eJournals

Vox Romanica
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
Es handelt sich um einen Open-Access-Artikel, der unter den Bedingungen der Lizenz CC by 4.0 veröffentlicht wurde.http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/121
2009
681 Kristol De Stefani
ISSN 0042-899 X VOX ROMANICA ANNALES HELVETICI EXPLORANDIS LINGUIS ROMANICIS DESTINATI CONDITI AB J. JUD ET A. STEIGER EDITI AUSPICIIS COLLEGII ROMANICI HELVETIORUM A RITA FRANCESCHINI ET ANDRES KRISTOL 68 · 2009 A. FRANCKE VERLAG TÜBINGEN UND BASEL VOX ROMANICA Comité de rédaction: Georges Lüdi, président; Mmes et MM. Rolf Eberenz, Gilles Eckard, Felix Giger, Alexandre Huber, Marc-René Jung, Ricarda Liver, Lidia Nembrini, Hans- Rudolf Nüesch, Jean-Yves Tilliette. Rédacteurs: Mme Rita Franceschini (Freie Universität Bozen/ Libera Università di Bolzano), M. Andres Kristol (Université de Neuchâtel). Secrétaires de rédaction: Mmes et MM. Daniela Veronesi, Silvia Dal Negro, Alessandro Vietti, Paul Videsott, Helene Schwarz (Bozen/ Bolzano), Dorothée Aquino-Weber, Elisabeth Berchtold (Neuchâtel). Adresses de la rédaction: Mme Rita Franceschini, Freie Universität Bozen/ Libera Università di Bolzano, Universitätsplatz 1/ Piazza Università, 1, I-39100 Bozen/ Bolzano; courriel: r.franceschini@unibz.it M. Andres Kristol, Centre de dialectologie, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Université de Neuchâtel, Avenue DuPeyrou 6, CH-2000 Neuchâtel (manuscrits et livres pour comptes rendus); courriel: andres.kristol@unine.ch Adresse de l’éditeur: A. Francke Verlag, Postfach 2560, D-72015 Tübingen (correspondance relative à l’administration); courriel: info@francke.de; page Internet: www.francke.de Abonnement: € 72.-/ SFr 121.- Les articles du présent volume sont offerts individuellement sur www.francke.de. Tous les volumes de la Vox de 1936 à 1991 ont été rétrodigitalisés. Ils sont disponibles gratuitement sur le site http: / / retro.seals.ch (Feuilleter par classification: Langues / Vox Romanica) VOX ROMANICA est une revue scientifique de linguistique et de philologie romanes, publiée une fois par année. Enracinée dans les études romanes helvétiques depuis sa fondation en 1936 et ouverte sur la recherche internationale, elle consacre une attention particulière aux questions concernant le plurilinguisme et les minorités linguistiques. Tout en restant attachée à une optique historique et philologique, elle favorise également l’étude des variétés romanes actuelles et de nouvelles approches de la recherche linguistique. Renseignements pour les auteurs: Les manuscrits sont à envoyer aux adresses de Mme Franceschini et de M. Kristol (fichier informatisé et version papier). Les normes rédactionnelles peuvent être consultées sur le site www.unine.ch/ dialectologie/ vox/ vox.html (où on trouvera aussi la liste des livres disponibles pour les comptes rendus). Les articles sont évalués par des experts choisis au sein du comité de rédaction ou à l’extérieur de celui-ci. Les comptes rendus ne sont soumis à une évaluation que dans des cas exceptionnels. La rédaction se réserve d’éventuelles interventions stylistiques sur les textes. Les épreuves sont soumises aux auteurs. Au cours de la rédaction de ce numéro, 71 articles et comptes rendus ont été soumis à la rédaction (dont 12 dans l’année 2008). 7 contributions ont été jugées négativement, 9 ont été acceptées, en partie après une révision substantielle de la part des auteurs. À l’heure actuelle, 4 articles sont encore en cours d’évaluation. VOX ROMANICA 68 · 2009 VOX ROMANICA ANNALES HELVETICI EXPLORANDIS LINGUIS ROMANICIS DESTINATI CONDITI AB J. JUD ET A. STEIGER EDITI AUSPICIIS COLLEGII ROMANICI HELVETIORUM A RITA FRANCESCHINI ET ANDRES KRISTOL 68 · 2009 A. FRANCKE VERLAG TÜBINGEN UND BASEL Publié avec le soutien de l’Académie suisse des sciences humaines et sociales Alle Rechte vorbehalten / All Rights Strictly Reserved A. Francke Verlag Tübingen und Basel ISSN 0042 899 X ISBN 978-3-7720-2208-1 Satz und Druck: Laupp & Göbel, Nehren Buchbinderische Verarbeitung: Nädele, Nehren Printed in Germany Comité de rédaction: Rolf Eberenz (Université de Lausanne), Gilles Eckard (Université de Neuchâtel), Felix Giger (Dicziunari rumantsch grischun), Alexandre Huber (Glossaire des patois de la Suisse romande, Neuchâtel), Marc-René Jung (Universität Zürich), Ricarda Liver (Universität Bern), Georges Lüdi (Universität Basel), Lidia Nembrini (Vocabolario dei dialetti della Svizzera italiana), Hans-Rudolf Nüesch (Universität Zürich, Jud-Bibliothek), Jean-Yves Tilliette (Université de Genève). Inhalt - Contenu Robert de Dardel, La morphosyntaxe de l’adjectif-adverbe en protoroman . . . . 1 Michela Russo, Le origini del femminile plurale italoromanzo e la rideterminazione del neutro: osservazioni in margine alle carte medievali pugliesi . . . . . . . . . . 23 Laurent Vallance, Uh che bel caso! Il grammatico dimezzato. Le Regole osservanze, e avvertenze sopra lo scrivere correttamente la lingua volgare Toscana in prosa & in versi (Napoli, 1545) di Paolo del Rosso, prima grammatica toscana del ’500 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 Angela Ferrari / Anna-Maria De Cesare, La progressione tematica rivisitata . . . 98 Lucia Molinu, La latérale intervocalique non géminée en sarde méridional . . . . . 129 Ian Short, Verbatim et literatim: oral and written French in 12 th -century Britain . . 156 Andres Kristol, Sociolinguistique historique et analyse de la conversation: une nouvelle approche du Journal d’hygiène de Jean Héroard . . . . . . . . . . . . . . . . 169 Miriam Zanelli, Ma dompna·m ten pres (BdT 223, 4). Edizione critica di un testo di Guilhem Magret . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187 Franz Rainer, El origen de los nombres de instrumento en -dora del español . . . . 199 Besprechungen - Comptes rendus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 218 Nachrichten - Chronique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 382 Büchereingänge - Livres reçus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 396 Prix Collegium Romanicum pour l’Avancement de la Relève . . . . . . . . . . . . 398 Besprechungen - Comptes rendus Philologie et linguistique générales - Allgemeine Philologie und Sprachwissenschaft La Chanson de Walther. Waltharii poesis, texte présenté, traduit et annoté par Sophie Albert, Silvère Menegaldo et Francine Mora (Alain Corbellari) . . . . . . . 218 Eugenio Coseriu, Sprachkompetenz. Grundzüge der Theorie des Sprechens (Gaetano Berruto) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220 Jean Widmer/ Renata Coray/ Dunya Acklin Muji/ Eric Godel (ed.), Die Schweizer Sprachenvielfalt im öffentlichen Diskurs - La diversité des langues en Suisse dans le débat public (Georges Lüdi) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 222 Matthias Grünert/ Mathias Picenoni/ Regula Cathomas/ Thomas Gadmer, Das Funktionieren der Dreisprachigkeit im Kanton Graubünden (Iwar Werlen) . . . 225 Inhalt - Contenu Linguistique romane générale - Allgemeine romanische Sprachwissenschaft Eugenio Coseriu, Lateinisch - Romanisch. Vorlesungen und Abhandlungen zum sogenannten Vulgärlatein und zur Entstehung der romanischen Sprachen. Bearbeitet und herausgegeben von Hansbert Bertsch (Julia Alletsgruber) . . . . . . . 230 Marieke Van Acker/ Rika Van Deyck/ Marc Van Uytfanghe (ed.), Latin écrit - Roman oral? De la dichotomisation à la continuité (Roger Schöntag) . . . . . . . . 235 Juhani Härmä/ Elina Suomela-Härmä/ Olli Välikangas (ed.), L’art de la philologie. Mélanges en l’honneur de Leena Löfstedt (Francesco Carapezza) . . . . . . 240 Italoromania I poeti della Scuola siciliana. Volume 1: Giacomo da Lentini. Edizione critica con commento a cura di Roberto Antonelli; volume 2: Poeti della corte di Federico II. Edizione critica con commento diretta da Costanzo Di Girolamo; volume 3: Poeti siculo-toscani. Edizione critica con commento diretta da Rosario Coluccia (Paolo Gresti) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 243 Roberto Cardini, Ortografia e consolazione in un Corpus allestito da L. B. Alberti. Il codice Moreni 2 della Biblioteca Moreniana di Firenze (Jochen Hafner) . . . 266 Piera Molinelli (ed.), Standard e non standard tra scelta e norma. Atti del XXX Convegno della Società Italiana di Glottologia (Bergamo, 20-22 ottobre 2005), con la collaborazione di Giuliano Bernini/ Pierluigi Cuzzolin/ Ada Valentini (Massimo Cerruti) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 268 Maria Cristina Temperini/ Silvana Vassilli, Übersetzungskurs Deutsch-Italienisch. Mit Übungen zur Textanalyse (Gloria Scarano) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 272 Archivio dei nomi di luogo. Claro/ Archivio dei nomi di luogo. Cavagnago/ Archivio dei nomi di luogo. Peccia (María Dolores Gordón Peral) . . . . . . . . . . . . . . 276 Repertorio Toponomastico Ticinese. I nomi di luogo dei comuni del Cantone Ticino. Caslano (María Dolores Gordón Peral) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 278 Repertorio Toponomastico Ticinese. I nomi di luogo dei comuni del Cantone Ticino. Semione (María Dolores Gordón Peral) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 281 Rätoromania Matthias Grünert, Modussyntax im Surselvischen. Ein Beitrag zur Erforschung der Morphosyntax des Verbs im Bündnerromanischen (Jachen Curdin Arquint) . . 284 Galloromania Marieke Van Acker, Ut quique rustici et inlitterati hec audierint intellegant. Hagiographie et communication verticale au temps des Mérovingiens (VII e -VIII e siècles) (Pascale Renders) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 293 Christine Felbeck, Johannes Kramer, Troubadourdichtung. Eine dreisprachige Anthologie mit Einführung, Kommentar und Kurzgrammatik (Marie-Claire Gérard-Zai) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 297 Jean-Loup Lemaître/ Françoise Vielliard (ed.), Portraits de troubadours. Initiales du chansonnier provençal A (Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat. lat. 5232) (Gabriele Giannini) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 300 Luciana Borghi Cedrini (ed.), «Intavulare». Tavole di canzonieri romanzi I. Canzonieri provenzali, 5. Oxford, Bodleian Library S (Douce 269) (Paola Allegretti) 303 VI Inhalt - Contenu Les Albas occitanes, étude et édition par Christophe Chaguinian, transcription musicale et étude des mélodies par John Haines (Dominique Billy) . . . . . . . . . 308 Pierre Nobel (ed.), La Bible d’Acre. Genèse et Exode. Édition critique d’après les manuscrits BNF nouv. acq. fr. 1404 et Arsenal 5211 (Arnold Arens) . . . . . . . 313 Corinne Pierreville (ed.), Claris et Laris (Arnold Arens) . . . . . . . . . . . . . . 315 Gilles Roussineau (ed), Perceforest. Première partie, vol. 1-2 (Arnold Arens) . . 318 Eglal Doss-Quinby/ Roberta L. Krueger/ E. Jane Burns (ed.), Cultural Performances in Medieval France. Essays in Honor of Nancy Freeman Regalado (Dominique Billy) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 320 Florence Bouchet, Le discours sur la lecture en France aux XIV e et XV e siècles. Pratiques, poétique, imaginaire (Olga Shcherbakova) . . . . . . . . . . . . . . . . 324 Frédéric Duval/ Fabienne Pomel (ed.), Guillaume de Digulleville, Les Pèlerinages allégoriques (Virginie Minet-Mahy) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 327 Isabelle Diu/ Élisabeth Parinet/ Françoise Vielliard (dir.), Mémoire des Chevaliers. Édition, diffusion et réception des romans de chevalerie du XVII e au XX e siècle (Richard Trachsler) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 329 Helmut Berschin/ Joseph Felixberger/ Hans Goebl, Französische Sprachgeschichte. 2., überarbeitete und ergänzte Auflage (Zygmunt Marzys) . . . . . . . . . . . 333 Benjamin Fagard/ Sophie Prévost/ Bernard Combettes/ Olivier Bertrand (ed.), Évolutions en français. Études de linguistique diachronique (Maria Colombo Timelli) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 337 Pierre Kunstmann/ Achim Stein (ed.), Le Nouveau Corpus d’Amsterdam. Actes de l’atelier de Lauterbad (23-26 février 2006) (Mohan Halgrain) . . . . . . . . . . . 340 Marie-Anne Paveau/ Laurence Rosier, La langue française. Passions et polémiques (Sara Cotelli) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 344 Jean-Denis Gendron, D’où vient l’accent des Québécois? Et celui des Parisiens? Essai sur l’origine des accents. Contribution à l’histoire de la prononciation du français moderne (Wim Remysen) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 346 Françoise Berlan (dir.), Langue littéraire et changements linguistiques (Dorothée Aquino) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 351 Hans W. Giessen/ Heinz-Helmut Lüger/ Günther Volz (ed.), Michel Bréal - Grenzüberschreitende Signaturen (Yvonne Stork) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 352 Olivier Bertrand/ Sophie Prévost/ Michel Charolles/ Jacques François/ Catherine Schnedecker (ed.), Discours, diachronie, stylistique du français. Études en hommage à Bernard Combettes (Olga Inkova) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 357 Sabine Bastian/ Elisabeth Burr (ed.), Mehrsprachigkeit in frankophonen Räumen - Multilinguisme dans les espaces francophones (Sabine Ehrhart) . . . . . . . . . . 364 Elisabeth Gülich/ Lorenza Mondada, Konversationsanalyse. Eine Einführung am Beispiel des Französischen (André Horak) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 365 Uwe Dethloff/ Horst Wagner, Die französische Grammatik (DfG), 2. Auflage (Andreas Schor) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 368 Franziska Schärer, Père, mère, roi et sorcière. La représentation des deux sexes et de la catégorie du genre dans les manuels scolaires de l’école primaire de la Suisse alémanique et de la Suisse romande (Pia Stalder) . . . . . . . . . . . . . . . . 369 VII Iberoromania Juan Camilo Conde Silvestre, Sociolingüística histórica (Dorothée Aquino) . . . 370 Juan Carlos Moreno Cabrera, El nacionalismo lingüístico, una ideología destructiva (Xosé Soto Andión) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 373 Sandra Herling, Katalanisch und Kastilisch auf den Balearen (Uwe Dietzel) . . . 375 Manuel Ariza, Estudios sobre el extremeño (Stefan Ruhstaller) . . . . . . . . . . . 377 Annette Endruschat/ Jürgen Schmidt-Radefeldt, Einführung in die portugiesische Sprachwissenschaft, 2. Auflage (Andreas Schor) . . . . . . . . . . . . . . . 380 Inhalt - Contenu VIII Mitarbeiter des 68. Bandes (Die Seiten der Originalartikel sind kursiv gedruckt.) Inkova, O. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 357 Kristol, A. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169 Lüdi, G. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 222 Marzys, Z. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 333 Minet-Mahy, V. . . . . . . . . . . . . . . . 327 Molinu, L. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129 Rainer, F. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199 Remysen, W. . . . . . . . . . . . . . . . . . 346 Renders, P. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 293 Ruhstaller, S. . . . . . . . . . . . . . . . . 377 Russo, M. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Scarano, G. . . . . . . . . . . . . . . . . . 272 Schöntag, R. . . . . . . . . . . . . . . . . . 235 Schor, A. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 368, 380 Shcherbakova, O. . . . . . . . . . . . . . . 324 Short, I. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156 Soto Andión, X. . . . . . . . . . . . . . . . 373 Stalder, P. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 369 Stork, Y. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 352 Trachsler, R. . . . . . . . . . . . . . . . . . 329 Vallance, L. . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 Werlen, I. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225 Zanelli, M. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187 Allegretti, P. . . . . . . . . . . . . . . . . . 303 Alletsgruber, J. . . . . . . . . . . . . . . . 230 Aquino, D. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 351, 370 Arens, A. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 313, 315, 318 Arquint, J. C. . . . . . . . . . . . . . . . . 284 Berruto, G. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220 Billy, D. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 308, 320 Carapezza, F. . . . . . . . . . . . . . . . . 240 Cerruti, M. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 268 Colombo Timelli, M. . . . . . . . . . . . . 337 Corbellari, A. . . . . . . . . . . . . . . . . 218 Cotelli, S. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 344 De Cesare, A.-M. . . . . . . . . . . . . . . 98 de Dardel, R. . . . . . . . . . . . . . . . . 1 Dietzel, U. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 375 Ehrhart, S. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 364 Ferrari, A. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98 Gérard-Zai, M.-C. . . . . . . . . . . . . . 297 Giannini, G. . . . . . . . . . . . . . . . . . 300 Gordon Péral, M. D. . . . . . . . . . . . . 276, 278, 281 Gresti, P. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 243 Hafner, J. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 266 Halgrain, M. . . . . . . . . . . . . . . . . . 340 Horak, A. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 365 La morphosyntaxe de l’adjectif-adverbe en protoroman 1 L’activité scientifique est in extenso une oscillation du voir à un comprendre transcendant le voir et de ce comprendre à un voir de son ordre. (Guillaume 1973: 18) 1. Introduction 1.1 L’adjectif-adverbe Au sujet des liens fonctionnels entre adverbe et adjectif, Sechehaye 1926: 64 écrit: «Cette classe de mots [l’adverbe] joue à son égard [à l’égard du verbe] le même rôle que l’adjectif à l’égard du substantif, et la manière n’est pas autre chose que la qualité du procès [exprimé par le verbe].» Par cet énoncé, l’auteur souligne le parallélisme des fonctions adjectivale et adverbiale sur le plan du contenu; mais c’est sans doute dans ce parallélisme même que se situent l’origine et la condition d’une certaine instabilité de ces rapports sur le plan de l’expression. Dans la présente étude, nous montrons qu’en morphosyntaxe romane, la définition courante des fonctions de l’adjectif et de l’adverbe, que nous appellerons la «définition standard», selon laquelle l’adjectif, variable (reconnaissable à la marque d’accord), complète un nom, et l’adverbe, invariable (reconnaissable à l’absence d’une marque d’accord), un verbe, un adjectif ou un autre adverbe, ne s’applique intégralement à aucun parler roman moderne et probablement à aucun des états en lesquels se décompose l’évolution de ce sous-système depuis le protoroman antique. Nous conservons cependant cette définition en tant que repère, par rapport auquel nous pourrons caractériser les autres définitions. Tous les parlers romans présentent des adverbes dont la forme est identique à celle de l’adjectif correspondant, mis à part l’accord de celui-ci avec un nom; ainsi en est-il du fr. fort dans (1): (1aa) Paul est fort (1ab) Paul chante fort (1ba) Pauline est forte (1bb) Pauline chante fort Nous avons affaire ici à une classe bifonctionnelle d’«adjectifs-adverbes», qui, en vertu des critères du comparatisme historique, représentent, mis à part les ad- 1 Nous tenons à remercier Mme Inés Fernández-Ordóñez (Université Autonome de Madrid), M. Jan Koster (Université de Groningen) et M. Peter Wunderli (Université de Düsseldorf) pour l’aide qu’ils nous ont apportée au cours de l’élaboration de cet essai. Vox Romanica 68 (2009): 1-22 Robert de Dardel verbes de lieu et de temps, la seule classe d’adverbes qui soit productive en protoroman dès son origine et d’un emploi encore attesté dans les parlers romans. Historiquement, cette classe d’adverbes coïncide avec le nominatif-accusatif neutre singulier du latin (primum ‘premier’, facile ‘facile’) et finit, avec la disparition du genre neutre, par se confondre avec l’accusatif masculin singulier (primum, facilem), forme à laquelle se réduit, en protoroman ancien, la déclinaison de l’adjectif masculin singulier et qui devient la forme non marquée de l’adjectif roman (it. primo, facile), par opposition à ses formes marquées pour les besoins de l’accord (it. prima donna ‘première femme’, lavori facili ‘travaux faciles’). L’adjectifadverbe fonctionne donc en protoroman soit comme adjectif (montem altum ‘mont élevé’, montes altos ‘monts élevés’), soit comme adverbe (cantant altum ‘ils chantent haut’). Il inclut aussi bien des lexèmes quantifiants (multum ‘beaucoup’) ou identifiants (metipsimum ‘même’) que des lexèmes qualifiants (grandem ‘grand’). La possibilité d’une origine indo-européenne de l’adjectif-adverbe, qu’envisageait Maurer 1959: §78 et que nous avons naguère prise en considération (Dardel 1995), nous paraît aujourd’hui moins plausible; la réduction morphologique, qui caractérise d’une manière générale le passage du latin aux parlers romans et qui a été récemment mise en évidence plus en détail (Dardel 2005), en rend mieux compte, sous la forme d’une réduction casuelle de l’adjectif, aboutissant à l’accusatif (altum et altam), et d’une réduction des morphèmes constitutifs de l’adverbe (faciliter facilem, alte altum et bene bonum). La question de la genèse morphologique de l’adjectif-adverbe et de sa présence en protoroman étant ainsi, à notre avis, réglée, reste celle de savoir comment s’organisent ses deux fonctions, adjectivale et adverbiale, au point de vue de la morphosyntaxe, en protoroman et, par la suite, dans les parlers romans. C’est à l’examen de ce problème qu’est consacré le présent essai. La méthode retenue est l’analyse comparative historique. 1.2 L’hétérogénéité des données En bonne méthode, les seules données sur lesquelles le comparatiste puisse faire fond pour reconstruire le protoroman sont celles des parlers romans. Or, en ce qui concerne l’emploi de l’adjectif-adverbe, ces données sont, pour l’observateur moderne, on ne peut plus hétérogènes et s’écartent de diverses manières de la définition standard. Par exemple, l’adjectif-adverbe en fonction adjectivale quantifiante n’est pas toujours variable, puisqu’on rencontre des dérivés romans du type multum annos ‘beaucoup d’années’, et, en fonction d’adverbe, il est parfois variable, puisqu’on trouve des dérivés romans du type qu’illustre (2): (2) protoroman bonam parabolat filiam ‘La fille parle bien.’ 2 La morphosyntaxe de l’adjectif-adverbe en protoroman Sur ce problème s’en greffe un autre: le syntagme nominal «articulé», par quoi nous entendons un syntagme nominal pourvu d’un article ou d’un déterminant de la même classe, qui apparaît, en liaison avec un adjectif-adverbe quantifiant ou identifiant, tantôt variable, tantôt invariable, dans des constructions romanes issues respectivement des types totam illam villam et totum illam villam, signifiant ‘le village entier’. La documentation romane est hétérogène également en ce qui concerne la chronologie. Il s’y mêle des éléments de règles protoromanes bien établies à des témoins de tendances probablement passagères. À ce flou des structures morphosyntaxiques s’ajoute un flou méthodologique chronique; la méthode comparative dont nous nous servons aboutit dans certains cas à des conclusions inverses de celles auxquelles aboutissent d’autres romanistes, sur la foi de la chronologie de textes romans anciens, ou des latinistes, sur la base de textes latins datés. Dans ces conditions, depuis l’époque des néo-grammairiens, l’examen des fonctions de l’adjectif-adverbe suscite la controverse, dont témoigne une littérature suivie, sur laquelle nous prendrons position à la fin de cet essai. 1.3 Le but de la présente étude L’adjectif-adverbe en tant que terme bifonctionnel a donc en protoroman et en roman une histoire intéressante, mais encore obscure, pour ne pas dire énigmatique. Une réflexion prolongée sur les matériaux dont nous disposons nous a convaincu que l’existence de l’adjectif-adverbe en protoroman et son évolution en roman ne se laissent pas appréhender simplement à partir de la définition standard, que résume, trop schématiquement pour nos besoins, le principe «l’adjectif est au nom ce que l’adverbe est au verbe», mais que leur morphosyntaxe est régie dès l’origine, c’est-à-dire dès le latin global antique, par des facteurs qui n’ont pas encore été systématiquement mis en évidence. Or, nous pensons avoir trouvé un facteur approprié chez Bally 1950, dans le critère sémantique des rapports d’inhérence et de relation, lequel se reflète secondairement dans le critère morphologique d’une marque d’accord grammatical exprimant l’inhérence et de l’absence de cette marque exprimant la relation (pour le détail de cette théorie, cf. 2.3.1). Nous commençons notre essai par une analyse globale (en 2), continuons par une analyse spécifique des adjectifs-adverbes quantifiants et identifiants (en 3) et terminons par une critique des approches antérieures en (4). Deux clefs donnent accès à l’interprétation des exemples: les formules qui renvoient au classement morphosyntaxique des tableaux A et B et les traductions et gloses incorporées aux exemples (en 2.2). 3 Robert de Dardel 2. Analyse globale 2.1 Le tableau A des constructions Dans la colonne de gauche du tableau A (classement syntaxique), nous établissons un classement des constructions syntaxiques, sous la forme de sept niveaux d’analyse, avec, pour certaines de ces constructions, la distinction entre adjectifs-adverbes qualifiants (ql) et quantifiants ou identifiants (qt). Dans la colonne I (règles protoromanes), nous formulons les règles du protoroman, selon la théorie de Bally, où apparaîtra, dans les exemples, un écart par rapport à la définition standard; dans la colonne II (règles et tendances romanes spécifiques), nous indiquons certains développements romans, une flèche dirigée à gauche signifiant le maintien de la règle antérieure. Les croix en gras représentent des règles, les autres croix des règles ou tendances spécifiques de chaque parler roman. Le terme de «marque» concerne l’accord en genre, nombre et cas, y compris celui en nombre et en genre d’un sujet implicitement exprimé par le verbe; la marque peut connaître une réalisation zéro. 4 Tableau A Classement syntaxique I. règles protoromanes II. règles et tendances romanes inhérence relation spécifiques [+marque] [-marque] [introduction d’une (= accord) (= rection) marque] 1a Proposition: attribut ql x ← du sujet qt x 1b Proposition: compléql x x ment circonstanciel qt x x 2 Syntagme verbal: ql x x attribut d’objet 3 Syntagme participial ql x x qt x x 4 Syntagme nominal ql x x avec nom [+verbal] 5 Syntagme adverbial qt x x 6 Syntagme adjectival qt x x 7 Syntagme nominal ql x ← avec nom [-verbal] Nom [-articulé] qta x x Nom [+articulé] qtb x x La morphosyntaxe de l’adjectif-adverbe en protoroman 2.2 Exemples Ici, les règles du tableau A sont reprises, distinguées par des formules; ainsi, la règle I/ 1a/ ql renvoie, dans l’ensemble des règles de I, à celle numérotée 1a/ ql [+marqué], illustrée par l’exemple (3). En première approximation, ces règles sont traitées comme si elles remontaient toutes au protoroman, même si, comme on le verra par la suite, toutes n’y remontent pas forcément. L’ordre des termes n’y est pas pertinent. L’adjectif-adverbe adverbial étant homophone de l’adjectif-adverbe adjectival non marqué, dans (1aa) et (1ab), le trait [±marqué] n’est explicite que dans des exemples où le terme complété par l’adjectif-adverbe est lui-même marqué, comme dans les exemples (1ba), [+marqué], et (1bb), [-marqué]. 2.2.1 Règles I (protoroman) 2.2.1.1 Exemples [+marqué] (3) I/ 1a/ ql afr. (Roland, Bédier 1922: v. 814) Halt sunt li pui [cas sujet masculin pluriel; marque zéro] ‘Hauts sont les monts.’ (4) I/ 7/ ql afr. (Roland, Bédier 1922: v. 3496) males nuveles li aportet [cas régime féminin pluriel] ‘[Il] lui apporte de mauvaises nouvelles.’ 2.2.1.2 Exemples [-marqué] (5) I/ 1b/ ql it. dialectal (calabrais, Rohlfs 1966-69/ 2: §887) càntanu biellu ‘[Ils] chantent bien.’ (6) I/ 1b/ qt sarde (Spano 1871: 114) Sa cosa furada pagu durat ‘La chose volée dure peu.’ (7) I/ 2/ ql aoc. (Schultz-Gora 1973: §174) Totas las vuelh onrar e car tener ‘[Je] veux toutes les honorer et chérir.’ (8) I/ 3/ ql fr. une fille nouveau-née (9) I/ 3/ qt roum. (Maurer 1959: 164) foarte larg recompensaòi ‘très largement récompensés’ 5 Robert de Dardel (10) I/ 4/ ql aoc. (Schultz-Gora 1973: §174) cartenensa ‘action de chérir quelqu’un’ (11) I/ 5/ qt afr. (Roland, Bédier 1922: v. 143) Vus avez mult ben dit ‘Vous avez très bien parlé.’ (12) I/ 6/ qt afr. (Roland, Bédier 1922: v. 2243) Par granz batailles et par mult bels sermons . . . ‘Par de grandes batailles et par de très beaux sermons . . .’ (13) I/ 7/ qta it. dialectal (calabrais, Rohlfs 1937: 62) sugnu de puocu salute ‘[Je] suis de peu de santé.’ (14) I/ 7/ qtb afr. (Roland, Bédier 1922: v. 2642; 1968: 490, tut est qualifié d’adjectif) Par Sebre amunt tut lur naviries turnent ‘[Les païens] remontent l’Èbre avec toutes leurs nefs.’ 2.2.2 Règles II et tendances romanes, [+marqué] (15) II/ 1a/ qt aport. (Orto de esposo, Nunes 1970: 59) E tanta foy a uirtude . . . ‘Et si grande fut la vertu . . .’ (16) II/ 1b/ ql esp. (Hanssen 1910: §59.2, avec renvoi à Cuervo 1893/ 2: 911, qui ne mentionne pas cet exemple, mais en cite de nombreux autres du même type) ella se fue derecha á casa ‘[Elle] se rendit droit à la maison.’ (17) II/ 1b/ qt aoc. (G. de Bornelh, Jensen 1986: 48) totz m’en cudei laissar [accord de totz avec le sujet implicite, qui représente l’auteur] ‘[Je] pensais m’en désister entièrement.’ (18) II/ 2/ ql aoc. (G. de Bornelh, Jensen 1986: 46) e si tos dichs no te chars ‘et si elle n’estime pas tes propos’ (19) II/ 3/ ql fr. une vache fraîche vêlée (20) II/ 3/ qt acat. (Flos de les Medicines, XV e s.; DCVB, s. molt) de la molta beneventurada verge ‘de la vierge très heureuse (bienheureuse)’ 6 La morphosyntaxe de l’adjectif-adverbe en protoroman (21) II/ 4/ ql fr. (toponyme, Dauzat/ Rostaing 1983: 95, ‘bonne forteresse’; [ bona warda bonum warda (règle I/ 4/ ql) bonum ward õ n ‘bien garder’]) Bonnegarde (22) II/ 5/ qt acat. (Tirant, DCVB, s. molt) . . . an fill de molta poca edad ‘[Ils] ont un fils de très peu d’âge.’ (23) II/ 6/ qt afr. (Roland, Bédier 1922: v. 982) Piere n’i ad que tute ne seit neire ‘[Il] n’y a pierre qui ne soit toute noire.’ (24) II/ 7/ qta aport. (Fabulas esopianas, Nunes 1970: 51) auia muytos ossos ‘[Il] y avait beaucoup d’ossements.’ (25) II/ 7/ qtb afr. (Roland, Bédier 1922: v. 212) Metez le sege a tute vostre vie ‘Mettez-y le siège, dût-il durer toute votre vie.’ 2.3 Commentaires 2.3.1 Les règles protoromanes Nous commençons par quelques passages tirés de Bally 1950: 107-13, §164-74, où l’auteur précise sa théorie. Le rapport entre sujet et prédicat ou entre déterminé et déterminant est d’inhérence ou de relation. L’inhérence est une compénétration intime des deux termes et indique soit qu’une chose (le sujet) appartient au genre désigné par l’attribut («La terre est une planète»), soit qu’il possède la qualité désignée par cet attribut, propriété qui peut être une qualité constante («La terre est ronde»), ou un accident: état ou action («La terre tourne»). L’expression grammaticale de l’inhérence est l’accord. . . . La relation est un rapport entre deux objets extérieurs l’un à l’autre, p. ex. livre et table dans «Le livre sur la table», cerise et noyau dans «La cerise a un noyau». . . . La relation est marquée linguistiquement par la syntaxe de rection. Dans le système protoroman que nous avons reconstruit (colonne I du tableau A), en synchronie, tout se passe comme si était à l’œuvre la distinction de Bally entre le rapport d’inhérence et le rapport de relation. Les deux structures syntaxiques qui, selon notre tableau et nos exemples, comportent la marque d’accord, à savoir I/ 1a/ ql (3) et I/ 7/ ql (4), sont des cas de rapport d’inhérence. Les structures restantes, toutes non marquées, sont des cas de rapport de relation exprimés par la syntaxe de rection; chose remarquable, ceci vaut aussi, comme le montre le tableau, pour les adjectifs quantifiants des structures I/ 7/ qt (13) et (14), au sujet des- 7 Robert de Dardel quels Bally précise (§173) qu’ils sont, avec le terme quantifié, en un rapport de relation. Pour la structure I/ 1a/ qt, la construction non marquée qu’impliquerait cette dernière observation de Bally n’est pas attestée dans nos matériaux (nous y reviendrons en 2.3.2.2). Dans l’Antiquité, à l’époque du protoroman initial, c’est-à-dire approximativement au moment du passage au premier millénaire de notre ère, le système du latin parlé tel que le comparatisme le reconstruit présente une certaine cohérence dans le sens de la thèse de Bally. En revanche, dans le latin des textes de la même époque, fût-il qualifié de «vulgaire», ce système ne se manifeste que vaguement. Cette constatation justifie un choix méthodologique, dont nous nous expliquerons à la fin de cet essai (en 5). 2.3.2 Les règles et tendances romanes 2.3.2.1 Le déclin des règles de Bally Avec les règles et tendances romanes (colonne II du tableau A), on aborde l’évolution diachronique qui fait suite aux règles I; elle consiste, d’une part, dans la conservation des règles I [+marqué], constante du protoroman aux parlers romans modernes, et, d’autre part, dans l’introduction d’une marque pour toutes les structures des règles I [-marqué], selon une tendance, non pas systématique ni générale, mais isolée, dans certains parlers romans seulement. Au cours de cette évolution, le système prévu par la théorie de Bally est donc en partie aboli. 2.3.2.2 Aspects de la chronologie Pour reconstruire une protolangue, le comparatisme historique se fonde entre autres sur l’opposition de traits anomaux et de traits réguliers des langues filles; les traits anomaux sont des traits aberrants par rapport aux règles et aux tendances en cours et demandent une explication, qu’on a des chances de trouver dans la protolangue ou dans un état ancien des langues filles. En l’occurrence, pour le comparatiste, la tendance, sensible dans les exemples de 2.2.2, à généraliser la marque, s’explique par un besoin d’uniformiser dans ce sens le système morphologique, de sorte que ce sont les structures des règles I [-marqué] et ce qui en subsiste dans les parlers romans qui font figure d’anomalies et représentent la situation ancienne. Ce phénomène - la tendance à passer de l’adjectif-adverbe [-marqué] à l’adjectif-adverbe [+marqué] - résulte du besoin que, dans sa Grammaire des fautes, Frei (1929: chap. 1) appelle le «besoin d’assimilation», et plus particulièrement le «conformisme», qui est «un procédé général d’assimilation discursive»; l’auteur l’illustre précisément, entre autres, avec l’accord de l’adverbe en français, dans une fleur fraîche éclose, une fenêtre grande ouverte, les nouvelles-venues, la première-née et elle est toute surprise (Frei 1929: 57), constructions conformes aux règles II/ 3/ ql (19) et II/ 3/ qt (2). Cette tendance s’observe aussi ailleurs, peut-être universellement; le néerlandais actuel, par exemple, est en train de passer du type een heel 8 La morphosyntaxe de l’adjectif-adverbe en protoroman goede dag, ‘une très bonne journée’, avec l’adverbe heel [-marqué], au type een hele goede dag, où l’adverbe heel est marqué, comme le serait un adjectif. Dans sa théorie, Bally (1950: §173, avec renvoi au §357s.) prévoit en partie aussi cette évolution; à ce sujet, il présente, dans une perspective diachronique, les considérations suivantes: l’accord . . . est psychologiquement un rapport plus étroit que la rection; grammaticalement, l’accord est un procédé plus synthétique, la rection, un procédé plus analytique. Il s’ensuit que l’accord entraîne plus aisément la concordance formelle que la rection. Cf. lat. «Paulus vivit tranquillus» et «Paulus vivit Romae». Mais ce caractère synthétique de l’accord peut avoir pour effet, dans une langue portée à la synthèse, le passage d’une syntaxe de rection à une syntaxe d’accord par voie de transposition. Le cas le plus connu est celui des adjectifs de relation . . ., chaleur solaire pour «chaleur du soleil» (lat. bellum punicum pour «bellum contra Poenos», . . .); nous verrons . . . que des rapports rectionnels ont la forme de l’accord dans les déterminatifs (articles, démonstratifs, possessifs, adjectifs de quantité, etc.), c’est-à-dire dans des formes traditionnelles qui résistent à la tendance analytique des idiomes modernes. De toutes les règles et tendances de la colonne II, seules les règles II/ 7/ qta (24) et II/ 7/ qtb (25) sont panromanes. Ceci, sauf évolution parallèle et tardive, est un indice de grande ancienneté, laissant toutefois intact le principe de leur postériorité par rapport aux règles correspondantes de la colonne I, I/ 7/ qta (13) et I/ 7/ qtb (14). Étant donné le caractère synthétique des deux constructions en question, II/ 7/ qta et II/ 7/ qtb, cette constatation rejoint et confirme la dernière observation dans le passage de Bally cité ci-dessus. Quant au contre-argument théoriquement possible d’un développement parallèle et tardif de ces deux règles, il est rendu caduc par le raisonnement que voici. Comme il y a dans notre corpus, pour la catégorie II, des lacunes relatives à des parlers romans spécifiques, ce n’est probablement pas un hasard si le sarde, parler qui conserve en général un état archaïque du protoroman, ne présente d’attestations sûres des règles et tendances de la colonne II que celles que nous supposons les plus anciennes, donc II/ 7/ qta et II/ 7/ qtb; les lacunes de ce parler pour les autres règles et tendances de II ne seraient donc pas fortuites. L’absence d’un exemple de la règle I/ 1a/ qt dans nos matériaux, signalée en 2.3.1, signifie probablement qu’a joué, peut-être très tôt, le passage de la rection à l’accord, prévu dans ce cas par Bally et qu’illustre la construction II/ 1a/ qt (15). La chronologie esquissée ici est confirmée par des attestation romanes de certaines des règles de I [-marqué] dans des parlers anciens ou archaïsants: en sarde ancien, où l’adverbe non marqué est cependant le plus souvent muni d’un s final en fonction de marque prédicative, comme dans solus (Wagner 1951: 362s.; Dardel 2004), en rhéto-roman des Grisons (26): (26) I/ 1b/ qt rhéto-roman des Grisons (sursilvan, Spescha 1989: 377) Ella ei tut en larmas ‘Elle est tout en larmes.’ 9 Robert de Dardel avec de nombreuses autres attestations de la même règle, par exemple pak bela ‘peu belle’ paucum (Augustin 1903: §42) et tut bluts ‘[anges] complètement nus’ (Renzi 1994: 386), en dalmate, où l’on emploie en fonction d’adverbe l’adjectif issu de bonum (27): (27) I/ 1b/ ql dalm. vegliote (Bartoli 1906/ 1: col. 285, §155) i ma livo bon ‘Je me lève bien (i. e. tôt).’ et en roumain, parler qui présente encore aujourd’hui, à côté de formations adverbiales qui lui sont propres, les grandes lignes de la structure, restée productive, de l’adjectif-adverbe protoroman, qu’illustrent les dérivés de formosum, avec un adjectif variable, frumos/ frumoasù, et un adverbe invariable, frumos (28): (28) I/ 1b/ ql roum. frumos vorbeóti ‘[Tu] parles joliment.’ La chronologie que nous postulons sur la base du tableau A est confirmée aussi, inversement, dans certaines des règles et tendances de II, par une distribution romane diffuse, qui pourrait s’expliquer dans chaque parler séparément et tardivement, indépendamment du protoroman. Ainsi en est-il de (29): (29) II/ 1b/ qt esp. d’Amérique et du sud de la péninsule ibérique (Inés Fernández-Ordóñez, lettre du 5. 12. 2005) Mi padre me trajo puros libros de su viaje ‘Mon père m’a seulement rapporté des livres de son voyage.’ Il en est ainsi aussi de l’aoc. cité en (17), de l’afr. bons tuez, règle II/ 3/ ql, qui signifie que l’action de tuer est bonne (Tobler 1971/ 1: chap. 12, 86-88) et du haut-engad. püs ome˘ns et püsas donas plus, II/ 7/ qta (Augustin 1903: §49, «adjektivische Form»). La situation qui prévaut en roman (colonne II), où domine l’introduction de la marque d’accord, n’a pourtant pas entièrement supplanté l’absence d’accord en vigueur en protoroman (colonne I, relation); il s’ensuit évidemment qu’un peu partout les deux systèmes coexistent et sont sans doute sentis par le sujet parlant comme variantes l’un de l’autre. À propos de l’exemple espagnol (16), comportant l’adverbe [+marqué] derecha, Hanssen 1910: §59.2 signale que la même phrase se dit aussi, dans (30), avec l’adverbe [-marqué]: (30) I/ b/ ql ella se fué derecho á casa ‘Elle se rendit directement à la maison.’ 10 La morphosyntaxe de l’adjectif-adverbe en protoroman En résumé, le contraste en diachronie entre les traits I [-marqué] et les traits II [+marqué] exprime une situation où la tendance générale consiste à étendre le champ de la marque de l’accord à la rection; on peut donc dire que la rection [-marqué] est une forme romane anomale, tandis que la rection [+marqué] des règles et tendances de II s’explique par la tendance évolutive décrite par Bally et par les «besoins» systématisés chez Frei. 2.3.2.3 La redistribution des marques et l’altération Par référence au principe de l’isomorphisme entre expression et contenu, formulé chez Martinet 1963: 42 en ces termes: «à chaque différence de sens correspond nécessairement une différence de forme quelque part dans le message», et par référence à l’image saussurienne de la feuille de papier dont les deux faces figurent le signifiant et le signifié, lesquels restent congruents quelle que soit la manière de la découper (Saussure 1949: 157), on s’attend à ce que, dans le système régissant la rection et l’accord, la morphologie et la syntaxe évoluent parallèlement. Du point de vue de la langue, envisagée en synchronie, en tant que système de valeurs, tel n’est le cas que sous condition. Dans par exemple II/ 5/ qt (22), acat. de molta poca edad, ‘de très peu d’âge’, si poca s’explique, selon la règle II/ 7/ qta (24), comme adjectif variable dans la théorie de Bally, molta, au contraire, conserve la fonction d’un adverbe déterminant poca, selon la règle II/ 6/ qt (23). Inversement, dans I/ 7/ qtb (14), si l’afr. tut dans tut lur naviries turnent est adjectif, comme le dit l’éditeur et comme le confirme sa traduction, l’absence de marque, en infraction à la définition standard, reste pourtant conforme aux règles établies par Bally. De même, dans le syntagme néerlandais een hele goede dag ‘une très bonne journée’, cité en 2.3.2.2, l’adverbe hele, présenté avec la forme d’un adjectif [+marqué], n’en a pas le sens, qui serait ‘entier’, mais celui de l’adverbe heel [-marqué], ‘très’. Ce qui, dans le sous-système à l’étude, nous fait l’effet d’une entorse aux principes saussuriens cités plus haut, c’est le fait que les exemples en question ressortissent à la parole, envisagée en diachronie, et représentent la notion saussurienne d’«altération», i. e. de «déplacement du rapport entre le signifié et le signifiant», processus évolutif où «ce qui domine . . ., c’est la persistance de la matière ancienne» (Saussure 1949: 109, citant l’ancien allemand dritteil ‘le tiers’ allemand moderne Drittel; les recherches récentes sur les textes de Saussure, notamment dans Saussure 2002, confirment que l’altération est une pièce maîtresse dans sa conception de la mutabilité du signe). L’altération ainsi définie laisse donc intacts les principes de l’isomorphisme et des valeurs du signe. Comme, dans chacun des parlers romans, pour les mêmes structures syntaxiques, on observe la présence simultanée de variantes avec et sans marque (cf. I/ 2/ ql et II/ 2/ ql, à propos de l’aoc. car/ cars, et I/ 7/ qtb et II/ 7/ qtb, à propos de l’afr. tut/ tute), nous y supposons une certaine instabilité du système des marques et inclinons à penser que leur redistribution est liée, au moins en partie, à ce qu’il s’agit de faits de parole plutôt que de langue. À la suite de Saussure, qui séparait mé- 11 Robert de Dardel thodiquement les points de vue synchronique de diachronique (Saussure 1949: 119), Guillaume, très proche de lui sur des points essentiels, a pourtant postulé avec insistance et décrit, entre les systèmes de langue synchroniques successifs, le rôle de la parole, qu’il nommait «discours», dont il a maintes fois évoqué les particularités diachroniques et, à long terme, les effets par fixation en langue. Dans un document de sa main, intitulé «Système et diachronie des systèmes», Guillaume 1973: 106-7 écrit: Dans la pensée de Saussure, les deux images dominantes sont celles du temps qui s’écoule et de l’instant qui s’arrête, et immobilise. [Ici: un schéma du temps, symbolisé par une ligne longitudinale, coupée de lignes transversales, qui symbolisent les instants.] Cette vision profonde reste, en la matière, un peu sommaire. Car la systématisation, rapportée par Saussure à chaque instant immobilisé dans la marque longitudinale du temps, n’est pas instantanée: elle a demandé, elle demande et, puisqu’elle est changeante, demandera du temps, tout de même que le procès inverse de désorganisation à partir duquel elle opère. Suivant ce modèle, la redistribution des marques qu’on devine derrière nos exemples, flottante comme elle est et s’étalant sur un ou deux millénaires, pourrait bien se ramener à des faits de parole, au nombre desquels des fautes au sens de Frei (c’est-à-dire suscitées par des «besoins»), retenues çà et là dans les documents romans et attestant sur l’axe du temps le stade de la désorganisation entre le système protoroman, que nous supposons organisé, et les divers systèmes romans en voie d’organisation ou déjà organisés. C’est pourtant le lieu de préciser, comme le fait P. Wunderli (lettre du 17. 5. 2008), que les faits de parole, racines de toutes les innovations, ne sont qu’un état transitoire initial, et que, «quand ces phénomènes sont grammaticalisés, ils quittent le domaine de la parole et montent, en passant par la norme (dans le sens de Coseriu), au niveau de la langue». 2.3.2.4 Un aspect typologique: l’échelle de l’accord Fernández-Ordóñez 2006-7 explore la diachronie linguistique romane sous l’angle de la chronologie et de la hiérarchie selon lesquelles, en fonction de plusieurs critères (telles la classe des mots et leur position), certaines évolutions se réalisent. Elle observe, ce faisant, des échelles analogues entre parlers romans et aussi entre des parlers romans et des langues non romanes, ce qui la conduit à y voir un phénomène typologique, présentant une certaine généralité, mais sans origine commune nécessaire. Cette collègue, qui a eu sous les yeux une version antérieure du présent essai, y relève (lettre du 5. 12. 2005), dans cette perspective, une «échelle de l’accord», qui spécifie l’ordre chronologique du passage de l’adjectif-adverbe d’une construction [-marqué] à la construction [+marqué] correspondante; cette échelle se laisse formaliser selon la classe de mots (nom adjectif), selon la position syntaxique (position intérieure du syntagme nominal attribut prédicat) et selon le type d’adjectif-adverbe (qualifiant quantifiant et identifiant). Cette constatation de sa 12 La morphosyntaxe de l’adjectif-adverbe en protoroman part nous paraît rejoindre, par une approche évidemment un peu différente et plus concrète, mais également à un niveau d’analyse général et interlinguistique, les résultats obtenus ici à partir de la théorie de Bally. En roman même, seule une analyse beaucoup plus détaillée, que nous n’avons pas entreprise, permettrait de situer avec quelque précision, dans la chronologie, chacun des changements de règle. 2.3.2.5 Aboutissements spécifiques Au niveau des règles et tendances de II, nous trouvons dans les parlers romans, réalisée localement, une situation où tout adjectif-adverbe tend à être marqué, sans égard à sa fonction adjectivale ou adverbiale; on y assiste au triomphe de l’accord, même là où dans l’analyse selon la définition standard on verrait un adverbe, par exemple dans II/ 1b/ qt (17). Ce phénomène a été mis en évidence par Rohlfs 1966-69/ 2: §887; effectivement, en Italie méridionale, peut-être sous l’influence du grec, il semble bien que se soit perdue jusqu’à la notion d’une opposition adjectif/ adverbe, car l’accord y est systématique, même entre un complément circonstanciel et un sujet implicite, comme dans (31): (31) II/ 1b/ ql Italie méridionale (Rohlfs 1966-69/ 2: §886) facciamo lèáte ‘Faisons vite.’ (dit par des femmes dans la langue parlée d’aujourd’hui) L’existence de ce phénomène est confirmée, du point de vue de la linguistique générale, par Karlsson (1981: 16): «in very few languages is the form of the adverb totally indistinguishable from that of the adjective. In such atypical languages, word order will provide clues.» Au niveau des règles et tendances II, dans la Romania continentale continue, donc sans le roumain, l’adjectif-adverbe hérité du protoroman ne reste productif que dans sa fonction adjectivale. Dans sa fonction adverbiale, il cesse d’être productif, probablement dès avant l’apparition des parlers romans concernés, qui n’en conservent plus guère qu’une distribution grammaticale limitée et des tours figés. En espagnol, selon Rainer 1993: 688, §6.1.3, l’emploi adverbial d’adjectifs «se produce con un número reducido de adjectivos en relación con muy determinados verbos». Après la simplification morphologique selon les règles et tendances de II, qui supprime en bonne partie la distinction formelle entre les deux fonctions de l’adjectif-adverbe, sinon toutes, la dérivation adverbiale avec -mentem introduit une explicitation de cette différence fonctionnelle. Logiquement, en Italie méridionale, en dalmate et en roumain, où l’adverbe en -mentem ne s’est pas implanté, l’adjectif-adverbe protoroman se maintient avec ses deux fonctions, sauf, comme nous venons de le signaler, en ce qui concerne leur fusion en Italie méridionale. En fin de compte, la définition standard ne semble s’appliquer systématiquement ni à la situation en protoroman, ni à celle qui se dessine dans les parlers romans. 13 Robert de Dardel 3. Analyse du cas spécial des quantifiants et identifiants En 2, nous avons présenté une vue globale de la morphosyntaxe des adjectifs-adverbes, comportant leur répartition dans le temps, en protoroman et en roman, selon le critère de l’absence ou de la présence d’une marque exprimant respectivement la rection et l’accord dans la théorie de Bally. Il s’en est dégagé un ensemble de constructions, tendant dans les grandes lignes à passer de la rection en protoroman à l’accord en roman, mais qui semble, par la mise au jour d’une échelle chronologique ordonnée des accords, rejoindre des observations au niveau de traits typologiques ou universels. Reste pourtant un sous-ensemble de constructions, à l’origine rectionnelles, ne comportant que des adjectifs-adverbes quantifiants et identifiants, qui, vu la complexité de leur évolution, doivent faire l’objet d’une analyse distincte; il s’agit des structures I et II/ 7/ qt du classement syntaxique du tableau A. L’analyse sera proposée en premier lieu pour l’adjectif-adverbe totum, dont la fréquence d’emploi et l’abondance d’attestations romanes offrent l’accès le plus aisé à la description et à l’explication historiques (3.1). Les autres lexèmes de cette catégorie seront abordés brièvement ensuite (3.2). 3.1 TOTUM et OMNEM 3.1.1 Esquisse diachronique L’histoire de totum est inséparable de celle de l’adjectif omnis, à laquelle elle est liée par certains traits sémantiques propres à la fonction adjectivale de ce groupe, à savoir, au singulier, le sens discontinu-distributif, qu’illustre en français chaque village, et le sens continu, qu’illustre le village entier, au pluriel, le sens discontinucollectif, qu’illustre tous les villages. Au début, dans la phase 1 du tableau B, à en croire les attestations romanes, notamment sardes et italiennes, l’adjectif omnis et ses dérivés ont, comme en latin classique, un sens discontinu-distributif au singulier (omnem villam, ancien sarde in omni opera ‘dans chaque jour de travail’, it. ogni giorno ‘chaque jour’), un sens discontinu-collectif au pluriel (omnes villas, ancien sarde omnes sanctos prophetas ‘tous les saints prophètes’) et, au singulier, en plus, un sens continu, déjà présent en latin écrit, qui fait encore surface en ancien sarde (cun omnia pertinenthia issoro ‘avec toute leur dépendance’, Monaci 1955: t. 16,9, où omnia fonctionne comme féminin singulier) et en italien (omne mia fidanza ‘toute ma confiance’, Monaci 1955: t. 33, III,1; ogni lor virtù ‘toute leur vertu’, M.-L., 3,§729). L’étymologie de ce quantifiant n’est pas encore assez bien établie pour qu’on puisse admettre sans réserve qu’il y a accord tardif, au singulier, selon la règle II/ 7/ qta. La phase 2, où apparaît totum, soulève un problème d’analyse syntaxique et de classement: si le type totum villam est un syntagme nominal relevant de la règle 14 Tableau B Phase adjectif adverbe singulier pluriel 1 I/ 1b/ qt omnem villam omnes villas videt totum illam villam (discontinu-distributif) (discontinu-collectif) videt totum illas villas ‘chaque village’ ‘tous les villages’ ‘entièrement’ (continu) ‘le village entier’ 2 I/ 7/ qta totum villam (continu) ‘le village entier’ 3 II/ 7/ qta II/ 7/ qta totam villam totas villas (discontinu-distributif) (discontinu-collectif) ‘chaque village’ ‘tous les villages’ (continu) ‘le village entier’ 4 I/ 7/ qtb I/ Ib/ qt totum illam villam [videt] totum illam (continu) villam ‘le village entier’ totum illas villas [videt] totum illas (discontinu-collectif) villas ‘tous les villages’ 5 II/ 7/ qtb II/ 7/ qtb totam illam villam totas illas villas (continu) (discontinu-collectif) ‘le village entier’ ‘tous les villages’ La morphosyntaxe de l’adjectif-adverbe en protoroman I/ 7/ qta, totum a une fonction adjectivale et, d’après les témoignages romans, le sens continu de ‘entier’. Si totum villam fait partie d’un syntagme verbal du type videt totum villam, totum peut avoir une fonction adverbiale et signifier ‘entièrement’; le problème se pose dans (32), qui admet deux interprétations: (32) I/ 7/ qta cat. moderne He corregut tot Catalunya ‘[J’] ai parcouru toute la Catalogne.’ ‘[J’] ai entièrement parcouru la Catalogne.’ 15 Robert de Dardel Nous n’avons trouvé, dans les rares exemples du type de la phase 2, aucune attestation d’un sens autre que le sens continu. Dans la phase 3, avec l’accord, totum se substitue à omnem pour les trois fonctions que cet adjectif-ci assume dans la phase 1: discontinue-distributive au singulier (totam villam, it. tutta città ‘toute ville’, M.-L., 3, §165), discontinue-collective au pluriel (totas villas, aport. armado de todas armas, M.-L., 3, §165; ancien sarde totas billas ‘tous les villages’) et continue au singulier (totam villam, ancien sarde totta corona ‘toute l’assemblée des «juges»’, afr. toute nuit ‘toute la nuit’, M.-L., 3, §165). Jusqu’ici, totum, comme adjectif-adverbe en fonction adjectivale, donc dans un syntagme nominal, se joint à un nom [-articulé] au singulier, selon la règle I/ 7/ qta. Pendant ce temps, au niveau de la proposition, la fonction adverbiale est régulièrement exprimée par totum invariable et de sens continu, ‘entièrement’, selon la règle I/ 1b/ qt, soit en protoroman, (33a) et (33b): (33a) I/ Ib/ qt videt totum illam villam ‘[Il] voit le village entièrement.’ (33b) I/ Ib/ qt videt totum illas villas ‘[Il] voit les villages entièrement.’ soit en roman, (34) et (35): (34) I/ 1b/ qt cat. erem tot orelles ‘[Nous] étions tout oreilles.’ (35) I/ 1b/ qt roum. (DLRM, s. tot adv.) Tot n-a murit mùtuóù-mea ‘Ma tante n’est pas encore (litt. entièrement) morte.’ Dans la phases 4, totum adverbe subit une altération (cf. 2.3.2.3), en passant du niveau de la proposition, où il signifie ‘entièrement’, à celui du syntagme nominal [+articulé], où il est adjectif, sans pourtant recevoir de marque d’accord; dans cette position, il a le sens continu au singulier ([videt] totum illam villam, sarde moderne totu s’acqua ‘toute l’eau’, Rohlfs 1937: §35) et le sens discontinu-collectif au pluriel ([videt] totum illas villas et [videt] illas villas totum, ancien sarde toctu sos saltos ‘tous les bois’; il en va de même dans (36): (36) I/ 7/ qtb ancien sarde (M.-L., 3: §494, sans référence) appo vistu sas femnas todu ‘[J’] ai vu toutes les femmes.’ 16 La morphosyntaxe de l’adjectif-adverbe en protoroman Ainsi, totum devient, pour la fonction, un constituant immédiat du syntagme nominal, selon la règle I/ 7/ qtb, interprétation confirmée par le fait que ce syntagme peut être introduit par une préposition, comme dans (37): (37) I/ 7/ qtb ancien sarde (Condaghe di S. Pietro di Silki, Lazzeri 1954: t. I.21.a, l. 22, p. 110, cf. N10) et ego pettilila a tottu frates suos litt. ‘Et moi [le prêtre] la [la serve] lui [à I. de V.] demandai, (et) à tous ses frères.’ [? ] Des matériaux romans se dégage l’impression que la règle relative au nom [+articulé] (I/ 7/ qtb), liée à l’instauration progressive de l’article défini, tend à supplanter le nom [-articulé] correspondant (I/ 7/ qta), tout en en conservant le sens continu au singulier. En fait, la structure opposant, dans les phases 3 et 4, les syntagmes issus respectivement des fonctions adjectivale (totam villam) et adverbiale (totum illam villam) de totum est attestée dans deux des parlers romans les plus archaïsants que sont le sarde (exemples ci-dessus) et le rhéto-roman des Grisons, où, selon Augustin (1903: §46), totum s’accorde avec un nom [-articulé], totas kumünas ‘toutes les communes’ (II/ 7/ qta), mais reste invariable avec un nom [+articulé], tot las sairas ‘tous les soirs’ (I/ 7/ qtb). En fin de compte, totum, comme adjectifadverbe quantifiant invariable, se trouve, dans la phase 4, inséré dans un syntagme nominal, où il revêt, malgré l’absence de marque, une fonction syntaxique adjectivale, en infraction donc à la définition standard, mais en accord avec la théorie générale de Bally (2.3.1), ainsi qu’avec la définition de l’altération selon Saussure (2.3.2.3). Dans une cinquième phase, enfin, avec totum [+marqué], la règle II/ 7/ qtb rétablit la marque prévue par Bally pour l’évolution morphosyntaxique de l’adjectifadverbe quantifiant (2.3.2.2), au singulier et au pluriel (totam illam villam et totas illas villas, aoc. tota l’onors ‘tout le domaine’, Schultz-Gora 1973: §176; it. tutta la città ‘la ville dans son intégrité’, tutti gli uomini ‘les hommes dans leur totalité’, ‘tous les hommes’, M.-L., 3: §165; roum., avec l’article postposé au nom, tot trupul ‘tout le corps’, toatù apa ‘toute l’eau’, toatù ziua ‘tout le jour’, DLRM, s. tot adv.). 3.1.2 La documentation minimale de la règles I/ 7/ qta Toute l’évolution de l’adjectif-adverbe décrite dans la présente étude s’accompagne de l’introduction, puis de la généralisation de l’article et d’autres déterminants, le plus souvent antéposés au nom, l’article défini n’étant postposé qu’en roumain. De ce fait, on rencontre dans le corpus d’exemples romans, en fonction d’adjectif continu, à la fois le type archaïque tot Catalunya et le type courant toute la France, ainsi que, dans la règle rhéto-romane rapportée plus haut (3.1.1), en fonction d’adjectif discontinu-collectif, à la fois totas kumünas et tot las sairas. Voici les quatre types de construction possibles en termes de traits [±marqué] et [±articulé]: 17 Robert de Dardel (i) I/ 7/ qta [-marqué], [-articulé] totum villam (ii) II/ 7/ qta [+marqué], [-articulé] totam villam (iii) I/ 7/ qtb [-marqué], [+articulé] totum illam villam (iv) II/ 7/ qtb [+marqué], [+articulé] totam illam villam L’évolution qu’ils illustrent suggère deux explications. Selon la première, il y a peut-être à l’origine une règle concernant la détermination du nom, car, dans les nombreux exemples romans du syntagme nominal avec totum, la construction (i) est attestée, mais extrêmement rare, comme dans le catalan He corregut tot Catalunya, I/ 7/ qta, de l’exemple (32), avec l’interprétation adjectivale de totum; nous en concluons que, dès une date reculée, le nom doit, en règle générale, être accompagné d’un déterminant qui en précise les traits grammaticaux et qu’en l’absence d’un tel déterminant, dans le type (ii), c’est totum [+marqué] qui assume cette fonction; les exemples rhéto-romans cités en 3.1.1 nous paraissent confirmer ces vues. Selon la seconde explication, en recourant à la théorie de Bally, on peut comprendre que le type (i), très synthétique, ait adopté l’accord, en (ii), plus rapidement que ne l’a fait le syntagme moins synthétique du type (iii), en adoptant l’accord, dans le type (iv). Ces deux explications ont pu être déterminantes en combinaison. Nous ne voyons pas d’autre moyen de rendre compte de la frappante rareté documentaire de (i). 3.2 Les autres lexèmes ressortissant aux classes des quantifiants et des identifiants Totum, le plus fréquent des adjectifs-adverbes quantifiants, est aussi le mieux attesté; il nous permet de suivre dans le détail l’évolution des lexèmes soumis à l’origine à la syntaxe de rection. Pour les autres quantifiants et les identifiants, moins fréquents, moins bien attestés et au parcours moins connu, parmi lesquels ipse, medium, metipsimum, minus, plenum, purum, solum et summum, valent probablement, dans les grandes lignes, la même description et les mêmes explications; nous disons «dans les grandes lignes», parce qu’en vertu de différences sémantiques entre ces lexèmes, il semble exister aussi quelques variantes qui ne se sont pas présentées avec totum. D’une manière générale, est conforme à ce qu’on observe à propos de totum l’invariabilité de l’adjectif-adverbe en fonction adverbiale jusque dans les parlers romans modernes, puis son passage tardif éventuel à la forme marquée. Par ailleurs, la conformité avec la syntaxe de totum se rencontre dans des exemples reflétant encore la règle I/ 7/ qta, tel (38): (38) I/ 7/ qta bas-engad. (Augustin 1903: §49) Main ufants main fastidis ‘Moins [il y a d’] enfants, moins [il y a de] soucis.’ 18 La morphosyntaxe de l’adjectif-adverbe en protoroman ainsi que les règles I et II/ 7/ qtb (afr. meisme le jour ‘le même jour’, M.-L., 3: §729). Sont également conformes aux règles de totum la possibilité d’introduire le syntagme nominal par une préposition (afr. par esse la charrière ‘par le même chemin’ M.-L., 3: §729) et la liberté de position de l’adjectif-adverbe en fonction adverbiale ou dérivée d’adverbe devant ou derrière le syntagme nominal, comme l’illustrent respectivement les exemples (35) et (36). La rareté de la construction I/ 7/ qta, signalée à propos de totum (3.1.2), caractérise aussi les autres quantifiants et les identifiants. Et voici deux aspects de la non-conformité de totum avec les autres termes à l’étude. La liberté positionnelle de l’adverbe ou du dérivé d’adverbe dans les constructions régies par la règle I/ 7/ qtb, que nous venons de citer, ne semble pas être exploitée sémantiquement avec totum; mais elle peut l’être avec d’autres lexèmes; Gamillscheg 1957: §29 postule, avec l’identifiant ipse, les types protoromans ipse ille homo ‘derselbe Mensch’/ ille homo ipse ‘der Mensch selbst’, selon un schéma séquentiel dont on retrouve le reflet dans les parlers romans, par exemple en français, dans le même homme/ l’homme même, le seul homme/ l’homme seul. Enfin, la séquence adjectif-adverbe + déterminant + nom, normale avec totum, subit souvent une inversion des deux premiers termes avec les autres quantifiants et les identifiants (afr. meisme le jour ‘le même jour’ fr. moderne le même jour). 4. Critique des thèses antérieures Les recherches traditionnelles ne dépassent guère la collecte de faits isolés, glanés dans des textes anciens, des grammaires historiques et des dictionnaires, chacun des parlers romans étant envisagé séparément et dans une perspective historique fondée sur les textes anciens, dont la pertinence pour la localisation et la chronologie est souvent trompeuse. Seuls les comparatistes de l’époque néo-grammairienne parviennent à imprimer aux recherches une approche d’ensemble plus solide, fondée sur des données panromanes classées, comparées et analysées. Les vues les plus prometteuses se précisent alors à propos de quelques problèmes romans où se fait jour une certaine cohérence interromane. Aussi est-ce au comparatiste Meyer-Lübke (1890-1906/ 3: §137, 173-75; §165, 203-04; §729, 812) qu’est emprunté l’essentiel de notre §3.1.1; et c’est déjà lui qui, suivi par quelques autres romanistes (Heise 1912 et Maurer 1959: 163-65), estime que l’évolution de l’adjectif-adverbe consiste majoritairement en un remplacement de structures non marquées par des structures marquées, à peu près comme le représente notre tableau A. Pendant ce temps, d’autres chercheurs, surtout parmi les latinistes, prennent le contre-pied de ces vues. Richter (1909: 145) s’appuie sur le latin écrit plutôt que sur l’anomalie des données romanes ou sur le protoroman; tous les lexèmes qui entrent ici en ligne de compte (solus, purus, etc.) étant, comme totus, attestés en latin sous la forme d’adjectifs [+marqué] en fonction adverbiale, elle estime, 19 Robert de Dardel à la différence de Meyer-Lübke, que c’est au contraire le type marqué qui est le plus ancien. Cette chronologie-ci est adoptée aussi, avec des arguments du même ordre, par Andersson 1954: 106-13; 1961: 5 et Gamillscheg 1957: 60-61. 5. Remarques finales sur la méthode Les deux interprétations qui se dessinent en 4 sont incompatibles: le latin parlé que représentent le protoroman et les parlers romans, d’une part, et le latin des textes, d’autre part, appartiennent dès l’Antiquité à des normes différentes, ce dont beaucoup de chercheurs n’ont pris conscience que tardivement. En outre, le protoroman reconstruit est un fait de langue, tandis que le latin écrit, notamment «vulgaire», est avant tout un fait de parole. Cette incompatibilité s’explique par l’histoire des recherches latino-romanes. En gros, au XX e siècle, nombre de chercheurs, surtout des latinistes, étaient adeptes du modèle dit «de la successivité», c’est-à-dire pensaient que, puisque les parlers romans apparaissent après le latin écrit antique et tardif, ils sont ipso facto issus du latin écrit. D’autres chercheurs, cependant, notamment des romanistes, se sont doutés que, selon un modèle dit «de la simultanéité», les parlers romans sont issus dès l’Antiquité du latin parlé, qui existait côte à côte avec le latin écrit; les recherches, dont l’exposé mènerait trop loin (cf. Dardel 1996: ch. 1), tendent en effet à montrer que les traits romans les plus anciens dont il est avéré qu’ils reflètent le protoroman remontent au moins au premier siècle avant notre ère (Dardel 1985); aussi estimons-nous qu’en bonne méthode le modèle de la successivité doit céder la place à celui de la simultanéité. Les résultats divergents ou contradictoires que nous venons d’épingler sont en partie imputables à l’application combinée de ces deux modèles. Toutefois, le comparatisme historique appliqué selon le modèle de la simultanéité ne suffit pas, dans le cas présent, pour décrire et expliquer la morphosyntaxe des adjectifs-adverbes en protoroman et en roman. Si l’hypothèse édifiée ici sur le critère des rapports d’inhérence et de relation et du besoin de conformisme permet de faire avancer les choses - ce qui semble être le cas - c’est qu’était nécessaire au préalable une réflexion théorique approfondie (dans l’esprit du texte placé en exergue), valable en synchronie et en diachronie et invitant à des prolongements typologiques, comme celle que nous offrent Bally et Frei. C’est donc, dans ce cas, grâce à un retour de la pensée sur elle-même que pourraient être relancées les recherches sur le terrain. Groningue Robert de Dardel 20 La morphosyntaxe de l’adjectif-adverbe en protoroman Bibliographie Alcover, A.-M. 1968-76: Diccionari català-valencià-balear, Palma de Mallorca Andersson, S. 1954: Études sur la syntaxe et la sémantique du mot français «tout», Lund/ Copenhague/ Paris Andersson, S. 1961: Nouvelles études sur la syntaxe et la sémantique du mot français «tout», Lund/ Copenhague Augustin, H. 1903: Unterengadinische Syntax mit Berücksichtigung der Dialekte des Oberengadins und Münsterthals, Zürich/ Halle a. S. Bally, Ch. 1950: Linguistique générale et linguistique française, Berne Bartoli, M. G. 1906 (reprint 1975): Das Dalmatische. Altromanische Sprachreste von Veglia bis Ragusa und ihre Stellung in der appennino-balkanischen Romania, 2 vol., Wien (reprint Nendeln/ Liechtenstein) Bédier, J. 1922: La Chanson de Roland, Paris Bédier, J. 1968: La Chanson de Roland, commentée par J. B., Paris Cuervo, R. J. 1886-1994: Diccionario de construcción y régimen de la lengua castellana, 8 vol., Paris/ Bogotá Dardel, R. de 1985: «Le sarde représente-t-il un état précoce du roman commun? », RLiR 49: 263-69 Dardel, R. de 1995: «Le protoroman comme héritier de l’indo-européen (à propos de la construction clamare altum)», in: L. Callebat (ed.), Latin vulgaire - latin tardif IV, Hildesheim/ Zürich/ New York: 21-28 Dardel, R. de 1996: À la recherche du protoroman, Tübingen Dardel, R. de 2004: «Une marque prédicative en protoroman? », VRom. 63: 1-18 Dardel, R. de 2005: «La réduction grammaticale à l’origine du protoroman», ZRPh. 121: 107-28 Dauzat, A./ Rostaing, Ch. 1983: Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France, Paris DCVB = Alcover, A.-M. 1968-76 DLRM = Dicòionarul limbii romîne moderne, [Bucureóti] 1958 Fernández-Ordóñez, I. 2006-7: «Del Cantábrico a Toledo: el ‹neutro de materia› hispánico en un contexto románico y tipológico», Revista de Historia de la Lengua Española 1 (2006): 67- 118, 2 (2007): 29-81 Frei, H. 1929: La grammaire des fautes, Paris/ Genève/ Leipzig Gamillscheg, E. 1957: Historische französische Syntax, Tübingen [Guillaume, G.] 1973: Principes de linguistique théorique de Gustave Guillaume. Recueil de textes inédits préparé en collaboration sous la direction de R. Valin, Québec/ Paris Hanssen, F. 1910: Spanische Grammatik auf historischer Grundlage, Halle a. S. Heise, W. 1912: «Zur historischen Syntax des adverbial gebrauchten Adjektivs im Französischen», RF 31: 873-1038 Jensen, F. 1986: Syntax of Medieval Occitan, Tübingen Karlsson, K. E. 1981: Syntax and Affixation. The Evolution of mente in Latin and Romance, Tübingen Lazzeri, G. 1954: Antologia dei primi secoli della letteratura italiana, Milano Martinet, A. 1963: Éléments de linguistique générale, Paris Maurer, Th. H. 1959: Gramática do latim vulgar, Rio de Janeiro Meyer-Lübke, W. 1890-1906: Grammaire des langues romanes, 4 vol., Paris M.-L. = Meyer-Lübke, W. 1890-1906 Monaci, E. 1955: Crestomazia italiana dei primi secoli, Roma/ Napoli/ Città di Castello Nunes, J. J. 1970: Crestomatia arcaica, Lisboa Rainer, F. 1993: Spanische Wortbildungslehre, Tübingen Renzi, L. 1994: Nuova introduzione alla filologia romanza, con la collaborazione di G. Salvi, Bologna Richter, E. 1909: «omnis, totus», ZRPh. 33: 143-47 Rohlfs, G. 1937: «Sprachliche Berührungen zwischen Sardinien und Süditalien», in: Donum natalicium Carolo Jaberg, Zürich/ Leipzig: 25-75 Rohlfs, G. 1966-69: Grammatica storica della lingua italiana e dei suoi dialetti, 3 vol., Torino 21 Robert de Dardel Saussure, F. de 1949: Cours de linguistique générale, Paris Saussure, F. de 2002: Écrits de linguistique générale, établis et édités par S. Bouquet et R. Engler, avec la collaboration d’A. Weil, Paris Schultz-Gora, O. 1973: Altprovenzalisches Elementarbuch, Heidelberg Sechehaye, A. 1926: Essai sur la structure logique de la phrase, Paris Spano, G. 1871: Proverbj sardi trasportati in lingua italiana, Cagliari Spescha, A. 1989: Grammatica sursilvana, Cuera Tobler, A. 1971: Vermischte Beiträge zur französischen Grammatik, 5 vol., Amsterdam Wagner, M. L. 1951: La lingua sarda, Berna 22 Le origini del femminile plurale italoromanzo e la rideterminazione del neutro: osservazioni in margine alle carte medievali pugliesi 0. Premessa Le carte mediolatine qui sottoposte ad analisi e spoglio linguistico rappresentano le testimonianze scritte originali più antiche del Medio Evo pugliese. Si tratta del ventesimo volume del Codice Diplomatico pubblicato dalla Società di Storia Patria per la Puglia (Coniglio 1975) che contiene la prima parte dell’edizione delle pergamene del monastero di San Benedetto di Conversano, fondato probabilmente nel 957. Il volume ripubblica, migliorandola notevolmente, la trascrizione già offerta da Morea 1892. A oltre trent’anni, la seconda parte del volume su Conversano, a cui era stata rinviata l’edizione delle carte restanti nonché il glossario, non è mai uscita; dobbiamo quindi considerare ancora, per le carte residue, la vecchia edizione del Morea. La prima pergamena del Monastero benedettino di Conversano risale al 901, prima ancora della fondazione del Monastero. L’ultima è del 1265. Si tratta quindi di documenti che coprono un arco temporale ampio, di oltre tre secoli e mezzo, in cui si succedono tre dominazioni diverse, bizantina, normanna e sveva. Il territorio interessato è relativamente ampio. «Conversano era un centro strategico importante, perché permetteva di controllare la via interna che metteva in comunicazione l’Adriatico col Tirreno. Comprendeva un’ampia striscia, alle spalle di Polignano e Monopoli ed era costituita approssimativamente dai territori degli attuali comuni di Conversano e Castellana, che dovevano includere ampi possessi demaniali, molto spesso spopolati ed incolti» (Coniglio 1975: vi). Due passi delle carte di Conversano rientrano - a ulteriore conferma della straordinaria importanza del materiale linguistico - tra quelli utilizzati in un memorabile studio di Sabatini 1965/ 1996. Si tratta di un documento proveniente da Monopoli (1054, poi §40 dell’edizione Coniglio) e di uno proveniente da Conversano (1110, poi §64) che presentano due inventari. Uno spoglio sistematico del volume offre risultati assai importanti; intendiamo fornire qui un saggio degli obiettivi da raggiungere. Questo contributo mira alla costituzione di un lessico storico a base mediolatina dell’Italia meridionale (§1) e a descrivere il tipo linguistico pugliese antico (§2 e 3), caratterizzato in fasce diatopiche e diacroniche differenziate 1 . Si tratta, in pri- 1 Al di fuori dello spazio linguistico pugliese, cf. oggi Pfister 2002, Aprile 2001 (il Cartulario di Santa Maria delle Tremiti) e 2002 (il Codice di San Modesto in Benevento), Russo 2007b (il Codice di San Modesto in Benevento, il Codex Cavensis e le Pergamene di San Gregorio Armeno, Il Codice Diplomatico barese e pugliese), Giuliani 2004 (le Pergamene di San Gregorio Vox Romanica 68 (2009): 23-44 Michela Russo mo luogo al §1, di analizzare il lessico relativo alla cultura materiale, ma anche quello relativo alla conformazione geografica del territorio, al diritto e alle istituzioni. Ci si propone in particolare (§3) di analizzare per quest’area le differenti strategie di rifunzionalizzazione e conversione del neutro nella classe del femminile plurale, passando a vaglio nelle fonti diplomatiche meridionali le scelte grafiche desinenziali relative a tale ambito morfosintattico, in fase quindi pre-volgare (§3.1 e 3.2). Tali carte offrono anche una chiara testimonianza del femminile plurale italoromanzo (§3.3) e permettono di ripercorrere le tappe e gli orientamenti della nuova morfosintassi del neutro nel Meridione d’Italia. 