup (M. E. ‘tup’, ‘ram’) v. 34-38; temples (‘temples of head’) temples (‘churches’) v. 41-42; graciose (‘comely’) chaciouse (‘bleary’) v. 43-44; rupie (‘nasal mucus’) rubie (‘ruby’) v. 46-52; chouue (‘chough’) jouwe (‘cheek’); la levere (‘lip’) le levere (‘hare’) livere (‘pound’) livre (‘book’) v. 61-66; ascel (‘armhole’) escel (‘axle’) v. 99-100; coste (‘rib’) costee (‘side’) v. 125; gareters (‘garters’) charetters (‘carters’) v. 141-43; la zure (‘calf’ of leg) ensure (‘on, above’) le assure (‘protects him’) v. 145-47; keviles (‘ankles’) kyviles (‘pegs’, ‘dowels’) v. 151-56; la char (‘flesh’) le char (‘cart’), eschar (‘scorn’) v. 169-74; apel (‘knell’) apel (‘appeal’) v. 179-80; ceintez (‘gird’) enceintez (‘make pregnant’) v. 187-90; jaroile (‘squawkes’) garoil (‘trap’) v. 260-66; baleie (‘bleats’) bale (‘dances’) bale (‘bag’) baal (‘yawns’) baille (‘gives up, hands over’) v. 285-88; se espreche (‘stretches’) presche (‘preaches’) pesche (‘fishes’) hesche (‘hook’) v. 289-92; fresche (‘fallow’) freische (‘fresh’) v. 293-94; lesche (‘píece, slice’) lesche (‘licks’) v. 297-98; reyne (‘queen’), reyne (‘frog’) v. 318-19, rey (‘king’), rey (‘furrow’) v. 320-21; rastel (‘rake’), rastuer (‘a scraper for cleaning a kneading-trough’); v. 387-90; littere (‘hay’/ ‘straw’), litteir (‘vehicle’) v. 397- 98; fusil (‘spindle’ for weaving), fusil (‘fire-iron’) fusil (‘mill-spindle’) v. 435-40; breser brece e bracer cerveise (‘to malt malt and brew beer’) v. 455-93; grele (‘hail’/ ‘small’) v. 584-85 49 ; tonn (‘thunder’ verb/ ‘cask’/ ‘go numb’) v. 581-82; parele (‘red dock’), parel ‘pair’), v. 654-701; varole (‘caterpillar of the cabbage butterfly’), verole (‘small-pox’), virole (‘ferrule’) v. 622-32; coingner (‘quince tree’) coingnier (‘to put a person in the stocks’), coigner (‘wedge’) and coigne[r] (‘coiner’) v. 681-90; naer ( (‘to swim’), noer (‘to drown’) and nager (‘to row’) negger (‘to snow’) v. 733- 39; essel (‘axle’), assel (‘protecting plate under cart-body’), ascel (‘arm-hole’) 867-68; poutre (‘a support beam’/ ‘a filly’) v. 947-48, arable (‘maple tree’/ ‘arable’) v. 699-700; poun ‘peacock’/ ‘pawn’ (at chess); ventrere (‘midwife’), ventrer (‘belly-rope’ (for horse) v. 875-79; etc. 48 The French herbe would supplement the English «grass» and provide a useful distinction between the medicinal and the agricultural; prune would allow a distinction between modern English «plum» and «prune» , etc. 49 The first grele in the sense of «hail» is not found in Miss Owen’s text because she missed out a complete verse - Nos averoms grisil puis q’il grele as was mentioned in N9. Anglo-French in rural England in the later thirteenth century 2) English ‘red’: rous, sor (of a horse or herring), goules (heraldic), rouge, vermaille (of wine) v. 308-14; ‘stack’ as verb: muez (of corn in barn), tassez (of corn in field) v. 347-48; ‘stack’ as noun: moye (M. E. reke), moiloun (M. E. reke), thase (M. E. stake), thas, v. 349-52; terms for ‘to blow’: suffler (of kitchen-boy fanning fire), venter (of wind in bushes), corneer (of hunter) v. 369-73; ‘to break’: Frussés (of bread) 1059, Debrusés (of bone) 1060; Rumpés (of rope) 1061; Enfreinés (of covenant) 1062; Partiez (of herring) 1063. Bibliography Benson, L. D. 1987: The Riverside Chaucer, Oxford Bolland, W. L. 1925: Manual of Year Book Studies, Cambridge Cerquiglini, B. 1991: La naissance du français, Paris Dean, R. J./ Boulton, M. 1999: Anglo-Norman Literature. A Guide to Texts and Manuscripts, London Evans, D. 1993: «The Taxonomy of Bird-Naming in Anglo-Norman and in Channel Island Patois», in: I. 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Or, si on ne peut refaire ici toute l’histoire de sa réception, il est intéressant de se pencher sur les choix syntaxiques du traducteur, qui ne sont pas sans liens avec ses choix idéologiques. On a pu reprocher à Castellion d’avoir écrit une Bible pour les gueux. En effet, son projet, annoncé dès la préface, voulait mettre à disposition des «idiots», un texte «entendible», c’est-à-dire qu’il ne comportait pas d’emprunts savants, remplacés par des trouvailles propres à Castellion 2 ou des mots populaires, et que son orthographe était dépouillée des lettres étymologiques inutiles 3 . Ces aspects ont été reprochés au traducteur, et les linguistes d’aujourd’hui les ont examinés avec attention 4 . Cependant, l’élaboration d’un texte à destination des gens simples, peu lettrés, voire illettrés 5 , demande plus que l’adaptation du lexique et de la graphie. On s’aperçoit rapidement à la lecture de ce texte, que quelque chose le rend flui- 1 Cet article présente les résultats d’une partie inédite de ma thèse de doctorat, soutenue à la Faculté des Lettres et sciences humaines de l’Université de Neuchâtel, le 16 novembre 2006 et lauréate du Prix de la relève du Collegium Romanicum 2007. Le reste de la thèse sera publié chez Droz en 2009, sous le titre Traduire pour le peuple de Dieu. La syntaxe française de la traduction de la Bible par Sébastien Castellion, Bâle, 1555. On a exclu de cet article les formes dites gérondives (introduites par la préposition en) qui ne représentent pas une catégorie pertinente pour l’état de langue qui nous intéresse. En effet «avant le XVII e siècle, la distinction entre gérondif, participe présent et adjectif verbal n’est pas pertinente, car d’une part avec valeur de ‹gérondif› la forme en -ant peut s’employer sans préposition, d’autre part l’accord se fait même lorsque la forme en -ant a valeur verbale; c’est l’Académie qui en 1679 formule les règles d’accord de ses différents emplois» (Marchello-Nizia/ - Picoche 1989: 269). «Le participe présent s’oppose . . . par sa syntaxe adjectivale (incident au nom) au gérondif de syntaxe adverbiale (incident au verbe de la phrase).» (Fournier 1998: 299). Pour une bibliographie générale sur la discontinuité syntaxique, voir L’Information grammaticale 109 (2006): 3-12. 2 Rogner pour circoncire, par exemple, ou laver pour baptiser. 3 Fis pour fils, mais aussi êt pour est, ou e pour et. 4 Voir notamment Chaurand 2003 et 2005; Baddeley 1993: 35 et 2005. 5 J’ai émis l’hypothèse que le ce texte était destiné à être lu à haute voix, pour que les illettrés y aient accès. De nombreux indices corroborent cette hypothèse (cf. Skupien Dekens à paraître). Vox Romanica 67 (2008): 133-168 Carine Skupien Dekens de, facilement lisible, et pour tout dire fascinant. Une analyse linguistique détaillée (cf. Skupien Dekens, à paraître) permet en effet de décrire une syntaxe tournée vers son public, qui exploite toutes les possibilités syntaxiques et stylistiques de la langue du XVI e siècle, qui permet par exemple à la variation (des constructions syntaxiques peu fixées au XVI e siècle, du style qui s’adapte aux différents genres de textes de la Bible, . . .) d’être au service du sens, et finalement des destinataires par la constitution d’une langue propre, savamment placée entre influence des langues anciennes et adaptation au public français. Pour illustrer ce phénomène, je présenterai ici l’utilisation particulière que fait Castellion des formes en -ant. En effet, parmi les quelques tours syntaxiques qui évoluent particulièrement au XVI e siècle 6 , les «constructions détachées» et particulièrement les participiales occupent une place de choix. Ceci pour au moins trois raisons: D’abord, elles sont forcément influencées par la syntaxe latine, ce qui permet de s’interroger sur les modèles du traducteur 7 . Si on admet que Castellion a cherché à écrire «pour les idiots» en évitant autant que faire se peut tout calque lexical ou emprunt savant, aura-t-il opté pour une syntaxe «pour les idiots», dépourvue de l’influence du style administratif ou curial hérité du latin? Ensuite, une recherche approfondie sur les participiales, qu’elles soient absolues ou «conjointes» 8 , nous permet de nous renseigner sur deux points de la langue de cette traduction: la syntaxe, d’un part, puisque l’utilisation de participes présents est une caractéristique du français écrit du milieu du XVI e siècle, et les études sont nombreuses qui nous permettront de situer Castellion parmi les différentes tendances syntaxiques de son époque; le style, d’autre part, puisque les implications pragmatiques et stylistiques du recours, massif ou non, au participe présent dépassent la grammaire de la phrase, et touchent à la cohérence textuelle et à la rhétorique. J. Lecointe 1997 n’a d’ailleurs pas hésité à nommer «style en -ant», cette manie syntaxico-stylistique de cette période. La plupart de ces constructions participiales peuvent être qualifiées de «détachées» 9 , c’est-à-dire qu’elles sont «toujours facultatives et effaçables» et «jouissent en principe d’une grande mobilité et s’opposent ainsi aux contraintes syntaxiques qui structurent le prédicat verbal» (Landy 2003: 71). Affranchies de (presque) toute contrainte grammaticale, les constructions détachées participiales constituent donc un objet d’analyse idéal pour caractériser un style personnel. 134 6 Voir toutes les études rassemblées par Combettes 2003. 7 «Qu’il s’agisse de participes ‹présents› ou ‹passés›, qu’il se présentent en construction absolue ou semi-autonome, coréférents ou non avec le sujet de la proposition qui suit, le participe par son origine gréco-latine et le prestige qui lui est attaché, par son foisonnement dans le genre narratif occupe une place capitale dans la prose du français préclassique.» Landy 2003: 276. 8 J’emploie ici la notion de «participe conjoint» telle qu’elle est définie par Lorian 1973: 213. 9 Dans ce cas, j’exclus les adjectifs, même verbaux, comme «Tu n’auras peur ni de frayeur de nuit, ni de fleche volante de iour» [Ps 91,5] ou les syntagmes nominaux comme «E apres qu’ils se furent retirés, voici l’ange du Seigneur qui se montre a Ioseph en son dormant, e lui dit : . . . » [Mt 2,13]. Les formes en -ant dans la traduction de la Bible par Sébastien Castellion Enfin, l’étude des formes en -ant se prête particulièrement bien à l’analyse historique, puisqu’on constate une évolution diachronique fort bien dessinée dans l’usage de ces participes, ce qui nous permet non seulement de définir un style, mais aussi de le situer dans une tendance, à l’avant-garde, ou peut-être en queue de peloton. En effet, l’usage de participes, même absolus, n’est pas une invention du XVI e siècle, et ne doit pas être attribué uniquement à l’influence de la syntaxe latinisante, qui se fait sentir d’ailleurs depuis que l’on écrit en français. «Tout d’abord, le participe absolu appartient au système français, ou du moins à celui d’un certain niveau de langue: c’est son essor, pas sa naissance, qui est dû à la vogue latinisante régnant en moyen français.» (Lorian 1973: 205). Ainsi, on constatera une augmentation de la fréquence de participiales, qui connaîtra son apogée au milieu du XVI e siècle. La fréquence augmente à partir de 1530, et baisse à la fin du siècle. On a donc affaire ici à un trait caractéristique des années du milieu du siècle, un trait dont la fréquence a beaucoup évolué, et qui, en conséquence, permet de situer la langue de Sébastien Castellion. 1.1 Définitions La définition des formes en -ant est une chose délicate: il y en effet presque autant de classifications, de typologies que d’articles qui y sont consacrés 10 . Cependant, quelques précisions sur ces formes, illustrées par des exemples pris dans mon corpus 11 seront utiles, avant toute analyse. La forme en -ant peut s’accorder ou non avec son support nominal. Ce critère dépend aujourd’hui de son statut, participe présent (forme verbale suivie de compléments, et invariable) ou adjectif (forme nominale, variable en genre et en nombre). Cette dichotomie ne peut pas être utilisée pour le XVI e siècle, puisque l’accord en genre et en nombre des formes en -ant peut se faire quel que soit leur statut. On trouve par exemple dans mon corpus: (1) [2 P 2,11] que les anges, qui sont plus grans en force e en puissance, ne iettent point vne sentence médisante contre elles deuant le Seigneur. (2) [Ac 2,44-45] Or tous les croyans étoint ensemble, e auoint tout commun, e vendoint leur auoir e cheuances, e les départoint a châcun, selon qu’on en auoit besoin: e iournellement, étans continuellement ensemble au temple. 135 10 Voir les quelques lignes désabusées d’Arnavielle 2003: 3 dans la «Présentation» du numéro spécial de Langages qu’il a dirigé. 11 La recherche menée pour la rédaction de ma thèse de doctorat était basée sur l’analyse d’un corpus extrait de la Bible de 1555, à savoir les chapitres 2 de tous les livres de cette traduction (y. c. les Apocryphes et Flavius Josèphe, inclus par Castellion entre l’Ancien et le Nouveau Testament). Tous les exemples et les chiffres cités ici en sont issus. Carine Skupien Dekens Dans ces citations, les formes en -ant sont clairement verbales mais sont accordées, sans que cela ne représente pourtant une norme, ni même une habitude de Castellion, puisqu’on trouve, à la suite de la citation précédente: (3) [Ac 2,46] e rompant le pain par les maisons, prenoint leur repas en louant dieu d’vn cueur gai e simple, e étoit en la bonne grâce de tout le peuple où la forme en -ant n’est pas accordée. On pourrait multiplier les exemples, mais on voit ici immédiatement qu’on ne peut pas retenir le critère de l’accord pour établir une typologie des différents emplois des formes en -ant. N. Fournier 1998: 299 annonce dès les premières lignes du chapitre sur le participe présent de sa Grammaire du français classique: «Il (le participe présent) se caractérise en français classique par deux faits saillants: sa variation en genre et en nombre, son rattachement à un support nominal». J’ai dit ce qu’il fallait penser de la pertinence du premier critère pour le français du XVI e siècle, reste à voir ce que le deuxième peut apporter à notre analyse. Le rattachement plus ou moins fort, plus ou moins évident à un support nominal est en effet un critère souvent évoqué par les chercheurs. Qu’on y voie, comme A. Lorian 1973: 213, des participes conjoints et des participes absolus, avec des critères de distinction syntaxiques, mais aussi rythmiques; qu’on concentre son attention sur les «constructions détachées», comme B. Combettes ou I. Landy 12 ; qu’on distingue, avec N. Fournier, le «participe étroitement intégré à un GN (en fonction épithète)», du «participe en fonction détachée» et finalement, du «participe prédicatif» 13 (correspondant au participe absolu de Lorian 1973: 307); dans tous les cas, c’est la proximité plus ou moins grande, plus ou moins directe, avec le support nominal ou avec le référent qui est en jeu. C’est pourquoi, finalement, l’hyperonyme adopté par J. Lecointe 1997 pour qualifier cet usage, «le style en -ant» est commode puisqu’il permet de dépasser ces différences de définition. Quant à moi, je porterai mon attention sur un phénomène syntaxique et stylistique lié à l’utilisation fréquente des formes en -ant au XVI e siècle, et dont Sébastien Castellion fait un usage particulier, la construction détachée participiale (CDP). Ce tour est nettement plus facile à définir qu’un ensemble vague formé de toutes les formes en -ant. 136 12 Voir tous les travaux cités ci-dessous. 13 N. Fournier 1998: 307 donne, pour le français classique, la définition suivante de ce tour: «Une proposition participiale est une sous-phrase sans connecteur (une subordonnée en parataxe) dans laquelle le mode impersonnel du verbe ‹déclasse› la phrase et lui fait perdre son statut d’entité autonome pour la faire fonctionner comme un constituant interne (usuellement en fonction circonstant) d’une phrase matrice. Les propositions participiales sont formées canoniquement d’un élément prédicatif (participe présent ou passé) et d’un GN support du prédicat, parfois appelé ‹sujet› du participe». Les formes en -ant dans la traduction de la Bible par Sébastien Castellion En théorie, on trouve quelques divergences épistémologiques. A. Lorian 1973: 213, paradoxalement, nomme la construction détachée participiale, le participe conjoint par opposition au participe absolu: Dès qu’il renonce à son autonomie, à son «absolutisme», le participe voit s’affaiblir sa valeur de facteur de raccourcissement; mais, se trouvant par contre «conjoint» à un terme explicite ou implicite de la proposition, il devient un élément important, contribuant à prolonger la phrase, à transformer celle-ci en alinéa, et celui-ci en développement d’amples proportions. Lorian fait allusion ici à la fonction stylistique de ce tour, dont les auteurs ont parfois abusé. Il faudra voir ce qu’en a fait Castellion, tant du point de vue statistique qu’en ce qui concerne le style. I. Landy 2003: 279, elle, voit dans les participes détachés deux sous-ensembles: les participes absolus «exempts de dépendance intrinsèque et pourvus d’un agent propre» (2003: 291) et les «autres participes détachés» qui correspondent aux participes conjoints de Lorian. «Il s’agit de formes à fonction d’épithète détachées, généralement isolées par une virgule, et coréférentes, le plus souvent mais pas toujours, au sujet du verbe principal.» (Landy 2003: 280). Cette définition me semble extrêmement claire, et c’est elle que je vais retenir. Les travaux d’I. Landy et de B. Combettes cités dans ce chapitre examinent l’usage des formes en -ant dans leur fonction textuelle, au delà de l’analyse strictement syntaxique, proposée par les rares grammaires historiques du XVI e siècle (Nyrop 1925, ou Gougenheim 1951 p. ex.), mais en deçà de l’analyse stylistique proposée par Lorian 1973 ou Lecointe 1997. Aucun de ces trois niveaux n’est à négliger dans l’étude de cette construction 14 . 1.2 Caractéristiques 1.2.1 Renforcement de la cohésion textuelle Les travaux de B. Combettes 1991, 1996, 1998 et d’I. Landy 2003 insistent sur le rôle de renforçateur de la cohésion textuelle 15 joué par les constructions participiales, appelées «constructions détachées» 16 . Par nature, la construction détachée 137 14 La définition de la linguistique textuelle comme une « discipline reconnaissable au-delà de la pure syntaxe, et en deçà de l’analyse du discours » (Jaubert 2005: 7) correspond exactement à cette approche. 15 Dans ses divers travaux, B. Combettes montre que la fonction de renforçateur de cohésion sera peu à peu remplacée par des liens sémantiques et anaphoriques (donc avec le contexte de droite). On assiste alors à un affaiblissement de la cohésion textuelle, au profit d’un renforcement de la cohésion syntaxique de la phrase, pour autant que cette dernière constitue une réalité définissable au XVI e siècle. La phrase se coupe du texte, se referme sur elle même. Mais nous sommes déjà au début du XVII e siècle lorsque cette grammaticalisation a lieu. 16 Kotler 2005 montre que les marqueurs de cohésion textuelle «surabondent» dans la prose narrative du XVI e siècle. Carine Skupien Dekens (CD) renvoie au contexte, qu’il soit antérieur, «de gauche», ou postérieur, «de droite». Elle assure une continuité référentielle thématique avec l’énoncé qui la précède dans l’enchaînement des propositions 17 . De plus en plus souvent, au cours du XVI e siècle, la CD se référera à ce qui suit, et on verra les grammairiens et les remarqueurs du début du XVIIe siècle exiger que le participe se réfère au sujet de la proposition principale, même si cette exigence est loin de correspondre à la réalité. L’analyse d’autres phénomènes syntaxiques et stylistiques (cf. Skupien Dekens, à paraître) m’a permis de montrer que la cohésion textuelle chez Castellion est relativement bien développée grâce, notamment, à une subordination robuste mais équilibrée. Il s’agit donc ici d’analyser les liens anaphoriques ou cataphoriques entretenus entre les CD et leur référents (de gauche ou de droite), c’est-à-dire mesurer le degré de cohésion engendré par le «style en -ant», dont il faudra d’abord étudier l’ampleur. Les liens entretenus traditionnellement avec le contexte de gauche sont de plusieurs types, qui font des CD les tours typiques du «second plan» de la narration (voir infra). Voici quelques exemples pris dans la littérature secondaire pour illustrer ce second plan. - Lien temporel: «Les CD renvoient aux références thématiques du contexte de gauche, mais constituent en même temps un cadre temporel pour les propositions qui suivent» (Combettes 1988: 144). On y trouve souvent des organisateurs comme donc, lors, qui reprennent des éléments précédents. Le roi fut plus ému . . . Et lors nous faisant séparer, je fus remise en sûre garde, et Tersande aussi (d’Urfé, L’Astrée, éd. Folio-Gallimard, Paris 1984: 238 18 ). - Dans les propositions relatives: la CD renforce le lien contextuel qui est déjà établit avec la relative. (Dans notre corpus, on verra que les participiales conjointes dans une relative sont fréquentes.) Pour ne varier en nostre dict subjet de nostre Reyne, laquelle enfin estant persuadée . . . d’aller en son Royaume . . ., fit tant que . . . (Brantôme, Recueil des Dames, éd. Pléiade, Paris 1991: 79) - Dans les subordonnées: elles permettent de hiérarchiser la subordination sans recourir à des conjonctions en chaîne. Elles sont donc, en plus d’un facteur de cohésion textuelle, un facteur d’imbrication. Saint Paul dit que les Juifs se sont heurtez contre Jesus Christ, parce que voulans establir leur propre justice, ils ne se sont point assujectiz à celle de Dieu (Calvin, Des scandales, éd. Droz, Genève 1984: 227). 138 17 C. Pagani-Naudet 2005 décrit la fonction des syntagmes détachés (quant à et au regard de) exactement de la même manière. 18 Cité, comme les deux exemples suivants, d’après Combettes 1988: 144. Les formes en -ant dans la traduction de la Bible par Sébastien Castellion 1.2.2 Facteur d’imbrication La construction ainsi obtenue peut rappeler la période du latin classique. C’est pourquoi on a souvent senti le «style en -ant» comme un style savant, voire «pédant» (Lecointe 1997: 12), ce qui lui valut d’ailleurs son déclin à la fin du XVI e siècle. Dans son introduction aux Chroniques gargantuines 19 , Mireille Huchon observe un continuum de styles, «depuis le style populaire, fondé sur l’accumulation paratactique pure et simple ou la coordination par et jusqu’à des formes plus teintées de littérarité qui font appel à l’imbrication par les formes en -ant». Ainsi, situer une fréquence de formes en ant permet de mesurer le degré de «littérarité» d’un style. Or, j’ai montré que Castellion usait d’une syntaxe plus élaborée, plus ramifiée que ses collègues traducteurs bibliques (cf. Skupien Dekens à paraître, 2 e partie, chap. III). On peut dire que son texte comporte un degré de cohésion plus important que les textes paratactiques typiques du langage biblique sans pour autant tomber dans les phrases «alambiquées» de certains auteurs de la fin du siècle, la majorité des phrases de cette traduction comportant deux ou trois subordonnées seulement. Ainsi, on peut poser les hypothèses suivantes: Castellion ne cherche pas à tout prix à adopter un style savant et latinisant, qui serait fait de très longues périodes extrêmement ramifiées. D’autre part, il veut éviter la parataxe, c’est ce qui apparaît à la comparaison des traductions contemporaines 20 , et il cherche un style «proprement français». La période d’imitation latine présente en général une «imbrication à base de subordonnants, dans le cadre d’un ordre des mots principalement régressif, appuyé par de forts balancements corélatifs» (Lecointe 1997: 12). Or, le style en -ant n’entre pas dans cette description de la période latinisante. «Le mécanisme de passage de la narration paratactique et coordonnée à la narration en -ant s’opère par simple substitution, sans qu’il soit nécessaire de modifier l’ordre des segments, à la différence du passage à la période latinisante. Le style en -ant procède à un simple rhabillage imbriqué de l’énoncé paratactique, dont il conserve la structure d’ensemble» (Lecointe 1997: 13). Nous serions donc en présence du tour idéal pour dépasser la parataxe biblique sans entrer dans une syntaxe trop imbriquée qui «sentirait son latin» . . . «Pour un auteur de langue maternelle romane, ce style paraîtra allier le naturel . . . à la littérarité». Un tour proprement français - à vrai dire proprement roman, le français n’ayant pas l’exclusivité des participes présents (Skerlj 1926: 255s.; Lyer 1934: 258s.), en tout cas largement utilisé par les prosateurs du XVI e siècle. À la fin du siècle, l’exigence de plus en plus grande de coïncidence de l’écrit et de l’oral condamnera le style en -ant comme trop affecté et pédant. 139 19 Lauvergnat-Gagnère/ Demerson 1988: 90. 20 Notamment celles de Lefèvre d’Étaples 1530 et d’Olivétan 1535; cf. l’analyse dans Skupien Dekens à paraître. Carine Skupien Dekens 2. Statistiques Toutes les études que j’ai citées jusqu’à présent se réfèrent au travail d’A. Lorian 1973 dont les statistiques sont utilisées comme point de comparaison. Je m’y reporterai moi aussi.A. Lorian ne donne pas de chiffres absolus dans son étude, mais des tableaux de fréquences plus propres, selon lui, à illustrer l’évolution de la langue que les chiffres bruts soumis à l’erreur ou aux mauvaises interprétations. On peut cependant se référer à un chiffre qu’il donne p. 313, la moyenne des fréquences de forme en -ant observées dans son corpus de textes narratifs: 108.4 -ant pour 10’000 mots. Comme, dans Lorian, sont inclues toutes les formes en -ant (y. c. l’accord au pluriel en -ans), «participes ou gérondifs, constructions absolues ou non; sont exclues les formes figées en outils grammaticaux ou employées en fonction de purs nominaux (un homme intéressant, le passant)», j’ai opté ici pour les mêmes critères. Voici les résultats de mon étude, effectuée sur tout le corpus d’analyse, à savoir les chapitres 2 de tous les livres de la Bible de Castellion (y. c. les Apocryphes et Flavius Josèphe). Nb. de mots -ant -ans total 44’889 190 36 226 10’000 42.33 8.02 50.35 La fréquence relevée est donc faible par rapport aux chiffres de Lorian. (Cela correspondrait chez lui à une «basse fréquence»). Comme la fréquence de 108,4/ 10’000 mots correspond à une moyenne pour tout le siècle, il faut plutôt chercher à comparer les résultats obtenus chez Castellion avec ses contemporains. Lorian montre que la fréquence «normale» de formes en -ant est caractéristique des textes du milieu du siècle, alors que les textes du début et de la fin du siècle en connaissent beaucoup moins. Sans chercher pour l’instant à comprendre la signification de ces variations, nous pouvons constater que Castellion tranche par son utilisation modeste du «style en -ant», soit par archaïsme, soit par modernisme. Mais la moyenne de 108.4 observée par Lorian n’écrase pas seulement la variation diachronique au cours du XVI e siècle, elle dissimule aussi les écarts de fréquences entre les différents styles. Ainsi Lecointe 1997: 11 note-t-il chez un même auteur, Boaistuau, une fréquence de 130 -ant pour 10’000 mots dans les récits, et seulement 60 dans les discours. Ce deuxième chiffre est fort proche de la fréquence castellionnienne. La Bible étant un mélange de genres et de styles extrêmement divers, la moyenne obtenue doit être nuancée par l’observation de la variation entre ses différents livres. Bien entendu, mes extraits de chaque livre sont trop courts pour qu’on puisse en tirer des conclusions péremptoires, mais on peut tout de même faire quelques constatations. Deux groupes de livres se détachent du reste par leur fréquence plus élevée de formes en -ant. Il s’agit de livres historiques, par- 140 Les formes en -ant dans la traduction de la Bible par Sébastien Castellion ticulièrement de ce que Castellion, comme la Septante et la Vulgate, appelle les quatre livres de Rois (= 1 S, 2 S, 1 R, 2 R), les deux livres des Macabées, très narratifs, et des quatre Évangiles avec les Actes des Apôtres. Les histoires de Samuel (1 S, 2), de David (2 S, 2) et de sa succession (1 R, 2) ainsi que d’Élisée (2 R, 2) sont, comme il se doit, écrites dans un style narratif. De même pour les Évangiles et les Actes.Ainsi, comme l’écrit Lecointe «le style en -ant est donc particulièrement usité dans les récits» et cette constatation émane de l’observation des fréquences, ce que confirment nos chiffres. 3. Syntaxe 3.1 La coréférence 3.1.1 Dans les CD sans sujet exprimé 21 , ou participes conjoints L’usage moderne des formes en -ant qui ne respecte pas le principe de coréférence est très fréquent 22 . Cela prouve bien que, près de quatre siècles après Vaugelas (dont les œuvres d’ailleurs n’étaient pas dépourvues de cas semblables, selon Ayres-Bennett 1998), le scripteur moyen peine à intégrer cette fameuse règle de coréférence. Le XVI e siècle ne se souciait évidemment pas encore de la «clarté» du Père Bouhours, ni des constructions recommandées par l’Académie. Ce n’est qu’au cours du XVII e siècle que furent élaborées les lois qui régissent notre usage. On exige d’abord que le participe renvoie à un syntagme nominal présent dans la phrase même, et qu’il n’y ait aucune ambiguïté possible quant à son référent. Mais on n’exige pas encore que ce référent soit le sujet de la phrase. Les remarques que l’Académie formule après la parution de la traduction du Quinte-Curce par Vaugelas tendent pourtant à renforcer les exigences. En effet, les Immortels critiquent la référence à un élément autre que le sujet de la phrase dans laquelle se trouve la construction participiale, qu’il s’agisse d’un élément de cette phrase (COD ou COI) ou que le participe renvoie à un élément antérieur à cette phrase (voir ci-dessous le problème de la place des participes). Or, ce qui caractérise l’usage des CDP au XVI e siècle et qui frappe le lecteur moderne hanté par les règles de grammaire, c’est justement la liberté de construction des formes en -ant «dont l’agent peut référer à l’un quelconque des termes de la proposition, voire à un terme d’une proposition ou même d’une phrase voisines, à un pluriel déduit d’un singulier et vice-versa, ou tout simplement à un élément du contexte, notamment au sujet de l’énonciation» (Lecointe 1997: 11). Pourtant, cette grande liberté n’empêche pas les auteurs du XVI e siècle de suivre majoritai- 141 21 Ici, il s’agit de participes dont le référent est présent dans la phrase et (presque) directement identifiable, contrairement aux participes absolus, analysés plus loin (Lorian 1973: 213). 22 Qu’on pense seulement au proverbe «L’appétit vient en mangeant.» Carine Skupien Dekens rement la règle de coréférence, bien que celle-ci ne soit pas encore édictée. En effet, Bouhours et ses amis n’ont fait qu’étendre «de façon exclusive et donc abusive, une des applications possibles du principe de hiérarchisation et de pertinence qui fait que dans l’organisation de la phrase française, le thème, c’est-à-dire ce dont on parle ou ce qu’on a à l’esprit quand on parle, se confond le plus souvent avec le sujet grammatical. On comprend donc la prérogative dévolue au sujet qui initie dans la disposition de l’énoncé comme dans la progression de l’information, le maintien du thème constant, garant de la cohérence textuelle» (Landy 2003: 286). Cette exigence de cohésion thématique explique aussi les constructions dont le référent n’est pas le sujet, tout en constituant bien le thème de la phrase. Mais ces exemples restent minoritaires. Les fréquences relatives de non-respect de la coréférence données par I. Landy 2003: 285-87 (Thévet 1558: 5 cas sur 22; Léry 1580: 5 sur 13; Bénard 1621: 1 sur 8; Le Jeune 1632: 7 sur 17; Brébeuf 1635: 3 sur 15) ne nous permettent pas de dessiner une évolution diachronique, ni de tirer d’autre conclusion que la constatation suivante: les constructions non co-référentes sont largement minoritaires, quelle que soit l’époque du français préclassique ici analysé. Castellion est encore plus respectueux de cohésion thématique, puisque sur les 92 participes conjoints (sujet non exprimé, à l’exclusion des gérondifs en en), on n’en trouve que 2 qui ne se réfèrent pas au sujet de la phrase. (4) [Lc 2,45-46] E auint qu’apres trois iours ils le trouuerent au temple, assis au milieu des docteurs, e les oyant e interrogant. Dans cet extrait du recouvrement au Temple, du point de vue strictement syntaxique, «oyant et interrogant» se rapportent au COD de la phrase, Jésus, mais celuici en constitue aussi le thème, puisque l’attention du lecteur, autant que celle de Marie et de Joseph, se concentre sur l’enfant fugueur. S’il n’y a pas de coréférence, il n’y a pas non plus de rupture thématique 23 . (5) [2 Tm 2,15] Met peine de te montrer tel a Dieu, qu’il appartient a vn ouurier duquel on ne doiue point auoir honte, bien trenchant la parolle de verité. Ici, nous avons une référence à un objet indirect, mais il faut bien voir que la fonction sémantique du syntagme «tel . . . qu’il appartient à» se rapproche beaucoup d’une simple comparaison. On pourrait très bien avoir «Met peine de te montrer 142 23 A propos de ce type de constructions, B. Combettes 2003: 15 montre justement la tension qui existe entre système informationnel et système syntaxique: «Les ruptures qu’une vision moderne et trop normative jugerait comme des anacoluthes, . . . ne sont en fait que le résultat du jeu des deux facteurs [suivants]: la continuité thématique avec le contexte antérieur, le lien sémantique avec le contexte de droite». Les exemples qu’il cite sont pourtant en position différente: on trouve en effet majoritairement les CDP en position initiale dans les textes de moyen français et de français préclassique analysés par ce chercheur. Le contraste des positions avec le texte analysé ici ne doit pas cacher les similitudes dans la continuité référentielle. Les formes en -ant dans la traduction de la Bible par Sébastien Castellion à Dieu, tel un ouvrier dont on . . . ». La participiale développe alors la comparaison («l’ouvrier»), qui du point de vue thématique, se trouve sur le même plan que le sujet («toi»). Là non plus, il n’y a pas de rupture thématique. Il faut ici rappeler qu’en ancien comme en moyen français, l’usage permettait de ne pas répéter un sujet, tant que le sujet précédent restait valable. Dans les participiales, ce principe autorisait des constructions non-coréférentes (avec le sujet de la proposition de référence), mais dont la forme en -ant se rapportait au sujet précédent: p. ex. Que vos avoie je forfet, qui en dormant m’avez navré? (La Mort Artu, 64,44 24 ) La pratique de Castellion peut être expliquée, comme souvent au XVI e siècle, par la combinaison de deux principes, dont l’un va remplacer l’autre. L’usage archaïque qui permettait l’omission du sujet, tant que celui-ci était valable, et auquel Castellion obéit dans la plupart des cas, et un principe nouveau, de type normatif et grammatical, qui sera codifié au XVII e siècle, la coréférence. Entre deux, l’explication pragmatique permet de réconcilier les deux courants, en faisant de la non rupture thématique la valeur suprême. Dans les exemples ci-dessus (4 et 5), ni le principe ancien, ni le principe grammatical ne peuvent être invoqués. Seul celui de cohésion thématique est satisfaisant. 3.1.2 Dans les CD avec sujet exprimé, ou participes absolus 25 Traditionnellement, c’est l’autonomie qui constitue le trait caractéristique du participe absolu. Sans liens syntaxiques avec le contexte, ni de droite, ni de gauche, pourvu d’un agent propre, la construction équivaut à une «subordonnée circonstancielle dont [elle] a toute la plasticité sémantique» (Landy 2003: 291). À première vue cette définition permet de prendre en compte tous les cas de figure et de classer sans hésitation nos formes en -ant. Or, certaines configurations posent problème. 3.1.2.1 Prolepse du sujet nominal dans le groupement participial sans reprise pronominale devant le verbe principal. La dénomination de cette catégorie paraphrase la description qu’I. Landy 2003: 283 fait d’une disposition particulière mais avec reprise pronominale. Chez Castellion, les constructions de ce type, qu’on peut aisément qualifier d’apposi- 143 24 Cité par Buridant 2000: 327. 25 La définition de «l’absolutisme» des participes pose problème. En ancien français, cette construction est fréquente et présente les caractéristiques suivantes: «l’actant à la base est différent de celui de la proposition de rattachement; la prédication sujet-prédicat est exocentrique, secondaire; . . . elle marque, sur le plan du discours, des circonstances d’arrière-plan, en simultanéité avec le procès principal» (Buridant 2000: 325). Ici, je m’occuperai de toutes les propositions participiales avec sujet exprimé, nominal ou pronominal, en discutant de leur statut précis. Carine Skupien Dekens tions 26 , donc sans reprise pronominale, sont extrêmement fréquentes, ce qui n’est pas original. En effet, le français préclassique les emploie de plus en plus souvent. (6) [Mc 2,8] E incontinant Iesus connoissant en son esperit qu’ils pensoint ainsi en eux mêmes, leur dit: Parquoi pensés vous cela en voz cueurs? On trouve dans mon corpus 16 exemples où le participe est précédé d’un prénom (Jésus, David, Néhémie, etc.) et le verbe principal suit à une distance, parfois grande, lorsque le participe introduit une complétive, et n’est pas accompagné d’un sujet pronominal repris. P. ex.: (7) E Hyrcanus voyant que le grand nombre de ses gens lui portoit dommage, tant pour ce que les uiures en étoint plutôt mangés, que pource que tant de gens ne faisoint rien, tria ceux qui ne seruoint de rien, e les chassa dehors, e ne retint que les plus gentils compaignons e combattans. [Fl. Josèphe, L. XIII, chap. XV]. Comment analyser cette construction? D’abord, s’agit-il d’un participe absolu ou plutôt semi-absolu? Lorian, pour répondre à cette question, a choisi, outre des critères syntaxiques (présence ou non d’un sujet, co-référence ou non), des critères rythmiques. Une rupture rythmique, notée ou non par une virgule, serait un bon critère. J. Lecointe 1997: 12 voit dans ce type d’organisation phrastique la preuve que le «style en -ant» est plus proche de la parataxe du style semi-populaire que d’une syntaxe imbriquée latinisante. En effet, les éléments ne sont pas déplacés et l’ordre des mots, le sujet précédant le verbe (même s’il s’agit d’un participe), est plus roman que latin. Si le sujet est repris par un pronom, on peut analyser la CD comme une construction autonome, donc absolue. Quand le sujet n’est pas repris, ne pourait-on pas plutôt voir dans la participiale une simple apposition 27 , coincée entre le S et le V? On trouve d’ailleurs des exemples semblables, où la simple adjonction d’une virgule 28 par le traducteur a fait basculer la CD du statut d’absolu à celui de conjoint: (8) A donc Moyse, voyant que la chose se sauoit, eut peur; e comme Pharaon eût oui dire le cas, e faisoit cercher Moyse pour le tuer, Moyse s’enfuit de deuant Pharaon, e s’alla tenir au pays de Madian. [Gn 2,14-15] (9) Ton songe, e les visions que tu as eues, en ta tête, sur ton lit, sont telles: Toi roi, étant sur ta couche, es venu a penser que c’êt qu’il doit auenir ci-apres: e le reueleur de secrets te donne a entendre que c’êt qu’il doit auenir. [Dn 2,28-29] Ou, pour employer un autre langage, ne peut-on pas voir dans la succession sujet+participe un «groupe du sujet», où le participe se rattache au système nomi- 144 26 Je suis ici Combettes 2000: 90-105. 27 Voir tous les travaux de Combettes sur le schéma S-X-V (1996: 90; 2000: 91; 2003: 12), ainsi que sa thèse de 1988. 28 J’ai montré dans ma thèse que la ponctuation de cette traduction était due au traducteur et non à l’éditeur. Castellion a mis au point un système de ponctuation des plus cohérents et rigoureux, l’a imposé et l’a contrôlé lors de l’impression. On peut donc considérer les signes de ponctuation comme des éléments de syntaxe. Les formes en -ant dans la traduction de la Bible par Sébastien Castellion nal 29 ? C’est pourquoi je préfère considérer les constructions décrites ci-dessus comme des fausses absolues, ou des conjointes insérées entre sujet nominal et verbe. N. Fournier voit dans ce type de constructions, sans virgule il est vrai, de véritables épithètes. On peut, en effet, aisément remplacer les CD ci-dessus, respectivement, par lucide et couché. 3.1.2.2 Pronom personnel tonique, participe, verbe. Voici trois exemples d’une construction très archaïque dont on ne trouve pas mention dans les études citées jusqu’ici et qui méritent d’être analysés. Les pronoms sujets toniques 30 se rapportent aussi bien au participe présent qu’au verbe principal. Il y a donc coréférence. (10) On le tient aussi pour vn pays de geans, e s’y sont autre-fois tenus les geans, lêquels les Ammonites appelloint Zamzumins, qui étoint gens en grandeur, en nombre e en puissance a comparer aux Enaquins: mais le Seigneur les détruisit de deuant les Ammonites, lêquels les defirent e déchasserent, e se logeront en leur place comm’il fit aux enfans d’Esau, habitans de Seir: de deuant lêquels, il défit les Horiens: e eux les ayans déchassés, se logerent en leur place, e y sont encor auiourdhui. [Dt 2,20-22] (11) E moi voyant que le plaisir du roi étoit de me donner congé, lui baillai terme, e lui rêpondi: Si c’êt ton bon plaisir, roi, tu me feras donner des letres, pour porter aux gouuerneurs de Syrie, pour auoir leur saufconduit iusque ie soye arriué en Iudée. [Ne 2,7] (12) Mais moi creignant plus Dieu que le roi, embloi les cors des occis, e les cachoi en la maison e les enterroi a la minuit. [To 2,6-7, n’existe pas dans les versions modernes de la Bible] Gougenheim 1974: 73 signale un usage archaïque, «héritage du moyen âge», des pronoms personnels toniques devant l’infinitif ou le participe présent. Nous n’en avons que trois exemples dans tout le corpus. On peut sans doute expliquer cet usage, dans ces contextes, par la volonté du traducteur de ramener l’attention sur le thème. Dans Dt 2,20-22, le référent n’est pas évident: il s’agit des enfants d’Ésaü. La comparaison avec un autre passage, comportant le même schéma «et . . . forme en -ant . . . ils . . . V» apporte un peu de lumière: (13) [Ps. 74, 3-8] Ils ont mis a feu ton saintuaire, e ont atterré e pollu le tabernacle de ton nom. E ayans au courage de les raser vne fois pour toutes, ils ont brulé tous les consistoires de Dieu par le pays. Dans ce cas-là, le thème de la phrase, sujet également des phrases précédentes, est dans la mémoire du lecteur 31 . Les choses sont claires et il est donc inutile d’insister. Mais dans Dt, nous avons un emphatique qui tente de montrer de qui il s’agit. 145 29 Voir Lecointe 1997: 11. 30 Le terme de disjoint pour les pronoms ici évoqués ne convient pas, puisque s’ils sont bien éloignés du verbe principal, ils s’appuient sur la forme en -ant. 31 Ce type d’enchaînements, fréquents et non marqués jusqu’à l’âge classique est décrit par B. Combettes 1990: 159: «La construction détachée, d’ordinaire en début de phrase, semble donc Carine Skupien Dekens Les deux autres extraits qui voient intervenir un pronom sujet accentué, montrent clairement la volonté de recentrage thématique, puisque le sujet (et donc le thème) des phrases précédentes était, respectivement, le roi et mes parens e ceux de ma generacion. Un tel recentrage n’aurait pas été possible sans le recours au pronom tonique. Est-il possible de qualifier ces constructions de participes absolus? Je ne le pense pas. Et finalement, peu importe l’étiquette. Mais il est clair qu’il y a une rupture rythmique, pour reprendre le critère de Lorian, puisque le pronom sujet tonique est très rare dans cette position et remplit un rôle thématique et sémantique non négligeable. Il subsiste heureusement pour notre analyse quelques exemples dont «l’absolutisme» (Lorian 1973: 206) ne fait aucun doute. Je vais les analyser d’abord du point de vue de la référence, ou plutôt du lien entre le sujet exprimé de la construction absolue et le contexte précédent ou suivant. En d’autres termes, quelles fonctions syntaxiques et thématiques les sujets de ces constructions détachées remplissent-ils? 3.1.2.3 Sujet pronominal tonique + participe, sans coréférence (14) Les aversaires de Seigneur seront rompus, lui tonant sur eux du ciel. [1 S 2,10] (15) On ouure les portes des riuieres, e defait-on le palais, e emmeine-on Husab en exil, e emmeine-on les damoiselles, qui vont grummelant comme pigeons, en se battant la poittrine, e êt Ninive comm’vn étang d’eau sans eau, eux s’en fuyant. [Na 2,7-9] On peut faire la même analyse que pour les constructions semblables avec coréférence. Le thème de l’extrait de 1 S est bien entendu le Seigneur au centre du cantique d’Anne qui rend grâce pour la naissance de Samuel. Le participe présent permet au traducteur de souligner la concomitance des deux événements, en même temps que leur lien de cause à effet. Une simple juxtaposition paratactique n’aurait pas offert cette possibilité 32 . Le deuxième exemple montre la fidélité du traducteur au texte massorétique, ici un peu obscur. L’antécédent de eux n’est pas évident, et dans le texte, il faut remonter plusieurs versets pour le trouver. Il s’agit des habitants de Ninive qui s’en échappent, comme l’eau s’échappe de l’étang. La construction avec pronom tonique permet à Castellion de rester fidèle au texte source 33 . 146 établir sa coréférence en fonction de cette «mémoire discursive» quels que soient, finalement, le rôle grammatical et la place du topique dans la proposition» (cf. aussi Combettes 2006: 13-19). 32 La trad. de Jérusalem 2001 donne «Yahvé, ses ennemis seront brisés, le Très-Haut tonne dans les cieux». 33 Les deux traductions auxquelles on compare généralement celle de 1555, s’en sortent de la même manière: Lefèvre d’Étaples a «Et les eaues de Ninive sont comme la piscine des eaues: mais iceulx sen sont fuys.» et Olivétan «Et Niniveh estoiet jadis comme la piscine de eaue: mais iceulx sen fuyent.» Devant cette difficulté, la traduction de Jérusalem a fait de la comparaison entre «eux» sans antécédent et «eaux» une assimilation: «Ninive est comme un bassin dont les eaux s’échappent» (trad. 2001). Les formes en -ant dans la traduction de la Bible par Sébastien Castellion L’analyse grammaticale et thématique de cet extrait est délicate. Du point de vue strictement grammatical, on n’a pas d’antécédent proche, immédiatement repérable, au pronom sujet eux. Du point de vue thématique, on pourrait considérer que la comparaison avec l’eau est tellement forte qu’elle tient lieu de thème. 3.1.2.4 Sujet nominal + participe, sans coréférence Il s’agit enfin de vrais participes absolus. Dans presque tous les cas, les agents des participes ne sont pas étrangers aux propos, étant soit thématiques, soit comparés au thème. Même si l’agent n’est pas coréférent à un élément de la phrase dans laquelle il se trouve, on ne peut pas dire qu’il y ait une rupture, ni thématique, ni sémantique, et la compréhension de ces constructions me semble aisée. (16) Empare moi, ô Dieu, e debat ma querelle: deliure moi de gens cruels, d’vn homme cauteleux e déraisonnable. / Car toi qui es le Dieu de ma puissance, pourquoi me debouttestu? Pourquoi chemine-ie vêtu de noir, l’ennemi faisant au pis qu’il peut? [Ps 43,2] L’ennemi reprend de gens cruel, d’un homme cauteleux et déraisonnable du verset précédant. Si ni l’un ni l’autre de ces syntagmes ne sont sujets syntaxiques, ils représentent bien l’élément le plus actif du procès, puisque le thème («moi») est décrit comme une victime passive. Nous avons donc deux sujets, l’un subissant, l’autre «faisant au pis qu’il peut» entre lesquels Dieu arbitre. (17) Dieu aidant nous ferons prouesse, e il follera noz auersaires. [Ps 108,14] Il ne faut pas se laisser tromper par l’allure de cheville initiale stéréotypée (Lorian 1973: 208) des premiers mots de ce verset. En fait, Dieu est le destinataire de ce psaume de louange; il faut donc donner tout son sens à cette expression. Ici encore, nulle rupture thématique puisque le référent du participe se confond avec le destinataire du texte, qui en est aussi le thème. (18) Assemblés vous assemblés, gens non aimables, deuant que l’attêt se dresse, le iour passant comme paille, deuant que l’enflambé courroux du Seigneur vous envahisse. [So 2,2] Voilà un exemple qui, à première vue, apparaît comme une notation rapide, relativement conventionnelle, qui sert de jalon chronologique au texte. Encore une fois, le sens est plus fort qu’il n’y paraît puisqu’il s’agit d’une comparaison entre le peuple non aimable et la paille qui sera emportée. Le seul exemple où le sujet du participe apparaît pour la première fois dans le texte, et n’entretient pas de lien particulier avec le thème est le suivant: (19) E le roi me dit, étant sa femme assise acôte de lui: Combien demoureras-tu a faire ce voyage? [Ne 2,6] 147 Carine Skupien Dekens 3.1.3 La coréférence: conclusion La règle classique de la coréférence n’est pas encore édictée quand écrit Castellion, mais il semble que ce traducteur ait respecté presque partout une exigence de cohésion et peut-être de facilité de lecture. Sur tous les exemples cités jusqu’à présent, et même sur la totalité de mon corpus (à l’exclusion des gérondifs introduits par en) seuls deux participes conjoints ne se référaient pas au sujet, mais sans pour autant constituer une rupture thématique, et un seul des participes «absolus» introduisait un sujet totalement absent du contexte immédiatement précédent 34 . Pour pouvoir aller plus loin dans l’interprétation de cette grande cohésion thématique sinon syntaxique, il faut maintenant analyser la place de la construction participiale dans la phrase et, partant, son lien avec la gauche et la droite, ainsi que sa fonction d’organisateur du discours, de connecteur, de «forme personnelle de liaison» (Lecointe 1997: 11). Mais on peut déjà dire que Castellion dans sa traduction de 1555 use de manière modérée, voire très modérée du «style en -ant» et quand il le fait, c’est dans le souci de la cohésion et du respect de la mémoire et de la perspicacité de ses lecteurs. Un style en -ant «pour les Idiots»? 3.2 La place de la CD participiale 35 La question de la place des CD dans la phrase revêt plusieurs aspects: le premier est sémantique et touche l’identification aisée par le lecteur du référent de la CD, et le deuxième est syntaxique, puisque les liens tissés entre la CD et son référent, d’un côté, et avec le verbe sur lequel il porte, de l’autre, renforce la cohésion syntaxique à l’intérieur de la phrase. Enfin, il ne faut pas oublier les éléments textuels puisque les conséquences de la place de la forme en -ant dépassent largement les bornes de la proposition pour toucher le texte entier. 3.2.1 Évolution diachronique La place des éléments constitutifs de la phrase en français est un sujet très étudié. Dans l’évolution globale que connaît la langue entre l’ancien et le moyen français, il importe de dégager des principes généraux qui expliquent toutes sortes de phénomènes. Ainsi le «mouvement de grammaticalisation, dans la mesure où la structure phrastique l’emporte peu à peu sur l’organisation discursive» (Combettes 2000b: 90) permet-il d’expliquer l’établissement de l’ordre «naturel» SVO (cf. Skupien Dekens à paraître, 2 e partie, chap. III), ainsi que le déplacement des formes en -ant au cours du temps. 148 34 Deux, si l’on considère que dans l’extrait de Nahum, le pronom sujet eux n’a pas de référent thématique. 35 Cf. Combettes 2003. Les formes en -ant dans la traduction de la Bible par Sébastien Castellion L’ancien français est caractérisé par une syntaxe à verbe second, précédé d’un élément thématique qui «sous des réalisations diverses (syntagmes nominaux, adverbiaux, subordonnées . . .) assure le rattachement au contexte de gauche. Cette ouverture de l’énoncé par l’élément le moins informatif conduit à l’expression immédiate du verbe, tous les autres constituants se trouvant en principe postposés» (Combettes 2000b: 91). Cette rigidité syntaxique obligeait parfois à répartir les constituants thématiques de part et d’autre du verbe, et, s’ils étaient au nombre de deux ou trois, «brouillait quelque peu le bon déroulement du dynamisme communicatif» (ibidem). Peu à peu, le verbe va reculer dans l’énoncé, libérant la place, en début de proposition, à des constituants qui étaient jusqu’à présent relégués derrière le verbe. Ainsi, tous les éléments qui ne peuvent pas faire partie du «rhème propre», c’est-à-dire les compléments de manière, les constructions détachées, les constructions absolues, etc., vont se déplacer avant le verbe. Mais en ce qui concerne les formes en -ant, l’évolution que la langue a connue en moyen français ne consiste pas en une simple permutation. En effet, il faut bien distinguer entre la place de la forme en -ant par rapport au verbe, et sa place par rapport au référent. Le détachement d’une forme en -ant à gauche ou à droite du verbe ne signifie pas qu’elle précède ou suive le référent, puisque le moyen français a vu se développer des structures de type sujet + X + verbe 36 . Cette évolution générale aboutit à trois grands schémas syntaxiques représentatifs de «moyen français et du français préclassique 37 »: 1. X + sujet + verbe 2. X + verbe (sujet non exprimé) 3. sujet + X + verbe (schéma dont la fréquence augmentera en français préclassique). Afin d’éviter une trop grande complexité des différentes combinaisons possibles, j’opterai pour cette classification, décrite par Combettes 2003b: 13-20. Un ajout y est cependant nécessaire car elle s’avère insuffisante pour rendre compte de l’usage castellionnien. En effet, la construction largement majoritaire chez ce traducteur correspond au schéma suivant: 4. sujet + verbe + X. Ainsi, j’analyserai successivement ces quatre modèles, tout en restant attentive aux deux aspects, syntaxique et référentiel. 149 36 Étant entendu que X, dans ce chapitre, signifie forme en -ant + éventuels compléments. 37 La segmentation diachronique adoptée par Combettes 2000 suggère une certaine homogénéité de cette catégorie. Il analyse en effet les changements qui interviennent entre l’ancien français et le moyen français. Il faudrait se poser les mêmes questions pour la période qui nous intéresse, et pour le passage à la langue classique. Carine Skupien Dekens 3.2.2 Le cadre d’analyse: cohésion syntaxique/ cohérence textuelle Comme l’a montré W. Ayres-Bennett 1998: 169s. pour le XVII e siècle, toute référence à ce qu’on appelle «le contexte de gauche» (les phrases antérieures) est condamnée par l’Académie. Cette institution a encore ajouté à cette interdiction la recommandation d’éviter soigneusement les phrases dont le sujet n’est exprimé qu’après la construction participiale ou n’est pas exprimé du tout et doit être inféré par le lecteur. Il vaut donc mieux que le sujet arrive avant le participe présent. La mémoire du lecteur ne doit pas être sollicitée outre mesure, et son entendement ne doit pas être trop mis à l’épreuve par les phrases complexes. Les Académiciens, dans leur souci de clarté et d’efficacité, semblent partager avec notre traducteur sa préoccupation pédagogique. Dans ce contexte, il faut souligner que l’usage de Castellion s’éloigne de celui de ses contemporains. En effet, il utilise rarement les constructions CD-S-V. Il y a deux aspects à ce phénomène: D’une part, la position à l’initiale est très rare chez Castellion mais, pour l’ensemble des auteurs cités par Combettes 2003b et Landy 2003, semble être largement majoritaire dans la prose du XVI e siècle. Les quelques chiffres donnés par Landy 2003: 282 sont éloquents: on trouve, chez les différents auteurs analysés, un nombre relatif très faible de constructions participiales non initiales, intérieures ou finales dans la phrase: Champlain 0 sur 25; Léry 2 sur 13; Biard 7 sur 14; Bénard 3 sur 8; L’Allemant 6 sur 9, Le Jeune 3 sur 17; Brébeuf 4 sur 14. À tel point qu’on a pu comparer les CD participiales à des particules de liaison, particules-charnière. «On voit comment se traduit le déséquilibre en faveur d’une position qui confère au participe un rôle de liaison interphrastique équivalent à une particule coordonnante.» (Landy 2003: 282). D’autre part, le détachement à gauche est aussi peu représenté chez Castellion par rapport à l’autre position des formes en -ant qu’on trouve très fréquemment, le modèle S-V-X 38 . La proportion élevée de détachements à droite relevée chez mon traducteur est très originale. Il s’agit donc d’expliquer cet usage particulier, de la position absolue (à l’intérieur plutôt qu’à l’initiale) et relative (à droite plutôt qu’à gauche). La première explication possible de cette particularité est l’archaïsme. En effet, la postposition des formes en -ant était largement majoritaire en ancien français: La structure générale de l’énoncé en ancien français, qui correspond à une organisation à verbe second avec une progression du type: Thème + Verbe + X . . . Dans la mesure où la première place de la proposition est réservée à des constituants, syntagme sujet ou syntagmes compléments, qui recouvrent des référents thématiques, ou à des circonstants spatiaux ou temporels 150 38 Il convient pourtant d’ajouter au petit nombre de constructions X-S-V trouvées dans mon corpus, une partie des exemples analysés comme «phrases complexes» (cf. Skupien Dekens à paraître, 2 e partie, chap. III) qui seront en fait assimilables à des détachements à gauche. Les formes en -ant dans la traduction de la Bible par Sébastien Castellion à valeur de cadres de discours, il est assez naturel que les compléments de manière, au sens large, se trouvent placés en position postverbale . . . La forme en -ant apparaît ainsi, dans les textes des XII e et XIII e siècles, comme une de ces structures qui, à de rares exceptions près, voient leur place fixée à la droite du verbe (Combettes 2003a: 8). J’opterais quant à moi pour une seconde explication: le souci pédagogique. Quelques chiffres permettront d’illustrer cette hypothèse, mais c’est surtout l’analyse des exemples qui éclairera le sens que je vois à cette particularité syntaxique. Dans tout ce qui vient d’être dit, et tout ce qui suivra concernant la position relative des formes en -ant, il faut se demander si le cadre d’analyse qui ne tient compte que de l’unité «phrase» est bien pertinent. On sait ce qu’il faut penser de cette notion pour le XVI e siècle; elle est très floue. Mais il semble bien que c’est un cadre d’analyse plus large qui pourra donner un sens à l’étude des positions relatives qui suivra. Je reviendrai à cette question quand les différents éléments auront été exposés. 3.2.3 Détachement à gauche du référent: X-S-V (cf. Combettes 2003a: 14-15) 3.2.3.1 Détermination de la place relative au référent ou au verbe. Pour pouvoir définir la position d’un CD par rapport à son référent, il faut déterminer avec précision le début de la phrase. L’analyse de la ponctuation de cette traduction (Skupien Dekens à paraître 2 e partie, chap. II) a permis d’accorder un crédit important, de ce point de vue, à l’édition de 1555. Ce qui signifie que l’éditeur moderne ne doit pas couper les phrases (entre deux points), même pour les besoins de l’étude des formes en -ant. Aussi l’extrait suivant, pour ne prendre qu’un exemple, doit-il être observé attentivement: (20) Or tous les croyans étoint ensemble, e auoint tout commun, e vendoint leur auoir e cheuances, e les départoint a châcun, selon qu’on en auoit besoin: e iournellement, étans continuellement ensemble au temple, e rompant le pain par les maisons, prenoint leur repas en louant dieu d’vn cueur gai e simple, e étoit en la bonne grâce de tout le peuple. [Ac 2,44-47] Si on considère l’ensemble de cet énoncé comme une seule phrase, les CD participiales se trouvent postposées au premier verbe et à son sujet («tous les croyans étoint»), mais antéposés au deuxième verbe («prenoint»). Une analyse qui ne tiendrait pas compte de la ponctuation d’origine pourrait considérer qu’une nouvelle phrase commence avec, «e journellement» 39 , ce qui ferait dire alors que la CD est placée à gauche du deuxième verbe. En fait, il serait peut-être plus judicieux d’y voir des formes en -ant entourées - précédées et suivies - par le référent, tantôt exprimé («tous les croyans»), tantôt induit («prenoint»). Là aussi, le participe pré- 151 39 Les deux points qui n’introduisent pas un discours direct sont toujours suivis d’une minuscule et ont une fonction essentiellement rythmique. Carine Skupien Dekens sent joue un rôle de renforcement de la cohésion syntaxique, voire textuelle, puisqu’on dépasse le niveau de la phrase 40 . 3.2.3.2 La non-expression du sujet 41 comme facteur de cohésion textuelle. Combettes 2003a: 14 analyse précisément ce type de constructions que je viens d’évoquer, en s’appliquant à définir la structure de «l’énoncé». Dans cette perspective, les formes en -ant sont justement considérées comme précédant le verbe principal, dont, la plupart du temps, le sujet n’est pas exprimé. On a donc le schéma suivant: S + V + signe de ponctuation, considéré comme une rupture rythmique, + X + V: C’est en effet, dans la majorité des cas, ce rôle de maintien du thème 42 que remplit la structure à sujet non exprimé; les énoncés suivants se placent dans la continuité d’un contexte antérieur qui présente un référent saillant, référent qui est en quelque sorte maintenu par les formes en -ant et qui se réalise dans la forme de sujet zéro. Et il donne l’exemple suivant: «Et Loys de Gavres se jeta sur une couche . . .; en gémissant et souspirant faisoit ses lamentations.» Il semble bien que l’expression ou non du sujet ait une influence sur la cohésion syntaxique et pragmatique des textes analysés. On trouve le même schéma dans l’extrait suivant: (21) Or il y eut un homme de la maison de Leui, qui alla prendre femme de la race de Leui, laquelle fut grosse, e fit un fis: e voyant qu’il étoit ioli, elle le cacha trois mois. Puis ne le pouvant plus cacher, elle print un’arche de ioncs, qu’ell’empoisa de betom, e de la poix, e y mit l’enfant, e la mit en une papiere au bord du fleuve. [Ex 2,1-3] Référent (qui est le sujet du verbe immédiatement précédent, mais pas du verbe principal; il s’agit donc bien ici du thème); deux points, et, participe présent, sujet, verbe principal. Là encore, selon la valeur accordée à la ponctuation, on analysera différemment cet extrait (cf. Skupien Dekens à paraître, 2 e partie, chap. II). Le déta- 152 40 «Un examen, même rapide, d’états de langue plus anciens montre que les CD sont bien à considérer comme des constituants intermédiaires entre deux propositions et que leur rattachement, leur intégration à la phrase ne va pas toujours de soi. . . . on doit constater que la délimitation de l’unité permanente, pour l’analyse des CD est une question fondamentale; même si les grammairiens ont, relativement tôt, essayé d’énoncer et d’imposer des règles de fonctionnement phrastique, l’usage réel montre bien que la CD est traitée comme un élément périphérique, peu intégré à la structure propositionnelle, mais dépendant en réalité de contraintes discursives dont le ‹maintien› d’un référent est l’une des plus importantes». (Combettes 1996: 85). 41 Puisque la forme en -ant se trouve à gauche du référent, le sujet est forcément non exprimé devant le participe. En effet, si le sujet est accolé au participe, il s’agit d’un participe absolu. 42 Là encore, il faut mentionner le principe de l’ancien français, du maintien du sujet immédiatement précédent, quelle que soit la valeur du prédicat sur lequel il porte, principal ou secondaire. Maintien du thème et maintien du sujet se confondent ici. Les formes en -ant dans la traduction de la Bible par Sébastien Castellion chement à gauche du verbe principal est compensé par la proximité du référent thématique (femme, représenté par laquelle), par ailleurs aussi dernier sujet exprimé, qui précède immédiatement les deux points. Pour un lecteur du milieu du XVI e siècle, la référence au dernier sujet, même s’il est situé dans la «phrase» précédente, ne fait aucune difficulté. Ici aussi, le participe présent est lié doublement avec son référent exprimé à gauche, et avec la reprise de celui-ci par un pronom, à droite. Pourtant, dans ces deux exemples particulièrement, la question de la place des CD relativement au sujet et au verbe principal est secondaire. Ce qui compte, dans tout ce débat, c’est la clarté et la facilité de compréhension. Le référent, lui, précède sans aucune ambiguïté les CD. Le lecteur n’hésite pas un instant avant d’associer «étans» et «rompant» (dans la citation Ac 2,44-47), d’une part et «voyant» d’autre part, respectivement à «tous les croyans» et «femme». C’est pourquoi je propose de garder une certaine distance dans l’interprétation de la position des CD dans mon corpus, et de toujours l’assortir d’une analyse thématique. La vraie rupture qu’il convient d’éviter, est une rupture thématique et non syntaxique. Parmi les rares exemples de détachement à gauche, quatre cas doivent être mis à part: il s’agit de formules figées, que A. Lorian qualifierait de «chevilles initiales» qui, en tant qu’élément de «liaison interphrastique équivalent à une particule coordonnante» (Landy 2003: 282). (22) Ce que voyant Elisée crioit: O pere, pere, le (support e aide) chariot e cheualerie d’Israel. [2 R 2,12] (23) Dont voyant que cela ne valoit encore rien, ie suis venu a auoir en dêdain tout ce que i’auois acquis sous le soleil par trauail e sagesse. [Qo 2,19] (24) Ce que voyant Mattathie en eut si grand dépit, e le cueur si émeu, e le courage si poussé a en faire iustice, qu’il lui courrut dessus, e le tua deuant l’autel, e mit quant-a-quant a mort l’homme du roi, qui faisoit sacrifier e abbatit l’autel, étant poussé d’vn zèle de la loi, comm’auoit fait Phinées a Zambri fis de Salom, puis s’en alla criant par la ville, que quiconque auoit affexion a la loi, a maintenoit l’alliance, sortît apres lui. Puis s’en fuit auec ses enfans, ês montagnes, laissant en la ville tout son auoir. [1 M 2,24-28] (25) Ce que oyant le roi Herodes fut troublé, e toute Ierusalem auec lui. [Mt 2,1-3] Ces formules, toutes figées qu’elles soient, possèdent une forte vertu de cohésion. En effet, le participe présent est porté vers la droite, puisque son référent s’y trouve, et le déictique anaphorique, vers la gauche. Les quelques extraits restants, où j’ai trouvé formellement une CD à gauche du verbe principal, doivent aussi être analysés avec circonspection. Dans tous les cas, le participe présent est précédé d’une conjonction de coordination qui affaiblit considérablement la valeur du point qui la précède.Toute la phrase ainsi introduite est tournée vers la précédente, ce qui rend évident le sujet de la construction détachée 43 . 153 43 L’antécédent étant parfois très loin de la forme en -ant, il faut citer de longs extraits. Carine Skupien Dekens (26) Dont quand les gens du roi, e les soudards qui étoint en Ierusalem, en la cité Dauid, furent auertis que les hommes qui auoint trépassé le commandement du roi, s’étoint allés cacher par les bois, plusieurs leur coururent apres, e les atteignirent, e assiegerent, e les assaillirent vn iour de sabbat, e leur conseillerent de ne perseuerer pas, ains sortir e faire le commandement du roi, pour sauuer leur vie. Mais ils dirent qu’ils ne sortiroint point, e ne souilleroint point le iour du sabbat pour obeir au roi. E quelque âprement assaillir qu’on les fît, ils ne repondoint point aux ennemis, ni ne iettoint des pierres contr’eux, ni ne bouchoint leur retraitte, ains s’encourageoint les uns les autres a mourir innocemment, e prenoint ciel e terre en têmoins, qu’on les faisoit mourir a tort. Parainsi étant assaillis au sabbat, ils furent mis a mort, eux e leurs femmes e enfans e bestial, qui furent environ mill’hommes. [1 M 2,31-38] (27) E apres le trépas d’Herodes, voici l’ange du Seigneur qui s’apparut en Egypte a Ioseph en son dormant, e lui dit: Leue toi, e pren l’enfant e sa mere, e t’en va au pais d’Israel: car ceux qui cerchoint la mort de l’enfant, sont mors. Ainsi il se leua, e print l’enfant e sa mere, e s’en alla en pays d’Israel. Mais quand il entendit que Archlaus regnoit en Iudée au lieu d’Herodes son pere, il eut peur d’y aller. Puis étant auerti par reuelation en dormant, se retira aux quartiers de Galilée, e s’alla tenir en vne ville qui s’appelle Nazaret, affin que fût accompliy ce dit des prophetes, Il sera appellé Nazarien. [Mt 2,22-23] (28) Hommes freres, s’il faut franchement parler a vous du grand pere Dauid, il êt e trepassé e enterré, e êt son tombeau entre nous iusqu’a present. Mais étant prophete, e sachant que dieu lui auoit promi par son serment, que du fruit de ses reins, selon la chair, il dresseroit le Christ, e l’assieroit sur son siege, prevoyant la resurrection du Christ, il dit que son ame ne seroit point delaissée en Enfer, e que sa chair ne sentiroit point corruption. [Ac 2,29-31] 3.2.3.3 Détachement à gauche du référent: conclusion Les critères strictement syntaxiques n’apportent finalement rien à notre étude ici. Il faut dépasser la phrase et opter pour des critères informationnels et mémoriels. Comme l’écrit B. Combettes 1996: 85, «le statut de la CD conduit à penser que le domaine de la phrase n’est pas le cadre adéquat pour rendre compte de toutes les règles de position: se pose en particulier le problème de l’intégration progressive de la CD à la structure de la proposition qui la contient et du conflit qui s’établit entre contraintes discursives et contraintes syntaxiques». Le détachement à gauche perd alors son sens: tous les cas de CD cités ci-dessus se réfèrent au thème (presque toujours sujet du verbe précédant) qui les précède presque immédiatement 44 . Ainsi, même dans les rares cas de détachement à gauche (j’ai cité ci-dessus tous les exemples que contenait mon corpus), Castellion a utilisé les constructions participiales comme aides à la compréhension, qui renforcent la cohésion textuelle, synonyme de confort de lecture et d’aide à la mémoire. 154 44 «Qu’il s’agisse du schéma: X + sujet + verbe ou du schéma: X + verbe, sans sujet exprimé, on constate une liaison forte de la fome en -ant avec le contexte de gauche, liaison qui est non seulement sémantique - le procès s’inscrivant dans une continuité chronologique ou logique -, mais aussi référentielle» (Combettes 2003: 14). Les formes en -ant dans la traduction de la Bible par Sébastien Castellion Au terme de l’exploration des CD à gauche, on peut donc affirmer sans aucune hésitation que ce sont des processus cognitifs 45 , plus que syntaxiques, qui permettent de comprendre aisément le prédicat exprimé au participe présent, et de lui attribuer un référent. Le traducteur tient compte du processus de compréhension qui n’a que faire de délimitations syntaxiques, d’ailleurs fluctuantes au XVI e siècle. La remarque de N. Fournier 1998: 306, pour le XVII e siècle, est parfaitement adaptée à la langue de Castellion, et elle mérite d’être citée en entier: Au vu de ces exemples, il apparaît que le participe présent se rattache naturellement et prioritairement, . . . à un acte saillant, mis en place par le contexte ou la situation . . . Le principe qui règle l’incidence du participe est donc un principe de saillance thématique, qui joue extrêmement librement en français classique. On peut de ce fait s’interroger sur la validité d’une analyse grammaticale qui veut faire entrer de force le participe dans le cadre de la phrase en lui attribuant, après coup pour le participe initialisé, une incidence à un constituant. Il faudrait imaginer un processus de production et de compréhension qui suspendrait l’interprétation du participe jusqu’à ce qu’apparaisse le bon support; il est plus plausible de penser que le locuteur et le récepteur ont en tête un actant disponible auquel ils rattachent le participe, ce rattachement pouvant se trouver confirmé ultérieurement par une incidence à un constituant coréférent à cet actant. 3.2.4 Détachement à droite: S-V-X Malgré tout ce que je viens de dire sur l’inadéquation des critères syntaxiques à l’intérieur de la «phrase» pour rendre compte de l’utilisation des formes en -ant, il faut tout de même noter la grande quantité de détachements à droite observée dans mon corpus. J’ai compté 33 extraits dans lesquels la forme en -ant se trouve postposée au verbe sur lequel elle porte, sachant que ces extraits comptent bien souvent plusieurs formes en -ant. Pour plus de rigueur, j’ai éliminé toutes les formes en -ant dont je ne pouvais pas attribuer la portée de manière certaine. Ici, il ne s’agit donc que des formes en finale absolue, qui ne sont suivies d’aucun verbe conjugué sur lequel ils auraient pu éventuellement porter. (29) Puis delogera le pauillon des oracles, qui êt l’armée des Levites, au milieu des armées, e delogeront comme ils se camperont, suiuans chacun sa baniere. [Nb 2,17] (30) Vous dépouillés [en leur ôtant, s’ils ont quelque ioli accoutrement] ceux qui passent sans crainte de mégarde, reuenans de la guerre. [Mi 2,8] On voit ici, encore une fois, que le référent des formes en -ant est le sujet - thématique - du dernier verbe immédiatement précédent: respectivement, les lévites (comme sujet implicite de delogeront) et ceux qui passent. Nous avons la preuve que Castellion a une utilisation des CD tout à fait différente de celle de ses contemporains. Sans chercher à établir un pourcentage qui ne 155 45 «La construction détachée, d’ordinaire en début de phrase, semble donc établir sa coréférence en fonction de cette «mémoire discursive», quels que soient, finalement, le rôle grammatical et la place du topique dans la proposition» (Combettes 1990: 159). Carine Skupien Dekens nous apprendrait pas grand-chose, je souligne tout de même la disproportion observée par rapport aux chiffres d’I. Landy, cités plus haut. Il suffit par ailleurs de constater que le schéma de cette construction ne se trouve pas dans les trois modèles canoniques décrits à plusieurs reprises par B. Combettes (voir ci-dessus). Il faudrait encore ajouter à ce chiffre bon nombre de constructions détachées à droite qui doivent être analysées avec plus de nuances. En effet, dans bien des cas, elles se trouvent enchâssées entre un verbe conjugué (principal ou, parfois, subordonné) et un autre. Seul un critère sémantique permettra de décider si ces CD participiales portent sur le verbe qui les précède ou sur celui qui les suit. C’est pourquoi je ferai suivre l’analyse des cas de détachement à droite de quelques lignes sur les phrases complexes, où les CD alternent avec des verbes conjugués et échappent ainsi aux catégories définies ci-dessus. Il est utile de rappeler à ce stade que l’on peut voir un archaïsme dans l’utilisation particulière que Castellion fait des formes en -ant. Mais les exemples analysés par la suite, et surtout les fonctions stylistiques que l’on peut voir dans le détachement à droite, me conduisent à préférer y voir un véritable souci pédagogique: le lecteur, «idiot» ou pas, est constamment à l’esprit du traducteur. 3.2.4.1 Fonctions des CD à droite Dans son étude, I. Landy 2003 note brièvement la fonction sémantique des CD, selon leur place. À gauche, elle y voit l’expression d’une antériorité logique ou chronologique, à droite, «une notation descriptive». En première analyse, on pourrait penser qu’il est difficile chez Castellion d’établir une telle distinction puisque les CD à gauche sont peu nombreuses. Tout au plus peut-on noter que les CD à gauche expriment souvent la cause du procès exprimé par le verbe qui les suivra ou du moins une certaine concomitance. Ceci étant aussi valable pour les particules charnières comme «ce que voyant» ou «ce que oyant». Avant d’entrer dans l’analyse des différentes fonctions des formes en -ant postposées, il faut se demander si la question est vraiment pertinente. En effet, les chercheurs passent en général comme chat sur braise sur l’énumération et la définition du rôle sémantique de ces syntagmes. L’analyse fonctionnelle dont B. Combettes a fait de nombreux articles, ou l’analyse stylistique illustrée par Lorian 1973 semblent porter beaucoup plus de fruits que la question des fonctions sémantiques. Je reviendrai sur l’apport de la stylistique, mais le bon sens d’A. Lorian à ce propos mérite d’être illustré maintenant. Il voit en effet dans le participe présent, quelle que soit sa fonction, un facteur de condensation: . . . au lieu de deux, trois ou plusieurs phrases distinctes, on obtient par le biais du participecharnière un seul énoncé contenant plusieurs idées, plusieurs processus verbaux actifs; peu importe si le participe exprime en réalité une situation, un événement accessoire, une circonstance temporelle, causale, conditionnante (ou, dans le cas du gérondif, une modalité), ou s’il introduit une idée autonome, essentielle, masquée par les dehors d’un modeste appendice participial . . . Un peu plus synthétique qu’un de ses concurrents principaux, la proposition cir- 156 Les formes en -ant dans la traduction de la Bible par Sébastien Castellion constancielle (il ne dépend d’aucune conjonction, d’aucun outil introducteur), il précise beaucoup moins ses relations logiques avec le reste de l’énoncé; il s’avère être plus rapide, plus succinct, plus prégnant. (Lorian 1973: 216-17) Malgré cette remarque, une typologie des rôles sémantiques joués par les formes en -ant postposées au verbe principal me semble permettre finalement de déterminer quelles sont les fonctions de cette construction au XVI e siècle, et peut-être de comprendre l’évolution de sa fréquence. - La manière 46 : La majorité des formes en -ant postposées représentent un complément circonstanciel de manière. Un exemple suffira: (31) Puis delogera le pauillon des oracles, qui êt l’armée des Levites, au milieu des armées, e delogeront comme ils se camperont, suiuans chacun sa baniere. [Nb 2,17] - La cause: (32) E quand ils le regarderent de loing, ils ne le connurent pas, si ietterent vn cri en plourant, e descirrerent châcun sa robbe, e ietterent par l’air de la poudre sur leurs têtes, e s’assirent aupres de lui a terre set iours e set nuits, sans que nul lui dît mot, voyans que la douleur étoit si grande. [Jb 2,13] (33) E comm’ils étoint en Ierusalem a la fête de pâques, plusieurs creurent en son nom voyans les merueilles qu’il faisoit. [Jn 2,23] (34) Deporte toi d’vn tas de questions folles, e sottes, sachant qu’elles engendrent étrif, e vn seruiteur du Seigneur de doit pas étriuer. [Tm 2,23] Les exemples cités ici, avec détachement à droite, sont rares. En effet, pour exprimer ce lien logique, Castellion a préféré la construction X-S-V, comme la plupart de ses contemporains. I. Landy 2003 parle d’une «antériorité logique», placée majoritairement à gauche dans les textes de son corpus. On constate, à la lecture des exemples de détachement à gauche cités plus haut, que la plupart d’entre eux expriment sinon la cause uniquement («voyant qu’il étoit ioli, elle le cacha trois mois» [Ex 2,2]), du moins une antériorité chronologique avec nuance causale. («Puis étant auerti par reuelation en dormant, se retira aux quartiers de Galilée» [Mt 2,22]). On peut donc constater ici que la cause exprimée à l’aide d’un participe présent se place préférentiellement avant le verbe principal, mais qu’une postposition est aussi possible, quoi que plus rare. La logique sémantique est un critère pertinent dans le choix de telle ou telle construction, mais elle n’est pas érigée en principe absolu. 157 46 Nb 2,17; Jg 2,11-13; Tb 2,5-6; Jb 2,3; Pr 2,6-8; Pr 2,10-142; Pr 2,34; Js 2,7; Jr 2,37; Lm 2,3; Jl 2,2-6; Na 2,5; Ha 2,9 (ici, en fait le but, mais Castellion semble interpréter plutôt comme une manière); Ph 2,14-16; Th 2,3-4; 2 Tm 2,23-26; Tt 2,2; Tt 2,6-7. Carine Skupien Dekens Relations chronologiques: À part la manière (fréquente) et la cause (rare), les formes en -ant postposées servent surtout à faire avancer le récit. Pour A. Lorian 1973: 214, «en tant que principe actif, le participe conjoint en -ant fait avancer l’action (ou du moins a l’air de le faire) . . . [il] se complaît dans le style purement narratif, il est partant très courant dans le conte et la nouvelle du XVI e siècle.» - Antériorité Ce sont les formes composées des participes 47 , qui soulignent l’antériorité d’une action par rapport à une autre. (35) Tes auersaires font bruit, ayant mis leurs enseignes pour victoriaux au beau milieu de tes consistoires. [Ps 74,3] (36) E Antiocus combattit contre le Parthe Arsaces, e perdit une grande partie de son armée, e si y mourut, e Demetrius son frere lui succeda au royaume de Syrie, étant par Arsaces deliuré d’esclauerie. [Fl. Josèphe, livre XIII, chap. XVI] (37) Ce que voyant Mattathie en eut si grand dépit, e le cueur si émeu, e le courage si poussé a en faire iustice, qu’il lui courrut dessus, e le tua deuant l’autel, e mit quant-a-quant a mort l’homme du roi, qui faisoit sacrifier e abbatit l’autel, étant poussé d’vn zèle de la loi, comm’auoit fait Phinées a Zambri fis de Salom, puis s’en alla criant par la ville, que quiconque auoit affexion a la loi, a maintenoit l’alliance, sortît apres lui. Puis s’en fuit auec ses enfans, ês montagnes, laissant en la ville tout son auoir. [1 M 2,24-28] Ici, il faut bien noter que la position est contraire à la chronologie puisque les deux prédicats exprimés par des participes composés sont antérieurs à l’action exprimée par le verbe principal 48 ; c’est le fait que le participe soit composé qui permet de marquer clairement la succession des événements et non sa position. - Concomitance temporelle (38) Car depuis que dês mon enfance iâuois tou-iours eu la crainte de Dieu, e obei a ses commandemens, ie ne me dépitai point contre Dieu, d’être deuenu aueugle, ains demourai immuable dans la crainte de Dieu, remerciant Dieu toute ma vie. [Tb 2,10; addition entre les versets 10 et 11 tirée de la Vulgate, signalée par Castellion]. 158 47 Ici se pose la question de la dénomination des formes comme étant venu ou ayant vu. Teddy Arnavielle 2003b: 41 propose «participe composé». En effet, «appeler ces formes ‹participe passé composé›, . . . a l’inconvénient de faire oublier la composante sécante de l’ensemble; ‹participe présent composé› présenterait l’inconvénient inverse d’un privilège accordé à cette seule valeur, et amènerait une confusion avec le passif ‹étant vu›.» J’adopte donc cette dénomination. 48 Ceci explique le fait que dans mon corpus, on trouve 9 cas de formes en -ant antéposées exprimant l’antériorité, et 3 seulement postposés. Les formes en -ant dans la traduction de la Bible par Sébastien Castellion Fonctions stylistiques: - Condensation Les participes permettent de noter en passant une action, et de concentrer ainsi en quelques lignes plusieurs événements qui se situent sur le même plan logique. (39) E quand Ioab e Abisai poursuiuans Abner, furent arrivés au soleil couchant vers le cré Amma, qui êt vis-à-vis de Gia, tirant contre la forêt de Gabaon, Abner [vers qui s’étoint assemblés les Beniamites, e s’étant mis en vn squadron, s’étoint arrestés au coupeau d’vne petite montagne] cria a Ioab en cêt maniere: Ne cessera-on point de iouer des couteaux? ne sais tu pas qu’a la fin on en sera marri? [2 S 2,24-26] La succession des actions: poursuivre, arriver/ tirer vers 49 (s’être assamblés, se mettre en squadron, s’être arretés), crier . . . est assurée tantôt par des verbes à l’indicatif, tantôt par des verbes au participe présent, sans qu’on puisse noter un arrièreplan ou une hiérarchie des événements. Il s’agit donc d’éviter la répétition de verbes au même temps, et d’éviter des relatives trop lourdes. - Rapidité et légèreté Le recours aux participes permet d’éviter la subordination qui ne convient guère au récit. Liens logiques ou chronologiques, introduits par des conjonctions, précisions et descriptions apportées souvent par des relatives sont ainsi remplacés avantageusement par un tour rapide et léger. (40) E quand ils eurent cheminé vn iour, ils se prindrent a le cercher entre les parens e amis: e ne le trouuant pas, ils le retournerent cercher en ierusalem. E auint qu’apres trois iours ils le trouuerent au temple, assis au milieu des docteurs, e les oyant e interrogant. [Lc 2,45- 46] Dans cet extrait de Luc, «e ne le trouvant pas» exprime une cause qui implique le verbe suivant «ils le retournerent cercher», en même temps qu’une antériorité. Ce tour aurait pu être proche de la parataxe «ils ne le trouvèrent pas et retournèrent le chercher à Jérusalem», ou, au contraire être subordonné, comme le font d’ailleurs Lefèvre d’Étaples et Olivétan, qui ont le même texte: «Et quant ilz ne le trouverent point/ ils retournerent en hierusalem pour le cercher.» Il faut noter ici qu’on a déjà une subordonnée introduite par quand au début de la phrase, et que le recours à la participiale permet au traducteur d’éviter la répétition. Quant à oyant et interrogant, ils évitent ici une relative. - Variation La variation de l’expression des différentes actions permet d’éviter la monotonie et la parataxe. Les chercheurs 50 qui se sont penchés sur le sujet voient ici une certaine hiérarchisation des prédicats, comme si le participe remplissait les mêmes 159 49 (= se diriger vers). 50 Cf. aussi Fournier 1998: 308. Carine Skupien Dekens fonctions que l’imparfait. C’est pourtant avec prudence que j’adopte les hypothèses avancées par A. Lorian 1973: 217: Le participe conjoint se montre capable d’être le digne émule de l’infinitif ou de l’imparfait pour traduire la multitude et la diversité des actions; mais l’emploi de la forme en -ant souligne en même temps que ce sont là des activités accessoires, qui recoupent ou qui accompagnent le processus principal, lui-même exprimé ou non dans le contexte. ou par B. Combettes 2000b: 97 . . . on peut relever de nombreux exemples de participes présents qui traduisent une «simultanéité» avec le prédicat principal qui les suit, de même que sont très bien attestées les formes composées, qui expriment l’aspect accompli ou l’antériorité. Dans tous ces cas, on peut considérer que les participes apposés relèvent du second plan et auraient pour équivalents, du côté des formes conjuguées, des imparfaits ou des plus-que-parfaits. Pour A. Lorian (qui décrit des participes conjoints) comme pour B. Combettes (les constructions détachées participiales), il n’y a pas de hasard dans la distribution des formes - conjuguées ou au participe présent. Voyons dans mes exemples si ces affirmations se confirment. Voici quelques exemples où les hypothèses de distinction de plans se confirment: (41) Quant a l’enfant Samuel, il faisoit le service du Seigneur, étant ceint d’un Collet de lin. [1 S 2,18] (42) E bien le voilà en ta puissance. Mais garde sa vie. Parainsi Satan s’en alla de deuant le Seigneur, e frappa Iob depuis la plante des pieds iusqu’au sommet de la tête, de si mauuaises playes, qu’il print vn tais pour s’en gratter, étant assis parmi la poudre. [Jb 2,7-8] Dans ces exemples, la distinction est claire entre le plan secondaire de la description (étant ceint, étant assis) et le plan principal de l’action. Dans l’extrait suivant, la distinction est claire aussi, mais c’est le participe présent qui exprime le prédicat principal. (43) Ie fi prouision de chantres e chanteresses, e de passetems de la race des hommes, echansons e tasses. e deuin si grand, que ie n’auoi plus que persone deuant moi en Ierusalem, retenant neanmoins ma sagesse. [Eccl. = Qo 2,8-9] Ici, la forme au participe présent me semble appartenir à un autre plan que les autres verbes, mais on ne peut pas dire qu’il soit moins important, ou accessoire. Au contraire, c’est même le sommet de la phrase, souligné par néanmoins, absent du texte original. On trouve cependant certains cas où il serait abusif de voir une hiérarchisation des actions. (44) Car a cela êtes vous appellés, puis que Christ aussi a souffert pour nous, nous laissant exemple, afin que vous ensuiuiés ses trasses. [1 P 2,21] 160 Les formes en -ant dans la traduction de la Bible par Sébastien Castellion Les verbes a souffert et laissant sont-ils à mettre sur le même plan? Du point de vue théologique, certainement pas. Difficile de décider, du point de vue strictement linguistique. (45) Ie sorti donc de nuit par la porte de la vallée, e passai la fontaine du dragon, e arriuai a la porte de la voirie, regardant les murs derochés de Ierusalem, e les portes brulées. [Ne 2,13] (46) Quand il m’invoquera, ie lui ottroyerai sa demande, e serai auec lui e ses tribulacions, le deliurant e honorant. [Ps. 91,15] Si on pouvait voir dans les exemples précédents une hiérarchie des plans, c’est impossible ici, sous peine de surinterpéter la variation de forme. Il semble qu’on ne puisse voir dans ces deux extraits que la tentative d’un écrivain qui cherche à varier son style et à éviter les répétitions de formes verbales au même temps. Finalement, il faut accorder aux formes en -ant la capacité «à accéder au premier plan», comme l’exprime N. Fournier 1988: 309-10, pour le français classique. - Exemplification Enfin, dans certains cas, les participes présents offrent au chroniqueur la possibilité de citer un exemple, de raconter une histoire dont il faut se souvenir pour mieux comprendre le récit en cours, ou de se référer à une autorité. (47) Hommes freres, s’il faut franchement parler a vous du grand pere Dauid, il êt e trepassé e enterré, e êt son tombeau entre nous iusqu’a present. Mais étant prophete, e sachant que dieu lui auoit promi par son serment, que du fruit de ses reins, selon la chair, il dresseroit le Christ, e l’assieroit sur son siege, prevoyant la resurrection du Christ, il dit que son ame ne seroit point delaissée en Enfer, e que sa chair ne sentiroit point corruption. [Ac 2,29-31] Pierre, au milieu de son discours du jour de la Pentecôte, fait référence à David et doit résumer son histoire à la lumière de la résurrection du Christ. David n’est pas au centre du discours du Pierre, il n’est qu’un contre-exemple. David est mort et a été enseveli; le Christ est ressuscité. Usages particuliers du détachement à droite: - La forme en -ant introduisant un discours Il s’agit d’un tour syntaxique très fréquemment utilisé. Nous trouvons 19 occurrences de «disant» suivi d’un discours direct ou indirect; une fois «cuidans» + complétive; une fois «priant» + complétive. Cette construction ne doit pas être assimilée à une forme conjuguée du verbe dire, car il faut noter qu’elle a une fonction bien précise. Elle lie de manière très intime le faire et le dire. L’acte de parole accompagne, suit immédiatement ou est la conséquence d’un geste immédiatement précédant: 161 Carine Skupien Dekens se moquer - disant (48) Car ainsi que les rois tourmentoint le bienheureux Iob, ainsi mes parens e cousins se moquoint de moi disans: Où êt ton esperance, sous laquelle tu faisois aumônes aux poures, e enterroit les morts? [Tb 2, Vulgate v. 12-18] bénir - priant: (49) E Eli benit Elcana e sa femme, priant le Seigneur qu’il lui donnat generacion de celle semme, pour la requête qu’ell’en auoit faitte au Seigneur. [1 S 2,20] mettre en effet la promesse - disant (50) Soi vaillant e galant homme, e garde l’ordonnance du Seigneur ton Dieu, en cheminant par ses voyes, en gardant ses ordonnances, commandemens, sentences e avertissemens, comm’il êt écrit en la loi de Moyse, afin que tu sois heureux en tout ce que tu feras, e a quoi tu t’appliqueras: afin que le Seigneur mette en effet la promesse qu’il m’a faitte, disant que si mes enfans se portent tellement enuers lui, qu’ils lui obeissent loyallement de tout leur cueur e courage, iamais ne sera qu’il n’y ait quelcun de ma race qui ne sois assis sur le siège d’Israel. [1 R 2,2-4] frapper l’eau - disant (51) E quand il fut arrivé au bord du Iordain, il print le manteau d’Elie, lequel étoit tombé de lui, e en frappa l’eau, disant: Où êt le Seigneur dieu d’Elie. [2 R 2,13-14] jeter le sel - disant (52) E quand ils la lui eurent apportée, il s’en alla a la source de l’eau, e y ietta la sel, disant: Le Seigneur vous mande qu’il guarit cêt’eau, tellement qu’elle n’engendrera plus ne mortalité ne sterilité. [2 R 2,20-21] Comme pour les CD en début d’énoncé qui jouaient le rôle, de «particules-charnières», particulièrement dans le maintien du thème, les formes en -ant des verbes de parole ont aussi une fonction d’enchaînement des énoncés, mais, cette fois, avec le contexte de droite. La forme en -ant peut introduire une complétive 51 : (53) E te garde d’vn tas de babils profanes: car ils auanceront a vne grande impieté, e leur parolle rongnera comme chancre, dont Hymenée en êt, e Philet, qui se sont fourvoyés de la verité, disans que la resurrexion a dêia été, e suuertissent la foi d’aucuns. [2 Tm 2,16-18] ou un discours direct, comme dans la plupart des cas 52 : (54) E elle se ietta sur son visage, e lui fit humblement la reuerence, disant: Pourquoi me faistu la grace de me reconnoitre, moi qui suis étrangere? [Rt 2,10] 162 51 Dans 5 cas: 1 S 2,20; 1 R 2,2-4; Mc 2,12; Lc 2,44; 2 Tm 2,16-18. 52 17 exemples. Les formes en -ant dans la traduction de la Bible par Sébastien Castellion (55) Il êt certain qu’ils mettront tous en auant vn prouerbe touchant lui, e vn brocard mal aisé a entendre, disans: O malheureux qui tout amasse pour autre que toi: combien durera-til? [Ha 2,6] Dans cette dernière construction, le renforcement de la cohésion textuelle est évident. La forme en -ant entretient un lien avec la gauche où se trouve son référent, et avec la droite où se trouve l’objet grammatical du verbe de parole. On peut aussi y voir un lien supplémentaire avec le verbe principal, puisqu’en dernière analyse, le participe présent peut être considéré comme un gérondif de syntaxe, «incident au verbe» (Fournier 1998: 299). - La construction aller + forme en -ant 53 Très largement utilisée en ancien français (Nyrop 1925: 250; Buridant 2000: 357), cette tournure est condamnée dès le XVII e siècle, sauf quand le verbe aller garde un sens plein («une rivière va serpentant»), mais n’est pas totalement sortie de l’usage. Bien représentée dans mon corpus, cette construction peut être analysée, comme le tour précédent, comme un gérondif, la plupart du temps sans préposition en. Ici, c’est la valeur du semi-auxiliaire, forme conjuguée du verbe aller, qui est en question, et son rapport avec le procès exprimé par le verbe au participe présent. Aller comme semi-auxiliaire «exerce en partage la fonction verbale» (Arnavielle 2003a): (56) Ce-pendant l’enfant Samuel alloit en croissant e devenoit bon, tant deuant le Seigneur que deuant les hommes. [1 S 2,26] (57) Toi donc qui enseignes autrui, tu ne t’enseignes pas toi-même? toi qui vas disant qu’on ne doit pas dérobber, tu dérobbes? tu dis qu’on ne dois pas adulterer, e tu adulteres? [Rm 2,21-22] Dans ces citations, l’auxiliaire a une valeur durative (Buridant 2000: 357) (ex. 56) ou itérative (ex. 57), comme la forme «toi qui enseignes» signifie «de manière générale, à plusieurs reprises.» Ce tour aller + -ant est fréquent à cette époque. Ailleurs dans le corpus, le verbe aller ne doit pas être considéré comme un auxiliaire. La présence d’un complément circonstanciel de lieu l’atteste (par la ville dans le premier exemple; ça et là, dans le second): (58) Ce que voyant Mattathie en eut si grand dépit, e le cueur si émeu, e le courage si poussé a en faire iustice, qu’il lui courrut dessus, e le tua deuant l’autel, e mit quant-a-quant a mort l’homme du roi, qui faisoit sacrifier e abbatit l’autel, étant poussé d’vn zèle de la loi, comm’auoit fait Phinées a Zambri fis de Salom, puis s’en alla criant par la ville, que quiconque auoit affexion a la loi, a maintenoit l’alliance, sortît apres lui 54 . [1 M 2,24-28] 163 53 Participe conjoint avec le verbe aller ou autre auxiliaire: Jr 2,20; Ct 2,8; Ct 2,10; Rm 2,21-22; 1 R 2,29. 54 Comparer avec la construction parallèle qui montre bien qu’il s’agit de deux verbes pleins: «Item parla le Seigneur a moi en cête maniere : Va e crie en cête sorte, oyant ierusalem.» [Jr 2,2)]. Carine Skupien Dekens (59) Car comm’ainsi soit que iadis i’aye tronçonné ton ioug, e rompus tes liens, e que tu ayes promis que tu ne te méferois point, nonpourtant tu vas ça e là t’abandonnant, comme putain que tu es par toutes les montagnettes éleuées, e dessous tous les arbres qui ont ramée. [Jr 2,20] Dans les deux derniers cas, avec aller comme semi-auxiliaire ou aller comme verbe plein, on voit que la forme en -ant exprime un procès de premier plan, et qu’il ne s’agit pas d’une simple précision, ou d’une adjonction de peu d’importance. En effet, c’est le procès exprimé par le verbe en -ant qui constitue le prédicat principal, et non aller. Dans nos deux derniers exemples, le commentaire «par la ville, que quiconque . . . » et «comme putain que tu es . . . » porte bien sur criant et t’abandonnant, respectivement. Ceci confirme l’impression déjà exprimée ci-dessus: les formes en -ant ont la capacité à accéder au premier plan. Détachement à droite: conclusion Au terme de l’analyse des CD à droite contenues dans ce corpus, on ne peut que constater la grande diversité des fonctions remplies par cette construction particulière: relation logique (la cause, p. ex.), relation chronologique, et fonctions stylistiques permettent de penser que Castellion utilise les formes en -ant comme les formes conjuguées. Elles remplissent les mêmes fonctions syntaxiques et logiques, mais apportent une plus-value stylistique indéniable. Loin d’être toujours reléguées au second plan du discours (c’est le cas lorsqu’elles se trouvent dans un complément circonstanciel de cause ou de manière, ou dans l’exemplification), les formes en -ant expriment finalement tous les procès du premier plan, comme un verbe conjugué. Le fait que le détachement à droite soit plus fréquent qu’à gauche est aussi à rappeler, puisqu’il est caractéristique de la langue de Castellion. Il s’agit donc d’une construction bien représentée dans cette traduction, utilisée de manière variée, mais toujours dans le souci de la compréhensibilité du message. 3.2.5 La construction détachée dans une phrase complexe: V-CD-V La lecture des nombreux exemples de participes présents postposés amène à faire une première constatation. On trouve ces constructions dans des phrases complexes, souvent longues, qui contiennent plusieurs verbes coordonnés ou subordonnés. Et ce n’est pas un hasard. Placé entre deux verbes conjugués, un participe présent a plusieurs fonctions. Au niveau syntaxique, il permet d’éviter des structures plus lourdes comme une subordonnée, une relative, ou la parataxe trop lassante; au niveau sémantique, il permet d’exprimer rapidement la cause, la conséquence, ou la concomitance temporelle; au niveau pragmatique, le participe présent renforce la cohésion par les multiples liens, cataphoriques ou anaphoriques, qu’il entretient avec la gauche et la droite. Bref, dans une phrase longue, il a une valeur inestimable. Ce genre de construction pose un problème d’analyse. Où se trouve le référent de la forme en -ant et sur quel verbe cette dernière porte-t-elle? Est-il vraiment 164 Les formes en -ant dans la traduction de la Bible par Sébastien Castellion pertinent d’isoler ces constructions complexes des deux catégories déjà étudiées ci-dessus? Ne peut-on pas y voir tout simplement des CD à droite du premier verbe (si elles portent sur celui-ci) ou à gauche du second (même remarque)? Il convient donc de voir les choses de plus près. Du point de vue référentiel, qui est celui des Académiciens dont je citais la critique à l’égard de Vaugelas, les constructions du type S + V + CD + S + V ne posent aucun problème. Dans la «phrase» (en tant qu’ensemble de syntagmes situés entre deux points 55 ), le référent précède le participe présent dont l’identification se fait aisément. Mais si on observe la distribution rythmique et sémantique des rôles dans les extraits suivants, on s’aperçoit que la CD porte en réalité sur le verbe qui la suit. On a donc un détachement à gauche du verbe qui est commenté par le participe présent, et à droite du verbe dont le sujet est le référent. Quelques exemples de phrases complexes permettront de voir s’esquisser le rôle sémantique des constructions détachées. - La cause: Dans les constructions complexes, où des participes présents se trouvent enchâssés entre deux verbes conjugués, la CD exprime souvent la cause du procès marqué par le verbe qui la suit: (60) E quand le maitre d’hôtel eut gouté le vin fait d’eau, ne sachant d’oû il venoit (mais les valets le sauoint bien, qui auoint puisé l’eau) il appella l’époux, e lui dit: [Jn 2,9] Dans cet exemple, c’est un verbe subordonné qui précède la CD, mais le référent y est bel et bien exprimé. Ainsi, il y a un lien syntaxique entre «le maître d’hôtel», sujet de la subordonnée et le participe présent dont il est aussi le référent, mais aussi, et plus important, un lien sémantique entre «ne sachant» et le verbe principal «appela», le premier étant la cause du second. Cette construction est donc extrêmement ramassée et très imbriquée. - La manière: La deuxième fonction sémantique des formes en -ant dans une phrase complexe est le complément circonstanciel de manière. (61) Il a bendé son arc en ennemi, e employant sa main droitte comm’vn auersaire, a tué tout ce qu’on voyoit le plus volontiers au pauillon de la fille Sion, épandant sa colere comme le feu. [Lm 2,4] Dans cet extrait des Lamentations, on voit bien le double lien entretenu par la CD, à la fois vers la gauche où se trouve son référent et vers la droite où se trouve le verbe qu’il commente. Mais cette forte cohésion syntaxique intraphrastique n’implique en aucune manière que le traducteur ait négligé ici la cohésion du paragra- 165 55 Cette définition est basée sur les résultats de ma recherche; cf. Skupien Dekens à paraître. Carine Skupien Dekens phe. On a vu plus haut que les CD de gauche jouaient un rôle essentiellement liant, au point qu’on pouvait les appeler «particules charnières», mais d’autres moyens existent et sont employés par Castellion pour assurer la compréhension, d’une part, mais aussi la cohésion, d’autre part, quand les CD sont situées à droite. (62) Or une fois ledit Moyse quand il fut grand, alla trouuer ses freres, e vit leurs charges, e voyant un Egyptien qui battoit un Ebrieu de ses freres, il regarda ça e là, e voyant qu’il n’y avoit personne, il tua l’Egyptien, e le cacha sous le sablon. [Ex 2,11-12] Le rejet de la CD à droite du verbe «alla» accentue la cohésion syntaxique interne de la phrase. En effet, le sujet «Moyse» arrivant avant le verbe principal et les participes présents «voyant», aucune ambiguïté n’est possible, mais la référence à gauche de la forme en -ant est nécessaire pour la compréhension de la phrase. Par ailleurs, le lien avec le contexte précédant la phrase en question est assuré par l’anaphorique «ledit». On a donc un double lien avec la gauche, syntaxique, à l’intérieur de la phrase, et sémantique, entre l’anaphorique et son référent. Voilà un discours très imbriqué (interdépendance syntaxique) et très connexe, comme le définit J. Lecointe 1997: 12, la connexité étant pour ce dernier «le degré d’interdépendance logique des éléments du discours». 4. Les formes en -ant: conclusion générale L’usage que Castellion fait des formes en -ant, qu’on ne peut vraiment pas qualifier d’encombrant, est finalement proche de celui du français classique. Du point de vue statistique premièrement, puisqu’il est globalement moins riche en formes en -ant que celui de ses contemporains; du point de vue syntaxique deuxièmement, puisqu’il place ses formes en -ant majoritairement à droite, donc après le référent, contrairement à ses contemporains; et finalement du point de vue stylistique, puisqu’il utilise ces formes pour remplir des fonctions variées, qui dépassent largement le cadre du «second plan». Par ailleurs, le système développé par le traducteur assure d’une part une cohésion syntaxique forte, par la coréférence largement majoritaire, et par la position préférentiellement à droite de la forme en -ant, et d’autre part une cohésion textuelle grâce aux divers liens entretenus avec le contexte de gauche, par les CD-charnières. Aussi le traducteur aura-t-il su, par un usage équilibré d’un tour extrêmement répandu dans le style narratif de ses contemporains, unir agilité et élégance stylistique, efficacité cognitive, et cohésion syntaxique et textuelle pour assurer une lecture aisée et «la plus entendible possible». Neuchâtel Carine Skupien Dekens 166 Les formes en -ant dans la traduction de la Bible par Sébastien Castellion Bibliographie Arnavielle, T. 2003a: «Montaigne, Essais III X. Inventaire raisonné des formes en -ant», L’Information grammaticale 96: 17-23 Arnavielle, T. (ed.) 2003b: Participes présents et gérondifs, Paris (= Langages 139) Ayres-Bennett, W. 1998: «Cela n’est pas construit: l’Académie française et Vaugelas devant les constructions participiales», in: Baudry, J./ Caron, Ph. 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Avec la collaboration de Max Engammare, Genève Chaurand, J. 2005: «La question des régionalismes chez Castellion», Journal de la Renaissance 3: 69-82 Combettes, B. 1988: Recherche sur l’ordre des éléments de la phrase en moyen français (Thèse pour le doctorat d’État, Université de Nancy), Lille Combettes, B. 1990: «Grammaire de la phrase et contraintes textuelles: le cas de constructions détachées», Verbum 13: 149-63 Combettes, B. 1991: «Hiérarchie de dépendances au niveau fonctionnel», L’information grammaticale 50: 48-51; 54: 11-14 Combettes, B. 1996: «Facteurs textuels et facteurs sémantiques dans la problématique de l’ordre des mots: le cas des constructions détachées», Langue française 111: 83-96 Combettes, B. 1998: «De la cohérence textuelle aux règles syntaxiques: le cas des constructions détachées», in: Baudry, J./ Caron, Ph. 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La syntaxe française de la traduction de la Bible par Sébastien Castellion (Bâle 1555), Genève 168 A vueltas con las xarajñt con texto romance de la serie hebrea La investigación de las últimas décadas ha producido una unanimidad cada vez mayor acerca de la inexistencia de una «primitiva lírica (mozárabe)» en la Península Ibérica, entendiendo como tal un corpus de poemas líricos preislámicos entodas sus estructuras, de los que serían residuo las llamadas «jarchas», de manera que éstas parecen ser casi meramente testimonio del bilingüismo de una sociedad ya muy islamizada, salvo por ciertos atavismos lingüísticos y culturales, que es la tesis de Corriente 1998, novedosa sólo en parte, puesto que esa opinión había circulado también desde un principio. Dejando aparte posibles reminiscencias temáticas, el hecho es que las estructuras métrica y estrófica de estos textos son de tipos conocidos en el Oriente árabe postislámico, y que incluso su bilingüismo ocasional coincide con el practicado jocandi gratia por algunos poetas de dicha procedencia. Por otra parte, el hecho de que tales textos, que generalmente mezclan los dialectos árabe y romance de Alandalús, aparezcan al final no sólo de poemas estróficos árabes, sino también de sus imitaciones en hebreo, ha dado lugar a que pueda hablarse de una serie árabe y otra hebrea, en cierto modo diferenciables, cuestión a la que en alguno de sus aspectos está dedicado este artículo, versión desarrollada de una conferencia impartida en el Romanisches Seminar de la Universidad de Zurich, con ocasión del reciente homenaje al Prof. Bossong, y en reconocimiento de su interesante labor, también en este campo. Curiosamente, estos especímenes textuales han tenido más suerte en algunos aspectos que sus homólogos de la serie árabe, y menos en otros 1 . Han tenido más fortuna en cuanto que fueron conocidos antes, tanto a través de los escarceos de Menéndez y Pelayo 1894, Baer 1936 y Millás 1946-47, como en el trabajo ya fundamental de Stern 1948, para buena parte de ellos decisivo, mientras que los de la serie árabe permanecieron materialmente ignorados hasta García Gómez 1952, privilegiado y celoso guardador de unas fotocopias del ms. de la ʕ Uddat aljalìs 2 , que G. S. Colin ocultaba a casi todos, tal vez porque era consciente de una 1 El conjunto puede verse en Corriente 1998: 270-323, obra que también contiene en las p. 136-267 las más de 300 xarajñt con texto sólo andalusí, procedentes de muwaááah ˙ ñt en árabe y hebreo, éstas extraídas en su mayor parte de Monroe/ Swiatlo 1967, siendo la comparación de todas ellas con las (parcialmente) romances imperativa para cualquier estudio de éstas. Ha de tenerse en cuenta además las innovaciones de Corriente 2001 y 2006a. 2 Finalmente publicado por Jones 1992, siendo justo declarar que la previa y posterior ocultación del llamado «manuscrito Colin» ha sido uno de los episodios más turbios y menos edificantes del arabismo contemporáneo. Sólo algunos de estos textos aparecían en otras fuentes, Vox Romanica 67 (2008): 169-182 Federico Corriente posesión irregular. Además, García Gómez, a diferencia del prudente y escrupuloso Stern, hizo una edición apresurada, como para anotarse un tanto, que ha habido que corregir en muchos puntos, desde que se dispuso al menos de los facsímiles publicados por A. Jones 1988, como refleja sin ningún lugar a dudas el cómputo que publicamos en Corriente 1998: 326-27. Según éste, el número de grafemas enmendados por nuestra lectura en la serie hebrea es de un 2,71 %, frente a un 5,46 % para la árabe que, sin embargo, alcanzaba el 13,96 % en la lectura de García Gómez 1965, y esto adquiere aun más relieve ante el hecho de que, siempre según Corriente 1998: 329, el número de palabras que consideramos mal interpretadas por García Gómez es de un 18,46 % para la serie hebrea 3 , frente a un 36,5 %, aproximadamente el doble, para la árabe. Podríamos decir que la parte más importante de esa buena suerte de la serie hebrea fue haber caído en manos de S. M. Stern, excelente paleógrafo, arabista y hebraísta, que se limitó a levantar acta, como buen lingüista, de los datos a su alcance, se documentó a fondo en la otra especialidad necesaria para este trabajo que le era menos propia, la dialectología romance, y no cayó en la tentación sensacionalista de sacar de su entorno cultural estos textos, imponiéndoles una métrica romance, ajena a la única practicada en el mundo islámico medieval, tanto en árabe como en hebreo, persa, turco, etc., o introduciendo en ellos una temática propia de poesías populares neolatinas bastante más tardías (villancicos, cantigas, virelais, etc., acerca de lo cual, cf. Zwartjes 1997: 180-294) 4 . El resultado de su escrupuloso y nada espectacular modo de trabajar fue la lectura e interpretación ya definitivas de 14 de las 20 xarajñt que editó 5 ; por supuesto, no faltó quien quiso quitar este mérito a Stern 6 , afirmando que la escritura hebrea de los ms. correspondientes y escribas más fieles le habían facilitado mucho la labor, si bien García Gómez 1965: 411 tuvo la gallardía de desmentir, como era justo, dicho aserto inicial. 170 como los ms. del Jayá attawáìh ˙ , también definitivamente editado por Jones 1997, el Kitñb al ʕ ñtil alh ˙ ñlì de Alh˙ illì, editado por W. Hoenerbach, y las obras de Assafadì Tawáì ʕ attawáìh ˙ y Alwñfì bilwafayñt, editadas por A. Mut˙ laq y H. Ritter respectivamente, acerca de cuyas ediciones y ms., cf. Jones 1988: 13-16. 3 Que es sabido acabó insertando en su estudio de conjunto de las xarajñt (1975: 411-13), a regañadientes, en un apéndice, con excusas de no profundizar en su análisis métrico, lo que no podría hacer a causa de su estancia como diplomático en países islámicos. La verdad es que carecía de la necesaria preparación hebraística para abordarlo, dentro de las curiosas secuelas de una vieja riña heredada entre los arabistas españoles, que les obligaba a abominar de dichos estudios, a diferencia de la actitud de algunos compatriotas hebraístas ocasionalmente muy capaces también en estudios árabes, como lo fue Millás. 4 Tampoco merece crédito el sospechoso supuesto «precedente» irlandés antiguo de cejel, esgrimido por Monroe 2008 en una patética defensa de la hipótesis tradicional, como demostramos en una inminente publicación. 5 Exactamente, las 2 a 7, 9, 14 a 16, 18 a 20 y 23. 6 Aún mantenía tal aserto Galmés 1994: 25, junto a otros muchos despropósitos que, muy a nuestro pesar, hubimos de desautorizar en Corriente 1996, poniendo coto a un descaro e ignorancia que, sin embargo, han parecido reivindicables a algunos defensores de la hipótesis tradicional, dispuestos a asirse a un clavo ardiendo, con tal de «defendella y no enmendalla». A vueltas con las xarajñt con texto romance de la serie hebrea Sin embargo, la fortuna de la serie hebrea fue cronológicamente menos duradera, porque, vgr., mientras que la edición paleográfica de la serie árabe apareció ya en 1988, como acabamos de señalar, todavía seguimos esperando la de la serie hebrea, aunque hace bastantes años sabemos todos que hay nuevos ms., procedentes de la antigua Unión Soviética, pero microfilmados por instituciones israelíes, en los que están trabajando los profesores Yahalom y nuestro recientemente homenajeado compañero, Bossong. Otro tanto puede decirse de avances en la interpretación de esta serie, ya que mientras la árabe ha ido recibiendo pequeñas mejoras (por hablar sólo de nuestros esfuerzos, en 1993, 1997, 1998, 2001, 2004 y 2006a), en cambio, con respecto a la serie hebrea, no registramos otros intentos similares, salvo las adiciones extraídas de Brody 1934-35, Schirmann 1965 y Wilsker 1982 7 , y las que hicimos, en colaboración con el Prof. Sáenz-Badillos, en 1994 y 1996, cuyos resultados fueron recogidos en la ya citada obra de conjunto, Corriente 1998. Parece pertinente, pues, cuando merecidamente honramos el buen hacer del Prof. Bossong, paladín también en esta liza 8 , hacer algunas reflexiones que a él seguramente le son familiares y superfluas, pero que pueden refrescar los perfiles del asunto a generaciones más jóvenes, y tal vez animarlos a trabajar en él, lo que ciertamente nos complacería mucho a los que sabemos, como él y como yo, que tenemos que ir pasando el testigo, pues aquí hay tela cortada para varias décadas, al menos, y que todas las manos van a ser pocas, sobre todo cuando deben ir unidas a cabezas laboriosas y preparadas con todo el bagaje instrumental que requiere este tema, a saber, romanística, arabística, hebraística, paleografías correspondientes, mucho sentido común, y ni un átomo de pretensión o ideología, o sea, perjuicio, personal o colectivo. De cuanto sabemos actualmente de las xarajñt de la serie hebrea conviene resaltar ciertas características que las definen: 1. Hay indudables rasgos característicos de la comunidad judía, que pueden ser tanto meros antropónimos, como Ibn Addayyñn, Ish˙ ñq, quizás Cid(i)ello 9 , como temáticos, generados por el contexto religioso, como sucede en H1 (EL Q+ERE- DÁS´ TÁNTO BÉNE D+ÉS´T+ azzaméne) 10 , lo que incluye algún caso de clara cen- 171 7 Fotografía de un texto que transcribió Allony 1983, como ùmori falyè lèfiyñnsah / t ˙ inè t ˙ ñkafiqi zømt ˙ ñáo, aunque declarándose incapaz de interpretarlo, a pesar de las ayudas que recabó de colegas. Al parecer se trata sólo de parte de una xarjah, a la que falta además el poema precedente. Ello impide determinar con certeza el metro, por lo que nuestra propuesta de interpretación de 1998 sigue siendo mera tentativa. 8 Son destacables sus contribuciones de 1997 y 2003. 9 Cuyo diminutivo chocaría tanto en romance, donde en el contexto de la época parecería burla, como en árabe, donde sería una contradictio in terminis. Las connotaciones honoríficas del árabe sayyid = castellano Cid no tenían ya por qué ser operativas dentro de la comunidad judía, donde era sólo un título más, como ocurre en el depreciado cs. señor / señorito. Lo chocante allí habría sido un *nagid+ELLO, *rab+ELLO, etc. Es sabido que Ish˙ ñq es también nombre islámico pero, al estar en contexto judío, ya son dos golondrinas y casi hacen verano. 10 Claro eco de Prov. XIII/ 22, t ˙ õv yanh ˙ ìl bønè bñnìm wø-sñfün lassaddìq h ˙ èl h ˙ otè ʔ «El bueno deja herencia a los nietos, mientras que está reservada al justo la fortuna del pecador», dentro de Federico Corriente sura moral, como la que afecta a H22 (yámmi KÉ qáwl lüh ˙ õt? ʕ aql annisá qáqqa «Madre, ¿qué dice la Escritura? Que el discernimiento de las mujeres es una porquería»), donde en un contexto de prostitución, o al menos libertad sexual socialmente inadmisible a la sazón, del que se ha querido sustraer el nombre de un profeta, el hebreo lüh ˙ õt «(las tablas de) la Escritura» 11 , ha suplido lo que el original indudablemente decía, o sea, Iyõb ‘Job’, como piden la rima interna del segmento y el hecho evidente de que la justificación que da la muchacha a su madre para su conducta disoluta es, precisamente, una cita de Job II/ 10 (kødibbèr ah ˙ at hannøvñlõt tødabbøri «como hablaría una necia hablas tú») 12 . Lo mismo es probable en el caso del eufemismo semántico que se observa en H8 (NON ME TÉNKAS´ «no me aprietes»), en lugar de A23a (NON ME MÓRDAS´ «no me muerdas»), aunque la variante A23b tiene la misma lectura de la serie hebrea, lo que sugiere que la censura en este caso podría proceder tanto de escrúpulo moral islámico como judío a un contexto bastante atrevido, en que la muchacha pide al amante que no la trate con brutalidad, porque lleva sólo una fina túnica 13 y cualquier rudeza le pone carne de gallina, cosa que casa mejor con los electrizantes mordiscos que con los dolorosos apretones, y que en todo caso constituye un texto con matices de provocación sádico-erótica, del tipo que volveremos a mencionar enseguida. Finalmente, también parece haber censura de léxico en el segmento final de H12, donde pl ʔ qwrh fue correctamente interpretado por Stern 1974: 143 como falaguera, seguido por García Gómez, aunque cambiando inoportunamente el género, mientras que Solá-Solé ofrece ahí una de sus frecuentes originalidades disparatadas 14 ; 172 la primitiva mentalidad hebrea, donde aún no se creía en la eternidad individual, sino en recompensas materiales de la divinidad a los justos en este mundo, tales como la larga y próspera vida, el buen nombre, etc. 11 Lengua sagrada, impropia de la xarjah, aunque Corriente/ Sáenz-Badillos 1996: 283-84 registran otro aislado ùhuvi, sustituto y equivalente (tardío? ) del omnipresente árabe h ˙ abìbì. 12 Donde hay una confusión fonémica y semántica, causada por el adstrato andalusí, entre hb. nøvñlñh ‘necia’ y nøvèlñh ‘carroña, porquería’, que comentamos en Corriente 1998: 321. Curiosamente, le metáfora sicalíptica se repite en el Poema de Alfonso XI, según estudiamos en Corriente 2006: 119, apostillando a Armistead/ Monroe 1989, de cuya interpretación, así como de alguna anterior, discrepamos. 13 A este respecto, cf. la entrada polote en Corriente 1999, origen del moderno giro castellano en pelota(s). La «fina túnica» parece, pues, ser eufemismo por desnudez total. 14 Hemos comentado más de una vez cómo las lecturas de Solá-Solé 1973, generalmente algo inferiores a las de García Gómez, mejor conocedor del asunto, han recibido, sin embargo, más apoyo de otros investigadores, probablemente sólo a causa de la antipatía que el segundo despertaba con su afán de monopolizar el tema y expulsar a los «intrusos». Este juicio fue sustanciado estadísticamente en Corriente 1998: 327, de donde se desprende que García Gómez alteró un 11,06 % de los grafemas textuales, frente al 11,83 % de Solá-Solé (sólo un 4,5 % nuestro), e interpretó mal un 32,77 % de voces, frente al 30,58 % de García Gómez. No deja de ser curioso que el semitista catalán asumiera la hipótesis tradicional tan fácilmente (p. 9), y que creyese incluso las doncellescas patrañas consubstanciales con ésta, no dando otra explicación métrica a los poemas que el cómputo silábico, a pesar de algún titubeo (p. 19). Cierto es que aquella hipótesis había sido «vendida» hábilmente por García Gómez y rabiosamente aplaudida por una nutrida nomenclatura romanista, sin descontar las observaciones de Hilty 2000 acerca de la A vueltas con las xarajñt con texto romance de la serie hebrea sin embargo, esa palabra no es semánticamente adecuada en un contexto de reproches, incluso trifulca entre rameras por un hombre, ni encaja en el metro mumtadd (fa ʕ lun fñ ʕ ilñtun): nuestra sospecha es que aquí se ha «adecentado» un original fájra ‘prostituta’ 15 . Por cierto que esta xarjah es, en conjunto, un buen ejemplo de la necesidad de introducir correcciones paleográficas cuando el original resulta sin ellas ininteligible, ya que la grafía mákwnyd máwt ˙ dyá byd ywlyw lst ˙ yh t ˙ w ʔ wmw ʔ t ˙ ryá bndyd ha tenido que convertirse, para ser entendido, según se explica en Corriente 1998: 316 N276 y 277, en mákyn yd báwt ˙ ryá byd dwlyd l st ˙ yh t ˙ w ʔ mwr ʔ t ˙ ryá bndyd = miskína YÉD, BOS´ÓTRIS´ BÉD, DOLEDLA S´A TÍYA, TEW AMÁR AD+ OTRIS´ BENDÉD, fajra bannasíyya «Pobre es; vosotros veis: la atormenta su tía (= pariente). Tu amor a otros vende, ramera de fiado», con un altísimo porcentaje de enmiendas del 14,28 %, que sólo se alcanza o supera cuatro veces en nuestra edición de todas las xarajñt de ambas series, para las que nuestra media es 4,5 % (Corriente 1998: 327) 16 . 2. Los rasgos andalusíes son, sin embargo, naturalmente predominantes, puesto que tanto el muwaááah ˙ como su xarjah son patrimonio de las gentes de Alandalús, partícipes todos de un espacio cultural arábigo-islámico, que englobaba a musulmanes, judíos y cristianos, éstos últimas totalmente carentes de protagonismo en la poesía estrófica andalusí, lo que hace literalmente absurdo hablar de un «corpus de poesía mozárabe», aberración que fue denunciada por el mismo García Gómez 1965: 21 y 39 17 . Tales rasgos pueden ser léxico-temáticos, vgr., la hechicera 173 satisfacción que produjo en España el pasar de la noche a la mañana del limbo internacional, al que la había reducido el desenlace facistoide de una vergonzosa guerra civil, a ocupar la vanguardia literaria de la Europa medieval. 15 De hecho, falaguera ‘mujer atractiva’ nunca tuvo connotaciones peyorativas, como se observa en su uso antroponímico en el caso de una conocida familia sefardí, cuyo miembro más notorio fue Natan ben Yo’el Falaquera (cf. Sáenz-Badillos/ Targarona 1988: 81); tampoco las tenía en el Arcipreste, que usa repetidamente el sintagma mujer falaguera (cf. Corominas 1973, según índice). 16 Bien es verdad que se trata de grafemas muy parecidos, como yõd, wñw o dñlet, dñlet, wñw o rèá, etc., con respecto a los cuales, según decimos en nuestro libro Tres cuestiones básicas de la Romania Arabica: arabismos, «mozárabe» y «jarchas», que aparecerá inminentemente, «hubiese sido lógico no computar por igual, sino de menos a más, a) mera diferencia en puntos diacríticos, b) confusión de rasgo gráfico principal muy similar, vgr., f y b , q y g˙ , d y r , d ¯ y z , r y w o n , t ˙ y k , etc., y c) sustituciones paleográficamente remotas. Pero hemos decidido no afinar tanto el cálculo, porque dichos criterios de similitud pueden en bastantes ocasiones rozar lo subjetivo y, en cualquier caso, lo sería el asignar un valor relativo o fraccionario a esas tres categorías.» 17 Otro tanto puede decirse del mito de las «tres culturas» que algunos pretenden convivieron allí, confundiendo religión con cultura, aunque una definición ajustada de ésta abarca muchos más haces de comportamiento, tales como indumentaria, alimentación, ocio, arte, etc. No ha habido en Occidente más que dos culturas mayúsculas, la propia occidental, de raíz clásica, con el injerto semítico judeo-cristiano, y la islámica, al menos durante el periodo de su exportación al Sur de Europa, pero probablemente también más tarde, si no excluimos de esta región el Norte de África y algunas zonas del Este de Europa. Comunidades más religiosas que étnicas, o incluso las realmente étnicas, pero asimiladas a su entorno, no pasan automáticamente a poseer Federico Corriente o adivina (DEBÍNA) de H2, que reencontramos en A7 como sah ˙ h ˙ ára, y sin citarla por su nombre, pero describiendo su actuación con detalle, en Ibn Quzmñn 84/ 8- 16, las albricias ( biáára) de H3 (cf. Ibn Quzmñn 48/ 0/ 2), el palomo ladrón de corazones (xalláq) de H6 18 , por no hablar ya de los tecnicismos, siempre árabes, de esta lírica (vgr., el amado = alh ˙ abíb en H2,4,9,15,16,18 y 23, la nostalgia = alwáh ˙ áa en H10, la separación = alfiráq, en H6, y la ausencia = alg˙ aybah en H20, cf. Corriente 1998: 39-69). Es interesante notar que, en el marco cultural arábigo-islámico que es el propio de las xarajñt, sin excluir la posibilidad de romancismos atávicos, lingüísticos y temáticos, preferentemente populares, tampoco se excluye algunas incrustaciones muy clásicas, como lo es el tema del amante voluble, vgr., en H6 (KÓM BIBRÉYO KON ES´T+ alxalláq, ya man qábl an yisallám yihaddád balfiráq? «¿Cómo viviré con este palomo ladrón? Ya antes de saludar amenaza con separación? », tema que M. Bencherifa (2006: 90 N2) ha detectado como proverbio usado por el pueblo andalusí, aun siendo clásico y extraído del poeta abasí ʕ Alì b. Jabalah Al ʕ ikawwak 19 : en todo caso, este extraño maridaje entre temas dia- 174 «cultura» propia mayúscula, sino minúscula, como mucho. Dicho de otro modo, ni un distinto modo de aderezar los pepinillos, ni tener otro día de descanso semanal, ni practicar deportes peculiares, ni hablar ocasionalmente una lengua más o menos distinta de la del entorno, ni la prohibición de ciertos alimentos nos sacan de una o nos meten en otra cultura, sino en una variante minúscula de la de los vecinos. Esas variantes existen innegablemente, y las detecta una observación atenta pero, desde una perspectiva más amplia, mientras que se reconoce enseguida las profundas diferencias culturales, vgr., entre un europeo, un árabe, un hindú, un chino, incluso con alguna mayor dificultad, un amerindio, se tarda mucho más en hacerlo, desde la perspectiva de las grandes culturales que los engloban, con un valenciano, un tunecino, un coreano, un judío, un mormón o un chicano. O sea, que los judíos de Alandalús pertenecían a la cultura islámica, al igual que los mozárabes, es decir, participaban plenamente de ella, salvo reductos muy limitados, lo que no les impedía cruzar ocasionalmente la frontera y pasarse a la cultura occidental, más o menos rápidamente. Ni ellos, ni los mozárabes crearon una cultura propia y mayúscula, lo que sigue siendo válido para las minorías, en general y en cualquier parte del mundo. Los judíos israelíes actuales son consciente y declaradamente occidentales, mientras que los palestinos, musulmanes o cristianos, tienen una cultura islámica, y así sucesivamente, aunque cabe la biculturalidad, vgr., de ciertos segmentos de la población libanesa o clases altas de otras zonas del mundo islámico, como parte de un proceso universal de evolución hacia la cultura única, más visible aun en el Extremo Oriente. En cambio, no hay ningún indicio actualmente de posible aparición de verdaderas nuevas culturas mayúsculas. 18 Este tópico de la poesía estrófica andalusí (cf. Ibn Quzmñn 132/ 2/ 3 y 151/ 1/ 2) no fue nunca reconocido, bien entendido y etimologizado hasta Corriente 1987: 247, aunque estaba documentado en dos xarajñt, una totalmente andalusí y otra con texto romance, de Yøhüdñh Hallèvi, y en el tratado de h ˙ isbah de Ibn ʕ Abdün, traducido por el propio García Gómez, siendo además el étimo indudable de halagar y su amplia parentela: cf. Corriente 1999, s. afagar. 19 Fallecido en 213/ 828, según Sezgin II: 572-73. El verso citado por nuestro querido amigo y admirado colega dice: kñbada l ʔ ahwñla fì zawratihì t ¯ umma mñ sallama h ˙ atta wadda ʕ ñ «Sufrió horrores por visitarlo, y luego, apenas saludó, se despidió». El maridaje temático entre la cita clásica y el término dialectal es toda una demostración de la versatilidad diastrática de la poesía estrófica andalusí, no siempre «popular», desde luego, como se echa de ver en la temática y registro habituales del cuerpo principal de las muwaááah ˙ ñt. A vueltas con las xarajñt con texto romance de la serie hebrea lectales y clásicos es digno de ser tenido en cuenta al hablar del carácter temáticamente híbrido de la poesía estrófica andalusí, pero entre el registro popular y el culto, no entre lo árabe y lo romance, como ha sugerido Monroe 2008, lo que resulta hiperbólico ante el carácter estadísticamente episódico y casi insignificante de lo segundo en estos géneros. 3. La temática de las xarajñt de la serie hebrea no difiere en nada de la de la serie árabe en lo que se refiere al frecuente reflejo de situaciones escabrosas, lindando si no entrando plenamente en el ejercicio de la prostitución, tal vez la homosexualidad, muy en contra de lo que imaginaron los primeros comentadores de estos textos, vgr., D. Alonso, que habló de «lirismo virginal», y Menéndez Pidal, que lo hizo de «amores virginales»: ya no cree en tales patrañas ni el hoy aún principal paladín supérstite de las hipótesis tradicionales, S. G. Armistead (2003: 9 N4). Tan ingenua y textualmente infundada interpretación fue ya muy oportunamente rechazada por Kelley 1991, al tiempo que Zwartjes 1997: 180-252 hizo un cumplido catálogo de las variadas posibilidades temáticas de la poesía estrófica andalusí, árabe o hebrea, y sus xarajñt. Hoy resulta indudable que una buena parte de éstas responde a lo que podríamos llamar «poesía de burdel», incluso de «reclamo de burdel», producida o más bien puesta en boca de esclavas prostituidas por sus dueños, y a menudo hijas ya de otras igualmente explotadas, a las que llaman MÁMMA, y que se refieren a sus compañeras en algún caso (vgr., H4) como YER- MANÉLLAS´. Con todas las cuales dialogan con notable desenfado, incluso procacidad, que contrasta fuertemente con la ingenuidad que se les había atribuido, acerca de su absoluta necesidad de algún amante (vgr., H4, «sin amado 20 no viviré, ¿adónde lo iré a buscar? »; H5, «La Pascua 21 resulta como ayuno sin él»; H15, «Este amado, has de saber, por él moriré»; H20, «¿Quién podrá soportar la ausen- 175 20 Tanto García Gómez como Solà-Solé tradujeron «sin el amado», olvidando que ese artículo árabe está aglutinado a un arabismo dentro de un contexto romance, por lo que no debe traducirse, ya que, al hacerlo, se sugiere un amante en particular, y se enmascara el carácter procaz de la generalización. 21 Esta Pascua no parece ser la judía, puesto que el mismo texto aparece en A12 de la serie árabe, y el contraste con el ayuno, sin duda el de ramadán, deja claro que el tema es de extracción islámica, aunque los primeros intérpretes, convencidos de que estos textos eran supervivencias preislámicas, pensaron en una pascua y otras fiestas cristianas, como la Sanjuanada, que sólo existieron en su imaginación, junto con soñados gavilanes raptores, arciprestal buen amor, provenzales celosos y galaicas albadas, a todo lo cual aún se aferran algunos antipalinódicos nostálgicos. Frente a la presencia de temática claramente judía en la serie hebrea, no hay indicio alguno de cristianismo en ningún punto de estos textos, lo que parece indicar que la comunidad mozárabe no tuvo suficiente nivel cultural para producir muwaááah ˙ ñt, sin duda a causa de la temprana emigración de los individuos más capaces y cultos al Norte cristiano, al menos desde el siglo IX. Sin englobarse en ellas, es obvio que las xarajñt, en su forma primitiva de protocejeles, que ciertamente habrían compuesto también esos cristianos ya arabófonos y bilingües, al menos por algún tiempo, no tenían posibilidad de sobrevivir (cf. Corriente 1998: 78-83). Si tenemos una serie hebrea de xarajñt es precisamente porque la emigración masiva de las élites judías, lejos de Alandalús, capaces de producir muwaááah ˙ ñt, sólo se produjo siglos más tarde, bajo los almohades. Federico Corriente cia, amado mío? »), o excusan sus volubilidades escudándose en la mismísima Biblia (vgr., H22), cuando no describen escenas de alcoba (vgr., H8, donde la muchacha se queja del trato desconsiderado que recibe en el lecho; H11, donde pide a su madre que, de momento, le guarde las joyas en depósito «a la vista» 22 , porque su amante de turno quiere verla sin ningún adorno, in puribus), o transmiten quejas por abandonos de amantes y rivalidades con compañeras (vgr., H12 «Pobre es; vosotros ya veis: la atormenta su tía. ¡Tu amor a otros vende, ramera de fiado! », léxico procaz que recuerda el terno de A35 (ya MÁMMA, KÓNNO); H17 «Buenos días: dime de dónde vienes. Ya sé que a otra/ o has amado y a mí no me quieres»; H19 «Vete, desvergonzado, vete, fuera; que no me tienes buena voluntad»), cuando no alguna más bien menos que más discreta declaración de adulterio como la famosa y nunca antes totalmente entendida H7 = A18, «Muchachito ajeno, pronto duermas en mi seno» 23 . 4. Rasgo conocido e innegable de las xarajñt de la serie hebrea es la muy distinta proporción de árabe y romance en su texto, muy favorable en ellas a la segunda lengua, en contraste con la situación homóloga de la serie árabe. Solá-Solé hablaba de un mero 23 % de voces árabes en ellas, frente a una media general del 40 %, no lejos, aunque menos preciso que nuestros cálculos (Corriente 1998: 331-32), con una base textual algo más amplia donde, frente a un 36 % de elemento árabe, 59 % de romance y 4,87 % de híbrido en la serie árabe, en el caso de la hebrea tenemos un más bajo 30,65 % de elemento árabe, un bastante más alto 67,9 % de romance, y 1,43 de elemento híbrido. Ello no admite en nuestra opinión sino una lectura, a saber, que la comunidad judía de Alandalús era más políglota que la mu- 176 22 Es interesante la precisa terminología legal islámica utilizada por la muchacha, amñnah h ˙ ñllah, un indicio más del entorno profundamente islamizado de estos textos. El depósito, en árabe amñnah o wadì ʕ ah, es una conocida institución del derecho islámico, acerca de la cual, cf. Chalmeta/ Corriente 1983: 124-26, y Chalmeta/ Marugán 2000: 251-53, donde se cita su forma en las Leyes de Moros, alamena; por definición, todo depósito era «a la vista» (h ˙ ñll = praesto esse, según el Vocabulista in Arabico, cf. Corriente 1989: 87), es decir a disposición del depositante, tan pronto como quiera retirarlo, pero la insistencia terminológica de la muchacha parece indicar cierta desconfianza de su propia madre, que no puede extrañar en el contexto un tanto sórdido que, como vemos, abunda en las xarajñt. 23 La vitalidad del tema del forastero cuya condición le dificulta encontrar amores, bastante frecuente en la poesía andalusí (vgr., en IQ 112/ 0/ 1, 113/ 5/ 4 y 2/ 3, 124/ 0/ 1-2 y Corriente 1998: 67) ha podido sugerir para este contexto un mero «muchachito forastero», como tradujimos en el caso, pero el hecho de que una de estas mujeres se interese por estos forasteros, que paradójicamente no están solos, porque los que vigila otra parte, el raqìb, mal traducido como «vigilante» o «celoso» a causa de la quimera provenzal, en realidad, una persona interesada en entorpecer tales relaciones por cualquier razón, hace más que probable que se trata de rameras en busca de clientes o mantenedores temporales, en perjuicio de sus esposas y familias legales. Otra posibilidad, que comienza a adquirir verosimilitud a partir de determinados indicios, y ya tímidamente apuntada por el mismísimo García Gómez 1965: 463, es que se trate aquí de una xarjah homosexual: en este caso, es fácil comprender en el ambiente moral de la época, que los propios familiares del efebo procurasen entorpecer unas relaciones que, no por frecuentes, dejaban de ser escandalosas y deshonrosas para sus allegados. A vueltas con las xarajñt con texto romance de la serie hebrea sulmana, mientras duró el bilingüismo árabo-romance en dicho país, o sea, hasta finales del s. XII, de modo que, en efecto y como se ha dicho a veces, pudieron conservar mejor antiguos textos romances sin traducir algunos segmentos, pero también traducir o retraducir al romance segmentos que circulaban vertidos al árabe entre los musulmanes o cristianos y, como nos consta por los rasgos lingüísticos de algunos autores tardíos como T˙ odros Abul ʕ ñfiya, castellanizar segmentos que anteriormente pudieron ser romandalusíes o andalusíes. Bien es verdad que, al proceder las xarajñt de la serie hebrea de un número mucho más reducido de autores (a saber, Nºs. 1 a 11, de Yøhüdñh Hallèvi; 12, 13 y 21, de Mõáè b. ʕ Ezrñh; 14, de Yõsèf b. S˙ addìq; 15, de Abrñhñm b. ʕ Ezrñh; 16 y 17, de T˙ odros Abul ʕ ñfiyah; 18, de Yõsèf Alkñtib; 22, de Yøhüdñh b. Giyñt¯, aunque dudoso, y 19 a 20 y 23 a 26, anónimas, o sea, un total de 6 + 6 autores), podríamos estar generalizando actitudes particulares de un número de individuos muy inferior al de los autores, conocidos y anónimos, de las xarajñt de la serie árabe 24 , pero no lo es menos que dicha situación casa bien con lo que sabemos de la azarosa existencia de las comunidades judías de aquella época y región, a las que convenía el bilingüismo para el nada improbable caso de una aconsejable emigración o forzada expulsión, como ocurrió de hecho a varios de dichos autores, refugiados de su patria andalusí en los reinos cristianos del Norte de la Península, sin perjuicio de que sus descendientes hubieran siglos más tarde de rehacer el camino y buscar seguridad al sur, en países islámicos. Esta circunstancia aconseja mayor prudencia al atribuir los rasgos lingüísticos de los textos de la serie hebrea al romandalusí que en el caso de la serie árabe, ya que pueden reflejar actualizaciones en romances septentrionales, especialmente el castellano, como ya consta en algún caso y es probable en otros. 5. Futuros intérpretes de estos textos, tanto al tratar de mejorar las interpretaciones existentes, como al darlas a nuevas xarajñt que puedan aparecer en nuevos ms. de la serie hebrea o la árabe, deberán evitar los errores cometidos por los pioneros. Casi no es necesario aconsejar el máximo respeto posible a la materialidad paleográfica, no alterando el texto transmitido sin haber agotado todas las posibilidades que no sean demasiado rebuscadas, o contrarias al metro, estrofismo o tema, frente a la despreocupación con que procedieron en este punto García Gómez y Solà-Solé, aunque sin llegar tampoco al esterilizante rigor de A. Jones, que empobreció sus resultados en su obra de 1988, a pesar de las ventajas que suponía su acceso a los ms. Veamos algunos ejemplos de errores de edición cometidos por los pioneros y por qué motivos, así como los expedientes con que hemos tratado de evitarlos: 177 24 Cuyo cómputo es: 11, anónimas; 5, de Attut˙ìlì; 4, de Alkumayt; 3 cada uno, de ʕ Ubñdah Alqazzñz, Ibn Bñqì e Ibn Arfa ʕ Ra ʔ suh; 2 cada uno, de Alxabbñz, Aljazzñr e Ibn Lubbün, y 1 cada uno, de Ibn Assayrafì, Almanìáì, Ibn Almu ʕ allim, Allñridì, Almu ʕ tamid, Ibn Ruh˙ aym e Ibn Quzmñn, lo que arroja un total máximo de 16+11 = 27 posibles autores, frente a los 12 de la serie hebrea, por debajo de la mitad. Acerca de cambios y mezclas de código en Ibn Quzmñn, disponemos ahora de Corriente 2008. Federico Corriente H1: sin más zona problemática que el segundo segmento ʔ lqrd ʔ á tntb ʔ n , leído por Stern el querido esh tan tabèni «beloved, why do you absent yourself so long? », interpretación extraña y no explicada, por García Gómez, EL QUERER ES´ TANTO BÈNI «el poder amarnos es un gran bien», y por Solá-Solé, EL QU- RIAR ES´ TANTO BENI «el curar (guardarse de) es tanto bien», siendo así que la observación del derivado del metro basìt ˙ de este segmento (mustaf ʕ ilun fa ʕ lun fa ʕ lun) les hubiera debido hacer desechar una sílaba tónica, la segunda de querido, QUERÉR o QURIÁR, precisamente la única que no podía serlo en la adaptación del ʕ arüd ˙ característica de la poesía estrófica andalusí. Nuestra propuesta, EREDÁS´, que es exactamente la sugerida por la ñlef en aquella posición, y forma compatible con la dialectología romance, evita ese problema prosódico, e introduce un concepto temáticamente coherente con la mentalidad bíblica, la herencia por los justos de los bienes de sus antepasados e incluso de los de los injustos, como hemos comentado. H3: fue bien entendida por los tres editores mencionados, pero con una forma gramaticalmente inexacta, porque bnyd y yáyd en modo alguno pueden equivaler a los presentes castellanos «viene» y «sale», ya que la penúltima y en ambos casos indica una vocal tónica, concorde con el metro mutadñrik, fñ( ʕ i)lun fñ( ʕ i)lun fñ( ʕ i)lun fa ʕ , y con las rimas de las vueltas anteriores de este muwaááah ˙ 25 . Nuestra propuesta en Corriente 1998: 310 fue leer DES´ KÁNDO MEW sidÉLLO BENÍD . . . KOMO RÁYO DE S´ÓL EÁÍD «desde que mi Cidiello [es] venido . . . como rayo de sol [es] salido», o sea, participios utilizados como predicados en oraciones nominales sin cópula, según Corriente 1998: 357, donde se cita éstos y otros ejs., que pueden chocar algo a los modernos hablantes del castellano. Pero éstos deberán recordar que el romandalusí no era una forma arcaica de esta lengua, sino otro romance peninsular, más antiguo y conservador, por una parte, pero por otra excéntrico y, además, en relación de Sprachbund con el árabe. Es cierto que la consonante final esperable más bien sería t ˙ en este caso, pero la forma podría estar castellanizada, o ser alofónica, ya que se registran en estos materiales otros participios donde la dental se registra como D˙ o incluso D (cf. Corriente 1998: 354). H4: el segmento final ʔ dbl ʔ ry dmnd ʔ ry fue entendido por Stern y Solá-Solé como «I would fly to him», «y volaré a buscarlo», y por García Gómez y nosotros como «¿dónde lo iré a buscar? », más bien similar a A1 («ven a mí de noche, o no, si no quieres, vendréme a ti: dime dónde encontrarte»), en ambos casos de acuerdo con el metro, derivado de basìt ˙ (mustaf ʕ ilun fa ʕ lun fa ʕ lun), pero en este contexto encaja mejor semánticamente nuestra propuesta, que apenas requiere in- 178 25 Que son yaggìd, lønñgìd, makbìd, he ʕ ømìd, tñmìd, tñ ʕ ìd, heh ˙ rìd y yñh ˙ ìd (según Brody 1894- 1930: 157-58), voces todas ellas forzosamente acentuadas en su última sílaba (milløra ʕ en la terminología arameo-hebrea), lo que hace prosódicamente inviables las anteriores lecturas, como 3ªs. personas del sg. del presente de indicativo, *BÉNED «viene» y *YÉS´ED «sale» y variantes meramente ortográficas de Stern, García Gómez y Solà-Solé. A vueltas con las xarajñt con texto romance de la serie hebrea vertir la ñlef y la rèá de la primera palabra, quizás contaminada por el final de la segunda. En ese contexto no parece haber ningún vuelo pero, paradójicamente, la sugerencia de Stern 1974: 135 N25 26 , sugiere un tópico que parece estar en el texto estropeado, y abordado sin gran éxito sólo por Solá-Solé/ Corriente 1998: 323, de H25. Éste sigue siendo problemático pero, ajustándonos a su metro mujtat ¯ t ¯ (mustaf ʕ ilun fñ ʕ ilñtun fñ ʕ ilñtun), podríamos mejorar algo nuestra última propuesta en *ALAS´ GANÁRE! A(D) TÍB M+IRÉY BOLÁRE; QERÉS´ KORACÓN MEW? TE+N S´ABRÉY DONÁRE «¡Consiguiera [yo] alas: a ti me iría volando! ¿Quieres mi corazón? Te lo sabré dar». H5: el segmento final km knd mw qrgwn pwr ʔ lh , caso infrecuente en que Stern no ofreció una opinión propia, sino citó la de Menéndez y Pelayo, habitualmente errónea para estos textos, difiere únicamente en sus dos primeras palabras del texto homólogo A12, que tiene en su lugar h ˙ sry , lo que ha dado lugar a que algunas ediciones, incluso Corriente 1998, aceptasen una lectura distinta para la serie hebrea, KÓM KÁNDE(D) ‘cómo arde’, hipotéticamente renovada al hacerse ininteligible la antigua voz, al parecer árabe. Tal hipótesis podría ser correcta, ya que no son raros casos similares de renovación lingüística del texto recibido, sobre todo en la serie hebrea, pero también es posible una solución meramente paleográfica, que evita el rebuscado clasicismo *KANDÉR, si asumimos que km knd es deformación, muy comprensible en grafía hebrea, de * ksryh , o sea un híbrido árabe-romance *xasr+ÉYA ‘perdí’, según sugerimos en Corriente 1998: 283 N79 (cf. ladino aljasarear ‘echar a perder’, cf. Corriente 2000: 68), voz que podría ser ya sustitutiva de otros verbos híbridos que allí se proponen y encajan bien en el contexto. H14: es un buen ejemplo de cómo una metodología más depurada puede introducir correcciones interpretativas pertinentes, incluso en textos que se consideraban definitivamente aclarados. En este caso, para el texto myw ʔ lh ˙ byb ʔ át ʔ d ʔ nh de Yõsèf b. S˙ addìq, aunque no reconociendo aún el reflejo YÁNA del latín janua, avisado por el tamhìd hebreo, Stern ya intepretó «my friend is . . . - the end must be something like ‹at the door›», lo que fue confirmado por García Gómez y Solá-Solé, dejando el texto en apariencia resuelto para la posteridad. Sin embargo, su lectura *ES´T AD YÁNA «está a la puerta» ha resultado errónea en cuanto al supuesto verbo copulativo, cuya forma no ha sido confirmada por otros materiales del romandalusí, de manera que se trata, en realidad, del demostrativo, con una estructura sintáctica calcada del árabe «este amado mío [está] a la puerta», con cópula sobreentendida, como en H3, según Corriente 1998: 316 N287. H15: el segmento inicial ʔ át ʔ lh ˙ byb ʔ áb ʔ r bwry lmrdyw fue leído por dichos tres editores como ES´T+ alh ˙ abìb ES´PERO POR ÉL MOR(I)RÉYO, pero eso choca métricamente con esta variedad de basìt ˙ que tiene para esta porción del ver- 179 26 De un giro parecido en ʕ Ubñdah Alqazzñz, law binnafsi rìáü lat ˙ irtu ilayhi «si el alma tuviera alas, yo volaría hacia ti», efectivamente recogida por G˙ ñ z ì 1979 I: 170, apoyada por el texto hebreo de un muwaááah ˙ de Abrñhñm b. ʕ Ezrah que cita el propio Stern allí. Federico Corriente so la secuencia mustaf ʕ ilun fñ ʕ ilun mafñ ʕ ìlun fa ʕ , lo que desaconseja «espero», a causa de la acentuación, de manera que nuestra lectura, no menos poética, a pesar de descalificaciones de este tipo por algún defensor de la hipótesis hispánica 27 , fue ES´T+ alh ˙ abìb AS´ S´APÉR POR ÉL MORRÉYO. H17: es un texto que Stern dejó con bastantes lagunas, pero que tanto García Gómez («Aurora bella, dime de dónde vienes. Ya sé que amas a otra y a mí no me quieres»), como Solá-Solé («Carita bella, buena: dime de dónde vienes, ya te dejo que ames a otra, [si] a mi también me quieres») parecen haber creído comprender perfectamente. Sin embargo, sus dos primeras palabras han sido totalmente fallidas, por falta de familiaridad con la conversación habitual árabe, ya que assabáh ˙ BÓNO sólo puede ser una semirromanización del cuotidiano sabñh ˙ a lxayr ‘buenos días’ 28 , que encaja perfectamente en ese contexto, aunque Armistead 2003: 8 N11 diga lo contrario, en su patética defensa de las antiguas interpretaciones de la hipótesis hispánica a la que él y otros tan precipitadamente se adhirieron. H18: es un texto bien entendido desde la lectura pionera de Stern, excepto en la última palabra del segmento tercero, wlyá jydá , donde él sugirió vagamente «ojos enfermos», mientras que tanto García Gómez como Solá-Solé acogieron entusiásticamente la sugerencia de Lapesa «nidios», brillante sí, como es «re» el de «Recondita armonia» en la famosa romanza de Tosca, pero absolutamente innecesaria, ya que se trata meramente del plural romance del andalusí jíd «bueno, sano» árabe jayyid, fenómeno frecuente en estos materiales como explicamos en Corriente 1998: 319 N299. Con increíble terquedad, parte de su disgusto por la «revolución interpretativa» que ha cambiado irreversiblemente tantas cosas en la visión actual de la cuestión de las xarajñt, Armistead 2003: 10 aún se aferra a la antigua y errónea corrección innecesaria del ms., así como a otras, declarando nuestras versiones poco poéticas de nuevo, al tiempo que aprueba otros rasgos de nuestra labor, como el gitano de la anécdota que reconocía que el payo «cantaba bien flamenco, pero tenía los pies muy grandes». En resumen: el estudio de las xarajñt de la serie hebrea, aunque iniciado por Stern bajo los mejores auspicios, y ligeramente retocado por sus sucesores, no es tampoco asunto despachado, sino que ofrece cierto espacio para mejoras, sobre todo si los ms. aún no publicados son sometidos a un análisis cuidadoso y multidisciplinario, como esperamos de su futura edición por G. Bossong y J. Yahalom. Zaragoza Federico Corriente 180 27 Cf. Armistead 2003: 11 N22 y nuestra réplica en Corriente 2004: 147. 28 Esta expresión, que vino a sustituir al preislámico in ʕ am sabñh ˙ ñ «que seas afortunado en la mañana», que el Profeta habría querido sustituir por un universal assalñmu ʕ alaykum «sea la paz sobre vosotros», es muy probablemente adaptación del neopersa ruz beh «día feliz», que llevó como nombre, entre otros iranios, el famoso prosista ʕ Abdallñh b. Almuqaffa ʕ , traductor de Kalìlah waDimnah, antes de su forzosa y poco sincera conversión al Islam. A vueltas con las xarajñt con texto romance de la serie hebrea Bibliografía Allony, N. 1983: «Áirim h˙ ùdaáim lørabb yøhudah hallèwi», Sinai 47: 17-24 Armistead, S. G. 2003: «Kharjas and villancicos», Journal of Arabic Literature 34/ 1-2: 3-19 Armistead, S. G./ Monroe, J. T. 1989: «Mis moros mortaricaca: Arabic phrases in the Poema de Alfonso XI (Strophe 1.079b-d)», La Corónica 12/ 1, 38-43 Baer, Y. ~1936: «Hammassñv happolit˙i áel yøhudè Søfñrñd bødoro áel R. 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History, Structure & Meaning of the Kharja, Leiden 182 El Promptuario de Josep Broch en catalán, castellano y francés (1771) 1. Presentación Joseph Broch, clérigo y maestro de lengua francesa, publica en Barcelona, en 1771, su Promptuario trilingue . . . en los tres Idiomas Cathalan, Castellano y Francés. El Promptuario es una nomenclatura, es decir, un vocabulario onomasiológico en que los términos recogidos se reparten en veintiséis bloques temáticos, distinguiéndose así de los diccionarios o los vocabularios que ordenan el léxico según criterios formales (orden alfabético, categoría morfosintáctica, dificultad gráfica, etc.) 1 . Cada uno de los apartados temáticos lleva su correspondiente título en tres lenguas, siempre según el orden catalán-castellano-francés, un orden que también es el propio de las tres columnas paralelas por página que recogen las voces correspondientes. Son títulos del tipo «Dignitats Espirituals, y altres cosas/ Dignidades Espirituales, y otras cosas/ Dignitez spirituelles, et autres choses», «Del menjar, y beurer/ Del comer, y beber/ Du manger, et boire», «De las malaltias del home/ De las enfermedades del hombre/ Des maladies de l’homme», etc. Estos títulos se recogen también en el índice situado al final de la obra, pero no tal cual se ofrecen en el cuerpo del libro, sino más desarrollados y ofrecidos solo en castellano; así, los anteriormente citados se presentan bajo la forma siguiente: «Dignidades Espirituales, Empleos pertenecientes à Iglesia, Partes, Instrumentos, y Ceremonias de ella», «Comer, y Beber en General, con todos los Generos, y Especies de Comestibles puestos en la Mesa, y sus Licores», «Enfermedades del Hombre, sus defectos naturales, y algunos remedios», etc. Además de en el índice, el carácter trilingüe propio del cuerpo de la obra, o sea, de sus contenidos en sí, también se abandona en los preliminares: tanto la portada, como las licencias de impresión y el prólogo («Al Lector») solo están en castellano. Incluso es monolingüe el epígrafe que encabeza en la página 5 el comienzo de la nomenclatura trilingüe: «Coleccion de los nombres mas comunes, para el uso de los que en Cathaluña comienzan à aprender la Lengua Francesa». 1 Esta acepción de la palabra nomenclatura como género de obra lexicográfica se distingue netamente, por consiguiente, de la otra acepción que suele tener el término, o sea, la de «lexemas propios de una ciencia, arte o profesión», con que la usa, por ejemplo, Messner 2001: 33. El tipo de obra lexicográfica que puede catalogarse bajo la etiqueta de nomenclatura ya fue definido por Quemada 1968: 361-68; sistematizó sus características Alvar Ezquerra 1993 ( 1 1987), seguido por Ayala Castro 1992a. Véase también el capítulo «Las nomenclaturas. Definición y caracterización» de la tesis de García Aranda 2003: 47-74. Vox Romanica 67 (2008): 183-203 Manuel Bruña Cuevas 2. Precedentes catalanes Cuando aparece el Promptuario, eran corrientes en España los diccionarios, vocabularios y nomenclaturas francés-español y español-francés, así como las gramáticas del francés explicadas en español; no existían, sin embargo, obras de este tipo con las correspondencias del léxico francés o las explicaciones de la gramática francesa ofrecidas en catalán. No las había, por lo menos, en tanto que publicaciones cuya temática principal fuera el aprendizaje del francés o la recopilación de su vocabulario, general o esencial. Lo que más se acercaba en catalán a la producción lexicográfica y gramatical español-francés eran las explicaciones sobre la pronunciación y la morfología francesas ofrecidas por Baldiri Reixac en el capítulo «Llengua Francesa» de sus Instruccions per la ensenyansa de minyons (1749: 344-76); pero la obra en sí no estaba centrada prioritariamente en el francés, y ese mismo capítulo pretende más bien convencer de la conveniencia de estudiar este idioma que ser un manual completo para aprenderlo. De hecho, el propio Reixac es consciente de que incluso los estudiantes que pudieran aprovechar sus explicaciones sobre el francés tendrían que recurrir, para aprender el léxico, a vocabularios y diccionarios, dado que, contrariamente a lo que es el caso en el capítulo que dedica en su obra al aprendizaje del castellano 2 , su capítulo sobre la lengua francesa no incluye un vocabulario catalán-francés con los términos más usuales: Pero per la intel-ligencia de la llengua Francesa, no basta saber la conjugació sola dels verbs, ni la declinació dels noms, sino que se requireix coneixer la significació, que tenen los noms, verbs, y demés termes Francesos; per coneixer esta significació, es precis, que los Minyons tingan Diccionaris Francesos explicats en Cathalá, ò en Espanyol, ò en Llati. (Reixac 1749: 375) Reixac recomienda a continuación algunas de las obras a las que se refiere en este párrafo, viéndose obligado, al no poder encontrar ninguna que presente el vocabulario francés en paralelo con el catalán, a recomendar el diccionario francés-español y español-francés de Francisco Sobrino (1705; en 1744 había aparecido su cuarta edición), así como, por las listas de vocabulario que incluyen, dos gramáticas: la Gramática nueva española y francesa, también de Sobrino, y la recién aparecida «Grammatica Francesa de Galmace», como Reixac la llama, es decir, la Llave nueva y universal para aprender . . . la lengua francesa 3 . Solo «per los Minyons que han de saber perfetament la llengua Llatina» recomienda Reixac el Diction- 184 2 El capítulo «Llengua Espanyola» de Reixac presenta al final, en las páginas 318-43, un vocabulario castellano-catalán, ordenado por orden alfabético, con las voces que más difieren entre sí de uno a otro idioma. Se hallarán algunos comentarios sobre este vocabulario en Colón/ Soberanas 1986: 119. 3 Cuando Reixac publica sus Instruccions, la primera edición de la Llave de Antoine Galmace acababa de ver la luz (Madrid, 1748); contiene, como veremos, una nomenclatura español-francés estructurada en ámbitos temáticos. En cuanto a la Gramática de Sobrino, con edición príncipe en 1697, iba por su sexta reedición en 1745 y presentaba, desde la tercera de 1717, un amplio vocabulario español-francés y francés-español distribuido por orden alfabético. El Promptuario de Josep Broch en catalán, castellano y francés (1771) naire des Commençans François et Latin 4 , de modo que pudieran asimilar al mismo tiempo el latín y el francés: Pero per los Minyons que han de saber perfetament la llengua Llatina, los será molt util lo Diccionari Francés, y Llati de que usan los Grammatichs en França, lo qual tambe es molt copios, ab moltas Phrases, y noticias, y no costa mes que de tres, à quatre pessetas, el qual se intitula: Le Dictionnaire des Commençans François, et Latin. (Reixac 1749: 375) La obra de Reixac se reeditó una decena de veces en el siglo XVIII (Prats 1995: 35), de modo que sus consejos en cuanto a los mejores libros para completar el aprendizaje del francés seguirían resonando entre quienes, para un primer acercamiento a esa lengua, usaran su obra hacia 1771, fecha del Promptuario de Broch. Este, de hecho, seguirá citando, en cuanto recursos naturales para que los catalanohablantes aprendieran francés, las mismas obras que Reixac: como diccionario, el de Sobrino, cuya sexta edición había aparecido en 1760; y, por la misma razón de presencia en el mercado editorial, la gramática de Galmace, que seguía reeditándose en París (1767) y Madrid (1769). No cita Broch, en cambio, el Arte francés de Sebastián Roca y María, obra que representa la primera gramática francesa explicada en español que se editaba en Barcelona en el siglo XVIII, si bien nunca volvió a reimprimirse tras su edición príncipe en 1750 5 . Ni Reixac ni Broch vieron, pues, contradicción alguna entre recomendar las publicaciones de Galmace y Sobrino a los catalanes que estudiaban francés y el proponerles también sus propias obras: presentaron las suyas como complementarias de las de otros autores ya conocidos. En el capítulo «Llengua Francesa» de Reixac no se incluía, como hemos dicho, un listado del léxico francés para principiantes; de ahí que el autor remitiera a sus lectores hacia obras donde podían encontrarlo, aunque fuera traducido al castellano o al latín en vez de a su lengua materna catalana. Este inconveniente es precisamente el que se propone solventar Broch con su Promptuario 6 , en que se puede llegar, desde las entradas catalanas, a sus equivalentes léxicos en castellano y en francés. 185 4 Le Dictionnaire des commençans es de 1707, pero fue abundantemente reeditado a lo largo de los siglos XVIII y XIX. 5 La consideramos la primera editada hasta tanto no se descubra, suponiendo que llegara a imprimirse en Cataluña, algún ejemplar de la Teórica de la lengua francesa, de Salvador Nogués y Parelleda. Además del Arte de Roca, hubo otra obra para el aprendizaje del francés publicada en Barcelona antes de terminar el siglo XVIII: el Método facilísimo para leer y hablar francés (1799), de Mauricio Ignacio Francisco de Boyer. 6 Cabría preguntarse si la idea de componer su Promptuario pudo inspirársela a Broch, al menos en parte, la lectura de la obra de Reixac, es decir, si la concienciación de que no existía un vocabulario catalán-francés destinado a quienes se iniciaban en Cataluña al aprendizaje del francés pudo nacer en Broch de la constatación de que no se había editado ningún vocabulario catalán-francés que completara los rudimentos gramaticales de la lengua francesa que Reixac ofrecía. No tenemos razones decisivas ni para afirmarlo ni para negarlo. Ciertamente Broch no cita a Reixac en su obra, pero también es verdad que, como veremos, se sirvió de otras fuentes que tampoco menciona. Manuel Bruña Cuevas Partir del catalán para llegar al francés, en vez de hacerlo únicamente desde el castellano, le parecía a Broch, efectivamente, el procedimiento didáctico más recomendable cuando se tratara de estudiantes catalanófonos de francés que no tuvieran un buen dominio del vocabulario castellano, y así lo expone ya desde la propia portada de su obra: Promptuario trilingue, en el que se manifiestan con toda claridad todas las vozes que generalmente sirven para el Comercio Politico, y sociable en los tres Idiomas, Cathalan, Castellano, y Francés; à fin que los poco instruidos en algunos de los dos primeros, entren con menos dificultad à la intelligencia del tercero. Ciertamente, esta portada toma como destinatarios a «los poco instruidos en algunos [sic] de los dos primeros» idiomas; pero es evidente que no era a los eventuales estudiantes de francés de lengua materna castellana que pudiera haber por entonces en Cataluña a quienes iba dirigido prioritariamente el Promptuario. Estos, de hecho, aunque ya disponían del diccionario francés-español y español-francés de Sobrino, podrían sacarle provecho a la obrita de Broch desde el punto de vista económico y desde el de la comodidad de manejo, según puede deducirse de las palabras del propio autor en el prólogo: «y como ni todos tienen caudal para comprar Vocabulario, singularmente el que dá mas luz en este assumpto, que es el de D. Francisco Sobrino, ni aunque le tengan pueden llevarle en la faltriquera para buscar lo que ocurra, resolví componer este Promptuario . . . ». Pero fácil era argumentar que esos inconvenientes se soslayaban con la gramática francesa de Galmace, que contenía una nomenclatura español-francés similar a la de Broch (o sea, por ámbitos temáticos, no por orden alfabético) y era de costo muy inferior al de los tres volúmenes del diccionario de Sobrino 7 . Intentando contrarrestar en el prólogo el atractivo que pudiera tener la Llave de Galmace es como Broch revela a las claras que, pese a lo que dice la portada, sus verdaderos destinatarios son quienes no dominan el castellano por tener el catalán como lengua materna o, al menos, por vivir habitualmente en Cataluña 8 : Y aunque en la Gramatica, que ultimamente ha salido de Don Antonio Galmace, se hallan con este orden los nombres, y no por Abecedario como en los Vocabularios; como en la dicha Gramatica no se hallen los terminos mas que en Francés, y Castellano, y la experiencia me enseñe que muchos Catalanes no poseen con perfeccion la lengua Castellana, especialmente en la propriedad de vozes; acá lo encontrarán todo, no solo para instruirse del Catalan al Castellano, sino para imponerse desde estos dos Idiomas al Francés, y al contrario. (Broch 1771: 4) 186 7 Dado el alto coste de los grandes diccionarios, el argumento del precio no era una razón baladí a la hora de convencer a los lectores de lo atractivo de la obra que se les proponía. De hecho, e igual que Broch, ya Reixac indicaba a sus lectores el precio que tenían las distintas obras que les recomendaba para completar la suya. En lo relativo al francés, por ejemplo, Reixac les indica que los tres volúmenes del diccionario bilingüe de Sobrino «costan de 11. á 12. lliuras Barcelonesas», mientras que la gramática del mismo autor «no costa mes que unas quatre pessetas», añadiendo aún que había otras muchas gramáticas de francés para españoles «que son de poch cost» y que Le Dictionnaire des Commençans François et Latin «no costa mes que de tres, à quatre pessetas». 8 Broch no alude en ningún momento a quienes no tenían el castellano como lengua materna en los territorios valenciano y balear; siempre se refiere a catalanes y a Cataluña. El Promptuario de Josep Broch en catalán, castellano y francés (1771) Aunque en ningún momento presenta su obra como pionera, no creemos que Broch sospechara ni por un momento que su trabajo no era el primer vocabulario trilingüe francés-español-catalán que se ofrecía a los catalanes. Lo cierto, sin embargo, es que Pere Lacavalleria se le había adelantado en 1642, año en que imprimió en Barcelona su Dictionario Castellano - Dictionaire François - Dictionari Catala, reeditado en 1647 por su hijo Antoni (Bruña Cuevas, en prensa). Sin duda alguna, este librito estaría completamente olvidado cuando salió el Promptuario. De todos modos, solo parcialmente puede ser visto como un precedente, ya que, además de incluir también explicaciones gramaticales y diálogos, lo cual no es el caso en el Promptuario, el Dictionario de Lacavalleria presenta las palabras del vocabulario sin atenerse a ningún orden preciso, por lo que eran difíciles de localizar si se pretendía hacer cualquier consulta puntual, un inconveniente en parte soslayado por Broch mediante su distribución temática del léxico. Puesto que nunca fue impreso, no pudo conocer tampoco Josep Broch el vocabulario temático catalán-francés que lleva por título Mèthodo per encontrar ab facilitat lo arreglament de vàrios y differents vocables segons la construcció del Univers, ab los principals termes dels arts y cièncias 9 . Sí conoció Broch, en cambio, como veremos, el vocabulario en seis lenguas que incorporó Miquel Agustí a su Libro de los secretos de agricultura, casa de campo y pastoril desde su primera edición en versión castellana (Zaragoza 1625; Perpiñán 1626), ya que el éxito de El Prior, nombre por el que se conocía este libro, le aseguró las reediciones a lo largo de los siglos XVII y XVIII (Niederehe 1999: 441, 2005: 444) 10 . El vocabulario solo recogía las voces que tenían relación con la obra; era, pues, grosso modo, monotemático, lo que puede explicar que las entradas castellanas estén distribuidas alfabéticamente. Tales entradas van seguidas de sus equivalencias en, por este orden, catalán, latín, portugués, italiano y francés. Estos precedentes, en suma, no arrebatan al Promptuario la prerrogativa de ser el primer vocabulario temático o nomenclatura de carácter general que presenta en paralelo el léxico catalán, el castellano y el francés, por lo que puede considerarse que Broch supo prestar servicio a sus lectores con la oferta de un tipo de obra hasta entonces inusitada o, por lo menos, jamás publicada. 187 9 El Mèthodo ocupa las 92 hojas finales de un manuscrito anónimo conservado en la Biblioteca del Centre de Lectura de Reus. En el manuscrito, el Mèthodo va precedido de un Diccionario de las dos lenguas Espanyola y Francesa, de 219 hojas. Para más datos sobre esta obra, consúltense Murgades 1989 y el estudio y edición de Colón/ Perea 2005. 10 Tras la primera edición en catalán (Barcelona, 1617), el libro siempre se editó posteriormente en castellano. Volvió a reimprimirse, por ejemplo, en 1770, un año antes de la salida del Promptuario. Véase sobre esta obra Colon/ Soberanas 1986: 100-02 y Rico/ Solà 1995: 101-02. Manuel Bruña Cuevas 3. Circunstancias politicosociales Cabe preguntarse si existe alguna razón histórica para que el Promptuario surja cuando lo hace, o sea, si hay algún motivo perentorio para que no fuera compuesto antes o después; al fin y al cabo, la aparición del Dictionario de Lacavalleria, único precedente para enseñar ciertos aspectos del francés a los catalanes partiendo bien del castellano bien del catalán, se debió al estado de guerra en que se hallaba Cataluña en 1642, bajo soberanía francesa y con un virrey francés instalado en Barcelona (Bruña Cuevas, en prensa). Creemos, en efecto, que también en el caso del Promptuario hubo ciertos factores politicosociales que conviene tener en cuenta para explicar su publicación. Ya hemos dicho que los diccionarios y gramáticas a los que los catalanes recurrían en el siglo XVIII para acceder al francés solían ser de carácter contrastivo castellano-francés. Pero esto no suponía forzosamente que las explicaciones de los maestros se dieran también en castellano. En Cataluña, durante la mayor parte del siglo XVIII, la lengua más extendida en la enseñanza no universitaria siguió siendo el catalán, pese a la preferencia de algunas órdenes religiosas, como los jesuitas, por la enseñanza en español. El Decreto de Nueva Planta de 1716, que había impuesto el castellano en ciertos ámbitos, no había afectado a la enseñanza de rango no universitario. Las lecciones de francés para principiantes, por tanto, se darían habitualmente en catalán, dado que así era en el caso del latín, impartido a partir de la lengua materna tanto en las clases orales como en las muchas cartillas que se imprimían para su enseñanza. Ahora bien, el triunfo de las ideas ilustradas llevó a un reforzamiento progresivo del centralismo del Estado. En pro de conseguir una mayor cohesión de los diversos territorios del reino, se decretó el uso obligatorio del castellano en todos los niveles de la enseñanza; en el artículo VII de la Real Cédula firmada en Aranjuez por Carlos III en 1768 se leía: Finalmente mando, que la enseñanza de primeras letras, Latinidad y Retórica se hagan en lengua Castellana generalmente, dondequiera que no se practique, cuidando de su cumplimiento las Audiencias y Justicias respectivas, recomendándose también por el Mi Consejo a los Diocesanos, Universidades y superiores Regulares para su exacta observancia y diligencia en extender el idioma general de la Nación para su mayor armonía y enlace recíproco. La medida contó en Cataluña con apoyos decididos, como el que le prestaron los jesuitas, los escolapios o el obispo de Barcelona Josep Climent (1706-81) 11 . Pero la realidad es que en muchos lugares siguió impartiéndose la educación básica en catalán 12 . Entre las causas que lo explican pudo estar, por un lado, la idea, muy ex- 188 11 Véase el apartado «La llengua de l’ensenyament i l’ensenyament de les llengues» en Prats 1995: 32-40. Asimismo, Moral i Ajadó 1995 y Moreno Fernández 2005: 172, 207. 12 Es bien reveladora de tal hecho la encuesta lanzada por Francisco de Zamora en 1778 para conocer la situación escolar catalana; aunque hay pueblos que responden que la enseñanza de El Promptuario de Josep Broch en catalán, castellano y francés (1771) tendida ya por toda Europa, de que toda educación debe comenzar por el afianzamiento de la lengua materna, es decir, la idea que sustentaba las Instruccions de Reixac. Por otro lado, la Cédula de 1768 no debió de agradar a buena parte de los maestros que habían enseñado hasta entonces en catalán, los cuales probablemente comprobarían, si intentaron adaptarse a la nueva normativa, las dificultades inherentes a la transmisión de conocimientos a niños y adolescentes en una lengua distinta de la materna. Es muy posible que Broch estuviera entre esos maestros y que su libro fuera un modo de armonizar el respeto de la legalidad, así como la necesidad del castellano que tenían los catalanes instruidos, con el uso de la lengua catalana en la enseñanza. Hay que plantearse, en efecto, por qué, si Broch pensaba que el dominio del castellano por parte de gran número de catalanes no era lo suficientemente amplio en materia léxica para asegurarles un acceso cómodo al vocabulario francés, no se decidió a editar un vocabulario exclusivamente catalán-francés, por qué introdujo entre la columna de entradas catalanas y la de correspondencias francesas una columna de equivalentes castellanos. Podría darse como primera respuesta el que Broch asumiera que, para la buena educación de un catalán que estudiara francés y que optara, por tanto, a conseguir un nivel de formación por encima del elemental, era necesario que previamente manejara con soltura el castellano 13 . Pero también hay que tener en cuenta que, tras la cédula de Aranjuez, un libro destinado a la enseñanza que prescindiera del castellano tenía pocas probabilidades de conseguir la licencia de impresión. La columna de voces castellanas representaba, pues, un acomodo a la cédula de 1768: aunque las entradas estuvieran en catalán, la columna central estaba en castellano y era a partir de este como se accedía a la columna siguiente en francés. La ley se cumplía así: el castellano servía de lengua de aprendizaje del francés sin tener que renunciar por ello al uso del catalán en los primeros niveles de la enseñanza. Junto a la columna castellana, también la portada, el prólogo y el índice, igualmente en español, contribuían a la adecuación de la publicación a la normativa en vigor. Formalmente, desde el punto de vista legal, 189 las primeras letras se lleva a cabo en ellos enteramente en castellano, no deja de llamar la atención que otras localidades, a los veinte años de la Real Cédula de 1768, sigan indicando que se realiza en catalán (Ferrer i Gironès 1995: 448-58). 13 Conforme avanzaba el siglo XVIII, la necesidad para ciertos sectores sociales catalanes de dominar el castellano y, por consiguiente, de recibir una instrucción en este idioma debió de ir en aumento debido al comercio creciente con el interior peninsular y al deseo de medrar mediante la obtención de cargos administrativos. Esto fue seguramente mucho mejor motor de castellanización que la política oficial o la eficacia de los corregidores que debían aplicarla (Puigvert i Solà 1995: 248-51). Téngase presente también que las clases dirigentes catalanas vivían, desde el siglo xvi, en una situación de diglosia cada vez más extendida; aunque las instituciones civiles catalanas, mientras existieron, así como las eclesiásticas, en gran medida, usaran el catalán para el desempeño de sus funciones, los individuos que las integraban, aun conservando también su lengua catalana en el ámbito privado, fueron adoptando progresivamente el castellano como lengua de cultura y su dominio y uso como marca distintiva frente a la gran masa de catalanes, que únicamente disponían de su lengua materna (Marfany 2001). Manuel Bruña Cuevas nada podía objetarse, por lo que la edición de la obra se llevó a cabo. Cosa distinta es que, en la práctica y pese a la ley, quien no necesitara o no deseara pasar por el castellano también pudiera acceder al francés directamente desde el catalán. 4. Fuentes 4.1 Posibles fuentes de inspiración El mérito de que el Promptuario se publicara en el momento más adecuado, solo tres años después de la promulgación de la cédula, cuando ya debían de estar dejándose sentir claramente sus efectos, no puede hacer olvidar que Broch, lejos de elaborar una obra plenamente original, debe mucho a ciertos predecesores. La propia idea de acomodarse a la cédula de Aranjuez incluyendo el castellano junto al catalán pudo inspirársela la iniciativa tomada por el obispo de Barcelona Josep Climent, quien, con el fin de favorecer el conocimiento del castellano, encargó a Salvador Puig i Xuriguer (1719-93), posiblemente ya antes de la promulgación de la cédula, la composición de unos Rudimentos de gramática castellana para el Colegio Episcopal Tridentino de Barcelona: la obra, editada en 1770, está dispuesta, como la de Broch, en columnas paralelas, más precisamente, en el caso de los Rudimentos, en dos columnas bilingües castellano-catalán 14 . Por otra parte, el título del vocabulario de Broch recuerda al de otra obra que también había aparecido en Barcelona - si bien es anterior a la cédula de Aranjuez - y que quizá Broch conociera: el Prontuario orthologi-gráphico trilingüe en que se enseña a pronunciar, escribir y letrear en latín, castellano y catalán (1742), de Pedro Mártir Anglés 15 (1681-1754). Pero, aparte de la idea de incorporar el catalán, no pudo tomar Broch de ninguna de estas dos obras las voces de su nomenclatura. Tales voces las buscó en obras anteriores que ya incorporaban el francés en paralelo con el español, quedándole por tanto a Broch la apreciable labor de encontrar las correspondencias catalanas. 4.2 Galmace Partiendo de las declaraciones relativas a Galmace que hace Broch en su prólogo (ya citadas más arriba), podría pensarse que fue en la gramática francesa de ese autor, la Llave nueva, donde encontró la nomenclatura español-francés que le sir- 190 14 Sobre el obispo Climent y su labor pueden consultarse los comentarios de Prats 1995: 37- 39 o Juárez Medina 2002: 32-35 y los libros de Tort Mitjans (1978, especialmente 191-99) y Bonet i Baltà 1984: 76-92. Sobre los Rudimentos de Puig, véase la tesis de García Folgado 2005: 365-401. 15 Véanse sobre este autor Olmo Lete 1977a, 1977b y Colón/ Soberanas 1986: 114-17. El Promptuario de Josep Broch en catalán, castellano y francés (1771) vió de base para elaborar la suya. Pero la realidad es que esa alusión no es más que el medio de que se valió Broch para desviar la atención del lector hacia una fuente (la Llave) que, en realidad, solo secundariamente le había sido de provecho; en cambio, las obras de que verdaderamente partió las dejó en la sombra, es decir, prefirió no mencionarlas. Broch podía ganar con ello, no tanto resaltar su verdadera aportación, o sea, la incorporación del vocabulario catalán, ya que tal mérito hubiera podido atribuírselo legítimamente en cualquier caso, sino presentar su nomenclatura, por lo menos a los ojos de quien se sintiera tentando de cotejarla, como una profunda reelaboración personal de la incluida en la Llave de Galmace. Tal cotejo, por lo demás, es muy posible que lo realizara en la época más de un estudiante catalán de francés, dada la considerable fama que alcanzó la Llave 16 , por lo que puede ser de interés comprobar qué se desprende de él. Lo primero que destaca en la comparación es que el número de apartados en que se distribuye la nomenclatura de la Llave («Recopilacion de muchas, y diferentes voces muy curiosas, y necessarias de saber», 1764: 317-57) es superior al de los apartados del Promptuario; son 47 en Galmace frente a 26 en Broch: Apartados temáticos de la Llave de Galmace 1 - Dignidades Espirituales, y otras cosas/ Dignitez spirituelles, et autres choses 2 - Dignidades temporales/ Dignitez temporelles 3 - Oficiales de Justicia/ Officiers de Justice 4 - Diversos generos de castigos/ Plusieurs sortes de châtimens 5 - Las artes liberales/ Les arts liberaux 6 - Las artes mecanicas/ Les arts mechaniques 7 - Las partes, y miembros del cuerpo humano/ Les parties, et les membres du corps humain 8 - Vestidos para los hombres/ Habits pour les hommes 9 - Vestidos para las mugeres/ Habits pour les femmes 10 - Grados de parentesco/ Degrez de parentage 11 - La casa, y sus partes con algunas alhajas/ La maison, et ses parties avec quelques muebles [sic] 12 - La mesa con la comida, y otros aparatos/ La table avec le manger, et autres appareils 13 - Aposento con sus aderezos/ Chambre avec ses garnitures 14 - La cocina, y sus aparejos/ La cuisine, et ses appareils 15 - Ciudad, calles, plazas, y otras particularidades/ Villes, ruës, places, et autres particularités 16 - Nombres de diferentes oficios/ Noms de diferens métiers 17 - Armas de que se sirven en la guerra para conservarse/ Armes dont on se sert à la guerre pour se conserver 18 - Armas ofensivas y defensivas/ Armes offensives, & defensives 19 - Cavallo con sus jaeces, y diferentes generos de cavallos/ Cheval avec ses harnois, et plusieurs sortes de chevaux 20 - Diversos generos de colores/ Plusieur sortès [sic] de culeurs [sic] 21 - La mar, y algunos Navios con sus aderezos/ La mer, et quelques Vaisseaux, avec leurs équipages 191 16 La Llave se editó por primera vez, en Madrid, en 1748. Tras buen número de reediciones en Madrid y París, salió por última vez a luz, según Supiot 1996: 320, de la imprenta madrileña de Plácido Barco, en 1800. Sobre esta gramática, véanse García Bascuñana 1994, Lépinette 2000, Bruña Cuevas 2001. Manuel Bruña Cuevas 22 - Nombres de diferentes Mares/ Noms de plusieurs Mers 23 - Nombres de algunos pescados/ Noms de quelques poissons 24 - Diversos generos de fruta/ Plusieurs sortes de fruit 25 - Algunas yervas para la olla/ Quelques herbes potageres 26 - Algunas telas de oro, y de plata/ Quelques toiles d’or et de soye 27 - Nombres de diversas flores/ Noms de differentes fleurs 28 - Piedras preciosas/ Pierres précieuses 29 - Paxaros que cantan/ Oiseaus qui chantent 30 - Los quatro siguientes aprenden à hablar quando los enseñan/ Les quatre suivans aprennent a parler quand on les enseigne 31 - Aves nocturnas/ Oiseaus de nuit 32 - Aves de agua/ Oiseaus d’eau 33 - Aves buenas para comer, demas de los paxaros que cantan/ Oiseaux bons à manger outre ceux qui chantent 34 - Aves de rapiña/ Oiseaus de proit [sic] 35 - Animales domesticos/ Animaus domestiques 36 - Animales silvestres/ Animaux sauvages 37 - Animales feroces/ Animaux féroces 38 - Animales amphibios, que viven en el agua, y en la tierra/ Animaux amphibies, qui vivent dans l’eau, et sur la terre 39 - Savandijas, ò animales insectos/ Vermines, ou animaux insectes 40 - Savandijas que vuelan/ Insectes qui volent 41 - Los quatro elementos/ Les quatre élémens 42 - Las partes del dia/ Les parties du jour 43 - Los dias de la semana/ Les jours de la semaine 44 - Los meses del año/ Les mois de l’année 45 - Las quatro estaciones del año/ Les quatre saisons de l’annèe 46 - Las grandes Fiestas del año/ Les grandes Fêtes de l’année 47 - Las Fiestas de nuestra Señora/ Les Fêtes de nôtre Dame Apartados temáticos del Promptuario de Broch 1 - Dignitats Espirituals, y altres cosas/ Dignidades Espirituales, y otras cosas/ Dignitez spirituelles, et autres choses 2 - Dignitats temporals y altres cosas/ Dignidades temporales y otras cosas/ Dignitez temporalles et autres choses 3 - Oficials de Justicia/ Oficiales de Justicia/ Oficiers de Justice 4 - Diversos generos de castichs/ Diversos generos de castigos/ Plusieurs sortes de chatimens 5 - Las parts, y membres del cos humá, y altres cosas/ Las partes, y miembros humanos, y otras cosas/ Les parties, et membres du corps humain, et autres choses 6 - Vestits per home, y dona, y altres cosas/ Vestidos para hombre, y mujer, y otras cosas/ Habits pour homme, et femme, et autres choses 7 - Las set Arts liberals, y algunas ciencias/ Las siete Artes liberales, y algunas ciencias/ Les sept Arts liberaux, et quelques sciences 8 - Graus de Parentela, y altres cosas/ Grados de Parentesco, y otras cosas/ Degrez de Parenté, et autres choses 9 - La casa, y sas parts ab sos mobles/ La casa, y sus partes con sus alhajas/ La maison, et ses parties avec ses meubles 10 - Del menjar, y beurer/ Del comer, y beber/ Du manger, et boire 11 - De las malaltias del home/ De las enfermedades del hombre/ Des maladies de l’homme 12 - De la Guerra, y de la Marina/ De la Guerra, y de la Marina/ De la Guerre, et de la Marine 13 - Noms del alguns Peixos/ Nombres de algunos Pescados/ Noms de quelques Poissons 192 El Promptuario de Josep Broch en catalán, castellano y francés (1771) 14 - Ciutat, Carrers, Plasas, y altres particularitats/ Ciudad, Calles, Plazas, y otras particularidades/ Villes, Rües, Places, et autres particularités 15 - Noms de diferents Oficis, y altres cosas/ Nombres de diferentes Oficios, y otras cosas/ Noms de differents Metiers, et autres choses 16 - Diferents generos de Cavalls ab sos adresos/ Diferentes generos de Cavallos con sus aderezos/ Plusieurs sortes de Chevaux avec leurs harnois 17 - Diferents generos de Arbres, fruitas, plantas, y flors/ Diversos generos de Arboles, frutas, plantas, y flores/ Plusieurs sortes d’Arbres, fruits, plantes et fleurs 18 - Metalls minerals, y Pedras preciosas/ Metales minerales, y Piedras preciosas/ Metaux mineraux, et Pierres precieuses 19 - Dels Elements, y meteoros/ De los Elementos, y meteoros/ Dels [sic] Elemens, et metheores 20 - Noms de diversos Ausells, y tots per son ordre/ Nombres de diversas Aves, y todas por su orden/ Noms de plusieurs Oiseaux, et tous par leur ordre 21 - Animals domestichs/ Animales domesticos/ Animaux domestiques 22 - Animals silvestres, feroces, y amfibios/ Animales silvestres, feroces, y amfibios/ Animaux sauvages, feroces, et amphibies 23 - Animals insectos/ Animales insectos/ Animaux insectes 24 - Del temps, y sas parts/ Del tiempo, y sus partes/ Du temps, et ses parties 25 - Del cel, y sos signos/ Del cielo, y sus signos/ Du ciel, et ses signes 26 - De alguns noms, propris de homes/ De algunos nombres, proprios de hombre/ De quelques noms, propres d’hommes Broch incluye bajo un solo título los vocablos distribuidos por Galmace bajo dos o más epígrafes diferentes. Así, los apartados «Vestidos para los hombres» y «Vestidos para las mugeres» de Galmace corresponden al titulado «Vestidos para hombre, y mujer, y otras cosas» por Broch, quien también incluye, por ejemplo, dentro de «Nombres de diversas Aves, y todas por su orden» el conjunto de voces repartidas por Galmace bajo seis títulos diferentes: «Paxaros que cantan», «Los quatro siguientes aprenden à hablar quando los enseñan», «Aves nocturnas», «Aves de agua», «Aves buenas para comer, demas de los paxaros que cantan» y «Aves de rapiña». Ahora bien, esta reducción en Broch del número de apartados con título no supone en modo alguno una minoración de los grupos temáticos reales, ya que, en el interior de cada apartado, los vocablos no están entremezclados sin más, sino que se reúnen por subgrupos semánticos: en el apartado sobre el vestido, no se mezclan los nombres de prendas masculinas con las femeninas, ni, en el de aves, los de pájaros que cantan con los de aves de rapiña. Las series de Galmace, en suma, se mantienen en Broch. Como, por otra parte, se encuentran en Broch algunos epígrafes que no aparecen en Galmace («De las enfermedades del hombre», «Del cielo, y sus signos», «De algunos nombres, proprios de hombre»), el número de grupos semánticos reales es finalmente mayor en el Promptuario que en la Llave, aun si la reducción del número de epígrafes en el primero con respecto a la segunda pudiera hacer creer lo contrario. También atendiendo a la cantidad de vocablos en una y otra nomenclatura el total resulta ser muy superior en la de Broch: frente a las 1203 entradas de Galmace (1764), en Broch hay recogidas 2655. Esto es así pese a que no todas las que 193 Manuel Bruña Cuevas figuran en Galmace reaparecen en Broch, lo cual nos lleva de nuevo hacia lo que ya hemos adelantado: o Broch aportó nuevas palabras de su propia cosecha o las encontró en otras fuentes. Aun con cierto aporte personal, fue sobre todo esta segunda vía la que siguió para enriquecer su nomenclatura. Veámoslo. 4.3 Sobrino La idea de completar su gramática con una nomenclatura temática bilingüe francésespañol no fue original de Galmace; en el siglo XVIII, y antes que él, ya habían tenido la misma idea autores como Ferrus (1704; primera edición en 1680), Perger (1704), Guilla Rubí (1707) o Torre y Ocón (1728); y, posteriormente, la tuvieron otros como Roca y María (1750), Contaut (1763), Chantreau (1781) o Martínez Saavedra (1791) 17 . Pero las nomenclaturas son en realidad de tradición antigua 18 . Así, y limitándonos a lo que nos interesa para nuestro tema, es decir, al ámbito hispanofrancés y a los siglos XVII y XVIII, habían alcanzado gran renombre los Diálogos en español y francés (1608), de César Oudin, que incorporaban un vocabulario temático desde la edición de 1622 hasta la última de 1675. Desde principios del siglo XVIII y a todo lo largo de él, los Diálogos de Oudin serán sustituidos en el favor del público por los Diálogos nuevos en español y francés (1708), de Francisco Sobrino.Toda la producción de Sobrino es, en líneas generales, un remozamiento de la de Oudin, por lo que no sorprende encontrar la nomenclatura de este último en los Diálogos nuevos, si bien Sobrino amplía el número de epígrafes gracias, en parte (Ayala Castro 1992b: 143-45), a que también se basó en el Indiculus universalis (1667) de François Pomey 19 . Y es justamente esta renovada nomenclatura de Sobrino la que se encuentra también en Galmace con leves variaciones: los apartados temáticos son los mismos y llevan prácticamente los mismos títulos 20 , aunque Galmace reduce el número global de vocablos recogidos. Con lo dicho se sospechará ya cuál fue una de las obras a las que recurrió Broch para conseguir un caudal léxico mucho más rico que el que presentaba Galmace: 194 17 Sobre la aparición de nomenclaturas en algunas gramáticas de francés para españoles publicadas en el siglo XVIII, consúltese el capítulo «Les grammaires du français éditées en Espagne au XVIII e siècle. Les unités lexicales morphologiquement simples», de Lépinette 2000: 254-69. 18 Sobre el desarrollo de este género lexicográfico desde Aristóteles, véase Martín Mingorance 1994. 19 El Indiculus de Pomey es una nomenclatura francés-latín en su primera edición de 1667 (Quemada 1968: 366-67); desde la edición de Croset (1705) se incorporan correspondencias españolas al original francolatino (Ayala Castro 1996: 57). 20 Es nuevo en Galmace el apartado «Las artes mecanicas»; también deslinda del apartado de nombres de aves los que sitúa bajo el epígrafe «Los quatro siguientes aprenden à hablar quando los enseñan». Las ligeras variaciones de título son del tipo de «Las siete artes liberales», «Algunas legumbres, y yervas para la olla» o «Las quatro partes del año», en Sobrino, frente a «Las artes liberales», «Algunas yervas para la olla», «Las quatro estaciones del año», en Galmace. El Promptuario de Josep Broch en catalán, castellano y francés (1771) acudió directamente a la fuente en que este se había surtido, es decir, a los Diálogos nuevos de Sobrino. En su prólogo, Broch alude al «Vocabulario» de Sobrino, es decir, a su Diccionario nuevo de las lenguas española y francesa, obra en dos grandes tomos y que no podía llevarse en la faltriquera; pero de sus Diálogos - libro pequeño y mucho más barato, competidor directo, por tanto, de su Promptuario en lo que a precio y comodidad se refiere - no dice nada, quizá con la esperanza de que, al no haber sido reeditados desde hacía más tiempo que la Llave de Galmace 21 , se le atribuyera a él, a Broch, el mérito de haber acrecentado en el Promptuario el número de términos que componen la nomenclatura de la Llave. Con todo, la diferencia entre el nomenclátor de Galmace y el de Broch no se reduce a una cuestión de número de voces; como hemos visto, la distribución de los epígrafes es asimismo muy distinta. Ahora bien, esa distribución tampoco es labor enteramente original de Broch: la tomó en gran parte de Roca y María. 4.4 Roca y María Roca y María, como hemos indicado, también había incorporado a su Arte Francés (1750) una nomenclatura, a la que puso por título «Repertorio de el Arte Francés. Cap. XVII. Que contiene algunos terminos proprios domesticos» (345-95). En el encabezamiento de este «Repertorio» se lee: La necessidad, que hay de terminos, para poder con facilidad hablar un Lenguaje, me ha motivado en dár este repertorio para provecho del Lector (aunque superfluo dirán algunos, por hallarse yà en Oudin, Perger, Sobrino, y aun puede ser en otros, que yo no havré visto): pero yo puedo assegurar, que es de muy grande provecho, y que quando tantos lo han escrito, unos despues de otros, (conforme al orden de los Authores arriba dichos, y con alguna pequeña diversidad entre ellos, tanto por el titulo, como en los terminos), puedo, y devo dezir, que será de grande utilidad; por lo que lo doy aqui como ellos, ò à poca diferencia, por haverle quitado lo que me ha parecido superfluo, y añadido lo que se me ha propuesto necessario. (345) Como se ve, Roca, para justificar la inclusión de una nomenclatura en su gramática, recurre en esta cita a la autoridad de nombres tan prestigiosos para españoles y franceses como Oudin, Perger y Sobrino. Su obra fundamental de partida será, de hecho, la nomenclatura de Jean Perger 22 , completada, no obstante, hasta alcan- 195 21 La última edición de los Diálogos cuando sale el Promptuario era la de Bruselas de 1754. La Llave, en cambio, había sido reimpresa en París en 1767 y quizá también en Madrid en 1769. De hecho, Broch, en el prólogo, considera la Llave de Galmace como reciente: «Y aunque en la Gramatica, que ultimamente ha salido de Don Antonio Galmace . . . » Obviamente, se está refiriendo a su última edición, ya que, como hemos dicho más arriba, la primera se remonta a 1748. 22 El nomenclátor francés-español de Perger lleva por título «Nomenclature Françoise et Espagnolle, reduite dans un ordre facile» y ocupa las páginas 157-232 de su Nouvelle grammaire de la langue espagnolle (1704). Manuel Bruña Cuevas zar los 2040 términos, con la de Sobrino 23 . He aquí los epígrafes de la nomenclatura de Roca 24 : 1 - De las Dignidades Espirituales, y otras cosas 2 - De las Dignidades Temporales, y otras cosas 3 - De el Hombre 4 - De la Edad, de los Grados del Parentesco, y otras cosas 5 - De la Habitacion de el Hombre con sus Alhajas 6 - De la Ropa de vestir, assi de Hombre, como de Muger; y de algunas otras cosas 7 - Del Comer, y Beber 8 - De las Enfermedades del Hombre 9 - De la Guerra, y de la Marina 10 - De los Letrados, y de los Oficiales, ò Manesterales [sic], y otras cosas 11 - De las Aves, Pescados, Animales, y Reptiles 12 - De los Arboles, Flores, Frutas, y Plantas 13 - De los Metales, Minerales, y Piedras preciosas 14 - De los Elementos, y Meteoros 15 - Del Tiempo, y sus Partes 16 - Del Cielo, y de sus Signos Si se compara el reparto temático de Perger y Roca con el de Broch (véase el de este último más arriba), las semejanzas son palmarias. Ahora bien, de estos dos autores, la fuente de Broch fue Roca, no Perger. Ciertamente, tanto la obra de Perger como la de Roca conocieron una sola edición, por lo que no estarían ya en el mercado en tiempos de Broch. Este, sin embargo, pudo llegar a comprar o consultar un ejemplar del Arte de Roca, pero no así de la Nouvelle grammaire de Perger: mientras que esta se publicó en París, para franceses, en 1704, antes, sin duda, del nacimiento de Broch, la gramática de Roca se destinaba a los españoles y se editó en Barcelona en fecha mucho más reciente (1750), o sea, ya en vida de Broch. De en- 196 23 Como Perger, Roca reparte su vocabulario en dieciséis apartados, prácticamente con los mismos títulos. Pero, además de incorporar el vocabulario que encontró en Sobrino y no en Perger, cambió ligeramente el orden de los apartados de Perger, acercándose así al modelo de Sobrino; siguiendo también a Sobrino, reunió en uno solo apartados que estaban separados en Perger o repartió en dos distintos palabras pertenecientes a un solo grupo temático en este último autor. Así, los dos apartados «De Dieu» y «Des Dignitez Spirituelles» de Perger corresponden al apartado titulado en Roca «De las Dignidades Espirituales»; y mientras que Perger mete al final del apartado «De l’habitation de l’Homme» la lista de vocablos relativos al vestido, Roca forma con tal lista el apartado «De la Ropa de vestir, assi de Hombre, como de Muger; y de algunas otras cosas», situado tras el que lleva por título «De la Habitacion de el Hombre con sus Alhajas». Este último título puede ser representativo de cómo, por mucho que Roca partiera de Perger, se basó también ampliamente en Sobrino; tal título es, en efecto, una combinación de los epígrafes correspondientes a este mismo apartado en Perger («De l’habitation de l’Homme») y en Sobrino («La casa y sus partes con algunas alhajas»). 24 Nótese la incorporación a esta nomenclatura de campos semánticos con epígrafe propio en Perger pero no en Sobrino; son los relativos a enfermedades («De las Enfermedades del Hombre»), metales y minerales («De los Metales, Minerales, y Piedras preciosas»), meteoros («De los Elementos, y Meteoros») y astros («Del Cielo, y de sus Signos»). El Promptuario de Josep Broch en catalán, castellano y francés (1771) tre las muchas evidencias que hemos encontrado de que Broch parte de Roca y no de Perger, ponemos solo algunos ejemplos. El apartado «Las partes, y miembros humanos, y otras cosas» de Broch corresponde a los apartados «De el Hombre», en Roca, y «De l’Homme», en Perger. Roca da en este caso casi la misma lista de vocablos que Perger y prácticamente por el mismo orden, omitiendo solo, con respecto a este, unas cuantas entradas (Les cheveux bouclez - los cabellos ensortijados, Le siege - el siesso, La cloche - la vexiga), las mismas precisamente que tampoco se hallan en Broch. Hay en Roca, no obstante, algunos lemas que no están en Perger (las Quixadas, las Muelas, la Muela cordial, la Corcoba, la Ingle, las Pantorrillas, la Saliva): salvo una (la Muela cordial), todas estas también se hallan en Broch. Del mismo modo, cuando hay divergencia de traducción entre Perger y Roca, Broch coincide por lo general con Roca: Broch, como Roca, traduce Crachat por Gargajo, mientras que Perger lo traduce por la escopetina; para La peau, Perger da el pellejo, mientras que Roca y Broch dan la doble equivalencia pellejo, piel; y, a la inversa, Roca y Broch solo dan la correspondencia palabra para el francés parole, mientras que Perger daba la habla, la palabra. A igual conclusión se llega a partir del cotejo de los apartados «Du Ciel & de ses Signes» (Perger), «Del Cielo, y de sus Signos» (Roca) y «Del Cielo, y sus signos» (Broch): Roca reproduce la lista de Perger, pero con algunos añadidos y cambios de traducción que figuran todos en Broch. 5. El léxico de Broch Para Broch, que partió de dos repartos temáticos divergentes (el de Sobrino y Galmace, por un lado, y el de Roca, por otro), la mejor opción parece haber sido un compromiso entre ambos, aunque con clara ventaja para el modelo de Roca. Por una parte, Broch conserva por separado, al igual que Sobrino y Galmace, apartados como, por ejemplo, «Oficiales de Justicia» y «Nombres de diferentes Oficios, y otras cosas», que en Roca se reúnen bajo el epígrafe común «De los Letrados, y de los Oficiales, ò Manesterales [sic], y otras cosas»; pero, por otra, se deja llevar la mayor parte de las veces hacia la vertiente sintetizadora que se da en el reparto temático de Roca, es decir, hacia los reagrupamientos bajo un mismo epígrafe de apartados que son independientes en Sobrino y Galmace, adoptando incluso, literal o casi literalmente, el título que Roca les había asignado 25 . Hasta en los ca- 197 25 He aquí algunos de esos apartados creados por reagrupamiento. Para que se observen las similitudes, damos su título en Roca seguido del título castellano que tienen en Broch: «De la Ropa de vestir, assi de Hombre, como de Muger; y de algunas otras cosas»/ «Vestidos para hombre, y mujer, y otras cosas»; «Del Comer, y Beber»/ «Del comer, y beber»; «De la Guerra, y de la Marina»/ «De la Guerra, y de la Marina»; «De los Arboles, Flores, Frutas, y Plantas»/ «Diversos generos de Arboles, frutas, plantas, y flores»; «Del Tiempo, y sus Partes»/ «Del tiempo, y sus partes». En nuestra nota anterior se encontrarán los títulos de los cuatro grupos temáticos que, presentes en Roca, no aparecen en Sobrino ni Galmace. En Broch llevan por título «De las enfermedades del hombre», «Metales minerales, y Piedras preciosas», «De los Elementos, y meteoros» Manuel Bruña Cuevas sos en que Broch no se atreve a llegar hasta ciertos casos extremos de reagrupamiento que se dan en Roca sigue manifestándose la influencia de este en la adopción de una solución parcialmente sintetizadora, no ya tan intensa como la de Roca, pero ajena también a la dispersión propia de Sobrino y Galmace. Así, frente a Roca, que ordena los nombres de todos los tipos de animales bajo el título «De las Aves, Pescados, Animales, y Reptiles», Broch mantiene cuatro apartados distintos («Nombres de algunos Pescados», «Nombres de diversas Aves, y todas por su orden», «Animales domesticos» y «Animales silvestres, feroces, y amfibios»), los cuales corresponden en Galmace a trece grupos con epígrafes diferentes. En el interior de cada apartado, las similitudes entre Roca y Broch son también altamente significativas. Las palabras del epígrafe de Roca «Del Cielo, y de sus Signos», por ejemplo, pasan todas, y por el mismo orden, a Broch, cuya contribución en este punto se restringe a intercalar un nuevo término y añadir al final la entrada mon - mundo - monde. En varios apartados, no obstante, Broch suprime algunos vocablos poco usados o que dejaran ver, por erróneos, un déficit de Roca en castellano, debido, quizá, a su origen francés; la consecuencia es que tales apartados contienen menos términos que los correspondientes de Roca, como es el caso en «Del comer, y beber» (115 frente a 102) o en «De las enfermedades del hombre» (104/ 95). Pero lo usual es que Broch presente mayor número de voces que Roca por conservar casi todas las de este pero añadir otras muchas: las 66 voces que da Broch en «Metales minerales, y Piedras preciosas» son las 35 ofrecidas por Roca más todas las referidas a piedras preciosas que no se hallan en Roca pero que Broch encuentra en Sobrino. Dos son los casos extremos en este sentido. Uno, el del grupo «Dignidades Espirituales, y otras cosas», con 106 términos en Roca frente a 206 en Broch, quien deja ver así su condición de clérigo. El otro es el de «Diversos generos de Arboles, frutas, plantas, y flores», con un centenar de palabras más en Broch (276, frente a 170 en Roca); aquí, dada la temática, Broch supo acordarse y servirse, sobre todo para los nombres de hortalizas, de un vocabulario anterior en que castellano, catalán y francés ya aparecían en paralelo: el incluido en el Libro de los secretos de agricultura, de Miquel Agustí, del que ya hemos hablado. De hecho, en ese subgrupo de las hortalizas es evidente que, además de aparecer casi siempre el mismo equivalente catalán que ofrecía Agustí, la serie en castellano se presenta por orden alfabético, es decir, el propio de las entradas en la obra de Agustí, mientras que no lo siguen las correspondientes voces catalanas, pese a ser estas, y no las castellanas, las que constituyen las entradas del Promptuario 26 . 198 y «Del cielo, y sus signos»: la coincidencia con los títulos correspondientes de Roca es, como se habrá observado, prácticamente absoluta. 26 Lo usual dentro de cada apartado de Broch no es el orden alfabético de los términos, sino su distribución temática. Por otra parte, lo que estamos diciendo sobre el subgrupo temático de las hortalizas no es aplicable a todo el Promptuario. Broch se basaba en modelos cuyas entradas estaban en castellano, cierto; pero, al partir él de entradas en catalán, es a menudo la estructura léxica del catalán la que le inspira la inclusión de ciertos ítems. Sobre el léxico catalán empleado por Broch, consúltense Colón/ Soberanas 1986: 120-21 y Rico/ Solà 1995: 111-12. El Promptuario de Josep Broch en catalán, castellano y francés (1771) Con todas estas operaciones y la adición de un apartado que no estaba en sus fuentes principales (el último del Promptuario: «De algunos nombres, proprios de hombre» 27 ), Broch logra brindar un total de seiscientas entradas más que Roca y casi un millar y medio más que Galmace. No extraña, por tanto, como ya hemos indicado, que Broch no temiera la comparación con Galmace, pero ocultara a Roca como fuente suya, dado que la diferencia en cantidad de voces era menor con respecto a este último y su deuda con él mucho más notable 28 . Ese mayor acopio de voces es, por lo demás, lo esperable en un librito exclusivamente ocupado por una nomenclatura, contrariamente a los libros de Galmace o de Roca, donde esta no era más que un complemento. Estos dos autores, así y todo, proporcionan cierta información que no supo aprovechar Broch. El objetivo de este era la introducción del catalán, por lo que quizá hubiera rebasado su principal objetivo si hubiera dado, al modo de Galmace, la pronunciación figurada de todos los términos franceses. Pero no supo ver Broch lo provechoso que hubiera sido para sus lectores que les hubiera proporcionado las voces, al menos las francesas, precedidas de su artículo correspondiente, como habían hecho Galmace o Roca; renunciando a consignarlo, Broch les negaba una información esencial para el uso de los términos: el se su género. 6. Conclusiones Broch, para componer su Promptuario, partió fundamentalmente de dos nomenclaturas anteriores; por un lado, la incluida en los Diálogos de Sobrino, que consultó directamente y a través de la reelaboración ofrecida por Galmace en su Llave nueva; por otro, la que compuso Roca y María para su ArteFrancés a partir de 199 27 No creemos, como se ha dicho, que la inclusión de este listado tuviera como finalidad contribuir a la sustitución de los nombres de pila catalanes por los correspondientes castellanos. Hasta la segunda mitad del siglo XX no hubo reticencias notables a traducir tales sustantivos, cualquiera fuera su lengua de origen y dentro de lo posible. Nada más natural que decir en castellano Alejandro Dumas en vez de Alexandre Dumas. Hoy día, de hecho, sigue siendo la norma corriente cuando se trata santos, reyes y nobles. En los diccionarios bilingües del XVIII, los nombres de pila, cuando no aparecían en su lugar alfabético correspondiente, como era el caso en el de Sobrino, aparecían a menudo en forma de listado, formando un anejo con título propio, como es el caso en El Maestro de las dos Lenguas (1728-31), de Torre y Ocón.Añadamos, en otro orden de cosas, que este listado de Broch confirma las posiciones defendidas por Marfany en el capítulo «El doctor Martí i Julià es deia Domingo» de su obra La llengua maltractada (2001: 27-105), si bien Marfany no parece haber consultado el Promptuario para llegar a sus conclusiones. Broch, en efecto, junto a formas tales como Joachim, Pere, Pau, Matheu, Jaume, Margarida, Catharina, Joana, Llucia, etc., da la forma catalana Fernando como único equivalente de la castellana Fernando y de la francesa Ferdinand, el vocablo catalán Domingo como único equivalente del castellano Domingo y del francés Dominique y los nombres catalanes Francisco y Francisca como equivalentes únicos de los castellanos Francisco y Francisca y de los franceses François y Françoise. 28 Contribuía al éxito de la operación de ocultamiento de fuentes el que, además, el Arte de Roca, a diferencia de la Llave de Galmace, no hubiera vuelto a ser reeditado. Manuel Bruña Cuevas las nomenclaturas de Perger y Sobrino. Broch acudió también puntualmente al vocabulario en seis lenguas del Libro de los secretos de Miquel Agustí. Pero, más que copiar servilmente, Broch suele reestructurar, corregir y enriquecer las series léxicas de sus fuentes. Y, por supuesto, es de su propia cosecha la traducción al catalán de todas las voces de su nomenclátor, con excepción de las que tomó de Agustí. Alcanzó así sus objetivos esenciales, expresados en el prólogo: ofreció una cartilla barata y cómoda con que acceder desde el catalán, pasando por el castellano, al vocabulario francés. Es probable que este carácter trilingüe estuviera condicionado por las circunstancias especiales que derivaron de la Real Cédula de 1768. Aun siendo así, nada revela si Broch era partidario de que el conocimiento del castellano se expandiera en Cataluña; en todo caso, nada revela que no lo fuera. Su postura pudo ser muy parecida, aunque condicionada por la promulgación de la cédula, a la que había adoptado previamente Reixac en el ámbito de la enseñanza. Lo esencial, creemos, es que su obra parece perseguir un compromiso posibilista con lo dispuesto en la cédula real: sin contradecirla, constituye un alegato en favor del mantenimiento del catalán en los primeros niveles de la educación. Desconocemos si el Promptuario tuvo éxito. Se podría estar tentado de negarlo, dado que nunca se reeditó y que habrá que esperar bastante para encontrar otro intento impreso de usar el catalán como medio de acceso al francés. Pero uno y otro hecho están seguramente en relación con las circunstancias sociopolíticas que fueron extendiendo en Cataluña el uso exclusivo del castellano en la enseñanza. En todo caso, cuando se edite en 1839 el Diccionari català-castellà-llatí-francès-italià, sus autores no darán muestras de haber tenido conocimiento de la obra de Broch, seguramente pronto olvidado, por tanto. Puesto que, durante el siglo XIX, la imprenta, tanto en Barcelona como en Valencia, Perpiñán o Reus, en vez recurrir al catalán como punto de partida hacia el aprendizaje del francés, recurre abundantemente, salvo casos esporádicos, al castellano 29 , puede afirmarse que Broch, pese a la modestia de sus pretensiones, merece un lugar destacado en la historia de la enseñanza del francés en España por lo inusual de su propósito, testimonio de una época y unas circunstancias históricas muy particulares.Y, desde luego, además de ocupar también su plaza en la historia de la lexicografía del castellano, merece que se le reserve un lugar destacado en la de la lexicografía del catalán, lo que no han dejado de reconocer, por lo demás, los principales estudiosos de esta. Sevilla Manuel Bruña Cuevas 200 29 Desde el segundo cuarto del siglo XIX, los impresores y editores de Barcelona, además de lanzar un alto número de gramáticas del francés para españoles, empezarán a competir con los madrileños en el mercado de los diccionarios de bolsillo francés-español, hasta el punto de acabar por superarlos en número de títulos y tiradas. Son buen ejemplo de ello las ediciones llevadas a cabo por la familia Oliveres (Bruña Cuevas, en prensa). El Promptuario de Josep Broch en catalán, castellano y francés (1771) Bibliografía Agustí, M. 1617: Llibre dels secrets de agricultura, casa rústica y pastoril, Barcelona: Esteve Liberós. Otra edición citada, 1626: Libro de los secretos de Agricultura, Casa de Campo y Pastoril. Traduzido de lengua Catalana en Castellano por Fr. 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Introducción En el presente artículo, nos ocuparemos de la realización del subjuntivo del pasado de valor aspectual aoristo (en adelante: «aor») en catalán/ valenciano en contextos hodiernales (en adelante: «hod»), esto es, al referirse a eventos ocurridos durante el día en que se produce la enunciación. En concreto, atenderemos a la frecuencia de realización del subjuntivo del pasado como imperfecto de subjuntivo (cantés/ cantara [valenciano]; en adelante: «is») o como perfecto de subjuntivo (hagi cantat/ haja cantat [valenciano]; en adelante: «ps»). Cuando el predicado expresa el aspecto aor, el evento se presenta como un conjunto con límites estrictos y sin vínculos con el momento del habla. Por lo tanto, nuestro punto de partida es que, incluso en el seno del modo subjuntivo, pueden distinguirse relaciones aspectuales, como ha demostrado Carrasco 2000. En comparación con el español hablado en la mayor parte de la península el proceso de gramaticalización del perfecto compuesto de indicativo (en adelante: «pc») en catalán (he cantat) ha llegado más lejos, ya que se ha convertido en el único tiempo aor hod, mientras que tanto el perfecto perifrástico (vaig cantar) (en adelante: «pp») como el perfecto simple (cantí) se relacionan sólo con contextos prehodiernales, esto es, anteriores al día del habla. Teniendo en cuenta esta diferencia de distribución entre los tiempos de pasado de ambas lenguas, nos proponemos estudiar la realización del subjuntivo del pasado en catalán a fin de descubrir en qué medida ha seguido el subjuntivo del pasado el proceso de gramaticalización experimentado por el perfecto compuesto de indicativo. La cuestión clave es, pues, si el tradicional is (cantés/ cantara [valenciano]) suele mantenerse en contextos hod o si, por analogía con el pc de indicativo (he cantat), se ha visto sustituido por el ps (hagi cantat/ haja cantat [valenciano]). Estudiaremos, por una parte, la elección entre los dos tipos del subjuntivo del pasado por hablantes de lengua materna catalana/ valenciana. Por otra, examinaremos la misma elección realizada por hablantes de idioma materno español, originarios mayoritariamente de Cataluña y Castellón. Como se ha mencionado más arriba, el catalán y el español difieren en el uso de los tiempos verbales aor de indicativo. Mientras que en catalán sólo es posible el pc, en la variedad peninsular estándar del español coexisten tanto el pc como el perfecto simple: Realización del subjuntivo del pasado de valor aoristo en contextos hodiernales (1) a. (cat.) Aquest matí he vist el teu germà. b. (esp.) Esta mañana vi a tu hermano. / Esta mañana he visto a tu hermano. (citado en Eberenz 1977: 518) No obstante, el pc es la única posibilidad en el español peninsular estándar si el evento referido se ha producido en el pasado inmediato, esto es, unos escasos segundos antes: (2) a. ¿Qué ha sido eso? b. Perdón, no he oído lo que me has preguntado. Para expresar el aspecto aor, tanto en la variedad septentrional del español - compuesta, esencialmente, por la hablada en las dos Castillas - como en la zona andina de Hispanoamérica (compuesta, por lo menos, por el noroeste de Argentina y parte de Bolivia) se utilizan tanto el pp como el pretérito indefinido (ej. 1 y 2), mientras que en las variedades del denominado español atlántico 1 dicho valor se codifica generalmente con el pretérito indefinido. López Morales 1996: 25 da a entender que, de hecho, lo anterior correspondería también a las hablas andaluzas, sobre lo cual, no obstante, nosotros no estamos de acuerdo. Aunque el español andaluz comparte tantos rasgos con las variedades americanas que se considera uno de los constituyentes del llamado «español meridional», en el área de la sintaxis verbal comparte con las demás variedades peninsulares la aoristización del pc. Por ejemplo, en Kempas 2006: 52 se demuestra que todos los informantes andaluces eligen el pc en un caso muy similar al ejemplo (2). En esta línea, tanto otros trabajos (Gili Gaya 1993: 161, Zamora Vicente 1967: 208, Kany 1969: 199-200, Penny 2004: 243-47) como los estudios empíricos recientes (Jiménez 1999: 78, Kempas 2005, Kempas 2006: 50-57) limitan las zonas peninsulares donde prevalece el pretérito indefinido al noroeste, especialmente a las regiones de Asturias (Martínez Álvarez 1996: 133), León (Borrego 1996: 155), Galicia (Penny 2004: 247) y Cantabria (Nuño Álvarez 1996: 190) 2 . El uso del perfecto simple (canté) en casos como el del ejemplo (2) es típico de estas últimas zonas 3 . 205 1 Compuesto por el español americano, canario y andaluz. 2 El área dialectal asturleonesa penetra también en Cantabria, llegando hasta Santander, la capital, a lo largo de la costa como una estrecha franja. En el área limítrofe con Asturias, se extiende al interior de la provincia (Holtus/ Metzeltin/ Schmitt 1992). No obstante, en la mayor parte de Cantabria se habla una variedad del español «castellano», donde en los contextos hod alternan el pc y el pretérito indefinido. Por eso, y también a la luz de los resultados empíricos señalados en Kempas 2005, nos cuesta ver Cantabria en el mismo contexto que las zonas noroccidentales de la Península (Galicia, Asturias, León). 3 Penny explica la diferencia entre la evolución del pc en el español estándar peninsular y las variedades noroccidentales y americanas del español mediante el esquema de Harris 1982. Según este esquema, el pc expresa cuatro valores semánticos: «1) un estado presente que resulta de una acción pasada; 2) relevancia actual de la situación pasada indicada por el participio (que también Anna López Samaniego/ Ilpo Kempas 206 En lo que se refiere a las realizaciones del subjuntivo del pasado en el español peninsular, cabe destacar la ausencia de estudios empíricos sobre el tema. Sin embargo, suele indicarse que, cuando aparecen en contextos hod y expresan el aspecto aor, son posibles los dos tipos, el imperfecto de subjuntivo (cantara/ cantase) y el pc de subjuntivo (haya cantado) (Kempas en prensa b). Teniendo en cuenta el mayor arraigo del pc de indicativo en los contextos hod en catalán - en que se manifiesta como única alternativa - nos interesa analizar en qué medida las respuestas de hablantes bilingües con español como lengua materna se corresponden con las de hablantes con lengua materna catalana/ valenciana. A fin de recoger datos al respecto, realizamos una prueba de evocación entre estudiantes universitarios de Barcelona y Castellón. 2. Material y método Para recoger los datos, usamos dos cuestionarios (uno en catalán y otro en español), que fueron rellenados por un total de 109 informantes de habla catalana y española en Barcelona (Universitat de Barcelona) y Castellón (Universitat Jaume I) en marzo de 2007. Los informantes se componen de hablantes de catalán/ valenciano como lengua materna (N = 50; Barcelona: 23, Castellón: 27) y hablantes que afirman tener el español como idioma materno (N = 59; Barcelona: 34, Castellón: 25) 4 . El número total de oraciones en el cuestionario es de diecisiete; de ellas, cuatro son relevantes para el presente estudio. Las oraciones incluyen los complementos adverbiales (en adelante: «ca») hod «avui» (hoy) y «fa dues hores» (hace dos horas), así como presentan el evento referido como inmediatamente anterior al momento de la enunciación (en los tres últimos casos). Las oraciones empleadas son las siguientes: señalaba duración, repetición, etc.); 3) acción pasada con relevancia presente (pero sin señalar duración, repetición, etc.); 4) situaciones pasadas sin relevancia presente» (Penny 2004: 246). Penny sostiene que, a diferencia de otras lenguas románicas como el francés, que han llegado al estadio 4, el español estándar peninsular ha llegado al estadio 3, mientras que el español peninsular noroccidental y gran parte del español americano se encuentran en el estadio 2.Ahora bien, tanto Harris como Penny se engañan en lo que señalan acerca del español noroccidental: en realidad, en éste - al igual que en gallego (Dubert/ Sousa 1995) - no existen formas verbales compuestas (información personal del Dr. Manuel Iglesias Bango, Catedrático de la Filología Hispánica de la Universidad de León, que, además, es originario de Asturias). No obstante, según Dubert/ Sousa 1995, la perífrasis verbal «ter + part.» - no considerada, pues, como una forma verbal independiente - se usa en gallego con el valor aspectual AOR reiterativo al referirse a un evento que se ha desarrollado más de una vez en el pasado («Teño feito moitas trasnadas cando era neno»). 