1. Elementi lessicali, polimorfia e stratigrafia locale Per quanto riguarda il territorio, lo spazio agricolo e la vegetazione, abbiamo preziose testimonianze di parole; in particolare, quanto alla conformazione del terreno citiamo con allotropia del genere (cf. §3) la coppia mediolatina clausuria/ clausoria (e la forma dissimilata clisuria, cf. Salvioni 1909) ‘recinzione di un appezzamento coltivato (di solito albereto di ulivi o mandorli)’, oppure per metonimia ‘appezzamento recintato e coltivato’/ clausorium, i cui allotropi rimandano al tipo latino medievale clausura (clausura vinearum, clausura olivarum). Per un’ampia discussione e documentazione su questo tipo lessicale, cf. Russo/ Aprile i. c. di s. Il tipo mediolatino femminile clausoria è innovante, in quanto presenta una particolare evoluzione del vocalismo tonico con abbassamento della vocale etimologica: «clausoriam unam olivarum parietibus cintam» (Monopoli 1265, CDPugl XX, §220). Accanto ad esso riscontriamo il maschile altrettanto innovante clausorium: «intus in clausorio vin(ee)» (Altamura 1298, CDPugl XXIV, §8). La coppia allotropica clausoria/ clausorium è diffusa nella scripta mediolatina della Puglia settentrionale accanto a clausuria, ma essa è attestata anche nella scripta salentina, come si evince dalla documentazione proposta da Giuliani (2007: 170-75), la quale ipotizza l’influenza del greco κλεισοῦρα sul tipo clausoria. Il lessema clausuria entra nella Puglia settentrionale in concorrenza con clausoria, tipo lessicale mediolatino salentino, frutto di un’interferenza greco-romanza che ne determina la particolarità nel vocalismo tonico, dovuta alla competenza bilingue. Nel contesto diglottico (con diasistema / u / biz. -/ ou / rom.) va presupposta un’integrazione delle vocali chiuse del greco con la chiusura delle vocali medie del romanzo. Se partiamo da un tramite greco κλεισοῦρα tra clausoria e clausuria, le forme con -osono il frutto di un’ipercorrezione. Veniamo al tipo latino medievale clausorium con particolare evoluzione del vocalismo tonico. Giuliani 2007: 173 lo mette in relazione col derivato κλεισοῦριον e ci fornisce una documentazione salentina dalla quale si ricava che l’allotropo 24 Armeno) e 2007 (il Codice Diplomatico barese e pugliese) che si aggiungono agli ormai lontani lavori di De Bartholomaeis 1901 e 1902-05 e Sepulcri 1907. Le origini del femminile plurale italoromanzo e la rideterminazione del neutro neutro è più antico di quello femminile clausoria. Stando così le cose, una retroformazione direttamente dal femminile clausoria, consolidato nella Puglia settentrionale, alla base della diffusione lessicale del tipo neutro clausorium è cronologicamente improponibile. La forma clausorium è probabilmente un’ipercorrezione mirata a raggiungere un travestimento latino, a partire da una forma greca (Giuliani 2007: 174), oppure potrebbe essere un’ipercorrezione rispetto a un *clausurium giudicato metafonetico. Esempi di questo tipo non mancano nella scripta meridionale: si veda l’apertura del femminile Inclosa, ipercorrezione innescata da un clu¯ sus inteso come metafonetico: «in ecclesia Sancte Marie q(ue) nominatur ad illa Inclosa dentur exinde pro anima mea tari sex de auru» (Napoli 1230; Russo 2007a: 249, Carvalho/ Russo 2006: 13). La derivazione lessicale è cronologicamente evidente tra i femminili clausuria e clausoria; quest’ultimo secondario e peculiare alla scripta notarile della Puglia centro-settentrionale. Il lessema clausoria rappresenta in quest’ottica una neoformazione rispetto al latino medievale pugliese clausuria (cf. Russo/ Aprile i. c. di s.). Restando ancora nell’ambito delle formazioni lessicali relative alla conformazione del terreno, citiamo il tipo lessicale speccla (specula) 2 ‘cumulo di massi di pietra radunati insieme’ che è, assieme ai tipi poco comuni plescum e murex, tra i segni di confine meno diffusi (come risulta dall’indagine stratigrafica compiuta da Giuliani 2007: 101): et ipsa clausuria de Speccla (Conversano 915, CDPugl XX, §3); da ipsa specla que efi [sic] fine inter ipse ambo monaste[rie et quommodo] salet in pars montis per ipso pariete antiko . . .; et ponit caput in ipsa alia specla que est anti[ka fine . . . ]; [et ponis caput in ipsa] specla qui primis nominabi . . .; et sunt per coffines da ipsa specla antika (Monopoli 1099, CDPugl XX, §60); abeo duas vineas in loco Specla Terranea (Conversano 1117, CDPugl XX, §73) [ecc.]; specula et descendit recte usque ad corticellas per specula ubi est fica (Conversano 1263, CDPugl XX, §218). Con pretonica sempre trascritta con -iè il tipo lessicale della Puglia settentrionale e centrale pizzulo eo˘ lu ‘parte quasi sporgente della casa a terreno, che serviva di confine tra un edificio e l’altro e su cui si aveva anche il diritto di fabbricare’, mentre la tonica presenta qualche variante allografica con -oin luogo di -utonico 3 : ad faciendum pizulo in eadem casa que ad lavorandum incipi solummodo ipso pariete de ipso pizulo de ipso casile que fuit casa iamdicto Potelchisio (Conversano 1086, CDPugl XX, §47). Nello stesso documento pizulo, -um è usato altre 10 volte; a latere vero [partes sep] tentrionis [in medio] pizzulo casa filiis Andronico (Conversano 1095, CDPugl XX, §56); orientis nam- 25 2 Anche con il suffisso collettivo speccletis: «et finit in via de Cupersano ubi sunt ipse prenominate speccletis» (Conversano 1087, CDPugl XX, §48). 3 Cf. anche pizzulo (Bari 1005, CDBar IV §9; Bari 1048, CDBar IV, §34); pizulo (Bari 1034, CDBar IV, §23); pizzuli (Bari 1047, CDBar IV, §33); pizulum (Bari 1238, CDBar VI, §69), ma pizziolo (Terlizzi 1135, CDBar III, §57). Michela Russo que est pizzulo de casa Dunnando filio (Conversano 1100, CDPugl XX, §61); a septentrione a medio pizzulo est domus [predicti Achilli] (Conversano 1159, CDPugl XX, §106) ma que domus est de trabi]bus quinque et media cum sex scolis et piczzeol(o) uno (Monopoli 1208, CDPugl XX, §158), unum orticellum in [capite piczzeoli ipsius do]mus partis meridiei (ib.), nam a septentrione est pizzeol(am) predic(te) [domus] (ib.). Veniamo ora alla discussione selettiva di qualche tipo lessicale relativo ad altre aree semantiche, prima di passare alla morfosintassi del neutro. Per barba e barbanus ‘zio paterno’ valgono le conclusioni di LEI 4,1241-46 che modificano in parte l’ipotesi di Aebischer 1936, vale a dire barba ‘zio’ (cf. ad es. Barba Sabinus fil(ius) Raonis s.l. 1237, CDPugl XX, §187) è forma latina e non ha un’origine longobarda, anche se l’ipotesi germanica sarebbe geolinguisticamente accettabile (si vedano i dati documentari proposti dal LEI anche precedenti all’Edictum Rothari nel quale si trovano attestazioni di barba ‘zio’). Non è plausibile invece l’ipotesi morfologica a sostegno di una derivazione germanica per barbanus. Il LEI sostiene, infatti, che le forme barbanus nominativo e accusativo barbanem e barbanum riscontrate sempre nell’Edictum Rothari (accanto a barba e barbas nominativo) mostrano ampliamento della radice con -anforse analogico sui maschili in -o¯ ne e non sono il frutto di una declinazione germanica -o/ -an. In altri termini si tratterebbe di un relitto della generalizzazione dell’obliquo riscontrata già nel latino medievale dell’Italia meridionale : cepe[r]unt eum calumniare ipse barbanus eius et ipsi consobrini eius (s.l. 938, CDPugl XX, §7); et abbas qui fuit barbanus meus (Castellana 941, CDPugl XX, §8); habuimus in commune cum Manno filio Stasii barbano nostro duos vinales (Conversano 1122, CDPugl XX, §75); barbaneus Id[eoque . . .] sumus Leo filio Petro [. . . filii Castel]manni qui sumus barbaneo et nepote ex civit(ate) Cupersano” (Conversano 999, CDPugl XX, §28); sic est veritas ut iste barbaneus meus iuravit (Monopoli 1074, CDPugl XX, §42); Iohannem barbaneum meum (Ruvo 1171, CDPugl XX, §125) 4 . L’ipotesi germanica è stata invece sostituita dall’ipotesi greca (per il parallelismo thianus/ thiane, LEI 3,2044-2046), alla cui credibilità il LEI 4,1244 aggiunge gli esempi di altri due nomi parentali tatani e mamani tratti rispettivamente da iscrizioni campane del terzo/ quarto secolo (la prima a Miseno CIL 10,3646 e la seconda a Pozzuoli CIL 10,2965), nonché di altri nomi propri in -ane (è probabile che la trafila sia dall’antroponimo al nome parentale, in ogni caso con una marcatura 26 4 Cf. barbanus (Bari 1005, CDBar IV, §9); barbano (Bari 981, CDBar I, §6; Bari 1012, CDBar IV, §12); barvaneo (Bari 1001, CDBar I, §8; Bari 1009, CDBar IV, §10); barbaneo (Terlizzi 1033, CDBar III, §2; Bari 1086, CDBar V, §7; Molfetta 1095, CDBar VII, §3; Bari 1098, CDBar V, §26; Bitetto 1099, CDBar VIII, §22); barbanum (Bari 1136, CDBar V, §87); barbani (Barletta 1217, CDBar VIII, §215). Le origini del femminile plurale italoromanzo e la rideterminazione del neutro morfologica dell’animato) 5 . In questo modo «l’origine morfologica di barba/ barbane ‘zio’ non è longobarda ma greca» (LEI 4,1245). Non viene però esclusa un’influenza semantica longobarda sulla voce. Termine di origine greca (cf. il gr. πικτάκιον ‘tavoletta’) è pittagio/ pictagio/ pictacio ‘circoscrizione territoriale cittadina originariamente caratterizzata da una tavola incerata o impeciata per scrivere’ (nel senso specifico di ‘documento scritto’), opposto a pettacia 6 : intus huius civit(atis) [Monopolis in] pittag(io) Clodarum (Monopoli 1223, CDPugl XX, §171); scil(icet) totam domum meam planam que fuit Ladonne Claude et est intus huius civit(atis) in pictacio Portenove (Monopoli 1212, CDPugl XX, §162); predicta vero domus est intus huius civitatis Monopolis in pictagio Clodarum (Monopoli 1236, CDPugl XX, §184). Formula duecentesca, ma si riferisce a un’antica tradizione di suddivisione del territorio. Cf. Morea 1892: 296 (con un’ulteriore attestazione del 1283, anch’essa accompagnata da un toponimo). Il termine neutro pictacium è in relazione con un allotropo femminile pettacia nella documentazione pugliese (sull’allotropia del genere, cf. infra): in pectacia sancte Eugenie. (Salpi 1209, CDBar VIII, §254); in pectacia sancti Martini (Salpi 1226, CDBar VIII, §291); in pettacia sancte Eugenie (Salpi 1238, CDBar VIII, §316). È da osservare che le forme femminili presentano la pretonica armonizzata. Ciò risponde a criteri morfofonologici autoctoni: il femminile plurale non metafonetico induce all’abbassamento della pretonica (in base alla cosiddetta «metafonia delle atone», v. §2). Potrebbe trattarsi, tuttavia, anche della reinterpretazione romanza dei prestiti greci aventi genere neutro che trascina con sé l’abbassamento delle vocali chiuse all’interno di parola πιττάκιον → pettacia (cf. Giuliani 2007: 180-83). Si assiste peraltro all’integrazione di un termine neutro di orgine greca con cambio di genere e conversione nel femminile, fenomeno di cui si discute al §3.2. 2. Dittongazione, morfometafonia e armonizzazioni vocaliche Le informazioni fono-morfologiche che offrono questi testi sono piuttosto interessanti. In particolare, per il vocalismo essi ci forniscono per es. una precoce attestazione del dittongamento discendente tipico della fascia adriatica teila ‘tela’ ē : 27 5 Il LEI 4,1242 riporta anche da un’iscrizione giudea di Taranto dell’VIII secolo: barbane suum (CIL 9,6402). 6 Cf. anche «ante hos annos iunxi me in convenientia cum Theodorus fratre meo et divisi ego inter me et illum case et curte quas commune abuimus in hac civitate et feci ego ex ipsa divisione tandem duo pictacii de unaquaque sortione ut consuetudo est» (Bari 1048, CDBar IV, §34). Michela Russo «teila de lino gubitis sexaginta» (Monopoli 1054, CDPugl XX.40) (Sabatini 1965/ 1996: 127, Russo 2002a: 198, con bibliografia) e seida 7 : seda, seida ‘albero della melagrana’ *SIDA; sede (Bari 1015, CDBar IV, §13); seida acia ‘mela selvatica’, seide gen., seida dulce (Bari 1031, CDBar IV, §20; ad esso aggiungiamo bessayda ‘pisside, calice’ ī de ea bessayda secretarii eiusdem ecclesie (Molfetta 1256, CDBar VII, §103) 8 . Numerose sono le attestazioni della metafonia nei documenti da noi analizzati. Esse mostrano non soltanto l’antichità del processo metafonetico in Italia meridionale, ma anche il suo funzionamento squisitamente morfologico. Rileviamo brunzu ō (Russo 2007a: 79): «una cantara de brunzu» (Conversano 1110, CDPugl XX, §64); l’alternanza morfo-metafonetica con armonizzazione delle atone nella coppia antroponimica Sillictus/ Sellecta dal personale romano Selectus con opposizione di genere, femminile opposto a maschile (la documentazione è tratta da Russo 2007a: 137, da cui si ricavano inoltre dati analoghi anche per il latino medievale campano in cui l’alternanza morfo-metafonetica per questo tipo lessicale appare maggiormente diffusa): mulier nomine Selletta filia Deidati (Conversano 938, CDPugl XX, §6), q(ui) s(upra) mulieri Sellette (ib.), q(ui) s(upra) muliere Sellet[ta (ib.), ecc.; contro a medio pariete hortale de filii Sillicti (Conversano 1009, CDPugl XX, §31). È evidente che l’alternanza tra i grafotipi della coppia lessicale antroponimica è modellata sullo schema metafonetico; essa risulta inoltre rafforzata dall’armonia vocalica della vocale pretonica sulla tonica seguente (cf. Russo 2007a: 136s.). Constatiamo infatti chiusura di / e/ pretonica in -iper l’insieme delle occorrenze metafonetiche. In quest’ottica di armonizzazione morfo-fonologica, trattamento analogo richiedono le alternanze rintracciabili nelle carte mediolatine campane con opposizioni di genere (cf. Russo 2007a: 40). Tali alternanze sono rappresentate dai grafotipi con armonia delle atone pretoniche sulla vocale tonica seguente quali Duminico , Disigi ecc., in alcune coppie lessicali contrassegnate anche da allotropia del genere, quali palmentateca ‘diritto al palmento’ (Salerno 1065, 1068, ecc.) opposto a palmentaticum (Salerno 1067), nelle quali si evidenzia ugualmente una contrapposizione delle vocali atone i/ e, connessa al cambio di genere e in cui è assente la vocale tonica assoggettata a metafonia. Tale trattamento non a caso sarà poi tipico del napoletano medievale; si rinvia qui all’opposizione ad es. riscontrata nel Ferraiolo (1498ca.) tra vistite (ma vestero), inimice, ma innemica con i e in presenza di i tonica seguente, ecc. (per un quadro più ampio relativo alla scripta campana e al napoletano medievale, cf. Russo 2007a). L’armonia delle vo- 28 7 Cf. anche Sabatini 1965: 986 N37; Russo 2002a: 198. 8 Si tratta peraltro di una traccia molto importante di quello che sembra l’unico derivato italoromanzo di acidus con trafila popolare, non incluso nel LEI perché solo di documentazione mediolatina. Le origini del femminile plurale italoromanzo e la rideterminazione del neutro cali atone sembra aver assunto dunque già nel latino medievale campano e pugliese una chiara funzione di marca morfologica, e sembra essersi estesa, anche in assenza di un contesto vocalico metafonizzante, quale contrassegno morfologico dell’opposizione di genere e numero. Il funzionamento del meccanismo metafonetico si evince ampiamente dalla documentazione della Puglia settentrionale: a parte i già citati brunzu e Sillictus, ecc., segnaliamo un’altra alternanza modellata secondo lo schema metafonetico e rintracciabile ancora una volta in una coppia lessicale antroponimica, Carapresa opposto a Caroprisio (documentazione tratta da Russo 2007a: 66): et traderet m(ich)i uxorem Citacarapresam sororem suam (s.l. 1209, CDPugl XX, §160); declaro quod mortua Carapresa uxore mea matre (Monopoli 1257, CDPugl XX, §212); pro Carapresa su[a] uxore premortua (Giovinazzo 1303, CDPugl XXIV, §5); Ego Carapresa filia quondam Sthephani (Bitonto 1291, CDPugl XXII, §29); contro: iuxta domum Nicolai de Caropriso (ib.); et iuxta clusum Nicolai de Caroprisio (Terlizzi 1268, CDPugl XXII, §5). Se allarghiamo lo sguardo agli altri volumi del codice, metafonetico è anche il neutro prisum ‘appezzamento di terreno’ che presenta qualche sporadico allotropo femminile con opposizione di genere nella stessa documentazione (l’allotropo femminile è invece molto attestato nella documentazione mediolatina campana, cf. discussione infra): ad es. presa una de terra (Terlizzi 1318, CDPugl XXII 124) o prisa de terra (Barletta 1175, CDBar VIII 125): priso (Corato 1125, CDBar IX, §23; Terlizzi 1167, CDBar III §100); prisum (de terra) (Barletta 1169, CDBar VIII §110; de terra, Barletta 1191, CDBar VIII §165; Molfetta 1252, CDBar VII 101; prisi gen. (Barletta 1198, CDBar VIII §180). In particolare, le serie suffissali paradigmaticamente compatte facilitano l’applicazione del processo metafonetico (Fanciullo 1994; Russo 2007a). Tracce evidenti del rimodellamento attuato secondo lo schema metafonetico emergono già dalle carte mediolatine dell’Italia meridionale e anche della Puglia settentrionale: dal suffisso *-o¯ni ¯ lessicalizzato abbiamo plaiuni ‘lenzuola’ (longobardismo, cf. Sabatini 1965/ 1996: 111-12, Russo 2007a: 64-65): pario plaiuni de lino, pario plaiuni capituo polemito (Monopoli 1054, CDPugl XX, §40); plagiuni [duo paria plagiuni] de lino novi (Conversano 1110, CDPugl XX, §64); contro plaioni paria plaionum duo, unum ad decem et octo et aliud ad sedecim bona n[ova] (Monopoli 1226, CDPugl XX, §174); par unum de plaionibus ad quatuordecim novum bonum (Conversano 1246, CDPugl XX, §197); duo paria plaionum alium ex eis ad [sextum] et alterum ad duodecim, imbastituras duas similiter plaionum (Conversano 1260, CDPugl XX, §217) 9 . 29 9 Cf. plaioni (Bari 1028, CDBar IV, §18; Canne 1035, CDBar VIII, §12; Bari 1088, CDBar V, §9); plaionum (de lino), plaionem (Terlizzi 1138, CDBar III, §51); plaionis (Terlizzi 1180, CDBar III, §129; Terlizzi 1191, CDBar III, §156; Barletta 1257, CDBar X, §96; Terlizzi 1267, CDBar III, §285); plaionem (de lana) (Monopoli 1181, CDBar I, §57); plaionorum (Molfetta 1184, CDBar VII, §68); plaiones (Bari 1190, CDBar V, §155). Michela Russo In alcuni documenti appare chiaro che tali lenzuola sono valutate secondo l’altezza (ad decem et octo, ad sedecim, ad quatuordecim). Ancora da *-o¯ni ¯ lessicalizzato, ma collegato «intra-sistemicamente» alla serie suffissale abbiamo scattuni ‘vasi’: scattuni octo (Monopoli 1054, CDPugl XX, §40); et quattuor scattuni (Conversano 1110, CDPugl XX, §64). Per -to¯ riu abbiamo cardaturo ‘strumento con denti uncinati per cardare la lana o altri elementi filabili’ (su cui già Russo 2007a: 87): cardaturo pettinanda stuppa (Monopoli 1054, CDPugl XX, §40); et uno cardaturo (Conversano 1110, CDPugl XX, §64; cf. Bari 1021, CDBar I §10.9 e §29). Per il suffisso - O ¯ SU / - O ¯ SA troviamo l’opposizione metafonetica regolare precocemente attestata nel latino medievale dell’epoca nel maschile lapelluso opposto al femminile la pellosa (cf. Russo 2007a: 81): foras hac civitate in loco qui dicitur lapelluso (Bari 1086, CDBar V, §7), Hec est enim predictam clisurallam cum olive et ipsa corigia de terra in ipso lapelluso sub murice (ib.); Unum scriptum venditionis unius lame que vocatur de lap[ell]uso cum omnibus arboribus olivarum (Bari 1108, CDBar V, §53); in opposizione a unam peciam de terram meam quam habeo ubi la pellosa dicitur subtus ipsa murice (Bari 1049, CDBar I, §23), que venit a Fraxenito extra quam viam est terra lapillosa (Bari 1155, CDBar V, §112), predicte pezie de terra Iapillose (ib.). L’allargamento metafonetico è legato all’estensione analogica della funzione metafonetica in alternanze regolari: Petra Pertossa (Dragonara 1213, CDPugl XXX §218); in pe˘ tra + agg. pertu¯ sa ‘forata’, il toponimo appare adeguato alla metafonia veicolata dal suffisso - O ¯ su e rappresenta un riscontro analogico abnorme, in quanto la pressione analogica veicolata dai riflessi metafonetici regolari ha catturato un lemma nel quale ci aspetteremmo u¯ etimologicamente invariante anche al femminile (Russo 2007a: 256-66). Dal quadro appena tracciato emerge che la predicibilità paradigmatica dei tipi suffissali a serialità compatta favorisce già nel latino medievale dell’area i processi metafonetici, in quanto pressioni analogiche guidate dai suffissi favoriscono un adeguamento precoce al processo metafonetico e innescano il processo di rimorfologizzazione volto a ottimizzare la funzionaltà morfologica e a risolvere l’opacità morfologica (Fanciullo 1994). 30 Le origini del femminile plurale italoromanzo e la rideterminazione del neutro 3. Processi di rianalisi del neutro latino: neoneutro e femminile, sistemi eteroclici e genere differenziale Forniamo in questa sezione un quadro succinto dei processi di rianalisi classificatoria, collocati all’interno dei mutamenti strutturali e tipologici dal latino al romanzo, e delle allotropie riscontrate nelle carte mediolatine analizzate tutte in riferimento a un genere neutro progressivamente opacizzato nella fase di transizione. L’ambivalenza del morfema -a, neutro plurale esposto a coalescenza lessicale nella classe omonima di femminile singolare e/ o a sincretismo grammaticale nella classe di femminile plurale con mantenimento del tratto di numero, produce nuovi contrasti di genere fondati sulla rianalisi dei sostantivi neutri e sull’inclusione del tratto semantico di collettivo in coppie lessicali bipolari, semiomofone o allotropiche (cf. Russo 2002b: 119, 2007: 277s., Giuliani 2004, 2007). I processi di traduzione morfologica tra le classi di genere (neutro plurale e femminile) innescano nuove codifiche grammaticali e nuove lessicalizzazioni. La reinterpretazione del morfema -a, avente duplice valore di collettivo e di femminile singolare, con conseguenti nuove implicazioni grammaticali, semantiche e lessicali, è determinata dalla sua duplicità desinenziale. Il femminile singolare collettivo o «aumentativo» in -a con orientamento alla lessicalizzazione è documentato nelle carte pugliesi e riflette il sincretismo tra neutro plurale, con sfumatura semantica collettiva, e femminile singolare. Il risultato di questa traduzione morfologica è la perdita del tratto morfologico di plurale e il mantenimento del tratto semantico di collettivo. Rimarchiamo che l’assegnazione del genere femminile in luogo del neutro latino si esplica in relazione al valore collettivo, alla categoria del non individuato, dell’inanimato e dell’indefinito. I meccanismi di conversione morfologica nella classe di femminile singolare innescano il modello lessicale del genere differenziale. Con l’integrazione del neutro plurale nella classe «omonima» di femminile non viene ad instaurarsi una relazione di tipo grammaticale tra il femminile e il corrispettivo singolativo, bensì una relazione di lessicalizzazione all’interno di una coppia allotropica (come nelle coppie clausuria/ clausorium, pettacia/ pittacium, presa/ prisum, cf. §1). Il sincretismo di -a nella classe di femminile plurale genera invece paradigmi eterocliti che oppongono sul piano della variazione di genere un maschile singolativo a un femminile plurale avente connotazione collettiva (brachia, capore, lacora, capita). Le coppie lessicalizzate -u/ -a si riferiscono, dunque, al modello del genere differenziale se il neutro plurale è integrato nella classe di femminile singolare; il maschile è la categoria lessicale non marcata, mentre il femminile rappresenta la categoria lessicale marcata non di rado con connotazione aumentativa del referente. Il genere differenziale può manifestare una contrapposizione semantica o diatopica (areale) nella variazione degli allotropi (cf. §3.2). Il modello grammaticalizzato -u/ -a si riferisce, viceversa, all’eteroclisia dei paradigmi se è il prodotto della conversione del neutro plurale nella classe del femminile plurale con con- 31 Michela Russo servazione del sistema degli accordi grammaticali connessi al numero. I paradigmi eterogeni e il genere differenziale evidenziano l’esistenza di sistemi morfologici e lessicali discontinui, prodotti in seguito a conversioni morfologiche e a diversi fenomeni di integrazione lessicale. Si analizzano qui di seguito nella documentazione mediolatina pugliese alcuni fenomeni di allotropia nella selezione differenziata del genere e le nuove opposizioni grammaticali, semantiche e lessicali prodotte all’interno di un paradigma del genere bibartito e legate alla ristrutturazione della flessione nominale. In alcuni casi le possibilità di assegnazione del genere per un unico tipo lessicale sono duplici: uno stesso tipo lessicale può essere reinterpretato e integrato sia eterogeneticamente nella classe di femminile plurale (grammaticalizzazione) sia in quella di femminile singolare su basi semantiche (lessicalizzazione), cf. infra il tipo lessicale pastino/ pastina/ pastine nella scripta mediolatina campana e pugliese. L’integrazione morfologica dei tipi lessicali a seconda di una tipologia desinenziale e la dicotomia nell’attribuzione del genere femminile è riconducibile non di rado nella documentazione mediolatina a fasce diacroniche e diatopiche differenziate. Tali strategie di ristrutturazione del genere vanno inquadrate nell’evoluzione diacronica della flessione nominale dal latino al romanzo e sono collegate alla perdita di autonomia del neutro latino. Esse riflettono una fase bicasuale o tricasuale nella quale esisteva una marcatura diversa per Soggetti e Oggetti a seconda della gerarchia di animatezza o definitezza, e all’interno della quale l’Oggetto inanimato e indefinito riceveva una marcatura distinta, fase precedente alla tematizzazione dell’accusativo quale caso unico e generalizzato. In altre parole, il sistema degli eterocliti nasce diacronicamente dalla strutturazione morfosintattica protoromanza tra Soggetti attivi (animati) e Oggetti inattivi (inanimati); in quest’ottica la marcatura dell’Oggetto è destinata esclusivamente agli inattivi, marcatura normalmente riprodotta in seguito dall’accusativo generalizzato quale caso non marcato (Zamboni 2000, Russo 2000, 2007). Le desinenze plurali dei neutri in -a e -ora attestati nella documentazione mediolatina sono relitti flessivi di quest’orientamento, e ad essi vanno collegati gli allotropi femminili in -e della documentazione mediolatina pugliese e salernitana (cf. §3.1), ma anche le scelte grafiche in -e e in -as della documentazione mediolatina napoletana (§3.2). Per quanto riguarda la documentazione notarile pugliese osserviamo la prevalenza del genere differenziale, con ristrutturazione del genere su basi semantiche o geolinguistiche piuttosto che morfosintattiche e formali. Le scelte grafiche desinenziali per la rappresentazione del genere differenziale, ma anche del genere eterogeno (cf. §3.1) nella documentazione pugliese (e salernitana) prediligono le desinenze -a ed -e. È emersa, invece, nella scripta mediolatina napoletana, sul versante morfosintattico e desinenziale, la desinenza -as attestata oltre la morfosintassi dell’accusativo, all’interno del paradigma eteroclito che sarà tipico del dialetto napoletano moderno (cf. nap. medullo m.sing./ le medolla f.pl., Russo 2007a, 2002b, Giuliani 2004, 2007). 32 Le origini del femminile plurale italoromanzo e la rideterminazione del neutro La desinenza -as della scripta mediolatina napoletana, non relegata alla morfosintassi dell’accusativo, mostra la conversione tra neutrali e femminili; e attraverso di essa vengono segnalati i paradigmi eterogeni con opposizione grammaticale del genere che anticipano quindi il napoletano di epoca successiva (nelle coppie allotropiche del tipo palmentum/ palmentas); tale desinenza è, tuttavia, soltanto un espediente grafico ipercorrettivo, un travestimento latinizzante dei neutrali (cf. §3.2). Si evidenziano in tali scelte grafiche le affinità tra neutrali e femminili nell’espressione quantificata del plurale e l’unidirezionalità dell’origine desinenziale del femminile plurale romanzo che dalla documentazione pugliese, salernitana e napoletana appare uniformemente come -e (absque ipse sepulchre, ad ipse Caselle, cf. §3.3). 3.1 Tracce dell’eteroclisia del genere nella documentazione mediolatina pugliese: incroci e coalescenze tra le desinenze -a, -ora e il femminile plurale -e Analizziamo il tipo flessivo plurale neutro con desinenza in -a e significato collettivo in relazione alla variazione del genere grammaticale nella documentazione pugliese. È noto che questo plurale collettivo ricopre in parte il lessico duale, per esempio brachia ‘braccia’: et viginti octo brachia de panno (Monopoli 1181, CDBar I 57). Lo si trova impiegato già nella documentazione mediolatina meridionale, come si evince dagli esempi che seguono, soprattutto con nomi di frutti (ad es. poma), oltre che con nomi indicanti parti del corpo (brachia): cum puteo da aquas cum olibe et [rel]iqua poma [. . .]; cum casilis qui palearee fuerunt et cum [f]icus et poma simulque et inclito Ipso ortale maiore ibi coniunctum cum poma sua et ficus (Conversano 1014, CDPugl XX, §33). Di questa classe morfologica fanno parte i sostantivi neutri di II a declinazione che conservano il plurale in -a come brachia, poma o castella: materna successione in vico Kastellano betere quam et in Kastella (Conversano 901, CDPugl XX, §1) ma anche di terza declinazione come capita ‘capi di bestiame’: et hocto capita de bobi masculi et femine et asini quadtuor et hoctaginta capita de pecura et una asina (Polignano 1024, CDPugl XX, §36). Emerge quindi col tipo morfologico brachia una vera e propria desinenza di plurale collettivo; questo tipo morfologico è costituito da una forma di plurale neu- 33 Michela Russo tro, ma ad esso si aggregano anche nomi in origine maschili aventi significato collettivo, a seguito di metaplasmi analogici e neoformazioni. Rimarchiamone qualcuno nella documentazione pugliese come octo scannella (Bari 1205, CDBar I, §73) 10 . Varie poi sono le attestazioni dei morfemi plurali collettivi in -a e in -ora riscontrate, all’interno di paradigmi eterocliti, opposti a una quantificazione singolativa. Per -o˘ ra, che rappresenta come -a il tipo paradigmatico eteroclito, ricaviamo: per suorum morgincapora (Monopoli 963, CDPugl XX, §16). Si tratta di una neoformazione di matrice analogica da collegare a: morgincap ‘donazione della quarta parte di tutti i beni presenti e futuri che il marito faceva alla moglie dopo la prima notte di matrimonio’, termine del diritto germanico di origine longobarda: morgincaph (Bari 981, CDBar I, §6; Bari 1005, CDBar IV, §9; Casamassima 1022, CDBar I, §11; Bari 1028, CDBar I, §14; Bari 1028, CDBar I, §15; Bari 1030, CDBar I, §16; Bari 1036, CDBar I, §19; Bari 1044, CDBar IV, §30); morgincap (Bari 1001, CDBar I, §8; Castello Acena 1017, CDBar I, §9; Terlizzi 1119, CDBar III, §40; Molfetta 1160 (1159), CDBar VII, §33); morginkap (Bari 1036, CDBar I, §19); altrove morgincaput: morgincaput (Bari 952, CDBar I, §1; Casamassima 962, CDBar I, §4); gen. morgincapitis (Bari 1028, CDBar I, §14.19); morgincapite ([Siponto 1203], CDBPugl XXXII, §62) e infine morgincapora con risegmentazione del neutro plurale capita in -o˘ ra. Ancora per -o˘ ra, ricaviamo le opposizioni paradigmatiche lacora/ lacus (con differenza anche su basi semantiche tra collettivo e singolativo), lectora/ lectus, applictora/ applictum: ab oriente sunt terre filiorum Melis [de] Lachura de Poliniano (Conversano 1263, CDPugl XX, §218); cf. lacora ‘vasche d’acqua a giorno, senza volta (per tenervi a macerare canapa o lino, o come abbeveratoio)’ o ‘pozzi’ (Bari 952, CDBar I §1; Bari 1060, CDBar IV §40; Molfetta 1076, CDBar VII §1); lacoris (Bari 1028, CDBar I §14); lagura (Monteverde 1059, CDBar VIII §17); opposto a un maschile singolativo lacus ‘sistema formato da una serie di pozzi scavati l’uno vicino all’altro che con la pioggia possono essere facilmente sommersi, fino a formare una sorta di bacino’ prima fine a pars orientis in ipso alto ab ipso cilio de ipso laco est ipso pastino vestro (Conversano 915, CDPugl XX, §4); et de quante putee abeo in ipso laco Flaburra (Conversano 957, CDPugl XX, §12) 11 ; foras civitate Cupersano in loco qui bocatur laco Bescaro ubi Orticello vocatur (Conversano 962, CDPugl XX, §15) [ecc.]; Lacofetido topon. uno gurgo qui ab antiquis bocabatur Lacofetido (Conversano 915, CDPugl XX, §4). 34 10 Cf. dare scannella (Bari 1221, CDBar I, §88). 11 Coniglio 1975: 27N sostiene che si tratta di errore per loco, ma l’interpretazione non è necessaria. Le origini del femminile plurale italoromanzo e la rideterminazione del neutro Altrove nel corpus esprimono quantificazione collettiva, come detto, lectora (caput lectora equivale a ‘capezzale’) e applictora, in opposizione ai singolativi lectus ‘baldacchino’ o a applictum ‘annesso di un edificio’ 12 , il contrasto espresso è quindi singolativo vs. collettivo: caput lectora ‘capezzale’ (Bari 1067, CDBar I, §26), ma maschile lectus claveatus ‘baldacchino’: lecto clabeatum (Monopoli 1054, CDPugl XX, §40); lecto kabeato (Bari 1065, CDBar IV, §42); lecto claveato (Bari 1088, CDBar V, §9); lectum claveatum (Molfetta 1232, CDBar VIII, §243) 13 ; applictora (Canne 1001, CDBar VIII, §2), applectore (Bari 1091, CDBar V, §16) opposto a un singolare applictum: applectum (scoopertum, parvulum terraneum); applicto (terraneo cooperto ad planke) (Bari 1011, CDBar IV, §11); applictum (Barletta 1274, CDBar VIII, §304) 14 . Le coppie allotropiche appena menzionate, che oppongono in modo paradigmatico a un plurale collettivo in -a o in -ora, ma anche in -e, un maschile/ neutro in -us/ -um, mostrano come, a seguito di processi analogici, i paradigmi eterocliti (ma anche il genere differenziale, cf. 3.3) si estendano a classi lessicali affini a livello formale e semantico. Accanto a queste, appaiono molto produttive nel lessico le formazioni del suffisso -men esprimenti quantificazione collettiva come tectumen (cf. Russo 2007a: 293 e N58, con ampia documentazione pugliese e campana): domus ipsa cum omnibus pertinentiis et utilitatibus [cum tectumine] et guttis suis (Conversano 1140, CDPugl XX, §89); ad eandem domum ibi[dem perti]nente cum tectu tectumine guttis hostiis parietibus et lignaminibus suis (1190, CDPugl XX, §141); tectummine cum tectu tectummine et ductis suis ostiis et balconibus et lignaminibus suis (Monopoli 1189, CDPugl XX, §140); casella ipsa conciata cum pari . . . et tectumen suum (Conversano 999, CDPugl XX, §28) 15 . Il contrasto tra funzione morfologica e contenuto semantico induce non di rado l’antico accordo neutro plurale in -a e in -ora a instabilità e il collettivo appare già nella scripta pugliese (ma anche salernitana) rifunzionalizzato con inclusione del plurale -a negli accordi sintattici del femminile (cf. Russo 2002a: 117-18, 2007: 277- 307, Giuliani 2007), da cui -e. Vediamo, infatti, come dalla nostra documentazione pugliese, si evidenziano fenomeni superficiali di incrocio tra le classi flessive con sostituzioni di -e plurale femminile romanzo ad -a e -ora (capore, coppore, applectore): 35 12 Cf. LEI 3,276. 13 Maschili anche i diminutivi singolare lecticello ‘lettino’ (Bari 1021, CDBar I §10) e plurale lectuli ‘lettini’ (Bari 1065, CDBar IV §42). 14 Cf. «tribus applictora de terra» (anno 986, in salernitano agro), opposto a singolativo: «unum aplictum» ‘annesso di un edificio’ (Salerno 993), «cum ipso applictum» (ib), «et havitent in uno applicto de terra» (Atrani 1061), la documentazione è tratta da Russo 2007a: 289. 15 Incerta la differenza tra tectum e tectumen, che in vari documenti ricorrono insieme (non convince l’ipotesi, peraltro avanzata cautamente da Morea 1892: 260N, per cui «pel primo debba intendersi il Solajo, e pel secondo la Soffitta». Michela Russo capore ‘estremità (di un lenzuolo)’ alio sabanello villato cum capore ad sericum (Bari 1067, CDBar I, §26); capure duo ma[suli curama] ‘estremità (di un fazzoletto)’ (Polignano 1145, CDPugl XX, §97) 16 ; coppore ‘coppe, conche, recipienti’; positam gabata et interones et ad coppore qualiter voluebamus (Conversano 1052, CDPugl XX, §38). I processi innovanti di rianalisi del morfema -a nella documentazione pugliese appaiono così legati alla desinenza -e di femminile plurale; riscontri diretti del nominativo plurale femminile a partire dalla stessa documentazione sono forniti al §3.3 (per attestazioni parallele nella documentazione mediolatina campana, cf. Russo 2007a). La desinenza -e è estratta dall’inventario morfologico del femminile per caratterizzare il neutrale e designa insieme ad -a e -ora la classe degli eterocliti. La strategia grafica e il contrasto di genere mirano a preservare la categoria del neutro opacizzato e servono alla riorganizzazione paradigmatica del lessico su basi semantiche. Questa classe utilizza quindi nel sistema di accordi eterocliti un maschile singolare e un femminile plurale. La rappresentazione grafica e morfosintattica di questi paradigmi ambigenere nella scripta presa in esame per il plurale è -a, -ora o -e (a cui aggiungiamo la scelta grafica -as nella scripta napoletana, §cf. 3.2; cf. Russo 2007, Giuliani 2004, 2007), con -a e -ora traccia di una flessione nominale bicausale, costruita in base a una gerarchia di animatezza, dato che tale classe designa per lo più gli inanimati. Nella scripta mediolatina napoletana, invece, prevale per la rappresentazione grafica dei plurali neutrali e femminili, l’espediente grafico -s che ridetermina con la giustapposizione di -s ad -a e ad -ora la classe dei neutrali nella classe dei femminile plurale, mostrando la coalescenza dei sostantivi femminili e neutrali nell’espressione di un plurale quantificato e l’inserzione dei sostantivi neutrali nella struttura eteroclita dei paradigmi a genere grammaticale bipartito (Giuliani 2004, 2007, Russo 2002b, 2007) 17 : palmentas, egripas, fructoras, frugias, mobilias. Il paradigma eteroclito è particolarmente evidente nelle coppie omoradicali con opposizione di genere del latino medievale napoletano come palmentum/ palmentas, subscettorium/ subscetorias, egripus/ egripas, nelle quali a un maschile/ neutro in -us/ -um è contrapposto un plurale femminile paradigmatico in -as esteso ai neutrali (documentazione tratta da Russo 2007: 296-97): cu(m) dua palmentas et subscetorias (Napoli 1193) / cum suprascripta integra pischina et pal[men]tum et subscettorium suum (Napoli 1178); in qua est constituta pischina et palmentu(m) (Napoli 1178); 36 16 Infatti masulu vale ‘fiocco o nappa da applicare a fazzoletti’. 17 L’allomorfo capore è anche nella scripta napoletana, cf. Russo 2007a: 290: «et abere debeamus capore de trabi» (Napoli 1246), accanto all’allomorfo capora: «ponere capora de trabi» (Napoli 1226). Le origini del femminile plurale italoromanzo e la rideterminazione del neutro sicuti inter se pariete et egripus exfinat altum (Napoli 1207); contro cum arboribus et fructoras suas et cum scapulis et egripas seu rioras suas et cum casa frabita et cum dua palmentas et subretorias suas (Napoli 1201). Questo plurale -s, che rappresenta una strategia di espansione del neoneutro, associa neutrali e femminili; analogamente nella scripta salernitana e pugliese la desinenza femminile -e esprime una nuova codifica grammaticale, legando femminili e sostantivi neutri, etimologici e analogici, nell’espressione del tratto di plurale. Le desinenza -as della scripta napoletana e quella vocalica -e della scripta pugliese non divergono: la desinenza -as è un’ipercorrezione grafica che indica, proprio come la scelta grafica -e, la coalescenza tra neutrali e femminili nella rappresentazione di un plurale quantificato. Si tratta di una rideterminazione grafica necessaria dovuta all’opacizzazione del neutro. Il plurale vocalico in -e delle carte salernitane e pugliesi e il plurale in -s della scripta mediolatina napoletana convergono, dato che entrambe le soluzioni grafiche rifunzionalizzano la classe dei neutrali mediante l’eteroclisia del genere. 3.2 Coppie allotropiche e variazione del genere: il genere differenziale e la lessicalizzazione -u/ -a Esaminiamo ora alcuni processi di rianalisi del morfema -a legati all’utilizzo lessicale del cambio di genere nella nostra documentazione e il genere lessicalizzato nell’opposizione -u/ -a. Il fenomeno della lessicalizzazione degli allotropi omoradicali riguarda, come per la coppia degli inanimati eterogeni, la designazione degli inanimati. Tali allotropi differiscono soltanto in rapporto alla marcatura del genere (maschile/ neutro opposto a femminile singolare) e introducono nuove opposizioni semantiche e lessicali. Nel caso di lessicalizzazioni al femminile singolare, lo ripetiamo, non vi è una nuova opposizione grammaticale, come nei paradigmi eterocliti, giacché il piano degli accordi resta intatto (per un quadro dettagliato di questa allotropia in termini di differenziazione geolinguistica nella scripta notarile mediolatina meridionale, si rinvia a Giuliani 2007). In alcuni casi, nelle coppie con allotropia del genere, non vi è differenziazione diatopica nell’uso delle varianti, ma semantica. Tali varianti possono esprimere una relazione di grandezza con -a aumentativo e appartenente al piano della morfologia derivativa. Ad esempio, il tipo femminile carbonaria riscontrato opposto a un singolare carbonarium occorre come toponimo nella documentazione pugliese (e non solo) e fa riferimento a un tipo di fossato: Robbertus de Benetto. Iohannes de Casamaxima. Gualterius de Carbonara. (Bari 1181, CDBar V, §145); inter cetera sue iudicationis iudicavit clericis ipsius ecclesie sancti Nicolai olivas suas que sunt in loco qui dicitur Carbonara (Bari 1214, CDBar VI, §30); olivas meas, quas habeo in pertinentiis sancti Precopii iuxta olivas sire Mathei de Carbonara (Bari 1249, CDBar 37 Michela Russo VI, §88); in dotem a domino Matheo de Carbonara qd. Gualterii de Carbonara (Bari 1266, CDBar 2, §1), Matheus de Carbonaria (Trani 1264, CDBar I, §107), sire ursone de Carbonaria (ib.), ecc. Un toponimo Carbonara è segnalato anche dalla documentazione campana. Da Russo 2007: 135 estraiamo «in locis . . . Carbonara» ‘fossato’ (Salerno 1067, CDCavensis IX, 23.83), Ad Carbonara (Montoro 1080, CDCavensis X, 141.339). In base a queste due occorrenze è possibile supporre che il lessema sia inserito in un sistema di accordi eterogeni, come neutro plurale, e non nell’alternanza lessicalizzata del genere. Si osservi che lo stesso toponimo è però rappresentato anche al maschile nella stessa area pugliese: Gualterius de Carvonario (Bari 1160, CDBar V, §118), in loco Carbonaro et terras vacuas (Bari 1245, CDBar VI, §84), in pertinentiis Bari prope Carbonarium (Bari 1208, CDBar VI, §22). Il toponimo femminile si oppone comunque a un maschile carbonario ‘fossato’ il cui significato è apparentemente lo stesso, ma probabilmente il riferimento è a un referente più piccolo, per cui il genere differenziale lessicalizzato esprime in questo caso una relazione di grandezza messa in atto nella scelta desinenziale del morfema -a più grande vs. -u più piccolo: carvonario (Bari 1075, CDBar V, §1); carbonarios (Bari 1098, CDBar V, §26); carbonarium (Noia 1129, CDBar V, §76; Bari 1142, CDBar V, §95; Barletta 1168, CDBar X §25); -aru: carbonarum (Bitonto 1098, CDBar V, §27). Queste due varianti allotropiche esprimono un contrasto semantico: l’opposizione tra gli allotropi in rapporto al cambio di genere deriva dal tratto semantico che ogni singola variante assume paradigmaticamente in relazione all’altra variante lessicale all’interno della coppia omoradicale e bipolare. In altri casi, queste varianti semiomonime esprimono una differenziazione non di carattere semantico, ma diatopica, in quanto ciascuna variante appartiene ad aree diverse. È il caso, tra le coppie allotropiche già menzionate (§2), di presa/ prisum con alternanza metafonetica (Russo 2007: 66). Gli allotropi fanno riferimento non a una relazione di grandezza, ma ad una distribuzione areale (Giuliani 2007): il tipo femminile è molto documentato in Campania (cf. Vàrvaro 1997: 156 con le attestazioni relative ad Aversa: «una peciam de terra et presa», anno 1101, ecc.), mentre il tipo lessicale metafonetico innovante prisum sembra circoscritto soltanto alla Puglia settentrionale, cf. le occorrenze metafonetiche al §2. Geolinguistica, come si è visto al §1 è anche la distribuzione dei membri della coppia allotropica clausura/ clausorium, laddove il femminile clausura identifica la Puglia settentrionale e il neutro clausorium la Puglia meridionale (Giuliani 2007). 38 Le origini del femminile plurale italoromanzo e la rideterminazione del neutro Le due varianti corradicali esprimono come per presa/ prisum un’opposizione diatopica: il tipo lessicale selezionato in diatopia corrisponde a una categoria grammaticale differenziata. È probabile inoltre che anche la coppia con variazione di genere pettacia/ pittacium citata al §1, i cui allotropi sono compresenti nella stessa documentazione, alluda con la variazione del genere e a due tipi diversi di partizione del territorio. Quanto alla coppia allotropica plaiu/ plaia (cf. almeno REW 6564, Aebischer 1936, Vàrvaro 1991, 1993), abbiamo invece solo poche attestazioni dell’allotropo maschile nella Puglia settentrionale nel significato di ‘luogo aperto situato lungo il bordo di un avvallamento’: Secunda fine est ipsum plaium istius corigie (Bari 1093, CDBar V, §17); una pecia de terra que est . . . lama in ipso plaio (Bari 1021, CDBar IV, §15); (lama in ipso) plaio (Bari 1021, IV 15); iamdicta pecia de terra que est supra ipsa lama in ipso plaio (ib.); de ipso plaio de ipsa lama ubi vocatur Sinápi (Bari 1031, CDBar IV, §20); in ipso plaio de loco Celie (Bari 1039, CDBar IV, §26). Sui tipi plagiu e plagia nella documentazione notarile campana, pugliese e lucana, si rinvia all’ampia disussione di Giuliani 2007: 187-96. La variazione di genere è lessicalizzata su basi semantiche anche nella coppia allotropica aquarium/ -a ‘serbatoio d’acqua’ e ‘canale di scolo’, con il singolativo assegnato al maschile nella documentazione (cf. anche LEI 3,610s.): aquaria: et de tote ipse aquarie (s.l. 966, CDPugl XX, §19). Cf. aquaria forse ‘serbatoio d’acqua’ anche (Bari 1045, CDBar IV §31; Bari 1048, CDBar IV §34; Bari 1151, CDBar I §48); opposto a un singolare assegnato al maschile: aquarius: videlicet domus, casalinos, puteos, aquarios, olivas [vineas] terras cultas et incultas pertinentes m(ich)i (Conversano 1203, CDPugl XX, §153). Si osservi a conferma di quanto esposto che questo stesso tipo lessicale nella documentazione mediolatina napoletana è inserito invece nella variazione grammaticale del genere attraverso l’espediente grafico ipercorretto -as, scelta grafica utilizzata per la rappresentazione del femminile nel sistema eteroclito, con conversione di -a nella classe di femminile plurale (cf. Russo 2007: 296): cum monimen et aquarias suas (Napoli 1201), analogamente a cum fructoras (Napoli 1180), cum fundoras (Napoli 1153), ecc. Tra i termini del diritto germanico di origine longobarda (cf. Sabatini 1963-64: 230-31) abbiamo allotropia del genere nella coppia femminile con sfumatura collettiva (ma femminile singolare) guadia in opposizione al neutro guadium: guadia ‘garanzia (nel diritto germanico)’, anche nella loc. g. dare; wadia (Bari 952, CDBar I §1); wadiam (Bari 959, CDBar I §3; Casamassima 962, CDBar I §4); vadiam (Bitonto 1141, CDBar I, §46; Bari 1199, CDBar I, §68; Bari 1210, CDBar I, §77); guadiam (Bari 957, CDBar I §2; Bari 977, CDBar I §5; Bari 1001, CDBar I §8; Castello Acena 1017, CDBar I §9; Bari 1021, CDBar I §10; Casamassima 1022, CDBar I §11; Bari 1028, CDBar I §15; Bari 1030, CDBar I 39 Michela Russo §16; Bari 1031, CDBar I §17; Bari 1036, CDBar I §19; Bari 1046, CDBar I §21); opposto a guadium . . . dederunt (Bari 962, CDBar IV, §2); guadium . . . dedit (Bari 988, CDBar IV, §3); Et datam abuit michi guadium . . . Et proinde guadia ipsa nobis dedit (Bari 988, CDBar IV, §3); guadium dedi (Bari 1077, CDBar V, §2); guadium . . . dedi (Bari 1087, CDBar V, §8; (Bari 1101, CDBar V, §33; Bari 1105, CDBar V, §41); vadium . . . dedi (Bari 1155, CDBar V, §113; Bari 1169, CDBar V, §128; Bari 1174, CDBar V, §130; vadium . . . dare (Bari 1148, CDBar I, §47); vadium . . . dedi (Bari 1148, CDBar I, §47; Bari 1188, CDBar I, §61); vadium dedi (Bari 1182, CDBar I, §58). In rapporto al lemma pastino ‘terra coltivata a vigna’ opposto a un plurale neutrale pastina e a un f.pl. pastine: ut ipse pastine quod nos pastenate abemus in ipsa ereditate ipsius Castelmanni . . . (Monopoli 905, CDPugl XX, §2); et duo pastine in ipse Scraie, et uno pastino ad casa Andree . . .; et in Vari tria pastina (Conversano 915, CDPugl XX, §3); est ipso pastino vestro et cum alio pastino vestro mediano (Conversano 915, CDPugl XX, §4) [ecc.]; cf. anche pastene pl. (Bari 1003, CDBar IV, 8); pastine (Bari 1039, CDBar IV, §26; Terlizzi 1076, CDBar III, §17); opposto a un singolativo pastino (Bari 1001, CDBar I §8; Monopoli 1009, CDBar IV §10; Bari 1032, CDBar IV framm. 8); pastinu (Bari 1300, CDBar XIII, §86) si osserva ancora una volta come nella scripta pugliese la desinenza di neutro plurale in -a (n.pl. pastina) sia sostituita dalla desinenza di femminile plurale in -e (f.pl. pastine: duo pastine vs. tria pastina), incanalando l’opposizione grammaticale nel sistema eteroclito e manifestando ancora una volta la coalescenza di neutrali e femminili. In questo caso la scripta salernitana mostra invece un’allotropia nella variazione del genere che si esprime attraverso un genere differenziale lessicalizzato (la documentazione campana che segue è tratta da Russo 2007: 305): in loco Felecta ubi a la Pastena dicitur (Salerno 1067); ubi a la Pastina dicitur (Salerno 1069), in opposizione lessicale a de ipso loco Locubia que dicitur Pastino (Salerno 1072). La variazione di genere nella scripta mediolatina campana per la coppia allotropica pastinu/ pastina rimanda a una differenza su basi semantiche, in quanto il femminile singolare ha come referente la ‘vigna giovane’, mentre il maschile singolare si riferisce a una ‘porzione di terreno messo a cultura per impiantare una vigna’. Diverso è il caso di fica/ fico f. ‘fico, albero del fico’. Non si tratta di soluzione ambigenere, ma è femminile anche l’allotropo terminante in -o. Particolarmente evidente il genere femminile in (ipsa) ficus (Bari 1091, CDBar V 16) e fica nigram (Minerba 1095, CDBar V 21): ficus f. ‘albero di fichi’ in ipsa clausurea agmidolas et ficus succi[dere] (Rutigliano 1141, CDPugl XX, §91); cum casilis qui palearee fuerunt et cum [f]icus et poma simulque et inclito ipso ortale maiore ibi coniunctum cum poma sua et ficus (Conversano 1014, CDPugl XX, §33); fico (Casamassima 962, I, 4); 40 Le origini del femminile plurale italoromanzo e la rideterminazione del neutro fica f. et descendit recte usque ad corticellas per specula ubi est fica (Conversano 1263, CDPugl XX, §218); ficarum (Bari 1191, CDBar V 157); ficuum (Bari 1301, CDBar XIII 115) 18 ; fica columbara ‘albero del fico fiorone’; -am -am (Bari 1226, CDBar I 93). La desinenza in -a mostra in questo caso un metaplasmo di declinazione IV a → I a . Non mancano sopravvivenza del tipo flessivo di IV a declinazione femminile in -o negli esiti dialettali alto-meridionali: in nap.a. e moderno sussiste una classe di indeclinabili in -o femminile (come il femminile le mano): fico f.sing. nel Vegezio di Brancati e fico f.pl. nel Regimen Sanitatis (cf. Russo 2007: 328-30 con relativa documentazione). 3.3 Origini del femminile plurale romanzo Tornando alla rappresentazione del plurale neutro e del plurale femminile nella scripta pugliese, non mancano nella stessa documentazione attestazioni dirette di -e femminile plurale romanzo, a cominciare dalla toponomastica: ad ipse Caselle (Conversano 901, CDPugl XX, §1) ma anche nel restante lessico: cum . . . et duo homilie seu et uno collectario, duo iosstarie cum duo intofanarie unum de dia et . . . uno ammicto cum tres horarie et patene due (Polignano 1024, CDPugl XX, §36) 19 . Si osservi, per inciso, che intofonarie ‘antifonarie’ è opposto a un maschile intefonarius: (cf. §3.1) Intefonarios duos, unum videlicet de nocturnis et alium de diurnis (Conversano 1169, CDPugl XX, §123) cum curtis et ortalibus, vineis, vinialis, territorie, pomis, arvoribus (Conversano 901, CDPugl XX, §1); absque ipse sepulchre (Conversano 1014, CDPugl XX, §33). Anche altrove nel Codice diplomatico barese attestiamo: «extra ipse scale» (Bari 981, CDBar I, §6); «una pecia de triginta modie» (Bari 977, CDBar I, §5); «alia pecia de quattuor versurie» (ib.), ecc. Per concludere, ciò che si evince dalla documentazione notarile pugliese è che sia i femminili, sia i neutrali prediligono quale scelta grafica una desinenza -e nella strategia di rappresentazione del plurale. Tale strategia desinenziale lega i femminili plurali quali sepulchre, iosstarie, intofanarie e i neutrali quali capore, coppo- 41 18 Cf. fice pl. (Bari 1015, CDBar IV §13); fike (Bari 1036, CDBar I §19). 19 Cf. iosstarie ‘? ’ deformazione irricostruibile di historie o di «Iussoria, oggi Constitutiones» (Morea 1892: 82N); horarie ‘stole’. Michela Russo re, applectore ecc. L’utilizzo di questa desinenza, nella rappresentazione del femminile plurale, è stata messa in evidenza anche per le carte mediolatine salernitane da Russo 2007: 287s., da cui si trae la seguente documentazione (cf. p. 297-98): qui dicitur da le Cerze (Salerno 1068), qui ut dic(tum) est da le Cerze (ib.), qui dicitur ad Cerze (ib. 184); ad ipse turricelle (Salerno? 1046); ubi dicitur Troccle (Salerno 1068), ecc. e napoletane (Russo 2007: 297): Arcora et dicitur ad ille Funtanelle (Napoli 1173) La coalescenza tra la classe dei neutrali e i dei femminili nell’espressione di un plurale quantificato è una rianalisi che si collega a -e (e ad -as, femminile plurale ipercorretto), origine del femminile plurale romanzo meridionale e italoromanzo in generale. Parigi Michela Russo Elenco delle fonti mediolatine citate CDBar I = G. B. Nitto De Rossi/ F. Nitti De Vito (ed.), Le pergamene del duomo di Bari (952- 1264) (= Codice diplomatico barese 1), Società di Storia Patria per la Puglia. Trani, 1964 (= 1897, Bari, Commissione Provinciale di Archeologia e Storia Patria) CDBar II = G. B. Nitto De Rossi/ F. Nitti De Vito (ed.), Le pergamene del Duomo di Bari (Continuazione) (1266-1309). Appendice. Le pergamene di Giovinazzo, Canosa e Putignano sino al 1266 (= Codice diplomatico barese 2), Società di Storia Patria per la Puglia, 1964 (= Bari, Commissione Provinciale di Archeologia e Storia Patria. Trani, 1899) CDBar III = F. Carabellese (ed.), Le pergamene della Cattedrale di Terlizzi (971-1300) (= Codice diplomatico barese 3), Società di Storia Patria per la Puglia, 1960 (= Bari, Commissione Provinciale di Archeologia e Storia Patria, 1899) CDBar IV = F. Nitti Di Vito (ed.), Le pergamene di S. Nicola di Bari. Periodo greco (939-1071) (= Codice diplomatico barese 4), Società di Storia Patria per la Puglia, 1964 (= Bari, Commissione Provinciale di Archeologia e Storia Patria. Trani, 1900) CDBar V = F. Nitti Di Vito (ed.), Le pergamene di S. Nicola di Bari. Periodo normanno (1075- 1194) (= Codice diplomatico barese 5), Società di Storia Patria per la Puglia, 1968 (= Bari, Commissione Provinciale di Archeologia e Storia Patria. Trani, 1902) CDBar VI = F. Nitti Di Vito (ed.), Le pergamene di S. Nicola di Bari. Periodo svevo (1195-1266). (= Codice diplomatico barese 6), Società di Storia Patria per la Puglia, 1976 (= Bari, Commissione Provinciale di Archeologia e Storia Patria. Trani, 1906) CDBar VII = F. Carabellese (ed.), Le carte di Molfetta (1076-1309) (= Codice diplomatico barese 7), Società di Storia Patria per la Puglia, 1979 (= Bari, Commissione provinciale di Archeologia e Storia Patria, Trani, 1899) CDBar VIII = F. Nitti Di Vito (ed.), Le pergamene di Barletta. Archivio Capitolare (897-1285) (= Codice diplomatico barese 8), Bari, Commissione Provinciale di Archeologia e Storia Patria, 1914 CDBar IX = G. Beltrani (ed.), I documenti storici di Corato (1046-1327). Parte 1 (= Codice diplomatico barese 9), Bari, Commissione Provinciale di Archeologia e Storia Patria, 1923 CDBar X = R. Filangieri Di Candida (ed.), Le pergamene di Barletta del Reale Archivio di Napoli, (= Codice diplomatico barese 10), Bari, Commissione Provinciale di Archeologia e Storia Patria, Trani, 1927 42 Le origini del femminile plurale italoromanzo e la rideterminazione del neutro CDBar XIII = F. Nitti Di Vito (ed.), Le pergamene di S. Nicola di Bari. Periodo angioino (1266- 1309). (= Codice diplomatico barese 13). Bari, R. Deputazione di Storia Patria per le Puglie, Trani, 1936 CDPugl XX = G. Coniglio (ed.) Le pergamene di Conversano. I (901-1265), Bari, Società di Storia Patria per la Puglia, 1975 CDPugl XXII = F. Magistrale (ed.) Le pergamene della Cattedrale di Terlizzi (1266-1381), Bari, Società di Storia Patria per la Puglia, 1976 CDPugl XXIV = P. Cordasco/ M. Cordasco Cannataro/ A. D’Itollo (eds.) Pergamene angioine di Terra di Bari, Bari, Società di Storia Patria per la Puglia, 1981 CDPugl XXVII = P. Cordasco (ed.) Le pergamene del Duomo di Bari (1294-1343), Bari, Società di Storia Patria per la Puglia, 1984 CDP XXX, 1-2 = J.-M. Martin (ed.), Le cartulaire de S. Matteo di Sculgola en Capitanate (Registro d’Istrumenti di S. Maria del Gualdo (1177-1239)), vol. I-II (= Codice diplomatico pugliese 30/ 1-2), Bari, Società di Storia Patria per la Puglia, 1987 Bibliografia Aebischer, P. 1936: «Précisions sur les origines lontaines du fr. plage», VRom. 1: 225-34 Aprile, M. 2001: «Fonti per la conoscenza del lessico medievale in Italia meridionale. 1. Il Cartulario del monastero di Santa Maria delle Tremiti», Contributi di Filologia dell’Italia mediana 15: 5-87 Carvalho, J. 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Benedetto di Conversano. Vol. 1, Byzantina, Normanna, Sueva, Montecassino Pfister, M. 2002: «Glossario latino medievale del Regno di Napoli. Parte prima: Napoli, Terra di Lavoro, Principato», Bollettino Linguistico Campano 2: 1-14 REW = Meyer-Lübke, W. 1935 3 [1911-1920 1 ]: Romanisches Etymologisches Wörterbuch. Heidelberg Russo, M. 2000: «Origine protoromanza dell’intransitivizzazione e dell’inversione soggetto-verbo», ZrPh. 116: 369-417 Russo, M. 2002a: «Metafonia opaca e differenziazione vocalica nei dialetti della Campania», ZrPh. 118: 195-223 Russo, M. 2002b: «La categoria neutrale nella diacronia del napoletano: implicazioni morfologiche, lessicali, semantiche», VRom. 61: 117-50 Russo, M. 2007a: La metafonia napoletana. Evoluzione e funzionamento sincronico, Bern Russo, M. 2007b: «Origini dell’apofonia napoletana», in: Dahmen, W./ Schlosser, R. (ed.), Sexaginta, Festschrift für Johannes Kramer, Hamburg: 353-69 Russo, M./ Aprile, M. i. c. di s.: «Il Cartulario del Monastero di Conversano. Lessico e stratigrafia linguistica», in: Atti del XXV Congresso Internazionale di linguistica e filologia romanza, Innsbruck, 3-8 settembre 2007 Sabatini, F. 1963-64: «Riflessi linguistici della dominazione Longobarda nell’Italia mediana e meridionale», Atti e Memorie dell’Accademia Toscana di Scienze e Lettere La Colombaria 28: 123-249 43 Michela Russo Sabatini, F. 1965: «Esigenze di realismo e dislocazione morfologica in testi preromanzi», Rivista di Cultura Classica e Medioevale 7 (1965): 972-98 (ristampato, con qualche integrazione, in: Sabatini, F. 1996: Italia linguistica delle origini. Saggi editi dal 1956 al 1996, Lecce: 99-131) Salvioni, C. 1909: «Appunti diversi sui dialetti meridionali», Studj romanzi 6: 5-67 Sepulcri, A. 1907: «Nuovi rilievi sul Codex Diplomaticus Cavensis», Studi Medievali 2, 417-45 Vàrvaro,A. 1991: «Appunti sulla situazione linguistica dell’Italia meridionale nel sec. IX (in margine ai vol. IX e X del Codice cavense)», in: Vitolo, G./ Mottola, F. (ed.), Scrittura e produzione documentaria nel mezzogiorno longobardo, Atti del Convegno internazionale di studio (Badia di Cava, 3-5 ottobre 1990), Badia di Cava: 41-54 Vàrvaro, A. 1993: «Edizioni di testi meridionali e grammatica storica», in: Trovato, P., Lingue e culture dell’Italia meridionale (1200-1600), Roma: 365-74 Vàrvaro, A. 1997: «Per la storia del lessico dell’Italia meridionale: Aversa normanna, in: Holtus, G./ Kramer, J./ Schweickard, W. (ed.), Italica et romanica. Festschrift für Max Pfister, vol. 1: 151-63 Vitolo, G./ Mottola, F. 1991: (ed.) Scrittura e produzione documentaria nel mezzogiorno longobardo, Atti del Convegno internazionale di studio (Badia di Cava, 3-5 ottobre 1990), Badia di Cava Zamboni, A. 2000: Alle origini dell’italiano. Dinamiche e tipologie della transizione dal latino, Roma 44 Uh che bel caso! Il grammatico dimezzato Le Regole osservanze, e avvertenze sopra lo scrivere correttamente la lingua volgare Toscana in prosa & in versi (Napoli, 1545) di Paolo del Rosso, prima grammatica toscana del ’500 Anche nella storia della linguistica in Europa il Rinascimento è stato un momento decisivo perché allora si afferma la grammatica delle lingue moderne sviluppatesi nei secoli precedenti. Nella Romania il secolare processo di differenziazione linguistica che accompagnò l’espansione e lo smantellamento dell’Impero romano terminato verso l’anno mille è seguito prima dal sorgere delle varie letterature in volgare. Verso il 1500 si registra poi una svolta: le grammatiche, fino a tutto il ’400 quasi esclusivamente latine (del latino scritte in latino), diventano prevalentemente volgari (del volgare in volgare). Culla del Rinascimento, l’Italia capeggia anche in campo linguistico. Insieme alla Francia è il paese dove la produzione grammaticale è stata più abbondante: il numero di grammatiche del volgare stampate in Italia nel secolo XVI si aggira sulla settantina, tra cui solo un pugno scritte in latino. La stragrande maggioranza degli autori di questo nuovo genere letterario è originaria da regioni periferiche della penisola (Triveneto soprattutto e Campania) e i pochi grammatici toscani scendono in campo tardi, solo verso la metà del secolo - eccezion fatta del pioniere Leon Battista Alberti con la sua Grammatichetta (1440 ca.). Certo non indifferenti alla cosiddetta questione della lingua che ferve in quegli anni - si pensi al Discorso intorno alla nostra lingua (1524 ca.) di Nicolò Machiavelli o al Cesano de la lingua toscana di Claudio Tolomei (1529 ca.) - i Toscani appaiono più restii a codificare la lingua letteraria. Fino al 1545, le uniche opere linguistiche di autori toscani sono trattati di ortografia e fonetica: il Polito di Tolomei (Siena, 1525) e il Trattato de’ diphtongi toscani (Venezia, 1539) di Giovanni Norchiati. Il gruppetto delle grammatiche toscane del ’500 comprende le Regole osservanze, e avvertenze sopra lo scrivere correttamente la lingua volgare Toscana in prosa & in versi (Napoli, 1545) di Paolo del Rosso, gli Avertimenti sopra le regole Toscane con la Formatione de Verbi, & variation delle voci di M. Nicolò Tani dal Borgo San Sepolcro (Vinegia, 1550), De la lingua che si parla e scrive in Firenze (Firenze, 1552) di Pier Francesco Giambullari (Regole della lingua fiorentina secondo un manoscritto), le Regole della lingua thoscana (1553) di Michelangelo Florio (scritte in esilio a Londra), le Regole della toscana favella (1576 ca.) di Lionardo Salviati 1 . Solo 1 Si aggiungono le sottili osservazioni sul toscano contenute nelle pagine finali della grammatica latina Della lingua romana libri sei (Vinegia, 1540) di Francesco Priscianese - su cui Luigi Vignali ha richiamato l’attenzione in un articolo del 1980 -, nei due volumi degli Avvertimenti Vox Romanica 68 (2009): 45-97 Laurent Vallance due sono state finora studiate nell’ambito di un’edizione critica moderna (oltre a quella di Alberti; cf. Grayson 1964 e 1973 e Patota 1996): quella di Giambullari (Bonomi 1986) e quella di Salviati (Antonini Renieri 1991). Questo articolo mira a presentarne una terza, a lungo disconosciuta e trascurata dagli studiosi, per quanto interessante sia da un punto di vista storico e linguistico: le Regole osservanze, e avvertenze sopra lo scrivere correttamente la lingua volgare Toscana di P. del Rosso (Firenze, 1505-1569) 2 . Tornerò prima sulle curiose circostanze della sua creazione, analizzerò poi la lingua descritta e impiegata dall’autore - elemento determinante anche ai fini dell’attribuzione del testo a del Rosso - e infine situerò l’opera tra le grammatiche toscane coeve. 1. Le Regole osservanze, e avvertenze di del Rosso, prima grammatica toscana del Cinquecento Basta uno sguardo all’elenco cronologico qui sopra per constatare che le Regole osservanze, e avvertenze di del Rosso sono la prima grammatica toscana del ’500 e la prima mai uscita a stampa, quella pioniera di Alberti, oltre un secolo prima, essendo rimasta manoscritta e ignota fino al ’900. L’affermazione che il titolo spetti a quella di Giambullari è quindi più che opinabile, anche se la si trova in autori eccellenti, a cominciare da Bruno Migliorini già nel 1948 e poi nel 1960: «il suo trattatello De la lingua che si parla e scrive in Firenze, pubblicato nel 1552 (1551 stile fior.), che è la prima grammatica di un autore toscano dopo le Regole quattrocentesche [= la grammatichetta di Alberti]» (Migliorini 1960: 323, ribadito a p. 329). All’origine del mito ci sarà l’informata e influente Storia della grammatica italiana di Ciro Trabalza (1908), che nel capitolo V, La grammatica de’ Toscani (N. Machiavelli - C. Tolomei - G. B. Gelli e P. F. Giambullari), tace sia su del Rosso che su Tani (pur annoverando Machiavelli tra i grammatici . . .), e, senza dirlo esplicitamente, sembra considerare quale prima grammatica toscana le Regole di Giambullari. Donde forse l’errore di chi si avvale dell’autorità di Trabalza, forzandone il testo come Pietro Fiorelli (1956: 191 e N75): «il trattato De la lingua che si parla e scrive in Firenze, che è, com’è noto, la prima grammatica italiana d’autore toscano» «per non tener conto della cosiddetta grammatichetta vaticana del sec. XV, attribuita da vari a L. B. Alberti». Tutti e tre hanno dimenticato, oltre alle Regole di del Rosso, anche gli Avertimenti di Tani: altro che prima, quella di Giambullari è solo la terza grammatica toscana del Cinquecento 3 . 46 della lingua sopra ’l Decamerone (Venezia, 1584 e Firenze, 1586) di Salviati o in certi scritti inediti di Tolomei. 2 A tutt’oggi l’unico ad esservisi interessato è Francesco Sabbatino (1995) nei capitoli III e IV (Le Regole del fiorentino Paolo del Rosso nella «nobilissima cittade» di Napoli e «Per ragione di grammatica» Le Prose del Bembo, Il Polito del Tolomei e le Regole di Paolo del Rosso). 3 Da notare che anche Kukenheim (1932: 219-23) omette la grammatica di del Rosso, ma non quella di Tani. Uh che bel caso! Il grammatico dimezzato La doxa infine ha ricevuto la consacrazione ufficiale trent’anni dopo, nell’edizione curata da Bonomi 1986: «Le Regole della lingua fiorentina di Pierfrancesco Giambullari costituiscono, com’è noto, la prima grammatica fiorentina: o meglio la prima grammatica fiorentina uscita in luce, dopo quella quattrocentesca dell’Alberti, rimasta inedita e priva di risonanza» 4 (Introduzione, XXXV). Anche se restringe l’ambito a Firenze («fiorentina» e non più «toscana»), l’affermazione in fondo resta inesatta: la prima grammatica fiorentina era uscita, seppure lontano dalla terra toscana, ben sette anni prima 5 . Bonomi antepone Giambullari a del Rosso senza la minima spiegazione, ma diversamente dai predecessori, non ignora le Regole osservanze, e avvertenze, citate più volte in nota - il che segna un progresso. Nonostante l’assenza di obiezione da parte dei vari recensenti, ha saputo cambiare giudizio: dodici anni più tardi, infatti, Bonomi 1998: 339 presenta le Regole della lingua fiorentina come la «première grammaire publiée et composée par un auteur florentin». Spia della rettifica è l’ordine inconsueto dei participi passati («pubblicata e scritta»), in cui l’accento cade su «composée» quale secondo termine. Fermo restando che l’«opuscolo» d’Alberti è stato la première grammaire composée mais non publiée, la formulazione sembra sottenda l’esistenza di un’altra grammatica, la «première publiée, mais non (véritablement) composée par un auteur florentin» - la sintesi («publiée et composée») spettando poi al Giambullari. E questa grammatica intermedia (tra quelle di Alberti e di Giambullari) altra non può essere che quella di del Rosso. Tale correzione però era troppo criptata per innescare una rivalutazione dell’anello mancante: il primato di Giambullari è rimasto finora un cliché che ognuno va ripetendo 6 . L’unico elemento di spiegazione si nasconde proprio nelle circostanze particolari di stesura e di edizione della grammatica, cui avrebbero partecipato altre due persone. Conviene dunque incominciare da qui, e cercare innanzitutto di fare luce sulla genesi delle Regole osservanze, e avvertenze in modo da appurare la parte avutaci dal fiorentino Paolo del Rosso. 47 4 Si noti di nuovo l’inciso. 5 È vero che la locuzione grammatica fiorentina è ambigua: oltrecché «scritta da un Fiorentino», «in lingua fiorentina» o «che tratta della lingua fiorentina», può significare persino «stampata a Firenze». Ma il luogo di edizione non è certo il criterio più significativo per definire una grammatica e dalle citazioni risulta chiaramente che Bonomi aveva in mente piuttosto la prima accezione. Nel suo primo articolo sull’argomento, aveva usato una formulazione che calzava meglio: «Della grammatica del Giambullari, nota come la prima uscita in ambiente fiorentino, prescindendo dalle quattrocentesche Regole della lingua fiorentina . . . » (1978: 375). 6 Pur chiamandolo «fiorentino» - il capitolo III comincia addirittura così: «Il caso del fiorentino Paolo del Rosso . . . offre una preziosa testimonianza per avviare il capitolo sul magistero linguistico che i toscani esercitarono nella capitale del Viceregno spagnolo» (131) - Sabbatino non si cura di far valere i diritti di del Rosso, perché ritiene la sua grammatica in fondo culturalmente più napoletana che fiorentina, e stilisticamente più modellata sulle Prose della volgar lingua di Bembo che ispirata all’uso, malgrado qualche tentennamento. Laurent Vallance 2. Il giallo dell’edizione delle Regole osservanze, e avvertenze: un caso letterario Il frontespizio dell’opera difetta dell’indicazione dell’autore, la cui identità si evince dalla dedica. Il fatto, anche se raro, non è unico. Si possono fare almeno tre esempi: nella pagina di titolo della Grammatica volgar dell’Atheneo (Napoli, Giannes Sultzbach, 1533), Marcantonio Carlino si nasconde dietro il suo pseudonimo letterario e si scopre alla pagina seguente nella dedica in latino (Fabricius Iesusaldus/ M. Antonio Atheneo Carlino); il nome di Tizzone Gaetano manca dal frontespizio della Grammatica volgare trovata ne le opere di Dante, di Francesco petrarca, di Giovan boccaccio di Cin da pistoia di Guitton da rezzo (1539), pubblicata postuma ad opera del cugino Libero (che non lo cita nemmeno nella sua dedica) e stampata anch’essa da Giovanni Sultzbach; quello di Rinaldo Corso non compare nella pagina di titolo dei Fondamenti del parlar thoscano (1549) - dove l’editore, Comin da Trino di Monferrato, ha menzionato solo il luogo di stampa Venetiis - ma solo alla pagina successiva nella dedica all’amata (Ad Hiparcha sua Rinaldo Corso). Le Regole osservanze, e avvertenze risalgono al periodo di esilio a Napoli, dove il giovane del Rosso si è rifugiato sin dagli anni Trenta, per sfuggire alle persecuzioni del regime mediceo contro gli esponenti repubblicani (tra cui anche Tolomei). Ma nel 1545, quando escono, l’autore non è più a Napoli: l’anno precedente si è trasferito in Francia (sulla sua vita travagliata si legga la biografia di Simoncelli 1990). In assenza dell’autore, l’iniziativa della stampa è del libraio Domenico Gamucci, che così riferisce nella lettera di dedica (a Giovan Vincenzo Belprato, conte d’Aversa) in apertura del libro: Si che per la buona occasione, ch’egli [= Giovanthomaso Cimello] facilmente havria presa la fatica; & io così sarei diventato servidor caro à V. S. gli dissi che traducendo Messer Paulo del Rosso alchune opere latine in lingua volgare, e scrivendole io mi furo da lui dettate insieme alchune avvertenze di scrivere rettamente, quali se volea correggere, ampliare, & ordinare, io senza dubbio promettea dedicarle à V. S. il che mi parve, che gli fusse buona consolatione; e disse io ciò farò più che volentieri . . . E trà pochi giorni ciò mise in effetto (A2-v). Stando a questa unica testimonianza, rilasciata da un diretto interessato, le Regole osservanze, e avvertenze, scritte quindi a due mani (quelle di Gamucci e di Cimello), non sarebbero l’opera di un unico autore bensì di tre coautori. Questo caso letterario davvero singolare potrebbe spiegare l’assenza di qualsiasi indicazione d’autore: invece di segnare più nomi, si è preferito non menzionarne alcuno. Ma è probabile che le cose stiano ben diversamente. La genesi delle Regole, così come raccontata da Gamucci, è atipica quanto misteriosa. Non si capisce perché del Rosso non avesse steso le regole di sua mano - mentre la Biblioteca nazionale di Firenze conserva parecchi suoi manoscritti autografi - e fosse ricorso a un segretario 7 . Avesse egli abbandonato una brutta co- 48 7 Forse Gamucci mira innanzitutto a legittimarsi quale ‹esecutore del lascito› di del Rosso, presentandosi quale coautore (sia pure nelle modeste vesti di estensore materiale), possessore in Uh che bel caso! Il grammatico dimezzato pia dell’opera, stesa magari in fretta e furia, è ovvio che sarebbe stato necessario emendarla prima di pubblicarla, ma non è verosimile che abbia dettato a Gamucci una bozza, sconnessa e scorretta (bensì semmai un testo già alquanto elaborato, come l’esordio). Gamucci poi non era analfabeta (se ritenuto da del Rosso degno di raccogliere la sua grammatica) e, a giudicare dalla dedicatoria, sembra fosse abbastanza pratico del volgare: perché allora, invece di sbrogliarsela da solo, chiedere a un terzo la revisione del testo che aveva trascritto personalmente sotto dettatura dello stesso autore? E perché tirare in ballo proprio Cimello? Un bel giorno, «in corte della Illustrissima S. Donna Giovanna Aragona de Colonna», Gamucci s’imbatte in Cimello «sdegnato e irato» perché «gli era stato rubbato un fascio d’opere sue, non corrette», tra cui, «quel che piu dannoso riputava», «un libro de brevissime regole della lingua volgare, qual gia volea mandare in luce, sacrandolo à V. S. & al Signor Giovanbernadino suo figliuolo». Se non è certo in grado di far tornare la grammatica rubata, il libraio possiede invece (per un caso straordinario) un altro testo «di brevissime regole della lingua volgare», che ben potrebbe sostituirla: quello lasciatogli da del Rosso. Non si può immaginare compenso più perfetto né consolazione più opportuna. Gamucci propone quindi a Cimello di rimaneggiare l’altrui grammatica - di modo che abbia il sentimento che sia diventata anche un po’ sua - esigendo per prezzo del suo aiuto una sciocchezza: il privilegio di dedicarla al conte (l’abbandono di questo onore da parte di Cimello funge da riconoscimento di debito). Per Cimello, è più rapido e facile «correggere» le regole già bell’e scritte da del Rosso che ricominciare tutto da capo e riscrivere interamente la propria grammatica: non sorprende che abbia accettato «più che volentieri» la proposta «diabolica» di Gamucci (magari ricevendo, o strappando, la promessa che il nome di del Rosso sarebbe stato cancellato almeno dal titolo). Ma come mai in Gamucci tanto zelo a confortare il povero Cimello? Per mera compassione? In assenza di altri documenti in merito, la risposta a tante domande prende necessariamente la forma di un’ipotesi, basata sul confronto dell’unica fonte disponibile con la scrittura della grammatica. All’ambizione apertamente confessata da Gamucci di diventar «servidor caro à [S.] S.», regalandogli un libro dedicato (un omaggio naturale da parte di un libraio) 8 , si associerà la sua voglia comprensibile di trarre qualche profitto dalla grammatica che da tempo gli giace inutile in cassetto. Mancando definitivamente l’imprimatur di del Rosso (ormai lontano e irraggiungibile), bisognava trovare una soluzione per farne formalmente a meno. Il modo migliore di aggirare l’ostacolo era svincolare la grammatica dai diritti dell’autore legittimo su di essa, trovando chi accettasse di «riscriverla» (as- 49 quanto tale di qualche diritto sul testo, almeno quanto basta per ritenersi abilitato a chiederne la revisione a Cimello. 8 Ecco la perorazione della lettera: «Onde restando sol, ch’io facessi la dedicatione promessa, ho voluto farla pur presto, e non co’l mandarnele una copia di mia mano; ma molte à stampa, si perche possa farne dono à molti amici . . . e da tutti che la vedano se sappia, ch’io sia perpetuo servidore di V. S. à cui quà bacio la mano inchinevolmente» (2v). Laurent Vallance sumendo pubblicamente questo intervento) e di farla pubblicare, senza pretendere molto in compenso. La cosa è piuttosto delicata e difficilmente Gamucci poteva agire in nome proprio. In quel frangente, il furto subito da Cimello appare davvero provvidenziale. Coll’incarico ufficiale di «correggere, ampliare e ordinare» il testo, Gamucci consegna la grammatica a Cimello, così da dileguare la proprietà morale di del Rosso e sbloccare finalmente la pubblicazione. Il ruolo di Cimello quindi sarebbe stato di «riciclare» per conto del libraio Gamucci la grammatica di del Rosso. All’insaputa dell’autore assente, si sarebbe svolta una transazione alquanto paradossale: Gamucci non avrebbe esitato ad «alienare» il testo della grammatica (che non era sua) a Cimello; e questi avrebbe accettato di stare al gioco e di adottare un testo che non aveva le carte in regola per l’adozione (senza il beneplacito di del Rosso), ritrovando sì la paternità di una grammatica, ma una paternità più fittizia che reale (visto che non è indicato come autore). Se il libraio risulta logicamente il maggiore benefiziario dell’operazione, la vittima principale è il vero autore, cui i due complici hanno difatti rubato la grammatica. E di questo furto hanno lasciato tracce: non solo hanno cancellato dal titolo il nome di del Rosso - che sarebbe rimosso totalmente dall’opera se un ultimo scrupolo non avesse spinto Gamucci a citarlo una volta nel passo della dedica riportato sopra - ma hanno immesso i propri nomi qua e là in certi esempi e soprattutto nei due luoghi più notevoli: in cima e in fondo alla grammatica. L’uno troneggia in capo alla prima pagina, nel titolo della lettera dedicatoria (AL .S. GIOVANVI N CENTIO BELPRA/ TO Conte d’Aversa. In Apruzzo. / Domenico Gamucci: A2v) e l’altro signoreggia in calce al testo nel titolo della quartina conclusiva in onore del conte (Ioan. Thom. Cimelli Tetrasticon Ad Vincentium / belpratum, Aversa Iit. Comitem: F2v). Apertasi con l’omaggio di Gamucci, l’opera si chiude con quello di Cimello, così da dare al lettore l’impressione che il primo sia l’editore e il secondo l’autore, e da far dimenticare del Rosso. Soppresso il suo nome dal frontespizio, i due non hanno osato andare oltre e sostituirlo con quello di Cimello e hanno preferito pubblicare la grammatica anonima 9 . Povero del Rosso dimezzato pubblicamente da due cortigiani spregiudicati: a uno la stesura, la pubblicazione e la dedica del libro, all’altro, ufficialmente, la correzione, l’ampliamento e il riordinamento del testo. Poiché non conosciamo la fisionomia, l’estensione né la composizione del testo originale - di cui nessun manoscritto pare si sia conservato, forse perché Cimello ha distrutto quanto prima un documento suscettibile di comprometterlo - è difficile pronunciarsi in merito e determinare la natura e l’importanza degli interven- 50 9 Un’anomalia evidente che è una spia dell’usurpazione: i titoli delle altre opere di del Rosso infatti portano la menzione (per m.) Paolo del Rosso (a volte con la precisione cittadino fiorentino), ad es. Le Vite de dodici Cesari di Gaio Suetonio Tranquillo. Tradotte in lingua toscana per m. Paolo del Rosso cittadino fiorentino (1544) - si veda l’elenco qui sotto alla N63. Del Rosso teneva al suo statuto d’autore, anche nel caso delle traduzioni (di cui parecchie sono state realizzate durante il soggiorno a Napoli). Uh che bel caso! Il grammatico dimezzato ti compiuti 10 . Tuttavia molti indizi suggeriscono che siano stati minimi - d’altronde il lavoro potè essere sbrigato «trà pochi giorni». Da correggere c’erano soprattutto (per non dire solo) i trascorsi di penna e gli sbagli sfuggiti all’attenzione dello scrivente. Complessivamente la lingua della stampa risulta corretta: gli errori presenti sono per lo più refusi, dovuti piuttosto allo stampatore, mentre può darsi siano meridionalismi, imputabili al fondo dialettale di Cimello, certe consonanti doppie che rafforzano indebitamente la sillaba iniziale atona, contro il testo che richiama l’attenzione degli scrittori appunto sulla distinzione tra scempie e doppie 11 - profferire (con una -fsolo in B2v e B3), accutissimo (A3v, per contaminazione di accusativo? ), Cammilla (C4v), immitarli (D, per contaminazione di immagine? ) 12 - oppure certi esiti vocalici non fiorentini: occurrendoci (A4), profundandosi (A4v). Emendare un testo in volgare toscano scritto da un Toscano era per un non Toscano quale Cimello un’impresa rischiosa: meno correggeva, meglio era. Un caso manifesto (e credo rivelatore) di mancata correzione è la frase accresciuta da del Rosso, «Io hò pregiato la virtù» (E3v): prima di tornare definitivamente al verbo iniziale, «Io sempre la virtù . . . hò sommamente pregiato» (3 volte: E4v-F), si legge successivamente amato, lodato, desiderato (E3v), poi di nuovo lodato due volte e desiderato (E4) - tali oscillazioni, tipiche di un dettato (e che a distanza di così tante righe sarebbero naturali persino in un testo scritto), andavano spianate in vista della stampa. Da riordinare ci doveva essere ben poco e la struttura stessa dell’opera, compatta e con frequenti riepiloghi, non lascia immaginare grandi margini in questo senso. Altrettanto dubbio infine l’ampliamento. Fatto sta che la grammatica stampata è brevissima (un «trattatello», la definisce l’autore, di una ventina di fogli: accanto a quelle di Alberti e di Acarisio una delle più stringate del Rinascimento), e, per forza, anche ellittica e lacunaria, offrendo ampi spazi al completamento. L’autore presenta, sì, tutte le parti del discorso, ma non s’inoltra nella morfologia, 51 10 Sabbatino (1995, in particolare 132-36 e 139-42) ha sottolineato le incertezze che circondano la composizione della grammatica rinunciando però prudentemente a indagare e a districare quanto spetti a del Rosso o a Cimello. Accettando il racconto di Gamucci, parla rispettivamente di «paternità naturale» e «adottiva» (131): «Su questa dedica si levano numerosi interrogativi, destinati a rimanere tali . . . Di fronte alla reale impossibilità, al momento, di dare risposte utili, che permettano di marcare nettamente le stratificazioni del testo e di definire quanto sia rimasto del nucleo originario, quanto sia stato aggiunto successivamente e quanto sia stato corretto, occorre prendere atto del fatto che, pur rimanendo la paternità di del Rosso formalmente riconosciuta, il testo appartiene anche al Cimello, il quale ricevette in adozione la grammatica, con la mediazione di Gamucci, e la fece crescere come volle e come gli fu possibile» (140). 