4 En los cuestionarios preguntamos a los estudiantes por su lengua materna. Por razones prácticas, consideraremos que esa es su lengua de uso habitual y nos referiremos a ellos en adelante como catalanohablantes y castellanohablantes. Realización del subjuntivo del pasado de valor aoristo en contextos hodiernales (3) a. Avui --a la universitat just abans que ______ a ploure a bots i barrals. («Hoy --a la universidad justo antes de que _____ a llover a cántaros.») b. És probable que les noies ______ de compres fa dues hores. («Es probable que las chicas ______ de compras hace dos horas.») c. A. - Mira, un ovni! Ara ha desaparegut . . . ja no es veu.. B. - No crec que ______ un ovni, sinó un estel fugaç. (A. - ¡Mira, un ovni! Ahora ha desaparecido . . . ya no se ve. B. - No creo que ______ un ovni, sino una estrella fugaz.) d. [A prem ràpidament un botó del teclat i després li comenta a B] A. - Mira, no ha passat res. B. - És possible que ______ el botó massa lleugerament. Prova-ho una altra vegada. ([A pulsa rápido un botón del teclado y luego se lo comenta a B] A. - Mira, no ha pasado nada.B.- Es posible que _______ el botón demasiado ligeramente.Inténtalo otra vez.) e. Repeteix-li-ho. Pot ser que no _____ el que li ---: aquest senyor és una mica dur d’oïda. (Repíteselo. Puede que no _____ lo que le ---: ese señor es un poco sordo.) La mayoría de los 109 entrevistados son estudiantes universitarios; 44 (40,4 %) de ellos tienen además otra profesión. Si exceptuamos a los seis entrevistados que no indican su sexo, 71 (68,9 %) de los informantes son mujeres y 32 (31,1 %), hombres. De aquellos que indican su edad (N = 103), 67 (65 %) son menores de 25 años; 34 (33 %), pertenecientes a la franja de edad de 25 a 35 años; y 2 (1,9 %), mayores de 35 años. Los informantes provienen de las siguientes localidades: - Prueba de Barcelona, catalanohablantes (N = 23): Barcelona (8), Mataró (2), Molins de Rei, Igualada, Sant Cugat, Ripoll, Sant Feliu de Codines, Sant Boi, Viladecans, L’Hospitalet de Llobregat, Sitges, Sant Antoni, Cambrils, Sant Celoni, Artesa de Lleida - Prueba de Barcelona, castellanohablantes (N = 34): Barcelona (22), Girona (2), Premià de Mar, Salt, Manresa, Terrassa, Badalona, Gavà, El Prat de Llobregat, Barbera del Vallés, Hospitalet de Llobregat (+ 1 no indicada) - Prueba de Castellón, catalanohablantes (N = 27): Castelló (5), Vila-real (4), Cabanes (2), Almassora (2), Alcora (2), Vinaròs (2), Benicarló, Xilxes, Santa Magdalena de Pulpís, Nules (2), Benicarló, Vilanova, La Vall D’Uixó, Cullera, Onda - Prueba de Castellón, castellanohablantes (N = 25): Castelló (13), València (3), Vinarós (2), La Vall D’Uxó, Manises, Torrent, Borriana, Almassora, Segorbe, Vila-real Por razones prácticas, adoptaremos aquí el término «catalán» para referirnos también a la modalidad hablada en las áreas abarcadas por la muestra realizada en Castellón, denominada normalmente «valenciano». Por la misma razón, nos referiremos a la encuesta realizada en Castellón como «prueba valenciana». 207 Anna López Samaniego/ Ilpo Kempas 208 3. Antecedentes: la distribución funcional de los tiempos de pasado del indicativo/ subjuntivo en catalán El aor, denominado también «perfectivo», es una propiedad aspectual que presenta el evento contemplado como una totalidad con límites definidos (p. ej. Alturo 1999, García Fernández 2000, Carrasco 2000). El aspecto aor puede relacionarse con varias formas verbales (para el español, véase Carrasco 2000: 23), pero en este artículo tendremos como objeto de comparación los tiempos verbales del pasado aor de indicativo, esto es, el perfecto perifrástico (he cantat), el pp (vaig cantar), así como el perfecto simple (cantí); y sus equivalentes en modo subjuntivo: el is cantés/ cantara) y el ps (hagi cantat/ haja cantat) 5 . El catalán hablado en Cataluña difiere del valenciano en cierta medida (fonética, léxico, sintaxis) (Veny 1991: 257-58). Las diferencias diatópicas afectan también a las formas del is y ps (Rogge/ Beinke 1991: 205), de ahí que hayamos ido indicando dos formas para cada tiempo. En Cataluña, las formas del is se basan en el pretérito imperfecto de subjuntivo del latín (cantavissem), y en Valencia, en el pretérito pluscuamperfecto del mismo (cantaveram) (Badia i Margarit 1999: 145). Además de las diferencias morfológicas entre las dos modalidades, se registran también diferencias en la cantidad de la población catalanohablante entre ambas zonas. En Barcelona y en Cataluña, por lo general, la población de hablantes nativos de catalán es tradicionalmente mayor que en Castellón y las demás zonas de la Comunitat Valenciana, consideradas normalmente como bilingües. A modo de ejemplo, en el censo del 2001, el 72,1 por ciento de los barceloneses indican saber hablar catalán y el 47,7 por ciento, saber escribirlo. Las frecuencias correspondientes a Castellón son del 62,4 y el 29,2 por ciento, respectivamente (Herreras 2006: 86, 90). Hemos señalado la presencia del pc de indicativo como la única forma verbal aor hod en el catalán actual. Se trata de un proceso de gramaticalización 6 , por el que el verbo latín habere, que expresaba originalmente sólo posesión, se ha convertido en un auxiliar, que ha adoptado diferentes valores aspectuales. En las lenguas románicas, el pc de valor perfecto (o «anterior» 7 ) ha adoptado un nuevo va- 5 Pérez Saldanya 2002: 2648 reseña también el uso ocasional en la lengua literaria de un tercer tiempo de pasado de subjuntivo: el pasado perifrástico de subjuntivo (vagi cantat), un pasado aor prehodiernal formado analógicamente a partir del pp de indicativo. No obstante, en la lengua general se emplea sistemáticamente el IS, tanto para expresar valor aspectual aor, equivalente al ps y al pp de indicativo, como para expresar un valor imperfectivo, equivalente al pretérito imperfecto de indicativo y al condicional (ibid.: 2647). 6 Empleamos este término en el mismo sentido que Kury l owicz 1965: 69, quien entiende por gramaticalización un proceso de cambio por el que determinados lexemas se convierten en morfemas gramaticales o ciertos morfemas gramaticales aumentan su carácter gramatical. 7 El término «anterior», basado en el llamado «enfoque Bybee-Dahl» (p. ej. Dahl 2000: 7), ha sido usado en la bibliografía por Comrie 1976: 25, Dahl 1985: 138-39, Bybee/ Pagliuca/ Perkins 1991: 53, Alturo 1999, Thieroff 2000: 276-77, Kempas 2006 y Serrano 2006: 131. En el enfoque Realización del subjuntivo del pasado de valor aoristo en contextos hodiernales lor, el aor. El aspecto perfecto, que se mantiene en catalán como el otro valor del pc, presenta un evento, que se produjo (4a) o empezó a producirse (4b, 4c) antes del momento de la enunciación, como relevante para dicho momento: (4) a. Hem comprat un ordinador nou. (Hemos comprado un ordenador nuevo.) b. Mai he estat en un concert de metal. (Nunca he estado en un concierto de metal.) c. Sempre he volgut visitar el teu país. (Siempre he querido visitar tu país.) Como lenguas románicas en las que la gramaticalización del pc está en una fase más avanzada que en catalán pueden mencionarse el francés, los dialectos septentrionales del italiano y el rumano (Fleischman 1980, Thibault 2000, Squartini/ Bertinetto 2000), porque en catalán el pc nunca se ha introducido en los contextos anteriores al día del enunciado, en los que se usa el pp. Según la gramática francesa de Port-Royal (Lancelot/ Arnaud 1660: 108-09), el passé composé (de valor aor) se usaba en contextos hod y el passé simple (de valor aor) en contextos prehodiernales. Esta división funcional corresponde en gran medida a la del catalán actual, con excepción de que, en el lenguaje oral, el PP ocupa el lugar del perfecto simple - salvo en ciertas áreas geográficas 8 . En lo que respecta al subjuntivo del pasado del catalán, Pérez Saldanya 2002: 2595 señala que, como el subjuntivo dispone de un número más reducido de tiempos que el indicativo, las oposiciones que se establecen entre sus tiempos son mucho menos claras. No obstante, el autor ilustra una correspondencia entre el pc de indicativo (he cantat) y el ps (hagi cantat). Efectivamente, esta equiparación se relacionará esencialmente con el valor Perfecto del pc: (5) A: - En Joan s’ha comprat un cotxe. B: - No és possible que s’hagi comprat un cotxe: en Joan és pobre com una rata. (A. - Juan ha comprado un coche. B. - No es posible que haya comprado un coche: Juan es pobre como una rata.) Nuestros resultados, que presentaremos en el apartado siguiente, permitirán determinar cuál de los tipos anteriores del subjuntivo del pasado aparece normalmente en catalán como el equivalente del pc de indicativo de valor aor. 209 Bybee-Dahl, «anterior» es un «gram», que engloba tanto el tiempo y como el aspecto. No obstante, por su definición, corresponde a lo que se entiende por el valor aspectual perfecto en la nomenclatura española más reciente y, a diferencia del enfoque Bybee-Dahl, suele usarse sin que encierre la categoría de tiempo. 8 El uso del perfecto simple está limitado al valenciano central, pero se da en cierta medida en las variedades baleares (Wheeler 1988: 189, Pérez Saldanya 2002: 2624). Anna López Samaniego/ Ilpo Kempas 210 4. Resultados En primer lugar, examinaremos la oración que lleva el ca avui, que establece la localización temporal de la situación en cuestión. La presencia de la conjunción abans que requiere el uso del subjuntivo en la subordinada. Del contexto se desprende que la acción de «empezar a llover» (començar a ploure) es necesariamente anterior al momento de la enunciación y claramente terminada respecto a éste. Los resultados son los siguientes: Cuadro 1: subjuntivo de pasado con avui: Avui --a la universitat just abans que ______ a ploure a bots i barrals. (Porcentajes entre paréntesis) Idioma materno IS PS PP Total Cataluña catalán 21 (91,3) 1 (4,3) 1 (4,3) 23 Cataluña español 32 (100,0) - - 32 Valencia catalán 18 (94,8) 1 (5,3) - 19 Valencia español 17 (100,0) - - 17 Los resultados son muy uniformes: el is predomina claramente tanto en Cataluña como en Valencia.Ante este resultado parece evidente que el tradicional is ha permanecido inmune a las supuestas presiones hacia un cambio análogo a la introducción del pc de indicativo como el único tiempo aor en los contextos hod, las cuales señalamos como una tendencia evolutiva teórica en el apartado 1. Cabe indicar que, en esta primera frase, aunque se trata de un contexto hod, un entrevistado que afirma tener como lengua materna el catalán, originario de Barcelona, usa el PP de indicativo (va començar) en lugar del subjuntivo. La siguiente oración tiene como ca fa dues hores. El hecho de que la proposición principal contenga una matriz que expresa probabilidad («és probable que») explica que el predicado de la subordinada deba estar en subjuntivo: Cuadro 2: subjuntivo de pasado con fa dues hores: És probable que les noies ______ de compres fa dues hores. (Porcentajes entre paréntesis) Idioma materno IS PS Total Cataluña catalán 9 (52,9) 8 (47,1) 17 Cataluña español 9 (40,9) 13 (59,1) 22 Valencia catalán 6 (50,0) 6 (50,0) 12 Valencia español 9 (64,3) 5 (35,7) 14 Realización del subjuntivo del pasado de valor aoristo en contextos hodiernales El cuadro 2 presenta datos sorprendentes que contrastan con el predominio del is que mostraba el cuadro 1: en este caso, el ps cuenta con una elevada frecuencia de aparición. Se observa que, entre los catalanohablantes, ambos tiempos presentan una distribución muy similar. En cambio, las respuestas de los castellanohablantes de ambas zonas son tan dispares entre sí que puede excluirse la posibilidad de que el subjuntivo del pasado se realice en español de forma radicalmente diferente. En vista del número reducido de informantes, esta dispersión se explica con más probabilidad por el azar. Por eso, interpretaríamos las respuestas de los castellanohablantes como indicativas de la posibilidad de usar indistintamente ambas alternativas (cantara/ cantase y haya cantado) en español. A continuación, presentaremos cómo completaron los informantes tres oraciones referidas al pasado inmediato. En éstas, no figura ningún ca, sino que la anterioridad inmediata del evento se desprende del contexto. En la primera, el uso del subjuntivo se debe a la forma negativa de la proposición principal (no crec que), que por esta razón expresa incertidumbre. También las proposiciones principales de las dos oraciones siguientes expresan un cierto grado de incertidumbre, pero son afirmativas (és possible que y pot ser que): Cuadros 3, 4 y 5: subjuntivo de pasado referente al pasado inmediato: Cuadro 3: A. - Mira, un ovni! Ara ha desaparegut . . . ja no es veu. B. - No crec que _____ un ovni, sinó un estel fugaç. (Porcentajes entre paréntesis) Idioma materno IS PS Total Cataluña catalán 4 (100) - 4 Cataluña español 8 (61,5) 5 (38,5) 13 Valencia catalán 4 (100) - 4 Valencia español 2 (100) - 2 Cuadro 4: [A prem ràpidament un botó del teclat i després li comenta a B] A. - Mira, no ha passat res. B. - És possible que _____ el botó massa lleugerament. Prova-ho una altra vegada. (Porcentajes entre paréntesis) Idioma materno IS PS Total Cataluña catalán 6 (30) 14 (70) 20 Cataluña español 4 (13,8) 25 (86,2) 29 Valencia catalán 3 (13) 20 (87) 23 Valencia español 9 (45) 11 (55) 20 211 Anna López Samaniego/ Ilpo Kempas 212 Cuadro 5: Repeteix-li-ho. Pot ser que no _____ el que li ---: aquest senyor és una mica dur d’oïda. (Porcentajes entre paréntesis) Idioma materno IS PS Total Cataluña catalán - 12 (100) 12 Cataluña español 1 (4,8) 20 (95,2) 21 Valencia catalán 1 (11,1) 8 (88,9) 9 Valencia español - 8 (100) 8 Vemos que el contexto temporal del pasado inmediato, que tanto en catalán como en español estándar peninsular requiere en indicativo el uso del pc en lugar del perfecto simple, presenta mucha variación en el modo subjuntivo. En el cuadro 3, el is aparece en el cien por cien de los casos, salvo entre los castellanohablantes de Cataluña. Con respecto a este cuadro, es una lástima no contar con más ocurrencias similares que permitan explicar con mayor índice de seguridad la extrañeza de las respuestas obtenidas. La diversidad de respuestas obtenidas en algunos ejemplos como este se debe al método usado, la prueba de evocación, que da libertad a los informantes para completar las oraciones con el verbo y el tiempo verbal que quieran. Así, la mayoría de ellos usan el presente de subjuntivo (p. ej. sigui/ siga [valenciano]) en el contexto representado en el cuadro 3 9 . Asimismo, la alternancia entre is y ps en los cuadros 4 y 5 demuestra de forma contundente que, como contexto temporal, el pasado inmediato no supone una única realización del subjuntivo del pasado. Los cuadros 4 y 5 son los que presentan las mayores frecuencias del ps, tanto entre informantes catalanohablantes como castellanohablantes, lo que sugiere una posible conexión entre este resultado y el contexto temporal del pasado inmediato. En ambos casos, además, la preferencia por el ps podría verse influida por la analogía con un pc de indicativo previo, en el caso de (4), o posterior, en el de (5), que muchos de los informantes completaron con ps en el primer espacio y perfecto de indicativo en el segundo: «pot ser que no hagi sentit el que li has dit» 10 . Se observa que incluso los cuadros 4 y 5 difieren uno de otro en cierta medida: en el cuadro 5, las frecuencias del ps son más altas.Aunque la diferencia puede atribuirse en parte al margen de error, debido al número más reducido de ocurrencias en el cuadro 5, se registra un aumento en la frecuencia del ps entre todos los gru- 9 Véanse más abajo (apartado 5) los resultados de una nueva prueba, con un cuarto caso de pasado inmediato. 10 En efecto, la tendencia de los hablantes a utilizar un mismo tiempo verbal (o un tiempo equivalente en otro modo verbal, en el caso que nos ocupa - pc de indicativo y ps de subjuntivo) en dos proposiciones consecutivas se ha demostrado empíricamente en Kempas 2005: 537, 544. Realización del subjuntivo del pasado de valor aoristo en contextos hodiernales pos de informantes. Esto es interesante porque, semánticamente, no existe una gran diferencia entre és possible que y pot ser que. La diferencia más notable entre ambas oraciones de evocación es, quizás, el tiempo verbal que precede a la forma en subjuntivo, que en (4) es el pc y en (5), el presente de indicativo. Mientras que en (4) la forma verbal solicitada expresa una acción (prémer el botó) casi simultánea a la acción precedente (no ha passat res), en el caso de (5) la forma solicitada expresa una acción (no sentir) claramente anterior a la acción previa (repeteix-li-ho). Es posible que, en la oración evocada en (5), los hablantes perciban una mayor necesidad de expresar anterioridad a la acción precedente y, por ello, se inclinen mayoritariamente por la opción compuesta: «Repeteix-li-ho. És possible que no hagi sentit el que li has dit». Por otra parte, aunque sí existe una cierta diferencia semántica entre las proposiciones principales de las oraciones representadas en (4) y (5) (pot ser que y és possible que, respectivamente) y la proposición principal de la oración representada en el cuadro 3 (no crec que), puede plantearse también por qué no crec que hagi estat/ segut presenta una representación tan reducida en las respuestas. 5. Conclusiones y discusión En primer lugar, sobre la base de lo anteriormente expuesto podemos excluir que el catalán y el español difieran esencialmente entre sí en el uso del subjuntivo del pasado aor. Si este fuera el caso, se habría observado seguramente una mayor variación entre los dos grupos de informantes. Aunque los cuadros 2, 3 y 4 presentan una ligera preferencia por el ps entre los informantes castellanohablantes de Cataluña - que puede explicarse en parte por el margen de error - , las respuestas de los castellanohablantes de Valencia demuestran que tal preferencia no es generalizable a los castellanohablantes bilingües en su conjunto. Además, la gran variación que presentan todos los cuadros - explicable por diferencias semánticas entre los ejemplos - parece excluir que alguno de los dos idiomas favorezca una determinada solución en este tipo de casos. Sobre la base de nuestro análisis, tanto el tradicional is como el ps se usan en los contextos hod cuando el evento representa el valor aspectual aor, esto es, constituye un conjunto con límites definidos y sin relevancia para el momento de la enunciación. El uso del ps, por tanto, debe considerarse como un fenómeno análogo a la evolución experimentada por el pc con valor aor. No obstante, mientras que el uso del pc (he cantat) es obligatorio al referirse a eventos hod, el del ps no lo es, sino que puede alternar con el uso del is, tal como se ha visto en el análisis de los cuadros 1 y 2. En consecuencia, el proceso de gramaticalización experimentado por el pc en indicativo ha afectado al subjuntivo del pasado (ps) sólo parcialmente. En relación con este punto, resulta interesante establecer una comparación con el francés, lengua en la que la aoristización del pc ha avanzado más que en catalán 213 Anna López Samaniego/ Ilpo Kempas 214 y español. De hecho, en francés el imperfecto o pluscuamperfecto de subjuntivo (je prisse, j’eusse pris) se han sustituido por el presente o el pc en subjuntivo (je prenne, j’aie pris) en casos como: (6) Je voudrais/ J’aurais voulu que tu prennes une décision aujourd’hui. El uso del imperfecto de subjuntivo (prisses) está reservado al registro literario y al lenguaje más antiguo (p. ej. Chevalier/ Blanche-Benveniste/ Arrivé/ Peytard 1983: 361; Grevisse 1993: 1270-71). Harris (1988: 231) equipara el uso del imperfecto de subjuntivo francés con el del passé simple, que, debido a la gramaticalización del pc (j’ai pris), en el francés moderno, se ha transformado en un tiempo literario utilizado principalmente en tercera persona. En este punto hay que observar que, cuando el imperfecto de subjuntivo francés no expresa un evento ocurrido en el pasado, como ocurre en el ej. (6), en el lenguaje oral este tiempo se sustituye también por el presente de subjuntivo, solución que implica la ruptura de la tradicional consecutio temporum 11 . Esta ruptura de la correlación temporal ha aparecido también representada en nuestra encuesta, tal como se ha indicado en el comentario de los resultados del cuadro 3. De un modo similar, si el proceso de gramaticalización del pc de valor aoristo (en indicativo y subjuntivo) continúa en catalán, no puede excluirse la posibilidad de que el is de valor aor sea sustituido por el ps en un futuro, tal como ha ocurrido en francés. Por otra parte, los cuadros 2 (fa dues hores) y 4 (contexto de pasado inmediato número dos) presentan libre variación en la elección de ambos tipos del subjuntivo del pasado, mientras que en los cuadros 1 (avui), 3 y 5 (contextos de pasado inmediato números 1 y 3) las respuestas están muy polarizadas, y la elección de la forma alternativa es marginal. Este resultado es interesante. Podría plantearse por qué (casi) no se usaron las combinaciones siguientes: (7) a. Avui he anat / arribat a la universitat just abans que hagi / haja començat a ploure a bots i barrals. b. No crec que hagi estat / segut (o: hagis / hajas vist) un OVNI, sinó un estel fugaç. c. Pot ser que no sentís / sentira el que li has dit: aquest senyor és una mica dur d’oïda. Es evidente que las razones tienen que ver con las propiedades semánticas de las oraciones. Estas últimas parecen no relacionarse esencialmente con la localización temporal del evento; por lo que admitimos que esta cuestión merecería estudiar- 11 «J’aurais aimé qu’il vînt» → «J’aurais aimé qu’il vienne» (Monnerie 1987: 136). Otro ejemplo, ilustrado en forma de anécdota, es ofrecido por Delatour/ Jennepin/ Léon-Dufour/ Mattlé- Yeganeh/ Teyssier (1991: 60). En éste, una persona enuncia lo siguiente: «Jeune homme, il fallait absolument que je vous visse». Su interlocutor piensa después que: «Il ne pourrait pas dire que je vous voie, comme tout le monde». Realización del subjuntivo del pasado de valor aoristo en contextos hodiernales 215 se empíricamente, con más ejemplos 12 . Para ello, respecto a las oraciones del ej. 7, hay que distinguir entre los conceptos «agramatical» y «menos común»; a excepción, quizás, del primer ejemplo (7a), que se comentará más adelante, nada sugiere que las oraciones sean agramaticales. Las oraciones de los cuadros 2 y 4 (ejs. 3b y 3d), que hemos mencionado por su libre variación entre ambos tipos del subjuntivo, tienen en sus proposiciones principales una estructura relativamente similar desde el punto de vista de su forma y significado: és probable que y és possible que, respectivamente. Es verdad que el primero expresa un mayor grado de certeza que el segundo, pero podría plantearse si la libre variación entre el is y el ps aparece con la construcción «és + adjetivo que expresa incertidumbre + que» también en otros casos. La oración de evocación representada en el cuadro 1 bien merece un comentario aparte. Resulta interesante que avui se combine casi exclusivamente con el is en la oración «avui he arribat a la universitat just abans que comencés a ploure a bots i barrals» (ej. 3a/ cuadro 1), porque, en el modo indicativo, este ca - que es el ca hod «prototípico» - siempre requiere el uso del pc. Observamos que la subjuntividad de la subordinada se debe a la conjunción abans que, que indica la anterioridad de una acción principal respecto de la subordinada, introducida por dicha conjunción. La presencia de esta última puede explicar, además, la preferencia de los hablantes encuestados por el is en este caso. Por lo general, la conjunción temporal abans que suele combinarse con mayor frecuencia con tiempos simples de subjuntivo (presente y pretérito imperfecto) que con tiempos compuestos. Cuando esta conjunción temporal se combina con formas compuestas, ya se trate del pretérito perfecto (hagi/ haja començat) o del pluscuamperfecto (hagués/ haguera començat), la acción subordinada se presenta como finalizada en un momento posterior al del evento de referencia. Así, por ejemplo, una oración como «Arribaré abans que hagueu començat a dinar» («Llegaré antes de que hayáis empezado a comer») resulta cognitivamente más difícil de procesar que «Arribaré abans que comenceu a dinar», mientras que las diferencias de significado y de localización temporal de la acción subordinada son mínimas 13 .Así pues, 12 A modo de muestra, se ha realizado una encuesta entre diez catalanohablantes de Cataluña a fin de determinar si las tres oraciones de (7) les parecían posibles o naturales en catalán. La diversidad de los resultados, entre sí y respecto de los resultados obtenidos en la prueba de evocación que presentamos en este artículo, corrobora el interés que revestiría un estudio más amplio de ejemplos de este tipo: seis de los diez hablantes encuestados (60 %) consideran natural la oración (7a), mientras que los cuatro restantes la cambiarían por la opción que ha resultado mayoritaria en nuestra encuesta (el is); también seis (60 %) consideran natural (7b), en tanto que los cuatro encuestados restantes se debaten entre el presente de indicativo (20 %) y el is (20 %); por último, cinco de los hablantes encuestados (50 %) consideran natural la frase (7c), mientras que los otros cuatro emplearían el ps en lugar del is. 13 La única diferencia estriba en que con el PS la acción subordinada (dinar) se presenta como iniciada, mientras que con el IS la acción se presenta en su mismo inicio. El hablante elegiría, pues, la primera opción cuando cree que va a llegar con el tiempo más justo (imagina que se va a encontrar ya con la familia sentada a la mesa). Anna López Samaniego/ Ilpo Kempas 216 cuando abans que introduce un tiempo compuesto la cantidad de planos temporales expresados se diversifica y el procesamiento de la oración resulta más complejo. Esta mayor frecuencia de uso de los tiempos simples sobre los compuestos tras la conjunción temporal abans que se observa también en español. En otra prueba de evocación realizada en otras zonas peninsulares, la conjunción antes de que en el equivalente español de la misma oración también era seguida mayoritariamente por el imperfecto de subjuntivo, incluso cuando en la proposición principal figuraba el pc (Kempas en prensa a). Por tanto, creemos que la misma explicación propuesta en el párrafo anterior puede aplicarse al español. No obstante, además de la mayor o menor frecuencia de las formas compuestas en oraciones temporales, nos interesaba observar también con este ejemplo la alternancia de formas compuestas de pasado. Como es bien sabido, en las oraciones con una oración temporal introducida por abans que, la correlación verbal suele ser la siguiente: (8) a. futuro / presente de indicativo + abans que + presente de subjuntivo / ps: «Arribaré / Sempre arribo abans que comenceu / hagueu començat a dinar.» («Llegaré/ Siempre llego antes de que empecéis / hayáis empezado a comer.») b. pret. indefinido / pret. imperf. / pc + abans que + is / pret. plusc. de subjuntivo: «Vaig arribar / Sempre arribava / He arribat abans que comencéssiu / haguéssiu començat a dinar.» («Llegué / Siempre llegaba / He llegado antes de que empezarais / hubierais empezado a comer.») Así pues, la consecutio temporum tanto en español como en catalán indica que el pretérito perfecto de subjuntivo se emplea para indicar anterioridad respecto de un momento de referencia en presente o futuro, mientras que el pretérito pluscuamperfecto de subjuntivo indica anterioridad respecto de un momento de referencia en cualquiera de los tiempos de pasado. Nuestro objetivo al introducir la oración representada en el cuadro 1 en la prueba de evocación era observar si esta correlación verbal normativa se correspondía con las realizaciones de los hablantes o si, por el contrario, el catalán mostraba signos de estar experimentando la misma evolución que el francés, en que el ps se ha extendido también a las oraciones temporales con avant que, tanto en contextos hodiernales como prehodiernales, tal como puede observarse en los siguientes ejemplos: (9) a. J’ai observé les objets pendant un moment avant que j’aie sorti ma caméra de sa valise. (http: / / ufologie.net/ htm/ tremontonnewhousef.htm) b. Personne ne sait combien de temps s’est écoulé avant que je sois repéré. (http: / / www.nderf.org/ French/ paul_tg_emi.htm) En el caso del catalán, consideramos que esta posible evolución se encuentra aún muy lejana, considerando el notable predominio del is en las respuestas obtenidas. Realización del subjuntivo del pasado de valor aoristo en contextos hodiernales 217 No obstante, es importante destacar que ningún informante ha elegido el pretérito pluscuamperfecto normativo (hagués/ haguera començat a ploure) y que, en cambio, dos informantes, uno catalán y otro valenciano, ambos catalanohablantes, han elegido el ps de subjuntivo. Aunque podría deberse, de nuevo, al margen de error, estos dos usos del ps en oraciones temporales probablemente están condicionados por la aparición previa del pc en la oración principal (he arribat), así como la influencia del ca hod avui. De este modo, este resultado aún excepcional podría apuntar a un inicio de la expansión del ps a las oraciones temporales con abans que en contextos hod. A fin de corroborar la vacilación entre el uso de los pasados de subjuntivo en un contexto de pasado inmediato, como el de los cuadros 3, 4 y 5, en el que se valora como poco probable un aspecto de una acción que acaba de suceder (pasado inmediato, contexto hod) y que está terminada (aspecto aor), se realizó otra prueba de evocación a diez catalanohablantes de Cataluña, en la que tenían que completar una oración similar: (10) A: - Au! M’ha picat una abella. B: - No crec que _____ una abella, sinó una formiga. Una picada d’abella hauria estat més dolorosa. (A: ¡Au! Me ha picado una abeja. B: - No creo que ____ una abeja, sino una hormiga. Una picada de abeja habría sido más dolorosa.) En efecto, la respuesta también fue muy diversa, a pesar del reducido tamaño de la muestra, y confirmó las tendencias observadas en el cuadro 3: cinco de los diez hablantes (50 %) eligieron el presente de subjuntivo como primera opción (sigui) y uno más lo mencionó como segunda opción; tres de los diez hablantes (30 %) completaron la frase con el is (fos); finalmente, (20 %) seleccionaron el pc de subjuntivo (hagi estat) y tres más lo incluyeron como segunda opción. No deja de resultar sorprendente, de nuevo, que alternen como opciones más frecuentes en este contexto el presente de subjuntivo, que coincide con el momento de enunciación, y el is, que presenta la acción como desvinculada de dicho momento. Este hecho demuestra que la percepción que tienen los hablantes sobre el contexto es subjetiva y que esta percepción condiciona la elección del tiempo de pasado. Esperamos haber contribuido con este artículo a una mejor comprensión de la realización del subjuntivo del pasado en los contextos hod cuando el evento referido tiene el valor aor. No obstante, la importante variación observada en el uso de los tiempos del subjuntivo del pasado apunta a la necesidad de seguir realizando estudios empíricos al respecto. Solo la realización continuada de estudios de este tipo permitirá completar el panorama descriptivo y determinar el grado de gramaticalización que ha alcanzado el pretérito perfecto de subjuntivo con valor aor. Barcelona/ Seinäjoki Anna López Samaniego/ Ilpo Kempas Anna López Samaniego/ Ilpo Kempas 218 6. Bibliografía Alturo, N. 1999: «El papel de la anterioridad y de la perfectividad en la representación de estados y eventos», in: M. J. Serrano (ed.), Estudios de variación sintáctica, Madrid: 143-72 Badia i Margarit,A. 1991: «Katalanisch: Interne Sprachgeschichte I. Grammatik», in: G. Holtus/ M. Metzelin/ C. 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(Recherches et Rencontres 25) Les onze articles réunis dans ce recueil sont issus des journées d’étude qui se sont tenues à l’Université de Lausanne le 25 et 26 mai 2005 dans le cadre d’un «Troisième cycle romand». Le thème, Rêver au Moyen Âge, contenait en soi la promesse d’une ouverture à différents horizons, à différentes approches aussi des visions oniriques à l’époque médiévale. Les études, consacrées aux récits de rêve dans les domaines latin, français, allemand et catalan, confrontent le lecteur à une variété stimulante de textes et d’approches. En accord avec le plan chronologique et systématique dont les rédacteurs soulignent l’importance dans l’Introduction (7-9), le recueil s’ouvre sur l’étude qui s’intéresse à des textes rédigés en latin. Dans son article «Belles-lettres et mauvais rêves. De quelques cauchemars monastiques des X e et XI e siècles» (11-36), J.-Y. Tilliette examine le dossier qui vient du Cluny de la grande époque à travers des récits de rêves monacaux dans lesquels, à l’instar de saint Odon, le jeune homme attiré par les belles-lettres (en l’occurrence, par les écrits de Virgile) voit en rêve un vase splendide rempli de serpents. En constatant que ce type d’énoncé (à quelques variables près) a tendance à devenir topique, le chercheur porte son attention à une constellation qui met en rapport le monachisme réformateur, le rêve, les belles-lettres et l’enfer symbolisé par des bêtes répugnantes. En commentant quelques récits de cauchemars, le critique lie leur apparition à la spécificité de cette période qui est l’âge d’or du contemptus mundi dont la haine des lettres profanes est une des facettes. Le rêve médiéval révèle ainsi son aspect historique à travers les récits qui traduisent des obsessions bien réelles suscitées par le contexte culturel qui les a vu éclore. Pourtant, au-delà des considérations d’ordre moral, ces textes n’en donnent pas moins, nous semble-t-il, matière à la réflexion sur le pouvoir de séduction de la fable. La réflexion sur le rêve médiéval se poursuit dans le domaine des textes en langues vernaculaires. Deux articles de portée générale tentent de déterminer les constantes du phénomène, en l’abordant, respectivement, sous l’angle de la linguistique et de la critique littéraire. Dans son article «Songes de la littérature épique et romanesque en ancien français. Aspects de la narration» (37-52), J.-D. Gollut privilégie, en tant que linguiste, la question des aspects formels de la représentation discursive du songe. Son étude met en évidence trois caractéristiques majeures du récit de rêve: la non-problématisation de l’opération narrative, la problématisation de la signification du songe et son mode d’expression particulier représenté par l’emploi dominant de l’imparfait. Concernant le dernier aspect, le chercheur souligne l’importance de cette forme de narration typique dont il se doit, en sa qualité de spécialiste du récit de rêve moderne, de constater la pérennité. L’article d’A. Corbellari, «Pour une étude générique et synthétique du récit de rêve dans la littérature française médiévale» (53-71), a une valeur programmatique pour l’approche du rêve médiéval français. L’auteur y suggère les grandes lignes d’une recherche devant mener à l’établissement, au classement et au commentaire du corpus complet des récits de rêves. En discutant dans sa synopsis historique quelques idées reçues sur les textes oniriques, le chercheur voit la nécessité de revisiter les préjugés et formule trois postulats qu’on devrait prendre en considération lors de l’analyse des songes: le jeu interprétatif excédant les questions du «vrai» et du «faux», la variation de ce jeu selon les «genres» et l’absence du lien nécessaire avec l’allégorie. L’étude se clôt sur une proposition de «protocole d’analyse» (70) des récits de rêve qui, vu son caractère général, pourrait être étendu à l’ensemble de la littérature narrative du Moyen Âge. Les articles suivants sont des études de cas particuliers: C. Korall, «Le second sens d’un récit. Méthodologie et cas d’étude dans la Quête du Saint-Graal» (73-90), offre une étude du récit de rêve comme «outil» (73) du non-dit. Elle illustre sa démarche par le recours au texte de la Bible hébraïque dont elle retient deux principes d’interprétation: le remez ou l’indice (qui consiste à trouver les allusions auxquelles renvoie l’épisode étudié) et le principe de la pertinence de la première occurrence d’un mot. En se servant de ces outils de travail pour l’analyse des non-dits des songes de Bohort de Gaunes dans la Quête du Saint-Graal, l’auteure arrive à la conclusion que cet homme, qui revient vers ses compagnons de la Table Ronde pour leur transmettre le récit du Saint Vase, est, contrairement à Galaad et Perceval, le vrai héros du récit. L’article de R. Wetzel, «La vie, un rêve? Songe trompeur et vie vaine dans la littérature allemande du XIII e siècle» (91-109), éclaire le lien étroit des deux aspects, celui du songe trompeur et de la vie vécue en songe, présents dans une série de textes épiques et poétiques de cette période. Si la désapprobation du rêve comme une illusion trompeuse était très répandue dans la culture médiévale, il en était de même de la vie, du moins si on la considère comme un épisode éphémère et vain par rapport à la vie éternelle. C’est ainsi, selon le chercheur, que la vanité du rêve a pu devenir, dans la littérature allemande, une métaphore de la vanité de la vie. En analysant le thème de la vie rêvée dans Iwein de Hartmann von Aue, dans l’élégie de Walther von der Vogelweide et dans des textes religieux, le critique note la divergence d’éclairage qui varie considérablement en fonction du genre littéraire (roman courtois, littérature moralisante ou religieuse) auquel appartient le texte. Dans son étude «Songes creux et insomnies dans les récits médiévaux (fabliaux, dits, exempla)» (111-36), Y. Foehr-Janssens aborde le problème du rêve insignifiant que seuls les genres littéraires comme le fabliau peuvent se permettre d’utiliser. Son point de départ est le rêve d’une femme raconté dans le Souhait des vez. Au cours de l’analyse minutieuse, qui procède par comparaison avec d’autres manifestations littéraires de songes vains en utilisant la classification des rêves selon Macrobe, l’auteure met en évidence la représentation labile du songe creux qui offre de nombreuses possibilités de jeux sur les conventions oniriques. L’article de F. Braida, «L’invention iconographique du songe de l’arbre de Jessé» (137- 71), est consacré aux particularités de la représentation iconographique liée à la célèbre prophétie d’Isaïe. L’auteure observe que les artistes ont opté pour l’image du Jessé-rêveur allongé dans un lit, alors que toute mention du sommeil est exempte du texte biblique. L’analyse des enjeux d’une telle représentation aboutit à la conclusion que le rêve du protagoniste n’est ni le contenant de la prophétie ni son véhicule, c’est sa forme de lecture. Comme on présuppose que le songe a une origine divine, l’image du rêveur confère à la scène un sens prophétique. Dans son article «Entre prédiction et résurgence: le rêve oraculaire d’Alexandre au Temple de Mars dans les Vœux du paon de Jacques de Longuyon» (173-91), H. Bellon- Méguelle se concentre sur l’utilisation du récit de rêve dans ce roman qui renouvelle la matière alexandrine en 1312. En prêtant une attention particulière aux séquences de réconciliation qui entourent le récit de rêve, elle parvient à lire dans la description du rituel mis en place par Alexandre pour recevoir l’oracle la mise à mort symbolique du conqué- 221 Besprechungen - Comptes rendus rant. Le rêve oraculaire devient ainsi un instrument du «montage littéraire» (190) qui fait des guerriers du Roman d’Alexandre des modèles de courtoisie, capables de se réconcilier. L’étude de V. Minet-Mahy, «Le songe. De la mort de l’auteur à la naissance du lecteur» (193-220), explore les affinités du songe et d’un type d’écriture qui, du Roman de la Rose aux écrits de Georges Chastelain, Christine de Pizan et Alain Chartier, finira par être un instrument pour transmettre un message aux gens au pouvoir. En utilisant comme point de départ le Roman de la Rose, V. Minet-Mahy met sur le devant de la scène le processus de dissociation du moi au moi, de la mise à distance du rêve et de son souvenir par l’écriture. Ainsi, l’auteur s’efface et il appartient au lecteur de déceler, par le processus de lecture, la voie qui conduit à la vérité. L’article de M. Abramova, «Songe-mensonge et songe-parodie dans le roman de Joanot Martorell Tirant lo Blanc» (221-22), propose une analyse détaillée de deux récits de songe dans cette œuvre catalane du XV e siècle. L’auteure observe que les rêves, inventés par des personnages, servent à parodier le genre de la vision chrétienne et antique grâce à la négation de la vérité du songe et de son caractère mystérieux. La Postface de J.-C. Schmitt, spécialiste reconnu de la question, «Du moi du rêve au je du récit et de l’image» (233-42), fait le bilan de la situation de la vaste matière onirique. En nommant les trois traits dominants des rêves «littéraires» médiévaux (la valorisation des états d’«entroubli», le lien entre le rêve et la «merveille» et la dissociation du «je» du rêveur et du «moi» de l’auteur), J.-C. Schmitt note que la dernière particularité ne caractérise pas que la littérature. Il illustre son propos par le rappel du fait que les images médiévales de rêve ont en propre de juxtaposer dans le même champ iconique l’image d’un dormeur et l’image de l’objet d’un rêve. En s’arrêtant au manuscrit de Cambridge de La Estoire de Seint Aedward le Rei de Matthew Paris, il conclut à l’importance primordiale de la mise à distance du rêve par l’écriture et pareillement dans «la pensée figurative» (242) que réalise le discours iconographique. Les textes et les représentations iconographiques évoqués dans les onze articles témoignent de l’attention que la culture médiévale prête aux rêves, à leur narration, à leurs significations. Combler, ne serait-ce qu’une infime partie des lacunes qui subsistent dans la connaissance du rêve médiéval, telle est l’intention et le mérite des contributions rassemblées dans ce recueil. Olga Shcherbakova ★ Thüring von Ringoltingen, Melusine (1456). Nach dem Erstdruck Basel: Richel um 1473/ 74, 2 volumes édités par André Schnyder et Ursula Rautenberg, Wiesbaden (Reichert Verlag) 2006, 203 et 159 p. Comme d’autres chercheurs, les médiévistes se replient volontiers sur leur domaine de spécialisation, que ce soit la littérature française, allemande, anglaise, ibérique ou italienne. Le cloisonnement imposé dans différents pays - et notamment en France! - aux disciplines par les traditions universitaires nous conduit souvent à négliger le caractère profondément européen de la culture médiévale. Si la circulation des textes latins, que l’on copie partout, s’impose avec la force de l’évidence, les adaptations d’œuvres vernaculaires ne manquent pas, lesquelles témoignent d’un succès bien au-delà des frontières nationales et/ ou linguistiques. La Mélusine de Jean d’Arras, traduite en espagnol, et la Mélusine de Coudrette 1 , tra- 222 Besprechungen - Comptes rendus 1 Cf. J.-J. Vincensini, « Écriture et trajectoire culturelle dans l’Occident médiéval. Le cas des romans de Mélusine », in Cinquante années d’études médiévales. À la confluence de nos disciplines, éd. duite en allemand et en anglais dès le XV e siècle, offrent une illustration privilégiée d’un «transfert culturel» au sens où l’entendent M. Espagne et M. Werner 2 . Faut-il rappeler l’importance de la Melusine du Bernois Thüring von Ringoltingen qui adapte en 1456 le roman en vers de Coudrette et assure à la légende un succès jamais démenti en terres germaniques? . . . Nous invitons ici les spécialistes de la littérature française à découvrir ce que peut leur apporter l’édition de la version imprimée par Bernhard Richel à Bâle en 1473/ 74: les deux volumes publiés sous la direction d’A. Schnyder et d’U. Rautenberg viennent compléter les éditions existantes - celle de K. Schneider (Berlin, 1958), basée sur les manuscrits, et celle de H.-G. Roloff (Stuttgart, 1969) qui reproduit le texte du Buch der Liebe (1587) -, mais comportent aussi d’importants commentaires littéraires et linguistiques. Nous en relèverons les aspects les plus intéressants pour les lecteurs de Coudrette et de Jean d’Arras. Dans le volume I se trouvent le texte de Richel, sa traduction en allemand avec, en regard, les 67 bois coloriés de l’editio princeps d’après l’exemplaire de Karlsruhe et, pour les bois manquants, de l’exemplaire conservé à Berlin. Saluons la décision des éditeurs de respecter le format in-folio de l’incunable bâlois, de sorte que, mettant en évidence les illustrations pleine page, le volume nous rend sensibles au caractère de luxe de l’édition originale. Au-delà du plaisir esthétique, les bois revêtent une importance particulière que Laurence Harf-Lancner (citée par les éditeurs) a déjà signalée au public français: ils ont servi de modèles aux illustrations des versions imprimées du Roman de Mélusine de Jean d’Arras. Si le texte a passé de France en Allemagne, les bois, eux, ont suivi le chemin inverse: les planches de Richel se retrouvent en possession de Martin Huss qui, après avoir été formé à Bâle, s’établit à Lyon (vol. II, 67). En 1480, il publie L’Histoire de la belle Melusine avec des illustrations inspirées de Richel et avec le texte de l’editio princeps d’Adam Steinschaber (Genève, 1478), imprimeur d’origine allemande qui avait déjà utilisé les bois de Richel (vol. II, 69) pour son édition de Jean d’Arras. Le volume II est un volume de commentaires qui, sous bien des aspects, retiendra l’attention des chercheurs que fascine la légende mélusinienne: - Stellenkommentar (A. Schnyder): dans les notes au texte (49-60), on trouve des remarques qui, s’appuyant sur une riche bibliographie (cf. infra) - et notamment les travaux de E. Pinto-Mathieu (Le Roman de Mélusine de Coudrette et son adaptation allemande dans le roman en prose de Thüring von Ringoltingen, Göppingen 1990) -, rappellent ce que Thüring doit à Coudrette, mais aussi ce qui le distingue de sa source et de la tradition médiévale antérieure. Ainsi, A. Schnyder (3) relève l’importance, dans la poétique de Thüring, du terme-clé âventiure, lequel fait écho aux «merveilleuses aventures» 3 évoquées par Coudrette dès son prologue. Le critique souligne à juste titre les différents sens que prend le terme dans le texte allemand et, ajouterons-nous, en français: quand il s’agit des fils de Mélusine et notamment de Geoffroy qui affronte le géant, l’aventure désigne un «combat chevaleresque au service de la communauté» (nous traduisons). Lorsque le roi d’Arménie désire épouser sa tante Mélior et se fait chasser du château de l’Épervier, il déplore sa «mal’aventure» (v. 6172), le mauvais sort qui l’a conduit à l’échec. Dans son cas, l’aventure est une épreuve qui met en cause le seul individu. Mais elle est toujours fon- 223 Besprechungen - Comptes rendus par C. Arrignon/ H.-H. Debiès/ C. Galderisi/ E. Palazzo, Turnhout 2005: 797-808. A. Schnyder et U. Rautenberg n’ont plus pu tenir compte de cet article dans leur bibliographie. 2 M. Espagne/ M. Werner, «Deutsch-französischer Kulturtransfer als Forschungsgegenstand. Eine Problemskizze», in Transferts. Les relations interculturelles dans l’espace franco-allemand (XVIII e et XIX e siècle), éd. par M. Espagne/ M. Werner, Paris 1988: 11-34. 3 Coudrette, Le Roman de Mélusine ou Histoire de Lusignan, éd. par E. Roach, Paris 1982, v. 29. datrice de mémoire (v. 6514), preuve, si besoin en était, de la fascination que l’aventure exerce aussi bien sur le public français qu’allemand. Tandis que Coudrette met en avant l’émulation avec le roman arthurien, Thüring rejoint Jean d’Arras, quand il cite les Psaumes de David afin de légitimer la merveille. On ne s’étonnera donc pas (cf. la note à la p. 29) que les interventions moralisantes du narrateur soient plus importantes dans l’adaptation allemande que chez Coudrette. Thüring introduit par exemple deux sentences de Sénèque qui dénoncent les méfaits de la colère au moment où, perdant toute maîtrise, Raimondin révèle le secret de sa femme. Avec beaucoup d’à-propos, A. Schnyder rappelle à plusieurs occasions (29, 30, 123, 132, 136) l’importance de cette passion qui apparaît aux moments-clés du récit et contribue à en faire un miroir des princes: de l’histoire merveilleuse émerge, en filigrane, une réflexion sur le danger des passions dans l’exercice du pouvoir. Thüring traduit «la fontaine de Soif» (v. 485) par «turstbrunnen». L’homophonie entre la «soif» ( sitis, ‘besoin de boire’) et la «soif» ( saepes, ‘haie’) l’aurait induit en erreur (10). Est-ce vraiment le cas? Le texte de Jean d’Arras témoigne, à notre avis, que la lecture de Thüring était possible, car c’est «pris de grant soif» 4 que le roi Elinas se met à la recherche de la fontaine où il rencontrera Présine. Au Moyen Âge, la soif est une métaphore récurrente du désir amoureux et peut aussi évoquer, dans le sillage du Psaume 41, le désir du chrétien de voir Dieu. On sait la place que prennent les connotations christiques dans les versions françaises de Mélusine: pourquoi seraient-elles absentes de la rencontre entre les futurs époux à la «fontaine de Soif»? De manière générale, les notes représentent, avec le chapitre consacré aux Literarische Aspekte (cf. infra), une excellente mise au point et un débat avec les travaux critiques en matière mélusinienne. Le lecteur appréciera la finesse de bien des remarques qui ouvrent, çà et là, des pistes de réflexion : l’allusion à l’Iwein (28-29) laisse ainsi entrevoir un modèle possible pour le combat de Geoffroy contre le géant, celui de Hartmann dans le cas de Thüring, celui de Chrétien dans le cas de Coudrette, même si ce dernier ne renvoie jamais à l’œuvre du maître champenois. - Thüring von Ringoltingen - ein Lebensbild (V. Bartlome): Thüring von Ringoltingen, le portrait d’une vie (49-60). Nous ne retracerons pas ici la biographie de ce patricien bernois qui fut échevin de sa ville. Un seul fait retiendra notre attention: cet adversaire politique de Charles le Téméraire, qui attendait à Berne des nouvelles de la bataille de Morat (1476), était aussi un admirateur de la cour bourguignonne. De ce point de vue, on ne peut que rappeler (55; cf. p. 5) l’importance du dédicataire de Thüring pour les liens que celui-ci entretenait avec la France et sa culture. Le margrave Rudolf de Hochberg- Neuenburg, de la maison princière de Bade, marquis de Rothelin, a séjourné entre 1440 et 1450 à la cour de Philippe le Bon; c’est grâce à lui que Thüring aura connu le texte de Coudrette. La 84 e nouvelle des Cent Nouvelles Nouvelles est d’ailleurs placée dans sa bouche (55) et ce bref récit se lit, pensons-nous, comme l’envers de la médaille dont les amours de Raimondin et de Mélusine seraient l’endroit. Un maréchal, qui a épousé une femme «devoiée» 5 (dévergondée - n’est-ce pas ce que le comte de Forez reproche à sa belle-sœur? ), la fuit comme le diable, une fois qu’il a reconnu sa vraie nature (féminine et monstrueuse). Au contraire de Raimondin, il est profondément soulagé le jour où son épouse meurt et il renonce - ce que Raimondin fait aussi, mais pour d’autres raisons - à jamais au mariage. 224 Besprechungen - Comptes rendus 4 Jean d’Arras, Mélusine ou la Noble Histoire de Lusignan, éd. et trad. par J.-J. Vincensini, Paris 2003: 120. 5 Les Cent Nouvelles Nouvelles, éd. par F. P. Sweetser, Genève/ Paris 1966: 489. - Die «Melusine» de Thüring von Ringoltingen und der Basler Erstdruck des Bernhard Richel (U. Rautenberg): La «Melusine» de Thüring von Ringoltingen et la première impression bâloise de Bernhard Richel (61-99). De ce chapitre, nous retiendrons surtout une information capitale: Richel (74-75) est le premier à imprimer la légende mélusinienne, juste avant Bämler (Augsbourg, 1474) et avant les éditeurs français. En plus, il publie un nombre plus important de textes en langue vernaculaire que ses concurrents. On lui doit notamment une autre œuvre d’origine française: la traduction des Voyages de Jean de Mandeville, publiée vers 1481. Le chapitre se termine (82-99) par une fort utile présentation des impressions de la Melusine allemande jusqu’au milieu du XVI e siècle en indiquant leur lieu de conservation; des bois, tirés des éditions Bämler (87), Knoblochtzer (90, 92), Knobloch (94), Prüss (95), Hupfuff (96) et Steiner (98) accompagnent ces pages. - Literarische Aspekte des Werkes (A. Schnyder): Aspects littéraires de l’œuvre (115-38). Dans une première partie (Zur Stoffgeschichte, 115-116), l’auteur s’appuie sur les travaux de C. Lecouteux et L. Harf-Lancner pour retracer l’histoire de la légende, de Gautier Map et Gervais de Tilbury à Jean d’Arras, Coudrette et Thüring en passant par Vincent de Beauvais et Pierre Bersuire. Suit un chapitre (Die handschriftliche Überlieferung der deutschsprachigen Melusine, 116), dans lequel A. Schnyder fait une constatation qui mériterait d’être approfondie, car elle témoigne d’une réception radicalement différente du texte de Thüring et de celui de Coudrette: au contraire de la version française, la version allemande n’est jamais associée à des ouvrages de type historique dans les manuscrits. Après un bref résumé de l’œuvre (Der Inhalt des Romans, 117), A. Schnyder (Thürings Melusine - eine Familiengeschichte und eine soziale Geste, 118-20) se penche sur les implications sociales et généalogiques du récit. Ce sont là des aspects que la critique a souvent discutés pour Jean d’Arras et Coudrette. Mais quel pouvait être l’intérêt porté par l’élite bernoise à un récit lignager français? Selon A. Schnyder, celle-ci a vu dans l’œuvre de Thüring un miroir de sa propre vie (avec des mariages arrangés, le souci d’assurer sa descendance et de transmettre ses richesses), une lecture qui suggère à quel point la bourgeoisie au pouvoir et la noblesse européenne partageaient les mêmes valeurs. Un détail: A. Schnyder rappelle judicieusement l’opposition entre Geoffroy, héros solitaire, et ses frères qui partent à deux pour conquérir femme et terre; l’un, faut-il peutêtre ajouter, s’inspire du modèle arthurien, les autres du modèle épique. Cette opposition a des enjeux avant tout littéraires, car elle témoigne du caractère intergénérique du roman que F. Wolfzettel étudie dans un article à paraître. Ce trait est récurrent dans la littérature à la fin du Moyen Âge et relève d’une esthétique goûtée, semble-t-il, aussi bien à la ville qu’à la cour, à Berne qu’en France. Dans le chapitre Zum Bild der Geschlechter im Melusine-Roman (120-25: Aspects masculin/ féminin dans le Roman de Mélusine), A. Schnyder relève l’importance de l’affectivité et des scènes d’intimité chez Thüring. Il y découvre une conception du mariage dont la clé de voûte est l’harmonie du couple. Mais cette harmonie a pour prix, comme l’a souvent signalé la critique, une soumission absolue du mari à l’être faé: la logique du conte merveilleux implique la dévaluation du chef de famille dont le statut dans le récit est en rupture avec la réalité sociale à la fin du Moyen Âge. Il reviendra aux fils de rétablir la hiérarchie habituelle en prenant les rênes du pouvoir dans leurs royaumes et face à leurs épouses qui s’effacent du récit, à peine le mariage conclu. En Allemagne comme en France, les Romans de Mélusine sont traversés par une tension entre le conte (de fées) et l’histoire (la référence). Est-ce bien un «hasard» (121) qui lance le récit en permettant la rencontre entre Raimondin et Mélusine? Le sanglier, avatar des animaux qui, dans la tradition celtique, guident le héros jusqu’à la fée, fait figure - du moins a posteriori, comme A. Schnyder le sug- 225 Besprechungen - Comptes rendus gère en note - de messager de Mélusine: la fée ne confirme-t-elle pas ce que le comte de Poitiers a annoncé à Raimondin ? L’errance du héros témoigne non pas du hasard de la rencontre, mais d’un trouble psychique propice (on se souviendra de la mélancolie de Lanval! ) à la rencontre avec la merveille. Même si Fortune est bien moins présente dans le récit de Thüring que dans celui de Coudrette, Mélusine apparaît dans cette scène comme un avatar de la déesse, voire une figure du destin. Dans Strukturen im Werk (124-33), A. Schnyder passe en revue les différents types de découpage que la critique a appliqués aux romans de Jean d’Arras, Coudrette et Thü-ring. Le schéma mélusinien élaboré par Laurence Harf-Lancner, on le sait, ne concerne qu’une partie du texte. D’autre part, les indications spatiales et temporelles du récit sont trop clairsemées pour permettre une segmentation pertinente de l’ensemble.A. Schnyder propose de se focaliser sur les personnages, démarche qui aboutit à un tableau «générationnel» des aventures (129-31): y sont visualisés les multiples va-et-vient d’une histoire pourtant linéaire puisqu’elle suit la chronologie des événements. Selon A. Schnyder, les principes de la «Mehrsträngigkeit» (132, la pluralité des fils narratifs), de l’«epische Doppelung» (la réduplication épique) et de l’«Einschachtelung» (l’emboîtement d’unités narratives) caractérisent la narration. Il resterait à dégager les enjeux littéraires en expliquant pourquoi, par exemple, la réduplication des aventures vécues par les couples de frères aboutit, chez Jean d’Arras, à une démultiplication d’aventures parallèles. L’opposition entre vers et prose, peut-être pertinente pour les œuvres françaises, ne joue pas dans le cas de Thüring: il écrit en prose, mais respecte le choix de Coudrette qui réduit le nombre d’aventures par rapport à la version de Jean d’Arras. Dans Überlegungen zum Verhältnis von Text und Bild (133-35), A. Schnyder nous invite à découvrir l’imprimé de Richel dans sa matérialité, faisant - comme le font d’autres recherches récentes - de l’objet livre une préoccupation prioritaire. Quand il constate que les bois, qui n’ont pas nécessairement une fonction d’annonce, segmentent le récit et mettent en évidence certains thèmes (notamment les fêtes et les mariages, cf. 136) au détriment d’autres, A. Schnyder nous invite à continuer les travaux entrepris par C. Clier-Colombani et L. Harf-Lancner: l’étude de la fonction des illustrations dans les différents manuscrits et imprimés est loin d’avoir abouti! Dans Zu Sinn und Absicht des Werkes (135-37), A. Schnyder esquisse les enjeux littéraires et idéologiques de la Melusine. Au contraire de ses contemporains, Thüring souligne la delectatio qu’apporte la lecture de son œuvre, passant sous silence l’utilitas dont témoignent pourtant les interventions du narrateur au fil du récit. L’éditeur rejoint en conclusion la critique qui, de plus en plus souvent, souligne l’ambiguïté des récits mélusiniens à la fin du Moyen Âge: qu’il s’agisse de Jean d’Arras, de Coudrette ou de Thüring, leurs œuvres peuvent se lire soit comme une célébration d’un lignage et d’un mode de vie aristocratique, soit comme une dénonciation de l’idéal chevaleresque et, plus généralement, de la vanité des biens de ce monde. Les trois projets ne s’identifient pas pour autant; mais ce n’est pas à une édition commentée de faire la synthèse des différences qui fondent l’originalité respective des trois auteurs. Il suffit (cf. supra) qu’il y soit çà et là fait allusion, au détour d’une page. - Literaturverzeichnis (139-52): la riche bibliographie - complétée par un Index des noms (153-56) et un Index des illustrations (157-58) - se veut exhaustive pour le domaine allemand. Elle tient aussi largement compte des contributions françaises et anglaises, au sujet de Thüring évidemment, mais aussi de Coudrette et de Jean d’Arras. Quelle belle illustration d’une curiosité interdisciplinaire qui mériterait de faire école! Depuis quelques années, on assiste à un véritable engouement pour la légende de Mélusine, de ses origines médiévales à ses avatars les plus récents. La fascination pour le mer- 226 Besprechungen - Comptes rendus veilleux, pour les rapports entre texte et image, font le reste: études, articles et colloques se multiplient. L’édition d’A. Schnyder et U. Rautenberg vient à point nommé offrir au monde académique l’un des textes fondateurs, accompagné de commentaires qui arpentent judicieusement le vaste terrain mélusinien. C’est là un ouvrage de référence: l’apprécierat-on à sa juste valeur en France et dans les pays anglo-saxons, bien qu’il soit écrit en allemand? Jean-Claude Mühlethaler ★ Louis de Saussure/ Jacques Moeschler/ Genoveva Puskas, Tense, mood and aspect: theoretical and descriptive issues, Amsterdam (Rodopi) 2007, 239 p. (Cahiers Chronos 17) This volume presents a selection of 13 papers from the 6 th Chronos Colloquium dealing with both theoretical issues in the study of tense, mood and aspect, as well as specific semantic and syntactic analysis of linguistic expressions dedicated to these domains across a variety of languages, Germanic languages (Dutch, English and German), Romance (French, Catalan, Italian), Slavic (Serbo-Croatian, Czech, Russian), Greek and non-Indo-European languages (Thai, Digo and Kikuyu). The volume starts off with a new proposal by Vet to organise temporal representations, still with coordinates, but without the defects of the classical system used by Reichenbach. In Vet’s approach, a specific tense function can be assumed by more than one tense form. He focuses on French tenses and his proposal includes to make a tripartition into past, present and future from the two perspective points of a past and present, thus resulting in six tense functions (instead of nine from Reichenbach’s system). Vet argues that in French not all tense should be regarded as pure tenses, as some composed forms can be interpreted both as an aspectual form or a temporal one. Same phenomenon with the Periphrastic Futures which also have an aspectual and a temporal interpretation. Smessaert’s article evaluates the aspectual distance, speed and progress of the actual course of events. For this study, he addresses the Dutch paradigm of adverbial expressions that concern the internal structure of events and states, and tries to chart the various constrains on the combination of objective aspectual information and subjective evaluative information. Nicolle conducts a pragmatic analysis of the structural and semantic changes that occur when a movement verb becomes a tense marker through grammaticalization. He describes constructions in English and Digo, a Bantu language, which derive from movement verbs (like Go and V) and behave syntactically like tense markers in these languages, but describe physical movement rather than temporal relations. He suggests that the structural changes that characterise grammaticalization need not result from semantic changes. «He claims that it is subjectification rather than semantic change which underlies grammaticalization in these cases» (62). In «Aspectual interactions between predicates and their external arguments in French», Asnes shows that there is a need to apply an additional set of semantic distinctions in order to determine if an external argument is likely to have an impact on the VP aspect. She claims that these arguments do interact with their predicates, though in a different manner from that of the internal ones. She suggests that this might happen only if there is an iterative homorphism between the external argument and the complex predicate. She reveals that the unique event homorphism cannot trigger that kind of interactions, and identifies eight combinations of features in ditransitive constructions which she discusses with regard to her French corpus. 227 Besprechungen - Comptes rendus Le Draoulec and Bras investigate French alors in the framework of Discourse Representation Theory and address the question of the temporal property of this adverb. They take the work of Hybertie (1996) 1 who distinguishes temporal uses of alors (with or without a consequential value), merely consequential uses (close to donc) and other uses where alors is a kind of structuration marker. They take alors as a possible Temporal Connective, where its position in the sentence (initial vs internal and final) proves to be a crucial parameter.They show that when occupying an initial position, alors always implies a dependency relation - thus has the connective function - while when in internal and final positions, alors has a softer connective constraint because of its dependency on the semantic-pragmatic context. In this latter case, it cannot be considered a real connective. The article ends on suggestions for further analysis of alors when internal or final. This very complex article by Asic addresses several questions about what is a temporal reading of a sentence through an analysis of the spatial prepositions po/ na in Serbian and its role in the interpretation of the imperfective present. The distribution of these prepositions is not restricted to spatial relations as they also implicate a temporal interval interpretation. Na NP represents a static, discreet contact, while Po NP represents a dynamic, yet continuous contact. «The power of prepositions: Is he sleeping now or usually» ends on a comparison of a similar phenomenon in Kikuyu, a Bantu language. Curell and Coll study the aspectual nature of the Catalan present perfect. Based on a recent neo-Reichenbachian approach, this empirical study provides a better understanding of a problem shared by most Romance languages, i. e. the double value of the present perfect: temporal and aspectual. In the corpus analysed, a strong correlation has been found between predicate type (telic or atelic) and perfect reading (resultative or existential). Curell and Coll’s results show that telic predicates have a resultative reading unless they cooccur with a frequency adverb or a quantified NP in which case they end up with an iterative existential reading. Atelic predicates however have an existential reading unless the context in which they are used establishes a clear unmistakable cause-effect relationship between the event they denote and the resulting state the present perfect communicates. Rocci presents a cross-linguistic investigation of the interaction between epistemic modality and questions in Italian. After drawing a general picture of the compatibility of markers of epistemic modality in Italian with questions, Rocci considers the «che + subjunctive» interrogative construction as a specific marker of epistemic modality and inferential evidentiality in questions. In order to characterize its semantics and to argue for its status of a non-compositional construction, Rocci compares and contrasts it with epistemic predicate credere, the epistemic-inferential future in Italian, and the French inferential conditional. Rocci concludes by showing how Congruity Theory «can be used to represent straightforwardly in terms of a predicate-argument frame the constraints imposed by such a construction on the structure of the dialogue» (131). Meinunger analyses the German subjunctive and argues that many occurrences of dependent V2 clauses in German can be found where an assertive speech act is hard to argue for, especially when using the subjunctive mood «Konjunktiv». He proposes, using a large quantity of examples, that something weaker than assertion is of concern. He maintains that the use of V2 has to do with an attitude of the speaker and not of a third individual (usually expressed as the subject of the matrix clause). He claims that the role of V2 is to introduce new information. In their article, Roels, Mortelmans and van der Auwera contrast the use of German conjunctive (both in its synthetic and analytical form) with the Dutch modal preterit and zou-infinitive. They give an overview of the contexts in which the Dutch «modal» con- 228 Besprechungen - Comptes rendus 1 C. Hybertie 1996: La conséquence en français, Paris. structions appear, paying particular attention to their respective conditions of use.Although zou still shows traces of its origin as a modal verb in some of its uses, one cannot simply equate the German conjunctive with Dutch zou. In «Slavic verb prefixes are resultative», Arsenijevi ú argues that all event-modifying SV- Ps behave in the described way, especially in being resultative. He discusses verb prefixes in Serbo-Croatian and Czech which have a complex two-fold function that combine with their status of semantic predicate modifiers. He develops an analysis in which all-event-modifying prefixes in Slavic languages are related to the predicate of the result of the eventuality, which is usually specified by the resultative component of the meaning of the verb. This is not unexpected considering their aspectual effects and effects on argument structure. In «The acquisition of aspect in child Greek», Delidaki investigates the role of four semantic features (telicity, duration, frequency and completion of a telic event) in the choice of tense and grammatical aspect in the production of 28 Greek-speaking monolingual children and 25 adult native speakers of Greek through six events that the subjects of the study have to report. She applies to Greek the methodology Bronckart and Sinclair (1976) 2 used for French. She shows that lexical aspect influences the choice of tense and grammatical aspect, that duration influences choices mainly when an atelic verb is encountered, with the nuance that adults show however some influence of duration with telics. She also shows that there is a duration limit of «3 seconds» attributed to events below which atelic verbs will be used by children with a past perfective and above which present is selected. Frequency plays a role in the choice of tense for younger group of children. In the last article, Srioutai analyses a Thai marker, cla,which is generally compared to the English will, as in effect cla behaves like will regarding its epistemic and temporal values. However she suggests that cla is more adequately analysed as a modal marker rather than a tense marker. She argues that because it does not stand for the future tense, this confirms that cla is represented in Discourse Representation Theory, since in the absence of adverbs the Discourse Representation Structure could not be completed. She stresses the fact that although a full account for the various types of uses cla can have is proposed as a promising hypothesis that must be further explored and validated. This volume provides a very specialised collection of different and yet very specific aspects of Tense and Mood in European and non-European languages. These articles are of particular interest, especially to experts in the field of Tense and Aspect, as the research presented in this volume, although many of them conclude on the need for more research and analysis, are very specialised. The papers in this volume represent a significant theoretical import. Strong variation are explored and cross-linguistics convergences are investigated. On the whole the volume invites the reader to reflect on topics such as grammaticalization, presuppositions, questions in dialogue, illocutionary acts and acquisition. This is not a volume for linguistics novices, as a lot of theoretical research are referred to, but not explored in detail. A minor defect is typographical errors found in the entire volume, and firstly on the second line of the introduction. Generally speaking most articles have some mistakes with the language or spelling, which sometimes makes it quite hard for non-English speakers to understand the analyses. Isabelle Lemée ★ 229 Besprechungen - Comptes rendus 2 J. P. Bronckart/ H. Sinclair 1976: «Time, Tense, and Aspect», Cognition 2/ 1, 107-30. Catherine Bolly/ Jean René Klein/ Béatrice Lamiroy (ed.), La phraséologie dans tous ses états. Actes du colloque «Phraséologie 2005» (Louvain-la-Neuve, 13-15 octobre 2005), Louvain-la-Neuve (Peeters), 2005, 324 p. (Cahiers de l’Institut de linguistique de Louvain 31) L’initiative des organisateurs du colloque «Phraséologie 2005» de réunir dans un volume les communications des participants mérite d’être saluée. Au-delà de la qualité scientifique des interventions, le mérite le plus important de l’ouvrage est de remettre au goût du jour le problème des unités phraséologiques si longuement débattu par les linguistes. Ce volume propose uniquement les communications présentées en français lors du colloque; les contributions en anglais ayant en effet été réunies dans un autre tome qui, au dire des coordonnateurs, paraîtra ultérieurement. Le titre du recueil nous paraît bien choisi et suggestif car il laisse entendre que les intervenants du colloque ont étudié les unités phraséologiques sous plusieurs aspects. Pour des raisons scientifiques, les contributions du volume ont été réparties en trois sections: la première est consacrée aux repères théoriques (Théorie); la deuxième vise l’interprétation détaillée des faits de langue (Applications) tandis que la dernière regroupe les posters présentés (Posters). Dans la première partie, Pierre Frath et Christopher Gledhill tentent, dans leur communication intitulée «Qu’est-ce qu’une unité phraséologique? », de trouver une réponse à cette question en s’appuyant sur les principales attitudes linguistiques liées à cette thématique (descriptivisme, syntaxe, référence, sémantique conceptuelle, etc.). Selon eux, le mystère de l’unité phraséologique «réside dans son figement variable, qui la distingue des mots simples et des phrases discursives» (23). En fait, il s’agit sans doute d’une «entité référentielle à géométrie variable au sein d’un continuum d’expressions référentielles qui vont de l’unité lexicale à la phrase en passant par l’unité phraséologique, puis au paragraphe et au texte entier» (24). Dans leur intervention «Le choix de l’article indéfini de vs des dans les noms composées en français», les linguistes japonais Itsuko Fujimura et Hiroshi Nakao s’arrêtent sur un type particulier de mots composés, ceux qui sont constitués d’un article, d’un adjectif épithète et d’un nom (une bonne condition vs de bonnes conditions). Dans leur analyse, il s’appuient sur l’information mutuelle et sur un grand nombre d’exemple judicieusement choisis, afin d’observer quelles sont les conditions qui favorisent le choix entre de et des (27-44). Très connu pour ses contributions sur le figement lexical, Gaston Gross continue ses recherches éclairées dans ce domaine, en nous offrant quelques «Réflexions sur le figement» (45-61) et des analyses détaillées concernant le comportement de certaines locutions. Il réalise aussi une bonne étude contrastive des adverbes, des prépositions, des con-jonctions, des adjectifs et des noms français et allemands. Gaston Gross conclut que, dans le domaine du figement lexical, il manque bien souvent «la précision des analyses» (60). Dans son étude «Le diable et le Bon Dieu: Rencontres phraséologiques entre marginalisation et grammaticalisation», Françoise Hammer se penche sur le système blasphématoire du français et essaie de trouver une explication pour la constitution et la régénération des unités de ce type à l’intérieur de la langue française (63-75). Jean René Klein et Béatrice Lamiroy («Relations systématiques entre expressions verbales figées à travers quatre variétés du français») réalisent une analyse «contrastive» des variétés de français. En fait, ils présentent un large projet dont le but est d’élaborer un dictionnaire des expressions de la francophonie (projet BFQS: Belgique-France-Québec- Suisse). Les auteurs cherchent à définir des critères pertinents pour la sélection des unités phraséologiques pour réaliser un inventaire aussi complet que possible (77-92). Aude Lecler («J’ai la mémoire qui flanche, Je m’en souviens plus très bien . . . Le défigement: réinvestissement et réinitialisation dans le cycle phraséologique») et Dominique 230 Besprechungen - Comptes rendus Legallois («Du bon usage des expressions idiomatiques dans l’argumentation de deux modèles anglo-saxonnes: la grammaire de construction et la grammaire des patterns») reconsidèrent la question du rapport qui existe entre lexique, sémantique et grammaire et proposent des solutions pour l’interprétation des faits de langue. La deuxième partie du volume intitulée Applications est constituée de quelques contributions plus ancrées dans la réalité linguistique. Une grande partie des interventions qui la composent sont contrastives; elles s’intéressent en effet aux similitudes entre plusieurs langues et traitent toutes du français. Peter Blumenthal trace un «Profil combinatoire des mots: analyse contrastive» (131- 48). Pour l’auteur qui est bien familiarisé à la fois avec le français et l’allemand, la «comparaison des profils de mots à première vue équivalents dans [ces] deux langues . . . permet de déterminer jusqu’où va leur correspondance» (146). Catherine Bolly («Séquences (semi)figées et constructions récurrentes avec le verbe à haute fréquence prendre en FL1 et FL2») propose une analyse détaillée du fonctionnement du verbe prendre en français langue première (FL1) et en français langue seconde (FL2), toujours du point de vue de son figement (149-67). Anne Dister, Cédrik Fairon et Patrick Watrin («Recherche d’expressions figées du français en Belgique. Méthode et observations») appliquent une méthode intéressante pour identifier les expressions figées du français employé en Belgique, ce qui leur permet aussi «d’obtenir une information plus précise de la vitalité des expressions figées dans le corpus» (181). Ces auteurs travaillent à partir de la même base de données que Jean René Klein et Béatrice Lamiroy (BFQS). Dans sa contribution «Prêt-à-parler. Les conséquences préfabriquées en français parlé L2 et L1», Fanny Forsberg esquisse d’abord le cadre théorique de son étude, puis expose sa méthode de recherche qui lui permet de démontrer que la quantité des séquences préfabriquées (SP) «augmente à mesure que l’apprenant avance» et «que la fonction principale des SP en français parlé L2 et L1 est une fonction discursive» (193). Cette contribution mériterait sans doute d’être mise en relation avec celle de Catherine Bolly. Michela Murano choisit pour point de départ de sa contribution «La phraséologie dans les préfaces des dictionnaires bilingues français-italien, italien français: entre valorisation du dictionnaire et problématisation» (197-213), les préfaces des dictionnaires bilingues franco-italiens/ italo-français (parcours diachronique et synchronique). Elle les analyse du point de vue terminologique, en insistant surtout sur la façon dont sont perçues et définies les unités phraséologiques. Elle révèle que les auteurs contemporains accordent dans les préfaces une place plus importante «à l’explicitation du traitement lexicographique de la phraséologie» (209) que ne le faisaient les auteurs plus anciens. Les expressions idiomatiques françaises et allemandes sont attentivement analysées dans une étude contrastive de Sophie de Pontonx: «Expressions idiomatiques françaises et allemandes: vrais et faux amis. Une aide à l’apprentissage des phrasèmes». L’auteure observe qu’assez souvent les faits de langue ne sont pas très bien traduits ou que les traducteurs n’usent pas toujours des meilleures solutions. Elle soutient qu’il est nécessaire de «disposer d’un ouvrage spécialisé qui permette un emploi juste des phrasèmes» (229). Le thème de l’acquisition d’une langue étrangère à travers les unités phraséologiques constitue le sujet de la contribution de Krista Segermann intitulée «Les unités phraséologiques comme unités d’apprentissage dans l’enseignement du français langue étrangère» (233-45). Pour l’enseignement des langues, l’auteure propose de tenir un peu moins compte de la grammaire et de tenter une approche par l’intermédiaire des expressions qui, semblet-il, conviendraient mieux aux besoins du locuteur, y compris aux élèves ou aux étudiants. Dans sa conclusion, Krista Segermann élargit le débat et se demande si «cette démarche est applicable à la seule langue française ou si elle convient également à d’autres langues» (244). 231 Besprechungen - Comptes rendus Le traitement semi-automatique des collocations lexicales constitue l’objet de l’étude d’Agnès Tutin: «Collocations du lexique transdisciplinaire des écrits scientifiques: annotation et extraction des propriétés linguistiques dans la perspective d’une application didactique» (247-62). Pour analyser les collocations, l’auteure choisit les techniques simples TAL qui présentent l’avantage d’être facilement utilisables et qui semblent offrir de bons résultats. Ces applications «supposent néanmoins l’annotation de très grosses bases textuelles et une annotation lexicale fine de tous les types de collocations» (260). La dernière étude du volume est celle d’Henri Zinglé: «Extraction et formalisation d’unités phraséologiques» (263-72). L’auteur dévoile quelques-uns des principes nécessaires à la rédaction d’un Dictionnaire combinatoire du français (DCF). Dans les pages de son article, il présente les avantages mais aussi les difficultés rencontrées lors de l’élaboration d’une base de données avec l’objectif de mieux interpréter les faits de langue, non seulement d’un point de vue structural mais aussi sémantique: «Dans la même veine, nous avons relevé, dans un roman traduit la rue était peuplée de restaurants; cette erreur peut-être détectée et signalée au rédacteur, dans la mesure où le verbe peupler ou l’adjectif peuplé impliquent la présence d’êtres vivants. Peuplé suggérant ici que les restaurants sont en grand nombre, on peut orienter la recherche de solutions autour de nombre de/ nombreux/ en grand nombre etc» (271). Les Posters (271-321), au nombre de cinq (Maria Celeste Augusto, «Sourd comme une porte ou sourd comme une caille? - Une approche contrastive des expressions phraséologiques de type comparatif en portugais et néerlandais»; Grazia Biorci/ Monica Cini, «Tirare sù un bambino: l’élever ou le soulever? Aspects phraséologiques dans les verbes syntagmatiques»; Thierry Pagnier/ Sandrine Reboul-Touré, «L’enseignement des unités phraséologiques: un parcours entre langue, discours et culture»; Sophie Piérard/ Yves Bestgen, «Identification automatique des marqueurs globaux du discours par l’analyse des expressions récurrentes»; Freiderikos Valentopoulos, «Pour exprimer son état émotionnel en grec: le cas des locutions verbales»), illustrent la constitution des unités phraséologiques dans différentes langues européennes ou offrent des solutions pour une meilleure acquisition des unités phraséologiques. Toutes les communications que nous avons présentées ci-dessus témoignent des similitudes qui existent dans les langues au niveau structural. Les ressemblances enregistrées représentent en fait des structures rencontrées dans chaque langue. Tout au long de ce recueil, les auteurs nous ont fait découvrir des voies d’accès pour une meilleure compréhension des unités phraséologiques qui continuent à intéresser les linguistes mais aussi les informaticiens. Bref, nous avons sous les yeux un véritable guide à l’usage de ceux qui désirent comprendre le fonctionnement et l’utilisation des phrasèmes. Adrian Chircu ★ Rika van Deyck/ Rosanna Sornicola/ Johannes Kabatek (ed.), La variabilité en langue. I. Langue parlée et langue écrite dans le présent et le passé, Gand (Communication & Cognition) 2004, 284 p.; La variabilité en langue. II. Les quatre variations, Gand (Communication & Cognition) 2005, 410 p. I due tomi raccolgono il frutto di programmi Erasmus/ Socrates tenutisi alle Università di Napoli Federico II (1997) e di Gand (2001), con la partecipazione di studiosi di diverse università di più paesi europei occidentali riuniti come «gruppo dia» al fine di studiare diversi aspetti della variazione nella lingua. I volumi sono caratterizzati da una spiccata attenzione alle questioni diacroniche (talché una parte dei lavori si configura come vera e propria fon- 232 Besprechungen - Comptes rendus dazione di una sociolinguistica romanza storica, o meglio ancora di una linguistica varietistica della lunga diacronia), e sono entrambi aperti da un contributo postumo di Eugenio Coseriu, al cui insegnamento sono specialmente debitori gli approcci proposti nei volumi: «Mon Saussure», redatto da J.-P. Durafour a partire dalle versioni inglese e spagnola di un articolo dello stesso titolo e da note manoscritte del compianto maestro, e «Le latin vulgaire des romanistes», redatto da B. García-Hernández a partire dalla registrazione di un intervento a Gand nel quadro del programma suddetto, e che costituisce una specie di testamento scientifico coseriano sulla dibattuta questione del latino volgare. Nel primo volume troviamo, dopo il saggio su Saussure anzidetto, otto contributi incentrati da varie angolature sulle questioni del rapporto fra parlato e scritto e sui caratteri dell’uno e dell’altro nella sincronia o, prevalentemente, nella diacronia: N. De Blasi sulla visione dell’italiano parlato nella scuola fra Ottocento e Novecento, R. Librandi su testi di scrittura semicolta e privata nell’Italia preunitaria, L. Minervini sulla prospettiva del parlato nello studio della lingua franca mediterranea, E. Radtke sulla pragmalinguistica storica del francese, B. Schlieben-Lange su «les hypercorrectismes de la scripturalité», R. Sornicola sugli schemi di ordine VS nelle frasi principali in latino e nelle lingue romanze, A. Varvaro su dialettologia medievale e testi scritti, M. Voghera sulla distribuzione statistica delle parti del discorso nel parlato e nello scritto. Vi sono poi due contributi su questioni di sintassi diacronica del francese (U. Jokinen sulla variazione del sintagma nominale in francese medio e R. van Deyck sulla sintassi pronominale a partire da esempi di F. Villon), e uno di dialettologia sulla variazione diatopica nel catalano di Andorra (L. Rabassa). Il secondo volume, aperto come abbiamo detto dall’altro saggio postumo di E. Coseriu, è ricco di ben ventitré contributi, alcuni brevi e su temi molto specifici e puntuali, altri più estesi e impegnativi. Delle «quattro variazioni» del titolo (i. e. diacronia, diatopia, diastratia, diafasia), fa la parte del leone la variazione diacronica: su problemi di variabilità nella diacronia si soffermano infatti M. Banniard, con un contributo propositivo di carattere metodologico sull’approccio alla lunga diacronia del passaggio fra latino e lingue romanze; P. Ingelbrecht, con un esercizio di analisi di esclusivo interesse filologico (su cuer in Berte aus grans pies di Adenet le Roi); J. Kabatek, con un notevole saggio (versione francese di un articolo già pubblicato in Romanistisches Jahrbuch) sul ciclo dell’articolo in un gruppo di varietà romanze; H. Petersmann, con un lavoro postumo sulla diacronia della standardizzazione e destandardizzazione del latino; A. Roose, con note sulla lingua di Montaigne; ancora R. Sornicola, con un’ampia e impegnativa panoramica sulla sintassi e semantica dei pronomi soggetto in prospettiva diacronica; M. van Acker, con osservazioni sulla «communication verticale» all’epoca merovingica; Ph. Verelst, con puntualizzazioni su una chanson de geste poco studiata, Maugis d’Aigremont; nonché un nuovo intervento di U. Jokinen (cf. volume precedente) sul sintagma nominale (non determinato) in francese medio.A questa serie di lavori con focus diacronico si aggiunge un mazzo di contributi dialettologici in sincronia: M. Contini, J.-P. Lai e A. Romano su curve intonative in dialetti romanzi; Ch. De Wulf e S. Impens, con un breve intervento su dialect mapping e dialettometria; L. Molinu sulla struttura sillabica in sardo; G. Pianese sulla variabile -llnell’isola d’Ischia; T. Zuttermann su vocali toniche e nasalizzazione nel patois di Guascogna. Molto ben rappresentate sono tuttavia anche la speculazione e l’analisi variazionista in sincronia, con interventi di: C. Blanche-Benveniste sulla specificità dell’oralità; B. Cabezudo Raimundo sulla giustapposizione nel parlato e nello scritto; C. Denux sui regionalismi lessicali nel francese parlato del Carcassonese; G. Hellemans su lingua parlata e lingua scritta nelle elaborazioni teoriche di Coseriu; M. Maorad Montañés sulla variazione nel comportamento dei complementi satelliti del sintagma nominale in spagnolo contemporaneo; M. Roché sulla variazione in morfologia derivazionale; e infine P. Wunderli sulla col- 233 Besprechungen - Comptes rendus locazione dello stile e della stilistica nei modelli variazionisti. Non mancano infine un paio di interventi di altra natura: O. Du Pont con una decina di pagine sulla traduzione come banco di prova per la teoria linguistica, e M. A. Martin Zorraquino con un vivace bilancio dell’insegnamento della variabilità e della sociolinguistica dello spagnolo all’Università di Saragozza. L’insieme dei lavori, pur nella sua innegabile eterogeneità (evidente soprattutto nel secondo dei volumi), reca un apporto senza dubbio significativo al progresso degli studi in linguistica romanza, sia in prospettiva più spiccatamente sociolinguistica che in prospettiva di teoria, descrizione e linguistica storica. In particolare, fra gli altri, Radtke fonda sulla base di un esame delle manifestazioni della politeness e delle realizzazioni dell’atto linguistico del salutare in francese la necessità di una pragmalinguistica storica; mentre Sornicola mostra con puntigliosità e ferrata analisi dei dati nel suo primo contributo il carattere pancronico della «proprietà strutturale di lunga durata» alla radice, in latino così come nelle lingue romanze moderne, dell’ordine apparentemente marcato VS; invece nel secondo arriva a negare tale natura di pancronicità a un altro fatto che pur manifesta una notevole costanza fra il latino e le lingue romanze, vale a dire l’insieme dei fattori che paiono governare l’emergenza strutturale e discorsiva dei pronomi personali soggetto: si tratterebbe infatti di strutture che, pur presenti lungo tutto l’arco temporale considerato, «con una loro conformazione peculiare . . . sono di alcuni tempi e di alcuni luoghi, sottostanno cioè ancora al vincolo della storicità» (vol. II, 333; corsivo nell’originale; in questo contributo parrebbero forse meglio adeguati i termini di pleonasmicità e di Complementatore rispetto a quelli di «pleonasmaticità» e «Complementizzatore» che troviamo a p. 330 e rispettivamente 332). Il contributo di Kabatek, nel suo disegnare un percorso di progressiva grammaticalizzazione dell’articolo (a p. 157 viene anche proposta una scala di implicazione fra la realizzazione zero estesa a tutti i contesti o presente solo in contesti molto specifici che vede il francese occupare la posizione più avanzata e il portoghese brasiliano quella più arretrata, con lo spagnolo e il portoghese europeo in posizione intermedia), fornisce anche utili puntualizzazioni circa il rapporto fra «évolution linéaire normale» e presunta perturbazione dovuta al contatto linguistico nei processi di grammaticalizzazione (sarebbe stata da evitare, in questo contributo, qualche inaccuratezza tipografica: a p. 143 il salto di quasi un’intera pagina bianca prima di una tabella, e a p. 141 una cattiva disposizione del testo nella seconda riga della tabella). Roché delinea con dovizia di esempi una dettagliata classificazione dei tipi e delle forme di variazione che si rintracciano nella morfologia derivazionale, dove è facile ricadere presto nella problematica della stessa definizione di che cosa sia un’unità lessicale, concettualmente necessaria come invariante in base a cui stabilire i caratteri delle variazioni (anche in questo contributo disturba un po’ la trascuratezza tipografica che fa sì che a p. 261 le trascrizioni fonetiche in IPA, altrove correttamente riportate, siano rese con caratteri dell’alfabeto greco o con altri simboli). Concludiamo questa degustazione molto parziale, che fa necessariamente torto a parecchi contributi meritevoli di segnalazione, con la menzione di un saggio assai rilevante per la stessa teoria generale della variazione, quello di Wunderli, che discute con maestria la collocazione dello «stile» nei modelli di variazione o varietà della lingua: prendendo le mosse dalla considerazione ballyiana della stilistica, che sembra già prefigurare l’enucleazione della quarta dimensione di variazione, quella diafasica, l’autore ne esamina la posizione nella concezione di Coseriu e in alcuni modelli delle dimensioni di variazione linguistica, argomentando adeguatamente per arrivare a concludere (391) che «une conception prototypique de la variation et du style satisfait mieux qu’une conception taxonomique». Gaetano Berruto ★ 234 Besprechungen - Comptes rendus Eva-Maria Thüne/ Simona Leonardi/ Carla Bazzanella (ed.), Gender, Language and New Literacy. A Multilingual Analysis, London-New York (Continuum) 2006, x + 236 p. Se la lingua in misura più o meno ampia riflette la cultura e la società, come pare sia indubitabile, ed in particolare è la parte esterna della lingua, il lessico, a costituire l’immediata interfaccia della cultura e della società, è ovvio che sia i tratti più apprezzabili che quelli meno commendevoli di una cultura e una società appaiano riflessi in una lingua, e in particolare nel lessico di quella lingua. È su questa constatazione, di per sé altrettanto vera quanto banale, che si innestano i numerosi lavori nel solco della «linguistica femminista», volta a rintracciare nella lingua la discriminazione e subordinazione sociale a cui in maggiore o minor misura le donne sono soggette nelle diverse culture. Il presente volume, frutto della collaborazione di diciassette autrici (comprese le tre curatrici E.-M. Thüne, S. Leonardi e C. Bazzanella) e due autori, è un bel contributo a questa corrente di studi, e nasce dallo sviluppo di un precedente lavoro in cui era inizialmente concretizzata l’idea di un’analisi comparata del trattamento delle questioni attinenti al genere come vengono categorizzate nei software dei media elettronici in lingue diverse (da qui nel titolo il riferimento alla «new literacy»). Rispetto all’indagine precedente, non sono rappresentati nel presente volume il francese e il danese, ma sono ripresi l’italiano (M. Manera e C. Bazzanella), lo spagnolo (P. Guil) e l’inglese (C. Bettoni), e la gamma di lingue considerate viene estesa a ceco (S. C mejrková), neerlandese (I. van Alphen e A. Corda), tedesco (E.-M. Thüne e S. Leonardi), greco moderno (M. Katsoyannou e D. Goutsos), polacco (J. Miecznikowski), portoghese (M. A. Marques), ebreo moderno (Z. Livnat), ungherese (M. Nagy e V. Patti), turco (M. Castagneto e R. D’Amora) e cinese (A. Ceccagno). Tutti gli articoli sono in inglese, e hanno in comune l’obiettivo di analizzare il «pregiudizio androcentrico» che pervade le rappresentazioni lessicali delle lingue storico-naturali; a questo scopo, prendono in esame il trattamento dei lessemi aventi a che fare con uomo e donna, con il maschile e con il femminile, nei Thesauri dei programmi computazionali Microsoft Word disponibili nelle tredici lingue (per il cinese, Microsoft Pinyin IME 2003). Ogni contributo contiene una discussione della categorizzazione di genere nella lingua presa in considerazione e un’analisi delle entrate del Thesaurus elettronico connesse con il genere e il sesso. Quella proposta nel volume non è quindi tanto un’analisi multilingue, come recita il sottotitolo, ma piuttosto un’analisi di molte lingue (crosslinguistic più che multilingual). In generale, proprio per la ragione che si è detta, gli autori hanno buon gioco a sciorinare il maschilismo linguistico prevalente anche nei più moderni ritrovati tecnologici on-line e a trovare nel lessico di ciascuna delle lingue considerate innumeri esempi di subordinazione della donna nelle sfere lessicali designanti esseri umani e nell’assegnazione del genere ai lessemi: una constatazione più volte ritornante è per es. che i sinonimi e termini connessi presenti nei Thesauri sono molto più numerosi per i termini che si riferiscono al sesso maschile che non per quelli che si riferiscono al sesso femminile, e che l’assegnazione e la spiegazione dei significati vi obbedisce a una «general male-dominant attitude, which reflects a common view of male superiority and female subordination», in cui la donna «is not presented as an ‹individual› in her own right, but only in relation to others» (13). Una forte componente ideologica è inevitabile in approcci di questa natura, e contrassegna come si vede anche la presente raccolta di saggi, che si prefigge di svelare e mettere in luce il sessismo più o meno aperto presente nelle lingue e di poter contribuire in tal modo a ridurne la portata, costituendo un tassello nell’emancipazione di quello che da molti punti di vista può essere equiparato a una minoranza svantaggiata, appunto l’universo femminile. Però, dire che la lingua è sessista in realtà è affermazione priva di senso: sarebbe come dire che la lingua è (o non è) comunista, aziendalista, qualunquista, e via discorrendo. Semmai, sono gli usi che i membri di una cultura e società fanno della lingua e i 235 Besprechungen - Comptes rendus modi in cui ne utilizzano le codificazioni semantiche che devono essere spesso tacciati di veicolare discriminazioni e di perpetuare un mondo concettuale ostile alle donne. C’è da domandarsi quindi se agire sullo strumento linguistico, mostrandone l’intrinseca ineguaglianza di trattamento di uomo e donna incardinata nel lessico e in categorie morfologiche, e argomentando per un suo superamento attraverso un intervento con mezzi linguistici e lessicali, risulti davvero efficace nei confronti del problema che intende affrontare e risolvere. Ciò che deve cambiare, perché cambino i ruoli e gli status di uomini e donne nella società e le relative assunzioni di stereotipi socioculturali, e quindi le rappresentazioni che ne rendono le lingue, è in primo luogo la società: ed è per lo meno dubbio che si possa mutare la società agendo sulla lingua. Chi scrive si rende conto, beninteso, di parlare da un pulpito sospetto, essendo per forza di cose rappresentante della metà avvantaggiata dell’umano universo; ma, pur consci di remare in tal modo contro la corrente oggi dominante in molta sociolinguistica, che vede la lingua come creatrice essa stessa (e non come riflesso) del contesto semantico e interpretativo e della realtà sociale, accetteremmo pertanto la recisa affermazione programmatica di S. Romaine riportata a rinforzo della prospettiva adottata nel volume a p. 3 dell’Introduzione che «Language plays an active role in the symbolic positioning of women as inferior to men. It both constructs and perpetuates that reality» solo a patto di eliminarvi «active» nella prima proposizione e «both constructs and» nella seconda. La discussione generale del quadro di riferimento non intende togliere meriti al presente volume, che anzi si qualifica come una delle migliori cose sinora prodotte nel settore, anche per il carattere molto mirato e sistematico dell’indagine. Infatti ogni capitolo dedicato a una singola lingua è articolato in quattro parti: uno schizzo generale della marcatura di genere in quella lingua; un sintetico sguardo alla struttura sociale retrostante in termini della posizione di uomo e donna e all’eventuale riforma intrapresa quanto alle questioni di genere; un’analisi del Thesaurus per quel che riguarda i termini di parentela, i termini di referenza personale e di allocuzione, i termini occupazionali e i titoli professionali; e una specifica conclusione parziale. Nell’Introduzione le tre curatrici presentano e discutono con gran competenza e chiarezza le tematiche sottese al problema del genere nella lingua. Un punto illuminato bene a questo proposito, e che ritorna in tutti i contributi, è la questione delle designazioni iperonime androcentriche (del tipo gli uomini per gli esseri umani), con particolare riguardo agli pseudo-generici, o falsi generici, che veicolerebbero il pregiudizio maschilista. L’esempio ripreso, a p. 4, da Holmes di taxman, dove man «actually signals ‘male’ in the minds of many speakers», impone tuttavia la distinzione fra significato e enciclopedia e la considerazione del carattere prototipico della semantica di molte designazioni di categorie, entrambe spesso e volentieri trascurate negli studi sulla discriminazione linguistica di genere: è verissimo che per molti, se non tutti, i parlanti taxman evoca un uomo, ma questo è chiaramente dovuto al fatto che l’immagine prototipica connessa alla categoria esattore delle imposte è quella di un uomo, e non per ragioni inerenti al sistema linguistico e alla codificazione che questo impone alla realtà extralinguistica (e così a p. 6 per architect che rimanda a un uomo e secretary che rimanda a una donna). Spesso sono appunto le immagini prototipiche associate a una categoria (cioè un noùmeno psicosociale) che proiettano sui lessemi generalizzazioni non equalitarie. La segnalazione a p. 5 che anche in un termine non marcato semanticamente per genere come people sia stato scoperto un certo grado di pregiudizio maschilista inoltre può essere addotta semmai a prova che la discriminazione non è un fatto linguistico, invece che dimostrare ulteriormente che l’androcentrismo permea la lingua in ogni suo scomparto (altra prova del fatto che la discriminazione sessista sia svincolata dalla lingua in quanto tale è quanto sottolineato nella stessa pagina: che lingue totalmente prive di manifestazione morfologica del genere - nel campione considerato, turco e cinese - 236 Besprechungen - Comptes rendus possono tuttavia permettere la costruzione di messaggi compromessi per genere attraverso diversi mezzi linguistici). Una ricaduta significativa delle analisi condotte sta nel rilevamento di numerosi errori, incongruenze e imperfezioni nei Thesauri di Microsoft Word. Citiamo per tutte la giudiziosa conclusione di C. Bettoni, autrice del capitolo sull’inglese (75): «Is it really appropriate to use the term ‹sexist› to describe a word-processing instrument which can assign top secretary the sole meaning of desk, forget to mention a female referent among the synonyms for millionaire, treat mother only as a verb, and father only as a noun with the sole meaning of priest? Rather than being ‹sexist›, it is simply a badly conceived instrument». Ma una lettura analitica di tutti i contributi, in un lavoro che è mirabilmente ricco di analisi empirica, e che contiene molte cose notevoli, fuoriesce dall’ambito di una normale recensione. Ci limitiamo a citare il contributo sul cinese, di A. Ceccagno, che appare particolarmente interessante in ragione delle caratteristiche stesse della lingua, isolante e perciò da considerare neutrale quanto al genere, e con una scrittura ideografica (e in ragione quindi anche della specificità del word-processor Microsoft ad essa dedicato). Questo consente un duplice originale approccio, prima dall’input grafico (come sono rappresentati nei caratteri i fatti sensibili al genere) e poi esaminando i mezzi che ha, e usa, il cinese per codificare lessicalmente il genere, anche interrogando il data-base lessicale Hownet; dall’analisi risulta fra l’altro che persino un termine generale del tutto non-marcato semanticamente per genere come rén «persona» viene ad essere spesso usato in maniera tale da implicare di fatto il riferimento a «uomo». L’autrice può quindi facilmente concludere (228) che anche il «Chinese, a potentially gender-free language, is in actual fact governed by socio-cultural . . . assumptions and expectations about the relationship between women and men, and therefore can be gender-biased» (il che è anche una riprova, se ce ne fosse bisogno, di quanto si diceva qui all’inizio, che il sessismo non è un fatto in sé linguistico, ma è indipendente dal sistema linguistico). È doveroso in una recensione segnalare piccole pecche in singoli punti del lavoro (tutt’altro che numerose, va detto: la competenza tecnica mostrata nei vari contributi è per lo più ineccepibile). A p. 6, riga 8, presumibilmente manca qualcosa come particles fra «separate» e «that specify». A p. 10, un recensore supercilioso può notare che l’elenco delle famiglie a cui appartengono le lingue esaminate non è propriamente «from a typological point of view», ma sarebbe, trattandosi appunto di famiglie e non di tipi linguistici, piuttosto «from a genealogical point of view»; e che classificazioni come «Semitic family» e «Finno-Ugric family» si pongono più precisamente a un livello inferiore che quello di famiglia che appare nello stesso elenco in «Indo-European family», «Sino-Tibetan family», ecc., trattandosi di sottofamiglie o rami (rispettivamente della famiglia afro-asiatica e di quella uralica) e non di famiglie o stocks. Non è chiaro che cosa voglia dire (a meno che non vi sia un «semantic» usato erroneamente), a p. 38, che «in the analytical structure of English, gender is already a purely semantic category . . . and has started to be re-analysed as a semantic category». A p. 108, riga 4, sembra inusuale parlare di «nominal syntagm» invece che di «noun phrase». Nel complesso il volume recensito è un lavoro con molti meriti, che arricchisce di un significativo corpo di analisi la nostra conoscenza delle manifestazioni linguistiche della realtà socioculturale associata al genere. Gaetano Berruto 237 Besprechungen - Comptes rendus Linguistique romane générale - Allgemeine romanische Sprachwissenschaft Wolfgang Dahmen/ Günter Holtus/ Johannes Kramer/ Michael Metzeltin/ Wolfgang Schweickard/ Otto Winckelmann (ed.), Was kann eine vergleichende romanische Sprachwissenschaft heute (noch) leisten? Romanistisches Kolloquium XX, Tübingen (Narr) 2006, xxvi + 402 p. (Tübinger Beiträge zur Linguistik 491) 1. Ce volume, issu d’un colloque de romanistes tenu à Göttingen en 2004, réunit dix-neuf études ayant trait, de près ou de loin, à la linguistique romane comparée. La question que tout chercheur se pose évidemment est de savoir si, dans le domaine des langues romanes, le comparatisme de l’époque de ses fondateurs conserve, voire renforce aujourd’hui, sa capacité descriptive et explicative et reste productif ou si, au contraire, avec le temps, il tend à perdre du terrain et à se dénaturer. Dès l’abord (viii), les éditeurs donnent, très opportunément, la parole à G. Hilty, qui, en tant que président de la Société de linguistique romane, s’exprimait dans sa leçon inaugurale du XXI e Congrès international de linguistique et philologie romanes (Palerme 1995) en ces termes: La grammatica comparata delle lingue romanze non è di moda e numerose scuole moderne preferiscono studiare un solo sistema linguistico nel suo funzionamento sincronico invece di osservare l’evoluzione di vari sistemi a partire da una base commune, tendenze che si manifestano anche nelle comunicazioni di questo congresso. In nessun caso voglio criticare tale evoluzione o girare indietro la ruota della storia. Voglio dire soltanto questo: quanto più difficile è, per un singolo ricercatore, trattare in modo competente problemi di tutte le lingue romanze o per lo meno di gran parte di esse, tanto più importante è la collaborazione fra differenti specialisti, tanto più importanti sono le riunioni, gli incontri come questo congresso, dove specialisti di differenti campi della linguistica romanza possono discutere problemi di interesse generale. Se non vogliamo abbandonare l’idea, l’ideale di un’unità romanza, di un’unità del mondo latino, dobbiamo rinforzare i contatti fra i romanisti. Personnellement, je souscris sans réserve à ce passage, mais dois constater, dix années plus tard, que la collaboration souhaitée par G. Hilty, dans les congrès et dans la recherche en général, n’a guère produit les résultats qu’il avait sans doute dans l’esprit, à savoir la conservation des acquis traditionnels du comparatisme roman et le recours à ses prolongements méthodologiques. Considérant ce recueil comme assez représentatif des recherches menées dans cet intervalle, je me propose de le parcourir et de le commenter, dans les limites de ma compétence, en vue d’un bref bilan dans la conclusion. Toutefois, vu l’abondance et la diversité des matières présentées, je dois m’en tenir à de simples notes, prises au fil de mes lectures et visant à donner une idée des lignes directrices. 2.1 La première partie est consacrée à des questions de principe et de méthodologie relatives à la linguistique comparée, en particulier romane, et à la typologie linguistique. En dépit du proverbe Comparaison n’est pas raison, Ulrich Wandruszka, dans «Was soll eine vergleichende (romanische) Sprachwissenschaft heute leisten? » (3-14), souligne que le comparatisme en linguistique a pour but un élargissement de nos connaissances; dans les études romanes, ce but est la reconstruction du protoroman par le biais des données des langues romanes qui dérivent forcément d’un état antérieur commun, ce qu’il exemplifie avec le subjonctif (5-7). Cette démarche fondamentale du comparatisme historique est aussi abordée à propos de la double position, typiquement romane, de l’adjectif épithète, devant et derrière le substantif, laquelle fait dire à l’auteur que l’évolution analogue des langues romanes est en somme plus remarquable que leur différentiation spatiale et temporelle. À mon avis, l’auteur a parfaitement raison, en ce que celle-ci découle normalement de l’évolution linguistique dans le cadre de la théorie des ondes, tandis que celle-là soulève le 238 Besprechungen - Comptes rendus problème particulier, encore mal élucidé, de l’origine, en latin, comme il le pense, ou dans le système protoroman. Entrevoyant dans cette approche un vaste potentiel de recherches, U. Wandruszka plaide - et il ne sera pas le seul à le faire dans ce volume - pour une extension du comparatisme aux langues non romanes et pour un modèle commun aux études romanes et à la linguistique générale. Rita Franceschini, dans «Von vergleichend zu multi-, interzu trans-? Schnittstellen einer übergreifenden romanischen Sprachwissenschaft» (15-28), est en quête d’une vue d’ensemble des études romanes au sein des structures institutionnelles actuelles. D’autre part, constatant que le comparatisme roman du début était historique et a produit des résultats en phonétique, mais moins en morphologie et seulement marginalement en syntaxe, elle estime qu’on peut encore défendre le comparatisme historique roman, pour peu que cette voie soit abordée compte tenu de développements méthodologiques plus récents. J’ajouterais, à titre d’exemple, qu’un de ces développements fut le recours à la notion d’«anomalie», chère à A. Meillet, mais encore sous-estimée en tant que critère de la reconstruction et sans laquelle précisément la syntaxe protoromane est condamnée à rester un secteur marginal de la recherche. La contribution de Harald Völker, «Transdisziplinarität und Romanistik» (29-42), ne se réfère pas explicitement au comparatisme historique traditionnel, mais s’intéresse au comparatisme roman dans le cadre de ses rapports avec la linguistique générale, la philologie, la culture. Ce que l’auteur aurait pu préciser, c’est que cette dimension des recherches a déjà fait ses preuves: une infiltration transdisciplinaire décisive s’est produite lorsque, avec notamment les linguistes américains L. Bloomfield et R. A. Hall, jr., le latin écrit, considéré à juste titre comme sujet à caution, a été écarté de la reconstruction protoromane ou relégué au second plan, le protoroman étant dès lors reconstruit à la manière dont on reconstruit les protolangues dépourvues d’attestations. Il y a un siècle, estime Pierre Swiggers, dans «Grammaire comparée des langues romanes, typologie linguistique et linguistique générale» (43-68), la linguistique romane, axée sur la diachronie à partir du latin vulgaire, avait une fonction de modèle. Mais il s’est produit depuis lors des pertes, dont celle de dialectes. Il faut par conséquent, pense-t-il, renouveler la linguistique romane, en dépassant la notion de grammaire comparée historique. Et l’auteur d’esquisser quelques pistes. (i) À propos de l’une de ces pistes, l’auteur dit: «Le drift commun des langues romanes a consisté en une diminution du degré de synthèse et dans la perte d’autonomie du mot au bénéfice du groupe de mots . . . » (51). J’estime que, ce faisant, l’auteur met le doigt sur un fait capital, à savoir une évolution qui affecte le protoroman dès avant notre ère, en y introduisant une structure tendanciellement analytique, étrangère à la norme classique, et en fondant par là une bipartition typologique durable du latin global. (ii) P. Swiggers commente une autre piste en ces termes: «C’est aux romanistes qu’on doit une ‹découverte méthodologique› cruciale, qui de la grammaire historico-comparative a été transférée ensuite à la description synchronique ou achronique: . . . la chronologie relative» (54), méthode qu’il illustre avec les recherches de G. Straka, combinant synchronie et chronologie relative et établissant, de ce point de vue, une différence phonétique entre le sarde et le roumain. Depuis lors, à mon sens, les prolongements de cette approche spatio-temporelle sont en passe de devenir le fondement de la chronologie protoromane entière. Dans le concept d’historicité, Wulf Oesterreicher, «Historisch-vergleichende Sprachwissenschaft und Sprachtypologie im Spannungsfeld der Historizität der Sprache» (69-100), distingue trois aspects: le changement linguistique, domaine de la linguistique diachronique traditionnelle, ses rapports externes compris, la variation linguistique, où la diachronie se reflète dans le système en synchronie (champ pragmatico-communicatif, compétence linguistique), et la diversité linguistique, où la diachronie se manifeste en synchronie de manière contingente (externe, en contraste typologique). Ce modèle est illustré par la for- 239 Besprechungen - Comptes rendus mation du futur roman (73-75). Dans les termes de ce modèle, on pourrait, si je ne me trompe, poser que le protoroman, tel qu’il se présente de nos jours, et ses prolongements (pré)romans, qui représentent à l’origine une norme parlée du latin, sont du ressort du changement linguistique, tandis que leurs rapports avec le latin des textes ressortissent, au début de cette trajectoire, à la variation linguistique, pour déboucher, en fin de trajectoire, sur un ensemble ressortissant à la diversité linguistique; le protoroman étant encore, à l’heure qu’il est, très incomplètement exploré, il faudrait, pour confirmer ces vues, l’étudier systématiquement et le confronter, au niveau de la variation linguistique, en synchronie avec le latin des textes. C’est à partir de A. Rey, Dictionnaire historique de la langue française (Paris 2000), s. tête, cité in extenso, que Peter Koch, dans «Romanische Sprachwissenschaft und diachronische kognitive Linguistik - eine Wahlverwandtschaft? » (101-36), commente un exemple de linguistique cognitive diachronique avant la lettre (107-08): Hier wird, gestützt auf den inner- und außerfranzösischen Sprachvergleich, im Hinblick auf die Erneuerung von Ausdrücken für das ‹Zielkonzept› ‘Kopf’, eine Gruppe miteinander verwandter ‹Quellenkonzepte› herausgearbeitet: ‘(Ton-)Gefäss’ und ‘runde Frucht’. Überall ist hier direkt oder indirekt lateinisch-romanisches Sprachmaterial involviert: über fr. tête (und mit gleicher Etymologie: it. testa, asp. tiesta, kat. testa etc.), über gr. kónkhos (dessen Variante kónkhè dem sard. conca ‘Kopf’ zugrundeliegt), über lat. cuppa (das dt. Kopf ergibt), ferner über die unterschiedlichen französischen Substandard-Ausdrücke für ‘Kopf’. Die im Zitat angebotene Interpretation der hier erfolgten Bedeutungsübertragung auf Grund einer - außersprachlich zu beobachtenden - ‹Analogie› (d. h. Similarität) der Form der betreffenden Gegenstände stellt eine kognitive (metaphorische) Erklärung in nuce dar. Sur la base de cette démonstration et d’une seconde (la formation du futur cantare habeo selon L. Spitzer), P. Koch montre que l’explication cognitive n’est pas la même pour toutes les langues existantes, mais met en œuvre des solutions concurrentes, qui sont intéressantes de ce point de vue, parce qu’elles se présentent de façon récurrente et par polygénèse dans diverses langues. Il illustre plus en détail la possibilité d’explications cognitives dans trois exemples romans, dont celui de la chauve-souris. Ayant pris la précaution de distinguer les approches comparatives sémasiologique (la base de comparaison étant un signe linguistique, comme caput), et onomasiologique (la base de comparaison étant un concept, comme ‘tête’), il fait remarquer que, sur ce point, un rôle unique est réservé aux langues romanes, qui, grâce au latin écrit, disposent pour l’approche cognitive, d’une source attestée à la fois au niveau du concept et à celui de l’expression. Cette observation est juste et encourageante, dans la mesure où la forme latine, en principe un fait de parole, est malgré tout assurée en langue; mais elle ne doit pas nous conduire à écarter le nombre appréciable d’étymons protoromans à astérisque dans W. Meyer-Lübke, Romanisches etymologisches Wörterbuch, Heidelberg 1935, pour lesquels le concept a été reconstruit d’une façon le plus souvent correcte, en langue, à l’aide de la seule méthode historico-comparative. L’étude de Jens Lüdtke, «Römische Kolonisierung und romanische Kolonisierungen» (137-60), m’incite à faire un bref retour méthodologique dans le passé, avant de m’arrêter au sujet formulé dans le titre. La méthode historico-comparative appliquée aux langues romanes, qui s’est peu à peu développée depuis la fin du XIX e siècle et jusqu’à aujourd’hui, comporte une série d’hypothèses, dont il faut actuellement tenir compte dans le traitement de la protolangue, sous peine de s’égarer dans des descriptions et explications sans rapports avec la réalité. Les voici: (i) Les parlers romans dérivent pour l’essentiel du latin parlé (à preuve, l’évolution selon les règles d’équivalence phonético-sémantiques), représenté par le protoroman, qui est une donnée abstraite, située en langue; le latin écrit est, sous ce rapport, une donnée secondaire contingente et, en première approximation, un fait de parole 240 Besprechungen - Comptes rendus (cf. L. Bloomfield, Language, reprint, London 1970: 302, où il est dit que les romanistes reconstruisent d’abord le protoroman, avant de passer aux documents latins écrits, qu’ils interprètent à la lumière de la forme reconstruite; A. Fox, Linguistic Reconstruction, Oxford 1995: 14 N4). (ii) Le rapprochement du latin écrit et du protoroman met au jour d’importantes différences grammaticales, au premier rang desquelles celles entre types de langue synthétique et tendanciellement analytique (cf. le drift que mentionne P. Swiggers dans son exposé, 51). (iii) Il est possible que cette bifurcation typologique du latin global soit liée au contact que le latin parlé a eu, dès les premières conquêtes de Rome, sous la forme de bilinguisme, avec les substrats (cf. A. Meillet, Esquisse d’une histoire de la langue latine, Paris 1977: 236 [ 1 1928], qui, pour n’avoir pas pu bénéficier de recherches plus récentes, situe le phénomène à une époque trop tardive; W. von Wartburg, Évolution et structure de la langue française, Berne 1969: 35; J. Herman, Du latin aux langues romanes, Tübingen 1990: 52). (iv) L’évolution du protoroman aux parlers romans se laisse décrire à l’aide d’une analyse spatio-temporelle des données romanes (méthode qui remonte à G. Gröber, «Vulgärlateinische Substrate romanischer Wörter», ALLG 1 (1884): 204-13, et à la linguistica spaziale, et qui se manifeste par la suite chez H. Lausberg, Linguistica romanza, 2 vol., Milano 1971/ 1: 34-36). (v) L’analyse spatio-temporelle nous apprend que le drift caractéristique du protoroman remonte au moins au premier siècle avant Christ, période donc à laquelle remonte la base grammaticale des parlers romans et où le protoroman couvrait le domaine romanisé entier, ce dont témoignent les nombreux traits communs à tous les parlers romans. (vi) Latin écrit (classique) et protoroman ont coexisté dès l’Antiquité, dans ce qu’on peut appeler le modèle de la simultanéité (adopté explicitement par R. A. Hall, External History of the Romance Languages, New York/ London/ Amsterdam 1974: 12 et 16). En regard de cet ensemble d’hypothèses, qui fait l’objet d’un consensus, non pas total, mais assez étendu chez les romanistes acquis au comparatisme, je trouve l’étude de J. Lüdtke déroutante, pour ne pas dire obscure, parce qu’elle ne les reflète clairement ni dans les faits présentés, ni dans la terminologie. Si cet auteur ne les accepte pas et refuse par conséquent l’avis de plusieurs éminents comparatistes du XX e siècle, ce qui est son droit, il aurait été bien inspiré en le justifiant. De ma part, il résulte de ce constat quelques réflexions critiques sur sa communication. Partons du passage suivant: «Das gesprochene und geschriebene Latein des 1. Jahrhunderts v. Chr. wurde im darauffolgenden Jahrhundert standardisiert und danach als Schriftsprache mit relativ wenigen Veränderungen durch viele Jahrhunderte tradiert» (141). Mais qu’est donc, pour l’auteur, le latin parlé dont il est question ici? Est-ce du protoroman reconstruit selon les techniques de la grammaire historico-comparative et situé en l’occurrence dans ladite période selon une analyse spatio-temporelle? Ou bien est-ce un latin écrit que, pour ne pas s’être conformé aux normes classiques, on étiquette comme latin parlé? Les deux précisions «als Schriftsprache» et «mit relativ wenigen Veränderungen» suggèrent que le protoroman, en réalité une norme parlée et très variable sur l’axe diachronique, n’y est pas inclus et qu’à cette époque, soit il n’existe pas, soit il existe, mais est passé sous silence parce que jugé non pertinent audit latin standard. Ce passage illustre un manque de précision terminologique, qui reste gênant tout au long du texte. Mais, revenons au latin tel que le voit J. Lüdtke. Surgit, après plusieurs siècles, au plus tôt à l’époque de la renaissance carolingienne (150), le problème auquel on pouvait s’attendre (§3.3; je laisse ici de côté quelques processus complexes et leur terminologie), à savoir comment les parlers romans ont pu se former à partir du latin des textes. La réponse de J. Lüdtke se ramène à deux phases: (i) On peut, pense-t-il, admettre, sinon prouver, l’existence d’une régionalisation du latin, c’est-à-dire, avec le temps, la formation, éventuellement liée à des substrats, d’un latin régional, sous la forme de variétés régionales du latin parlé, qui s’écartent de plus en plus de la norme écrite; sans doute l’auteur a-t-il à l’esprit l’apparition dans les textes de variantes analytiques comme comes de civitatem à la place du comes civitatis imposé par la 241 Besprechungen - Comptes rendus norme latine. (ii) Le latin parlé en question doit alors être appris en tant que réalisation orale du latin écrit, c’est-à-dire que, pour reprendre cet exemple, le lat. écrit comes de civitatem doit se transformer, en gallo-rom. septentrional, en li cuens de la cité ou le comte de la cité. Par conséquent, selon l’auteur, dans ce double processus, les variantes romanes ne résultent pas directement d’un écart par rapport à la norme latine, mais d’une conscience de l’autonomie romane, «des Bewusstseins romanischer Eigenständigkeit» (150). À quoi je désire répondre ceci. L’écart qui se creuse, dans la phase (i), ne s’est pas produit graduellement ou tardivement, mais existait déjà dans l’Antiquité, sous la forme de latin écrit non classique, par exemple à Pompéi, et affectait uniformément toute la Romania, la formation de régionalismes du latin écrit étant généralement considérée comme minime et, de l’aveu de l’auteur même, comme difficile à prouver. Dans ces conditions, on voit mal comment, sans la charnière que constituait un bilinguisme généralisé (cf. ma troisième hypothèse), le latin écrit aurait pu à lui seul imposer au latin parlé une structure morphosyntaxique notoirement analytique, qui ne le caractérisait justement pas lui-même. Dans la phase (ii), l’apprentissage du latin parlé à une époque si tardive (au plus tôt donc, selon l’auteur, à l’époque de la renaissance carolingienne) est un anachronisme. En réalité, le processus historique en jeu ici est doublement incompatible avec celui que propose l’auteur: le type lat. comes de civitatem n’est rien d’autre qu’un reflet écrit du protoroman, et le lexème cuens, à cette époque tardive, une forme phonétique ou phonologique déjà ancienne. Tels sont en somme les improbables détours qui nous sont imposés par une tactique visant à conserver, sans recours au protoroman, le modèle périmé de la successivité latin écrit parlers romans, comme si était concevable l’étude historique d’une famille de langues génétiquement liées sans une protolangue, fût-elle hypothétique, à laquelle se référer. Les passages incriminés se rapportent tangentiellement et de façon aléatoire au premier des deux objets proposés dans le titre de l’essai. Au sujet du second, situé dans une autre sphère des recherches romanes, je n’ai pas de remarques particulières. La communication intitulée «Sardinien, La Mecca der vergleichenden Sprachwissenschaftler» (161-80), de Eduardo Blasco Ferrer, débute par un tableau contrastif de ce qu’il appelle l’ancienne et la nouvelle linguistiques historico-comparatives romanes, dont il précise qu’elles se suivent sans solution de continuité, l’ancienne se prolongeant dans la nouvelle, celle-ci tirant profit de celle-là et la complétant. Un des points de ce tableau concerne le fait que l’ancienne version prend en compte tous les parlers romans, y compris les parlers minoritaires et les dialectes, alors que la nouvelle version s’intéresse à une ou plusieurs des grandes langues romanes «normées», ce qui implique, en didactique et dans la recherche, l’utilité de la première pour la seconde. Dans cette optique, l’auteur se penche, à titre d’exemple, sur le sarde, «la Mecca degli studiosi delle discipline più svariate» (G. Bottiglioni). Effectivement, le sarde, sans norme standard propre, mais avec une grande richesse de formes dialectales, fonctionne à bien des égards comme langue passerelle entre l’ouest et l’est de la Romania et éclaire maint développement général des parlers romans, notamment en rendant possible l’établissement d’une chronologie détaillée de certaines évolutions; un exemple en est donné (166) à propos de l’évolution de f- ( [h] 0) et du sort de -s final. En d’autres mots, la riche variété dialectale du sarde garantit le prolongement d’évolutions qui, ailleurs dans la Romania, ont été recouvertes et masquées (177). L’auteur examine plus en détail, dans cette optique, les problèmes soulevés par le pronom relatif dit invariable (du type du fr. l’homme que j’ai rencontré la femme ‘dont’), l’expression de l’existence et l’origine de l’interfixe -I- (du type de l’it. pettirosso). 2.2 La seconde partie du recueil est consacrée à des études pointues ou ponctuelles dans divers domaines qu’on peut considérer comme ressortissant à la linguistique romane comparée. 242 Besprechungen - Comptes rendus Fernando Sánchez Miret dans «La historia de / -r/ en catalán. Plaidoyer para una nueva gramática histórico-comparativa de las lenguas romances» (183-206), constate d’une part que, depuis nombre d’années il n’est plus paru de grammaires historico-comparatives des langues romanes, d’autre part qu’il subsiste de nombreuses tâches à accomplir selon cette méthode, spécialement en phonologie et morphologie historiques; et, comme il estime que la perspective panromane peut encore dévoiler des données qui échappent aux romanistes travaillant sur des parlers romans spécifiques, il plaide pour un retour à une (nouvelle) grammaire historico-comparative. Dans le présent essai, il applique lui-même ce principe au problème posé par la disparition du / -r/ final en catalan. Dans cette langue, le problème en question se présente pour plusieurs structures phonétiques et morphologiques, variables dans l’espace et dans le temps, que, par un rapprochement avec les matériaux correspondants des autres parlers romans, on peut classer, par types de changement, en plusieurs hiérarchies, mettant en évidence des similitudes au sein de certains ensembles compacts de parlers romans. Conforté par des cas concrets comme celui-ci, l’auteur revient finalement sur la nouvelle grammaire historico-comparative, dont il a souligné la nécessité au début de l’essai, et en énumère les objectifs minimaux (203): présenter les données de façon organisée, analyser les résultats obtenus qui ne sont pas encore incorporés dans les grammaires existantes, mettre en évidence les zones les moins explorées. Comme pour répondre aux desiderata formulés par G. Hilty (viii), il envisage une œuvre collective soigneusement planifiée. Michele Loporcaro, «Sintassi romanza, ovviamente comparata: il caso del participio assoluto» (207-22), et Ursula Klenk, «La construction auxiliaire + participe passé dans une grammaire syntagmatique guidée par les têtes. Une étude comparée» (223-38), rapprochent comparativement plusieurs parlers romans, mais, à la différence de l’étude de F. Sánchez Miret, sans considération particulière de la dimension diachronique. Wolf Dietrich, «Das romanische Tempus- und Modussystem und die einzelsprachlichen Normen» (239-54), se propose d’examiner dans quelle mesure on peut parler d’un système temporel et modal roman et non pas seulement de systèmes spécifiques de chaque parler roman. Son approche, inspirée par l’ouvrage bien connu de E. Coseriu, Das romanische Verbalsystem, Tübingen 1976, est double: il part de l’analyse synchronique des parlers romans, mais prend en considération aussi le point de départ du latin vulgaire et prône l’argumentation de cette démarche en termes de diachronie. Il souligne que les deux démarches, rétrospective et prospective, sont nécessaires et complémentaires. Vu le vague qui caractérise cette question jusque dans les rangs des romanistes actuels, cette insistance de sa part me paraît justifiée; toute la démonstration doit se dérouler dans une approche globale, au moyen de critères de reconstruction, entre la protolangue d’une part, représentée par une forme reconstruite du latin parlé ou par une forme latine écrite garantie en langue, et les parlers romans, d’autre part. En appliquant cette technique, l’auteur aboutit à une description des temps et des modes, fondée sur un classement typologique et éclairant, dans l’espace et le temps, de larges pans du système; c’est le cas, par exemple, du plus-que-parfait de l’indicatif (§2.1.2), forme qui est à la fois issue du lat. habuerat et attestée, en tant que temps inactuel du passé, par ses dérivés dans une grande partie de la Romania. À ce sujet, l’auteur précise: «Dabei muss freilich angenommen werden, dass die zu rekonstruierende Proto- Sprache Vulgärlatein uneinheitlich, d. h. in der Norm unterschiedlich war» (239), une réserve sur laquelle je vais revenir dans mon commentaire. À propos du système temporel global selon E. Coseriu, W. Dietrich remarque pourtant: «Sie [= l’analyse de E. Coseriu] stellt . . . ein System von grundsätzlichen Möglichkeiten dar, das in den einzelnen romanischen Sprachen in unterschiedlichem Masse verwirklicht ist. Die typologisch begründeten romanischen Grundunterscheidungen sind aber in tatsächlich allen romanischen Sprachen dieselben» (240), passage qui, malgré la réserve formulée plus haut (239) par l’auteur, atteste bel et bien, à l’origine, une unité du protoroman. Je considère la protolangue frag- 243 Besprechungen - Comptes rendus mentée qu’entrevoit l’auteur dans le passage précédent (239) comme une contradictio in terminis, car, par définition, une protolangue rend compte de tous les parlers qui en sont issus; dans la pratique des romanistes, toutefois, une protolangue est bel et bien dite, selon le cas, «uniforme» ou «fragmentée»; chez W. Dietrich, la notion de protoroman fragmenté est évidemment inspirée par la démarche rétrospective à partir de spécificités des parlers romans, laquelle démarche, appliquée à certains sous-systèmes, par exemple à celui formé par le type habuerat et le type habuisset, plus-que-parfait du subjonctif, passé à l’indicatif en roumain, ne peut en effet déboucher, au moins de prime abord, que sur une protolangue fragmentée. Cependant, étant donné ce que nous trouvons dans les matériaux romans et comme on vient de voir (240), il a forcément existé dans l’Antiquité, conformément à la définition, des structures protoromanes uniformes, sans lesquelles des traits communs à tous les parlers romans seraient inexplicables. Pour ne pas manquer l’incorporation de ces traits dans le système protoroman, il est donc nécessaire de postuler en première approximation le protoroman uniforme dont les parlers romans attestent l’existence; et ce n’est qu’en seconde approximation, en l’absence avérée d’un trait uniforme, qu’on peut parler d’un protoroman fragmenté. La différence entre protoroman fragmenté et protoroman uniforme, compte tenu d’un trait uniforme qui aurait échappé au chercheur, n’est en fait pas d’ordre quantitatif, mais d’ordre qualitatif; dans le protoroman fragmenté, une lacune structurale de ce type peut se répercuter sur toute l’analyse. C’est pour avoir négligé le protoroman uniforme que les romanistes n’ont pu prouver par A plus B l’existence généralisée d’un système nominal roman acasuel qu’à la fin du XX e siècle. W. Dietrich ne semble pas avoir pris la mesure de ce principe, comme il appert de sa réserve à propos d’une norme d’origine non uniforme. À mon avis, le même problème se pose pourtant, dans sa propre analyse, à propos de l’absence de consecutio temporum: au centre du niveau inactuel se trouve, dans tous les parlers romans, l’imparfait. «Zwar», précise l’auteur, «weichen das Rumänische und das Bündnerromanische am meisten von allen übrigen romanischen Sprachen ab, da sie keine Consecutio temporum kennen und das Imperfekt daher auch nicht die Gleichzeitigkeit in der abhängigen indirekten Rede ausdrückt» (241); à ma connaissance, le statut historique de la construction romane sans consecutio temporum n’est pas encore élucidé et mériterait une analyse au niveau du protoroman uniforme, si tant est qu’elle caractérise cette étape initiale du protoroman, comme le pense T. H. Maurer, A unidade da România ocidental, S-o Paulo 1951: 184-85, en s’appuyant sur des attestations romanes isolées, aussi en dehors des domaines rhéto-roman et roumain; pour ma part, sans préjuger d’autres facteurs ayant pu favoriser cette construction, je songerais à un lien avec le caractère tendanciellement analytique du protoroman initial (cf. le drift mentionné ici même par P. Swiggers); sa présence soutenue en rhéto-roman et en roumain serait alors liée à l’isolement relativement précoce de ces deux aires, face à l’expansion, à l’ouest, de la norme classique, qui tend à instaurer la consecutio. Si elle se confirme, cette hypothèse pourrait - c’est à voir - se répercuter dans l’analyse de W. Dietrich, par exemple sous la forme d’un emploi restreint de l’imparfait, comme en roumain. De l’avis de Max Pfister, «Die Lexikologie als Arbeitsfeld der vergleichenden romanischen Sprachwissenschaft» (255-68), le Romanisches etymologisches Wörterbuch (REW) de W. Meyer-Lübke, dans son édition de 1935, reste un instrument de travail fondamental, mais est susceptible actuellement d’être complété par les dictionnaires de W. von Wartburg, Französisches etymologisches Wörterbuch (FEW), 23 vol., Bonn [etc.] 1922-2002, et de J. Corominas/ J. Pascual, Diccionario crítico etimológico castellano e hispánico (DCECH), 6 vol., Madrid 1983-1991, ainsi que par M. Pfister, Lessico etimologico italiano (LEI), Wiesbaden 1979-. M. Pfister illustre ces propos avec l’analyse d’un groupe de mots, l’italien cala ‘insenatura marina’, calanca ‘dirupo scosceso’ et scalo ‘porto’, sur la base d’un extrait provisoire du LEI, donné en annexe. En conclusion, l’auteur remarque que nous avons abso- 244 Besprechungen - Comptes rendus lument besoin d’un nouveau REW et que le lexicographe dispose actuellement d’immenses collections de données romanes, qu’il s’agirait de classer, comparer et interpréter à cet effet. Dans le domaine des mots composés romans, Axel Schönberger, «Tatpuruóa-Komposita und Renyõkei im Lateinischen und Romanischen» (269-90), constate que l’analyse unilingue ne peut s’appliquer qu’en synchronie et que la diachronie de cette classe de termes exige une approche comparative des parlers romans, laquelle se révèle même parfois insuffisante, au point de nécessiter une révision des vues actuelles sur son origine. Le champ des recherches est en réalité plus ample encore, pense A. Schönberger, parce que les rapports historiques ou typologiques pertinents aux composés impliquent d’autres langues indo-européennes que le seul latin, voire des langues non indo-européennes, et que, jusque dans la sphère du latin et des parlers romans, il faut compter avec des emprunts savants et avec l’hypothèse que, dans certaines circonstances, des structures de composé en voie de lexicalisation peuvent se réactiver et redevenir productives. Les deux types de composé qui figurent dans le titre confirment cette thèse générale; le premier, qu’illustre le fr. viticulture et qui comporte un substantif dans la fonction d’un cas, mais sans désinence casuelle, suivi d’un élément verbal, n’est pas une innovation romane, mais prolonge, par réactivation, des formes du latin antique, produites sous l’influence d’un modèle grec ou hindou; le second type, dit renyõkei, terme emprunté à la grammaire japonaise, qu’illustre le lat. calefacio et qui consiste en un verbe muni d’un préverbe, lui-même verbal, est tenu par l’auteur pour un type latin nouveau, de source non latine. À mon avis, la chronologie des données du latin parlé pourrait être utilement précisée, si l’on recourait à une analyse spatio-temporelle du protoroman. Le titre de la contribution de Hans Goebl, «Warum die Dialektometrie nur in einem roman(ist)ischen Forschungskontext entstehen konnte» (291-318), suggère évidemment une cause d’ordre linguistique. Cependant - Oh! surprise! - tel n’est pas le cas. L’explication doit être cherchée dans la tradition cartographique française, très ancienne et de haute qualité, relative à la démographie, la sociologie, la géographie, les transports, etc., bref à tout sauf à la langue, tradition dont pourtant l’ouvrage de J. Gilliéron/ E. Edmont, Atlas linguistique de la France (ALF), 17 vol., Paris 1902-1910, est un prolongement et pour laquelle les autres grands pays de l’Europe, notamment l’Allemagne, n’ont pas d’équivalents. Gilliéron ne pouvait donc opérer que selon le critère éprouvé du classement par départements (français). L’ALF est rationnel, les atlas allemands sont romantiques, conclut l’auteur. Martin-D. Glessgen, dans «Vergleichende oder einzelsprachliche historische Textwissenschaft» (319-40), commence par poser clairement que la comparaison n’a pas la même pertinence selon qu’elle a pour objet la langue ou les textes: la comparaison linguistique romane est liée à la famille des langues romanes, tandis que la comparaison textuelle est liée à des courants culturels, indépendamment des familles de langues. Après des considérations sur les recherches traditionnelles et sur les rapports entre sortes de texte et histoire de la langue, l’auteur développe (§4) des remarques préliminaires en vue d’une science historique des textes; il y évoque, avec raison, la possibilité et l’utilité d’un recours au traitement quantitatif, pour mieux évaluer le bien-fondé de certaines catégories de données. Dans «Textvergleich - Perspektiven für die romanische Sprachwissenschaft» (341-60), Heide Aschenberg débute par un exposé circonstancié sur la notion de comparaison, dans le domaine des opérations cognitives en général, puis, en particulier, dans les processus linguistiques, notamment sous la forme d’actions analogiques, et finalement dans la comparaison interlinguistique de textes. Dans cette optique, les textes sont des expressions linguistiques individuelles, que définissent des normes ou conventions soit universelles, soit ressortissant à une seule langue ou à un choix personnel du locuteur. Le fait que deux textes puissent être comparés présuppose qu’ils ont quelque chose en commun, ce que l’auteur 245 Besprechungen - Comptes rendus aborde en distinguant une base de comparaison (tertium comparationis) heuristique non spécifique (niveau I), que précisera ensuite, à partir des traits retenus pour la comparaison, une base de comparaison spécifique (niveau II). Armée de cet outil terminologique, l’auteure aborde et exemplifie des types de comparaison textuelle interlinguistique observés dans des traductions: comparaison de textes isolés, comparaison multilatérale (selon la voie tracée par M. Wandruszka), impact de la traduction sur le système de la langue cible, comparaison de textes parallèles, tels les avis mortuaires et les recettes de cuisine (avec la base de comparaison de niveau I), la comparaison de grammaires de texte. Finalement, elle esquisse des perspectives plus lointaines, mais séduisantes. Elle termine par la constatation que, dans ce cadre, la notion de «Romania» n’est plus définie seulement, comme dans son classement généalogique, par l’extension territoriale d’une famille linguistique issue du latin, mais en plus par les notions de communauté linguistique ou communauté culturelle. L’étude de Peter Wunderli, «Franko-italienische Studien ohne Romanische Philologie? » (361-90), s’ouvre sur la constatation du déclin de la grammaire historico-comparative romane dans les programmes universitaires en Suisse et en Allemagne. En guise de contreattaque, il va s’employer à présenter un problème qu’il n’est pas possible de résoudre sans passer par cette méthode: il s’agit de l’analyse linguistique d’un texte en franco-italien, une langue littéraire, située en Italie septentrionale, productive aux XIII e et XIV e siècles et conservée dans un corpus de textes unique en son genre, encore en grande partie inédit ou mal édité. En termes linguistiques, il s’agit donc d’une langue littéraire artificielle, qui n’occupe qu’une aire restreinte. Le franco-italien n’a jamais été un moyen de communication primaire, ni un langage quotidien, ni une langue maternelle; il est toujours limité à des textes littéraires, une sorte d’hybride, d’un côté en remplacement d’une langue primaire considérée comme inapte à l’expression littéraire, de l’autre une imitation approximative d’un modèle idéal ou idéalisé, le français. La langue franco-italienne se situe sur une échelle que délimitent les deux pôles dialecte italien/ gallo-italien et français/ dialectes français. Comment donc en est-on venu à cette langue hybride? Écartant certaines explications anciennes, P. Wunderli y voit moins la tentation d’imiter le français que le résultat d’une adaptation ciblée aux possibilités réceptives de l’Italie septentrionale. Il y a, dans le cas du franco-italien, une interférence, non pas toutefois au sens usuel d’une influence plus ou moins fortuite d’une langue cible par une langue source, mais au sens d’une contribution de deux ou plusieurs langues à la formation d’une troisième, qui se veut une création autonome. P. Wunderli souligne que cette langue littéraire artificielle n’a jamais été standardisée et n’a pas connu de norme stable. Cependant, le fait qu’il y ait de la part de l’auteur ou du remanieur une création ad hoc nous force à attribuer un rôle déterminant à la connaissance qu’ils avaient des deux langues sources impliquées. Mais il est difficile et délicat d’identifier dans chaque cas les paradigmes auxquels ils se réfèrent. L’analyse linguistique que P. Wunderli entreprend et illustre dans ce but se fonde sur le roman en prose Aquilon de Bavière de Raffaele da Verona, écrit entre 1379 et 1407 et édité par ses soins en 1982. Un exemple bref et simple: la représentation de la graphie française ch est de nature à exclure une explication dans le cadre d’une seule langue; son interprétation n’est possible qu’à l’aide d’une philologie romane qui se fonde à la fois sur le français et l’italien, à divers stades de leur évolution, et qui dispose en outre de données dialectales italiennes. Et c’est ici que la contre-attaque lancée par P. Wunderli atteint son but. L’auteur démêle, mutatis mutandis, toute une série d’autres problèmes d’interprétation, aux niveaux des graphies et des phonèmes, à ceux de la morphosyntaxe et du lexique. Il termine par un plaidoyer pour l’inclusion, dans la méthode comparative, de l’approche scientifique des cultures et des littératures, compte tenu de leur aspect linguistique. Selon Rainer Schlösser, «Angewandte historisch-vergleichende Sprachwissenschaft: Erfahrungen aus der Praxis» (391-402), la grammaire historico-comparative romane, qui 246 Besprechungen - Comptes rendus continue d’être utilisée pour la recherche scientifique, a cessé d’être utilisée dans l’enseignement pratique des langues; et pourtant, elle semble refaire surface dans cette perspective. De même qu’il existe une linguistique des Balkans, fondée sur des convergences, on peut songer, à l’âge de l’européanisation, à une linguistique de l’Europe, que caractérise également une certaine convergence, où la recherche s’émancipe des philologies spécifiques. Il se trouve du reste que les contributions à la linguistique de l’Europe révèlent déjà que cette approche se fonde tout de même sur des acquis de la méthode historico-comparative, et si, au XIX e siècle, la science linguistique a pu contribuer à la formation des États, on ne voit pas pourquoi elle ne pourrait pas, aujourd’hui, sur une plus grande échelle, contribuer à la formation de la communauté européenne. Or, la formation d’une Europe politique, économique et juridique unie laisse loin derrière elle l’apprentissage correspondant des langues de l’Union et, par conséquent, le développement du bilinguisme, voire du multilinguisme. Une des solutions proposées pour y remédier est le projet EuroCom, qui met l’accent, selon le cas, sur l’un des trois ensembles que sont les langues romanes, les langues germaniques et les langues slaves. La méthode est basée sur le principe de l’intercompréhension, qui existe déjà chez des locuteurs possédant la compétence d’une des langues de ces trois ensembles, donc d’une langue romane dans le système EuroComRom. L’apprenant aborde la langue à apprendre, en apparence inconnue, par le biais de sept filtres, ordonnés selon leur difficulté, mais étudiés simultanément, centrés sur par exemple le vocabulaire international, le vocabulaire panroman et les correspondances phonétiques. Or, toute cette opération se fonde sur des comparaisons. R. Schlösser décrit et commente ses expériences faites dans la pratique de cette méthode, au sein de laquelle les langues romanes occupent une place privilégiée. 3. Essayons de dresser un bilan global de ce tour d’horizon. On verra qu’il est mitigé. Le vœu de G. Hilty que la notion d’unité romane soit sauvegardée est sans doute, au moins tacitement, aussi celui de la plupart des auteurs du présent recueil, mais plutôt comme idéal, voire comme objet de spéculations, que comme produit d’une technique comparative systématique. Concrètement, cette réserve découle de ce que la méthode historicocomparative n’est qu’incomplètement assimilée. La notion de structure protoromane, qui seule permettrait de décrire le protoroman scientifiquement en synchronie et d’expliquer son évolution, n’est pas suffisamment présente dans les recherches. De même, l’hypothèse d’une uniformité possible de la structure protoromane et de sa fragmentation éventuelle subséquente en structures plus récentes et plus réduites dans l’espace, qui permet de dégager l’analyse spatio-temporelle des données romanes, n’est pas systématiquement mise à profit. Enfin, le modèle de la successivité, reliquat d’un autre âge, freine la mise en oeuvre d’un comparatisme roman à jour. Étant donné ces lacunes de la méthode, l’analyse diachronique des parlers romans risque de ne pas rendre compte de leur point de départ historique et le résultat final d’évoquer fâcheusement un colosse aux pieds d’argile. Heureusement qu’apparaissent en contrepartie les signes prometteurs de recherches en équipe pour la grammaire historique des langues romanes et pour les étymons protoromans. Du côté des entreprises positives, je place également les approches centrées sur la typologie ou sur la comparaison de textes, dont la validité n’est pas directement tributaire du protoroman. Dans ces secteurs-ci, on constate une réjouissante vitalité de la recherche. Robert de Dardel ★ 247 Besprechungen - Comptes rendus Angela Schrott/ Harald Völker (ed.), Historische Pragmatik und historische Varietätenlinguistik in den romanischen Sprachen, Göttingen (Universitätsverlag) 2005, vii + 310 p. Der vorliegende Sammelband, hervorgegangen aus der gleichnamigen Sektion des Romanistentags 2003 in Kiel, hätte dank seiner außergewöhnlichen Themenkombination, die in 15 sprach- und zwei literaturwissenschaftlichen Beiträgen bearbeitet wird, verwirrend heterogen geraten können. Tatsächlich erkennen auch die beiden Herausgeber im Vorwort, dass die historische Pragmatik und die historische Varietätenlinguistik «als Forschungstraditionen jedoch nur in einem zufällig-anekdotischen Austausch miteinander stehen» (1). Trotz oder womöglich gerade wegen dieser fehlenden gemeinsamen Traditionen ist es Schrott und Völker gelungen, eine in ihrer Heterogenität keinesfalls irritierende sondern vielmehr inspirierende Mischung von Aufsätzen vorzulegen, die mitunter den Austausch als geradezu zwingend erschienen lassen. So können z. B. einige Autoren zeigen (oder doch wenigstens überzeugend dafür plädieren), dass nach der Rekonstruktion situativer, mithin pragmatischer Faktoren einige varietätenlinguistische Beurteilungen korrigiert werden müssen, evtl. erst möglich werden (Wilhelm, Fesenmaier, Glessgen, Selig, Trotter). Die Herausgeber führen mit einem ausführlichen Forschungsüberblick und einer essentiellen Bibliographie in die beiden Themen ein («Historische Pragmatik und historische Varietätenlinguistik. Traditionen, Methoden und Modelle in der Romanistik», 1-22); auf den letzten Seiten des Bandes (293-310) finden sich ein Autorensowie ein Sachindex. Der Hauptteil schließlich ist in drei Kapitel gegliedert, deren Überschriften die ganze, recht schwer überschaubare Bandbreite der hier möglichen Orientierungen widerspiegelt: I. Kommunikative Praxis und Geschichte (23-112), II. Einzelsprache - Varietät - Diskurstradition (113-204), III. Variation - Sprachwandel - Korpuslinguistik (205-91). Bei derart weit gefassten Überschriften muss die Zuordnung der Beiträge zuweilen etwas beliebig wirken; ein ordnendes Prinzip ergibt sich eher aus der «kontrapunktischen Anlage» (17) der Einzeltexte, die ein «Wechselspiel zwischen methodologischen Überlegungen und linguistisch-philologischen Textinterpretationen» (17) konstituieren, d. h. theoretische und eher anwendungsorientierte Beiträge alternieren. Struktur erhält der Band weiterhin durch bestimmte zentrale, wiederholt aufgegriffene Begriffe wie Diskurstradition und Konversationsmaximen; problematisch bei letzterem die Übersetzung der Griceschen conversational maxims sowohl mit Konversationsals auch mit Kommunikationsprinzipien/ -maximen (in den Beiträgen von Lebsanft und Gelz), siehe dazu weiter unten die Bemerkungen zum Beitrag von Lebsanft. In Missachtung der Reihenfolge im ersten Kapitel sei hier als erstes der Beitrag von Raymund Wilhelm («Religiöses Schrifttum aus der Lombardei», 63-78) vorgestellt. Er eignet sich insofern gut als Auftakt, als Wilhelm sich explizit bemüht, die beiden im Titel vorgegebenen Forschungstraditionen zunächst deutlich abzugrenzen. Die neuere historische Varietätenlinguistik sehe, so Wilhelm, jeden einzelnen Text «in zwei unterschiedlichen Traditionszusammenhängen» (64), als Manifestation sowohl einer Varietät oder Sprache als auch einer Diskurstradition. Die historische Pragmatik ebenso auf einen Nenner zu reduzieren ist ungleich schwieriger, schon aufgrund des immer noch sehr diffusen Pragmatik-Begriffs. Wilhelm schlägt hier vor, einerseits die historische Sprachpragmatik und andererseits die von Schlieben-Lange 1983 postulierte historische Text-Pragmatik anzusetzen. Letztere, verstanden als externe Geschichte von Diskurstraditionen (und, weiter unten (73) als «die Frage nach den ursprünglich intendierten Verwendungsweisen von Texten»), wird Ausgangspunkt für Wilhelms Überlegungen zu vier lombardischen, spätmittelalterlichen Codices (Trotti 502, N 95 sup, Triv 92, Triv 93). Diese zum Teil volkssprachlichen Sammlungen von Heiligenleben und Gebeten, sogenannte libri di bisaccia, repräsentieren zwei unterschiedliche Kommunikationszusammenhänge, in denen religiöse Texte im späten 248 Besprechungen - Comptes rendus Mittelalter u. a. stehen konnten: einige der libri sind für den Gebrauch durch Privatleute, die übrigen für den Gebrauch durch Wanderprediger bestimmt. Die privat genutzten libri di bisaccia sind durch ausführliche Lektürehilfen als reine Lesebücher («Hausbücher»; N 95, Triv 92) und somit als frühe Zeugnisse einer «privaten Schriftlichkeit» (70) ausgewiesen. In den für Kleriker verfassten, thematisch anders ausgerichteten Sammlungen («Handbücher»; Trotti 502, Triv 93) hingegen fehlen derartige Anweisungen; Vorschriften zur Ausführung der verzeichneten Gebete, wie sie in den Hausbüchern vorkommen, dürften für Prediger auch überflüssig sein, ihnen dienen die libri di bisaccia eher als Anregung für ihre (para)liturgische Praxis. In einem folgenden Analyseschritt versucht Wilhelm nun einen möglichen Nutzen seines pragmatischen Ansatzes für die Varietätenlinguistik zu formulieren. Die genaue Kenntnis des situationellen und sozialen «Profils» der unterschiedlichen Diskurstraditionen und damit der unterschiedlichen Schreibtraditionen könnte z. B. Erklärungen für Abweichungen von einer angenommenen geradlinigen Toskanisierung in lombardischen Texten liefern. Als Beispiel nennt Wilhelm das Wiederaufleben der dialektalen Sequenz Negation + Subjektpronomen (z. B. in «se non l’e in sapientia e in bontade cumpito», 76) ausgerechnet im jüngsten der vier untersuchten Codices, in dem «Hausbuch» Triv 92 vom Ende des 15. Jh., während die übrigen drei untersuchten Handschriften die These der Entdialektisierung zu bestätigen scheinen. Im Gegensatz zu Wilhelm distanziert sich Franz Lebsanft («Kommunikationsprinzipien, Texttraditionen, Geschichte», 25-43) von dem von Koch geprägten Begriff der Diskurstradition und kehrt zu Coserius Modell zurück - aus dessen Modifikation sich dieser Begriff ja ergeben hat. In Lebsanfts Interpretation sieht Coserius 3-Ebenen-Modell, das eine universelle, eine historische sowie eine individuelle Ebene der Sprechtätigkeit definiert 1 , bereits auf der individuellen Ebene, unter dem Gesichtspunkt des Wissens, ein Wissen «gerade in Bezug auf Textgattungen oder -sorten» (32) vor und damit ein Wissen um Diskurstraditionen; Coseriu spreche von «expressivem Wissen» oder auch explizit von «Textkompetenz» (74). Auch an dieses Wissen werde, so Lebsanft, im individuellen Diskurs angeknüpft. Somit steht die Coseriusche Ebene des Individuellen in Traditionen, ist also historisch - wenn auch in einem anderen Sinn als die wirklich so genannte historische Ebene. Kochs zusätzliche historische Ebene der Diskurstraditionen, -normen und -regeln muss Lebsanft folglich überflüssig erscheinen, er spricht im weiteren dann auch von Texttraditionen, schließlich nur noch von Stilen, die «über den Texttraditionen stehen» (33), d. h. die einzeln oder kombiniert Texttraditionen charakterisieren können. Lebsanft versucht nun - und dies ist sein eigentliches Anliegen - am Beispiel der unterschiedlichen Gesprächsstile, wie sie in Cervantes Don Quixote in fiktiven Alltagsgesprächen angewandt werden, die Historizität der Griceschen Konversationsmaximen nachzuweisen. Die von Herr und Knecht in dem Roman geführten Dialoge laufen, so Lebsanfts Argumentation, auf eine Kultivierung Sanchos hinaus: Sancho lernt von Don Quixote den Stil einer hörerzentrierten kontrollierten Gesprächigkeit. Er erweitert somit sein expressives Wissen um die Kenntnis eines bestimmten Stils, er erweitert gleichzeitig sein idiomatisches Wissen um die sprachlichen (z. B. lexikalischen) Eigenheiten des an diesen Gesprächsstil geknüpften Registers. Anders betrachtet, erlernt Sancho, ursprünglich ein undisziplinierter Plauderer, den Konversationsmaximen der Relevanz und Quantität zu folgen. Sanchos Textkompetenz, sein Wissen um Gesprächsstile, wird verbessert durch die Erlernung von Kommunikationsprinzipien - für Lebsanft führt Cervantes hier gewissermaßen den Beweis für die historische Dimension der Kommunikationsprinzipien: «die Geschichtlichkeit der Kommunikationsprinzipien beginnt dort, wo ihre Erlernung normative Traditionen des Sprechens begründet» (40). Etwas unglücklich bleibt, gerade im Zusammenhang mit Lebsanfts Fazit, 249 Besprechungen - Comptes rendus 1 Cf. E. Coseriu, Sprachkompetenz, Tübingen 1988: 74s. die Gleichsetzung von Grice’ «conversational maxims» mit «Kommunikationsprinzipien». Kommunikation umfasst, wenigstens in einigen Definitionen, auch non-verbale Aspekte, mimische etwa, die nicht erlernt werden, sondern instinktbasiert, in keinem Sinne historisch sind. Erlernbar sind nur Prinzipien des «purposive, indeed rational, behaviour» 2 , dazu gehören die Prinzipien des rationalen Teils der Kommunikation, besonders der Konversation - wie Cervantes zeigt. Gudrun Held («Der Einfluss von Höflichkeit auf die mittelalterliche Briefkunst - exemplarische Überlegungen zur Entwicklung von Textstruktur und Syntax vom dictamen zur freien Briefpraxis», 45-61) liefert einen Beitrag zur «Sozialgeschichte der Kommunikation» (45), indem sie das Höflichkeitsparadigma von Grice/ Goffman auf einen historisch verortbaren Bittbrief aus den 36 Lettere von Fra Guittone d’Arezzo von ca. 1265 anwendet. Das Schreiben des frate folgt in seinem Aufbau exakt den Vorgaben der etwa drei Jahrzehnte früher verfassten, volkssprachlich formulierten, aber der lateinischen ars dictaminis verpflichteten Briefmuster (dictamina) von Guido Faba. Held kann zeigen, dass die der ars folgende und damit rhetorisch begründete Makrostuktur des fast 800 Jahre alten Bittbriefs und der in der modernen pragmalinguistischen Analyse «für Bitten erstellte, . . . , deskriptive Strukturplan in frappanter Weise zur Deckung gelangen» (54). Der frate konstruiert seinen Brief von der salutatio bis zur conclusio in fünf Schritten nach dem u. a. von Verf. an anderer Stelle selbst herausgearbeiteten Muster, das sprachgemeinschaftsübergreifend der Sprachhandlung «Bitte» zugrundeliegt. Darin erkennt Verf. einen Hinweis für die auch epochenübergreifende, womöglich anthropologisch zu begründende (54) Gültigkeit des Handlungsmusters. Gleichzeitg stellt sich jedoch heraus - erwartungsgemäß, möchte man sagen -, dass die im Rahmen dieser festen Makrostruktur auf mikrostruktureller Ebene zu leistende facework für Bitten im 13. Jh. ungleich aufwändiger ausfällt als heute, zumal wenn, wie im Fall des analysierten Briefs, eine hierarchische Asymmetrie vorliegt, d. h. wenn die Bitte von einem einfachen frate an einen Edelmann gerichtet ist: auf syntaktischer, lexikalischer und semantischer Ebene ist der Brief durchzogen von Strategien der Selbstabwertung und Abmilderung, darunter «Selbstbezichtigungen mit negativer Semantik» («vilissimo e picciulo», 56) und Sequenzen, die eine «positive Einbettung» der Forderung vornehmen («ma io richieggio la vostra gran bonità», 57). Die pragmatischen Aspekte, d. h. die «personalen, lokalen und temporalen Konstituenten» (79) des im Jahr 1548 fertiggestellten Kompendiums Ejercicios espirituales von Ignatius von Loyola sind Gegenstand des ersten literaturwissenschaftlichen Beitrags des Bandes: «Zur Pragmatik ignatianischer Meditation» (79-87) von Christian Wehr. Ignatius’ Werk ist eine detaillierte Anleitung zur Meditation über zentrale biblische Themen. Die gesamten Exerzitien umfassen vier Wochen und führen den Exerzitanden, bei erfolgreicher Ausführung, in ein «distanzvergessenes Mitempfinden» (81), in ein Verschmelzen mit dem Objekt der Imagination. Die biblischen Inhalte, vom Sündenfall bis zur Auferstehung, fungieren dabei wie ein referentielles Ausgangssignal, sie verweisen zunächst nur auf biblische Szenarien. Alle weiteren Schritte der Meditation führen weg von der distanzierten Bezugnahme auf Vorgänge und hin zu einer affektischen Interiorisierung jener Inhalte, unter anderem mit Hilfe des imaginierten Gesprächs mit Gott, dem coloquio, das jede einzelne Meditation beendet (83). Wehr interpretiert Loyolas Exerzitien nun als multiplen Text (84) im Sinne von Roland Barthes, da sie erst «im Akt . . . der szenischen Dynamisierung im Vorstellungsvermögen des Exerzitanden» (84) zum Text werden können. Stummes Lesen der Ejercicios ist nicht vorgesehen und auch nur wenigen vorbehalten, denn die schriftlich fixierte Urform des Kompendiums blieb über Jahrhunderte unter Verschluss, tradiert wurde 250 Besprechungen - Comptes rendus 2 Cf. H. P. Grice, «Logic and conversation», in: id. (ed.), Studies in the Way of Words, London 1989: 22-40, hier: 28. mündlich. Obwohl sich Wehr in seiner Pragmatikkonzeption explizit auf die Sprechakttheorie bezieht (79-80), verlässt er im weiteren diesen theoretischen Rahmen. Sprechakttheoretisch könnte man die ejercicios als Serie von Sprechakten mit identischer Illokution («rein präskriptiver Natur», 80) beschreiben, die alle zu einem einzigen Effekt oder einer bestimmten Perlokution, zur Verinnerlichung, führen sollen. Auch Annette Gerstenberg («Der Auftritt des poligrafo», 89-99) wählt einen Text aus dem 16. Jh.; etwas störend nur, dass man auf diese Datierung von Thomaso Porcacchis L’isole piu famose del mondo bis Seite 92 warten muss. Gegenstand von Gerstenbergs Analyse sind einige Passagen, wo Porcacchi selbst auftritt, um den Informanten seines geographischen Sachbuchs und seinen Gönnern zu danken. Er tut dies indirekt: in den Personenbeschreibungen über lobende Attribute und in den als Gespräche abgefassten Textabschnitten durch besonders respektvolles, ehrerbietiges Kommunikationsverhalten. Porcacchi bedient sich somit bewusst gängiger Muster, um seine «soziale und ökonomische Position in der Wirklichkeit abzusichern» (89). Den Abschluss des ersten Beitragsbündels bildet eine Art state of the art von Waltraud Weidenbusch zur historischen Pragmatik («Überlegungen zu Möglichkeiten und Grenzen einer historischen Pragmatik», 101-12). Definiert werden Gegenstandsbereiche und Methoden einer historischen Pragmatik; zentraler Bezugspunkt für die Übersicht ist der Aufsatz von Andreas Jacobs/ Andreas H. Jucker, «The Historical Perspective in Pragmatics» 3 . Resümierend fasst Weidenbusch historische Pragmatik, historische Textsortenlinguistik und historische Gesprächsanlyse als die mit Diskurstraditionen befassten Bereiche und die historische Sozio- und Varietätenlinguistik als die den Varietäten verpflichteten Bereiche zusammen. Zusätzlich sei für die historische Pragmatik charakteristisch «die Einbeziehung kommunikativer Funktionen» (110) und zwar aus semasiologischer wie onomasiologischer Perspektive. Die zweite Gruppe von Aufsätzen widmet sich, wie der Titel Einzelsprache - Varietät - Diskurstradition andeutet, tendenziell einzelsprachspezifischen Fragestellungen. Gleich zu Beginn präsentiert Lene Schøsler mit der Entwicklung der Periphrase aller/ venir/ être + -ant ein Phänomen, «qui suit en français un parcours atypique» (131): «Tut s’en vat declinant. Un cas de grammaticalisation et de dégrammaticalisation dans le système verbal du français» (115-35). Eine französische Sondererscheinung - im Vergleich zu den übrigen romanischen Sprachen - ist die Entwicklung dieser Verlaufsform («périphrase progressive», 117) insofern, als sie zwar im Altfranzösischen verbreitet ist, im Mittelfranzösischen sogar «à un niveau de style élevé» (123) vorkommt, ab dem 16. Jahrhundert jedoch verschwindet, genauer: wieder zu einer freien ad-hoc-Zusammensetzung wird und den aspektuellen Wert der Periphrase verliert. Schøsler erklärt diese überraschende Entgrammatikalisierung und Rückentwicklung mit den Funktionen, die présent und imparfait um 1600 angenommen hatten 4 : Für das présent vermutet sie eine reduzierte Perfektivität, für das imparfait einen durativen Charakter, so dass «ces deux formes sont devenues de véritables concurrentes pour les périphrases progressives» (130). Um 1800 dagegen erweitern diese beiden synthetisch gebildeten Tempora ihre Funktionen so, dass das Bedürfnis nach Formen, die wieder eindeutig progressiven Wert haben, erneut vorhanden ist und zu Wendungen wie être en train de führt. So schlüssig die Argumentation von Schøsler auch wirkt - der von der Autorin selbst angekündigte pragmatische Aspekt der Untersuchung bleibt undeutlich. Einem Randphänomen der Wortbildung, der Delokution, widmet sich André Thibault: «La délocution et sa (non-)réception en lexicographie historique» (137-55). Für Thibault 251 Besprechungen - Comptes rendus 3 In: A. H. Jucker (ed.), Historical Pragmatics, Amsterdam 1995: 3-33. 4 Die Autorin widerspricht mit ihrer These explizit dem Erklärungsansatz von E. Werner, Die Verbalperiphrase im Mittelfranzösischen. Eine semantisch-syntaktische Analyse, Frankfurt/ M. 1980. handelt es sich bei den Delokutiva, also bei Ausdrücken wie miramelindos (‘Springkraut’, eine bestimmte Art der Springkräuter wird auch dt. delokutiv benannt: «Rühr-mich-nichtan») oder tutear (‘duzen’), immer um Einheiten der Diskursebene, «qui ont connu un transfert du niveau du discours à celui de la langue» (139). Als eigene Kategorie tauchen sie in Wörterbüchern gar nicht, in einschlägigen Monographien kaum auf; symptomatisch gewiss die Rubrizierung unter «Rest» (143) in der Wortbildungslehre von Franz Rainer 5 . Thibault kann schließen: «faute d’un arrière-plan théorique pertinent, la nature unitaire du phénomène n’est pas perçue» (144). Die Erfassung der Delokutiva kann folglich nur unsystematisch und lückenhaft, jedenfalls ohne Hinweis auf den Ursprung im Diskurs sein, wie im Anhang von Thibaults Beitrag (Annexe, 148-55) dokumentiert ist. Dort werden zu einer Vielzahl von Beispielen die jeweiligen Angaben in Wörterbüchern, Korpora, Monographien und (historischen) Grammatiken zitiert. So liefert z. B. eine Einführung in die kognitive Linguistik 6 eine unverständliche oder wenigstens ganz unglückliche Beschreibung der Entstehung von tutear als regramaticalización des Pronomen tu. Und in den Korpora werden Delokutiva erst gar nicht aufgeführt. Ludwig Fesenmeier versucht eine «Rekonstruktion des Sitzes im Leben» (160) von Texten, die 1269 bis 1320 im Rahmen notarieller Aufzeichnungen in italienischer Volkssprache, in volgare, abgefasst worden sind: «Justizielle Texte aus Prato. Ein Fall für ganzheitliche Textbetrachtung» (157-69). Die Analysen basieren auf einer Edition von 2000 7 , in der schriftliche notarielle Dokumente, die im Mittelalter die Gerichtsverfahren gewissermaßen begleiten, gesammelt sind. Jedes der Dokumente ist somit Teil eines «systematisch abgrenzbaren . . . Urkundenbestandes» und die einzelnen volgare-Belege sind daher nicht so ohne weiteres als disiecta membra (168) abzutun. Von der cedula, der formlos abgefassten Klageschrift oder Anzeige, über deren Abschrift für die Akten bis zu den abschließenden Urteilsfassungen sind manche Verfahren fast lückenlos dokumentiert. Dabei werden die vom Notar zum Teil in Volkssprache auf der cedula notierten Formulierungen beim Übertragen in die folgenden, überwiegend lateinischen Dokumente mehr oder weniger geschönt, z. T. latinisiert. Verf. versucht den «Sitz im Leben» der Dokumente zu rekonstruieren, um die volkssprachlichen Abschnitte schließlich varietätenlinguistisch besser einordnen zu können (cf. 160). So sind die cedule als relativ authentisch zu beurteilen, weil sie von einheimischen, d. h. Prateser Notaren protokolliert wurden. Weit weniger eindeutiges volgare zeigen die unterschiedlichen Abschrift-Versionen der cedule, da sie auch von Schreibern anderer Herkunft abgefasst wurden, die mitunter deutliche Probleme mit der Übernahme hatten. So konnte z. B. aus einem Prateser in luogo in der Feder eines Notars aus Ancona ein en luoco (164) werden. Weiterhin lassen die recht abenteuerlich anmutenden Latinisierungen den Schluss zu, dass für den Eindruck der Authentizität das Vorhandensein einzelner nähesprachlicher Merkmale (z. B. einer passe-partout-Konjunktion wie im It. das che) ausreichend war, unabhängig von der gewählten Sprache (Latein oder volgare): Ein «Tu menti, che non è vero» wird zu: «Tu mentiris, che no(n) e(st) ver(um)» (163). Der vierte Beitrag dieses zweiten Kapitels widmet sich einer bestimmten Diskurstradition - aus anderem Blickwinkel könnte man sagen: Kommunikationstradition -, die im Spanien des 18. Jh. entsteht und bis ins 20. Jh. von kulturgeschichtlicher Bedeutung ist, der tertulia: «Die tertulia - eine informelle Soziabilitätsform im Spanien des 18. Jahrhunderts. Ein literaturwissenschaftlicher Beitrag zur historischen Pragmatik» (Andreas Gelz, 171-77). Die tertulia ist ein Ort der Diskussion und Reflexion von im weitesten Sinn gesellschaftspolitischen und ästhetischen Fragen, «Ort» wird dabei sowohl konkret verstanden und kann 252 Besprechungen - Comptes rendus 5 F. Rainer, Spanische Wortbildungslehre, Tübingen 1993. 6 M. J. Cuenca/ J. Hilferty, Introducción a la lingüistica cognitiva, Barcelona 1999. 7 R. Fantappiè (ed.), Nuovi testi pratesi dalle origini al 1320, 2 vol., Firenze 2000. ein Café, eine Buchhandlung, ein Casino oder ähnliches bezeichnen, «Ort» bedeutet aber auch «die Gesamtheit der Teilnehmer sowie den Prozess der Kommunikation selbst» (172); letzterer umfasst neben dem Erstellen und Diskutieren von Texten auch das gemeinsame Musizieren oder Theaterspielen. Interessant für die historische Pragmatik wird für Verf. die tertulia u. a. deshalb, weil einige durch sie entstandene Texte, wie z. B. nachträglich schriftlich gefasste Diskussionen, sich wandelnde Sprachgebrauchsnormen thematisieren (cf. 173); gleichzeitig ist die tertulia selbst ein Zeichen des Wandels, wie ein von Verf. skizziertes sainete 8 vorführt, in dem eine tertulia (hier zu verstehen als Konversationskreis) mit dem Tod konfrontiert wird und eigentümlich, z. B. mit Wortspielereien, und nicht ganz den (bis dahin) geltenden Regeln der Pietät gehorchend reagiert. Eine Dialoganalyse auf der Basis des dreistufigen Analysemodells von Henne/ Rehbock 9 unternimmt Heidi Aschenberg am Beispiel der fiktiven, literarisch ausgestalteten Dialoge zur Questione della lingua von Macchiavelli, Bembo und Speroni aus dem 16. Jh. («Sprachdialoge der Renaissance - pragmatisch gesehen», 179-89). Verf. untersucht die Makrostruktur («illokutive und thematische Grobgliederung», 181) sowie die Konversationsstruktur (Organisation der turns, cf. 183) dieser drei Texte; die Untersuchung der Mikrostruktur (dritte Analyseebene bei Henne/ Rehbock) unterbleibt aus Platzgründen. Ein interessantes Fazit der Analyse (und gleichzeitig ein Hinweis auf den artifiziellen Charakter der drei «Dialoge»): Die Strukturen der Texte auf den beiden untersuchten Ebenen divergieren erheblich, und das trotz eines ähnlichen übergeordneten illokutiven Werts, der mit «Überzeugen» - bei Speroni mit einem deutlichen Akzent auf «Informieren» - umschrieben werden kann. Der Transfer eines für authentische Dialoge gedachten Modells auf die genannten Texte bleibt jedoch problematisch, wie Verf. selbst bemerkt (cf. 187). Patricia Correa wertet Akten aus den Jahren 1680-90 der Stadt San Miguel de Tucumán in Argentinien aus: «Una mirada pragmalingüística a las actas capitulares de Tucumán» (191-204). Drei Beispiele für unterschiedliche Diskurstraditionen werden aus den Dokumenten herausgegriffen - eine Petition, ein Dekret und ein Abkommen («acuerdo») - um bestimmte darin enthaltene Sprechakte im historischen Kontext, besonders vor dem Hintergrund der hierarchischen Verhältnisse zwischen den Kommunikationsteilnehmern, neu zu bewerten. Die ausgewählte Petition z. B. wird vom procurador, dem Vertreter der weniger begüterten Stadtbewohner, an den Stadtrat von San Miguel de Tucumán geschrieben, wird also, wie bei einer Petition üblich, von einem hierarchisch Untergebenen an einen Ranghöheren gerichtet. Neben den erwartbaren formelhaften Bitten («pido y suplico», 197) enthält dieses Schriftstück überraschenderweise auch deutliche, ja anmaßende Anweisungen für den Stadtrat. Diese unverhohlenen Befehle zur Ausführung eines bestimmten Gesetzes können nur deshalb in dem Brief erscheinen, weil ihr «enunciador» nicht mit dem «locutor», dem Sprecher/ Schreiber selbst, d. h. nicht mit dem untergebenen procurador identisch ist. «Enunciador» ist vielmehr eine höhere Instanz, die real audiencia, an die sich der procurador vorher gewandt hatte, um Unterstützung gegen einen drohenden Indioüberfall zu erbitten, und die er in seiner Petition zitiert. Das Aufsatzbündel zu Variation - Sprachwandel - Korpuslinguistik wird eingeleitet von Martin-Dietrich Glessgens Vorüberlegungen zu einer für sprachwissenschaftliche Auswertungen sinnvollen informatischen Erfassung historischer Textdokumente: «Diskurstraditionen zwischen pragmatischen Vorgaben und sprachlichen Varietäten. Methodische Überlegungen zur historischen Korpuslinguistik» (207-28). Die Tatsache, dass wir nur über schriftliche Zeugnisse vergangener Sprachzustände verfügen, «die zudem eng an bestimmte Diskurstraditionen gebunden sind» scheint «Rückschlüsse auf das Diasystem und die 253 Besprechungen - Comptes rendus 8 R. de la Cruz, «Las tertulias de Madrid», in: id. (ed.), Sainetes madrileños, Madrid 1988: 98-119. 9 H. Henne/ H. Rehbock, Einführung in die Gesprächsanalyse, Berlin/ New York 4 2004. sprachliche Konfiguration» (220) der Epoche zu verbieten. Die von Verf. mitentwickelte Software Phoenix soll nun doch zu solchen Rückschlüssen führen können: Sie ermöglicht es, transkribierte Manuskripte zu lemmatisieren sowie graphematische und morphologische Merkmale zu «taggen», d. h. mit Indices zu versehen. Der so vorbereitete systematische Vergleich von Texten einer Epoche lässt die textsortentypischen und -atypischen sprachliche Züge schneller hervortreten. In der Argumentation von Verf. (cf. 214) bedingen zunächst pragmatische, d. h. situationelle Gegebenheiten die Wahl sprachlicher Mittel für den Kommunikationsakt; ähnliche Situationen bedingen also eine ähnliche Auswahl an Mitteln und lassen somit Textsorten oder Diskurstradionen entstehen, «analog rekurrente» sprachliche Merkmale in Textsorten oder Diskurstraditionen gehen schließlich in eine bestimmte Varietät ein. D. h. über die rekurrenten Merkmale in den historischen Dokumenten lassen sich wenigstens Ausschnitte des Diasystems der jeweiligen Epoche rekonstruieren. Etwas störend in diesem Beitrag die Beinahe-Gleichsetzung von Textsorte und Diskurstradition (letztere kann mehrere Textsorten umgreifen, cf. 210), die Beschränkung auf ein Konzept hätte der Gesamtargumentation keinen Abbruch getan. Schade auch, dass die Möglichkeiten des interessanten Programms Phoenix nicht an Beispielen veranschaulicht wurden. Gerade was die Illustration mit sprachlichem Material betrifft, ist der folgende Beitrag dem von Glessgen ganz entgegengesetzt: «Sprachwandel und Sprachvariation» (Peter Koch, 229-54). Verf. zentriert seine Überlegungen um drei Beispiele für Sprachwandel aus dem Französischen - travailler, con, falloir -, um das Zusammenspiel zwischen Wandel der spachlichen Einheit selbst und Wandel ihrer Gebrauchsbedingungen zu erläutern. Ausgangspunkt für Wandel sind, so Verf., ad hoc-Innovationen, deren Motor bestimmte Ausdrucksbedürfnisse (bei travailler das Bedürfnis nach besonderer Expressivität) oder auch Reanalysen des Hörers sind (bei falloir, ursprünglich ‘fehlen’, cf. 247s.) und nicht die üblicherweise angeführten Faktoren: Beseitigung von Allophonien, größere Lautfülle des neuen Elementes, Vermeidung von Homophonie (cf. 233s.). Diese Faktoren werden erst bei der Etablierung einer Einheit (z. B. travailler) und Verdrängung einer anderen (ouvrer) innerhalb einer Varietät relevant. Zu diesem Zeitpunkt der Etablierung ist, in der auf Hausmanns 10 Überlegungen basierenden Terminologie von Verf., die semantisch veränderte sprachliche Einheit ein neues Regulatum mit einem neuen Set an Gebrauchsbedingungen (Regulans) geworden. Im Unterschied zu Gleßgen erwähnt Koch die Diskurstradition nicht explizit als eine Art «Zwischenstufe» des Sprachwandels, sondern spricht lediglich von Gebrauchsbedingungen, bzw. der «variationellen Markierung» (232), die einer ursprünglichen ad hoc-Bildung zugewiesen werden, sobald sie sich etabliert. Maria Selig warnt in ihrem Beitrag «Schreiberprofile und Sprachstandardisierung. Bemerkungen zur mediävistischen Korpuslinguistik» (255-68) vor zu undifferenzierten linguistischen Beurteilungen mittelalterlichen Sprachmaterials, zu denen die neuen Möglichkeiten quantitativer rechnergestützter Erfassung und Auswertung verleiten könnten. Bereits die Basis solcher Korpora, so Verf., ist zuweilen unzuverlässig, wenn sie aus Editionen statt Manuskripten besteht. Für Verf. steht im Prinzip hinter der historischen Korpusarbeit die Frage «wie aus einzelnen Texten die Rekonstruktion des mittelalterlichen Sprachraumes gelingen kann» (256). Dabei sei für die Rekonstruktion der diatopischen Verhältnisse der unkritische Rückgriff auf die Skriptae-Kategorien nicht ausreichend und für generelle Aussagen über die zeitgenössischen Diskurstraditionen müsse bei der Analyse der einzelnen Manuskripte u. a. immer deren Kommunikationsradius sowie deren Anbindung an lateinische oder andere Vorbilder mit berücksichtigt werden. Letztlich plädiert Verf. für eine 254 Besprechungen - Comptes rendus 10 Cf. F. J. Hausmann, «Wie alt ist das gesprochene Französisch? Dargestellt speziell am Übergang von j’allons zu on y va», RF 91(1979): 431-44. Aufwertung der Situation des Schreibers und des Schreibens im Rahmen der Analyse altfranzösischer Manuskripte, um so «die sprachliche Dynamik», die «aufgrund des intensiven Varietätenkontaktes» (264) parallel zur allmählichen Verfestigung der Schriftsprache bestand, besser erkennen zu können. Gerade die Gewohnheiten einzelner Schreiber lassen sich auf bequeme Weise in dem von David Trotter vorgestellten kleinen Korpus herausarbeiten (Boin sens et bonne mémoire: tradition, innovation et variation dans un corpus de testaments de Saint-Dié-des- Vosges [XIII e -XV e siècles], 269-78). Für dieses diastratisch und diaphasisch relativ homogene, diachronisch jedoch differenzierte Korpus wurden achtzig Dokumente (Manuskripte von Testamenten) transkribiert und mit MS Word ® erfasst. Die so eingegebenen Daten wurden indiziert und sind mit dem einfach zu nutzenden Programm Concordance ®11 oder anderer Software auswertbar. So lassen sich etwa bestimmte Graphien unzweifelhaft einzelnen Schreibern/ Notaren zuordnen, um somit individuelle (z. B. leis) von den allgemein verbreiteten Graphien (les) zu unterscheiden. Bei der Graphie leis für den bestimmten Artikel im Plural etwa stellt sich heraus, dass sie lediglich «l’affaire de deux notaires seulement» (277) ist. Der Beitrag von Martin Kött zur bewussten Nutzung verschiedener Varietäten in Pressetexten der zweiten Hälfte des 19. Jh. schließt den Band ab: «Authentizität durch Variation» (279-91). Ein Journalist, der Reportagen oder Interviews verfasst, ist, so Kött, um Authentizität bemüht; mit möglichst wortgetreuen Zitaten «beglaubigt er seine persönliche Anwesenheit vor Ort» (289). Es geht ihm freilich nicht um detailgetreues Wiedergeben spontan formulierter Äußerungen, sondern vielmehr lediglich um den Eindruck des Echten, wie Verf. an Belegen zeigen kann. So wird in einem Interview des Figaro vom 31. 7. 1888 z. B. ein umgangsprachliches gosses (‘enfants’, 288) effektvoll in den ansonsten schriftsprachlichen Zitattext eingestreut. Diese Inkonsequenz nimmt der Journalist in Kauf, nicht nur, weil perfekte Authentizität ohnehin kaum herzustellen ist, sondern auch, weil in Tageszeitungen die Homogenität und damit Verständlichkeit der Texte garantiert werden muss (cf. 289s.). Die Rezensentin ist im vorliegenden Sammelband auf praktisch keinen bedeutenden Tippfehler gestoßen, lediglich auf p. 238 irritiert im untersten Absatz die offensichtliche Verwechslung von «Regulatum» und «Regulans». Bei der typographischen Gestaltung des Bandes wurde erfreulicherweise auf platzsparende Maßnahmen wie z. B. reduzierte Schriftgröße verzichtet. Insgesamt ein vielseitiges, anregendes und schließlich auch formal ansprechendes Buch. Martina Nicklaus ★ Aschenberg, Heidi/ Wilhelm, Raymund (ed.), Romanische Sprachgeschichte und Diskurstradition. Akten der gleichnamigen Sektion des xxvii. Deutschen Romanistentags, Tübingen (Narr) 2003, 236 p. (Tübinger Beiträge zur Linguistik 464) Der Tagungsband umfasst eine Auswahl der in der im Untertitel angeführten Sektion des Münchener Romanistentages gehaltenen Vorträge. Es handelt sich um insgesamt zwölf Beiträge, darunter die beiden positionierenden Aufsätze der Herausgeber. Heidi Aschenberg führt den Band an, indem sie die Themenstellung «Diskurstraditionen» in der gegenwärtigen historischen Sprachwissenschaft in einer Art state of the art verortet, Raymund Wilhelm beschließt ihn, indem er Perspektiven einer sich als Kommunikationsgeschichte konzeptu- 255 Besprechungen - Comptes rendus 11 Frei zugänglich unter: www.concordancesoftware.co.uk, noch nicht Vista-kompatibel. alisierenden Sprachgeschichtsschreibung als Geschichte von Diskurstraditionen aufzeigt und hier zur Weiterforschung anregt. Der sehr sorgfältig redigierte Band umfasst die folgenden Beiträge: Heidi Aschenberg, «Diskurstraditionen - Orientierungen und Fragestellungen» (1-18); Barbara Frank-Job, «Diskurstraditionen im Verschriftlichungsprozess der romanischen Sprachen» (19-35); Jörn Albrecht, «Können Diskurstraditionen auf dem Wege der Übersetzung Sprachwandel auslösen? » (37-53); Silvia Albesano, «Volgarizzare il De consolatione philosophiae di Boezio: Traduttori trecenteschi a confronto» (55-70); Christiane Maass, «Di lingua latina in toscana tradocto. Zum Problem der Übersetzung im Kreis um Lorenzo de’ Medici» (71- 87); Eva Stoll, «Tratados de caballería im Spanien des 16. Jahrhunderts: eine Textsorte zwischen Tradition und Innovation» (89-109); Rafael Arnold, «Ein Diskurs - Vier Traditionen. Die venezianische Haggada von 1609» (111-33); Sybille Grosse, «Französische Briefsteller» (135-61); Roland Schmidt-Riese, «Grammatik im siècle classique: zu Konstitution und Pragmatik der Grammaire algonquine (1674) von Louis Nicolas» (163-81); Dorothée Kaiser, «Zum Einfluß angelsächsischer Diskurstraditionen auf die Wissenschaftssprache in Hispanoamerika» (183-201); Monika Sokol, «Konstitution, Tradierung und Entlehnung des Rap: Ein Modellfall für die Diskurstraditionsforschung? » (203-20); Raymund Wilhelm, «Von der Geschichte der Sprachen zur Geschichte der Diskurstraditionen. Für eine linguistisch fundierte Kommunikationsgeschichte» (221-36). Im Überblick enthält der Band damit Beiträge zur einzelsprachübergreifenden Historiographie von Sprachen und Diskursen, zum Zusammenhang von Sprachgeschichte und Übersetzung, zu Entstehung und Wandel einzelner Diskurstraditionen, zum Verhältnis von Einzeltexten zu Diskurstraditionen sowie zu diskurstheoretischen Traktaten und ihren Einflüssen. Heidi Aschenberg verfolgt in ihrem Beitrag zunächst die Beschäftigung mit Texten bis zu Platon zurück und zeichnet diese über Aristoteles und Castelvetro, über die Gattungstheorien und -systematiken der Literaturwissenschaft bis hin zur in den 1960er Jahren entstandenen Textlinguistik nach, in der über eine Konzeptualisierung von Textmustern deskriptive Termini eingeführt werden, wie da sind Textsorte, Text als komplexes Handlungsmuster, Textsortenwissen, Texttyp etc., die alle - wenn auch nicht isomorph - auf etwas rekurrieren, das man Text (sowohl als empirisch-individuell fassbares als auch als kognitives in einer Gemeinschaft verankertes Phänomen) nennt. Im Sammelband wird für die sprachhistorische Dimension der Begriff der Diskurstradition zugrunde gelegt, so wie er von Coseriu als Texttradition vorgeschlagen und dann durch Peter Koch und Wulf Oesterreicher in der Terminologisierung Diskurstradition bzw. Diskursnorm präzisiert wurde. Dabei werden Diskurstraditionen übereinzelsprachlich definiert, die sich in der Einzelsprache/ in Einzelsprachen konkretisieren (können). Es handelt sich hierbei um einzelsprachübergreifende Regelkomplexe und Konventionen, also Techniken der Textproduktion. Verf. hebt dabei, ebenfalls mit Bezug auf Koch/ Oesterreicher die Bedeutung medialer wie auch konzeptioneller Aspekte von Texten hervor - eine Scheidung, die fast alle Beiträge des Sammelbandes durchzieht und die so obstinat präsent bleibt. Diskurstraditionen können aber auch als habitualisiertes Wissen kommunizierender Subjekte gefasst werden, welches impliziten und expliziten Normsetzungen folgt. Eine andere Ausweitung des Begriffs der Diskurstradition wird in der Bezugsetzung zu realhistorischen Kontexten gesehen, insbesondere in der Betrachtung sog. Epochenschwellen, etwa im Übergang von der Illiteralität über eine beschränkte Verschriftung hin zur quasi unbegrenzten Verschriftung über Buchdruck bis zur Internetkommunikation. Die Spezifik des Begriffs Diskurstradition, verglichen mit den Begriffen Texttyp und Textsorte als klassifikatorische Begriffe, liege in seiner historischen Perspektivierung, die es gestatte, neue Fragen mit neuem bzw. modifiziertem Erkenntnisinteresse an die Geschichte der Sprache(n), und zwar nicht nur der Nationalsprachen, wie 256 Besprechungen - Comptes rendus überwiegend üblich, zu stellen. Im zweiten Teil des Beitrags werden die Aufsätze im Sammelband kurz - auch mit Bezug auf den dort verstandenen Begriff der Diskurstradition - vorgestellt. Der Überblick von Aschenberg eignet sich gut zur Einführung für eine Ausrichtung in der historischen Sprachwissenschaft, die mit der aktuell zunehmenden Dominanz eines kulturwissenschaftlichen Paradigmas in den Philologien immer wirkmächtiger wird und neue Sehweisen offeriert. Barbara Frank-Job konzentriert sich in ihrem Beitrag auf Diskurstraditionen im Verschriftlichungsprozess mit dem Schwerpunkt auf ausgewählten Fallbeispielen aus der mittelalterlichen Romania. Verf. geht mit Bezug auf Oesterreicher davon aus, dass Diskurstraditionen als konventionalisierte und keineswegs universale Konzepte Elemente der Lebenswelt einer Sprachgemeinschaft sind und als solche dem gesellschaftlichen Wandel und der gesellschaftlichen Interpretation unterliegen. Sie schlägt dabei in einem strukturalistischen Grundverständnis den Bogen zum Konzept des kollektiven (und damit kulturellen) Gedächtnisses einer Gemeinschaft im Sinne von Assmann. Dabei handle es sich bei sprachlich fundierten Gedächtniseinheiten nicht unbedingt um solche, die in einer Sprachgemeinschaft verankert sind. Vielmehr stünden sie in Bezug zu Sprechergemeinschaften, da Sprecher in der Regel Teil verschiedener Sprechergemeinschaften sind. Zentral für Frank- Job wird dabei zum einen die Verschriftung nähesprachlicher Äußerungen in die Volkssprache und zum anderen das Eindringen der Volkssprache in die distanzsprachliche Verschriftung, die durch das Lateinische getragen wurde. Die Darlegungen werden durch das immense Materialkorpus, das Verf. gemeinsam mit Hartmann 1997 zusammengestellt hat, eingängig illustriert. Jörn Albrecht beschränkt sich mit Hinweis auf die Komplexität seiner Themenstellung, ob Diskurstraditionen auf dem Weg der Übersetzung im Gefolge der Nachahmung fremder Muster Sprachwandel auslösen können, auf eine, wie er selbst sagt, eher anekdotisch angelegte Thematisierung von Grundüberlegungen zur Wirkung von Übersetzungen im vorgegebenen Rahmen. Zunächst klärt er sein Verständnis von Diskurstradition, die er mehr oder weniger salopp mit «Schreibe» gleichsetzt, um dann die Diskurstradition mit Bezug auf die Einzelsprache sowie im Rahmen der langue-parole-Dichotomie anzureißen. Es folgt eine Skizze konkurrierender Termini wie Textsortenkonvention und Sprechakt, desgleichen werden die drei Ebenen Coserius (allgemein, historisch, textbezogen) eingeführt sowie die Diskurstraditionen im Rahmen der Dichotomie universal vs. historisch-kontingent durchleuchtet. Zur eigentlichen Thematik überschwenkend befasst er sich knapp mit dem Status der Zielsprache im Übersetzungsprozess, dem Problem der Nachweisbarkeit von diskurstraditionellen Kategorien bzw. Erscheinungsformen sowie dann mit der «Kernfrage» und da zum einen mit der Auflistung «übersetzungsresistenter» und «übersetzungsanfälliger» Bereiche der Sprache und zum anderen mit der Frage, ob sich die Zielsprache der Übersetzung durch Imitation von Diskurstraditionen anderer Sprachen beeinflussen lässt, was zu zwei weiteren Fragen führt, nämlich einer genetischen (Entstehen Diskurstraditionen immer innerhalb von Einzelsprachen? ) und einer systematischen (Kann eine Diskurstradition sich soweit verselbständigen, dass sie auf die Sprache zurückwirkt, die sie hervorgebracht hat? ). Beide Korollarfragen werden verneint, eine Verneinung, deren Überprüfung leider unterbleibt. Die daran anschließenden Begründungen von Verf. für seine spekulative Apodiktik sind allerdings keine Antworten auf die aufgeworfenen Fragen und deren Verneinung, sondern erläutern diese eher im Falle ihrer Bejahung. Das Titelthema wird nicht zielführend behandelt. Silvia Albesano zeigt über einen Vergleich von drei Boethius-Übersetzungen aus dem 13. Jahrhundert (die volgarizzamenti von Alberto della Piagentina, 1332, von Grazia di Meo, 1343, sowie eine venetische Version aus der Biblioteca Civica in Verona vom Ende des 14. Jahrhunderts), dass der Umgang der Übersetzer mit ihrer Vorlage in höchst verschiede- 257 Besprechungen - Comptes rendus ner Weise erfolgt und geprägt ist durch die jeweilige Intention, die mit der Übersetzung verbunden wird. Analysen solcher Fallbeispiele vermögen in der Tat auch für die Linguistik Material zu liefern, die diskurstraditionelle Erkenntnisse über Übersetzungsmotive und -ziele gewähren. Christiane Maass gibt einen fundierten Einblick in die Rolle von Übersetzungen ins Lateinische sowie in die Volkssprache im durch Lorenzo de’ Medici geprägten intellektuellen Zirkel, dem insbesondere Cristoforo Landino, Marsilio Ficino, Pico della Mirandola und Angelo Poliziano angehören.Während Übersetzungen ins Lateinische bis dahin Ausdruck einer gebildeten, d. h. in den klassischen Sprachen der Antike gebildeten, Gruppe war, versucht Lorenzo bewusst und gezielt durch die Initiierung von Übersetzungen der Klassiker in die eigene Sprache (traditionell abwertend durch den Terminus volgarizzamento benannt) deren gleichwertiges Prestige zu dokumentieren. Im lorenzinischen Kreis wird bewusst das Wortfeld um volgare vermieden und genauso bewusst diejenige Terminologie für die Übersetzungen ins Toskanisch-Florentinische verwendet, die bislang für das Übersetzen ins Lateinische reserviert war, nämlich tradurre bzw. tradocto, trotz der im gesamten 15. Jahrhundert weiter bestehenden Dichotomie von Übersetzen (für dotti) und Vulgarisieren (für indotti). Im Kreis um Lorenzo werde durch die Aufwertung der Übersetzung ins Toskanische im gleichen Atemzug auch der klassische Unterschied zwischen den dotti, d. h. den in den klassischen Sprachen Gebildeten, und den indotti aufgehoben zugunsten eines gebildeten toskanischen Publikums. Der Sonderstatus der laurenzianischen Cerchia in der Frage der Übersetzung in die Volkssprache wird überzeugend und klug vorgeführt. Eva Stoll beschäftigt sich mit sog. Tratados de caballería im Spanien des 16. Jahrhunderts, die mit der Diskurstradition des früheren Ritterromans weder formal noch inhaltlich noch mit Bezug auf einen bestimmten geistig-kulturellen und politischen Rahmen vieles gemeinsam hätten. Die behandelten Traktate könnten allenfalls in die Diskurstradition tiermedizinischer, speziell hippologischer Handbücher des Mittelalters gestellt werden. Die Ausführungen sind interessant, würden aber als weniger spektakulär anzusehen sein, wenn Verf. den Begriff caballería nicht in beiden Diskurstraditionen (Ritterroman, tiermedizinische Abhandlung) mit «Ritter» übersetzt hätte, sondern angesichts des gewandelten externen Bezugsrahmens für diesen Begriff, sich, wie auch einmal geschehen, dafür entschieden hätte, für ihre Texte die Übersetzung «Reiter» oder gar «Pferdewesen» o. ä. zu wählen. Das Problem, das hier behandelt wird, ist m. E. eher eines der Polysemie bzw. eines sozial-professionellen Bedeutungswandels und nicht unbedingt ein solches von Diskurstraditionen. Rafael Arnold präsentiert einen viersprachigen Haggada-Druck (hebräisch-aramäisch, judenspanisch, judenitalienisch und jiddisch) vom beginnenden 17. Jahrhundert, in dem sich unterschiedliche Traditionslinien binden. Das Buch spiegle die vielschichtige jüdische Kultur in Venedig wider (sephardische, aschkenazische und italienische Juden). Dargestellt werden, auf den Druck fokussiert, Text und Texttradition, Bildtradition, Übersetzungstraditionen, Schrifttradition (Text und Übersetzungen sind im hebräischen Alphabet dargeboten) sowie die Rezeption der Haggada in wechselnden historischen Kontexten. Der Blick, der dabei auf die Diskurstraditionen des Originals sowie der kulturspezifischen Übersetzungstypen geworfen wird, vermag in eindringlicher Weise die Bedeutung der sprachlichen Gestaltung der verschiedenen Texttraditionen zu vermitteln. Sibylle Grosse wendet sich mit den Briefstellern einer Diskurstradition zu, die, im Mittelalter entstanden, in verschiedenen mittel- und südeuropäischen Kulturen unterschiedliche Auslegung erfahren habe. Untersucht werden französische Briefsteller bis ins 20. Jahrhundert. Auch Große bettet ihre Interpretation in einen medial-konzeptionellen Rahmen à la Koch/ Oesterreicher ein. Ausführlich wird diskutiert, inwiefern Briefsteller eine Diskurstradition konstituieren bzw. inwieweit sie mit anderen Diskurstraditionen kor- 258 Besprechungen - Comptes rendus relieren (etwa Urkunde, Schulbuch, Briefroman, ouvrages de civilité etc.). Es wird ein Geflecht von Diskurstraditionen herausgelöst, das deutlich macht, wie übrigens auch in anderen Beiträgen des Sammelbandes, dass eine Diskurstradition per se stante nicht existiert. Es folgt die Analyse von drei (aus bis ca. 1900 nachgewiesenen 195) Briefstellern (An., Le stile et maniere de composer, dicter, et ecrire toute sorte de lettres, 1553, Philipon de la Madelaine 1761, Bernage 1964), die neben typischen diskurstraditionellen Gemeinsamkeiten auch Unterschiede im formalen und inhaltlichen Bereich offenbaren. Charakteristisch sei die Einpassung der Briefsteller in die jeweils vorherrschende Alltagskultur der anvisierten Zielgruppe, was sich sowohl in der sprachlichen Ausgestaltung (etwa Anredeformen) als auch in den empfohlenen Versatzstücken und Aufbauelementen niederschlage. Roland Schmidt-Riese zeichnet Entstehung und kulturhistorische Einbettung der ältesten Grammatik zur Beschreibung einer kanadischen Indianersprache im Gefolge von Kolonisation und Missionierung durch Frankreich nach und stellt die Grammatik der Algonquinsprache in die Tradition der zeitgenössischen Diskurstradition «Grammatik», die terminologisch und klassifikatorisch eng an das lateinische Modell angelehnt ist. Mit dem Beitrag von Dorothee Kaiser erfolgt eine weitere Verlagerung der Betrachtung in den außereuropäischen Raum. Der Einfluss angelsächsischer Diskurstraditionen auf die Wissenschaftssprache im spanischsprachigen Amerika wird über eine Analyse der Abfassungsstrategien sprachwissenschaftlicher Aufsätze illustriert. Eine zentrale Rolle spielt dabei die Diskussion von Diskurstraditionen zwischen Konvention und Innovation. Angelsächsische und romanische Diskurstraditionen werden in Bezug auf prototypisch verstandene Textsorten Essay und Artikel behandelt. Ausgewertet werden dann Materialien venezolanischer sprachwissenschaftlicher Zeitschriften, da das angelsächsische Modell in diesem Land den größten Erfolg zu verzeichnen habe. Verschiedene Ebenen des Einflusses und der Übernahme werden aufgelistet und am Material erläutert (Übernahme der Sprache, Übernahme von Gliederungsprinzipien, von Publikationsnormen, von sprachlichen Elementen, von Textelementen und deren Bezeichnung sowie von stilistischen Elementen). Verf. schließt mit der kritischen Frage, die man sich u. E. nicht nur in Bezug auf das venezolanische Beispiel stellen sollte, nämlich inwieweit die Übernahme neuer Modelle, die in manchen Ländern nahezu sklavisch vollzogen werde, erstrebenswert bzw. notwendig sei. Monika Sokol befasst sich mit dem Rap, einer in den 1970er Jahren in den USA entstandenen Populärmusik, die auch bald in Europa ihre Anhänger fand. Dieses Musikgenre wird aus der Perspektive der Diskurstradition als polyfunktionale Gattung beschrieben, deren Hauptmerkmal die Diskursbetontheit mit dem distinktiven Merkmal des rhythmisierenden Sprechens sei. Der Rap erscheint als paraliterarisch-lyrische Diskurstradition, deren Vorläufertraditionen, insbesondere auch in der afro-amerikanischen Kultur gesehen werden. Dabei spiele die mediale Dekontextualisierung sowie die Entwicklung neuer Produkte über die Mittel der Schriftkultur eine zentrale Rolle: Diskurstypen bzw. -elemente würden herausgelöst, die ihrerseits Bestandteil anderer Traditionen sind bzw. sein können, wie etwa die Publikumsinzitation, das verbal duelling mit den Erscheinungsformen boasting, dissing, marking und signifying. Nach den Gattungsmerkmalen des Raps schwenkt Verf. zum französischen Rap über, der ursprünglich hauptsächlich von männlichen Jugendlichen mit Migrantenhintergrund praktiziert wurde. Heute sei der Rap integraler Bestandteil der hexagonalen Kultur und verbinde, ähnlich wie die chanson française, über die diskursive Komponente Populärkultur und literarische Hochkultur. Es sei ein Ausbau in Richtung auf höhere Stilregister erfolgt mit Berücksichtigung auch literarischer Konventionen mit teils ostentativen und unironischen Bezügen zum französischen Literaturkanon. Hinzu kämen nicht-diskursive Elemente. Verf. postuliert demzufolge, dass das Instrumentarium der Diskursforschung modifiziert bzw. ergänzt werden müsste mit Blick auf nichtdiskursive Traditionen und Elemente, die sich mit einer Gattung vereinen. Sprechen (oder 259 Besprechungen - Comptes rendus Singen) stehe in nicht distinktivem Verbunde mit anderen modi significandi, die ihrerseits traditionsgebunden eingesetzt würden. Der Beitrag endet mit einer interessanten These für die mittelalterliche Mündlichkeits-Schriftlichkeitsforschung, die vorschlägt, man möge die mittelalterliche Lyrik auf eine rezitativ gesungene Realisierungsmöglichkeit hin überprüfen und Redeverben dort, wie z. B. dezir, eventuell als Hinweis auf eine Art Sprechgesang, wie er ja auch für den Rap konstitutiv ist, deuten. Raymund Wilhelm leuchtet in seinem Beitrag Perspektiven einer diskurstraditionellen Orientierung für die romanische Sprachgeschichtsschreibung aus und plädiert für eine Ergänzung der «traditionellen» Sprachgeschichtsschreibung um eine linguistisch fundierte Kommunikationsgeschichte. Das Erkenntnisinteresse der sprachhistorischen Forschung, die in den letzten Jahren wieder verstärkt in den Vordergrund romanistischer Themenstellung gerückt sei, wird offen hinterfragt. Wichtig werde zum einen eine Erweiterung der Sprachgeschichte im Sinne einer historischen Varietätenlinguistik und zum anderen eine Öffnung hin zur Kommunikationsgeschichte.Während mit Bezug auf die romanischen Sprachen ersteres bereits als sprachhistorisches Thema erkannt worden sei (Sprache des «kleinen Mannes»; Geschichte mündlicher Sprache; regionale Sprachgeschichtsschreibung in Abstandsnahme von der auf die nationalsprachliche Norm abgehobene Sprachgeschichtsschreibung), sei letzteres zwar mehrfach gefordert worden, eine genaue Gegenstandsbestimmung einer solchen linguistisch fundierten Kommunikationsgeschichte als Teil einer allgemeinen Kommunikationsgeschichte, die nur interdisziplinär leistbar ist, sei aber bislang kaum abzusehen. Pragma- und textlinguistische Ansätze müssten hierfür unbedingt durch eine diskurstraditionelle Komponente erweitert werden. Eine kommunikationsgeschichtliche Orientierung der historischen Sprachwissenschaft vermöge dabei neue Gegenstandsbereiche zu erschließen. Das Konzept der Diskurstradition könne hier einen methodisch gesicherten Zugang zu den auf den ersten Blick recht heterogenen Aufgabenfeldern der Sprach- und Kommunikationsgeschichte ermöglichen. Die Beschäftigung mit Sprachnormen (einzelsprachlich) müsste um die Beschäftigung mit Diskursnormen (prinzipiell sprachübergreifend) erweitert werden. Die Verwobenheit der beiden Normen sei methodisch aufzulösen. Es gehe dabei um Statuszuweisungen anhand der Bewertungskriterien des Korrekten (für eine Einzelsprache) und des Angemessenen (bezüglich der in der jeweiligen Kommunikationssituation gültigen Regeln). Im Rahmen einer kommunikationsgeschichtlichen Perspektivierung könne es dabei nicht um die Analyse von Einzelfällen gehen, sondern vielmehr zum einen um die Darstellung kommunikativer Situationen und die mit ihnen traditionell verbundenen textuellen Muster (Diskurstraditionen) und zum anderen um die Berücksichtigung der Bindung der Diskurstraditionen an bestimmte soziale Gegebenheiten, Trägergruppen, Institutionen, Mentalitätsstrukturen etc. Von besonderem Interesse sei dabei der Wandel von Diskursnormen im Zusammenhang mit sozial-, kultur- und mediengeschichtlichen Wandlungsprozessen, etc. Der Sammelband zeichnet sich durch seine sorgfältige Zusammenstellung aus, die die Themenverbindung Sprachgeschichte - Diskurstraditionen exemplarisch in verschiedene Tiefen ausleuchtet und kann als anregendes Werk für einen Neuorientierung oder Orientierungsverlagerung der Sprachgeschichtsschreibung gesehen werden. Den Herausgebern ist zu ihrer klugen und engagierten Gestaltung des Bandes zu gratulieren. Durch die Umrahmung der Beiträge durch ihre Ein- und Ausleitung sowie das immer wieder thematisierte Konzept der Diskurstraditionen in unterschiedlicher Schwerpunktsetzung gewinnt der Band eine Geschlossenheit, die sonst bei Tagungsakten oft nicht erreicht wird. Edeltraud Werner ★ 260 Besprechungen - Comptes rendus Franck Floricic (ed.), La négation dans les langues romanes, Amsterdam/ Philadelphia (John Benjamins Publishing Company) 2007, xi + 229 p. (Linguisticae investigationes 26) Ce volume collectif est consacré à la problématique de la négation dans les langues romanes, un champ d’étude riche et fécond, comme en témoigne le nombre important de recherches dédiées à ce sujet. L’originalité de l’ouvrage résulte de la multiplicité des approches théoriques et de la diversité des langues étudiées: il comporte dix contributions fournissant des analyses formelles, fonctionnelles et descriptives, ainsi que des études concernant différents états de langues. L’article «Occitano antiguo ge(n)s: su ausencia en ciertons contextos negativos» de Rosa Medina Granda, qui ouvre le volume, aborde la question de l’absence des quantifieurs négatifs, en particulier ge(n)s, en ancien occitan. Adoptant le cadre théorique de Muller 1991 et utilisant le principe scalaire de Fauconnier 1976, l’auteure analyse les marqueurs de négation tels que pas, mie, point ou ge(n)s comme des quantifieurs minimaux indéterminés permettant de décrire de façon explicite la quantification associée au verbe. L’analyse du corpus (textes des troubadours réunis par de Riquer 1983) permet à l’auteure de dresser la liste des contextes négatifs où le marqueur ge(n)s est absent. Ces contextes sont ensuite regroupés en deux classes en fonction des raisons qui, selon l’auteure, justifient cette absence. Dans le premier groupe de contextes négatifs, réunissant les subordonnées négatives régies par des principales négatives, les questions rhétoriques négatives et, enfin, certains verbes sémantiquement négatifs (no(n) se laissar de, no(n) se gequir de, no(n) se tolre de, etc.), l’absence de ge(n)s s’explique par «la polaridad positiva resultante en estos contextos» (11), incompatible avec la sémantique de ge(n)s en tant qu’«explicitador de la negación» (2). Dans le deuxième groupe de contextes négatifs, dont font partie les expressions comme no m’en cal, non dizer/ sonar/ parlar/ saber, ainsi que les modaux poder/ ausar/ voler/ deber suivis de l’infinitif, l’absence de ge(n)s est justifiée par le fait que ces contextes contiennent déjà «la suficiente carga de indeterminación» (23), de sorte que la présence de ge(n)s ou d’autres quantifieurs indéterminés n’est plus nécessaire. Dans leur étude «Il y a nec et nec: trois valeurs de la négation en latin et dans les langues de l’Italie ancienne», Anna Orlandi et Paolo Poccetti proposent une analyse synchronique et diachronique de cette particule. Particule de négation forte en latin archaïque, nec devient en latin classique une particule coordonnante négative et «parcourt toute l’évolution des particules coordonnantes» (32) de marqueur adverbial, fonctionnant comme connecteur («coordination connective»), à «simple coordonnant» («coordination copulative»). Appliquée à l’analyse des exemples, cette évolution sémantico-syntaxique de nec ne semble pas toutefois plus claire du point de vue diachronique (cf. les indications chronologiques des pages 31 et 32), que du point de vue synchronique. Plus précisément, la frontière entre les emplois de nec comme connecteur et comme opérateur de coordination est définie très vaguement: «Lorsque les liens entre les propositions deviennent plus étroits, les emplois comme connecteurs se raréfient et les mêmes particules, dont les valeurs sémantiques sont affaiblies, fonctionnent comme simples opérateurs de coordination, entre deux propositions négatives» (35, les italiques sont de nous). Toutefois, à la page précédente, en analysant un des emplois de nec connecteur, les auteurs écrivent que «le lien entre les deux propositions est assez étroit» (34). Enfin, la description du troisième emploi de nec comme «focus particle» dans des contextes emphatiques (38) nécessiterait, elle aussi, une définition plus précise des types de contextes où cette interprétation, plutôt qu’emploi, de nec devient possible, tandis que les auteurs se satisfont de commentaires d’exemples isolés. La contribution «Licensing expletive negation and negative concord in Romance languages» de Teresa Espinal est la seule rédigée en anglais, alors même que l’on s’attendait dans le cadre de ce volume à un choix linguistique plus cohérent (l’article aurait pu être 261 Besprechungen - Comptes rendus écrit dans une langue romane). T. Espinal entend rendre compte des différences entre la légitimation de la négation explétive et celle de la concordance négative en catalan et en espagnol. L’auteure suggère que la variation entre les deux langues peut être expliquée a) par des différences dans les traits formels et les propriétés sémantiques des mots négatifs (appelés «mots-n» à la suite de Laka 1990) (§1); b) par des possibilités variées concernant la légitimation du DP qui contient soit le résidu d’un nom nu, soit un mot négatif ou un minimiseur du type ni (§2); ou c) par des dépendances sémantiques distinctes d’un opérateur non véridique, légitimant la négation explétive, ou a(nti)véridique, autorisant les mots-n (§3). Ce dernier constat, qui reprend les hypothèses formulées précédemment sur la négation explétive (en commençant par les mondes possibles de R. Martin), laisse toutefois ouverte la question de savoir pourquoi, même au sein des langues romanes, certains contextes non véridiques autorisent la négation explétive dans certaines langues et ne l’autorisent pas dans d’autres. Dans son étude «Le paradoxe de la double négation dans une langue à concordance négative stricte», Anamaria Falaus discute la distribution et l’interprétation des «mots-n» en roumain. Elle analyse des phrases avec deux ou plusieurs mots négatifs qui autorisent soit une lecture à double négation, soit une lecture à une seule négation, et cherche à définir la contribution sémantique de chaque élément morphologiquement négatif dans la construction de telle ou telle interprétation. En défendant «l’hypothèse sur la négativité inhérente des ‹mots-n› en roumain» (80), l’auteure considère les mots-n roumains comme des quantifieurs négatifs et adopte, pour leur description, l’approche polyadique de la concordance négative stricte élaborée par H. de Swart et I. Sag. Cette approche, dont l’auteure avoue les limites explicatives pour d’autres langues (94-95), lui a néanmoins permis de rendre compte de l’ambigüité d’une phrase avec deux «mots-n» en roumain, ambigüité qui «provient de l’existence de deux mécanismes de dérivation» (94). Soit les quantifieurs négatifs sont interprétés séparément, ce qui donne par «itération» du sens négatif une lecture à double négation; soit ils forment «un seul quantifieur négatif complexe qui quantifie une paire de variables» (94), ce qui génère, «par reprise» du sens négatif, une interprétation de concordance négative. Dans son article «Négation simple et négation discontinue en occitan limousin», Liliane Jagueneau s’intéresse à la variation entre le marqueur simple de négation (pas) et le marqueur discontinu (ne . . . pas) dans cette langue. Les premiers résultats de l’étude conduite par l’auteure à partir d’atlas linguistiques, d’enquêtes de type conversationnel ou narratif, ainsi que des documents écrits, lui permettent de constater que le choix de la forme du marqueur négatif dépend de plusieurs facteurs (géolinguistique, phonétique, énonciatif et sociolinguistique) qui agissent tous en même temps. Sur le plan géolinguistique, la négation discontinue apparaît de façon la plus dense au nord-ouest du domaine occitan, en ne couvrant donc qu’une partie du Limousin (107). Sur le plan phonétique, la négation discontinue est favorisée par certaines positions. Plus exactement, «l’initiale vocalique du verbe serait favorable à l’apparition de la négation discontinue, et l’initiale consonantique à la négation simple» (107). Sur le plan énonciatif, le récit à la 3 e personne semble plus favorable à la négation discontinue que le discours, et les propos rapportés plus favorables à la négation simple que le discours non rapporté à la 1 re personne (109). Quant au plan sociolinguistique, l’investigation est encore à faire, en particulier pour savoir si le français et l’occitan méridional, qui utilisent principalement la négation simple dans le langage courant, peuvent influencer le choix du marqueur de négation en occitan limousin. Les propriétés sémantiques et syntaxiques des formes rédupliquées de la négation sont discutées dans la contribution de Frank Floricic et de Françoise Mignon «Négation et réduplication intensive en français et en italien». Les auteurs commencent par définir le statut morpho-syntaxique et sémantique des marqueurs négatifs simples non et no: ce sont des 262 Besprechungen - Comptes rendus marqueurs diaphoriques de non-coïncidence «entre la position qu’ils représentent et une position préalable au regard de laquelle se constitue une relation de discordance au sein d’un champ donné» (121). Ces marqueurs ne pouvant pas être interprétés sans référence à l’appareil énonciatif, les auteurs introduisent «la notion d’im-pertinence» (124) par laquelle est signifiée cette discordance énonciative. Le choix du terme n’est pas, à notre avis, très heureux, puisqu’il fait penser au principe de pertinence dénotant, comme il est connu, un principe d’économie cognitive qui se définit par une sorte d’équilibrage entre le coût du traitement et les effets cognitifs de l’énoncé. Dans cette optique, la discordance énonciative est plus que pertinente (cf. notamment l’exemple 1 avec la négation dite d’étonnement ou de surprise). Les auteurs s’appliquent ensuite à définir en quoi le fonctionnement des formes rédupliquées, auxquelles ils attribuent une valeur intensive (115), est différent de celui des formes simples. Nous rencontrons ici de nouveau un problème terminologique puisque les auteurs parlent en termes de réduplication aussi bien des formes non et non/ no e no que des formes non non/ no no, alors qu’elles ont une valeur et une distribution bien différentes (l’analyse en §2.1.2. le montre bien), d’autant plus que la forme non non/ no no doit être considérée comme figée. Notons d’ailleurs qu’en parlant de son figement (132), les auteurs ne commentent pas la graphie non, non des exemples de 18, et l’on peut, de façon générale, leur reprocher une certaine négligence dans l’interprétation des données (cf. notamment les commentaires des exemples 4b. et 14). En analysant les propriétés sémantiques des formes rédupliquées, les auteurs constatent que «la réitération du marqueur de négation constitue un procédé d’intensification» (128) et contribue «à l’expression du haut degré» (131). Or, les valeurs des deux formes analysées sont diamétralement opposées: si, pour les auteurs, la forme non, non et non/ no, no e no a une valeur «polémique et oppositive», les formes non non/ no no ont une valeur «minorative ou atténuative» (131), sans qu’il soit pour autant précisé d’où vient cette valeur. Vu que la bibliographie ne comporte aucune référence sur les notions d’intensité et d’intensification, il ne reste au lecteur qu’à deviner ce que les auteurs entendent par valeur intensive et haut degré. Les questions du renforcement de la négation sont discutées dans la contribution de Danièle Godard et de Jean-Marie Marandin «Aspects pragmatiques de la négation en italien». Les auteurs suggèrent que l’italien possède deux stratégies de renforcement de la négation: soit il a recours à une expression non négative (telle mica), soit il recycle une expression négative, «dans des conditions syntaxiques qui violent celles de la négation ordinaire» (140). Dans ce dernier cas, qui fait l’objet de l’étude, un mot-n et non en position préverbale coexistent en donnant lieu à une interprétation unique (NESSUNO non è venuto! ). Les phrases avec la négation renforcée «se caractérisent par un constituant qui doit être initial et porteur d’un contour spécifique» (144), ce qui est indiqué dans l’exemple cité ci-dessus par les majuscules. Il est montré que, contrairement à ce qui a été avancé, il n’y a pas de corrélation unique entre le constituant initial et un rôle spécifique dans la structure informationnelle de la phrase. En revanche, les auteurs observent que les énoncés de ce type, que l’on trouve essentiellement dans les dialogues, ont une propriété pragmatique commune: ils sont tous des dénégations d’une proposition «qui est accessible dans le contexte» immédiat (148). Du point de vue pragmatique, la négation renforcée de ce type correspond donc à l’un des cas de négation métalinguistique (refus par le locuteur d’une proposition présente explicitement ou implicitement dans le contexte). Les auteurs proposent ensuite une modélisation de cette analyse dans un modèle du dialogue, qui utilise des structures de traits, et qui est susceptible de s’intégrer dans une grammaire HPSG. L’étude de Tine van Hecke «La négation de la modalité déontique. Divergences et convergences entre français, italien et roumain» traite de la négation des modaux falloir, devoir en français, italien et roumain. Contrairement à ce que certaines études semblent suggérer, à savoir que la négation, bien que syntaxiquement liée au modal, «descend» séman- 263 Besprechungen - Comptes rendus tiquement vers l’infinitif, l’auteure montre que cette lecture «évaluative» (165) (allant de «il n’est pas recommandé que p» à «il faut ne pas p») ne l’emporte pas toujours sur la lecture littérale, dite «assertive» (165) («il n’est pas nécessaire que p»). Par ailleurs, les constructions avec la négation des modaux peuvent donner accès à une troisième interprétation, jusqu’à présent ignorée: une lecture «épistémique» (165) («probablement p») où «le locuteur donne à entendre qu’il dispose d’informations qui lui permettent de supposer p» (174). L’auteure lie le choix entre ces trois interprétations à la temporalité. Ainsi, la lecture évaluative est plus fréquente avec le verbe modal au présent ou à l’imparfait, alors qu’elle est bloquée par l’aspect perfectif du passé composé. L’auteure conclut, en se basant sur les données du corpus, que, bien que le français, l’italien et le roumain manifestent les mêmes tendances, le français a «développé d’avantage l’emploi épistémique, mais a aussi conventionnalisé le plus l’implicitation ‹il faut ne pas p›» (175). L’article d’Hélène Huot «La préfixation négative en français moderne» nous amène dans le domaine de la morphologie, en étudiant les critères selon lesquels le préfixe négatif in- «peut se trouver adjoint à certaines unités lexicales et leur conférer un contenu négatif» (180). L’auteure constate, en s’appuyant sur les données fournies par le Petit Robert électronique (éd. de 1997), que le préfixe inapparaît lié, de façon «préférentielle et privilégiée» (180), à l’adjectif et, plus exactement, aux adjectifs «verbaux» (191), tels les adjectifs à forme finale de participe, présent et passé, ou avec le suffixe -able. L’auteure met les propriétés des dérivés avec le préfixe inen relation avec la valeur aspectuelle [± accompli] susceptible d’y être attachée et suggère une formalisation, en s’inspirant du modèle Frame- Net élaboré par Fillmore. Au terme de son étude, H. Huot conclut que «le préfixe inexprime fondamentalement l’idée de négation, et n’implique pas en lui-même une quelconque orientation intensive» (196), qui lui est souvent attribuée. Cette dernière relève d’abord du radical verbal et parfois aussi du contexte plus large. La contribution collective «Les adjectifs de forme inXable en français» de Georgette Dal, Natalia Grabar, Stéphanie Lignon, François Yvon, Delphine Tribout et Clément Plancq reste dans la problématique de la préfixation en inet des adjectifs en -able. Les auteurs se donnent un double objectif: formuler une hypothèse sur les règles qui régissent la préfixation des adjectifs de forme inXable, et la confronter ensuite avec les données du corpus (l’année 1995 du journal Le Monde) pour évaluer sa validité. Cette hypothèse pose qu’en synchronie, la règle de construction des lexèmes avec le préfixe in- «forme des lexèmes exprimant la non-satisfaction d’une propriété attendue, l’adjectif en inne donnant aucune information quant au degré de non-satisfaction de cette propriété» (207), ce qui va dans le sens de l’hypothèse défendue par H. Huot dans ce volume. L’hypothèse avancée prédit que, le plus souvent, soit le simple en -able, soit le construit en infait défaut (208), et que, dans le cas contraire, le simple n’exprime pas une propriété à un degré standard (208). Le corpus, qui pose toutefois des problèmes liés à sa représentativité et à sa taille (ce que les auteurs avouent eux-mêmes (221)), semble confirmer cette hypothèse, «même si, comme très souvent en morphologie, il ne s’agit que de tendances» (221). Après avoir fait le tour des contributions au volume, notons qu’elles ont toutes une assise théorique solide et sont suivies d’une riche bibliographie. C’est d’autant plus étonnant de ne pas trouver parmi les références les travaux de J. Bacha, d’O. Ducrot ou les deux derniers volumes sur la négation de P. Larrivée. Serait-ce un oubli, une méconnaissance ou une façon d’exprimer son désaccord avec les hypothèses défendues par ces auteurs? Olga Inkova ★ 264 Besprechungen - Comptes rendus Richard Waltereit, Abtönung. Zur Pragmatik und historischen Semantik von Modalpartikeln und ihren funktionalen Äquivalenten in romanischen Sprachen, Tübingen (Niemeyer) 2006, x + 203 p. (Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie 338) Abtönungspartikeln galten bis vor kurzem als eine «Spezialität der festlandgermanischen Sprachen, insbesondere des Deutschen» (16). Neuere Arbeiten belegen jedoch, dass sie durchaus auch in den romanischen Sprachen vorkommen und, auch dort, dem tendenziell nähesprachlichen Bereich angehören. Funktional und formal ähnelt z. B. ein sp. claro einer Abtönungspartikel, wenn es zustimmend kommentierend in den Satz eingeschoben wird. Dies wird schon im einleitenden Kapitel (17) des vorliegenden Bandes gezeigt («Einleitung: Modalpartikeln, Abtönungspartikeln, Abtönung», 1-37). Doch dem Autor geht es weniger darum, einzelne Kandidaten für den Status einer Partikel in romanischen Sprachen zu finden. Wie der Untertitel des Bandes andeutet, möchte Waltereit vielmehr das Phänomen Abtönung onomasiologisch erfassen, also ein tertium comparationis herausarbeiten, das sprachlicher Abtönung entspricht. Dies gelingt dank einer überzeugenden, auch bei Detailproblemen durchgängig schlüssigen Argumentation, in die Waltereit Studien anderer Autoren und deren Resultate auffallend sorgfältig integriert. Der Autor präsentiert mit seiner überarbeiteten Habilitationsschrift einen im besten Sinn originellen, mitunter geradezu spannend zu lesenden Vorschlag zu einem bei den romanischen Sprachen bisher weniger beachteten Problem. Zum Abschluss seiner Einleitung formuliert Waltereit eine erste grobe, später präzisierte Version seiner Definition.Abtönung wird darin nicht, wie u. a. von König/ Requardt 1991 1 vorgeschlagen, etwas unspezifisch verstanden als Anweisung zur Situierung der Äußerung im nicht-sprachlichen Kontext (cf. 22-25), sondern als Modifikation der Illokution. Die illokutive Kraft einer sprachlichen Äußerung soll dabei nicht absolut, an Indikatoren im Sprechakt festgemacht werden, sondern relativ, am umgebenden «Aktivitätstyp» (27). In den folgenden Kapiteln (2 bis 6) wird je eine mögliche sprachliche Realisierungsform von Abtönung untersucht. Waltereit beginnt mit der dt. Partikel ja (39-73), um an ihrem Beispiel ein Instrumentarium für die Analyse und Identifizierung von Abtönung zu entwickeln. Dieses Modell wird anschließend an der fr. Partikel quand même (75-108), den portugiesischen Diminutiven (109-27), der prosodischen Abtönung (129-50) und schließlich der Rechtsversetzung im Italienischen (151-75) durchgespielt; dabei wird jeweils auch ein diachronischer Blickwinkel eingenommen, um den Weg der einzelnen Formen von der nicht-abtönenden zu abtönenden Wirkung, soweit das möglich ist, zu rekonstruieren. Im siebten Kapitel erfolgt eine Abgrenzung zu verwandten sprachlichen Funktionen (177-89). Das Buch schließt mit einem «Rückblick» (191-93) und dem «Literaturverzeichnis» (195-203). Gegenstand des einleitenden Kapitels ist, neben der Erarbeitung der vorläufigen Definition (cf. supra) und der Diskussion von relevanten Forschungsergebnissen und Modellen auch die Klärung der Terminologie, oder genauer: der Typologie. Waltereit geht, seinem Ansatz ensprechend, zunächst von einer übergreifenden Kategorie «Abtönungsformen» aus. Die durch zehn formale, hinlänglich bekannte Eigenschaften charakterisierten 2 Abtönungspartikeln konstituieren nur eine Teilmenge dieser Kategorie; die Modalpartikeln wiederum sind die deutsche Ausprägung der Abtönungspartikeln. Für sie gilt als zusätzliches Merkmal, dass sie im Mittelfeld des Satzes stehen (cf. 7). Die sogenannten Diskurspartikeln oder Di- 265 Besprechungen - Comptes rendus 1 E. König/ S. Requardt, «A Relevance-Theoretic Approach to the Semantics of Modal Particles», Multilingua 10 (1991): 63-77. 