11 Particolarmente importante in Toscana e spesso delicata per gli Italiani di altre regioni: «anchora avvertete di non lasciare nello scrivere qualche lettera nella penna, come scrivendo porete, in vece di porrete, tutavolta per tuttavolta, capone in vece di cappone, balare, in vece di ballare, & cosi pe‘l contrario por due consonanti ò vero raddoppiarle dove una sola e scempia ne harebbe ad essere» (C3v). 12 Fenomeno già rilevato da Fortunio, che riteneva che tali voci «piu segu[issero] la romana pronontiatione chella tosca» (30v). Laurent Vallance nominale o verbale che sia. Cimello aveva quindi l’imbarazzo della scelta: a p. Cv, poteva coniugare (ai tempi proposti da del Rosso) i quattro verbi menzionati quali esempi dei quattro «colonnelli» (amare, vedere, udire, leggere); a p. C3, ricordare che «li nomi de‘l maschio parlando d’un solo finiscono in o in i & in e» nonché in a, oppure soffermarsi sui nomi invariabili; a p. C3v, sviluppare la formazione degli altri tempi verbali (il testo evoca solo il presente indicativo); a p. C4, a proposito del passivo, soggiungere almeno la coniugazione del «verbo sostantivo» essere. Invece, tutto questo manca. Salvo ad avanzare l’ipotesi - assurda - che il testo di partenza fosse scheletrico, è giocoforza concludere che Cimello non l’ha integrato. Invece di rielaborare la grammatica altrui, avrà fatto solo finta: la sua parte si sarà limitata a coniare alcuni exempla ficta con il nome suo e di Gamucci, di Belprato e della moglie, per dare a intendere che avesse scritto egli il testo per Belprato: «appresso a Giovanvincenzo, intorno a Sulmone» (B2), «io amo L’antonina tucia, tu ami la Costanza tolfa» (C4). D’altronde, se così non fosse, non avrebbe egli giustamente preteso a un riconoscimento formale più netto del suo lavoro (altro che le scarne parole spese nella dedica da Gamucci)? Tutto sommato si giunge a una conclusione chiara: se il testo della grammatica di del Rosso non è certo interamente di sua mano, gli interventi di Cimello sono stati solo cosmetici e superficiali, non tali comunque da metterne in forse l’attribuzione. Le Regole osservanze, et avvertenze, titolo compreso, vanno attribuite a del Rosso: non ve n’è miglior prova che la lingua descritta e usata nel testo, come ora si vedrà 13 . 3. Delle regole per scrivere, in una veste tipografica innovativa Conformemente al titolo dell’opera, l’autore propone raccomandazioni per scrivere, come molti suoi colleghi grammatici. Insiste su questo punto sin dal preambolo: «Volendo con facilità, a chi non hà al meno i princípij della Grammatica, ciò è dell’Arte de’l bene, e rettamente scrivere; ò la Latina, ò la Toscana lingua, anchora chiamata volgare, dimostrare in che modo s’habbia a rettamente scrivere, quello che bene, e rettamente s’è pensato; fà dimestiero, cominciare un poco da alto a ragionare» (A3). Il verbo scrivere, qui usato due volte, ricorre spesso lungo tutta l’opera. Convinto che il canale scritto ha esigenze sue proprie 14 , del Rosso insiste molto sull’ortografia (5 pagine: B3-B4 poi Cv-C3, vale a dire quasi un ottavo dell’opera), 52 13 Altri indizi si potrebbero desumere forse dall’analisi della scrittura di del Rosso così come risulta dai manoscritti autografi conservati a Firenze e dalle altre sue opere stampate. 14 «Anzi se gli huomini sono avvertiti ne‘l profferire, molto più debbono essere avvertiti nello scrivere; percioche come, che la scrittura resti, e la parola passi, cosi avviene anchora, che quelli, che ascoltano chi parla, stando vigilanti e desti, meglio vengono ad intendere e non restano offesi, quando pure ne‘l profferire sentissero qualche errore: ma molte volte leggendo accade, che li sensi un poco s’addormentano, & perciò bisogna, che la scrittura sia chiara & aperta» (D2). Uh che bel caso! Il grammatico dimezzato in particolare sulla scrittura delle consonanti doppie o della h. Dà pure molta importanza ai segni diacritici - accenti acuto, grave e circonflesso, apostrofi rivolti verso sinistra (’) o verso destra (‘) secondo che la lettera elisa appartiene alla parola precedente o alla seguente 15 - e alla punteggiatura - prescrive ben sei specie di punto oltre alle parentesi: «Punto fermo . Sospeso , Dipendente; Dapperse: Intromesso () Condoglienza! » (E4v) e «inforse, ò vero interrogamento in questo modo? » (F) -, cui sono concesse rispettivamente quattro (Dv-D4v) e sei pagine (E3v-F2).A guidare l’uso di questi segni, deve essere l’economia. Perché risulti utile, l’accento va usato solo quando necessario: «non bisogna segnarli tutti [= gli accenti], che sarebbe cosa soverchia; oltre che darebbero bruttezza e confusione in vece d’ornamento e di chiarezza» (D2), bel principio contraddetto dall’accentazione sistematica dei monosillabi anche fuori da ogni ambiguità. L’uso dell’interpunzione poi viene illustrato in una sequenza di quattro pagine (E3v-Fv), che forma quasi la coda dell’opera, da una frase modello di ben 16 righe (quasi mezza pagina) a cui del Rosso giunge a partire da una cellula di base (Io hò lodato la virtù) progressivamente ampliata e sviluppata dall’aggiunta di una serie di proposizioni dipendenti e secondarie (dall’autore chiamate accrescimenti o accresciuti: E3v). Un insolito esercizio di stile che trasforma una dichiarazione banale e realistica in una frase virtuale e surrealistica dalla complessità bembiana. Cosa intenda del Rosso per scrittura «chiara & aperta» lo rivela anche un altro aspetto formale. Mattio Cance, lo stampatore bresciano della grammatica, si è giovato di due serie di caratteri dello stesso corpo: il testo è in corsivo e gli esempi, le forme trattate o commentate nonché i termini tecnici sono evidenziati in tondo (salvo nelle numerose annotazioni marginali, che indicano il contenuto del testo a fronte, tutte esclusivamente in corsivo).Applicata con grande rigore dall’inizio alla fine del libro (malgrado qualche omissione come Pecchie: A3, thomaso vo ad Arpino: B, vedei: D3v), questa disposizione, non rompe l’unità tipografica della pagina stampata come l’alternanza di minuscole e maiuscole utilizzata da Sultzbach per La grammatica volgare di Gaetano, a seguito della prima edizione delle Prose della Volgar lingua (preferibile però alle sbarre poco visibili che precedono le forme citate nelle Regole di Fortunio).Anche se non si può escludere un’iniziativa del correttore o dello stampatore (che ha svolto in ogni modo un lavoro accuratissi- 53 15 «Resta hora che voi sappiate come tagliando un’° per mezo se ne fanno doi segni ‘’ come vedete l’uno volto al contrario dell’altro il primo de quali si segna sopra le consonanti delle voci che seguitano dopo l’altra voce terminante in vocale ogni volta, però che cominciando la detta seguente voce da vocale, essa Vocale s’è levata percioche‘l mezo, ò vero lunetta sta in vece e per segno della detta vocale come dicendo de‘l, che vuol dire de il & per essere levato la I, s’è sopra la L segnata quella lunetta: L’altro volto al contrario si segna quando manca la vocale nella quale termina la voce antecedente, come scrivendo l’amore, ciò è lo amore, ma per esserne levato la O, s’è segnato in suo cambio quella lunetta ò vero segno ’ volto al contrario sopra la L» (D4). Una distinzione ripresa nella sua Grammatica da Citolini trent’anni più tardi in Inghilterra: «l’apostrofo ha queste due forme. ‘’ la prima mostra il mancamento de la vocal precedente; come l’Imperatore, l’invidia: la seconda de la seguente; come lo ‘mperatore, la ‘nvidia» (15v). Laurent Vallance mo 16 ), è verosimile che tale distinzione fosse già presente nel manoscritto lasciato a Gamucci, e voluta da del Rosso. Comunque sia, le Regole osservanze, et avvertenze riescono la prima grammatica italiana a sfruttare fino in fondo le risorse offerte dalla stampa per separare formalmente il discorso metalinguistico dal suo oggetto o dagli esempi illustrativi 17 . Ma per il resto il testo, come quello di molte altre grammatiche italiane del tempo, non è suddiviso in capitoli né in paragrafi: è un blocco monolitico (non c’è un solo capolinea in quaranta pagine), appena interrotto ogni tanto da uno spazietto bianco in mezzo a una riga (come nella prima edizione delle Prose di Bembo). 4. Un’apologia di un alfabeto fonetico e di una scrittura che rispecchi il discorso orale Se si addiziona il numero delle pagine dedicate all’ortografia, alla punteggiatura e agli accenti, si arriva almeno a 18; quasi metà dell’opera viene così dedicata alla scrittura del toscano: una differenza essenziale rispetto alla grammatica di Alberti, la cui attenzione allo scritto si focalizza sulla riforma dell’alfabeto in senso fonetico nei paragrafi iniziali (2-3). Anche se non presenta nessun progetto, del Rosso pure è sensibile a questo tema. La grammatica è cosparsa di accenni alle proposte di riforma ortografica discusse all’epoca: notazione del grado d’apertura relativa delle vocali e e o di Trissino (A3, B3), soppressione della h etimologica (C1v-C2) o distinzione tra i vocale / i/ e consonante / j/ (C2) - meno rilievo è dato all’opposizione parallela tra u vocale / u/ e consonante / v/ . La grammatica comincia con una lunga presentazione delle lettere dell’alfabeto, notevole in quanto del Rosso insiste soprattutto sulla loro pronuncia. Se l’avvertimento sulle due pronunce di e e o è classico (lo si trova già nelle Prose di Bembo, II 10 e gli esempi illustrativi, mele, torre, ricordano quelli della famosa epistola di Trissino al papa del 1524 18 ), le osservazioni sulle consonanti sono più originali: «Quanto al B vi potrei più largamente mostrare la familiarità la quale ha con l’V quando è consonante, & similmente co ‘l P & con lo M ma ciò non fa al proposito nostro . . . Bastivi per hora sapere, che egli si scambia con lo V tale che noi dicia- 54 16 Tra gli errori più spiacevoli, la dimenticanza, di un «punto dipendente» in una frase destinata ad illustrare il suo uso a p. Fv: «Se egli pregiasse la virtù ; sarebbe veramente degno d’honore». 17 Da osservare infine che la congiunzione coordinativa e (spesso sostituita da &) è sempre stampata con un carattere speciale, che la contraddistingue dalla 3 a persona dell’indicativo presente di essere o dal pronome personale soggetto, scritti con l’accento grave (è): una e con una codetta attaccata all’occhio (presente anche nel manoscritto della grammatica di Citolini, ma per differenziare la e aperta dalla e chiusa: cf. di Felice, 168, 172). Anche Alberti, oltre a distinguere la e aperta dalla e chiusa, illustrate rispettivamente dalla congiunzione (ae) e dall’articolo determinativo (e’), aveva creato un segno speciale, apparentemente superfluo, per la forma verbale di essere (e‘), come se la sua pronuncia non fosse aperta come quella della coniunzione (Grammatichetta, §3). 18 Ispirato a quello degli avverbi di Trissino (§86) sembra pure il catalogo delle adherenze di parole a pag. B-v. Uh che bel caso! Il grammatico dimezzato mo Boto, & Voto . . . » (B3). A differenza di Trissino, del Rosso si è scordato, come Alberti, che la s, come pure la z, ha due pronunce, sorda o sonora, e come tutti gli altri ha dimenticato che accanto alla u consonante / v/ e vocale / u/ esiste una pronuncia semiconsonantica / w/ . Del Rosso non nasconde di preferire un’ortografia che rispecchi precisamente e fedelmente la pronuncia, dunque un alfabeto fonetico, come avevano proposto, senza successo, oltre ad Alberti, Trissino e Tolomei 19 : Similmente Meta, che diversamente profferita ha tre significati, & cosi molt’altre voci senza numero: Ma se bene ciò è vero, tuttavolta poi ch’alchune voci si ritrovano scritte, le quali si possono in qualche modo differenzare, non mi pare da biasimare la diligenza di chi come differenti le segnasse, & se bene dirado s’erra, basta quel poco che s’erra, e che si pûo errare a persuadere che è si deve fare qualche differenza di scrittura sopra quelle voci, dove non la facendo si pûo prenderne una per un’altra. Oltraciò a volere corretto scrivere, bisogna scrivere in quel modo scrivendo, che profferendo si distingue (D2). Questa preferenza poggia su motivi pragmatici evidenti: rendere il codice scritto il più preciso possibile serve ad evitare ambiguità e confusione (anche se un alfabeto fonetico è impotente a distinguere veri e propri omonimi o le diverse accezioni di una parola polisemica) e ad eliminare quanto ostacoli inutilmente la comunicazione. Del Rosso è consapevole che la lingua orale preceda la lingua scritta. Come spiegare altrimenti che l’articolo sia lo e non il davanti ai nomi comincianti da due consonanti? «E l’articolo lo a nomi che cominciano da vocale e da due consonanti delle quali sia la prima S . . . per lo duro proferire» (B2v). Che convenga adeguare la scrittura alla pronuncia è un punto di vista diffuso all’epoca: anche nella prima grammatica italiana a stampa, quella di Fortunio, viene più volte ribadito che la «penna deve esser seguitatrice» della «pronontia» (24). Ma per del Rosso la scrittura deve pure tener conto di considerazioni grammaticali e farsi analitica per evidenziare ad esempio la composizione delle preposizioni articolate: «& come anchora dicendo, ò per dir meglio scrivendo, dal, del, al, nel, dovete scrivere da‘l, de‘l, a‘l, ne‘l, con la lunetta rivolta alla L» (Ev) (che ripete: «scrivendo al, del, dal, nel, per ragione di Grammatica havete à Lunettare la L in questo modo a‘l, de‘l, da‘l, ne‘l»: E) 20 . Una posizione equilibrata tra esigenze di chiarezza comunicativa e voglia di rappresentare l’organizzazione sintattica della frase, tra uso e ragione. 55 19 All’amico e alla sua intelligenza del Rosso (membro dell’ordine dei cavalieri ierosolemitani) tributa un omaggio personale sentito, che contrasta con il rispetto formale (più ecclesiastico che grammaticale) con cui parla di Bembo: «trà glialtri n’hà scritto il Bembo, hoggi Reverendissimo Cardinale; e particolarmente da Messer Claudio Tolomei huomo d’accutissimo ingegno . . . si come anchora egli, molte altre cose utilissime, e belle alla grandezza, e leggiadria de’l parlar nostro, và ogni giorno iscogitando» (A3v). Il secondo riferimento al cardinale è inserito in un passo tra parentesi «leggendo le prose de‘l Reverendissimo Bembo» (Ev). 20 Da notare che questo tipo di lunetta (‘) non viene mai usato nelle prime quattro pagine della stampa, dove tutti gli apostrofi sono classicamente rivolti verso sinistra (’). I due tipi di lunetta alternano regolarmente solo dalla pagina B in poi. Laurent Vallance Seppure appartenenti alla dimensione scritta della lingua, i segni diacritici e certi punti ovviamente mirano anch’essi a rappresentare sulla pagina particolari modalità di pronuncia di suoni, parole o frasi, cioè tratti pertinenti alla dimensione orale, che la combinazione delle singole lettere dell’alfabeto non basta a simboleggiare: l’accento tonico (città), la melodia della frase e l’intonazione (? o! ), le pause (, o .) 21 . Se del Rosso intende dare regole per «scrivere correttamente la lingua toscana», queste non consistono mai in una rigida e cieca osservazione di modelli o usi tradizionali (tranne il lungo catalogo delle parole da aspirarsi: Cv-C2, improntato a una sterile pignoleria ortografica). Sensibile alle specificità del codice scritto, si preoccupa innanzitutto della relazione tra scrittura e pronuncia. L’ortografia non è per lui questione di dogma ma di comunicazione. 5. Un grammatico che non fonda la sua grammatica sugli autori del passato Se le Regole osservanze, e avvertenze sono destinate agli scrittori e insistono fortemente sull’ortografia, va sottolineato che non pertanto del Rosso fonda la sua grammatica sulla letteratura. Prende decisamente le distanze dai modelli letterari di una volta, a cominciare da Boccaccio, e da chi, come Bembo (o Fortunio) traeva le sue regole dall’osservazione dell’osservanza di quegli autori. La sua non è una grammatica di scrittori. Il nome dell’autore del Decameron, libro di riferimento per Bembo, è menzionato una volta (come quelli di Tibaldeo o Serafino), nemmeno in modo autonomo, ma solo nella locuzione «diligenti osservatori di Dante, de‘l Petrarca, e de‘l Boccaccio» (C4v). Del Rosso non gli concede l’onore della pur minima citazione. Dante e Petrarca sono evocati in tre o quattro occasioni, per lo più con tono molto neutrale 22 . Le tre corone occupano un posto davvero marginale. Tra i grammatici precedenti, solo Alberti e Trissino avevano fatto a meno degli autori più radicalmente. Letterato fine e colto, del Rosso non ha ovviamente nulla contro i grandi scrittori del ’300, ma la lingua da scriversi ormai non è più la loro. Il rifiuto di codificare una lingua letteraria museale si legge tra l’altro nel rigetto delle parole della lingua antica che del Rosso percepisce come arcaismi, per esempio guari - citato nondimeno più su tra gli avverbi «ch’à tempo appartengono» (B) -, altre- 56 21 «havete à considerare come [gli accenti] nascono da‘l profferire, e che è sono suono di voce, per lo che si viene à comprendere . . . come ciaschuna sillaba di qualunque dittione ò vero parola è accentuata percioche tutte hanno suono» (D2). 22 «Io hò ò vero haggio usato da i Poeti & anchora habbo, ma non perciò da usare molto con tutto che Dante l’habbia usato» (B4), «troverete hebe detto da‘l Petrarca, & se non che’l suo lume a l’estremo hebe» (Cv), «halla usata il Petrarca [la x] in alchuni luoghi percioch’al suo orecchio hà dato in tal modo più suono al verso» (C2v), «Dante disse le Peccata» (C3v), «come il Petrarca questi m’ha fatto men amare Iddio» (D). Uh che bel caso! Il grammatico dimezzato sì e costinci: «lasciando però indietro guari, altresì, costinci, & cotali altre voci antiche; & cosi alchuni modi di dire, c’hoggi ne’l vero per lo più sono rifiutati, anchora da quelli che bene scrivono: & per dar lor bando ne cominciano a volare li cartelli per l’Italia» (D) (con quanto gusto del Rosso usa l’iperbole). Ora Bembo menziona queste tre parole senza riserva sul loro uso, precisando soprattutto il loro significato; anzi mentre di guari osserva che è molto usata da gli antichi (il che non vuol dire che è antiquata), propone di estendere l’uso di costinci anche alla prosa 23 . Che umorismo graffiante poi nel commento: «rifiutati anchora da quelli che bene scrivono», a sottindere che i buoni scrittori hanno tendenza ad abusare di simili arcaismi, ai quali sono gli ultimi a rinunciare, e che, per «scrivere bene» «oggi», non c’è affatto bisogno di imbarazzarsi di tale vecchiume 24 . Stesso umorismo per difendere la forma popolare boto (per voto), una pronuncia (e una grafia) più frequente al sud dell’Italia, ma attestata anche in Toscana (e impiegata da Boccaccio: cf. Rohlfs: §167). Con tono semiserio il cavalier del Rosso prende in giro la severità di chi la censura: «a scrivere Boto non è peccato mortale, e non hà si mal suono, come pare ad alchuni» (B3), senza condannare però la forma più sostenuta (subito dopo invece nel riferire il fenomeno inverso, tipicamente meridionale: cf. Rohlfs: §150, preferisce le forme toscane con b: «Baciare ha miglior suono che se egli si dicesse Vaciare; & cosi dicendo Bottega ha miglior suono, che se egli si dicesse Vottega»). Raccomanda un uso differenziato delle due varianti, consigliando la prima nella corrispondenza e la seconda nei componimenti letterari: «al fiorentino consiglierei, che nelle lettere Mercantili e Famigliari scrivesse Boto per accommodarsi a l’uso di glialtri soi & poi venendogli voglia di far qualche compositione in verso ò prosa, che scrivesse Voto» (B3). Quella popolare è della lingua standard, da usarsi nella comunicazione quotidiana (e sarà anche adatta all’orale, perché non marcata), quella latineggiante appartiene al registro letterario (e rischia di stonare nella conversazione). Tale distinzione stilistica tra scrittura pratica (personale o professionale che sia) e artistica è notevole e inconsueta all’epoca, giacché gli altri grammatici si limitano solo agli usi letterari. 57 23 Si vedano le Prose della volgar lingua, I 10, III 37 e III 63, 67 e 57. 24 Già un paio d’anni anni prima nella sua Lettera in difesa de la lingua volgare (Vinegia, 1540), Citolini, anche lui vicino al Tolomei, si era squagliato contro la moda arcaizzante citando di seguito le tre parole prese di mira da del Rosso: «hor vedete che esso [= Cicerone] fece tutto il contrario di quello che fan costoro che così strettamente si legano, i quali non si stimano poter’esser tenuti buoni scrittori, se le lor carte non puzzano di uopo, testè, hotta, altresì, guari, costinci, sezzai; e se non ficcano unquanco in un sonettuzzo, perche hanno l’affettazione per imitazione . . . » (13v). Che queste parole siano sopravvissute fino a oggi è una delle tante prove che la linea arcaizzante abbia avuto la meglio su quella modernista. Laurent Vallance 6. Un grammatico che rifiuta la dicotomia tra lingua della poesia e lingua della prosa Il discrimine per l’uso di boto o voto è di natura sociale e non ha nulla a che vedere con le categorie letterarie di poesia o di prosa, anzi. Si ritrova una stessa distinzione meramente formale tra prosa e poesia più avanti: «percioche componendo ò Verso ò Prosa vi servirà tale avvertenza a volere che quello chè sia appiccante e grave, ò vero leggiero e corrente secondo che tornerà bene al vostro orecchio» (E2v). Va sottolineato che le allusioni alla lingua poetica, promesse dal titolo dell’opera, sono rarissime, e sempre discrete e fugaci: «La R & la L si scambiano come vedella in vece di vederla, & questo per lo più da Poeti s’usa per cagione della rima» (C2v). Qui si tratta tutt’al più di licenza poetica. Bersaglio poi di una delle battute più polemiche dell’opera è la duplice ortografia delle preposizioni articolate che alcuni vogliono distribuire tra poesia e prosa: «& troverrete i migliori scrittori haverci fatto questa differenza ciòè a lo s’habbia a scrivere ne‘l verso, & allo nè le prose, di che non sanno per ventura la ragione» (D4v). Questi esempi autorizzano a pensare che, per del Rosso, non ci sia differenza tra i due registri: non ci sono due lingue toscane, una per la prosa e un’altra per la poesia, ma una sola lingua, da parlare e da scrivere. Il titolo dunque non inganni: in prosa non vi si oppone a in versi; le due espressioni sono accomunate. Poesia e prosa non sono due cose ma tutt’una. Discretamente, senza dichiarazioni reboanti, viene così contestato uno dei dogmi della dottrina difesa da Bembo 25 . Poesia o prosa, poco importa: la grammatica e le sue ragioni ignorano i confini dei generi letterari. 7. Un grammatico che si ribella contro il culto dogmatico della lingua trecentesca La ribellione contro il culto della lingua delle tre corone non investe solo certe opzioni stilistiche di Bembo o dei suoi seguaci come nel caso di guari, altresì e costinci oppure dell’opposizione tra prosa e poesia. Concerne anche la grammatica vera e propria. Essa culmina a proposito della famosa questione dell’uso di lui o lei come pronome personale soggetto: Hora compreso tutto ciò havete a sapere come li corretti scrittori & diligenti osservatori di Dante, de‘l Petrarca, e de‘l Boccaccio hanno avvertito come egli, eglino, ei, è, ella, elle, elleno, e chi, sempre si pongono nella parte che và innanzi alla parola ciò è secondo li latini ne‘l no- 58 25 Che consiglia ad esempio niuno per la prosa e nessuno per la poesia e corregge sistematicamente nessuno in niuno nella revisione del manoscritto delle Prose (perché, come dice Fortunio, «questa voce niuno over niuna non hanno usata gli dui poeti toschi, ma il Boccaccio in molte parti delle novelle la ha lassata iscritta», 21): una dicotomia lessicale mantenutasi poi fino al secolo diciannovesimo. Uh che bel caso! Il grammatico dimezzato minativo ò vero retto, & cosi lui, lei, e cui, non mai si pongono nella parte che và innanzi; ma si bene si possono porre in ciaschuna delle parti che vanno dopo perche sono obliqui d’egli, ella e chi. Dante in un luogo ne‘l suo convivio non hebbe tale avvertenza havendo posto lui nella parte che và innanzi alla parola e similmente fece‘l Sanazaro dicendo anzi gli‘l vinsi e lui non volea cedere. Ne fù usata questa regola ne molte altre da‘l Pico, Politiano, da‘l Benivieni, dal Tibaldeo, dal Serafino, ne da glialtri ch’al tempo di questi scrissero in volgare. E però come che ancho molt’altre cose habbiano straccurate quanto alla lingua, non sono da quelli c’hoggi scrivono approvati per immitarli: Vogliono pertanto costoro, che è si dica egli amò Vi[n]cenzo belprato; & non lui amò Giovanbernardino belprato ò vero Vincenzo belprato fù amato da egli: & così egli si servi di lui; & non lui si servi di egli, egli portava reverenza a lui; & non lui portava reverenza a egli; il medesimo osservando d’ella, & di lei; & se alchuna accettione ci sarà la potrete avvertire leggendo come sarebbe, che il Petrarca ha detto girmen con ella, & non girmen con lei (C4v-D) 26 . Qui la critica si precisa. Del Rosso distingue Dante, Petrarca e Boccaccio dai loro emuli e ammiratori. La pratica della lingua dei primi non è così coerente e monolitica come lasciano intendere le regole rigorose tratte dai secondi per dare lezioni sul buon uso. In termini molto diplomatici, mediante perifrasi cortesi e generiche («li corretti scrittori & diligenti osservatori», «quelli c’hoggi scrivono»), saranno Bembo e i suoi seguaci a venir presi di mira, il loro modo di decidere quel che si può o non si può scrivere, il loro ruolo di censori ufficiosi dell’uso. La rottura è segnata nettamente dalle parole «Vogliono pertanto costoro»; il pronome costoro esprime perfettamente la presa di distanza da quella gente, mentre l’avverbio chiarisce la manipolazione: una volta condannati i testimoni imbarazzanti (dichiarati indegni di essere imitati) e occultati i loro controesempi, uno può comodamente «volere» quel che gli pare 27 . Significativamente il passo procede a un lungo elenco di autori che non hanno rispettato la regola in questione, e si apre e chiude con due eccezioni, la prima e l’ultima mutuate da autori «approvati»: una di Dante (che non ha però l’onore di una citazione) e di Sannazaro all’inizio, una di Petrarca per concludere, inserita in una domanda retorica al lettore, dove del Rosso giustappone il verso qual è e il verso quale sarebbe dovuto essere, terminando con la negazione della forma prescritta 28 . Quel che del Rosso denuncia, in questo paragrafo inconsueto, è l’impostura di certi colleghi troppo corretti e troppo (poco) diligenti: pretendono di esercitare un magistero morale del buon toscano traendo autorità da quella di Dante 59 26 L’uso della forma alterata per metatesi straccurare (‘trascurare’ e non ‘curare eccessivamente’) invece di trascurare - già attestato prima: «sempre sarete à tempo à straccurare tal soverchia diligenza» (C2) - dimostra che l’autore, che usa poi trascuraggine (E2), non ha scelto una lingua dotta. 27 Si noti la stessa diffidenza nei riguardi dei grammatici latini, nettamente distinti dalla gente latina: «& se bene li Latini, ò per dir meglio li S c rittori delle regole de’l parlare latino hanno detto, che di queste [consonanti] la L M N R S X Z sono mezzevocali . . . si sono in questo ingannati» (A3v). 28 Esempio già sottolineato da Fortunio: «Ma non mi par di posporre li essempi nelli quali siano in casi oblichi: Pet. nella Canz. XXXIII» (9v). Laurent Vallance e di Petrarca in materia di lingua, ma senza riferirsi fedelmente al loro uso, anzi deformandolo. 8. Un grammatico preoccupato di proporre anziché imporre, di comunicare anziché convertire Del Rosso mette in causa la legittimità dell’autorità rivendicata da certi grammatici contemporanei e il loro passatismo dogmatico. Pur essendo toscano, e autorizzato a dire quale sia l’uso linguistico della propria regione, rifiuta, con grande coerenza, di ergersi egli stesso ad arbitro o a direttore d’eloquenza che prescriva altrui come debba scrivere: Non voglio che queste regole & osservanze di corretto scrivere vi servino in questa ne in altra parte in luogo di precetto e comandamento come assolutamente così, ma solamente in luogo di consiglio e di conforto, & più vi giovino ad osservare da qui in poi come correttamente si scrive, & la ragione d’esso corretto scrivere ch’ad havervi posto innanzi cotali osservamenti e ragioni (E2). Qui come altrove nella grammatica conviene sottolineare l’iterazione della nozione di «corretto». A differenza di altri, che scambiavano bene scribere e recte scribere e col pretesto di proporre una norma grammaticale imponevano una norma stilistica, del Rosso dà unicamente regole per scrivere correttamente, cioè grammaticalmente - come Alberti, che concepisce il suo opuscolo come «ammonitioni, apte a scrivere e favellare senza corruptela» (§1). L’espressione correttamente scrivere, che figura significativamente sin dal titolo, torna spessissimo lungo tutta l’opera - forte indizio questo per attribuire il titolo a del Rosso 29 . Del Rosso intende dare ai lettori semplici consigli, richiamare la loro attenzione sull’uso e sensibilizzarli ad esso, di modo che capiscano la posta in gioco e poi, a partire dall’osservazione autonoma delle opere, possano scegliere in cognizione di causa il proprio modo di scrivere: ricerca non già un consenso cieco, ma un accordo ragionevole. Invece di imporre la propria norma, di modellare lo stile di chi legge o di fornirgliene uno bell’e fatto, vuole sviluppare la sua coscienza linguistica. Un’ambizione poco banale più volte ribadita, ben lungi dal dogmatismo di alcuni suoi predecessori - anche se sembra a volte solo un pretesto per non entrare in questioni complicate, come a proposito dei nomi: «Ma per ciò che l’andare in questo profundandosi richiederebbe altro ordine, & a me basta havervi più desto l’animo» (A4v- B). 60 29 «per farvi accorto a correttamente scrivere» (C3), «quelli che‘l ben pensato e ben ordinato e disposto vogliono correttamente e chiaramente scrivere» (Dv), «in che modo hoggi s’usa nella volgar lingua di scrivere correttamente» (D3v), oltre a « il corretto scrivere»: «[questo avvertimento] verrà a proposito de’l corretto scrivere» (B2v), «imprendere il corretto scrivere» (Dv), «a volere corretto scrivere» (D2), «la ragione d’esso corretto scrivere» (E2), «potrete non solamente scrivere corretto» (Fv) . . . Uh che bel caso! Il grammatico dimezzato Tale modestia si manifesta in particolare nell’uso frequente del condizionale nella formulazione delle avvertenze: «in quel modo non si harebbono à profferire», «ne ancho quelle . . . si harebbono cosi à chiamare» (A3v), «Quanto al T avvertirete come in molti luoghi alle volte si pone dove non harebbe à stare per ciò che si dice stiavo & s’harebbe à dire schiavo e cosi schiavone, schiavina, schiavare» (C2v). 30 La semplicità si rivela anche nella terminologia. Del Rosso infatti traduce la nomenclatura latina delle parti del discorso, il più delle volte mediante una perifrasi (che per le preposizioni e le congiunzioni si limita al generico «voci da latini dette . . . »: l’adattamento manca). Nei titoli in margine viene prima la perifrasi volgare, accompagnata spesso dall’equivalente di stampo latino 31 , mentre nel testo del Rosso utilizza in genere le proprie locuzioni (verbo compare solo tre o quattro volte: Bv, Dv e E), magari in concorrenza con il latinismo, specie se questo è più comodo (come imperfetto: «pigliando di se la voce dell’imperfetto, e quella de‘l participio»: C) 32 . Limitatamente alle parti del discorso, questo atteggiamento ricorda quello di Bembo, accentuandolo: mentre nelle Prose della volgar lingua tutta la terminologia poggia sulla coppia nome-verbo, qui scompare pure verbo (come in Carlino), e resta solo nome, nonché articolo (B2) e indirettamente preposizione e congiunzione. Si noti tuttavia che del Rosso (a differenza di Gabriele per esempio) non riprende mai le perifrasi eterogenee e poco felici del cardinale 33 . Le sue espressioni 61 30 Una moderazione che anticipa quella di Giambullari, sottolineata da Bonomi: «la sua norma non è mai rigidamente imposta, ma viene enunciata in modo estremamente cauto e moderato. Sono del tutto assenti quei toni impositivi e rigidamente prescrittivi che caratterizzano certa parte della codificazione grammaticale coeva . . . » (Introduzione, XLVI). 31 «La parola è principale [scil. voce delle quali se compone la favella] che da latini è detta verbo» (A4), «Vecenomi over pronomi quali si pon g ono in loco de nomi proprij» [nel testo: «i vicenomi ò vero luogotenenti di nomi»], «Voci tra nomi & parole» [= participi], «Adherenze di parole over adverbij come se dicono da latini» (B) [più avanti (E) adherenze di verbi o adherenze de‘l verbo sono denominate anche le preposizioni che servono alla reggenza verbale], «Affettuose voci quali da latini sono dette interiettioni», «Voci quali da latini sono dette congiontioni», «Voci quali da latini sono dette prepositioni» (B2), adherenze di nomi per «preposizione» (E). 32 Nel proporre nuove denominazioni delle parti del discorso nemmeno Carlino era andato così lontano (tranne la coppia dittione-addittione per verbo-avverbio non aveva innovato: «Nome, Pronome, Articolo, Dittione, Participante, Addittione, Preposigione, Congiuntione, Interposigione», 17). Dopo del Rosso, che usa pure intromesso per parentesi, solo Giambullari, guardacaso, è ricorso a neologismi, per due parti invariabili ritenute tradizionalmente secondarie: «Nove sono le parti del parlar nostro cioè nome, pronome, articolo, verbo, adverbio, participio, preposizione, inframmesso, et legatura» (10: De le parti del parlare), imitato in ciò poi da Salviati: «Dieci sono in questo linguaggio le parti del favellare: nome, articolo, pronome, verbo, participio, gerundio, proposizione, avverbio, tramezzo e legame. E chiamo tramezzo quella che da’ latini interiectio, e legame ciò che da’ medesimi è detta coniunctio» (1). Comune quindi ai grammatici toscani è una certa volontà di scansare la terminologia tradizionale o persino di toscanizzarla. 33 Che ora fanno riferimento all’etimologia per rimotivare semanticamente le designazioni tradizionali: «voce . . . la quale di verbo e di nome pure nel passato tempo partecipa» (32) o «quelle voci; che dell’uno et dell’altro [= del Verbo e del Nome] col loro sentimento partecipano» (53) Laurent Vallance sono più semplici e assieme più significative (parola è il calco esatto di verbum, cui si applica la stessa specializzazione, in modo da designare la parola par excellence 34 ). Sono anche più efficaci perché viene utilizzata sempre la stessa perifrasi per ogni parte: il participio, ad esempio, se non è menzionato così alla latina (C), è detto «voce ch’è trà ‘l nome e la parola chiamata dalli Latini Participio» (B4v) o al plurale «voci trà nomi e parole» (B3) - mentre in Bembo colpisce la versatilità delle designazioni 35 . Per il resto della terminologia, specie verbale appunto, del Rosso usa sia persona, modo e tempo che i nomi tradizionali dei singoli tempi (imperfetto, passato, futuro . . .): una differenza fondamentale con Bembo che non vuole sentirne parlare. Il rifiuto dei tecnicismi nonché l’effetto prodotto dai loro sostituti risultano diversi nei due autori. Nel dare regole della volgar lingua, Bembo è intento a scrivere un’opera letteraria: siccome pretende di riferire una discussione da salotto tra non specialisti, fugge la terminologia tradizionale, ma con tanta applicazione che la sua scrittura sa di maniera. Del Rosso invece non si preoccupa di letteratura. Scrive la sua grammatica nella stessa lingua che userebbe per esporla a viva voce. Le sue perifrasi non suonano artificiali perché sono le parole cui uno ricorre naturalmente quando vuole spiegarne il significato: le interiezioni sono proprio «affettuose voci con le quali s’esprimeno gli affetti del animo». Sono infatti esponenti di spicco della cosiddetta funzione «espressiva» del linguaggio. 9. Un atteggiamento modernista assunto da un moderno timido Con la sua presa di posizione a favore di un adeguamento dell’alfabeto, del Rosso si schiera indubbiamente dalla parte dei moderni. Ma è una dichiarazione tutta teorica. Nella pratica, infatti, dimostra conformismo e pusillanimità, consigliando, contro le sue convinzioni personali, di attenersi in ogni caso all’uso tradizionale, finché la questione non sia risolta dagli specialisti: quanto a far differenza dallo O chiuso allo aperto; & così della E aperta alla chiusa bisogna aspettarne la resolutione & il consentimento di quelli che bene iscrivono; & per hora se bene c’è differenza di profferire non ci si fà differenza di scrittura (B3); Vi dico, che come, che nell’un modo e nell’altro vi potreste iscrivendo salvare; tuttavolta vi conforto ad usare diligenza 62 per participio, ora sono del tutto insignificanti, come «particella del parlare; che a verbi si da in piu maniere di voci» (56) per avverbio. 34 Anche se del Rosso pretende che il passaggio semantico sia stato dal significato particolare di «verbo» a quello generale di «voce»: «Et percioche questa è con l’altre voci come è l’anima col corpo nostro senza la quale . . . l’altre voci sarebbono sciolte & niente rileverebbono, e da lei molte volte sono l’altre voci chiamate anchora esse parole» (A4). 35 Il participio passato è chiamato successivamente «la voce . . ., la quale di verbo e di nome . . . nel passato tempo partecipa», «le participanti . . . voci», «voce che partecipa» (32), «voce del passato tempo» (36) e la «voce, la quale è quella che io dissi che al passato si dà in questo modo» (49). Uh che bel caso! Il grammatico dimezzato di aspirarli, per fino a più chiara risolutione, che sempre sarete a tempo a straccurare tal soverchia diligenza (C2); Quanto allo I noterete come alchuna volta è consonante, percioche si come è vocale in questo nome Maria, Christo, Dio, & somiglianti; cosi in noia e moia, è consonante, & a scriverlo differentiato ne aspetterete il consentimento si come de’l correggere l’alfabeto da quelli che di cotali cose sono studiosi (C2-v). A conferma di quanto detto prima, gli autori da cui dipende la decisione di segnare o no l’opposizione tra vocali aperte e chiuse sono quelli contemporanei e non quelli d’una volta: «quelli che bene iscrivono». Il che poco o nulla cambia se gli scrittori di oggi imitano gli antichi, certo, ma, in principio, la questione dell’ortografia deve essere risolta da un punto di vista sincronico e non storico o diacronico. Del Rosso è abbastanza modesto per non annoverarsi tra questa élite di studiosi-arbitri poiché, rinunciando ad applicare ogni pur minima distinzione novatrice, si astiene dal contribuire, anche solo da seguace, all’evoluzione che si augura. Conformemente alle dette raccomandazioni, il testo della grammatica non distingue tra le diverse pronunce delle vocali o delle consonanti. Le lettere greche introdotte da Trissino sono citate (e riprodotte) solo in un’annotazione marginale a pagina B3. Per quanto riguarda la h, del Rosso è ben conscio che l’uso non è più univoco come una volta - «ma perciò c’hanno cominciato à variare nello scrivere dove prima sempre gli aspiravano, & io hò veduto diligenti scrittori, & osservatori della lingua, che non aspirano havere» (C2) - e tende chiaramente verso l’abolizione della h «soverchia», ma non fa nulla per accelerare le cose. Se in sede teorica, con la consueta tolleranza, accetta le due ortografie (con e senza h-), in pratica non sceglie quella più congeniale: come già il manoscritto della Grammatichetta d’Alberti, mantiene la h dappertutto all’iniziale («sopra tutta la parola havere», C1v, il che rende superfluo l’accento grave sulla preposizione a per distinguerla da ha, in homo, hora e composti . . .), pur sottolineando che non è mai pronunciata da nessuno: «quantunque ne Toscani, ne altri Italiani parlando questa lingua la profferischino» (B4) 36 . Non solo è mantenuta la h etimologica latina ma viene introdotta una h anche dove non c’entra, in parole la cui etimologia ne è priva: abhominazione (B4) abominati õ nem (per contaminazione di homo o di abhorrire? ); alchuno *aliqu’unu e ciaschuno quisque unu incrociato con il francese chascun (probabilmente per contaminazione di qualche, qualcheduno, ciascheduno) 37 . Viene così contraddetta l’osservazione giusta della pagina B4 sulla necessità di inserire una h dopo la c davanti a e o i, se si vuole che si pronunci come in ca, co, cu: «volendo, che questi habbiano il medesimo profferimento c’hanno ca, co, cu, bisogna servirsi della H & cosi scrivere chi, che . . . ». Pur propugnando una scrittura quanto mai fonetica e un uso ragionevole della h, il testo adopera una scrit- 63 36 Come lo ripete a proposito di hamo ( h ñ mu), scritto con una h muta, segno di un’aspirazione non (più) realizzata: «Hamo oncinetto da pescare pur s’aspira ciò è si scrive per H quantunque profferendo non s’aspiri» (Cv). 37 Ma non in toscano ( tusc ñ num) né in Petrarca, a differenza di Bembo e di molti altri. Laurent Vallance tura etimologica e latineggiante, arcaica e tradizionale. E questo è tanto più sorprendente in quanto altrove del Rosso avverte che i nessi consonantici latini non vanno conservati: «Non so s’io vi debbo ricordare come non s’hà a scrivere lecto, decto, perfecto, epso, capsa, adcresco, ma letto, detto, perfetto, esso, cassa, accresco. Percioche chi hà la lingua Latina pûo facilmente incorrere in tale errore» (C3v) 38 . Lo stesso avviene a proposito dell’ortografia delle preposizioni articolate: «Ben è vero che per ragione di Grammatica s’haverebbe a scrivere dà lo, e non dallo» (D4v). Quanto segue mira poi a sviluppare le ragioni della Grammatica. «La ragione per la qual più presto si debba scrivere de lo che dello» è che il raddoppiamento è dovuto all’accento delle preposizioni e non va segnato proprio come non si segna in da Marcello. «Dico pertanto ch’atteso quanto ho detto, & ricercando bene la virtù e forza di queste particelle a, de, da, ne . . . verrete chiaramente à comprendere, come più tosto si debbe scrivere da lo, che dallo; & cosi de glialtri» (E). La conclusione è definitiva (qui dopo come si trova eccezionalmente l’indicativo e non il congiuntivo: debbe); dopo tale requisitoria, non si può immaginare che l’autore stesso si sottragga alle esigenze della ragione grammaticale. Però, di nuovo, come per l’alfabeto, dopo aver bravamente difeso il suo punto di vista e i suoi princìpi, non osa applicarli (a guardarci meglio, la risolutezza si affievoliva alla fine: «più tosto si debbe»). Vanificando tutti gli sforzi consentiti per convincere il lettore che la sua posizione è fondata, del Rosso si rassegna a rinnegarla nella scrittura. Usa quasi sempre allo, dello, dallo e non a lo, de lo né da lo . . . 39 , che sono le uniche forme presenti nella grammatica di Gaetano, pubblicata sei anni prima nella stessa «fedelissima città di Napoli», le uniche adottate da Trissino nella sua grammatica sin dal 1529, nonché quelle raccomandate da Tolomei nel Polito: precedenti non trascurabili che avrebbero potuto incoraggiarlo visto che il primo passo era già stato compiuto. Fate come dico e non come faccio. A meno che tali incoerenze (o alcune di esse) siano il risultato delle correzioni di Cimello. In quegli anni le Prose della volgar lingua erano in auge a Napoli 40 e forse era proprio questo il senso della richiesta di Gamucci: non tanto «correggere» l’ortografia e la sintassi del testo quanto normalizzarlo, secondo i princìpi difesi da Bembo. Forse le sequenze «preposizione-articolo» preferite da del Rosso, di cui rimane qualche traccia, sono state poi sostituite (con qualche dimenticanza) 64 38 Raccomandazioni identiche già in Fortunio: «Altri sono poi di piggior . . . intendimento, e quali dicono di soverchio essere le volgari norme, perché la volgar lingua dalla latina originata sì nel parlar come nel scrivere deve seguitarsi, scrivendosi e dicendosi io dixi, epso scripse, un saxo, molte parte e molte morte, e l’equale e sancto, prompto con infiniti altri simili che piu tosto giudicar si possono voci latine che volgari» (Agli studiosi della regolata volgar lingua, a2v-a3). 39 Salvo poche eccezioni, i tre esempi prima della conclusione del passo: «Questi và à la Cornelia, & questi parla dè la Vergine madre . . . questo è dè l’A n tonina» (E), oltre ad alcuni qua e là: «parte che và innanzi à la parola» (C4), «Altre [voci] convengono à l’affermare» (Bv), «dire Thomaso esser innamorato dè L’Antonina» (C4v), mentre è dubbio «Dal’altra banda» (E2). 40 Sull’argomento vedi Sabbatino 1986. Uh che bel caso! Il grammatico dimezzato da preposizioni articolate vere e proprie. Forse è stato anche Cimello ad aggiungere qualche h 41 . E proprio come non ha rinunciato a riprendere le lettere di Trissino per segnare la diversa apertura di e e di o, ad abolire la h latina e a scrivere staccate le preposizioni articolate, del Rosso usa sempre come soggetto ella o essa, egli o esso, essi, mai lei né lui né loro. «Uh che bel caso» di grammatico dimezzato questo del Rosso, diviso tra la passione per il toscano vivo dei suoi contemporanei e la norma scritta della tradizione. Rarissimo esempio d’un autore divaricato tra le sue convinzioni moderniste e le tendenze contrarie dell’epoca, che non ha la forza di assumere le prime fino in fondo e di resistere fermamente alle seconde 42 ; abbastanza forte per denunciare quel che gli spiace, troppo debole per non conformarsi infine alla moda dominante; abbastanza coraggioso per giudicare abusivi i dettati degli scrittori alla moda, quando molti altri li hanno solo plagiati servilmente, troppo modesto scrittore egli stesso per non sottoporvisi. Superando solo in sede teorica il proprio complesso d’inferiorità, del Rosso ha prodotto una tra le grammatiche italiane più originali del Rinascimento. 10. Un grammatico che si riferisce all’uso moderno Come puntualizza del Rosso stesso (peraltro nel passo meno felice di tutta la grammatica, visto che vi si nega, contro ogni evidenza, la presenza dell’articolo nelle preposizioni articolate), c’è uso e uso - «voglio solamente che basti dire, che se essi prendono l’uso de‘l parlare per suo fondamento e ragione, noi anchora prendiamo l’uso de‘l parlare per nostro fondamento e ragione» (Ev) - ed egli pro- 65 41 Così si potrebbero spiegare certi esempi che sembrano ripresi dalle Prose (ma pochissimi sono sicuramente tali).Anziché immaginare, come Sabbatino, che del Rosso abbia aggiunto qualche esempio suo a quelli del cardinale, sarebbe stato invece Cimello a completare gli esempi originali di del Rosso con altri letti in Bembo come aggiunse esempi «cortigiano-familiari» di suo sacco a quelli di storia latina dell’autore (a p. D4v o E3). 42 Anche Sabbatino (1995), pur esagerando l’influenza di Bembo - sul passo a proposito di questi e quelli, nota: «Rimanere col Bembo e farsi trovare continuamente con le Prose della volgar lingua in mano ha un preciso significato: stare dalla parte dell’auctoritas. Esiste ormai il modello grammaticale, a cui guardare e da cui attingere, in un continuo impegno di imitazione ovvero di riproduzione personale del modello grammaticale» (208), e più avanti: «La collazione tra le Prose della volgar lingua e le Regole prova che del Rosso sta costruendo a questo punto il manuale con tessere esclusivamente bembiane, le quali danno in questi luoghi informazioni sulla lingua toscana parlata» (213) -, ha avvertito questa bipolarizzazione modernità/ tradizione nel testo di del Rosso: «Già da questa prima avvertenza si rileva che del Rosso traduce dalle Prose della volgar lingua del Bembo nelle Regole le singole notizie sull’uso corrente del toscano, l’unico ambito a cui il manualista toscano è interessato» (209); «In questa annotazione è possibile vedere, in controluce, la filigrana delle Regole di del Rosso, un grammatico che si iscrive di diritto tra le fila di quanti rifiutano i tasselli più marcatamente antichi della lingua e si muovono verso uno statuto della lingua fondato sulla modernizzazione» (214). Laurent Vallance testa contro quello tradizionale propugnato dogmaticamente da certi autori contemporanei: & troverrete i migliori scrittori haverci fatto questa differenza ciòè a lo s’habbia a scrivere ne‘l verso, & allo nè le prose, di che non sanno per ventura la ragione, ma se n’attengono a come hanno trovato scritto salvandosi con l’uso di buoni scrittori, percioche l’uso de‘l volgo non debbe mai essere approvato in veruna cosa, anzi sempre riprovato non possono essere ripresi; Ben è vero che per ragione di Grammatica s’haverebbe a scrivere dà lo, e non dallo (D4v). I «migliori scrittori» (di oggi) si fondano, per giustificare le proprie prescrizioni, sull’uso dei «buoni scrittori» (di ieri), rivendicandone per sé la successione legittima in seno a una stessa élite attraverso il tempo. Del Rosso denuncia questo elitarismo «naturale», secondo cui i buoni scrittori attuali sarebbero quelli che imitano l’uso dei buoni scrittori del passato. Gli effetti perversi di questa logica di classe sono noti: riferendosi agli autori di una volta e prendendo come modello per i propri scritti il «buon uso» antico, gli scrittori dominanti di un’epoca non fanno che perpetuare di generazione in generazione una lingua letteraria solidificata, sempre più staccata dalla lingua parlata realmente. L’attacco aperto a chi si appella ciecamente all’uso dei «buoni scrittori» si accompagna a una difesa, in modo ironico, dell’uso del popolo: del Rosso finge di fare suo il discorso dei fautori dell’uso letterario, una maniera di affermare meglio la dignità dell’ortografia degli «illetterati», cioè di chi sa scrivere ma è privo di cultura libresca. Significativamente, il verbo dell’annotazione corrispondente, L’uso del volgo debba riprovarsi e lassare, è al congiuntivo: si tratta di un’opinione altrui alla quale l’autore non aderisce (come nel caso litigioso della scrittura della h: Da quali parole non debba toglierse la h). 11. Un grammatico che ricorre soltanto ad esempi di sua invenzione L’uso a cui si riferisce del Rosso è quello del volgo, cioè di quelli che sanno scrivere ma sono illetterati, nel senso che ignorano i classici letterari. È quindi l’uso moderno 43 .A differenza di Fortunio o di Bembo e della maggior parte dei loro successori, compreso Giambullari, del Rosso non usa, per illustrare le sue regole, citazioni d’autore ma unicamente esempi di sua invenzione, proprio come Alberti. Esattamente come nella Grammatichetta, gli exempla ficta ispirati alla storia dell’antica Roma, cara al traduttore di Svetonio - «questi fù il grande Scipione, quelli fù il fiero Anibale» (D) che ricorda «Questo Scipione superò quello Hannibale» (§43), «Cesare perdonó a Cicerone» (D2v), «Catilina hà seguitato il vitio, 66 43 Ovviamente, del Rosso non è del tutto impermeabile alle influenze letterarie né al riparo di un lapsus: mentre raccomanda e usa costantemente i condizionali toscani in -ebbe, glien’è sfuggito uno in -ia, «& cosi sodisfaria ad ogn’uno» (B3). Uh che bel caso! Il grammatico dimezzato Curtio amò la patria, Catone s’uccise in Utica» (E3v) 44 - alternano con altri suggeriti semplicemente dal contesto immediato, entourage o luoghi circostanti - «Io vo ad Arpino» (B), «Io amo, tu ami, quelli ama, Quel cavallo corre, Il fiume cresce . . . io voglio bene alla Cammilla, io sono figlio della Cammilla, io recevo questo dalla Cammilla, io do questo alla Cammilla», «dalla Cammilla sono amati li figli» (C4v), «Io ho avuto questo da Cesare [C]ossa, Costui viene da Benevento, Questo stà ne‘l tuo arbitrio, Gli Indi habitano ne‘l Ponente, & ne‘l Levante» (E) . . . Esempi semplici, di stampo quanto mai banale e popolare, anche se non mancano eccezioni, dove il tono si fa più alto o il contenuto più dotto (accenno alla scoperta dell’America mezzo secolo prima). Ma sono sempre esempi non letterari, bensì rappresentativi dalla lingua contemporanea. Come Alberti, del Rosso fonda la propria grammatica non sulla letteratura ma sull’uso orale quotidiano. È ben lungi da Bembo. Insomma si può riprendere questo giudizio di Sabbatino: «Il contrasto tra i due è di fondo. Il Bembo guarda al toscano dei modelli, Petrarca e Boccaccio . . . Quando fa riferimenti al toscano parlato lo fa per condannare ciò che non concorda con i modelli o per esaltare ciò che è rimasto. Del Rosso, invece, guarda al toscano parlato e si impegna a raccoglierne le regole per il corretto scrivere» (221). 12. Una grande sensibilità alla lingua parlata e all’uso vivo Le Regole osservanze, e avvertenze dimostrano molta attenzione alla dimensione orale del toscano. Numerosi sono i passi della grammatica dove del Rosso rivela uno spiccato interesse per la lingua fiorentina o toscana parlata. Così, dopo le adherenze delle parole (avverbi) e prima delle congiunzioni, non tralascia le «affettuose voci quali da latini sono dette interiettioni con le quali s’esprimeno gli affetti dell’animo» (B2), di cui è il primo a proporre una breve descrizione 45 : Oltraquesto per isprimere li nostri affetti e passioni dell’animo ardentemente si sono trovate alchune voci c’hanno dell’addolorato come dicendo oh, ohime, ahi, & somiglianti. Alchune altre hanno dell’allegro, come ou, ou, o` bene. Alchune altre dimostrano paura come ue, ue, guarda, guarda. Alcune dimostrano abhominatione, come dicendo ah, eh. Alcune hanno de‘l burlevole, come dicendo ehi: Ci si possono anchora mettere le risa le quali si scrivono ah, ah, ah (Bv-B2). Seppure importanti nell’opera lirica di Dante e Petrarca, le interiezioni, ahi lasso! sono neglette nelle grammatiche del Cinquecento. Molti grammatici (specie pre- 67 44 Questo gusto per l’Antichità si manifesta con frequenti riferimenti ai Greci o ai Latini e alla loro lingua, un accenno alla famosa favola di Esopo: «essa lingua secondo ch’ella è usata è la più utile & la più pernitiosa cosa che si trovi» (C1v), e con questa curiosa digressione: «s’aspira hebe la figliuola di Giunone & ministra di Giove nata d’un torso di lattuga» (Cv). 45 Trattando le interiezioni separatamente dagli avverbi (riuniti da Dionisio Tracio e da Prisciano in un’unica categoria), del Rosso si iscrive nella tradizione di Donato. Laurent Vallance cedenti), che si concentrano sulle parti del discorso da loro ritenute principali (vale a dire quelle variabili, nonché gli avverbi), non le menzionano nemmeno: Fortunio, Bembo, Trissino, Acarisio, Gabriele, Delminio. Non annoverate tra le parti necessarie per formare un’«orazione completa», le interiezioni sono considerate del tutto superflue perché non si connettono sintatticamente con le altre componenti della frase, cui sembrano più o meno estranee. Prima soltanto Alberti (§86: «Interiectioni Sono queste: heu, hei, ha, o, hau, ma, do») e Gaetano (De la intergettione, 44-v: «sono queste: O, oh, ah, ai, ahi, aime, ai dolente, ai lasso, oime, o miserme, ome, deh, e, egli») si erano soffermati (brevemente) sulle interiezioni, mentre Carlino aveva solo elencato l’interposigione tra le nove parti del discorso (17). Come del Rosso lo formula leggiadramente a proposito delle risa, le interiezioni si possono «scrivere», cioè trascrivere, ma in fondo sono espressioni orali, più o meno spontanee, con le quali diamo sfogo ai nostri «affetti e passioni», e la cui scrittura è spesso mimetica. Tra tutte le parti del discorso, le interiezioni sono quelle più specifiche del registro orale e meno pertinenti allo scritto 46 . Del Rosso ha osservato che ogni parola toscana (o italiana) riceve un accento tonico: «ciaschuna sillaba di qualunque dittione ò vero parola è accentuata percioche tutte hanno suono» (D2). Particolarmente interessanti i casi in cui questo accento cade sull’ultima sillaba. Se la parola che segue comincia poi da consonante, si verifica infatti il raddoppiamento sintattico, per esempio dopo una preposizione monosillabica: «& se voi Fiorentinamente spiccando tal profferire volete conoscere se profferendo da Marcello voi raddoppiate la M . . . » (E) o dopo il pronome e’ nelle frasi Io hò caro che è sia venuto/ che è siano venuti, che vanno pronunciate diversamente a seconda che il pronome soggetto sia espresso o meno: «Dove avvertirete quanto alla scrittura, che se voi direte che siano venuti ò vero che sia venuto senza mettervi la è che significa eglino, ò vero egli, la forza dell’Accento che và sopra la chè fà raddoppiare la S ne‘l profferire» (E2v). 13. Gorgia e «benedicta tue in mulieribusse» Del Rosso ha registrato anche l’aggiunta di una vocale d’appoggio finale nella pronuncia toscana delle parole terminate da consonante, accompagnata da un raddoppiamento, altrettanto caratteristico, di detta consonante finale 47 : «ella tutte le voci 68 46 Anche Giambullari qualche anno dopo non manca di trattare lo inframesso (nel secondo libro dedicato alle parti del discorso indeclinabili), di cui distingue (seguendo in ciò da vicino la sua fonte, il De emendata structura latini sermonis di Thomas Linacre) molte «spezie»: «Lieti: ei, ohou, gala, ela e. Dolenti: ahi, ehu, gua, ah, ohi. . . . Spaventativi: veh, guai. Esclamativi: ahi, ohi, eu, lasso. Pregativi: deh. Del riso, o da ridere: ah, ah, eh» (108). 47 Che compare regolarmente nell’adattamento italiano standard delle parole straniere: lombardo strak stracco, arabo tabbâq tabacco o al-manakh almanacco, polacco polak polacco, rumeno valach valacco, russo kozak cosacco, slovacco Slovák slovacco, turco kalpak colbacco, francese sérac seracco . . . Uh che bel caso! Il grammatico dimezzato termina in vocale, & li medesimi Toscani e massimamente le persone rustiche, che si lasciano menare dalla forza e proprietà della lingua profferendo cose latine non possono sofferire di terminarle in consonanti; onde in vece di Dominus diranno dominusse, & cosi benedicta tue in mulieribusse» (D3v). La predilezione dei Toscani per le desinenze vocaliche, già notata da Alberti e menzionata pure da Bembo 48 , è illustrata qui, per la prima volta, da un controesempio, che unisce alla pertinenza dell’osservazione linguistica il piacere del colore locale 49 . Il cavalier del Rosso ricorre naturalmente al latino ecclesiastico che i suoi concittadini sentono regolarmente in chiesa. Per molti di loro questa è la sola lingua straniera che abbiano presente, l’unica che abbia colpito il loro orecchio: una scelta tanto più giudiziosa in quanto queste parole non hanno se non uno statuto orale per i fedeli campagnoli, che non sanno leggere il messale e le ripetono come le sentono pronunciare dal parroco. I Toscani letterati, che sanno come si scrive dominus, sono in grado di evitare la pronuncia toscanizzata, ma la loro va contro «la proprietà della favella»: «Per che dunque tale è la proprietà della favella, & coloro che scrivono e parlano con più eleganza fuggono cotali agiatezze, perciò segnando la proprietà della lingua, & accennandola con l’accento scrivano e parlano levando quella coda o strascico delle voci» (una «specie di vocale di ripercussione» si dice in Rohlfs: §335). In altri termini il popolo parla un toscano più genuino che i ceti colti. La frase latina citata è interessante per un altro motivo: offre testimonianza di un altro tratto caratteristico del toscano parlato, che non è sfuggito a del Rosso né è senza legame con il precedente: l’aggiunta di una -e alla fine del pronome tu, come sopra a havè: havee (B4v), per smorzare la brutalità della desinenza accentata 50 . In ambedue i casi si tratta coll’aggiunta di una sillaba supplementare (-se o -e), senza toccare direttamente l’accento, di cacciarlo di fatto dalla sillaba finale per farlo risalire sulla penultima 51 . Oltre alla predilezione per i fini vocalici, il to- 69 48 Grammatichetta, §4: «Ogni parola e dictione toscana finisce in vocale: solo alchuni articholi de’ nomi in l et alchune prepositioni finiscono in d, n, r»; Prose, 3: «dico che si come nella maggior parte delle altre lingue della Italia, cosi etiandio in quella della citta mia, i Nomi in alcuna delle vocali terminano et finiscono sempre: si come naturalmente fanno anchora tutte le Thoscane voci, da alcune pochissime in fuori». 49 Priscianese aveva già menzionato il fenomeno: «Alcuni dicono nosse, adde, utte per nos, ad, ut», «Alcuni dicono dicitur, legitur e tante altre parole simili al modo di un cane che ringhia come se questa r fosse vista doppia» [De fastigiis, 101: «Alij, nosse, adde, utte pro nos, ad, ut, dicunt», «Alij dicitur, legitur et similia tanta nare canina, ut r illud geminatum videatur»], descritto più precisamente nella grammatica: «Alcuni sono che ad ogni consonante finale aggiongono un’altra consonante et così dicono utte, atte, adde, quello che ut, at, ad dire si converrebbe», «Altri suonano di maniera lo r che, dicendo dicitur et legitur, giurereste che diciturre et legiturre detto havessero» (Della lingua romana, 279). 50 Nelle Prose Bembo citava una serie di forme simili: «tue, piue, sue, giue, dae, stae, udie, uscie, et alla terza voce anchora di questo stesso verbo ee, che disse Dante, et mee», attribuendo però l’aggiunta della e alla «licentia» dei poeti «per cagione della rima» (50): una spiegazione poco convincente. 51 Il che significherebbe che dominus e mulieribus fossero pronunciati in quel tempo con l’accento sulla desinenza (e non come oggi sull’antepenultima sillaba, conformemente alle regole latine di accentuazione). Laurent Vallance scano rivela una preferenza per le «parole piane», cioè parossitone, e una ripulsione per le parole cosiddette «tronche» (il termine parla chiaro), cioè ossitone, come del Rosso l’ha ben capito e formulato in modo efficace: «è da sapere che non solamente fuggono di terminare in consonanti per riposare il fiato, ma anchora abhorriscono di terminare in accento acuto, & che lasci in un certo modo impiccato e sospeso il profferire, e non lasci cadere giù il fiato: Per questo adunque dicono più tosto maestane ò vero maestae che maestà, podestane, che podestà, metane che metà, tune che tu, stane che stà, vane che và. Dicono pertanto anchora più volentieri io vedetti ò vero vedei, ch’io vedè & si pûo andare discorrendo per tutte le voci che terminano nell’accento risonante e signoreggiante la voce» 52 . Del Rosso fa altre osservazioni precise sulla pronuncia, specie sulla gorgia toscana, quel modo di aspirare la lettera cdavanti a -a, -o o -u (come pure l’iniziale del gruppo cro persino chinelle stesse posizioni): «Seguita appresso la H la quale come di sopra habbiamo detto non è lettera, ma è nota d’Aspirazione che cosi la chiamano li Latini. Questa s’harebbe a scrivere quando noi diamo più fiato, ò vero più halito alle voci, ma se particolarmente li Fiorentini l’havessero a porre in tutti quei luoghi dove danno più fiato e spirito alle voci, non è quasi voce profferita per co, cu, ca, dove porsi non dovesse, & massimamente quando se parla con ardore & con affetto d’animo» (B3v) 53 . Una pronuncia che l’autore consiglia di evitare, nonostante le «belle ragioni» linguistiche che la giustificassero e permettessero di «attribuirla alla virtù della lingua»: «il che anchora che a virtù della lingua potesse con assai belle ragioni & avertimenti attribuirse, tuttavia per essere odiosa e ridicula tal pronunti a a tutti i Forestieri della lingua & anchora a quei Toscani e Fiorentini specialmente che fuori de‘l paese loro hanno praticato, li conforto assai a guardarsene» (B3v). Si vede che gli accenti regionali, seppure autentici, non sono sempre graditi: certe pronunce eccentriche e minoritarie non sono accettabili e vanno sacrificate in nome di una pronuncia italiana comune, primo segno della formazione di uno standard nazionale. Colpisce ancora una volta in questo esempio la modestia di del Rosso, la sua 70 52 Del Rosso appare il primo grammatico a spiegare, con un preciso motivo prosodico, la creazione dei passati remoti in -etti (analogici di stetti) accanto a quelli regolari in -ei: tutte le parole riescono cosi parossitone (con accento sulla prima sillaba della desinenza). 53 Un fenomeno attestato per la prima volta, pare, nel trattato De Romanis fastigiis et linguæ tuscæ vel de pronunciatione, redatto probabilmente negli anni 1517-1520 (secondo Vignali: 22) dal linguista toscano F. Priscianese (Pieve Presciano, Arezzo, 1494-dopo il 1549), amico di del Rosso: «Rursus c pro x græco charactêre, dum tunicha, manicha pro tunica, manica proferunt» (101). Tolomei dedica alcune pagine all’argomento nel Polito (1525): 16v, 18v-19v e vi torna in tutte le sue opere linguistiche, nel Cesano (1529 ca.), in De le lettere libri sette (1547) e nel Trattato della lingua toscana (1547? ). Pure Erasmo, nel famoso saggio De recta latini græcique sermonis pronunciatione (1528), testimonia di aver sentito tale pronuncia a Firenze - ma siccome la crede tipica dei marinai o degli isolani (61), dubita che il locutore fosse fiorentino (52v). Ispirato o travolto dall’entusiasmo, del Rosso ha naturalmente dato più alito all’alito, aggiungendo una h all’inizio della parola - come più avanti a hisprimere: «Ma subitamente posteci le parole si veggono in sieme concatenate, & mandar fuora, & hisprimere un concetto ò ver pensiero» (E3), contro isprimesse (A3v), isprimiamo (A4). Uh che bel caso! Il grammatico dimezzato assenza di campanilismo: non erige a modello la pronuncia fiorentina, che non è ipso facto la migliore. Per quanto riguarda la sintassi, del Rosso prescrive l’articolo (determinativo) con tutti i nomi femminili, sia propri sia comuni, e con gli aggettivi sostantivati, a differenza del maschile, in cui l’articolo non s’impiega con i nomi propri - un uso asimmetrico tipico del toscano parlato: «quanto a nomi de’l maschio si prepone quella particella il, ò lo, da nomi proprij in fuora a tutti glialtri cosi comuni come di qualità . . . Quanto a nomi della Femmina a tutti cosi proprij come comuni e di qualità si prepone l’Articolo la, quando si parla d’una sola, & l’Articolo le quando si parla di più» (B2v), «gli Articoli appartinenti alla Femmina si propongono a qualunque sorte di nomi di quel sesso senza differenza alchuna, percioche si dice la Cornelia, la Faustina, con quella accezione di nomi Romani, che di sopra habbiamo detto» (E) 54 . Nota pure l’uso della forma contratta e’ per egli/ ei (elli nella lingua antica: cf. Rohlfs: §446, 448) quale pronome soggetto maschile (o neutro) di terza persona, così presentato: «sappiate come noi diciamo egli è gran tempo, ponendo quello egli solamente per gratia e riposo de‘l parlare ch’altramente è di soverchio. Oltraccio è mi piace di farvi intendere dove è fa il medesimo effetto che egli di sopra & è la E dello egli . . . » (C3v); «Di sopra v’habbiamo detto come s’usa egli & come alchuna volta si dice ei, & e, & come questo ei, & e, servono così a‘l numero di molti come al numero d’uno solo; percioche è si dice. Io hò caro che è sia venuto, ciò è che egli sia venuto; & cosi Io hò caro che è siano venuti, ciò è che egli siano venuti» (E2v). L’uso di egli/ e’ come pronome soggetto neutro espletivo (cf. Rohlfs: §449) non è limitato alla formulazione stessa della regola (un’illustrazione pedagogicamente azzeccata) 55 . Del Rosso dimentica invece la variante gli davanti a vocale, nonché la forma femminile la, che si trova una volta: «nella medesima parola ò composta ò scempia che la sia» (C2v). Usata correntemente da Florio, è dimenticata pure da Citolini, che tra le particelle espletive cita solo egli, e e ei (70v) 56 . 71 54 Uso menzionato da Alberti senza esempio: «E’ nomi feminini, ó proprii o appellativi, o in vocale o in consonante che e’ cominciano, tutti fanno simile a questo. Singulare: La stella, della stella, alla stella, la stella, ó stella, dalla stella. La aura, della aura, alla aura, la aura, ó aura, dalla aura» (§16), rilevato poi anche da Corso: «Similmente à nomi talhora, che son di femmina, come la Fiammeta» (23v) e Florio (19 e 21). 55 «Baciare ha miglior suono che se egli si dicesse Vaciare; & cosi dicendo Bottega ha miglior suono, che se egli si dicesse Vottega» (B3), «Vogliono pertanto costoro, che è si dica egli amò Vi n cenzo belprato» (D), «basta quel poco che s’erra, e che si pûo errare a persuadere che è si deve fare qualche differenza di scrittura sopra quelle voci, dove non la facendo si pûo prenderne una per un’altra» (D2), «percioche è si dice. Io hò caro che è sia venuto» (E2v). 56 A proposito di sintassi, un campo notevolmente trascurato dalle prime grammatiche italiane, va sottolineato almeno di sfuggita che le Regole osservanze, e avvertenze offrono spunti di grande interesse. Del Rosso è il primo grammatico a dedicare tanto spazio alla grammatica della frase (E3v-F), a interpretare in termini di posizione rispetto al verbo e di costrutto con o senza preposizione le nozioni tradizionali, e ormai inadeguate, di ‘nominativo’ e di ‘casi obliqui’ (C4-v) o a isolare il modo chiamato pochi anni più tardi ‘condizionale’ da R. Corso, separandolo chiaramente dal congiuntivo (Fv). Tre esempi che bastano a meritargli un posto di rilievo nella grammatica italiana del primo Cinquecento. Laurent Vallance 14. Un grammatico che codifica l’uso moderno Ora se a conferma di quanto detto sopra si cercano tratti del toscano usuale dell’epoca (vale a dire il primo ’500) codificati nelle Regole osservanze, e avvertenze, e attestati nella scrittura, se ne trovano tanti 57 . Prendiamo quale riferimento lo studio di Paola Manni (1979), dove viene elencata una buona quarantina di fenomeni affermatisi dopo il secolo d’oro, tra la fine del ’300 e l’inizio del ’500, e che si possono ritenere caratteristici della lingua fiorentina del Rinascimento (sui 43 tratti censiti, alcuni pertinenti alla fonetica possono essere raggruppati; altri, invece, riuniti legittimamente in sede teorica, vanno separati a seconda dei tempi o dei modi verbali, perché la pratica dell’autore considerato è differenziata). Certi sono indigeni, parecchi invece di provenienza toscana, giunti a Firenze dalle zone periferiche (Pisa, Lucca, Siena, Arezzo . . .) 58 . Ecco i fenomeni presenti nella grammatica di del Rosso, con la citazione corrispondente e accompagnati dal giudizio di Manni, di Bonomi (dalle note alla sua edizione delle Regole di Giambullari) o di Rohlfs. Ho modificato lievemente l’ordine di presentazione di Manni, ma non la sua numerazione, affinché ci si raccapezzi: il rango del tratto nella lista è indicato tra parentesi quadre dopo l’esempio illustrativo. Sono ben conscio che in certi casi siamo entro i margini dell’errore statistico, visto il piccolo numero di occorrenze, e tenuto conto di eventuali refusi. Fonetica a. inizio della riduzione dei dittonghi ie, uo dopo consonante + r [1], «fenomeno la cui maturazione si compie in un arco di tempo che abbraccia, dal XIV al XVI, tre secoli . . . sotto la spinta dei dialetti toscani occidentali in cui, fin dall’inizio, erano costanti le forme con la vocale semplice» (Manni 1979: 121). Del Rosso usa sempre le forme non dittongate di trovare: «ciò che è, e si ritrova» (A4: due occorrenze), «si trovano» (B3v), «che se trova» (B3v, C2v), «che si trovi» (Cv), «si ritrovano scritte» (D2), Nessun controesempio. b. passaggio del gruppo / skj/ a / stj/ [stiavo per schiavo, 3]: «tipico soprattutto del secolo XVI» (Manni 1979: 123). 72 57 Nonostante il testo presenti solo la coniugazione di havere (B4v-C), e non abbiamo quindi nessuna indicazione per gli altri verbi, compreso essere. L’analisi della Grammatichetta di Alberti condotta da Patota ha fruttato quattro tratti assenti in del Rosso: 1) el, e invece di il, i quale articolo determinativo maschile (forme né raccommandate né usate da del Rosso); 2) la desinenza con m scempia anziché raddoppiata alla prima persona plurale del passato remoto, «fiorentinismo demotico soprattutto quattrocentesco» (Bonomi 1986: 55 N1) (del Rosso prescrive havemmo ma usa mostramo (E2), solo esempio utile); 3) per il verbo ‘essere’, sete invece di siete alla seconda persona plurale dell’indicativo presente (nessun esempio in del Rosso); 4) fusti invece di fosti alla seconda persona dell’indicativo passato remoto (nessun esempio in del Rosso). 58 Si veda Manni 2003: 41-55 che offre utili puntualizzazioni sui singoli tratti dialettali. Uh che bel caso! Il grammatico dimezzato Il tratto è menzionato da del Rosso per essere non già censurato ma timidamente criticato: «Quanto al T avvertirete come in molti luoghi alle volte si pone dove non harebbe à stare per ciò che si dice stiavo & s’harebbe à dire schiavo e cosi schiavone, schiavina, schiavare, schiuma, schiera, schiena, ischiovare, ischiantare, & non per T» (C2v). Nessun esempio nella scrittura 59 . Morfologia nominale e altra c. Plurale in -gli ( -li) dei nomi maschili in -lo (o -le) [6]: «tratto tipico della Toscana orientale» (Arezzo), «frequente anche nel senese e nel sangimignanese» (Manni 1979: 125 e N1), presente nei dintorni di Firenze e in molti dialetti settentrionali e meridionali (Rohlfs: §221 e 375). & anchora saprete come s’usa dire le fila le cigl i a , le cervella , le vestigia e cosi li fili , li cigli , li cervegli , li vestigii » (C3v). Un controesempio nella scrittura: «tutti gli animali habitanti in ciaschuno de quattro Elementi» (A4v) (mentre animagli, come cavagli, è attestato in antico senese). d. dua invece di due [12]: «tipo frequente solo nel pieno secolo XV» (Manni 1979: 137) e duoi al maschile (per analogia con tuoi e suoi) («sono invece limitate al maschile altre due forme vitali soprattutto nel secolo XVI: duoi e dui», Manni 1979: 135). Del Rosso cita solo due tra i numerali (Bv), ma usa anche le varianti in questione: una volta dua («quelli per una z sola questi per dua si scrivono»: C3), più volte duoi («in duoi modi»: A3, «con duoi punti»: E4v) e soprattutto doi («doi significati»: C4, «doi suoni»: D3, «doi segni»: D4, E4v, «doi punti»: E4, «quei doi parlari»: Fv), due essendo riservato al femminile («due consonanti»: B2v, C3v, «due parole»: Cv, «le due S»: C2v, «due sillabe»: D3). e. anco invece di anche [34]: «forma comune alla maggior parte della Toscana» per influenza di manco avverbiale (Manni 1979: 165). Del Rosso usa più volte questa forma in concorrenza con anchora: ancho (B2v, B3v), ne ancho (B4v); anche non si trova. f. fuora per fuori [38]: «episodio tipico della lingua quattrocentesca e cinquecentesca» «forse dovuto all’influsso del pisano dove questa forma era comune già in epoca molto antica» (Manni 1979: 168). Del Rosso enumera tra gli avverbi: «dentro, fuori, fuora, fore» (B), poi fuora (B2) e usa il più delle volte fuora (A3, A4, D3, E2v, E3), infuora (B2, B2v), ma anche fuori (B3v). 