2 Partikeln können nicht flektiert, koordiniert, modifiziert, negiert und erfragt werden, sie sind unbetont, fakultativ, vom Satztyp abhängig, miteinander kombinierbar, haben Skopus über den gesamten Satz (cf. 1). skursmarker wie turninitiales fr. enfin oder it. bè gehören zwar zu den Partikeln, haben aber im Gegensatz zu diesen einen variablen, von der Diskurssituation abhängigen Bezugsbereich, d. h. es lässt sich jeweils «nur nach textuellen, nicht nach konstituentiellen, Merkmalen beschreiben, worauf sich die Diskurspartikel bezieht» (7). Abtönungsformen dagegen, also auch Abtönungspartikeln, haben lediglich und prinzipiell Skopus über den Satz. Eine Partikel kann also sowohl abtönend als auch diskursstrukturierend wirken, je nachdem, welcher Mechanismus im jeweiligen Kontext für ihren Skopus verantwortlich ist. Gerade eine solche Polyfunktionalität liegt bei dt. ja vor. Zunächst kann ja einen vollständigen Sprechakt ausdrücken, z. B. als Antwort-ja (dies mag im Sprecherbewusstsein die zentrale Funktion sein): «A: sollte ich den mit fünf nehmen? - B: ja, einen mit fünf und einen mit dreien.» (39). Die Partikel kann aber weiterhin auch Modalpartikel sein, wie in «wir machen ja noch eins . . . » (41), oder Diskursmarker, wie in: «ja, hallo, hier ist Ina Weißpflug.» (40). Waltereit wendet sich explizit gegen monosemische Ansätze, die alle diese Verwendungsweisen von ja auf einen Grundwert, bei Meibauer 1994 3 z. B. «Unkontroversheit» (der Proposition, 43) zurückführen. Die einzelnen Funktionen von ja, also auch die abtönende, wären dann Spielarten dieses Grundwerts. Für Waltereit ist diese Erklärung zwar intuitiv nachvollziehbar, er bezweifelt jedoch, dass die Beziehungen zwischen Grundwert und jeweils aktualisiertem Wert immer erfasst werden können. Um die «Natur der Modalpartikel (und anderer Abtönungsformen) besser zu verstehen» (45), um Erkenntnisse über die diachronen und synchronen Prozesse zu gewinnen, die eine modale bzw. abtönende Wirkung von z. B. ja hervorrufen, muss von anderen theoretischen Prämissen ausgegegangen werden. In einem ersten Schritt zu seinem eigenen Modell greift Waltereit nun die Arbeitsdefinition auf und präzisiert: «Abtönungsformen haben die Funktion, die illokutive Funktion ihrer Trägeräußerung in Bezug auf den jeweiligen Diskurs zu perspektivieren.» (47). Das bedeutet für die Modalpartikel ja, wie z. B. in: «Es ist ja bekannt, dass er trinkt» (Bsp. 24, 48): der Sprecher zeigt und rechtfertigt durch ein im Mittelfeld seiner Assertion platziertes ja, dass diese Assertion in zweierlei Hinsicht der falsch gewählte Satzmodus ist. Die durch ja abgetönte Assertion ist insofern nicht korrekt, als sie erstens Widerspruch beim Hörer ausschließt und zweitens keine neue Information liefert. Waltereit beruft sich bei der Definition von Assertion auf die Beschreibung der Satzmodalitäten bzw. illokutiven Grundwerte von Givón 1995. Dort wird die Assertion als die Modalitätsform umschrieben, die neue Information vermittelt und folglich beim Hörer Widerspruch erlaubt («challenge is deemed to be appropriate», 46). Die Partikel ja verändet dieses erwartete Hörerverhalten. Wieso kann gerade ja diese Merkmale der Assertion aushebeln und die Assertion neu «perspektivieren»? Waltereit diagnostiziert beim abtönenden ja nicht, wie erwähnt, die Aktualisierung eines semantischen Grundwerts, sondern die Evozierung einer kommunikativen Situation, und zwar einer für nicht abtönendes ja typischen Situation: «Die Abtönungsform erbringt ihre Funktion, indem sie die Sprechsituation evoziert, die mit dem Gebrauch ihres nicht-abtönenden Gegenstücks verbunden ist.» 4 (53). Dabei wird dieses Evozieren nicht ad hoc bewirkt, es beruht vielmehr auf einem evtl. über Jahrhunderte routinisierten sprachlichen Verhalten. Das nicht-abtönende Gegenstück zur Abtönungspartikel ja, die Antwortpartikel ja, drückt Einverständnis über eine Proposition aus. Ebendieses Einverständnis wird durch ein eingeschobenes ja, wie in «Es ist ja bekannt, dass . . . » dem Gegenüber vorgegeben «so, als ob der andere Teilnehmer auf eine entsprechende Frage be- 266 Besprechungen - Comptes rendus 3 J. Meibauer, Modaler Kontrast und konzeptuelle Verschiebung. Studien zur Syntax und Semantik deutscher Modalpartikeln, Tübingen 1994. 4 Waltereit wandelt hier, wie er selbst angibt, einen Gedanken aus dem von U. Detges 2001 formulierten Modell zur Grammatikalisierung ab (Grammatikalisierung. Eine kognitiv-pragmatische Theorie, Habilitationsschrift Tübingen). reits mit ‹ja› geantwortet hätte» (53).Anders der Mechanismus beim Diskursmarker ja: Hier werden, so Waltereit, die für die Diskursstruktur relevanten Eigenschaften der Antwortpartikel ja ausgenutzt, genauer: ihre Funktion als second-pair-part. So funktioniert ein einleitendes ja («ja, hallo, hier ist Ina Weißpflug.») nur deshalb als sanfter Gesprächseinstieg, weil mit ja eine schon laufende Unterhaltung simuliert wird. Waltereits Modell zu Identifizierung von Abtönung ist also zweiteilig.Verkürzt formuliert sagt es aus: Abtönungsformen wirken sich einerseits auf das an die Illokution gekoppelte erwartete Hörerverhalten und andererseits auf die Wahrnehmung der Gesprächssituation aus. Waltereit ergänzt zwei weitere, für das Modell jedoch nicht zentrale Beobachtungen. Zum einen lässt sich Abtönung durch die Kalkulation des Hörerverhaltens, also durch «das Hereinnehmen einer anderen Sprecherinstanz» (63) auch als eine konventionalisierte Form der Polyphonie interpretieren. Zum anderen erinnert der Entstehungsprozess von Abtönungsformen an den Prozess der Delokution. Während bei der Delokution ein sprachliches Element die mit ihm ursprünglich und üblicherweise verknüpfte Illokution in seine Denotation aufnimmt (lat. salutare), hat eine Abtönungsform die urspünglich und üblicherweise an sie geknüpfte Situation in ihre pragmatische Funktion integriert (cf. 71). Zur Illustration von Waltereits Anwendung dieses Modells auf andere potentielle Abtönungsformen seien im Folgenden zunächst die Analyse der frz. Partikel quand même (3. Kapitel) sowie die Analyse der Rechtsdislokation im Italienischen (6. Kapitel) herausgegriffen und anschließend durch einige Aspekte aus der Analyse der übrigen Kandidaten für Abtönungsformen ergänzt. Abtönend gebrauchtes quand même modifiziert, wie für Abtönungsformen vorausgesetzt, die «antizipierte Hörerreaktion» (81), modifiziert somit die illokutiven Merkmale einer Äußerung. Bei einer Assertion wie z. B. «J’ai dormi» (81) wird die Wahrscheinlichkeit, dass der Hörer Einwände vorbringt, durch ein nach dem finiten Verb platziertes quand même erhöht: «J’ai quand même dormi». Vielleicht könnte Waltereit hier sogar noch weiter gehen und von einer impliziten Aufforderung des Sprechers zum Einwand ausgehen, ganz als sei sich der Sprecher seiner Sache nicht ganz sicher. Eine solche Interpretation legt das folgende Beispiel nahe: «Les mots de triomphe me semblent quand même un peu gros.» (90). Das nicht-abtönende Gegenstück, konzessives quand même, verweist auf die Kookkurrenz zweier Sachverhalte - hebt aber gleichzeitig den mit quand même gekennzeichneten Sachverhalt in seiner «diskursiven Relevanz» (96) hervor: «Il était malade, mais il est venu quand même» (96). Dieser Hervorhebungseffekt wird für abtönendes quand même genutzt. In «J’ai quand même dormi» verleiht der Sprecher seiner Aussage besonderen Nachdruck, besondere diskursive Relevanz - ohne sie jedoch mit einer anderen Aussage in Bezug zu setzen. Bei der Rechtsdislokation oder Rechtsversetzung im Italienischen wird ein direktes, seltener ein indirektes Objekt pronominal vorweggenommen und nach dem Satzende, lexikalisch aufgefüllt, gewissermaßen nachgereicht, wie z. B. in: «L’ho visto tuo fratello» (151). Diskurs- oder konversationsanalytisch gesehen handelt es sich um eine Reparaturstrategie. In vielen Fällen von Rechtsversetzung liegt jedoch für Waltereit eindeutig Abtönung vor, z. B. in einem vorwurfsvollen, gesprächseröffnenden «Non lo sai che ora è? ». Klitische Pronomina, wie hier lo, implikatieren im Gegensatz zu betonten Pronomina eine sehr hohe Zugänglichkeit des Referenten (161). Mit dem vorangestellten klitischen Pronomen wird die Diskurswelt, die, anders als bei normaler Rechtsversetzung, in einem «Non lo sai che ora è? » 5 gar keinen Referenten für lo bereithält, «manipuliert». Diese Manipulation hat Folgen für den illokutiven Wert. Im Fall von «Non lo sai che ora è? » wird «aus einem mit einem Frage- 267 Besprechungen - Comptes rendus 5 Cf. zu diesem Beispiel schon: F. Rossi, «Non lo sai che ora è? Alcune considerazioni sull’intonazione e sul valore pragmatico degli enunciati con dislocazione a destra», Studi di grammatica italiana 18 (1999): 145-93. satz vollzogenen indirekten Sprechakt Bitte um Uhrzeit . . . ein (ebenfalls indirekter Sprechakt) Vorwurf der Verspätung» (162) - eben weil das Erfragte bzw. Erbetene mit lo bereits als naheliegend und bekannt suggeriert wird. Diskursstrukturell wiederum wird der entschuldigende Effekt einer Reparatur, also die Funktion der nicht-abtönenden Rechtsversetzung, ausgenutzt; es wird eine Situation des Entschuldigens evoziert: «Der Sprecher . . . tut gewissermaßen so, als ob ihm der entsprechende Diskursreferent versehentlich als hochgradig zugänglich erschien» (162). Obwohl die Argumentation des Autors immer wieder neu zu überzeugen vermag, so wünschte man sich doch innerhalb der Analysekapitel einen immer etwa gleichen, enger am Modell orientierten Aufbau der Analysen. Gerade weil Erscheinungen unterschiedlicher Strukturebenen und Sprachen ausgeleuchtet werden müssen und jeweils neue Aspekte in die Analyse einfließen, z. T. auch solche, die das Modell noch nachträglich ergänzen (Kap. 3.5.: «Noch einmal zur Theorie», 95), könnte ein auf diese Weise (noch) schärfer konturiertes Instrumentarium für (noch) mehr Stringenz sorgen. Ein Blick auf die beiden hier noch nicht angesprochenen Analysekapitel zeigt besonders gut, wie deutlich die untersuchten Erscheinungen und damit die Analysemethoden divergieren. Im Kapitel zu den portugiesischen Diminutiven muss Waltereit die affektive Funktion von -inho in Kinder- und Geliebtengesprächen und deren (problematische) Interpretation als metaphorisch diskutieren, um schließlich seine eigene Bewertung von Äußerungen, die verstärkt Diminutivformen enthalten, bestätigen zu können: Evozierung einer nicht-ernsten Situation, in der eine beschränkte Regresspflicht gilt (118). Das 5. Kapitel wiederum führt knapp in die Forschung zu Intonationskonturen ein und geht dann näher auf die laut Waltereit abtönende Fall-Rise-Kontur ein. Sie wird in Antworten eingesetzt, die bestimmte Konversationsmaximen verletzen, wie z. B. in der Anwort «I speak Spanish.» auf die Frage «Do you speak Ladino? » (136). Die Fall-Rise-Kontur kann den irritierenden Effekt von Elementen abmildern, die deutlich relevanter oder deutlich weniger relevant (hier: to speak Spanish) sind «als das durch die Frage definierte lokale Diskursthema» (140) (hier: to speak Ladino). Dies funktioniert, weil die Fall-Rise-Kontur intonatorisch an eine elliptische Frage erinnert, ganz so, als habe es eine solche elliptische Zwischenfrage gegeben («And Spanish? », 145), auf die der Satz mit ebendieser Fall-Rise-Kontur nun eine Antwort ist. Der vorliegende Band bleibt trotz eines formulierten Kritikpunkts zum Aufbau und trotz einer etwas erhöhten Zahl an Tippfehlern ein wertvoller, auch mutig-innovativer, in jedem Fall kaum zu unterschätzender Beitrag zur Erforschung, vor allem aber zur Erklärung des Phänomens der Abtönung. Waltereit gelingt es tatsächlich, die Prozesse transparent werden zu lassen, die aus seiner Sicht den abtönenden Effekt hervorrufen. Martina Nicklaus ★ Stephan Schneider, Reduced parentheticals clauses as mitigators. A corpus study of spoken French, Italian and Spanish, Amsterdam (Benjamins) 2007, xiv + 237 p. (Studies in Corpus Linguistics 27) Stephan Schneider propose avec cet ouvrage une description grammaticale (au sens large) des clauses parenthétiques réduites (reduced parenthetical clauses, désormais abrégé en RPC) dans trois langues romanes parlées: français, italien et espagnol. Les segments soulignés dans (a)-(c), qui font partie du vaste corpus sur lequel l’auteur fonde ses analyses 1 , donnent respectivement des illustrations de ce dont il est question: 268 Besprechungen - Comptes rendus 1 Voir le chap. 4, intitulé «Reduced parenthetical clauses in spoken corpora». (a) ah ben c’est plus libre maintenant je crois (b) senti ti devo lasciare perché ho un collegamento credo da Roma grazie comunque (c) tendrán ustedes supongo periodistas corriendo por ahí ya ¿no? Au plan formel, les RPC se manifestent comme des constructions verbales conjuguées dépourvues de complément (d’où le qualificatif de «réduit»), et présentent les mêmes propriétés que certains constituants généralement caractérisés comme des «parenthèses» (appositions, dislocations post-verbales, 19s.), bien qu’elles n’en aient pas non plus toutes les propriétés (35). Comme le rappellent l’introduction et les trois premiers chapitres, les RPC ont fait l’objet de nombreuses investigations au cours de ces dernières décennies, spécialement concernant le français 2 . De fait, comme l’auteur, on ne s’étonnera pas qu’elles aient été catégorisées et nommées différemment par les chercheurs qui s’y sont intéressés (3s.). Cette diversification des descriptions et des analyses serait, dans les dires de l’auteur, une des conséquences du flou définitoire associé à la définition traditionnelle de «parenthèse» (22s.). À noter aussi que les critères retenus au final pour circonscrire la classe des RPC (exposés à partir de la page 74) ne recoupent pas non plus tous forcément les constructions apparentées décrites par les auteurs dont les travaux sont présentés dans l’état de la question (chap. 3). Ainsi, contrairement à ce que d’autres ont affirmé (cf. inter alia Blanche-Benveniste 1989 3 et Urmson 1952 4 ), les RPC ne sont pas uniquement composées de verbes à la première personne et au présent de l’indicatif. Elles ne doivent pas non plus être confondues avec les mêmes constructions qui sont, elles, introduites, i. e. reliées à leur environnement par un marqueur segmental de subordination de type quou ch-. Les RPC doivent par contre, comme c’est le cas pour les recteurs faibles de Blanche-Benveniste ou les verbes parenthétiques de Urmson, pouvoir occuper les positions initiales, médianes et finales d’une phrase. Il faut aussi que la valence du verbe en question ne soit pas remplie, même par un pronom. Ainsi, dans la phrase: «Pierre est, je le crois, venu», le segment souligné n’est pas une RPC. Pour qu’il soit susceptible de recevoir cette analyse, il faudrait qu’il se présente sans valence réalisée, soit de cette façon-ci: «Pierre, je crois, est venu». On l’aura compris: les RPC se caractérisent par un ensemble de traits linguistiques qui en font une classe de constituants discursifs bien particuliers. L’auteur en propose une analyse détaillée, qui s’articule autour de quatre axes: pragmatique, sémantique, syntaxique et prosodique. Son travail se fonde sur un large corpus de langue parlée, constitué de corpus déjà existants, provenant de sources diverses. Mis bout à bout, cela représente 22 sous-ensembles de textes (parmi lesquels les sous-ensembles français, espagnols et italiens du C-ORAL- ROM 5 ), soit quelque 30 heures de parole, pour un total approximatif de 3.975.500 mots. L’inventaire des propriétés et des fonctions pragmatiques des RPC, proposé dans les chapitres 5 et 6, occupe la place importante de l’ouvrage (91-134). Il en ressort que les RPC ont grosso modo cinq grandes fonctions: (i) mitiger le contenu propositionnel («mitigating the phrastic»), le prototype de cette catégorie étant l’impératif fr. disons; (ii) signaler le type illocutoire tout en atténuant le contenu propositionnel («clause indicating the tropic and 269 Besprechungen - Comptes rendus 2 Les premières descriptions de ces verbes remonteraient à Port Royal (37), mais c’est Urmson, dans son article fondateur de 1952 («Parenthetical verbs», Mind 61: 480-96), qui propose le premier de caractériser la classe en tant que telle, en en donnant des critères définitoires assez précis (41s.). 3 C. Blanche-Benveniste, «Constructions verbales en ‹incise› et ‹rection faible› des verbes», Recherches sur le français parlé 9 (1989): 53-73. 4 Op. cit, N2. 5 E. Cresti/ M. Moneglia (ed.), C-ORAL-ROM. Integrated Reference Corpora for Spoken Romance Languages, Amsterdam 2005, incl. DVD. mitigating the phrastic or the neustic»), à l’instar des verbes comme esp. insisto ou esp. repito; (iii) atténuer directement le «neustique», c’est-à-dire la prise en charge de valeur de vérité du contenu asserté par celui qui le dit, cf. notamment les verbes it. spero ou fr. je trouve; (iv) mitiger le neustique de façon indirecte («clause indirectly mitigating the neustic»), comme le font les verbes évidentiels et de connaissance, cf. fr. tu vois ou fr. me semble-t-il; et enfin, (v) baliser simplement le début d’un discours rapporté («reporting speech»), cf. fr. dit-il, it. dico, esp. digo. Les restrictions sémantiques (139-56) qui pèsent sur leur interprétation en discours sont passées en revue au chapitre 7. L’auteur constate que les verbes actualisés dans les RPC de son corpus peuvent être classés en cinq grands types: les verbes d’énoncé, de croyance, les verbes référant à des opérations mentales, ceux qui expriment une sensation, et les verbes épistémiques. Dans ce chapitre, il remarque que la personne et le temps de ces verbes ne sont pas figés (contrairement à ce qu’en ont dit ses prédécesseurs, comme par exemple Urmson, chez qui les verbes parenthétiques étaient forcément à la première personne du présent de l’indicatif). Il note également que les opérations de négation sont fortement contraintes sur ces verbes, sans pour autant affirmer qu’elles sont impossibles (149). Quant aux aspects syntaxiques des RPC, ils sont discutés au chapitre 8 (159-98). Selon l’auteur, les RPC sont des «adjoints», c’est-à-dire des segments syntaxiquement dépendant d’un autre, mais non directement gouvernés par lui (cf. démonstration aux pages 166-67). Il rapporte un grand nombre d’exemples où les RPC sont à l’initial d’un énoncé, sans être pour autant suivis d’un que de liage (p. ex. «ah je crois à longue échéance il faut faire attention», 174) alors que l’existence de ce genre d’énoncés est démentie dans la littérature contemporaine (Blanche-Benveniste/ Willems 2007 6 ). L’absence ou la présence du «que» est importante, puisque selon l’auteur, elle seule permet de discriminer les clauses parenthétiques réduites des clauses parenthétiques complètes, ou de différencier les verbes recteurs faibles des verbes recteurs forts, pour parler comme Blanche-Benveniste. Selon cette dernière justement, on pourrait distinguer les deux types de verbe (fort et faible) en se basant sur le test de la pronominalisation. Elle prend l’exemple du verbe «croire». Si l’on peut pronominaliser la proposition qui suit ce verbe, alors c’est un recteur fort («il est innocent, je crois - je le crois»). Si l’on ne peut pas («il va pleuvoir, je crois - ? il va pleuvoir, je le crois»), il s’agit alors d’un verbe recteur faible. Dans un cas, «croire» est un verbe de croyance; dans le second, il est plus proche d’un adverbe à valeur épistémique. Schneider ne partage pas son point de vue: d’après lui, dans la mesure où les opérations de pronominalisation sont difficiles à manipuler, du fait que «there is usually no pragmatic differences between sentences with governing and those with parentheticals je crois» (197), il suggère qu’il faudrait mieux de s’attacher aux énoncés tels qu’ils sont produits, plutôt que d’invoquer des tests mettant en jeu des appréciations interprétatives souvent délicates. L’ouvrage se termine par quelques remarques sur la prosodie des RPC (chap. 9). Ce dernier chapitre est aussi le plus bref, puisqu’il n’est composé que de dix pages (199-209). On y apprend qu’il n’existe aucune étude sur l’intonation des RPC, si ce n’est quelques passages dans la Grammaire de l’intonation de Morel/ Danon-Boileau 1998 7 . Ce dont on est sûr en revanche, c’est qu’il n’y a pas correspondance une à une entre structure prosodique et structure syntaxique: «The prosodic description and the syntactic description do 270 Besprechungen - Comptes rendus 6 C. Blanche-Benveniste/ D. Willems, «Un nouveau regard sur les verbes ‹faibles›», BSL 102/ 1 (2007): 217-54. 7 M.-A. Morel/ L. Danon-Boileau, Grammaire de l’intonation. L’exemple du français, Paris/ Gap 1998. not necessarily correspond (cf. also Wunderli 1987: 33s., 232). We should therefore distinguish between two types of parenthesis, syntactic parenthesis and prosodic parenthesis». Ainsi, comme le laissait déjà présager la conclusion du chap. 2 («Parenthesis: a problematic concept»), toutes les RPC ne sont pas prosodiquement isolées de leur hôte: il en existe certaines qui forment avec le groupe intonatif adjacent une seule et même unité prosodique. L’ouvrage, tel qu’il est présenté, s’inscrit dans une problématique très actuelle, qui connaît, comme le dit l’auteur lui-même, un certain regain d’intérêt depuis peu (4 e de couverture). Schneider apporte un nouvel éclairage à l’analyse syntaxique des RPC, et relance le débat sur le marquage segmental des relations syntaxiques (est-ce que la présence ou l’absence de «que» est un indice déterminant pour statuer sur la fonction d’un constituant? ). À noter également qu’il s’agit du premier ouvrage qui propose une analyse intégrant une dimension typologique, et qui se base sur de larges corpus. Cela permet aussi de mieux comprendre quelle est la distribution de ce genre de segments dans les discours de tous les jours (voir les fréquences d’emploi du tableau de la page 86, où l’on apprend que tu vois est la RPC de loin la plus fréquente en français; qu’en italien c’est diciamo qui demeure la plus usitée; alors qu’en espagnol, digamos, digo et sabes arrivent en tête, avec des pourcentages presque similaires). On peut toutefois signaler quelques points discutables, qui ne préjugent en rien de la qualité de l’ouvrage. Le premier concerne le choix de la terminologie pour segmenter les corpus en unités pertinentes pour l’analyse. Celle-ci n’est pas, de notre point de vue, toujours très heureuse. Et même si l’auteur s’en justifie (dans un paragraphe intitulé «terms, terms . . . », 3), on aurait aimé savoir pourquoi il utilise encore des notions aussi problématiques que celles de «phrase», et quels sont les critères de définitions qu’il a adoptés en vue de les reconnaître dans les corpus de langue parlée qu’il utilise (surtout quand on sait «qu’une des notions qui saute à l’oral, c’est celle de phrase» 8 ). Cette prise de position est fondamentale, dans la mesure où c’est toute l’analyse syntaxique qui en dépend. Un deuxième élément de critique concerne l’analyse prosodique. En plus de ne pas apporter grand-chose au propos général (ce chapitre est très peu détaillé par rapport au reste de l’ouvrage, et les conclusions que l’auteur en tire ne sont d’ailleurs pas confrontées aux résultats obtenus dans les autres chapitres), elle comporte un biais méthodologique important. L’analyse de l’intonation repose en effet sur des annotations existantes: «The prosodic annotations of both corpora are based on the subjective perception of the transcriber, as explicitely stated by Cresti (1987: 38; 2000: 277). . . . The division into intonation units is conditionned more by information function than by acoustic parame-ters (cf. Cresti 2000: 52)» (204), annotations à l’encontre desquelles nous avions émis un certain nombre de critiques 9 . Enfin, signalons tout de même qu’un glossaire, en plus de l’index proposé, aurait été utile pour les chercheurs qui s’intéressent plus spécifiquement à la pragmatique des RPC (chap. 5 et 6, essentiellement). De l’avis des pragmaticiens consultés, tous ne sont pas familiers avec des vocables tels que «doxastic» ou «neustic», qui semblent avoir été inventés pour l’occasion. Reduced Parenthetical Clause constitue un ouvrage qui se situe à la croisée de la syntaxe, de la pragmatique, de la sémantique et de la prosodie. Il intègre une dimension typologique, 271 Besprechungen - Comptes rendus 8 C. Blanche-Benveniste/ C. Jeanjean, Le français parlé. Éditions et transcription, Paris 1987: 89. 9 M. Avanzi, «Compte rendu de C-ORAL-ROM. Integrated Reference Corpora for Spoken Romance Languages», VRom. 65 (2006): 141-44; M. Avanzi, «Compte rendu de Spoken Language Corpus and Linguistic Informatics», VRom. 66 (2007): 235-38 et M. Avanzi et al., «Méthodologie et algorithmes pour la détection automatique des syllabes proéminentes dans les corpus de français parlé», Cahiers de l’AFLS 13/ 2 (2007): 2-30. dans la mesure où il renferme de nombreux exemples en français, en italien et en espagnol, mais aussi en catalan, en allemand et en anglais. Il demeure de ce fait un travail de référence sur un sujet encore largement méconnu. Mathieu Avanzi Italoromania Raffaele da Verona, Aquilon de Bavière. Roman franco-italien en prose (1379-1407). Introduction, édition et commentaire par P. Wunderli, vol. 3, Tübingen (Niemeyer) 2007, xi + 414 p. (Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie 337) Nell’«Introduction» all’edizione, ancor oggi basilare, del capolavoro della letteratura franco-italiana, Thomas scriveva: «L’Entrée d’Espagne est une véritable apologie du christianisme, et son principal héros, Roland, en est à la fois le porte-parole et le champion» 1 . Tale carattere, come osservavano Krauss 2 e Wunderli 3 , diviene più marcato in un altro testo epico, che si ascrive agli anni compresi fra il 1379 e il 1407 e che pure si lega alla regione «c’Adige e Po riga»: si tratta dell’Aquilon de Bavière, redatto, secondo quanto dice l’autore, «pour voloire demostrer comment la foi cristiane est sancte et veragie et celle de Macomet est fause, buxarde et adanie» 4 . In quest’opera tra i vari personaggi si stagliano Annibale/ Aquilon e Orlando, «la flor de tot les homes che portent armes» 5 , la cui figura non solo viene ad accostarsi a quella del monaco (Krauss 1982-83: 436), ma anche assume il ruolo di «idéologue et de théologien» (Wunderli 1984: 761) nella lotta fra Cristianità e «Paganie». Ad Aquilon de Bavière è dedicato il poderoso studio, pubblicato recentemente nella collana «Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philogogie» diretta da Holtus: è il terzo volume che ne completa, a notevole distanza di tempo, l’edizione, basata sull’unico testimone completo pervenutoci, il ms. Roma, Biblioteca Apostolica Vaticana, Urbinate latino 381. A questo terzo libro su Aquilon, «conçu comme volume de commentaires» (5), avrebbe dovuto dare la sua collaborazione, secondo l’intento originario, un altro grande studioso di letteratura franco-italiana, Krauss, cui si deve fra l’altro l’importante analisi dal titolo Epica feudale e pubblico borghese 6 . Così non è stato. Rimasto «en chantier» a lungo, il terzo libro dedicato a questo «roman-fleuve» vede finalmente la luce: ad esso hanno collaborato Ulrich Klotz, «qui a entré le texte dans l’ordinateur et a préparé son alphabétisation» (xi), Annegret Litzenberger, che si è occupata dell’indice dei nomi, e Anna Lucia Buse, che ha preparato il materiale per il lessico. Il volume è articolato in cinque parti: la prima esamina il romanzo rapportandolo alla tradizione letteraria medioevale e si ripartisce in varie sezioni: «la modification de la matière traditionnelle», «l’intégration des genres et des matières», «le phénomène de l’inter- 272 Besprechungen - Comptes rendus 1 L’«Entrée d’Espagne». Chanson de geste franco-italienne publiée d’après le manuscrit unique de Venise, ed. par A. Thomas, Paris 1913: 61. 2 H. Krauss, «Metamorfosi di Orlando nell’Aquilon de Bavière», Atti e Memorie dell’Accademia patavina di Scienze, Lettere ed Arti 95 (1982-83): 425-40. 3 P. Wunderli, «Roland théologien dans l’Aquilon de Bavière», in: Essor et fortune de la Chanson de geste dans l’Europe et l’Orient latin. Actes du IX e Congrès International de la Société Rencesvals pour l’étude des épopées romanes, Venise 29 août-4 septembre 1982, Modena 1984: 759-81. 4 Cf. R. da Verona. Aquilon de Bavière. Introduction, édition et commentaire par P. Wunderli, Tübingen 1982, vol. I: 6 (d’ora in poi indicato con la sigla W). 5 Ivi: 171. 6 H. Krauss, Epica feudale e pubblico borghese. Per la storia poetica di Carlomagno in Italia, Padova 1980. textualité», «la parodie», «la structure narrative» e «les sources de l’Aquilon». Attribuendo il nome di Raffaele da Verona all’autore 7 , Wunderli, nella prima parte del volume, rifacendosi a suoi precedenti studi, analizza in particolare le trasformazioni dei personaggi, da Orlando a Carlo Magno, e sottolinea la «couleur locale» che talora contraddistingue le vicende narrate: essa è espressa, ad esempio, dall’introduzione e dalla valorizzazione di personaggi come Bernardo e Antonio da Marmora (probabilmente identificabili con gli ultimi Scaligeri, i fratelli Bartolomeo e Antonio), o dalla menzione della traslazione da Cartagine a Verona, ove furono oggetto di particolare devozione, delle relique dei santi Fermo e Rustico, secondo la versione riportata da un altro scrittore veronese del xiv secolo, Giovanni de Matociis, più noto come Giovanni Mansionario 8 . Ricordando poi che una delle caratteristiche della letteratura franco-italiana è costituita dal fatto che «les frontières entre les genres (surtout non-lyriques) deviennent de plus en plus floues et s’effacent presque complètement au 14 e siècle» (36), Wunderli osserva che Aquilon ne costituisce un «témoin extraordinaire»: nel testo epico l’autore con notevole maestria non solo introduce elementi della «matière ancienne», ma anche tinge di «colori graaliani» 9 le imprese epiche di Orlando e dei cavalieri cristiani, soprattutto nella terribile battaglia sull’Appennino, ove a aiutare il nipote di Carlo Magno e i suoi interviene Galaad, «li sant chevaler» 10 . Nella sezione del volume dedicata alle fonti Wunderli rivolge l’attenzione alla «blasonnerie» che investe i personaggi del romanzo: analogamente ad altri testi franco-italiani, come l’Entrée d’Espagne e la sua Complie, Aquilon «fourmille d’indications héraldiques» (114), mostrando la notevole conoscenza da parte dell’autore della materia araldica. «Il est fort probable [egli scrive] que Raffaele ait inventé ses blasons lui-même, en jouant sur les règles générales d’héraldique» (116). Riteniamo che ciò sia assai probabile. Sappiamo che nell’Entrée d’Espagne legami fra insegne araldiche dei personaggi e armi storiche di importanti famiglie di Padova sono stati posti in luce da de Mandach 11 . In Aquilon è utilizzata anche una «blasonnerie» storica: «la cros d’or in le camp azur» (W 85). l’arma di Bernardo da Marmora, uno dei più valorosi guerrieri di «Lombardie», si identifica con lo 273 Besprechungen - Comptes rendus 7 Sulla problematica riguardante il nome dell’autore cf. L. Bartolucci, «Un nuovo nome per l’autore dell’Aquilon de Bavière», Medioevo Romanzo 8 (1981): 217-23; P. Wunderli, «Un nuovo autore del Aquilon de Bavière? », VRom. 42 (1983): 81-84. 8 Proprio nella Historia Imperialis (o Ystorie Imperiales) Giovanni Mansionario, circa il trasferimento delle reliquie dei ss. Fermo e Rustico, attribuisce un ruolo anche alla sorella del vescovo Annone, Maria detta Consolatrice, diversamente da quanto riferiscono la Passio e la Translatio. Cf. V. Bertolini, «Appunti sulle fonti del Aquilon de Bavière: II) la tradizione dei ss. Fermo e Rustico», Quaderni di Lingue e Letterature 3-4 (1978-79): 397-406; P. Golinelli, «Il Cristianesimo nella ‹Venetia› altomedioevale. Diffusione, istitualizzazione e forme di religiosità dalle origini al secolo X», in: Il Veneto nel Medioevo. Dalla «Venetia» alla Marca Veronese. A cura di A. Castagnetti e G. M. Varanini, Verona 1989, vol. 1: 237-316, in particolare 279-83. Nella Biblioteca Capitolare di Verona si conserva uno dei codici della Historia Imperialis, che egli scrisse fra il 1306 e il 1320: è il ms. CCIV. Su Giovanni Mansionario, che «non soltanto aveva dato prova di dottrina e di erudizione mirabili, ma - come sottolinea Bottari - aveva altresì avviato un vero e proprio processo di rinnovamento culturale» cf. fra gli altri G. Bottari, Giovanni Mansionario e la cultura veronese del Trecento, in: Petrarca, Verona e l’Europa. Atti del Convegno Internazionale di Studi (Verona 19-23 settembre 1991) a cura di G. Billanovich e G. Frasso, Padova 1997: 33-68. 9 A. Limentani, L’epica in «lengue de France»: l’Entrée d’Espagne e Niccolò da Verona, in: Storia della cultura veneta. Il Trecento, Vicenza 1976: 338-68, in particolare 358. 10 Sulla figura di Galaad, figlio di Lancillotto ed eroe del ciclo bretone cf. in particolare P. Wunderli, «Galaad nell’Aquilon de Bavière. Un ‹Deus ex machina› e la memoria», VRom. 65 (2006): 50-65. 11 A. de Mandach, «Chanson de geste et héraldique. Les blasons des grandes familles padouanes dans l’Entrée d’Espagne», CN 49 (1990): 179-202. stemma di cui il Comune di Verona si fregia dalle sue origini (fino ai giorni nostri); l’arma di Carlo Magno, «d’azzurro, seminato di gigli d’oro» è quella storica dei sovrani di Francia. Ci chiediamo allora dove nel romanzo finisca l’araldica storica e inizi l’araldica immaginaria; ci chiediamo altresì se il suo autore non abbia utilizzato anche la «blasonnerie» per scopi politici, attribuendo agli avversari di Gian Galeazzo Visconti le insegne dei cavalieri di «Paganie». Fra queste c’è la «jornie verde cun un spin tot floris» (W 679), appartenente al re Sorians: non potrebbe riferirsi a quell’importante famiglia italiana, celebrata anche da Dante, ovvero ai Malaspina, che si divisero in due rami: dello spino secco e dello spino fiorito 12 ? Quanto alle numerose fonti del nostro testo, Wunderli sottolinea che «les connaissances de Raffaele sont . . . très étendues, variées et ont - pour son temps - un caractère presque encyclopédique» (120). Uno dei testi cui lo scrittore attinge, a nostro avviso, è la Lettera del Prete Gianni 13 . Ne sono attestazione alcune spie testuali, come I) la menzione della visita al S. Sepolcro di Gerusalemme. Ne tratta l’Amirant di Cartagine in un dialogo con uno dei suoi alleati, Galgatas, re d’India: - Sire Galgatasse, coment l’avés feit cum li prete Zan. Avés feit acord cum luy. - Oil, dist li roi, nos somes molt amis, si sui venus de compagnie bien .x. jornee cum son niés, li prince Tadé, che veit in Jerusalem e vixiter li sepolcre de son Deu. (W 600, 39-40; 601, 1-3) Di tale visita si trova notizia soltanto nel testo latino della celebre Lettera del Prete Gianni, l’Epistola Presbiteri Johannis, redatta presumibilmente fra il 1150 e il 1165 e conservataci da innumerevoli manoscritti. Ivi il misterioso «rex et sacerdos» cristiano, che regge un regno dislocato in un Oriente lontano e colmo di «mirabilia», infatti dice: «In voto habemus visitare sepulchrum domini cum maximo exercitu» (Zarncke 1879: 910) 14 . E, nell’ambito della tradizione testuale in antico francese, che si rifà all’originale latino, ampliandone il meraviglioso e che pure conosce grande diffusione in occidente, ne tratta soltanto la traduzione - adattamento in prosa, siglata P-1 da Gosman, tradita da numerosi testimoni, i più remoti dei quali risalgono al secolo XIII: Et saciés vrayement que nous avons voué a visiter le sepulcre Nostre Seigneur qui est en Jherusalem au plus tot que nous porrons, et toute la Terre de Promision, se Dieu plest, ou Dieu rechut mort. (ms. I)/ Et saciés que nos avos voé et proposons a visiter le sepucre Nostre Segnor qui est in Jherusalem al plus tost que nos porons et tote la Terre de Promission, se Deu plaist. (ms. L) 15 274 Besprechungen - Comptes rendus 12 Tra i Malaspina, che costituivano un ramo degli Obertenghi, un ruolo di rilievo fu assunto nelle vicende storiche del XIV secolo da Spinetta Malaspina, detto il grande († 1352). A lui e alla sua famiglia Alberto e Mastino della Scala concessero nel 1334 la cittadinanza veronese. Da tale data inizia il casato Malaspina di Verona dello spino fiorito. Cf. U. Dorini, Un grande feudatario del Trecento: Spinetta Malaspina, Firenze 1940. Sull’insegna araldica della famiglia cf. E. Morando di Custoza, Armoriale veronese, Verona 1976, tav. 1510. 13 Possiamo ricordare che relativamente alla leggenda del Prete Gianni l’autore dell’Aquilon attinge anche a uno scrittore veronese del Trecento: Jacopo da Verona, autore del Liber peregrinationis, ascrivibile al 1335. Cf. V. Bertolini «Appunti sulle fonti del Aquilon de Bavière: IV) il Prete Gianni», Quaderni di Lingue e Letterature 6 (1981): 213-22. Bertolini sembra minimizzare l’influenza dell’Epistola Presbiteri Johannis su Aquilon. Per l’edizione del testo latino della lettera cf. F. Zarncke, «Der Priester Johannes», Abhandlungen der Philologisch-Historischen Klasse der Königlich Sächsischen Gesellschaft der Wissenschaften 7 (1879): 809-34. Per le versioni oitaniche e occitaniche cf. La Lettre du Prêtre Jean. Les versions en ancien français et en ancien occitan. Textes et commentaire. Édition d’après les manuscrits connus par M. Gosman, Groningen 1982. 14 Gosman 1982: 150, 32-34; 296, 32-34. I e L sono i due ms. guida di P-1. 15 Ci ripromettiamo di approfondire in altra sede i rapporti fra Aquilon e la Lettera del Prete Gianni. II) gli accenni sia ai «mirabilia» del territorio del Prete Gianni sia alla sua grande potenza. In Aquilon si legge che allorché il nipote del Prete Gianni, Taddeo, giunge al padiglione del Califfo di Bandard, i comandanti saraceni «asés parlerent de / / le grant mervoiles che sont in le pais del Prete Gian e de sa grand possanze» (W 668, 19-20). Successivamente Salamon di Bretagne, uno dei guerrieri cristiani chiede al giovane: - Tadé, bel dolz amis, poit esre voire che la possanze de vetre oncle soit tele cum vint contés? - Coment? dit li prince. - Amis, dist li roy, il nos vint contés ch’il meteroit a canp plus de quatre cent millie omes (W 671, 25-29). Dei grandi potere, autorità e ricchezza del Prete Gianni riferisce a più riprese l’Epistola Presbiteri Johannis; il mittente fra l’altro afferma: Si vero vis cognoscere magnitudinem et excellentiam nostrae celsitudinis et in quibus terris dominetur potentia nostra, intellige et sine dubitatione crede, quia ego, presbiter Johannes, dominus sum dominantium et praecello in omnibus divitiis, quae sub caelo sunt, virtute et potentia omnes reges universae terrae. Septuaginta duo reges nobis tributarii sunt (Zarncke 1879: 910). E la prosa oitanica ribadisce: Et sachiés que nous avons la plus haulte coronne et la plus riche terre qui soit ent tout le monde si comme d’or et d’argent et de bonnes precieuses pierres et de forz fermetez et de forz citez et de forz chasteaux. Et sachiés vrayement que .lxxij. roys sont bons Crestiens en la loy que Jhesu- Crist/ / establi. (ms. I)/ Et, por voir, [saciés] que nos avons la plus haute corone et la plus riche qui soit en tot le mont aussi comme d’or et de pierres precieuse des mellors del monde et s’avons bones fermetés si comme de cités et de chastiaus. Et saciés de voir que .lxxij. roi sont desos nostre poësté et de nostre corone qui sont tot bon Crestien et si sont bien en nostre commandement. (ms. L) (Gosman 1982: 146, 19-20; 148, 1-26; 292, 19-20; 294, 1-28). L’intera Lettera del Prete Gianni inoltre, sia nel testo latino che nella versione oitanica, contiene una serie di «mirabilia», come difformità degli elementi (ad es. il Mare di sabbia), alienità antropologiche (come i giganti e i cannibali) e stranezze animali (ad es. l’unicorno). Tornando al problema delle fonti, che concerne le opere letterarie medioevali, Infurna osserva: «Il riconoscimento di specifici rapporti fra testi non è sempre immediato; e talvolta tali rapporti risultano confusi o irrimediabilmente cancellati dalla erronea trasmissione o dalla perdita di un referente» 16 . Più specificatamente circa Aquilon Wunderli annota: «Dans la plupart des cas il ne peut être question d’une source exacte et identifiable de façon bi-univoque 17 . Il faut presque toujours compter avec les écarts du modèle, avec des modifications de la part de Raffaele, et maintes fois on est confronté avec une vraie fusion de plusieurs sources» (79). Un’altra fonte del nostro romanzo, oltre alla Lettera del Prete Gianni, si delinea, a nostro avviso, nel passo in cui l’autore descrive l’«adornament» di African, il cavallo di Joxafat, figlio dell’Amirant di Cartagine: la sua coperta è «d’un paille sorians o estoit lavorés da li sinistre part coment Hector alcist Hercules» (W 153, 4-5). Nel poderoso studio a cura di Holtus e di Wunderli, Franco-italien et épopée franco-italienne 18 , circa il poema franco-ita- 275 Besprechungen - Comptes rendus 16 M. Infurna, «Intertestualità e mise en abyme», in: Lo spazio letterario del Medioevo. Il Medioevo volgare. Vol. 1, La produzione del testo, t. 1, Roma 2000: 423-57, in particolare 425. 17 Ad es. nella pericope «Allor li torne la giogie in dollor» (W 743, 36-37) non è immediato il riconoscimento del verso dantesco «Noi ci allegrammo e tosto tornò in pianto» (Inferno, XXVI, 136). 18 G. Holtus/ P. Wunderli, «Franco-italien et épopée franco-italienne», in: Grundriss der Romanischen Literaturen des Mittelalters, vol. 3, 1/ 2.10, Les épopées romanes, Heidelberg 2005. liano delle «Enfances Hector», più conosciuto come Roman d’Hector et d’Hercule 19 , Bianco afferma che esso costituisce «la seule oeuvre traitant la légende troyenne qui comprenne la mort d’Hercule par la main d’Hector - ce qui représente une innovation originale» 20 . Dunque l’autore dell’Aquilon conosceva sicuramente questo testo epico concernente la «matière ancienne». Ricordiamo in proposito che fra i codici pervenutici di tale poemetto il ms. Oxford, Bodleian Library, Canonici 450, viene esemplato nel 1384 da tale «Magistrum Benedictum scriptorem de Verona», che Marchi ritiene possa identificarsi con il medico Benedetto da Verona, uno dei personaggi di rilievo dell’ambiente culturale padovano della seconda metà del Trecento 21 . Nel Roman d’Hector et d’Hercule, osserviamo, l’arma attribuita all’eroe troiano è «un leoncel tot d’or massis,/ qi tenoit en la destre brance/ un petit brant, qi mout bien tranche (. . .)/ un lion d’or; / le chans, d’azur fu le color./ Ce est l’enseigne de sa maison,/ qe porta Ylus et Laumedon» (Palermo 1962: v. 218-20, 251-54) 22 . La stessa insegna araldica compare nell’Entrée d’Espagne («a un lion baree en le bixe campagne; / une spee sanglant en la brance grifagne», Thomas 1913: v. 4897-98) ove è attribuita a Girart de Rosilion e viene identificata da de Mandach 1990: 181 con l’arma di cui si fregia un’importante famiglia padovana, quella dei Papafava, legata ai Carraresi. Essa figura, con un cambiamento di colore, anche in Aquilon ed appartiene sempre a Girart de Rosilion: «un lion roge che tenoit un brand in la grafe destre tot sanglant» (W 676, 30-31) 23 . Il problema delle fonti in Aquilon si lega al complesso fenomeno dell’intertestualità che viene attentamente analizzato da Wunderli: se essa è marcata si manifesta attraverso la citazione (spesso in latino), la menzione, l’allusione, l’«évocation pluridimensionnelle» e il riassunto inglobato nella narrazione; nel romanzo compare anche, come osserva lo studioso, un’intertestualità non marcata in cui «les éléments provenant d’un autre texte (contenu) sont completement intégrés dans le texte contenant, où il n’y a donc plus de distance temporelle entre les deux niveaux, où nous n’avons plus affaire à des actions allocentriques et où les protagonistes étrangers à l’inventaire du texte principal manquent» (53). La seconda parte del volume su Aquilon concerne un’ampia ed accurata analisi della lingua: lo studioso esamina l’ambito grafo-fonologico, gli aspetti di morfosintassi e il «domaine lexicologique» di questo testo redatto in una lingua che viene utilizzata in un limitato spazio di luogo e di tempo, una «langue mixte» in cui si esprime, nell’Italia settentrionale, dal XIII secolo fino a metà del XV, una letteratura che assurge a fenomeno unico e specifico, il cui nucleo è costituito dai testi epici. Tale lingua, oggetto di numerosi studi di Holtus e di Wunderli, non è che «le produit littéraire artificiel existant sous forme écrite d’un pro- 276 Besprechungen - Comptes rendus 19 Cf. Le Roman d’Hector et Hercule. Chant épique en octosyllabes. Édité d’après le manuscrit français 821 de la Bibliothèque Nationale de Paris avec les variantes des autres manuscrits connus par J. Palermo, Genève 1962. 20 A. Bianco, Le Roman d’Hector et d’Hercule, in Holtus/ Wunderli 2005: 329-40, in particolare 331. 21 G. P. Marchi, «Giacomino Robazzi e Antonio da Legnago», Italia medievale e umanistica 17 (1974): 499-513, in particolare 503. A lui è dedicato un sonetto acrostico, tradito dal ms. Venezia, Biblioteca Marciana, Lat. XIV 223, da Giovanni Dondi dell’Orologio, professore di medicina, antiquario e scrittore, amico del Petrarca e medico prima del Carraresi e poi di Giangaleazzo Visconti. 22 Cf. pure J. Palermo, «Les armoiries d’Hector dans la tradition médiévale», in: Jean Misrahi Memorial Volume. Studies in Medieval Literature. Edited by H. R. Runte, H. Niedzielscki, W. L. Hendrickson, Columbia 1977: 89-99. 23 Nell’Attila di Niccolò da Casola simile è l’arma attribuita a Gilius re di Padova: «un lion arpant d’or fu in color sanguin,/ que tenoit une spee sanglant in suen sosin». Cf. Niccolò da Casola, La guerra d’Attila. Introduzione, testo, note e glossario di G. Stendardo, Modena 1941, vol. 1: v.1344- 45. cessus de mélange linguistique associant d’une manière non-systématique et donc à definir cas par cas des composantes de la langue française et de la langue italienne ainsi que de leurs sous-systèmes» 24 . Per quanto concerne l’ambito grafo-fonetico Wunderli sottolinea nella lingua del romanzo la sovrapposizione di varie tradizioni fonetiche e grafiche: antico francese, medio francese, toscano, lombardo, veneziano . . . Per la morfosintassi analizza il «fonctionnement des phénomènes d’interférence, de créativité familiarisante et de spéculation linguistique»; per il lessico evidenzia gruppi o famiglie di parole che nel glossario sono «dispersés par l’ordre alphabétique» (185). La terza parte del libro, assai ampia, è dedicata al lessico, che non si riduce a semplice glossario ma fornisce anche un breve commento lessicologico. Detto lessico, preceduto da una bibliografia specifica, concerne i termini considerati franco-italiani sia per la forma grafo-fonetica sia per il «point de vue lexicologique», e ivi si tengono presenti le lezioni francesi raramente attestate o non documentate nei principali testi di riferimento, come il FEW o il LEI. Circa una delle voci, strepon, che nella narrazione compare in due occasioni (W 184, 38- 40; 304, 40-42; 305, 1-6), ci chiediamo se non si rapporti alla parola italiana sterpone/ stirpone (da sterpo, derivato dal latino stirps), che ha il significato di ‘bastardo, figlio illegittimo’ e che è attestata dal XIV secolo in testi quali la Cronica di Matteo Villani o la Spagna 25 . Conchiudono il volume dedicato all’Aquilon un accurato «Index des noms», e un’ampia bibliografia, nella quale dominano i numerosi studi di Holtus e dello stesso Wunderli, dedicati alla lingua e alla letteratura franco-italiane. Lidia Bartolucci ★ Ghino Ghinassi, Dal Belcalzer al Castiglione. Studi sull’antico volgare di Mantova e sul «Cortegiano», a cura e con una premessa di Paolo Bongrani, Firenze (Olschki) 2006, 316 p. (Biblioteca Mantovana 5) Questo libro rende omaggio allo storico della lingua italiana Ghino Ghinassi (1931-2004), recentemente scomparso, raccogliendone alcuni importanti saggi apparsi lungo un quarantennio in atti di convegni e riviste. Il filo comune agli studi qui riproposti è rappresentato dalla cultura mantovana dal tardo Medioevo al Rinascimento, ripercorsa attraverso l’opera di due figure di diverso rilievo come quelle del notaio Vivaldo Belcalzer (fine sec. XII) e di Baldassar Castiglione. Al primo è dedicato l’ampio contributo sul volgarizzamento del De proprietatibus rerum di Bartolomeo Anglico, conservato nell’esemplare di dedica al signore di Mantova Guido Bonacolsi nel ms. Additional 8785 della British Library (Nuovi studi sul volgare di Vivaldo Belcazer, 3-128). Scoperto da Vittorio Cian nel 1902 e parzialmente esaminato da Carlo Salvioni, il ms. londinese veniva per la prima volta analizzato integralmente nella sua veste linguistica dal Ghinassi che ne ribadiva il carattere di testimonianza eccezionale, anche se purtroppo isolata, dell’uso del volgare a Mantova tra Duee Trecento. Una profonda conoscenza dei dialetti emiliani e lombardi permetteva all’autore di superare in parte le pessimistiche conclusioni del Salvioni sulla possibilità di definire la «mantovanità» del volgare di Belcalzer, orientato secondo il G. «verso quella scripta vol- 277 Besprechungen - Comptes rendus 24 Holtus/ Wunderli, 2005: 91. 25 Cf. ad es. S. Battaglia, Grande dizionario della lingua italiana, vol. 20 Squi-tag; C. Battisti/ G. Alessio, Dizionario etimologico italiano, vol. 5, e http: / / gattoweb.ovi.cnr.it per il Corpus OVI dell’italiano antico. gare della Lombardia orientale, che nel secolo XIV appare già costituita su un piano medio o francamente umile di interessi didattici o edificanti» (52). Lo studio della lingua del volgarizzamento rivela infatti più di una affinità (se pur non esclusiva di altre affiliazioni) con i dialetti della zona bresciano-bergamasca, testimoniando dunque una situazione non dissimile rispetto a quella cui faceva riferimento Dante nel De vulgari eloquentia (I 15). Dal passo dantesco G. prendeva le mosse per un breve ma denso contributo ricapitolativo sulla situazione del volgare mantovano nel Medioevo (Il volgare mantovano nell’epoca di Dante, 129-35), aggiungendo ulteriori puntualizzazioni sui caratteri della lingua del Belcalzer (134-35). Alla Mantova tree quattrocentesca, passata nel 1328 sotto il dominio dei Gonzaga, è dedicato invece un altro excursus storico-linguistico (Il volgare mantovano tra il Medioevo e Rinascimento, 137-58): in quest’epoca il volgare «che con Belcalzer aveva fatto a Mantova una comparsa . . . pur sempre legata a un’iniziativa individuale e ad un certo contesto culturale di divulgazione scientifica, diventa . . . strumento dello stato» (144). È questo, fra Tree Quattrocento, un momento «cruciale della formazione delle koinè cancelleresche» (145), formazione che a Mantova sembra precedere quasi di cinquant’anni (i primi documenti pubblici redatti in volgare rimontano al 1369) l’uso della cancelleria viscontea, attestato a partire dal 1426. Con la fine del Quattrocento il volgare mantovano conosce, come gran parte delle koinè regionali, un «processo di italianizzazione» (153) le cui tracce si possono seguire nell’esame della corrispondenza dei rappresentanti diplomatici; un’italianizzazione che, come G. dimostrava esemplarmente (156-58), non va confusa con l’entusiasmo toscanizzante comune ad altre corti dell’Italia settentrionale, ma che la cultura mantovana, nonostante l’intensità delle relazioni e degli scambi, non sembra aver mai dimostrato. Si giunge così all’epoca del Castiglione, al quale il nome di G. rimarrà forse legato più d’ogni altro in ragione di alcune scoperte decisive sul piano storico-filologico. Se lo studioso non poté purtroppo dare alla luce l’edizione critica integrale del Cortegiano, allo scrittore mantovano G. rivolse la sua attenzione lungo più di quarant’anni, licenziando l’ultimo contributo nel 2002 (Un dubbio lessicale di Baldassarre Castiglione, qui alle p. 267-82). Già vent’anni prima, nel 1963, lo studioso faceva luce su un problema fondamentale nella storia del testo quale quello dell’ultima mano che corresse il trattato nel ms. Laurenziano Ashburnham 409, il codice destinato con tutta probabilità alla stampa aldina del 1528 (L’ultimo revisore del «Cortegiano», 161-206). Quest’ultimo revisore che «riduce sistematicamente il testo del Cortegiano a quell’aspetto grafico quasi integralmente ‹toscano› che conosciamo» (174) era già stato identificato dal Cian in Pietro Bembo (che aveva sì effettivamente partecipato alla «ripulitura» del testo, ma in fasi più antiche della sua elaborazione). Escludendo questa possibilità per ragioni paleografiche, il G. avanzava invece in via ipotetica il nome del veneziano Giovan Francesco Valerio, amico del Bembo e uomo di fiducia del Castiglione. La fondatezza di quest’ipotesi veniva confermata alcuni anni dopo su base documentaria grazie al rinvenimento di una lettera di Aloisia Castiglione, madre di Baldassarre, in cui il nome del Valerio veniva citato espressamente in rapporto alla stampa veneziana del Cortegiano. Oltre a quest’importante scoperta, a G. si deve anche uno studio decisivo nel far chiarezza sulla genesi del trattato e sulla sua cronologia interna (Fasi dell’elaborazione del «Cortegiano», 250-57). Attraverso un minuzioso esame di tutte le testimonianze manoscritte conosciute (gli abbozzi di casa Castiglioni, i tre manoscritti vaticani, infine il ms. laurenziano già citato), G. individuava tre momenti nella genesi dell’opera, soffermandosi particolarmente sulla complessa elaborazione dell’ultimo libro (il 4.) della redazione vulgata. In particolare, la concezione ascetica e neoplatonica dell’amore quale emerge da quest’ultima parte del trattato e la sua sostanziale indipendenza rispetto alla materia dei primi tre libri spingevano lo studioso a domandarsi «se [l’autore] non stesse per caso usufrendo di mate- 278 Besprechungen - Comptes rendus riale precostituito a tale fine» (231). A questo proposito lo studioso pubblicava per la prima volta (qui alle p. 250-57) un frammento autografo tratto dagli abbozzi di casa Castiglioni cui dava il titolo di Lettera in difesa delle donne indirizzata a uno degli interlocutori del Cortegiano, Niccolò Frisio. In questo scritto, che per il tono apologetico presenta notevoli affinità contenutistiche con quello che sarà l’ultimo libro del trattato, G. proponeva di vedere il nucleo originario di alcune pagine del Cortegiano, riconducibile nella forma «ai diversi trattatelli in lode e in difesa delle donne, che fiorivano . . . tra il Quattro e il Cinquecento in ambiente ferrarese e mantovano» (252). Nello stesso saggio G. puntalizzava anche, in gran parte ridimensionandola, l’entità della revisione linguistica d’autore secondo quelle norme bembesche che si erano affermate proprio negli anni dell’ultima sistemazione del trattato in vista della stampa (1525-28). Come ricordava lo studioso, al Castiglione, diversamente da Ariosto, «la codificazione ortografica e grammaticale interessava certo . . . ma non fino al punto di impegnarlo in scelte drammatiche», che non a caso verranno demandate ad altri in prossimità della stampa. Concludono il volume alcune recensioni di argomento castiglionesco apparse lungo quasi un ventennio (1959-78): pur in un respiro inevitabilmente più breve, anche queste pagine, al pari dei saggi più ampi, sono una bella testimonianza della lunga fedeltà prestata dal compianto studioso allo scrittore mantovano. Gabriele Bucchi ★ Alberto Roncaccia, Il metodo critico di Ludovico Castelvetro, Roma (Bulzoni) 2006, 452 p. (Europa delle Corti) Il volume si presenta come una ricognizione complessiva sull’attività critica di Ludovico Castelvetro, di cui l’autore tenta di delinare un «metodo» che presenti caratteri di organicità e di coerenza. Movendo dagli studi novecenteschi ormai classici sul letterato modenese (Raimondi, Baldacci, Bigi) e dalle numerose scoperte filologiche dell’ultimo ventennio (particolarmente quelle di Giuseppe Frasso e della sua scuola), R. cerca di enucleare le linee portanti della riflessione di Castelvetro sul problema della lingua (non solo letteraria) e sull’imitazione dei modelli volgari. Lo studio, suddiviso in tre parti, prende le mosse da un capitolo poco conosciuto del pensiero castelvetriano; non un’opera del modenese, ma un dialogo di cui egli è protagonista: i Ragionamenti sopra alcune osservationi della lingua volgare di Lazzaro Fenucci usciti nel 1551 (Orientamenti critici nella fase modenese, 33-114). Il testo, opera di un amico di Castelvetro e sodale dell’accademia che fu sciolta per sospetto d’eresia nel 1545, costituisce secondo R. «una fonte preziosa per individuare gli aspetti più propriamente letterari dell’attività del gruppo modenese» (37) la cui «altezza cronologica . . . può consentire di ‹fotografare› una fase dell’evoluzione del pensiero critico di Castelvetro» (62). Nell’accostarsi alla questione della lingua volgare il dialogo del Fenucci assume come riferimento normativo, non di rado obiettivo polemico già in questa prima fase del dibattito, le Prose della volgar lingua di Bembo che erano state riproposte in un’importante edizione curata dal Varchi solo due anni prima (1549). R. individua nei Ragionamenti di Fenucci, particolarmente laddove è il personaggio Castelvetro a parlare, la presenza di alcuni temi che torneranno, più ampiamente sviluppati, nelle opere originali degli anni dell’esilio: l’attenzione per le forme poetiche lunghe e metricamente elaborate (canzone e sestina), l’aperta ammirazione per il Bembo poeta, giudicato non inferiore allo stesso Petrarca (mentre più di una riserva è espressa sull’opera del grammatico), infine, sul piano formale, un «approccio argomentativo dilemmatico tipico della retorica critica del Modenese» (75). 279 Besprechungen - Comptes rendus Per meglio ricostruire il clima da cui trasse origine la riflessione critica di Castelvetro, R. si sofferma successivamente sull’attività poetica del gruppo modenese negli anni compresi tra il 1536 e il 1542, una «fase cronologicamente alta dell’accademia» ancora non nicodemitica (100). L’attività poetica degli intellettuali riuniti intorno a Castelvetro in questi anni è testimoniata da una produzione in versi tematicamente e metricamente piuttosto varia, in parte costituita da sonetti di corrispondenza (i componimenti del codice Mil. Coll. IV 18 della Biblioteca Universitaria di Breslavia vengono ripubblicati da R. alle p. 311-17). In questi esercizi accademici lo studioso rileva la presenza, rispetto al modello petrarchesco, di «una tematica diversa da quella più fortunata dell’amore infelice, volta a secondare . . . una maggiore capacità di accoglimento lessicale e sintattico-ritmico» (95). È particolarmente nei sonetti e nei componimenti di Filippo Valentini, principale ideologo letterario dell’accademia insieme a Castelvetro, che si può constatare la presenza frequente di temi religiosi e politici nonché la predilezione per le soluzioni più sperimentali della lirica dantesca e petrarchesca (specialmente nella forma della canzone), queste ultime presenti anche nell’opera bembiana, ma limitatamente alla stagione degli Asolani. Nella seconda sezione dello studio (La riflessione teorica, 115-95), concettualmente la più ardua a causa anche della ben nota difficoltà dello stile argomentativo del Modenese, R. affronta il problema della posizione castelvetriana in merito all’origine del linguaggio (cui si era già accostato Werther Romani) confermandone sostanzialmente le posizioni convenzionaliste di origine aristotelica. Particolarmente rilevante è a questo proposito l’attenzione prestata da R. alla distinzione operata da Castelvetro nelle Giunte alle Prose della volgar lingua tra le nozioni di «grammatica» e di «stile», che invece tendono a sovrapporsi nella teoria bembesca. È precisamente nelle Giunte che si assiste, secondo R., al più deciso allontanamento rispetto alle posizioni del veneziano: un distanziamento che risulta evidente nel rifiuto di riconoscere a una lingua storicamente individuabile la supremazia sulle altre «per natura», ma solo «per accidente» e ricorrendo al concetto oraziano di «uso». Nell’illustrare le strategie interpretative del commentatore della Poetica aristotelica, un ampio spazio è dedicato ai criteri adottati da Castelvetro nell’esame dei testi letterari. Importanza fondamentale assume la «tenuta logico-linguistica» del testo, verificata generalmente attraverso l’operazione della parafrasi o spositione, che costituisce il primo irrinunciabile metro di giudizio assunto dal critico modenese. Nella terza parte (Il commento al testo letterario, 195-294) vengono puntualmente riprese le posizioni teoriche già illustrate per essere verificate nel campo della più concreta analisi dei testi letterari: il commento alle Rime del Petrarca (uscito postumo nel 1582), quello incompiuto alla Commedia (pubblicato solo alla fine dell’Ottocento) e infine la risposta (1559) all’Apologia di Annibal Caro sulla censura alla canzone in lode della casa di Francia. Comune a questi tre momenti della riflessione critica castelvetriana, come R. dimostra convincentemente, è il ricorso a precise strategie di analisi: la reductio tematica, intesa come «verifica della coerenza logico-grammaticale complessiva» (204) con l’applicazione (estesa anche a testi non narrativi) del concetto aristotelico di favola; la distinzione prioritaria di ordine (piano sintattico) e sentimento (piano semantico) nell’approccio al testo; la costante ricerca di spiegazioni per il singolo componimento all’interno del più ampio contesto macrotestuale in cui esso è inserito (particolarmente evidente nella critica petrarchesca); la centralità assoluta, infine, della categoria di inventio nel giudizio sugli autori antichi e moderni. Sulla base di un’abbondante e sempre significativa esemplificazione tratta dall’esame acuto e irriguardoso compiuto da Castelvetro sulla canzone del Caro, R. illustra quella «procedura interpretativa di impostazione razionalistica» (232) che assume dimensioni «sproporzionate sia alle dimensioni sia all’importanza letteraria del testo» (275). Si tratta di un famigerato episodio di critica «militante» nel quale lo studioso vede giustamente 280 Besprechungen - Comptes rendus l’«espressione . . . di una proposta metodologica coerente e compiuta per l’approccio al testo letterario» (274) da parte di Castelvetro. Oltre a costituire un’importante definizione complessiva delle posizioni di Castelvetro critico e linguista lungo un trentennio storicamente decisivo per la storia della lingua italiana, lo studio di Roncaccia ha anche il merito di contribuire, attraverso la pubblicazione di alcuni inediti e all’utile riproduzione anastatica della princeps del dialogo di Fenucci, a una più precisa conoscenza storica dell’ambiente accademico modenese e all’individuazione di aspetti poco noti e spesso non convenzionali del classicismo postbembesco. Gabriele Bucchi ★ Galileo Galilei, Il saggiatore. Edizione critica e commento a cura di Ottavio Besomi/ Mario Helbing, Roma/ Padova (Editrice Antenore) 2005, 699 p. (Medioevo e umanesimo 105) Il Saggiatore può essere considerato l’opera più famosa di Galileo Galilei. L’edizione critica ora proposta da Ottavio Besomi e Mario Helbing rappresenta la seconda parte del loro progetto con il quale essi hanno voluto non soltanto dare alle stampe una nuova edizione critica dell’opera, ma anche collocare la genesi e l’effetto del trattato nel suo contesto storico-culturale. Va subito detto che questa sfida è riuscita loro molto bene. Già nell’ampia introduzione, come anche nel commento al testo, gli Autori riescono ad evidenziare il denso tessuto delle reti intertestuali, illustrandole con citazioni molto ampie dei relativi documenti e rendendo accessibili i più importanti trattati che hanno influenzato la controversia erudita in cui si inserisce il Saggiatore. Mettendo insieme i due volumi dell’edizione, si tratta, quindi, di una vera e propria documentazione complessiva di tutta la polemica attorno alle tre comete che apparsero nel cielo tra il 1618 ed il 1619. Nel primo volume del 2002 1 gli Autori avevano pubblicato la Disputatio astronomica De tribus cometis anni MDCXVIII (Besomi/ Helbing 2002: 249-87) del gesuita Orazio Grassi, stampata a Roma tra febbraio e marzo del 1619, il quale avviò la polemica. Inoltre la replica del Discorso delle comete (Besomi/ Helbing 2002: 111-92, in traduzione italiana), risposta critica di Galileo ed il suo discepolo Mario Guiducci alle tesi cometarie della Disputatio, e non ultimo la Lettera a Tarquinio Galluzzi di Guiducci (Besomi/ Helbing 2002: 289-317). Ora gli Editori completano il quadro con l’edizione critica e commentata del Saggiatore. Oltre alla fedeltà filologica, l’edizione ha per fine principale di rendere rintracciabile l’elaborazione dell’opera e lo sviluppo di tutto il dibattito scientifico attraverso un facilitato confronto dei vari testi. L’edizione del Saggiatore (86-320), quindi, è affiancata da una traduzione italiana della Libra di Orazio Grassi (365-433) che suscitò la risposta di Galilei nella forma del Saggiatore. Gli Autori hanno, però, anche lasciato i brani del testo latino della Libra conformi all’editio princeps (curata in parte da Galileo stesso), che quindi rimane incorporato nel Saggiatore nell’originale latino (86-320). Non ultimo, gli Autori rendono accessibile per la prima volta in italiano le postille di Galileo alla Libra, rilevate dalla Biblioteca Nazionale Centrale di Firenze, i quali rappresentarono la prima reazione intellettuale dell’astronomo pisano alla Libra e gli servirono come bozza per la composizione dell’opera (321-64). Le pagine 436 fino a 639 sono riservate al dettagliato commento ai testi. 281 Besprechungen - Comptes rendus 1 G. Galilei/ M. Guiducci, Discorso delle comete, Edizione critica e commento a cura di O. Besomi/ M. Helbing, Roma/ Padova 2005. Riallacciandosi all’esposizione dell’edizione del 2002, gli Autori fanno capire già nell’introduzione dell’edizione del Saggiatore la loro posizione su come si debba leggere l’opera galileiana, cioè soprattutto come una parte del dibattito più acceso di quello apparentemente svoltosi sul fenomeno stesso del 1618: quando nel novembre 1618, quasi tre anni dopo la condanna di Copernico e il monito a Galileo con il quale gli era stato imposto silenzio riguardo alle tesi di Copernico, sul cielo appariva una cometa straordinariamente grande, il fenomeno stellare sollecitò nuovi dibattiti sul sistema del mondo, in particolare sulla mobilità o immobilità della terra. La questione si compose di tre posizioni scientifiche: si doveva inseguire quella tolemaica, secondo la quale il mondo era geocentrico e gli oggetti stellari si muovevano su sfere ruotanti, o quella copernicana, nettamente eliocentrica, oppure quella di Ticone, che rivendicava un sistema geo-eliocentrico con il sole in moto attorno alla terra? Essendo le comete nell’immaginario contemporaneo di allora il fenomeno per eccellenza attraverso il quale si poteva studiare il moto degli oggetti stellari (Besomi/ Helbing 2002: 15s.), il dibattito sulle comete del 1618, quindi, non va letto primo di tutto come una disputa solamente sul fenomeno, bensì s’inserisce nel quadro più ampio della controversia sul sistema del mondo. I primi a prendere posizioni furono i Gesuiti del Collegio Romano. Nel trattato anonimo della Disputatio, il gesuita Grassi nel febbraio del 1619 espose gli argomenti che diventarono la base per le dispute tra lui e Galileo: la parallasse della cometa, il suo moto, il fatto che guardandolo con il telescopio la cometa non s’ingrandiva, e non ultimo la sua curvatura.Tutti questi argomenti servirono a Grassi per stabilire una natura essenzialmente celeste delle comete in un sistema ticonico. Nel giugno 1619 uscì, sotto il nome del già menzionato discepolo di Galilei, Mario Guiducci, la risposta a questo trattato, il Discorso delle comete. Mentre nella Disputatio la natura delle comete fu definita celeste, Guiducci/ Galilei ora proposero di vedere la loro origine nell’influsso della luce del sole su una materia cometaria terrestre, rivendicando allo stesso tempo un legame tra mondo terrestre e celeste in un universo omogeneo. L’ottobre 1619 Grassi replicò sotto lo pseudonimo «Lottario Sarsi» nella Libra. Nell’examen primum il gesuita si dolse che Galileo era stato ingrato nei confronti del Collegio Romano, dopo aver presentato nel 1616 un telescopio proprio in quel luogo. Inoltre criticò il fatto che Galileo/ Guiducci non erano in grado di stabilire se la cometa fosse un fenomeno reale o solamente un’apparizione, e perciò i loro calcoli della parallasse riuscivano errati. Nella pars construens, Grassi contrappose a Galilei/ Guiducci la teoria dei moti cometari circumsolari nel sistema ticonico - l’unico che andasse d’accordo con la fede cattolica. Il Saggiatore fu composto da Galileo proprio per confutare in modo scientifico la Libra, esponendo allo stesso tempo un sistema capace di spiegare i movimenti cometari presumendo il moto della terra. Quanto alla genesi complessa del Saggiatore, gli Autori ne evidenziano l’inizio con la pubblicazione della Libra nell’ottobre/ novembre del 1619. La composizione dell’opera da allora durò fino a luglio del 1623, quando essa andò alle stampe. Besomi e Helbing inanzitutto mettono in evidenza il carattere essenzialmente pamphletistico dell’opera e descrivono il suo sviluppo, partendo dalle prime reazioni e consigli degli amici di Galilei, presentando tra l’altro una lettera del Guiducci al Grassi/ Sarsi del giugno del 1620 (50s.). All’inizio del dicembre del 1620 circolava voce che Galilei stesse preparando una risposta alla Libra. Dopo averla finita, lo scienziato mostrò il trattato agli amici fino alla sua stampa nel febbraio del 1623, un processo che durò fino all’otto settembre dell’anno stesso. In seguito alla pubblicazione del Saggiatore, gli amici di Galilei si chiedevano se Grassi ne avrebbe dato una risposta. Guiducci, infatti, entrava in discussione con il gesuita a Roma. Dalla fine del novembre del 1624 egli seppe per certo che il Grassi stava preparando la sua risposta. Due anni dopo a Galilei giunse la notizia di un amico che quest’ultima era uscita 282 Besprechungen - Comptes rendus sotto il nome Ratio ponderum, opera su cui Galileo avrebbe fatto ancora una volta annotazioni irritate. Egli scrisse ad un amico di voler aggiungere ad una probabile nuova ristampa del Saggiatore le sue postille alla Ratio ponderum, cosa che non si realizzò mai. Riguardo alle letture critiche del Saggiatore, gli Autori mettono in rilievo come esse si sono sviluppate da interpretazioni che puntavano sulla teoria cometaria, e con ciò il contenuto astronomico dell’opera come il suo punto più importante, ad una comprensione che dagli anni ottanta/ novanta in poi ha posto l’accento su come la questione cometaria abbia fornito a Galileo solamente l’occasione per scrivere, il punto di partenza per pubblicare le tesi che aveva approntato già prima (cf. Besomi/ Helbing 2002: 17). Il vero nucleo significativo del Saggiatore, secondo queste interpretazioni, sarebbe da cercare nel fatto che Galilei espone la sua filosofia naturale e confuta a quella degli avversari. I rimproveri recentemente ritrovati dagli studiosi che risuonavano da parte della chiesa, secondo i quali il Saggiatore elogiava la teoria di Copernico e che alcune parti confutavano la dottrina eucaristica, secondo Besomi e Helbing non possono essere visti come i motivi centrali della polemica. Gli Autori si schierano esplicitamente contro la teoria che il dibattito avesse toccato anche la questione del moto degli atomi. Sulla base delle tesi di Massimo Bucatini, secondo le quali il Discorso ed il Saggiatore furono essenzialmente opere copernicane, gli Autori rivelano, dunque, attraverso la loro edizione, il valore cruciale dell’apparizione della grande cometa del 1618 per il successivo dibattito tra ticonici e copernicani. Il gran pregio della presente edizione consiste in due caratteristiche: la prima è la sua facile accessibilità testuale, la seconda è la grande utilità sia delle annotazioni molto particolareggiate, che forniscono le fonti di riferimento (scritte e figurative) in modo ampio e generoso, sia dei rimandi tra i testi ed anche ad altre edizioni di riferimento. In particolare i rimandi reciproci tra il testo latino della Libra inserito nel Saggiatore, la traduzione italiana della Libra e le postille del Galilei rendono lo studioso in grado di ripercorrere minutamente l’elaborazione dell’opera di Galilei. Infine, è da rilevare che il volume in questione dovrebbe essere letto insieme a quello del 2002 per poter apprezzare del tutto questo lavoro critico. Tobias Daniels ★ Valeria della Valle/ Pietro Trifone (ed.), Studi linguistici per Luca Serianni, Roma (Salerno Editrice) 2007, lii + 665 p. . . . tutte quelle vive luci, vie più lucendo, cominciaron canti da mia memoria labili e caduci. Se fossimo invidiosi, avremmo molti motivi per invidiare Luca Serianni; a questi motivi, ben noti, si aggiunge ora il volume che gli allievi gli hanno dedicato come lussuoso regalo di compleanno: la traduzione in parole dell’affetto, oltre che della stima, che il loro maestro ha suscitato, e insieme della dottrina che ha così abbondantemente seminato, e in modo tanto fruttuoso. Fin qui. Perché, se tutto ciò è oggettivamente fissato in un momento, il momento è ancora ben lontano dalla conclusione dell’attività accademica del festeggiato (professore ordinario di Storia della lingua italiana all’Università di Roma «Sapienza»), e questo rende il dono particolarmente allegro: non canonico e non «definitivo». Gli interessi di studio di Luca Serianni, e dunque le sollecitazioni culturali che ha creato, sono raccolti nella sua Bibliografia 1972-2007, che occupa venti pagine (x-xxix), e nell’Elenco dei laureati dal 1982 al 2007 (xxx-xlii), che comprende duecentocinquanta titoli di 283 Besprechungen - Comptes rendus tesi (quadriennali o magistrali). È una lettura istruttiva: dell’ampiezza e della varietà dei temi - linguistici (di ogni aspetto della lingua antica e moderna; della lingua nella storia, appunto, in una concezione della disciplina di largo respiro), grammaticali, filologici, letterari (ma sempre con il dato tecnico come punto di partenza, e la solidità della tecnica come tessuto medesimo, del lavoro; e con in più una coltissima scrittura di grande raffinatezza ed esattezza, che riesce comunque a essere «piana», e in cui si coltiva felicemente l’ideale medievale della brevitas) - non si può dar conto qui. Ma per qualche verso ne daranno conto gli sviluppi che questi Studi linguistici, anche, rappresentano. (D’altra parte, il nome di Luca Serianni, che si alterna con il semplice - maiuscolo per l’antonomasia - «Maestro», è ovunque nel libro: promotore allora dello studio che ora gli si offre, autore dell’opera da cui si prende avvio, comunque punto di riferimento nel lavoro.) Il volume si apre con la bella Presentazione dei curatori (vii-ix) e, dopo la Tabula gratulatoria (xliii-li) e la Tavola delle abbreviazioni (lii), ospita quarantacinque saggi, ordinati per data di laurea dei partecipanti. La varietà di argomenti che risulta da questa successione libera, non per settori di studio, dunque, o per blocchi tematici, o per aggregazioni di ordine cronologico, è affascinante. È purtroppo impossibile illustrare anche brevemente ciascun contributo; ma, poiché nessun omaggio di questa «bella scola» merita, certo, il silenzio, ognuno sarà ricordato almeno con la citazione dell’autore e del titolo, e alcune parole del testo, nella scelta inevitabilmente scarna (che non sarà nemmeno equilibrata, perché viziata, almeno in parte, da automatismi: rifletterà perlopiù gli interessi, e dunque qualche meno peregrina competenza, di chi recensisce). Giuseppe Patota, «Per» (3-18), il per d’agente: funzione che aveva nella lingua antica - e che non ha conservato nella lingua moderna (a parte il relitto «per i tipi di»), come confermano testi e vocabolari contemporanei -, non tanto per influsso del francese par, precisa l’autore, quanto per uno dei valori di per latino passato in tutte le lingue romanze, compreso l’italiano 1 . A tutti noto il problematico per del Cantico di frate Sole di san Francesco, e familiare il per nella funzione d’agente nei testi antichi; meno chiaro è quando, e come, questo suo valore grammaticale cominci a declinare nell’uso, fino a perdersi. Patota interroga dunque l’archivio elettronico della LIZ per rintracciarne il percorso attraverso i testi in prosa e in versi di tutte le epoche: presente in ogni genere di «prosa due, tre e quattrocentesca», anche in poesia «il per agentivo ricorre sia nei testi rappresentativi della lirica d’arte siciliana, toscana e settentrionale . . . sia in testi poetici di registro più variegato . . . sia, infine, nella lingua poetica di consumo . . . e in quella rappresentativa della realtà linguistica fiorentina del Trecento (Commedia di Dante) 2 e del Quattrocento . . . » (7-8 N15), e così sarà, nell’insieme, anche per il Cinquecento e il Seicento, «i secoli dell’elaborazione, della definizione e dell’affermazione della norma» (loc. cit.). Poi (in prosa e, solo con qualche presenza in più, in poesia) diventa raro nel Settecento, e rarissimo nell’Ottocento; nel Novecento scompare. Patota analizza dunque le strutture morfosintattiche nelle quali il per che introduce un complemento d’agente o di causa efficiente - comunque sempre fortemente minoritario rispetto a da - ricorre più spesso: dopo l’iniziale presenza grosso modo indifferenziata, si registra dalla metà del Trecento la prevalente presenza in costrutti con si impersonale e passivo («E per molti si dice che . . . ») o con il participio passato usato ver- 284 Besprechungen - Comptes rendus 1 E si pensa ai manoscritti medievali che recano nel colophon l’indicazione del copista nella forma scriptum per me . . . 2 L’affermazione è certo legittima, ed efficace nella sua assolutezza; eppure, la complessità, anche linguistica, della Commedia fa comunque desiderare una definizione meno netta, più complessa, appunto. A ogni modo, sul problema della restituzione linguistica della Commedia si veda ora il fondamentale studio di L. Serianni, «Sul colorito linguistico della Commedia», Letteratura italiana antica 8/ 2 (2007): 141-50. balmente («Facezia sesta fatta per il Piovano . . . ») (10), che nei secoli successivi diventerà quasi esclusiva. Un excursus attraverso le teorizzazioni dei grammatici completa la trattazione, e nell’Appendice (16-18) sono elencati i Risultati degli spogli. Antonella Sattin, «Il diario romano di Cola Colleine (1521-1561): appunti e spigolature» (19-36): in realtà un’accurata descrizione testimoniale (l’originale non sopravvive) e linguistica (l’epoca è quella in cui avviene la toscanizzazione del romanesco) che anticipa l’edizione critica, con le notizie biografiche sul personaggio (nobile romano, possidente, che fu, anche, caporione di Trastevere). Uno di questi Recordi: «Ecco il racconto di un miracolo avvenuto il 21 febbraio 1561: ‹Adì 21 de febraro la Madonna che sta in casa de messer Agnolo de Capranica fece liberare uno homo che giva per Roma con una bardella sotto lo sedere, caminava con le mano, era stroppiato e lo sanò. E la sera nanzi uno la roba, e li casca un sasso in testa e lo ferì, e se voleva partire e non poteva anare fì che venne la corte e lo piglia, e li volzero dare la corda né mai lo posero alzare de terra e fu miracolo›» (25). Claudio Costa, «Intorno al linguaggio comico del Belli italiano» (37-50): «Mi viene da pensare . . . che sia nostra l’incapacità di trovare una sintesi o almeno uno stabile raccordo tra i quasi trentatremila versi romaneschi e gli oltre quarantacinquemila italiani del poeta di Roma. E poi lingua e dialetto nella Roma del Belli sono così prossimi e comunicanti . . . » (37). «Di questa lingua poetica media, lontana tanto dalle cruscherie quanto dalle romanticherie, . . . Belli è pienamente consapevole come scrive nell’epistola A Cesare Masini, pittore e poeta del 10 gennaio 1843 . . .: ‹ . . . Chiara ogni frase mia come una stella,/ non sol la intendi tu, ma insiem tua madre,/ e tua figlia e tua moglie e tua sorella./ Né mai per cruscherie perfide e ladre/ dovrò accusarmi nel perdon d’Assisi/ o in altri giubilei del Santo Padre./ Io non vo’ morti i miei lettor di tisi/ fra notomie sol buone pel concorso/ alla medaglia del dottor Lancisi . . . ›» (46). Massimo Bellina, «Sull’epistolario di Antonio Cesari, con una lettera inedita a Luigi Angeloni e alcune note sul purismo» (51-72). Del dotto articolo scegliamo alcune frasi dalle considerazioni finali, spostate sulla contemporaneità (fermandoci però prima di quelle effettivamente conclusive, amarissime, sulla situazione attuale della scuola secondaria in Italia): «Aveva ragione Arrigo Castellani: i forestierismi ‹provocano il diffondersi d’un senso d’incertezza› nella società civile, generano confusione . . . In fondo il purismo non ha bisogno di motivazioni ideologiche: una lingua chiara e corretta è un più pratico e solidale strumento di comunicazione. Potremmo desanctisianamente definire il Castellani ‹l’ultimo dei puristi›. ‹Un purista al nostro sole è una cosa curiosa, e, mi pensavo, anche ridicola un poco›, ammoniva con serietà il Boine. Ancora oggi, come già con Vincenzo Monti, il ridicolo è spesso l’arma preferita utilizzata contro i puristi . . . Ma oggi nessuno predica più (né sarebbe possibile) il rigetto indiscriminato dei forestierismi, né l’assunzione di modelli normativi antichi e letterari» (70-71). Riccardo Gualdo, «Sensibile, ragionevole, ironico» (73-86): «Quale che ne sia la complessiva portata quantitativa, l’influsso anglo-americano sulla nostra lingua si esercita certamente soprattutto nel settore del lessico, che è senz’altro il più curato dagli studi e attira per primo l’interesse del parlante comune, come risulta dalle ultime accurate ricerche sulla neologia. Tra i tanti aspetti della ricerca sull’interferenza lessicale tende però a essere oggetto di minore attenzione il fenomeno del calco» (73). Storia e (mutamento di) significato dei «tre aggettivi che . . . appartengono all’àmbito del lessico comune (ironico) e scientificogiuridico (sensibile, ragionevole), . . . calchi semantici piuttosto che prestiti camuffati» (74), dato che acquistano nel tempo una non radicalmente nuova sfumatura di senso. Massimo Palermo, «Il turgido et operoso stile: riflessioni sulla coesione testuale nel Decameron» (87-99): la definizione nel titolo proviene dall’Anticrusca (1612) di Paolo Beni 3 , 285 Besprechungen - Comptes rendus 3 Citata, come ricorda Palermo, da L. Serianni, «La prosa», in: L. Serianni/ P. Trifone (ed.), Storia della lingua italiana, vol. 1, Torino 1993: 451-577 (471), la censura suona: «[lo stile di Boccacopera della quale Palermo analizza, anche, alcune considerazioni, più e meno motivate, sulla fatica dello stile e della sintassi in Boccaccio. L’aspetto che qui gli interessa mettere in luce è quello dei coesivi, dei meccanismi di raccordo del testo, aspetto meno studiato della pur abbondantemente studiata prosa boccacciana. Dopo una breve rassegna di tre punti della più nota ipercoesione: «la coniunctio relativa, la predilezione per forme di ripresa forte dell’antecedente, l’uso insistito di pronomi personali, possessivi e dimostrativi» (89) - sia pronomi sia aggettivi -, l’analisi della meno indagata coesione debole: «La mia ipotesi è che l’indebolimento della coesione funzioni come moltiplicatore della complessità sintattica e stilistico-retorica, accrescendo il livello di cooperazione richiesto al lettore per una corretta interpretazione del testo» (91). Dunque i diversi elementi di ripresa che non «stringono» sufficientemente il testo, quali il pronome atono posto troppo distante dal sostantivo cui si riferisce, o il richiamo attraverso i pronomi di più nomi o sintagmi di uguale genere e numero, che entrano, così, in conflitto: richiamo guidato a volte dal maggiore peso semantico, a volte dalla più vicina collocazione testuale dei termini in gioco. Ancora, il mancato accordo grammaticale, o l’accordo a senso, del pronome con il suo antecedente; un’estensione, e una complicazione, di questo fenomeno è la ripresa fatta attraverso il pronome di un elemento non effettivamente presente nel testo, ma inferibile con un ragionamento da un altro termine: «un termine medio di riferimento», dunque, variamente sottinteso nei procedimenti di ellissi, «un derivato . . .; un termine semanticamente vicino . . .: ‹per lo fresco avendo mangiato, dopo alcuno ballo s’andarono a riposare, e da quello (il letto) appresso la nona levatisi, come alla loro reina piacque, nel fresco pratello venuti a lei dintorno si posero a sedere› (ii Introd. 3)» 4 (95), «[o] unito da legami di ricorrenza parziale a un altro da poco menzionato» (96). Fino a una ancor maggiore complicazione in alcuni luoghi, con un intreccio di difficili procedimenti retorico-grammaticali, che, secondo lo studioso - che correda l’ipotesi di persuasivi esempi -, può non essere un portato del periodare latineggiante non perfettamente dominato ma essere invece funzionale (o almeno parallela) alla narratio: l’ambiguità dei riferimenti che si scioglie, per esempio, con lo scioglimento del racconto nell’agnizione finale. Angelo Pagliardini, «Il viaggio oltre confine nella poesia di Pascoli» (101-17): «A proposito dei testi che fanno diretto riferimento alle imprese coloniali, La sfogliatura è già stata citata da Contini come esempio di quello che lui definisce ‹color locale d’occasione› . . . Il color locale della terra africana viene evocato attraverso l’inserimento di forestierismi molto accentuati, come tief, fitaurari, barambara, o adattati, come sciamma. La tecnica stilistica è tale che tende a sussumere i forestierismi all’interno della tessitura fonica della pagina, un procedimento di appropriazione dell’estraneo all’interno dell’indigeno. Come nel caso, . . . in Italy, della rima febbraio : Ohio, le parole esotiche vengono inserite in posizione di rima, e fatte rimare con parole italiane (si ara : barambara, fiamma : sciamma e Gunaguna : luna)» (115-16). Inaccostabili, come si comprende già dai titoli - e proprio per questo viene il desiderio di accostarli -, sono due studi sulle parole della medicina. Marco Cassandro, «L’italiano della medicina: ipotesi per un sillabo d’italiano L2» (119-30), le tratta sotto l’aspetto tecnico, e in particolare nell’ottica della didattica per stranieri, diversamente organizzata per gli 286 Besprechungen - Comptes rendus cio] riesce insieme turgido, difficile et operoso: dove che a ragionamenti familiari et a novellare si conviene stil piacevole, facile e naturale». 4 Questo esempio permette una considerazione divertita sulla «polisemia» del testo, particolarmente favorita dalla complessità sintattica nel Decameron: l’esempio verrà infatti citato anche a proposito del successivo terzo punto, ma il termine medio immaginato sarà diverso (e questa seconda interpretazione appare forse preferibile, perché meno onerosa): « . . . s’andarono a riposare, e da quello (sott. riposo) appresso la nona levatisi . . . (ii Introd. 3)» (96). studenti di una facoltà di Medicina in Italia e per i professionisti. Con una precisazione a proposito di questo secondo tipo di pubblico: «Riprendiamo qui la distinzione in tecnicismi specifici e collaterali operata da Serianni, . . . Un treno di sintomi . . . (L. Serianni, Un treno di sintomi. I medici e le parole: percorsi linguistici nel passato e nel presente, Milano 2005)» (129 e N22); «a nostro parere, un vero professionista ha probabilmente bisogno di approfondire di più l’uso e la comprensione di termini come insorgenza e accusare, piuttosto che termini come dispnea o pericardite che probabilmente conosce o di cui riesce a comprendere il significato» (130). Francesco Feola, «Curare con le parole» (421-31), non tratta affatto le parole della medicina; ricerca invece nei testi di carattere religioso 5 e morale, e in quelli letterari, del Medioevo volgare la presenza della parola che si fa essa stessa medicina, «la diffusione . . . del topos della parola guaritrice» (424). «Anche nel volgarizzamento delle Pistole di Seneca ritroviamo l’analogia tra l’azione delle parole e quella dei farmaci: ‹La diceria, e ’l parlare, che si fa per medicinare, e guerire l’animo, dee entrare nel profondo dentro, perocché remedj, e le medicine non fanno alcun pro, s’elle non stanno nelle piaghe. (. . .) Neuna di queste cose si può fare in fretta. Qual medico guarisce la malattia andando? I’ ti dico, che parole, che son dette in fretta, non hanno in loro alcuna utilità›» (428-29). Laura Ricci, «Sul treno, luogo comune nella poesia del secondo Ottocento» (131-45): «Un esempio meno noto della lirica primo-novecentesca, che raccoglie, traendone una metafora complessa, le diverse impressioni elaborate nel secondo Ottocento . . . La locomotiva di Giovanni Alfredo Cesareo vanta una studiata orditura narrativa (centoquarantasei versi), e una sapiente alternanza di metri (dagli endecasillabi ai versi bisillabici), imitativi del diverso ritmo - ora accelerato, ora rallentato - delle rotaie. Spicca l’eterogeneità lessicale. Ci sono termini realistici (bagagli . . . sportelli . . . fanale . . . cantonieri . . . etc.); voci rare e iperletterarie (giulìo . . . fiammando . . . padule . . . sodaglie . . . a volgoli . . . sbalzana e tìtuba . . . a sfagli . . .); varianti poetiche (atra . . . core . . . palagi . . . plora . . . molce . . . rote . . .); echi d’autore (accidïosa fumica . . .).Tutti i passaggi del testo collaborano alla definizione di una coerente allegoria: l’attesa alla stazione e il fischio d’avvio, il diseguale cammino, la meta indefinita ma certa» (145). Hanno per oggetto il teatro di Goldoni due (diversamente) interessanti studi. Fabio Rossi, «Imitazione e deformazione di lingue e dialetti in Goldoni» (147-62): «La conclusione di questa breve panoramica sul plurilinguismo conferma la centralità del commediografo veneziano per lo storico della lingua: la stessa scelta di Goldoni di rappresentare soltanto alcuni tipi e tratti a scapito di altri può dirci qualcosa di non irrilevante sulla percezione del rapporto, ovviamente incerto, tra norma e variabilità nell’italiano settecentesco. Centralità che, dopo le esemplari osservazioni foleniane, non sembra essere stata ancora perfettamente messa a fuoco» (162). Alberto Puoti, «Analisi conversazionale del teatro goldoniano: le funzioni della dislocazione» (523-34): «Credo che sia molto utile valutare il contributo specifico della DS [dislocazione a sinistra] alla stilizzazione degli scambi comunicativi poiché, in una prospettiva diacronica, l’impiego di tali risorse linguistiche costituisce un segnale espressivo della modernità del teatro goldoniano. Goldoni, infatti, è tra i primi ad intuire che la sintassi è il vero ‹cavallo di battaglia› per lo scrittore di teatro» (523). Leonardo Rossi, «La lingua di un romanzo di Attilio Veraldi» (163-77): «In un territorio negli anni ’70 quasi inesplorato, Veraldi riesce a indicare con sicurezza una via per il 287 Besprechungen - Comptes rendus 5 Di passaggio, si può immaginare forse più sfumata una nota iniziale: «È appena il caso di ricordare che nel Medioevo l’influenza di Tertulliano, così come degli altri Padri della Chiesa, agisce per via indiretta» (421 N3), che - così formulata - semplifica un po’ la questione più complicata della tradizione, e della conoscenza da parte dei differenti tipi di pubblico, dei Padri nel Medioevo (o dei diversi Padri nei vari periodi del Medioevo). giallo all’italiana, in cui descrizione della modernità e descrizione della realtà territoriale [napoletana] (criminale, ma anche linguistica) convivono a formare un binomio narrativamente efficace, a volte artisticamente felice» (164). Un esempio dall’analisi linguistica di Naso di cane: «I dialoghi sono spesso costruiti con la tecnica della ripresa e della ritorsione contro l’avversario delle sue stesse parole . . . Una tecnica, questa, di ampio e antico pedigree letterario: si veda ad es. il ‹contrappunto› notato da Contini già per l’episodio di Sinone e di maestro Adamo . . . ‹Insomma, mettiti nei miei panni›. || ‹Ma perché mi devo mettere sempre in questi tuoi panni? › . . . » (167 e N12). Giancarlo Schirru, «Sull’influsso del contesto vocalico nel dileguo di consonante» (179- 91): «L’assorbimento che stiamo analizzando in questa sede sarebbe caratterizzato dal fatto che alcuni contesti vocalici rendono più difficile di altri la percezione dell’elemento consonantico da parte dell’ascoltatore: alla lenizione si aggiunge insomma una bassa salienza percettiva della differenza tra la consonante e la successiva vocale. Pertanto in questi contesti la consonante, anche quando viene realizzata (in modo più o meno debole), viene percepita con più difficoltà: come risultato tendono a diffondersi nella comunità parlante rappresentazioni lessicali di alcune forme prive dell’elemento consonantico considerato» (180). Paolo De Ventura, «Alla ricerca di una lingua meno imperfetta: le varianti di Ribrezzo di Capuana» (193-205). Nella sua analisi della prassi correttoria di Luigi Capuana - vista «nel passaggio dalla prima stampa [1885] alla riedizione nel volume Le appassionate, 1893 . . . della novella Ribrezzo» (196) - De Ventura riporta le parole significative dello stesso Capuana (Sull’arte) a proposito della fatica della lingua («questa diabolica lingua italiana che ci tiene, tutti, impacciati», nella recensione ai Malavoglia, cit. a p. 205); ne preleviamo alcune: «Quella prosa moderna, quel dialogo moderno bisognava, insomma, inventarlo di sana pianta . . . E ne abbiamo imbastita una pur che sia, mezza francese, mezza regionale, mezza confusionale . . . Ma gli scrittori che verranno dietro a noi ci accenderanno qualche cero, se non per altro, per l’esempio di aver parlato scrivendo» (195). Chiara Agostinelli, «Le tre lingue di Dolores Prato, ovvero l’infanzia salvata dalle parole» (207-21). Dalla descrizione dei vari livelli linguistici appoggiatisi nei primi anni e in quelli dell’adolescenza sull’esperienza di vita e quindi sulla memoria della scrittrice, vissuta a lungo e morta nel 1983, che ebbe un sentimento particolarissimo delle possibilità della lingua, scegliamo un efficace passaggio: «Recuperare il passato è per Dolores Prato, come per molti altri narratori che hanno vissuto e messo a tema della loro scrittura l’esperienza dello sradicamento, recuperare le parole di quel passato, nella convinzione che nella parola stia la cosa, e che dunque la nominazione, quanto più accurata e minuziosa possibile, abbia il potere di restituirlo alla vita. L’infanzia della Prato è . . . segnata da una serie di spostamenti che . . . contribuiscono a creare e approfondire il suo lacerante senso di inappartenenza» (208). Bianca Persiani, «Alcune note lessicali e retrodatazioni da commedie popolari senesi del primo Cinquecento» (223-35). Preceduto da una breve e chiara introduzione, l’elenco documentato dei termini e delle espressioni, con il commento lessicale, dei «comici artigiani» e dei Rozzi per cui si sono potute «registrare alcune retrodatazioni, talvolta notevoli (cf. bacchettare, bizza, cavolata, gabbano, gonnella, stecchito)» (226). «In generale, le voci registrate riflettono la tipologia dei testi dai quali sono tratte . . .: spesso si tratta di alterati . . ., di eufemismi . . . o di locuzioni popolari . . ., estratti da un tessuto che annovera tutte le classiche risorse del ‹comico del significato›» (227); un esempio dalla categoria dei «fraintendimenti»: «nel Vallera . . . il villano eponimo, ascoltata una descrizione di Amore, conclude che, avendo le ali e ‹girando attorno›, Cupido è certamente un ‹uccellaccio›» (227 N9). Giuseppe Antonelli, «Notazioni metalinguistiche nei Promessi sposi» (237-51): «‹L’eterno lavoro› di Manzoni sulla lingua del romanzo ha lasciato traccia di sé non solo nel dinamismo dell’itinerario variantistico, ma anche nel fitto apparato di glosse metalinguistiche 288 Besprechungen - Comptes rendus che, mimetizzato nel racconto, punteggia il testo dei Promessi sposi. Mi riferisco ai vari come si dice, vale a dire, per dir meglio, per dir così, sto per dire che tanto infastidivano il Tommaseo lettore della ventisettana . . .; ai più espliciti rimandi diatopici (come dicono colà, come chiamano qui) o diacronici (come dicevano allora, quel che ora si direbbe); a quella particolare specie di glossa tipografica costituita dai corsivi» (237). Questa la compatta ed esauriente premessa con cui Antonelli apre il suo lavoro: la verifica del fatto che alla sistematica collocazione testuale della nota manzoniana si unisca «una precisa corrispondenza fra tipologia dell’osservazione metalinguistica e formule usate per introdurla» che la «suddivisione in categorie ha fatto emergere, nel corso dello spoglio» (della quarantana [Q], con i necessari riferimenti alla ventisettana, e al Fermo e Lucia) (238 e N7). Emerge, prima di tutto, la consueta tensione verso la precisione linguistica, che la glossa accompagna; il mutare di una locuzione, talvolta per il parere dei corrispondenti che Manzoni interrogava, produce anche l’aggiustamento del correttivo 6 : «Il passaggio da cercare a naso ad andare al tasto, per esempio, porta con sé il passaggio della glossa dal come si dice (che in Q certifica la diffusione fiorentina di una locuzione) al per dir così (che in Q attenua usi impropri, estensivi, metaforici)» (239). Nella definizione del sistema di formule metalinguistiche con cui Manzoni mette in evidenza particolari termini ed espressioni, l’analisi della lingua e delle varianti arriva a comprendere le ragioni compositive; dunque, accanto agli «arcaismi di necessità», Antonelli isola i «lombardismi di necessità»: le voci conservate in ossequio al vero storico anche nell’abbandono di una lingua mista per quella dell’uso di Firenze, ma ormai glossate «tutte a parte obiecti» (241) - es. «la metà del riso vestito (risone lo dicevano qui, e lo dicon tuttora)» (242 N22). I titoli dei capitoletti (che riportiamo volentieri, perché ci sono piaciuti molto) diranno in che modo è stata organizzata la materia: «1. L’ambientazione linguistica. 2. La voce dei documenti. 3. La voce dei personaggi. 4. La vox populi. 5. La voce dello scrittore». Riuniamo cinque studi su diversi usi della lingua in àmbiti particolari, o proprio linguaggi settoriali 7 , di alcuni dei quali abbiamo tutti, più o meno, una «competenza passiva», e sui quali siamo invitati qui a riflettere. Francesco Zardo, «Ancora sui marchionimi» (253-69): «La coniazione ‹marchionimo›, che respingevo in apertura del lavoro che nel 1994 fu la mia tesi di laurea sull’argomento, ha conosciuto da allora a oggi una diffusione e un’attestazione che danno torto al mio rifiuto. Questo mi spinge oggi, nel tornare sull’argomento, a fare ammenda e accettare il termine suggerito al tempo da Luca Serianni e poi consolidatosi nell’ambito scientifico» (253 N1). Dunque l’indagine sui nomi di marchio, commerciali, quali Coca-Cola/ coca-cola o airbus o magnetofono, la cui «mobilità [grammaticale] . . . è confermata dai nuovi spogli che qui pubblichiamo [p. 256-65], legittimando ancora una volta . . . il giudizio esplicito di Bruno Migliorini che collocava fin dal ’27 queste parole ‹nella zona di confine fra i nomi propri e gli appellativi›» (255). Marco Lanzarone, «Dal media planning al nettissimo: la terminologia della pianificazione pubblicitaria» (327-38). Scopriamo che il «flight è . . . un ‘periodo di intensa pressione pubblicitaria’» (330), che «[pubblicità] tabellare . . . indica ‘la pubblicità classica normal- 289 Besprechungen - Comptes rendus 6 Che nella terminologia di Migliorini e di Serianni è il felice «riguardo verbale». 