73 59 Si aggiunga il passaggio da v iniziale a b in boto, e l’uso della forma metatetica straccurare (C2, D), mentre la forma escessive (Bv) attesta sì un trattamento popolare del nesso latino excma diffuso sia in Toscana che in tutto il Meridione (cf. Rohlfs: §225). Laurent Vallance Morfologia verbale g. la base ardi avere al futuro dell’indicativo e al presente del condizionale [arò, arei per avrò, avrei: 18]: «forma del fiorentino vivo, di grande diffusione anche al tempo suo [di Giambullari, che è lo stesso di del Rosso] nel fiorentino parlato di ogni livello» (Bonomi 1986: 49 N1): «Io harò, haverò, & havrò . . . » (B4v) e «harai, ò vero haverai, & havrai tu» (C) al tempo avvenire del modo di comandare; «havessimo haremmo haveremmo, & havremmo, havessi, ò vero haveste, haresti, haveresti, & havresti, havessino, harebbeno, haverebbeno, & havrebbeno», «non fà di mestiero ch’io vi dica la differenza che facciamo parlando da dire havessi, harei» (C). Del Rosso usa quasi esclusivamente queste forme, attestate a Lucca a partire dal secolo tredicesimo (Rohlfs: §587): «harà» (C4v), «in quel modo non si harebbono a profferire» «ne ancho quelle . . . si harebbono cosi a chiamare» (A3v), «dove s’harebbe a segnare il punto fermo», «dove harebbe a porsi il punto fermo» (E4). Vi è un solo esempio contrario nella scrittura, s’haverebbe («Ben è vero che per ragione di Grammatica s’haverebbe à scrivere dà lo, e non dallo»: D4v) - tipo «senza sincope ne dileguo della labiodentale, attestato nella letteratura due-trecentesca . . . e molto diffuso nel fiorentino parlato quattro, e meno, cinquecentesco» (Bonomi 1986: 56 N1). h. la base di essere in -u- (e non -o-) al passato remoto dell’indicativo e all’imperfetto del congiuntivo (fussi per fossi, fusti per fosti: 20): «pur se già presenti nel Petrarca, sono considerabili forme del fiorentino vivo, in cui penetrano dai dialetti della Toscana occidentale e meridionale dal tardo ’300» (Bonomi 1986: 43 N5). Nel congiuntivo imperfetto («desiderativo presente o imperfetto») del verbo essere, del Rosso usa esclusivamente le forme dalla base in -u-, fusse, fussero: «potrebbe essere che l’intenzione di chi hà scritto fusse stata di dire . . . » (C4v), «Quando vi fusse detto . . . » (E2), «se bene hora il dichiararlo non fusse se non a proposito» (E3), «se bene vi fusse di quelle voci» (F), «acioche‘l suo scrivere fusse più chiaro» (F2v), «quelle che da noi non fussero state comprese», «potrebbe essere . . . che gli Accenti & altri contrasegni fussero impertinenti conciosia che delle voci . . . che fussero congiunte insieme . . . » (Dv). Nessun esempio al passato remoto (fusti, fuste per fosti, foste), dove si può comunque immaginare che le cose non stiano diversamente. i. dia, stia per dea, stea al presente del congiuntivo [19], cioè la chiusura in -idella -etonica in iato, tratto censito da Manni (2003: 41) tra quelli caratteristici delle varietà occidentali sin dal Trecento. Nessuna prescrizione, due esempi di stare: «in che modo stia bene notare tal differenza» (A3v), «pare che addimandino e stiano in forse» (E4v). j. terza persona plurale dell’indicativo presente dei verbi in -ere e -ire in -ano invece di -ono (vedano per vedono: 22): «divenute frequenti soprattutto nel secolo XVI, esse ancor oggi caratterizzano il fiorentino medio e popolare, e sono di gran lunga le piu diffuse in Toscana» (Manni 1979: 146), «invasione» caratteristica del 74 Uh che bel caso! Il grammatico dimezzato vernacolo fiorentino secondo Rohlfs: §532: «Nel vernacolo fiorentino -ano ha invaso le altre coniugazioni». Nessuna prescrizione ma la sostituzione analogica, alla terza persona plurale dell’indicativo presente, della desinenza -ono con -ano (della prima classe) è frequente, soprattutto nei verbi in -ere (rispondano, pongano, scrivano, prendano, tolgano, distinguano, reggano, dependano; finiscano, servano): «Altre chiamano . . . Altre rispondano . . .Altre importano separamento» (Bv), «Se ne pongano alchune più per ornamento de‘l parlare» (B2), «scrivano e parlano levando quella coda» (D3v), «l’uso de‘l quale tutte le regole si prendano», «lo, la, le, li, il, sempre si debbono preporre à quei nomi, à quali costoro li tolgano» (Ev), «parlare de Punti che distinguano i sensi ò vero concetti, & li rendono . . . più netti & aperti» (E2v), «percioche li predetti trà nomi e parole alchuna volta reggano dopo se quelle medesime cose» (F), «percioche quasi tutti l’uno dall’altro dependano» (Fv); «quelle cominciano in vocale queste vi finiscano» (A3v), «trà quelle particelle ch’à nomi si prepongono, le quali anchora servano come adherenze de‘l Verbo» (E). k. terza persona plurale dell’indicativo presente dei verbi in -are in -ono invece di -ano (lavono per lavano: 21), tipo «già vitale nel fiorentino della seconda metà del Trecento», Manni 1979: 145), fenomeno tipicamente toscano (Siena, Firenze: cf. Rohlfs: §532). Nessuna prescrizione ma tre casi di questa sostituzione analogica, contraria alla precedente (usono, chiamono, restono): «usono a dire questi e non quello» (D), «quello che li Greci chiamono soscritti» (D3v), «ce ne restono anchora alchun’altri» (Fv). l. terza persona plurale dell’indicativo imperfetto dei verbi in -are in -avono anziché in -avano (lavavono per lavavano: 24): sostituzione parallela e posteriore alla precedente «le prime forme con -ono all’imperf. indic. sono posteriori di qualche decennio all’apparizione del tipo lavono, da cui in primo luogo dipendono» (Manni 1979: 149); «tipo usuale un tempo a Firenze» e «riprovato dai puristi» (Rohlfs: §550). Nessuna prescrizione e un solo esempio (bisognavono per bisognavano): «a voler dire molte cose insieme ci bisognavono alchune voci che congiungessino li parlari» (B2). Tali forme in -ono sono rarissime in Giambullari (solo due occorrenze al presente: dimandono (101), dirizzonsi (149) in una grammatica molto più voluminosa di quella di del Rosso), alla grande sorpresa di Bonomi (1986: 42 N2): «Da notare, comunque, l’assenza vistosa di alcune forme del fiorentino parlato, che stupisce di non veder figurare come forme dell’‹uso moderno›: p. es.: amono, amavono, amamo al passato remoto, abbi alla 3a pers.». m. il fine -o (prima di -a) alla prima persona dell’indicativo imperfetto (io lavavo per io lavava: 23): «forma dell’uso fiorentino», «non appoggiata dall’autorità letteraria trecentesca» (Bonomi 1986: 43 N2). 75 Laurent Vallance Del Rosso prescrive la terminazione -o prima di -a: «io havevo & haveva» (B4v). Nessun esempio nel testo. n. seconda persona plurale dell’indicativo imperfetto e passato remoto, del congiuntivo imperfetto e del condizionale modellata sulla seconda singolare (voi lavasti, che voi lavassi, voi laveresti: 32): uso «tipicamente quattrocentesco e vivo nel ’500, estraneo al fiorentino letterario trecentesco», «è tratto popolare e come tale non è contemplato (o è proscritto) dalle grammatiche» (Bonomi 1986: 44 N1). Del Rosso prescrive «voi havevi, ò vero havevate», «voi havesti» (B4v), «havessi, ò vero haveste, haresti, haveresti, & havresti» (C). La scrittura è parzialmente conforme: due esempi contro uno nel congiuntivo imperfetto («se parole da questi nomi [voi] formassi»: Cv, «l’havervi solamente ricordato, che ponessi mente come glialtri l’usavano»: C2, ma «quando voi trasponeste l’ordine»: F2); un controesempio al condizionale («come che . . . vi potreste iscrivendo salvare»: C2); nessun esempio al passato remoto né all’imperfetto, dove il fenomeno, di origine settentrionale secondo Rohlfs: §550, «assente nella letteratura due-trecentesca, ricorre come tratto tipico del parlato in molti testi quattrocinquecenteschi» (Bonomi 1986: 43 N4). o. terza persona plurale dell’indicativo presente dei verbi in -ere e -ire, terza persona plurale dell’indicativo passato remoto forte, del congiuntivo presente e del condizionale in -eno al posto di -ono o -ero (vedeno, disseno, lavasseno, laverebbeno . . . per vedono, dissero, lavassero, laverebbero: 33): «per influsso dei dialetti occidentali (pisano, lucchese e anche sangimignanese e volterrano), dei quali è tipica» (Manni 1979: 164). All’indicativo presente del Rosso nota che «la terza persona de‘l tempo presente & de‘l modo risoluto de‘l parlare & de‘l numero de‘l più si forma dalla terza de‘l numero de‘l meno; onde pigliando una delle parole de‘l primo ordine ò vero Colonnello, & dicendo Amo, Ami, Ama, di questa terza s’aggiugne no, & dice Amano poi pigliando glaltri tre ordini vede, ode, legge, & aggiunto no faranno vedeno, odeno, leggeno; ma meglio si muta la e in o & si dice vedono, odono, leggono» (C3v), anche se ammette che è «meglio» usare le forme in -ono e così pure scrive: si trovano solo due esempi contrari, vedeno (A3), esprimeno (B2), forme caratteristiche anche della koinè italiana dell’epoca (cf. Rohlfs: §532); così nella sua Grammatichetta Trissino raccomanda soltanto «quelli leggenw» (38), e usa anche solo tali forme: «ne li prenwminati ca ɾ i, i quali cwn le già dette particelle cwn lj’articwli si distinguenw» (§9), «nwn admettenw articulw» (§17) . . . sottolineando più avanti che «la e si muta in w . . .: scrivenw, scrivwnw, sentenw, sentwnw . . . E questa mutaziwne di e in i et in w è secwndw la lingua fiwrentina» (§67). Del Rosso prescrive la desinenza -no alla terza persona plurale prima di quella in -ro nel passato remoto: «quelli hebbono, hebbeno, hebbero» (B4v) - la prima forma «estranea agli auctores ma diffusa nella lingua letteraria anche più elevata» e «tipica del fiorentino popolare», la terza, «tradizionale ma presente nel fiorentino vivo scelto» secondo Bonomi (1986: 51 N2); e sola (senza alternativa) nell’im- 76 Uh che bel caso! Il grammatico dimezzato perfetto congiuntivo e nel condizionale presente: «havessino, harebbeno, haverebbeno, & havrebbeno» (C). L’uso rivela una sottile gradazione: nel passato remoto del Rosso usa unicamente la desinenza in -ero (nacquero: A3v, oltre a furno: B2); nel congiuntivo imperfetto alterna ambedue i tipi, quello «del fiorentino popolare, ma con impiego letterario» e quello «della tradizione ma anche dell’uso fiorentino scelto» (Bonomi 1986: 45 N2), forme prescritte: congiungessino, qualificassino («alchune voci che congiungessino li parlari, & in un certo modo li qualificassino»: B2) e forme che vanno quindi considerate omesse nel modello di coniugazione di havere: havessero, fussero, seguissero, sentissero, seguitassero («se li Fiorentini l’havessero a porre»: B3v, «ne conseguiterebbe, che neanchora li derivati di questo s’havessero ad aspirare»: C2, «parrebbe havessero . . . a segnarsi»: D2v); si vedano le citazioni qui sopra al punto h; «per le parole le quali . . . seguissero»: Dv; «quando . . . sentissero qualche errore»: D2; «& tanti quanti parlari perfetti seguitassero»: E3v); nel condizionale, invece, usa piuttosto le forme prescritte, che godevano «nel Cinquecento . . . di maggior fortuna e prestigio» di quelle in -ebbero (Bonomi 1986: 45 N1, che sottolinea che sono le uniche usate da Giambullari): harebbono (esclusivamente, e non harebbeno), sarebbono, rileverebbono, rileverebbeno, potrebbono («senza la quale . . . l’altre voci sarebbono sciolte, e niente rileverebbono»: A4, «senza quella l’altre voci . . . niente rileverebbeno»: C4, «molte cose si potrebbono rispondere»: Ev), contro un’occorrenza di sarebbero nella ripetizione d’una frase dove compariva l’altra forma («senza quella l’altre voci sarebbero sciolte e smembrate»: C4), direbbero, darebbero, potrebbero, segnerebbero («Ma non gia direbbero . . . si come direbbero»: D, «oltre che darebbero bruttezza e confusione»: D2, «alchuni forse potrebbero dire»: Ev, «con tanti punti perfetti si segnerebbero»: E3v). p. terza persona plurale dell’indicativo passato remoto con -mscempia nella desinenza (lavamo per lavammo: 25). Nessuna prescrizione, un solo esempio utile: «Dal’altra banda mostramo qual sia la cagione di esso raddoppiamento» (E2). q. base in -are non in -ernel futuro (e nel condizionale) dei verbi in -are (lavarò, lavarei per laverò, laverei: 27): Manni (1979: 154) nota che l’evoluzione di ar atono a er è fenomeno «tipico del fiorentino e dei dialetti occidentali . . . costante nella prima metà del secolo XIV» e che le forme con ar in luogo di er sono attestate «a partire dalla metà del Trecento». Nessuna prescrizione (tranne il caso particolare d’harò, harei); tre casi di mantenimento della base dell’infinitivo in -anel futuro dei verbi della prima classe: dimostraremo (B), parlaremo (Dv), bastarà (E3), forme normali, in Toscana, nel Senese (oltrecché nell’Italia nord-orientale, cf. Rohlfs: §587) - affogate in una quantità di controesempi: desterà (A3), rileverebbono (A4), discosteranno, accosteranno (A4v), noterete (B4, C2), conseguiterebbe, aspetterete (C2), tornerà (C2v), dichiareremo (C3v), lascerà (C4), errerete (E2), chiamerannosi (E3v). 77 Laurent Vallance r. prima e terza persona singolare, terza persona plurale del congiuntivo presente dei verbi in -ere e -ire rispettivamente in -i e -ino invece di -a, -ano (abbi, abbino al posto di abbia, abbiano: 29): forme tipiche delle parlate della Toscana occidentale (cf. Rohlfs: §555, §557), e del «fiorentino vivo» secondo Bonomi (1986: 50 N1), che aggiunge che sono «estrane[e] alla lingua degli auctores trecenteschi» (anche se troviamo dichi in Dante e abbino in Boccaccio). Per havere, del Rosso dà habbi (e non habbia) alla seconda persona singolare del congiuntivo presente e habbia, habbiano alla terza persona singolare e plurale - e non habbi, habbia, habbino come Alberti, che prescrive d’altra parte «ch’io scriva, tu scriva, lui scriva» nell’optativo futuro per la coniugazione in -e (che raggruppa i verbi dall’infinitivo in -ere e -ire), precisando «e chosì fanno tutti» (§77). Va sottolineato tuttavia che del Rosso usa spesso il fine (della lingua parlata) -ino, invece di -ano, alla terza persona plurale del congiuntivo presente dei verbi della seconda e terza coniugazione: habbino (Ev) - ma habbiano (B4, D, E2v) -, voglino (A3v, B2), raccolghino (B2), preponghino (B2 quindici righe al di sotto di pongano, B3), correspondino (C), s’aggionghino (C4v), debbino (Dv), ponghino (D4v), riduchino (F2), profferischino (otto righe al di sotto di profferisca, B4), servino (E2). A questi 17 tratti sui 43 presentati da Manni (vale a dire un buon terzo), conviene aggiungerne altri 5 che lei non menziona, alcuni perché esistevano già precedentemente, e non sono innovazioni del Quattrocento, altri che corrispondono a questo criterio e sembrano essere stati dimenticati: cinque tratti da considerarsi non letterari, presenti nei testi marginalmente, limitati alle parlate regionali o al registro orale, ma che completano utilmente la lista. s. la desinenza regolare, accanto a quella rifatta in via analogica -iamo, alla prima persona plurale dell’indicativo presente (cf. Rohlfs: §541): «noi habbiamo, ò vero noi haggiamo, ò vero havemo» (B4v) - quest’ultima «estranea da lungo tempo al fiorentino ma presente, pur se scarsamente, negli auctores e nella tradizione» (Bonomi 1986: 51 N1). Haggiamo è il pendant analogico della forma popolare haggio ( *ajo). Del Rosso usa solo habbiamo. Conformemente alla priorità riconosciuta alla forma più recente, si trova nel testo un solo esempio in -emo: scrivemo (D4v) (contro scriviamo: B4, rispondiamo: A4, vogliamo: B2, diciamo: B2v, possiamo: B4), oltre a un altro in -amo: chiamamo (A4v) (contro due chiamiamo: B2v, F, parliamo: B4, troviamo: D2v), un mantenimento delle desinenze etimologiche «d’uso corrente negli antichi testi di Pisa e Lucca» secondo Rohlfs: §530, che precisa che queste forme, conservatesi «nelle parlate campagnole» di Toscana lungo un arco da Pistoia a Siena via Lucca, Pisa, Livorno e Grosseto, sono condannate da Bembo: «Che non amamo valemo leggemo; ma amiamo valiamo leggiamo si dee dire. Semo e havemo, che disse il Petrarcha, non sono della lingua» (27) (si veda anche Prose, 46). t. Alla prima persona singolare dell’indicativo presente di andare, del Rosso usa vo - forma in uso a Firenze, Siena e Pistoia - e non vado: «in vece di dire [T]homaso vo ad Arpino, si dice Io vo ad Arpino» (B). 78 Uh che bel caso! Il grammatico dimezzato u. la generalizzazione analogica, al passato remoto, della base arizotonica, cioè senza l’alternanza ebb- (sg. 1 e 3, pl. 3)/ have- (sg. 2, pl. 1 e 2): havei, havesti, havee, havemmo, haveste, haver(o)no - forme, la prima delle quali prescritta anche da Citolini accanto a ebbi (avei: 40v), di cui Rohlfs (§565-66, 574, 584-86) non dice nulla, con una rara coincidenza delle varianti della prima e della terza persona singolare, attestata anche per i verbi in -ire da Florio che scrive: io mi parti (111v, 113v), (io) pati (116v) per contrazione di partii, patii (cf. Rohlfs: §571) 60 - accanto a hebbi, hebbe, hebbono, hebbeno ou hebbero. Del Rosso prescrive: «Io hebbi, ò vero havei, & anchora havè, tu havesti, quelli hebbe, havee, & havè: & ne’l numero de’l più noi havemmo, voi havesti, quelli hebbono, hebbeno, hebbero, haverono, haverno: che in tanti modi si pûo dire questa terza persona de‘l numero de‘l più» (B4v) 61 e usa hebbe («Dante . . . non hebbe tale avvertenza»: D), oltre a scrisse: C3v, fece, scrissero: D, ma osserva che i contadini toscani dicono piuttosto vedetti o vedei («Dicono pertanto anchora più volentieri io vedetti ò vero vedei ch’io vedè»: D3v). La forma forte vidi, così importante in Dante o in Petrarca («io vidi la speranza dei beati», «uno spirto celeste, un vivo sole/ fu quel che vidi»), non è menzionata. v. Del Rosso raccomanda la forma havee per havè, parallela a ee per è codificata da Giambullari (54) e Florio (èe: 100v), con epitesi di una -e per evitare l’accento sull’ultima sillaba (in termini più tecnici, trasformare l’ossitono in parossitono): «forme presenti nella letteratura due-trecentesca in misura sporadica e prevalentemente con il valore di plebeismi, ben documentate nei testi fiorentini quattrocenteschi, mentre nel ’500, praticamente assenti negli autori, venivano sentite come decisi volgarismi» (Bonomi 1986: 42 N3). Nessun esempio nel testo. w. Nel futuro, del Rosso usa più volte, in concorrenza con le forme tradizionali in -rò, -rai, -rà, le forme «dell’uso vivo» con raddoppiamento analogico della r, «tipiche del fiorentino quattro-cinquecentesco e molto diffuse nei testi letterari . . ., ma estranee agli auctores trecenteschi» (Bonomi 1986: 54 N1): «che ci troverrete molti errori e differenze» (Cv, ma sotto «troverete hebe detto da‘l Petrarca», «Troverete anchora»), «troverrete alchuna volta scritto» (C2v), «troverrete i migliori scrittori» (D4v) - ma «lo troverete posto» (B3v), «troverete aspirato e non aspirato» (C2), «troverete la ragione di tutto» (Ev), «la troverete» (E2); «si scriverrà» (E2) contro «scriverete per F» (B3v). Vi erano due esempi del primo verbo alla seconda persona singolare nella grammatichetta d’Alberti «Non troverrai» (§33), «Nè troverrai» (§70). Tale generalizzazione abusiva della -rgeminata, che risulta dalla sincope e dall’assimilazione, persiste a Siena e Pisa (cf. Rohlfs: §587). 79 60 Già Alberti osservava che la pronuncia delle forme di prima persona era con una i sola: «Ma que’ verbi che finischono in -sco, fanno eı preteriti in -ii per due ii, come esco, uscii; ardisco, ardii; anig h ittisco, anig h ittii (ma, per più suavità, nella lingua toscana non si pronuntiano due iuncte vocali)» (Grammatichetta §74, dove anche dà per udire la forma udi). 61 Pure Trissino dava due coniugazioni: oltre quella con alternanza, anche havei, havesti, havew, havemmw, haveste, haverwnw (Grammatichetta §55). Laurent Vallance Insomma, certe forme sono citate nella parte teorica ma non usate da del Rosso (terza persona plurale del passato remoto in -no, epitesi di -e nelle parole ossitone, plurale in -gli . . .), altre, al contrario, sono utilizzate, mentre manca il sostegno teorico (spesso perché manca un modello di coniugazione dei verbi regolari), e sono a volte molto minoritarie rispetto alle forme concorrenti, tradizionali o letterarie. Si noti poi l’allusione, purtroppo sibillina, alle diverse pronuncie regionali dei verbi in Toscana: «Molte cose anchora ci sarebbono che dire intorno alla parola, & qualche differenza di pronuntia trà li Toscani» (C3v). Se del Rosso non sviluppa il tema, il suo uso fornisce comunque qualche indizio rivelatore in merito: I. l’uso, più che saltuario, di se (per si) quale pronome personale riflesso atono, più spesso in posizione proclitica che enclitica - «Chel suono della voce humana in cinque modi se manda fuora di bocca da tutte genti ma diversamente se segna» (A3), «Che la e & la o suonano in doi modi come che possa dirsi e, & o chiuso & e & o, aperto come se vedeno diversamente scritte nelle rime de’l dressino» (A3), «Che le voci delle quali se compone la favella sono di più sorti» (A4), «Adherenze di parole over adverbij come se dicono da latini» (B), «suole doppiarse», «quando se parla» (B3v), «Del R Che spesso se cambia in L», «Del T che se trova dove non conviene» (C2v), «Al fin del parlare che sia perfetto . . . se fa un ponto», «Il parlare lungo se debba distinguere con virgolette cosi / » (E3v) . . . -, forma che, secondo Rohlfs: §479), è caratteristica della regione di Arezzo (come dell’Ombria, di Roma, del Salento e del nord della Calabria, nonché dell’Italia settentrionale, da dove proviene lo stampatore, Maestro Mattio Cance, Bresciano), un regionalismo assente in Giambullari 62 . II. d’altra parte, l’uso sporadico, alla terza persona plurale dell’indicativo presente nei verbi in -ere, della desinenza con la vocale tematica, -eno, invece di -ono, forme proprie a Lucca e Pisa per la Toscana (Manni 2003: 43-44; cf. sopra punto o.). III. i tre casi, già menzionati (cf. sopra punto q.), di mantenimento della base dell’infinitivo in -anel futuro dei verbi della prima classe, forme normali nella regione di Siena. 15. Le Regole osservanze, e avvertenze: una grammatica del toscano scritta in toscano Se sintetizziamo tutti questi elementi, possiamo concludere che il fondo linguistico fiorentino di del Rosso mostra influenze provenienti dalla Toscana occidentale (Pisa e Lucca: scrivemo, chiamamo; vedeno, esprimeno; voglino, raccolghino, preponghino, profferischino; fusse, fussero; troverrete, scriverrà) o meridionale (Arezzo e soprattutto Siena: se manda, se segna; fusse, fussero; troverrete, scriverrà; 80 62 La presenza diffusa del pronome atono se nel testo e nelle annotazioni è un indizio che hanno uno stesso autore. Uh che bel caso! Il grammatico dimezzato dimostraremo, parlaremo . . .). La sua pertanto non è una lingua composita o artificiale: la presenza di questi tratti, per lo più segnalati da Manni, starebbe a confermare semmai che, dal secondo ’300 al primo ’500, si è verificata una certa toscanizzazione del fiorentino - così come in senso contrario gli altri dialetti toscani hanno accolto dal centro altri tratti -, prima tappa di una lenta omogeneizzazione nell’ambito del ducato. La lingua della grammatica di del Rosso fornisce anzi un ottimo esempio del nascente italiano regionale, documentato a suo modo dagli spogli di Manni. Il carattere spiccatamente toscano del testo dimostra comunque che deve ben poco alla coppia di scrivani Gamucci-Cimello. Alla luce di questa analisi si capisce perché del Rosso, pur essendo nativo di Firenze, abbia scelto per il titolo della sua opera l’espressione «lingua volgare toscana» e non «fiorentina», conoscendo meglio di ogni suo predecessore le differenze non trascurabili che passano tra i dialetti toscani, e conscio che alcuni tratti del fiorentino provengono da zone periferiche della Toscana. Oppure ha preferito non restringere la sua presentazione al fiorentino materno, ma allargarla all’intera regione, per una volontà di generalizzazione comune a tutti i grammatici italiani del tempo. Come gli altri cercano, a partire dai classici che hanno letto e studiato, di individuare nella lingua scritta degli auctores un modello di volgare globale, più o meno toscano o italiano, eliminando le forme statisticamente divergenti e i tratti insoliti ritenuti aberranti, così del Rosso, a partire dalla sua conoscenza delle varie parlate regionali, prova a descrivere (e a scrivere) un toscano comune. Un fatto merita di essere sottolineato a questo proposito. Le Regole osservanze, et avvertenze possono vantare un altro primato: sono la prima grammatica italiana - tranne forse quella di Alberti, il cui titolo originale è dubbio, anche se gli argomenti di chi pensa che le si possa restituire il titolo Della lingua toscana sono buoni (cf. per esempio Colombo 1962: 182) - che specifica geograficamente la lingua di cui tratta 63 . Tutte le grammatiche precedenti infatti presentavano nel titolo 81 63 Il titolo è probabilmente di del Rosso (e non degli editori Gamucci e Cimello). Oltre all’indizio rappresentato da «correttamente scrivere», conviene anche sottolineare che tutte le traduzioni pubblicate da del Rosso portano nella pagina di titolo il sintagma «[tradotto] in lingua toscana», e questo sin dal 1543: 1. Opera di Andrea Fulvio delle antichità della città di Roma et delli edificii memorabili di quella, tradotta in lingua toscana per Paulo dal Rosso (In Vinegia: per Venturino Roffinello, 1543) 2. Le Vite de dodici Cesari di Gaio Suetonio Tranquillo. Tradotte in lingua toscana per m. Paolo Del Rosso cittadino fiorentino (Stampato in Roma: per Antonio Blado Asulano, ad istanza, et a spese di m. Francesco Priscianese fiorentino, 1544) 3. Gaio Cecilio, cognominato poi Plinio secondo il piu giouane . . . De gli huomini valorosi et illustri, tradotto di latino in lingua toscana, da Messere Paulo del Rosso, cittadino Fiorentino (In Vinegia: appresso Gabriel Giolito de Ferrari, 1546) 4. Statuti della religione de Caualieri Gierosolimitani tradotti di latino in lingua toscana dal r. f. Paolo del Rosso caualier’ di detto ordine. Aggiuntoui un breue raccolto dell’origine e fatti d’essa religione. Con la descrizione dell’isola di Malta (In Fiorenza: per li Giunti, 1567). L’uso di «in lingua toscana» è tanto più significativo che si oppone spesso a «di latino», in un contesto dove molti, ancora in quegli anni, userebbero «in lingua volgare». Sorge quindi il dubbio che volgare sia stato aggiunto dopo nel titolo della grammatica, forse da Cimello. Laurent Vallance il sintagma «lingua volgare» o «volgar lingua» (a cominciare dalle due opere fondamentali di Fortunio e Bembo), anche se quasi tutti gli autori - all’eccezione di Trissino, che tiene all’aggettivo «italiana», del trissiniano Carlino che parla di «tersa volgar lingua» e di Delminio - la ritenevano in fondo toscana e così la chiamavano spesso nel testo delle loro opere 64 . Per quanto accanito infatti fosse il dibattito sul tipo di lingua letteraria e sul nome da darle, dal pordenonese Fortunio nel 1516, a cui per primo venne rimproverato di voler «dimostrare altrui» «le regole dagli auttori toschi usate» e «dar norme della tosca lingua» pur essendo «di loquela alla tosca poco somigliante» 65 all’emiliano Acarisio (Vocabolario, grammatica e ortografia della lingua volgare, 1543) che censura «le voci terminanti in eno usate dal Petr.» perché «non sono thoscane» (13), passando dal veneziano Bembo, che nelle Prose della volgar lingua affida l’esposizione di quanto «a parlar toscanamente fa mestiero» al cardinale Giuliano dei Medici, molti assimilano, in modo più o meno sistematico e cosciente, la lingua volgare alla lingua toscana. Ora questo volgare che aleggiava sull’Italia in uno spazio indeterminato, del Rosso lo riporta a terra; questa lingua astratta e sciolta da ogni ancoraggio preciso, l’iscrive, definitivamente, in un territorio reale e la restituisce a locutori concreti. Non sarà certo un caso che il primo a dichiarare nel titolo di una grammatica volgare che scrive regole della lingua toscana sia appunto un Toscano (si tratti di Alberti o di del Rosso). Quanto si è fatto aspettare tale sintagma: «lingua volgare toscana»! Ci sono voluti quasi trent’anni per passare dalle Regole grammaticali della volgar lingua di Fortunio alle Regole osservanze, et avvertenze sopra lo scrivere correttamente la lingua volgare Toscana di del Rosso, perché si precisasse nel titolo di una grammatica l’origine geografica o la componente geografica maggiore della lingua volgare di cui si trattava, quella lingua oggetto di tante attenzioni e al centro di tanti dibattiti. E appena apparsa la locuzione scompare: se non sbaglio infatti è la prima e l’ultima volta che un epiteto geografico è giunto a «volgare», finora usato da solo 82 64 Le sole eccezioni anteriori (in cui compare «toscano» nel titolo di un opera linguistica) sono due libri che trattano di ortografia e fonetica: Il discacciamento de le nuove lettere inutilmente aggiunte ne la lingua toscana (Roma, 1524) di Angelo Firenzuola, risposta polemica immediata all’epistola de le lettere nuwvamente aggiunte nella lingua italiana di Trissino, pubblicata poco prima nella stessa città, dove «toscana» mira innanzitutto a controbattere «italiana»; e d’altra parte il Trattato de’ diphtongi toscani (Venezia, 1539) del toscano Norchiati (canonico di San Lorenzo, nominato nel 1540 all’Accademia degli Umidi insieme a Bartoli e Giambullari e morto l’anno successivo), dove la precisione è richiesta dalla natura del soggetto - oltre al sopraccitato Cesano della lingua toscana di Tolomei (stampato soltanto nel 1555). 65 Ecco quanto dichiara nella prefazione alla sua grammatica: «Altri poi . . . dicono che, come che altro che ben non sia le regole dagli auttori toschi usate intendere, et quelle intese, dimostrare altrui, a me, come ad huomo di professione molto diversa, & di loquela alla tosca poco somigliante, meno che di fare ogni altra cosa richiedersi, perche, volendo io dar norme della tosca lingua, tutto che vere nelli miei scritti le porgesse, con maniera di parlare da quella degli auttori diversa porgendole, & in quello ch’io volesse altrui insegnare errando, opera ne a me lodevole, ne ad alcun altro dilettevole potrebbe riuscire» (Agli studiosi della regolata volgar lingua, a2v). Uh che bel caso! Il grammatico dimezzato quasi esclusivamente, e che cade poi lentamente in disuso. «Volgare» serviva da decenni, a torto o a ragione, di sostituto generico a «toscana», termine più preciso che lo implica: è logico che non possano coesistere e che il secondo finisca col subentrare al primo. Già nell’introduzione d’altronde del Rosso preferisce «lingua toscana», che pone sullo stesso piano di «lingua latina»: «Volendo con facilità, à chi non hà al meno i princípij della Grammatica, ciò è dell’Arte de’l bene, e rettamente scrivere; ò la Latina, ò la Toscana lingua, anchora chiamata volgare, dimostrare . . . » (A3). Si è tentati di leggere anchora come un avverbio di tempo piuttosto che come sinonimo di anche. Tale appellazione «lingua Toscana», che torna a p. D3v («Dico che proprietà della lingua Toscana è l’havere dell’agiato e del riposato») risalta tanto meglio in quanto Gamucci, nella dedica, utilizza due volte «lingua volgare» («un libro de brevissime regole della lingua volgare», «traducendo Messer Paulo del Rosso alchune opere latine in lingua volgare»). Il parlare semplice e tradizionale del non addetto si oppone nettamente al rigore del grammatico 66 . Conviene osservare infine che, in due occasioni, per designare la lingua toscana, del Rosso dice «la lingua» tout court: «Ne paia questo avvertimento impertinente massimamente à chi è della lingua» (B2v) e «tuttavia per essere odiosa e ridicula tal pronuntia à tutti i Forestieri della lingua & anchora à quei Toscani e Fiorentini specialmente che fuori de’l paese loro hanno praticato, li conforto assai à guardarsene . . . » (B3v). Lasciando perdere «volgare» che non ha più ragione di essere, del Rosso arriva logicamente a questa locuzione, che si è mantenuta fino ai giorni nostri per distinguere la lingua letteraria dal dialetto (le commedie «in lingua» di Goldoni di fronte a quelle in veneziano). L’espressione generica «la lingua volgare» usata all’inizio del Cinquecento per indicare la lingua letteraria italiana in opposizione al latino cede allora il passo a «la lingua» per contrapporla ai suoi dialetti. 16. Giambullari: l’attenzione maggiore nella codificazione alla lingua parlata Se riassumiamo ora quanto analizzato e confrontiamo sulla scorta dello studio di Manni le quattro principali grammatiche toscane del Rinascimento, quelle di Alberti, di del Rosso, di Giambullari e di Florio, come presentato nel quadro sinottico qui sotto, si osserva che è Giambullari a citare o codificare il maggior numero di forme dell’uso contemporaneo (27, vale a dire la metà dei tratti considerati nel- 83 66 Anche se si trova una volta «volgare» senza ulteriore precisazione: «Habbiamo anchora noi altri volgari alchune particelle, le quali naturalmente à tutti li nomi si prepongono . . . » (B2) e «nella volgar lingua» (D3v) dove ci si aspetterebbe come prima «nella nostra lingua volgare» (A3), dove «nostra» equivale logicamente a «toscana» sotto la penna di del Rosso (che parla dell’apertura delle vocali toscane). Da notare che, più avanti, del Rosso distingue i «Toscani» dagli «altri Italiani»: «quantunque ne Toscani, ne altri Italiani parlando questa lingua la profferischino [i. e. la h]» (B4). Laurent Vallance la tabella, contro 17 a del Rosso, 16 a Alberti e Florio), ma il confronto delle cifre lorde è ingannevole. Per una valutazione più fine conviene ponderarle, tenendo conto di più criteri, a cominciare dal volume rispettivo delle grammatiche (soltanto quella di Florio è paragonabile ai primi due libri di Giambullari, le altre due essendo molto più corte), e dal loro contenuto (nell’opera di del Rosso, come si è visto, la parte riservata alla morfologia è molto ridotta, a favore di considerazioni sulle lettere, l’ortografia e la punteggiatura; più breve, l’opuscolo di Alberti tratta comunque delle parti del discorso in modo più sistematico e particolareggiato, il che lo avvicina alle due grammatiche più sviluppate). Il carattere relativamente ellittico delle Regole osservanze, e avvertenze spiega perché sono queste a presentare il maggior numero di punti interrogativi per quanto riguarda le prescrizioni teoriche (specie nel campo delle coniugazioni: mancano il verbo essere e le tre coniugazioni regolari). È spesso impossibile determinare quale sia la posizione di del Rosso e queste incertezze, anche presenti, in misura minore, negli altri autori, falsano il paragone. Per attenuare le distorsioni dovute alle dimensioni disuguali delle grammatiche e ridurre l’errore derivante dal loro diverso taglio, dalla loro copertura differente del campo grammaticale, si possono neutralizzare i punti dubbi, e, invece di paragonare quanti tratti sono codificati nell’assoluto o rispetto al totale, guardare per ogni singola grammatica la proporzione di tratti codificati in rapporto al numero di tratti non codificati. Si ottiene così un’immagine più fedele dell’adesione di ogni autore alla lingua del suo tempo. Calcolati alla stregua dei segni -, i + sono molto minoritari in Alberti e Florio (16 contro 30 o 31), quasi equilibrati in del Rosso (17 contro 21) e maggioritari in Giambullari (27 contro 23). Con questa correzione, le cifre confermano la grande attenzione prestata da Giambullari nella sua codificazione alle forme dell’«uso moderno», non solo del verbo (domani, i numerali diciassette e diciannove, mila), soprattutto nei confronti di Florio. Anche la grammatichetta d’Alberti che si suole definire un po’ meccanicamente, come una grammatica dell’uso, esce alquanto ridimensionata dal raffronto. Se ora ci si focalizza non più sulla codificazione ma sull’uso personale dei quattro autori, quale emerge dall’analisi del testo delle loro grammatiche, il quadro cambia del tutto. Giambullari è ben lungi infatti dall’usare tutte le forme che cita o raccomanda, e viene sorpassato non solo da del Rosso ma anche da Florio (17, 29 e 18 rispettivamente). Questi due attestano nella loro scrittura più tratti che nella presentazione teorica (29 contro 17 e 18 contro 16), mentre in Alberti e Giambullari, si registra, al contrario, un forte calo, di un quinto o di due (da 16 a 13 e da 27 a 17). Giambullari in realtà non illustra nella sua scrittura più tratti di quanti ne presenta del Rosso (17), e del Rosso, al contrario, ne illustra più di quanto ne raccomanda Giambullari (29 contro 27): un capovolgimento significativo. 84 Uh che bel caso! Il grammatico dimezzato 17. Del Rosso: il maggiore spazio dedicato nel testo alla lingua parlata Per esporre le sue regole, del Rosso usa una lingua che non è libresca o letteraria ma caratterizzata, invece, da una quantità di tratti del parlare toscano contemporaneo (la lingua di Giambullari applica in maniera meno conseguente le regole enunciate). Quel che distingue la sua grammatica da quelle di Alberti o di Giambullari, e dunque da tutte le altre, e la rende originale e unica nella produzione grammaticale del Rinascimento italiano, è il modo in cui rispecchia l’uso linguistico contemporaneo. Diciamo che idealmente una grammatica (non storica) dovrebbe soddisfare a due esigenze: trattare la lingua standard contemporanea ed essere redatta anche in detta lingua in modo che coincidano lingua di esposizione e lingua descritta. Nel Rinascimento siamo ancora ben lungi da una tale configurazione. Bembo cerca di scrivere le Prose della volgar lingua alla maniera di Boccaccio, di cui propone la lingua a modello, ma l’inconveniente è che detta lingua non è più quella della Toscana del primo Cinquecento; Giambullari prova a raccomandare la lingua che si usa a Firenze nel primo Cinquecento tenendo però sempre d’occhio quella dei maestri del Trecento, a cui si ispira. Del Rosso invece lascia del tutto perdere i modelli letterari del passato: non solo la lingua che usa coincide con quella che raccomanda ma questa lingua si avvicina alla lingua del tempo come in nessun’altra grammatica coeva. Tutto sommato, se si combinano punti di vista teorico e pratico, le Regole osservanze, e avvertenze si riferiscono di più alla lingua parlata che non le grammatiche di Alberti o di Giambullari, e meritano quindi a buon diritto il titolo di prima grammatica dell’uso toscano vivo, fermo restando che la grammatica di Giambullari è più completa, di struttura più leggibile e d’impianto forse più moderno dell’opuscolo atipico di del Rosso. Da un punto di vista strettamente grammaticale, le Regole di Giambullari, che si possono fregiare di trattare ampiamente la sintassi, risultano più pregevoli di quelle di del Rosso. 18. Giambullari e del Rosso: due grammatici opposti Se ci si avventura fuori dal campo grammaticale per fare un excursus nella biografia e nell’impegno politico dei due autori, forse si capisce meglio l’orientamento diverso delle loro grammatiche. Giambullari ha trascorso l’intera vita nella città natia, fedelissimo ai Medici, al servizio dei quali era entrato da giovane (già a sedici anni): membro influente dell’Accademia fiorentina (fondata dal duca Cosimo nel 1541), la quale si dimostrava incapace di raggiungere l’obiettivo che si era prefisso - redigere e pubblicare una grammatica toscana di riferimento -, decise di stenderne una a titolo personale, e la regalò a Francesco, figlio maggiore del duca, probabilmente per il suo settimo compleanno nel 1548. Concepite per le autorità fiorentine in seno all’accademia ducale da un letterato fine, franco-tiratore e opportunista, le Regole della lingua fiorentina sono una grammatica da élite, la 85 Laurent Vallance grammatica ufficiosa del regime. In questa prospettiva, la lingua del popolo di Firenze, le cui simpatie politiche erano dubbie, non offriva una base linguistica appropriata; ci voleva un modello più alto. Giambullari perciò, qualunque fossero i propri gusti, non volle (o non osò) accontentarsi dell’«uso moderno» dei concittadini, e giudicò più opportuno assumere quali locutori di riferimento gli auctores, quelle vecchie glorie nazionali su cui si era fondata la cultura letteraria ufficiale del ducato, ampiamente citate. Ecco d’altronde quanto dichiara nella sua dedica A lo illustrissimo et Eccellentissimo Principe, il Signor Don Francesco de’ Medici, Primogenito del Signor Duca di Firenze, Signor Suo Osservandissimo (a-b): il disio nondimeno ardentissimo di giovare in quel ch’io poteva; se non a’ nostri medesimi, che di me non hanno bisogno; a’ forestieri almanco, ed a’ giovanetti che bramano di saper regolatamente parlare et scrivere, questa dolcissima lingua nostra, tanto onorata et pregiata, non solamente in Italia tutta; ma in tutte le regali et prime corti della Europa; mi ha stimolato ed acceso l’animo in così fatta maniera, che posto da parte qualsivoglia rispetto, mi sono assicurato pur finalmente a mettere insieme, sotto nome et forma di Regole, quanto io ho saputo ritrarre de’l vero uso degli antichi buoni scrittori, et de’ miglior moderni che abbiamo. Giambullari cioè non si è comportato molto diversamente da Fortunio 67 . Donde risulta nelle Regole di Giambullari questa strana mescolanza di lingua parlata e di lingua d’arte, d’Alberti temperato con Bembo, per così dire, che si ritrova poi solo in Salviati, l’altro grammatico toscano «di regime» del Rinascimento 68 . Del Rosso invece è un ribelle, che aveva dovuto lasciare Firenze precocemente per via delle sue convinzioni repubblicane e per sfuggire alla repressione della dinastia medicea. Redige la sua grammatica in esilio a Napoli all’inizio degli anni 1540. Dante è stato anch’egli bandito per motivi politici, Bocaccio è vissuto anch’egli a Napoli: queste coincidenze biografiche forse possono suscitare la simpatia di del Rosso, ma non bastano certo per erigere a modello linguistico questi famosi predecessori, emblematici, sì, di un’epoca in cui Firenze era ordinata a Repubblica, ma diventati nel frattempo autori ufficiali del ducato (la Commedia 86 67 Che nella prefazione così racconta la genesi delle sue Regole grammaticali della volgar lingua, prima grammatica italiana a stampa (settembre 1516): «Soleva io nella mia verde etade, . . . quanto di otioso tempo dallo essercitio mio delle civili leggi mi venia concesso, tanto nella lettura delle volgari cose di Dante, del Pet. e del Boccaccio dilettevolmente ispendere. & scernendo tra’ scritti loro li lumi dell’arte poetica, et oratoria non meno spessi che a noi nella serena notte si mostrino le stelle, & non con minor luce che in qualunque più lodato auttore latino, risplendere: non mi potea venir pensato che sanza alcuna regola di grammaticali parole la volgar lingua così armonizzatamente trattassono . . . & con più cura alquanto, rileggendoli; & il mio aviso non vano ritrovando, per ammaestramento di me medesimo, quelli finimenti di voci che a ffare o generali regole, overo con poche eccettioni, mi paressono convenevoli, cominciai a raccogl i ere» (a2). 68 Nota lucidamente Bonomi (1986: xl): «Il riferimento agli autori pervade tutta l’opera: l’esemplificazione letteraria, alternata a quella tratta dalla lingua dell’uso, è massiccia, esclusiva in alcune parti e contrariamente alla dichiarazione dell’autore, . . . limitata ai tre grandi del ’300, se si eccettuano alcune sporadiche citazioni da altri autori fiorentini». Uh che bel caso! Il grammatico dimezzato viene letta e commentata pubblicamente, il Decameron è un bene nazionale maneggiabile e rimaneggiabile a piacere, come dimostra la commissione Salviati vent’anni più tardi). Alla lingua scritta una volta dagli auctores ben visti dalle autorità, del Rosso preferisce la lingua parlata dai Toscani della sua giovinezza, dal popolo analfabeta che non parla «tout comme un livre», perché non ha imparato a parlare leggendo, ma parlando; alla lingua dell’élite e del potere ducale, preferisce la lingua di tutti, la lingua comune degli anonimi; la lingua che ha nell’orecchio, ed è (con i ricordi) quanto sempre rimane all’esule, il legame più forte e intimo che lo ricollega al paese natìo; la lingua materna, che sola permette, finché la si parla (seppure in una rapida rassegna in vista di una grammatica), di sormontare l’esilio. 19. Un’adesione limitata alla lingua contemporanea Si sa che la lingua volgare di cui i primi grammatici italiani stabiliscono le regole, non è tanto la lingua parlata in Toscana dal popolo - variabile da un’area regionale all’altra - quanto la lingua scritta dagli autori toscani, più o meno antichi - il cui vantaggio è di offrire, se non una più grande omogeneità, almeno una base più solida per definire una norma nazionale applicabile da tutti gli scrittori italiani. Questo vale anche per i grammatici toscani, compreso del Rosso o Giambullari. Prova ne sia che questi non rendono conto di molte evoluzioni importanti subite dalla lingua toscana tra l’epoca delle Tre Corone e il momento in cui stesero la loro grammatica. Parecchi tratti linguistici che secondo Manni si sono affermati a Firenze tra la fine del Trecento e l’inizio del Cinquecento, e che si possono considerare caratteristici del toscano rinascimentale non sono attestati in nessuna delle grammatiche toscane elencate all’inizio di questo articolo, nemmeno da quegli autori più sensibili alla lingua parlata contemporanea. Non si tratta solo di fenomeni minori o puntuali, quali il passaggio da / l/ a / w/ (autro per altro: 2) e il suo dileguo in ultimo ( utimo: 42); il rafforzamento di / w/ in / vw/ all’initiale (uomo vuomo, uovo vuovo: 5); la sincope di -iintertonico tra -te -s- (vent(i)sei venzei, Orzanmichele: 15); la metatesi (con passaggio di / d. . .tr/ a / dr. . .t/ ) in dentro ( drento: 36) o dietro ( drieto: 37); la dissimilazione parziale in iersera ( iarsera: 39) o in venerdì ( venardì: 43); la prima persona plurale in -no e non in -mo (laviano per laviamo, lavereno per laveremo, lavavano per lavavamo: 31); la duplicazione della preposizione in (in nel per nel: 40) 69 ; l’epitesi 87 69 In un passo alquanto confuso, del Rosso non attesta il fenomeno ma l’analisi erronea che ne sta all’origine (siccome la preposizione non è più riconosciuta nella forma articolata, cioè contratta con l’articolo, la si ripete separatamente). È uno dei suoi argomenti contro le scritture univerbate dallo, dello, nello, allo . . .: «et percioche in tal modo s’usa e sempre si dice . . . lo honesto, & qualunque nome di questa sorte ricerca innanzi à se detto Articolo, de‘l quale si priva congiungendolo à da facendone una sola voce adherenza di nome ò vero di parola la quale dica dallo» (Ev). Laurent Vallance di -n o -r in su davanti a un (Sun e sur invece di su nei sintagmi in sun un, in sur un: 41) Contrariamente alle tendenze osservate da Manni, si constata il mantenimento del dittongo mobile dopo i nessi {consonante occlusiva + r} [1] in Giambullari e specie in Florio. Il plurale dei nomi (e aggettivi) femminili in -e è sempre in -i (e non in -e: 7), e questo presso i quattro autori studiati più da vicino nella tabella qui sotto (censurata da Fortunio (1-v): dimenticata da Bembo (III, 5), tale variante è menzionata da Trissino (§15): «e questw è propriw fiwrentinw»). I possessivi sono dappertutto conformi all’uso moderno e non si trova né mie, tuo, suo invariabili (anche se Alberti §98 nota la toscanità di «mie pro mio e mia»), né mia, tua, sua al plurale per ambedue i generi [11]. Non c’è neanche traccia del tipo glielo con accusativo variabile in luogo di gliele invariabile [9]. Tranne un esempio isolato in del Rosso (sodisfaria, B3), il condizionale è sempre in -ei, -esti, -ebbe . . . mai in -ia [28] Altri tratti si trovano solo presso uno o due autori. Ad esempio gli articoli maschili el e e per il e i [8] sono attestati soltanto nella grammatichetta d’Alberti §25, che è l’unica a prescrivere desinenze con -mscempia (invece di -mm-) alla prima persona plurale sia del passato remoto (tipo lavamo per lavammo) (§48, §60, §70, con un solo esempio nel testo, dicemo: §75) che del condizionale presente (§58, §65) - vi è però un esempio isolato al passato remoto in del Rosso: mostramo (E2). La desinenza -eno per -ono alla terza persona plurale dell’indicativo presente dei verbi in -ere è ammessa solo da del Rosso (C3v), che è pure l’unico a raccomandare e ad utilizzare, nel congiuntivo imperfetto, le forme in -ino anziché in -ero (essi avessino: 30), mentre Giambullari le cita senza usarle - le Regole osservanze, e avvertenze offrono due esempi di ogni fenomeno: vedeno (A3), esprimeno (B2) e congiungessino, qualificassino (B2). Solo del Rosso segnala il plurale in -gli (invece di -li: 6) dei nomi maschili in -lo (li cervegli, C3v) o attesta la dentalizzazione di / skj/ (schiene stiene, maschio mastio: 3): stiavo per schiavo (C2v). La riduzione del nesso / kw/ a / k/ (dunche per dunque: 10) è praticata solo da Giambullari, in maniera sistematica - in Alberti, che scrive adonque e qualunque, la si legge in negativo nelle quattro occorrenze [§11, §12, §32, §38] della forma ipercorretta anque per anche. Giambullari è anche l’unico ad attestare il passaggio da / zj/ a / gj/ (o persino a / dj/ : giusto ghiusto, suggetto sugghietto, ghiaccio diaccio: 4) in agghiettivo (14), a citare (tutte a pagina 150) le forme moderne domani (impiegata a p. 46) e stamani (per domane e stamane: 35), diciassette e diciannove (per dicissette et dicennove: 13) e mila (per milia: 14) (ma, se non sbaglio, questi numerali sono del tutto assenti dalle altre grammatiche, sicché non è detto che Alberti, del Rosso o Florio preferissero le forme antiche). La base messal passato remoto di mettere per analogia con il participio passato messo (messo missinvece di mis-: 17, di origine occidentale (Manni 2003: 44)) si registra solo in Florio - promessi (2), si messe (14) -, che è anche l’unico, d’altra parte, a utilizzare più volte la forma di pronome personale soggetto femminile la, così tipicamente fiorentina, pendant del maschile ei / e / gli: «parmi cosa ragionevole primamente dirvi donde nasca che l’è cosi stimata [= la nostra lingua thosca- 88 Uh che bel caso! Il grammatico dimezzato na]» (4), «E quando l’ha [= la preposizione di] tale sentimento sempremai serve al caso Ablativo» (15v). Ammessa teoricamente da Alberti e Florio, ma non da Giambullari, la forma sete per siete alla seconda persona plurale dell’indicativo presente di essere è usata una sola volta da Florio (50v) in concorrenza con l’altra (3). Riconosciuta in sede teorica da del Rosso e Florio (che però non l’usa mai), la terza persona plurale dell’indicativo imperfetto in -ono anziché -ano (lavavono per lavavano: 24) è impiegata, pure un’unica volta da del Rosso. Segnalate solo da Giambullari e Florio, le forme di terza persona plurale del passato remoto in -or(o)no invece di -arono sono presenti a livello di tracce: due esempi in Alberti, uno in Florio, nessuno in del Rosso né in Giambullari. Certe forme sono menzionate in teoria ma non vengono usate: Florio cita anco (107) e fuora (115) ma usa esclusivamente anche e fuori. Quel che colpisce è la grande eterogeneità linguistica tra autori, tutti (salvo Alberti) nati a Firenze nel giro di pochi anni al volgere del Cinquecento: un fenomeno menzionato o una forma usata in una grammatica sono del tutto ignorati in un’altra che invece prescrive o attesta altri tratti. Questo ci mostra anche come bisogna essere cauti quando si pretende definire la lingua di una data regione a una determinata epoca, per esempio il toscano quattrocentesco: sommare i tratti registrati in tutti gli scrittori toscani del tempo ci permette di individuare la diversità della lingua e l’estensione dell’uso, che comporta sempre comunque una notevole componente individuale. Ogni locutore dispone solo di una parte, più o meno importante, della propria lingua, nella quale opera una selezione più o meno cosciente o attiva. 20. Grammatiche dell’uso, ma di un uso scelto È più rapido fare l’inventario dei tratti presenti in almeno tre autori (sui quattro studiati). Oltre alla base ardi avere nell’indicativo futuro e nel condizionale presente (arò, arei per avrò, avrei: 18), le forme dia, stia per dea, stea al congiuntivo presente di dare e stare [19], l’estensione analogica della base in -rrnell’indicativo futuro (e nel condizionale) (troverrai per troverai . . .), la forma e’ quale pronome personale soggetto maschile e neutro, che si trovano più o meno nell’uso dei quattro autori, eccoli per ordine decrescente di frequenza: - la base di essere in -u- (e non in -o-) all’indicativo passato remoto e al congiuntivo imperfetto (fussi per fossi, fusti per fosti: 20); - le forme vo per vado e fo per faccio alla prima persona singolare dell’indicativo presente di andare e fare; - la terza persona plurale del congiuntivo presente dei verbi in -ere e -ire in -ino (invece di -ano) (abbino, voglino, finischino e anche vadino invece di abbiano, vogliano, finiscano, vadano: 29) (ma se alla seconda persona singolare, la desinenza usuale è -i non -ia, alla terza è -ia); 89 Laurent Vallance - la terza persona plurale dell’indicativo passato remoto dei verbi in -are in -orono e -orno (accanto a -arono) (lavorono, lavorno per lavarono: 26); - la prima persona singolare dell’imperfetto indicativo in -o (accanto a -a) (io lavavo per io lavava: 23); - la seconda persona plurale dell’indicativo passato remoto, del congiuntivo imperfetto e del condizionale modellata sulla seconda persona singolare (voi lavasti, che voi lavassi, voi laveresti: 32) (prescritta da Alberti, del Rosso e Giambullari, è attestata nella scrittura soprattutto nel congiuntivo imperfetto); - la terza persona plurale dell’indicativo presente dei verbi in -ere in -ano (accanto a -ono) (vedano per vedono: 22); - la terza persona plurale dell’indicativo presente dei verbi in -are in -ono (accanto a -ano) (lavono per lavano: 21); Complessivamente si tratta solo di una dozzina di tratti sulla cinquantina considerata, tra quelli enumerati da Manni e altri. Conclusione L’analisi della lingua codificata e usata nelle Regole osservanze, e avvertenze corrobora la tesi sostenuta all’inizio, dimostrando che il testo porta chiaramente la firma del fiorentino del Rosso. Se proprio le origini oscure dell’opera, la sua nascita illegittima, sono il motivo principale perché essa è stata a lungo ignorata (e quasi disprezzata) dagli studiosi, ricuperando l’«autorità» di del Rosso si viene così a ripristinare la dignità di questa grammatica importante. Per quanto limitata sia l’adesione dei grammatici italiani del Rinascimento alla lingua contemporanea, questo studio poi conferma che bisogna fare un discorso a parte per i toscani. Bonomi e Patota rispettivamente avevano dimostrato che Giambullari e Alberti proponevano nelle loro grammatiche una lingua più vicina all’uso di quella, spiccatamente letteraria e talvolta arcaizzante, propugnata dai loro colleghi. Il caso del Fiorentino del Rosso ne è la riprova. Mentre per gli scrittori originari delle altre regioni d’Italia il volgare letterario, imparato nei libri, è una lingua decisamente libresca e straniera, per i Toscani si tratta di una lingua più vicina a quella che parlano e sentita come delle loro parti. È quindi più facile per questi conciliare uso passato e contemporaneo (giustapponendo diacronicamente più forme), oppure selezionare nella letteratura i tratti linguistici meno invecchiati o rimasti vivi, in altri termini di mettere in rilievo, nella loro presentazione, o persino nella loro codificazione del toscano quei punti in cui lingua parlata e scritta coincidevano e di realizzare un compromesso. Comunque stiano le cose, fatto sta che Alberti, del Rosso e Giambullari, tutti e tre toscani, sono i tre grammatici che hanno presentato nella loro grammatica, la lingua meno letteraria e arcaica di tutti. Non sarà certo un caso. Nancy Laurent Vallance 90 Uh che bel caso! Il grammatico dimezzato Appendice: Paragone dei tratti della lingua parlata contemporanea in quattro grammatiche toscane. Autore, Alberti del Rosso Giambullari Florio Grammatica Grammati- Regole Regole d. Regole d. chetta osservanze . . . lingua lingua fiorentina thoscana data (ca. 1440) (1545) (1552) (1553) tratti t u t u t u t u base di avere in arindic. futuro + + + + + + + + condizionale + ? + + + + - + presente sete per siete + ? ? ? - - + + pl. 2 indic. presente di essere base di essere in -u (e non -o) indic. p. rem. congiuntivo + + ? ? + + + + imperfetto + + ? + + + - 1 suto participio - - ? - (+) - + - p. di essere eramo pl. 1 indic. - - ? ? + ? - ? imperfetto di essere vo per vado, fo + ? ? + ? + + + per faccio . . . messi per misi ? ? ? ? ? ? ? + dia, stia per dea, stea + + ? + ? + ? + (congiuntivo presente) desinenza regolare -a/ -e/ -i-mo (oltre a quella in -iamo) pl. 1 dell’indicativo - - ? + ? 1 1 - - + + - - - presente desinenza -eno ? - + + - - - - per -ono pl. 3 dell’indicativo presente nei verbi in -ere 91 Autore, Alberti del Rosso Giambullari Florio Grammatica Grammati- Regole Regole d. Regole d. chetta osservanze . . . lingua lingua fiorentina thoscana data (ca. 1440) (1545) (1552) (1553) tratti t u t u t u t u Laurent Vallance desinenza -ano - - - + - - (+) + per -ono pl. 3 dell’indicativo presente nei verbi in -ere desinenza -ono per -ano pl. 3 dei verbi in -are nell’indicativo presente - - - + - - + (+) e imperfetto - - - 1 - - + - desinenza -o + - + ? + - (-) + (oltre a -a) sg. 1 indic. imperfetto° fine con -mscempia pl. 1 indic. passato + + - + - - - - remoto pl. 1 condizionale + ? - - - - - - presente desinenza pl. 2 calcata su sg. 2 indic. imp.° - / + ? / + +/ + ? / ? +/ (+) - - ? / 1 e p. remoto* congiuntivo + ? + + (+) - - 1 imperfetto* condizionale + ? + - - - - ? presente* fine -orono per - + ? + + - + + -arono* (e (e pl. 3 dell’indicativo -orno) -orno) -orno p. remoto nei verbi in -are desinenza -no per -ro pl. 3 nell’indicativo - 1 + - (+) - (+) - p. remoto pl. 3 congiuntivo - - + (+) + + - - imperfetto* pl. 3 condizionale - - + + + + - - presente 92 Autore, Alberti del Rosso Giambullari Florio Grammatica Grammati- Regole Regole d. Regole d. chetta osservanze . . . lingua lingua fiorentina thoscana data (ca. 1440) (1545) (1552) (1553) tratti t u t u t u t u Uh che bel caso! Il grammatico dimezzato desinenza -i(no) per -a(no)* sg. (pl.) 3 cong. -/ 1 - - -/ + -/ + -/ + (+)/ + -/ + pres. nei verbi in -ere e -ire epitesi di una -e - - + + + - + (èe) - nelle forme ossitone, verbali o no generalizzazione - - + + - - - - della base arizotonica n. passato remoto base in -arnei verbi in -are indicativo futuro - - ? + - - - - condizionale - - ? - - - - - presente estensione della base in -rr-* indicativo futuro - (+) - (+) + (+) - (+) condizionale - ? - ? + -? - -? presente condizionale in -ia - - - 1 - - - - el, e per il, i + + - - - - - - (articolo masch.)* e’/ gli quale pron. + + + + + + + + s. m. e n. la quale pron. - - - 1 - - - + pers. s. fem. glielo, gliela . . . - - - - - - - - per gliele invar. riduzione del ? + ? + ? - ? - dittongo mobile (-oper -uò-; -eper -iè-) passaggio di / skj/ a - - (-) - - - - - / stj/ 93 Autore, Alberti del Rosso Giambullari Florio Grammatica Grammati- Regole Regole d. Regole d. chetta osservanze . . . lingua lingua fiorentina thoscana data (ca. 1440) (1545) (1552) (1553) tratti t u t u t u t u Laurent Vallance passaggio di / zj/ a / / - - - + - - / gj/ pl. in -e dei n. e agg. - - - - - - - - fem. in -e* plur. in -gli -li dei - - + - + - - - n. m. in -lo duoi al m. per due - - - + - (+) - - dua - 1 - 1 - - - - diciassette, dician- ? ? ? ? + ? ? ? nove per dicissette, dicennove mila per milia ? ? ? ? + ? ? ? -che per -que - [-] - - + + - - (dunche, dovunche . . .) anco per anche - - - + + - + - domani, stamani ? ? - - ? + - ? per domane, stamane fuora accanto a - ? + + + - + - fuori se per si (pron. - - - + - - - - rifless. atono) + / - (su 49) 16/ 50 13/ 25 17/ 21 29/ 16 27/ 23 17/ 31 16/ 31 18/ 28 Abbreviazioni agg.: aggettivi n.: nomi pron.: pronome fem.: femminile N: neutro rem.: remoto imp.: imperfetto p.: passato s./ sogg.: soggetto indic.: indicativo pers.: personale m./ masch.: maschile pl./ plur.: plurale 94 Uh che bel caso! Il grammatico dimezzato Per ogni grammatica si precisa se il tratto sia contemplato o meno in sede teorica (t: colonna di sinistra) e se sia attestato o no nella prassi scrittoria dell’autore (u: colonna di destra). +: il tratto considerato è espressamente prescritto o attestato. +: le forme che illustrano il tratto considerato precedono le altre. Per esempio, il + nella colonna del Rosso per il tratto «arò per avrò . . . / arei per avrei . . . (indicat. futuro/ condiz. presente di avere)» significa che, nella sua grammatica, queste forme sono indicate prima di altre: «Io harò, haverò, & havrò . . . » (B4v), «harai, ò vero haverai, & havrai tu» (C). (+): il tratto considerato è attestato nella scrittura, ma minoritario. 1: il tratto considerato è attestato un’unica volta. -: solo il tratto alternativo è prescritto o attestato. Per esempio, Alberti prescrive solo e usa sempre la desinenza -ono (e mai -ano) per la terza persona plurale dell’indicativo presente dei verbi in -ere. -: il tratto considerato è espressamente censurato. Per esempio Florio nota a proposito della prima persona plurale dell’indicativo presente: «È stato chi ha usato dire Amamo, Leggemo, Havemo. ma non son’ voci propriamente thoscane» (77v). (-): le forme corrispondenti, seppur menzionate, sono ritenute «meno toscane», «meno corrette» o «meno comuni» delle altre. Per esempio Florio nota a proposito della prima persona singolare dell’indicativo imperfetto: «La detta prima persona ancora si fa finire in o e dire Amavo, Compravo, etc. ma la prima è piu thoscana» (79). [-]: non è attestato il tratto considerato bensì forme ipercorrette che presentano il tratto contrario. Per esempio, Alberti scrive «adonque» e «qualunque» ma usa «anque» per «anche», che tradisce la tendenza diffusa nella lingua a ridurre / kw/ a / k/ . ? : la questione non è affatto trattata o non vi è nel testo un esempio utile per determinare la preferenza dell’autore. Per esempio, Alberti prescrive una desinenza di seconda persona plurale modellata sulla seconda del singolare all’indicativo passato remoto (t: +) ma non all’imperfetto (t: -) e se troviamo, infatti, esempi al passato remoto nella Grammatichetta (u: +), all’imperfetto invece non abbiamo nessun esempio di seconda persona plurale, ne di «voi avevi» ne di «voi avevate»: impossibile quindi sapere quale sia l’uso dell’autore (u: ? ). / : Il tratto non può essere presente essendosi affermato dopo la morte dell’autore. *I tratti contrassegnati da un asterisco sono ancora citati da Salviati, nel capitolo X del libro secondo del volume primo Degli Avvertimenti della lingua sopra ’l Decamerone (1584), come esempi delle «scorrezioni, se però tutte o parte scorrezioni son da dire», di cui «alcuni stranieri» «al nostro moderno popolo poco discretamente danno (il biasimo)»: «Ma perche ciò che noi diciamo molto rilieva a ribattere il biasimo che, dietro a questa parte, al nostro moderno popolo poco discretamente danno alcuni stranieri, delle predette scorrezioni, se però tutte o parte scorrezioni son da dire, alcuni esempli ci piace recare avanti e far conoscere a chi ha creduto il contrario che el per il, e buoni per i buoni, le fecero per elle fecero, sua parole e tua piedi per sue parole e tuoi piedi, gentile donne per gentili donne, partiano e troverreno per partiamo e troverremo, voi amavi per voi amavate, voi mostrasti e voi diresti per mostraste e direste, arrivorono e levorsi e do- 95 Laurent Vallance mandonno per arrivarono, levaronsi e domandarono, serà, che per sarà si dice in Toscana da certi popoli ma non dal nostro, io rimanesse per rimanessi, nel quale a’ nostri tempi, più che la plebe, incorrono i letterati, egli andassi per egli andasse, voi fossi per voi foste, facessino per facessono, io abbi o egli habbi e quei vadino in vece d’abbia e di vadano, indrieto per indietro, prieta per pietra, eziandio nel miglior secolo, non che nella favella, alcuna volta trascorsero nelle scritture» (Pozzi 1988: 831-32). A proposito di voi fossi per voi foste, Salviati aggiunge: «il quale abuso è oggi nella plebe cotanto universale che fa ridere i circustanti chi lo dice altramente» (ibid.). All’imperfetto indicativo l’uso della desinenza -o per -a alla prima persona e l’estensione della forma della seconda singolare alla seconda persona plurale è notato anche da Delminio, che consiglia tuttavia di seguire l’esempio degli antichi (cioè di attenersi a io amava e voi amavate): «A me pare che l’uso d’hoggi habbia ottenuto che la prima di questo preterito imperfetto termini in O, & dicesi amavo, & usasi oltra di questo di porre la seconda de’l singolare in luogo della seconda del plurale, cioè amavi, volendo significare, amavate. Io per me giudicarei ottimamente fatto il seguire in cio gli antichi massimamente il Petr. & il Bocc.» (134). Questo dimostra che anche grammatici non toscani erano al corrente delle tendenze della lingua contemporanea. Bibliografia Testi Acarisio, A. 1543: Grammatica, in: P. Trovato (ed.) 1988: Vocabolario, grammatica e ortografia della lingua volgare (ristampa anastatica di Vocabolario, grammatica, et orthographia de la lingua volgare d’Alberto Acharisio da Cento, con ispositioni di molti luoghi di Dante, del Petrarca, et del Boccaccio, Cento), Bologna Alberti, L. B. ca. 1440: Grammatichetta, in: G. Patota, G. (ed.) 1996: «Grammatichetta» e altri scritti sul volgare, Roma: 15-39 Bembo, P. 1525: Prose della volgar lingua, in: C. Vela 2001: L’«editio princeps» del 1525 riscontrata con l’autografo Vaticano latino 3210, Bologna 70 Citolini, A. 1540-1575: Scritti linguistici. A cura di C. di Felice, Pescara 2003 (Comprende Lettera in difesa de la lingua volgare, Venezia 1540 e Grammatica de la lingua italiana, ca. 1575: 383- 418 e 215-365) 71 Corso, R. 1549: Fondamenti del parlar thoscano, Venezia del Rosso, P. 1545: Regole osservanze, et avvertenze sopra lo scrivere correttamente la lingua volgare Toscana in prosa & in versi, Napoli Delminio, G. C. 1560: Grammatica, in: Il secondo tomo dell’opere di M. Giulio Camillo Delminio, cioè, la Topica ouero dell’Elocutione. Discorso sopra l’Idee di Hermogene. la Grammatica. Espositione sopra il primo & secondo sonetto del Petrarca, Venezia, 123-49 [edizione postuma, redazione anteriore al 1544] Florio, M. 1553: Regole della lingua thoscana, in: G. Pellegrini 1954: «Michelangelo Florio e le sue Regole della lingua thoscana», Studi di filologia italiana 12: 104-201 [i riferimenti sono alla paginazione del manoscritto] Fortunio, G. F. 1516: Regole grammaticali della volgar lingua. Riproduzione anastatica dell’edizione originale (Ancona, Bernardino Vercellese) a cura di C. Marazzini e S. Fornara, Pordenone 1999 Gaetano, T. 1539: La grammatica volgare trovata ne le opere di Dante, di Francesco petrarca, di Giovan boccaccio di Cin da pistoia di Guitton da rezzo, Napoli [edizione postuma, redazione anteriore al 1531] Giambullari, P. F. 1552: Regole della lingua fiorentina, ed. da I. Bonomi, Firenze 1986 [i riferimenti sono alla paginazione originale] 96 70 I riferimenti sono ai paragrafi del terzo libro salvo indicazione diversa. 71 I riferimenti sono alla paginazione originale. Uh che bel caso! Il grammatico dimezzato Priscianese, F. 1550: Della lingua romana libri sei, Vinegia, Bartolomeo Zanetti da Brescia, 1540 (nel mese d’Agosto). Seconda edizione: Della lingua latina libri sei, Vinegia, Erasmo di Vincenzo Valgrisi [le citazioni sono tratte da Vignali 1980] Priscianese, F. s. d.: De Romanis fastigiis et linguæ tuscæ vel de pronuntiatione, Biblioteca Palatina di Parma, ms. Parm. 2331 [le citazioni sono tratte da Vignali 1980] Salviati, L. ca. 1576: Regole della toscana favella. Ed. critica a cura di A. Antonini Renieri, Firenze 1991 Salviati, L. 1584: Degli avvertimenti della lingua sopra ’l Decamerone, Venezia, in: M. Pozzi (ed.) 1988: Discussioni linguistiche del Cinquecento, Torino: 791-896 Trissino, G. G. 1524-1529: Scritti linguistici. A cura di A. Castelvecchi, Roma 1986 (Comprende l’epistola de le lettere nuwvamente aggiunte nella lingua italiana, il Dialwgw del Trissinw intitulatw il Castellanw, nel quale si tratta de la lingua italiana, I dubbii grammaticali, La grammatichetta) Studi Bonomi, I. 1978: «A proposito di alcune forme verbali nella grammatica di Pier Francesco Giambullari», Studi di grammatica italiana 7: 375-97 Bonomi, I. (ed.) 1986: «Introduzione», in: P. F. Giambullari, Regole della lingua fiorentina, Firenze Bonomi, I. 1998: «Giambullari», in: B. Colombat/ E. Lazcano (ed.): Corpus représentatif des grammaires et des traditions linguistiques, vol. 1, Paris: 339 Colombo, C. 1962: «Leon Battista Alberti e la prima grammatica italiana», Studi linguistici italiani 3: 176-87 Di Felice, C. 2003: «Introduzione», in: A. Citolini, Scritti linguistici, Pescara: 7-213 Fiorelli, P. 1956: «Pierfrancesco Giambullari e la riforma dell’alfabeto», Studi di filologia italiana 14: 177-210 Grayson, C. (ed.) 1964: La prima grammatica della lingua volgare. La grammatichetta vaticana, Cod. Vat. Reg. Lat. 1370, Bologna Grayson, C. (ed.) 1973: L. B. Alberti, Opere volgari, vol. 3: Trattati d’arte; Ludi rerum mathematicarum; Grammatica della lingua toscana; Opuscoli amatori; Lettere, Bari Kukenheim, L. 1932: «Table chronologique des grammaires italiennes (y compris quelques autres ouvrages italiens qui concernent la langue)», in: id., Contributions à l’histoire de la grammaire italienne, espagnole et française à l’époque de la Renaissance, Amsterdam: 219-23 Manni, P. 1979: «Ricerche sui tratti fonetici e morfologici del fiorentino quattrocentesco», Studi di grammatica italiana 8: 115-71 Manni, P. 2003: «Profilo fonomorfologico delle varietà toscane», in: id., Il Trecento toscano. La lingua di Dante, Petrarca e Boccacio. Bologna: 41-55 Migliorini, B. 1948: «Storia della lingua italiana», Tecnica e teoria letteraria, Milano Migliorini, B. 1994: Storia della lingua italiana (1960), Milano Patota, G. (ed.) 1996: «Introduzione» e «Nota ai testi», in: L. B. Alberti «Grammatichetta» e altri scritti, Roma: XI-C e 53-81 Pozzi, M. (ed.) 1988: Avvertimenti della lingua sopra ’l Decamerone, in: id. Discussioni linguistiche del Cinquecento, Torino: 791-896 Rohlfs, G. 1966/ 1968/ 1969: Grammatica storica della lingua italiana e dei suoi dialetti, 3 vol. Torino Sabbatino, P. 1986: Il modello bembiano a Napoli nel Cinquecento, Napoli Sabbatino, P. 1995: L’idioma volgare. Il dibattito sulla lingua letteraria nel Rinascimento, Roma Simoncelli, P. 1990: Il cavaliere dimezzato. Paolo del Rosso «Fiorentino e letterato», Milano Trabalza, C. 1963 [ 1 1908]: Storia della grammatica italiana. Ristampa anastatica, Bologna Vignali, L. 1980: «Un grammatico latino del Cinquecento e il volgare: Studi su Francesco Priscianese», Lingua nostra 41: 21-4, 42-55, 116-20 97 La progressione tematica rivisitata 1. Introduzione Questo contributo intende soffermarsi sul concetto di «progressione tematica» («thematic progression»), una nozione elaborata da František Daneš (cf. in particolare Daneš 1970, 1974) per definire un’importante conseguenza testuale, o macrosintattica, del fenomeno di ambito frasale noto come «prospettiva funzionale della frase», individuato e definito nell’ambito della Scuola di Praga a partire grosso modo dal 1930 1 . La rivisitazione del concetto di progressione tematica, oggi ben noto, mira ad approfondire la nostra comprensione del fenomeno, garantendone così anche una migliore utilizzabilità come strumento analitico nell’ambito della linguistica del testo. Dopo una parte introduttiva che ricorda, nelle sue grandi linee, la sostanza del concetto di «progressione tematica» (§2), metteremo in luce alcuni limiti di tale nozione, mostrando che entro la dimensione informativa del contenuto dell’Enunciato i fenomeni che ruotano attorno ai concetti di «Tematicità» (nel senso di aboutness), di Datità e di Dinamismo Comunicativo vanno tenuti rigorosamente distinti (§3). L’organizzazione informativa dell’Enunciato si compone di (almeno) tre livelli - il livello che ruota attorno alla nozione di aboutness e che si realizza con le funzioni informative di Topic e di Comment; il livello che definisce i diversi stati di attivazione interpretativa dell’informazione entro la Memoria Testuale; e il livello gerarchico-illocutivo, organizzato secondo la funzione illocutiva e testuale che l’Enunciato svolge nel messaggio in cui compare - ognuno dei quali, per la complessità che lo caratterizza, sarà descritto in modo indipendente (§4). L’ultima parte del lavoro (§5), dedicata all’organizzazione dei Topic nel testo (scritto), illustra in modo approfondito come la progressione del Topic nel Capoverso (o in una sua sottoparte) viene definita dall’associazione modulare tra il livello informativo Topic-Comment e il livello informativo di tipo gerarchico-illocutivo: il livello gerarchico-illocutivo decide quale Topic funge da Topic del- 1 Lo spostamento di attenzione della Scuola di Praga, di impronta funzionalista, dal livello fonologico al livello sintattico-informativo, lo si deve a Vilém Mathesius (M ATHESIUS 1939). Alla riflessione hanno poi contribuito - in un dialogo produttivo e serrato - molti altri studiosi tra i quali, appunto, Frantisek Daneš (D ANEŠ 1968, 1970, 1974), B ENEŠ 1959 e 1964, F IRBAS 1964, H ALLI - DAY 1967a/ b, S VOBODA 1968 ecc. Per una visione più completa delle ipotesi informative «praghesi», si vedano le bibliografie dei lavori raccolti nel volume curato da D ANEŠ 1974. Tra i lavori che hanno contribuito alla comprensione del fenomeno vanno menzionati quelli di D RESSLER 1972, 1978a/ b e DE B EAUGRANDE / D RESSLER 1981. In ambito italiano, si vedano poi i saggi raccolti in S TAMMERJOHANN 1986. Vox Romanica 68 (2009): 98-128 La progressione tematica rivisitata 99 l’Enunciato e definisce se il Topic dell’Enunciato va anche considerato come un Topic di livello superiore, i. e. di un gruppo omogeneo di Enunciati o di un Capoverso. 2. Il concetto di «progressione tematica» 2.1 Il concetto di «progressione tematica», come è noto, ruota attorno alle nozioni di Tema e di Rema (per cui si veda infra). Se il Tema dell’Enunciato è, con Firbas 1974, l’elemento semantico provvisto del minore Dinamismo Comunicativo e il Rema l’elemento provvisto del maggiore Dinamismo Comunicativo, allora alla sequenza di elementi rematici che caratterizza il testo va il compito di svilupparlo informativamente, mentre gli elementi tematici concorrono piuttosto ad assicurare la coesione del testo, garantendone così la continuità semantica. La progressione tematica - i. e. le successive scelte del Tema di ogni singolo Enunciato e il loro concatenamento - definisce in qualche modo lo «scheletro semantico» del testo, l’impalcatura che gli dà stabilità. Con le parole di Daneš 1974: 114: By this term [thematic progression] we mean the choice and ordering of utterances themes, their mutual concatenation and hierarchy, as well as their relationship to the hyperthemes of the superior text units (such as the paragraph, chapter, etc.), to the whole text, and to the situation. Thematic progression might be viewed as the skeleton of the plot. 2.2 Il fenomeno della progressione tematica - nato, come si diceva, dalla proiezione macrosintattica di fenomeni funzionali di tipo microsintattico - è stato immediatamente fatto proprio dalla linguistica del testo, la quale ha definito la sua presenza in un testo come un’importante condizione di coerenza testuale (Combettes 1988). Gli Enunciati che formano un testo coerente sono infatti tipicamente caratterizzati dalla presenza di contenuti tematici a basso Dinamismo Comunicativo che ancorano le informazioni comunicativamente più dinamiche al cotesto immediato e meno immediato (precedente ma anche successivo, cf. Givón 1983). Tipicamente, in un testo coerente il Tema di un Enunciato si connette con il cotesto precedente, legandosi ad esso in modo diretto - riproponendo un’informazione già data - o indiretto - per inferenza semantica o contestuale. Come indica Mortara Garavelli 1979 scegliendo un titolo quale «La continuità del discorso: la struttura tematica» (p. 93), la struttura tematica del testo diventa il sintomo della sua continuità, che a sua volta è importante ingrediente della testualità. Si pensi al testo seguente 2 : (1) 1. Come in un sogno stava d’innanzi a noi la casa. 2. Su la facciata rustica, per tutte le cornici, per tutte le sporgenze, lungo il gocciolatoio, sopra gli architravi, sotto i davanzali del- 2 In questo esempio, e negli esempi successivi, il grassetto indicherà gli elementi su cui verte la nostra analisi; è naturalmente nostra anche la numerazione degli Enunciati. Angela Ferrari / Anna-Maria De Cesare 100 le finestre, sotto le lastre dei balconi, tra le mensole, tra le bugne, dovunque le rondini avevano nidificato. 3. I nidi di creta innumerevoli, vecchi e nuovi, agglomerati come le cellette di un alveare lasciavano pochi intervalli liberi. 4. Su quegli intervalli e su le stecche delle persiane e su i ferri delle ringhiere gli escrementi biancheggiavano come spruzzi di calcina. 5. Benché chiusa e disabitata, la casa viveva. 6. [sogg. nullo = la casa] Viveva d’una vita irrequieta, allegra e tenera. 7. Le rondini fedeli l’avvolgevano dei loro voli, dei loro gridi, dei loro luccichii, di tutte le loro grazie e di tutte le loro tenerezze, senza posa. 8. Mentre gli stormi s’inseguivano per l’aria in caccia con la velocità delle saette, alternando i clamori, allontanandosi e riavvicinandosi in un attimo, radendo gli alberi, levandosi nel sole, gittando a tratti dalle macchie bianche un baleno, instancabili, ferveva dentro ai nidi e intorno ai nidi un’altra opera. (D’Annunzio, L’innocente, p. 155-56, es. tratto da Ferrari 1994: 58), in cui le informazioni in grassetto contribuiscono a legare i contenuti non tematici, o principali (quelli che non sono segnalati dal grassetto), a quelli precedenti: così, per esempio, attraverso la ripresa anaforica del sintagma nominale la casa, il soggetto sottinteso dell’Enunciato 6 assicura la continuità semantica con l’Enunciato precedente (e al tempo stesso con quello iniziale); lo stesso vale per il lungo contenuto in grassetto dell’Enunciato 8: esso permette di riallacciare l’informazione rematica dell’Enunciato, cioè ferveva dentro ai nidi e intorno ai nidi un’altra opera, al cotesto precedente, in particolare all’Enunciato 7. Si noti infatti come i contenuti dell’Enunciato 7 siano ripresi, attraverso variazioni nella forma linguistica, nella parte iniziale dell’Enunciato 8: le rondini fedeli → gli stormi; l’avvolgevano dei loro voli → s’inseguivano per l’aria in caccia con la velocità delle saette . . . allontanandosi e riavvicinandosi in un attimo; dei loro gridi → alternando i clamori; dei loro luccichii → gittando a tratti dalle macchie bianche un baleno; senza posa → instancabili. 