7 Per la definizione e la descrizione delle caratteristiche dei linguaggi settoriali si veda L. Serianni, Italiani scritti, Bologna 2 2007: 79-88. L’inizio del capitolo 6 (I linguaggi settoriali) è: «Il concetto di linguaggio settoriale, chiaro nel suo nucleo, è sfrangiato nei particolari» (79), e infatti qui se ne trova una precisa messa a punto (e in più godibile; per esempio: «Ma forse solo medici e giuristi sanno che cosa sono il crocidismo e l’evizione. O meglio: medici, giuristi e lettori di questo libro, ai quali diremo senz’altro che il crocidismo è un ‘movimento involontario delle mani di malati in delirio o in agonia, che sembrano afferrare delle piume sospese nell’aria’ e l’evizione è ‘la perdita totale o parziale dei diritti di proprietà su un bene legittimamente rivendicato da un terzo’)» (81). mente trasmessa raggruppata in un break’» (332); che «una volta applicato lo sconto [s. cliente o s. stagionale], si arriva . . . all’importo dell’investimento, che può essere lordo, netto o, con un ardito superlativo, nettissimo» (336); e anche che «fare media buying non dice nulla di più di comprare, acquistare, acquisire spazi» (338). Lucia Raffaelli, «Fra punteggiatura e sintassi: sondaggi sui titoli dei quotidiani» (455-68): «Appunto ai titoli è dedicato il presente contributo, nel quale considererò alcuni aspetti interpuntivi e sintattici che mi sembra possano ben documentare tanto il ridimensionamento della componente espressiva a vantaggio di una maggiore leggibilità, quanto l’emarginazione della stilizzazione orale in un contesto - come quello del titolo con discorso diretto - nel quale non risulterebbe inattesa» (456). Dall’analisi del corpus, un esempio di «titolo bipartito con primo elemento locutore»: «Berlusconi, i gay stanno tutti dall’altra parte» (462). Rosarita Digregorio, «Lingue speciali crescono: parole nuove in biblioteca» (495-505). Sull’attuale capacità della lingua italiana di coniare i termini necessari a nominare le cose, o almeno di adattare i prestiti dall’inglese, «dall’esame del sottocodice biblioteconomico si potrebbero trarre conclusioni pessimistiche, tanto più che si tratta di un ambito che contamina scienze dure e quel sapere umanistico in cui il nostro paese ha una centenaria tradizione di eccellenza. E tuttavia, più che a livello di letteratura specialistica, bisogna cercare indizi di creatività terminologica nella pratica quotidiana del lavoro bibliotecario. Nelle biblioteche è ormai consolidato, sulla scia di un’opzione vitale nel lessico scientifico italiano sin da Galileo, l’uso di parole provenienti dalla lingua comune, il cui significato corrente più si avvicina a quello che il tecnico vuole esprimere» (503-04). Vincenzo Faraoni, «La parola agli elettori: note linguistiche sul forum interattivo di Alleanza Nazionale» (595-618): «Nonostante questo originale proposito di comunicazione ‹verticale› - vale a dire tra vertici politici e semplici sostenitori - venga fin da subito disatteso [la comunicazione sarà solo orizzontale], il forum [creato il 3 gennaio 2006, in vita fino al 6 aprile 2006] ha continuato la sua attività lungo quasi tutto il periodo elettorale» (595). Un esempio dall’analisi della lingua dei partecipanti: «‹Se vincono i sinistri chiedo la cittadinanza americana! ! ! ! ›. Si noti . . . la presenza nella protasi dell’indicativo presente . . . Le ragioni non sono necessariamente solo di ordine grammaticale . . . ma anche di natura pragmatica; rispetto al congiuntivo, infatti, l’indicativo presente, conferendo maggiore consistenza all’ipotesi prospettata nella protasi . . ., enfatizza e costringe a percepire in modo più concreto anche quanto predicato all’interno dell’apodosi» (600). Enzo Caffarelli, «Ancora tra i Lapi e i Bindi di Fiorenza. Indagine su una metafora dantesca» (271-81). Uno studio di onomastica applicato a un luogo celebre: il verso del Paradiso (xxix 103) «Non ha Fiorenza tanti Lapi e Bindi» («/ quante siffatte favole per anno/ in pergamo si gridan quinci e quindi»). I conti non tornano a Caffarelli sulla spiegazione vulgata che vuole Bindo ipocorismo di Ildebrando/ Aldobrando/ -ino, e che troverebbe sostegno nel Libro di Montaperti (1260), in cui compare un «Aldobrandinus qui vocatur Bindus» (274). Le regole che presiedono alla formazione del nome proprio accorciato - es. il ben noto «Durante Dante» (273) - verrebbero disattese (soprattutto non si spiega il mancato mantenimento della tonica), e il «qui vocatur» (con le espressioni simili) introduce piuttosto un allonimo, un nome diverso, tanto che è necessario specificarlo, come risulta dai documenti notarili - es., nello stesso Libro di Montaperti, «Ubertus qui vocatur Grifus» (274) -; rimane non chiara l’etimologia di Bindo, come, del resto, quella di Lapo. I due nomi, prima rari, diventano frequenti (Lapo, frequentissimo) nella Firenze di fine Duecento, dunque all’epoca di Dante. Ma lo studioso giudica poco significativo questo dato quantitativo, «peraltro del tutto impressionistico» (278) in Dante, e accenna a diverse sollecitazioni che potrebbero aver agito sulla scelta dantesca, fra le quali la rima difficile (Indi : Bindi : quindi); piuttosto, il senso che poteva avere Lapo - nel Commento di Benvenuto -, e le attestazioni cinquecentesche di san Bindo come santo inesistente utile a espressioni proverbiali gli 290 Besprechungen - Comptes rendus fanno considerare la possibilità che Dante usasse «i due nomi come forme antonomastiche, quasi lessicalizzate» (279), e che potessero «i Bindi, accostati ai Lapi ‘avari, rapaci’, significare ‘truffatori’ o almeno ‘coloro che rinviano il mantenimento di una promessa e di un impegno a tempo indeterminato’» (281). Gianluca Lauta, «Un lessico da salotto. Il linguaggio borghese degli anni Cinquanta negli articoli di Camilla Cederna» (283-96), articoli godibilissimi, dei quali vengono dati ed esaminati qui ampi stralci. «La definizione ‹da salotto› sembra tutto sommato accettabile, se si guarda unicamente alla metà del Novecento, perché, in effetti, per quell’epoca, ciò che si descrive è un linguaggio di conguaglio tra quello degli intellettuali e quello dell’alta borghesia (non necessariamente coltissima): il luogo deputato per questo incontro era appunto il salotto borghese. Oggi è diverso; il privato è ormai entrato in televisione e il salotto è soprattutto quello mediatico (ha ben poco di alto borghese e di elitario); sarebbe forse più esatto parlare di ‹linguaggio da talk show›» (296). Lucilla Pizzoli, «Sulla legislazione in materia linguistica per gli italiani fuori d’Italia» (297-312). Dall’interessante trattazione (ed è interessante l’argomento, come si comprende), scegliamo un punto della «breve nota storica sul trattamento della lingua italiana nella legislazione in materia di emigrazione» (297): «Concretamente, il Cge [Commissariato generale per l’emigrazione] aveva predisposto per coloro che si accingevano a partire corsi che prevedevano anche nozioni sui mestieri e molti comitati italiani della Società Dante Alighieri, specie quelli situati nelle zone più direttamente coinvolte dall’emigrazione, istituirono scuole serali per provvedere all’alfabetizzazione primaria dei partenti, insieme ad altre attività di sostegno per gli emigrati (sale di lettura e scrittura o singolari iniziative come quella della ‹Bibliotechina navale per emigranti› promossa dal Comitato di Napoli su suggerimento di Benedetto Croce)» (301). Stefano Telve, «Essere o avere? Sull’alternanza degli ausiliari con i modali potuto, voluto (e dovuto) davanti a infiniti inaccusativi in italiano antico e moderno» (313-25). La scelta dell’ausiliare con i servili seguiti dall’infinito di un verbo intransitivo provoca incertezza nell’uso moderno, e ne provocava in passato: così risulta infatti dalle trattazioni dei grammatici antichi, che Telve esamina. Oggi si registra un uso piuttosto generalizzato di avere; con le parole di Giovanni Nencioni, la tendenza «a rendere il verbo modale autonomo dal verbo modalizzato con l’applicargli l’ausiliare suo proprio» (313); dunque, non: sono voluto partire ma: ho voluto partire. L’oscillazione nell’uso degli ausiliari è registrata - insieme alla tendenza all’espansione di avere -, e non censurata, nelle opere grammaticali di Luca Serianni, e perlopiù nelle grammatiche moderne. Telve ricostruisce la storia di questo uso nei testi, consultando gli archivi elettronici della LIZ e dell’OVI; dovere non aveva generalmente la funzione di servile fino al Seicento, dunque rimarrà in secondo piano nell’indagine, i cui risultati sono esposti in uno schema (318-19), e poi raccolti nell’analisi della distribuzione, cronologica e geografica, delle forme. Scegliamo due punti dalle conclusioni dell’interessante articolo (a tratti un po’ impegnativo, sotto l’aspetto terminologico, per i non specialisti: ma il difetto è, appunto, nostro): «Con infiniti inaccusativi e con essere il toscano (fiorentino) due-trecentesco privilegiava l’ausiliare essere. Questo costrutto (che un certo radicalismo bembiano dà come esclusivo) sarebbe stato ereditato per via soprattutto letteraria dagli scrittori successivi (quasi tutti non toscani) che avrebbero via via introdotto anche il costrutto con avere a loro più naturale per influsso del sostrato dialettale» (323). «Nel determinare la scelta dell’ausiliare interverranno in qualche misura anche i modali stessi: lo scarto tra potuto e dovuto, che si accompagnano spesso ad essere, e voluto, che predilige invece avere, potrebbe infatti dipendere anche dalle diverse proprietà sintattiche e semantiche dei verbi» (324). Francesco Sestito, «Sulle forme verbali del tipo tollere e vollere» (339-47): «Dal punto di vista della fonetica storica, è noto che i tipi oggi normalizzati togliere e volgere sono, con 291 Besprechungen - Comptes rendus trafile differenti, entrambi dovuti all’analogia con cogliere». «È altrettanto noto che all’infinito e nelle voci derivate dall’infinito il tipo sincopato torre doveva costituire la norma nella lingua antica, e poi a lungo nella lingua poetica» (339 e N3). Sestito ricostruisce la storia delle due forme verbali diversamente presenti nella lingua antica, e che sopravvivono variamente in alcuni dizionari moderni; daremo senz’altro le sue conclusioni, che riassumono così bene il suo studio (quella di licenziare il proprio lavoro accompagnandolo con chiare ed esaurienti conclusioni è un’abitudine diffusa, encomiabile, degli autori di questo libro): «Nel fiorentino antico le forme del tipo tollere e volvere, esiti foneticamente regolari delle corrispondenti basi latine, furono progressivamente sostituite dai tipi analogici togliere e volgere (in entrambi i casi, alla base dell’analogia sono esiti di colligere). A Firenze tollere doveva essere ancora vitale nel Duecento ma già minoritario all’epoca di Dante, e in seguito, anche a causa dell’assenza in autori canonici come Boccaccio e Giovanni Villani, rimase tagliato fuori dalla canonizzazione dell’italiano letterario, benché a lungo la forma isolata tolle appaia occasionalmente recuperabile come poetismo. In altre aree, marcatamente la senese, il tipo tollere dovette costituire la normalità almeno fino a metà Quattrocento tanto da produrre la forma analogica vollere [cf. N44], che, non fiorentina e priva di riscontri nei grandi trecentisti oltre che non interpretabile come latinismo, rimase sempre estranea alla lingua letteraria codificata a partire dal Cinquecento e di conseguenza all’italiano moderno. . . . Mentre in dizionari dell’uso contemporaneo la presenza di tollere può essere giustificata dalle attestazioni nei classici, ben più discutibile appare quella di vollere» (346-47)». Gianluca Biasci, «La ‹corretta pronuncia› nei manuali operativi per logopedisti» (349- 58): «Ci pare . . . lecito l’auspicio che, in una fase più matura, i manuali operativi possano coniugare l’indubbia efficacia terapeutica con una maggiore precisione e più saldi princìpi teorico-fonologici, magari dichiarando le fonti autorevoli da cui traggono le indicazioni ortoepiche, siano esse tradizionali o moderne. Si eluderebbe così il rischio di accreditare varianti troppo marcatamente locali, come accade, per esempio, alle autrici di uno dei nostri testi, costrette a precisare che gli elenchi di parole che illustrano le affricate alveolari sorde e sonore ‹si riferiscono alla pronuncia in uso in Liguria›» (358). Queste le conclusioni di un accurato esame dei libri, preceduto dalla ben utile trattazione dei «punti più critici del sistema fonologico italiano» (350) (problema che i non toscani vivono quotidianamente, benché diversamente; e infatti trovano qui le deviazioni dalla pronuncia normativa distinte per aree geografiche). Danilo Poggiogalli, «L’accordo dell’aggettivo nella lingua dei critici» (359-73). Studiato nella prosa «alta» (venti opere di critici letterari del Novecento, riunite nel corpus digitale CLID = Critica letteraria italiana digitalizzata), un problema di morfosintassi che tutti gli scriventi abituali incontrano, e precisamente l’accordo dell’aggettivo con due o più nomi (singolari, o singolari e plurali) coordinati. L’aggettivo deve assumere, in questo caso, il numero plurale; se i nomi sono diversi per genere, l’accordo è al maschile, con qualche eccezione ammessa, ma ben delimitata. La regola perlopiù si conosce (le eccezioni, meno, ma si leggono nella Grammatica di Luca Serianni, e sono riportate in questo studio 8 ), eppure, evidentemente, se ne sente il risultato «stridente», o artificiale, perché spesso non la si rispet- 292 Besprechungen - Comptes rendus 8 Segnaliamo una minima svista nella trascrizione, perché muta il senso (peraltro ben desumibile dagli esempi citati): «non sembra vigere una delle due restrizioni . . . in base alla quale, perché l’aggettivo si possa accordare al femminile con l’ultimo nome, ‹l’ultimo nome deve essere plurale›. . . . L’altra restrizione (l’ultimo nome deve ‹riferirsi ad un’entità animata [da leggere: inanimata]›) appare invece rispettata», con il riferimento al luogo di L. Serianni, con la collaborazione di A. Castelvecchi, Grammatica italiana. Italiano comune e lingua letteraria, Torino 1 1988 [ 2 1991] (367 e N11). ta. Non la rispettano, spesso, neppure i grandi critici, come ci mostra Poggiogalli. Qualche esempio: «nel suo significato ed etimo culturale (Mengaldo . . .)» (361); «lo spunto e l’obiettivo immediato era politico (Dionisotti . . .)» (362), ma «il populismo e il democratismo italiani erano atteggiamenti (Asor Rosa . . .)» (363); anche «una lingua e letteratura italiana poderose ancora e predominanti in Europa (Dionisotti . . .)» (364); «una poetica di concentrazione, purezza e astrazione lirica (Mengaldo . . .)» e «una rottura violenta nel linguaggio, nello spazio e nel tempo narrativi (Calvino . . .)» (365); «Il disprezzo e l’indifferenza odierni (Fortini . . .)» (loc. cit.) e «varianti d’intensità e colore espressivo (Contini . . .)» (366); «eliminare . . . il riflesso e la commozione autobiografica (Baldacci . . .)», «attraverso problemi e discussioni oggettive (Debenedetti . . .)» (loc. cit.). «Per spiegare la vitalità di quello che potremmo definire ‹accordo di prossimità›, si dovrà . . . invocare il fattore gusto, a cui i critici non saranno certo insensibili. Da questo punto di vista, sequenze in cui l’ultima posizione sia occupata da un nome femminile (singolare o plurale) possono essere mal percepite in unione con un aggettivo maschile plurale immediatamente seguente . . . Ciò che presumibilmente si tende a evitare è quella sorta di disarmonia grammaticale, di discordanza apparente . . . A maggior ragione . . . la componente impressionistica serve a spiegare la netta preferenza per l’accordo al singolare . . ., laddove persino con i nomi maschili il plurale appare l’opzione minoritaria» (367). Con una serie di più di due nomi (nelle varie combinazioni), invece, l’accordo è generalmente al maschile plurale. Poggiogalli completa la trattazione con l’esame dell’«accordo nei composti aggettivali»: «il tipo la concezione etico-politica» (369), con i suoi sviluppi. Luigi Matt, «Tassonomie gaddiane: medicina e psichiatria nell’impasto linguistico di Eros e Priapo» (375-85): «Le scienze, per Gadda, possono costituire un buon antidoto contro i mali di certa tradizione culturale italiana, che nella sua esclusiva propensione per la letteratura dimostra ‹di essere refrattaria alla storia naturale, d’ignorare le ere geologiche, il darwinismo, i classificatori del Sette e Ottocento, Malpighi e Spallanzani›» (375-76). È in Eros e Priapo, sostiene lo studioso, che «le lingue speciali giocano il ruolo più importante» (377). «Nello stesso calderone . . . sono . . . gettati elementi disparati: tecnicismi medici molto specialistici (uricemici, acromegalici, basedowoidi . . .), termini d’uso comune (ossessi, pazzi, gobbi . . .), ed espressioni vistosamente popolari, enfatizzate dalla presenza di dialettismi (‹co’ i’ ccazzo ritto›, ‹quelli che fanno ciriegie e peperoncini›); . . . [e] una sorta di gioco paretimologico costruito a partire dalla somiglianza delle forme oppilati (forse un ricordo del dantesco canto dei ladri) e pilettici (in cui l’aferesi può essere . . . tratto pseudoarcaico)» (385). Alessio Ricci, «Sulla scrittura degli studenti universitari» (387-400). Dalla sua esperienza di docente universitario ad Arezzo, non un cahier de doléances, nelle intenzioni dell’autore, ma un’analisi documentata dei «punti critici più ricorrenti delle competenze di scrittura degli studenti che si iscrivono all’università. Punti critici che, se tenuti in debito conto, possono dar luogo a strategie didattiche specifiche che colmino le lacune del curricolo scolastico» (387). Scegliamo qualche esempio: «sembrano in espansione le univerbazioni ingiustificate (inquanto, daltronde, approposito, menomale, lipperlì, maggiorparte, mezzora, che centra? )» (389); «si rivela decisamente esposto all’errore il vasto campo delle solidarietà lessicali, ‹in assoluto il settore più difficile per lo studente inesperto e quello che meno si presta ad essere sistematizzato attraverso regole che prescindano dal pulviscolo del caso per caso [L. Serianni, Prima lezione di grammatica, Roma-Bari 2006: 68]› . . .: ‹il bambino viene di continuo sobillato da stimoli di vario genere›» (391 e N22); «talvolta si attribuisce a una parola un significato completamente diverso per interferenza di un’altra parola di suono più o meno simile: ‹questo pregiudica il fatto che sono persone serie (anziché presuppone)›» (392). Matteo Motolese, «Appunti su lingua poetica e prima esegesi della Commedia» (401- 19). Partendo dalle dichiarazioni (di Antonio da Tempo, Francesco da Barberino, Dante, es- 293 Besprechungen - Comptes rendus senzialmente nel De vulgari eloquentia) che informano sulla consapevolezza che si aveva nel Trecento della specificità del linguaggio poetico, Motolese allarga il campo d’indagine agli aspetti più propriamente linguistici, quelli che ha analizzato Luca Serianni «nella sua Introduzione alla lingua poetica italiana [Roma 2001], descrivendo il processo di progressiva cristallizzazione - nel corso dei secoli - di una specifica ‹grammatica› della lingua poetica», e si chiede quale fosse «il grado di attenzione nei riguardi di quella ‹grammatica› . . . nei primi secoli della nostra letteratura da parte dei contemporanei» (402 e N5). Dunque, i commentatori trecenteschi della Commedia. Più attenti, appunto, si dimostrano nella loro esegesi Boccaccio, Benvenuto, Francesco da Buti, Filippo Villani; dall’ampia raccolta, e dalla puntuale analisi, dei dati che fa Motolese in questo informatissimo studio scegliamo qualche esempio. A proposito di Par. ix 73-81, Iacopo della Lana: «Intuare si è verbo informativo e descende da questo pronome tu; sì che intuare si è verbo, ed è a dire far sì quello tue a chi è drizzata tale parlatura. Immiare simile è verbo informativo, e descende da questo pronome volgare che è per lettera ego, sì che immiare tanto è a dire come un altro diventasse io»; e Francesco da Buti: «Illuiare, intuare, immiare sono verbi fatti e formati dall’autore da’ pronomi lui, me e te: illuiare è intrare in lui, immiare è intrare in me, intuare è intrare in te» (407-08). Ancora Francesco, su Inf. ii 64: «E temo, che non sia già sì smarrito . . . Et è nel testo la negazione d’avanzo, secondo l’uso del parlare volgare: però che veramente non temea del no; ma del sì» (409). Filippo Villani, a Inf. i 26 si volse a retro: «volsersi ad retro (. . .) naturaliter dici debet retro, sed propositio seu dictio ad apponitur gratia consonantie rithimi et fit prothesis» (410-11); a Inf. i 46 che contra me venisse: «Et actende quod licentia poetica venesse pro venisse pronumptiat gratia consonantie rithimi»; «sebbene la forma metaplastica di venire risulti circolante, fuori di Firenze, nella Toscana sia orientale sia occidentale del tempo, Villani la percepisce come morfologicamente estranea al punto da ricondurla alla libertà concessa al poeta nell’uso della lingua, non contemplando tra l’altro l’ipotesi della rima siciliana [desse : venisse : tremesse]» (412-13). E sempre Villani, a Inf. i 50 sembiava: «Semblava. Gallicum ydioma est, latine ‘similabat’» 9 (417); «non è possibile dire quanto sulla nota di Villani abbia influito anche la grafia non assimilata: la forma era infatti largamente circolante al tempo, sia in versi sia in prosa» (loc. cit. N50, con il riferimento al luogo in cui la discute A. Castellani, Grammatica storica della lingua italiana 1. Introduzione, Bologna 2000). Lo studioso segnala infine, accanto ai vocaboli glossati come gallicismi, altri gallicismi «tipici del lessico poetico», comuni o rari, non annotati (noia, dolzore, speglio, accismare, augello, i nomi col suffisso anza): «Simili omissioni mi paiono significative del grado di sensibilità su questioni di lessico poetico; ci dicono infatti che, quanto meno, tali riprese non sembravano degne di essere segnalate. E questo in un contesto in cui un commentatore come Boccaccio non solo poteva sottilmente distinguere tra aura e aria, ma anche segnalare che un termine come ombra ‹è vocabolo usitatissimo de’ poeti›» 10 (418). 294 Besprechungen - Comptes rendus 9 «Sembiava: imperf. di sembiare provenz. semblar ( lat. simil ñ re ‘somigliare’), con normale passaggio del nesso di consonante + laterale a consonante + ‹iod›; nella forma poi impostasi, sembrare, il nesso si è conservato, ma la laterale si è rotacizzata» (nel «Commento linguistico del I canto dell’Inferno» di L. Serianni, Lezioni di grammatica storica italiana. Nuova edizione, Roma 1999: 116). 10 Al giusto, e necessario, rilievo una piccola glossa, appunto, per rendere esplicito ciò che sarà implicito nel discorso: tra i vari motivi delle assenze avrà un ruolo anche il fatto che una «sistematicità» di metodo appartiene più alla nostra mentalità moderna che a quella degli uomini del Medioevo. Si possono leggere, sulla distanza concettuale che mantiene da noi il Medioevo - benché il problema e l’argomento siano affatto diversi, e di un’età precedente -, le considerazioni di F. Stella, «I canzonieri d’amore della poesia mediolatina: cicli narrativi non lineari, contesti epistolari, dimensione scolastica», in: F. Lo Monaco/ L. C. Rossi/ N. Scaffai (ed.), «Liber», «Fragmenta», «Libellus» prima e dopo Petrarca. In ricordo di d’Arco Silvio Avalle. Seminario internazionale di studi (Bergamo, 23-25 Mara Marzullo, «La lingua e i modelli linguistici in alcuni manuali epistolari di fine Ottocento» (433-43). Dopo la «grammatica poetica», la «grammatica epistolare». «I manuali ottocenteschi mantengono . . . l’intento didattico, che aveva sollecitato Sansovino nella redazione del suo Secretario, e fioriscono, non sempre con mire artistiche, a cura di personaggi anche cólti, ma non necessariamente interni al circuito letterario» (433-34); l’autrice analizzerà, più che le «indicazioni teoriche presentate in questi manuali - in realtà spesso poco attenti alle questioni linguistiche - . . . [la] lingua delle lettere proposte a modello» (434), evidenziando come i diffusi precetti di semplicità dello stile, perché la lettera privata risulti spontanea, non vengano perlopiù osservati nei testi. Un esempio: «Cesira mia! Quanto sarei felice, contento, beato, ove potessi avere il bene immenso di passare teco qualche ora, senza che alcuno fosse al caso di spiare i nostri moti, d’indagare le nostre intenzioni, di ridire quelle frasi che ci dettasse Amore! » (438). Cristina Faloci, «La ‹coscienza› del traduttore. Il Freud di Stefan Zweig nella revisione odierna e la difficile stabilizzazione del lessico psicanalitico in italiano» (445-54): «La storia delle traduzioni nelle varie lingue dell’opera di S. Freud costituisce un capitolo a sé di singolare interesse nella cultura novecentesca. In questo senso, un piccolo saggio, sia pure indiretto, dell’accidentata acquisizione dei concetti psicanalitici nella lingua italiana lo offre al revisore odierno proprio la prima traduzione della biografia di Freud, scritta quando il padre della psicoanalisi era ancora in vita (1931)» (445-46). La studiosa dà infine «la parola a Pier Vincenzo Mengaldo (Storia della lingua italiana. Il Novecento, Bologna 1994: 44), a proposito della crescente diffusione, negli ultimi anni, della conoscenza di questo tipo di linguaggio scientifico: ‹Un caso di discreta divulgazione, con tutte le lacune, di terminologia medica è quello del freudianesimo . . . Dopo i primi adattamenti, che risalgono al ’14, sono oggi più o meno diffusi ad es. inconscio (con l’arbitrario subconscio) ma non preconscio, complesso (bon à tout faire) e, recente, super-io, ma pochino Es e per niente Id›» (453 e N18). Daniele Baglioni, «Poesia metasemantica o perisemantica? La lingua delle Fànfole di Fosco Maraini» (469-80): «Di Fosco Maraini (1912-2004) . . . quasi sconosciuta . . . è la produzione poetica, racchiusa in un’unica raccolta, Le Fànfole» (469). «Malgrado l’aggettivo ‹metasemantico› faccia pensare agli esperimenti pregrammaticali di certa poesia novecentesca . . . le Fànfole marainiane sono scritte in una varietà immediatamente riconoscibile come italiano, in cui gli inserti della lingua comune sono tutt’altro che infrequenti. L’invenzione linguistica infatti è limitata esclusivamente al lessico . . . Non c’è invece intervento sulla fonologia . . . e sulla morfosintassi . . . In ogni componimento, poi, è presente una certa quantità di lessico non metasemantico» (470-71). Un esempio di questa poesia (che andrà letta con l’aiuto della bella analisi che ne fa Baglioni): «- E tu quando vivesti? - Io vissi all’era/ degli Andali ludiati e porfidiosi: / gli artèdoni liriavano in finiera/ metàrcopi e sindrèfani rodiosi./ - Io invece vissi ai tempi laccheroni/ degli ùzzeri bagiogi e guazzacagni; / s’andava lornogorno a brencoloni/ tra làlleri, gaglioppe e trocidagni; . . . » (476). Maria Silvia Rati, «Indicativo e congiuntivo nella poesia delle Origini: le proposizioni completive» (481-93). L’analisi dei testi siciliani (toscanizzati), toscani, con quelli di Guinizzelli, e della poesia di Dante e di Petrarca per «appurare se l’incidenza della rima, del metro e della semplicità sintattica sia tale da produrre in poesia meccanismi di alternanza diversi da quelli osservabili in prosa. . . . L’alternanza I[ndicativo]/ C[ongiuntivo] sarà osser- 295 Besprechungen - Comptes rendus ottobre 2003), Firenze 2006: 35-53 (52-53): «la strutturazione complessa e alineare, derivata dalla forza della funzione topica . . .: la forza della topica, che subordina la consequenzialità al dominio repertoriale delle situazioni e delle scene, è irresistibile nella poesia medievale e specialmente in questi canzonieri, e forse in altri dove più o meno disperatamente cerchiamo di ricostruire una novella d’amore che interessa noi più di quanto sia stata a cuore del poeta». vata tenendo conto della modalità d’appartenenza degli elementi reggenti, in base alla quale i verbi saranno suddivisi in classi (verbi volitivi, verbi d’opinione, verbi assertivi, ecc.)» (482). Per una volta, non scegliamo Dante (ma lo studio delle forme nella poesia di Dante, e nella poesia precedente, è di evidente interesse) 11 . «Nel Canzoniere e nei Trionfi, dove le completive si inseriscono nell’àmbito di strutture tendenzialmente standardizzate e ripetitive, l’alternanza I/ C subisce un processo di razionalizzazione. Lo dimostra soprattutto il caso dei verba declarandi e dei verbi valutativi, che nei poeti precedenti reggevano indifferentemente entrambi i modi, mentre qui sono associati al C. . . . La strategia razionalizzante di Petrarca trova una limitazione nel condizionamento della rima . . . l’unico fattore in grado di determinare alternanze modali marcate. Come Dante, in molti casi Petrarca aggira l’ostacolo della rima servendosi di varianti morfologiche di C: in dipendenza da parere, ad esempio, spesseggiano le forme originarie di terza persona in -e, che fuori di rima non sono mai usate con questo verbo . . . ‹et sua sorella par che si rinove› (RVF 42 7)» (491-92 e N48). Luca Nobile, «De Brosses e Cesarotti. Origine delle lingue e origini della linguistica nell’età della rivoluzione politica» (507-21), dopo aver trattato «la posizione debrossiana nel quadro europeo al fine di riconoscere il portato modernizzante della sua teoria del segno e quindi riconciliarla con l’appurata modernità dell’arcade padovano», cercherà nella lingua di Cesarotti «materiali probatori, soprattutto lessicali e sintattici, a sostegno dell’impressione nencioniana di un suo ruolo di inventor dei nostri attuali discorsi» (508). Troviamo «la sommessa invenzione autoctona, veramente galileiana, invisibile perché ormai corrente, ed emblematica dell’intera portata del Saggio [sulla filosofia delle lingue applicata alla lingua italiana] nella storia della lingua italiana, costituita dall’uso sostantivato del participio presente di parlare . . . Il nome che ancor oggi occorre per designare i parlanti, infatti, non risulta attestato con questo significato prima del Saggio. Raccolta e tramandata da Manzoni e da Confalonieri, la nozione dei parlanti è l’autentica bandiera del libro, . . . nella sua posizione storicamente cardinale . . . il riflesso di questo cardinale fatto storico: che l’italiano comincia, per la prima volta nella sua storia, grazie a scuole e giornali, melodramma e commedia, ad essere parlato fuor di Toscana» (518). Una piccola serie di tre studi su testi (diversamente) antichi che si è disposta da sé nel libro. Alessandro Di Candia, «Il Modo di saper governare contro i Giesuiti: un trattatello politico del 1633. Osservazioni linguistiche» (535-46): «Il libello . . . è allegato come corpo di reato a un processo celebrato dal Tribunale Criminale del Governatore di Roma nel 1633. . . . Da varie notizie, apprendiamo che l’autore 12 del libello è lo spedizioniere Mattia De Valle, originario di Liegi, tratto in arresto e processato» (535-36). «L’argomento è . . . la descrizione e insieme la condanna delle modalità attraverso cui l’ordine religioso dei gesuiti condiziona la politica dei principi europei» (537). Dall’analisi degli «Espedienti stilistici», qualche esempio di «Dittologie e strutture ad accumulo»: «ricorrono frequentemente le 296 Besprechungen - Comptes rendus 11 Solo, se abbiamo ben compreso, un cortocircuito deve essere avvenuto fra forma e senso nell’esempio citato di «un C retto da sapere in Stefano Protonotaro . . .: ‹ma so’ ben di tal fede,/ poi c’Amor pò ferire,/ ch’elli possa guarire (3 18-20)›» (483); al so’ che l’autrice correttamente stampa, dunque ‘sono’ (convinto), si sarà poi sovrapposto nel ragionamento un so prima persona sing. dell’indicativo pres. di sapere. 12 Nel senso dello «scrivente», come si desume dal testo - per esempio: «Tutti i soggetti coinvolti nel processo . . . rientrano nella categoria degli scriventi professionisti . . . copisti variamente impiegati negli organi amministrativi ufficiali» (536) -, e come è esplicitamente detto avanti, nell’analisi della grafia del libello: «È importante tener presente l’ambiente professionale entro il quale si colloca non tanto l’autore (di cui non conosciamo nulla) quanto lo scrivente Mattia De Valle, soggetto bene addentrato al mondo diplomatico e quindi, si può credere, dotato di una solida cultura grafica» (542 N20). strutture ternarie, tanto di ordine semplicemente lessicale quanto di tipo frasale. In entrambi i casi l’autore può strutturare la terna in modo anaforico . . . ‹o sacerdoti, ò Chierici, o Conversi che sieno›; ‹fanno mercantie di perle, rubini, e diamanti›; ‹e per la virtu, e per la Santità, é per li suoi meriti con Santa Chiesa›; ‹sono sagaci accorti é sottili›» (543-44). Giulio Vaccaro, «Il Libro de la disposicione de alcune cose del mundo: un trattato di geografia nella Napoli aragonese» (547-57). L’inedito Libro «è tràdito da un solo manoscritto, conservato presso la Biblioteca Nazionale di Napoli» (547); del codice, fattizio, è datata agli anni 1415-17 la prima parte, nella quale, con altre scritture, è contenuto il trattato. Questo «si articola in un sonetto proemiale [seguito da un autocommento delle quartine] e 46 capitoli . . . Si tratta, come dice l’incipit dell’opera, di un libro ‹compilato per vulgaro per notar Petri Testa de Pulci et è extratto de diversi dotturi sufficienti›: l’ignoto notaio, che s’attribuisce il ruolo di compilatore dell’opera, volgarizza e amplia, più che altro, le sezioni geografiche delle Etymologiae di Isidoro, introducendo però anche elementi originali» (549). Nel manoscritto sono «presenti delle immagini strettamente collegate al testo. Si può dire, anzi, che i capitoli rappresentino quasi una didascalia dell’immagine: ‹Vediamo appresso in che forma fo fatto el mundo. E certo è che lu mundo fo fatto in forma de spera . . . ›» (551). Alessandra Debanne, «Per un lessico geomorfologico dell’italiano antico: sondaggi sul Compasso de navegare» (559-69): «Le più preziose fonti sul lessico marinaresco antico sono i portolani, libri di rotte che descrivono, secondo l’antica tecnica nautica del cabotaggio, la costa, i fondali, i porti e le relative distanze in miglia tra i vari punti d’attracco del Mediterraneo. . . . Il portolano più antico della tradizione italiana [è] Lo Compasso de navegare, opera anonima . . . La data è indicata nell’incipit: ‹In nomine domini nostri Ihesu Christi amen. Incipit liber conpassuum. m.cc.lxxxxvi de mense januarii fuit inceptum opus istud›» (560 e N4). L’autrice commenta accuratamente in questo studio «quattro termini di origine non indigena, tutti assenti . . . dai principali lessici dell’italiano antico» (561): «aiopelago, aççopelago»; «arquillata»; «ballumenoso»; «encamerato», commento che presenta non pochi motivi d’interesse. Manuela Montebello, «Varianti lessicali e stilistiche di Ragazzi di vita di Pier Paolo Pasolini» (571-81): «Per il riconosciuto valore di esperimento linguistico e per la pluralità dei codici messi in gioco, Ragazzi di vita ben si presta ad un’analisi linguistica di tipo variantistico. L’incessante lavoro di scrittura e riscrittura di Pasolini è testimoniato dai due dattiloscritti originali del romanzo, depositati presso la Biblioteca Nazionale Centrale Vittorio Emanuele II di Roma» (571), prima e seconda stesura - vicina alla stampa del 1955 -, che la studiosa ha potuto consultare e sui quali ha condotto il suo lavoro. «Un discorso a parte va fatto per il lessico volgare. Il trattamento del turpiloquio da parte dell’autore appare fortemente condizionato dalle pressioni dell’editore Garzanti che invitò esplicitamente Pasolini a ‹depurare› il linguaggio» (574): «Nel lavoro di attenuazione . . . cesso diventa gabinetto, ‹gli rodeva il culo› . . . semplicemente ‹gli rodeva› . . . ; zoccole è sostituito con prostitute. Al contrario, il neutro ‹gli toccò una natica› . . . viene trasformato nell’espressione di marca volgare ‹gli paccò una natica› . . . e ‹con aria filona› . . . diventa ‹con aria scoglionata›» (574-75). Emiliano Picchiorri, «La lingua del Viaggio di tre giorni di Luigi Ciampolini» (583-93). Ampia analisi, tra sopravvivenze dell’antico e prime attestazioni (con alcune retrodatazioni fornite in questo studio, p. 588), degli aspetti linguistici, e stilistici, del «breve romanzo pubblicato anonimo a Firenze nel 1832» di Luigi Ciampolini (Firenze 1786-1846), uno dei «prodotti più originali di questa moda» (583 e N2): la moda di imitare il Viaggio sentimentale di Sterne, diffusa nell’Italia letteraria del primo Ottocento. A proposito della varia presenza delle altre lingue nel testo, spesso in funzione di parodia: «Alla condanna degli esotismi più in voga . . . non corrisponde affatto un atteggiamento puristico di chiusura verso la lingua contemporanea, come confermano anche l’ironia diretta contro l’abate pedante e 297 Besprechungen - Comptes rendus una nota apposta alla fine di un capitolo ricco di francesismi: ‹Il Lettore, se appartiene alla classe dei puristi in fatto di lingua, potrà ad ogni buon riguardo letto il Capitolo, risciacquarsi ben bene la bocca con due periodi del Maestruzzo, del Pungilingua, o di altro simile elettuario›» (590). Giordano Meacci, «‹In terra di smarrimento›. Alcune note linguistiche su Res amissa» (619-28); non solo linguistiche, ma su ogni aspetto dei versi di Giorgio Caproni nella raccolta postuma Res amissa. «E in questo universo fonico imploso, il tempo e lo spazio di Res amissa sono anch’essi postumi: marchiati da quegli oltre e quegli ormai che segnano un tempo (quello dell’oltremorte, appunto) e la distanza dalla produzione precedente proprio mentre si sta creando una possibile raccolta. Di questo troviamo la piena corrispondenza sintattica nelle temporali implicite: in quei veri e propri ablativi assoluti che, spesso insieme a lacerti nominali, contribuiscono a scandire un tempo già compiuto: e che però si continua nelle giunte interrogative che lo proseguono, o nei frammenti narrativi parentetici che digradano - ancora - fuori dalla clausura dei versi» (626-27). «Nella raccolta mai finita - variante analitica di quel tipo di ‘infinito’ caro a Caproni, probabilmente - e quindi irrimediabilmente perduta di Res amissa, ci si trova in quella ‹terra di smarrimento› purgatoriale che è il giusto sfondo tanto per le ricerche ultime del poeta quanto per gli appunti interpretativi che ne sono condizionati» (628). Marco Paciucci, «Osservazioni sull’impiego del lessico della geometria nella fisica sette-ottocentesca» (629-39). Per finire in bellezza. «Analizziamo . . . alcune caratteristiche del lessico geometrico ‹ospitato› nel più ampio ambito della lingua della fisica attraverso il suo impiego in tre fortunati manuali sperimentali sette-ottocenteschi: le Lezioni di fisica sperimentale dell’abate francese Jean Antoine Nollet, tradotte in italiano nel 1762, gli Elementi di fisica sperimentale del medico e scienziato napoletano Giuseppe Saverio Poli, del 1798, e gli Elementi di fisica generale del religioso siciliano Domenico Scinà, composti nella prima metà del XIX secolo. . . . È necessario distinguere, all’interno di questo insieme lessicale che lato sensu possiamo definire geometrico, due principali categorie . . . Da un lato troviamo quelli che potremmo chiamare termini geometrici propri» (631); dall’altro «potremmo definire . . . [i] termini che sfruttano elementi della lingua della geometria per riferirsi a realtà concrete riguardanti la descrizione dei fenomeni naturali tecnicismi fisico-geometrici o geometrismi fisici» (635). Un esempio: la locuzione «centro di curvatura . . . possiede . . . un chiaro significato legato alla geometria euclidea . . . A questo significato se ne affianca però nei nostri manuali un altro, secondo il quale il centro di curvatura non è più un’astrazione matematica, ma un punto fisico ben preciso, corrispondente al centro di curvatura di un determinato punto del globo terrestre, e, per estensione, al centro stesso della Terra, sede apparente della misteriosa (per quei tempi) origine della forza di gravità» (636). In chiusura del volume, l’Indice dei nomi (643-61). Maria Antonietta Marogna ★ Helga Thomassen, Lexikalische Semantik des Italienischen. Eine Einführung. Tübingen (Niemeyer) 2004, 142 p. (Romanistische Arbeitsheft 47) Helga Thomassen hat mit der 2004 erschienenen Lexikalischen Semantik des Italienischen. Eine Einführung ein verdienstvolles Buch in einer verdienstvollen Reihe vorgelegt. Im Vorwort vermerkt sie mit Recht, dass es keine deutschsprachige Einführung in diesen Bereich der Italianistik gibt und die zur Verfügung stehenden italienischen Werke allesamt älteren Datums sind. Zudem stellt sie ausdrücklich den Bezug zu der in der gleichen Reihe erschienenen «Einführung in die Lexikalische Semantik für Romanisten» von Andreas Blank 298 Besprechungen - Comptes rendus (2001) her, zu der sich ihr Arbeitsheft als Ergänzung verstehen will. Während Blank eine eher theorieorientierte Darstellung gewählt hat und die semantischen Gegenstandsfelder schwerpunktmäßig unterschiedlichen Theorieansätzen zuordnet, geht Thomaßen von den Gegenständen aus und zeigt, was die Theorien dazu beitragen können. Diese Distanz liefert einen guten Überblick über Vorteile und Grenzen der Methoden. DasArbeitsheft ist in sechs Kapitel gegliedert: 1. «Definitionen undAbgrenzungen» (1-13), 2. «Der Bezug zur außersprachlichen Realität» (14-26), 3. «Erfassung der Einzelbedeutung» (27-61), 4. «Die Beziehungen zwischen den Bedeutungen» (62-99), 5. «Der Bedeutungswandel» (100-20) und 6. «Der Bezug zu anderen Sprachen: Kontrastive Semantik» (121-30). Es folgen Literaturangaben und Register. Im ersten Kapitel widmet sich die Autorin zunächst der Begriffsklärung des Terminus Lexikalische Semantik, stellt die Teilbereiche der Semantik vor und zeigt die Bezüge zur Pragmatik auf. Hier wie in allen Kapiteln finden sich Verweise auf die an anderer Stelle dargestellten Themen und Probleme. So kann der Leser sich erinnern, gegebenenfalls zurückblättern und Zusammenhänge herstellen, die über den Erkenntnisgewinn des Einzelkapitels hinausgehen. In Abschnitt 1.2. geht Verf. kurz und kritisch auf die Geschichte der Semantik ein, wobei sie den Leser von der Antike her über Saussures valeur-Begriff, Jost Triers Wortfeld sowie eine Kritik an der nordamerikanischen «meaning-Feindlichkeit» zu den Ansätzen der strukturellen Semantik und weiteren neueren Theorien (z. B. der Prototypentheorie) führt. Darauf bezogen wird die kurze, da magere Geschichte der lexikalischen Semantik in Italien (z. B. Berruto, Stati), wobei der Blick auf die Gesamtromanistik und vergleichende Arbeiten nicht fehlen. Kleinere Arbeiten und Einzelaufsätze aus Italien werden im jeweiligen Kapitel einbezogen. Den historischen Überblick über die Fachgeschichte nutzt Thomaßen zugleich, um wichtige Termini einzuführen, Begriffe aus benachbarten Gebieten der Sprachwissenschaft in Fußnoten zu erklären und mit Verweisen zu versehen. Dabei geht sie auf meta- und objektsprachliche Verwendungen ebenso ein wie auf die Polysemie wichtiger Fachtermini (z. B. Semantik, Semasiologie, 7). Dies mag auf den ersten Blick überflüssig erscheinen, da der anvisierte Adressatenkreis mindestens eine Einführung in der Sprachwissenschaft absolviert haben wird, ist aber im Hinblick auf immer engere Studienvorgaben und strafferes Durchziehen des Lehrstoffes eine wichtige Hilfe für Studierende. So erschließen sich dem sprachwissenschaftlichen Anfänger auch die Bezüge zur inneren Gliederung des Fachgebietes, auf der das Buch fußt. Bereits hier zeigt sich eine weiterer Vorteil der gewählten Darstellung: die eigene Argumentation wird in der Regel durch gut ausgewählte Zitate gestützt, die aufgrund der vorgeschalteten Erklärungen auch dem Studierenden unterer Semester des Italienischen gut verständlich werden. Kapitel 2 geht vom Arbitraritätsprinzip aus und stellt zunächst Saussures valeur-Begriff sowie die Bezüge zur Logik ins Zentrum. Auch komplizierte Thematiken wie die Rolle der Sprache im Erkenntnisprozess werden nicht ausgespart, allerdings hätte man sich hier andere Beispiele gewünscht als das übliche vom Schnee bei den Eskimos (19 und noch einmal 122). Sodann stellt Thomaßen den Zugriff semantischer Theorien auf die außersprachliche Realität vor. Bei der Erfassung von Wortbzw. Einzelbedeutungen (Kapitel 3) geht sie insbesondere auf strukturelle Semantik und Prototypensemantik ein, wobei es ihr mit der Unterteilung der jeweiligen Abschnitte in Methode, Einzeluntersuchungen und Kritik gelingt, Vor- und Nachteile der unterschiedlichen Herangehensweisen, Entwicklungen innerhalb derselben sowie Grenzen und Probleme nachvollziehbar zu belegen. Onomasiologisches und semasiologisches Vorgehen wird an verschiedenen Beispielen, in erster Linie mit italienischem Wortschatzmaterial erklärt, wobei auch Bezüge zur Varietätenlinguistik, Diatopik und zur Wörterbuchgeschichte einfließen (23). Zu den grundlegenden Begriffen Konnotation und Denotation liefern kurze Exkurse in die Begriffsgeschichte Erklärungen zu unterschiedlicher Verwendungsweise innerhalb verschiedener Darstellungen. Sem- und Kom- 299 Besprechungen - Comptes rendus ponentenanalyse werden in ihren diversen Ausprägungen und Schulen vorgestellt, aber auch abweichende Meinungen bleiben nicht unerwähnt (z. B. Berruto, 39). Diese Vorgehensweise ermöglicht es der Autorin, sich manchem Thema aus unterschiedlicher Sichtweise zu nähern, was zugleich einen Wiederholungseffekt hat (z. B. verschiedene Aspekte der Prototypentheorie und generativen Semantik, 11 und 42-43). Kapitel 4 ist den Bedeutungsbeziehungen gewidmet. Für das Problem der Abgrenzung von Polysemie und Homonymie werden nicht nur die verschiedenen Kriterien der Unterscheidung und Theorien, die sie in den Vordergrund stellen, dargelegt, sondern es gibt auch einen kleinen praktischen Exkurs, wobei für zehn Wortpaare gleicher Etymologie mit heute einander fern stehender Bedeutung (z. B. copia, ‘Überfluss’ und ‘Kopie’; vite ‘Schraube’ und ‘Weinrebe’) die Darstellung in der italienischen Lexikographie (sieben einsprachige Wörterbücher) als polyseme bzw. homonyme Einheiten aufgeschlüsselt wird. Ähnlich gründlich und zugleich am Lerner orientiert zeigen sich die Abschnitte zur Synonymie und Antonymie. Die Behandlung des Themas Bedeutungswandel (Kapitel 5) stellt die Klassifikationen bei Ullmann, Coseriu und Blank ausführlich und in ihren gegenseitigen Bezügen dar. Kapitel 6 schließlich widmet sich kurz Fragestellungen der kontrastiven Semantik. Insgesamt ist ein anspruchsvolles Lehrbuch entstanden, das dem fortgeschrittenen Studierenden wichtige und kritische Sichten liefert, sich dem Anfänger aber aufgrund seiner Darstellungsweise, Rückbezüge und terminologischen Klarheit nicht verweigert. Insofern setzt Helga Thomaßen für weitere Arbeiten in der Reihe Maßstäbe. Annette Schiller ★ Repertorio Toponomastico Ticinese. I nomi di luogo dei comuni del Cantone Ticino. Ronco sopra Ascona (Die Ortsnamen von Ronco sopra Ascona), Bellinzona (Archivio di Stato) 2007, 221 p. Es este el penúltimo volumen aparecido (y que hace el número 22) de la serie de repertorios toponímicos municipales del cantón de Ticino. Con anterioridad han visto la luz otros dos tomos dedicados a municipios del mismo distrito, el de Locarno: el volumen relativo a Onsernone (nº 17, en 2004) y el relativo a Orselina (nº 21, en 2006). La realización y edición de la obra ha estado a cargo de Cornelia Schwarz-Ammann, miembro de la «Associazione Ronco sopra Ascona, Cultura e Tradizioni», y ha contado con la colaboración de Stefano Vassere, Ermanno Barioni y Tarcisio Pellanda. Se trata de una recopilación muy amplia y exhaustiva de nombres de lugar, principalmente de lugar menor, del término municipal de Ronco sopra Ascona, sito al sureste del distrito. Efectivamente, se recoge en este tomo hasta un total de 600 nombres de lugar obtenidos en su mayoría de primera mano, siguiendo el modelo ya trazado en los anteriores volúmenes de la misma serie y desde 1982, en que diera comienzo con la obra dedicada al municipio de Faido (distrito de Leventina). Esta vasta tarea de investigación tiene como finalidad rescatar toda la información sobre el mundo rural todavía disponible ante el declive y hasta el olvido que amenaza a la cultura popular, en general, y a los nombres tradicionales, en particular. El peligro que conlleva la transformación de la estructura socioeconómica del mundo moderno, que ha llegado hasta estos lugares alpinos, radica en dos hechos íntimamente relacionados: por una parte, la desfamiliarización con el mundo rural y sus tradiciones que trae consigo el progresivo abandono del campo, y que es así consecuencia directa de los cambios económicos, concretamente del abandono del trabajo en el sector primario; y, de otra parte, la cada vez mayor erosión del dialecto local. El procedimiento que para salvar del olvido este valioso patrimonio se aplica consiste, pues, en encuestar a los mejores conocedores de ese saber tradicional, los habi- 300 Besprechungen - Comptes rendus tantes naturales del lugar, preferentemente de edad avanzada, que por experiencia de vida y por su dedicación laboral han heredado directamente ese legado lingüístico y cultural de las generaciones precedentes. Únicamente así es posible recopilar un máximo de información acerca de los lugares menores, y no solo sobre las formas toponímicas en sí, sino también sobre cualquier aspecto conocido que presente o haya presentado el lugar: nuevos y antiguos propietarios, sucesos relacionados con el sitio en cuestión, anécdotas que se recuerdan relativas al lugar, descripción de las características del emplazamiento (orografía, vegetación, fauna, edificaciones, etc.). Además, el aspecto propiamente lingüístico no parece ser realmente el central, por mucho que, naturalmente, el lema se establezca con sumo rigor lingüístico y a menudo se ofrezcan interpretaciones basadas en un profundo conocimiento del dialecto. La estructura de la obra es la siguiente: tras una breve presentación por parte de Sandro Galli, presidente de la asociación patrocinadora de la investigación y editora del trabajo (5), continúan los criterios de edición, comunes a todos los volúmenes de la serie Repertorio Toponomastico Ticinese (9-13; para un comentario de estos criterios, véase nuestra reseña al tomo número 23 sobre Giornico, en este mismo volumen). Como en los demás ejemplares aparecidos, también hay en este un capítulo dedicado a la especificación de los datos y las fuentes concretas («Dati e fonti», 15-27) relativas al municipio de Ronco sopra Ascona. Pero en este volumen se otorga un especial relieve a las denominaciones de persona locales, sobre todo a los sobrenombres de familia, hasta tal punto que se ha incluido al final de este capítulo una lista de los sobrenombres de las familias antiguas del municipio (24-27), dado que su conocimiento resulta indispensable para la interpretación de muchos nombres de lugar, en cuya composición han entrado a formar parte. Al parecer, la atribución de sobrenombres de familia es una característica muy particular del cantón tesinés. A la importancia del conocimiento de estas formas para la valoración de la toponimia local se refieren explícitamente los autores: «Maggiore importanza dei cognomi ufficiali avevano nella comunicazione quotidiana i soprannomi di famiglia, a tal punto che di una famiglia estinta poteva capitare che si ricordasse solo il soprannome. Nell’intervista condotta per la raccolta dei toponimi, la frase standard udita era del tipo ‹el Camp de Péder l’era di Pinòti›. I soprannomi sono dunque parte integrante di questo lavoro» (15). Por lo que respecta a la formación del corpus, como ya se ha apuntado, la recopilación de las formas se ha llevado a cabo principalmente mediante encuesta directa realizada a hablantes naturales de la localidad, familiarizados con la forma de vida y el trabajo tradicionales (nacidos la mayoría a principios del siglo veinte; se especifican sus nombres en p. 17). Amén de esto, se ha revisado y expurgado la documentación escrita a disposición, tanto fuentes bibliográficas como cartográficas y documentales, conservadas estas en el archivo episcopal y en los archivos locales (municipales, patriciales y parroquiales), en las cuales se atestiguan numerosos nombres que ya no se conocen en la actualidad (estas fuentes se relacionan en las p. 18 a 24). Después de un breve capítulo en el que se describe la procesión de la Santa Cruz, característica del municipio (31-33), continúa una bibliografía bastante pormenorizada (35-43), y el corpus toponomástico (51-155), verdadero núcleo del trabajo, que está ordenado según el criterio de la ubicación geográfica de los lugares nombrados en la zona (los topónimos se han señalado en los mapas municipales incluidos en el tomo siguiendo la numeración con que aparecen en el corpus); pero para facilitar la búsqueda de cada nombre se añade al final del tomo un índice alfabético de formas toponímicas (211-21). Se añade al corpus una valiosa lista de topónimos no localizados, extraídos de fuentes documentales antiguas (157- 66). Un elemento singular en este libro es la inclusión de una lista de nombres de calles, un callejero («Stradario», 207-10), donde se comentan los nombres de las vías urbanas, a veces con interesantes explicaciones de tipo dialectal (así ocurre, por ejemplo, en la entrada Piazza del Semitori). A lo largo de toda la obra se insertan numerosas fotografías antiguas, apor- 301 Besprechungen - Comptes rendus tadas por vecinos de la localidad, que ilustran momentos de la vida del pasado en el municipio y hacen más amena la publicación. Finalmente, resultan muy útiles para la ubicación de los nombres de lugar compilados los mapas incluidos al final de la obra, en los que se señalan los topónimos en correspondencia con la numeración de los nombres en el corpus. El municipio de Ronco sopra Ascona, perteneciente como se ha dicho al distrito de Locarno, está situado en el sector medio-occidental del cantón tesinés. Está compuesto por tres núcleos: Fontana Martina, Gruppaldo y Porto Ronco. Su población consta de 677 habitantes, de los cuales únicamente 7 trabajan en el sector primario. El uso del dialecto es inferior a la media cantonal (en Ronco, el 12 % de la población habla solo el dialecto, frente al 14 % que constituye la media de todo el cantón), hecho que favorece la pérdida progresiva de formas onomásticas autóctonas. Otro aspecto no menos destacable es el de la existencia de un alto porcentaje de la población (el 33,7 %) cuya lengua materna es el alemán. Esta comunidad germanófona es tan importante que ha desarrollado una toponimia paralela en alemán, usada al hablar este idioma, que en parte es adaptación de los nombres romances - así das Gagétt, forma híbrida, 196 -, en parte traducción literal de la forma italiana - das lange Feld = el Camp Lungh, 196; y traducción y forma híbrida a la vez: das Fegefeuer = das Purgatòri, 189 - y en parte es creación totalmente germánica - das Haus Lattmann, 197. Esta es la razón de que se halla considerado imprescindible añadir en este volumen un capítulo redactado en alemán, versión abreviada del corpus, titulado «Die Ortsnamen von Ronco sopra Ascona» (167-206). Desde el punto de vista estrictamente lingüístico, debe subrayarse la gran fiabilidad que merecen las transcripciones de los nombres, así como las etimologías que se establecen a veces, basadas en un gran conocimiento del dialecto local (comentarios de tipo dialectal se ofrecen, por ejemplo, en las entradas el Gerbión (96), el Marón (97), in Barcón (113-14), i Spond (127), i Gèrbi, i Sgírbi (138). En definitiva, la elaboración de este trabajo constituye una loable iniciativa más centrada en la investigación, en la catalogación y descripción de los nombres de lugar de un área que tienden a ser olvidados. Mas, como ha quedado dicho, no se trata de un simple elenco de nombres, pues va más allá de ser un repertorio, ya que recopila toda la información posible relativa a las formas onomásticas, a veces consistente en curiosidades que, no obstante, pueden resultar determinantes en la posterior labor de interpretación etimológica de estos nombres. En palabras de Sandro Galli (Presidente de la «Associazione Ronco sopra Ascona, Cultura e Tradizioni»), «la pubblicazione rappresenta lo spaccato di un ‹vissuto› che il tempo, inesorabilmente, tende a cancellare . . . Sempre più, è importante sapere da dove veniamo, per capire dove andiamo» (5). Esperemos que a esta obra sigan otras más que acaben de recoger el rico legado de los nombres de lugar del cantón tesinés, trabajos todos ellos de gran valor por su gran exhaustividad en la tarea de recolección de materiales e información, que podrán constituir sin duda una sólida base para la realización de un posterior y deseable Diccionario Toponomástico Tesinés, donde pueda interpretarse con todo rigor desde el punto de vista lingüístico, y más concretamente, desde una perspectiva de análisis etimológico, este gran corpus de nombres. María Dolores Gordón Peral ★ Repertorio Toponomastico Ticinese. I nomi di luogo dei comuni del Cantone Ticino. Giornico. Bellinzona (Archivio di Stato) 2007, 201 p. Se trata del último tomo aparecido (con el número 23) de la serie de repertorios toponímicos municipales publicados hasta el momento correspondientes al cantón de Ticino. El volumen (realizado y editado al cuidado de Patrizio Dressi, Elda Ghiggia-Roberti Foc, 302 Besprechungen - Comptes rendus Americo Romerio Giudici, Mario Lucchini, Flavio Solari, Enrico Ruggia y Stefano Vassere) recoge hasta 760 nombres de lugar obtenidos de acuerdo con los principios metodológicos que guían esta colección, esto es, en gran parte directamente de labios de los informantes locales (algunos de ellos nacidos en el siglo XIX; se especifican sus nombres en p. 179), principales conocedores de la toponimia tradicional local, y en parte también extraídos de fuentes bibliográficas y documentales (mapas, planos catastrales, documentos del archivo histórico local y de varios archivos privados). El municipio de Giornico pertenece al distrito de Leventina, sito al norte del cantón tesinés (con anterioridad, en 1982, fue publicado el repertorio correspondiente a otro municipio de este mismo distrito, el de Faido, precisamente el primero de la serie). Está compuesto por seis núcleos: Altirolo, Biaschina, Castello, Cribiago, Saleggi y Ugazzo. Su población consta de 930 habitantes, y solo 12 de estos se dedican al sector primario. Y es que ocurre que en las últimas décadas, las actividades de ganadería y agricultura se han ido reduciendo drásticamente, hasta tal punto de que actualmente es una pequeñísima minoría de la población la que se dedica a este tipo de actividad económica, con el consiguiente abandono del campo y la transformación del espacio natural, que supone principalmente la extensión de zonas boscosas. Consecuencia de ello es el progresivo olvido y desconocimiento de los lugares menores y sus denominaciones tradicionales, hecho que convierte en una necesidad urgente el salvar esa parte del patrimonio cultural popular que son los nombres de lugar. De hecho, como afirma el presidente del municipio en su interesante presentación, gracias a este trabajo se ha conseguido revivir muchos nombres que eran conocidos ya exclusivamente por una muy pequeña minoría de habitantes, o incluso totalmente caídos en desuso; cito sus palabras: «Esso è egregiamente riuscito a far rivivere moltissimi nomi di luogo; non solo quelli ancora attualmente in uso, ma anche parecchie denominazioni oramai non più in uso da tempo» (7). Como es habitual en esta colección, se recuerdan en la parte introductoria (9-13) los criterios de edición y presentación del material toponomástico, en los que han primado la necesidad de conciliar la finalidad científica de la recogida de nombres de lugar con la publicación, que se quiere hacer accesible a la comunidad. De este modo, el esquema que se sigue en cada entrada es el siguiente: transcripción en grafía simplificada (en relación al sistema de transcripción, se ofrecen explicaciones pormenorizadas relativas a la fonética local), numeración (siguiendo un orden progresivo de localización geográfica en la zona, de acuerdo con un itinerario «ipotetico (e verosimile)»; para facilitar además la búsqueda de cada nombre se añade al final de la obra un índice alfabético), localización (en coordenadas, referidas al mapa nacional), fuentes escritas (de las que a menudo se han obtenido nombres ya desconocidos en la actualidad; debe destacarse asimismo que se han tenido en cuenta en el estudio de algunos de los nombres las formas dialectales recogidas en los cuadernos toponomásticos anejos al Vocabolario dei dialetti della Svizzera italiana, del Centro di dialettologia e di etnografía), y la descripción del topónimo. Este último elemento se establece en dos momentos: primeramente, se describe el objeto designado por el nombre - en este caso, el lugar -, ofreciéndose sus principales características y la información de toda índole disponible relativa al mismo; en un segundo momento, se atiende específicamente a la forma onomástica misma, atendiendo a sus características dialectales y a su posible origen, siempre y cuando es posible ofrecer una hipótesis verosímil y documentable. Al capítulo dedicado a los criterios de edición sigue otro (titulado «Giornico. Dati e fonti», 15-18), donde se da una información detallada de las características geográficas, socioeconómicas, demográficas y demolingüísticas, como los datos sobre la vitalidad del dialecto (debe destacarse, a este respecto, el hecho de que en este municipio el uso del dialecto es superior a la media cantonal). Asimismo, se enumeran las fuentes escritas consultadas (cartográficas y documentales). Siguen dos capítulos, dedicados uno a la descripción pormenorizada de los 303 Besprechungen - Comptes rendus característicos grotti de la localidad, construidos para conservar el vino (19-22), y otro a los rodoli (23-29), donde se exponen documentos referidos a la regulación de los turnos de riego, aspecto este de mucho valor etnográfico y totalmente inusual en otras zonas del territorio cantonal, razón por la que se incluye en la obra. De gran interés para el estudio de la microtoponimia es el registro de los nombres de persona más importantes de la localidad, con indicación de los sobrenombres, que han dejado huella palpable en los nombres de lugar menor (31-40). Sigue una muy completa bibliografía, en la que se recogen los textos que sirven de fuentes de información sobre aspectos de la toponomástica local, obras de carácter lingüístico y dialectológico, publicaciones de carácter histórico, cultural, geográfico, tanto específicas del área como de carácter más amplio (41-78). Salpicando la obra, aparecen aquí y allá preciosas fotografías históricas que complementan el trabajo, ilustrándolo con imágenes de escenas de la vida del pasado en la localidad. El núcleo de la obra está constituido por el corpus toponomástico (79-179), organizado partiendo no de acuerdo con el criterio de ordenación alfabética, ni con el semántico, sino, como se dijo, siguiendo un orden progresivo de localización geográfica en la zona (los topónimos se han señalado en los mapas municipales incluidos en el tomo siguiendo la numeración con que aparecen en el corpus); pero para facilitar la búsqueda de cada nombre se añade al final del tomo un índice alfabético de formas toponímicas (185-201). Se añade al corpus una valiosa lista de topónimos no localizados, obtenidos mediante el expurgo de fuentes documentales (175-76). La lectura del contenido de los artículos pone de manifiesto que la obra no constituye únicamente un trabajo de recogida de formas lingüísticas, sino una recopilación de materiales e informaciones de toda índole, principalmente históricos, vinculados a los lugares cuyos nombres se registran, señalándose a menudo datos de sorprendente detalle. Es evidente, pues, que el valor de la serie en general y de este volumen en particular sobrepasa con creces lo lingüístico, ofreciendo una especie de microhistoria local de sorprendente riqueza. Desde el punto de vista estrictamente lingüístico, cabe destacar la meticulosa recopilación de las formas y su cuidada transcripción, así como las siempre acertadas interpretaciones, basadas generalmente en un profundo conocimiento del dialecto local (por ejemplo, al analizar el nombre la Vall di Còri, se aclara: «Nel dialetto locale, còru significa ‘corvo’»; en i Pièi, se explica: «Pièi significa ‘piani’, ‘terrazzamenti’»; en la entrada al Mött d Piotín, se constata: «Piòta significa ‘lastra’, ‘sasso piatto’»). Realmente, puede decirse que esta obra puede constituir el punto de partida para un estudio toponímico etimológico del área. En suma, este libro y, en general, la colección Repertorio toponomastico ticinese, en la que se inserta, puede considerarse un modelo de obra destinada a la recopilación exhaustiva de los nombres de lugar de un área de reducida extensión, donde se trata de recoger in situ, a través de encuesta oral, todo lo que se conoce de los nombres, toda la información que guardan los lugareños mejor conocedores de los parajes de su tierra (por muy puntual e incluso anecdótica que pueda parecer esta información en ocasiones) antes de que el declive de la onomástica local sea irreversible, a consecuencia de las profundas transformaciones económicas a que se está viendo sometido hasta el último rincón de la región alpina. Naturalmente, el estudio toponomástico no se agota con un repertorio de estas características, pues queda pendiente la profundización en el aspecto etimológico, después de lo cual será factible la adopción de una visión global, del conjunto de los nombres, para el necesario establecimiento de la estratigrafía histórico-lingüística y la extracción de otras conclusiones de orden lingüístico. María Dolores Gordón Peral 304 Besprechungen - Comptes rendus Galloromania Federica Diémoz, Morphologie et syntaxe des pronoms personnels sujets dans les parlers francoprovençaux de la Vallée d’Aoste, Tübingen (Francke) 2007, xxx + 361 p. + Audio-CD (Romanica Helvetica 126) We are indeed fortunate that this doctoral thesis is now available as a monograph, for it is an excellent study which will be of great interest to dialectologists and Romance linguists alike, not only for the valuable data it reports but also for the methodological issues it addresses. The author has the inestimable advantage of being a native speaker of Valdôtain, the group of Francoprovençal speech varieties of the tiny Aosta Valley autonomous region in Italy, tucked into the corner of the borders with France and Switzerland. Barely 32000 square kilometres in total area with some 120000 inhabitants, the Aosta Valley constitutes a fascinating transition zone between the Gallo-Romance and Italo-Romance dialect continua. Since it never developed a written standard language, the region’s towns and villages maintain distinct varieties which nonetheless remain mutually intelligible. One of the most well-known morpho-syntactic features which vary throughout this continuum is of course the presence vs. absence of subject clitics. While the two poles of this larger continuum seem deceptively easy to characterise - either subject pronouns are always required as in standard French, or always optional as in standard Italian - the complex and variable situation in between the two extremes has been the object of much scholarly attention over recent decades, since at least L. Renzi/ L. Vanelli «I pronomi soggetto in alcune varietà romanze», Scritti linguistici in onore di G. B. Pellegrini, Pisa (1983): 121-45. Given the difficulties inherent in eliciting reliable morpho-syntactic data from speakers of non-standard varieties, this study is a very welcome addition in that it gives a richly detailed portrait of pronoun usage in five of the Aosta Valley’s many municipalities, covering the major dialect divisions of this intensely diverse yet linguistically coherent region. The core contribution of the study are the five chapters which each present a systematic and detailed description of the pronoun usage in one of the five municipalities studied: the patois of Roisan, Arvier, Verrayes, Champorcher and Challand-Saint-Anselme. These chapters are preceded by an introduction (vi-xxx) which provides a concise survey of the background scholarship on subject clitic variation (across Romance but with a focus on Francoprovençal) as well as a description of the methods used to elicit the data for this study. For each community, three participants are interviewed, representing three different generations as well as different genders and educational / occupational categories; in addition, the three subjects are selected from different hamlets where possible, in order to explore internal variability within each community. There are many factors which can influence the presence or absence of subject pronouns, and Diémoz wisely constructs a questionnaire (Annexe 1, 337-45) consisting of full sentences which systematically tests and controls for different morpho-syntactic contexts. Foremost among these is of course grammatical person, but other variables are also considered. For each grammatical person, forms are elicited for both vowel-initial and consonant-initial verbs, verbs which are known to have special behaviour (avoir, être), emphatic contexts (which may have stressed subject pronouns) and interrogative utterances. The position of the verb (main, subordinate or conjoined clauses) and the presence of object pronouns were also taken into account. In the third person, specific attention is paid to pronouns of feminine and masculine genders (singular and plural), to the subjects of impersonal and meteorological verbs, as well as to indeterminate subjects, which can be expressed by a range of different forms: first or third person plurals, third person singular indefinite reflexes of unus or «recessive» forms marked with reflexive se. Throughout, Diémoz meticulously reports 305 Besprechungen - Comptes rendus the different responses from each participant, thus documenting the rich variability of various Valdôtain pronoun systems. The use of a set questionnaire made up of full sentences ensures that the same contexts are elicited for each speaker of each variety. In order to facilitate a semi-spontaneous conversation, the questionnaire sentences are inserted into short narrative contexts about everyday life, a technique perfected with notable success by the ALAVAL team (A. Kristol et al., Atlas linguistique audiovisuel du Valais romand, Centre de Dialectologie, Université de Neuchâtel, en cours). Since the Aosta Valley is officially bilingual, subjects are asked to translate the sentences into their local speech variety from their choice of French or Italian, thus ensuring that the translation task starts from the official language with which they are most comfortable. Interestingly, the author’s previous experience (xv N17) indicated that a questionnaire in a local Valdôtain speech variety in fact had the undesirable effect of increasing the number of interferences and calques in subjects’ responses. Diémoz is really the ideal researcher to undertake such a study - a native speaker of a local Francoprovençal variety which is comprehensible for her subjects even if different from their own («En Vallée d’Aoste on a l’habitude du dialogue inter-dialectal.» xvii N22). She can put her subjects maximally at ease by using a familiar speech variety, while her intimate knowledge of the speech communities in question as well as her sophisticated grasp of the relevant morphosyntactic variables allow her to carefully monitor their responses and gently redirect or rephrase the questionnaire items (in either language) if necessary to obtain the desired data. Responses are recorded, transcribed and presented clearly and rigorously, using a modified orthographic system developed by the Bureau Régional pour l’Ethnologie et la Linguistique d’Aoste (xxvii). Each section of each chapter on the speech of one of the municipalities is organized following the same outline, making it straightforward to compare forms from the same context across varieties. One of the great merits of this study is that all the data are reported, including what Gilliéron calls «réponses extorquées»: where participants reply with forms which deviate from the forms sought (different verbs, tenses or grammatical persons, or another construction entirely) these are given in footnotes, so that the reader can see the alternate structures spontaneously used by speakers in translating. All of the data (both the regular answers and the «unexpected» forms from the notes) are also available in audio format on the accompanying CD, so readers can listen to the actual recorded responses organized by chapter and example number, and by note if one wants to, and even compare the sound files with the transcriptions, which seem very faithful to this reader (from a random selection of forms sampled). Following the five main chapters which report the data from the five municipalities, a chapter of synthesis, bibliographic references, four Annexes and an audio CD complete the volume. Building on the brief syntheses at the end of each section as well as a summary at the end of each chapter (with a summary table of pronominal forms for the variety in question), the sixth chapter (Synthèse finale) draws together many of the themes from the different municipalities surveyed as well as overall trends from the whole area studied. As in many other studies of related varieties, the second person singular emerges as the one case where subject pronoun usage is obligatory, even where verb-final morphology alone would be sufficient to distinguish the forms in question (321-22). Diémoz’ data show a three-way division in Aosta Valley varieties between those where subject clitics are used fairly regularly (over 75 % overall in Verrayes), those where subject pronoun usage is largely optional, and those where certain pronominal forms never occur (less than 15 % overall in Roisan). There is also a two-way division between an area where the emphatic (stressed) first-person pronoun forms are reflexes of me and those with reflexes of ego for these forms. Similarly insightful observations are made regarding the number of distinct vs. identical 306 Besprechungen - Comptes rendus forms in each pronominal paradigm, the role of analogy (e. g. in the postposed interrogative -te which generalised to all persons in some varieties) and agglutination of e. g. initial / l-/ or / n-/ (as in etymologically vowel-initial verbs such as lamì «aimer»). In terms of syntactic constraints, there is a notable tendency to avoid preverbal sequences of a subject pronoun followed by an object pronoun: typically one is either omitted or moved to postverbal position. The concise conjugation tables in Annexe 4 also provide a convenient basis for comparing paradigms across municipalities, making clear once again that there is not one single Valdôtain but a continuum of related varieties, each with a range of variable forms. Systematically documenting such fine-grained variability, both in the form and in the usage of pronouns for each variety, is one of the most substantive and valuable contributions of a study like this: as N. Nagy points out («Writing a sociolinguistic grammar of Faetar», Penn Working Papers in Linguistics 7.3 Selected Papers from NWAV 29 (2001): 225-46), it is extremely challenging to write a descriptive grammar which takes into account the variation which is inherent in vernacular varieties. Happily for us, Diémoz meets this descriptive challenge successfully. A number of these morpho-syntactic observations which Diémoz offers us based on her data could lead further formal treatment in a number of possible theoretical frameworks, but the author prudently adopts a largely descriptive approach in this study. She is perhaps implicitly mindful that while linguistic theories may come and go, good data rigorously described will stay with us much longer as a lasting contribution to linguistic scholarship (Theoriae volant data manent, as it were). It is to be hoped of course that this promising scholar will continue to examine the data gathered for this study from a variety of more theoretical perspectives in future analyses. Similarly, the basic statistical treatment of the data (one table with some percentages of occurrences of subject pronouns by municipality, 324) whets this reader’s appetite for possible future studies which examine possible correlations between different demographic categories and linguistic features. There appears for example to be age-grading evidence for a shift towards less subject pronoun usage among younger speakers in some locations, perhaps under the influence of Italian - a possibility which recalls the apparent time construct so dear to Labovian variationist sociolinguistics as well as the Gauchat’s classic 1905 precursor study (newly available in English translation: S. Cummins/ J. K. Chambers/ J. Tennant, «Louis Gauchat - Patriarch of Variationist Linguistics», Historiographia Linguistica 35, 1-2 (2008): 213-74). One aspect in which this work opens a new door for future research is in the attention given to the impact which each participant’s life experiences can have on the choices they make within their range of grammatical options. This is particularly striking in the case of indeterminate subjects: where older speakers might talk about e. g. traditional agricultural activities using a form which implies that they see themselves as potentially among the subjects of the verb, younger speakers may speak of the same action (translating exactly the same sentence) using an indeterminate subject which they identify less with themselves as potential agents. It is insights like these, in the context of a thorough and rigorous dialect study using carefully thought-out methods and a perspicacious questionnaire, which make us particularly grateful for a study like this one, by a scholar uniquely equipped to bring the best of linguistic analysis together with a native speaker’s grasp of her vernacular speech community. David Heap ★ 307 Besprechungen - Comptes rendus Jean-Claude Vallecalle, Messages et ambassadeurs dans l’épopée française médiévale. L’illusion du dialogue, Paris (Champion), 2006, 629 p. Huit ans après la parution du livre de Jacques Merceron Le message et sa fiction. La communication par messager dans la littérature française des XII e et XIII e siècles (voir notre compte rendu, VR 60 (2001): 300-02), sort une seconde somme sur ce thème longtemps négligé des études médiévales. En réalité, la thèse de Jean-Claude Vallecalle (J.-C. V.) est relativement ancienne: soutenue en 1992 à l’Université de Provence, elle a attendu quatorze ans une publication fort attendue des médiévistes, qui considèrent depuis longtemps son auteur comme l’un des meilleurs spécialistes français de la chanson de geste. De fait, si les ouvrages de Jacques Merceron et de J.-C. V. ne sont pas sans présenter certaines ressemblances, leurs visées théoriques et les corpus qu’ils interrogent les différencient fortement: autant Merceron se veut structuraliste, voire post-structuraliste, mettant l’accent, dans la mouvance d’un Michel Serres, sur le problème de la communication, autant J.-C. V. reste attaché à une histoire littéraire fort traditionnelle, sa stricte limitation au domaine de la chanson de geste lui interdisant par ailleurs toute inférence plus générale sur la littérature de la France médiévale. Ainsi ne doit-on pas s’étonner que la question du motif formulaire soit évacuée presque aussitôt abordée: des renvois à Rychner et J. P. Martin (44-45) suffisent à J.-C. V. pour nous avertir que son intention, foncièrement liée à l’exercice éprouvé de l’explication de texte, n’est pas d’ordre narratologique, mais bien plutôt herméneutique et thématique. Une première partie, «Aspects du message», traite successivement des dénominations du messager (21-38), des aspects topiques du motif (39-82), des rapports de l’oralité et de l’écriture (83-108) et de la diplomatie médiévale telle que la reflètent les textes (109-237): très documenté, ce dernier chapitre confronte les chansons de geste à la pratique historique pour conclure que «l’épopée attache, en effet, une importance considérable au lien qui unit l’ambassadeur à son mandat», constatation dont la banalité est à peine tempérée par les remarques selon lesquelles manque dans la littérature «toute procédure d’accréditation» et que «dans la fiction qui fonde la représentation diplomatique [le groupe féodal] cherche moins, sans doute, le moyen d’établir un lien avec son interlocuteur que celui de paraître l’ignorer, de lui refuser toute reconnaissance officielle» (237). Ainsi se trouve énoncé le fil rouge qui unifie toute l’enquête et qu’annonçait déjà le sous-titre du livre: «l’illusion du dialogue». La seconde partie, «Un rêve d’unicité», comprend trois chapitres abordant trois types d’ambassades littéraires: l’ambassade belliqueuse (241-372), motif déjà beaucoup glosé qui se taille sans surprise la part du lion, les espions (373-425), avec des considérations intéressantes sur la question du déguisement, et la négociation (427-63), qui, conduisant «à un compromis, à une demi-mesure, à un abandon» (463), est peu goûtée des conteurs. La troisième partie, enfin, «Une volonté d’unité», poursuit ce catalogue en traitant de la convocation des vassaux (469-506) et de la demande de secours (507-89). L’aspect conclusif de ce dernier chapitre est souligné par le fait que J.-C. V. y déborde quelque peu son sujet pour évoquer les messages non-verbaux, ce qui lui permet de finir, si l’on ose dire, «en beauté» par une évocation des scènes du cor - à tous égards fondatrices - de La Chanson de Roland. Une très brève conclusion (583-86) réaffirme le leitmotiv de l’ouvrage (584: «La diplomatie épique témoigne, d’une manière particulièrement claire, d’un refus de tout dialogue qui s’inscrit étrangement dans les formes mêmes de la communication») et ouvre une perspective intéressante sur l’évolution du genre épique, aspect que le livre ne traitera pas, s’étant donné pour tâche d’éclairer «une conception globale de la communication, une attitude générale devant la société et le monde qui transparaît à travers les messagers épiques» (586), mais dont il marque le point d’émergence: «À mesure que l’individu conquiert, dans nos 308 Besprechungen - Comptes rendus poèmes, une place croissante, à mesure aussi que le monde devient plus complexe, que les repères simples d’un partage entre le bien et le mal ne sont plus aussi nets, le vieil idéal d’une communauté unie et unique perd de sa vigueur» (id.). On ne peut que reconnaître la parfaite clarté du plan et des intentions de J.-C. V.; cependant, cette étude sérieuse, appliquée et minutieuse, que ne dépare aucun défaut majeur, ne renouvelle guère nos perspectives critiques et aurait pu être plus concise, évitant ainsi redondances et truismes. Attendre, par exemple, la p. 81 pour découvrir «un aspect essentiel du messager», à savoir qu’il «est la parole d’un autre, d’un absent que son envoyé ne représente - ne rend présent - que d’une manière fictive» a tout du pétard mouillé. On fera par ailleurs, à propos des textes d’où est tirée la majorité des exemples, une constatation que J.-C. V. aurait pu souligner. En effet, toutes les chansons de geste les plus citées (Anséis de Carthage, Aspremont, La Chanson de Roland, La Chevalerie Ogier, Fierabras, Gaydon, Gui de Bourgogne, Huon de Bordeaux, Jehan de Lanson et La Prise de Pampelune) appartiennent à ce que l’on appelle traditionnellement le «cycle du roi»; certes, Huon de Bordeaux est un cas limite, mais c’est précisément dans la mesure où elle commence comme une chanson traditionnelle que cette épopée intéresse J.-C. V. Nous n’accuserons certes pas ce dernier de ne pas connaître les autres textes, car il les cite aussi (aucune des grandes chansons de geste française n’est en fait oubliée dans son enquête), mais plus parcimonieusement, car elles ne semblent guère offrir de scènes de messagers vraiment marquantes: on ne sera peutêtre pas étonné de ne trouver que des mentions assez fugitives au cycle de Guillaume, car celui-ci, à bien des égards, possède des codes narratifs distincts de ceux du reste du corpus épique, mais la discrétion des chansons de «barons révoltés» (à la relative exception de Renaut de Montauban) peut paraître plus surprenante. Le fait, au demeurant, confirme les conclusions de J.-C. V., puisque les chansons du «cycle du roi», où s’impose une figure positive de Charlemagne, sont par là même celles qui exemplifient le mieux ce «monde de l’unité» cher à notre auteur. En fin de compte, c’est encore par ses explications de texte que cet ouvrage destiné à prendre place parmi les grandes synthèses thématiques de l’épopée médiévale se recommande le plus à l’intérêt du lecteur. Ainsi des analyses de passages de chansons relativement peu fréquentées telles Fierabras, Gui de Bourgogne ou Jehan de Lanson; mais aussi, à l’inverse, de l’illustre Chanson de Roland, dont sont revisités à nouveaux frais quelques moments clés. Au terme de son analyse serrée des scènes du cor (559-67), J.-C. V. conclut ainsi que la plus belle de nos chansons de geste serait «une apologie du fanatisme» (567). La démonstration est, certes, bien étayée; cependant, même si le but de l’exégèse des textes anciens n’est pas de flatter le lecteur moderne, n’est-on pas en droit de trouver, en l’occurrence, cette lecture un peu prosaïque? Elle ne nous donne en tout cas guère de raison nouvelle d’aimer le texte. Alain Corbellari ★ Élisabeth Crouzet-Pavan/ Jacques Verger (ed.), La dérision au Moyen Âge. De la pratique sociale au rituel politique, Paris (PUPS) 2007, 292 p. (Cultures et Civilisations Médiévales) Actes de la journée d’études sur les «Pratiques de la dérision au Moyen Âge» qui a eu lieu à l’Université de Paris-Sorbonne en 2003, le présent volume offre une réflexion essentiellement orientée vers l’histoire des mentalités. Partant d’une définition simple et fonctionnelle: «moquerie non dépourvue de méchanceté cherchant non seulement à faire rire, mais à humilier, à discréditer, voire à annihiler, au moins symboliquement, celui ou ceux qu’elle 309 Besprechungen - Comptes rendus vise» (7), les auteurs des seize articles de ce recueil s’attachent à analyser les différents procédés de dérision dans une société «où l’on existait d’abord dans le regard des autres» (8). L’organisation tripartite de ces travaux veille à mettre en évidence les enjeux sociaux du rire comme critique de l’ordre établi, l’importance rituelle et politique de ces pratiques dérisoires ainsi que la transformation de certaines formes de rabaissement en compassion pour les individus qui la subissent. La qualité de cet ouvrage est indéniable et son utilité dans l’étude des fonctions du rire au Moyen Âge est indiscutable; Élisabeth Crouzet-Pavan et Jacques Verger réunissent dans ces pages des travaux très riches et variés et qui auront, nous l’espérons, pour premier effet de stimuler les autres domaines de la recherche. Deux critiques d’ordre formelles sont néanmoins à émettre: premièrement, nous déplorons l’absence d’une bibliographie générale, ou tout du moins un récapitulatif bibliographique pour chaque contribution. Nul ne peut douter du bien fondé de cette pratique essentiellement pédagogique qui enrichit ce genre de recueils, qui facilite souvent le travail du chercheur et que les notes en bas de page ne remplacent pas entièrement. Deuxièmement, nous signalerons la place surprenante des planches d’illustrations: entre les pages 224 et 225, alors que les articles qui s’y référent sont aux pages 85-106 et 263-74. Nous supposons que c’est à cause d’un impératif de la maison d’édition que les illustrations ne se retrouvent pas en fin de volume ou à la suite des articles concernés. La première partie, intitulée «Visages sociaux de la dérision», regroupe six articles qui tentent de cerner le concept de dérision dans les différentes couches de la société médiévale et pré-renaissante. Pour ce faire, ils se basent essentiellement sur des sources littéraires et juridiques qu’ils lisent comme des témoignages de certaines pratiques sociales. Dominique Barthelemy se concentre sur les quatre livres qui relatent les miracles de Sainte Foy, martyre et auxiliatrice des chevaliers en péril ou dans l’embarras («Sainte Foy et les quadrupèdes d’après Bernard d’Angers et ses continuateurs», 13-33). Dans les deux premiers livres, Bernard d’Angers rapporte des miracles atypiques ou «miracles pour peu de chose» (18), traditionnellement désignés comme «les jeux de Sainte Foy». Parmi ces miracles, un certain nombre porte sur la résurrection ou l’extraordinaire guérison d’un âne ou d’un cheval. Dans un premier temps Dominique Barthélemy constate qu’il n’y a là qu’un rapport ludique entre le croyant et la sainte et que ce genre d’interventions divines n’a pour but que «d’aider à se représenter la résurrection de la chair et le jugement dernier» (18). Dans le troisième livre, l’historien décèle un transfert du ludique sans méchanceté vers un genre de dérision critique caractéristique de la société post-carolingienne (X e et XI e siècles): le fait de rire de l’animal blessé, affaibli ou mort, souligne la déchéance du chevalier qui le possède. Or par l’invocation à Sainte Foy, le chevalier dépasse son incapacité de venger son honneur et laisse au divin le soin de s’en charger grâce au miracle. Grâce aux chansons de geste, Philippe Ménard («Humour, ironie et dérision dans les chansons de geste», 35-53) dresse un panorama des diverses pratiques de rabaissement utilisées dans la littérature médiévale pour souligner la puissance des grands seigneurs face à l’ennemi et même aux parvenus. Grand spécialiste du rire au Moyen Âge, l’auteur ne différencie pas nettement l’humour qui ne cherche pas à rabaisser de la raillerie méprisante et pense que cette dernière prédomine dans les textes étudiés. L’ironie devient dans cette optique un des instruments de la dérision qu’il définit comme «une raillerie plus longue dans ses développements, surtout plus vive et plus désagréable» (49). Paul Magdalino («Tourner en dérision à Byzance», 55-72) se propose de «localiser la dérision dans la culture byzantine et de la définir par rapport aux autres manifestations de l’humour que l’on trouve dans les textes byzantins» (55). Il met en lumière les liens particuliers entre le jeu et la dérision. Il rappelle que régulièrement les instances de pouvoir «créent, conservent et utilisent des espaces profanes pour que le jeu se déroule dans un cadre établi par l’État et la coutume (p. ex. l’Hippodrome)» (60). Parallèlement, il pense que 310 Besprechungen - Comptes rendus la dérision a besoin d’un cadre étatique et d’un public presque consensuel pour qu’elle se réalise, ce qui expliquerait certaines traditions comme les concours oratoires fondés sur la dérision «soumis à l’arbitrage du pouvoir, dans la personne du souverain, de son représentant, ou d’une collectivité sociale» (61). Ainsi la dérision est contrôlée et ne risque pas de se transformer en une arme contre le pouvoir en place. Jacques Verger étudie les pratiques de bizutage dans les universités médiévales aux XIV e et XV e siècles («Rites d’initiation et conduites d’humiliation. L’accueil des béjaunes dans les universités médiévales», 73-84). Cet article propose une lecture anthropologique de ce rite communautaire et social puisque «le bizutage se déroulait aussi dans la rue» (79). L’auteur regrette que ses documents cherchent essentiellement «à canaliser ou à interdire des manifestations qui existaient sans doute depuis un certain temps et n’avaient jusqu’alors relevé que d’une tradition orale» (76) mais constate néanmoins une évolution dans l’attitude de plus en plus méfiante et contrôlée des autorités universitaires vis-à-vis des humiliations et extorsions imposées aux nouveaux étudiants. La dérision cesse dans ce contexte d’être drôle et devient un rituel d’intégration dont le premier but est de rabaisser le nouveau venu et d’instaurer une hiérarchie estudiantine. L’article de Laurent Vissière («Des cris pour rire? Dérision et autodérision dans les cris de Paris (XIII e -XVI e siècles)», 85-106) s’attaque à l’idée généralement admise selon laquelle «les intellectuels parisiens, en couchant sur le papier les cris de Paris, se seraient surtout amusés à tourner en dérision le petit peuple» (86). À l’aide des sources littéraires et des gravures du XVI e siècle, l’historien démontre que le cri tend tout au plus «à déshumaniser le marchand» (87) qui en règle générale n’appartient pas au petit peuple. Les cris des marchands rendent tangible l’ambiance sonore de la rue parisienne à la fin du Moyen Âge et soulignent les pratiques d’autodérision employées par les différents marchands pour appâter «la ménagère de moins de 40 ans» (101). Lauro Martines étudie les techniques de dérision mises en place dans la littérature italienne de la fin du Moyen Âge («Les visages sociaux de la dérision dans Le Novelle et la poésie satirique de la Renaissance», 107-14). Il se base essentiellement sur La Mandragore de Machiavel et le Lezioni sopra il comporre delle novelle de Francesco Boncinani qui soulignent l’utilité du rire punitif. Enfin Lauro Martines observe que les victimes de la dérision sont essentiellement des personnages «de rang social moyen qui troublent l’ordre moral et social» (110) et que les auteurs des humiliations publiques entendent rire aux dépens de la victime, lancer une controverse, révéler des scandales, se venger ou même, dans le cas où les sphères publiques et privées interféreraient, provoquer une crise générale (par ex. les pasquinades) (114). Les huit travaux de la deuxième partie («Rituels politiques et judiciaires») décrivent et expliquent des rituels dérisoires qui ont partie liée avec l’exercice du pouvoir. Béatrice Caseau éclaircit, dans «Rire des dieux» (117-41), la position d’Eusèbe de Césarée lorsqu’il justifie la récupération des statues des anciennes divinités latines par Constantin. L’historienne relie cette décision à un rite souvent revendiqué par les Apologistes byzantins qui consiste à utiliser la dérision pour se moquer des cultes polythéistes en méprisant et dénigrant les symboles mêmes de ces croyances. La pratique rituelle de la dérision sert par conséquent à imposer la religion chrétienne face aux cultes païens qui sont rendus ridicules de façon souvent violente. Élodie Lecuppre-Desjardin et Gilles Lecuppre centrent leurs recherches sur les pratiques de dérision sur la scène politique des cours des anciens Pays-Bas bourguignons entre les XII e et XVI e siècles. Dans «L’ennemi introuvable ou la dérision impossible dans les villes des terres du Nord» (143-61), l’historienne démontre que, entre les mains du prince, les rituels d’humiliation et de rabaissement se présentent comme «un outil politique particulièrement dangereux» (161) qui permet d’anéantir toute tentative de révolte. Gilles Lecupp- 311 Besprechungen - Comptes rendus re poursuit la réflexion en analysant la réaction des princes face aux monarques imposteurs de la fin du Moyen Âge («Le roi et le singe couronné», 163-73). Or, si dans un premier temps, les usurpateurs sont moqués et humiliés sur la place publique dans une sorte «d’exécution symbolique . . . qui vise à anéantir à jamais la réputation du fâcheux qui osa remettre en cause l’autorité dominante» (155), les princes doivent néanmoins recourir à des pratiques de coercition plus lourdes pour asseoir efficacement leur pouvoir. Les articles de Ilaria Taddei, Jean-Claude Maire Vigueur, Renaud Villard et Andrea Zorzi exposent différents rites pratiqués dans l’Italie communale. Dans «Les rituels de dérision entre les villes toscanes (XIII e -XIV e siècles)» (175-89), Ilaria Taddei met en parallèle deux pratiques festives: d’un côté, on célèbre les victoires en portant à la gloire, tant sur la scène publique que dans les chroniques, les acteurs qui y ont contribué; d’un autre côté, on «expose des personnes ou des groupes sociaux à la dérision» (175) dans le but d’exalter et de renforcer l’identité urbaine naissante. Dans cette démarche, le rôle de la chronique comme «instrument de lutte au service politique» est primordial en ce qu’elle «assure la circulation de l’image de la défaite de l’ennemi et lui donne une valeur définitive» (181). Jean-Claude Maire Vigueur s’interroge, lui aussi, sur les liens entre la littérature satirique, burlesque et comico-réaliste et les recours à la dérision dans le terrain politique («Dérision et lutte politique. Le cas de l’Italie Communale», 191-204). Les articles de Renaud Villard et d’Andrea Zorzi dénoncent les dérives de la dérision en analysant les rites d’animalisation («La queue de l’âne. Dérision du politique et violence en Italie dans la seconde moitié du XV e siècle», 205-24; «Dérision des corps et corps souffrants dans les exécutions en Italie à la fin du Moyen Âge», 225-40). Les deux articles soulignent l’extrême déshumanisation de la victime et des acteurs de la dérision à travers des rituels qui permettent à la communauté de se venger (par ex. d’un tyran mort (205)) et d’expulser matériellement et violemment les ennemis hors du territoire tout «en marquant la mémoire de façon infamante» (231). Romain Tellier («En Grand Esclandre et vitupere de notre majesté. L’autorité royale bafouée par le rire en France à la fin du Moyen Âge», 241-60) perçoit la dérision comme «un instrument de contestation de l’autorité publique et plus précisément de l’autorité royale» (241). Grâce à des documents judiciaires, l’historien répertorie les différentes conduites dérisoires que l’on peut adopter vis-à-vis des représentants de l’ordre judiciaire et politique et qui sont souvent pénalisées par des peines pécuniaires. Ceci le mène à la conclure que «rire de l’autorité, de la norme ou du sacré a pour principale vertu d’en permettre la transgression sans en mettre en cause sérieusement l’exercice.» (260). Les deux articles qui terminent cet ouvrage évacuent totalement les aspects ludiques de la dérision et renversent les perspectives des études précédentes. Ils insistent sur le fait que la pratique de la dérision est une question de point de vue, et que la même humiliation considérée comme justifiée et jouissive par un certain public peut déclencher la compassion chez d’autres spectateurs. Jean-Claude Schmitt démontre avec des illustrations des Écritures qu’il est difficile de représenter des situations dérisoires sans l’aide d’inscriptions qui explicitent la dérision («Les images de la dérision», 263-74). Les scènes représentées pour illustrer cette pratique sont souvent les mêmes: Job raillé par sa femme; Noé ivrogne découvert par ses trois fils; Moïse et Aaron discrédités par les magiciens d’Égypte; les messagers de David raillés par le roi des Philistins Annon; David moqué par sa femme Michal; Élisée chauve et le Christ couronné d’épines et contraint de tenir un roseau en guise de sceptre (267-68), et ne sont pas censées provoquer le rire consensuel de la communauté. Jean-Marie Moeglin («Le Christ la corde au cou», 275-89) reprend une ancienne réflexion sur l’humiliation des bourgeois de Calais lors de la capitulation du 4 août 1347 pour illustrer «le transfert de la dérision vers la miséricorde» (276). Parmi les rituels qui permettent aux puissants bafoués dans leur autorité de rétablir leur honneur sans avoir recours à 312 Besprechungen - Comptes rendus la vengeance ou à la mise à mort, l’humiliation publique par diverses coutumes s’est souvent imposée; «dans les cas les plus graves on ajoutait des éléments d’abaissement supplémentaires comme le port de différents objets tels qu’une corde autour du cou» (275). L’auteur s’interroge sur le fait que la dérision infligée aux bourgeois de Calais est inefficace si l’on s’en tient aux récits de Froissart ou de Jean le Bel, à l’instar de la dérision du Christ lors de la Passion: la pénitence subie par les «coupables» pousse les spectateurs à la compassion et à la miséricorde. «La corde au cou devient grâce au Christ, un instrument de rédemption et non de dérision» (287). Maria Nieves Canal ★ Richard Trachsler/ Julien Abed/ David Expert (ed.), Moult obscures paroles. Études sur la prophétie médiévale, Paris (Presses de l’Université Paris-Sorbonne), 2007, 271 p. (Cultures et civilisations médiévales 39) Les études rassemblées dans ce recueil tâchent de mettre à jour des mécanismes de fonctionnement du discours prophétique dans la littérature médiévale. Dans son article introductif «Moult oscure parlëure. Quelques observations sur la prophétie médiévale» (7-14), R. Trachsler indique les caractéristiques principales de la parole prophétique qui se veut volontiers obscure, emprunte souvent les chemins de la métaphore en présupposant l’activité ultérieure de son décryptage. L’auteur note que le travail de déchiffrement des signes ne se conçoit pas sans la participation d’un médiateur, prophète ou devin, qui assure le lien entre les hommes et l’instance transcendantale. En soulignant le choix de ne pas dissocier dans le présent volume le champ de la prophétie de celui de la divination, l’auteur donne quelques exemples qui suggèrent la nécessité de distinguer la facette historique du phénomène, telle qu’elle s’inscrit dans des textes encyclopédiques, de sa composante typiquement littéraire qui fait la part belle à la figure de Merlin. Les jalons posés dans cette introduction conditionnent la répartition du recueil en deux parties: la première s’intéresse à la manière dont la mentalité médiévale accueille des prophéties et des prognostications diverses, tandis que la seconde se consacre à l’étude des prophéties merliniennes. La première partie intitulée Devins et prophètes. Des pratiques similaires? s’ouvre avec l’article de D. Ruhe, «La divination au Moyen Âge. Théories et pratiques» (17-28), dans lequel l’auteure examine l’impact de l’astrologie sur l’homme du XIII e siècle. Elle observe que la consultation des astres avant la réalisation d’un grand projet n’est pas un phénomène réservé à la seule Renaissance. Pour l’homme du XIII e , faire des prédictions fondées sur des mouvements astraux relevait du travail scientifique et n’avait rien de suspect. Le prestige de l’astrologie fait naître, à côtés des traités latins qui y sont consacrés, des textes rédigés directement en français comme le Livre de Sidrac. En comparant cet écrit vernaculaire aux modèles issus du milieu universitaire, D. Ruhe note que le texte français use de pratiques scientifiques considérées déjà comme obsolètes au XIII e siècle. Or, cette différence de méthode ne change en rien l’attitude mentale des lecteurs envers le savoir ainsi dispensé, parce que le but recherché par l’écriture française (la vulgarisation) et par l’écriture latine (l’enseignement) reste le même: dans les deux cas, les techniques de l’astrologie aident à se prémunir des contingences inévitables de la vie. Dans son article «Les pronostics en anglo-normand: méthodes et documents» (29-50), T. Hunt donne quelques repères pour s’orienter dans le champ vaste insuffisamment étudié des pronostics accueillis par des manuscrits aux contextes divers. Le chercheur propose de distinguer cinq catégories de méthodes pronostiques (le calendrier, l’astrologie et le zo- 313 Besprechungen - Comptes rendus diaque, les sortes, les livres de bonne aventure et les différentes «-mancies») qu’il décrit à l’aide des exemples tirés de manuscrits anglo-normands. Le critique souligne l’importance de ces textes divinatoires qui mettent en évidence la capacité d’assimilation de la culture médiévale, qui mélange en son sein les traditions les plus diverses. L’étude d’A. Vitale Brovarone, «Quand le prophète a raison. Une longue tradition» (51-63), incite à prendre en considération l’existence d’un vaste ensemble de textes qui manifestent une méfiance ouverte à l’égard des devins. Son analyse, qui prend comme point de départ le De divinatione de Cicéron pour arriver aux Pronostications joyeuses de Jean Molinet, présente cette tendance comme un caractère constant de la création littéraire depuis l’époque ancienne. Selon l’auteur, la vaste diffusion du thème des prophéties faciles et du sourire sur le charlatanisme «montre que le besoin de connaître le futur reste l’un des traits saillants de notre civilisation» (63). L’article d’E. Ruhe, «L’invention d’un prophète. Le Livre de Sydrac» (65-78), tâche de résoudre l’identité problématique du personnage de Sydrac dans le livre éponyme. En constatant que l’auteur anonyme le nomme «phillosophe», alors que Sydrac fait montre de toutes les qualités d’un prophète, le critique ouvre l’enquête qui met en évidence les liens intertextuels du texte en question avec la Prophetia Danielis et le roman de Merlin de Robert de Boron. En prouvant ainsi que rien ne manque pour pouvoir faire de Sydrac un prophète, E. Ruhe estime que le refus du texte de franchir le pas s’expliquerait par une «précaution raisonnable» (77), une humilité nécessaire de la part de l’auteur anonyme. Par la mention de la figure de Merlin, l’article d’E. Ruhe sert de pivot qui permet de passer à la deuxième partie du recueil intitulée Pour comprendre Merlin. L’article de J. Abed, «La traduction française de la Prophetia Merlini dans le Didot-Perceval (Paris, BNF, nouv. acq. fr. 4166)» (81-105), se concentre sur les enjeux de la migration de la Prophetia Merlini de Geoffroy de Monmouth traduite en français approximatif et fort obscur au sein de l’histoire du Graal que le manuscrit Didot-Perceval présente dans son intégralité. En proposant une analyse détaillée de l’insertion d’un texte prophétique dans une œuvre romanesque, l’auteur voit dans l’interpolation un moyen de dynamiser le temps de l’histoire (bretonne ou anglaise) et de créer chez le lecteur l’attente de la résurrection bretonne ainsi que du triomphe futur et légitime de l’Angleterre sur l’Écosse. En introduisant par ses vaticinations une tension vers le futur dans un récit cyclique à tendance globalisante, Merlin assure par sa parole prophétique le lien entre la fiction du Graal et le message politique. Dans son étude «Metre en roman les prophéties de Merlin. Voies et détours de l’interprétation dans trois traductions de l’Historia regum Britannie» (107-66), G. Veysseyre examine les particularités de trois traductions françaises de l’Historia qui sont, respectivement: l’Estoire des Bretons, texte anonyme du xiii e siècle (BNF fr. 17177); la Chronique des Bretons, traduction anonyme de la première moitié du XV e siècle, et le Roman de Brut (1444- 1445) de Jehan Wauquelin. En proposant de considérer les prophéties de Merlin comme une clé d’accès au travail de chaque traducteur, elle détermine les traits caractéristiques des transpositions en français. Ainsi, Jehan Wauquelin se révèle être un traducteur prudent et méticuleux, qui refuse de commenter le sens caché des prophéties, tandis que les deux autres translacions médiévales tentent de guider leur public vers le sens occulte de la parole sacrée de Merlin. Les particularités de leurs commentaires portent l’empreinte historique de la réception du texte: si le traducteur du XIII e s’en tient au sens restreint d’une interprétation historique des prophéties, le glossateur du XV e a de la peine à décoder les messages relatifs à l’histoire bretonne. Par conséquent, il les interprète à la lumière de la guerre de Cent Ans, actualisant le message et entrelaçant en permanence interprétations historiques et morales des dires du prophète. Dans son article «Le dossier des commentaires latins des Propheties Merlini» (167-84), C. Wille pose quelques jalons concernant le rapport des commentaires latins et la structure 314 Besprechungen - Comptes rendus interne des Prophetie Merlini. En attirant l’attention sur le fait que tous les énoncés prophétiques en question forment deux grandes sections (les prophéties ex eventu et les prophéties véritables), elle propose d’en choisir une qui servirait de base à la comparaison entre les différents commentateurs. L’analyse des gloses de la prophétie 16, qui fait partie des prédictions véritables, montre que, pour leur travail herméneutique, les commentateurs se servent d’événements historiques de leur époque ou d’œuvres d’historiographie contemporaine, autant de modèles qu’ils recomposent à leur gré. Ainsi, le procédé de l’actualisation apparaît comme un trait distinctif de la glose du XV e siècle: les conclusions de cette étude rejoignent de la sorte celles de l’article précédent. L’article de N. Koble, «Un univers romanesque en expansion. Les Prophecies de Merlin en prose du pseudo-Richard d’Irlande» (185-217), renoue avec la problématique exposée dans l’article de J. Abed en ce sens qu’il tente d’examiner la nature, les enjeux et les traces de la prolifération prophétique au sein d’un récit de fiction. Selon l’auteure, l’audace du prosateur des Prophéties de Merlin en prose, écrites en Italie dans les années 1270, est d’avoir traversé le miroir du monde arthurien en y introduisant des prophéties relatives à des réalités contemporaines de la lutte des guelfes et des gibelins, mais aussi de celle de la papauté avec l’empereur Frédéric II. En étudiant l’usage des prophéties, elle arrive à la conclusion que la perspective exemplaire sous-tend tout le texte et que c’est l’ouverture vers la perspective morale et religieuse qui justifie finalement l’existence du Merlin romanesque. Par leurs approches différentes de la prophétie, les études réunies dans ce volume sont une tentative de lever un peu plus le voile du mystère et de verser la lumière sur ces moult obscures paroles qui fascinent toujours le lecteur d’un texte médiéval. L’idée de rapprocher les volets historique et littéraire nous semble des plus heureuses. Ainsi, le lecteur est amené à découvrir des champs comme la divination et l’astrologie qui sont moins familiers aux critiques de la littérature. Olga Shcherbakova ★ Le Roman de Guillaume d’Orange. Tome II. Édition critique établie en collaboration par Madeleine Tyssens, Nadine Henrard et Louis Gemenne, Paris (Champion) 2006, v + p. 589-1193 (Bibliothèque du XV e siècle 70) Le Roman de Guillaume d’Orange. Tome III. Études introductives, glossaire et tables par Nadine Henrard et Madeleine Tyssens, Paris (Champion) 2006, 215 p. (Bibliothèque du XV e siècle 71) Der Roman de Guillaume d’Orange, der in den Jahren 1454-56 von einem anonymen Autor in einer Sprache geschrieben wurde, «(qui) présente les caractères généraux de la scripta du moyen-français commun» (III, 5) 1 , ist die Prosaversion von insgesamt 13 zum cycle de Guillaume d’Orange gehörenden chansons de gestes mit einem Gesamtumfang von circa 60’000 Versen. Bislang hatte offenbar der enorme Umfang des Werkes die Forschung davon abgehalten, eine vollständige Edition in Angriff zu nehmen; bisher wurden nur 11 Teileditionen des Romans erstellt (cf. I, i-iii). M. Tyssens, heute emeritierte Professorin der Universität Lüttich und Mitglied der Académie Royale de Belgique, hat nun endlich gemeinsam mit ihren Mitarbeitern N. Henrard und L. Gemenne diese Forschungslücke geschlossen. Bereits 1970 hatte sie ihre Absicht angekündigt, eine Gesamtedition des Roman de Guillaume 315 Besprechungen - Comptes rendus 1 Die römische Ziffer zeigt den Band, die zweite entweder arabische oder römische Ziffer gibt die Seite der Edition an. d’Orange erstellen zu wollen 2 . Verhindert durch eine Vielzahl anderer Aufgaben konnte sie dann aber erst im Jahre 2000 gemeinsam mit Henrard und Gemenne den ersten Band der Edition publizieren, der die ersten 57 Kapitel des Romans umfasst. Diese Ausgabe fand in der wissenschaftlichen Kritik eine einhellig positive Aufnahme 3 . Mit der Vorlage der beiden hier anzuzeigenden Bände hat das Vorhaben nun erfreulicherweise seinen Abschluss gefunden. In Band II werden die Kapitel 58 bis 128 des Romans in derselben Weise ediert wie in Band I: Von den nur zwei erhaltenen Handschriften des Werkes wird Manuskript A (BNF f. fr. 1497) als Basishandschrift gewählt. Manuskript B (BNF f. fr. 796), das eindeutig eine Kopie von A ist, wird nur herangezogen, um Fehler oder Lücken im Text von A zu beheben. Die von den Editoren abgelehnten Lesarten von A sowie alle Varianten von B werden akribisch im textkritischen Apparat verzeichnet. Die mit einem * versehenen Textpassagen verweisen auf die wenigen Kommentare, die sich am Ende eines jeweiligen Kapitels befinden und im wesentlichen «de brefs commentaires critiques sur les passages problématiques, sur certaines fautes de copie ou certaines graphies déroutantes» (I, iii) bieten. Besser kann man eine Textedition nicht anfertigen. Band III, der von nur zwei Mitgliedern des dreiköpfigen Editionsteams erstellt wurde, enthält eine kurze Charakterisierung der zwei Handschriften (1-4), eine gründlichste «Étude de la langue du manuscrit de base» (5-36) sowie ein erfreulicherweise äußerst umfassendes Glossar (37-157). Ziel des Glossars ist es, «(de) faciliter la compréhension du texte par un large public de spécialistes comme d’étudiants» (37). Die soeben genannten Teile des dritten Bandes wurden von N. Henrard bearbeitet, der man zu dieser überzeugenden Leistung nur gratulieren kann. M. Tyssens hat die Erstellung des Index der Eigennamen und der Sprichwörter übernommen (159-214).Auf eine literarische Analyse des Roman de Guillaume d’Orange hat man hier mit gutem Grund verzichtet. Denn diese wurde bereits 1979 von François Suard 4 mit der Publikation seiner trefflichen Thèse d’État vorgelegt, auf die jeder zurückgreifen kann. Mit ihrer Arbeit haben die drei Editoren in gekonnter Weise ein Werk ediert und auch sprachlich kommentiert, «qui, assurément, ne mérite pas l’oubli où il était tombé» (I, iii). Diese bestechende Leistung verdient den Dank und die Anerkennung jedes Mediävisten. Arnold Arens ★ Jacques Charles Lemaire (ed.), Le Roman de Gligois. Récit arthurien du XIII e siècle. Édition critique, Liège (Les Éditions de l’Université de Liège) 2005, 231 p. Bei dem hier anzuzeigenden Werk, das von Lemaire neu ediert und ebenfalls erneut ins Neufranzösische übersetzt wurde, handelt es sich um einen der kürzesten Versromane des Artusstoffes. Der Roman wurde wahrscheinlich im ersten Viertel des 13. Jahrhunderts von einem unbekannten Autor verfasst. Er zählt insgesamt nur 2942 als Paarreime angelegte Achtsilbner, die im franzisch-pikardischen Dialekt geschrieben sind. Der Inhalt des Werkes ist von äußerster Einfachheit und gliedert sich in drei Handlungsteile. 