2.3 Esistono diversi tipi di progressione tematica che in un testo, caratteristicamente, si alternano, si incrociano, si sovrappongono. Le distinzioni originali di Daneš 1974 - riprese tali e quali da Combettes 1988 - in Italia sono state leggermente variate sulla spinta dei primi interventi di Bice Mortara Garavelli (in particolare 1979). Basicamente (cf. Ferrari/ Zampese 2000), in funzione del tipo di unità informativa (Tema e/ o Rema) precedente che viene tematizzata, si riconoscono tre tipi di progressione tematica: 1. progressione con Tema «costante»: viene messo a Tema un Tema precedente; 2. progressione con Tema «lineare»: viene messo a Tema un Rema precedente; 3. progressione con «Tematizzazione di una coppia Tema+Rema» o «Tematizzazione di una sequenza di tali coppie». Tale tripartizione può essere specificata grazie a due ulteriori criteri 3 : 3 Nei lavori che affrontano il concetto di progressione tematica (cf. per esempio D ANEŠ 1970, 1974) viene riconosciuto un ulteriore criterio, legato al modo della tematizzazione: si parla di tematizzazione «dissociata» nel caso in cui il contenuto di un Tema, Rema ecc. viene tematizzato in più volte, via le sue sottocomponenti semantiche. La progressione tematica rivisitata 101 i. la natura della ripresa: possiamo avere cioè tematizzazione «diretta» quando il Tema, il Rema o la coppia Tema+Rema precedenti vengono ripresi tali e quali, dal punto di vista della loro sostanza semantico-referenziale, o tematizzazione «derivata», o «indiretta», quando il nuovo Tema si lega al cotesto passando per una derivazione semantico-lessicale, cotestuale o contestuale; ii. la distanza tra gli elementi connessi: si distingue così tra tematizzazione «a contatto», che si realizza tra due Enunciati spazialmente contigui, e tematizzazione «a distanza», realizzata tra due Enunciati non contigui; Vediamo un esempio che illustri i vari tipi di progressione tematica: (2) 1. Il microscopio permette di osservare oggetti molto piccoli, tanto piccoli da non essere visibili ad occhio nudo. 2. (sogg. nullo) È uno strumento che funziona così: 3. un primo gruppo di lenti, l’obbiettivo, ingrandisce l’oggetto da vedere; 4. un secondo gruppo di lenti, l’oculare, ingrandisce l’immagine creata dall’obbiettivo. 5. Il segreto del microscopio è dunque l’ingrandimento dell’ingrandimento. 6. Con il microscopio, (sogg. nullo) possiamo osservare le parti delle piante. 7. (sogg. nullo) Iniziamo con una pelle di cipolla: 8. essa infatti è sottile e si osserva con facilità. 9. Vista attraverso il microscopio, la pelle di cipolla appare formata di piccoli «mattoni» detti cellule. 10. Queste cellule sono simili ma non identiche: 11. alcune sono più lunghe e altre più larghe; 12. anche la forma varia, anche se assomiglia sempre molto a quella di un rettangolo. (es. tratto da Ferrari/ Zampese 2000: 354). Tra gli Enunciati 1 e 2, vi è una progressione a Tema costante: il Tema dell’Enunciato 2 riprende, attraverso il soggetto sottinteso, il sintagma nominale il microscopio dell’Enunciato precedente; tra gli Enunciati 7 e 8 vi è una progressione a Tema lineare: il Tema dell’Enunciato 8, essa, riprende il sintagma nominale una pelle di cipolla, che fa parte del Rema dell’Enunciato precedente. Un esempio di progressione che tematizza un’ampia unità testuale è invece dato in (3), in cui ciò incapsula tutto il contenuto dell’Enunciato precedente: (3) I raggi del sole che giungono sui monti sono più caldi dei raggi di sole che arrivano in pianura. Ciò è noto a tutti coloro che sono stati in montagna e che si sono scottati la pelle malgrado le temperature molto basse (es. tratto da Ferrari/ Zampese 2000: 345). 2.3.1 Il Tema di una Proposizione può anche legarsi cataforicamente a quello di una Proposizione che appartiene a un Enunciato successivo. Questo fenomeno si incontra caratteristicamente tra Enunciati che si realizzano all’interno del testo (basta considerare gli Enunciati 8 e 9 del testo (2)). Più raro è invece il caso in cui il primo Tema fa parte di un Enunciato che inaugura tutto un testo, come in (4), dove va notato che il pronome lui non ha un antecedente nel titolo dell’articolo: (4) Lui che fa il professore s’è ritrovato nella parte dell’alunno. Naturalmente un alunno speciale, sempre attento e preparato: esposizioni chiare e convincenti. La manovra economica sarà equa, i poveri pagheranno assai meno dei ricchi, ecco le misure a sostegno dell’occupazione . . . L’esame a Giuliano Amato s’è concluso a tarda ora nel gruppo par- Angela Ferrari / Anna-Maria De Cesare 102 lamentare socialista a Montecitorio. (La Repubblica, 24.02.1993, es. tratto da Mortara Garavelli 1993: 383). Esempi di questo tipo si incontrano con una certa frequenza nella prosa giornalistica, ragione per la quale sono considerati un vero e proprio stilema di questo tipo di scrittura (cf. Mortara Garavelli 1993: 384, che chiama il fenomeno in questione «catafora tematica»). 3. I limiti della progressione tematica praghese 3.1 Quando si provi ad applicare il concetto di progressione tematica a testi di una certa complessità e appartenenti a tipologie diverse da quelle espositiva o descrittiva, si fa immediatamente l’esperienza della sua insufficienza a definire la «felicità comunicativa» dei discorsi scritti. Il dato è stato osservato sin dall’inizio dallo stesso František Daneš che lo stenografa ricorrendo all’espressione «salto tematico». Questa espressione coglie il fatto che ci sono movimenti testuali in cui non sussiste una connessione dei Temi con il cotesto senza che, tuttavia, essi possano essere classificati come incoerenti, come non-testi. Il fatto è che, come è oramai chiaro nell’ambito delle più attuali analisi del discorso (cf. per esempio Roulet/ Filliettaz/ Grobet 2001, Ferrari 2004, Ferrari 2005, Ferrari et al. 2008), la struttura semantico-pragmatica dei testi è data dalla interazione di più dimensioni organizzative concettualmente indipendenti che interagiscono in modo modulare: ci sono spazi testuali in cui una dimensione - poniamo, quella logico-argomentativa - predomina sulle altre, rendendole inattive o secondarie - creando per esempio «vuoti tematici», come nella sequenza (5), in cui il legame di consecuzione è sufficiente a produrre coerenza testuale: (5) Piove. Non esco. È, quello visto qui sopra, un fenomeno interessante, da non sottovalutare, ma che non incide sulla validità e sulla applicabilità del concetto di progressione tematica nei termini in cui esso è stato originariamente definito. Semplicemente, esso mostra che la dimensione tematica non è che un singolo aspetto della strutturazione testuale. 3.2 Ma veniamo a un problema più sostanziale. In un suo articolo del 1986, riprodotto poi nella raccolta di saggi del 1988 a cui ci riferiamo, Maria-Elisabeth Conte constata la sovrapposizione nozionale seguente: Nell’ambito della Functional Sentence Perspective, tema e rema sono stati definiti sia sotto l’aspetto tematico («thematischer Aspekt»: tema è ciò su cui si comunica qualcosa; rema è ciò che sul tema si comunica), sia sotto l’aspetto contestuale («kontextueller Aspekt»: tema è ciò che è dato o noto, contestualmente o co-testualmente; rema è ciò che è nuovo). La progressione tematica rivisitata 103 Angela Ferrari e Anna-Maria De Cesare Questi due aspetti spesso (ma non sempre) vengono a coincidere. Per i suoi tipi di progressione tematica Daneš non ritiene necessario di tenerli distinti. (Conte 1988: 49). Quest’ultima osservazione è cruciale, in quanto, a ben guardare, coglie una delle più grosse fragilità della concezione praghese della progressione tematica, fragilità di cui fanno le spese la comprensione stessa del fenomeno e la sua utilizzabilità come strumento analitico nell’ambito della linguistica del testo. Il problema sta nel fatto che il punto di vista originario appiattisce - in realtà in modo ancora più acuto di quanto suggerisca Maria-Elisabeth Conte - entro uno stesso livello fenomeni che andrebbero tenuti distinti. Un conto è osservare come gli Enunciati di un testo scelgano l’entità attorno alla quale veicolano informazione; altro conto è esaminare lo statuto cognitivo, se Dato o meno, delle entità evocate nel testo; un altro conto ancora è valutare gli andamenti del Dinamismo Comunicativo che caratterizza le informazioni testuali. 3.3 Se si guarda alla storia praghese della Prospettiva funzionale della frase - il cui obiettivo consiste, come si è detto, nel definire il modo in cui le componenti semantiche della frase contribuiscono allo sviluppo comunicativo dell’atto linguistico -, non è difficile capire le ragioni di questo esito 4 . Nei lavori di Vilém Mathesius 1939, il primo ad aver affrontato i fenomeni qui in esame entro la Scuola di Praga, il Tema dell’Enunciato viene fatto coincidere con l’informazione che il contesto permette di etichettare come Data, e il Rema con l’informazione Nuova. Successivamente, Jan Firbas 1974 - alle prese con l’analisi di testi reali - sente l’esigenza di sganciare le associazioni Tema-Dato e Rema-Nuovo 5 . Secondo il suo punto di vista, in una prospettiva informativa le componenti semantiche di un Enunciato - più o meno raffinate in funzione delle esigenze dell’analista - si dispongono su una scala, determinata contestualmente, di Dinamismo Comunicativo (è suo il termine) crescente: sul gradino più basso vi è il Tema, che può essere Dato ma non lo è necessariamente, e sul gradino più alto vi è il Rema, che è tipicamente, ma non sempre, Nuovo. I contenuti tematici e rematici, se l’Enunciato è ricco, possono essere accompagnati da una o più componenti semantiche provviste di Dinamismo Comunicativo intermedio: il Resto del Tema, la Transizione, il Resto della Transizione, il Resto del Rema. Nei successivi lavori prodotti dalla Scuola di Praga, la separazione tra le coppie Dato-Nuovo e Tema-Rema (visti, questi ultimi, come apici contrapposti entro un continuum comunicativo) viene spesso dimenticata: questo perché si ragiona essenzialmente immaginando Enunciati e contesti molto semplici in cui quasi sem- 4 Il riassunto che se ne fa qui è drasticamente semplificato: non dà conto né delle esitazioni terminologiche iniziali né del costante emergere di punti di vista più sfumati. 5 In realtà, l’evoluzione dei diversi punti di vista nell’ambito dei lavori praghesi e degli studiosi che si sono rifatti al punto di vista praghese non è lineare, e le varie svolte teoriche, a seconda degli aspetti che si vogliono privilegiare, possono essere attribuite agli uni o agli altri: anche perché uno stesso autore spesso si muove a distanza di pochi mesi tra ipotesi contrastanti. Angela Ferrari / Anna-Maria De Cesare 104 pre il Tema è effettivamente anche Dato. La ricomposizione tra Tema-Dato e Rema-Nuovo diventa poi una realtà non più solo operativa nei lavori testuali di František Daneš: egli infatti usa la nozione di «progressione tematica» per definire la continuità semantica come un tratto costitutivo dei testi coerenti. A questa sovrapposizione se ne aggiunge poi una seconda. Tutti gli studiosi praghesi della sintassi dell’informazione - da Mathesius a Daneš, passando per Firbas - utilizzano come test per identificare il Tema di un Enunciato la saturazione della funzione proposizionale «ciò di cui si parla/ di cui parla l’Enunciato», con il risultato che nella vulgata il test finisce per diventare la sostanza definitoria stessa della proprietà funzionale di Tema. 3.4 Pur appartenendo tutti alla dimensione informativa del contenuto dell’Enunciato, i fenomeni che ruotano attorno ai concetti di «Tematicità» (nel senso di aboutness), di Datità e di Dinamismo Comunicativo vanno tenuti rigorosamente distinti, anche se tra alcune loro manifestazioni vi sono indubbie associazioni preferenziali. La differenziazione non è importante solo in quanto condizione necessaria per capire la sostanza e le forme dell’aspetto informativo dell’Enunciato, ma anche per penetrare in modo adeguato nel complesso campo della testualità. Bastano esempi brevi e semplici per mostrare che, nei testi coerenti, il fenomeno della continuità semantica - colto con la proprietà della Datità - (può) attraversa(re) tutti gli altri spazi informativi: l’entità di cui si parla, ciò che si dice attorno a essa, le Transizioni, le varie informazioni collaterali ecc. Così, il referente Dato indicato da lui nei due seguenti testi, nel primo caso è poco dinamico e indica ciò di cui si parla, nel secondo caso coincide con l’apice comunicativo dell’Enunciato. (6) *BM2: c’è [/ ] c’è la mamma di Pierino / dice / / va a comprammi mezzo chilo di maiale / / e / lui ci va / / (es. tratto da Cresti 2000, «Barzellette» 6 ) (7) *LCN: perché ci sono alcuni / per esempio / che sono ladri / / poi uno / si fa amico di questo tizio / che è ladro / / e dopo / coll’amicizia / diventa ladro anche lui / / (es. tratto da Cresti 2000, «Maestra»). In realtà siamo di fronte a (sotto-)livelli informativi eterogenei, che colgono aspetti profondamente diversi della testualità. Se è vero che un modello teorico non deve moltiplicare le sue entità, è altrettanto vero che l’economia dell’una o dell’altra non può essere fatta confondendo aspetti che vanno tenuti distinti e fatti interagire modularmente. 6 Nella trascrizione del parlato adottata in C RESTI 2000 il doppio slash indica un’unità tonale terminale di enunciato e lo slash semplice un’unità tonale non terminale, che delimita un’unità informativa. La progressione tematica rivisitata 105 4. I livelli dell’organizzazione informativa dell’Enunciato 7 Oltre a contenere una componente illocutiva, il significato comunicativo di un Enunciato, inteso come corrispettivo di un atto linguistico, comprende (almeno) una componente denotativa, volta a evocare lo stato di cose a cui il locutore fa riferimento. Così ad esempio, in un contesto in cui la si riferisce a porta, io a Giovanni Bianchi, e in cui il momento di riferimento coincide con il 31 marzo 2005 alle ore 10.30, il luogo di riferimento alla camera rivolta a est dell’appartamento al secondo piano della casa in via Maien 27 a Basilea in Svizzera, la componente denotativa del significato comunicativo dell’Enunciato: (8) L’ho aperta io, coincide con l’immagine mentale dello stato di cose secondo il quale Giovanni Bianchi ha aperto la porta della sua camera nel luogo menzionato alla data indicata. Tale significato denotativo possiede una sua organizzazione informativa, è cioè organizzato «in quanto messaggio» in funzione della sua relazione con il contesto e con l’interlocutore a cui è trasmesso: per esempio, nell’Enunciato (8) il referente di io viene presentato al destinatario come in rilievo rispetto alle altre informazioni. Come il significato comunicativo, di cui fa parte, l’organizzazione informativa di uno specifico Enunciato ha una natura sostanzialmente contestuale ma è in parte predeterminata dalla struttura linguistica (lessicale, morfologica, sintattica, intonativo-interpuntiva) scelta dal locutore. Così, se il pronome la non è capace fuori contesto di riferirsi a «quella specifica porta di quella specifica casa di via Maien . . .», in situazione normale esso non potrà comunque che designare un’entità convenzionalmente definita in italiano con un sostantivo femminile singolare su cui si può operare un’azione concettualizzabile come «aprire»; nello stesso modo, la posizione conclusiva e intonativamente integrata ed enfatica del pronome soggetto io impone la preminenza dell’agente 8 . L’organizzazione informativa dell’Enunciato è, come dicevamo, un sistema complesso, che si articola in più livelli 9 . Vanno riconosciuti almeno 10 : 7 Il contenuto di questa terza sezione è precisato e sviluppato in F ERRARI et al. 2008. 8 Per una precisazione della concezione dell’interpretazione semantica degli atti linguistici a cui nella sostanza facciamo riferimento, cf. da ultimo P ASCH et al. 2003. 9 La natura multilivellare dell’organizzazione informativa dell’Enunciato è oramai riconosciuta da molti. Per una chiara argomentazione in favore di una concezione multilivellare, cf. dapprima D ANEŠ 1964, 1974, 1989, H ALLIDAY 1967a/ b, 1985, poi L AMBRECHT 1994; in Italia questa concezione è sostenuta in particolare da L OMBARDI V ALLAURI 1996 e 2002. 10 Ai tre livelli menzionati ne vanno sicuramente aggiunti (almeno) due altri: il livello informativo che individua lo statuto - presenza, assenza, inferibilità - dei referenti testuali nella Memoria Enciclopedica (vs Testuale) e il livello informativo che si coglie con l’opposizione concettuale «posto»-«presupposto». Per una riflessione sul loro statuto informativo e sulla loro relazione con gli altri livelli, cf. in particolare A LLERTON 1978 e, in ambito italiano, L OMBARDI V ALLAURI 1996. Angela Ferrari / Anna-Maria De Cesare 106 a. il livello che ruota attorno alla nozione di aboutness e che si realizza con le funzioni informative di Topic 11 e di Comment; b. il livello che definisce i diversi stati di attivazione interpretativa dell’informazione entro la Memoria Testuale, che seguendo Chafe 1987, 1994 definiamo con le proprietà Attivo, Semi-Attivo, Non-Attivo; c. il livello gerarchico-illocutivo, organizzato secondo la funzione illocutiva e testuale che l’Enunciato svolge nel messaggio in cui compare, alle cui funzioni informative centrali (nello scritto) si può dare il nome di Nucleo, Quadro e Appendice. Ognuno di questi livelli coglie un importante e indipendente aspetto della strutturazione informativa dell’Enunciato, che si ripercuote nell’ambito dell’organizzazione testuale. 4.1 Il livello Topic-Comment Una Proposizione, intesa come immagine mentale di uno stato di cose reale, supposto o immaginato, evoca caratteristicamente uno o più «referenti testuali» 12 , cioè (con Andorno 2003: 27-68) «oggetti concettuali» caratterizzati da proprietà e/ o coinvolti in azioni, processi, stati. Dal punto di vista ontologico, tali oggetti concettuali sono tipicamente entità di primo grado (oggetti fisici: esseri umani, animali e oggetti), ma possono coincidere anche con entità di livello superiore (in particolare con quelle di secondo grado, che coincidono con gli eventi, i processi e gli stati di cose localizzati nel tempo e di cui si dice che «hanno luogo» e non che «esistono»; cf. Lyons 1980: 78), purché esse siano trattate dalla lingua - tipicamente attraverso la nominalizzazione sintagmatica - come referenti a cui vengono attribuite proprietà ecc.; così nell’Enunciato seguente, il sintagma complesso la partenza di Gianni, che esprime l’evento di partire da parte dell’individuo chiamato Gianni, viene trattato dalla lingua come una entità a cui si attribuisce la proprietà mi ha molto sorpresa: (9) La partenza di Gianni referente mi ha molto sorpresa. 11 Per indicare questo tipo di funzione informativa, al termine, oramai troppo polivalente, di Tema, preferiamo l’equivalente inglese Topic (dovuto, anche nella sostanza definitoria, a M A - THESIUS 1915 e ripreso poi in H OCKETT 1958): ci adeguiamo così a L AMBRECHT 1994 (a cui si deve l’analisi più completa e convincente di questo aspetto informativo), e alla terminologia sistematicamente adottata all’interno della prospettiva dell’analisi del discorso (in Germania, Francia, Inghilterra ecc.). Per considerazioni più approfondite sul problema terminologico, cf. F ERRARI 2004. 12 Ci sono Proposizioni che sono prive di referenti testuali: in particolare quando esse evocano uno stato di cose denotato da un verbo semanticamente «zero-valente»; così, per esempio, piovere (nel suo uso non metaforico) non coinvolge nessun referente testuale nel senso qui adottato. La progressione tematica rivisitata 107 4.1.1 Entro la Proposizione, un (uno o più) referente testuale svolge la funzione di Topic se, con i termini di Lambrecht: in a given situation the proposition is construed as being about this referent, i. e. as expressing information which is relevant to and which increases the addressee’s knowledge of this referent. (Lambrecht 1994: 131). Come suggerisce questa definizione, la relazione di aboutness che definisce il Topic non va intesa in senso generico (altrimenti riguarderebbe indistintamente tutti i referenti testuali convocati dalla Proposizione); essa si applica a un (uno o più) referente «comunicativamente speciale», cioè a quel referente di cui il contesto chiede, per ragioni di pertinenza comunicativa, un arricchimento semantico. Per esempio, nell’ultimo Enunciato del brano seguente solo i referenti testuali in rilievo hanno la funzione di Topic della Proposizione Semantica che li contiene; gli altri referenti testuali - chiosco delle bibite, il karaoke, la Coca-Cola - non sono Topic: (10) Un mondo arcaico di cui non c’è traccia in questa città. Nei giardini attorno alla cattedrale ortodossa che pare costruita da un pasticciere, schizzano bimbetti sui rollerblade e s’incontrano belle ragazze con passo da principesse, jeans attillati e zainetto in spalla. Al chiosco delle bibite un giovanotto col microfono in mano Topic fa il karaoke davanti a un televisore mentre tre ragazze Topic aspettano il loro turno con la Coca-Cola in mano. (Lisulb_Gio_Corr 13 ). Nel brano (11), il contesto tratta come «comunicativamente speciali» due referenti testuali in una stessa Proposizione: (11) Umberto cresce con la madre, che gestisce un negozio di oggetti usati, e con due zie, una delle quali, la zia Regina dalla «dolce anima di formica», gli sarà prodiga di attenzioni e di aiuti. A lei Topic1 , Saba Topic2 dedicherà affettuosamente le prose raccolte nel volume Ricordi-Racconti nel 1956. La sua carriera scolastica è piuttosto breve: frequenta il ginnasio e, soltanto per pochi mesi, l’Accademia di Commercio, abbandonata quasi subito per la necessità di trovare un lavoro (si impiega presso una casa di commercio triestina). (Lavezzi et al. 1992: 630); un Topic può anche essere costituito da più referenti testuali, come nell’esempio che segue: (12) Grazie alle immagini scattate dai satelliti americani e giapponesi e analizzate da Ron Blom del Jet Propulsion Laboratory della Nasa di Pasadena, in California, Elkins e i suoi collaboratori Topic avrebbero individuato i contorni indistinti di una grande città, finora sconosciuta, nascosta nella giungla. (Lisulb_Gio_Corr). 13 Il corpus Lisulb (Linguistica italiana sincronica delle Università di Losanna e di Basilea) è un corpus privato di circa 1 milione di parole elaborato nel progetto FNS N. P001-68675/ 1 intitolato La struttura informativa dell’enunciato scritto (in italiano contemporaneo non letterario). Cf. anche in fondo a questo lavoro, nella parte relativa alla fonte degli esempi usati. Angela Ferrari / Anna-Maria De Cesare 108 Il profilo referenziale e funzionale del Topic determina le sue manifestazioni linguistiche privilegiate: esso viene tipicamente espresso con un pronome personale legato o con un sintagma nominale o preposizionale collocato in posizione preverbale - nella frase canonica con il soggetto sintattico (anche fonologicamente nullo). Inoltre, il Topic si pone in modo naturale come il «point of departure of the message» (Halliday 1985: 38), e, sempre in modo naturale, è caratterizzato da una certa «evidenza» nel contesto comunicativo, evidenza che può - ma non deve necessariamente - coincidere con la Datità diretta o indiretta del suo contenuto (cf. infra). La «topicalità» di un referente testuale è tuttavia decisa in modo definitivo in base al contesto d’uso; il quale può scegliere come Topic il referente di un elemento semanticamente pieno in posizione postverbale integrata (tuttavia, più nel parlato che nello scritto) o, qualora la lingua ne designi più d’uno, selezionare tra i possibili Topic uno solo di essi 14 . 4.1.2 L’elemento semantico correlato funzionalmente al Topic è il Comment. In linea di massima, il Comment segue l’espressione del Topic e coincide con il predicato di una Proposizione; talvolta esso include anche elementi extranucleari della frase: (13) Un mondo arcaico di cui non c’è traccia in questa città. Nei giardini attorno alla cattedrale ortodossa che pare costruita da un pasticciere, schizzano bimbetti sui rollerblade e s’incontrano belle ragazze con passo da principesse, jeans attillati e zainetto in spalla. Al chiosco delle bibite un giovanotto col microfono in mano fa il karaoke davanti a un televisore Comment mentre tre ragazze aspettano il loro turno con la Coca-Cola in mano Comment . (Lisulb_Gio_Corr) (14) Umberto cresce con la madre, che gestisce un negozio di oggetti usati, e con due zie, una delle quali, la zia Regina dalla «dolce anima di formica», gli sarà prodiga di attenzioni e di aiuti. A lei, Saba dedicherà affettuosamente le prose raccolte nel volume Ricordi-Racconti nel 1956 Comment . (Lavezzi et al. 1992: 630). Le funzioni informative di Topic e di Comment non esauriscono necessariamente il contenuto di una Proposizione. Il Topic e il Comment possono essere completati anche da indicazioni «circostanziali»; così, negli Enunciati seguenti, i contenuti in grassetto che aprono l’Enunciato non fanno parte né del Topic né del Comment: (15) Nell’ultimo decennio, l’industria Topic si è sviluppata accanto al porto Comment . (es. tratto da Ferrari/ Zampese 2000: 335) 14 Come si argomenta in F ERRARI 2003, è probabile che, all’interno di questo sistema di interrelazioni tra forme linguistiche preferenziali e pressioni contestuali, nel paradigma di potenziali Topic di una Proposizione si disegni una scala di salienza. G IVÓN 1983: 22 riconosce vari tipi di associazioni preferenziali: vi è una gerarchia relativa al ruolo semantico che un referente svolge in un dato evento, in cui l’agente si costruisce più facilmente come Topic che il paziente, il termine, l’esperiente, ecc.; vi è anche una gerarchia relativa al ruolo sintattico dei referenti, in cui il soggetto ha più probabilità di essere promosso a Topic che l’oggetto diretto. La progressione tematica rivisitata 109 (16) Secondo l’Accademia della Crusca, la forma Museo dell’olivo Topic è preferita alla forma Museo dell’ulivo Comment : la parola ulivo è infatti sentita come regionale. (es. tratto da Ferrari/ Zampese 2000: 336) (17) Dato che aspettano un bambino, Michela e Luca Topic hanno deciso di cambiare casa Comment . (es. tratto da Ferrari/ Zampese 2000: 336). I contenuti che completano il Topic e il Comment non hanno necessariamente lo stesso statuto informativo. Basta, per accertarsene, considerare l’esempio (18), in cui tra il Topic (Roger Wright) e il Comment (insiste sulla [. . .] romanza) si interpongono varie altre informazioni che, anche restando a un livello intuitivo, e in assenza di punteggiatura tra il Topic e ciò che segue, si possono facilmente differenziare sia dal Topic e dal Comment sia le une rispetto alle altre; è chiaro, infatti, che l’informazione tra parentesi ha uno statuto informativo diverso da quello che caratterizza la gerundiale che segue (ma su questo aspetto, cf. §4.3.): (18) Roger Wright Topic (La periodizzazione del romanzo) ricordando il diverso situarsi nel tempo di tanti romanzi di natura diversa e i lunghi periodi di variabilità, e nonostante l’esistenza di alcuni noti riferimenti fondamentali, insiste sulla difficoltà del definire date spartiacque nell’evoluzione dal latino al romanzo e nella frammentazione romanza Comment . (Maraschio/ Poggi Salani 2000, p. i-ii). 4.1.3 Vi sono Proposizioni Semantiche non marcate a livello di struttura Topic- Comment, per le quali non è possibile, né pertinente, identificare contenuti che svolgono queste due funzioni informative. Si pensa qui alle frasi che la grammatica chiama globalmente «presentative» o «eventive» (Wandruszka 1982, Venier 2002), cioè alla frase costruita con un verbo zerovalente (Piove.), a quella aperta dalla formula c’è/ ci sono: (19) Ci sono però altri luoghi meno frequentati dalle nebbie, in cui l’accecamento non dipende dalle condizioni atmosferiche. Mercoledì scorso l’incontro di Coppa Italia fra Siena e Lazio ha rischiato grosso perché in avvio di partita i tifosi laziali hanno pensato bene di riempire di fumogeni lo stadio. (Lisulb_Gio_S24ore); alle costruzioni impersonali: (20) La Rai ha sempre avuto un’oscura relazione con i numeri. Ai tempi di Craxi si diceva che ogni tornata di nomine e di assunzioni era denominata dal prefisso 643111, dove ogni cifra definiva la quota di spettanza della Dc, del Pci, del Psi, dei partiti minori. Oggi invece si discute se un Consiglio d’amministrazione che ha perso i due quinti dell’organico dopo le dimissioni di Zanda e Donzelli avesse il diritto aritmetico e legale di procedere alle 14 nomine che ha effettuato. (Lisulb_Gio_S24ore); e alle frasi costruite con un verbo monovalente o plurivalente con soggetto posposto, come nel primo Enunciato del secondo Capoverso di (21), che contiene la forma passiva del verbo studiare: Angela Ferrari / Anna-Maria De Cesare 110 (21) A nostra conoscenza sono solo quattro gli studi riportati in letteratura relativi alle concentrazioni di tHcy nei bambini. Nello studio di Tonstad et al. è stata studiata la correlazione tra i livelli di tHcy, colesterolo e apolipoproteina B. (IJP 2001: 228). 4.2 Il livello della Datità I referenti testuali veicolati da una Proposizione Semantica si associano a diversi gradi di attivazione entro la Memoria Testuale a breve termine 15 (vs quella Enciclopedica) del destinatario; a loro volta, come si illustrerà in ciò che segue, i gradi di attivazione dei singoli referenti testuali hanno importanti conseguenze sulla forma e sulla sostanza del testo (sui tipi di gerarchizzazioni): da una parte, perché essi determinano in modo più o meno forte (a seconda per esempio della tipologia testuale considerata) la forma linguistica usata per codificare un dato referente, dall’altra perché dai diversi gradi di attivazione dei referenti testuali conseguono gradi diversi di salienza interpretativa entro l’Enunciato e il testo in cui compaiono. 4.2.1 A seconda dei lavori che si consultano, i gradi di attivazione di un referente testuale entro la Memoria di Lavoro possono essere due o tre. Nell’ipotesi più semplice, i gradi di salienza cognitiva dei referenti testuali sono colti sulla base delle proprietà «Dato» e «Nuovo», due concetti dicotomici teorizzati fin dai primi lavori della Scuola di Praga. Così, nell’esempio (22) il referente associato al pronome le è cognitivamente Dato, perché è già presente nel contesto linguistico precedente sotto forma del sintagma nominale pieno le passioni che sorgono dalla vanità, mentre è cognitivamente Nuovo nel primo Enunciato, poiché è il luogo del testo dove viene menzionato per la prima volta: (22) Vi sono poi le passioni che sorgono dalla vanità Nuovo . Le Dato ha molto ben descritte Stendhal. (es. tratto da Sornicola 1988: 179). La dicotomia Dato-Nuovo coglie in realtà solo due estremi di una scala che misura il valore cognitivo dei referenti testuali. I lavori di Chafe (cf. per esempio Chafe 1987, 1992, 1994; in ambito italiano si veda Lombardi Vallauri 1996) hanno infatti mostrato che fra «Dato» e «Nuovo» esiste (almeno) un gradino intermedio. 15 Con «Memoria Testuale» intendiamo operativamente quella parte della memoria in cui avviene la gestione del testo (cf. in particolare B ERRENDONNER 1983). La Memoria Testuale è alimentata da varie fonti, tra le quali gli Enunciati che costituiscono il testo, le inferenze prodotte a partire dalla loro enunciazione e dal loro contenuto proposizionale e la percezione di eventi extralinguistici pertinenti. Un referente testuale è saliente entro la Memoria Testuale quando fa parte della sua componente a breve termine (vs a medio termine). L’idea è che il contenuto della Memoria Testuale (o con altri termini «Discorsiva») sia diversamente disponibile per l’interpretante: esso si articola infatti in una componente a breve termine (Memoria di Lavoro) e una componente a medio termine. La progressione tematica rivisitata 111 Secondo la terminologia di Chafe, un referente testuale può trovarsi in tre possibili «stati di attivazione» entro la Memoria Discorsiva a breve termine dell’interpretante: i. un referente testuale è «Attivo» (o «Dato») quando è presente all’attenzione del destinatario, cioè quando è già stato evocato nel contesto linguistico precedente (Chafe 1987 usa l’espressione «currently lit up»); ii. un referente testuale è nello stato «Inattivo», o «Non-Attivo» (ovvero «Nuovo»), quando non fa parte del messaggio che è stato elaborato fino a quel momento; iii. un referente testuale è nello stato «Semi-Attivo», il terzo gradino teorizzato da Chafe (con il termine «accessible»), quando è facilmente ricavabile a partire dal contesto linguistico e/ o extralinguistico di cui fa parte. Un contenuto è o diventa Semi-Attivo in due modi: a) per attivazione: quando esso non è Dato esplicitamente nel contesto ma viene evocato entro uno schema interpretativo, cioè «entro il corredo di aspettative che sono collegate a un ente principale che è stato attivato» (Lombardi Vallauri 1996: 49); b) per disattivazione: quando, da uno stato «Attivo», in cui è presente all’attenzione del destinatario, passa attraverso un breve periodo di «semi-ricavabilità», prima di uscire dalla Memoria a breve termine del ricevente. La necessità di sganciare il livello della Datità, che si coglie attraverso gli stati di attivazione di un referente testuale - ovvero con le proprietà Attivo, Semi-Attivo, Inattivo -, da quello che ruota attorno alla nozione di aboutness, e si concretizza con le nozioni di Topic e Comment, ha una chiara giustificazione. È vero che il «preferred Topic» (nei termini di Lambrecht 1994) è tipicamente Attivo, come basta a mostrare la topicalità del pronome le dell’esempio (22) - riprodotto per comodità qui sotto con una nuova numerazione - che si identifica anaforicamente nel sintagma nominale le passioni che sorgono dalla vanità dell’Enunciato precedente: (23) Vi sono poi le passioni che sorgono dalla vanità. Le Topic-Dato ha molto ben descritte Stendhal. (op. cit.); è tuttavia altrettanto vero che il contenuto del Topic nel senso definito sopra può anche essere Nuovo (cf. Sornicola 1988: 179, Lambrecht 1994, Borreguero Zuloaga 2004, 2006). Basta infatti considerare il seguente incipit di articolo: (24) Francesco Zamproni Topic-Nuovo , 59 anni, pensionato di Casalpusterlengo, stava tornando a casa, quando ha perso il controllo della sua Fiat Uno che si è scontrata frontalmente con l’autotreno di Luca Pramazzoni, modenese di 32 anni. (Corriere della Sera, 16. 10. 1997, es. tratto da Zampese 2005: 212). 4.2.2 Il grado di attivazione entro la Memoria di Lavoro di un referente testuale è correlato alla forma linguistica scelta per convocarlo (cf. Givón 1983: 10s.; per Angela Ferrari / Anna-Maria De Cesare 112 una discussione analoga, si vedano anche D’Addio Colosimo 1988, Berretta 1986, 1990, Simone 1990 e Mortara Garavelli 1993). In questo ambito valgono infatti caratteristicamente le due seguenti realtà. Anzitutto, un referente difficile da recuperare nel contesto - per esempio perché si trova in uno stato di attivazione Semi-Attivo o, nei contesti in cui la ripresa avviene a contatto con l’antecedente, perché può essere confuso con altri referenti - viene denotato da una forma linguistica forte; così in (25) l’impiego del sintagma nominale lessicale l’isola si spiega appunto sulla base di questi due dati: il referente l’isola viene verbalizzato con una forma lessicale da una parte perché il suo antecedente (una piccola isola, attivato nel primo Enunciato del testo) non è direttamente a contatto - abbiamo dunque a che fare con un referente cognitivamente Semi-Attivo per disattivazione - e dall’altra perché una forma di ripresa più debole (per esempio il pronome essa) rischierebbe di portare chi legge a vedere una coreferenza con roccia, il sintagma a contatto caratterizzato dalle stesse proprietà morfo-sintattiche del sintagma che si riferisce a isola: (25) 1. In mezzo al mare c’era una piccola isola che da migliaia di anni resisteva ai venti e alle tempeste che flagellavano le sue coste. 2. Qui stavano di casa Gaia e gli altri topolini di roccia. 3. L’isola, con la sua imponente montagna, significava tutto per i topolini: 4. era la loro casa, li proteggeva e li nutriva. (es. adattato da Ferrari 2003: 39). In secondo luogo, un referente facilmente recuperabile nel cotesto, cioè Attivo nella Memoria Testuale elaborata fino a quel punto dal destinatario, sarà meno pesante dal punto di vista formale: sarà tipicamente ripreso da una forma pronominale (personale, dimostrativa) (come in (26)) o dalla semplice marca di accordo del soggetto sul verbo (27): (26) . . . la sanità in Italia è quasi la migliore; di essa è competente il sistema sanitario; ergo questo sistema è quasi il migliore al mondo. (Lisulb_Gio_S24ore). (27) Ma che snob questi extraterrestri. Per farsi notare (sogg. nullo = questi extraterrestri) tendono a lasciare i propri messaggi sempre nella vellutata campagna del Kent, o comunque in Inghilterra. (Lisulb_Gio_S24ore). In base alla correlazione tra recuperabilità di un referente nel contesto da una parte, e forma linguistica che lo codifica dall’altra, Givón 1983 propone la scala data al punto (28) (le cui componenti, più o meno discutibili, sono riprese da Berretta 1986: 49-50): (28) [continuità referenziale massima] anafora zero marca di accordo sul verbo e pronomi atoni pronome tonico (personale e dimostrativo) sintagma nominale dislocato a destra sintagma nominale definito semplice sintagma nominale dislocato a sinistra frase scissa [continuità referenziale minima]. La progressione tematica rivisitata 113 Si tratta di uno schema che presenta le forme di codificazione di un referente in un continuum solo approssimativo. È chiaro, infatti, che questo particolare «iconismo sintattico», tra la recuperabilità di un referente testuale e la sua forma di ripresa, non è perfetto - vi sono referenti testuali Attivi che sono espressi con un sintagma nominale pieno e si trovano casi in cui un referente testuale Non-Attivo viene evocato con una forma esile sia da un punto di vista del significante che del significato - e va quindi misurato caso per caso, in particolare alla luce del tipo di testo che si analizza: si pensi alle differenze che esistono in questo ambito tra scritto e parlato, oltre a quelle esistenti tra le diverse tipologie di testi scritti, in primis tra quelli scritti per un pubblico di esperti e quelli divulgativi. Così, negli articoli del mensile dueparole, un giornale di facile lettura scritto per un pubblico di «persone che hanno bisogno di testi informativi molto leggibili e comprensibili» (si cita qui dalla pagina di presentazione del sito internet del giornale), una scelta caratteristica consiste nel codificare un referente topicale Attivo, che rimane costante nel testo, con un sintagma nominale pieno che ha la stessa intensione del sintagma nominale usato per la sua prima menzione; come esempio, si veda il brano (29), in particolare gli Enunciati 2 e 3 (la numerazione è nostra), in cui la scelta di codificare il referente il nuovo papa con il sintagma nominale Joseph Ratzinger non dipende dalla recuperabilità del Topic nel cotesto precedente, quanto piuttosto dalla leggibilità e chiarezza che chi scrive cerca di conferire al testo: (29) 1. Il nuovo papa è il cardinale tedesco Joseph Ratzinger. 2. Come papa, Joseph Ratzinger ha scelto il nome di Benedetto XVI. 3. Joseph Ratzinger è nato in Germania, a Marktl am Inn, vicino Passau, il 16 aprile 1927. (dueparole, aprile-maggio 2005, anno IV, numero II: 1). 4.2.3 Dai diversi gradi di attivazione entro la Memoria a breve termine dei referenti testuali discende una loro diversa salienza interpretativa. Vi è in particolare una correlazione tra Novità e salienza (o prominenza) testuale: più un referente è Nuovo più tende a essere saliente, in quanto contribuisce alla costruzione del messaggio e a produrre inferenze interpretative; viceversa, più un referente è Attivo meno è saliente, perché la sua funzione sarà tipicamente quella di ancorare un’informazione al cotesto precedente. Così, nelle due Proposizioni che chiudono l’esempio seguente: (30) L’omocisteina è in parte rimetilata a metionina attraverso due possibili vie metaboliche: la prima, attiva nel fegato e solo parzialmente conosciuta, utilizza la betaina come donatrice di metili: la seconda e più importante via di rimetilazione coinvolge l’enzima metionina sintetasi. Questo enzima richiede una cobalamina (vitamina B12) come gruppo prostetico. Tale cobalamina accetta un gruppo metilico dal metil-tetraidrofolato, per riconvertire l’omocisteina in metionina. (IJP 2001: 226-27), a essere saliente sono i contenuti richiede una cobalamina come gruppo prostetico e accetta un gruppo metilico dal metil-tetraidrofolato, mentre le entità topicali, que- Angela Ferrari / Anna-Maria De Cesare 114 sto enzima e tale cobalamina, riprendono un’entità dell’Enunciato precedente (rispettivamente l’enzima metionina sintetasi e una cobalamina), assicurando al testo coesione e progressione graduale dell’informazione entro il testo. 4.3 Il livello gerarchico-illocutivo 4.3.1 Nel formulare un Enunciato con intenzioni comunicative, si compie un atto illocutivo, e contemporaneamente, se l’Enunciato si inserisce in un cotesto, un atto di composizione testuale (quale ad esempio un atto di spiegazione, di esemplificazione, di concessione, di riformulazione ecc.). Rispetto a questa doppia funzione, non tutte le informazioni veicolate hanno la stessa pertinenza, lo stesso rilievo (o dinamismo) comunicativo. Vi sono informazioni più direttamente legate allo scopo illocutivo e testuale della enunciazione, le quali vengono a costituire un’unità a cui si può dare - utilizzando la terminologia di Blanche-Benveniste et al. 1990 - il nome di Nucleo 16 . Per esempio, la coppia di Enunciati seguenti è caratterizzata dai Nuclei in rilievo, che fondano il legame concessivo indicato da eppure: (31) / / / Leggendo qualche anno fa il bel libro di Rosetta Loy, / La parola ebreo, / mi sono reso conto che questa parola mi era stata estranea assai a lungo nell’infanzia. / Nucleo / / / Eppure / Napoli aveva avuto e ancora aveva una comunità ebraica non piccola, / Nucleo non irrilevante socialmente, / a cominciare dagli avvocati Foà, presso cui era Giovane di Studio il neolaureato Giovanni Leone. / / (De Mauro 2006: 103) 17 . Un Nucleo informativo è necessario e sufficiente a costituire un Enunciato. Normalmente - quando cioè non si scelga uno style coupé - esso è tuttavia accompagnato da altri tipi di Unità informativa, che rispetto al Nucleo occupano una posizione di sfondo informativo. A tali Unità, che sono dunque facoltative e che sono reiterabili, si può dare il nome - scegliendo quelle più rappresentate nello scritto - di Quadro e di Appendice. 4.3.2 L’Unità di Quadro indica in generale l’ambito denotativo di pertinenza del Nucleo, che precede linearmente. Il Quadro può essere localmente funzionale all’interpretazione denotativa del Nucleo. In questo caso, esso indica le circostanze (spaziali, temporali, modali ecc.) della sua denotazione, come in: 16 Per un approfondimento di questo aspetto gerarchico-illocutivo dell’organizzazione informativa dell’Enunciato - per capirne le matrici profonde, l’originalità rispetto a esse, le scelte terminologiche, le diverse modulazioni - cf. F ERRARI 2005: 15-52, e le indicazioni bibliografiche ivi proposte. 17 D’ora in poi - adottando la scelta di C RESTI 2000, che per prima in Italia ha approfondito questo aspetto dell’organizzazione informativa dell’Enunciato -, nell’ambito dell’analisi gerarchico-illocutiva dell’Enunciato, la doppia sbarra obliqua (/ / ) indica un confine di Enunciato e la sbarra obliqua semplice (/ ) un confine di unità informativa. Tali indicazioni non verranno date sistematicamente, ma solo in quei punti in cui lo chiedono le analisi in fieri. La progressione tematica rivisitata 115 (32) / / / Leggendo qualche anno fa il bel libro di Rosetta Loy, / Quadro La parola ebreo, / mi sono reso conto che questa parola mi era stata estranea assai a lungo nell’infanzia. / / (op. cit.); ne limita o accresce gli effetti di «implicatura», come in (33), in cui l’indicazione causale conduce a leggere tutto l’articolo di cronaca sullo sfondo della colpevolezza del conducente: (33) / / / Forse per un sorpasso azzardato, / Quadro l’Alfa Romeo 145 guidata da Alessandro Granata [. . .] ha urtato la Renault Clio [. . .] / / (Corriere della Sera, es. tratto da Zampese 2004: 175); ne mette in rilievo il Topic (cf. più in dettaglio §5): (34) / / / Per Toce, / Quadro le manette sono invece scattate mercoledì scorso. / / (op. cit.); ne esplicita aspetti illocutivi quali ad esempio la fonte discorsiva: (35) / / / Secondo i carabinieri, / Quadro si è trattato di una rapina su commissione. / / (op. cit.). Accanto a una giustificazione «locale», il Quadro può avere anche una giustificazione più globale. Il suo contenuto viene scelto allora, anaforicamente, per creare l’anello semantico che garantisce/ esplicita/ sottolinea la coerenza con il cotesto precedente; si pensi alla perdita di «naturalezza» nella connessione tra Enunciati che risulterebbe dalla cancellazione del Quadro per questo in (36), che serve a esplicitare il legame logico tra il contenuto principale, i prigionieri hanno sfondato la porta, e l’Enunciato precedente: (36) a. Non li hanno però legati: / / / per questo, / Quadro intorno alle tre, a forza di spallate / i prigionieri hanno sfondato la porta. / / (Corriere della Sera, es. tratto da Zampese 2004: 176) b. Non li hanno però legati: / / intorno alle tre, a forza di spallate / i prigionieri hanno sfondato la porta. / / . Il contenuto del Quadro può servire, questa volta cataforicamente, ad aprire «spazi» semantici che danno unità al cotesto successivo. Per esempio, nel testo seguente, il sintagma-Quadro All’epoca in cui risalgono i miei primi ricordi di lei dà la prospettiva di interpretazione della lunga descrizione che segue: (37) / / / All’epoca in cui risalgono i miei primi ricordi di lei [mia madre], / Quadro era, anche con parametri del tempo, una donna ancora giovane, trentottenne. / / Aveva una carnagione bianco-latte e lunghi capelli rosso scuro. Mi pareva bellissima. Dopo essersi lavata, rivestita da un accappatoio candido pettinava la lunga chioma, che le ricadeva davanti al viso. [. . .] (De Mauro 2006: 103). L’Unità di Appendice, anch’essa reiterabile, completa il Nucleo o il Quadro, rispetto ai quali può trovarsi in posizione inserita o immediatamente successiva. Dal Angela Ferrari / Anna-Maria De Cesare 116 punto di vista locale, essa può essere sfruttata per ripetere informazioni (anche complesse) Attive, o per riattivare informazioni Semi-attive: (38) Alla fine della giornata [un maestro di sci] mi consiglia di tornare più spesso in quel paese perché, secondo lui, le settimane bianche sono un osservatorio inconsueto per chi vuole analizzare meglio le famiglie al loro interno. [. . .] / / / Aveva proprio ragione quel maestro di sci, / le vacanze sono un buon punto di osservazione: / Appendice / / guardavo quei genitori così sicuri e sprezzanti, sempre di fretta . . . (es. tratto da Ferrari 2006: 66-67). Quando è costituita da informazioni Non-Attive (o quasi), l’Appendice permette al locutore di precisare il senso delle sue parole nel contesto della sua enunciazione: (39) Il raggiungimento dello scopo viene sventolato mostrando i simboli che la nostra comunità ha evidentemente imposto come emblemi del successo: potere, soldi, sfoggio del superfluo, arroganza, violenza. / / È così che molti bambini vorrebbero la figura del genitore, / del maestro di vita? / Appendice / / (es. tratto da Ferrari 2006: 67); o semplicemente di aggiungere informazione, pertinente ma sprovvista di «vitalità» testuale, cioè incapace di imporsi nel cotesto successivo come cornice semantica di riferimento, e di creare una vera e propria connessione con il cotesto precedente 18 . Benché le Unità di Quadro e di Appendice appartengano entrambe allo sfondo informativo dell’Enunciato e possano essere saturate dagli stessi contenuti semantici, l’apporto che esse danno alla testualità è profondamente diverso, come mostra il fatto che il passaggio da un valore informativo all’altro può incidere sulla coerenza del testo (cf. Ferrari 2003, 2004, 2006). Per esempio, in un caso come il seguente, improntato sul confronto tra l’italiano e le altre lingue: (40) Oggi sappiamo che la fissità dell’italiano è stata alquanto sopravvalutata. Non vi è dubbio, infatti, che anch’esso sia mutato nel corso del tempo; / / / rispetto alle altre lingue, / Quadro però, questo mutamento è stato per secoli più contenuto (o meno avvertibile), / / tanto che sembra avvenuto quasi di colpo dalla fine dell’Ottocento, dopo il raggiungimento dell’unità nazionale, fino al duemila, l’epoca dell’informatica e della multimedialità. (es. tratto da Ferrari 2006: 74), la scelta di evocare il paragone in Quadro risulta più adeguata di quella di inserirlo in Appendice, che ne fa una precisazione accessoria dal punto di vista argomentativo: (41) Oggi sappiamo che la fissità dell’italiano è stata alquanto sopravvalutata. Non vi è dubbio, infatti, che anch’esso sia mutato nel corso del tempo; / / / questo mutamento, / rispet- 18 Per un approfondimento della concezione qui assunta (e un confronto con altre concezioni), cf. F ERRARI 2006 e le indicazioni bibliografiche ivi proposte. L’Unità di Appendice non va confusa con l’Unità di Inciso, che ha indipendenza illocutiva e crea un piano autonomo di testualità (cf. C IGNETTI 2004). La progressione tematica rivisitata 117 to alle altre lingue, / Appendice è stato però per secoli più contenuto (o meno avvertibile), / / tanto che sembra avvenuto quasi di colpo dalla fine dell’Ottocento, dopo il raggiungimento dell’unità nazionale, fino al duemila, l’epoca dell’informatica e della multimedialità. 19 4.4 L’organizzazione informativa dell’Enunciato comprende dunque (almeno) tre livelli concettualmente distinti: il livello Topic-Comment; il livello che coglie il grado di attivazione dei referenti testuali entro la Memoria Testuale a breve termine dell’interpretante; il livello gerarchico-illocutivo. Ognuno di questi livelli ha una sua specifica proiezione entro il testo, che delinea un aspetto autonomo della sua coerenza semantico-pragmatica e della sua coesione e forma «superficiale». Così, l’articolazione Topic-Comment disegna l’evoluzione del testo relativamente alla scelta dei suoi successivi «argomenti», controllando in particolare l’ordine dei costituenti argomentali rispetto al predicato della frase e in parte anche il contrasto tra scelte pronominali e scelte lessicali. Lo statuto cognitivo dei referenti testuali individua la continuità referenziale del testo, e definisce in parte le modalità dell’espressione linguistica dei sintagmi tra ricchezza e esilità semantica (forme lessicali intensionalmente «pesanti», con contenuto generico, povero ecc.). Il livello gerarchico-illocutivo definisce l’architettura del contenuto testuale tra «sfondi» e «primi piani», determinando soprattutto la distribuzione degli elementi circostanziali e imponendo alcune scelte interpuntive. Ora, mantenere ben distinte queste tre dimensioni informative della testualità permette di costruire una definizione di «progressione tematica» più rigorosa, e davvero adeguata per penetrare nella complessità semantico-pragmatica dell’architettura testuale. In generale vale che il fenomeno della «progressione tematica» riguardi specificamente l’organizzazione dei contenuti testuali relativamente alla scelta dei successivi Topic, di modo che sarebbe più adeguato parlare di «progressione del Topic». Poiché la testualità è modulare, tale successione dialoga tuttavia con le altre dimensioni dell’organizzazione del testo, a loro volta legate ad altri moduli testuali. Più precisamente (ma parzialmente), la progressione del Topic interagisce con la strutturazione gerarchico-illocutiva dell’Enunciato, che sceglie, tra i Topic resi disponibili da ogni Proposizione Semantica, quei Topic che hanno, via via, un maggiore rilievo dentro il testo. 19 Come si sarà notato, è questo - quello gerarchico-illocutivo - il livello informativo che più si avvicina a quello còlto da Jan Firbas con il concetto di Dinamismo Comunicativo. Il Nucleo coincide con l’informazione massimamente dinamica, il Rema, e le altre Unità sono l’esplicitazione in termini testuali delle proprietà di «Tema», «Resto del Tema», «Transizione» ecc. Angela Ferrari / Anna-Maria De Cesare 118 5. L’organizzazione dei Topic nel testo 5.1 Definiti rigorosamente in termini di aboutness, i Topic delle Proposizioni Semantiche che costruiscono il testo vanno a inserirsi in un sistema a più gradini, già delineato nelle prime fasi della linguistica del testo da Van Dijk 1977. L’idea - molto intuitiva e molto antica - è che un testo possa essere considerato come l’espansione semantico-pragmatica di un Topic (o Tema) di fondo (o centrale), espansione che si concretizza grazie allo sviluppo di Topic di livello inferiore, fino ad arrivare ai Topic delle Proposizioni Semantiche (nel senso definito nel §4.1). In questo modo, si ottiene dunque uno schema ad albero rovesciato, il cui tronco è costituito dal Topic di fondo e i cui Topic di livello inferiore si distribuiscono nei rami via via più «nuovi» dell’albero. Tale schema rappresenta l’organizzazione globale dei Topic del testo. All’interno di questo quadro, con «progressione del Topic» si intende il modo in cui in una porzione di testo unitaria si susseguono linearmente i Topic ai diversi livelli: ci sarà così la progressione dei Topic dei capitoli all’interno di un libro, quella dei Topic dei paragrafi all’interno di un capitolo, dei Topic dei Capoversi all’interno di un paragrafo, e via scendendo. Quando ci si riferisce - come si è fatto nell’ambito della Scuola di Praga - al Capoverso o a una sottoporzione unitaria di esso, la dimensione pertinente di analisi coincide con l’Enunciato. Il concetto di «progressione tematica» sviluppato da František Daneš riguarda (parzialmente: cf. sopra) dunque la sequenza dei Topic negli Enunciati: per esempio, una progressione tematica è costante quando due o più Enunciati contigui presentano lo stesso Topic. Per individuare la progressione tematica di un Capoverso (e valutarla nella sua interazione con le altre dimensioni testuali), occorre quindi definire i modi in cui si distribuiscono i Topic dei successivi Enunciati, e non genericamente la proprietà della Datità e/ o dello sfondo informativo (cf. §4.2 e 4.3). Tuttavia, nella sua definizione minimale, l’ambito di identificazione del Topic è la Proposizione Semantica: e, come abbiamo detto, un Enunciato può naturalmente essere costituito da più di una Proposizione. È qui che entra in gioco l’interazione tra il livello Topic-Comment e il livello gerarchicoillocutivo. In due modi: anzitutto, il livello gerarchico-illocutivo decide quale/ i tra i Topic resi disponibili dalle Proposizioni che formano l’Enunciato è/ sono quello/ i che funge/ fungono da Topic dell’Enunciato; in secondo luogo, il livello gerarchicoillocutivo definisce se il Topic dell’Enunciato va anche considerato come un Topic di livello superiore, i. e. di un gruppo omogeneo di Enunciati o di un Capoverso. 5.2 Il Topic dell’Enunciato coincide con il Topic associato alla Predicazione Semantica principale che trova posto nel Nucleo informativo. Così, nell’esempio seguente, è Maria il Topic dell’Enunciato (e non Carlo, che costituisce il Topic di una Proposizione secondaria): (42) / / / Maria Topic mi ha detto che Carlo non ha capito nulla. / Nucleo / / . La progressione tematica rivisitata 119 Tale Topic, definito dalle condizioni linguistiche di precedenza e, eventualmente, di pronominalità viste sopra (§4.1), può essere o linearizzato all’interno del Nucleo - e allora il Nucleo informativo contiene il Topic e il Comment, come in (42) e (43): (43) / / / L’oralità Topic è dunque un elemento costitutivo della testualità fiabesca Comment , / Nucleo che tende a preservarsi anche nelle riscritture, / Appendice sia come spontaneo riflesso della fonte, / Appendice sia come cosciente adesione dei raccoglitori al tono popolare dell’originale / Appendice / / (Ricci 2006: 269); - o manifestarsi nell’Unità di Quadro, nel qual caso è seguito da un Nucleo predicativo, saturato dall’Unità informativa di Comment: (44) Ieri mattina, patenti e carte d’identità dei 32 avventori rapinati sono state ritrovate a Milano, in una cassetta della posta. / / / Dei malviventi Topic , / Quadro invece, / non c’è traccia- Comment . / Nucleo / / (es. tratto da Zampese 2005: 209). Vi sono però anche casi più complessi, in cui un Enunciato contiene due Topic principali (di Enunciato): il primo si colloca nell’Unità di Quadro, il secondo nell’Unità di Nucleo; per un esempio si veda di nuovo il brano proposto al punto (34), che si riproduce qui sotto con una nuova numerazione: (45) / / / Per Toce Topic1 , / Quadro le manette Topic2 sono invece scattate mercoledì scorso. / Nucleo / / (es. tratto da Zampese 2005: 209). In casi come questi, il Comment del primo Topic coincide con l’informazione veicolata dall’intero Nucleo (46), mentre il Comment del secondo Topic corrisponde alla predicazione centrale della proposizione realizzata nel Nucleo (47): (46) / / / Per Toce Topic1 , / Quadro le manette sono invece scattate mercoledì scorso Comment1 . / Nucleo / / (47) / / / Per Toce, / Quadro le manette Topic2 sono invece scattate mercoledì scorso Comment2 . / Nucleo / / . I Topic in Quadro possono presentarsi sotto forma di sintagma referenziale dislocato a sinistra, come nell’esempio (44), di referente testuale circostanziale introdotto da espressioni del tipo «quanto a x», «riguardo a x», «in relazione a x», «a proposito di x», cioè di espressioni che evocano una o più entità coinvolte nell’evento a cui si riferisce il Nucleo: (48) / / / Quanto a Luisa Topic , / Quadro non mi ha ancora risposto Comment / Nucleo / / ; o ancora di soggetto sintattico in posizione preverbale: (49) . . . la distribuzione dei segni di punteggiatura è . . . indizio dell’attività del soggetto quando pianifica e dispone linearmente la rappresentazione «prediscorsiva» a cui vuole dare forma . . ., e ordina il suo testo e ne rende visibile le articolazioni in modo da facilitare il Angela Ferrari / Anna-Maria De Cesare 120 lavoro del lettore. / / / La punteggiatura Topic , / Quadro dunque, / è «traccia dei processi di pianificazione» e guida la lettura Comment . . . / Nucleo / / (es. tratto da Ferrari 2005: 197). Naturalmente, al di là del fatto che possono svolgere la funzione di Topic in Quadro, le forme linguistiche elencate sopra - i. e. costituente dislocato, referente introdotto da espressioni speciali, soggetto sintattico - non sono equivalenti, e dunque interscambiabili. Innanzitutto perché vi sono tra di esse importanti differenze di registro: mentre sono tipiche dello scritto-scritto espressioni quali «per quanto riguarda x», nel parlato-parlato è invece più diffuso il costrutto marcato della dislocazione a sinistra o del «tema sospeso» (nello scritto un costituente dislocato tende invece a essere linearizzato nel Nucleo informativo, cf. Ferrari 2003). Le forme linguistiche che realizzano la funzione di Topic si distinguono anche per la loro diversa efficacia nell’imporre un Topic autonomo, sganciato dal Nucleo: così, se espressioni come «quanto a x», quando aprono l’Enunciato, impongono de facto la presenza di un Topic in Quadro, è invece più delicato, perché vi entrano dati di natura contestuale, decidere se un soggetto sintattico in posizione preverbale saturi un Quadro o se esso sia linearizzato nel Nucleo informativo dell’Enunciato. In generale vale comunque che quando un soggetto topicale è separato dal suo Comment da un contenuto calato in un’Unità informativa di sfondo, di Appendice, come in (49), esso formi anche un Quadro autonomo. 5.2.1 Quanto affermato in precedenza significa che i Topic secondari eventualmente presenti nei Quadri e nelle Appendici, inseriti cioè nelle Proposizioni con funzione informativa di Quadro o di Appendice, non sono direttamente coinvolti nell’organizzazione Topicale primaria del Capoverso; per esempio, la seguente coppia di Enunciati fittizi: (50) / / / Maria Topic ha un pessimo carattere. / Nucleo / / / Quando la situazione Topic si fa difficile, / Quadro [sogg. nullo] Topic non riesce mai, / Nucleomalgrado Carlo Topic tenti pazientemente di mediare, / Appendice a mantenere la calma. / -Nucleo / / , procede mantenendo costante il Topic Maria, a cui si attribuisce dapprima una valutazione negativa, giustificandola in un secondo momento con l’evocazione di un suo comportamento rappresentativo; invece, il Topic del Quadro (la situazione) e il Topic dell’Appendice (Carlo) non sono direttamente coinvolti nella progressione Topicale del testo. Ricondurre il fenomeno della «progressione tematica» agli spazi informativamente nucleari del testo non significa tuttavia affermare che le informazioni di sfondo (e qui, naturalmente, non parliamo del caso in cui il Topic satura da solo un Quadro) siano estranee a questo tipo di organizzazione testuale. Innanzittutto, l’Unità di Quadro può contribuire a individuare il Topic dell’Enunciato. Si pensi al caso in cui una Proposizione Semantica nucleare - compatibile sia con una lettura eventiva sia con una lettura informativamente articolata in Topic-Comment - costituisce l’incipit assoluto di testo, come in: La progressione tematica rivisitata 121 (51) / / / Sbarbaro ebbe una vita schiva e priva di eventi esterni significativi, / Nucleo tutta trascorsa nella sua Liguria. / Appendice / / (adattato da Lavezzi et al. 1992: 524). La presenza di una Proposizione in Quadro che ha il referente Sbarbaro come Topic tende a privilegiare un’articolazione Topic-Comment (in cui Sbarbaro è Topic) anche per quanto riguarda la Proposizione collocata nel Nucleo: (52) / / / Nato [= Sbarbaro Topic ] a Santa Margherita Ligure (in provincia di Genova) nel 1888, / Quadro Sbarbaro Topic ebbe una vita schiva e priva di eventi esterni significativi, / Nucleo tutta trascorsa nella sua Liguria. / Appendice / / (Lavezzi et al. 1992: 524). In generale, vale in effetti che se una Proposizione nucleare è preceduta da una clausola in Quadro articolata in Topic-Comment e se tale Topic è coreferente con il primo elemento della clausola nucleare, vi sono buone probabilità che sia topicale anche quest’ultimo. Questo perché, attraverso il Quadro, viene a crearsi un «effetto presupposizionale» che fa del primo argomento della Proposizione iniziale ciò di cui parla l’Enunciato in toto. Anche l’Appendice - funzionalizzata, in una delle sue manifestazioni più tipiche, all’arricchimento della descrizione intensionale dei referenti testuali - può essere un tassello testuale interpretativamente decisivo, in quanto per esempio esplicita - ricorda o anche comunica ex novo - la ragione per la quale un particolare Topic trova posto in modo coerente nel Movimento Testuale complessivo in fieri. Pensiamo all’esempio seguente: (53) Nuovo colpo di scena nella partita per la privatizzazione di Alitalia. / / / Berardino Libonati Topic , / Quadro il presidente di garanzia incaricato di traghettare la compagnia verso la vendita in occasione dell’asta al Tesoro, / Appendice ha dato ieri le dimissioni. / Nucleo / / Al suo posto, con poteri molto più ampi, arriverà Maurizio Prato . . . (es. tratto da Ferrari in stampa); o all’Enunciato (54), collocato a seguito di un Capoverso centrato attorno al referente Milone: (54) / / / In quella gazzarra / Quadro1 Cicerone Topic , / Quadro2 difensore di Milone, / Appendice parlò poco e male. / Nucleo / / (es. tratto da Ferrari 2006: 71). Nei casi in cui l’Appendice richiami un referente testuale senza accrescerne la semantica intensionale, la sua funzione testuale consiste allora nel rendere la continuità topicale del testo comunicativamente più trasparente. Il che può verificarsi sia quando il sintagma referenziale esaurisce l’Appendice, sia quando esso si manifesta come componente di un contenuto proposizionale più ampio. Si pensi al caso seguente, in cui un referente lessicale pieno in Appendice è collocato a seguito di una sequenza di Enunciati che si riferiscono alla protagonista con forme denotative semanticamente esili (il soggetto nullo del verbo dice), nella quale interviene anche un altro referente (il marito): Angela Ferrari / Anna-Maria De Cesare 122 (55) L’odore è buono. Come in ogni casa del mondo, dove c’è una famiglia e un pranzo nel giorno di festa. Il vapore che sale dalla pentola dello stufato di maiale con l’aglio e le cipolle è denso e profumato e Iuliana - Iuliana Dumea è venuta a Roma dalla contea di Piatra Neamt, Romania, quattro anni fa, in settembre - ne è fiera. Sorride e si stringe sulle spalle lo scialletto di lana. Fuori piove. Vuole preparare un caffè tanto per levarsi di dosso l’umidità. Iuliana racconta di sé senza disperazione, quasi orgogliosa della sua rassegnazione a una vita aspra, della sua capacità di sopportarla con dignità. [sogg. nullo Topic ] Dice del suo lavoro di badante a Cerveteri, 650 euro al mese, un posto fisso, un letto caldo per sei giorni la settimana e la famiglia che l’ospita la rispetta e ha fiducia in lei. [sogg. nullo Topic ] Dice della figlia Andrea, arrivata in Italia che sono sette giorni . . . Del marito muratore che guadagna 40 euro a giornata, anche 50, quando è fortunato a trovarlo e, se Dio vuole, quest’anno la fortuna non lo ha mai abbandonato. / / [sogg. nullo Topic ] Dice / Iuliana, / Appendice delle sue preoccupazioni, ma anche della sua speranza di una vita regolare, del desiderio di trovare una casa . . . / / (La Repubblica, 2.11.2007). Ripetere con un sintagma lessicale pieno in Appendice un Topic permette di assicurarsi della sua corretta interpretazione referenziale evitando una dinamizzazione informativa indesiderata. In una scrittura che, come quella italiana, tende per tradizione retorica a evitare la ripetizione, riproporre un contenuto Attivo o Semi- Attivo con un sintagma nominale pieno in Appendice permette infatti di attribuirgli un peso informativo minore rispetto alla sua collocazione nelle Unità di Nucleo o di Quadro. 5.3 Abbiamo detto che il Topic dell’Enunciato è il Topic associato al Nucleo, integrato o meno. Se il grado di integrazione non ha effetti sulla progressione tematica definita qui sopra, esso ha conseguenze a un livello più globale. Rispetto a un Topic linearizzato nel Nucleo, un Topic in Quadro svolge infatti più naturalmente funzioni testuali di ampio raggio. 5.3.1 Un primo tipo di contributo offerto dal Topic in Quadro all’organizzazione tematica del testo va collocato sotto il segno della continuità semantico-referenziale: il Quadro interviene a gestire la connessione topicale con il cotesto precedente di quegli Enunciati il cui Nucleo è informativamente eventivo o presentativo, e dunque sprovvisto di un suo specifico Topic a base sintattico-semantica. Tale sostegno alla continuità topicale del testo può verificarsi sia nei casi in cui il Quadro è esaurito dall’elemento che esplicita il collegamento referenziale, come in: (56) L’utilizzazione della voce, infine, permette di veicolare il significato complessivo del messaggio anche grazie al volume, al tono, all’intonazione, al ritmo, che nel parlato più spontaneo e informale è spesso sostenuto, con conseguenti fenomeni di «allegro». / / / Tra questi Topic / Quadro segnaliamo l’aferesi, / Nucleo cioè la caduta ad inizio di parola, di una vocale, specie prima di un nesso nasale + consonante (’nsomma ‘insomma’, ’nvece ‘invece’) . . . / / (D’Achille 2003: 166), sia nei casi in cui il riempimento del Quadro è proposizionale e il referente di connessione viene estratto da essa, come in (57), dove il Topic dell’ultimo Quadro, cioè La progressione tematica rivisitata 123 Croce, mantiene la continuità referenziale e il legame con il macro-Topic in un Enunciato la cui natura è fondamentalmente presentativa, come mostra l’apertura del Nucleo con ecco: (57) / / Essendo descrittiva e caratterizzante, la critica crociana Topic comporta anzitutto, o almeno in un primo tempo, un continuo cedere la parola all’autore, vale a dire grande abbondanza di citazioni molto ben manovrate, sfiorando quello che si potrebbe chiamare un racconto che ha per protagonisti gli autori. / / E secondariamente [la critica crociana- Topic comporta] una grande attenzione alle psicologie e dunque ai personaggi. / / / E poiché per Croce Topic non si tratta soltanto di individuare ma di inserire con un gesto largo in categorie, / Quadro ecco gli insistenti paragoni tra testi lontani e allotrii: / Nucleo / / . . . (Mengaldo 1998: 14-15). Questa tipologia di contributo offerto dal Quadro all’organizzazione Topicale del testo è preziosa: in queste sue manifestazioni, il Quadro permette infatti di risolvere il «problema informativo-testuale» di quelle connessioni logiche - tipicamente l’illustrazione, l’esemplificazione, la consecuzione - che si trovano a dover applicare, all’interno di uno stesso ambito referenziale, continuità topicale e dinamizzazione informativa. 5.3.2 Il Topic in Quadro - e questo è un suo secondo contributo importante alla progressione tematica del testo - può svolgere una vera e propria funzione strutturante. In particolare, quando è esaurito da un elemento referenziale, esso diviene lo spazio informativo ideale per segnalare la macro-articolazione topicale dei Capoversi. Attraverso il Quadro, si definiscono cioè - «iconicamente» data la sua collocazione incipitaria - il referente che va considerato come il macro-Topic del Capoverso e nel contempo i legami referenziali con il cotesto precedente, e dunque la coerenza topicale dell’intero testo; basti pensare al brano seguente: (58) Chi dice che la nostra lingua è stata guastata dagli eccessivi innesti di anglicismi si sbaglia di grosso. Luoghi comuni. Sì, va bene, qualche prestito è inevitabile in tempi ad alto tasso tecnologico. Ma la lingua italiana è essenzialmente una lingua conservativa, refrattaria ai cambiamenti. È quanto sostiene Luca Serianni, autore di una Garzantina sulla grammatica e la sintassi dell’italiano che riprende un volume uscito dieci anni fa per la Utet e che sarà in libreria fra qualche giorno (pagine 609, lire 42.000). / / / A Serianni Topic , / Quadro che insegna Storia della lingua all’Università di Roma, / Appendice non piacciono per nulla i continui lamenti sulla corruzione dell’italiano: / Nucleo / / «Quel che fa testo è l’uso reale. . . . / / Insomma, diciamo che per allestire una grammatica bisogna tener conto del livello medio, quello, per intenderci, di un buon articolo di giornale, né troppo elevato né troppo basso o familiare». / / / / / A proposito di giornali Topic , / Quadro Serianni insiste sulla tendenza conservativa: / Nucleo / / . . . (Corriere della Sera, 18. 9. 1997). È chiaro, comunque, che anche un Topic linearizzato nel Nucleo può coincidere con un Topic di livello superiore. Questo caso, lo si è visto in vari esempi (cf. (55)), si verifica quando il Topic di Enunciato che trova posto nel Nucleo viene ripreso Angela Ferrari / Anna-Maria De Cesare 124 in uno o più Enunciati successivi del testo, quando si verifica cioè una progressione con Topic costante. A differenza del Topic proposto in Quadro, tuttavia, per essere promosso a macro-argomento di testo, un Topic in Nucleo deve essere ripetuto, anche solo sotto forma di soggetto sottinteso, in ogni proposizione nucleare del testo. La funzione testuale di «creatore» di spazi mentali che viene a svolgere un referente topicale posto nell’Unità di Quadro rappresenta un prezioso dispositivo di strutturazione del testo, sfruttato in particolare per guidare il lettore nel riconoscimento di sezioni testuali con macro-Topic indipendenti, spesso legati a un Topic di livello superiore (di paragrafo). Si pensi per esempio alla funzione di espressioni come quanto a in sezioni di testo nelle quali non si verifica un parallelismo tra Capoverso e Topic: (59) 1.2.3. Passando alla sintassi, possiamo individuare principalmente tre ambiti nei quali si avverte differenza tra il parlato e lo scritto standard: la sintassi del periodo, fenomeni concernenti l’ordine dei costituenti frasali, e fenomeni riguardanti l’effetto della ridotta gittata di pianificazione sulla coesione sintattica delle frasi. / / / Quanto al primo punto Topic , / Quadro c’è ampio accordo fra gli studiosi sul fatto che il parlato preferisca la paratassi all’ipotassi: / Nucleo / / . . . Inoltre, la realizzazione dei nessi di subordinazione (e coordinazione) è affidata a una gamma minore di forme e congiunzioni rispetto alle possibilità dello scritto standard, ciascuna delle quali avrà una frequenza relativa più alta: . . . Meritano infine un rapido cenno, in tema di strutture frasali ricorrenti nel parlato, due costrutti tipici. . . . / / / Quanto a fenomeni relativi all’ordine dei costituenti Topic , / Quadro è rilevante la presenza di frasi segmentate di vario genere, / Nucleo aventi in comune la funzione di sottolineare l’articolazione tema/ rema e di marcare la struttura informativa della frase. / Appendice / / . . . Un terzo carattere evidente della sintassi nei testi parlati è dato dalla ricorrenza di strutture sintattiche interrotte: . . . (Berruto 2003: 47-8). 5.3.3 A livello testuale, la collocazione di un referente topicale nel Quadro informativo si giustifica anche in un altro modo. Oltre a imporre un macro-argomento denotativo, il Topic in Quadro può contenere la fonte enunciativa di uno o più Enunciati. Si veda l’esempio seguente, in cui il referente Serianni coincide con la sorgente enunciativa di tutti gli Enunciati del Capoverso: (60) / / / A Serianni Topic , / Quadro che insegna Storia della lingua all’Università di Roma, / Appendice non piacciono per nulla i continui lamenti sulla corruzione dell’italiano: / Nucleo / / «Quel che fa testo è l’uso reale. / / Ovviamente non si tratta di accogliere tutto liberamente, / / ci sono consuetudini del linguaggio familiare che non possono diventare norma; / / così come non devono dettar legge le forme auliche o letterarie. / / Non voglio dire che per la grammatica vale solo la maggioranza; / / però se una forma che prima non veniva accolta si diffonde e si generalizza è necessario prenderne atto nel consigliare l’utente. / / Insomma, diciamo che per allestire una grammatica bisogna tener conto del livello medio, quello, per intenderci, di un buon articolo di giornale, né troppo elevato né troppo basso o familiare». / / (Corriere della Sera, 18.9.1997). La progressione tematica rivisitata 125 6. Conclusione Secondo il punto di vista originale della Scuola di Praga, il fenomeno della «progressione tematica» ruota attorno al concetto di Topic, definito in termini di elemento Dato, provvisto del minor grado di Dinamismo Comunicativo. In questo lavoro abbiamo mostrato che tale definizione non è tuttavia adeguata perché appiattisce entro uno stesso livello concetti informativi che vanno tenuti rigorosamente distinti. Una definizione adeguata del fenomeno di progressione tematica deve dunque partire da una chiara distinzione dei concetti di Topic, di Datità e di Dinamismo Comunicativo e dei livelli informativi a cui appartengono. Infatti, un conto è osservare come gli Enunciati di un testo scelgano l’entità attorno alla quale veicolano informazione (il Topic); altro conto è esaminare lo statuto cognitivo, se Dato o meno, delle entità evocate nel testo; un altro conto ancora è valutare gli andamenti del Dinamismo Comunicativo che caratterizza le informazioni testuali. Fissati i livelli della struttura informativa dell’Enunciato si è poi in grado di determinare i modi del loro coinvolgimento nel fenomeno complesso della progressione tematica: tale fenomeno riguarda strettamente entità del tipo «referenti testuali» e riguarda rigorosamente la proprietà dell’aboutness. Il Dinamismo comunicativo-illocutivo entra in gioco per selezionare, tra i disponibili, i Topic pertinenti, che sostengono l’organizzazione Topicale del Capoverso. La Datità coglie uno dei modi in cui tale organizzazione può concorrere a definire la testualità di una sequenza di Enunciati. In questo lavoro abbiamo visto in modo approfondito che la progressione del Topic nel Capoverso (o in una sua sottoparte) viene definita dall’associazione modulare tra il livello informativo Topic-Comment e il livello informativo di tipo gerarchico-illocutivo. Data una sequenza testuale semantico-pragmaticamente unitaria, essa proietta grazie a indicazioni in parte linguistiche in parte contestuali (i) una sequenza di referenti testuali con funzione di Topic, definiti ognuno nell’ambito della Proposizione; e (ii) una sequenza di Enunciati illocutivamente fondati, gerarchicamente organizzati al loro interno in Unità informative di Nucleo e - facoltativamente - di Quadro e di Appendice. L’organizzazione Topicale del testo seleziona tra i Topic disponibili quelli che sono legati alla sequenza dei Nuclei informativi, o essendone parte integrante - Nucleo proposizionale - o essendo dislocati nel Quadro - Nucleo predicativo. Il fenomeno della progressione tematica è dunque, con i termini di Eddy Roulet (cf. Roulet 1999, Roulet/ Filliettaz/ Grobet 2001), una «forma di organizzazione testuale complessa». Globalmente questo lavoro, dedicato soprattutto all’interazione dei livelli informativi Topic-Comment e gerarchico-illocutivo che fondano l’Enunciato, ci ha permesso di capire meglio il fenomeno complesso della progressione tematica. Naturalmente rimangono altri aspetti da approfondire. Bisogna per esempio precisare in che modo la progressione dei Topic dialoghi con il livello informativo della Angela Ferrari / Anna-Maria De Cesare 126 Datità e in che modo essa sia in sintonia con le (coerente rispetto alle) altre dimensioni dell’organizzazione del testo, quella logico-argomentativa, quella composizionale, ecc. Basilea Angela Ferrari / Anna-Maria De Cesare Bibliografia Allerton, D. 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Introduction* Contrairement aux variétés du sarde septentrional où le / l/ intervocalique simple ne subit aucune modification (/ ˈsɔlɛ/ sole(m) ‘soleil’), on remarque que, dans certaines aires du sarde méridional, la latérale disparaît au profit d’une palette de réalisations apparemment hétérogènes 1 . Exception faite des formes où le -[l]intervocalique aboutit au zéro phonétique ([ˈtʃeu] caelu(m) ‘ciel’, [ˈmau] malu(m) ‘mauvais’), l’on peut distinguer quatre types de réalisations différentes comme le montrent les exemples en [1] (cf. Wagner 1941: § 187-93, Virdis 1978: 55 s., Contini 1987: 355-6) 2 : [1] réalisation labiale: [w] / [β]: [ˈsɔwi]/ [ˈsɔβi] ‘soleil’ réalisation vélaire: [ɡw]: [ˈsɔɡwi] ‘soleil’ réalisation uvulaire/ pharyngale: [ʁ]: [ˈsɔʁi]/ [ˈsɔʕi] ‘soleil’ réalisation laryngale: [ʔ]: [ˈsɔʔi] ‘soleil’ Si à l’intérieur du mot, nous n’avons aucun indice pour affirmer qu’il s’agit d’un phénomène synchronique, en revanche, les réalisations en phonosyntaxe, données en [2], semblent nous montrer que les alternances de la latérale avec certains de ses allophones sont encore productives (cf. Wagner 1941: § 194, Virdis 1978: 58, Contini 1987: 485-86): [2] a. [ˈletːu] vs. [su ˈetːu] ‘lit, le lit’ b. [ˈlinːa] vs. [sa ˈwinːa] ‘bois, le bois’ c. [ˈloŋɡu] vs. [ũu ɡuˈte ːu ˈβoŋɡu] ‘long, un couteau long’ d. [ˈlatːi] vs. [su ˈʁatːi]/ [su ˈʕatːi] ‘lait, le lait’ e. [ˈlũʔ-] vs. [sa ˈʔũʔ-] ‘lune, la lune’ * Cet article est le fruit d’une communication tenue au colloque international Architecture δια et variabilité en langue à l’Université de Gand en avril 2008. Je tiens à remercier les organisateurs et les participants de ce colloque pour leurs commentaires. Mes remerciements vont également pour leur relecture et leurs remarques à Andrea Calabrese, Frank Floricic et au relecteur anonyme de Vox Romanica. Toutes les erreurs qui demeurent sont de moi. 1 Bien que dans notre contribution nous parlions de sarde méridional, il faut préciser que le phénomène en question ne concerne qu’une aire de ce domaine linguistique dont les contours sont décrits par Contini 1987: 353 et Contini 2006: 184-85. 2 Rappelons que la latérale géminée étymologique aboutit, dans tout l’espace sarde, à l’occlusive cacuminale [ ːù: [ˈpɛ ːɛ] pelle(m) ‘peau’ (cf. entre autres Contini 1987: 159). Vox Romanica 68 (2009): 129-155 Lucia Molinu Dans notre contribution, nous aimerions analyser le processus phonologique qui sous-tend les réalisations du / l/ étymologique en faisant appel à deux modèles d’inspiration générativiste. Le premier (Revised Articulator Theory, cf. Halle/ Vaux/ Wolfe 2000) est un modèle phonologique où les traits distinctifs de chaque phonème sont organisés hiérarchiquement à l’intérieur d’une architecture arborescente. Le deuxième, la Théorie des Contraintes et des Stratégies de Réparation (TCSR, cf. Paradis 1988), nous permettra de faire ressortir les contraintes phonologiques qui sont à la base de cette évolution. Dans la première partie de cet article, nous examinerons les aboutissements de / l/ intervocalique à l’intérieur de mot, afin de décrire les différentes étapes de son évolution. Dans un deuxième temps, en revanche, nous allons étudier les alternances phonsyntaxiques que nous avons vu en [2] pour déterminer leur degré de «naturalité» ou de «conventionalité» phonologique. Ne pouvant pas embrasser d’une façon détaillée tous les parlers sardes affectés par ce phénomène, nous nous concentrerons essentiellement, mais pas exclusivement, sur deux de ces parlers - celui de Genoni et celui de Senorbì - où, il y a quelques années, nous avons fait des enquêtes (cf. Molinu 1998). 2. Les aboutissements de l intervocaliques à l’intérieur de mot. Les exemples en [3], comparent les réalisations de / l/ intervocalique étymologique dans les parlers du sarde méridional de Senorbì et de Genoni, et en sarde septentrional: [3a] a. Senorbì b. Genoni c. sarde septentrional (cf. Molinu 1998) [ˈpiu] [ˈpiʁu] [ˈpilu] ‘cheveu’ [ˈtʃeu] [ˈtʃeʁu] [ˈkelu] ‘ciel’ [ˈme wa] [ˈme uʁa] [ˈme ula] ‘amande’ [3b] [daˈβɔri] [daˈʁɔri] [dɔˈlɔrɛ] ‘douleur’ [oˈβia] [oˈʁia] [oˈlia] ‘olive’ [ˈmɛβa] [ˈmɛʁa] [ˈmɛla] ‘pomme’ [ˈpaβaza] [ˈpaʁaza] [ˈpalaza] ‘épaules’ D’une part le maintien uniforme de la latérale en sarde septentrional s’oppose aux réalisations nouvelles des parlers méridionaux, d’autre part les formes méridionales ne sont pas homogènes mais varient diatopiquement. En effet, dans le parler de Senorbì le / l/ intervocalique a abouti à Ø/ [β] à travers une étape *[w] (cf. [3a]). L’approximante labiovélaire a disparu au contact de la voyelle postérieure [u] (cf. [ˈpiu] ‘cheveu’) et, en revanche, elle a subi un renforcement articulatoire dans les autres contextes aboutissant à la fricative bilabiale [β] (cf. [daˈβɔri] ‘douleur’). Comme nous le verrons par la suite (cf. 2.3.2.), le parler de Senorbì reflète une étape intermédiaire de l’évolution de la latérale. En revanche, le parler de Ge- 130 La latérale intervocalique non géminée en sarde méridional noni, qui présente régulièrement la constrictive uvulaire [ʁ], montrerait une phase plus avancée de cette évolution. Nous pouvons observer que dans les deux parlers, les aboutissements de la latérale ne sont pas conditionnés par la position de l’accent. Cependant il semblerait qu’à l’origine, la structure prosodique du mot (syllabe accentuée vs. syllabe inaccentuée) ait conditionné les réalisations des allophones de / l/ (cf. la section suivante). 2.1 Les analyses précédentes L’évolution de la latérale a attiré l’attention de nombreux spécialistes du sarde. Wagner 1941: § 196-97 proposait qu’à la base des différents aboutissements de / l/ ([w], [β], [ɡw], [ʁ], [ʔ]) il y avait un «l vélaire». En effet, la comparaison avec d’autres aires de la Romania (catalan, portugais, etc.), où l’on trouve des «l vélaires» issus du / l/ latin et, en particulier, l’étude de Dauzat 1938 sur l’évolution de l intervocalique dans le Massif Central, le confortaient dans cette hypothèse. En ce qui concerne l’origine du «l vélaire» qui, pour certains linguistes, n’était que la continuation du «l pinguis» du latin 3 , Wagner tendait à penser à un phénomène physiologique plus général et présent dans des langues différentes, comme les langues slaves, l’arménien classique, etc. Quant à l’évolution du «l vélaire», Wagner avouait sa difficulté à déterminer les rapports entre ses divers aboutissements. Si la chaîne [l ɫ w Ø] avec l’effacement de l’approximante bilabiale ou la suite [l ɫ w β] avec le renforcement de [w] en [β] ne lui posaient aucun problème, Wagner a été, en revanche, moins explicite concernant les relations entre les réalisations restantes, c’est-à-dire [ɡw], [ʁ], [ʔ]. Il s’est limité à renvoyer à d’autres aires linguistiques où le même phénomène s’est produit, sans pour autant donner clairement, comme le fait Dauzat pour le Massif Central, la séquence suivante: [l ɫ w - gʷ - g ɣ ʁ] (Dauzat 1938: 63). En effet, au cours de la description de la distribution géographique des aboutissements du / l/ , l’attention de Wagner se portait moins sur la succession des chaînons que sur une alternance singulière que le chercheur allemand avait remarquée dans le Sulcis et l’Iglesiente. Les données en [4] nous montrent clairement que l’alternance [ʁ]/ Ø (cf. [4a] [oˈʁia] ‘olive’ vs. [ˈsɔi] ‘soleil’) est déterminée par l’accentuation du mot: [4] Sulcis/ Iglesiente (cf. Wagner 1941: § 197, Virdis 1978: 57) [4a] [oˈʁia] ‘olive’ vs. [ˈsɔi] ‘soleil’ [4b] [koˈʁai] ‘passer’ vs. [ˈmau] ‘mauvais’ [4c] [boˈʁeis] ‘vous voulez’ vs. [ˈmɛi] ‘miel’ Si l’on tient compte du fait que, selon Wagner 1941: § 190, 197, le zéro phonétique est dans cette aire l’aboutissement de [w] (*[ˈsɔli] *[ˈsɔɫi] *[ˈsɔwi] [ˈsɔi] ‘so- 131 3 Cf. entre autres Kolovrat 1923 et Rohlfs 1937: 39. Lucia Molinu leil’), ce dernier supposait que les parlers du Sulcis et de l’Iglesiente avaient conservé la distribution originelle, c’est-à-dire [ʁ] en position tonique et [w] en position post-tonique, et que, par la suite, les autres dialectes n’avaient generalisé qu’une seule réalisation à tous les contextes, sans faire référence à la position de l’accent (cf. Wagner 1941: § 197). L’hypothèse de Wagner nous paraît tout à fait intéressante mais l’état actuel de la distribution des différents aboutissements du / l/ étymologique rend opaque et difficile la reconstruction du contexte prosodique d’origine 4 . L’analyse de Virdis 1978: 55-8 ne s’écarte pas de celle de Wagner. Le seul point de différence concerne l’aboutissement de / l/ en [β] qui, selon Virdis 1978: 57, pourrait être une évolution de la labiovélaire [ɡʷ] selon les mêmes modalités qui ont permis le changement de la labiovélaire latine en occlusive bilabiale (cf. aqua sarde [ˈabːa] «eau»). L’étude de Contini 1987: 354 s. pose des questions essentielles sur l’existence du «l vélaire» qui serait à la base de tous les aboutissements actuels et sur les conditions de l’évolution de la latérale. Selon Contini 1987: 354, l’existence d’un «l vélaire» est loin d’être une certitude. En effet, la prononciation «vélaire» du l intervocalique ne se rencontre en aucune des variétés qui conservent la latérale originaire et de plus le domaine sarde ignore la vocalisation en [] de la latérale en fin de syllabe (cf. ancien français chevals chevaus ‘chevaux’) comme l’on pourrait s’attendre, vu que, dans ce contexte, la prononciation vélaire du / l/ étymologique ne fait apparemment aucun doute pour les romanistes (cf. entre autres Lausberg 1976: § 411-14). Comme le souligne Contini, on observe plutôt, dans une grande partie du domaine sarde, soit le rhotacisme soit la vocalisation en [] de la latérale (cf. culpa sarde [ˈkurpa]/ [ˈkupa] ‘faute’) 5 . Cependant le chercheur français envisage la possibilité d’une prononciation vélaire pour le l intervocalique bien que son attention se porte sur la cause de l’évolution de cette consonne, qui à son avis est due à un affaiblissement articulatoire en position intervocalique. L’évolution de la latérale vélarisée débuterait donc par une désarticulation du contact apical aboutissant à sa vocalisation en la labio- 132 4 Il faut néanmoins souligner que dans l’aire que nous examinons la position de l’accent reste encore aujourd’hui le déclencheur d’un autre processus phonologique, c’est-à-dire la nasalisation vocalique. Comme le montrent les données suivantes, l’alternance voyelle orale vs. voyelle nasale, qui s’accompagne de la présence vs l’absence de la consonne nasale, est clairement conditionnée par la place de l’accent: nasalisation vocalique (Contini 1987: 457, Molinu 2003) [tʃɛˈnai] / tʃɛˈnai/ vs. [ˈtʃ a] / ˈtʃɛna/ ‘souper, (le) souper’ En effet, la nasalisation vocalique et l’effacement de / n/ ne se produisent qu’en syllabe inaccentuée ([ˈtʃ a] / ˈtʃɛna/ ‘(le) souper’). Si, en revanche, l’occlusive nasale constitue l’attaque de la syllabe accentuée, le processus est bloqué [tʃɛˈnai] ‘souper’). Nous ne pouvons donc exclure l’hypothèse que la latérale ait connu jadis le même conditionnement prosodique de la nasale. 5 Dans notre aire, le / l/ implosif a subi la rhotacisation suivie de la metathèse du / r/ : culpa [ˈkurpa] [ˈkrupːa] ‘faute’ (cf. entre autres Molinu 1999). La latérale intervocalique non géminée en sarde méridional vélaire [w], vocalisation en [w], influencée, peut-être, par le contexte vocalique vélaire (finales en -[u] en particulier) 6 . Les étapes suivantes de l’évolution sont schématisées en [5a-d]: [5a] w Ø *[ˈmawu] [ˈmau] ‘mauvais’ [5b] w β [ˈmɛwa] [ˈmɛβa] ‘pomme’ [5c] w gw [ˈmɛwa] [ˈmɛɡwa] ‘pomme’ [5d] gw *ɣw ʕ [ˈmɛɡwa] *[ˈmɛɣwa] [ˈmɛʕa] ‘pomme’ Comme nous l’avons vu précedemment pour le parler de Senorbì (cf. [3a]), l’approximante labiovélaire a disparu au contact de la voyelle postérieure [u] (cf. [3a.a] et [5a]) et, en revanche, elle a subi un renforcement articulatoire dans les autres contextes aboutissant à la fricative bilabiale [β] (cf. [3a.b] et [5b]). Le renforcement articulatoire, dû sûrement à la nécessité d’améliorer le contact syllabique à travers la consonification de la semi-voyelle, peut aboutir également au groupe [ɡw] (cf. [5c]). C’est à partir de [ɡw] que l’on serait passé, à travers l’affaiblissement de l’occlusive vélaire, à la constrictive pharyngale [ʕ] (cf. [5d]) 7 . Bolognesi 1998: 464-67 pense que le changement du / l/ en [w], en [β], en [ɡʷ] ou en [ʁ] n’est pas motivé d’un point de vue phonétique. Il serait donc innaturel, arbitraire et idiosyncratique. En effet, dans sa thèse sur le dialecte de Sestu, un parler sarde méridional, Bolognesi ne met pas en relation les différents aboutissements du / l/ . Au lieu d’enchaîner les changements dans le temps, comme le fait à juste titre Contini, Bolognesi propose que chaque variété uvularise ou labialise le / l/ séparemment et sans étapes intermédiaires. Si l’on peut mettre en évidence, dans chaque variété, un déclencheur phonétiquement plausible, la voyelle / a/ dans les parlers qui uvularisent ou la voyelle / u/ dans les parlers qui labialisent, cependant le mystère demeure quant aux causes «naturelles», qui ont motivé le choix de la voyelle et qui ont provoquée la sur-généralisation du phénomène dans tous les contextes post-vocaliques. Selon Bolognesi il s’agit dans ce cas de processus, de contraintes qui n’ont comme fonction que celle d’augmenter la différentiation sociolinguistique d’une communauté linguistique par rapport aux autres et de renforcer donc son identité linguistique (Bolognesi 1998: 440, 442). 133 6 Contini suit l’hypothèse déjà formulée par Straka 1979: 394 et Straka/ Nauton 1945: 217- 18 pour expliquer la vocalisation de / l/ en position implosive et intervocalique. Pour Straka 1979: 394, la vocalisation de l est une simple conséquence physiologique de l’affaiblissement de l’énergie articulatoire. Pour le l intervocalique la cause du relâchement serait l’entourage vocalique qui augmente toujours l’aperture des consonnes. 7 Rappelons que Bottiglioni 1922: 37, Pellis 1934: 68, Wagner 1941: § 188 et plus récemment Bolognesi 1998: 465 considèrent cette constrictive comme uvulaire. Comme le souligne Contini 1987: 355N7, 2006: 192, on peut relever une certaine variation dans l’articulation de cette consonne en fonction de l’entourage vocalique et de la rapidité de l’élocution. Concernant nos enquêtes à Genoni, nos avons perçu un [ʁ], alors que Contini 1987 et Cossu 2000 ont signalé la constrictive pharyngale [ʕ]. Lucia Molinu Bien que son analyse mette en évidence le point essentiel du changement du / l/ , c’est-à-dire une modification du lieu d’articulation 8 et bien que, comme on le verra par la suite (cf. section 3.1), l’aspect conventionnel joue un rôle très important dans l’explication des alternances de la latérale en phonosyntaxe, nous ne partageons pas l’idée d’analyser les différentes réalisations du / l/ d’une façon indépendante et de nier, même à l’intérieur du mot, l’importance des bases phonétiques de ce changement. 2.2 Le l «vélaire». Avant d’aborder la question de l’analyse phonologique, il faudrait définir en quelques mots les caractéristiques articulatoires de ce l «vélaire» ou vélarisé qui est apparemment à la base des réalisations actuelles en sarde méridional. À partir des descriptions de ce type de l dans des langues qui le possèdent (russe, catalan, polonais, anglais, portugais) ou qui en possèdent une variante plus ou moins vocalisée (portugais, polonais, certaines variétés d’anglais), certains linguistes ont affirmé que la désignation de vélaire ne s’applique pas à cette consonne. Déjà Straka/ Nauton 1945 ainsi que Straka 1979 critiquaient, entre autres, Dauzat 1938: 63 qui posait à la base de l’évolution du -lintervocalique une latérale «vélaire», c’est-à-dire une articulation qui implique un contact du dos de la langue avec la partie postérieure du palais dur ou du voile du palais. Selon Straka 1979: 370, le soi-disant l «vélaire» n’exige pas de constriction vélaire. L’unique lieu d’articulation se trouve nettement plus en avant que pour le l moyen (c’est-à dire le / l/ apico-alvéolaire), à la limite des incisives postérieures et des alvéoles. Le corps de la langue est très abaissé et même si en arrière la langue est légèrement bombée et se trouve légèrement plus haut que le centre de son dos, ce soulèvement n’est pas assez important pour qu’on puisse parler d’une constriction vélaire. L’essentiel de cette articulation, que Straka 1979: 372 appelle également l dur, est donc l’abaissement de tout le corps de la langue d’une part, et le recul de la racine vers l’arrière. Les conséquences acoustiques et auditives de ces modifications articulatoires sont évidentes: le l dur a un timbre sensiblement plus grave que le l moyen, et d’un point de vue auditif il conviendrait d’appeler le l dur l grave. Dans un classement articulatoire, ce l doit prendre place parmi les consonnes apico-alvéodentales (comme les occlusives [t, d, n]) tandis que le [l] «normal», est une apico-alvéolaire de timbre plus aigu. On aurait donc affaire à une consonne 134 8 Nous reviendrons sur ce point dans la section consacrée à l’analyse phonologique du phénomène. Dans cette section, nous examinerons également la notion de «contrainte spécifique à une langue», développée par Bolognesi 1998: 465 pour rendre compte du comportement phonologique du / l/ intervocalique dans les parlers en question. La latérale intervocalique non géminée en sarde méridional apico-alvéodentale pharyngée, l’expression l vélaire consacré par l’usage se révèle impropre selon Straka 1979: 374. Des études plus récentes fondées sur des analyses articulatoires et acoustiques sur plusieurs langues (cf. Ladefoged/ Maddieson 1996: 186 s., Sproat/ Fujimura 1993, Recasens/ Farnetani 1994 et Recasens/ Espinosa 2005), montrent que la variante dark, dure ou vélaire du / l/ est une latérale dento-alvéolaire dont l’arrière de la langue est rétracté, le pharynx est plus serré et le corps de la langue se trouve plus bas dans la bouche que pour / l/ apico-alvéolaire. Cependant des fluctuations existent concernant la description de la position de la partie post-dorsale du corps de la langue. En effet si pour Sproat/ Fujimura 1993, le / l/ dark intervocalique en anglais américain se caractérise par un abaissement et un déplacement en arrière du dos de la langue, il s’agirait donc, tout comme pour Straka, d’un / l/ «pharyngalisé», pour d’autres (cf. Ladefoged/ Maddieson 1996: 186 s., Recasens/ Farnetani 1994 et Recasens/ Espinosa 2005), ce type de / l/ comporte un abaissement de la partie prédorsale de la langue et un resserrement de la constriction dorso-vélo-pharyngale. Notamment Recasens/ Espinosa 2005: 2 décrivent la différence entre les variantes dark et claire du / l/ en termes de présence ou absence d’un important abaissement de la partie prédorsale de la langue et d’une constriction post-dorsale dans la région vélaire ou dans la partie supérieure de la région pharyngale. Cette dernière caractéristique les amène en effet à parler indifféremment de vélarisation ou pharyngalisation du / l/ . Mais au-delà des différences, il émerge de ces analyses que le / l/ vélarisé ou pharyngalisé est un segment complexe qui comporte un geste articulatoire apical et un geste dorsal. En outre, la primauté de l’activité du dos de la langue par rapport à l’activité de la partie antérieure de la langue indique que l’activité du dos de la langue est un trait essentiel de ce type de / l/ . Comme nous le verrons par la suite (cf. sections 2.3.1.-2.3.2.), la complexité du segment [ɫ] et la présence d’une composante dorsale lors de son articulation seront deux points essentiels dans l’analyse phonologique de son évolution en sarde méridional. Pour terminer cette section consacrée à la définition de cette articulation qui peut être vélarisée mais qui n’est pas vélaire, nous examinerons brièvement les descriptions qui concernent la vocalisation de ce type de latérale. Il ne fait aucun doute que la vocalisation de [ɫ] est un phénomène de réduction articulatoire provoqué, en même temps, par la complexité du segment et par sa position à l’intérieur de la syllabe ou du mot (cf. Jonson/ Britain 2002). En effet la vocalisation se produit dans la plupart des cas lorsque le [ɫ] est implosif (anglais, portugais, ancien français, ancien occitan, etc.) et parfois lorsqu’il est en position intervocalique (polonais, occitan, sarde, etc.). Le point de départ de cette évolution est constitué par la réalisation d’une latérale sans occlusion médiane, c’est-à-dire qu’il n’y a plus de contact alvéolaire et la pointe de la langue s’abaisse derrière les incisives inférieures (Straka/ Nauton 1945: 217, Straka 1979: 390, Ladefoged/ Maddieson 1996: 193). La disparition progressive du geste d’élévation de la pointe de la langue entraîne l’interprétation de la composante dorsale comme le seul et principal lieu 135 Lucia Molinu d’articulation du segment qui devient une voyelle ou une semi-voyelle (cf. Recasens/ Farnetani 1994: 203) 9 . 2.3 Analyse phonologique Comment faut-il rendre compte, d’un point de vue phonologique, du passage / l/ [ɫ] et de [ɫ] [w] en sarde méridional? Nous essayerons de mettre en évidence ces évolutions à l’aide des outils qu’offre la phonologie générative multilinéaire. Ce terme fait référence aux nombreux paliers qui composent la représentation phonologique (cf. Paradis 1993: 61). Les informations phonologiques sont donc réparties sur des niveaux distincts et autonomes mais reliés entre eux. Outre le palier syllabique 10 , le palier métrique est celui où les syllabes sont intégrées dans des structures prosodiques comme le pied: il permet de décrire les phénomènes d’accentuation, le palier tonal qui opère dans les langues à tons, et le palier autosegmental constitue le niveau où les segments (voyelles et consonnes) sont organisés d’une façon hiérarchique. Parmi les différents modèles qui étudient la représentation hiérarchisée des traits phonologiques des consonnes et des voyelles, nous avons adopté celui proposé par Halle/ Vaux/ Wolfe 2000, c’est-à-dire la Revised Articulator Theory (RAT), dont nous donnerons les principales caractéristiques dans la section suivante. 2.3.1 L’analyse segmentale dans le modèle RAT Comme le montre le schéma en [6], selon RAT, les segments sont représentés sous la forme d’une structure arborescente et hiérarchisée qui symbolise l’organisation du conduit vocal: 136 9 Cette analyse suggère que le changement phonétique en question est de nature articulatoire. Ohala 1974, en revanche, attribue le processus de vocalisation du / l/ dark à une confusion acoustique entre le spectre grave de / l/ et celui de / w/ . 10 Dans cet article nous utiliserons un modèle syllabique hiérarchisé qui présente l’architecture suivante: L’attaque et la coda dominent les segments consonantiques, tandis que les voyelles sont associées au noyau. Les unités temporelles indiquent le nombre des segments associés à la syllabe et leur poids dans les limites du constituant rime (cf. entre autres Blevins 1995). σ σ = syllabe, A = attaque, A R R = rime, N = noyau, N C C = coda, x x x x = unité temporelle. La latérale intervocalique non géminée en sarde méridional [6] 137 Il est généralement admis que les phonèmes ne sont pas des unités indivisibles mais qu’ils sont constitués d’un ensemble de traits. Dans le modèle que nous utilisons, ces traits ont une double fonction. D’une part ils permettent de distinguer un phonème de l’autre, d’autre part ils sont conçus comme des instructions pour executer les mouvements de l’une des six sections du conduit vocal: Lèvres, Lame de la langue, Corps de la langue, Racine de la langue, Palais mou et Larynx. Chaque articulateur peut accomplir une série limitée d’actions et chacune de ces actions est associée à un trait. Dans ce modèle on distingue deux types de traits: des traits «liés à l’articulateur» (articulator-bound, cf. Halle/ Vaux/ Wolfe 2000: 388), et des traits «libres d’articulateur» (articulator-free, cf. Halle/ Vaux/ Wolfe 2000: 388). Les traits «liés», comme [arrondi] et [arrière], sont exécutés par un seul et même articulateur, Lèvres et Corps de la langue respectivement, en revanche, les traits «libres», comme [continu] et [consonantique], sont exécutés par différents articulateurs dans des phonèmes différents. L’articulateur qui exécute le(s) trait(s) libre(s) est appelé «articulateur désigné» (designated articulator) et correspond au trait de lieu d’articulation ([labial], [dorsal], [coronal], etc.). Le trait [consonantique], par exemple, doit être spécifié pour chaque phonème de façon à pouvoir [±latéral] [±strident] [±continu] [labial] Lèvres [±arrondi] [±consonantique] [±sonorant] [coronal] [±antérieur] Lame de la langue Lieu [±distribué] [dorsal] [±haut] Corps de la langue [±bas] [±arrière] [±nasal] Palais mou Nasal [radical] Racine de la langue [±ATR] Guttural [glottal] [±voisé] Larynx [±glotte ouverte] [±glotte resserrée] (Halle/ Vaux/ Wolfe 2000: 389) Lucia Molinu distinguer les consonnes [+consonantique] des voyelles [-consonantique] et chaque phonème consonantique ou vocalique doit être spécifié par son lieu d’articulation, il doit donc avoir son «articulateur désigné». D’après l’arbre esquissé en [6], il s’ensuit que: a) les «articulateurs désignés» sont considérés comme des traits et non pas comme des nœuds, à la différence d’autres modèles de géométrie des traits (cf. entre autres Clements 1985); b) hormi les «articulateurs désignés», tous les traits sont binaires et sont spécifiés dès la représentation sous-jacente. Cela signifie que RAT exclut toute forme de sous-spécification des traits (cf. entre autres Rice/ Avery 1991, Paradis 1993); c) les processus phonologiques (propagation, effacement, insertion, etc.) ne manipulent que les traits terminaux, y compris les «articulateurs désignés». Par conséquent, les nœuds non-terminaux (Lèvres, Corps de langue, etc.) n’ont qu’un rôle taxinomique. Concernant donc le trait [± latéral] qui nous intéresse tout particulièrement, il est considéré dans RAT comme un trait «libre d’articulateur» et en aucun cas comme trait «lié», dépendant d’un seul et même articulateur. Cela nous permet d’expliquer la réalisation de latérales produites par des articulateurs autres que la Lame de la langue, c’est-à-dire l’existence de la latérale vélaire [l] à côté des latérales coronales [l], [l ] plus fréquentes (cf. entre autres Howe 2003: 28) 11 . Comment, donc, rendre compte des aboutissements sardes du / l/ étymologique en position intervocalique? Faut-il supposer que le / l/ est structurellement un segment complexe ayant un double lieu d’articulation (cf. Walsh 1997) ou que l’allophone dento-alvéolaire vélarisé [ɫ] reçoit ses spécifications phonétiques du contexte environnant (cf. Barry 2000: 84-5, Howe 2004: 26 s.)? Nous allons examiner les deux analyses pour vérifier laquelle des deux peut rendre compte du phénomène en question. 138 11 Sans vouloir entrer dans les détails, nous signalons que la définition des latérales et notamment du trait [latéral] ne va pas de soi dans les analyses phonologiques multilinéaires. Dans ce type de représentations, les propositions diffèrent quant au niveau de dépendance à accorder au trait [latéral]. Mis à part les phonologues qui nient l’existence de ce trait au profit du trait [liquide] qui caractériserait les latérales et les rhotiques (cf. Walsh 1997), pour certains phonologues, [latéral] est un trait qui dépend d’un nœud responsable du voisement des sonantes (cf. Rice 1992), pour d’autres un trait qui dépend du nœud de lieu (cf. Blevins 1994), et d’autres, en revanche, considèrent le trait [latéral] comme un dépendant du nœud racine qui domine et résume l’architecture de chaque segment (Shaw 1991). Pour un aperçu détaillé du traitement du trait [latéral] en phonologie générative cf. Yip 2004. Rappelons également que les latérales montrent un comportement phonologique ambigu par rapport au trait [± continu] (cf. Mielke 2005). La latérale intervocalique non géminée en sarde méridional Si nous partons de l’hypothèse de Walsh 1997, nous devons concevoir le / l/ comme dans le schéma en [7], c’est-à-dire comme un segment complexe ayant deux lieux d’articulation coronal et dorsal 12 : [7] / l/ 139 12 Pour éviter d’alourdir les schémas, nous ne donnerons, à chaque fois, que les traits indispensables et essentiels à la représentation du processus. Dans ce modèle, la dissociation du nœud coronal en [8] et en [9], expliquerait les réalisations de / l/ en [w] pour le mehri et pour le polonais. En revanche la dissociation du noeud dorsal en [10], décrirait de façon simple et élégante la rhotacisation de / l/ en espagnol andalou: liquide +son +cons Lieu Coronal Laryngal [voisé] Apical Dorsal (Walsh 1997: 174) [8] σ Attaque Coda [+son] Lieu Coronal Dorsal [l] [w] en mehri (Walsh 1997: 39) [9] [l] Racine Lieu Coronal Dorsal [l] [w] en polonais (Walsh 1997: 37) [w] Racine Lieu Dorsal Lucia Molinu En effet, l’apparente simplicité du modèle dont la richesse de la structure s’accompagne d’une seule opération de dissociation, se heurte, dans la plupart des langues, au manque d’indices de l’activité du nœud dorsal dans le comportement phonologique du / l/ (cf. Yip 2004: 46 N2). La latérale n’a pas les caractéristiques d’un segment complexe, comme par exemple les affriquées, où la présence des traits [+continu] et [-continu] a une «réalité» phonétique mais surtout des conséquences sur les processus phonologiques des langues en question (cf. Kenstowicz 1994: 498-506). Nous pensons, donc, qu’à la base du processus de vocalisation du / l/ étymologique en sarde se trouve un allophone vélarisé du / l/ , conditionné par le contexte. Reste à savoir quelles sont les conditions qui déterminent la réalisation de cette variante, étant donné que pour nous la dorsalité n’est pas une propriété intrinsèque du / l/ . Reprenant l’idée développée par Howe 2004: 30 s. à propos de la «vélarisation» des consonnes en coda, nous proposons également que la composante dorsale est propagée par la voyelle qui précède la latérale. En effet, tout comme Howe, nous acceptons l’hypothèse de Halle/ Vaux/ Wolfe 2000 selon laquelle les voyelles sont spécifiées par le trait d’articulation [dorsal] qui est considéré comme un trait terminal et peut, par conséquent, être propagé d’une manière indépendante. Il est vrai que les prédictions de Howe concernent essentiellement la «vélarisation» des consonnes en coda ce qui peut rendre compte du l dark en latin, en catalan, en anglais 13 . Concernant le sarde méridional où le phénomène s’est produit à l’intervo- 140 13 Que les consonnes en coda soient les cibles privilégiées du processus de dorsalisation/ vélarisation n’est pas surprenant. Tout d’abord la coda est une position faible pour les consonnes ce [10] σ Attaque Coda [+son] Lieu Coronal Dorsal [l] [ ɾ ] en espagnol andalou (Walsh 1997: 42) La latérale intervocalique non géminée en sarde méridional calique 14 , nous pouvons envisager que la dorsalisation de la latérale soit due au fait qu’en sarde le contexte intervocalique ou plutôt post-vocalique (cf. Bolognesi 1998: 145 s.) représente, tout comme la position implosive, une position faible pour les consonnes. C’est dans ce contexte, en effet, qu’on rencontre dans la plupart des variétés du sarde la «lénition», c’est-à-dire la sonorisation et/ ou la spirantisation des obstruantes non-voisées, comme le montrent les exemples suivants: [11] sarde septentrional [ˈpanɛ] vs. [su ˈβanɛ] ‘pain, le pain’ [ˈkanɛ] vs. [su ˈɣanɛ] ‘chien, le chien’ [12] sarde méridional [ˈp-i] vs. [su ˈβ-i] ‘pain, le pain’ [ˈk-i] vs. [su ˈɣ-i] ‘chien, le chien’ Étant donné que la sonorisation et la spirantisation des obstruantes est déclenchée par la voyelle précédente (cf. Bolognesi 1998: 188 s.), on peut également supposer que la dorsalisation de la latérale soit provoquée par le segment vocalique qui la précède, comme le montre le schéma suivant emprunté à Howe 2004: 31: [13] «vélarisation» de la latérale en RAT 141 qui les rend, entre autres, plus perméables à l’assimilation de traits des segments environnants (assimilation de voisement, de lieu d’articulation etc.) Ensuite il est bien connu qu à l’intérieur de la syllabe il existe un lien étroit entre la voyelle associée au noyau et la consonne en coda. Ce rapport est formalisé dans notre représentation syllabique (cf. N10) par le fait que ces deux constituants sont dominés par la rime. 14 Bien que le traitement du / l/ étymologique en coda aboutisse généralement à / r/ (cf. N5), on trouve attestée, dans certains parlers, la réalisation vélarisée [ɫ] (cf. Contini 2006: 191). a) b) [-cons] [+cons] [-cons] [+cons] [+latéral] [+latéral] Lieu Lieu Lieu Lieu Corps Corps Lame Corps Corps Lame [dorsal] [coronal] [dorsal] [+arrière] [+haut] [-bas] [coronal] (Howe 2004: 31) Lucia Molinu La latérale corono-dorsale [ɫ], telle qu’on la retrouve par exemple en catalan ou en anglais est donc le résultat de la propagation du trait [dorsal] suivie de l’association des autres traits, spécifiés par leurs valeurs par défaut 15 , qui caractérisent le Corps de la langue. Comme nous l’avons dit dans la section précédente, nous avons affaire à un segment complexe, à une consonne marquée qui par ailleurs est en position faible. Il n’est pas rare que dans les langues on assiste au remplacement d’un segment marqué par un autre moins marqué 16 . Il s’agit de choix paramétriques, c’est-à-dire spécifiques à une langue donnée (cf. entre autres Paradis 1993, Calabrese 2005). Cela explique pourquoi certaines langues acceptent ces configurations marquées, alors que dans d’autres le refus de la complexité s’accompagne d’une série de modifications qui visent à réparer la structure mal formée ou interprétée comme telle dans les langues en question. Pour ce qui est du [ɫ] corono-dorsal, le catalan standard, par exemple, l’accepte, tandis que le catalan des Baléares, tout comme le sarde méridional, le portugais brésilien, le mehri, le serbo-croate, l’ancien français ou l’occitan rejettent cette possibilité 17 . Nous pouvons formaliser cet aspect de la phonologie d’une langue à l’aide de la Théorie des Contraintes et Stratégies de Réparations (TCSR) proposée par Paradis et ses collaborateurs (cf. entre autres Paradis 1988, 1993, 2001) 18 . 2.3.2 Les contraintes Dans ce modèle théorique les contraintes peuvent être à la fois universelles (issues de principes universaux) et spécifiques à chaque langue (les paramètres). Les principes décrivent ce qui est commun aux langues. Les paramètres, en revanche, sont des options marquées offertes par la Grammaire Universelle, auxquelles les 142 15 Il est important de souligner que le changement en [ɫ] est indépendant du degré de hauteur ou de l’antériorité de la voyelle précédente. Les exemples suivants (cf. Howe 2003: 159), concernant la vélarisation de la nasale en ligure et en français canadien indiquent que la propagation ne concerne que le trait [dorsal] indépendamment des valeurs des autres traits qui caractérisent la voyelle précédente: i. ligure: [tʃaŋ] ‘plat’; [riŋbursu] ‘remboursement’; [veŋde] ‘vendre’ ii. fr. canadien: / k pæɲ/ → [k pæŋ] ‘campagne’ (cf. [k pæɲ ] ‘campagnard’) 16 Un exemple très connu dans la littérature est celui du passage des occlusives palatales aux affriquées dans la première vague de palatalisation en roman (cf. Calabrese 2005: 343-44). 17 i. Mehri: [ɬoːləθ]/ [ɬəwθeːt] ‘troisième m./ f.’ (Walsh 1997: 38) 17 ii. serbo-croate: / bel/ [beo] ‘blanc’ (Kenstowicz 1994: 91) 17 iii. catalan standard/ catalan des Baléares: [alba] / [auba] ‘aube’ (Walsh 1997: 38) 17 iv. anc. français: cheval/ chevals chevaus, valons/ valt vaut (Buridant 2000: 49) 17 v. anc. occitan: altu aut, auscultat escouta (Lausberg 1976: 316). 18 Cf. également Calabrese 2005 dont le modèle est semblable à celui que nous utilisons ici. Il s’agit, en effet, d’un modèle qui fait appel, comme dans la phonologie générative classique, à des règles et à des dérivations pour rendre compte du passage de la forme sous-jacente à la forme de surface mais qui se sert avant tout de la notion de réparation en tant que stratégie déclenchée par les contraintes de marque. La latérale intervocalique non géminée en sarde méridional langues peuvent répondre oui ou non. Une réponse négative signifie qu’un certain type de complexité est exclu: il s’agit d’une contrainte négative dans la langue en question. La réponse négative indique le choix d’une option non marquée: [14] Paramètre: latérale corono-dorsale [ɫ]? : catalan sarde méridional Oui NON (contrainte) Les contraintes peuvent être transgressées et leur violation entraîne automatiquement l’application de stratégies de réparation. Ces dernières sont des opérations phonologiques universelles et non contextuelles qui insèrent ou élident du matériel phonologique dans le but de satisfaire la contrainte violée. L’application des stratégies de réparation est régie par un certain nombre de principes dont nous rappellerons les principaux: - les stratégies de réparation s’appliquent au niveau phonologique auquel fait référence la contrainte violée, en impliquant le moins d’étapes (d’opérations) possibles (principe de minimalité); - lorsqu’une opération doit s’appliquer, il faut préserver au maximum la forme sous-jacente (principe de préservation) et il vaut mieux ajouter de l’information plutôt que d’en soustraire. L’exclusion d’une consonne marquée amène l’activation d’une contrainte négative et comporte une réparation. En sarde méridional, comme dans d’autres langues, la latérale corono-dorsale est remplacée par un segment moins marqué et notamment par l’approximante dorso-labiale [w], comme le montre le schéma en (15): [15] [ɫ] [w] 143 19 Ces opérations ne respectent pas le principe de préservation. En effet, le non respect du principe de préservation est dû au fait que la simple élimination de [coronal] et le maintien du trait [+latéral] auraient donné une latérale vélaire [l] qui est elle aussi un segment marqué (cf. Calabrese 1994: 45, Howe 2004: 32). Il faut également ajouter que le principe de minimalité n’est a) b) [+cons] [-cons] [+latéral] Lieu Lieu Corps Lame Corps Lèvres [dorsal] [coronal] [dorsal] [+arrondi] L’élision du trait d’articulation [coronal] et du trait [+latéral] est suivi de l’insertion de du trait [arrondi] 19 . Lucia Molinu Si le processus de vocalisation du [ɫ] est un aboutissement commun à l’ensemble de l’espace méridional qui connaît ce phénomène, en revanche l’évolution du [w] se diversifie selon les variétés. Dans les parlers comme celui de Senorbì (cf. [3a]), l’effacement de [w] au contact de la voyelle postérieure [u] (cf. [3a.a]) a dû précéder chronologiquement le renforcement articulatoire de l’approximante qui, dans les autres contextes, aboutit à la fricative bilabiale [β] (cf. [3a.b]) 20 . On a donc les résultats suivants: [16] Senorbì [ˈpiu] *[ˈpiwu] ‘cheveu’ vs. [daˈβɔri] *[daˈwɔri] ‘douleur’ L’élision de l’approximante labiovélaire est motivée par une transgression au principe du contour obligatoire (PCO) 21 . En effet, l’adjacence de l’approximante [w] et de la voyelle [u] crée une configuration mal formée étant donné que les deux segments sont identiques ou presque. Comme le montrent les schémas en [18], l’élimination de [w] apparaît donc nécessaire: [17] Paramètre: séquences *[wu]/ *[uw]? Sarde méridional: NON (contrainte PCO) [18] Réparation des séquences *[wu]/ *[uw] 22 Si l’effacement du [w] est justifié par une contrainte configurationnelle sur les séquences segmentales, en revanche le processus inverse qui consiste à renforcer la semi-consonne est déterminé par une contrainte de configuration syllabique et notamment par le principe de dispersion de sonorité (Sonority Dispersion Principle, 144 pas observé non plus. En effet à l’opération d’élision s’ajoute l’insertion du trait [+arrondi]. Là aussi, la complexité de la dérivation résulte de la nécessité d’éviter un autre segment marqué, c’est-à-dire l’approximante vélaire [ ]. 20 En effet, si les deux processus s’étaient produits simultanément on comprendrait mal pourquoi on a [ˈpiu] et non *[ˈpiβu] ‘cheveu’. 21 Le PCO est la traduction française de l’Obligatory Contour Principle (cf. Leben 1973). Cette contrainte, qui à l’origine ne concernait que le palier tonal, a été ensuite étendue à tous le niveaux de la représentation autosegmentale (cf. Kenstowicz 1994: 532 s.). Le PCO interdit l’adjacence de segments identiques à l’intérieur d’un morphème. Une exception plus apparente que réelle à ce principe est constituée par les véritables géminées. En effet, les géminées, contrairement à une séquences de deux consonnes identiques, partagent le même nœud racine et de ce fait se comportent comme un seul segment associé à deux unités temporelles, comme le montre le schéma suivant (cf. Kenstowicz 1994: 418): i. véritable géminée ii. séquence de consonnes identiques x x x x \/ | | b b b 22 Il est clair qu’on élide la semi-voyelle car l’effacement de la voyelle provoquerait l’élimination de la syllabe. Pour une analyse très détaillée de ce phénomène cf. Calabrese 2005: 207-9 N10. La latérale intervocalique non géminée en sarde méridional 145 23 Dans les quelques parlers, comme celui de Narbolia (cf. Contini 2006: 192), qui ont gardé intacte la semi-consonne, sauf si elle était adjacente à [u], l’on peut remarquer que le principe de préservation l’emporte sur le principe de dispersion de sonorité, c’est-à-dire qu’on privilégie l’intégrité segmentale à une syllabe optimale. Cependant, les travaux de Contini 1987: 353 et de Cossu 2000: 149 montrent que ce cas de figure est limité géographiquement et il s’est réduit par rapport aux enquêtes précédentes menées par Bottiglioni et Wagner au début du siècle dernier. Les choix paramétriques concernant la structure syllabique ont donc changé au cours des années. cf. Clements 1990). Il s’agit d’un principe qui rend compte de la distribution des segments à l’intérieur de la syllabe, suivant une disposition qui maximise la différence de sonorité entre l’attaque et le noyau et qui, en revanche, minimise l’écart de sonorité entre le noyau et la coda. Le passage de la semi-consonne à la classe des obstruantes peut être interprété comme une réparation qui permet de créer une syllabe optimale, c’est-à-dire qui respecte la dichotomie entre l’attaque et le noyau, en augmentant la distance, en termes de sonorité, entre les segments qui y sont associés. Le processus de renforcement (cf. [20]), comporte la dissociation des traits [+arrondi] et [dorsal] suivie de la promotion du trait d’articulation [labial], qui devient l’articulateur «désigné» du nouveau segment, ansi que le changement du trait [-consonantique] en [+consonantique]: [19] Paramètre: [w] en attaque? sarde méridional: NON (contrainte PDS): [20] Réparation: remplacement de [w] par [β]: [ˈmɛwa] [ˈmɛβa] «pomme» 23 Dans les parlers comme celui de Genoni, en revanche, le renforcement de [w] se produit dans tous les contextes de manière simultanée. Nous n’avons pas de traces d’effacement de la labiovélaire au contact de la voyelle [u]. La variation diatopique nous montre donc qu’au cours de l’évolution les différents parlers n’ont pas a) b) σ σ A R A R N N x x x [-cons] [-cons] [-cons] Lieu Lieu Lieu Corps Lèvres Corps Lèvres Corps Lèvres [dorsal] [+arrondi] [dorsal] [+arrondi] [dorsal] [+arrondi] Par la suite, à travers une phase de spirantisation de l’occlusive (cf. [23]), on aboutit aux réalisations du parler de Genoni qui oscillent entre une constrictive uvulaire et une constrictive pharyngale. Dans le premier cas, outre la perte du trait [arrondi], on assiste au remplacement de la valeur du trait [haut], dans le second on a affaire à un changement d’articulateur, le trait [radical] qui caractérise les sons produits par la racine de la langue (cf. [23c]) 25 . Ce type de changement, c’est-à-dire Lucia Molinu activé les mêmes paramètres, d’abord le PCO et le principe de dispersion de sonorité par la suite. Dans certaines variétés donc l’approximante a été préservée et le mauvais profil syllabique a été réparé en remplaçant le [w] par un segment consonantique. Là aussi, au lieu de privilégier le caractère labial de la semiconsonne, on assiste, tout d’abord au renforcement de l’articulateur [dorsal] aux dépens du trait [labial] qui reste un élément secondaire dans la réalisation de l’occlusive [ɡʷ] (cf. Halle/ Vaux/ Wolfe 2000: 392, Calabrese 2005: 311-2): [21] Paramètre: (cf. [19]) [22] Réparation: remplacement de [w] par [ɡʷ]: [ˈmɛwa] [ˈmɛɡʷa] ‘pomme’ 24 146 24 On retrouve ce type de réalisation dans le parler de Gesturi. 25 Contini 2006: 187 s., en s’appuyant sur une approche pluridisciplinaire, suggère que la réalisation pharyngale serait une survivance d’un trait lié à la colonisation carthaginoise. Son étude qui fait appel à des données archéologiques et linguistiques, notamment au traitement du [l] en punique, tend à montrer que l’évolution de la latérale vélarisée héritée du latin a abouti, à travers les étapes [w ɡʷ/ ɣʷ] à la constrictive pharyngale [ʕ] sous l’influence d’habitudes articulaa) b) [-cons] [+cons] Lieu Lieu Corps Lèvres Lèvres [dorsal] [+arrondi] [labial] a) b) [-cons] [+cons] [-continu] Lieu Lieu Corps Lèvres Corps Lèvres [dorsal] [+arrondi] [dorsal] [+arrondi] La latérale intervocalique non géminée en sarde méridional 147 toires dont l’origine est à rechercher dans le phonétisme punique. Que la cause de la réalisation pharyngale puisse être attribuée au substrat carthaginois ne nous pose aucun problème. Il se peut que l’émergence d’anciennes habitudes articulatoires ait fonctionné come le catalyseur d’un processus qui est par ailleurs naturel, et comme nous l’avons dit plus haut, très répandu dans les langues. La seule objection que l’on peut faire à l’hypothèse substratiste réside dans le fait qu’on retrouve ce type d’évolution dans le Massif Central où on ne peut pas invoquer le substrat carthaginois, mais où on a eu recours au substrat gaulois (cf. Dauzat 1938: 87). 26 Comme me le suggère à juste titre Calabrese, le passage à une constrictive uvulaire ou pharyngale peut être interprété comme une stratégie de réparation qui vise à modifier la structure marquée de la fricative vélaire labialiseé [ɣʷ]. 27 Il s’agit de deux aires non contigües, l’une située à l’extrémité sud-orientale, le Sarrabus, et l’autre à l’ouest de l’aire rhotacisante, le parler de Donigala Siurgus (cf. Virdis 1978: 56-7, Contini 1987: 119, 356). le passage de [dorsal] à [radical] est très répandu dans les langues (cf. Howe 2003: 66): [23] Remplacement de [ɡʷ]/ [ɣʷ] par [ʁ/ ʕ] 26 : [ˈmɛɡwa]/ [ˈmɛɣwa] [ˈmɛʁa]/ [ˈmɛʕa] ‘pomme’ a) b) c) [+cons] [+cons] [+cons] Lieu Lieu [Guttural] Corps Lèvres Corps [Racine] [dorsal] [+haut] [+arrondi] [dorsal] [-haut] [radical] Concernant les variations entre la réalisation uvulaire et celle pharyngale, nous suivons Contini 2006: 192. Il envisage en effet deux possibilités: soit que le recul de l’articulation n’atteint pas toujours l’espace pharyngal, soit que l’articulation pharyngale a été abandonnée, par autocorrection, étant perçue comme grossière, au profit de l’articulation uvulaire. Pour conclure avec l’analyse de la vocalisation du / l/ étymologique, nous aimerions parler des variétés qui ont remplacé la latérale étymologique par l’occlusive glottale [ʔ] 27 : [24] [ˈsɔʔi] sole(m) ‘soleil’ Dans l’état actuel de nos connaissances, nous sommes incapables de dire si l’occlusive glottale est le résultat de l’élision de la latérale [ɫ] ou de l’approximante [w] ou de l’un de ses aboutissements. En revanche, il nous paraît plausible d’affirmer que l’insertion de [ʔ] répond à une contrainte antihiatique qui vise à éliminer des syllabes sans attaque. Lucia Molinu 3. Les réalisations de / l/ en phonosyntaxe Après avoir examiné l’évolution de la latérale à l’intérieur du mot, nous allons voir le comportement du / l/ à l’initiale du mot en contexe intervocalique, en privilégiant les données des parlers de Genoni en (cf. 3.1) et Senorbì en (3.2) 28 : 3.1 / l/ en phonosyntaxe dans le parler de Genoni. Les données en [25] offrent quelques exemples des alternances de la latérale à l’initiale du mot et en position intervocalique (cf. Molinu 1998): [25] ## / l/ - -V # / l/ - [ˈlaδru] [su ˈʁaδru] ‘lard, le lard’ [ˈliŋɡwa] [sa ˈʁiŋɡwa] ‘langue, la langue’ [laɳ iˈre ːu] [su ʁaɳ iˈre ːu] ‘grêle, la grêle’ [ˈlitːɛra] [ũa ˈʁitːɛra] ‘lettre, une lettre’ [ˈlɔŋɡa] [ˈbraβa ˈʁɔŋɡa] ‘longue, barbe longue’ [liˈm i] [ˈbinti ʁiˈm izi] ‘citron, vingt citrons’ [ˈlampaδaza] [ɛ kːominˈtsau ˈʁampaδaza] ‘juin, juin vient de commencer’ Comme on peut le constater, on retrouve dans le parler de Genoni la même réalisation qu’à l’intérieur du mot, c’est-à-dire la constrictive uvulaire [ʁ]. Une question se pose donc: la régularité de l’alternance phonosyntaxique [l] vs. [ʁ] est-elle l’expression d’un processus phonologique «naturel» ou non? Dit autrement, l’allophone post-vocalique du / l/ est-il le résultat de l’activation en synchronie des mêmes paramètres qu’on a vu opérer en diachronie pour rendre compte de l’évolution du / l/ à l’intérieur du mot? Pour justifier la dérivation / l/ [ʁ] en phonosyntaxe, faut-il admettre, pour la forme [ˈmɛʁa] «pomme» la représentation sousjacente / ˈmɛla/ ? Ou bien, comme le fait Bolognesi 1998: 465, faut-il reconnaître le caractère innaturel du phénomène et postuler une contrainte spécifique au sarde méridional qui interdirait la latérale en position post-vocalique et qui serait formalisée de la façon suivante? : 148 28 Dans les deux parlers, lorsque le / l/ est précédé d’une consonne il ne subit aucune modification, sauf l’allongement dans des contextes de Raddoppiamento Sintattico (RS), (cf. également Atzori 1940, pour le dialecte de Isili): ## / l/ - -C # / l/ - RS i. Genoni [ˈlampaδaza] [in ˈlampaδaza] ‘juin, en juin’ [ˈletːu] [i ˈlːɛtːuzu] / is ˈlɛtːɔs/ ‘lit, les lits’ [ˈloŋɡu] [ˈvu ˈlːoŋgu] / ˈfut ˈloŋgu/ ‘long, il était long’ ii. Senorbì [ˈlampaδaza] [in ˈlampaδaza] ‘juin, en juin’ [ˈletːu] [i ˈlːɛtːuzu] / is ˈlɛtːɔs/ ‘lit, les lits’ [ˈlũizi] [ɛ ˈlːũizi] / ɛst ˈlunis/ ‘lundi, c’est lundi’ La latérale intervocalique non géminée en sarde méridional [26] sarde méridional *V/ l/ 29 Entre les deux extrêmes, c’est-à-dire d’une part une explication synchronique à tout prix, et de l’autre une interprétation qui se limite à souligner le caractère arbitraire du phénomène, nous essayerons de proposer une troisième voie. À notre avis, le phénomène de la vocalisation du / l/ est diachronique et naturel. Dans la section précédente nous avons montré que l’activation des différents paramètres et des stratégies de réparation qui s’ensuivent se déroule dans le temps et se déploie d’une façon cohérente dans l’espace. En effet, il serait anti-économique de supposer que toutes les stratégies de réparation employées pour rendre compte de ce processus soient encore actives pour assurer la dérivation / ˈmɛla/ [ˈmɛʁa]. Ce raisonnement irait à l’encontre du principe de minimalité qui restreint au maximum le nombre d’opérations. Les changements sont également naturels dans la mesure où ils ont des justifications phonétiques. La dorsalisation du / l/ , par exemple, n’est rien d’autre qu’un phénomène d’assimilation progressive qui tend à réduire l’écart articulatoire entre deux sons adjacents. L’élision de [w] au contact de [u] ou son renforcement en [β] ou en [ɡʷ] répondent à des exigences d’ordre articulatoire et perceptif. Il n’y a donc aucune raison apparente qui nous empêche de poser / ˈmɛʁa/ «pomme» comme représentation sous-jacente de [ˈmɛʁa], c’est-à-dire de considérer / ʁ/ comme un phonème (cf. Contini 1987: 551, 559) 30 . Cependant il reste à ré- 149 29 Bolognesi 1998 utilise dans son analyse phonologique la Théorie de l’Optimalité (Optimality Theory, cf. Prince/ Smolensky 1993). Dans ce modèle, toute notion de dérivation et d’opération se voit éliminée au profit d’un ensemble de contraintes universelles et transgressables. La phonologie d’une langue est conçue comme une hiérarchie spécifique de ces contraintes et les alternances observées sont le résultat de l’interaction conflictuelle des contraintes. Si dans le modèle standard toutes les contraintes sont universelles et les hiérarchies de contraintes, en revanche, sont spécifiques à chaque langue, Bolognesi 1998: 446 s. introduit la notion de «contraintes spécifiques, particulières à une langue» (language particular constraints). Ces contraintes doivent rendre compte des exceptions, et, entre autres, des processus qui ne reposent pas sur des conditionnements phonétiques universels, comme par exemple le traitement de / l/ en position postvocalique. 30 Il faut préciser que pour Contini le phonème est la constrictive pharyngale / ʕ/ (cf. N7). Mais au-delà du contenu phonologique de la consonne, l’analyse de Contini ainsi que la nôtre envisagent qu’on n’a plus affaire à une dérivation synchronique et que le produit final de l’évolution a acquis un statut phonologique. À ce propos, le relecteur anonyme de Vox Romanica nous fait remarquer à juste titre que l’on peut étabir une règle synchronique pour rendre compte de la dérivation / ˈmɛla/ [ˈmɛʁa] et non seulement une correspondance diachronique. Étant donné qu’il est exclu d’activer tous les processus qu’on a vus plus haut, le passage / l/ [ʁ] se ferait par «télescopage» et produirait une allophonie extrinsèque, dans le sens de Dressler 1985. L’alternance [l]/ [ʁ] en phonosyntaxe, et l’absence d’opposition, au niveau de surface, avec [l] seraient les preuves de cette allophonie extrinsèque. Nous sommes consciente qu’il est difficile de trancher entre les deux positions. Nous voudrions seulement signaler d’un côté que / ʁ/ s’oppose en surface à / lː/ (/ fiʁu/ ‘fil’ vs. / filːu/ ‘fils’) et de l’autre qu’il existe un autre cas où les mêmes réalisations à l’intérieur du mot et en phonosyntaxe découlent de représentations phonologiques différentes. Il s’agit de la réalisation en position intervocalique des fricatives voisées [β, δ, ɣ] qui dérivent des Lucia Molinu soudre le problème de l’alternance [l]/ [ʁ] en phonosyntaxe qui a toutes les caractéristiques d’un «monstre» linguistique, idiosyncratique, arbitraire et sans aucune justification phonétique. Ces données sont, en effet, le résultat de la cristallisation de changements historiques irrécupérables dans la dimension synchronique (cf. Hyman 2001: 147, 153, Calabrese 2005: 46). Nous avons affaire ici à un processus qui entraîne le «télescopage», la compression des séquences de changements diachroniques, en l’occurrence [w ɡʷ ɣʷ ʁ] (cf. Dressler 1985, Hyman 2001: 147, 149, Calabrese 2005: 8) 31 . Le résultat du télescopage est une règle phonologique «conventionnelle», dans le sens de Calabrese 2005: 1, 75 N1. En effet, le passage / l/ [ʁ] dans un contexte intervocalique est conventionnel car son existence ne peut être motivée par des propriétés phonétiques mais par le fait qu’il appartient à la «norme» de la langue partagée par la communauté des locuteurs 32 . Et dans ce sens, nous rejoignons l’explication sociolinguistique de Bolognesi, mais avec une différence importante: pour nous, l’arbitraire de la règle est dans le résultat et non pas dans l’origine du phénomène. Et d’un point de vue phonologique, il s’agit bien d’une règle qui se limite à décrire le phénomène et qui doit être apprise par les locuteurs et non pas d’une contrainte qui viserait à interdire une configuration illicite (cf. Calabrese 2005: 9). L’activation de la contrainte *V/ l/ sera, en revanche, à la base de l’analyse de la latérale dans le parler de Senorbì que nous aborderons dans la section suivante. 3.2 / l/ en phonosyntaxe dans le parler de Senorbì. Un aperçu des réalisations du / l/ en phonosyntaxe affiche dans le parler de Senorbì des réalisations différentes par rapport à celles de Genoni (cf. supra). Dans ce parler en effet, la latérale post-vocalique est géminée, comme on peut le voir à partir des exemples en [27], tirés de nos enquêtes sur le terrain (cf. Molinu 1998): 150 occlusives non-voisées étymologiques. Si en sandhi externe le phénomène de lénition est actif en synchronie (cf. [11] et [12]), il ne l’est plus en sandhi interne où l’on envisage deux options différentes: i. les fricatives sonores dérivent des occlusives voisées correspondantes: [aˈɣeδu] / aˈɡedu/ ‘vinaigre’ (cf. Contini 1987: 540-41) ii. les fricatives sonores sont des phonèmes à part entière [aˈɣeδu] / aˈɣeδu/ ‘vinaigre’ (cf. Bolognesi 1998: 212-13). 31 Le télescopage se produit lorsqu’une séquence de processus i. A→B, ii. B→C est représentée par un seul processus A→C, sans étape intermédiaire (cf. Calabrese 2005: 75 N2). 32 L’idée de la langue comme système social n’est pas nouvelle. Il suffit de lire Meillet 1948: 15-18. La latérale intervocalique non géminée en sarde méridional [27] ## / l/ - -V # / l/ - [ˈlaδru] [su ˈlːaδru] ‘lard, le lard’ [ˈliŋɡwa] [sa ˈlːiŋɡwa] ‘langue, la langue’ [ˈlũizi] [su ˈlːũ! zi] ‘lundi, le lundi’ [ˈlaɳ iri] [su ˈlːaɳ iri] ‘gland, le gland’ [liˈm i] [ˈbinti lːiˈm izi] ‘citron, vingt citrons’ [ˈlɔŋɡa] [ˈbraβa ˈlːɔŋɡa] ‘longue, barbe longue’ La latérale géminée [lː] devient de plus en plus fréquente, surtout en phonosyntaxe, dans l’ensemble de cet espace dialectal (cf. Contini 2006: 193). D’une façon plus générale, la gémination du / l/ caractérise l’adaptation du / l/ simple intervocalique des emprunts à l’italien 33 : [28] italien sarde méridional [teˈlɛfono] [tɛˈlːɛfːɔnu] ‘téléphone’ [vaˈlore] [vaˈlːɔri] ‘valeur’ [itaˈljano] [itaˈlːj-u] ‘italien’ Il se peut donc que l’adaptation du modèle italien, qui est perçu comme un modèle de prestige, ait interféré dans le traitement du / l/ en phonosyntaxe. Au lieu de trouver l’alternance *[ˈlaδru]/ [su ˈβaδru] ‘lard, le lard’, en accord avec les aboutissements de / l/ à l’intérieur du mot (cf. 3a.b), comme pour le parler de Genoni, les locuteurs réinterprètent l’absence de / l/ simple intervocalique sur la base d’une nouvelle contrainte que nous pouvons formaliser de la façon suivante: [29] Paramètre: Latérale post-vocalique *V/ l/ ? NON Le processus redevient ainsi transparent et analysable en synchronie à partir de la dérivation suivante: [30] Paramètre: Latérale post-vocalique *V/ l/ ? NON [31] Réparation: adjonction d’une unité temporelle: / su ˈladru/ [su ˈlːaδru] 151 33 Comme on peut l’observer, la gémination des consonnes intervocaliques est un trait régulier dans l’adaptation des emprunts et caractérise, en particulier, le sud-ouest de l’île (cf. Contini 2006: 194). Lucia Molinu L’insertion d’une unité temporelle préserve le segment en modifiant d’une façon minime la structure syllabique. Cette situation rappelle celle du coréen où l’allophone latéral a une distribution très limitée et est exclu en position intervocalique: [32] coréen (Kenstowicz 2005: 4) 34 mul ‘eau’ mure ‘à l’eau’ Lorsqu’on examine l’adaptation en coréen des emprunts à l’anglais, on a affaire au même cas de figure qu’en sarde méridional, comme le montrent les exemples en [33]: [33] adaptation des emprunts anglais en coréen (Kenstowicz 2005: 5) a) anglais b) coréen cola [k h olla] ‘cola’ talent [t h allent h I ] ‘talent’ silicon [sillik h on] ‘silicone’ olimpik [ollimp h ik] ‘olympique’ L’activation de la contrainte du coréen*(V).lV (cf. Kenstowicz 2005: 6) qui correspond à celle que nous avons formulée pour le sarde (cf. [29]), entraîne la réparation de la latérale. Et là aussi, la volonté de rester le plus fidèle possible au modèle ou bien le fait de considérer l’allongement comme préférable, comme plus optimal par rapport à un changement de traits provoque la réalisation de la latérale comme géminée. 152 34 Rappelons que le coréen a un seul phonème liquide et deux allophones: [l] en coda et [r] en attaque à l’intérieur du mot. L’allophone latéral peut apparaître à l’intérieur du mot seulement dans sa variante géminée: / sin-rok/ [sillok] ‘printemps vert’ (cf. Kenstowicz 2005: 4). a) σ σ b) σ σ R R N A N C A x x x x x [-cons] [+cons] [-cons] [+cons] [+latéral] [+latéral] Lieu Lieu Lieu Lieu Corps Lame Corps Lame [dorsal] [coronal] [dorsal] [coronal] La latérale intervocalique non géminée en sarde méridional 4. Conclusions Dans notre contribution nous avons essayé de rendre compte de l’évolution du / l/ simple intervocalique en sarde méridional. L’utilisation de deux modèles de la phonologie générative multilinéaire, nous a permis de mettre en évidence les contraintes phonologiques qui sont à la base de ce processus. Après avoir examiné les caractéristiques articulatoires de la latérale corono-dorsale [ɫ], dans la première partie de notre analyse, nous avons envisagé les changements diachroniques comme des réparations de structures segmentales complexes ou de configurations mal formées. Dans la seconde partie, en revanche nous avons souligné le caractère conventionnel de certaines alternances phonosyntaxiques dont la phonologie doit rendre compte. Il eût sans aucun doute été intéressant de comparer l’évolution de la latérale avec les aboutissements, dans les mêmes aires dialectales, de deux autres consonnes qui comme le / l/ font partie de la classe des sonantes, c’est-à-dire le / r/ et le / n/ . En effet la comparaison entre ces trois segments aurait pu nous être utile pour mettre en évidence, dans cette aire dialectale, une tendance à réduire la distribution de ces sons dans des positions syllabiques bien précises au profit d’autres segments. Mais l’espace à notre disposition nous contraint à remettre à une autre publication l’analyse de cette question. Toulouse Lucia Molinu Bibliographie Atzori, M. 1940: «Saggio sulla fonetica del dialetto di Isili», Studi sardi 4: 110-48 Barry, M. C. 2000: «A phonetic and phonological investigation of English clear and dark syllabic / l/ », Les cahiers de l’I.C.P. 5: 77-87 Blevins, J. 1994: «A place for lateral in the feature geometry», Journal of Linguistics 30: 301-48 Blevins, J. 1995: «The syllable in phonological theory», in: Goldsmith, J. (ed.), The Handbook of Phonological Theory, Oxford: 206-44 Bolognesi, R. 1998: The phonology of Campidanian Sardinian, Dordrecht Bottiglioni, G. 1922: Leggende e tradizioni di Sardegna. 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International Journal of English Studies 4/ 2: 25-51 155 Verbatim et literatim: oral and written French in 12 th -century Britain Au cours du XII e siècle, l’anglo-normand, langue de colonisation, de communication et de culture, voit s’accroître son statut linguistique. Des témoignages contemporains invitent à voir se développer des rapports de plus en plus complexes entre le français et le latin, l’oral et l’écrit, la composition et la traduction, le roman et l’hagiographie. Avant la fin du siècle, le français utilisé en Grande-Bretagne commence à acquérir un statut textuel et documentaire réservé jusqu’alors au latin. The word that has, apparently, been with us since the very beginning of time - in principio erat verbum - is of course the spoken word of God - or the Big Bang, as certain more modern theologians prefer to call it. On the other hand, when, aeons later, God had finished speaking with Moses on the mountain (completis . . . sermonibus), the tablets of stone proved to be inscribed with God’s written word (scriptas digito Dei), with what we know, since St Paul, as the letter of the law 1 . This distinction between, on the one hand, verbum and sermo, and, on the other hand, littera and scripta, is the one that is reflected in my title and underpins my reflections here on the status and functions of the Anglo-Norman vernacular in 12 th -century Britain. I shall confine myself, as I always do, to the evidence of primary sources. These tend, however, to have two disadvantages in addition to their obvious value as first-hand eye-witness testimony: they are few and far between, and invariably incidental and indirect. They are also not always easy to interpret, hence their abiding interest. It is a shame, for example, that the different voices taken on by Gerald de Barri (better known, still today, as Giraldus Cambrensis or Gerald of Wales) are so consistently inconsistent as to undermine his credibility as a witness, for he has many interesting and informative things to say about language. He tells us, for example, that his Expugnatio Hibernica, which he had first completed in 1189 and then revised in 1210, had been extremely badly received by the public, or, to quote his own words, had been barely understood by a few barely literate members of the high aristocracy (principes minus litterati). His only hope of success, he continues, would be to find some linguistic and literary scholar able and willing to translate his book into French, even though (he plaintively adds) a translation never has the same flavour as the original and never remains so firmly imprinted on the mind (animo sedet): fructum laboris . . . quem nos quidem, minus intellecti quia principes minus litterati, hactenus obtinere non valuimus. (Expugnatio Hibernica, ed. Scott/ Martin 1978: 264-65) 2 . 1 John 1, 1; Exodus 31, 18; 2 Corinthians 3, 1-6. 2 Same text in Giraldi Cambrensis Opera (ed. Brewer 1861-91: v. 410-11); cf. Zimmer 2003: 131-52. Vox Romanica 68 (2009): 156-168 Oral and written French in 12 th -century Britain 157 Now, to someone like myself who spends his time trying to map the interface between Latin and the vernacular as it evolves in 12 th -century Britain, this is potentially a highly revealing nugget of information, since it could be seen as implying that the French imported by the Conqueror was already well on the way to becoming a viable alternative to Latin, in the eyes of intellectuals, at the end of the century. But is that what Gerald is actually saying - or meaning? Let us see how he continues: Vir ille eloquio clarus W. Map, Oxoniensis archidiaconus, cuius animae propitietur Deus, solita verborum facecia et urbanitate praecipua dicere pluries, et nos in hunc modum convenire solebat: «Multa, Magister Giralde, scripsistis, et multum ahduc scribitis, et nos multa diximus. Vos scripta dedistis, et nos verba. Et quanquam scripta vestra longe laudabiliora sint et longaeviora quam dicta nostra, quia tamen haec aperta, communi quippe idiomate prolata, illa vero, quia latina, paucioribus evidencia, nos de dictis nostris fructum aliquem reportavimus, vos autem de scriptis egregiis, principibus litteratis nimirum et largis obsoletis olim et ab orbe sublatis, dignam minime retribucionem consequi potuistis.» (loc. cit.) 3 . Needless to add, Gerald did not find his imaginary translator, or at least no trace of a French version of the Expugnatio survives today - and had one actually been made between 1189 and 1210, it would have been, chronologically speaking, the very first in an entirely new literary genre. In any event, I am not at all convinced that what is at issue here is the status of the vernacular, and I hesitate to subscribe to the view that Gerald is telling us that «the spoken vernacular brought greater prestige than written Latin» (Clanchy 2 1993: 266). Gerald, it seems to me, is really in reactionary mode and indulging in the age-old «censure of the times» topos. By establishing an opposition between the written and the oral, between Latin as an elitist, minority mode of expression, and French as a more universally comprehensible vehicle of social communication, he is not vaunting the virtues of French as much as deploring contemporary standards of Latinity, and the diminishing patronage and dwindling audiences for literature in Latin. Complaining about contemporary standards of Latinity is, in fact, something of a hobby horse for 3 «Walter Map, archdeacon of Oxford and famous for his eloquence (may God have mercy on his soul), and whose wont it was to make facetious comments and tell all sorts of particularly urbane jokes, often spoke in the following terms to me: ‹You, Master Gerald, have written, and will continue to write, a great deal, whereas I have done a great deal of talking. You have expressed yourself in writing, I have used the spoken word. Yet although your writing is by a long chalk more praiseworthy than my talk, and is destined to last considerably longer, whereas my words could be understood by everyone indiscriminately since I spoke in common parlance (communi idiomate), yours, being in Latin, were accessible to a much smaller number of people. And while I have been in a position to derive some benefit from my talking, you have not been able to reap the reward that your excellent writing has deserved from members of the nobility who in the past might well have been both literate and generous but whose numbers have long since been declining and who are dying out.›». Ian Short 158 Gerald, and his works are peppered with patronisingly disparaging remarks about the supposed illiteracy of the times 4 . The name of Walter Map is also invoked by the vernacular poet Hue de Rotelande, Gerald’s contemporary and neighbour and the author of the Anglo-Norman Ipomedon from about 1180. In a spirited defence of his own veracity, Hue sets up Walter’s no doubt notorious reputation as some sort of yardstick of mendacity and describes him as a past master in the art of lying 5 . This is a somewhat curious remark coming from a writer who invents a wholly spurious Latin source for his romance - a source, he proceeds to tell us, that has been strangely overlooked up until now by learned multilingual clerics: Ne di pas qe il bien ne dit cil qi en latin l’ad descrit, mes plus i ad leis ke lettrez; si li latin n’est translatez, gaires n’i erent entendanz. (Ipomedon, ed. Holden 1979: l. 25-29) 6 Although he is making more or less the same point of literary accessibility as Gerald, Hue has a different agenda: he is seeking to justify his own use of French, whereas Gerald is merely toying for rhetorical effect with the possibility of using the vernacular as he censures the same lack of Latin readership that enables Hue to find a new audience, of listeners this time, for his works. Hue de Rotelande, incidentally, occupies a significant place in the history of 12 th century French literature in that he seems to provide some extremely early, perhaps even unique, evidence for the existence of a secular library before 1191. His patron, he tells us in his second romance Protheselaus, was Gilbert fitz Baderon, a marcher lord of Breton descent and the owner of a library «well supplied with books both in Latin and in French» at his castle in Monmouth: Cest lyvre me comaunda faire e de latin translater d’un livre q’il me fist moustrer dount sis chastels est mult manaunz e de latyn e de romnaunz. (Protheselaus, ed. Holden 1991-93, vol. 2: l. 12706-10) 4 For example, Gemma Ecclesiastica in Opera, vol. 2: 43, 120, 343-45. On Simund de Freine, a canon of Hereford cathedral, author of the Anglo-Norman Roman de Philosophie (based on Boethius) and a Vie de saint Georges, who was a friend of Gerald and exchanged some Latin poems with him, see Opera, vol. 1: 382-85. Cf. Legge 1963: 183-87, and Bourgain 1982: 769-70. 5 Ipomedon, ed. Holden 1979: l. 7185-86. 6 «I do not say that the person responsible for composing it in Latin was not a skilful writer, but since there are more secular people around than there are learned, there will be hardly anyone who understands it unless the Latin is translated». Oral and written French in 12 th -century Britain 159 The only problem with this promising piece of evidence is that Hue, who has a particularly well developed sense of literary irony, claims that this library houses the actual book from which he has translated his second romance, a source which, like the one he had already claimed for Ipomedon, turns out to be no more than a figment of his literary imagination. We can, however, take consolation from the fact that Gilbert fitz Baderon’s library, even if it existed only in the poet’s mind, must clearly have been a credible possibility for Hue’s audience, for there would, surely, otherwise be no point in his mentioning it 7 . The common ground between Gerald and Hue lies, then, in the distinction they draw between the spoken and the written languages, and in the priority which they seem to accord to the former. That the primary function of Anglo-Norman was, indeed, to serve as the idiolect or aristocratic vernacular of the newcomers and their descendants is too obvious to need illustration. At the very end of the 12 th century, Gervase of Canterbury was still describing the Conquest in terms of the invaders introducing into Britain «a new way of life and a new way of speaking» (novam vivendi formam et loquendi) 8 . One of the earliest self-referential mentions we have of Anglo-Norman comes from the pen of Philippe de Thaon who, between 1113 and 1119, describes it as the raisun mustree de la nostre cuntree, «our country’s spoken discourse» 9 . Towards the end of the century, Walter Map’s categorisation of Anglo-Norman as Marlborough French makes clear that he also is still considering it as an oral rather than a written medium: according to Walter, it is said of someone speaking this corrupt language (vitiose quis illa lingua loquitur) that he Gallice barbarizat, that is, speaks garbled French like a foreigner. Not to be outdone, Gerald de Barri goes one better: whereas the French of France is elegant and refined, its bastardised Insular counterpart is rudis et feculentus, that is, uncouth and inferior 10 . Behind the thinly veiled social and linguistic snobbery which inspires both of these descriptions lies the same conviction that the function of French is first and foremost to serve as a vernacular 11 . One of its oral functions had always been, naturally, to serve as a means of access to the written word, an intermediary language of performance for seculars without sufficient mastery of Latin as the language of record. In 1164, Henry II’s mother, to take one illustrious example (she was, after all, an empress, if also «a 7 Andres Kristol reminds me of the parallel with Hartmann von Aue’s Der arme Heinrich: «ein ritter so geleret . . . », and to the possibility that we could be dealing in both contexts with a humorous allusion to their patrons’ illiteracy. 8 Stubbs 1879-80, vol. 2: 60 (the Gesta Regum dates from 1199-1210). 9 Philippe de Thaon, Comput, ed. Short, 1984: l. 101-2. Cf. Roland, v. 3325: Une raisun lur ad dite e mustree; T-L, AW 8: 210-12, 6: 338. 10 Cf. Short 1979-80: 470-73; Richter 1979: 88-89; Schulze-Busacker 1987-88: 24-47. 11 Walter’s other reference to the French vernacular concerns its literary use in chansons de geste: «Nobis divinam Karolorum et Pepinorum nobilitatem vulgaribus ritmis scola mimorum concelebrat» (De Nugis Curialium, ed. James et al., 1983: 404). Gerald refers to the French epic poem Raoul de Cambrai in his De Principis Instructione (Opera, ed. Brewer 1861-91, vol. 8: 258). Ian Short 160 woman of the stock of tyrants», according to one contemporary) admitted one of her clerics into her private chamber in order to have him first read the Constitutions of Clarendon out loud in Latin and then to explain the text to her in French 12 . When Anglo-Norman happens to be written down, it is also as an adjunct to Latin or as a substitute for it. The earliest Anglo-Norman poems are transpositions of Latin originals (I deliberately avoid the term «translations»), while the bilingual psalters, the miracles of the Virgin, the rhymed gloss on the Book of Proverbs, the vernacular drama, all go back to Latin originals (only the Leis Willelme stands out as a possible exception). Also derivative from Latin are the first vernacular hagiographies, of which one of the earliest in date has a woman author with views on the language she uses which are well worth quoting. The anonymous nun of Barking who composed her rhymed Vie d’Edouard le Confesseur sometime in the 1160s, probably, stigmatises her Anglo-Norman as «un faus franceis . . . d’Angletere» 13 : Si joe l’ordre des cas ne gart ne ne juigne part a sa part, certes n’en dei estre reprise ke nel puis faire en nule guise: qu’en latin est nominatif ço frai romanz acusatif. Un faus franceis sai d’Angletere ke ne l’alai ailurs [re]quere. Vus ki ailurs apris l’avez la u mester iert, l’amendez! 14 As it happens, the nun’s defensiveness about the French she acquired exclusively in England is quite unfounded, as she writes a perfectly competent and fluent Anglo-Norman. She might well, in this prologue, be echoing a similar modesty topos from Gregory of Tours, as M. D. Legge (1963: 63-64) suggested, but what is particularly interesting from our point of view are her observations on the Latin- French interface and the problematics of translating from Latin into the vernacular. Latin, presumably as the language of literacy, is clearly paradigmatic for her, a linguistic norm from which the slightest deviation needs to be fully justified. Her 12 Robertson et al. 1875-85: v. 148: «Die sequenti omnibus ejectis a thalamo suo, praecepit nobis [sc. Nicholas of Mont-Saint-Jacques] eas latine legere et exponere gallice.» R. M. Wilson 1943: 45 misattributes this to Matilda wife of Henry I (cf. Marjorie Chibnall 1991: 170). 13 Baker 1907-8: 374-75 [rejected ms. readings: 1 cases, 8 quere, 9 Mais vus]. The standard edition, whose base ms. lacks this prologue, is by Södergård 1948: l. 1-10 (cf. Dean/ Boulton 1999: n° 523; Legge 1963: 60-66; Spetia 1999: 129-47). 