1) Der deutsche 316 Besprechungen - Comptes rendus 2 «Le Roman de Guillaume d’Orange. Étude d’une mise en prose», in: Société Rencesvals, Proceedings of the Fifth Conference (Oxford 1970), University of Salford 1977: 45s. 3 Cf. etwa G. Holtus in ZRPh. 117 (2000): 677; C. Roussel in LR 54 (2000): 337s.; G. Roques in RLiR 64 (2000): 607; B. Guidot in Moyen Âge 107 (2001): 603s. 4 Guillaume d’Orange. Étude du roman en prose, Paris 1979 (Bibliothèque du XV e siècle 44). Knappe Gligois wird von seinem Vater an den Hof des Königs Artus geschickt, wo er in den Dienst Gauvains, des Neffen von König Artus, gestellt wird. Er wie auch sein Herr verlieben sich in Beauté, die Dienerin von Guenièvre. Dadurch gerät Gligois in einen Konflikt zwischen Liebe zu Beauté und Treue zu seinem Herrn. 2) Gligois, von tiefer Liebe zu Beauté erfüllt, nimmt viele Leiden auf sich; bei einem Turnier zeichnet er sich durch seine Tapferkeit aus. Die zentrale Episode dieses Handlungsteils ist der Ritterschlag Gligois’ durch die Schwester der Beauté auf dem Schloss von Lademore. 3) Der Held, dessen beispielloses Verhalten unterstrichen wird, gewinnt schließlich das Herz von Beauté: Amors li a gueredoné/ Tout le grant mal qu’il a soufert (v. 2906-07). Gauvain tritt selbstlos zurück und bittet König Artus, die beiden Liebenden zu vereinen. Der Roman verherrlicht also die fine amor (v. 2919), «qui privilégie le mérite personnel et la profondeur du sentiment» (7). Das Werk war in nur einem einzigen Manuskript überliefert, das im 15. Jahrhundert erstellt und später in der Nationalbibliothek zu Turin aufbewahrt wurde (Sigel: L iv 33). Durch einen verheerenden Brand wurde es leider am 25. Januar 1904 zerstört. Der Roman de Gligois wäre in Vergessenheit geraten, wenn nicht zum Glück W. Foerster, der eine Edition des Werkes plante, und J. Müller den Text in den Jahren zwischen 1872 und 1888 transkribiert und mit Anmerkungen versehen hätten. Der Tod Foersters im Jahre 1915 ließ sein Editionsvorhaben aber nicht mehr zur Vollendung kommen. Die von ihm und von Müller angefertigte Texttranskription wurde 1920 von der Harvard Universität für die Widener Bibliothek erworben (Sigel: 27271.57 F*); heute befindet sie sich in der Hougton Bibliothek (Sigel: FR 506). Auf der Basis der in Harvard aufbewahrten Materialien legte Ch. H. Livingston im Jahre 1932 die erste Edition des Romans 1 vor, von der 1966 ein Nachdruck erschien. Die Ausgabe wurde von der Fachwelt durchweg als gelungen begrüßt 2 ; andererseits wurden aber auch zahlreiche Textkorrekturen vorgetragen, insbesondere von A. Hilka, A. Jeanroy, A. Wallensköld und A. Långfors. Da die Ausgabe von Livingston nur noch schwer zugänglich war und im übrigen auch nicht mehr den modernen Editionsverfahren entsprach, war die Vorlage einer modernen Textausgabe schon seit langem ein dringendes Desiderat. Einen ersten, wenn auch sehr kleinen Schritt in diese Richtung machte 1953 A. Henry, als er eine Teiledition, nämlich die Ausgabe der Verse 612-721, erstellte 3 . Man musste aber noch bis zum Jahr 2003 warten, in dem dann M.-L. Chênerie, die schon 1989 eine neufranzöische Übersetzung des Romans veröffentlicht hatte 4 , endlich diese Forschungslücke schloss und eine vollständige Neuausgabe des Textes publizierte 5 . Diese Neuedition erschien, als Lemaire offenbar kurz vor dem Abschluss seines Publikationsvorhabens stand. Er sagt selbst: «Notre travail était quasiment sous presse quand a paru . . . une édition réalisée par Madame Chênerie » (11). In einer solchen Situation, die jeder Wissenschaftler bei der Arbeit an einem Werk fürchtet, gibt es nur zwei Möglichkeiten: entweder gibt man sein Vorhaben auf oder man versucht, sich von dem Vorgänger abzusetzen. Lemaire hat den letztgenannten Weg gewählt. In mehrfacher Weise bemüht er sich, seine Arbeit anders zu gestalten als Chênerie. Zunächst einmal ist die grundsätzliche Zielrichtung seiner Edition eine ganz andere. 317 Besprechungen - Comptes rendus 1 Gligois. A French Arthurian Romance of the Thirteenth Century, Cambridge 1932. 2 Lemaire führt die insgesamt acht zu dieser Edition erschienenen Rezensionen in der Bibliographie an (cf. 225). 3 Chrestomathie de la littérature en ancien français, Berne 1953 ( 2 1960: 127-28). 4 In: D. Régnier-Bohler (ed.), La légende arthurienne. Le Graal et la Table Ronde, Paris 1989: 709-47. 5 Le Roman de Gligois, Paris 2003. Die Edition fand die Aufmerksamkeit folgender Rezensenten: G. Roques in RLiR 67 (2003): 603; F. Le Saux in MAe. 73 (2004): 181s.; C. Jewers in Sp. 80 (2005): 539s. In der Einleitung hebt er hervor: «notre entreprise ne rappelle en rien (! ) celle qu’exécute ordinairement le médiéviste éditeur de textes, qui recherche les copies d’un écrit ancien, les collationne, choisit un manuscrit de base, le corrige éventuellement . . . explique ses options» (8). Ferner will er die Edition von Chênerie verbessern, die nach seinem Urteil aufgrund der zahlreichen Fehler - diese listet er auf insgesamt vier Seiten (11-14) akribisch auf - «insuffisant(e)» (11) ist. Und schließlich kritisiert er, dass die von Chênerie angefertigte Übersetzung des Roman de Gligois eine Vielzahl an Lücken und viel zu freien Übertragungen aufweise, so dass sie «risque de dérouter le lecteur» (10). Nachfolgend werde ich auf die soeben genannten drei Bereiche näher eingehen. Eine wissenschaftliche Textedition im herkömmlichen Sinn ist die Arbeit Lemaires nun fürwahr nicht. Es fehlt eine substantielle Einleitung, in der man über den Inhalt und den literarischen Wert des Textes, über die Text- und Editionsgeschichte, den möglichenAutor/ Kopisten, über die Sprache des Werkes u. a. m. lesen kann. In der kurzen «Introduction» (7-14) werden nur einige ganz summarische Informationen zu diesen Themen auf knapp zwei Seiten (7-8) geboten; der Rest der Einleitung ist der Auseinandersetzung mit der Übersetzung und der Edition von Chênerie gewidmet.Auch einen textkritischen Apparat 6 , ein Glossar und umfassende Kommentare in den Anmerkungen sucht man hier vergeblich. Selbst wenn hier der altfranzösische Text ins Neufranzösische übersetzt wird, wäre ein Glossar sehr hilfreich gewesen. Zu all den genannten und als fehlend monierten Bereichen bietet die Arbeit von Chênerie umfassende Informationen; darum ist sie nach wie vor unverzichtbar. Was nun die Erstellung der Textausgabe selbst angeht, so hat sich Lemaire ausschließlich auf die Edition von Livingston und die dazu erschienenen Rezensionen gestützt. Die Materialien von Foerster und Müller hat er, anders als Chênerie, nicht ausgewertet. Und wiederum anders als Chênerie, die in ihrer Ausgabe, wie er anmerkt, «une attitude ‹interventionniste›» (11) einnehme und «une confiance trop aveugle aux propositions de corrections des recenseurs de l’édition Livingston» (11) zeige, ist seine Haltung «la plus respectueuse possible de la version établie par Ch. Livingston», sie ist «une attitude philologique ‹conservatrice›» (8). Lemaire hat einerseits sehr viele Fehler von Chênerie (und auch Livingston) überzeugend korrigiert; diese Korrekturen werden aber leider nur in einigen wenigen Fällen in den «Notes» (178-213) kommentiert und begründet. So hat er den bei Chênerie fehlenden Vers 2178 anhand von Livingston eingefügt. Und auf dieser Grundlage hat er auch die bei Chênerie umgestellten Verse 713-14, 1131-32, 1413-14 wieder in die richtige Reihenfolge gesetzt. Weitere Beispiele für überzeugende Korrekturen, die aus metrischen, reimtechnischen, grammatikalischen oder inhaltlichen Gründen vorgenommen wurden, liefern die Verse 86, 99, 190, 639, 668, 709, 757, 905, 926, 1078, 1099, 1284, 1326, 1396, 1407, 2330, 2448, 2640, 2680, 2684, 2922. Andererseits hat Lemaire aber auch aus zu großer Treue zu Livingston an zahlreichen Stellen der Edition von Chênerie überflüssige oder falsche Korrekturen durchgeführt 7 : v. 43: en may, un jour d’esté] en m., en j. d’e.: das zweite en ist durch un zu ersetzen, es handelt sich dabei um eine «formule très connue» 8 v. 66: loissir] laissir: überflüssige Korrektur, es handelt sich um zwei dialektale Varianten; v. 619: chief] chiéz: hier muss aus grammatikalischen Gründen der Obliquus chief stehen; v. 741 en] enz: nicht einsichtige Korrektur, en 318 Besprechungen - Comptes rendus 6 Es ist zwar kein einziges Manuskript des Roman de Gligois mehr erhalten. Aber unterschiedliche Lesarten des Textes wären an dem von Foerster und Müller erstellten Material zu ermitteln gewesen. Außerdem hätten die Abweichungen von Livingston und Chênerie im textkritischen Apparat verzeichnet werden müssen. 7 Im Folgenden steht links der Klammer ] die Lesart von Chênerie und rechts der Klammer die von Lemaire. 8 Rezension zu Livingston von A. Jeanroy in: R 62 (1934): 250. ist richtig; v. 747: S’el refuzera] Se r.: das feminine Subjektpersonalnomen kann im Pikardischen ohne End-e stehen; v. 974: gré] gié: nur gré ergibt einen Sinn; v. 1040: Se] Ne: grammatikalisch und inhaltlich falsche Korrektur; v. 1093: liëment] bonement: die Korrektur ist überflüssig, beide Lesarten ergeben einen Sinn; v. 1509: jes] je le: vorher war mit maint . . . homme der Plural angezeigt, darum ist jes = je les zwingend; v. 1559: Li poés] Si poés: nur Li ergibt einen Sinn; v. 1707: cel nus] c. nu: aus reimtechnischen Gründen muss nus stehen; v. 1781: le val] la val: val ist maskulin, darum ist der Artikel le korrekt; v. 1872: l’ajournee] la journee: überflüssige Korrektur; v. 2141: al gésir] et g.: nur al g. = zum Ruhen ergibt einen Sinn; v. 2276: que] qui: beide Formen des Relativpronomens ergeben einen Sinn; v. 2581: Felon] Selon: diese Korrektur «n’a aucun sens» 9 ; v. 2688: l’ont loé] sont loé: Gligois hat Gaben verteilt, deshalb haben die Jongleure ihn gelobt; v. 2868: par un brief] par brief: Chêneries Lesart ist die grammatikalisch korrekte. Hinsichtlich der neufranzösischen Übersetzung des Werkes ist zunächst einmal sehr positiv hervorzuheben, dass bei Lemaire der altfranzösische Text jeweils auf der linken und dessen neufranzösische Übertragung auf der rechten Druckseite steht.Auf diese Weise wird jedem Leser eine problemlose Vergleichsmöglichkeit geboten. Dies ist bei Chênerie leider nicht der Fall. Bei ihr muss man zum einen auf zwei verschiedene Publikationen zurückgreifen. Und außerdem wird der Vergleich von Original und Übersetzung noch dadurch zu einer wahren Sisyphusarbeit, dass anders als bei Lemaire in Chêneries Übersetzung keine einzige Versangabe zu finden ist, durch die ein Bezug zum altfranzösischen Text hergestellt wird. Das Anliegen Lemaires ist es, die Übertragung so anzufertigen, dass sie «la plus précise possible, la plus proche de l’œuvre médievale» (10) ist. Dies ist ihm auch gelungen. Zum einen hat er die insgesamt 37 von Chênerie offenbar aus Unachtsamkeit nicht übersetzen Verse ins Neufranzösische übertragen 10 . Zum anderen hat er die bei Chênerie an zahlreichen Stellen nicht nur viel zu freien, sondern gelegentlich auch falschen Übersetzungen 11 textnäher gestaltet bzw. korrigiert. Insgesamt bleibt festzuhalten: Auch wenn hier keine neue Textedition im engeren wissenschaftlichen Sinn vorliegt, wird mit dieser Studie Chêneries Ausgabe und insbesondere deren Übersetzung in entscheidenden Punkten verbessert. Das ist eine durchaus lobenswerte Leistung, die aus einer äußerst gründlichen Beschäftigung mit dem Stoff hervorgeht. Wie man den Worten Lemaires (10) entnehmen kann, richtet sich die Arbeit an Leser, die in der altfranzösischen Sprache und Literatur keine Spezialisten sind. Für diesen Personenkreis ist das Ausgabe gut geeignet. Arnold Arens ★ Julia C. Szirmai (ed.), Un fragment de la Genèse en vers (fin XIII e -début XIV e siècle). Édition du Ms. Brit. Libr. Harley 3775, Genève (Droz) 2005, 284 p. (TLF 574) Das hier edierte Bibelfragment, in dem Auszüge der Kapitel Genesis 22,24 bis 42,14 in altfranzösische Verse übertragen werden, enthält Teile der Geschichte der alttestamentlichen Figuren Abraham, Isaak und Jakob. Das Fragment wird eröffnet mit der Erwähnung, dass 319 Besprechungen - Comptes rendus 9 Id. 251. 10 Lemaire listet die nicht übersetzten Verse in seiner Arbeit (10) auf; ergänzt werden muss noch der von Chênerie bei der Übersetzung ebenfalls vergessene v. 44. 11 Hier einige ausgewählte Beispiele aus Chêneries Übersetzung. Mit Ch in Klammern wird diese Übertragung angezeigt, die Ziffer führt die Seite an: v. 618-22 (Ch 720), v. 786 (Ch 722), v. 822s. (Ch 723), v. 941s. (Ch 724), v. 1038 (Ch 725), v. 1271 (Ch 728), v. 1308 (Ch 729) u. a. m. aus der Verbindung Nachors, des Bruders Abrahams, mit seiner Nebenfrau Réuma Kinder hervorgegangen sind. Beschlossen wird es mit der Schilderung des Aufenthalts der Brüder Josefs in Ägypten. Obwohl Paul Meyer bereits 1888 auf diese Handschrift aufmerksam gemacht hatte (19), wird sie erst jetzt von Szirmai in einer «editio princeps» zugänglich gemacht. Die Herausgeberin hat nach eigenen Angaben (78) von dem Fragment während ihrer Arbeit an der von ihr besorgten Ausgabe der Bible anonyme 1 Kenntnis erhalten. Der Text, der von einem anonymen Autor im anglonormannischen Dialekt geschrieben wurde, ist in nur einem einzigen Ende des 13./ Anfang des 14. Jahrhunderts entstandenen Manuskript überliefert. Das Fragment, dessen Anfang und Ende fehlen, hat einen Umfang von nur 2148 Versen, «dont 25 vers corrompus» (42) 2 . Das vorherrschende Versmaß ist zwar der 10-Silbner; zahlreiche Verse sind aber auch 12- und 8-Silbner sowie «vers irréguliers» (45). Szirmai stellt der Textedition einen sehr langen und inhaltlich umfassenden Einleitungsteil (11-126) voran. Zunächst werden in den knappen Abschnitten «Avant-propos» (11) und «Introduction» (19-22) allgemeine Informationen zum Genesisfragment geboten. Es wäre besser gewesen, auf diese Darlegungen zu verzichten; denn das Meiste von dem, was hier gesagt wird, wird auf den nachfolgenden Seiten (zum Teil mehrmals) in gleicher oder leicht variierter Sprache wiederholt. Sodann schließt sich das lange Kapitel «L’auteur et son ouvrage» (23-126) an. In diesem wird kurz über das Manuskript (23-25) und ausführlich über die Sprache sowie das Metrum der Handschrift gehandelt (25-51). Alsdann folgt eine Übersicht über den Inhalt des Textes, die erfreulicherweise mit der Angabe der jeweils von dem anonymen Autor benutzten Quellen versehen ist (51-55). Den größten Raum in diesem Abschnitt nimmt dann berechtigterweise die sehr detaillierte Quellenanalyse ein (55-117). Denn «(l)’intérêt de ce fragment biblique réside entre autres dans l’emploi que fait l’auteur de ces diverses sources» (56). Vermutungen über den anonymen Autor und das Publikum, das er erreichen wollte, schließen den Einleitungsteil ab (118-26). Die Quellenanalyse, die insgesamt überzeugend ist, liefert ein beredtes Beispiel für das umfassende Wissen der Editorin. «(D)ans un ordre qui suit l’importance des emprunts» (62) wird hier eine Fülle von lateinischen wie auch altfranzösischen Texten angeführt, aus denen der Autor geschöpft hat. Zum Teil werden auch, und das ist sehr schön, Quellenauszüge und Textpassagen des Genesisfragments in synoptischer Form gegenübergestellt (cf. 63-64, 69, 91, 93-101). Konkret wird nachgewiesen: Die Historia scholastica des Petrus Comestor «est à la base du texte: l’auteur suit de près non seulement le contenu, mais aussi la division en chapitres de l’HS 3 » (62). Natürlich ist die Vulgata «(le) point de départ» (56) des Autors, deren Text er in allen Fällen, in denen er nicht der HS folgt, einerseits ziemlich treu übernimmt, andererseits aber auch resümiert, amplifiziert oder mit erklärenden sowie moralischen Kommentaren versieht. Eine ganz bedeutsame Quelle des Fragments ist Li Romanz de Dieu et de sa Mere von Herman de Valenciennes. Gemäß Szirmai hat sich der Autor «servi d’une version inconnue jusqu’à présent . . . version plus étendue» (79) als die heute bekannte. Insgesamt dürfte etwa die Hälfte der insgesamt 2148 Verse aus HdV entlehnt sein. Es sind dies insbesondere die Passagen, welche die Geburt Jakobs und Esaus sowie deren Segnung durch Isaak und außerdem das Leben Josefs in Ägypten darstellen. Als weitere Quellentexte sind anzuführen die Glossen, etwa Aurora von Petrus Riga, exegetische Texte 320 Besprechungen - Comptes rendus 1 J. C. Szirmai (ed.); La Bible anonyme du Ms. B. N. f. fr. 763, Amsterdam 1985. 2 In der Ausgabe werden die verstümmelten Versstellen durch [. . .] gekennzeichnet. Ich zähle nur 24 und nicht 25 Verse mit einer solchen Kennzeichnung. Aber das ist eine Bagatelle. 3 HS = Historia scholastica; und nachfolgend HdV = Herman de Valenciennes, Li Romanz de Dieu et de sa Mere. (von Isidor von Sevilla,Augustinus, Rabanus Maurus u. a.) sowie Flavius Josephus und zahlreiche altfranzösische Texte, darunter auch Übersetzungen der Bibel. Es liegt in dem Fragment also ein «enchevêtrement de ces sources» (57) mit «transitions d’un emprunt à l’autre» (59) vor. Dabei ist das Besondere nicht die Vielzahl der Quellen, sondern «surtout le caractère varié de ces sources» (115). Ob diese Quellenauswertung und -verflechtung das Werk des Autors ist oder ob ihm vielleicht eine Kompilation bereits vorlag, ist nicht zu entscheiden. Ebenso muss die Frage offen bleiben, ob der Autor die lateinischen Quellen im Original oder in einer schon vor ihm durchgeführten Übersetzung gelesen hat. Insgesamt stellt der Einleitungsteil eine überzeugende Leistung dar. Besonders die Quellenanalyse verdient Anerkennung. Der Wert dieser Darlegungen hätte aber noch gesteigert werden können, wenn Szirmai auf die immer wiederkehrenden Redundanzen verzichtet hätte. Hier einige Beispiele dafür, dass bereits Gesagtes an einer oder auch mehreren Stellen in derselben oder leicht variierten Formulierung wiederholt wird. «notre fragment est tronqué du début et de la fin» (20), wiederholt 42, 55; «il (= l’auteur) emprunte presque la moitié de ses vers . . . à une version inconnue de la «Bible» [sic! ] d’Herman de Valenciennes» (21), wiederholt 45, 116, 125; «on peut lire la plupart des vers comme des décasyllabes» (43), sechs Zeilen später beinahe wörtlich wiederholt; «Meyer qualifie la langue . . . de ‹barbarie›» (22), wiederholt 25, Fußnote 8; «L’intérêt de notre fragment résidant surtout dans ses rapports avec d’autres textes» (22), wiederholt 56; «les irrégularités caractéristiques de la versification» (25), wiederholt 42; die 51-55 gebotene Auflistung wird in gekürzter Version 58-59 wiederholt u. a. m. Außerdem, aber das ist nur ein Detail, ist in folgendem Zitat «Le poème contient 1074 rimes» (48) die Zahlenangabe falsch; in Wirklichkeit sind es 1034 Reime. Bei der Analyse des Metrums bleibt für mich die Aussage vollkommen unverständlich, man habe im Text «214 vers irréguliers (10,1 %, dont 2 de 7, 100 de 9,99 de 11,8 de 13 et 1 de 14 syllabes)» (45). Und es ist ein Widerspruch, einerseits zu sagen, es sei unmöglich «de savoir quel était son public» (56) und andererseits später über diese Frage Spekulationen anzustellen (120-22). Bei der Erarbeitung der Textedition selbst ist es richtigerweise Szirmais Prinzip, «(de limiter) au minimum les interventions éditorales» (127). Sie hat nur evidente Fehler des Textes korrigiert und dabei die zurückgewiesene Lesart in einer Anmerkung am unteren Rand der Seite vermerkt. [. . .] zeigt Lücken im Manuskript an; [ ] markiert von der Editorin vorgenommene Hinzufügungen und ( ) Auslassungen. Die Edition ist insgesamt mit größter Sorgfalt erstellt worden. Insbesondere überzeugt die Korrektur der zurückgewiesenen Lesarten der Handschrift. Gelegentlich wurde aber, soweit mir aufgefallen ist, unnötigerweise durch Hinzufügungen in den Text eingegriffen: v. 9 Abraham pleynt et pluré [[l’] out: die Einfügung des Personalpronomens ist überflüssig, der Sinn: Abraham hat geklagt und geweint; v. 403 Ysaac [fu] de quaraunte anz: die Altersangabe ist als Apposition zu betrachten, darum kann auf das Verb verzichtet werden; v. 628 vint a luy [luy] roi de Geraree: eine für mich unerklärliche Ergänzung; v. 676 Ysis, [fu] en Egipte menee: ohne Verb, da als Apposition zu betrachten; v. 800 [li] fiz de ta maysun: ohne Artikel, da eine Aufzählung fiz . . . roiz e princes vorliegt; v. 1412 pas n’ad [mis en] ubli: aus inhaltlichen Gründen eine überflüssige Einfügung. Außerdem hätte an einigen wenigen Stellen, an denen die Editorin eine Lücke anzeigt, eine Emendation vorgenommen werden können, etwa: v. 871 [. . .] mon pere deit murrer] [Qe] mon p.; v. 1435 Fas ce qe Deux [. . .] Fas ce qe Deux [velt]; v. 1461 [. . .] de tun aver od lui ad quit] [meynt] de tun aver. Die Edition wird ergänzt durch Anmerkungen zum Text (193-226), welche «observations codicologiques, philologiques et linguistiques, corrections proposées, renvois aux textes utilisés et aux sources» (193) enthalten, ein sorgfältig erstelltes, aber nicht vollständiges Glossar (227-61), eine umfassende Bibliographie (263-73) und erstaunlicherweise erst danach Indices (275-82). 321 Besprechungen - Comptes rendus Die Fachwelt kann Szirmai dafür dankbar sein, dass sie erstmalig eine insgesamt überzeugende Gesamtedition dieses kurzen Bibeltextes vorgelegt und diesen in exhaustiver Weise im Einleitungsteil untersucht hat. Damit liefert diese Arbeit einen wichtigen Beitrag zur Erforschung der altfranzösischen Bibelübersetzungen/ -adaptationen in Prosa- oder Versform. Arnold Arens ★ The Old French Ballette. Oxford, Bodleian Library, MS Douce 308. Edited, translated, and introduced by Eglal Doss-Quinby and Samuel N. Rosenberg; music editions and commentary by Elisabeth Aubrey, Genève (Droz) 2006, clxii + 546 p. (Publications romanes et françaises 239) Compilé au début du XIV e siècle, le chansonnier français I constitue l’une des collections les plus précieuses de poésie lyrique médiévale, avec un nombre élevé d’unica, le regroupement d’une production lyrique lorraine spécifique et une structure anthologique singulière de textes regroupés par genres, dont certains nous sont essentiellement connus à travers lui, puisque, outre la section des grans chans et celle des jeus partis qui représentent des regroupements largement illustrés par la tradition manuscrite, ainsi que celle des pastorelles qui est par contre l’un des rares regroupements connus du genre, on trouve 19 estampies, 188 balletes et 22 sottes chansons contre amours. L’ensemble avait reçu une édition en 2005 par M. Atchison 1 . Le présent ouvrage constitue la première édition critique de la section des balletes; elle permet de réviser sur certains points la régularisation abusive à laquelle avait procédé Gennrich, dans ses Rondeaux, Virelais und Balladen (1921, 1927). Les éditeurs ajoutent l’édition des mélodies dont I est dépourvu, mais qui ont pu nous être conservées dans d’autres manuscrits, qu’il s’agisse de strophes ou de simples refrains. Copieuse (90 pages), l’introduction donne une étude solide du genre, de l’hapax qui le désigne, de la versification et de la thématique abordée; une présentation du manuscrit: histoire, description, datation, rapport avec d’autres chansonniers, l’organisation par genres; une étude de la section concernée: présentation, disposition des textes, couplets et refrains, doubles rédactions, inclusion accidentelle de textes relevant d’autres genres, variantes dans d’autres sources (ceci concerne dix textes plus une trentaine de refrains), langue et signes d’abréviation, musique (source et rapports avec la forme métrique); les conventions d’éditions. Deux copistes sont intervenus sur cette section qui comporte 177 textes en copie simple ou double (14 cas); parmi ceux-ci, 10 seulement sont connus par d’autres sources qui nous ont transmis six transcriptions musicales auxquelles il eût fallu ajouter celle du modèle occitan du n° 182 (cf. infra). Trente-trois refrains se retrouvent dans d’autres textes composés dans le Nord de la France, dans la seconde moitié du XIII e siècle ou peu après, et onze d’entre eux se retrouvent dans des motets, tous conservés dans le fameux ms. de l’École de médecine de Montpellier. Quelques textes ont été visiblement déplacés: dix pièces sans refrains qui auraient dû figurer dans la section des grands chans, en groupements souvent continus (n° 70-74, 182-85) et deux rondets, auxquelles il faudrait ajouter un motet (voir infra à propos du n° 136a). Suivent vingt-et-une tables dont l’intérêt pratique est incontestable. La première inventorie les pièces listées ou non dans l’index du chansonnier, les pièces qui y sont ou non numérotées et les doubles rédactions. Les autres renseignent surtout sur la forme des pièces: 322 Besprechungen - Comptes rendus 1 M. Atchison, The Chansonnier of Oxford Bodleian MS Douce 308. Essays and Complete Edition of Texts, Burlington VT/ Aldershot. type de structure formelle, nombre de couplets, types de réseaux rimiques employés, nombre de vers de la strophe et du refrain, schémas métriques et rimiques 2 , emploi d’assonances, type de relation entre refrain et couplet, présentation du refrain et de ses reprises dans le ms., refrains employés dans d’autres contextes, autres versions, doubles rédactions. Suivent des concordances avec les répertoires de Spanke (refonte de Raynaud) et de Mölk et Wolfzettel. Une même table peut se présenter à deux reprises en intervertissant l’ordre des entrées, de façon à faciliter le repérage des informations recherchées. La liste des incipits numérotés (abecelaire) que fournit le ms. est d’abord donnée. Chaque texte édité est accompagné des notes habituelles et d’une traduction. Une indication spécifique de genre est parfois donnée lorsqu’il ne s’agit pas d’une thématique amoureuse ordinaire ou d’une pièce à refrain: chanson avec des refrains, de rencontre, d’ami, d’ami dialoguée, de malmariée, de clerc (n° 45), de jongleur (n° 182), pastourelle (n° 97, 113, 120). On déplorera cependant que les vers, souvent hétérométriques, soient systématiquement alignés à gauche, mais surtout que l’ouvrage n’ait pas été accompagné d’index et de glossaire pour des textes qui présentent pourtant de nombreuses formes (olz rimant en -alz n° 26; ameihuwe n° 62; essescis n° 48; aligis n° 70; pessue n° 136a; ruwelete n° 171; adj. amorais en rime avec compas n° 182) ou noms propres dignes d’intérêt. On y trouve en revanche une très complète bibliographie. Dans leurs tables des formes strophiques (VIA à VIII), les auteurs notent la variation syllabique d’une syllabe qui affecte quelques pièces sous la forme 10/ 11 (n° 131). En revanche, ils ne donnent pas de formules pour les pièces qu’ils estiment présenter une structure métrique irrégulière (notées «xxxxx»). Il est pourtant parmi elles quelques cas qui ne présentent qu’une anisométrie bien localisée, comme au n° 134 où le v. 9 peut avoir 11 ou 12 syllabes, qui pouvaient être pleinement pris en compte. La syllabe surnuméraire de la césure épique, en particulier dans les vers de 5 + 5 syllabes, est tantôt prise en compte, le vers étant alors noté 11 (ex. n° 31), tantôt non (n° 38, 85, 159) Les éditeurs adoptent une attitude pragmatique dans la prise en compte ou non des rimes internes en fonction du contexte métrique; il y a rime interne là où le lien n’est pas toujours assuré (n° 18, 38, 101) 3 , où elle fait l’objet d’un renouvellement contrairement aux rimes environnantes (n° 45) avec le cas échéant un changement de genre, quitte à perdre le lien structural entre cauda et refrain (n° 63); il y a deux vers distincts dans les autres cas (ex. n° 13, 44). Faut-il bien diviser Comment savrait elle donc Les malz ke j’ai (n° 17) en deux vers, alors que E! amiete doucete, je vous ai n’en constitue qu’un (n° 13), alors qu’il s’agit dans les deux cas d’un hendécasyllabe sous-jacent accentué sur la septième position? Le refrain du n° 31 est nettement divisé par la rime en quatre vers (5’C 4B 5C’ 5B), non en deux (10B 11B), et les auteurs semblent justifier leur division sur la mesure des trois premiers vers en 5 + 5, mais la différence de genre des césures rend ce choix contestable 4 . Les ennéasyllabes du n° 160 où nul espacement significatif n’indique la présence d’une rime interne sont également à diviser en deux parties: 3a 6b 3a 6b; et si l’on suit le traitement du n° 45, les vers 3 et 4, 5 et 6 auraient dus être réunis deux par deux, car la rime y est renouvelée à chaque couplet 323 Besprechungen - Comptes rendus 2 Le genre des rimes n’est curieusement pas pris en compte dans ces tables. Les refrains sont démarqués par l’utilisation d’italiques, tant dans les formules de mètres que celles de rimes, ce qui ne rend pas toujours évidente leur identification. Cette indication est redondante dans les tables VIIA à VIII comme dans les formules métriques de l’édition, les majuscules indiquant déjà l’appartenance au refrain (nous n’emploierons que les majuscules dans le présent c. r.). 3 Les auteurs acceptent cependant des vers sans rime, comme au n° 45 où 5.5 n’est pas rimé et où, de plus, la terminaison masculine est cause d’une hypométrie (voir aussi N8). 4 Au contraire de celui que font les auteurs au n° 80, avec un refrain de deux octosyllabes divisés par une rime brisée en 4 + 4. (3b’ 8c 5 3b’ 6c), mais les auteurs ont visiblement voulu maintenir ici (avec raison) le parallélisme avec le refrain 6 . Le traitement des refrains fait souvent apparaître des vers non rimés, choix qui s’appuie souvent sur l’environnement métrique là où rien n’interdit de voir un seul et unique vers, césuré ou non: ainsi des premiers refrains du n° 8: 3C’ + 6B (décasyllabe à césure lyrique), 4C + 4B (octosyllabe); celui du n° 46: 5C 5D’ 5C est à ramener à 5C 10C, le problème étant en tout point semblable à celui du n° 38 et, au genre près, à celui du n° 39. Parmi les textes égarés dans la section se trouve le n° 139, Amours m’ont si doucement (R658), pièce sans refrain qui, selon Ch. Page, aurait été destinée à la section des grands chans et se serait vue rattachée aux balletes en raison de ses trois couplets. Il s’agit selon nous d’une pièce qui aurait dû appartenir à la section des estampies en raison des nombreuses affinités qu’elle partage avec la plupart des pièces de ce genre 7 : monométrie et surtout structure mélodique de punctum unique, avec une nette différenciation des cadences de l’ouvert et du clos, qu’il convient d’analyser ainsi 8 : I a a a x a a a a a a II-III a a a a a a a a a a 7 7 7 7 4 7 7 7 7 6 A B B’ C D A B B’ C D’ Les auteurs considèrent que le n° 136a est une composition hétérostrophique, où le refrain initial aurait été repris après les deux strophes hétérogènes qui le composent. Pour s’agir dans les deux cas d’une voix féminine, il semble toutefois que le lien entre les deux soit des plus ténus: le motif de la vieille qui déplore de n’avoir jamais été aimée est explicite dans le refrain et la première strophe, mais il est absent de la seconde où une femme amoureuse s’adresse à un interlocuteur absent qui voudrait lui interdire d’aimer et auquel elle tient tête. Cette strophe est en outre entée sur un refrain, technique typique que l’on rencontre dans des voix de motets où le refrain du reste peut se retrouver (Vos lou me deffendreis l’ameir,/ Et par Deu je l’amerai.) Il fallait par conséquent diviser le n° 136 du ms. en trois parties et non en deux 9 , et on supprimera la reprise du refrain Trop me repent à la fin de la seconde pièce. Voici à présent diverses corrections, à reporter également dans les tables VIA-VIII lorsqu’elles portent sur des aspects métriques: - xxxvi, n° 18: la notion de rims estramp ne correspond en rien à des vers «which rhyme only from stanza to stanza», et une telle définition ne convient certainement pas pour des refrains. Les auteurs pensent en fait à des rimes interstrophiques (rims dissolutz) 10 que l’on peut relever aux seuls n° 9, 26, 39, 122, 138, 150 (assonance) et 180. 324 Besprechungen - Comptes rendus 5 En fait 6c plus deux syllabes en écho: Jant cors ke choisi ai, ai, ai. 6 Cf. n° 158 où c’est le refrain qui contient un vers non rimé: . . . 7b 5c 7b 4c 7B 6C 7D 4C (à noter la légère asymétrie 5c/ 6C; l’identité de ‘b’ n’est pas assurée: -eis ou -ez dans le corps des couplets, -eit dans le refrain, avec ‘a’ = -eir); voir aussi les n° 11, 78, 157, 180 et 181. 7 Cf. P. Cummins, «Le problème de la musique et de la poésie dans l’estampie», R 103 (1982): 259- 77; D. Billy, «Les traces métriques de la musique dans l’estampie lyrique», R 108 (1987): 207-29. 8 Les auteurs réduisent le dizain d’un vers en réunissant les vers 4-5 au motif que la rime fait défaut dans le premier couplet, bien qu’ils admettent ailleurs des vers non rimés comme aux n° 45 avec un changement de genre qui entraîne un déficit d’une syllabe (4b’ 4x), 53 (7a’ 7x) et 54 (5c 5x). Le schéma mélodique p. 403 est erroné puisqu’il s’articule sur huit vers et non neuf, sous une forme qui suppose la réunion des deux derniers vers. 9 Les auteurs donnent le n° 136b à ce qui est une double rédaction du n° 134 (chanson avec des refrains). 10 Cf. nos «Remarques inédites sur les stramps catalans», in: D. Billy/ A. Buckley (ed.), Études de langue et de littérature médiévales offertes à Peter T. Ricketts à l’occasion de son 70 ème anniversaire, Turnhout, 2005: 531-43. - lxiv, l. 11 a. f.: lire 136a, non 136b. - lxxxi: le schéma mélodique («music») du refrain du n° 66 est C’ C, non D D’ (corr. aussi p. 203). Le schéma rimique («poetry») du corps de la strophe du n° 36 est à noter c c b B a, non c c a B a; son schéma mélodique est à rectifier en a’ au v. 8 (non a). - lxxxii: le schéma est incomplet et fautif en divers points; voir p. 403 et nos observations supra et N8. - lxxxiv: le schéma rimique du n° 11 n’est pas a’ b a’ b b a’ b B A’ B, mais a’ b a’ b a’ b a’ A’ C A’ (32). Il faut préciser que «Jehannot’s poem» désigne L 162-8. - lxxxv: comme il est dit dans le commentaire, le refrain du rondeau de Jacques d’Amiens (il s’agit de B 92, L 101-5, MW 416) ne s’organise pas en 3A 8B mais en 7A’ 3B (hendécasyllabe accentué sur la septième syllabe) - cxxiii: le schéma métrique du n° 134 est à rectifier en 7 5 7 5 5 7 7 5 + 11/ 12, non . . . 7 7 + 5 11. - N° 18: 3.2 lire aporte, non aportë (il y a élision). - N° 38: refrain, corr. 10B en 11B. - N° 47: le recours systématique à la rime grammaticale simple (failli: faillie) ou équivoquée (de fin: define) méritait d’être signalé. - N° 51: nous diviserions volontiers Bon, bon, bon, bon, va burelidon en deux vers (4B 5B), d’autant plus que va burelidon semble faire écho au second vers des pedes (Et de son bordon etc.) - N° 63: il aurait fallu réunir les vers du refrain deux à deux en laissant apparaître une rime interne pour garder la symétrie avec la cauda (ou alors diviser les vers 5 et 6 en deux, ce qui eût été moins bon compte tenu de l’instabilité de la rime interne dans la cauda, tant au point de vue de son genre que de son identité: -i, -oie, -i(r)e [se rattachant ainsi à la rime ‘a’, en -ie]). - N° 70: le v. 7 a partout 5 syllabes, non 7. - N° 90: il n’y a pas de rime ‘c’ au troisième couplet dont le schéma rimique n’est pas «notably different» des autres couplets au point de faire douter les auteurs de son authenticité; il s’agit simplement d’une carence de la rime ‘a’, et les auteurs auraient dû noter, conformément à leur habitude dans des cas semblables 11 «-ai, -x» pour la rime correspondante. - N° 93: la première rime (dialectale) dans le couplet V n’est pas en -iere (chiere: dire), ce que font du reste remarquer les auteurs dans leur commentaire. - N° 96: signaler en 5.1 la syncope dans avereis. - N° 97: le second vers du refrain est vraisemblablement un heptasyllabe masculin, où il faudrait ainsi lire: Sa delariré donné. - N° 101: il faut sans doute effectuer un hiatus au premier vers du refrain qui compterait alors huit syllabes: douchettë, o! En 2.1 il faut lire meire, non meirë en faisant la liaison avec i venoit; la mesure globale du vers est certes alors déficiente d’une syllabe, mais on obtient un premier hémistiche masculin de sept syllabes (féminin dans les autres vers semblables) au lieu de huit. Le v. 11 a 11 ou 12 syllabes selon que l’on admet ou non la liaison entre ramee et o, pas sept. Nous doutons que tout rime avec l’interjection o. - N° 110: il faut de toute évidence diviser le v. 8 en deux en isolant l’interjection Dieus! , qui se trouve alors suivie d’un décasyllabe commun 4 + 6 conforme aux autres vers (le tétrasyllabe final étant mis de côté). - N° 111: la division des deux vers du refrain en deux segments sur une même ligne fait apparaître la césure probable de cet hendécasyllabe 7’ + 3, mais ce n’est pas l’usage ordinairement suivi par les éditeurs (cf. refrain du n° 50 ou 91). 325 Besprechungen - Comptes rendus 11 Cf. N8. - N° 123: la rime ‘b’ serait en «-is, -it», mais seul 2.9 diverge: K’il me samble voir ce dit; le rétablissement de la marque du cas sujet semble par conséquent devoir s’imposer. - N° 124: l’absence régulière de rime aux vers 1 et 3 aurait dû amener à leur regroupement avec le vers suivant en des longs vers de 7’ + 7 syllabes, même si la cauda et le refrain qui reprennent cette structure métrique présentent une rime à la césure justifiant leur division. - N° 127: il faut voir un hiatus (et sans doute une forme tonique) au premier vers du refrain: doi jë avoir (5 + 6). - N° 130: on peut se demander si, du fait de leur singularité, les vers 1 et 2 du second couplet n’auraient pas dus être divisés en deux au niveau de la rime interne: 7a 7b 7a 7b 8c 8C au lieu de 14a 14a 8b 8B (ce sont des vers de 7 + 5’ syllabes dans les trois autres couplets, sans rime interne). - N° 131: la régularisation à laquelle procédait Gennrich pour le v. 4 reposait sur une évidence, à savoir la mesure 5 + 6 du second vers du refrain sur laquelle s’aligne bien les vers 1.4 et 3.4 correspondant au second vers de la cauda qui constitue alors une préparation parfaite du refrain; la lecture aië au v. 2.4 ne peut par conséquent pas être complètement écartée. - N° 132: indépendamment de la question de la rime, irrégulière, on peut postuler une lacune d’un vers heptasyllabique entre les vers 3.3 et 3.4 ou 3.4 et 3.5. - N° 136a: 1.7: 6c’, non 6b’. Voir aussi notre commentaire supra en ce qui concerne la seconde strophe. - N° 139: cf. notre commentaire supra. - N° 147: il aurait fallu faire apparaître la rime brisée au sein du refrain (amors: tos jors), comme au n° 80. - N° 182: il ne s’agit pas d’une «Old French version» de la chanson des souhaits de Pistoleta, ni simplement d’une pièce qui en est inspirée comme il est dit p. lxvi, mais certainement d’un contrafactum dont le quatrième couplet est par contre une traduction fidèle du premier couplet occitan. Il aurait par conséquent été pertinent de transcrire la mélodie du ms. U (f° 82r) et celle d’une adaptation française contenue dans O (f° 125a) 12 . Dominique Billy ★ Susanne Röhl, Der «Livre de Mandeville» im 14. und 15. Jahrhundert, München (Wilhelm Fink Verlag) 2004, 276 p. (Mittelalter Studien 6) Nell’importante volume, curato da Ernst Bremer e Susanne Röhl, dal titolo Jean de Mandeville in Europa, frutto della collaborazione di vari studiosi, C. W. R. Moseley, trattando del regno delle Amazzoni, di cui Mandeville racconta nel Livre de voyages, osserva fra l’altro: «The descriptions of the Empires of Priester John and the Khan were using traditional motifs to set up an idea of good government which, like that of the Amazons, was a reproach to the rulers of a Europe wracked by ‹amor sui›, strife and social unease» 1 . C’è, a nostro avviso, un passo nel libro in cui lo scrittore medioevale sembra mostrare più apertamente la propria concezione del potere e della regalità; è in una delle isole del Prete 326 Besprechungen - Comptes rendus 12 Cf. H. van der Werf (ed.), The Extant Troubadour Melodies, Rochester, New York (1984): 280*-81*. 1 C. W. R. Moseley, Mandeville and the Amazons, in: E. Bremer/ S. Röhl (ed.), Jean de Mandeville in Europa. Neue Perspektiven in der Reiseliteraturforschung, München 2007: 76. Gianni, quella «ou les femmes font grant duel quant li enfant naissent, et quant il muerent se font grant joie et grant reviel et grant fieste» 2 , in una sorta di mondo alla rovescia, ove democrazia e potere assoluto si intrecciano, che si esprime l’ideale di Mandeville circa la sovranità: En ceste isle on fait toudis .i. roy par election. Et si ne l’eslist on point le plus noble ne le plus riche, mais chelui qui a estét de boinnes meurs et droituriers et que il soit de grant eage et que il n’ait nul enfant. Et en ceste ysle sont il moult droiturier et font droit jugement de chascun, et dou grant et dou petit, selonc le meffait que il aura fait. Et se ne puet li roys jugier homme a mort sans le conseil de ses barons; et convient que toute li cours si acorde. Et si li roys meïsmes fait .i. mourdre ou aucun kas de creinme, il le covient mourir, ausi bien comme .i.autre; non pas que on mette main a lui ne que on l’ochie, mais on deffent que nulz ne soit si hardis qu’il li fache compaingnie, ne que on parole a lui, ne que on li vende ne dounne riens, ne que nulz l’ose servir, ne li doinst a mangier ne a boire. Et ensi le convient morir en kaitivetet. Il n’espargnent nullui qui aist meffait, ne pour amour, ne pour favour, ne pour rikeche, ne pour nobleche, que on ne li face droit selonc le meffait 3 . Non dimentichiamo poi, come osserva Zambon, che Il Medioevo è forse, nella storia dell’Occidente, l’epoca che ha più riflettuto e sognato intorno alla figura del re, nei suoi aspetti politici come in quelli mitici, simbolici, immaginari. Alle soglie della modernità che ne avrebbe sgretolato a poco a poco i contorni, la civiltà medievale seppe pensare e rappresentare la regalità come certezza e come dubbio, come potenza e come infermità, come trionfo e come rimpianto 4 . Potremmo dunque considerare il Livre non solo come una «moral interrogation of those who have not strayed beyond their own European borders», come prospetta Moseley (2007: 75), ma anche come un susseguirsi di interrogativi sul potere politico e la sua gestione, e in ispecie sulla maniera di operare la giustizia, nel XIV secolo in Occidente. Il libro di Mandeville, come è noto, ha una complessa tradizione testuale: l’originale, redatto in anglo-normanno, conobbe rilevante fortuna, grazie anche, come sottolinea Christiane Deluz, all’attività di traduzione e di copiatura svolta nelle abbazie e nei conventi 5 . Purtroppo l’originale è andato perduto: due versioni diverse in antico francese ci sono pervenute: alcuni ms. sono raggruppati nella Versione Insulare (o Norman French Version), altri invece sono ascritti alla Versione Continentale, nella quale si colloca la cosiddetta Versione di Liegi, caratterizzata dalla presenza di varie interpolazioni. Della Versione Insulare, di cui abbiamo 25 ms., taluni di mano inglese e altri esemplati da copisti francesi, Christiane Deluz ha curato un’edizione 6 utilizzando come «texte-guide» 327 Besprechungen - Comptes rendus 2 Ms. P, c. 97r. Il ms. P (Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, 3219) si pone tra i ms. migliori della Versione Continentale. Josephine Bennet lo collocava con P14 nel «Q-text». Cf. J. W. Bennet, The Rediscovery of Sir John Mandeville, New York 1954: 273-74. Per le sigle si segue G. de Poerck, «La tradition manuscrite des Voyages de Jean de Mandeville», Romanica Gandensia 5 (1955): 127-29. 3 Ms. P, c. 97v. 4 Cf. F. Zambon, «Premessa», in: C. Donà/ F. Zambon (ed.), La regalità, Roma 2002: 10. 5 Ch. Deluz, «L’originalité du Livre di Jean de Mandeville», in: Bremer/ Röhl 2007: 17. 6 Una precedente edizione, basata su quattro testimoni insulari, era stata curata da Warner sul finire dell’Ottocento: G. Warner, The Buke of John Maundeuille, being the Travels of sir John Mandeville, Knite 1322-1356, Westminster 1889. il codice Harley 212 della British Library di Londra, indicato con la sigla Lo2: si tratta di un ms. membranaceo, risalente alla fine del XIV secolo, ritenuto «bonne copie», carico di «marginalia», fra cui annotazioni di mano di John Dee. Probabilmente è stato quest’ultimo elemento che ha indotto la studiosa a preferire tale codice ad un altro, ugualmente affidabile, ascrivibile al 1375: il ms. New York, Pierpont Morgan Library, M. 957 siglato NY, che custodisce fra l’altro una lettera di dedica a Edoardo III d’Inghilterra 7 . Dei ms. della Versione Continentale è stato edito, negli anni cinquanta a cura di Letts, solo il codice più antico, siglato P13: è il ms Paris, BNF, Nouv. acq. fr. 4515, copiato nel 1371 da un famoso calligrafo, Raoulet d’Orléans, e destinato poi a Carlo V re di Francia 8 . Lo stesso editore constatava che P13 purtroppo era gravato da errori e incomprensioni del modello (Letts 1953: 34). Bisogna notare in proposito che Raoulet d’Orléans, raffinato calligrafo, «scholarly and well-informed man» (Bennet 1954: 142, 145) ricorre proprio alla litote per svelare, senza averne l’aria, le numerose manchevolezze del modello da cui copiava: egli infatti confessa solo, in una rapida annotazione, di non aver potuto scrivere un alfabeto perché non aveva «lexemplaire» (cf. Letts 1953: 412) (ovvero la copia corretta) 9 . Il recente accurato studio di Susanne Röhl, intitolato Der «Livre de Mandeville» im 14. und 15. Jahrhundert, è dedicato ai 28 testimoni della Versione Continentale, che rimanevano ancora «terrae incognitae». Spetta alla studiosa il merito di aver esplorato questa tradizione manoscritta con grande meticolosità. Non dimentichiamo che recentemente, grazie alla stessa, è stato rinvenuto alla Biblioteca nazionale di Parigi un altro ms. del Livre di Mandeville, indicato con la sigla P16 (Nouv. acq. fr. 14313). Nel libro che esaminiamo la studiosa fornisce anzitutto una dettagliata descrizione (p. 34- 141) di tutti i ms. continentali e della loro storia, includendovi il ms. Paris, BNF, Fonds Smith- Lesouef 65, indicato con la sigla P15, che Seymour 1964/ 1993 10 collocava nella Versione Insulare. Nella sua indagine Susanne Röhl perviene a delineare i rapporti fra i ms. attraverso una collazione parziale, che concerne sia gli alfabeti esotici, dei quali redige delle tabelle di raffronto (p. 157, 159-60), sia il prologo, del quale sono privi i ms. P1 (Paris, BNF, Fr. 1403), P10 (Paris, BNF, Fr. 20145), P15 (Paris, BNF, Fonds Smith-Lesouef 65) e R2 (Roma, Biblioteca Apostolica Vaticana, Reg. lat. 837). La studiosa prende poi in considerazione il dettaglio topografico relativo alla distanza tra Aquisgrana e Liegi, che in P13 è «a vii lieues du liege» (p. 146). Il dettaglio, che era stato individuato da Bennet 1954: 145, manca nei testimoni insulari, ad eccezione dei ms. Be3 e P12, che, analogamente a P15 (che viene ascritto oggi alla Versione Continentale), costituiscono degli «ibridi» in quanto contengono un testo che fa parte della Versione Continentale per una sezione e per un’altra rientra nella Versione Insulare. Si tratta a ben guardare di una semplice glossa e quindi si riduce a un elemento di secondaria importanza: lo stesso de Poerck 1955: 132 lo considerava «manifestation d’un esprit de clocher» da parte di un copista (o di un lettore) del territorio fra Liegi e Aquisgrana. Molte copie del Livre, come è noto, sono disseminate di «marginalia»; spesso poi avviene in ms. medioevali che il testo finisca con l’inglobare più di una glossa. E i «marginalia», come annota Christiane Deluz 2007: 19, si moltiplicano nelle parti in cui Mandeville racconta dei «mirabilia». Alle 328 Besprechungen - Comptes rendus 7 Cf. Ch. Deluz (ed.), Jean de Mandeville: Le livre des merveilles du monde. Édition critique, Paris 2000: 36-38. 8 Cf. M. Letts 1953, Mandeville’s Travels. Text and Translations, London. 9 Circa i ms. del Livre riteniamo importante il principio «recentiores non deteriores». 10 Cf. M. C. Seymour, «The scribal tradition of Mandeville’s Travels: the Insular Version», Scriptorium (1964): 34-48; Id., Authors of the Middle Ages. English writers of the Late Middle Ages, vol. 1, Aldershot 1993: 46. annotazioni marginali nei testimoni del Livre di Mandeville del resto Rosemarie Tzanacki 2003 11 ha dedicato la sua attenzione. La collazione, sempre attenta, della nostra si estende ad un’altra aggiunta che compare solo in un numero considerevole di ms. continentali e nei due testimoni «ibridi» Be3 e P12 (p. 147): questa è costituita, relativamente al racconto del Castello dello sparviero, dalla glossa «yvi» al termine antico francese eder ‘edera’, glossa che nella Versione Insulare è dislocata altrove, nel passo relativo alla coltivazione del pepe. Anche tale elemento era stato individuato da Bennet 1954: 407-9; Susanne Röhl si chiede se sia una interpolazione presente in una versione o invece si riduca a un’omissione nell’altra, facendo notare la difficoltà, se non l’impossibilità, di trarre dal passo conclusioni sulla nazionalità dello scrittore e sull’originale del Livre, «sofern ein solches existiert hat» (p. 148). Altri elementi di differenziazione tra i ms. continentali e insulari erano stati posti in luce da Josephine Bennet; altri erano stati segnalati da De Poerck. Susanne Röhl li riprende minuziosamente in esame. Delle due differenze più rilevanti tra la Versione Insulare e quella Continentale la prima riguarda uno dei passaggi più controversi del Livre: la forma sferica della terra, che viene trattata in maniera diversa nelle due Versioni e che è trasmessa in modo frammentario (p. 150) nei ms. P2, P10 e P6. L’altra differenza rimarchevole concerne la descrizione della Valle dei diavoli (o Valle Pericolosa), che nella Versione Continentale (con eccezione del ms. P15 «ibrido») presenta un’aggiunta che inizia con le parole «Celle valee a assez belle entree et bel chemin au commencement» (cf. Letts 1953: 391). Tale aggiunta, è intrisa di ripetizioni, che de Poerck 1955: 139 riteneva dovute ad una strategia di autenticazione da parte dell’autore, mentre Bennet 1954: 138 parlava di diversità di stile rispetto alla rimanente narrazione, definendo tale sezione «clumsy, wordy and repetitious». Come abbiamo rilevato, nella descrizione della valle che precede l’interpolazione figura la «lectio difficilior» trenchament ‘in modo tagliente’ nei ms. Br4, Di, H, Li, P, P9, P14, P15 e P16. Nelle pagine dedicate (p. 152-55) a detta Valle Susanne Röhl registra le varianti: crueusement ‘crudelmente’ nei ms. Be2, Br2, Lo4, Mi, Mo, P2, P4, P8, P9, R1, R2, S e T; hideusement ‘spaventosamente’ nel ms. Br3. Queste due varianti costituiscono, a nostro avviso, delle evidenti banalizzazioni del termine trenchament e quindi, essendo «lectiones faciliores», non appartengono al testo originario di Mandeville 12 . E trenchantement figura nella Versione Insulare (Deluz 2000: 446). Anche Christiane Deluz 2000: 33-34 rileva la presenza di lezioni diverse fra i ms. insulari, come ad esempio haitiz ‘lieto, gioioso’, termine meno frequente rispetto alle banalizzazioni liez di Lo, P7, C2 e P5, aisé di P3, Lyo, Du2, e joyeulx di P12; o come ravissent ‘si arrampicano rapidamente’ di contro alle «lectiones faciliores» montent di P7 e C2 e rampent di Lo. Quanto al problema delle date differenti, segnalate da de Poerck 1955: 153 e riguardanti l’inizio del viaggio, la sua durata e la redazione del Livre, la nostra constata che la collazione non fornisce nuovi elementi rispetto all’analisi dello studioso. Alla fine dei suoi percorsi di ricerca Susanne Röhl perviene a distinguere (p. 155-61) tre famiglie di testimoni continentali: all’una, il gruppo A, appartengono i ms. A2, Aix, Br2, Br3, Br4, Di, H, P, P14, P1, P10, P16 e Li.; la famiglia B è costituita dai ms. P13, P6, S, Be2, P9, P8, P2, T, R1 e R2, che ci trasmettono un testo alquanto gravato da errori. Esistono poi altri testimoni continentali, osserva la nostra, che non si comportano in maniera uniforme e che vengono collocati nel gruppo C: sono i ms. Lo4, Mi, Mo, P4 e P15. 329 Besprechungen - Comptes rendus 11 Cf. R. Tzanaki, Mandeville’s medieval audiences. A study on the reception of the book of Sir John Mandeville (1371-1550), Aldershot 2003, in particolare 22-28. 12 Cf. L. Bartolucci, «Li terre Prestre Jean nel Livre de voyage: annotazioni sul ms. P (= Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, 3219)», ZRPh. 124 (2008), in c. d. s. (a). Nel gruppo A, che conserva una versione più vicina al testo originario, la studiosa, nella prospettiva dell’utilizzo di un ms. guida per un’edizione della Versione Continentale, ritiene i testimoni Br4 e P14 le copie più affidabili (p. 161). Segnaliamo in proposito l’errore separativo di P14 «Et est appellés Hamson royaume l’isle Pontexoire» (c. 85v), di contro a P, che correttamente recita: «Et appelles ham son royaulme le isle Pontexoire» (c. 90r) 13 . Il problema assai arduo della ricostruzione testuale del Livre de voyages, a nostro avviso, potrebbe essere affrontato da un’angolatura diversa: al di là dell’esigenza di individuare le «lectiones difficiliores» e gli errori (congiuntivi e separativi), sarebbe opportuno prendere in considerazione le interpolazioni e le modifiche di testo a carattere esclusivamente religioso-devozionale, che sembrano caratterizzare i ms. della Versione Continentale (ad eccezione di P15, ms. «ibrido») 14 . L’analisi di una sezione del racconto mandevilliano, quella riguardante la descrizione delle terre del Prete Gianni, in alcuni testimoni continentali (ms. P, P14, Mo e P13), raffrontati con la Versione Insulare, ci ha permesso di constatare un reiterato intervento, che riteniamo da attribuirsi a un revisore non laico, volto ad accentuare e moltiplicare gli aspetti religiosi del testo, col risultato di modificare notevolmente la narrazione. Ipotizziamo che tale religioso (un francescano forse? ) presumibilmente legato all’Inghilterra, fosse di origine italiana, come farebbe sospettare l’eco dantesca nell’interpolazione della Valle Pericolosa. Nelle modificazioni del testo si evidenziano elementi filosofici e religiosi di impronta platonico-agostiniana 15 . L’ignoto revisore, secondo Bennet 1954: 173-74, seguita da Alda Rossebastiano 16 , potrebbe essere un religioso al seguito dei nobili francesi che furono prigionieri in Inghilterra dopo la battaglia di Poitiers del 1356. In seguito a tale sconfitta lo stesso re di Francia Giovanni il buono, padre di Carlo V, rimase prigioniero con altri cavalieri e i suoi figli Jean de Berry e Filippo di Borgogna per alcuni anni (cf. Bennet 1954: 172-73). A titolo esemplificativo facciamo presente, fra gli interventi a carattere religioso rilevati nel testo continentale, l’aggiunta del commento di S. Pietro, in rapporto alla visione che l’apostolo ebbe a Giaffa. Essa manca nella Versione Insulare, ma è presente nei ms. continentali: P: Et pour chou disoit saint Pieres quant il savoit le signification de celle auision: «Nunc in veritate comperi quia non est aceptor personarum Deus nec discernit inter Judeos et Gentiles, sed in omni qui timet illum et operatur iustitiam acceptus est illi» (c. 101r). P13: Et pour ce disoit saint Pierre, quant il sceut significacion de / / ceste avision, «Nunc in ueritate comperi quia non acceptor personarum Deus, nec distinguit inter Iudeos et gentes, sed in omni gente que timet illum et operatur iusticiam acceptus est illi» (ed. Letts 1953: 400). 330 Besprechungen - Comptes rendus 13 Lo stesso errore ritorna nella traduzione aragonese del testo mandevilliano. Cf. L. Bartolucci in c. d. s. (b), «La redazione aragonese del Livre de voyages di Jean de Mandeville», Medioevo Romanzo. 14 Anche le «lectiones singulares» possono essere di grande rilievo, come si constata ad es. per le redazioni italiane del Livre, che presentano l’innovazione sangue, analogamente a quanto recita il codice P alla c. 96v (boivent sang), ma diversamente da tutti i ms. insulari, che hanno la lezione lait, e dai ms. continentali visionati (P13, P14 e Mo). Cf. Bartolucci in c. d. s. (b). Uno studio delle redazioni italiane del Livre e dei loro rapporti con la Versione Continentale a cura di Giulia Pellecchia è in corso di stampa per Medioevo Romanzo (2007). 15 Cf. L. Bartolucci/ M. V. Bernardi, «Trop y ad des perillous passages a passer: la Valle Pericolosa in Mandeville», Quaderni di Filologia Romanza, 18 (2004-05): 141-46. 16 A. Rossebastiano, La tradizione manoscritta della versione italiana del «Voyage d’outremer» di Jean de Mandeville, Torino 1992: 5. Mo: Et pour ce disoit saint Pierre [quant] il sceut significacion de ceste avision: «Nunc in veritate corpori qui[a] non est acceptor personarum Deus nec distinguir inter Iudeos et gentes, sed in omni gente qui timet illum et operatur iusticiam acceptus est illi» (c. 77v). P14: Et pour ce disoit saint Pierre quant il savoit la significacion de son avision: «Nunc In veritate comperi quia non est acceptor perrsonarum Deus nec discernit inter Judeos et Gentiles, sed in omni gente qui timet illum et operatur iustitiam acceptus est illi» (c. 95r). Riteniamo che l’ampliamento dell’indagine permetterebbe sicuramente di constatare che l’aggiunta figura anche negli altri ms. dei gruppi B e C della Versione Continentale. Ci appare poi significativo il fatto che nella Versione Continentale manchi il lungo passo su Giobbe, nel quale Mandeville evidenzia la predilezione di Dio nei riguardi di un pagano virtuoso, che è presente invece nei ms. insulari: Puis au departir de la cité de Cornaa, l’em entre en la terre Job q’est mult beal païs et y ad grant habundance de touz biens, et appelle homme la terre Job, Sweze. En celle terre est la cité de Theman. Job fust paen et fust filz Are de Gosra et tenoit celle terre come prince de païs et estoit si riche qu’il ne savoit le cent part de ceo qu’il avoit. Et come bien q’il fust paen nient moinz il servoit bien Nostre Seignur solonc sa loy. Et Nostre Seignur prignoit bien soun service en grée. Et quant il cheust en poverté il avoit d’age LXXVIII aunz. Et après, quant Nostre Seignur avoit veu sa pacience qe estoit si grande, il le remist a richesse et hautesse derechief, et puis fust roy de Ydumea après la roy Esau, et quant il fust roy il fust appellez Jobab. En ce roialme il vesquy puis CLXX aunz et ensy eust il quant morust CCXLVIII aunz (ed. Deluz 2000: 299-300). Proprio l’omissione di questo passo nei ms. continentali costituisce, a nostro parere, una sorta di censura, spiegabile solo con una concezione missionaria del cristianesimo, volto a diffondere la «buona novella» tra i pagani e i mussulmani, in un’ottica medioevale di esaltazione dei viaggiatori-evangelizzatori. In proposito Moseley 2007: 68 annota che la posizione della Chiesa nei riguardi di altre credenze religiose e del paganesimo («Nulla salus extra Ecclesiam») era stata affermata dalla Bolla del 1302 di Bonifacio VIII e ribadita nel 1351 da papa Clemente VI. Di Giobbe nei ms. continentali v’è cenno soltanto antecedentemente al commento di S. Pietro alla visione. Inoltre in P13 e in Mo (c. 77r) è omesso il particolare che Giobbe fu pagano e la pericope di commento nel codice esemplato da Raoulet d’Orléan recita: «Ieo cuide estre certain que Dieu aimme et quil prent leur seruices en gre, si comme il fist de Iob, qui si bien fu paie» (Letts 1953: 400). Considerati da questa prospettiva, i due «états principaux du texte» mutano: da un lato c’è una relazione di viaggi, di itinerari e di «mirabilia», redatta dal laico Mandeville, e dall’altro una versione riveduta e corretta del Livre de voyages ad opera di uno sconosciuto religioso, che intervenne a qualche anno, se non a pochi mesi, di distanza. Lidia Bartolucci ★ 331 Besprechungen - Comptes rendus Les Cent Nouvelles nouvelles. Présentées par Roger Dubuis, Paris (Champion) 2005, 570 p. (Traductions des Classiques du Moyen Âge 69) Bekanntlich wird mit den Cent Nouvelles nouvelles, die etwa 1460 im Auftrag des burgundischen Herzogs Philipps des Guten (1419-67) geschrieben und diesem auch gewidmet wurden, die Geschichte der französischen Novelle eröffnet. In Anlehnung an Boccaccios Decamerone werden hier 100 Novellen von insgesamt 37 verschiedenen Erzählern vorgetragen. Dies hat in der Forschung lange Zeit zu der Annahme geführt, dass man in den Erzählern auch die verschiedenen Autoren der Texte, die an der Entstehung der Novellensammlung mitgewirkt haben, zu erblicken habe. Und diese Texte seien dann später von einem Anonymus kompiliert worden. Für R. Dubuis hingegen steht fest (und das ist heute auch die opinio communis), dass «les Cent Nouvelles nouvelles sont bien l’œuvre d’un seul homme» (18). Die Identität dieses Autors, über die bislang in der Literatur schon viel spekuliert worden ist, konnte bis zum heutigen Tag nicht ermittelt werden. Inhaltlich handelt es sich bei der Sammlung um einen «recueil d’histoires plaisantes et grivoises» 1 , die dazu bestimmt waren, zu unterhalten und Lachen zu erzeugen. Ganz im Gegensatz zu Boccaccios Decamerone wurden diese Erzählungen mit dem «caractère récent de l’histoire» (35) ausgestattet, so dass der Authenzitätscharakter des Erzählten erhöht wurde. Während die Erzähler der Novellen Boccaccios fiktive Personen sind, treten hier in dieser Funktion nämlich «des gens de la cour, des serviteurs du duc et évidemment de bons amis» 2 auf. Und in der Erzählerfigur des Acteur der Novellen 51, 91, 92, 98, 99 ist mit R. Dubuis «celui qui ‹agit›, qui ‹fait› quelque chose» (19), also der anonyme Autor zu sehen. Während von der Novellensammlung bereits 1897 eine englische, 1903 eine spanische und 1907 eine deutsche Übersetzung vorgelegt wurde, entstand paradoxerweise eine neufranzösische Übertragung erst im Jahre 1991. Der Grund für diese späte Entstehung dürfte in den Problemen zu suchen sein, die das Mittelfranzösische bereitet. Denn obwohl diese Sprachstufe sehr große Ähnlichkeit mit dem Neufranzösischen aufweist, unterscheidet sie sich in der Semantik und anderen Bereichen grundlegend vom heutigen Französisch. Dubuis sagt treffend: «c’est, paradoxalement, sa modernité même qui a desservi le XV e siècle et constitue, pour nous, une entrave à sa bonne compréhension» (7). R. Dubuis selbst war es, der die erste neufranzösische Übersetzung der Novellensammlung veröffentlichte 3 . Wohl niemand anders als er war und ist für diese Aufgabe besser prädestiniert. Denn schon ab 1973 ist er durch Monographien und Artikel über die Cent Nouvelles nouvelles hervorgetreten und hat sich damit als profunder Kenner der Materie ausgewiesen. Da die 1991 erschienene Übersetzung inzwischen vergriffen war, wird nun hier erfreulicherweise eine unveränderte Neuauflage vorgelegt, die um einen Index der Eigennamen und eine Bibliographie erweitert worden ist. Das Ziel der Übersetzung ist es, dieses «(o)uvrage-phare» (42) auch einem breiteren Publikum zugänglich zu machen. Konkret geht es dabei nicht darum, eine «traduction, au sens le plus strict du mot» (42-43) oder eine Adaptation anzufertigen. Das Hauptanliegen ist vielmehr «la fidelité à l’esprit du livre» (43). Außerdem geht es dem Übersetzer darum, den oft sehr gewundenen und gedrechselten Stil des Werkes in den Stil der heutigen Zeit zu übertragen. Diese Zielsetzungen sind von R. Dubuis in hervorragender Weise realisiert worden. Nachfolgend sei dies an einigen ausgewählten Beispielen verdeutlicht. Ein Musterbeispiel für eine stilgerechte Übersetzung bietet die Übertragung der Dédicace (47-48). 332 Besprechungen - Comptes rendus 1 F. P. Sweeetser (ed.), Les Cent Nouvelles nouvelles, Genève 1966: ix. 2 Id., p. x. 3 Les Cent Nouvelles nouvelles, Lyon 1991. Weiterhin füge ich an 4 : I 23 mary de ladicte gouge] 49 mari de la donzelle; I 25 Des vins et viandes parler ne seroient que redictes] 51 Enumérer les vins et les plats serait fastidieux; XV 105 Ces deux maisons voisines estoient . . . la grange et les bateurs] 121 Ces deux maisons voisines étaient . . . la vigne et les vendageurs; XXXIV 241 femme . . . mariée a ung tout oultre noz amys] 248 femme . . . mariée à un homme qui était le prince des cornards u. a. m. Die im letzten Satz der Einleitung geäußerte Befürchtung Dubuis, es könnte ihm seitens der Kritik über das Gelingen seiner Übersetzung der in den Cent Nouvelles nouvelles so häufig geäußerte Satz «mais il en alla tout autrement» (43) entgegengehalten werden, ist natürlich vollkommen abwegig. Hier liegt nämlich eine exzellente Textübertragung vor. Und man kann nur hoffen, dass dieses Werk dazu beitragen wird, den Cent Nouvelles nouvelles den ihnen gebührenden Platz in ihrem historischen und literarischen Kontext wieder einzuräumen. Dubuis hat dazu den Weg bereitet. Arnold Arens ★ Thomas Maillet (? ), Les proverbez d’Alain, édités par Tony Hunt, Paris (Honoré Champion) 2007, 144 p. (Classiques français du Moyen Âge 151). Le spécialiste anglais achève par cette édition un travail de longue haleine concernant les traductions françaises du Liber parabolarum attribué à Alain de Lille, et dont les premiers fruits remontent aux années 1980. Cette œuvre, connue aussi sous le nom de Doctrinale minus ou parvum, comporte six livres de sentences morales composées en distiques, qui ont joui d’un succès durable, notamment après leur inclusion au sein des Auctores morales octo destinés à l’enseignement. La plus ancienne traduction connue est partielle - elle ne couvre que le premier livre et une partie du deuxième - et en prose; elle est conservée dans un manuscrit anglo-normand du milieu du XIII e siècle (London, Lambeth Palace Library, 371), provenant de l’abbaye de Reading 1 : ce recueil de textes pour la plupart latins garde, aux f. 130v°-134r°, une copie incomplète du Liber parabolarum, accompagnée de sa traduction anglo-normande à l’encre rouge, qui s’arrête au f. 132r° 2 . La traduction en vers la plus récente a été imprimée une première fois (1493) à Paris par Antoine Vérard, avec une dédicace au roi Charles VIII 3 , et elle est associée, dans ce volume élégant qui compte 252 illustrations, au texte latin et à un commentaire en prose 4 . Enfin, une troisième traduction, complète et en vers mais jusqu’ici inédite, conservée dans un seul manuscrit du XV e siècle (Paris, BNF, fr. 12478), fait l’objet de la présente édition 5 . L’introduction (7-48) présente avant tout le contenu du manuscrit, un recueil cohérent de textes scolaires qui date, selon l’éditeur, du milieu du XV e siècle (7-30): 1) une version anonyme et incomplète, pour la plupart en sixains d’octosyllabes, des Remedia Amoris 333 Besprechungen - Comptes rendus 4 Nachfolgend bezeichnet die römische Ziffer die Nummer der Novelle, die arabische Ziffer hinter der römischen Ziffer gibt die Seite der Edition von F. P. Sweetser an, die arabische Ziffer hinter ] gibt die Seite der Übersetzung von R. Dubuis an. 1 Cf. R. J. Dean, Anglo-Norman Literature. A Guide to Texts and Manuscripts, London 1999: 145. 2 Cf. T. Hunt, «Les Paraboles Maistre Alain», Forum for Modern Language Studies 21 (1985): 362-75 (365). L’édition, due à T. Hunt, «Une traduction partielle des Parabolae d’Alain de Lille», MA 87 (1981): 45-56, peut être amendée à l’aide de Hunt 1985: 373 N14. 3 Cf. désormais M. Okubo, «Antoine Vérard et la transmission des textes à la fin du Moyen Âge. I. Les Prologues», R 125 (2007): 434-80 (472). 4 Le texte a été établi par T. Hunt (ed.), Les Paraboles Maistre Alain en Françoys, London 2005. Cf. le compte rendu de G. Roques, RLiR 69 (2005): 565-67. 5 Pour un aperçu assez précis des trois versions du Liber parabolarum cf. Hunt 1985. d’Ovide (f. 1r°-40v°) 6 ; 2) une version en couplets d’octosyllabes de l’Ars Amandi d’Ovide, due à un Jacques d’Amiens (f. 42r°-75v°) 7 ; 3) la Poissance d’Amours, poème didactique en prose sur l’amour courtois dont l’attribution à Richard de Fournival est rejetée (f. 77r°- 90v°) 8 ; 4) le Tiaudelet, traduction incomplète, avec glose explicative, en couplets d’octosyllabes de l’Ecloga Theoduli, œuvre attribuée avec vraisemblance au franciscain Jakemon Bochet, ami et parent de Gilles le Muisit (1271-1353), abbé de Saint-Martin de Tournai (f. 90v°-248r°) 9 ; 5) les Proverbez d’Alain (f. 249r°-268r°); 6) une traduction en couplets d’octosyllabes du Facetus en hexamètres (f. 269r°-277v°) 10 ; 7) une traduction en couplets d’octosyllabes du Facetus en distiques (f. 278r°-291v°) 11 . Bref, le ms. BNF fr. 12478 nous livre «un précieux témoignage de la survivance des anciens textes scolaires, traduits en langue vulgaire et adaptés à un didactisme plutôt mondain» (29-30). Cet aperçu fort utile et nourri de larges extraits des textes, nous amène toutefois à déplorer le manque d’un examen codicologique quelque peu approfondi, ainsi que d’une étude globale de ce riche recueil 12 . En effet, les éditeurs des textes se sont jusqu’ici bornés à des descriptions sommaires du contenu du ms., sans même se soucier de proposer une datation réfléchie 13 , alors que certains éléments - tels les filigranes en forme d’ancre qu’on distingue dans les differents cahiers - pourraient aider considérablement dans l’accomplissement de cette première tâche. De plus, il ne manquerait pas à une telle étude un point de départ solide: Hasenohr 1979 se penche sur le ms. fr. 12478, qu’elle date du milieu ou bien du troisième quart du XV e siècle. La spécialiste remarque d’abord que tous les textes du recueil, ainsi que le copiste, sont picards, y compris bien sûr le Tiaudelet, dû à Jakemon Bochet, dont l’examen de la langue le situe dans la partie Nord-Est du domaine (Flandre, Hainaut); elle établit ensuite que le Tiaudelet n’a dû probablement connaître, aux XIV e et XV e siècles, qu’une circulation régionale, rayonnant à partir de l’abbaye de Saint-Martin de Tournai; enfin, la constatation que uniquement «dans les bibliothèques princières . . . on rencontre des exemplaires de manuels scolaires» historiés, évidemment pour «aider le précepteur à retenir l’attention de son jeune élève» (et l’on pense forcément à la cour des ducs de Bourgogne) 14 , nous amène à réfléchir sur le fait qu’une illustration abondante, ainsi que l’annoncent les espaces demeurés blancs tout au long de ses cahiers, était prévue pour le ms. fr. 12478. Il est ensuite question dans l’introduction de l’auteur présumé des Proverbez (30-33), ce Thomas qui se nomme dans l’épilogue (v. 1264) et que l’on peut supposer s’appeler Tho- 334 Besprechungen - Comptes rendus 6 C’est la seule unité du recueil qui soit pourvue, bien que de façon partielle et intermittente, du texte latin, transcrit à l’encre rouge en tête des strophes françaises. 7 Vraisemblablement un homonyme du poète lyrique qui écrivit entre 1250 et 1280 environ. Pour le texte cf. D. Talsma (ed.), L’Art d’amours van Jakes d’Amiens (XIII e eeuw), Almelo 1925. 8 Cf. G. B. Speroni (ed.), La Poissance d’amours dello Pseudo-Richard de Fournival, Firenze 1975. 9 Cf. les arguments apportés par G. Hasenohr, «Tradition du texte et tradition de l’image. À propos d’un programme d’illustration du Theodolet», in: P. Cockshaw/ M.-C. Garand/ P. Jodogne (ed.), Miscellanea codicologica F. Masai dicata MCMLXXIX, vol. 2, Gand 1979: 451-67 (459-60). De larges extraits du traité ont été publiés par A. Parducci, «Le Tiaudelet. Traduction française en vers du Theodulus», R 44 (1915-17): 37-54. 10 Elle correspond à celle éditée par J. Morawski (ed.), Le Facet en françoys, Poznan´ 1923: xxxiixxxvi et 60-80. 11 Cf. Morawski 1923: xxxvi-xxxvii et 81-112. 12 Ce qui en revanche est entrepris dans la nouvelle édition des Proverbes de Jean Miélot d’après le ms. Paris, BNF fr. 12441, daté de 1456: cf. M. Colombo Timelli, «Les Proverbes en françois de Jean Miélot», R 125 (2007): 370-99 (373-77). 13 À l’exception de Parducci 1915-17: 37, qui propose le début du XV e siècle. 14 Hasenohr 1979: 466. mas Maillet, eu égard au jeu métonymique concernant le mot maillet auquel il se livre ici, ainsi que dans les vers finaux des deux Facet (textes 6 et 7). L’hypothèse, déjà formulée par Morawski (1923: xxxiii-xxxiv), d’un même auteur pour les trois traductions est d’ailleurs appuyée par des correspondances révélatrices entre les trois textes, notamment dans le domaine du lexique (31-32). A défaut de tout autre renseignement sur ce Thomas Maillet, l’éditeur estime probable que la rédaction des Proverbez remonte à la fin du XIV e siècle. L’étude de la langue et de la versification (33-45) est riche et plutôt soignée 15 . Les picardismes assez marqués que l’on peut supposer être de l’auteur sont dûment relevés; à partir de ce dépouillement Roques (2007: 583-84) a montré que nombre de régionalismes lexicaux renvoient à l’Artois, à la Flandre et au Hainaut. L’examen des techniques de la versification et de la rime révèle la compétence du traducteur: le texte tel qu’il figure dans le ms. fr. 12478 est très correct et seules des retouches sont nécessaires. Le dernier volet de l’introduction concerne les techniques de composition (45-48). Les Proverbez se composent de couplets d’octosyllabes organisés par masse croissante tout au long des livres, suivant la structure du Liber parabolarum: entre les 52 vers du prologue et les 22 de l’épilogue, le premier livre comporte 204 vers regroupés en quatrains (v. 53-256), le second 208 associés en huitains (v. 257-464), le troisième 204 en douzains (v. 465-668), le quatrième 208 en seizains (v. 669-876), le cinquième et le sixième, enfin, respectivement 160 et 216 octosyllabes, regroupés en strophes de 20 et 24 vers (v. 877-1036 et 1037-252). La mise en texte du manuscrit souligne cette partition par le biais d’une initiale majuscule à l’encre noire placée au début de chaque strophe et rehaussée de jaune 16 . Le texte (53-91) est édité avec attention et les leçons rejetées se trouvent dans les notes (93- 99) à la suite du texte. Au début de chaque strophe l’éditeur a indiqué l’unité du Liber parabolarum que la strophe traduit, ce qui rend plus aisée la comparaison avec le texte latin, figurant opportunément en appendice (115-33). D’abord il ne sera pas inutile de mentionner les quelques fautes d’impression et les accidents de lecture, peu fréquents, qu’un contrôle du manuscrit a permis de relever: v. 8 «set» ms. scet (graphie constante par la suite, dans le ms. comme dans l’édition); v. 48 «Johan appellé de Wategni» ms. Iehan appelle de waregni; v. 226 «l’onnour» ms. lonneur, v. 431 «pechour» ms. pecheur, v. 1004 «Dolerouse» ms. Dolereuse; v. 532 «Et on fusecque» ms. Et en fusecque, v. 736 «Et on rongant» ms. et en rongant; v. 298 «puesent» ms. puelent, v. 302 «peussent» ms. peullent, v. 701 «dousce» ms. doulce, v. 958 «gambisson» ms. gambillon; v. 677 «Quelques» ms. quelquez, v. 698 «vertuz» ms. vertus, v. 1265 «proverbes» ms. prouerbez; v. 1047-48 «purifïer»: «fructifïer» ms. purifiier : purifiier; v. 1124 «li cair» ms. li cairs; v. 1137 «se soubtieu» ms. si soubtieu; v. 1210 «Coment» ms. co(m)ment. La résolution des abréviations manque parfois d’uniformité: la même unité graphique, pluiss(er)s, est rendue par «pluiseurs» au v. 725, par «pluisse[u]rs» au v. 780. Dans les notes, quelques formulations sont à revoir: v. 1046 «Ne herbez ne jons ne flechierez», «MS de» (99 N1046), ms. ne herbez de ions ne flechierez; v. 1050 «Ne sont mie fourment purains», «MS fourment» (99 N1050), ms. fourmens; v. 1142 «As serpens», «MS serpent» (99 N1142), ms. serpens. Notons enfin que des lectures incertaines, concernant notamment c et t, ne sont enregistrées nulle part: v. 35, 43 335 Besprechungen - Comptes rendus 15 Cf. toutefois les remarques fort pertinentes du compte rendu de G. Roques, RLiR 71 (2007): 581-84 (582). 16 On trouve aussi une majuscule à l’encre noire aux v. 329bis et 397, même si ces vers ne figurent pas en tête de leur huitain (v. 329-34 et 393-400); ils sont tout simplement transcrits sur la première ligne des f. 254r° et 255r°. Je remarque aussi que seul le v. 1 est agrémenté d’une grande initiale rouge. L’annotation de l’éditeur est à ce sujet ambiguë: «Le début de chaque quatrain est orné d’une majuscule en couleur» (93 N1). «donc» ms. dont (? ), v. 664 «couche» ms. touche (? ); v. 1236 «umbre» ms. umb(us)re ou umbr(us)e (? ). Plus que d’autres, la lecture wategni au v. 48 est importante, car elle concerne le commanditaire de l’œuvre, identifié par Morawski (1923: xxxiv-xxxv) à un membre des Varegny (ou Waregny), famille noble du Nivernais dont un Jehan de Varegny, gouverneur et bailli de Donzy et Moulins-Engilbert, est mentionné dans un document de 1366. Quel que soit le fondement de cette hypothèse que l’éditeur écarte avec désinvolture (32-33), le passage aurait demandé à être approfondi, étant donné qu’une confrontation des réalisations graphiques des groupes re et te (par ex. f. 249v°3 [v. 36] naturelement, 250r°10 [v. 76] secres, 250r°19 [v. 85] labeure et f. 249v°6 [v. 39] retenir, 249v°8 [v. 41] acquiter, 251v°19 [v. 185] porte) incline à lire waregni, même si la lecture demeure mal assurée 17 . La leçon «gambisson» (v. 958), due à un autre accident de lecture, ne satisfait pas l’éditeur, vu sa signification habituelle de «justaucorps rembourré» (106) et le «peu de rapport avec le nexus de la source» (98 N958) 18 : 957 Tost ne poelt on fort campïon V, 5 Nemo potest pugilem nexu prosternere fortem, Jus esternir par gambisson, Ni lucte patiens, aggrediatur eum. Qui forche n’a, art et conduite, 960 Ou qu’il n’en commenche la luitte. En revanche la lecture gambillon, qui est certaine, permet de suggérer un sens à ces vers 19 : le mot est en effet enregistré par FEW 2/ 1: 118, s. camba au sens de ‘croc-en-jambe’ - qui certes convient dans le passage des Proverbez - d’après un glossaire du patois de Mons rédigé au début du XIX e siècle 20 , et d’autres glossaires du Hainaut, plus récents, attestent la vitalité de la forme gambion ‘croc-en-jambe’ (Maubeuge, Marche-lez-Écaussinnes; djanbion à Namur); le verbe jambeer est d’ailleurs employé en moyen français au sens, entre autres, de ‘faire un croc-en-jambe’, comme l’atteste un document daté de 1458 21 . Eu égard à la qualité générale de la traduction, il ne serait peut-être pas hasardeux de supposer un glissement, au sein de la transmission du texte, du gambion présumé de l’auteur (: «campïon») au gambillon du copiste. Ces Proverbez se lisent avec plaisir, à l’aide d’un glossaire copieux et soigné (101-11) 22 . Le souci pédagogique du traducteur s’avère, ici et là, encore plus poussé que dans le texte d’Alain. C’est le cas par ex. du huitain où l’on traite de l’impétuosité des jeunes (v. 409-16); or, dans le dernier couplet (v. 415-16) le traducteur insiste davantage sur la nature défaillante de l’enfant, ce qui met naturellement en valeur le rôle du précepteur: 413 Plus tost se combatent enfans II, 20 Sepius in vico pueros pugnare videmus, Par les ruez que les gens grans, Quam validos homines quis solet esse vigor. 415 Pour ce qu’il sont mal doctriné Et ont coer mal moriginé. 336 Besprechungen - Comptes rendus 17 Hunt 1985: 367 penchait déjà pour wategni: «it is not certain that the MS does not have Wategni (Cf. Wattignies-lez-Lille, otherwise known as Wattignies)». Cette dernière proposition n’est pas reprise dans la présente édition. 18 Cf. d’ailleurs T-L, AW 4: 81-83, s. gambeson et DEAF G1: 108-09, s. gambison. 19 Il faut rappeler que la Bataille d’Aliscans publiée par F. Guessard/ A. de Montaiglon (ed.), Les anciens poëtes de la France. X. Aliscans, Paris 1870, renferme au v. 2338 une occurrence de gambillon, au sens de «tissu rembourré et piqué; couverture faite de ce tissu» (DEAF G1: 109, s. gambillon), et que Gdf., Dict. 4: 215, s. gambillon y voyait déjà une faute probable pour gambisson (à la fin du vers précédent on trouve fremillon). 20 Ph. Delmotte, Essai d’un glossaire wallon, 2 vol., Mons 1907-09. 21 Cf. Gdf., Dict. 4: 631, s. jamboier: «Pierre Dufour jambeoit avec ung nommé Pierre Duquesne». 22 Les précisions de Roques 2007: 582-83 sont pourtant utiles. Pour conclure, nous disposons maintenant grâce à cette nouvelle édition, claire et équilibrée, d’un texte critique fiable pour la dernière des traductions françaises inédites du Liber parabolarum. Bon nombre des perspectives de recherche qui s’ouvrent désormais, sont déjà esquissées dans la base de travail établie par le savant anglais. Gabriele Giannini ★ Véronique Duché-Galvet (ed.), Diego de San Pedro, La Prison d’amour (1552), Paris (Champion) 2007, xli + 245 p. (Textes de la Renaissance 119) À l’instar de Carmen Parrilla et Sylvia Roubaud 1 ,Véronique Duché-Galvet fait redécouvrir au lectorat francophone Diego de San Pedro, le représentant indiscutable de la novela sentimental à l’époque des Rois Catholiques. Aussi, comme en témoignent les bibliographies 2 auxquelles l’éditrice nous renvoie dans son introduction (xxvii), La Cárcel de amor est l’œuvre emblématique du genre. Inspiré par la fin’amor et les romans de chevalerie, l’auteur trouve également ses sources dans des textes plus modernes comme l’Historia de duobus amantibus Euralio et Lucrecia d’Enea Silvio Piccolomini, le Livre du voir dit de Guillaume de Machaut, La Prison amoureuse de Jean Froissart ou encore les Cent ballades d’amant et dame de Christine de Pizan (vi). Or les enjeux d’une édition critique de l’imprimé bilingue de La Prison d’amour posent la question des frontières littéraires et ouvrent la réflexion sur la réception de cette œuvre en France, et plus généralement dans l’Europe des XVI e et XVII e siècles. Dans son édition du Petit Traité de Arnalte et Lucenda 3 , Véronique Duché-Galvet soulignait déjà l’importance du roman sentimental espagnol en Europe dès la fin du XV e siècle: «Il reste à définir comment la littérature espagnole a pénétré en France. Était-ce sous l’influence de la cour? par le biais des Foires? de la présence des soldats espagnols en France? Dans quelle mesure le grammairien Nebrija, en tant que chroniqueur des Rois Catholiques contribua-t-il à introduire en France les auteurs espagnols? » 4 . Certaines de ces interrogations sont reprises dans l’introduction de la présente édition (xi-xviii). Dans la partie intitulée «La réception de la Cárcel de amor», l’éditrice rappelle que dès sa première publication, en 1492, le texte de de San Pedro remporte un franc succès: en plus de la continuation de Nicolás Nuñez en 1496, de l’importance de cette œuvre comme hypotexte de la Celestina de Fernando de Rojas ainsi que de la renommée - dont certaines anecdotes que rapporte la Floresta española -, il y a 25 traductions et adaptations en sept langues différentes de la Cárcel entre 1493 et 1660. Après ce survol, l’éditrice résume rapidement les liens entre la première traduction italienne établie par Lelio Manfredi de Ferrara en 1514 et la première traduction française que François Dassy fait en s’appuyant sur la version de son ami italien en 1525. Enfin, dans la section «La seconde traduction de 1552», elle présente la traduction parue chez le libraire Gilles Corrozet en 1552 qui présente la particularité majeure d’être 337 Besprechungen - Comptes rendus 1 Cárcel de amor - La Prison d’amour suivie de Continuación de Nicolás Núñez, ed. par C. Parrilla et trad. par S. Roubaud, Roma/ Paris 2002. 2 Véronique Duché-Galvet s’en réfère pour les informations bibliographiques datant d’avant 1983 à la bibliographie établie par K. Whinnom, The Spanish Sentimental Romance, 1440-1550. A Critical Bibliography, London 1983; pour celles qui vont jusqu’en 1994 à celle que C. Parrilla utilise pour son édition: Diego de San Pedro, Cárcel de amor, Barcelona 1995: 161-81. 3 Diego de San Pedro, Petit Traité de Arnalte et Lucenda (1546), ed. par V. Duché-Galvet, Paris 2004. 4 Ibid p. xiv. une édition bilingue français-espagnol et qui sera «rééditée à de nombreuses reprises jusqu’au début du XVII e siècle» (xviii). Nous comprenons et admettons bien volontiers que le rôle de l’introduction à une édition critique n’est pas celui d’innover avec une réflexion approfondie sur l’originalité de l’œuvre publiée. Malgré cela, nous regrettons dans ce cas précis la rapidité avec laquelle la singularité de ce travail est traitée. N’aurait-il pas été possible de faire l’économie des pages sur l’auteur et le roman sentimental, qui après tout reprennent pratiquement mot à mot l’introduction du Petit Traité de Arnalte et Lucenda, pour mieux développer la question du bilinguisme et de l’apprentissage des langues étrangères à la cour française? En effet, La Prison d’amour (1552) - et non plus la Cárcel de amor -, comme le souligne le titre de cette publication, cesse d’être un passe-temps pour courtisans, pour devenir un outil linguistique: les intentions de l’auteur et celles du traducteur diffèrent entièrement, et alors que l’engouement pour les romans sentimentaux est sur le déclin en Espagne, ce genre littéraire retrouve une nouvelle utilité sur sol étranger. Le peu d’importance accordée au traducteur et aux implications socio-critiques de son travail se reflètent également dans la façon même d’intituler le livre où aucune mention n’est faite de Gilles Corrozet, à en croire que c’est Diego de San Pedro qui a remanié le texte en espagnol et établi la traduction. Heureusement que Véronique Duché-Galvet 5 pallie cette frustration en nous annonçant prochainement une étude sur les romans sentimentaux traduits en France au XVI e siècle et la thèse de Magali Vène 6 sur le libraire parisien. En ce qui concerne le chapitre sur l’établissement du texte, il se divise en deux parties très résumées: «Le choix de l’édition» et «Les principes d’édition du texte». Encore une fois le manque de nuances entre la partie espagnole et française est remarquable. L’éditrice choisit de suivre «la première édition bilingue espagnol/ français, composée chez Gilles Corrozet et sortie des presses en 1552» (xxxix) dont nous conservons trois témoins: celui de la bibliothèque de l’Arsenal (Paris) 8° B. L. 29580, celui de la bibliothèque de Lyon, BM, SJB 207/ 7 et celui de la British Library (Londres), 246.a.30. Après quelques commentaires concernant l’orthographe, la morphologie verbale, la syntaxe et le lexique de la traduction, l’éditrice explique les principes qu’elle va adopter pour l’édition de la partie en français en faisant entièrement l’impasse sur le texte en espagnol. Elle complète cette édition, qui se propose «d’intervenir le moins possible sur le texte original» (xl), avec un apparat de variantes et corrections (169-98) qui ont été élaborées pour le texte français à l’aide des manuscrits de François Dassy et des éditions d’Anvers (1556), Paris (1581) et Lyon (1583); et pour le texte espagnol grâce à l’édition de Séville (1492). L’absence de séparation entre les apparats français/ espagnol rend cet outil lourd et assez fastidieux à l’emploi. Il en va de même pour le choix de la mise en page de l’édition qui regroupe dans une même page le texte en français et en espagnol alors que l’imprimé original dédiait la page de gauche à l’espagnol et celle de droite au français. Ce choix de l’éditrice implique une hiérarchisation des langues (le texte en français est dans un caractère plus grand et donc plus lisible que le texte en espagnol) qui va - nous semble-t-il - à l’encontre du but recherché par Gilles Corrozet: «C ARCEL DE A MOR ./ L A PRISON D ’ AMOUR ./ En deux langages, Espaignol et François, pour ceulx qui vouldront apprendre l’un par l’autre» 7 . L’édition en tant que telle (1-152) est relativement soignée et ne suscite pas de critiques particulières, malgré les inévitables coquilles qui subsistent essentiellement dans le texte en espagnol et dont la plus récurrente est l’emploi de la minuscule après un point lorsque la 338 Besprechungen - Comptes rendus 5 V. Duché-Galvet (à paraître), Si du mont Pyrenée/ N’eussent passé le haut fais . . . - Recherches sur les romans sentimentaux traduits de l’espagnol en France au XVI e siècle (1525-1554), Paris. 6 M. Vène (à paraître), Gilles Corrozet (1510-1568) - Libraire parisien, poète, historien. Un esprit de la Renaissance. Thèse soutenue à l’école des Chartes en 1996. 7 S’ajoute à cette démarche le glossaire établi uniquement pour la partie en français (207-32). phrase commence par un «y» (8; 10; 36; 46; 48; 49; 50; 51; 53; . . .). Le respect du découpage et de la mise en page de l’imprimé saccade quelque peu la lecture et on s’interroge sur la pertinence de ce choix qui implique des mots et des phrases coupés de façon abrupte, des espaces blancs disgracieux et l’ajout d’une note superflue et répétitive: «*Dans l’édition originale ce titre figure à la page précédente» (59; 73; 76; 80; 99; 125). Les commentaires explicatifs et interprétatifs sont insérés en bas de page. Ils sont fort utiles généralement, mais nous regrettons que les explications soient quelques fois vagues et ne renvoient que rarement à des traditions littéraires précises (7 N18; 8 N19 et 20; 9 N21 . . .). Des renvois de note à note manquent (3 N9 devrait renvoyer à la N3; 42 N55 devrait renvoyer à la N38 . . .) ou alors sont erronés (29 N48 renvoie à la N7 au lieu de la N8); les références bibliographiques ne sont pas toujours très claires (92 N101; 93 N102). Complètent l’édition un index nominum, un index rerum et un glossaire pour le texte en français. Contrairement à l’index rerum qui dégage les termes importants à la compréhension du roman sentimental et n’exige pas d’autres explications, l’index nominum serait plus utile s’il fournissait un minimum d’informations sur les personnages cités dans le texte. Le glossaire remplit parfaitement son rôle par des renvois aux dictionnaires d’usage et prend en compte les questions d’histoire de la langue en signalant notamment les premières attestations de certains termes. Des annexes (233-45) et un dossier iconographique (153-68) enrichissent cette édition de manière fort singulière. Dans les annexes, Véronique Duché ajoute des pièces importantes pour la réflexion sur la tradition de la Cárcel de amor en France grâce à des remarques liminaires qui appartiennent aux manuscrits et imprimés des premières traductions de l’œuvre de de San Pedro et à la transcription de la notice bibliographique de la Bibliothèque Universelle des Romans (1779) sur La Prison d’amour. Dans un même ordre d’idées, le dossier iconographique ne se fonde pas sur les imprimés de Corrozet (ceux-là ne comportent aucune illustration) mais essentiellement sur ceux de Galliot du Pré (Paris) BNF, Rés. Y 2350 et de Chantilly, MC 1768 qui reproduisent la première des traductions françaises. La preuve est faite, cette fiction n’a pas manqué d’inspirer différents artistes en Europe et nous pourrions encore ajouter à ce dossier la tapisserie conservée au musée de Cluny qui représente l’accueil de la princesse Laureole par ses parents et le reste de la cour, cadeau de François I er à sa belle-sœur Renée lors de ses noces avec Ercole d’Este. Cette étude iconographique souligne donc la popularité de cette œuvre à l’étranger et repose la question de la réception plus qu’elle ne contribue à compléter l’édition proposée et dont le principal intérêt pour la communauté scientifique est celui de jalonner le chemin qui nous aidera à étudier les différents échanges littéraires dans les cours européennes des XV e est XVI e siècles. Maria Nieves Canal ★ Nature & paysages. L’émergence d’une nouvelle subjectivité à la Renaissance. Actes des journées d’étude organisées par l’École nationale des chartes (26 mars 2004 et 15 avril 2005). Réunis par Dominique De Courcelles avec la collaboration de Jean-Pierre Bat. Paris (École des chartes) 2006, 296 p. (Études et rencontres de l’école des chartes 24) S’il est communément admis que l’on «invente» le paysage à la Renaissance, les chercheurs qui ont collaboré au présent recueil s’attachent à distinguer les liens qui unissent paysage et subjectivité. Quatre thématiques servent ainsi de décor aux quatorze réflexions proposées: «De la nature sauvage à la belle nature», «Le voyage allégorique et la révélation poétique du sujet», «De la quête spirituelle à la magie naturelle» et «La conquête des mondes naturels pour une nouvelle subjectivité». 339 Besprechungen - Comptes rendus Santiago López-Ríos revient sur les conceptions médiévales de la forêt et du loup dans la littérature espagnole du XV e siècle. Dès le Cantar de Mio Cid, la forêt dégage une atmosphère inquiétante, reflet de l’état émotionnel des personnages. Elle peut aussi servir à exprimer la lamentation funèbre comme dans La Defunsión de don Enrique de Villena. Le loup quant à lui condense la plupart des connotations négatives de la forêt. Mais l’animal et le paysage passent rapidement au second plan, dans la littérature politique castillane du XV e siècle: la forêt transpose le lecteur dans un monde où les lois de la civilisation n’ont pas cours. Le locus horridus devient alors allégorie politique, basée parfois sur la métaphore pastorale du loup attaquant les troupeaux, mais possédant toujours des connotations sinistres. Rosanna Gorris Camos revient sur l’image de la montagne qui, dans la plupart des croyances, suscite en l’homme peur et désir, et permet un rapprochement avec Dieu. L’Épître de Cauterêts de Marguerite de Navarre possède plusieurs niveaux de signification: récit de son dernier voyage dans la ville, témoignage du rapport affectueux qu’elle entretient avec sa fille et son beau-fils, c’est aussi une allégorie d’une ascension vers la divine hauteur - la montagne étant l’occasion de méditer sur la puissance divine. Si la montagne continue parfois à faire peur chez les poètes ou dans les proverbes, le développement de la cartographie et les découvertes géographiques bouleversent les perceptions au profit de davantage de scientificité. Dans le monde de la Réforme, la montagne suscite un intérêt nouveau: pour certains savants, elle représente un lieu de splendeur non encore contaminée, aux mœurs pures, en opposition à la nouvelle Babylone. Un peu dans le même ordre d’idées, les vers de Jacques Peletier du Mans dans La Savoye sont autant une description scientifique du paysage alpestre qu’une ascension vers le supra-humain. Moyen de reconnaître le monde dans sa forme spirituelle, la montagne doit donc être respectée par l’homme. Dominique de Courcelles montre que, chez les mystiques espagnols, la nature recèle les traces du divin: son observation permet d’approcher Dieu. Dans le De Los Nombres de Christo de Fray Luis de León, les éléments naturels sont le lieu par excellence de la compréhension théologique du salut et de l’incarnation divine. La connaissance de la nature devient une médiation vers la connaissance de Dieu. On retrouve les mêmes principes chez Jean de la Croix: son Cántico espiritual, fondé sur le parcours par l’âme des éléments de l’univers, établit des correspondances précises entre l’univers, l’homme et Dieu. La nature et les paysages de l’Espagne servent ainsi à l’opération mystique: la connaissance de la nature permet à l’âme de s’élancer en quête du divin en une expérience exceptionnelle. La contemplation via la nature est aussi au cœur de l’œuvre de Bernardim Ribeiro.Après s’être interrogé sur l’auteur et ses intentions, Hélio J. S. Alves s’attarde sur la rédaction de Menina et Moça. S’écartant de certains procédés rhétoriques (notamment la captatio benevolentiae), l’écriture de Ribeiro est un acte de mise en désordre du récit. Si des liens intertextuels permettent de découvrir chez les auteurs qui le précèdent un modus scribendi assez semblable, son originalité est qu’il met au premier plan, par son style, les «méandres de l’intellect connaissant». Ses contes ne servent pas à consoler leurs récepteurs mais sont destinés à la réflexion intellectuelle et sentimentale; l’action y est annulée en faveur de la contemplation. Bernardim décrit les états et les dynamiques mentales au moyen d’evidentiae de la nature, notamment afin d’exprimer une certaine subjectivité: le statut de celui qui écrit est constamment remis en question dans l’œuvre qui a par conséquent pour objet la question même de l’auteur. Le lien entre nature et subjectivité est encore plus flagrant chez Ronsard. Cathy Yandell rappelle la polysémie de la métaphore florale au XVI e siècle: ouvrage de vulgarisation (cf. Fleurs des hystoires), mesure du temps («les fleurs de son âge»), ornement stylistique en littérature ou encore évocation de la fertilité de la nature. Chez Ronsard, la rose peut être 340 Besprechungen - Comptes rendus sensuelle ou politique mais symbolise plus souvent la fuite du temps. Cependant, cet anthropomorphisme de la rose ronsardienne - qui revêt la forme et les qualités de la jeune fille - fond aussi le poète dans une image purement féminine. Les roses peuvent représenter l’impuissance ou la dégénérescence (vicissitudes de l’amour, de la mort) mais, plus encore que ses sources antiques, Ronsard leur accorde une qualité vivante qui influe sur le je du poète. Plus interprétatif et, partant, plus subjectif, le paysage peut également avoir un impact sur la stylistique des auteurs. Philippe Desan insiste sur la «naissance» du paysage au XVI e siècle en tant qu’objectivation de la nature par le biais d’un regard particulier: le paysage ne prétend pas être identique à la nature mais simplement révélateur et emblématique d’une expérience singulière. Chez Montaigne, le paysage représente toujours un choix subjectif au sein d’un tout appelé nature: montrer ce que l’on voit du monde est en train de devenir plus important que le monde lui-même. Pour Montaigne - qui préfère décrire les jardins, paysages construits -, la nature est au service de l’homme: instrumentalisée, elle n’a d’intérêt que si elle rappelle qu’on peut la maîtriser et l’organiser de façon à ce qu’un seul regard puisse en saisir toute la splendeur. Tom Conley s’attache plus particulièrement au style de Montaigne. À l’instar des livres mosaïques de la Renaissance, où le lecteur est invité à se perdre, les dernières pages de la «Vanité» forment un paysage de strates et de sédimentation grâce au travail du texte et de ses traits iconiques. Il s’agit du récit d’un voyage à Rome où l’auteur invite le lecteur à remonter le fil du temps (ars memoria) et celui de l’écriture (ars poetica). Les mots y construisent et y dissipent le paysage; ils prennent une valeur iconique traduisant la «géographie du texte». Le lecteur perspicace doit «casser» les mots afin d’y trouver des sens cachés mais doit aussi y jeter un regard distrait pour (re)trouver l’inconscient du texte. Les Solitudes de Góngora travaillent la matérialité du texte (métrique, syntaxe) pour traduire les pas d’un peregrino dans un paysage nébuleux. Pour Mercedes Blanco, les décors naturels, ordinaires, sont décrits de manière extraordinaire à travers les sentiments de ce peregrino. La nature y est conçue comme un spectacle et le récit abandonne l’histoire à l’espace où elle se déroule. Elle ne s’offre toutefois pas directement: l’œil ne peut la saisir que par une construction artificielle. Cette dramatisation exclut cependant les allégories trop manifestes, bannit le merveilleux et l’anthropomorphisme. Comme dans un tableau, les personnages de Góngora ont tous, à l’exception du peregrino, le statut de figures qu’on ne peut détacher de leur environnement naturel et marquent le triomphe du paysage en poésie comme en peinture. Juan Carlos Conde rappelle que la fiction sentimentale consiste en une analyse de l’expérience psychologique de l’amour à partir d’un je. Les paysages y sont associés à la sentimentalité subjective des personnages. C’est le cas du Siervo libre de amor de Juan Rodríguez del Padrón où les valeurs symboliques du paysage représentent des états de l’âme (solitude, souffrance amoureuse - via l’image du désert). Le Siervo a ainsi des connections avec les textes de nature confessionnelle et pénitentielle. Jean Lemaire de Belges et Clément Marot détournent le cadre spatial des pèlerinages au profit d’une quête esthétique nouvelle pour le premier et d’une distanciation religieuse pour le second. Danièle Duport remarque que le paysage en mouvement du Temple de Cupido détermine un parcours de quête morale qui tend à l’édification. Marot en profite également pour parodier la codification de la quête courtoise. Mais, par le rire, le chemin procède de l’espace extérieur vers l’intérieur, vers le cœur de l’homme et le chœur de l’église, parcours qui marque aussi un style plus personnel. Les écrits scientifiques traduisent, d’une certaine manière, ce doublage spirituel ou mystique de la nature et des paysages. Dans une étude plus sociologique que littéraire, Chantal Caillavet analyse le passage d’une géographie préhispanique d’un paysage andin à un paysage «converti» par les colons occidentaux. Les Andins du XV e siècle considéraient que 341 Besprechungen - Comptes rendus le sacré se logeait dans les éléments naturels. De ce fait, dans le paysage, le visible n’est pas l’essentiel, d’où les cartographies originales, peu basées sur le visuel. La colonisation s’est alors souvent contentée de christianiser les sites «païens». Parfois, cette réécriture du paysage s’est faite par le déplacement de lieux sacrés autour d’endroits choisis ex nihilo par les colons, mais sans pourtant réaliser de véritable bouleversement radical des repères ancrés dans l’espace. Frank Lestringant note que, à la Renaissance, le cosmos est souvent conçu comme un être vivant et les êtres vivants reflètent en miniature la structure générale de l’univers. C’est notamment le cas de la description de la bouche de Pantagruel chez Rabelais où le macrocosme élargi par les découvertes géographiques se retrouve dans le microcosme du corps de géant. D’autres auteurs comme Pierre Belon du Mans forcent le regard du lecteur: Belon impose sa manière de voir et rejette la vision anthropomorphique du paysage au profit de l’efficacité didactique. Le scandinave Olaus Magnus présente lui une topographie humanisée qui ne fait que suggérer - et non imposer - une équivalence entre la terre et le corps de l’homme, sans pour autant séparer le catéchisme de la géographie. Le jésuite allemand Athanase Kircher, influencé par la science nouvelle et les lois de l’optique, considère l’anthropomorphisme du paysage comme un effet de surface, produit d’un hasard, sans toutefois exclure définitivement l’influence possible de la Providence. Les «grandes découvertes» ont aussi un impact sur la littérature européenne. L’Arcadie de Jacques Sannazar traduit ainsi l’utopie de l’âge d’or qui guide le regard vers le nouveau monde. Pour Carlo Vecce, c’est avec Sannazar que l’on connaît pour la première fois l’invention du paysage bucolique moderne: la puissance de la nature manifeste son art et le je de l’acteur est presque nul, se contentant d’être témoin. Les paysages marquent souvent les limites d’une séquence narrative; ils constituent plutôt des atmosphères que des réalités naturelles. La fin de la description de l’Arcadie, influencée par Théocrite, marque le passage des malheurs de l’amour et de la mort à la calme sérénité platonicienne reflétée dans le paysage. Lizzie Boubli étudie trois œuvre du Greco (Vue de Tolède, Vue et plan de Tolède, Laocoon) qui font de lui le parangon de l’émergence d’une certaine subjectivité. Le peintre réinterprète le mythe antique de Laocoon avec sa culture orientale originelle et en fait une allégorie morale d’une période sévère du règne du roi Philippe II. Cette multiplicité de lectures révèle à nouveau le «génie» du Greco. Formé pourtant à la description géographique, le peintre transforme la véracité descriptive de la topographie de Tolède dans le Laocoon. Cherchant ainsi à éveiller la subjectivité du spectateur, il fusionne dans son œuvre les moyens perspectifs hérités de ses prédécesseurs et l’utilisation des nouvelles connaissances scientifiques (perte du point d’Archimède). Si l’on peut regretter l’absence de reproductions des œuvres du Greco qui auraient permis une plus facile compréhension de certaines finesses de l’analyse, ce voyage paneuropéen (de la Scandinavie à la péninsule ibérique - avec certes des étapes principales en France et en Espagne) permet d’insister sur la véritable émergence de la subjectivité à la Renaissance. L’influence non négligeable des nouvelles découvertes a bouleversé le macrocosme et le microcosme de l’homme du XVI e siècle, provoquant souvent de nouvelles perspectives: impacts sur les représentations de la nature, sur la stylistique (les accidents du style miment ceux de la nature) et sur la subjectivité. Nature et paysage ont aussi (et surtout? ) une influence prégnante sur les rapports de l’homme avec Dieu mais, à la différence des conceptions de l’homme médiéval, ceux-ci sont désormais indissociables de l’expression d’une certaine subjectivité. Laurent Bozard ★ 342 Besprechungen - Comptes rendus Horst Geckeler/ Wolf Dietrich, Einführung in die französische Sprachwissenschaft. Ein Lehr- und Arbeitsbuch, 4., durchgesehene Auflage, Berlin (Erich Schmidt Verlag) 2007, 255 p. (Grundlagen der Romanistik 18) Das Vorwort zur ersten Auflage (1995) der Einführung in die französische Sprachwissenschaft wird durch einen Absatz eingeleitet, der auf die Notwendigkeit einer thematischen und quantitativen Beschränkung sprachwissenschaftlicher Gebiete in einer für den Unterricht bestimmten Einführung in die Linguistik verweist. Trotz der Schwierigkeit, den Umfang eines Einführungsbuches bei möglichst exhaustiver, aber dennoch zusammenfassender Präsentation der französischen Sprachwissenschaft in vernünftigem Rahmen zu halten, kann die dynamische Weiterentwicklung der Linguistik, auf welche Wolf Dietrich im Vorwort zur vierten, aktuellen Auflage verweist (6), nicht ignoriert werden. Nichtsdestotrotz verzichtet die Einführung von Geckeler und Dietrich systematisch auf in der modernen, französischen Sprachwissenschaft unverzichtbare Bereiche wie (insbesondere) Pragmatik oder (explizit) Soziolinguistik - die lediglich je zweimal erwähnt werden (u. a. bezeichnenderweise in einer Fussnote) - und reiht sich somit in die Liste der romanistischen Werke ein, welche auf traditionelle Gebiete der Sprachwissenschaft, so etwa Sprachgeschichte, detailliert und umfangreich eingehen, aber den Ansprüchen des Verlags, einen «problemlosen Einstieg in den sprachwissenschaftlichen Teil des Französisch-Studiums» zu ermöglichen, nicht gerecht werden können. Auch ist es nicht förderlich, dass sich die Autoren «an dem inzwischen bewährten Muster aus [deren] Einführungen in die spanische und in die italienische Sprachwissenschaft» (5) orientieren, sind doch aktuelle, linguistische Tendenzen im italienischen bzw. hispanischen Raum (insbesondere im Bereich der Pragmatik) verschieden von denen der frankophonen Sprachwissenschaft. Als nicht unproblematisch dürften sich aus didaktischer Sicht aufgrund der Kompaktheit der Information, die bisweilen etwas tabellarischer bzw. schematischer und somit übersichtlicher übermittelt werden könnte, zudem u. a. die Unterkapitel zur Phonetik und Phonologie sowie zur Morphologie erweisen. Den einzelnen Unterkapiteln folgen im Sinne eines Lehr- und Arbeitsbuches (gemäss Autoren) mit bzw. ohne Seminarleiter zu lösende Aufgaben (wobei die Präsenz eines Seminarleiters sinnvoll erscheint), welche teils Lektüreempfehlungen zur Vertiefung des Beschriebenen gleichkommen, teils die angeführte Theorie praktisch erläutern. Den (Unter)kapiteln vorangestellt sind für eine Einführung zahlreiche bibliographische Angaben, die Studienanfängern kaum hilfreich sein werden 1 , für fortgeschrittene(re) Studierende aber ohne Zweifel sehr wertvoll sind. Sprachlich gesehen ist die Einführung in ihrer Gesamtheit präzise ausformuliert und in einwandfreiem Stil verfasst, welcher deren Lektüre über weite Strecken (z. B. im langen, sprachgeschichtlichen Teil) sehr angenehm gestaltet. Störend sind aber die für eine vierte, durchgesehene Auflage zahlreichen, formalen Unzulänglichkeiten 2 . 343 Besprechungen - Comptes rendus 1 Zumal einige Referenzen «aus heutiger Sicht unzureichend sind» (113). 2 Im Inhaltsverzeichnis ist die Nummerierung der Kapitel IV.6. und IV.7. mit ihren einzigen Unterkapiteln 6.3.1. bzw. 7.3. verwirrend (sie lässt sich dadurch erklären, dass einige Unterkapitel keinen Titel haben und das Inhaltsverzeichnis nur Unterkapitel mit Titeln registriert); nach Schrägstrichen in Referenzangaben folgt manchmal ein Leerschlag, manchmal nicht (12); mehrmals werden Klammern nicht wieder geschlossen (z. B. 74, 142) oder geschlossen, obschon sie nicht geöffnet wurden (31, 97, 114); bisweilen scheint in bibliographischen Angaben die Schriftgrösse nicht einheitlich zu sein (13, 38); auf p. 14 steht in einer Referenz der Verlag (Francke), obwohl Letzterer ansonsten nicht angeführt wird; abgesehen von den detaillierten bibliographischen Angaben zu Beginn der Unterkapitel sind die im Buch zahlreichen Referenzen entweder im Text integriert, den Fussnoten vorbehalten oder fehlen (selten) ganz (z. B. wird auf p. 16 der Begriff «lengua puente» von A. Badía Margarit ohne jegliche Referenzangabe erwähnt, ebenso wie auf p. 20 die «linguistica Im ersten der vier Teile der Einführung wird neben der Stellung des Französischen unter den romanischen Sprachen dessen geographische Verbreitung behandelt, die sich in Anbetracht des aufkommenden Interesses für die Frankophonie als wertvoll erweist. Verwirrend können in diesem ersten Teil allerdings die diversen und wenig übersichtlich gegliederten Theorien verschiedener Linguisten zur Klassifikation der romanischen Sprachen wirken, ebenso wie die selbstverständliche Handhabung theoretischer Grundlagen und Begriffe, die erst im späteren Verlauf der Einführung erklärt werden (z. B. die phonetische Transkription einzelner Laute, welche die sprachlichen Unterschiede von Ost- und Westromania illustrieren sollen (19), die «morphologische Ebene» (22) oder die «Diglossiesituation» (32)). Querverweise auf die Kapitel, in denen die im ersten Teil unumgängliche Theorie behandelt wird, wären demzufolge wünschenswert. Klar strukturiert, durch eine Karte veranschaulicht und entsprechend attraktiv sind die Erläuterungen zur Frankophonie (inkl. der Sprachen und Dialekte auf französischem Territorium); politisch-historische Zusatzinformationen zu behandelten Gebieten (z. B. Korsika oder Flandern) erscheinen sehr nützlich und wissenswert. Der zweite Teil der Einführung konzentriert sich auf Basisterminologie und grundlegende Theorie der allgemeinen Sprachwissenschaft. So werden hier unter anderem Jakobsons Kommunikationsmodell (41), Saussures sprachliches Zeichen sowie das semiotische Dreieck von Ogden und Richards (II.4.) erläutert. Für die Unterscheidung zwischen System, Norm und Rede (II.5.) verweisen die Autoren auf Coseriu, dessen Lehren im Übrigen in weiteren Kapiteln des Lehr- und Arbeitsbuches (vielleicht zu) präsent sind; wobei Geckeler und Dietrich bewusst darauf verzichten, dem Leser einen «pauschale[n] Überblick über ganz unterschiedliche theoretische Haltungen gegenüber dem Phänomen Sprache» (39) zu verschaffen, und sich auf strukturalistische Aspekte der Sprachwissenschaft beschränken. Folglich wird z. B. die Bedeutung von Situation und Kontext in der Rede verdeutlicht, auf die (Existenz der) Pragmalinguistik (47) aber ohne weitere Präzisierung hingewiesen. Des Weiteren beschäftigt sich der zweite Teil mit Begriffsbestimmungen wie Synchronie vs. Diachronie (II.6.) und Syntagmatik vs. Paradigmatik (II.7.), bevor letztlich die Geschichte der Sprachwissenschaft (von den Anfängen über Gilliéron, den Cercle Linguistique de Prague, den Distributionalismus, die generative Transformationsgrammatik etc. bis in die Gegenwart) skizziert wird (II.8.). Letzterer Geschichtsüberblick ist interessant gestaltet; (fehlende) Illustrationen, wie in etwa ein Auszug aus dem Atlas Linguistique de la France, könnten Erklärtes jedoch untermalen. Der letzte, kurze Abschnitt des zweiten Teils (8.6.) widmet sich spezifisch der Linguistik in Frankreich und erwähnt folgerichtig Linguisten wie Meillet, Martinet oder Pottier, verzichtet hingegen auf (aktuellere) Namen wie Ducrot oder Kerbrat-Orecchioni. Der dritte Teil, «Synchronie und Diachronie der französischen Sprache (anhand ausgewählter Beispiele)», beginnt mit einem präzisen Unterkapitel zur Phonetik und Phonologie (III.1.), welches dem Studienanfänger die Aneignung der für die Klassifizierung von Lauten nötigen Basis ermöglicht. Einzig die Darstellung könnte etwas lernfreundlicher 344 Besprechungen - Comptes rendus spaziale» von M. Bartoli); nach Referenzen, welche langen Zitaten folgen - die im Übrigen in Anführungszeichen stehen (186) oder auch nicht (66) -, steht nur manchmal ein Punkt; auf p. 68 ist nur die schliessende Klammer kursiv, wie auf p. 70 in zwei Fällen nur zu Beginn der phonologischen Transkription der Schrägstrich kursiv ist; auf p. 70 steht «je-doch» mit Bindestrich, der bei der Trennung von «étymologique» auf p. 136 fehlt; auf p. 89 ist «aberdie» zu lesen (ohne Leerschlag), ebenso auf p. 123 «Auffassungbereitet»; am Ende der Fussnoten auf p. 146 und 237 (N61) fehlt jeweils ein Punkt; etc. Störend können auch die Verschachtelungen von Klammern desselben Typs wirken. Wenig nachvollziehbar ist auch, weshalb manche Begriffe fettgedruckt sind (z. B. «Dubletten», 128), andere, nicht weniger bedeutsame, wiederum nicht (z. B. «Kultismen», 128). sein. Auch wären Lösungen zu den hier gestellten Aufgaben (es werden phonetische und phonologische Transkriptionen verlangt) von Wert. Es folgen nicht weniger informative Kapitel über Graphie und Orthographie (III.2.), Morphologie (III.3.), Grammatik und Syntax (III.4.) und die als eigenständiger Bereich betrachtete Wortbildungslehre (III.5.). Letzterem Kapitel ist ein für eine Einführung sehr ausführlicher Abschnitt über (heutige) Wortbildungsfunktionen hinzugefügt (5.4.1.), während sich die Ausführungen zur diachronen Wortbildungslehre (5.4.2.) auf zwei Zeilen (und eine Bibliographie) beschränken (was in Anbetracht der vermuteten Zielgruppe des Buches auch hinreichend ist). Das Kapitel (III.6.) ist der Lexikologie, der Semantik sowie der Lexikographie gewidmet. Innerhalb dieses Kapitels stellt der Abschnitt (6.1.1.1.) eine nützliche Ausführung dar, mangelt aber etwas an klaren Referenzen (es wird erwähnt, dass «[m]anche Autoren» für Lexem auch den Begriff Semantem verwenden). Nachfolgend werden fundamentale Termini eingeführt (Semasiologie, Onomasiologie sowie semantische Relationen bezeichnende Begriffe wie u. a. Synonymie, Hyponymie, Hyperonymie, Homonymie, Polysemie), die der Übersicht halber sinnvollerweise fettgedruckt sind. Im Schema zur Hyponymie und Hyperonymie (119) scheint allerdings ein Pfeil in die verkehrte Richtung zu zeigen. Auch Gebiete der diachronen Lexikologie und Semantik werden behandelt, bevor im Abschnitt über Lexikographie insbesondere verschiedene Typen von Wörterbüchern im Sinne einer gerechten Einführung erklärt werden. Der dritte Teil schliesst mit Unterkapiteln zur diatopischen Variation (in Frankreich, Belgien, der Schweiz, Kanada) sowie zur Sprachtypologie des Französischen (III.7. bzw. III.8.). Der lange, vierte und letzte Hauptteil der Einführung kommt einem ausführlichen Überblick über die Geschichte der französischen Sprache gleich, die mit der Eroberung und Romanisierung Galliens beginnt (IV.1.) und bis in die sprachliche Gegenwart reicht (IV.11.). Dieser abschliessende Teil ist in seiner Ganzheit durchweg adäquat und kohärent verfasst. Nützlich wäre im ersten Unterkapitel womöglich eine die damalige, politisch-geographische Situation illustrierende Karte. In den darauffolgenden Unterkapiteln wenden sich die Autoren dem Vulgärlateinischen (IV.2.) sowie den verschiedenen Substrat- (IV.3.) und Superstrateinflüssen (IV.4.) zu. Letztere Kapitel sind gut und einfach verständlich, Lateinkenntnisse sind aber von Vorteil. Im Abschnitt 4.2.2.6. ist hingegen von den Strassburger Eiden die Rede, obwohl diese erst einige Seiten weiter behandelt werden; ein Verweis auf den entsprechenden Abschnitt (5.3.) wäre hilfreich. Im Kapitel IV.5., «Verschriftung und früheste Sprachdenkmäler des Französischen», Abschnitt 5.1., trüge eine Übersetzung des Zitats aus den Konzilsbeschlüssen von Tours dem Lesefluss (des Studienanfängers) bei. Im darauffolgenden Kapitel übers Altfranzösische (IV.6.) wäre wiederum eine neufranzösische Übersetzung der zitierten Verse des Alexiusliedes (6.3.1.) zu Vergleichszwecken komfortabler als deren vorhandene, deutsche Entsprechung. Über die Jahrhunderte des Mittelfranzösischen (IV.7.) gelangen Geckeler und Dietrich zum von der externen, sprachgeschichtlichen Seite aus untersuchten Französischen des 16. (IV.8.), anschliessend des 17. sowie 18. Jahrhunderts (IV.9.). Der notwendige, geschichtliche Aspekt ist auch im folgenden, den Einfluss der Französischen Revolution auf die französische Sprache untersuchenden Kapitel (IV.10.) unverkennbar. Die Einführung schliesst mit Aspekten des Französischen der Gegenwart (IV.11.), in dem der zu Recht präsente soziolinguistische Ansatz dem Anfänger womöglich nicht evident (genug) als solcher erkennbar gemacht wird. In resümierter Betrachtung lösen sich in der Einführung in die französische Sprachwissenschaft von Geckeler und Dietrich Sonnen- und Schattenseiten kontinuierlich gegenseitig ab. Die nahezu vollständige Nichtberücksichtigung in der Sprachwissenschaft wichtiger, kontemporärer Strömungen (z. B. der Pragmatik) verhindert leider den ersten, skizzenhaften Überblick über die französische Linguistik, welchen ein modernes Einführungsbuch ermöglichen sollte. Zudem ist insbesondere der dritte Hauptteil streckenweise wenig lern- 345 Besprechungen - Comptes rendus freundlich aufgebaut.Andererseits stellen die Ausführungen zur Frankophonie und zur sehr angenehm präsentierten Sprachgeschichte Bereicherungen dar, welche das besprochene Lehr- und Arbeitsbuch zu einem für den Einstieg in die Sprachwissenschaft punktuell wertvollen Nachschlagewerk machen. André Horak ★ Xiaoquan Chu, Les verbes modaux du français, Paris (Ophrys) 2008, 168 p. De nombreux travaux ont déjà été consacrés aux verbes modaux en général, et aux verbes modaux du français en particulier 1 . Cependant, d’un chercheur à l’autre, il y a rarement accord sur les membres de la classe de ces verbes. De plus, les études consacrées aux verbes modaux concernent en grande majorité leurs aspects sémantiques. Dans Les verbes modaux du français, l’auteur délimite une classe finie de verbes modaux - tout en admettant, sans les aborder de front, l’existence de cas «marginaux» en face des cas typiques dont traite l’ouvrage - et en propose une étude détaillée, avant tout syntaxique, mais aussi sémantique. Les questions qu’il aborde directement concernent la caractérisation des verbes modaux, et notamment la problématique de la «rection»: dans le couple V1-V2, le modal est-il régi - ce n’est pas lui qui véhicule les informations sémantiques - ou régissant - c’est lui qui porte les fonctions grammaticales? Se cache là-derrière la question de savoir si le verbe modal doit être ou non considéré comme auxiliaire. Dans le premier chapitre, les travaux antérieurs sur les auxiliaires et les verbes modaux sont passés rapidement en revue, montrant ainsi comment est caractérisé le verbe modal dans la littérature. La conclusion étant que les aspects syntaxiques sont trop souvent négligés, c’est une réponse toute syntaxique qui sera apportée dans le chapitre suivant pour définir le verbe modal. L’auteur refuse aux verbes modaux le statut d’auxiliaire: seuls être et avoir doivent être considérés comme des auxiliaires, car ils sont les seuls à être suivis d’un participe passé et ils sont plus fréquents que tous les autres verbes, ne connaissant aucune restriction de combinaison avec d’autres verbes à aucun temps ou mode verbal (23). Pour délimiter la classe des verbes modaux, l’auteur s’appuie sur des critères syntaxiques; on ne s’étonnera donc pas de trouver dans cette catégorie des verbes qu’on dit souvent «aspectuels». La classe ainsi établie est la suivante: aller, cesser de, commencer à, continuer à, devoir, être en train de, avoir failli, finir de, paraître, pouvoir, risquer de, sembler, venir de (41). Les verbes modaux sont définis comme «des verbes sans et hors valence» (35): ils n’appartiennent pas à la valence d’un verbe, et n’ont pas non plus eux-mêmes de valence 2 . Les verbes modaux forment, selon l’auteur, une classe «cryptotypique», c’est-à-dire une classe qui sera révélée par le comportement de ses membres vis-à-vis de certaines unités syntaxiques. Premièrement, il pose que le V2 qui suit un verbe modal ne peut être pronominalisé: le verbe modal n’ayant pas de valence, il ne sélectionne pas de compléments. Pouvoir ou devoir ne seraient ainsi jamais des verbes constructeurs, le syntagme infinitival qui les suit ne pouvant être pronominalisé par que interrogatif (Il peut/ doit soulever cette caisse. *Que peut/ doit-il? ). Il le peut, avec pronominalisation en le du syntagme infinitival relèverait selon l’auteur d’un «style recherché» (38) ou «soutenu» (49). On notera toutefois que Bus- 346 Besprechungen - Comptes rendus 1 Cf. la bibliographie du présent ouvrage, dont F. R. Palmer, Mood and Modality, Cambridge 1986, N. Le Querler, Typologie des modalités, Caen 1996, P. Dendale/ J. van der Auwera (ed.), Les verbes modaux, Cahiers Chronos 8, Amsterdam 2001, pour ne citer qu’eux. 2 Cf. aussi C. Blanche-Benveniste, «Auxiliaires et degrés de ‹verbalité›», Syntaxe & Sémantique 3 (2001): 75-97. quets/ Denis 2001 3 n’ont pas cette impression, à tel point que ces derniers s’interrogent même sur le bien fondé d’une analyse de la signification de devoir et pouvoir exprimée exclusivement en terme de contexte quand ils ont des comportements syntaxiques si différents selon qu’ils sont en emploi radical/ déontique ou épistémique (dans ce dernier cas, l’ellipse du SV - avec ou sans reprise pronominale (pronominalisation en le du syntagme infinitival) - est impossible). Deuxièmement, les verbes modaux étant également dépourvus de valence sujet, ils peuvent modaliser des constructions avec verbe impersonnel sans en modifier la structure: il va y avoir x/ pleuvoir/ falloir x/ s’agir de x, il cesse d’y avoir x/ de pleuvoir/ de falloir x/ de s’agir de x, il doit y avoir x/ pleuvoir/ falloir x/ s’agir de x, etc. Mais il convient ici aussi d’apporter une réserve: pouvoir, par exemple, dans son emploi radical/ déontique de «capacité» (cf. entre autres Sueur 1979 4 ), ne peut passer le test, puisqu’il n’y a pas de situation où pouvoir de capacité peut être V1 de y avoir, pleuvoir, falloir ou s’agir de; une telle interprétation du modal ne se déclenche pas avec un verbe impersonnel, vraisemblablement parce que pouvoir de capacité réclame un sujet qui est «capable de faire quelque chose». La sémantique des verbes modaux est traitée dans le troisième chapitre. Si le parti pris de l’auteur est délibérément syntaxique, le but de l’étude est d’«établir une classe de verbes modaux qui se définiraient par des critères syntaxiques précis et qui se caractériseraient en même temps par un champ sémantique homogène» (22). Les verbes modaux modalisent selon l’auteur les expressions de trois manières (61-62): i) ils peuvent constituer une marque épistémique indiquant l’évaluation par le locuteur de la véridicité d’un fait (rôle typique de sembler et paraître), ii) ils peuvent marquer l’opinion du locuteur sur l’éventualité d’un événement ou d’un état (rôle typique de devoir et pouvoir dans tous leurs emplois, radicaux/ déontiques comme épistémiques, ainsi que de aller dans son emploi futur), ou iii) quand il n’y a pas de doute sur la réalité du fait rapporté, ils peuvent être une marque de l’évaluation du locuteur de l’état de déroulement de l’événement en question (rôle typique des verbes aspectuels). Toutes ces valeurs modales sont prises dans un cadre général de modalisation à deux dimensions, l’une se constituant d’un axe allant d’un pôle «realis» à un pôle «irrealis», l’autre d’un axe allant d’un pôle «subjectif» à un pôle «objectif» (62). Grâce à ces quatre pôles, on obtient un schéma à quatre axes sur lesquels se déploient les différentes valeurs modales. Par exemple, quand le «subjectif» se joint à l’«irrealis», la modalité est épistémique, quand l’«irrealis» se combine à l’«objectif», la modalité est évidentielle, etc. (63). Les chapitres IV et V sont consacrés au classement des verbes modaux en différentes catégories et à l’analyse des propriétés sémantiques et syntaxiques de ces groupes et des différents verbes qui les composent. Le classement proposé établit cinq groupes de verbes modaux selon leurs contextes d’emploi, i. e. selon qu’ils sont combinables ou non avec des verbes représentatifs de quatre types de «temps intérieur» (72): temps intérieur continu/ existence d’un état (A, représenté par aimer), temps intérieur extrêmement bref (B, s’évanouir), temps intérieur indéterminable/ qualité inaliénable (C, être grand) et temps intérieur duratif et occurrentiel (D, courir). En somme, ils sont classés selon leur association possible ou non avec des verbes véhiculant différents aspects lexicaux, avec divers types de procès. Le groupe 1 (compatibilité avec tous les types de contextes, de temps intérieurs) est composé de aller, devoir et pouvoir 5 , le groupe 2 (compatibilité avec contextes A et D) de 347 Besprechungen - Comptes rendus 3 J. Busquets/ P. Denis, «L’ellipse modale en français: le cas de devoir et pouvoir», Cahiers de Grammaire 26 (2001): 55-74. 4 J.-P. Sueur, «Une analyse sémantique des verbes devoir et pouvoir», Le français moderne 47/ 2 (1979): 97-120. 5 Ce premier groupe constitue le groupe des verbes modaux dits «primaires» par l’auteur en raison de leur fréquence et du consensus qui existe chez les chercheurs, au moins pour devoir et pouvoir, pour les traiter comme des verbes modaux (79). cesser de, commencer à, continuer à et finir de, le groupe 3 (compatibilité avec contextes B et D) de avoir failli, risquer de et venir de, le groupe 4 (compatibilité avec contextes A et C) de paraître et sembler, et le groupe 5 (compatibilité avec contextes D) de être en train de. Le chapitre VI, qui traite des combinaisons de verbes modaux entre eux, est certainement la partie la plus originale et la plus intéressante de l’ouvrage. L’auteur y propose une explication du fait que les «chaînes verbales» comportant plus de deux verbes modaux, quoique théoriquement tout à fait possibles, sont extrêmement rares en français. Les chaînes se construiraient de droite à gauche - ce qui peut paraître a priori contre-intuitif - parce que le verbe constructeur est toujours à droite, et sélectionne le modal le plus proche de lui, modal qui peut à son tour prendre à sa gauche un second verbe modal, etc. Cette formation à rebours des chaînes verbales expliquerait leur longueur limitée: «La validité d’une bonne chaîne de verbes modaux exige l’anticipation d’un verbe constructeur approprié et un calcul pas à pas de la compatibilité des verbes modaux. Cela implique forcément un effort mental de plus qui expliquerait la basse fréquence et aussi la limitation de la longueur des chaînes» (131). Cette explication soulève toutefois une difficulté: en effet, si le verbe modal est un verbe sans et hors valence, pour reprendre les termes de l’auteur, on ne voit guère comment il lui serait possible de «choisir et prendre un autre verbe modal à sa gauche, car lui aussi possède à sa gauche une certaine capacité de sélectionner et de prendre un autre verbe modal» (127). Or, l’auteur note, à juste titre, que n’importe quel modal dans n’importe lequel de ses «sens» ne peut se trouver à n’importe quelle place dans une «chaîne de verbes modaux». Le dernier chapitre traite exclusivement de pouvoir. Ce choix se justifie par le fait que ce verbe modal est de loin le plus fréquent de la langue française: il représente 50,4 % des occurrences de verbes modaux dans le corpus de l’auteur. L’analyse est originale dans la mesure où, se basant sur un grand nombre énoncés attestés, elle prête une attention toute particulière aux termes qui «appellent» (145) le modal. En plus d’une bibliographie sommaire, l’ouvrage est assorti d’un index très utile et d’un petit glossaire. Il aurait pourtant été souhaitable que ce dernier soit un peu plus clair sur certains points centraux, comme les définitions de l’épistémique et de l’évidentialité qui n’apparaissent pas suffisamment évidentes l’une face à l’autre. On appréciera dans Les verbes modaux du français le choix et le souci constant de l’auteur, tant que faire se peut, de se livrer à une étude systématique du sujet qu’il s’est délimité, en s’appuyant sur des énoncés attestés issus de corpus oraux comme écrits. Cécile Barbet ★ Florence Lefeuvre, Quoi de neuf sur quoi? Étude morphosyntaxique du mot quoi, Rennes (Presses Universitaires de Rennes) 2006, 284 p. (Rivages linguistiques) Quoi de neuf sur quoi est un ouvrage organisé en cinq chapitres, suivis d’une conclusion et d’une annexe dans laquelle sont présentés sept tableaux explicatifs de quoi dans plusieurs emplois différents. L’intérêt jamais démenti pour les mots en qus’est surtout manifesté à travers leurs deux emplois essentiels, à savoir l’interrogation et la subordination. L’ouvrage s’inspire de plusieurs travaux menés sur quoi. Il s’agit de dégager la spécificité de ce mot par rapport aux autres termes en qu-, son fonctionnement syntaxique et sémantique. L’auteure se propose de mettre en évidence un point de vue sur les mots en quet l’originalité de quoi. Pour ce faire, elle s’appuie sur un corpus écrit: Frantext (1995-1996), 348 Besprechungen - Comptes rendus Le Monde (2004-2005) et les corpus oraux de Luca Greco de Paris 3 et de Blanche- Benveniste et al. 2002. Le chapitre 1 présente les trois caractéristiques qui se dégagent pour comprendre le fonctionnement de quoi, à savoir que c’est une variable en ququi refuse l’assertion et est centrée sur le sémantisme du non-catégorisé; cette variable épouse le trait disjoint par opposition au trait conjoint de que. Parce que quoi correspond à du non classifié, il peut renvoyer à des éléments eux-mêmes non classifiés, tels que des évènements. Lefeuvre rapproche le refus d’assertion de quoi au fonctionnement similaire en latin de quis et aliquis. Elle montre également l’affinité qui existe entre quoi et les démonstratifs ce, cela, ça et ceci, ainsi que le nom chose. La valeur sémantique du non encore classifié, valable pour toutes ces formes, explique la combinaison aisée du pronom quoi avec les démonstratifs. Lefeuvre émet l’hypothèse que ces trois paramètres expliquent, en tenant compte du système général des mots en qu-, toutes les possibilités d’emploi syntaxique de la proforme quoi, c’est-à-dire les emplois interrogatifs, indéfinis, percontatifs, intégratifs et relatifs. Le chapitre 2 examine les différentes fonctions que peut revêtir quoi dans un emploi interrogatif. Les emplois de quoi interrogatif s’expliquent par son caractère disjoint. Lefeuvre montre que son emploi le plus robuste est celui où quoi est régime de préposition, que le groupe préposition + quoi soit en position frontale ou in situ. Quoi, de part son trait disjoint, est apte à assumer un rôle prédicatif, notamment avec les adjectifs neuf et nouveau. Toutefois l’étude du schéma en quoi de (adv) adj révèle que ce n’est pas forcément quoi qui constitue le rhème de l’énoncé. Il a tendance à devenir une sorte d’appoint pour l’adjectif qui le suit. En outre, il peut perdre sa valeur prédicative potentielle et devenir une simple interjection dès lors où il n’est plus suivi par de (adv) adj. Le chapitre présente par ailleurs deux instances où l’emploi du pronom quoi est problématique: 1) lorsqu’il est utilisé en tant que complément essentiel direct (attribut ou séquence dans une tournure impersonnelle), quoi est forcément in situ avec un verbe conjugué; 2) en tant que sujet, son emploi reste exceptionnel. Quoi a un rôle rhématique alors qu’un sujet doit avoir un rôle thématique. Afin d’être utilisé dans cet emploi, il doit s’associer afin d’éviter la juxtaposition du verbe et du pronom quoi: «Quoi donc t’étonne? ». Le chapitre 3 traite des emplois de quoi indéfini qui n’est ni interrogatif ni subordonnant. Le caractère disjoint de quoi lui permet d’assurer deux emplois: celui propre à l’oral où quoi survient en périphérie du discours asserté, et celui où quoi est prolongé par une subordonnée dans un schéma tel que (prép) quoi que P. Il fonctionne alors comme un prédicat dégradé. Lefeuvre montre que l’emploi privilégié de quoi indéfini est celui où il s’articule à un infinitif avec une négation. Dans le quatrième chapitre, Lefeuvre examine dans un premier temps les emplois nonproblématiques de quoi percontatif régime de préposition. Après avoir présenté les caractéristiques des percontatives - les interrogatives indirectes - elle montre comment quoi peut-être noyau d’une percontative elliptique avec deux emplois que l’on retrouve dans certaines proformes en qu- (telles que n’importe quoi, je ne sais quoi). Le caractère disjoint de quoi explique encore une fois les raisons pour lesquelles quoi ne peut assurer la fonction de complément direct qu’avec un infinitif et il ne peut pas assumer - comme il l’a déjà été stipulé dans les chapitres précédents - la fonction de sujet. Le chapitre 4 se termine sur l’étude de la structure «comme quoi», groupe qui apparaît comme un introducteur du discours indirect. Le chapitre 5 se concentre sur le quoi intégratif et relatif. Il y est étudié la subordination avec la variable quoi dans une perspective non-percontative. Lefeuvre examine ici la façon dont s’effectue, pour quoi, le passage d’une subordination non référentielle, générique (avec les intégratives) à une subordination référentielle (avec les relatives). Avec quoi intégratif, la visée référentielle se construit grâce au contexte ou en langue avec la présence de l’an- 349 Besprechungen - Comptes rendus técédent nominal. Toutefois, il semble que les emplois standards d’intégratif ou de relatif sont peu fréquents. Seuls deux emplois sont fréquemment utilisés: ceux en de quoi + infinitif (il n’y a pas de quoi rire) et ceux en préposition + quoi en début d’énoncé avec quoi anaphorisant une structure prédicative précédente. La dernière section présente une synthèse de tout ce qui a été présenté dans le livre et propose d’autres perspectives de recherche, toujours avec l’objectif de mieux comprendre les faits de langues et de susciter d’autres études sur les mots en qu-. L’ouvrage atteint son objectif de ne négliger aucun emploi de quoi et de rendre compte de sa diversité en mettant en avant ses caractéristiques déterminantes. À l’aide de nombreux exemples et de nombreux tableaux récapitulatifs - que l’on retrouve en appendice - Lefeuvre montre que les catégories d’emploi de quoi se caractérisent par des prototypes mais également par des éléments qui connaissent «des airs de ressemblances avec ces prototypes tout en s’en distinguant» (20). Ce volume montre la nature unique de ce pronom / proforme, qui, d’un point de vue sémantique, ne peut se substituer à un groupe nominal. Toutefois, sous un angle syntaxique, quoi assume les fonctions que peut assurer un groupe nominal. Facile à lire et très complet, ce volume s’adresse aux chercheurs, enseignants et étudiants, mais également à tous les «non spécialistes» désireux de connaître en profondeur les différents emplois de ce pronom trop peu étudié. Isabelle Lemée ★ Pierre Rézeau, Dictionnaire des régionalismes du français en Alsace, Strasbourg (Presses Universitaires de Strasbourg) 2007, 655 p. Après les atlas linguistiques régionaux, qui représentaient l’état des dialectes de France vers le milieu du XX e siècle, la recherche sur la variation diatopique en est arrivée depuis peu à l’étude de la variation régionale du lexique français, «aspect si vanté et si mal connu de notre patrimoine linguistique» 1 . Le projet TVF (Trésor des Vocabulaires Francophones) lancé par Bernard Quémada à la fin des années 1980 avait pour objectif d’entreprendre la description de tous les usages lexicaux du français en France et hors de France, par la création d’un fonds commun de données textuelles 2 et lexicologiques, destinées à alimenter la recherche lexicographique panfrancophone. Ce projet a permis à de nombreuses équipes de rédiger les dictionnaires de leur français régional, point de départ pour la réalisation de la Base informatisée de données lexicographiques panfrancophones (BDLP) 3 (actuellement, 14 bases 4 disponibles en ligne sur Internet). C’est dans cette même optique que Pierre Rézeau a créé pour la France son Dictionnaire des Régionalismes de France (DRF). Directeur de recherche honoraire à l’Institut national de la langue française (INALF/ CNRS) où il a collaboré au Trésor de la Langue Française, membre du comité scientifique du réseau Étude du français en francophonie au sein de l’Agence Universitaire de la Fran- 350 Besprechungen - Comptes rendus 1 P. Rézeau, Dictionnaire des régionalismes de France. Géographie et histoire d’un patrimoine linguistique, Bruxelles 1 2001 ( 2 2007): 7 (= DRF). 2 FRANTEXT, SUISTEXT, QUÉBETEXT et BELTEXT. 3 www.bdlp.org (direction C. Poirier). 4 Suisse, France, Belgique, Québec, Maroc, Louisiane, Réunion, Burundi, Acadie, Algérie, République de CentreAfrique, Congo-Brazzaville, Madagascar, Tchad et Nouvelle Calédonie: plus de 16’000 entrées. cophonie, Pierre Rézeau est un spécialiste de la lexicographie variationnelle. Son objectif est de sensibiliser le monde francophone à la richesse de sa langue sous toutes ses formes. Il est d’expérience banale de constater, et pas seulement dans des situations de discours informelles, qu’un certain nombre d’usages linguistiques varient selon le lieu, et il est aujourd’hui impensable de décrire une langue sans prendre en compte la variation. Intrinsèque au français comme à tout sytème linguistique, cet aspect mérite une approche scientifique qui n’a rien à voir avec le goût du pittoresque ou quelque passéisme folklorique, qu’on voudra bien réserver aux amateurs. (P. Rézeau, DRF: 7) Au départ spécialiste de la Vendée 5 , philologue et romaniste, Pierre Rézeau se dirige vers la lexicographie différentielle (vocabulaire culinaire 6 , des plantes 7 , des onomatopées 8 , du français familier 9 ) jusqu’à chapeauter le projet DRF et en exploiter le contenu dans divers ouvrages 10 . C’est dans ce contexte que se situe le Dictionnaire des régionalismes du français en Alsace (DRFA), qui porte principalement sur les caractéristiques du lexique français d’Alsace contemporain. Le français en Alsace a fait l’objet de peu d’études par rapport au nombre de recherches sur le dialecte alémanique alsacien, mis à part quelques cacologies normatives des «expressions incorrectes et vicieuses» critiquant le «mauvais français mêlé de germanismes» des Alsaciens, tout comme celles que l’on trouve en Suisse romande ou en Belgique depuis le début du XIX e siècle. Dans son introduction, Pierre Rézeau souligne la nécessité de tordre le cou aux présupposés négatifs dont les français régionaux pâtissent. Tout en insistant sur les lacunes et les insuffisances de la lexicographie générale, il cite très positivement les récents travaux décrivant le français dans sa variation diatopique, réalisés notamment en Suisse 11 , au Québec 12 , en France 13 , en Belgique 14 et en Afrique 15 , et place son dictionnaire 351 Besprechungen - Comptes rendus 5 P. Rézeau, Un patois de Vendée. Le parler rural de Vouvant, Paris 1976; P. Rézeau (ed.), Premier dictionnaire du patois de la Vendée. Recherches philologiques sur le patois de la Vendée par Charles Mourain de Sourdeval (1847), La Roche-sur-Yon 2003. Pour une liste exhaustive de ses publications jusqu’en 2004, voir les actes du colloque en l’honneur de P. Rézeau: M.-D. Glessgen/ A. Thibault (ed.), La lexicographie différentielle du français et le Dictionnaire des régionalismes de France. Actes du Colloque en l’honneur de Pierre Rézeau, Strasbourg 2005. 6 P. Rézeau/ M. Höfler, Variétés géographiques du français: matériaux pour le vocabulaire de l’art culinaire, Paris 1997. 7 P. Rézeau, «De l’herbe à la Détourne à l’herbe au Tonnerre. Étude de quelques lexies populaires et/ ou régionales désignant les plantes dans l’Ouest de la France», in : R. Lepelley (ed.), Dialectologie et littérature du domaine d’oïl occidental. Actes du Colloque tenu à l’Université de Caen en février 1981, Caen 1983: 213-30; P. Rézeau, Dictionnaire des noms de cépages de France. Histoire et étymologie, Paris 1997 ( 2 1998, 3 2000). 8 P. Rézeau/ P. Enckell avec une préface de J.-P. Resweber, Dictionnaire des onomatopées, Paris 1 2002 ( 2 2003, 3 2005). 9 P. Rézeau/ Ch. Bernet, Dictionnaire du français parlé. Le monde des expressions familières, Paris 1 1989 ( 2 1991). 10 Par exemple P. Rézeau, «De la cancoillotte à la tartiflette (et à la boîte chaude) avec le Dictionnaire des régionalismes de France», in: P. Nobel, Variations linguistiques. Koinè, dialectes, français régionaux, Besançon 2003: 129-36. 11 A. Thibault/ P. Knecht, Dictionnaire Suisse romand. Particularités lexicales du français contemporain, Carouge-Genève 1 1997 ( 2 2004). 12 Cl. Poirier, Dictionnaire historique du français québecois, Québec 1998. 13 DRF. 14 Dictionnaire du français en Belgique, en préparation. 15 Dont de nouvelles bases de données BDLP en chantier (pas encore en ligne): Cameroun, Gabon, Mauritanie et Sénégal. dans cette mouvance. En effet, le français régional d’Alsace n’est pas isolé: de nombreux traits qui le caractérisent se retrouvent dans une aire plus large, qui s’étend souvent de la Belgique wallonne à la Suisse romande. Cela concerne aussi bien des particularismes lexicaux du français régional de l’Est que les nombreux phénomènes de contact avec le germanique. Dans l’histoire linguistique de la France, l’Alsace occupe une place singulière qui la distingue des autres régions. En effet, cette région passe à plusieurs reprises entre les mains des Français, puis des Allemands, la langue officielle changeant au gré des puissances qui la possèdent. La seule langue qui reste stable, entre le XVII e s. et 1945, est le dialecte alsacien. Il est donc normal de trouver nombre de dialectalismes dans le français régional de cette région. Ce beau volume, soigné, bien présenté, facile à consulter, se veut autant lexicographique qu’encyclopédique, en fournissant de nombreuses informations sur les traditions régionales de l’Alsace. Il se compose de 447 entrées, arrangées par ordre alphabétique, dont une centaine développe des travaux antérieurs 16 (la liste des articles repris du DRF est fournie à la p. 20). Le DRFA reprend tout naturellement les méthodes de travail éprouvées qu’il avait développées pour le DRF: dépouillement de la littérature locale et celle d’écrivains reconnus, journaux, sources orales et écrites contenant des régionalismes collectées par les rédacteurs du DRF, enquêtes menées à travers l’Alsace avec tests de reconnaissance, importante bibliographie lexicographique, bases de données textuelles. Soulignons pourtant que pour cet ouvrage-ci, P. Rézeau a travaillé seul sur ces matériaux. Les sources dépouillées, tirées des archives de villes (Strasbourg, Mulhouse) et de départements, de bibliothèques municipales, de journaux et périodiques locaux, de romans, de journaux intimes, de guides, d’affichettes tirées du commerce, de dépliants, de menus culinaires, de tracts et de travaux sur la région alsacienne sont toujours dûment référencées. L’auteur a pris en compte tous les travaux lexicographiques et métalinguistiques existants concernant le français en Alsace. P. Rézeau a également mené des enquêtes informelles auprès de témoins alsaciens, auteurs des exemples oraux de cet ouvrage, tous identifiés par leurs initiales, leur date et lieu de naissance ainsi que leur profession. Il a également repéré des attestations sur internet. Les enquêtes orales du DRF menées de 1994 à 1996 complètent ce travail. Le DRFA se structure en plusieurs parties: après une brève histoire linguistique de l’Alsace, l’auteur présente la bipartition qu’il établit parmi les régionalismes retenus dans la nomenclature: «régionalismes linguistiques» et «régionalismes encyclopédiques». Ce que Rézeau appelle «régionalismes linguistiques» (18), ce sont les termes qui désignent des réalités communes à différentes régions francophones, mais pour lesquelles le français d’Alsace possède ses propres dénominations: papapa ‘grand-papa’, pouces (serrer les ~) ‘souhaiter bonne chance à quelqu’un’, ban ‘territoire d’une commune’. Les «régionalismes encyclopédiques» (18) sont des réalités propres à l’Alsace (notamment dans les domaines de la gastronomie, de la géographie, des traditions locales et de la vie quotidienne): bredele ‘petit gâteau sec de formes variées’, winstub ‘établissement au cadre rustique et souvent exigu, où l’on sert du vin et des plats régionaux’, agneau pascal ‘pâtisserie légère en forme d’agneau confectionnée traditionnellement pendant la semaine sainte’, pierre d’eau ‘évier en pierre de l’habitat traditionnel’, Johrmaerik ‘marché annuel, foire de village’. Rézeau fait également état de certains régionalismes de fréquence, communs à tous les francophones, mais qui, en Alsace, évoquent des réalités spécifiques: schnaps, choucroute, jambon en croûte, nouille. Dans l’idée d’étayer la coloration encyclopédique voulue pour cet ouvrage, quelques entrées sont consacrées à certains mots de français standard qui connaissent en 352 Besprechungen - Comptes rendus 16 DRF et P. Rézeau, Dictionnaire des noms de cépages de France (cf. N7). Alsace, d’après Rézeau, «une tonalité propre» (19) ou qui sont marqués historiquement, comme annexion, église, évacuation. La structure des articles est conforme à celle adoptée par le DRF: mot vedette (le lexique régional n’ayant pas de norme établie, la première forme citée est la plus couramment présente dans le corpus). Dans le cas de lexies complexes, l’entrée correspond au noyau sémantique du syntagme (pour couronne de l’Avent l’entrée est couronne), avec un renvoi sous avent. Une transcription phonétique en API 17 n’est ajoutée au mot-vedette que dans le cas où la graphie ne permet pas au lecteur d’en déduire la prononciation. Des indications suivent sur la catégorie grammaticale et d’éventuelles variantes graphiques plus rares du mot-vedette. Le corps de l’article contient tout d’abord des précisions sémantiques, avec numérotation des sens, puis des indications géographiques qui, le cas échéant, précisent une restriction de l’usage du mot ou du sens dans l’espace alsacien. Il s’ensuit parfois des marques d’usage concernant la dimension sociolinguistique 18 , historique 19 ou de fréquence 20 . La définition se veut la plus complète possible, avec des informations plus approfondies que ces mêmes entrées dans le DRF. L’auteur indique en italiques le terme reçu en «français de référence» 21 (22) et les synonymes régionaux du français d’Alsace s’il y a lieu. Le tout est suivi d’une brève syntagmatique, toujours mentionnée avec sa source. Des exemples numérotés et placés de manière chronologique terminent le corps du texte. Les exemples de nature métalinguistique sont distingués des attestations spontanées. Des remarques catégorisées sur la graphie, la prononciation, la géographie, la synonymie dans d’autres régions de la francophonie ainsi qu’un paragraphe encyclopédique achèvent l’article. Chaque rubrique est complétée par la première attestation historique connue du lexème, son étymologie, d’éventuels dérivés. Il est suivi d’une bibliographie renvoyant le lecteur aux dictionnaires de référence, à savoir le Trésor de la langue française (TLF), le FEW (avec mention du lemme correspondant), le Grand Robert de la langue française, ainsi que le DRF lorsque c’est le cas (avec taux de reconnaissance dans le Haut-Rhin et le Bas-Rhin), ainsi qu’aux autres ouvrages lexicographiques mentionnant le mot-vedette dans leur nomenclature. Le DRFA se termine par une importante bibliographie contenant la source de toutes les citations fournies, les journaux et périodiques consultés, ainsi que la base de données Lexis- Nexis Presse comprenant plus de 11000 titres de la presse internationale, des travaux lexicographiques cités sous forme abrégée et les bases électroniques consultées. Un travail remarquable de recherche a été effectué pour ce dictionnaire. Cet ouvrage se veut accessible autant aux linguistes chevronnés qu’au grand public. Pierre Rézeau a soigné la présentation de son dictionnaire et a clairement justifié sa démarche de valorisation de la variation régionale. Comme il l’écrit si bien, celle-ci est une richesse à mettre en avant et non un critère de marginalisation de ses locuteurs. Aurélie Reusser-Elzingre ★ 353 Besprechungen - Comptes rendus 17 Ainsi que quelques spécificités élaborées à partir de l’API pour la prononciation du dialecte alémanique alsacien. 18 P. ex. milieu dialectophone, familier. 19 P. ex. vieilli, vieillissant. 20 P. ex. peu usuel, sporadique. 21 Pour les différents sens du terme français de référence, voir C. Poirier, «La dynamique du français à travers l’espace francophone à la lumière de la base de données lexicographiques panfrancophone», RLiR 69 (2005): 490 et M.-D. Glessgen/ A. Thibault (ed.), La lexicographie différentielle du français et le Dictionnaire des régionalismes de France. Actes du Colloque en l’honneur de Pierre Rézeau, Strasbourg 2005: vii. Christine Hélot, Du bilinguisme en famille au plurilinguisme à l’école, Paris (L’Harmattan) 2007, 282 p. Die Sprachkenntnisse der Einzelpersonen und die Anforderungen der sie umgebenden Gesellschaften klaffen gerade in Migrationskontexten oft sehr stark auseinander. Das Erziehungssystem ist potentiell ein sehr nützliches Instrument, um in diesem Bereich eine Annäherung zu bewerkstelligen: eine der Aufgaben der Schule sollte es sein, die Beziehung zwischen der individuellen und der kollektiven Ebene zu harmonisieren und eine ausgeglichene Sprachökologie des Klassenzimmers herzustellen, indem auf die sprachlichen und kulturellen Ressourcen eines jeden Schülers individuell eingegangen wird. Das vorliegende Buch liefert wertvolle Ansätze für diese Annäherung. Christine Hélot ist Professorin für Englisch an der Université de Strasbourg. Ihr hier rezensiertes Werk ist 2007 auf der Grundlage ihrer Dissertation und Habilitation in der Reihe espace discursifs erschienen, welche von Thierry Bulot geleitet wird, es ist eine Synthese der langjährigen Arbeiten der Autorin, die in der letzten Zeit bereits mehrere bemerkenswerte Artikel mit neuen Ansätzen auf dem Gebiet der soziolinguistischen Feldforschung in der Schule veröffentlicht hat. Der Titel ihres Werkes «Von der Zweisprachigkeit in der Familie zur Mehrsprachigkeit in der Schule» zeigt bereits die beiden grossen Linien auf, welche die Autorin für die Bereiche der angewandten Linguistik, der Soziolinguistik und der Sprachplanung für die Schule entwickelt: - eine Ausweitung des Begriffs der Zweisprachigkeit auf das dynamischere Konzept der Mehrsprachigkeit - eine Erweiterung der kollektiven Sphäre des Sprachgebrauchs von der Familie als kleinere soziale Einheit zum grösseren institutionellen Rahmen der Schule. Das erste Kapitel liefert eine sehr nützliche Beschreibung der grundlegenden Fachbegriffe im Bereich der Mehrsprachigkeit, mit einem besonderen Augenmerk auf die Fälle, in denen Sprachen von sozial benachteiligten Gruppen nicht sichtbar werden. Im zweiten Kapitel werden verschiedene Fälle der Existenz von mehreren Sprachen innerhalb der Familie beleuchtet und die verschiedenen Strategien, welche Familien in den unterschiedlichsten Situationen zum Sprachengebrauch entwickelt haben. Besonders erwähnenswert sind hierbei die symbolische Zweisprachigkeit, bei der eine Sprache zwar in der Familie existent ist, aber nicht von allen Mitgliedern gesprochen wird und vor allem nicht an die nächste Generation weitergereicht wird, und die verkannte oder unerkannte Zweisprachigkeit, bei der bestimmte vom sozialen Gebrauch her nicht positiv bewertete Sprachen keine oder nur sehr geringe Aufmerksamkeit erfahren, sowohl von aussen stehenden Beobachtern, aber auch von den Sprechern selber. Kapitel 3 stellt verschiedene Möglichkeiten dar, durch welche die Schule die kulturelle und sprachliche Heterogenität der Schüler mit einbeziehen und dadurch aufwerten kann. Besonders interessant ist dabei die verständliche Darstellung des relativ komplexen Modells der Continua of Biliteracy von Hornberger/ Sylvester mit seiner praktischen Anwendung auf die schulische Mehrsprachigkeit. Dieser sprachdynamische Ansatz wird in Kapitel 4 fortgeführt, in dem verschiedene schulpolitische Modelle weltweit vorgestellt werden. Der Schwerpunkt liegt hierbei auf dem französischen System, bei dem die Neigung zum monolingualen Habitus (nach Bourdieu) wohl überdurchschnittlich stark ausgeprägt ist. Für Schulplaner und -entwickler ist das 5. Kapitel eine besondere Bereicherung, denn hier wird die Erfahrung des Projektes Didenheim beschrieben, welches die Autorin zusammen mit ihrer Kollegin Andrea Young von der Lehrerakademie des Elsass und vor al- 354 Besprechungen - Comptes rendus lem in aktiver Zusammenarbeit mit der Lehrerschaft dieser Schule aus dem Südelsass durchgeführt hat. Kennzeichnend für diese gemeinsame Vorgehensweise ist der Verzicht auf das Monopol beim Expertentum, welches traditionell durch die Mitglieder der Universität und Forschungsinstitute für sich beansprucht wird. Die Erkenntnisfindung im beschriebenen Projekt fand durch eine Ko-Konstruktion im Sinne der Haltung des empowerment statt, bei der alle Beteiligten dasselbe Gewicht bei der Herausarbeitung eines gangbaren Weges für die mehrsprachigen Schulen der Zukunft haben. Die Autorin weist sehr wohl darauf hin, dass auch erfolgreiche Schulprojekte wie das von Didenheim nicht ohne Weiteres in eine andere Umgebung exportiert werden können. Sie können jedoch als Auslöser für andere Projekte dienen, die sich immer im konkreten geographisch-sozialen Kontext verankern müssen, um eine Chance zu haben, dauerhaft im Sinne einer grösseren Gerechtigkeit auf die existierenden gesellschaftlichen Strukturen einzuwirken. In den Schlussfolgerungen situiert sich Christine Hélot nochmals klar im Bezug auf die Methodik der recherche-action, der engagierten Forschung mit der Perspektive der Einflussnahme durch die Forschung auf die von ihr untersuchten Strukturen. Eine der grossen Stärken von Christine Hélots Arbeit ist unbestritten ihre Sicht auf das lernende Kind. Dieses steht im Mittelpunkt der wissenschaftlichen Betrachtung mit allen seinen Entwicklungsmöglichkeiten durch eine adäquate Stimulierung. Durch diese Zentrierung des Interesses auf den Schüler und seine Bedürfnisse erreicht die Autorin auch einen synthetischen Blick auf die oft getrennt gesehenen Sphären des familiären oder schulischen Rahmens und kann in diesem zusammenhängenden Bereich auch sinnvolle Vorschläge zu einer besseren Wertschätzung aller kulturellen und sprachlichen Güter machen, welche alle Schüler in die Klasse mitbringen. Bei der äusserst stimulierenden Lektüre von Du bilinguisme en famille au plurilinguisme à l’école - die gleicherweise für den Forscher als auch für den Studenten zu Beginn des Studiums neue Ansichten vermitteln kann - überträgt sich die positive Sicht der Autorin auch auf den Leser und mag bei vielen Lesern den Wunsch auslösen, selbst auf diesem Gebiet aktiv zu werden. So wäre es nun mein Wunsch, die Darstellung der gesellschaftlichen Mehrsprachigkeit noch stärker über den französischen Kontext hinaus auszubauen. Dann könnte man nach der Klärung der soziolinguistischen Rahmenbedingungen auch noch vertiefter auf bestimmte linguistisch-strukturelle Fragen eingehen, z. B. was passiert konkret mit der sprachlichen Produktion der Kinder, die mit den Einflüssen von mehreren Sprachen leben? Der Aspekt der Sprachen der Migration könnte meiner Ansicht nach auch noch mehr der Thematik der bedrohten Sprachen angenähert werden, denn häufig beklagt man im Quellenland der Migration das Verschwinden oder das Abschwächen von Sprachen, die im neuen Aufnahmeland keinerlei Aufmerksamkeit erfahren. Weiter wäre es zu wünschen, dass die von Christine Hélot klar dargestellten Erkenntnisse und Richtlinien gezielt in der Ausarbeitung von Lehrerbildungsprogrammen eingesetzt werden. Die aktuelle Debatte in Frankreich um die Abschaffung der Lehrerausbildungsakademien mit ihrer didaktisch-pädagogischen Ausrichtung zugunsten einer stärkeren Theoretisierung der Lehrinhalte zielt zumindest für die nähere Zukunft nicht unbedingt in diese Richtung. Sabine Ehrhart ★ 355 Besprechungen - Comptes rendus Elissa Pustka, Phonologie et variétés en contact. Aveyronnais et Guadeloupéens à Paris, Tübingen (Narr) 2007, 292 p. (Romanica Monacensia) L’ouvrage d’Elissa Pustka (désormais EP), qui représente une version abrégée et légèrement modifiée de la thèse de l’auteure, étudie la variation en français du Midi et en français antillais d’un point de vue phonologique. L’auteure se focalise dans son analyse qui se veut synchronique (sans pour autant laisser entièrement de côté l’évolution historique des prononciations observées) sur deux variables centrales de la phonologie du français: le schwa et les liquides postconsonantiques finales. L’originalité du livre réside non seulement dans la prise en compte de tendances récentes en phonologie, issues des recherches cognitives (notamment la théorie exemplariste), mais aussi du rapport entre la production et la perception de la parole, permettant à l’auteure de jeter un nouveau regard sur la «construction des variétés» dans des espaces en situation de contact. L’ouvrage s’ouvre sur une introduction (1-5) présentant l’objectif de l’étude qui est de «fournir une analyse phonologique des variétés en contact, en surmontant l’opposition entre linguistique «externe» (dialectologie vs. sociolinguistique) et interne (phonologie, sémantique, etc.)» (2). Le défi relevé par EP consiste en une analyse non seulement des différents systèmes phonologiques des communautés linguistiques étudiées (Guadeloupéens de Guadeloupe, Guadeloupéens à Paris, Aveyronnais en Aveyron, Aveyronnais à Paris), mais aussi des phénomènes de contact et de koinéisation 1 . Dans le cadre théorique (6-44), EP souligne les problèmes qui se posent dans la définition des variétés et plaide pour une prise en compte de la conscience linguistique des locuteurs. La perception de la variation par les locuteurs fait l’objet des recherches en dialectologie perceptive ou, plus généralement, en linguistique populaire (angl. folk linguistics), une approche née dans les années 1980 aux États-Unis et rendue célèbre par les études de Dennis Preston. La question à laquelle EP tentera de répondre dans le cadre de son travail est de savoir si, pour les communautés étudiées (Aveyronnais et Guadeloupéens), on peut observer la «coexistence d’un continuum au niveau des données ‹objectives› et d’une catégorisation ‹subjective›» (8). Pour EP, une variété serait donc «un profil linguistique perçu, associé à une origine géographique ou sociale ou à une situation et suscitant des émotions et des jugements» (8s.). Si cette définition reste discutable, elle met en avant la délimitation d’une variété non seulement à partir de traits linguistiques «objectifs», mais également à partir de jugements émis par les locuteurs. Les remarques sur la linguistique de contact sont suivies d’une esquisse de la phonologie diasystémique. Le modèle proposé par l’auteure pour la description des systèmes phonologiques des variétés en contact comporte deux niveaux phonologiques et permet d’établir, à partir des réalisations phonétiques produites par des locuteurs, des règles de correspondance. De ce fait, le modèle adopté par EP prend en compte les acquis des phonologies néo-génératives et d’une phonologie exemplariste que l’auteure nous présente dans le chapitre 2.4. Les références concernant cette approche se limitent en gros aux travaux de Joan Bybee. On aurait également pu citer les recherches de Jeanette Pierrehumbert 2 et 356 Besprechungen - Comptes rendus 1 On rappellera que le terme koinè désigne «toute langue commune se superposant à un ensemble de dialectes ou de parlers sur une aire géographique donnée» (J. Dubois et al., Dictionnaire de linguistique, Paris 1994: 262). 2 J. Pierrehumbert, «Exemplar dynamics: Word frequency, lenition, and contrast», in: J. Bybee/ P. Hopper (ed.), Frequency effects and the emergence of lexical structure, Amsterdam 2001: 137-57; J. Pierrehumbert, «Word-specific phonetics», in: C. Gussenhoven/ N. Warner (ed.), Papers in Laboratory Phonology VII, Berlin 2002: 101-39; J. Pierrehumbert, Janet, «Phonetic diversity, statistical learning, and acquisition of phonology», Language and Speech 46 (2003): 115-54. Keith Johnson 3 qui apportent quelques éclaircissements supplémentaires (notamment dans l’étude de la perception de la variation). Le troisième chapitre intitulé «Espaces vécus» (45-106) nous livre une description succincte de la situation (socio)linguistique de la région parisienne, de la Guadeloupe et de l’Aveyron ainsi que des réseaux des migrants (Aveyronnais et Guadeloupéens à Paris). Le portrait que dresse EP s’avère extrêmement riche par les renvois multiples aux ouvrages de référence et à la littérature ainsi que par les témoignages de locuteurs natifs et les propres expériences de l’auteure. Avant de passer à l’analyse de la variation, EP établit un inventaire des particularités diatopiques du français guadeloupéen et du français aveyronnais (107-39). Les exemples des traits phonologiques ainsi que des particularismes lexicaux et morphosyntaxiques sont complétés par des renvois à d’autres parlers où l’on trouve parfois les mêmes phénomènes (français populaire, français de Belgique, français du Canada). On peut alors se demander si le terme particularité est justifié, étant donné que la plupart des phénomènes relevés existent dans d’autres parlers (p. ex. l’utilisation de l’indicatif au lieu du subjonctif). De même, une vision un peu moins «normative» aurait évité de qualifier de «fausses» formes analogiques le participe passé conquéri (au lieu de conquis, 125). Ces formes font partie de l’espace variationnel et sont difficilement interprétables comme des fautes (sauf, bien sûr, par rapport au français «de référénce»). On pourrait émettre la même réserve dans le cas de l’emploi de l’auxiliaire avoir au lieu de être qui est quasi systématique dans certaines variétés de français. L’analyse phonologique du schwa (140-92) et des liquides postconsonantiques finales (193-218) qui se veut quantitative et qualitative est basée sur un corpus de 38 heures comprenant la parole spontanée (20 minutes par locuteur), la lecture d’un texte et la lecture d’une liste de mots. Il faut préciser qu’une partie du corpus (enregistrements et transcriptions) est consultable sur le site du projet PFC (Phonologie du français contemporain) où le lecteur trouve également des informations sur le protocole d’enquête. L’étude du schwa s’appuie sur presque 80’000 occurrences de schwas potentiels. Dans un premier temps, le taux d’élision global des schwas potentiels est mis en relation avec des facteurs externes et fait apparaître que Guadeloupéens et Parisiens ont des taux d’élision dépassant les 60 % (tous contextes confondus) alors que le taux est nettement moins élevé pour les Aveyronnais. EP arrive à dégager une «primauté de la dimension diatopique de la variation» (149) et une accommodation chez les Aveyronnais vivant à Paris concernant la non-prononciation des schwas. Pour ce qui est du français aveyronnais, l’analyse covariationnelle fait ressortir un impact de l’âge, du métier et du niveau d’études sur le taux d’élision des schwas. En contexte de lecture, le taux de réalisation du schwa est encore supérieur. Par contre, pour les Aveyronnais habitant Paris, «aucune variable démographique ou sociale n’est corrélée avec le taux d’élision» (153). Pour ce qui concerne le français guadeloupéen, aucune corrélation avec des facteurs extralinguistiques ne se dessine. Les facteurs internes qui semblent avoir un effet sur le taux d’élision sont d’ordre phonotactique (longueur du mot, position du schwa, voyelles/ consonnes environnantes), suprasegmental (position dans le groupe rythmique) et lexical: les «exceptions» au tendances phonotactiques sont interprétables à travers un recours à la théorie exemplariste. EP distingue entre emprunt, supplétion, substitution et split. Des graphiques (171) illustrent les différents processus. La fréquence des formes lexicales peut jouer un rôle déterminant dans le changement, mais ne suffit pas pour analyser la variation dans les différentes communautés: «En Aveyron, les taux d’élision très élevés chez les jeunes et dans les constructions 357 Besprechungen - Comptes rendus 3 K. Johnson, «Speech perception without speaker normalization», in: K. Johnson/ J. Mullenix (ed.), Talker variability in speech processing, New York 1997: 145-66. fréquentes avec je et les verbes auxiliaires peuvent donc être considérés comme indices d’un changement en cours par diffusion sociale et lexicale. À Paris, en revanche, il existe une véritable voyelle instable et un processus d’alternance qui n’affecte pas plus les mots fréquents que les autres» (182). Le cas du split est particulièrement intéressant: deux réalisations concurrentes peuvent se voir attribuer une réalisation phonétique spécifique selon leur fonction. À ce propos, l’auteure cite l’exemple de je vais (179): «le schwa tombe beaucoup plus souvent dans je vais quand cette forme exprime le futur proche que quand elle exprime un mouvement». L’analyse très détaillée, illustrée par de nombreux tableaux et graphiques, se termine par des questions qui restent ouvertes, notamment sur la fréquence qui apparaît comme condition nécessaire, mais non suffisante pour la diffusion des changements. Les prononciations sans schwa, en français aveyronnais et guadeloupéen, de tout ce qui, tout ce que, ce qui, ce que, tout le temps, tout le monde qui sont analysés par l’auteure comme emprunts au français parisien soulèvent la question de savoir pourquoi ces éléments (et non d’autres) ont été empruntés - un aspect important qui montre les limites de l’interprétation à l’aide des modèles exemplaristes. L’étude du comportement des liquides postconsonantiques finales tient compte de 4314 liquides finales potentielles. La chute de la liquide dans les clusters obstruante-liquide (OL) (p. ex. / tr/ ) se présente comme un phénomène à diffusion inégale. Comme remarque EP, «il existe en effet des mots qui ne perdent jamais leur liquide (p. ex. entre) et certains qui la perdent plus souvent que d’autres (p. ex. peut-êt(re), par exemp(le))» (198). En passant par les différentes réalisations du / r/ en français, visualisées en partie dans des sonagrammes, EP démontre que le taux d’élision est le plus élevé dans la communauté guadeloupéenne. Pour ce qui est de la dimension phonotactique, on peut observer une forte variation en fonction des consonnes environnantes. L’analyse par mot fait ressortir un taux d’élision élevé pour peut-être, par contre, par exemple, mais très faible pour entre. L’explication avancée par EP paraît tout à fait convaincante: «La comparaison montre que le taux d’élision de la liquide est corrélé au degré de cohésion des mots étudiés avec leur contexte droit: plus il y a cohésion à l’endroit du cluster OL, plus la liquide est protégée, moins il y a cohésion, plus elle tend à tomber» (216). Les différences entre le français guadeloupéen et le français aveyronnais sont dues, selon l’auteure, au fait que la norme régionale n’est pas encore aussi fixée en Guadeloupe qu’en Aveyron et qu’une «oscillation encore assez chaotique entre le créole, le français scolaire et la nouvelle norme» représente un obstacle à la classification nette du comportement linguistique des locuteurs, ce qui se répercute également sur la catégorisation dans les tests de perception. Comme nous l’avons évoqué plus haut, la construction des variétés doit tenir compte, selon EP, de l’identification des accents. Dans le chapitre intitulé «Continuum perceptif» (219-42), EP précise la méthode choisie (tests de perception à base de stimuli issus des enregistrements de la lecture d’une phrase) et nous présente un exemple de questionnaire destiné aux personnes enquêtées (193 locuteurs natifs du français). L’objectif est de confronter les traits qui semblent caractériser les différents parlers dans la conscience linguistique des locuteurs au traits relevés dans les tests de perception. EP dégage une corrélation entre les variables déclarées par les locuteurs et l’estimation du degré de régionalité (p. ex. les appendices consonantiques des voyelles nasalisées qui, selon les locuteurs, permettent de reconnaître un Aveyronnais, sont perçus comme tels à l’écoute). Une échelle implicationnelle représentant le taux d’«aveyronité» (238) montre les relations entre le degré de régionalité estimé et les variantes linguistiques décrites dans l’analyse. Toutefois, on peut observer dans certains cas que, «même si un trait régional n’existe plus que chez quelques locuteurs très âgés à la campagne . . ., il reste présent dans la conscience des locuteurs» (239s.). EP conclut ainsi à l’existence de plusieurs prototypes par accent dans la conscience 358 Besprechungen - Comptes rendus des locuteurs (accent aveyronnais typique vs. accent aveyronnais des vieux de la campagne). En conclusion, l’auteure résume les facteurs externes et internes qui déterminent la variation observée et fait remarquer que «le taux des formes lexicales variables est le plus élevé dans les communautés où un changement linguistique est en cours (chez les Aveyronnais dans le cas du schwa, chez les Guadeloupéens pour les clusters OL)» (247). Une bibliographie de 33 pages, une annexe précisant les conventions de transcription ainsi qu’une table de locuteurs et un index complètent l’ensemble. Si les coquilles sont rares (106: dasn («dans»), 260: Boughton 2005a au lieu de 2005), on peut regretter la confusion récurrente entre les termes intra-locuteur et inter-locuteur (148 et 204). Par ailleurs, le terme grammaire de production (opposé à grammaire de compréhension) qui apparaît dans quasiment tous les chapitres aurait mérité un petit commentaire. Cela ne changera évidemment rien à la grande qualité du travail qui impressionne autant par la quantité de données que par la qualité de l’analyse. On peut espérer que les futures recherches se focalisant sur la variation phonologique s’inspireront de cet ouvrage désormais considéré comme une référence dans ce domaine. Anika Falkert Iberoromania Ana C. Blasco/ Manuel Sánchez/ Alejandro Gurría, Tradición local y habla de Ballibasa, Huesca (Comarca Alto Gállego) 2005, 261 p. (Yalliq 8) Estamos ante el último título de la colección Yalliq, promovida por el área de cultura de la mancomunidad de la Comarca del Alto Gállego, en la provincia de Huesca. Este trabajo viene a culminar el iniciado en la séptima entrega de la serie, aparecido con el título de Toponimia de Ballibasa. La obra Tradición local y habla de Ballibasa analiza dos aspectos de este enclave dialectal aragonés: la lengua y la cultura. Se trata, por consiguiente, de una obra de marcado carácter etnográfico y dialectal, que se propone recopilar antes de su total desaparición - a consecuencia de la despoblación y la adaptación de las pocas gentes que allí quedan todavía al modo de vida moderno - todas las manifestaciones culturales populares y tradicionales de la región. El espacio geográfico y dialectal elegido es el Valle de Basa, sito en el Pirineo aragonés, que contaba en 2005 con una población total censada de ciento ochenta habitantes y con una superficie de 8681 kilómetros cuadrados. Su núcleo principal es Yebra de Basa, pero conforman el término municipal otros pequeños poblados, denominados Sobás, San Julián de Basa, Orús, Fanlillo, Espín, Cortillas, Cillas y Sasa de Sobrepuerto. El trabajo se estructura en dos partes bien diferenciadas: la primera, titulada «Tradición oral en Ballibasa» (11-199), cuyos autores son Ana C. Blasco y Árguedas y Manuel Sánchez Barea; y la segunda, «Situación actual y evolución del aragonés en Yebra de Basa», de Alejandro Gurría González (201-61). Después de un encuadre geográfico, donde se incluye una descripción no solo de la orografía, sino también de la flora y la fauna locales, sigue un esbozo de la historia del arte y de la arquitectura de la zona, así como una breve descripción de hechos de la historia más reciente (13-17). Continúa una breve introducción sobre «El Proyecto» (19-21) de recopilación en el que se basa la obra, cuya edición corre a cargo de la misma Área de Cultura mencionada. Se justifica la necesidad de la investigación como «labor de recopilación sobre tradición oral con el fin de salvaguardar el patrimonio cultural». El material lingüístico y etnográfico recogido se clasifica ordenándolo en 359 Besprechungen - Comptes rendus los siguientes campos conceptuales: nombres tradicionales de casas (31-34), sobrenombres o motes (35-38), cuentos (39-60), leyendas (61-72), historia oral (73-102), creación (literaria) popular (103-12), cancionero (113-46), romancero (147-58), dances y pastoradas (159- 76); el dance es una manifestación folklórica que «integra elementos religiosos y profanos, y en la que lo pastoril cobra importancia tanto por la terminología utilizada, la pastorada, el mayoral y el rebadán, como por los nombres de algunas de las mudanzas, de las cuales se representan diecisiete en la actualidad»; sobre la pastorada volveremos más abajo), así como géneros menores (177-86), que incluyen adivinanzas, trabalenguas, refranes, fraseología y construcciones orales. Hay que advertir, empero, que no todo este material es exclusivo del habla de este valle pirenaico, pues en no pocas ocasiones no encontramos sino hechos lingüísticos comunes a la lengua general. Cierran esta primera parte un glosario de voces aragonesas (187-94) y una breve bibliografía (195-99). La segunda parte del libro es de carácter más propiamente lingüístico y dialectológico. Se abre con una introducción donde se describe la situación del aragonés en este rincón pirenaico: el autor, Alejandro Gurría González, no duda en calificar la conservación del dialecto en la actualidad de «deplorable, simplemente relegada a palabras, algunas frases hechas y construcciones gramaticales en aragonés mínimas, todas estas introducidas en conversaciones en castellano con total normalidad» (203). Tras citar los estudios realizados con anterioridad sobre esta área (204-6), se comenta el interés de la pastorada para el estudio del habla. Se trata éste de un género consistente en una serie de «diálogos interpretados por el mayoral o mairal y el repatán o rebadán en lengua aragonesa, en los cuales se hace una crónica social crítica de lo acontecido durante el año o de las costumbres de la época que les toca vivir»; estas piezas se representaban el día de Santa Orosia, patrona del valle, desde el siglo XVIII hasta mediados del XX, recuperándose en los últimos años. La fuente de los materiales para esta segunda parte, más propiamente lingüística que la primera, fueron conversaciones espontáneas con individuos naturales de la población, mencionados con sus nombres explícitamente en una lista (210). A la mencionada introducción sigue una caracterización fonética del habla local (211-16), así como otra gramatical (217- 28) y un breve apartado específico dedicado a la «formación nominal» (249-54). Los rasgos dialectales descritos son los esperados para esta área dialectal del alto-aragonés, por lo que no se deparan grandes sorpresas al dialectólogo; no obstante, le permiten al autor afirmar que , si bien «no se puede decir que estemos ante una variedad original del aragonés . . ., sí es fundamental por estar a mitad de evolución entre el aragonés de Somontano y las variedades más genuinas del aragonés central». Y continúa: [el habla] «se podría enclavar dentro del aragonés del Campo de Jaca . . . aunque presenta características que lo acercan al aragonés del Valle de Tena y Sobrepuerto, haciendo de puente entre estas zonas, por su situación geográfica y zona de influencia . . . Particularidades más específicas lo acercan al aragonés central, desde Panticosa y Sobremonte hasta Ballibió, aunque con gran retroceso, siendo en la actualidad su existencia mínima y meramente testimonial . . .: el artículo en su variante ro, ra, ros, ras . . . y la conservación de las consonantes sordas intervocálicas -p- , -t-, -k-, así como participios con t intervocálica, aunque de forma tan circunstancial que es casi anecdótica» (256). El capítulo (y con él, el libro) se cierra con unas conclusiones (255- 58), en las que se incide nuevamente sobre el estado de deterioro del dialecto y las actitudes no muy favorables hacia éste de los propios hablantes, sobre todo las mujeres, que opinan que «se habla mal, en vez de pensar que se habla distinto». Sin embargo, a pesar de que el aragonés se halla reducido en esta zona a «palabras sueltas, frases hechas y perfectas construcciones sintácticas», el autor se sorprende porque pensaba que ya «no podían utilizarse en un lugar como Yebra, tan despoblado, tan castellanizado, pero, eso sí, no demasiado aculturado todavía como para olvidar y dejar de transmitir su tradición a las siguientes generaciones». 360 Besprechungen - Comptes rendus Como valoración global podemos concluir que se trata de una obra que, a través de abundantes materiales recogidos de primera mano y en un momento histórico crucial (por la acelerada pérdida de las tradiciones culturales populares que acarrean las modernas transformaciones socioeconómicas), nos ofrece una visión pormenorizada de la situación actual del dialecto aragonés en un enclave concreto del Pirineo prácticamente desatendido por la investigación lingüística hasta el momento. María Dolores Gordón Peral ★ R. Álvarez/ F. Dubert/ X. Sousa, Lingua e territorio, Santiago de Compostela (Instituto da Lingua Galega/ Consello da Cultura Galega) 2006, 527 p. A obra que presentamos contén os relatorios que foron lidos no simposio do mesmo nome, Lingua e territorio, organizado polo Instituto da Lingua Galega (ILG), en colaboración co Consello da Cultura Galega, na Facultade de Filoloxía da USC, en novembro de 2004. O libro ábrese cunha dedicatoria a Constantino García (catedrático xubilado da Facultade de Filoloxía compostelá) dos seus colegas do ILG. Este profesor foi unha figura que tivo un papel singular no impulso e promoción dos estudos académicos do galego así coma na súa investigación. Deseguido aparece un limiar dos editores que adianta as investigacións publicadas e confirma que as variedades diatópicas galegas están organizadas en bloques verticais (occidental, central, oriental) seguindo os meridianos e en áreas horizontais na liña dos paralelos. Os lectores que aínda non tiveron ocasión de se achegar a esta publicación poderán atopar nela os seguintes contidos: i. A dificultade de establecer fronteiras para delimitar dominios dialectais, debido á densidade de áreas de transición que dilúen as diferenzas existentes. ii. A estrutura xenética da poboación galega: analoxías entre evolución lingüística e evolución xenética. iii. As sociedades pre e protohistóricas galaicas: distribución de útiles, arte, olería, escultura, vivendas . . . iv. A Galicia da alta idade media (anos 700 e 1100 da nosa era) a través das interrelacións entre o home e o espazo físico que habita. v. A Galicia dos séculos XVI a XIX: diferenzas locais e comarcais na organización familiar, sistemas de herdanza e alimentación, montes comunais, organización agraria, estruturas familiares e herdanzas. vi. A cultura popular galega nas súas crenzas e historias: unha variante con marcada personalidade da cultura tradicional europea. vii. A xeografía do eixe atlántico: un marco territorial administrativo no seo da Unión Europea. viii. As variables xeográficas e a variación lingüística, as diferenzas na fala en relación coas distincións xeomorfolóxicas, climáticas, sociolóxicas, etnográficas ou económicas. ix. A documentación lingüística prelatina na Gallaecia: inexistencia, só a Lusitania proporciona documentación directa para coñecermos linguas prelatinas ou de substrato. x. Difusión e expansión dos apelidos en Galicia, distribución areal, documentación histórica e número de ocorrencias. xi. Permanencia do léxico antigo no galego actual, concretado no caso da voz da botánica «queiroga»: hipóteses etimolóxicas e presenza na lexicografía, na toponimia e na onomástica. 361 Besprechungen - Comptes rendus xii. Relacións entre dialectoloxía e xeografía humana concretadas no estudo da conduta humana, das actividades do ser humano sobre a face da terra vinculadas a condicións sociais, económicas e políticas. xiii. A configuración do espazo e as características morfolóxicas do terreo como factor determinante de aparición dunha nova acepción dunha palabra: os casos de «fraga», «freita» e «lameiro». xiv. Áreas léxicas na nomenclatura da fauna marítima da costa galega entre Asturias e Portugal. xv. O tratamento dialectométrico dos datos do ALGa seguindo o procedemento deseñado por Hans Goebl para a aplicación do programa «VisualDialectometry» na explotación de datos de varios atlas lingüísticos. Vemos, pois, unha diversidade de relatorios que estudan múltiples aspectos conectados de xeito directo ou transversal coa dialectoloxía e coa xeografía lingüística ou xeolingüística, nomes estes últimos que, por certo, algúns discuten en favor do de lingüística xeográfica, talvez máis exacto. Os traballos constitúen unha proba do pulo que está a acadar dende hai varios anos a lingüística galega neste eido científico. É interesante observar as analoxías que se poden establecer entre a lingua e outras disciplinas heteroxéneas afíns como a historia ou a xeografía e menos afíns como a xenética, así coma o grao de complementariedade que chegan a adquirir na procura dun obxectivo común que é o de coñecer a diversidade de falas existentes nun país. Nesta liña, se cadra tamén encaixaba ben a contribución dalgún destacado psiquiatra e/ ou psicólogo para axudarnos a esclarecer en que medida o territorio conforma o noso «ánimo», «forma de ser» e ata que punto isto condiciona a lingua e as falas do país. Comprobamos que a meirande parte das contribucións son de carácter lexicográfico, algo que se debe, entre outras razóns, a que a lexicografía dialectal goza de moita tradición na romanística e por ende nos estudos de lingüística galega, mesmo na súa face diacrónica. A recollida de falas por todo o territorio e a conseguinte elaboración de repertorios léxicos dialectais foi unha das principais liñas de investigación en galego ata hai poucos anos. Doutra volta, a variación xeográfica no terreo do léxico resulta máis evidente, distintiva e doada de percibir. Pero aquí é onde botamos de menos novos ámbitos de pescuda coma o da sintaxe, unha disciplina que adoita marxinarse nos estudos ibéricos de corte dialectal. Unhas conclusións definitivas para o dominio lingüístico galego nunca se poderán acadar se non se suman e contrastan os datos fonéticos, morfolóxicos e léxicos con outros procedentes do ámbito da sintaxe. Sería bo coñecermos se existen fronteiras ou continuum no noso territorio neste eido e catalogar todas as variedades, mormente aquelas que poidan estar próximas a desaparecer. Tamén resultaría de interese que as investigacións se estendesen a máis territorios de fala galega ca ó estritamente administrativo de Galicia, e postos a ambicionar mesmo se podía pescudar en espazos lingüísticos doutros países nos que a emigración galega tivo e aínda ten unha presenza destacada (lingua e territorio na emigración). As investigacións publicadas son de grande rigor científico, pois non se trata de contribucións ad hoc senón de pescudas de especialistas que desenvolven, día a día dende hai anos, o seu labor científico neste eido. Alén disto, dan mostra do dinamismo e das inquedanzas que dende distintas frontes científicas existen arredor da lingua galega. Xosé Soto Andión ★ 362 Besprechungen - Comptes rendus Nachrichten - Chronique 1. Bibliographie der Schweizer Romanistik 2007 Adam Jean-Michel, «Text linguistics and comparative literature: towards an interdisciplinary approach to written tales. 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Autour de l’insertion de ‹Sonnet d’automne› dans Les Fleurs du Mal de 1861», avec la collaboration de Ute Heidmann, Semen 24 (2007): 123-44 Alvar Carlos (ed.), Gran Enciclopedia Cervantina, vol. 4, Madrid 2007 - «Cordoue dans la littérature française (XII e et XIII e siècles)», CN 66 (2006): 311-31 - «Cincuenta años de estudios de poesía épica española medieval (con una nota sobre los estudios de épica románica en España)», Revista de Literatura Medieval 18 (2006): 87-112 - «La literatura europea en la biblioteca de Isabel la Católica», in: L. Ribot/ J. Valdeón/ E. Maza (ed.), Isabel la Católica y su época. Actas del congreso internacional 2004, Instituto de Historia Simancas, vol. 2, Valladolid 2007: 1221-30 - «Libros de caballerías. Estado de la cuestión (2000-04 ca.)», in: J. Ml. Cacho Blecua (ed.), De la literatura caballeresca al Quijote. Zaragoza 2007: 13-58 - «Geografía e historia literaria», in: A. López Castro/ L. Cuesta Torre (ed.), Actas del XI congreso internacional de la Asociación Hispánica de Literatura Medieval, León 2007: 17-26 - «Las inquietudes lingüísticas en L’Entrée d’Espagne», in: P. G. Beltrami/ M. G. Capusso/ F. Cigni/ S. Vatteroni (ed.), Studi di Filologia romanza offerti a Valeria Bertolucci Pizzorusso, vol. 2, Ospedaletto (Pisa) 2006: 1-21 - «Gran Enciclopedia Cervantina. Al final del camino», in: J. L. González Quirós/ J. Mª Paz Gago (ed.), El Quijote y el pensamiento moderno, vol. 1, Madrid 2007: 21-31 - «Alphonse X de Castille traduit en français pendant le Moyen Âge. Quelques textes», in: Cl. Galderisi/ C. Pignatelli (ed.), La traduction vers le moyen français, Actes du II e colloque de l’AIEMF, Poitiers, 27-29 avril 2006, Turnhout 2007: 379-93 - «Don Quijote y el Más Allá», in: C. Romero Muñoz (ed.), Por sendas del Quijote innumerable, Madrid 2007: 11-31 - «El Cid: Historia y epopeya», in: J. Mª Díez Borque (dir.), El Cid. 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Monographien Bundi Martin, Memorandum zum Schicksal der rätoromanischen Sprache an der Wende des 20. zum 21. Jahrhundert, [Chur] 2005 [Manuskript] Gut Judith/ Renward Cysat, Dictionarius vel vocabularius germanicus diversis linguis respondens. Edition und Untersuchungen, Münster 2006 (Studien und Texte zum Mittelalter und zur frühen Neuzeit 10) [Dissertation Univ. Genf 2002] Kundert Mathias, Der Sprachwechsel im Domleschg und am Heinzenberg (19./ 20. Jahrhundert), Chur 2007 (Quellen und Forschungen zur Bündner Geschichte 18) Stich Dominique, Parlons romanche. La quatrième langue officielle de la Suisse. Le romanchegrison et les variétés romanches, Paris 2007 2.1.3. Artikel Badilatti Michele, «L’analisa dal caracter dal rumauntsch discurrieu in üna organisaziun sportiva da giuvenils a l’exaimpel dal Club da Hockey La Plaiv», AnSR 120 (2007): 261-86 Berthele Raphael, «Contact de langues et conceptualisations spatiales. Aspects de la sémantique et de la grammaire de la référence spatiale en sursilvan, vallader et surmiran», VRom. 66 (2007): 60-71 Collenberg Cristian, «Lungatg d’instrucziun e scolaziun da lungatg ella situaziun plurilingua cun lungatgs minoritars», AnSR 120 (2007): 179-210 Eichenhofer Wolfgang, «Profilo del retoromancio intorno alla Schesaplana», RLiR 71 (2007): 119-202 EichenhoferWolfgang, «Weitere Bemerkungen zu Etymologien des Niev vocabulari romontsch sursilvan-tudestg (NVRST)», Ladinia 31 (2007): 115-42 Furer Jean-Jacques, «Situazione statistica attuale del romancio in Svizzera», Ladinia 31 (2007): 55-106 Gaudenz Gion, «Giachem Bifrun scu teolog», Chalender ladin 97 (2007): 131-34 Iliescu Maria, «Das Faktitiv in den rätoromanischen Mundarten», in: M. Iliescu, Pan- und Raetoromanica.Von Lissabon bis Bukarest, von Disentis bis Udine, Stuttgart 2007: 343-58 (Romanische Sprachen und ihre Didaktik 13) [auch in: M. Iliescu et al. (ed.), Ladinia et Romania. Festschrift für Guntram Plangg (= Mondo Ladino 21 (1997): 281-99)] 379 Nachrichten - Chronique Iliescu Maria, «Der Repräsentative Wortschatz der Romanischen Sprachen. Das Rätoromanische.», in: M. Iliescu, Pan- und Raetoromanica. Von Lissabon bis Bukarest, von Disentis bis Udine, Stuttgart 2007: 199-259 (Romanische Sprachen und ihre Didaktik 13) [auch in: Ladinia 14 (1990): 171-215] Iliescu Maria, «Die ‹logisch-semantische› Präposition ‹mit› im Surselvischen und im Rumänischen», in: M. Iliescu, Pan- und Raetoromanica. Von Lissabon bis Bukarest, von Disentis bis Udine, Stuttgart 2007: 369-381 (Romanische Sprachen und ihre Didaktik 13) [auch in: M. Iliescu et al. (ed.), Die vielfältige Romania. Gedenkschrift für Heinrich Schmid, Vich/ Vigo di Fassa etc. 2001: 87-99] Iliescu Maria, «Die Präpositionalsyntagmen [Präp. + Art./ 0 + N] im Engadinischen und im Rumänischen», in: M. Iliescu, Pan- und Raetoromanica. Von Lissabon bis Bukarest, von Disentis bis Udine, Stuttgart 2007: 383-96 (Romanische Sprachen und ihre Didaktik 13) [auch in: P. Wunderli et al. (ed.), Italica - Raetica - Gallica. Studia linguarum litterarum artiumque in honorem Ricarda Liver, Tübingen und Basel 2001: 615-25] Iliescu Maria, «Le rhétoroman», in: M. Iliescu, Pan- und Raetoromanica. Von Lissabon bis Bukarest, von Disentis bis Udine, Stuttgart 2007: 195-98 (Romanische Sprachen und ihre Didaktik 13) [auch in: RRLi. 27 (1982): 143-45] Iliescu Maria, «Les ornithonymes en rhéto-roman», in: M. Iliescu, Pan- und Raetoromanica. Von Lissabon bis Bukarest, von Disentis bis Udine, Stuttgart 2007: 261-88 (Romanische Sprachen und ihre Didaktik 13) [auch in: RLiR 42 (1978): 355-83] Iliescu Maria, «Parler en Rhétoroman», in: M. Iliescu, Pan- und Raetoromanica. Von Lissabon bis Bukarest, von Disentis bis Udine, Stuttgart 2007: 289-95 (Romanische Sprachen und ihre Didaktik 13) [auch in: RRLi. 22 (1977): 165-69] Iliescu Maria, «Rätoromanisches zu Gerhard Rohlfs Romanische Sprachgeographie», in: M. Iliescu, Pan- und Raetoromanica. Von Lissabon bis Bukarest, von Disentis bis Udine, Stuttgart 2007: 307-17 (Romanische Sprachen und ihre Didaktik 13) [auch in: RRLi. 17 (1972): 479-88] Iliescu Maria, «Tendenzen zur Vereinfachung und Regelmäßigkeit in den rätoromanischen Verbsystemen», in: M. Iliescu, Pan- und Raetoromanica. Von Lissabon bis Bukarest, von Disentis bis Udine, Stuttgart 2007: 319-33 (Romanische Sprachen und ihre Didaktik 13) [auch in: G. Holtus et al. (ed.), Raetia antiqua et moderna. W. Th. Elwert zum 80. Geburtstag, Tübingen 1986: 379-89] Iliescu Maria, «Une particularité syntaxique romanche d’origine obscure. Le groupe nominal formé par deux substantifs juxtaposés», in: M. Iliescu, Pan- und Raetoromanica. Von Lissabon bis Bukarest, von Disentis bis Udine, Stuttgart 2007: 363-68 (Romanische Sprachen und ihre Didaktik 13) [auch in: RRLi. 13 (1968): 433-37] Iliescu Maria, «‘Weinen’ und Verwandtes im Rätoromanischen», in: M. Iliescu, Pan- und Raetoromanica. Von Lissabon bis Bukarest, von Disentis bis Udine, Stuttgart 2007: 297-305 (Romanische Sprachen und ihre Didaktik 13) [auch in: O. Winkelmann et al. (ed.), Beiträge zur allgemeinen, indogermanischen und romanischen Sprachwissenschaft. Festschrift für J. Hubschmid zum 65. Geburtstag, Bern 1982: 523-33] Iliescu Maria/ Mourin Louis, «Particularités de la flexion des descendants de ESSE dans les dialect[e]s rhétoromans», in: M. Iliescu, Pan- und Raetoromanica. Von Lissabon bis Bukarest, von Disentis bis Udine, Stuttgart 2007: 335-42 (Romanische Sprachen und ihre Didaktik 13) [auch in: G. A. Plangg et al. (ed.), Studi ladini in onore di Luigi Heilmann (= Mondo Ladino 10 (1986): 85-93)] Klainguti Sidonia, «L’influenza dal latin en las linguas romanas cun consideraziun speziala dal rumantsch», AnSR 120 (2007): 7-17 Liver Ricarda, «Alpinromanische Wortgeschichten aus der Sicht des Bündnerromanischen», in: W. Dahmen et al. (ed.), Sexaginta. Festschrift für Johannes Kramer, Hamburg 2007: 207-19 (Romanistik in Geschichte und Gegenwart Beiheft 16) Solèr Clau, «Erhaltung von Minderheitensprachen am Beispiel des Rätoromanischen. Sprachliche und aussersprachliche Aspekte», in: Modelle sprachlichen Zusammenlebens in den autonomen Regionen Südtirol und Aostatal, im Wallis und Graubünden, VFGA 11 (2007): 69-79 Solèr Clau, «Varga 100 onns romontsch administrau - siemis, ficziuns e realitad», Calender Romontsch 148 (2007): 399-408 380 Nachrichten - Chronique 2.2. Literatur 2.2.1. Mehrsprachige Ausgaben Capeder Dumeni, Viva la veta! Poesias - Es lebe das Leben! Gedichte, Chur 2007 Hendry Vic, Anemona alva. 20 poesias - Gedichte - poesie - poèmes. Übersetzer: Mevina Puorger Pestalozzi, Marisa Keller-Ottaviano, Jean-Jacques Furer, Dozwil 2007 (Die kleine signathur 3) Hofmann Fadrina et al., Il Quadern. Sieben Texte in zwei Sprachen aus der jungen Rumantschia - Set texts rumantsch grischun-tudestgs da la Rumantschia giuvna. Translaziuns: Auturas, auturs e Linguistica Applitgada da la Lia Rumantscha, S. l. 2008 Klainguti Göri, «Freddy nun es ün paziaint» [und dt. Version: ] «Freddy, ein Patient? », in: P. Ott (ed.), Tatort Schweiz 2. 23 kriminelle Geschichten aus der viersprachigen Schweiz, Zürich 2007: 360-77, 198-215 Meyer-Tschenett Plinio, Dschon Uein id atras istorias grischunas - Dschon Uein und andere Bündner Geschichten, Müstair 2007 Spescha Arnold, Ei dat ils muments da pass lev - Zeiten leichtfüssigen Schritts. Gedichte rätoromanisch und deutsch. Ed. und mit einem Nachwort von Mevina Puorger, dt.: Mevina Puorger und Franz Cavigelli, Zürich 2007 2.2.2. Artikel Bundi Martin, «Ina admoniziun - Sarn 1590/ 1605», Per mintga gi 86 (2007): 83-85 Caduff Renzo, «Prova i’l möd da Peider Lansel. Andri Peer denter imitaziun e re-creaziun», AnSR 120 (2007): 21-45 Caduff Renzo, «Vic Hendry. Worte mit Waldbeerengeschmack», Viceversa 1 (2007): 46-63 Coray Renata/ Riatsch Clà, «Traditionen und Traditionsbrüche im bündnerromanischen Sprachgedicht», in: F. Vicario (ed.), Ladine Loqui. IV Colloquium retoromanistic 2005, Udine 2007: 199-233 Derungs Ursicin G. G., «Identità ambigua del romancio e della sua letteratura», in: D. Fusco Girard (ed.), La Svizzera e L’Europa. Identità e Identificazione. Giornata di Studio, Univ. degli Studi di Napoli «L’Orientale», Locarno 2006: 131-50 Ganzoni Annetta, «Da Caratsch a Badraun. La difesa della cultura romancia nei racconti polizieschi dell’ultimo cinquantennio», in: F. Vicario (ed.), Ladine Loqui. IV Colloquium retoromanistic 2005, Udine 2007: 235-49 Ganzoni Annetta, «Es il rumauntsch forsa ün curtè da fer la barba . . .: L’identità romancia nei gialli dell’ultimo cinquantennio», in: D. Fusco Girard (ed.), La Svizzera e L’Europa. Identità e Identificazione. Giornata di Studio, Univ. degli Studi di Napoli «L’Orientale», Locarno 2006: 185-214 Liver Ricarda, «Rätoromanische Literatur in Graubünden im 16./ 17. Jahrhundert», in: P. Rusterholz et al. (ed.), Schweizer Literaturgeschichte, Stuttgart etc. 2007: 485-96 Nicolay Mirta/ Riatsch Clà/ Valär Rico, «Jakob Christoph Heer: Der König der Bernina. Sverguognada profanaziun, arte o artifizi? », Chalender ladin 97 (2007): 86-93 Puorger Mevina, «Das Literatur-Jahr 2006 in Romanischbünden», Viceversa 1 (2007): 265-68 Riatsch Clà, «Gesichter der Berge, Zeichen der Bäume», Piz Nr. 33 (2007): 18-21 Riatsch Clà, «Heimat in der romanischen Literatur», Piz Nr. 34 (2007/ 2008): 12-14 Riatsch Clà, «Zücher e sal. Cuntrasts ed ambivalenzas in Il commissari da la cravatta verda da Reto Caratsch», AnSR 120 (2007): 47-69 Schreich Hans-Peter, «La Val Müstair en la litteratura tudestga. 3. part: Raquints e romans da Maurus Carnot e Tina Truog-Saluz», Biblioteca Jaura. Rapport (2007): 5-9 381 Nachrichten - Chronique 2.2.3. Übersetzungen aus dem Rätoromanischen Candinas Theo, Maria Magdalena. Die Geschichte einer Frau aus dem Bündnerland. Orig.: Maria Madleina. Übers. aus dem Romanischen durch den Autor mit Hilfe von Anita Grond, Frauenfeld 2007 Peer Oscar, Das Raunen des Flusses. Dt. Fassung von La rumur dal flüm (1999), Zürich 2007 Scarpatetti Nadia, Die Freiheit ist nahe. Roman. Orig.: La libertad è manevla, Frankfurt a. M. 2007 2.2.4. Übersetzungen ins Rätoromanische Knellwolf Ulrich, La mort a Segl Maria. 17 istorgias malignas (10 in vallader, 7 in puter). Orig.: Tod in Sils Maria. Vallader: Mariachatrina Gisep Hofmann, puter: Jon Candrian, S. l. 2007 382 Nachrichten - Chronique 3. Büchereingänge - Livres reçus 2007-2008 Ainsworth Peter F. (ed.): Jean Froissart, Chroniques. Livre III. Le Manuscrit Saint-Vincent de Besançon. Vol. 1, Genève (Droz) 2007, 510 p. (Textes littéraires français 594) Baudelle-Michels Sarah (ed.), Rebelles et rébellions dans la littérature médiévale. Journée d’études du 17 mars 2006, Lille (Université Charles-de-Gaulle) 2007, 270 p. (Bien dire et bien aprandre 25) Beckmann Gustav Adolf, Die Karlamagnús-Saga I und ihre altfranzösische Vorlage, Tübingen (Niemeyer) 2008, vii + 260 p. (Beihefte zur ZRPh. 344) Bouvier Jean-Claude, Les noms de rues disent la ville, Paris (Christine Bonneton) 2007, 223 p. Brayer Édith/ Leurquin-Labie Anne-Françoise: Frère Laurent, La somme le roi, Paris (Société des anciens textes français) 2008, 591 p. Canobbio Sabina/ Telmon Tullio (ed.), Atlante Linguistico ed Etnografico del Piemonte Occidentale - ALEPO. Il mondo vegetale, vol. I-II, Erbacee, Scarmagno (Priuli & Verlucca) 2007, 261 p. + CD-ROM Cazanave Caroline, D’Esclarmonde à Croissant. Huon de Bordeaux, l’épique médiéval et l’esprit de suite, Besançon (Presses universitaires de Franche-Comté) 2007, 300 p. Chircu Adrian, L’adverbe dans les langues romanes. Études étymologique, lexicale et morphologique (français, roumain, italien, espagnol, portugais, catalan, provençal), Cluj-Napoca (Casa Cñrt , ii de Ótiint , ñ) 2008, 338 p. Dazio Hedi, Peccia, Bellinzona (Archivio di Stato del Cantone Ticino) 2008, 139 p. (Archivio dei nomi di luogo 24) Dressi Patrizio/ Ghiggia-Roberti Foc Elda/ Giudici Americo Romerio/ Lucchini Mario/ Solari Flavio/ Ruggia Enrico/ Vassere Stefano, Giornico, Bellinzona (Archivio di Stato del Cantone Ticino) 2007, 201 p. (Repertorio toponomastico ticinese 23) Duval Frédéric/ Pomel Fabienne (ed.): Guillaume de Digulleville, Les pèlerinages allégoriques, Rennes (Presses universitaires de Rennes) 2008, 490 p. Feijò GlaucoVaz/ Regis Jacqueline Fiuza da Silva (ed.), Festival de Colores: Dialoge über die portugiesischsprachige Welt,Tübingen (Calepinus Verlag) 2007, 432 p. (studia miscellanea lusitana 1) García Gondar Francisco/ Blanco Gonzàlez Cristina/ Cereixo Silva Amparo/ Gonzàlez Martínez Déborah/ Suàrez Vàzquez Damiàn, Bibliografía analítica da lingua galega (2004), Santiago de Compostela (Xunta de Galicia) 2006, 398 p. (Cadernos da bilega 1) Gaullier-Bourgassas Catherine (ed.), Poètes et poétesses dans le roman médiéval. Journée d’études du 8 décembre 2005. Gianascio Valerio, Cavagnago, Bellinzona (Archivio di Stato del Cantone Ticino) 2008, 74 p. (Archivio die nomi di luogo 23) Giessen Hans W./ Lügner Heinz-Helmut/ Volz Günther (ed.), Michel Bréal - Grenzüberschreitende Signaturen, Landau (Verlag Empirische Pädagogik) 2007, 406 p. (Landauer Schriften zur Kommunikations- und Kulturwissenschaft 13) Gruppo toponomastico Claro/ Vassere Stefano/ Pellanda Tarcisio (ed.), Claro, Bellinzona (Archivio di Stato del Cantone Ticino) 2008, 119 p. (Archivio dei nomi di luogo 10) Härmä Juhani/ Suomela-Härmä Elina/ Välikangas Olli (ed.), L’art de la philologie. Mélanges en l’honneur de Leena Löfstedt, Helsinki (Société Néophilologique) 2007, 319 p. (Mémoires de la Société Néophilologique de Helsinki 70) Jan Fabienne, De la dorveille à la merveille. L’imaginaire onirique dans les lais féeriques des XII e et XIII e siècles, Lausanne (Archipel) 2007, 170 p. («Essais» 12) Kunstmann Pierre/ Stein Achim (ed.), Le Nouveau Corpus d’Amsterdam. Actes de l’atelier de Lauterbad, 23-26 février 2006, Stuttgart (Franz Steiner Verlag) 2007, 200 p. (ZfSL-Beiheft 34) La Fauci Nunzio/ Pieroni Silvia, Morfosintassi latina. Punti di vista, Pisa (ETS) 2007, 112 p. (Progetti linguistici 18) Lecco Margherita (ed.): Wistasse le Moine, Saggi sul romanzo del XIII secolo. Vol. II, Alessandria (Edizioni dell’Orso) 2007, 194 p. (Studi e Ricerche 51) Lemaire Jacques Ch. (ed.): Robert de Blois, Biaudouz, Liège (Éditions de l’Université de Liège) 2008, 371 p. 383 Nachrichten - Chronique Lemaitre Jean-Loup/ Vielliard Françoise (ed.), Portraits de troubadours. Initiales du chansonnier provençal A (Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat. lat. 5232), Città del Vaticano (Biblioteca Apostolica Vaticana) 2008, lvi + 122 p. (Studi e testi 444) Lo Nou Testament. Traducció de Josep Melcior Prat [1832], transcripció a cura d’Antoni Coll i Casals, amb notes de Pere Casanellas i Bassols, estudi introductori de Pau Alegre i Nadal, Carme Capó i Fuster, Antoni Coll i Casals i Pere Casanellas i Bassols, i Glossari d’Antoni Coll i Casals i Pere Casanellas i Bassols, revisat per Albert Rossich, Barcelona (Associació Bíblica de Catalunya - Publicacions de l’Abadia de Montserrat) 2008, 443 p. Molinelli Piera, Standard e non standard tra scelta e norma. Atti del XXX Convegno della Società Italiana di Glottologia. Bergamo, 20-22 ottobre 2005, Roma (Editrice „Il Calamo“ SNC) 2007, p. 119 Mölk Renate, Durch die Blume gesagt. Pflanzen und Blumen in Marcel Prousts À la recherche du temps perdu, Heidelberg (Universitätsverlag Winter) 2008, x + 497 p. (Studia Romanica 139) Rézeau Pierre (ed.), Richesses du français et géographie linguistique. Volume 1, Bruxelles (De Boek) 2007, 501 p. (Champs linguistiques) Romero Cambrón Ángeles/ García Pinilla Ignacio J. (ed.): Paulo Orosio, Historias contra los paganos. Versión aragonesa patrocinada por Juan Fernández de Heredia, Zaragoza (Larumbe) 2008, lxxiii + 732 p. (Textos Aragoneses 50) Schnyder André (ed.): Thüring von Ringoltingen, Melusine (1456), Wiesbaden (Reichert) 2006, 2 vol., 203 p. + 159 p. Tuaillon Gaston, Le francoprovençal. Tome premier, Quart (Musumeci) 2007, 240 p. Tyssens Madeleine (ed.), «Intavulare». Tables de chansonniers romans. II. Chansonniers français. 5. U. (Paris, BNF fr. 20050), Liège (Bibliothèque de la Faculté de Philosophie et Lettres) 2007, 95 p. (Documenta et instrumenta 5) Vassere Stefano/ Bettelini Piero/ Frey Giovanni/ Gianferrari Francesco/ Wenger Pietro, Caslano, Bellinzona (Archivio di Stato del Cantone Ticino) 2008, 94 p. (Repertorio toponomastico ticinese 24) Ventarola Barbara, Kairos und Seelenheil. Textspiele der Entzeitlichung in Francesco Petrarcas Canzoniere, Stuttgart (Franz Steiner Verlag) 2008, 347 p. (Text und Kontext 28) 384 Prix Collegium Romanicum pour l’Avancement de la Relève MISE AU CONCOURS Le Collegium Romanicum met au concours le «Prix pour l’Avancement de la Relève» pour l’année 2009. Les membres du Collegium Romanicum sont invités à envoyer leurs propositions (dossier du/ de la candidat/ e, monographie, 2 rapports) à chacun des trois membres du jury. Le délai de présentation est le 22 juin 2009. Adresses du jury: Prof. Dr. Angela Ferrari, Istituto di italianistica, Maiengasse 51, 4056 Basel Prof. Dr. Itzíar López Gil, Romanisches Seminar, Zürichbergstrasse 8, 8028 Zürich Prof. Dr. Olivier Pot, Département de langue et de littérature francaises modernes, rue De-Candolle 5, 1211 Genève 4 Règlement 1. Le collegium Romanicum décerne chaque année aux jeunes romanistes suisses ou travaillant en Suisse qui n’auront pas dépassé les 35 ans au moment de leur candidature le «Prix d’Avancement de la Relève». Il récompense les travaux scientifiques des jeunes chercheurs/ chercheuses qui se sont distingué(e)s dans le domaine de la philologie romane (linguistique ou littérature). 2. Ce prix est mis au concours annuellement lors de l’Assemblée Générale du Collegium Romanicum. La dotation en est de 2.000.- CHF. 3. La date limite de présentation est le 22 juin. 4. Le jury qui doit accorder le Prix de la Relève est formé par trois membres du Collegium Romanicum. Ceux-ci sont choisis par les membres présents à l’Assemblée Générale. Le jury peut, au besoin, demander à des spécialistes des rapports supplémentaires. 5. On accordera le prix à des monographies scientifiques (livres, thèses) du domaine de la philologie pomane (linguistique ou littérature), déjà parues ou achevées au moment de leur présentation au concours. 6. Chaque candidature (monographie et candidat/ e) doit être proposée, par écrit, par deux professeurs (un du Collegium Romanicum). 7. Le prix sera remis lors de l’Assemblée Générale qui suivra à la mise au concours. Premio del Collegium Romanicum 2008 Rapport du jury Deux thèses ont été soumises au jury, soutenues l’une à l’Université de Bâle, l’autre à l’Université de Neuchâtel. Elles nous paraissent mériter à égalité le Prix du Collegium Romanicum. Actuellement sous presse à la Librairie Droz (parution en 2007), la thèse de Daniele Maira intitulée Typosine, la dixième Muse. Une forme éditoriale des Canzonierifrançais autour des Amours de Ronsard (1544-60) étudie la mise en œuvre de «l’appareil titulaire» (c’est-à-dire le paratexte) dans les Canzonieri français depuis la Délie de Scève jusqu’à la première édition collective des oeuvres de Ronsard. Il y a, dans ce questionnement mené à partir de la matérialité du livre (la «Muse Typosine»), une manière tout à fait originale de concevoir l’histoire littéraire divisée en trois périodes. Dans un premier temps, le monopole du nom de la dame relègue l’auteur à un anonymat plus ou moins relatif (la démonstration se fonde sur une bonne connaissance de Pétrarque et des poètes néo-latins). Dans un deuxième temps, l’invention du titre Amours permettra à Ronsard de renouveler le dispositif titulaire à l’exemple des modèles italiens (notamment Bernardo Tasso) et par une insistance sur la figure du poète et sur l’autocélébration de la poésie. Enfin, dans un troisième temps, le recours à des stratégies complexes, de nature rhétorique et esthétique, combinent les deux solutions précédentes en mettant en valeur le rôle programmatique des cahiers initiaux, la fonction de l’iconographie - les portraits de la Dame sont la marque distinctive des canzonieri français à cette époque -, et les effets typographiques et décoratifs de toutes sortes qui visent à induire une cohérence formelle là où en réalité elle fait défaut, c’est-à-dire dans un genre qui éprouve de la difficulté à se définir et qui «aspire à l’unité harmonieuse sans jamais atteindre cet idéal». La conclusion signale la crise interne du genre qui se dessine à la fin de la période concernée, au terme d’une enquête précise, informée, rigoureuse et érudite mais qui évite toute lourdeur par un style agréable et enjoué. La thèse de Madame Carine Skupien Dekens, Traduire pour le peuple de Dieu. La syntaxe française dans la traduction de la Bible par Sébastien Castellion, Bâle, 1555 parvient, grâce à la synthèse réussie des divers phénomènes culturels, linguistiques, religieux et intellectuels du XVI e siècle (ch. I), et au moyen d’une méthodologie rigoureuse qu’elle a élaborée elle-même, à dégager les principes grammaticaux implicites que Sébastien Castellion a imposés à son imprimeur pour la publication de sa traduction de la Bible. Mme Skupien Dekens montre ainsi la cohérence du système de ponctuation employé par le traducteur et qui sert à la structuration du texte en l’absence de versets (ch. II), l’adéquation stylisticosyntaxique des modèles de phrases aux différentes particularités génériques ou rhétoriques du texte biblique (ch. III), enfin la pertinence de la construction participiale en -ant pour l’analyse de la langue du XVI e siècle (ch. IV). La démonstration repose d’une part sur une connaissance sûre et profonde des théories grammaticales contemporaines (Dolet, Meigret, La Ramée), d’autre part sur une analyse stylistique méticuleuse qui n’est jamais dissociée de la question grammaticale. Sous sa forme qui est destinée telle quelle à la publication, cette thèse est une contribution majeure à l’histoire de la langue française du XVI e siècle. Elle est de nature à renouveler notre connaissance des périodisations de la langue, ce qui la rendra assurément utile et indispensable aux études comparatives futures. Équivalentes sur le plan des contenus, du sérieux scientifique de la démarche, des facultés d’innovation et des apports importants à notre compréhension de la littérature, de la poétique et de la langue de la Renaissance française, les deux thèses se distinguent l’une et l’autre par leur qualité rédactionnelle qui fait que l’élégance de l’expression rivalise avec la clarté, la propriété et l’efficacité de la formulation. Berne, 27 janvier 2008 Prof. Dr. Angela Ferrari Prof. Dr. Itzíar López Gil Prof. Dr. Olivier Pot 386 Prix Collegium Romanicum