14 «If I do not observe the order of the cases or construe clauses together, I should certainly not be criticised because it is quite impossible for me to do so. What is nominative in Latin, I shall translate as accusative in French. My French is a false French of England, for I have not been anywhere else to acquire it. Those of you, however, who have learnt your French elsewhere should correct mine where it is necessary.» Oral and written French in 12 th -century Britain 161 inability as a translator strictly to adhere to Latin morphological and syntactic models may strike a modern reader as pretty obvious, and certainly not something to be apologised for. She explains it, however, not in terms of any inherent linguistic alterity, but as a function of her own poor command of French. Using the vernacular as a written literary medium is very much a second best to Latin, the nun seems to be saying, and if you then perceive your own French to be inferior, you are further disparaging your efforts and relegating them to third best. This is modesty taken to the point of self-denigration. When Hue de Roteland, in the prologue to Ipomedon, makes a strikingly similar point, even to the extent of repeating the same linguistic image, one immediately suspects some sort of ironic plagiarism: Hue de Rotelande vus dit, qui cest’ estorie vous descrit, ki de latin velt romanz faire ne lui deit l’em a mal retrere s’il ne poet tuz les cas garder, de tut en tut les tens former. Mes pur hastiver la matire nos estovra par biau motz dire; fors la verrour n’y acrestrai: dirai brefment ceo qe jeo en sai. (Ipomedon, ed. Holden 1991-93: l. 33-42) 15 The irony is, of course, that whereas the nun of Barking’s Latin original actually existed, and her translation problems were real, Hue was not translating at all, his alleged source being nothing more than a rhetorical invention aimed at investing his text with a false authority. Launching a romance of over 10-and-a-half thousand lines with a brevity topos is, moreover, typical of Hue’s particular brand of humour. His equally conventional truth claim, and his mention of embellishing his socalled source with biau motz, are reminiscent of another, and more famous, contemporary of his, Benoît de Sainte-Maure from Touraine, author of the Roman de Troie and, as Henry II’s court historiographer, of the Histoire des ducs de Normandie. In the prologue to his Troie, usually dated to around 1165, Benoît, having discussed the comparative value of his two Latin sources, Dares and Homer, in terms of accuracy, turns to his technique of translation 16 : 15 «Hue de Rotelande, who is recounting this story for you, tells you that whoever wishes to translate from Latin into French should not be adversely criticised if he (or she) is unable to retain all the cases and conjugate the tenses entirely correctly. In order to expedite the subject matter, it will be necessary for us to add embellishments. I shall, however, amplify only with the truth, and I shall set forth with brevity as much as I know.» 16 Le Roman de Troie de Benoît de Sainte-Maure, ed. Constans 1904-12: l. 139-44; same text in Baumgartner/ Vielliard 1998: 46. Prologue cit. in Mölk 1969: 24-28. Ian Short 162 Le latin sivrai e la letre, nule autre rien n’i voudrai metre s’ensi non com jol truis escrit. Ne di mie qu’aucun bon dit n’i mete, se faire le sais, mais la matiere en ensivrai 17 Benoît is here claiming the right to incorporate some embroidery or interpolation into his text on the assumption that this sort of literary enhancement does not necessarily compromise the essential accuracy and truth of his rendering. Form and content, he is saying, can legitimately diverge (Buda 1989: 3). Hue de Rotelande, who is known to have plundered Thebes, Eneas and Troie for his own romances (he even has the effrontery to claim that the romances of antiquity plagiarise his works rather than the reverse) 18 , has clearly taken over Benoît’s revealing observation on accuracy and literary creativity, and made it his own. Here, then, the vernacular can be seen consciously to be separating itself from its Latin infrastructure and to be claiming for itself some measure of creative autonomy. Within a decade or so, both the tone and the focus have shifted: from the apologetic nun of Barking’s acceptance of the absolute primacy of her Latin source and the need for no less absolute and literal fidelity to it, to Benoît’s confident claim that the accuracy of his vernacular text would not in any way be compromised by some measure of incidental authorial embroidery. Whereas previously the text had derived its authority from written sources external to itself, from its Latin pedigree, as it were, now the rights of the author to affect the presentation of the material from the inside are beginning to be asserted. These first glimmerings of what Michel Zink has called a mutation in literary consciousness he attributes to the authors of 12 th -century courtly romance, and more specifically to the canonical figure of Chrétien de Troyes, who wrote in Champagne during the 1170s and 1180s (cf. Zink 1981: 9-18; 1985: 31-37). But chronologically speaking, Insular French writers had already had an important and pioneering contribution to make, earlier in the century, to the emergence of French as a literary medium, to the process of breaking the literary monopoly of Latin, and to what can be called the 12 th -century vernacularisation of culture. It is all to easy to overlook the fact that Anglo-Norman claims the earliest appearance in French literature of the rhymed chronicle (Gaimar), of eyewitness historiography (Jordan Fantosme), of the Celtic-inspired narrative (Benedeit), of scientific (Philippe de Thaon) and scholastic (Sanson de Nantuil) texts, of Biblical and administrative prose, of monastic rules, the earliest named patrons of literature (queens Matilda and Adeliza, Constance, wife of Ralf fitz Gilbert, Alice de 17 «I shall follow the letter of the Latin text, and will not be willing to add anything else unless it is as I find it written down. I do not, however, exclude adding a certain amount of embellishment, if I have the skill, but in doing so I shall stay true to the content of my subject matter.» 18 Ipomedon, l. 10541-44. Oral and written French in 12 th -century Britain 163 Condé). And in the rise of the named author (not forgetting Clemence of Barking, the Nun of Barking, and Marie, the first recorded women writers in Medieval French literature), and the evolution of literary subjectivity, the role played by vernacular hagiographers and historiographers writing in Britain (including Gaimar as well as Wace and Benoît) also needs to be acknowledged 19 . It has sometimes been argued that Anglo-Norman literature shows a strong bias in favour of religious and didactic texts, but the surviving evidence indicates that this was not necessarily true of the 12 th century 20 . Epic poems and love stories in French seem to have been the staple diet of vernacular literature in Britain since at least the middle of the 12 th century, if, that is, we are to believe what a certain Adgar (or William, to call him by his alternative French name) has to tell us. He it was who, sometime in the 1150s or the 1160s, translated a collection of miracles of the Virgin into Anglo-Norman verse, in the course of which he has this to say on his contemporaries’ literary tastes (and, of course, his own) 21 : Li home de jolifté, ki tant aiment lur volenté, amereient milz autre escrit ke cuntast amerus delit u bataille u altre aventure; en tels escriz mettent lur cure. Tes escriz ne sunt a defendre, kar grant sens i poet l’en aprendre de curtesie e de saveir. Mais sur tut deit l’en cher aveir les escriz de nostre Reïne . . . (Adgar, Le Gracial, ed. Kunstmann 1982: 123 [xvi, l. 1-11]) 22 Such, needless to add, is the perspective of a writer with one foot in traditional Latin culture and the other in the nascent vernacular culture. An even more interesting testimony, and one that is both datable and localisable, comes from another literate and articulate vernacular writer who this time has the additional advantage of professional qualifications on both sides of the literary divide. I am referring to the Bury-St-Edmund’s monk Denis Piramus who, he himself tells us, having wasted his youth as a frivolous court poet, became a monk later in life and 19 Cf. Short 1992: 229-49; Blacker 1994; Laurent 1998; Damian-Grint 1999; Crane, 1999: 35- 60. On manuscript survival, cf. Woledge/ Short 1981: 1-17 (currently under revision). 20 For example Walberg 1936: 39. Cf. Legge 1963: 363, 366. 21 For Adgar’s dual names, cf. Adgar, Le Gracial, ed. Kunstmann 1982: 97, xi, l. 25-34. Cf. Legge 1963: 187-91. 22 «Men who enjoy frivolity and are so fond of pursuing their own pleasure would prefer writings that tell delightful love stories or tales of war or other adventures, and they set great store by such writings. This sort of thing is not to be forbidden, since from it people are able to learn a great deal about how to be courtly and how to act wisely. Writings about Our Lady, however, are to be cherished over and above everything else . . . ». Ian Short 164 wrote a rhymed life of his monastery’s patron in Anglo-Norman. As I have attempted to show elsewhere, Denis was in all probability writing between 1190 and 1193, though the literary situation he describes could well go back to the 1160s (Short 2007: 326-28). Denis’s one claim to fame is his mention of Marie, universally but inaccurately known as Marie de France. Here is what he has to say about her and one of her contemporaries 23 : Cil ki Partonopé trova E ki les vers fist e ryma Mult se pena de bien dire Si dist il bien de cele matire Cum de fable e de menceonge. La matire resemble sunge, Kar ceo ne put unkes estre. Si est il tenu pur bon mestre, E les vers sunt mult amez E en ces riches curtes löez. E dame Marie autresi, Ki en ryme fist e basti E compensa les vers de lays Ke ne sunt pas de tut verais. E si en est ele mult loee, E la ryme partut amee, Kar mult l’ayment si l’unt mult cher Cunt, barun e chivaler; E si en ayment mult l’escrit, E lire le funt si unt delit, E si les funt sovent retreire. Les lays soleient as dames pleire, De joye les oyent e de gré Qu’il sunt sulum lur volenté. Li rey, li prince et li courtur, Cunt, barun e vavasur, Ayment cuntes, chanceuns e fables E bon diz qui sunt dilitables, Kar il hostent e gettent penser, Doel, enuy e travaile de quer, E si funt ires ublïer E del quer hostent le penser 24 23 L. 25-56 of the prologue which I re-edit in Short 2007; the standard edition is Kjellman 1935. Cf. Dean/ Boulton 1999: n° 520. 24 «The person who composed [the romance of] Partonopeu de Blois and put it into verse and rhyme took great pains over his poetry, and dealt with his subject matter well considering that it is fanciful and misleading, since it lacks substance (resemble sunge) and cannot possibly be considered as realistic (ne put unkes estre). He is nevertheless considered to be a past master of his art, and his verses are much appreciated and praised in the courts of the powerful. And Dame Marie likewise, who composed versified lays which she rhymed and turned into narratives, but which are not at all true (pas del tut verais). She is nevertheless much praised for Oral and written French in 12 th -century Britain 165 There is much of interest here in what is one of the earliest surviving examples of Medieval French literary criticism. What strikes one in the first place is a clear sense of literary community across the cultural divide. Denis does not disguise his admiration for either the author of Partonopeu or for Marie as fellow professionals, despite the moral distance which separates him, a monastic didact, and his excolleagues, popular entertainers. His contention is that Marie’s lays, by virtue of their being unrealistic, imaginative and subjective, are lacking any verifiable factual content. Unlike the text which he is about to translate, an authenticated, written, eye-witness document with multiple Latin sources, Marie’s vernacular lays, presumably because their basis is in creativity, orality and performance, lack credible authority, specifically textual authority. Absent from Denis’s prologue is any criticism of the popular poets’ use of language (indeed, he is lavish in his praise of their technical ability), or any sense that his own vernacular medium is in any way inferior to the Latin from which he is translating. Denis seems reluctant also to overplay the doctrinal superiority of his own work. Fully recognising the pleasure (deduit) that secular literature provides, he offers his listeners an alternative deduit of his own which is more worthwhile, even more enjoyable and more conducive to wise behaviour and good sense 25 . He does not, of course, omit to mention its utility as food for the soul and for living a life free from disgrace and dishonour, but God, we note, is not invoked, and the godlessness of his rivals remains unarticulated 26 : Jeo vus dirray par dreit fei Un deduit qui mielz valut asez Ke ces autres ke tant amez, E plus delitable a oÿr; Si purrez les almes garir E les cors garaunter de hunte. What Denis does emphasise is the veracity of his poem, how verrai it is, so very verrai in fact that it could not possibly be more so 27 : Un deduit par vers vus dirray Ke sunt de sen e si verray K’unkes rien ne pout plus veir estre, Kar bien le virent nostre ancestre . . . For him the difference between hagiography and romance seems to lie not so much in the inferior godlessness of the latter as in the superior textual authority of the them, and her poetry is universally popular. Earls, barons and knights love and greatly cherish it, and they particularly like having written copies of it which they take pleasure in having read out to them.» 25 Loc. cit., l. 58-68. 26 Loc. cit., l. 60-65. 27 Loc. cit., l. 69-72. Ian Short 166 former. In this he would no doubt have agreed with Guibert de Nogent when he argued that the only valid criterion for a saint’s cult was not hearsay (opinio), but an authentic tradition of verified written sources from the past (vetustatis aut scriptorum veracium traditio certa) 28 . Denis, however, juxtaposes rather than polarises the oral and the written, the popular and the learned. What his prologue can be seen as illustrating is the increasingly complex interrelationship between the secular and the religious in the literature of the last quarter of the 12 th century, and as marking a further stage in the progressive secularisation of culture. What we can also read behind Denis’s reference to Marie’s supposed lack of «veracity» are developing notions of vernacular textual authority at a time when translatio had already consolidated its position of intermediary between the learned and lay cultures. Patronage of French poetry had been a feature of literary culture in Britain since at least the first decades of the century. Writing in 1126, the monastic chronicler William of Malmesbury writes as follows in his obituary of queen Matilda, first wife of Henry I: . . . litteris quoque femineum pectus exercuit . . . Liberalitate ipsius per orbem sata, turmatim huc adventabant scolastici cum cantibus tum versibus famosi . . . Nec in his solum expensas conferebat sed etiam omni generi hominum, presertim advenarum, qui muneribus acceptis famam eius longe per terras venditarent . . . Eo effectum est ut prodige donantium non effugeret vitium (Gesta Regum Anglorum, ed. Mynors et al. 1998-99, vol. 1: 754) 29 Benedeit, author of the Anglo-Norman Voyage of St Brendan, is one example of a poet who, at some unknown date before the queen’s death in 1118, took advantage of Matilda’s virtuous prodigality 30 . In dedicating his poem to her, Benedeit inaugurated, years before any comparable work appears on the French mainland, a tradition of enlightened secular patronage that successfully straddled the divide between Latin and the vernacular, between littera and verbum, scripta and sermo, between the learned written and the lay oral cultures. A generation later, Geoffrey of Monmouth made his own spectacular contribution to this same process of cross-cultural symbiosis. I happen to be one of those (and we are very much in a minority) who believe in the existence of Geoffrey’s «very ancient book» - less, though, as a tangible object than as a metaphorical one, not so much the ordered quires of written record as the disparate gatherings of collective memory. Why otherwise, I ask myself, would Geoffrey not use a word like 28 Cited by Stock 1983: 245. 29 «Despite being a woman, she took a keen interest in literature [literally «she exercised her intelligence, albeit a feminine one, in letters»] . . . News of her generosity spread throughout the world, and scholars who had made a name for themselves as singers or as poets came flocking . . . Her open-handedness benefited not only these but all sorts of other men, especially people from abroad, who, having taken her money, would then sing her praises far and wide in other countries . . . All of which resulted in her being unable to avoid the vice of prodigality.» 30 Benedeit, The Anglo-Norman Voyage of St Brendan, ed. Short/ Merrilees 1979; Benedeit, Le Voyage de saint Brendan, édition bilingue, Short/ Merrilees 2006. Oral and written French in 12 th -century Britain 167 scripta, or littera, or idioma, or eloquium, or even lingua, but specify instead that his book was Britannici sermonis, «in the British [that is, Welsh] vernacular or spoken language»? 31 The multiculturalism of 12 th -century Britain clearly had a major role to play in fostering literary innovation of this sort, as it did also in the early flowering of French vernacular literature on its soil. It is a truth now universally acknowledged, thanks in large measure to Michael Clanchy, that the 12 th century in Britain witnessed an evolution from a memorybased to a document-based culture. What it also saw, concomitantly, was the emergence of the French vernacular as a literary medium, an evolution of its oral into its written mode - not, however, in a straightforward linear development, but as part of a broader and more complex cultural shift. This saw the textual authority hitherto invested exclusively in Latin, as the unique language of learning, transferred to the demotic. What we today can see is the French vernacular slowly starting to come of age, though it was, of course, to take it some three centuries more finally to grow free of its Latin roots and reach its majority. London Ian Short Bibliography Text Editions Baumgartner, E./ Vielliard, F. (ed.) 1998: Benoît de Sainte-Maure, Le roman de Troie. Extraits du manuscrit Milan, Bibliothèque ambrosienne D 55, Paris Brewer, J. S. (ed.) 1861-91: Giraldi Cambrensis Opera, London Constans, L. (ed.) 1904-12: Le Roman de Troie de Benoît de Sainte-Maure, Paris Holden, A. J. (ed.) 1979: Ipomedon. 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(ed.) 1879-80: The Historical Works of Gervase of Canterbury, London Wright, N. (ed.) 1984: The Historia regum Britannie of Geoffrey of Monmouth I. Bern Burgerbibliothek MS 568, Cambridge 31 The Historia regum Britannie of Geoffrey of Monmouth I, ed. Wright 1984: 1 §1. Cf. Short 1994: 323-43. Studies Baker, A. T. 1907-8: «Fragment of an Anglo-Norman Life of Edward the Confessor», MLR 3: 374-75 Blacker, J. 1994: The Faces of Time. Portrayal of the past in Old French and Latin historical narrative of the Anglo-Norman regnum, Austin TX Bourgain, P. 1982: «L’emploi de la langue vulgaire dans la littérature au temps de Philippe Auguste», in: Bautier, R. H. (ed.): La France de Philippe Auguste: le temps des mutations, Paris: 765-84 Buda, M. 1989: «Early historical narrative and the dynamics of textual reference», RR 80: 1-17 Chibnall, M. 1991: The Empress Matilda. Queen consort, queen mother and lady of the English, Oxford Clanchy, M. T. 2 1993: From Memory to Written Record. 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À côté de la description du programme journalier du dauphin et futur roi de France, Héroard fournit évidemment de multiples détails d’ordre médical, alimentaire et éducatif. Mais la véritable unicité de ce document réside dans le fait que le médecin, sous la forme d’une sorte de graphie phonétique, a essayé de transcrire le langage de son protégé. Le Journal contient donc de nombreuses petites phrases de l’enfant royal ainsi que des fragments de séquences conversationnelles dans lesquelles les paroles de l’enfant alternent avec celles de différents interlocuteurs de son milieu social immédiat. Ces passages et leur co-texte foisonnent par ailleurs d’informations sur le comportement verbal et non verbal de l’enfant et de son entourage. Le Journal d’Héroard constitue ainsi une mine de renseignements qui a pu servir de point de départ à la recherche dans différents domaines des sciences humaines, non seulement de la linguistique 2 . En ce qui concerne la linguistique française, Gerhard Ernst, dans son excellente étude de 1985, a bien vu quel était l’intérêt du Journal d’Héroard pour la connaissance du français parlé ordinaire, à la cour de St-Germain et dans la bouche du jeune prince, au début du XVII e siècle. Il est vrai que l’interprétation du système de transcription improvisé par le médecin Héroard pose de nombreux problèmes, et la langue du document reflète évidemment les habitudes langagières d’un milieu social très particulier. Il est vrai aussi - et Ernst l’a bien reconnu - que la re- 1 Version revue et corrigée de ma communication au colloque Faut-il réécrire l’histoire du français? Les variations diachroniques et synchroniques du français, organisé par le Pôle interdisciplinaire d’études françaises de l’Université d’Innsbruck (30.11.-1.12.2007). Je tiens à remercier un de mes étudiants, Christian Tanner, qui a rassemblé l’essentiel des matériaux sur lesquels je me base ici, dans le cadre de son excellent mémoire de maîtrise (inédit) «Analyse linguistique des constructeurs des relations interpersonnelles dans le Journal d’hygiène de Jean Héroard» (Université de Bâle, 2007). Mes remerciements s’adressent également à Nicolas Pépin, maître assistant à l’Université de Bâle, qui a contribué de manière substantielle à conseiller M. Tanner dans l’élaboration de son mémoire. 2 «Le journal d’Hérouard [sic] peut . . . apprendre quelque chose aux pédiatres, aux orthophonistes, ainsi qu’aux psychologues du développement et aux psychiatres et psychanalystes d’enfants. De fait, il peut donner matière à réflexion à tous les professionnels de l’enfance d’aujourd’hui» (Renard 2002: 41). - L’article de Laurent Renard est entièrement consacré à l’enfance de Louis XIII, sur la base du journal d’Héroard, ce que son titre n’indique pas. Vox Romanica 68 (2009): 169-186 Andres Kristol transcription de mémoire des énoncés du prince par le médecin pose de nombreux problèmes de fiabilité des données. Néanmoins, les analyses de Gerhard Ernst ont pu apporter une contribution essentielle à un des grands débats de la recherche romanistique allemande des années 1980, consacré à l’origine et à l’âge de certains phénomènes caractéristiques du français parlé contemporain. Dans cette optique, le Journal d’Héroard reste d’ailleurs d’actualité, comme le montrent les thèses de Helga Prüssmann 1986 et de Christina Ossenkop 1999. Mais il a également été possible, par exemple, d’utiliser le corpus d’Héroard pour une étude des différentes étapes du processus d’acquisition du français par l’enfant royal 3 . Mais ce n’est pas la voie dans laquelle je désire m’engager ici. En effet, dans le cadre de mes tentatives de contribuer au développement d’une sociolinguistique historique (cf. en particulier Kristol 2007 et 2009), j’ai été amené à faire une nouvelle lecture du Journal d’Héroard. 1.2. La sociolinguistique historique est une discipline relativement jeune. Elle est née il y a une vingtaines d’années, au moment où certains chercheurs ont commencé à appliquer les questionnements de la sociolinguistique contemporaine à des situations linguistiques analogues du passé 4 . La sociolinguistique historique part de la constatation axiomatique que les phénomènes linguistiques fondamentaux qui intéressent la sociolinguistique moderne - la variation interne de toute langue humaine (vivante ou morte) en fonction de différents critères sociaux, et le plurilinguisme interne de la quasi-totalité des sociétés humaines - ont dû exister à toutes les époques de l’histoire 5 . La sociolinguistique contemporaine et la sociolinguistique historique posent donc les mêmes questions; la sociolinguistique contemporaine a aiguisé notre regard pour des réalités analogues du passé. La principale différence entre les deux disciplines réside dans la nature de leurs sources, et dans leur manière de les aborder. Ce qui constitue l’unité épistémologique de toutes les recherches en sociolinguistique historique, c’est que - comme toutes les sciences historiques - elle travaille sur des sources écrites qui n’ont pas été réalisées pour elle.Alors que la sociolinguistique contemporaine est en mesure de créer les corpus dont elle a besoin, en les suscitant elle-même par les méthodes d’enquête qui conviennent aux objectifs qu’elle se fixe - ou en sélectionnant ses données dans les corpus immenses que les nouveaux médias mettent à notre dis- 170 3 Malheureusement, pratiquement toux ces travaux ont été rédigés en allemand, et on peut se demander dans quelle mesure la recherche française en a pris connaissance. 4 Sur les débuts de la discipline, cf. Willemyns/ Vandenbussche 2006. - Pour situer la thématique, je suis obligé de reprendre ici quelques réflexions que j’ai déjà présentées dans le cadre du Colloque de Sociolinguistique historique du domaine gallo-roman qui s’est tenu à Neuchâtel en juin 2007 (cf. Aquino et al. 2009). 5 Trask 1997: 313, traduit par Lodge 2009: 200, définit la sociolinguistique historique comme suit: «[une] branche de la linguistique qui utilise les concepts et les techniques de la sociolinguistique pour élucider les états de langue passés. Elle part du principe que les propriétés observables dans les communautés linguistiques du monde actuel - variation, stratification, évaluation sociale des variantes - étaient également présentes dans les communautés du passé.» Sociolinguistique historique et analyse de la conversation position - la sociolinguistique historique n’est pas en mesure d’en faire de même. Comme toutes les disciplines historiques, elle est confrontée à la précarité des sources disponibles. Les sources sur lesquelles elle travaille la précèdent. Leur inventaire est clos et - mis à part quelques surprises heureuses et ponctuelles 6 - elles sont déjà connues. Dans la mesure où elles existent, elles existent en nombre limité. L’information disponible est toujours lacunaire, et lorsque les documents manquent, on se contentera de constater leur inexistence: il n’est plus possible de les créer. L’art du travail en sociolinguistique historique consiste donc à identifier les documents du passé qui se prêtent à une lecture sociolinguistique, de les constituer en corpus, et de développer les méthodes d’analyse qui conviennent à la nature du corpus ainsi constitué - tout particulièrement en cherchant à éviter le danger de l’anachronisme de ses analyses qui la guette toujours. Le point commun de toutes les recherches en sociolinguistique historique, c’est le fait qu’elles procèdent à de nouvelles lectures des documents existants, documents qui, à l’origine, ont été rassemblés avec des objectifs tout à fait différents. Virtuellement, n’importe quel document du passé peut ainsi devenir une source d’informations pour la sociolinguistique historique, si nous savons reconnaître sa valeur, et si nous savons poser les bonnes questions à son égard. Et souvent, les nouvelles lectures auxquelles nous pouvons procéder, les questions que nous pouvons poser à l’égard de ces documents, sont multiples. Il va de soi que la sociolinguistique historique est aussi hétérogène, aussi diversifiée que la sociolinguistique moderne. Les travaux de sociolinguistique externe (ou macro-sociolinguistique, selon la terminologie d’Anthony Lodge 2009) examinent les situations de plurilinguisme et de contact des langues à différentes périodes historiques 7 . Pour la sociolinguistique interne (ou micro-sociolinguistique, selon Lodge), je mentionnerai en particulier l’étude de Lodge 2004 qui examine les principales variables phonétiques et morphologiques dans l’histoire du français parisien comme marqueurs de l’appartenance sociale des locuteurs et des scripteurs, l’analyse de Wendy Ayres-Bennett 2004 de différents paramètres de la variation interne du français au XVII e siècle, ou les travaux de France Martineau et de son équipe 8 sur le français «ordinaire» du XVII e siècle qui a été transplanté au Canada, par des locuteurs qui appartenaient surtout à des classes moyennes inférieures de la société française. Dans un certain sens, les travaux que les collègues allemands ont consacrés au français parlé dans le Journal d’Héroard s’intègrent dans une même logique, par leur apport à la connaissance de la variation diastratique et diamésique du français, au début du XVII e siècle. 171 6 À cet égard, je pense par exemple aux actes du procès de canonisation de Thomas Cantilupe, découverts par Richter 1979 (cf. aussi Richter 1995) dans les archives du Vatican: ces documents nous donnent un aperçu unique des connaissances linguistiques et du plurilinguisme dans la population d’une petite ville anglaise, Hereford, au début du XIV e siècle. 7 Cf. p.ex. Adams 2003, pour le plurilinguisme dans l’Empire romain. 8 Pour une bibliographie récente de ces travaux, voir Martineau 2009. Andres Kristol Or, il m’a semblé que le corpus d’Héroard nous offrait encore un autre type de lecture. Celle-ci se situe dans le cadre de l’analyse de la conversation, et plus largement dans le cadre de la recherche en ethnographie de la communication, qui cherche à dégager les normes qui sous-tendent le fonctionnement des interactions dans une société donnée. 1.3. La recherche ethnométhodologique, à l’origine sans visée proprement linguistique - et sans la moindre optique diachronique (Garfinkel 2007 [ 1 1967], Goffman 1974 [ 1 1967]) - part du principe que tous les comportements humains que l’on observe dans les échanges quotidiens sont «routinisés»: ils reposent sur un ensemble de normes implicites, c’est-à-dire sur des normes de comportement qui sont rarement ou jamais explicitées dans la vie sociale, mais qui sont admises comme allant de soi. Ce sont des comportements que le locuteur internalise au cours de son apprentissage social et linguistique. Le travail de l’ethnométhodologue consiste à dégager toutes ces évidences (ou fausses évidences) sur lesquelles est construit l’environnement social et linguistique qui nous est familier: les choses qui «vont tellement de soi» que nous n’en parlons jamais, mais qui risquent de nous décontenancer complètement si nous sommes obligés de changer de milieu social. L’ethnométhodologie accorde donc aux activités les plus banales une attention que l’on réserve d’habitude aux événements extra-ordinaires: elle explore le monde de notre comportement le plus quotidien, la «machinerie générale» qui leur sert de base et qui les explique. La recherche ethnométhodologique estime que les normes qui fonctionnent comme base de nos comportements sociaux, et en particulier nos comportements linguistiques, ont deux aspects complémentaires. En partie, elles préexistent à l’individu; la société les impose à l’individu. En même temps, elles sont réactualisées et régénérées en permanence par la pratique quotidienne 9 . La vie en société apparaît ainsi comme un «accomplissement continu», comme un travail permanent qui consiste à construire notre identité sociale, dans le but de rendre intelligible l’ensemble de nos comportements, et de nous faire admettre comme membres habilités de notre société. Or, cette réactualisation constante de nos comportements explique aussi le fait qu’au cours de l’histoire des sociétés humaines, ces comportements peuvent évoluer. Et c’est de là, à mon avis, que provient l’intérêt particulier de la recherche ethnométhodologique pour la sociolinguistique historique - même si la plupart des travaux ethnométhodologiques actuellement disponibles sont axés sur les sociétés contemporaines, et négligent complètement l’axe variationnel diachronique. Alors qu’en principe, pour les études ethnométhodologiques, le langage verbal n’est qu’une composante de notre comportement social parmi beaucoup d’autres, 172 9 On retrouve ici, appliquée à la communication humaine dans son ensemble, la dualité que Saussure déjà avait évoquée en parlant du langage: «À chaque instant il implique un système établi et une évolution; à chaque moment, il est une institution actuelle et un produit du passé» (Saussure 1971: 24). Sociolinguistique historique et analyse de la conversation un courant particulier de la recherche ethnométhodologique considère que le langage est un aspect privilégié de notre comportement social. C’est la raison pour laquelle il s’est développé un courant de recherche ethnométhodologique nettement ciblé de manière linguistique: c’est l’analyse conversationnelle, dont l’objectif est de décrire le déroulement des conversations quotidiennes en situation naturelle (Harvey Sacks, dans une série de conférences tenues à l’Université de Californie entre 1964 et 1972; cf. Sacks 1992). Au début, Sacks justifiait son intérêt pour les conversations par un argument purement pragmatique: c’étaient pour lui des échantillons d’activités sociales qu’il était possible d’enregistrer et d’étudier assez facilement. Plus fondamentalement, les conversations apparaissaient comme un lieu privilégié et particulièrement exemplaire d’observation des organisations sociales: on y voit comment les participants utilisent des techniques institutionnalisées pour gérer ensemble différentes tâches qu’ils ont à accomplir. Par la suite, l’analyse conversationnelle s’est constituée en discipline plus ou moins autonome, qui s’intéresse à la «technologie de la conversation», telle qu’elle peut être dégagée à partir de l’observation minutieuse d’échantillons enregistrés. Un des principaux mérites de l’analyse conversationnelle est d’avoir réussi à montrer à quel point les conversations - toutes les interactions verbales - sont des rituels sociaux. Les interactions verbales se déroulent selon des règles ritualisées que l’on peut observer, et que l’on peut décrire. Et surtout: elle a attiré notre attention sur le fait que dans les différentes sociétés humaines, ces rituels sociaux peuvent se distinguer considérablement. Et c’est de là que provient pour moi l’intérêt particulier de l’analyse conversationnelle de type ethnométhodologique pour une analyse historique de la conversation, dans la mesure où le déroulement des interactions verbales dépend fortement du contexte historique et socioculturel dans lequel elles se déroulent 10 . Dans des sociétés fortement hiérarchisées comme le sont les sociétés européennes du Moyen Âge ou de l’Ancien Régime, avec des clivages sociaux pratiquement infranchissables, les stratégies conversationnelles sont fortement conditionnées par le statut social relatif des interlocuteurs. L’analyse conversationnelle peut donc nous permettre de mieux comprendre les comportements linguistiques - et par là le fonctionnement sociolinguistique - des cultures européennes du passé. C’est dans ce contexte enfin que le Journal d’Héroard a pris pour moi une toute nouvelle importance, car il permet d’analyser - jusqu’à un certain point, comme toujours, parce que l’information disponible est lacunaire et retranscrite post facto - les comportements conversationnels du dauphin Louis XIII et des per- 173 10 À cet égard, les excellentes études de Catherine Kerbrat-Orecchioni 1990-94 souffrent à mon avis d’une absence très claire de l’axe diachronique: dans ses analyses elle tend à mettre sur un même plan des dialogues tirés de textes littéraires des XVII e et XVIII e siècles et des enregistrements de l’époque contemporaine, alors que les situations énonciatives, les structures allocutives et les comportements discursifs dans leur ensemble, tels qu’on les rencontre chez Molière ou chez Marivaux, par exemple, sont profondément marqués par les conditions sociales de leur époque. Andres Kristol sonnes qui sont réunies autour de lui au château vieux de Saint-Germain-en-Laye. Il permet d’observer la socialisation linguistique de l’enfant royal dans le cadre de cette société fortement structurée, le processus d’apprentissage des rituels conversationnels qui sont imposés à l’enfant et aux personnes qui l’entourent. Il permet aussi de distinguer ce que Goffman 1991: 516 a appelé les différents cadrages du discours, à savoir le cadre primaire (les «figures naturelles») dans lequel le locuteur parle naturellement, en soutenant son identité singulière et personnelle, et le cadre secondaire (les «figures de scène»), lorsque le locuteur incarne un cadre fictif: ainsi, en situation de jeu, lorsqu’il parle avec des adultes ou lorsqu’il s’adresse à des jouets, le jeune dauphin est parfaitement capable d’adopter d’autres comportements discursifs que lorsqu’ils se situe dans son cadre primaire. C’est ce que j’essaierai d’exemplifier ici, en me limitant à un seul paramètre de l’interaction sociale, à savoir le fonctionnement de l’allocution, par le choix des termes d’adresse, au sein de la famille royale et des personnes qui l’entourent. Comme on le verra, dans ce contexte, les problèmes de «fidélité» de la transcription réalisée par le médecin Héroard ne se posent d’ailleurs pas dans les mêmes termes que lorsque l’on s’intéresse par exemple à la phonétique ou à la morphosyntaxe du français, au début du XVII e siècle, dans la bouche du petit prince. 2. Les termes d’adresse dans le corpus d’Héroard 2.1. C’est en 1604 que Henri IV décide que le dauphin, qui est alors âgé de trois ans, sera élevé avec ses autres enfants, légitimes et naturels, au «château vieux» de Saint-Germain-en-Laye. Comme l’écrit l’historien Jean-Pierre Babelon 1982: 918, l’intention du roi est de donner à l’enfant «toutes les vraies et essentielles marques de la royauté, et [d’] obliger tous ses frères et sœurs, soit légitimes soit naturels, de le reconnaître comme leur vrai maître». Sont réunis ainsi onze enfants qu’Henri IV a eus avec trois femmes différentes (tableau n° 1): les trois enfants de Gabrielle d’Estrées, les deux enfants d’Henriette d’Entragues, ainsi que les enfants de Marie de Médicis (dont certains sont encore à naître, à ce moment-là). En tout cas, ce sont là les enfants royaux pour lesquels le Journal de Jean Héroard fournit des indications. 174 Sociolinguistique historique et analyse de la conversation Tableau n° 1: les enfants légitimes et naturels d’Henri IV réunis au «château vieux» de Saint- Germain-en-Laye. - enfants de Gabrielle d’Estrées: - César 1594-1665 «Monsieur de Vendôme» - Catherine-Henriette 1596-1663 - Alexandre, chevalier de Malte 1598-1629 «Monsieur Chevalier» - enfants d’Henriette d’Entragues, marquise de Verneuil - Henri 1601-1682 «Monsieur de Verneuil» - Gabrielle-Angélique 1603-1627 - enfants de Marie de Médicis - Louis, dauphin 1601-1643 «Monsieur le dauphin» - Élisabeth 1602-1644 - Chrétienne 1606-1663 - «Monsieur d’Orléans» 1607-1611 - Gaston Jean-Baptiste 1608-1660 «Monsieur d’Anjou», puis «Monsieur d’Orléans» - Henriette-Marie 1609-1669 La première constatation - et peut-être une des plus importantes, pour comprendre le fonctionnement de cette micro-société - c’est que les prénoms sont complètement absents de toutes les interactions verbales aussi bien entre les enfants qu’entre enfants et adultes. En effet, contrairement à nos habitudes actuelles de nommer les membres des familles royales par leurs prénoms, il faut souligner que pendant plusieurs années après leur naissance, le dauphin et ses frères et sœurs n’ont pas eu de prénoms. Ils n’en reçoivent un que lors de leur baptême, soit cinq ou six ans après la naissance du dauphin. Concrètement, alors que les enfants de Gabrielle d’Estrées, nés pendant le mariage d’Henri IV avec Marguerite de Valois, ont été baptisés au moment de leur naissance - et qu’ils portent des noms qui illustrent clairement les aspirations de leur père - le dauphin et ses sœurs légitimes (Élisabeth et Chrétienne), ainsi que les enfants d’Henriette d’Entragues, n’ont pas été baptisés, mais ondoyés, selon la coutume des rois de France (Foisil 1989: 144). Ils ne portent donc aucun nom de baptême. Le baptême collectif de Louis, Élisabeth et Chrétienne n’aura lieu qu’en septembre 1606, alors que les enfants d’Henriette d’Entragues ne seront baptisés qu’en décembre 1607. Le premier frère légitime du dauphin, décédé à l’âge de quatre ans, avant son baptême, n’aurait jamais eu de nom: c’est «Monsieur d’Orléans» 11 . Quant au dauphin, qui s’attendait à recevoir le nom de son père, il semblerait, d’après le témoignage de Jean Héroard, qu’il ait eu beaucoup de peine à 175 11 Héroard note: «La Roine accoucha de (blanc) duc d’Orleans . . .» (16 avril 1607, p. 1200). Pour toutes les citations, j’indique la date et la page du Journal selon l’édition Foisil. Andres Kristol accepter le nom de Louis, et que son demi-frère de Verneuil ait eu le droit de porter le nom de leur père 12 . Cette absence de prénoms, pendant les premières années de leur vie, a évidemment de lourdes conséquences pour le système allocutif - et sans doute aussi pour l’identité et pour la conscience des locuteurs eux-mêmes. L’impossibilité d’utiliser le prénom, et plus tard la prohibition d’utiliser le prénom semble inhiber l’intimité réciproque entre interlocuteurs. Si les garçons, au moment de leur naissance, reçoivent tout de même un titre nobilitaire (Monsieur le dauphin, Monsieur d’Orléans, Monsieur de Verneuil, Monsieur d’Anjou), ce qui permet de les nommer et de les distinguer dans des contextes délocutifs et allocutifs, les filles n’en ont pas et s’appellent indifféremment Madame, ce qui pose des problèmes d’identification, surtout en situation délocutive: (1) [Au coucher] Mr de Praslin luy demande: «Mr, aimés-vous bien Madame votre soeur? » D. «Oui je l’aime bien». P. «Mr, qui est l’aisnée? » D. «Celle qui é (est) icy» . . . (15 février 1606, p. 890). En situation d’allocution, le dauphin utilise indifféremment Madame, Madame ma sœur pour les deux sœurs. Mais même après leur baptême, on a l’impression qu’en cadre primaire, l’utilisation des prénoms entre frères et sœurs constitue un véritable tabou. Les prénoms ne seront utilisés que dans le cadre de leur correspondance écrite, où leur emploi se limite par ailleurs à la signature de l’expéditeur 13 , ou alors dans le cadre secondaire, dans des situations de jeu. Ainsi, c’est dans le cadre d’une plaisanterie que le connétable Antoine de Roquelaure, conseiller du roi, tente de faire éclater le système allocutif de la famille royale: (2) Mr de Roquelaure, se jouant a luy [c’est moi qui souligne], l’appelle «Maistre Louis», il repart soubdain: «Maite bogne (borgne)»; il l’estoit. (26 novembre 1606, p. 1116). En réalité, comme le montre ce passage, cette tentative de plaisanter est immédiatement et violemment rejetée par l’enfant royal qui n’accepte pas que le connétable utilise une appellation non conforme; on a l’impression qu’il n’a pas compris que M. de Roquelaure se plaçait dans un cadre secondaire 14 . Héroard lui-même rapporte à plusieurs reprises que l’enfant refuse les modifications du cadrage lorsqu’elles ne se font pas de son plein gré: 176 12 Selon Babelon (1982: 880), il semblerait que le choix de Louis comme nom du dauphin soit l’expression d’un désir d’Henri IV de rappeler que la nouvelle dynastie des Bourbons descend aussi bien du grand ancêtre canonisé Saint Louis que la précédente des Valois. 13 Héroard fournit de nombreuses copies de la correspondance du dauphin. C’est en septembre 1606 (p. 1075), après avoir signé jusque là par son titre nobiliaire dauphin, qu’il signe pour la première fois par son prénom. 14 En cadre primaire, maître ne saurait évidemment convenir: c’est un appellatif qui s’adresse uniquement aux artisans qui œuvrent au château. Sociolinguistique historique et analyse de la conversation (3) [Le Dauphin s’amuse à jouer au pâtissier] ; mais ne veult pas qu’on l’appelle patissier. Il prend toutes les autres qualités au point d’honneur fors que la sienne. Si on luy demande: «Mr, qui estes vous donc? » D. «Je suis Moucheu daulphin». Si ce n’est que particulierement il commandast appelés moy ainsi, ou ainsi [c’est moi qui souligne]. (23 novembre 1605, p. 830). On trouve le même genre de refus dans de nombreuses autres situations de jeu. Ainsi, Héroard rapporte deux scènes au cours desquelles la princesse de Conti, une habituée de la Cour et confidente de la reine, essaie de modifier le cadre énonciatif. Les deux fois, elle essuie un violent refus de la part du dauphin. (4) M e la Princesse de Comty se jouoit a luy l’appellant mon peregrand, mon bisayeul, mon cousin. Disoit non a tout. «Comment voulés-vous que je vous appelle? » D. «Moucheu daulphin ». Il se sent importuné: «Allé vous en au pé (près) de maman». (23 novembre 1605, p. 834). (5) M e la Princesse de Conty luy dict, se voulant jouer a luy: «Mr je veux que vous m’appelliés Madame.» D. «Je veu pa.» C. «Je vous appelleray donc Gryphon.» D. «Je vous appelleray chiene.» C. «Je vous appelleray petit renard.» D. «je vous appelleray grosse bête . . .» (24 avril 1607, p. 1204). Dans le deuxième de ces passages, ce qui pourrait avoir provoqué la réaction du dauphin, c’est le fait que pour lui, l’appellatif Madame est réservé à sa mère et à ses sœurs légitimes. Ce n’est que lorsque le dauphin lui-même, dans des situations de jeu, avec des interlocuteurs de statut social inférieur au sien (en particulier lorsqu’il joue avec les enfants de sa nourrice) accepte d’être appelé par un prénom - prénom d’emprunt le plus souvent, qui n’est pas forcément le sien. La scène suivante, du 15 décembre 1605, est antérieure au baptême de l’enfant; Louis n’est donc pas encore son nom: (6) Va en sa chambre, se joue. Dict a Charles: «Dite a doundoun veci un page qui vou veu voi (voir)»; il le dict. N. «Estes-vous page? » D. «Oui». N. «Comment vous appellés-vous? » D. «Louis» N. «D’où estes-vous? » D. «De Fontainebleau». (15 décembre 1605, p. 842) 15 . Dans ce passage, on a affaire à une véritable mise en scène par le dauphin, dont on sait par ailleurs qu’il aime se déguiser. Étant donné que les prénoms n’apparaissent en tant qu’appellatifs que dans des cadres secondaires, il semble légitime de penser qu’ils servent alors à suspendre momentanément les contraintes de cette société hautement hiérarchisée, qui inhibe toute intimité réciproque entre locuteurs. Ce n’est qu’en jouant un rôle - et en choisissant lui-même ce rôle - que le dauphin peut recevoir un prénom (quelconque) par sa nourrice. 2.2. Regardons maintenant de quelle manière fonctionne l’allocution dans le cadre de cette curieuse famille royale dans laquelle on ne porte pas de prénom individuel. 177 15 Charles est le frère de lait du dauphin; N. désigne sa nourrice, Antoinette Joron, que le prince appelle (maman) doundoun; D. le dauphin lui-même. Andres Kristol (i) En ce qui concerne les interactions du dauphin avec ses parents, au cours des premières années de sa vie, il les appelle tout simplement papa et maman, comme n’importe quel enfant. À l’âge de 8 ans, par commandement du roi, il devra pourtant cesser d’utiliser ces termes affectifs: désormais, il appellera le roi mon père, alors que sa mère se transforme en Madame 16 . En ce qui concerne son père, celuici l’appelle normalement mon fils. Ce n’est que dans la toute petite enfance du dauphin que le roi se permet des appellations plus affectives telles que mon mignon (août 1603), petit veau (août 1605), ou alors, lorsqu’il fait des bêtises, vilain (mai 1605) ou menteur (novembre 1605). Je n’ai pas trouvé de quelle manière Marie de Médicis s’adressait à son fils. (ii) Dans les rapports entre frères et sœurs, ce qui frappe le plus, c’est une double inégalité de traitement, une dissymétrie des appellations qui insiste sur la supériorité hiérarchique absolue du dauphin, ainsi qu’une inégalité de traitement entre les enfants légitimes issus du mariage avec Marie de Médicis, et les enfants «naturels». Comme le documente Héroard - qui joue lui-même un rôle important dans la socialisation linguistique de l’enfant - il s’agit là du résultat d’un véritable processus d’apprentissage, d’un processus de dressage conscient. C’est ce que l’on voit dans le prochain passage où Héroard, le «je» (ou le «H.») du Journal, permet d’entrevoir de quelle manière il a participé à l’éducation linguistique du prince: (7) [Au lever] Puis peu après, je luy ay demandé s’il aimeroit bien Mr son frère que maman luy fairoit. D. «Oui». . . . H. «Mr, il le faudra bien aimer, ce sera vostre bon frère et serviteur». «Ho non, mon frere - H. «Il vous appellera Mr» - D. «Ho non». H. «Monsieur, comment donc? » D. «Mon frere». - H. «Il vous appellera Mr frere». D. «Ho non mon frere». H. «Vous serés son petit maistre et papa le grand». D. «Ho non papa sera mon maite e je seré son frere». Jamais il ne voulust parler autrement. (10 août 1605, p. 731). Les éléments de conversation rapportés ici par Héroard illustrent très clairement le fait que l’enfant refuse spontanément et naturellement l’allocution dissymétrique envers son futur frère légitime. Il finira pourtant par l’accepter, car deux mois plus tard, Héroard note: (8) «Mr, dis-je, avés-vous bien envie de baiser Monsieur d’Orléans? » D. «Oui» H. «Mr, où estil? « D. «Dan le vente a maman.» . . . H. «Mr, comment l’appellerés-vous? » D. «Mon frere». H. «Mr, comment vous appellera il? » D. «Moucheu». (20 octobre 1605, p. 804). (iii) En ce qui concerne les interactions avec sa sœur Élisabeth, on observe que dans un premier temps, il l’appelle Madame, selon le modèle qu’il a dû entendre autour de lui. Tout le monde appelle les filles du roi Madame. Étant donné que toutes ses sœurs et ses demi-sœurs l’appellent lui-même Monsieur, on a donc af- 178 16 La dernière attestation pour l’allocution maman se trouve le 6 mai 1608 (p. 1428); la première attestation pour l’allocution Madame apparaît dans le journal le 7 août 1611 (p. 1942). L’appellatif délocutif la reine, ma mère est attesté le 31 mai 1610 (p. 1775). Sociolinguistique historique et analyse de la conversation faire, au début, à une allocution symétrique. Rapidement, cette symétrie se transforme pourtant en dissymétrie, parce que le dauphin apprend à appeler Élisabeth ma sœur, alors qu’elle continue à l’appeler Monsieur. Cette dissymétrie se trouve même dans le domaine des appellations affectives entre frère et sœurs légitimes. Ainsi, le dauphin, qui exerce les fonctions de son père en l’absence de celui-ci, est appelé mon petit papa tandis qu’il nomme sa sœur ma fille et ma petite femme (sic). (iv) Si l’allocution entre le dauphin et ses frères et sœurs légitimes est donc foncièrement dissymétrique, elle l’est de manière encore plus explicite à l’égard de ses demi-frères et demi-sœurs. Comme le note Madeleine Foisil 1996: 58, «[l’]infériorité des bâtards est soulignée quotidiennement par les appellations. Ils sont les Féfés: Féfé Verneuil, Féfé Chevalier, tandis que les légitimes sont ‹mon frère d’Orléans›, ‹mon frère d’Anjou›». La même chose est vraie pour les demi-sœurs: la fille de Gabrielle d’Estrées est appelée sceu sceu Vendôme ou sceu sceu Dôme, la fille d’Henriette d’Entragues est appelée sceu sceu Verneuil. Ces termes enfantins et affectifs - on remarque au passage l’apparition du redoublement affectif qui ne prendra son envol en français qu’à partir du XIX e siècle - servent donc à exprimer une sorte de condescendance bienveillante, qui souligne la distance hiérarchique entre les enfants. Quant à féfé Verneuil, qui a pratiquement le même âge que le dauphin - et qui a failli être le successeur au trône dans l’esprit même du roi (et de sa mère, qui s’est longtemps battue pour ses prérogatives), il devra apprendre à se soumettre. Ainsi, Madeleine Foisil 1996: 58 souligne que «Verneuil appelle toujours le dauphin ‹mon maître›». C’est ce que l’on voit dans deux passages du Journal qui illustrent également, à leur manière, à quel point le personnel de service des enfants est responsable de leur éducation sociale et linguistique. La première scène a lieu en 1603; les deux enfants sont âgés de deux ans: (9) L’une des femmes de chambre de M r de Verneuil demande a son Maistre: «Monsieur ou est M.L.D. [monsieur le dauphin]? » Il se bat la poictrine en se monstrant puis, en estant reprins, il monstra M.L.D. (4 avril 1603, p. 436). Une année plus tard, une remarque de Jean Héroard montre que cette éducation a porté ses fruits : (10) [Le dauphin: ] Se porte imperieusement et doucement envers M r de Verneuil qui le craint, et se porte aussy fort humblement envers luy l’appellant Son Maistre. (29 juin 1604, p. 494). Et au début du mois suivant, au moment où Henriette d’Entragues prend congé des enfants réunis à Saint-Germain, le dauphin confirme: (11) «Adieu Madame, j’aimeray bien vote fi mon fefé». Elle respondit: «Et il sera Vostre Serviteur» (8 juillet 1604, p. 497). 179 Andres Kristol Dans un premier temps, le roi lui-même favorise l’allocution dissymétrique entre ses enfants. Ainsi, Héroard rapporte une scène de table, datée du 29 décembre 1605: (12) «Papa vous plai ti me donné (er) ce petit abe la (arbre la) pou ma colacion» L.R. «Oui mon filz, donnés en a touts vos féfés«. (29 décembre 1605, p. 854). Sur ce, on ne sera pas étonné de constater que le dauphin est très conscient de la valeur taxémique de ces appellations: (13) [Le dauphin: ] Ne veult point que Mle de Verneuil appelle «fefé» Mr son frere. Il veult qu’elle l’appelle «son frere»; la menace de luy faire fermer la porte; s’en teust, luy aiant dict que le Roy l’avait ainsi commandé. (13 janvier 1609, p. 1564). C’est en février 1609 que le roi impose pourtant l’abandon de ces appellations «enfantines» de nature discriminatoire. Désormais, le dauphin devra utiliser les termes officiels de parenté, frère et sœur. La distance hiérarchique reste pourtant conservée: contrairement aux appellatifs réservés aux frères et sœurs légitimes, ceux des «bâtards» se composeront régulièrement avec leurs titres officiels qui les mettent à leur place, ou alors les anthroponymes maternels: «mon Frère le chevalier» (28 novembre 1609, p. 1694), «ma sœur Vendome» (16 juillet 1609, p. 1636). 2.3. Malheureusement, le Journal d’Héroard ne permet pas d’étudier de manière satisfaisante le fonctionnement de l’allocution entre le dauphin et d’autres locuteurs socialement et hiérarchiquement proches de sa famille; les exemples disponibles sont trop peu nombreux. Un des rares cas significatifs, c’est celui de la reine Marguerite. La reine Marguerite, qui est restée en de bons termes avec son ex-mari, après leur divorce, vient parfois rendre visite au dauphin. Cependant, avant leur première rencontre, l’allocution entre l’ancienne reine de France et le fils de son ex-mari fait l’objet d’une véritable négociation; on se rend compte ici de l’importance que prennent ces détails de l’étiquette linguistique dans l’esprit des adultes qui encadrent la petite société de Saint-Germain 17 . 180 17 L’attention permanente et soutenue aux formes de l’allocution n’est pas une «invention» de la cour de Saint-Germain. Ainsi, Brantôme rapporte que François I er déjà aurait été très attentif à l’emploi des termes d’allocution: «Pour parler de M. de Sainct-Pol, frère de M. de Vandosme, qui a esté en son temps un très vaillant el hardy prince . . .; le roy François l’aymoit fort, et estoit de ses grands favorys; si que, voulant un jour un peu abuser de ceste faveur, il se mit à appeller le roy monsieur, ainsy que faisoit M. de Vandosme; mais le roy luy dit que c’est tout ce qu’il pouvoit permettre à M. de Vandosme son aisné, et qu’il ne le pouvoit pas permettre au puisné; et qu’il se contentast de la faveur qu’il en faisoit à l’aisné: dont plus il n’y retourna, car ce roy estoit fort scrupuleux et advisant de près sur les poincts de sa royauté, lesquels il entendoit mieux qu’homme du monde.» (Brantôme, Des hommes, grands capitaines estrangers et françois, livre II, chap. 63). Sociolinguistique historique et analyse de la conversation (14) L’on parlait de la R ne Marguerite et demandait-on comme il [le dauphin] l’appelleroit, quelcun dict qu’il l’appelleroit sa tante. D. «non je l’appellerai ma sœu (sœur), ce sera Madame qui l’appellera sa tante.» (13 juillet 1605, p. 707). Quelques jours plus tard, la question revient sur le tapis. (15) On luy dict qu’il fallait qu’il appellast la Roine Marguerite «maman«. D. «Pouquoy? » M e de Montglat luy dict: «Pource que Maman le veult.» Elle en l’avait aussi commandé par lettre expresse qu’elle venait de recepvoir. (21 juillet 1605, p. 715). En fin de compte, l’allocution adressée à l’illustre visite sera le résultat d’un étrange compromis sémantique, qui exprime à la fois la déférence et la supériorité: le dauphin l’appellera «maman ma fille» (6 août 1605, p. 728). Quant à la reine Marguerite, malgré son ancien rang, appellera le dauphin Monsieur (id.). 2.4. Quel est le fonctionnement de l’allocution lorsque les interlocuteurs se trouvent en position socialement inférieure? Si l’allocution au sein de la famille royale, en cadre primaire, se définit déjà par un fonctionnement essentiellement dissymétrique, cette dissymétrie s’accentue encore lorsqu’on quitte le contexte familial. Indépendamment de la position sociale du locuteur, l’allocution envers le dauphin est toujours et systématiquement Monsieur, qui fonctionne comme titre nobilitaire. Après la mort de son père, cet appellatif est remplacé soit par le titre de Sire, soit par votre Majesté. Quant aux noms d’adresse utilisés par le dauphin à l’égard des locuteurs en position basse, les matériaux rassemblés par Christian Tanner (cf. N1) permettent de distinguer quatre cas de figure: (i) les termes affectifs, (ii) les noms de famille, (iii) les prénoms et (iv) les appellatifs taxémiques. (i) En ce qui concerne les termes affectifs, ils sont rares. Leur usage se limite à la gouvernante du dauphin, Mme de Montglat, et à sa nourrice: la première, toute sa vie, sera appelée Maman ga; la nourrice est constamment appelée (maman) Doundoun. Étant donné que la gouvernante est appelée ma mère Montglat et Madame de Montglat par M. de Verneuil et Mlle de Vendôme, on peut conclure que le terme affectif de Maman ga a été le privilège des enfants légitimes. (ii) Quant aux noms de famille, seul le dauphin (et peut-être les autres enfants légitimes) semblent avoir eu le privilège de les utiliser sans les faire précéder du titre honorifique de Madame, Mademoiselle ou Monsieur. En tout cas, le dauphin rappelle à l’ordre quiconque ne respecte pas ses prérogatives - en l’occurrence, c’est à son demi-frère Alexandre («Monsieur le Chevalier»), âgé de trois ans de plus que lui, qu’il nie le droit d’utiliser les mêmes formes allocutives que luimême - et l’intervention de Mme de Montglat n’y changera rien: 181 Andres Kristol (16) Mr le Ch er appeloit Guerin 18 simplement. D.: «Houai pouquoy l’appelé vou Guerin c’e moi qui l’appelle ainsi, appellé le moucheu Guerin». M e de Montglat luy dict: «C’est qu’il est filz du Roy». D. «E bien mai (mais) il n’es pa fi de maman», prononce froidement et resoluement. (24 décembre 1605, p. 849). Cette omission des titres par le dauphin concerne non seulement des interlocuteurs d’origine bourgeoise, mais également les interlocuteurs nobles tels que les membres du corps de garde ou certains visiteurs. L’exemple suivant atteste que le dauphin, même si son interlocuteur ne lui est pas familier et qu’on le lui présente en utilisant explicitement le titre, ne s’en sert pas: (17) Mr de Saisy qui avoit espousé M e la comtesse de Moret, puis esté desmarié, luy donnoit le bon soir; il ne le cognoissoit pas. M e de Montglat luy dict que c’estoit Mr de Saisy et qu’il luy donnast le bon soir. Il le faict: «Bon soi Saisy, Manga qui e stila (cestuy là)? » M. «Mr, c’est Mr de Saisy». (14 décembre 1607, p. 1345). Le corpus contient toutefois aussi un contre-exemple: (18) Mr de Crillon, maistre de camp de regiment des gardes, qui ne l’avoit pas encore veu, luy oste son chapeau, luy donne sa main a baiser, disant: «Bonjou moucheu de Crillon«. (19 avril 1605, p. 644). Les deux seules personnes proches envers qui le dauphin emploie systématiquement le titre de Monsieur en corrélation avec leur nom de famille sont le médecin, Monsieur Héroard, et le gouverneur du prince, Monsieur de Souvré. Dans ces deux cas, l’emploi du titre s’explique vraisemblablement par leurs fonctions officielles qui les investissent d’une autorité certaine à l’égard de l’enfant et requièrent donc une distance respectueuse. À part cela, d’après les rares exemples disponibles, le dauphin n’emploie les titres nobilitaires en relation avec les noms de famille qu’envers des locuteurs qui occupent des charges considérables et de haute noblesse. Pour ce qui est de l’allocution envers les femmes, les seules locutrices auxquelles le dauphin s’adresse par leur nom de famille en corrélation avec un autre appellatif, ce sont les gouvernantes et les femmes de chambre qui ont des fonctions similaires. Le dauphin combine alors le plus souvent leurs anthroponymes avec le terme affectif m’amie: (19) Il estoit en la chambre de M e de Montglat. Elle avoit des lunetes. D. «Maman ga pouquoy poté vou de lunete (es) ? « M. «Mr, pource que je suis une bonne vieille.« D. «Vou n’ete pa si vieille que m’amie Piolan. Fefé dite a maman ga (dictes le)». Mr le Ch er appelloit Mle Piolan sa servante. D.: «Houai pouquoy l’appellé vou vote sevante je l’appelle m’amie». (24 décembre 1605, p. 849). 182 18 Guérin est l’apothicaire du dauphin. Sociolinguistique historique et analyse de la conversation Et on voit que le dauphin s’étonne d’apprendre qu’à l’extérieur de la cour de Saint-Germain, dans la bourgeoisie parisienne, d’autres codes allocutifs sont en usage: (20) Raconte qu’il y avoit veu M e Briant, marchande de draps de soie. D. «Maman ga qui est elle! » M. Mr, c’est M e Briant». D. «Est elle merciere! » M. «Non, Mr, elle est marchande de draps de soie . . .» D. «Pourquoy l’appelle t’on madame! » M. «Mr, on les appelle ainsi a Paris» D. «E ce genthilhome qui monté (troit) l’aute jou (jour) les etofes (estofes) qui eti (est-il)? » M. «Mr, c’est son filz». D. «Come s’appele ti ? » - M. «Mr, il s’appelle Mr Briant». - D. «Bien don (donc) moucheu Briant». (11 octobre 1605, p. 790). Or, nous avons vu ci-dessus (2.2.) que pour le dauphin, le titre de Madame (sans nom de famille) reste strictement réservé à sa mère et à ses sœurs légitimes. Tous les autres membres de la noblesse (ainsi que ses demi-frères et sœurs) sont Monsieur ou Madame de. . . D’où la question du dauphin: «Pourquoi l’appelle t’on madame! » au sujet de Mme Briant, simple bourgeoise, marchande de draps de soie. Il accepte pourtant rapidement qu’un autre code allocutif puisse exister en ville, pour des personnes qui appartiennent à un autre milieu social et qui ne font pas partie de son entourage habituel, à savoir l’emploi de Monsieur ou de Madame (avec le nom de famille). (iii) En ce qui concerne l’emploi des prénoms, on constate qu’ils peuvent apparaître soit seuls, soit en liaison avec des titres (messire pour des prêtres ordinaires, maître pour les artisans et d’autres membres du personnel du château). Le titre Maître (+ prénom) est donné au preneur de blaireaux, aux tambours, au sommelier, à des carrossiers, des valets et des singes (sic), mais tous peuvent également être appelés par leur simple prénom. (iv) Quant aux appellatifs à valeur taxémique, qui renvoient donc au statut ou à la fonction de la personne allocutée, le dauphin ne s’en sert pas de manière systématique. En ce qui concerne son «huissier de chambre» (Foisil 1996: 3109), Georges Birat, il l’appelle le plus souvent «mon valet». Mais il peut également l’appeler par son prénom ou par son nom de famille. Il en va de même de son page, Charles de Bompars, qu’il appelle aussi souvent par son nom de famille que par le taxème «page», sans que le contexte de l’énonciation permette de déduire les règles de ce flottement. Le seul interlocuteur à qui le dauphin ne s’adresse que par un terme de profession est son aumônier qu’il appelle toujours «mon aumonier». 3. Conclusions Comme je l’ai rappelé initialement, l’analyse de la conversation, dans le cadre d’une ethnographie de la communication, a comme objectif d’élucider les comportements linguistiques et par là le fonctionnement sociolinguistique des dif- 183 Andres Kristol férentes cultures humaines. Alors que dans un premier temps, ses objectifs et sa méthodologie - les enquêtes de terrain - ont été essentiellement synchroniques, je crois avoir pu montrer quelle est l’utilité de cette approche pour une meilleure compréhension du fonctionnement sociolinguistique et socioculturel des cultures européennes du passé. Tout en poursuivant ses propres objectifs, à savoir l’analyse linguistique des états passés de la langue, la sociolinguistique historique peut devenir ainsi une science auxiliaire, dans le meilleur sens du terme, des sciences historiques - et par ailleurs aussi de la recherche littéraire: elle peut en effet permettre à ces disciplines voisines de mieux comprendre le fonctionnement des échanges verbaux réels ou virtuels qu’elles rencontrent dans les textes du passé, dans leur portée, et dans leur signification culturelle et sociale. Et je n’ai pas besoin d’insister sur le fait que les échanges verbaux reproduits par Héroard jettent une lumière toute particulière sur le fonctionnement du groupe social peu commun (et très peu représentatif pour la société de cette époque dans son ensemble) qui se trouve réuni au château de Saint- Germain-en-Laye. Comme l’a montré cet examen, le comportement verbal des enfants royaux est effectivement le résultat d’une socialisation consciente, d’un processus d’apprentissage qui leur est imposé - spontanément et «par ordre du roi» - par les adultes qui sont à leur service. On a vu que la première tendance, naturelle, du petit dauphin, aurait été l’allocution égalitaire réciproque avec ses frères et sœurs, avec un simple relationème «frère» ou «sœur», en l’absence de prénoms. Or, ces enfants sont au service d’une raison d’État, et leur individualité compte peu. Ainsi, après le décès du premier «Monsieur d’Orléans», en 1611, c’est naturellement son prochain frère qui hérite du titre et de la fonction . . . Dans la recherche, depuis une quinzaine d’années, l’analyse diachronique des interactions verbales, en travaillant par exemple sur les dialogues modèles qui se trouvent dans certaines méthodes d’enseignement du français langue étrangère (cf. Kristol 1993, et en particulier Radtke 1994), a commencé à dégager les principes du fonctionnement du dialogue dans les sociétés européennes du passé. L’avantage du témoignage d’Héroard, par rapport aux dialogues fictifs de ces manuels de langage, c’est qu’il rapporte des bribes de conversations authentiques, et de tels témoignages sont extrêmement rares. Pour pallier ce manque, je pense qu’il ne serait pas impossible de poursuivre les analyses en s’appuyant sur d’autres sources du passé - des sources littéraires, en particulier 19 . Dans la mesure où les dialogues n’ont pas été rédigés «pour les besoins de la cause», comme c’est le cas des manuels pour l’enseignement des langues étrangères, il me semble parfaitement possible - et utile - d’analyser comment les auteurs de ces textes imaginent de quelle manière les dialogues, dans la société qu’ils décrivent, «doivent» se dé- 184 19 Pour l’intérêt que présentent les textes littéraires pour la recherche en sociolinguistique historique, cf. aussi Kristol 2007 et 2009. Sociolinguistique historique et analyse de la conversation rouler. Même s’il ne s’agit là que de leur représentation du fonctionnement d’un dialogue efficace, de telles analyses pourraient faire avancer considérablement notre compréhension du fonctionnement linguistique des différentes phases passées de nos cultures européennes. Cortaillod-Neuchâtel Andres Kristol Bibliographie Adams, J. N. 2003: Bilingualism and the Latin Language, Cambridge Aquino-Weber, D./ Cotelli, S./ Kristol, A. (ed.) 2009: Sociolinguistique historique du domaine gallo-roman. Enjeux et méthodologies d’un champ disciplinaire émergeant,Actes du colloque de Neuchâtel, 8-9 juin 2007, Berne/ Francfort Ayres-Bennett, W. 2004: Sociolinguistic Variation in Seventeenth-Century France. Methodology and Case Studies, Cambridge Babelon, J.-P. 1982: Henri IV, Paris Ernst, G. 1985: Gesprochenes Französisch zu Beginn des 17. Jahrhunderts. Direkte Rede in Jean Héroards «Histoire particulière de Louis XIII» (1605-1610), Tübingen Ernst, G. 1989: , «Le langage du prince», in: Foisil, M. (ed.), Journal de Jean Héroard, vol. 1, Paris: 189-214 Foisil, M. (ed.) 1989: Journal de Jean Héroard, médecin de Louis XIII, 2 vol., Paris Foisil, M. 1996: L’enfant Louis XIII. L’éducation d’un roi (1601-1617), Paris Garfinkel, H. 1967: Studies in Ethnomethodology, Englewood Cliffs N. J. [traduction française: Recherches en ethnométhodologie, Paris 2007] Goffman E. 1967: Interaction ritual. 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Introduzione 1 Prima di accostarsi all’edizione del testo, mi pare opportuno dare qualche notizia riguardo al trovatore cui è attribuito, a partire dalla lettura della vida che lo riguarda: Guillhems Magretz si fo uns joglars de Vianes, jogaire e taverniers. E fez bonas cansos e bons sirventes e bonas coblas. E fo ben volgutz et onratz; mas anc mais non anet en arnes, que tot qant gazaingnava el jogava e despendia malamen en taverna. Pois se rendet en un hospital en Espaigna, en la terra d’En Roiz Peire dels Gambiros. I cenni della vida che riguardano l’attività di giullare e la provenienza geografica di Guilhem Magret non sembrano da mettere in discussione; meno sicura è la parte dell’antica biografia che lo vuole frequentatore assiduo di taverne e incallito giocatore. I dati potrebbero essere degni di fede, ma è altrettanto vero che la fonte dell’anonimo biografo potrebbe essere un componimento dello stesso Guilhem Magret, la tenzone derisoria intrapresa con Guilhem Rainol d’At. Nel corso del testo, infatti, Rainol rimprovera più volte il povero Guilhem a causa dei vizi del vino e del gioco, che lo hanno reso povero. Sicuramente colpiscono, in questo senso, i v. 33-34, che recitano: «Adug vos an a derroc, / Magret, dat, putas e broc». La cosa certa è che l’immagine, vera o presunta, del trovatore abilissimo ma rovinato dal vizio della taverna ha colpito non solo la fantasia del redattore della vida, ma anche quella del miniatore del ms. K, che ritrae Guilhem Magret seduto al tavolo da gioco, colto nell’atto di lanciare i dadi. Altrettanto misteriose sono le informazioni riguardanti gli ultimi anni del nostro trovatore: la sua presenza presso le corti spagnole è confermata da due dei suoi componimenti. Nel sirventese Aigua pueia contramon (BdT 223, 1) 2 Guilhem descrive infatti compiutamente la divisione dei cinque regni di Spagna, soffermandosi poi su quello di León, di cui tesse un’appassionato elogio descrivendolo con le fattezze di una fonte (fon) magica. Nella prima delle due tornadas del componimento, infine, il trovatore allude ad un reis d’Aragon provvidenzialmente lasciato da Dio fra gli uomini per poter riparare a un dan non meglio precisato.A mio avviso, tanta precisione può essere dovuta solo 1 Questo articolo è il primo risultato della revisione della mia tesi di laurea, comprendente l’edizione critica dell’intero corpus poetico di Guilhem Magret. 2 Per il testo del sirventese si rimanda all’unica edizione momentaneamente disponibile, quella di Naudieth 1914. Vox Romanica 68 (2009): 187-198 Miriam Zanelli alla presenza di Guilhem presso le corti spagnole e, in particolare, presso quelle d’Aragona e di León. Da queste stesse informazioni è possibile ricavare un’ipotesi di datazione del testo: il re di León è identificabile con Alfonso IX, citato dal trovatore attraverso l’interpretatio nominis, così come avviene in Si cum cel que sos compaignos di Elias Cairel. Secondo Lachin l’uso in entrambi i trovatori dei rimanti pon: Leon : fon nasconderebbe la citazione, appunto, di Alfonso IX. In Guilhem l’interpretatio nominis sarebbe stata utilizzata per non ripetere una seconda volta il nome Anfos, che compare già al v. 42 e che potrebbe nascondere Alfonso VIII di Castiglia. Il re aragonese citato nella tornada sarebbe invece Pietro II, che compare anche nel momento della sua incoronazione da parte del papa ai v. 40-50 della canzone che si sta per proporre, databile, grazie a questo preziosissimo dato, al 1204. Aigua pueia contramon, secondo i dati finora esaminati, sarebbe invece databile al 1200, anno a cui risalirebbe l’accordo tra Alfonso VIII di Castiglia e Alfonso IX di León per il recupero di alcune terre in Navarra, stipulato grazie all’intercessione di Pietro II che, così facendo, avrebbe riparato al danno della perdita di questi territori. L’attestazione di Guilhem Magret si fissa quindi in questo brevissimo arco temporale 3 . Paiono inoltre plausibili tanto il ritiro di Magret presso un monastero, forse di ospitalieri, come pare indicare il termine hospital, quanto la collocazione dello stesso nelle terre di Roiz Peire dels Gambiros, identificabile, mi pare, con il Ruy Diaz de Cameros che si distinse nella battaglia di Las Navas de Tolosa. Della produzione di Guilhem Magret ci sono stati tramandati, oltre alla tenzone già citata, due sirventesi, una cobla esparsa e cinque canzoni di argomento amoroso, di cui una di dubbia attribuzione. Il testo che ho deciso di proporre fa parte di quest’ultimo gruppo ed è uno dei due componimenti sulla cui base è datata la produzione di Guilhem Magret. 2. Edizione critica Manoscritti: C (f. 349 rB: .G. magret); Da (f. 192 rA-B); I (f. 139 vA: Guillems magretz); K (f. 125 rB-vA: Guillems magretz); R (f. 30 rB: .G. / ma / gret). Edizioni precedenti: Naudieth 1914; Riquer 1992 2 (testo da Naudieth). 188 3 Pare opportuno ricordare l’esistenza di un’ulteriore ipotesi di datazione per Aigua pueia contramon, formulata da Riquer: Pietro II riparerebbe al danno della morte di suo padre diventando re nel 1196. Ma dompna·m ten pres Schema metrico: 5 coblas unissonans di 10 versi (Frank 390: 25): a 5 b 5’ a 5 b 5’ c 8 c 8 d 8 d 8 e 8 e 8 Ordine delle strofe: 1 2 3 4 5 Da I K 1 2 3 5 C R 2.1 La tradizione manoscritta La tradizione di questa canzone è costituita da cinque manoscritti, C R di area francese e I K Da, ascrivibili all’area veneta; il componimento viene attribuito a Guilhem Magret dall’intera tradizione. Più problematica risulta invece la ripartizione stemmatica dei testimoni: l’assenza della quarta cobla in C R sembra voler evidenziare il loro costituirsi in un gruppo opposto a I K Da; Da inoltre si distingue da I K per la caduta dei v. 33-34. Dal successivo esame delle varianti, I K risultano, come spesso accade, canzonieri quasi gemelli, collegati ad un antecedente comune, probabilmente affine a Da. I dati che confermano l’ipotesi della quasi identità di I K sono diversi: al v. 4, per esempio, entrambi i canzonieri riportano la medesima variante grafica romaingna, mentre al v. 10 è presente la stessa banalizzazione. I codici sono inoltre accomunati dall’errato efredus al v. 20 e dal v. 23, ipometro in entrambi i canzonieri. I K presentano anche un evidente errore comune al v. 46: tutti e due i codici riportano infatti la parola «loill», discostandosi così dalla lezione corretta di C R «lo iuelh». Tutti questi dati sembrano rimandare all’esistenza di un antecedente comune ai due codici. Da può forse aver avuto un subarchetipo comune con questo antecedente: Da I K risultano infatti spesso raggruppati e, in particolare, sono uniti da un errore evidente al v. 24. Il v. 20, già citato per l’errore congiuntivo tra I K, risulta piuttosto curioso: il prent riportato da Da I K è, con tutta probabilità, una banalizzazione, mentre la lezione di R risulta palesemente errata. C invece potrebbe contenere la lezione buona o, invece, aver eliminato un’originaria dialefe correggendo in «quant ai» il verso, che originariamente, secondo questa ipotesi, potrebbe essere stato: «per qu’ieu, que ai caut, refredus», ossia «perciò io, che sono caldo di natura, raffreddo, rabbrividisco». Per quanto riguarda C R, questi sembrano appartenere alla stessa famiglia. A testimonianza di questo, oltre alla lacuna della quarta strofa, presente in entrambi i codici, si trovano alcuni errori e varianti comuni ai due manoscritti.Al v. 27, per esempio, si nota che C R riportano la stessa lezione errata, contraddetta dai tre rimanenti testimoni; allo stesso modo, al v. 30 C R riportano la parola degus, che comunque è sinonimo del negus di Da I K. Sono comuni a C R anche la variante al v. 3 e l’esistenza di due lezioni sbagliate, diverse tra loro e tuttavia simili, ai v. 16 e 26. In particolare al v. 16 Da I K portano la lezione «denan»; C ha invece «costa», 189 Miriam Zanelli che significa «a fianco», mentre R risulta ipermetro a causa dell’errato «decosta», comunque simile a C. Riguardo all’esistenza di un subarchetipo comune a C R, pare interessante notare che in entrambi i testimoni il truep o trop del v. 29 è letto come avverbio, mentre in Da I K è sentito come verbo. Tuttavia l’«a truep» di C potrebbe essere semplicemente voce del verbo atrobar, sinonimo di trobar; in questo caso quella di R resterebbe una lectio singularis. Si potrebbe quindi proporre lo stemma seguente: 2.2 Metrica e contenuti Ma dompna·m ten pres è una canzone di argomento amoroso composta da cinque coblas unissonans a b a b c c d d e e 5 5’ 5 5’ 8 8 8 8 8 8 con rime -es, -aigna, -oill, -az, -us. Non esiste, stando al Répertoire métrique (F 390: 025), un componimento con analoga successione sillabica; tuttavia lo stesso schema rimico, ma con diverso sillabismo, è impiegato da Guilhem Magret anche nella canzone di argomento amoroso Enaissi·m pren cum fai al pescador. Caratteristica di questo componimento è l’immagine della prigionia, presente soprattutto nelle prime due coblas: il poeta si dichiara prigioniero della donna amata; tuttavia è interessante notare come questa prigionia non assuma caratteri negativi e sia, in particolare in questo caso, assimilabile a un non meglio conosciuto costum d’Espaigna, usanza che doveva permettere, a quanto pare, alla persona incarcerata di godere di un certo margine di libertà all’interno del regno. Dopo le prime quattro coblas di identico argomento, la quinta ed ultima stanza cambia totalmente tono con l’apostrofe ad un re d’Aragona identificato da una serie di particolari epiteti. È appunto quest’ultima cobla che permette di datare il componimento, benché in maniera approssimativa, all’anno 1204, che costituisce, allo stato attuale delle conoscenze, uno dei termini entro cui viene datata la produzione di Guilhem Magret. Sul canzoniere R è inoltre chiaramente visibile un tetragramma che doveva accogliere la notazione musicale della canzone, che però non è mai stata trascritta. 190 ω Da C R K I Ma dompna·m ten pres 2.3 Il testo Le cinque coblas della canzone sono riportate da tutti i testimoni nello stesso ordine con l’eccezione della quarta stanza, completamente assente nel ramo della tradizione francese costituito da C R. Non sussiste tuttavia alcun motivo per dubitare della paternità della cobla. Si decide perciò di utilizzare, come base, il testo riportato dal canzoniere Da, colmando con le lezioni di I K le lacune dei v. 33-34. Insieme al componimento e ad una traduzione di servizio, si fornisce un apparato in doppia fascia: la parte superiore contiene le varianti di sostanza; quella inferiore riporta invece le sole varianti formali. I. Ma dompna·m ten pres. al costum d’Espaigna, mais ma bona fes vol qu’ab lei remaigna, 5 es eu puosc anar o me voill, q’al seus obs me gardon mei oill e sa valors e sa beutaz ; q’aitant val cum s’era ligaz, q’en la maiso de Dedalus 10 m’a mes Amors, aman, reclus. La mia signora mi tiene prigioniero secondo l’usanza di Spagna, ma la mia buona fede vuole che rimanga presso di lei, mentre io posso andare dove voglio, perché a loro piacimento mi custodiscono i miei occhi e il suo valore e la sua bellezza, al punto che mi vale come se fossi legato, poiché nella prigione di Dedalo mi ha messo Amore amando e mi ha rinchiuso. 3. mais IKDa ] quar C ] car R; 7. sa CRIK ] sas Da; 8. q’aitant DaIK ] aitan CR; 10. aman DaCR ] e ma IK. 1. dompna Da ] dona CR, domna IK; 2. al costum DaIKR ] a costuma C; 3. quar C ] car R; 4. c’ab DaIK ] quab C, cap R; lei IKD ] lieys C, leys R; remaigna CRDa ] romaingna IK; 5. es RIKDa ] et C; eu IKDa ] yeu CR; o Da ] on IKCR; voill IKDa ] vuelh CR; 6. q’al seus ops Da ] quassos ops C, ca sos R, qual seus IK; gardon DaIK ] guaran R, garon C; mei Da ] miei K, mey I, mi R, miey C; oill DaIK ] huelh CR; 7. valors DaCIK ] valor R; beutaz Da ] beutatz CRIK; 8. q’aitant DaI ] quai tant K, aitan CR; s’era ligaz DaK ] sera ligatz I, sera liatz R, si era liatz C; 9. q’en DaK ] quen CRI; maiso Da ] maison IK, mayzon R, maizo C; de CRIK ] e Da; 10. reclus DaCIK ] resclus R. 191 Miriam Zanelli II. S’estacat m’agues ab un fil d’eraigna, s’aitant no·ill valgues ; Deu prec que·m contraigna, 15 q’ades l’am mais on plus mi duelh, s’ieu ia denan leis me despuoill ! C’aissi fui qant nasqei fadaz : qe tot cant l’abellis me plaz et il ten m’ades en refus, 20 per qu’ieu quant ai calt refredus. Se mi avesse avvolto con un filo di ragnatela, non le sarei altrettanto utile; prego Dio che mi trattenga, poiché sempre più l’amo e più mi dolgo, se mi spoglio davanti a lei! Poiché quando nacqui così fui incantato: che tutto ciò che le aggrada, mi piace, e lei continua a rifiutarmi, perciò quando ho caldo, mi raffreddo. 13. s’aitant DaIK ] si tan CR; 15. mais on plus DaIKC ] on mais on pus R; 16. si ia CR; denan DaIK ] costa C, decosta R; 17. nasqei Da ] nasquei KR, nasquet I, nasquiey C; 19. ten CRIK ] teing Da; 20. entre caut refreius R, prentz efredus K, prent efredus I, prent caut refredus Da. 11. s’estacat DaIKR ] si stacat C; 12. fil CRIK ] fill Da; d’eraigna DaK ] deraingna I, daranha C, deranha R; 13. no·ill DaIK ] nol CR; valgues DaCIK ] valges R; 14. Deu DaIK ] Dieu R, Dieus C; contraigna Da ] contraingna IK, contranha CR; 15. q’ades DaI ] quades KC, cades R; on plus DaIK ] on pus R, en plus C; duoill DaIK ] duelh CR; 16. leis DaIK ] ley R, lieys C; me DaR ] mi IKC; despuoill DaIK ] despuelh CR; 17. c’aissi DaIK ] caysi R, quayssi C; fui DaIK ] fuy CR; qant Da ] quant IK, can R, quan C; fadaz Da ] fadatz IKCR; 18. qe Da ] que IKCR; quant DaIK ] cant R, quan C; abellis DaIKC ] abelis; me DaCIK ] mi R; plaz Da ] platz IKCR; 19. et il DaIK ] et el R, et ylh C; 20. eu DaIK ] ieu CR; refredus Da ] refreius R, refregus C. III. A bels diz cortes conquer e gadaigna amicx e plaides, mas vas mi s’estraigna, 25 q’eu vauc e veing cum l’anaduoill enamoratz plus q’eu no suoill; mas d’aitant sui meravillaz: on es merces e pietaz? Q’eu non n’i trob ni pauc ni plus 30 et am mais e meilz que negus. Con belle parole cortesi conquista e guadagna amici e difensori, ma da me si allontana, perciò vado e vengo come l’orbettino, innamorato più di quanto ero solito; ma di questo sono meravigliato: dove sono mercé e pietà? Perché non ne trovo né poca né molta e amo più e meglio di chiunque altro. 23. amicx e plaides C ] amics mais plaides Da, amics plaides IK, et amics e plaides R ; 24. mas vas mi s’estraigna CR ] mais vol quami sestraigna IK, vol quami sestraigna Da; 26. enamoratz plus qu’eu no suoill DaIK ] en amor ai pua que no suelh C, e no morray pus que no suelh R; 27. mas d’aitant DaIK ] e suy aissi meravellatz C, son aisi meravillatz R; 28. merces e pietaz DaCR ] merce o pietaz IK; 29. qu’eu non n’i trob ni pauc ni plus Da ] qeu non trop ni pauc ni 192 Ma dompna·m ten pres plus K, qeu ni truep ni pauc ni plus I, quieu non ay trop ni pus R, quieu non a truep ni mais ni pus C; 30. negus DaIK ] degus CR. 21. a DaIK ] ab CR; bels DaIKR ] belhs C; diz Da ] ditz IKCR; 22. conquer e gadaigna Da ] conquier e gadaingna IK, conqier e gazanha R, conqer e gazanha C; 23. amicx CRI ] amics KDa ; plaides CIK ] playdes R, plaideis Da ; 24. mas CR ] mais IK; s’estraigna DaIK ] sestranha CR; 25. q’eu Da ] queu IK, quieu CR; veing DaIK ] venh CR; cum DaIKC ] com R; anaduoill DaIK ] anhaduelh CR; 26. qu’eu DaI ] quieu K; no DaCR ] non IK; suoill DaIK ] suelh CR; 27. mas DaK] mais I; meravillaz Da ] meraveillatz IK, meravillatz R, meravellatz C; 28. on CRIK ] ou Da; pietaz Da ] pietatz CK, piezatz I, piatatz R; 29. q’eu Da ] queu IK, quieu CR; plus DaIK ] pus CR; 30. mais DaIK ] mays CR; meilz Da ] mielz IK, mielhs CR. IV. Ren al mas merces non crei qu’el soffraigna, qu’a tot las res qu’a pro domna taingna: 35 humilitaz a et orguoill, lai on taing, e tan gent acuoill q’om non es tant mal enseignaz que de·llei no·s parta pagaz; e quant s’en es partiz chascus 40 non tem q’om de nuill mal l’acus. Credo che non le manchi nulla se non la pietà, poiché ha tutto ciò che si conviene a una nobile signora: ha umiltà e orgoglio, quando serve, e modo di accogliere tanto gentile che non c’è uomo così male educato che da lei non si allontani appagato; e quando ciascuno se n’è andato, non temo che la si accusi di alcun male. Mancano CR. 32. qu’el Da ] que IK ; 32. soffraigna DaK ] sofraingna I; 33. tot I ] totz K; 34. domna I ] dompna K; 35. humilitaz Da ] humilitatz IK; orguoill Da ] orgoill IK; 36. tan IK ] tant Da; gent IK ] geint Da; 37. q’om Da ] quom IK; enseignaz Da ] enseignatz K, enseingnatz I; 38. que de·llei Da ] que delleis IK; pagaz DaI ] pagatz K; 39. sen IDa ] cen K; partiz DaK ] partitz I; 40. nuill I ] nuil K, null Da. V. Reis Aragones, legatz de Romaingna, e dux e marqes e coms de Sardaigna, 45 gent avez esclarzit l’escuoill e del forment triat lo ioill , q’en loc de Saint Peir’es pausatz e dreituriers reis coronaz ! Pos Deus vos a mes lai sus, 50 menbre de nos qu’estam sa ius. Re d’Aragona, legato di Romagna, e duca e marchese e conte di Sardegna, nobilmente avete purificato la specie e dal grano separato il loglio; voi, che vi siete fermato nel luogo di san Pietro e siete stato incoronato giusto re! Poiché Dio vi ha posto lassù, ricordatevi di noi che restiamo quaggiù. 193 Miriam Zanelli 45. esclarzit DaCR ] esclarit IK; 46. loill IK, lo zoill Da; 50. qu’estam DaK ] que som I, qui em R, que em C. 41. reis DaIK ] reys CR; 42. Romaingna DaIK ] Romanha CR; 43. dux DaI ] ducx CR, dus K; marqes Da ] marques CRIK; 44. Sardaigna Da ] Sardeingna K, Sardaingna I, Sardanha R, Serdanha C; 45. escuoill DaIK ] escuelh CR; 46. froment Da ] formen R, forment IK, fromen C; lo ioll ] lo iuelh CR 47. q’en DaK ] quen I, qel R, quel C; loc DaIR ] luoc K, luec C; saint DaIK ] san CR; Peires Da ] Peire IK, Peire es R, Peiretz C; 48. dreiturers Da ] drechuriers CR, dreuriere I, draturiers K; reis DaIK ] reys CR; coronaz Da ] coronatz IKCR; 49. pos Da ] puois K, pois I, pus CR; Deus DaI ] Dieus CRK; lai sus DaIK ] layssus R, lay sus C; 50. menbre DaKR ] rembre I, membreus C; sa ius IKCR ] za ius Da. 2.4 Commento 2. Al costum d’Espaigna: non si riesce a comprendere con precisione il significato di questa espressione, che nella lirica trobadorica compare solo qui. Esiste però una similitudine istituita da Raimon de Miraval tra l’amata e un «soudadier d’Espanha» in Tot quan fatz de ben ni dic, v. 13-16: «per so·m ten pres cum soudadier d’Espanha / que quora·s vol m’empenh en la mesclanha, / ab lo sieu voler ai sen / e non am lunh so malvolen». Stando a queste sue due uniche attestazioni, il costum d’Espaigna potrebbe essere una situazione per la quale il prigioniero dà a chi l’ha catturato la propria parola che non fuggirà, mantenendo così una certa libertà di movimento. A questo si aggiungerebbero una serie di obblighi di obbedienza. Su questo argomento si veda anche Riquer 2 1992: 921. La frase in cui l’espressione è collocata potrebbe significare che, nonostante l’amata abbia concesso al poeta questo tipo di prigionia in cui può andare dove preferisce, la buona fede imponga all’amato di restare presso la donna per servirla. 6-7. Obs: la parola, diffusa in provenzale e in catalano, è di chiara derivazione latina: obs o˘ pus. Per quanto riguarda l’espressione particolare «a sos obs», il REW ne offre una traduzione precisa, «nach Bedürfnis», a cui risulta difficile trovare un equivalente italiano. Si è qui deciso di rendere il significato della frase con «a loro piacimento», con riferimento agli occhi, al valore e alla bellezza della donna. L’abbinamento di queste tre caratteristiche dell’amata con il verbo gardar pone il problema di una possibile personificazione di queste figure. Gardar significa infatti «custodire», ma anche, letteralmente «fare la guardia»; l’inserimento di questa espressione in un contesto metaforico relativo alla prigionia, concorre a far pensare che Occhi, Valore e Bellezza siano i guardiani di questa specie di carcere amoroso. 9. Chiara allusione al labirinto da cui era impossibile uscire, costruito a Creta da Dedalo per tenere prigioniero il Minotauro. La ricerca sulle concordanze ha portato a rilevare l’esistenza di alcune attestazioni del personaggio di Dedalo, ma nelle quali viene citato come immagine di colui che, a differenza di Icaro, ha saputo capire quando stava volando troppo in alto. Nel caso specifico, tuttavia, la me- 194 Ma dompna·m ten pres tafora del labirinto indica un edificio dal quale per quanta strada si percorra e per quanto ci si allontani, risulta impossibile uscire; così il legame con l’amata: per quanto l’amante sia libero di andare dove meglio crede, non è in grado di lasciare la prigione invisibile costituita dal sentimento amoroso. L’allusione alla «maison de Dedalus» è da considerare un hapax. 10. Amors: dato il contesto, si preferisce la personificazione. 11-12. L’immagine della ragnatela indica la mancanza di forza, qualcosa che, secondo Pfeffer «is representative of something into which the spider put much time and effort, but which is quickly and easily destroyed and, therefore, worthless». Lo stesso modo di dire, non troppo comune nella lirica trovadorica, è impiegato dall’anonimo continuatore della Canso de la crosada 183, 58-58, che mette in bocca a Simon de Montfort le seguenti parole: «e si sa pert Toloza ni Proensa requer / el fa l’obra d’aranha, que no val un diner». La stessa immagine è usata da Jausbert de Puycibot per indicare la maggiore consistenza della propria opera in Gasc, pecs, laitz joglars e fers, v. 48-50 (Shepard 1924: 13): «e si·l sirventes retras / a lor nebotz, ben sabras / que non er’ obra d’araigna». La metafora della ragnatela è infine particolarmente cara a Peire Vidal, che la inserisce in tre dei suoi componimenti. Si veda soprattutto l’impiego che il trovatore ne fa in ambito amoroso in En una terr’estranha, v. 49-51 (Avalle 1960: 198): «Quar pus qu’obra d’aranha / no pot aver durada / Amors, pus es proada». Il significato di vanità e inconsistenza viene mantenuto anche nelle due rimanenti attestazioni dell’immagine della ragnatela in Peire Vidal: in Mout es bona terr’Espanha, v. 17 (Avalle 1960: 102), il trovatore si riferisce a se stesso dicendo: «Fach ai l’obra de l’aranha»; in Ges pel temps fer e brau, v. 70 (Avalle 1960: 250) la metafora si lega a un certo En Sauc, riguardo al quale Peire Vidal asserisce: «e sos pretz es aitals cum fils d’aranha». 13. Si tant no·ill valgues: «non gli sarei altrettanto utile». Il riferimento è ad Amore, che viene personificato già al v. 10, ma si tenga conto che ci può essere la solita ambiguità tra Amore e la donna: qui il poeta potrebbe anche riferirsi a quest’ultima. 17. Abellis: voce del verbo abellir bellus del tardo latino. Il significato, tanto in antico francese, quanto in provenzale è quello di «piacere». 20. Refredus è la prima persona singolare dell’indicativo presente del verbo refrejuzar, come attestato dal PD. Per la ricostruzione della lezione di questo verso si rimanda alla ricostruzione stemmatica in 2.1. 23. Plaides: è termine del linguaggio giuridico. Plaides plait placiˇtum, in provenzale indica colui che all’interno di un processo assume il ruolo di avvocato difensore. 25. Anhaduoill: si tratta dell’orbettino, un serpente di dimensioni molto piccole, totalmente innocuo e comunemente ritenuto cieco. L’espressione significherebbe quindi «vado e vengo senza vedere dove, in modo inconsapevole». L’immagine dell’orbettino è un hapax; per l’espressione vauc e veing si veda per esempio Uc Brunenc, Ab plazer receup et acuoill, 10 (Gresti 2001: 11): «per q’ieu port gaug qan vau ni veing, / e per bon’aventura·m feing / joios d’amor pus qu’eu non suoill.». 195 Miriam Zanelli 28. Si preferisce, rispetto all’edizione di Naudieth, aggiungere un punto interrogativo. 36. Acuoill: il sostantivo, dal verbo acolhir *accolligere, cioè «accogliere», indica il modo nobile e gentile con cui si intrattiene una visita. Il gent che precede il sostantivo vuole appunto rafforzare questa idea di gentilezza e nobiltà, in quanto acuoill è termine già di per sé positivo. Del verbo acolhir è anche attestato il contrario, dezacolhir, designante la cattiva accoglienza. Acuoill, come il suo sinonimo acuillimen, è quindi originariamente un elemento del cerimoniale della corte; in un secondo tempo il termine è poi passato, insieme a molti altri, nella sfera amorosa ad indicare il modo in cui la donna accetta il servizio d’amore. Si veda a questo proposito Gambino 2003: 60. 37. Mal enseignatz: per la donna che cambia i mal enseignatz si veda, per esempio, Cadenet, S’ieu neimais deserenan, 49-52 (Zemp 1978: 329): «e si es malvatz / ni mal enseingnatz, / ja bella dompna ni pros / no·is taign que·l fassa joios.». Da un punto di vista etimologico enseignatz enseigner *insigna¯ re significa letteralmente «educato» nel senso di colui che ha ricevuto un insegnamento; in provenzale il termine può anche indicare la persona abituata a fare qualcosa. In entrambi i casi i mal enseignatz sono coloro che si comportano male, in maniera vile. 41-43. Il re d’Aragona in questione potrebbe essere Pietro II (1196-1213), forse lo stesso reis d’Aragon citato da Guilhem Magret nel sirventese Aigua pueia contramon, v. 57. I titoli che seguono sono piuttosto insoliti, però, se riferiti a Pietro II. Quello di legato di Romagna era un titolo generalmente attribuito a cardinali o rappresentanti del pontefice nella terra di Romagna (sotto il dominio papale dalla donazione dell’Italia centrale fatta alla Santa Sede da Pipino il Breve nel 754), ma dalla cronologia dei legati pontifici non risulta nessun appartenente alla famiglia di Aragona che si sia fregiato di tale nome. L’espressione è stata tradotta dagli studiosi con «legato di Roma»; Martín de Riquer giustifica questa espressione ipotizzando che questa designazione sia stata data a Pietro II per il suo essere stato a capo di una crociata contro il regno moro di Maiorca. Diversamente Naudieth e Chambers ipotizzano che il monarca sia tornato in Spagna dopo aver ricevuto l’incoronazione a Roma con il titolo di portabandiera di San Pietro nel 1204. Quest’ultima ipotesi pare plausibile, in particolare se si considera che l’incoronazione da parte del papa era vincolante: era vista da un lato come legittimazione celeste del potere del re, dall’altro come istituzione di una sorta di vincolo vassallatico in cui il pontefice risultava il sovrano che concedeva al monarca di turno l’esercizio del potere. Un’ulteriore ipotesi è che il sintagma sia da tradurre con «legato d’oriente», dando al termine Romaigna il significato di «Romània, impero bizantino». Non sembra tuttavia che la corona d’Aragona abbia avuto un simile ruolo nella propria storia. La designazione di duca è piuttosto insolita e si potrebbe avanzare l’ipotesi di un significato etimologico della parola, quello di «condottiero, comandante», con ulteriore eventuale allusione alla citata spedizione contro Maiorca. Per quanto riguarda il titolo di marchese, già di Alfonso II, padre di Pietro, questo potrebbe essergli stato erroneamente attribuito. Si veda a proposito di questo Riquer 2 1992: 923. 196 Ma dompna·m ten pres Infine, il nome di conte di Sardegna è da ritenersi esatto poiché Pietro II era anche conte di Barcellona, a cui la Sardegna era associata a partire dal 1118, quando Ramón Berenguer III ereditò l’isola. 45. Escuoill: termine di etimologia incerta, qui con il significato di «specie, razza», come anche in Giraut de Borneill. La parola può anche indicare la natura di qualcosa, come in Arnaut Daniel, Autet e bas entre·ls prims foilz (Eusebi 1996: 75- 80). L’editore scarta l’ipotesi di Canello della derivazione di escuoill da schola e traduce con «carattere, genere, maniera». In Uc Brunenc, Ab plazer receup et acuoill, 44 (Gresti 2001: 15) infine si ha l’accezione di escuoill come scoglio ( *scolium), nel senso di ostacolo che impedisce il passaggio. I dizionari etimologici riportano questi stessi significati, ma riportano un’ulteriore ipotesi di derivazione escuoill sco˘ pu˘ lus latino. Sul significato e l’uso di questo termine poco comune, si veda Asperti 1989. 46. L’espressione «(avez) del forment triat lo ioill» significa letteralmente ‘(avete) dal grano separato il loglio’; ioill o iuelh loli˘um latino è la graminacea comunemente nota con il nome di zizzania. L’allusione sarebbe quindi all’immagine evangelica della separazione, alla fine dei tempi, del grano buono dalla zizzania, cioè dei buoni dai malvagi, diventata oggi un popolare modo di dire. L’immagine sembra quindi rimandare una seconda volta alla crociata contro Maiorca cui allude Riquer 2 1992. 47-48. Pausaz: il termine ha il duplice significato di ‘fermarsi, arrestarsi’ e di ‘riposare, trovare pace’. L’etimologia è la stessa in entrambi i casi: pausaz pausar pausa¯ re. I due versi alludono in modo piuttosto evidente all’incoronazione del reis Aragones del v. 41 presso il loc de saint Peire, cioè Roma, quindi per mano papale. L’identificazione del monarca con Pietro II d’Aragona pare relativamente sicura: si tratta infatti del primo re della casata aragonese che ha ricevuto le insegne del potere dal pontefice a Roma; forse anche per questo è noto come Pietro il Cattolico. 49-50. Gli ultimi due versi del componimento hanno tutto il sapore della captatio benevolentiae: il trovatore chiede al proprio signore che si ricordi di lui, ora che si trova all’apice del suo potere. Brescia Miriam Zanelli Bibliografia Asperti, S. 1989: «Postille testuali a margine delle canzoni di Arnaut Daniel», in: Miscellanea di studi in onore di Aurelio Roncaglia, vol. 1, Modena: 77-86 Avalle, D’A. S. 1960: Peire Vidal, Poesie, Milano/ Napoli Chambers, F. M. 1971: Proper names in the lyrics of the troubadours, Chapell Hill Eusebi, M. 1996: Arnaut Daniel, L’aur’amara, Parma FEW: Wartburg, W. v. 1922-2002: Französisches Etymologisches Wörterbuch, Leipzig/ Bonn/ Basel Gambino, F. 2003: Canzoni anonime di trovatori e trobairitz, Alessandria 197 Miriam Zanelli Gresti, P. 2001: Il trovatore Uc Brunenc, Tübingen Martin-Chabot, E. 1931-61: La Chanson de la croisade albigeoise, 3 vol., Paris Naudieth, F. 1914: Der Trobador Guillem Magret, Halle a. S. PD: Levy, E. 1909: Petit dictionnaire provençal-français, Heidelberg Pfeffer, W. 1997: Proverbs in medieval Occitan literature, Gainesville REW: Meyer-Lübke, W. 3 1935: Romanisches Etymologisches Wörterbuch, Heidelberg Ricketts, P. T. 2005: Concordance de l’occitan médiéval. Les troubadours; les textes narratifs en vers, Turnhout (cd-rom) Riquer, M. de 2 1992: Los trovadores. Historia literaria y textos, Barcelona Shepard, W. P. 1924: Les poésies de Jausbert de Puycibot, troubadour du XIII e siècle, Paris Switten, M. L. 1985: The Cansos of Raimon de Miraval, Cambridge MA Topsfield, L. T. 1971: Les poesies du troubadour Raimon de Miraval, Paris Zemp, J. 1978: Les poésies du troubadour Cadenet, Bern/ Frankfurt am Main/ Las Vegas 198 El origen de los nombres de instrumento en -dora del español 1. El estado de la cuestión Los nombres de instrumento españoles en -dora del tipo lavadora ‘máquina para lavar ropa’ siguen planteando problemas. Estos problemas son esencialmente dos: el del origen y el de la selección, en sincronía, del femenino -dora (lavadora, licuadora, apisonadora, mecedora, etc.) frente al masculino -dor (exprimidor, interruptor, secador, sujetador, etc.). Ambos problemas están íntimamente relacionados, como vamos a ver. 1.1 ¿Extensión metafórica o elipsis? En lo que atañe al problema diacrónico escribí en Rainer 1993: 454 que la tesis del origen elíptico - es decir, la tesis de que este patrón se remontara a sintagmas con un núcleo nominal femenino, especialmente máquina - estaría aceptada por todos. Tal apreciación, influenciada quizá por la literatura sobre las formaciones análogas en otras lenguas románicas 1 , pecaba de optimismo, porque la verdad es que la cuestión ha sido tratada pocas veces en la lingüística hispánica, y con resultados divergentes. Los clásicos manuales de gramática histórica, como los de Hansen 1913, Menéndez Pidal 1968 o García de Diego 1970, pasan completamente por alto el problema. El primero en mencionarlo fue Alemany Bolufer 1920: 45, quien escribe sobre los nombres en -dor/ a: Designan el agente y también el instrumento, significación esta última derivada de aquélla: cogedor, de coger; prendedor, de prender; pasador, de pasar, etc. Y sólo en género femenino ametralladora, de ametrallar. No queda claro aquí si la observación respecto a la «derivación» del uso instrumental del agentivo se extiende también a las formaciones femeninas, y qué significaba exactamente para Alemany Bolufer la expresión «derivada de». Probablemente pensaba en una extensión metafórica, tesis popularizada poco antes por Meyer-Lübke 2 . Si así fuera, Alemany Bolufer habría sostenido la tesis de que, en 1 Sobre la historia de los nombres de instrumento en -euse del francés sigue siendo fundamental Darmesteter 1877: 46-49, quien tuvo el privilegio de asistir prácticamente in vivo al despegue de este patrón. Lo describió como proceso elíptico. 2 Remito al lector interesado a Rainer 2005: 122s., donde queda sintetizada la historia de las tesis sostenidas respecto a la relación entre el -tor agentivo y el -tor instrumental (y locativo) en las lenguas románicas. Vox Romanica 68 (2009): 199-217 Franz Rainer algún momento de la historia del español, un sustantivo agentivo femenino en -dora hubiera sido empleado metafóricamente para designar también una máquina de función análoga, digamos tejedora ‘mujer que tiene por oficio tejer’ con el significado metafórico ‘máquina de función análoga a la de una tejedora, máquina para hacer tejido de punto’. El resultado de una tal extensión metafórica luego habría sido reanalizado, quedando el nuevo sentido ‘máquina’ pegado al sufijo -dora. El reanálisis, aunque pasado por alto en el pasaje citado de Alemany Bolufer, es un ingrediente indispensable para la hipótesis de la extensión semántica, ya que muchos nombres de instrumento en -dora carecen de nombre agentivo paralelo (p.ej. ametralladora, que no se ha utilizado nunca con el sentido de ‘mujer que ametralla’). Mi propia hipótesis, mencionada arriba, acerca del origen de los nombres de instrumento en -dora presupone también un reanálisis como último paso, pero se diferencia de la hipótesis de Alemany Bolufer (o ficticia, si la hemos reconstruido incorrectamente) en que el significado instrumental no se considera como fruto de una extensión metafórica sino de la incorporación del sentido del sustantivo suprimido en la elipsis. Retomando el ejemplo de arriba, según mi propia hipótesis, un sintagma como máquina tejedora habría dado lugar, por supresión del núcleo nominal, al sustantivo tejedora ‘máquina tejedora’, cuyo significado ‘máquina’, huérfano de significante, habría sido luego asociado con la secuencia -dora, de esta manera convertida en sufijo derivacional, mientras que antes -dora había sido una combinación del morfema derivacional -dor y el morfema flexivo femenino -a. Este nuevo sufijo nominal -dora con el significado ‘máquina que sirve para V’ habría servido luego de modelo para formaciones análogas, sin tener que pasar necesariamente por una etapa sintagmática 3 . La hipótesis elíptica ha sido adoptada también, recientemente, por Pharies 2002: 170, quien habla de «elisión de antecedentes, v. gr., en frases como . . . (máquina, herramienta) lavadora». Alvar/ Pottier 1987: §295, al contrario, la habían puesto en tela de juicio, como vamos a ver en 1.2., estableciendo a su vez una filiación con el llamado «femenino aumentativo». Laca 1986: 292-93 discute la cuestión de la validez sincrónica de la hipótesis elíptica: Für die sich im Wortschatz abzeichnende Tendenz, einen wichtigen Teil der durch Wortbildung entstandenen Gegenstandsbezeichnungen als Feminina zu fixieren, sind verschiedene sprachliche und außersprachliche Erklärungen denkbar . . . Im spezifischen Fall der wegen ihrer gegenwärtigen hohen Produktivität äußerst interessanten -dora-Bildungen scheint in dieser Hinsicht eine Erscheinung ausschlaggebend zu sein, die wir als «versteckte Kongruenz» auf- 200 3 No pretendo, por supuesto, que tejedora haya sido realmente la palabra patrón en términos históricos. Nos sirve aquí simplemente para ilustrar las posibles sendas evolutivas del sufijo. El sentido instrumental de tejedora parece ser muy reciente. El CORDE documenta el sentido agentivo a partir de 1529 y el sintagma máquina tejedora en 1974, mientras que el nombre de instrumento solo aparece en el CREA en 1978: «las tejedoras industriales». El origen de los nombres de instrumento en -dora del español fassen möchten: Das Genus der Bildung richtet sich nach dem Genus eines Substantivs, das als Oberbegriff der Klasse der zu bezeichnenden Gegenstände fungiert. Meist ist dieses Substantiv máquina, jedoch ist dies nicht die einzige Möglichkeit; dass etwa mecedora und veladora Feminina sind, hängt offensichtlich nicht zuletzt mit der Tatsache zusammen, daß sie jeweils eine Sitzgelegenheit (silla, Fem.) und eine Lampe (lámpara, Fem.) bezeichnen, registradora als Bezeichnung für die Registrierkasse konkurriert in meinem Sprachgebrauch mit caja und caja registradora. Damit wird nicht behauptet, dass das Element, das die Genuskongruenz steuert, in irgendeiner relevanten Hinsicht als elliptisch kopräsent zu betrachten sei - und dies nicht einmal bei der Schöpfung neuer Bezeichnungen, da davon ausgegangen werden kann, daß die Existenz von Leitwörtern und Leitgruppen dafür sorgt, daß weitere -dora-Bildungen sich einfach an die schon bestehenden analogisch anreihen. Como se ve, la autora parece favorecer la hipótesis del reanálisis y de la formación analógica de neologismos, pero al mismo tiempo habla de «congruencia oculta» con un hiperónimo femenino, que sin embargo no estaría «co-presente» en la mente del hablante a la hora de crear un neologismo. No sé si se puede dar una interpretación coherente a este pasaje, pero de todos modos tiene su interés como manifestación del Sprachgefühl de una hablante nativa acerca de la relación privilegiada entre por lo menos algunos nombres de instrumento en -dora y los sintagmas correspondientes. 1.2 Instrumentos en -dor y -dora: el criterio de selección El segundo problema abordado repetidamente en la literatura es el del criterio que determina la selección de -dor y -dora. Ya hemos visto que Laca 1986 estableció alguna relación, no muy bien definida, entre el nombre de instrumento y su hiperónimo. Está implícito en esta hipótesis que no tiene que haber, necesariamente, un criterio semántico unitario, ya que los hiperónimos pueden ser múltiples. Además del hiperónimo dominante, máquina, Laca cita también los casos de mecedora (una silla) y veladora (una lámpara). Vamos a ver en 2.1.4. que estas intuiciones sobre la base de material sincrónico son avaladas también por los datos históricos. Adicionalmente a la hipótesis de la elipsis tiene cierta tradición, sobre todo en la literatura hispanística, la idea de una correlación entre el femenino y un supuesto gran tamaño del referente. Una versión algo más flexible - al tamaño se añade la complejidad - de esta hipótesis la adoptan también Alvar/ Pottier 1987: §295: . . . las formas femeninas del sufijo se aplican a aparatos que se consideran más importantes; sea por su tamaño o complejidad; no basta con decir que se puede considerar la elipsis de un sustantivo femenino (máquina, por ejemplo), pues el aspirador ‘máquina que, movida por la electricidad, sirve para absorber el polvo’ no es lo mismo que la aspiradora y en situación paralela estaría el computador con respecto a la computadora o el secador (del cabello, p. e.) con respecto a la secadora (de una lavandería); de ahí trilladora, grabadora, etc. Habría que rela- 201 Franz Rainer cionar estos casos con los históricos en que la -a final sirve de aumentativo o, cuando menos, para indicar tamaño mayor (ventana-ventano) 4 . Un punto de vista similar se defiende en Staib 1988: 138-39, quien llega a la conclusión de que habría, en español, una tendencia a seleccionar -dora para un instrumento grande y -dor para un instrumento pequeño o «semi-mecánico», aunque es consciente de que también se encuentran ejemplos donde la situación es al revés. La misma posición se profesa en Lang 1990: 144: . . . with large machinery, the derivative is more likely to be feminine, possibly because of the underlying concept of máquina f., while smaller items of equipment are more likely to be masculine, possibly because of association with aparato. Pero también este autor se dio cuenta de que no se trata de un criterio infalible, por lo cual añade en nota (p. 255): This distinction is far from reliable; cf. batidora, taladradora and lijadora, all relatively small machines, which are feminine. En tiempos más recientes, la hipótesis del tamaño como criterio diferenciador ha sido mencionada con aprobación en Detges 2007: 181: Richtig ist . . ., daß im modernen Spanisch mit der femininen Form bevorzugt auf große Geräte und Maschinen (sp. envasadora ‘Abfüllmaschine’), localizadora ‘Ortungsgerät’), mit der maskulinen Bildung dagegen auf eher kleine oder halbmechanische Vorrichtungen verwiesen wird (sp. envasador ‘Abfülltrichter’, localizador ‘Taschenorter’; vgl. Staib 1988, 138). En Rainer 1993: 455, por contra, descarté el tamaño como dimensión pertinente, proponiendo una asociación entre -dora y «máquinas prototípicas», es decir, propulsadas por un motor. El sufijo -dor, por el contrario, sería de aplicación más amplia 5 . Este criterio permitiría explicar satisfactoriamente por qué se dice, por ejemplo, exprimidor (aparato manual), pero exprimidora (máquina eléctrica, pero no necesariamente más grande). Sin embargo, también hice notar que la presencia de un motor no es razón suficiente para seleccionar -dora, como prueba por ejemplo el caso de secador, un electrodoméstico que también tiene motor y no es más pequeño que una exprimidora. A la vista de complicaciones de este tipo, dejé la cuestión para la investigación futura. El único trabajo posterior que ha vuelto sobre el tema más detenidamente es el de Herwartz 2002: 125-32, donde se analizan los hiperónimos utilizados en los dic- 202 4 En una nota, los autores remiten a Wartburg 1921. La cuestión del «femenino aumentativo» ha sido objeto de amplia discusión también con posterioridad al artículo de Wartburg; véanse, sobre el tema, Malkiel 1977 y Wandersleben 1981. 5 Laca 1986: 293 ya había observado que las formaciones masculinas en -dor podían referirse a «so gut wie alle möglichen Gegenstände oder Bestandteile von Gegenständen», es decir, prácticamente a cualquier tipo de objetos o partes de objetos. El origen de los nombres de instrumento en -dora del español cionarios para describir los nombres de instrumento en -dor y -dora. Los hiperónimos más usados serían aparato, utensilio, máquina, electrodoméstico y dispositivo, pero no constata Herwartz una correlación perfecta entre el género del hiperónimo utilizado en los diccionarios y el género del nombre de instrumento. A la luz de este resultado concluye que la hipótesis de la asignación del género sobre la base del hiperónimo es errónea: Die Annahme einer Genusfixierung von -dor bzw. -dora in Anlehnung an das Genus eines eliminierten Grundwortes ist somit nicht haltbar. (Herwartz 2002: 128) Su análisis confirma (véase p. 130) el contraste entre utensilios domésticos manuales con -dor vs. aparatos automáticos con -dora (batidor vs. batidora, picador vs. picadora, etc.), y también el mayor tamaño de las máquinas con -dora respecto a las con -dor (secador vs. secadora), pero solo en el caso de dobletes derivados del mismo verbo base y no como regla general. 1.3 Detges 2007 El repaso a la investigación mencionada en 1.1. y 1.2. ha evidenciado la subsistencia de dudas acerca de las dos cuestiones principales relacionadas con el sufijo instrumental -dora, esto es, su origen y el criterio de selección. Pero lo que me ha incitado a retomar el tema no han sido estas dudas subsistentes sino la publicación reciente, por Detges, de una nueva hipótesis sobre el origen de nuestro sufijo. Una novedad del artículo de Detges consiste en la ubicación cronológica del fenómeno. Aunque los estudios realizados no han sido muy concretos al respecto, la opinión general parece haber sido que el sufijo fuera un producto colateral de la Revolución Industrial. Ahora bien, Detges proporciona tres ejemplos que, según él, probarían que el uso instrumental de -dora se remonta ya a la Edad Media. Concretamente cita los sustantivos podadora ‘podadera’, portadora ‘recipiente para el transporte’ y segadora ‘guadaña’. Los dos primeros están sacados de una obra del siglo XIV, citada en el texto como Rustica. Se trata de la traducción castellana del De re rustica (Opus agriculturae) de Paladio, llevada a cabo por Ferrer Sayol en 1385. Como esta obra ya ha sido integrada al CORDE, daré aquí ejemplos ilustrativos sacados de este banco de datos: Despues en la cañya de la çepa entre el terçero & quarto pie alto sobre la tierra con vna podadora bien tajante o con cuchillo en aquella partida de la corteza que tu veeras que es mas verde tu le faras vn grant tajo & muchas vezes la cauaras. (fol. 192R) Asi mesmo en aqueste mes en los lugares que seran çerca de mar deues aparejar los cubos & botas & portadoras & otros aparejamjentos nesçesarios a las vendjmjas. (fol. 161V) 203 Franz Rainer El tercer ejemplo, segadora, proviene del Universal vocabulario en latín y en romance, de Alfonso Fernández de Palencia, publicado en Sevilla en 1490: «Segadora: cosa para segar» (s. v.). Sobre la base de estos ejemplos, Detges 2007: 181 rechaza la explicación del origen de -dora como resultado de una supuesta elipsis de máquina, ya que los instrumentos medievales aludidos no eran máquinas, sino artefactos más simples: Die These, daß im Spanischen die femininen Bezeichnungen aus elliptischen Verkürzungen des Typs lavadora máquina lavadora hervorgegangen seien (Rainer 1993, 454-455; Laca 1986, 292), ist . . . historisch unzutreffend. Según Detges, nuestros ejemplos medievales habrían sido casos de «moción», término que él emplea en el sentido de «konzeptuelle Verschiebung per Genuswechsel» (p. 184; eso es, cambio conceptual señalado por el cambio de género) 6 . No nos dice Detges, desgraciadamente, según qué modelo establecido en el español antiguo habrían sido formados estos nombres de instrumento femeninos, aunque es de suponer que pensaba en casos de «femenino aumentativo» en la línea de Alvar/ Pottier 1987, ya que menciona en el mismo apartado la pareja cubo/ cuba. No se trata de una cuestión baladí, porque sin modelo convincente la explicación queda coja. Los neologismos no surgen de la nada, y parejas del tipo cubo/ cuba no son modelos plausibles para una moción del tipo podador/ podadora ‘podadera’, porque no hay en el modelo ningún cambio de categoría conceptual de persona a instrumento. La segunda etapa en la explicación de Detges es también el reanálisis, el establecimiento de una relación conceptual directa con el verbo y la asociación del significado ‘instrumento’ con la secuencia final -dora, con el consiguiente cambio estructural de [[[poda] V -dor] N -a] N ‘herramienta del podador’ a [[poda] V -dora] N ‘herramienta para podar’. Este reanálisis, según Detges, habría tenido lugar «im Übergang zum Neuspanischen» (p. 185), durante el periodo transitorio entre la Edad Media y los Tiempos Modernos. 2. Cronología de los nombres de instrumento en -dora Las observaciones sobre el origen de -dora que hemos reseñado en 1. pecan prácticamente todas por su carácter ahistórico. Más que de estudios diacrónicos, se trata, en general, de proyecciones históricas sobre la base de datos sincrónicos. Detges es el único que cita datos históricos, pero como hemos visto, se limita también a dar tres ejemplos medievales, sin seguir la evolución ulterior. El requisito más urgente, en esta situación, me parece ser el establecimiento de una base empírica 204 6 Lázaro Carreter 1968, al contrario, define moción como «expresión del género femenino mediante la adición de un sufijo: blanco-blanca». El origen de los nombres de instrumento en -dora del español sólida sobre la evolución real de nuestro sufijo. Nos serviremos, a este efecto, de dos bancos de datos, el CORDE de la Real Academia y el banco de datos de la Oficina Española de Patentes y Marcas (OEPM), disponible en la página oficial de este organismo. 2.1 Los nombres de instrumento en -dora en el CORDE La búsqueda en el CORDE se ha llevado a cabo sobre la base de las palabras terminadas en -ora del DILE, tomando en consideración solo el singular (lo que es suficiente a fines estadísticos). En la tabla 1, se presentan los resultados cuantitativos, divididos entre sintagmas de sustantivo más adjetivo en -dora de significado instrumental (NAdora) y nombres de instrumento (Ndora) y ordenados por estratos cronológicos: Tabla 1: Ndora y NAdora en el CORDE. hasta 1800 1801-1850 1851-1900 1901-1950 1951-1975 Ndora ? 2 22 52 46 NAdora ? 3 15 24 23 Esta tabla nos proporciona algunos datos cuantitativos de sumo interés para la cuestión del origen de -dora. Por un lado, los casos anteriores a 1800 son muy pocos: si he puesto un interrogante en vez de un número exacto, es porque varios de los casos presentan problemas de interpretación. Por eso, los vamos a tratar uno a uno más abajo. Pero incluso de 1801 a 1850, los casos siguen siendo escasísimos. Es en la segunda mitad del siglo XIX cuando el sufijo despega realmente. La diferencia entre el periodo pre-1850 y pos-1850 es tan abrumadora, que su validez no puede ser puesta en tela de juicio por el hecho de que el CORDE no es un corpus perfectamente equilibrado ni en cuanto a número de textos o de páginas ni en cuanto a tipos de texto (los textos técnicos, por supuesto, son de particular relevancia para el estudio de los nombres de instrumento). El segundo resultado de gran interés para la cuestión del origen es que en todos los estratos temporales los sintagmas NAdora han sido más frecuentes que los simples nombres de instrumento Ndora. A primera vista, estos resultados parecen apoyar la hipótesis según la cual nuestro sufijo habría nacido durante la Revolución Industrial, como resultado de la supresión del núcleo nominal de sintagmas del tipo NAdora referidos a máquinas. Pero veamos los datos en más detalle. 205 Franz Rainer 2.1.1 Los tres ejemplos medievales de Detges El ejemplo más antiguo en el CORDE es, efectivamente, el de podadora ‘podadera’ de 1385 mencionado por Detges y citado en 1.3. El término se documenta otra vez, en el CORDE, en el anónimo Tratado de plantar o injerir árboles o de conservar el vino (1385-1407) y una tercera y última vez en un libro de 1703, El sabio instruido de la Gracia, de Francisco Garau. Si miramos bajo el plural podadoras, solo podemos añadir un ejemplo de 1964, donde la palabra se refiere, sin embargo, no a una podadera sino a una máquina: «Para la poda de árboles y arbustos son imprescindibles las tijeras especiales o las podadoras.» La palabra corriente para designar esta herramienta en español siempre ha sido podadera. En el texto de Paladio que contiene la primera documentación de podadora, se documenta también portadora ‘recipiente para el transporte’ (solo en plural). La palabra luego se documenta otra vez en un libro anónimo de 1605 (Los veintiún libros de los ingenios y máquinas de Juanelo Turriano): Assí que, para este effecto, conviene tener mucha madera serrada y por serrar, y mucha piedra y calcina en muy gran cantidad, y arena y otras infinitas cosas, como es clavazón, cuerdas, capaços, espuertas de mimbres, palas de madera, de hierro, açadas, picas, própalos de hierro, maças de hierro, bacietas o gamellas de madera grandes y pequeñas, de toda suerte muchas tablas, quartos de maderos y infinitas cosas que son necessarias, çevillas, poçales, portadoras. (fol. 430R) Este mismo texto de 1605 contiene también ejemplos de portadera, al parecer con el mismo significado: De modo que sólo del vaciar la agua que mana, que no se a de parar noche ni día el trabajar de sacar el agua, que son necessarios una infinidad de hombres para ello, que bayan vaciando el agua con diversos instrumentos. Y donde no se podrá acomodar instrumentos, convendrá vaziar con una portadera de madera dos hombres, y con ella se vazía mucha agua. (fol. 166R) Y es en esta última forma, portadera, en la que el término se ha establecido en la lengua (está recogido en el Diccionario de Autoridades). El tercero de los ejemplos medievales de Detges, segadora ‘guadaña’, no se documenta en el CORDE. Los primeros ejemplos, documentados en los años 80 del siglo XIX, ya se refieren a máquinas («una segadora mecánica», 1884-85). Lo que sí contiene el CORDE, son ejemplos sinónimos de segadera. En el ejemplo medieval, «foz segadera» (1466), y en el del siglo XVI, «hoz segadera» (1552), tenemos todavía un uso adjetival, pero más tarde segadera se incorporó también a la lengua como sustantivo: «todo género de hoces ó segaderas» (1842, CORDE, pero el sustantivo ya está en el Diccionario de Autoridades). Los tres ejemplos de Detges tienen dos cosas en común. Primero, se trata, en todos los casos, de palabras escasamente documentadas, que no han podido imponerse en la lengua común. La impresión de continuidad en el caso de podadora y segadora es ficticia, ya que los ejemplos modernos no son continuadores de los me- 206 El origen de los nombres de instrumento en -dora del español dievales sino nuevas creaciones, con significado también renovado: en vez de las tradicionales herramientas, se refieren a máquinas. La segunda analogía estriba en que lo que en la lengua común se ha establecido, son las palabras correspondientes en -dera: podadera, portadera, segadera. La interpretación más plausible de estos hechos es que las formas en -dora eran regionalismos ocasionales, importados de regiones donde el sufijo latino -toria dio como resultado -dora en vez de -dera, como en catalán, donde los equivalentes son efectivamente podadora ( lat. falx putatoria), portadora y segadora. Un argumento adicional a favor de esta interpretación es que el traductor del libro de Paladio, Ferrer Sayol, era catalán y habría elaborado la versión castellana sobre la traducción catalana 7 . 2.1.2 Otros ejemplos pre-1800 El CORDE contiene pocos ejemplos más de potenciales nombres de instrumentos hasta 1800. El primero, en orden cronológico, está sacado otra vez del diccionario de Palencia: «Catarica. en griego. en latyn se dize alimpiadora del vientre.» La palabra parece ser una forma elíptica de medicina alimpiadora ‘medicina que alimpia el vientre’. Hay dos ejemplos más de esta palabra en el siglo XVI, ambos también glosas de palabras griegas. Otro ejemplo antiguo es un hapax que se encuentra en un tratado de cetrería de 1565: Hase de echar la sobredicha medicina de zumo y de claras de huevos luego que se sienta herido el halcón . . . vuélvanle a echar la misma batidora de zumo y clara de huevo, y vuélvanle a poner su capirote, y aposéntenle en su lugar (p. 239). Como se ve, batidora se refiere también a una medicina, pero el significado parece ser resultativo (‘medicina que se hace batiendo zumo y clara de huevo’). Otros dos ejemplos sí se refieren a instrumentos en el sentido estricto de la palabra. Rebotadora está documentado en un drama religioso mexicano de 1600: Sale, después de la Loa, LA PENITENCIA vestida de sayal pardo, con unas tijeras de tundir y una rebotadora en la mano. Al lado de rebotadora existía también rebotadera, documentado ampliamente en el CORDE en ordenanzas del sector textil, como la siguiente de 1527: Ley XCIII Otrosí, porque muchos de los dichos tondidores tienen las rebotaderas con dientes grandes, y es causa que la ropa se dañe sacándole más pelo de lo que es necessario, por ende, mando que no tengan rebotaderas con dientes grandes, salvo dientes chicos, e que las tales re- 207 7 Véase lo que escribe al respecto Capuano 1990: vii en la introducción a su edición del texto de Paladio (Palladius), que él considera aragonés más que castellano: «la influencia ejercida sobre el léxico por el catalán es enorme, y crea un carácter híbrido de lenguaje». Franz Rainer botaderas y las cardas con que han de passar los dichos paños sean señalados por los dichos veedores con el hierro para ello diputado, so pena de cient maravedís por cada vez que le fuere hallada la dicha rebotadera o cardas sin señal. Aunque ya pertenece a la primera mitad del siglo XIX, prefiero añadir aquí un hapax de tapadora sacado de un escrito de Jovellanos de 1806, que se utiliza obviamente como sinónimo de tapadera: Tampoco tiene [sc. la cámara inferior] otra entrada que una tronera redonda, abierta en lo alto de la bóveda, y cubierta de una gruesa tapadora, que, según indicios, era también de fierro, con sus barras y candados. Por esta negra boca debía entrar, o más bien caer, desde la cámara superior, en tan horrenda mazmorra el infeliz destinado a respirar su fétido ambiente, si ya no es que le descolgaban pendiente de las mismas cadenas que empezaban a oprimir sus miembros. (p. 279) Estos escasos ejemplos no son suficientes para probar la existencia de un patrón instrumental en -dora en castellano antes del siglo XIX. Se trata, en los dos primeros casos, de designaciones de medicinas, y en el caso de rebotadora y tapadora, de hapax que existen junto a términos más comunes en -dera. Como en el caso de los tres ejemplos medievales de Detges, la interpretación más plausible en estos dos últimos casos parece ser que se trata de regionalismos ocasionales, cuando no de erratas. 2.1.3 La primera mitad del siglo XIX En la primera mitad del siglo XIX, solo he podido detectar dos ejemplos de nombres de instrumento en -dora, veladora y locomotora (este último con el alomorfo culto). La primera de estas palabras se refiere a una lámpara y se documenta por primera vez en el CORDE en un libro mexicano de 1818: − He aquí, cobarde sobrina, el ridículo espectro que te ha espantado. Míralo, desengáñate, límpiate bien los ojos. Si quitas la veladora de este lugar y la pones aquí, ya no verás esta figura, sino otra diferente. A la prueba . . . ¿Ves ahora lo que antes? − No, tío, ya varió la sombra enteramente de figura. La palabra falta todavía en el Diccionario de Autoridades y en el de Terreros de 1788. Con toda probabilidad, se trata de un calco del fr. veilleuse, de idéntico significado, que está documentado desde 1762 en el TLF. La palabra no ha sido registrada como galicismo ni en Baralt 1995 ni en García Yebra 1999. La segunda de nuestras palabras se documenta por primera vez en el CORDE, en un texto chileno de 1845: Desde el momento que la obra maestra de la mecánica moderna, la locomotora, llegó a este pueblo, una grandiosa transformación se operó en sus destinos; desde entonces la agricultura y el comercio adquirieron con la facilidad del transporte un inmenso desenvolvimiento. (párrafo 1) 208 El origen de los nombres de instrumento en -dora del español En 1842, el CORDE documenta, con idéntico significado, el sintagma máquina locomotora: Y mucho mas lo preguntaría si supiera que habia invertido en ellos la suma de 224 millones de reales; y aun mas lo preguntaría si calculára lo que se necesitará para el sostenimiento de sus muchos empleados y para el entretenimiento de unas 90 máquinas locomotoras de unos 80 tenders, de unos 400 coches y sobre unos 500 waggons que en el dia tendrán para el servicio de todas sus líneas. (p. II, 57) Estos datos sugieren que locomotora fue el resultado de la supresión del núcleo nominal del sintagma máquina locomotora. Pero la historia, probablemente, fue más compleja. Sabemos que la locomotora no fue invención española, sino inglesa. Como esta máquina ya se llamaba locomotive (1829, OED; por elipsis de locomotive engine) en inglés, no se puede descartar que locomotora haya sido un calco directo del inglés locomotive. Y también máquina locomotora podría haber sido un calco de locomotive engine. Cabe incluso la posibilidad de que la palabra no penetrara en España directamente desde Inglaterra sino a través de Francia, donde locomotive está documentado desde 1834. Solo un estudio muy detallado de los documentos de la época podría, quizá, permitir decidir un día cuál de estas posibilidades es la históricamente correcta. Sea como fuere, la pareja máquina locomotora/ locomotora, que se refiere a la máquina prototipo del siglo XIX, jugó sin duda un papel catalizador para el espectacular desarrollo de -dora como sufijo instrumental en la segunda mitad del siglo XIX. Antes de pasar a esa segunda mitad del siglo, nos queda por mencionar que el CORDE contiene dos sintagmas NAdora más de significado instrumental para la primera mitad del siglo XIX, red pescadora (1835) y tapa protectora (1841). Red pescadora, que recuerda a lat. rete piscatorium, es un hapax que Larra utilizó en vez de los más comunes red de pesca, red de pescador o red para pescar. Tapa protectora, que el CORDE solo documenta una vez, se ha convertido en un término usual en tiempos más recientes, pero nunca parece haber sido sometido a elipsis. 2.1.4 La segunda mitad del siglo XIX La pareja máquina locomotora/ locomotora constituye también un antecendente para otro rasgo típico de las formaciones instrumentales en -dora hasta el día de hoy, es decir, la coexistencia de formaciones NAdora y Ndora con la misma función terminológica. Veamos, a ese respecto, las formaciones del CORDE por orden cronológico: 209 Franz Rainer Tabla 2: Ndora y NAdora en la segunda mitad del s. XIX según el CORDE. tapia protectora (1859) superficie conductora (1870) criba igualadora (1870) cosedora (1873) remolcadora (1873) ‘nave’ mecedora (1878) ‘silla’ satinadora (1878) capa protectora (1878) cubierta/ envoltura/ materia/ tinta aisladora (1881) membrana receptora (1881) caja receptora (1882) ametralladora (1881) excavadora (1882) trilladora (1882) maquinaria impresora (1884) plegadora (1884) bomba alimentadora (c 1885) bomba/ máquina elevadora (c 1885) lavadora (c 1885) espita purgadora (c 1885) polea receptora (c 1885) remachadora (c 1885) segadora (1885) capa/ zona aisladora (1888) zaranda mecánica clasificadora (1892) azufradora (1893) cesta/ gaita azufradora (1893) sembradora (1893) desnatadora (1894) heladora (1894) canilla lubricadora (1895) Los datos de la tabla 2 nos enseñan que el patrón instrumental arraigó definitivamente en el último cuarto del siglo XIX. Además, la distribución casi perfectamente complementaria de los términos en las dos columnas nos revela también la razón que parece estar detrás de la selección de una y otra estrategia denominativa. El nombre de instrumento se prefiere sobre todo cuando el referente es una máquina, mientras se acude al sintagma NAdora cuando el referente o no es una máquina (caja, canilla, capa, membrana, polea, etc.) o, por una razón u otra, se quiere resaltar el tipo específico de máquina (bomba, etc.). Cuando el contexto es suficientemente específico, incluso en este último caso se puede acudir a la elipsis (véase el caso de cesta/ gaita azufradora azufradora). Dos palabras de la columna derecha merecen un comentario especial. En el caso de remolcadora, máquina no es un hiperónimo adecuado, ya que una nave no se considera normalmente como un tipo de máquina. El género femenino se debe aquí, sin lugar a dudas, al hiperónimo nave. Con esto no quiero decir que haya habido realmente supresión, en algún momento, del sustantivo nave (el término nave remolcadora es también usual, pero no se documenta en el CORDE). Se puede 210 El origen de los nombres de instrumento en -dora del español tratar muy bien de lo que Laca ha llamado «concordancia oculta», es decir, asignación hiperonímica del género. En términos históricos, es posible que remolcadora haya sido un calco del sinónimo francés remorqueur (1834, TLF), cuyo género masculino es debido obviamente al hiperónimo bateau. Una historia similar se puede contar respecto a mecedora, que está todavía mucho más lejos conceptualmente de máquina que remolcadora. Se trata, en efecto, de un tipo de silla, no de una máquina, pero el sintagma silla mecedora no se documenta en el CORDE, ni con anterioridad ni con posterioridad. Me parece altamente probable que la palabra sea en realidad un calco del fr. berceuse (1867, TLF), de idéntico significado. La influencia francesa no se limitaba, obviamente, a estos dos términos. Como la gran mayoría de las máquinas eran invenciones extranjeras, muchas veces llegó también el nombre extranjero con el objeto. Así, detrás de trilladora se esconde, muy probablemente, el fr. batteuse (1865, TLF), detrás de lavadora el fr. laveuse (1873, TLF), detrás de sembradora el fr. semeuse (1893, TLF), detrás de desnatadora el fr. écrémeuse (1890, TLF), etc. Pero en todos estos casos, para tener la certeza absoluta acerca del origen francés, habría que estudiar más de cerca la historia de la tecnología y las circunstancias en las cuales estas máquinas fueron introducidas en España. Es una tarea ésta que prefiero dejar a los colegas lexicógrafos históricos, a quienes espera todavía un gran número de galicismos sin identificar 8 . 2.2 Los nombres de instrumento en el banco de datos de la OEPM Darmesteter 1877, en el capítulo dedicado a los nombres de instrumento en -eur y -euse, se valió abundantemente del catálogo francés de patentes. Afortunadamente, el catálogo análogo español está hoy disponible en línea 9 , empezando en el año 1826. Para comprobar la fiabilidad de los datos del CORDE, hemos seleccionado tres estratos temporales que contienen grupos de 500 patentes cada uno. El primero, que por el número todavía escaso de patentes (privilegios), abarca los años 1826- 50, el segundo los años 1853-56, y el tercero los años 1878-79. En la tabla 3 se muestran los resultados cuantitativos, ordenados como en la tabla 1 dedicada al CORDE: 211 8 Como era de esperar, el patrón de los nombres de instrumento en -euse quedó constituido unos decenios antes del patrón español en -dora. En la lista de términos de Darmester 1877: 48- 49, muchos se remontan a la primera mitad del siglo XIX: laineuse (1824), épinceteuse (1825), traineuse (1825), épentisseuse (1826), finisseuse (1828), découpeuse (1929), gratteuse (1829), délisseuse (1834), moissonneuse (1834), balayeuse (1835), glaneuse (1840), décrotteuse (1844), trieuse (1844), laveuse (1845), débourreuse (1849). 9 En la página de la Oficina Española de Patentes y Marcas, bajo el enlace «Archivo histórico». Franz Rainer Tabla 3: Ndora y NAdora en el archivo de la OEPM. 1826-50 1853-56 1878-79 Ndora 0 1 7 NAdora 1 2 7 Como se ve, en las primeras 500 patentes no aparece ningún nombre de instrumento en -dora, y el único sintagma pertinente era máquina locomotora (1846). En el grupo siguiente, solo un poco posterior, aparece locomotora como sustantivo autónomo, así como los dos sintagmas máquina pulverizadora y máquina productora del vacío. En el tercer estrato de 1878-79, en cambio, podemos observar un aumento significativo de formaciones de ambos tipos. Los nombres de instrumento eran desbarbadora, lavadora-secadora, locomotora (que ya se documentaba en el estrato anterior), secadora, segadora, y vertedora-volteadora. A veces, estos términos iban acompañados de adjetivos aclaratorios: secadora automática, segadora mecánica. Los sintagmas del tercer estrato eran máquina automotora, máquina brilladora, máquina deslangostadora, máquina raspadora, máquina urdidora, palanca avisadora, y pantalla reguladora. Estos datos confirman los resultados obtenidos sobre la base del CORDE. Mientras que el patrón instrumental en -euse ya se había consolidado en Francia en la primera mitad del siglo XIX, el patrón análogo en -dora tardó medio siglo más en aclimatarse definitivamente en la Pensínsula Ibérica. Este desfase, por supuesto, refleja simplemente el retraso con el que la industrialización llegó a España. Ambos bancos de datos coinciden también en el papel pionero que tuvo la pareja máquina locomotora/ locomotora en el proceso de integración. Y, por último, se confirma también que, desde el inicio, el tipo derivacional y el sintagmático convivían pacíficamente, y no han dejado de hacerlo hasta el día de hoy. El banco de datos de la OEPM también resalta la importancia central que tuvo máquina como núcleo nominal, importancia probablemente exagerada un poco por las peculiaridades del tipo de texto (privilegio, patente). El banco de datos de la OEPM nos permite además abordar el tema de la designación de instrumentos de todo tipo desde una perspectiva onomasiológica. Como muestra la tabla 4, al lado de los dos tipos Ndora y NAdora, se utilizaron con más frecuencia los tipos masculinos Ndor y NAdor: Tabla 4: Ndor y NAdor en el archivo de la OEPM. 1826-50 1853-56 1878-79 Ndor 7 10 24 NAdor 3 4 14 212 El origen de los nombres de instrumento en -dora del español Se desprende de la tabla que el uso de -dor para crear nombres de instrumento ya estaba consolidado a inicios del siglo XIX. En efecto, como mostré en Rainer 2004, los nombres de instrumento en -dor del español se remontan realmente a la Edad Media, y nunca han dejado de ser productivos desde entonces. Este hecho explica también por qué los sustantivos, en el caso de -dor, son netamente más frecuentes que los correspondientes sintagmas NAdor. Pero incluso en el caso de -dor, sufijo nominal ya plenamente aclimatado, la alternativa sintagmática tenía cierto peso en el siglo XIX (no así en los siglos anteriores; véase Rainer 2004), y la sigue teniendo. En el primer estrato encontré los sustantivos motor (1842), ventilador-enjugador (1842), generador (1846), purificador (1847), distribuidor formador (1847), y ventilador (1847), así como los sintagmas aparato calentador (1845), aparato generador (1846), y aparato excavador (1847). En el segundo estrato volvemos a encontrar generador, motor y ventilador, pero también casos nuevos como indicador de presión, peinador estirador, receptor, regulador, y terraplenador. También aparece máquina congelador, que debe interpretarse probablemente como aposición. Los sintagmas eran calorífero condensador, sistema generador, instrumento medidor y contador. En el tercer estrato el número de nombres de agente había aumentado notablemente. Por un lado, encontramos viejos conocidos como generador, motor, peinador, regulador, o ventilador. Pero las novedades son abundantes: alarmador, asegurador de raíl, cerrador, contador, conmutador inversor, distribuidor, embetunador, escarificador, escintilador, extirpador, graneador, llamador, multiplicador de cuentas, obturador, procesador, pulimentador, pulverizador, rectificador, y refrigerador. Como en el caso de -dora, a veces los sustantivos estaban acompañados por adjetivos aclaratorios: embetunador mecánico, llamador eléctrico, regulador hidráulico. Los sintagmas eran: aparato giratorio/ espejo/ sobre anunciador, mecanismo conductor, mecanismo contador, aparato divisor, aparato elevador, cuadrante impresor, mecanismo impulsor, timbre llamador, aparato moderador, rodillo especial prensador, aparato separador, y aparato ventilador. A parte de los nombres de instrumento en -dor y -dora y los sintagmas correspondientes, había todavía una serie de otras estrategias denominativas. La más frecuente consistía en la creación de sintagmas del tipo aparato/ máquina de/ para + verbo. También encontré un pequeño número de formaciones Nnte o NAnte: tragante, bomba aspirante, materias colorantes, cojinetes deslizantes, aparato refrigerante, polvos obliterantes, etc. Muy raro era ya el sufijo -dera, ligado como estaba a la época preindustrial: amasadera mecánica, máquina agarradera. Escaseaban igualmente los compuestos de verbo más sustantivo: aparato limpia-vías y salvavidas. 213 Franz Rainer 3. Conclusión Los resultados de nuestras pesquisas, creo, nos permiten llegar a conclusiones firmes acerca del origen del sufijo instrumental -dora. Se trata efectivamente de un resultado colateral de la Revolución Industrial. Los ejemplos medievales aducidos por Detges así como los dos casos de siglos posteriores que he conseguido desenterrar, se han revelado ser regionalismos ocasionales que en ningún momento consiguieron constituirse en patrón lexicogenésico en castellano. Ferrer Sayol tomó podadora del catalán, donde tal palabra es el resultado regular de lat. (falx) putatoria. En castellano, este mismo sufijo latino dio como resultado -dera, como muestra podadera, y esta situación no ha cambiado en castellano hasta el siglo XIX. Si negamos validez a los ejemplos medievales de Detges, desaparece también la necesidad de buscarles un antecedente en el «femenino aumentativo» que se manifestaría en parejas del tipo cubo/ cuba. Al mismo tiempo, podemos evacuar al trastero de la morfología histórica la idea de Pottier de explicar por la influencia de este supuesto «femenino aumentativo» la selección del género. Entonces, ¿es, al fin y al cabo, correcta la tesis de la elipsis? Solo a medias, como hemos visto. Ambos sufijos, -dor y -dora, sufrieron, por lo menos durante el siglo XIX, fortísimas influencias extranjeras, sobre todo francesas. Siendo gran parte de los ejemplos del siglo XIX calcos del francés, el patrón pudo constituirse también por la vía de la abstracción de un patrón lexicogenésico sobre la base de esos calcos, sin pasar por el sintagma completo. Pero hemos visto también que, a lo largo de todo el siglo, el sintagma fue una alternativa empleada con gran frecuencia. Muchos de estos sintagmas, dicho sea de paso, eran también calcos del francés. La relación entre ambos patrones, el derivacional y el sintagmático, era bidireccional: se podía pasar del sintagma al nombre de instrumento por supresión del núcleo nominal, pero tampoco era infrecuente que se pasara del nombre de instrumento al sintagma correspondiente. Ventilador, por ejemplo, entró tempranamente en el español como calco de ingl. ventilator o de fr. ventilateur, por ende como sustantivo, pero hemos visto que a pesar de eso podemos encontrar, en la segunda mitad del siglo, el sintagma aparato ventilador. Desde el punto de vista diacrónico, nuestro patrón tiene, por ende, dos fuentes a la vez: los calcos del francés o, en menor medida, del inglés, y la elipsis. Es tarea de los lexicógrafos históricos decidir cuál de estas dos vías se aplica en un caso determinado. Esta ambigüedad subsiste hasta la actualidad: aun hoy en día, algunos neologismos se forman por analogía a modelos nominales, otros por elipsis. Depuradora, por ejemplo, fue el fruto de la supresión del núcleo nominal del sintagma estación depuradora (1951) y más tarde también del núcleo de máquina depuradora (1972). Por eso, depuradora sigue teniendo dos significados distintos: el pueblo todavía no tiene depuradora ‘estación’ vs. una piscina con depuradora ‘máquina’. Incineradora, a su vez, fue muy probablemente el fruto de una elipsis sobre la base de planta incineradora: el sintagma se documenta en 1982 en el CREA, el sustantivo autó- 214 El origen de los nombres de instrumento en -dora del español nomo solo a partir de 1994. Cuando tenemos que ver con máquinas prototípicas, sin embargo, la vía analógica era dominante ya en la segunda mitad del siglo XIX, como hemos visto. Aunque no ha sido nuestro objetivo primario, la discusión sobre el origen del sufijo nos permite también arrojar más luz sobre el problema de la selección del género. Hemos acumulado pruebas suficientes para poder concluir que una premisa implícita en gran parte de la discusión, según la cual existiría un criterio único de selección de tipo semántico, carece de fundamento. En buena parte de los ejemplos decimonónicos, la selección del género fue resuelta por los franceses o, en menor medida, los ingleses, ya que los calcos normalmente se limitaban a imitar el modelo extranjero (el inglés, por supuesto, no tiene género, pero lo más lógico era adaptar un nombre de instrumento en -or o -er como masculino). Se decía ventilador y no ventiladora, porque al señor Hales, el padre de tan útil invento, le plugo ponerle, en inglés, el nombre un tanto artificial de ventilator, calcado por los franceses como ventilateur. La mecedora, por su parte, acabó siendo femenina probablemente porque su modelo francés berceuse lo era también. Pero la asignación de género en los procesos de adaptación no era puramente pasiva. Podía entrar en juego también la asignación hiperonímica, principio vivo bien arraigado en la lengua. El género de ventilador se justificaba también porque se trataba de un aparato, como el de mecedora por el género de su hiperónimo silla. Pero quien asociaba este nuevo invento mobiliario más bien con un sillón podía optar con toda tranquilidad por el masculino mecedor, usual en el español meridional. También en el caso de remolcadora f. vs. remorqueur m. triunfó la asignación hiperonímica sobre la imitación pasiva. Pero remolcadora parece haber tenido poca circulación. El término que acabó imponiéndose fue el masculino remolcador, apoyado por el género masculino de los hiperónimos barco y buque. En el CORDE, hay un solo ejemplo de remolcadora de 1873; en 1861 se documenta ya el sintagma buque remolcador, mientras que el sustantivo aislado empieza a predominar a partir de 1881. La impresión de confusión en la distribución del género se debe sin duda en parte al hecho de que los hiperónimos centrales, máquina y aparato, tienen género divergente. Además, ambos se solapan fuertemente desde un punto de vista conceptual. Muchos objetos pueden ser clasificados con la misma plausibilidad como máquinas y como aparatos. Este hecho lo podemos observar en el corpus en parejas como máquina elevadora (c1885)/ aparato elevador (1878-79), excavadora (1882)/ aparato excavador (1847), máquina pulverizadora (1853-56)/ pulverizador (1878-79). Pero tanto las estadísticas del CORDE como las del archivo de la OEPM muestran a las claras que el femenino fue debido sobre todo a la presencia de máquina, sea como núcleo nominal explícito sea como hiperónimo implícito. Esencialmente, esta constatación sigue siendo válida hoy en día. Pero la supresión de núcleos o la presencia de hiperónimos diferentes de máquina ha introducido una notable variedad semántica en las formaciones en -dora. A las series tradicionales como la de máquinas agrícolas del tipo de cosechadora, 215 Franz Rainer segadora, trilladora, vertedora, volteadora, etc. se han añadido, en tiempos más recientes, la de pequeñas máquinas electrodomésticas como batidora, exprimidora, licuadora, picadora, tostadora, trituradora, etc., pero también la serie de estaciones como emisora, transmisora, etc. o la de plantas como embotelladora, envasadora, incineradora, etc. Sin hablar de casos nacidos por elipsis que han quedado más o menos aislados, como incubadora ‘cámara’, etc. Creo que el hablante, al crear un neologismo nominal, se rige fundamentalmente por series conceptualmente homogéneas de este tipo, en casos extremos incluso por un solo modelo concreto. Empeñarse en buscar un denominador semántico común entre estas series parece ser una tarea inútil por las razones antedichas. Viena Franz Rainer Bibliografía Alemany Bolufer, J. 1920: Tratado de la formación de palabras en la lengua castellana. 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Capuano, Madison 1990 Pharies, D. 2002: Diccionario etimológico de sufijos españoles, Madrid Rainer, F. 1993: Spanische Wortbildungslehre, Tübingen Rainer, F. 2004: «Del nombre de agente al nombre de instrumento en español: ¿cómo y cuándo? », Iberoromania 59: 97-122 Rainer, F. 2005: «Noms d’instruments/ de lieux en -tor dans la Galloromania», VRom. 64, 121-40 Staib, B. 1988: Generische Komposita. Funktionelle Untersuchungen zum Französischen und Spanischen, Tübingen Terreros y Pando, E. 1788: Diccionario castellano con las voces de ciencias y artes, Madrid TLF = Trésor de la langue française, Paris 1971-94. Wandersleben, W. G. 1981: «Sobre el femenino aumentativo», Revista de Lingüística Teórica y Aplicada 19: 9-18 Wartburg, W. von 1921: «Substantifs féminins avec valeur augmentative», Butlletí de Dialectologia Catalana 9: 51-55 217 Besprechungen - Comptes rendus Philologie et linguistique générales - Allgemeine Philologie und Sprachwissenschaft La Chanson de Walther. Waltharii poesis, texte présenté, traduit et annoté par Sophie Albert, Silvère Menegaldo et Francine Mora, Grenoble (Ellug), 2008, 167 p. (Moyen Âge européen) La littérature médiévale d’origine germanique reste mal connue des chercheurs français, et ce n’est pas le moindre mérite du travail de Sophie Albert, Silvère Menegaldo et Francine Mora que d’offrir enfin au lecteur francophone un accès sûr et parfaitement documenté à ce chef d’œuvre de la littérature latine médiévale qu’est le Waltharius. Ce n’en est, à la vérité, pas la première traduction française: publiée à Bruxelles en 1900, la version de F. Norden, pouvait se vanter d’être la première traduction du texte original dans une autre langue moderne que l’allemand. Malheureusement, ce travail aujourd’hui introuvable n’offrait pas le texte latin en regard et restait bien en deçà des exigences scientifiques que réclame une œuvre si difficile et si malaisée d’interprétation. Succédant à d’innombrables éditions allemandes, ainsi qu’à des traductions anglaises, italiennes, espagnoles et même tchèque, le présent ouvrage comble enfin une lacune de la bibliographie française, et bénéficie du même coup du travail de ses devanciers pour offrir au lecteur francophone une synthèse de près de deux siècles de recherche. Littérature d’origine germanique, disions-nous: certes, personne ne conteste cette définition que corrobore l’onomastique des personnages et la répartition géographique des manuscrits; néanmoins, Francine Mora, directrice du projet, qui signe à la fois l’introduction et la longue notice sur le texte, n’a pas tort de nous prévenir d’entrée de jeu qu’«il est difficile de trouver un texte plus européen que le Waltharius» (7). De fait, une telle affirmation n’est pas seulement un acte d’allégeance à l’excellente collection grenobloise dans laquelle le livre s’inscrit; sans doute, par ailleurs, politiquement opportune, dans l’actuel contexte «européen», elle ne s’ancre pas moins solidement dans la réalité multiculturelle de l’empire carolingien. Écrit dans la langue la plus internationale qui soit, le Waltharius nous conte en effet les aventures d’un Aquitain qui a maille à partir avec les Huns, les Francs (voire les Burgondes), et combat ses ennemis les yeux fixés sur la ligne bleue des Vosges. Les Allemands soulignent inlassablement ses nombreux points de contact avec la Chanson des Nibelungen, les Espagnols l’ont réclamé au nom d’un hypothétique substrat wisigothique, les Français font remarquer que Walther, sous le nom de Gautier de l’Hum («des Huns», selon la séduisante hypothèse de Rita Lejeune), est l’un des comparses de La Chanson de Roland. Avec sagesse, les nouveaux éditeurs refusent de trancher de manière trop catégorique entre les hypothèses qui s’affrontent au sujet de la genèse du poème; leur exposé impartial des arguments, mais aussi des faiblesses, de chacune laisse ainsi le lecteur libre de choisir l’auteur du Waltharius parmi le Geraldus cité dans le prologue, Ekkehard I er de Saint-Gall, dont on sait qu’il écrivit, au début du X e siècle, une version de cette histoire (mais qui n’est peut-être pas celle que nous ont transmis les siècles) et un auteur plus ancien en qui d’aucuns ont cru reconnaître nul autre qu’Ermold le Noir, le fameux biographe de Louis le Pieux. On sait que Charlemagne avait voulu, selon le témoignage d’Eginhard, recueillir et mettre par écrit les anciennes légendes germaniques, et assurément le Waltharius serait un excellent candidat au titre de seul représentant conservé de ce projet (il possède l’élégance, l’ironie et la finesse des meilleures productions de la Renaissance carolingienne) . . . si le roi des Francs qui y figure n’y était si malmené! L’hypothèse d’une œuvre de propagande des ennemis de Louis le Pieux et de Charles le Chauve serait certes d’autant plus vraisemblable que le héros est Aquitain, et l’on s’étonne presque de ne pas voir les éditeurs mentionner la piste guillelmide: on sait en effet que les descendants de Guillaume de Gellone, prototype historique du Guillaume d’Orange épique, en particulier Bernard de Septimanie, furent à la fois les maîtres incontestés de presque toute la France du Sud au IX e siècle et les adversaires les plus déclarés de la dynastie régnante. Resterait cependant à expliquer, dans le cadre de cette hypothèse, le caractère foncièrement germanique du texte! Insistant sur le caractère hautement élaboré du Waltharius, Francine Mora en souligne les traits d’humour et de satire, sans tomber dans le piège d’y voir, comme on le fait trop souvent aujourd’hui pour les textes du Moyen Âge (prenant le mélange des registres pour un signe de dérision généralisée), une œuvre purement parodique: «le Waltharius, remarque-t-elle, est en fin de compte moins satirique que ludique, parce que les personnages qu’il met en scène participent eux aussi au jeu» (28). Observant que le récit illustre les conflits de loyauté qui se font jour dans un univers pré-féodal, elle note ainsi que le texte n’est pas seulement une «épopée pour rire, donc, mais aussi pour penser» (30). Fine connaisseuse de l’Énéide médiévale, à laquelle elle a consacré un ouvrage important, et dans lequel elle livrait déjà d’intéressantes réflexions sur les caractéristiques épiques de Walther, Francine Mora est en outre très attentive aux imitations d’auteurs latins qui abondent dans le Waltharius: de Virgile surtout, mais aussi de Prudence et, plus sporadiquement, de Stace. Sans se vouloir exhaustive sur ce point (la bibliographie, très complète, indique opportunément les études auxquelles se référer), l’édition indique, sous le texte latin, de nombreuses réminiscences qui éclairent le mode de travail de l’auteur, tandis que les notes de la traduction, très riches et dues en grande partie à Silvère Menegaldo, apportent de nombreux éclaircissement non seulement sur les nombreux noms propres qui parsèment le texte mais aussi sur les difficultés d’interprétation d’un texte écrit dans un latin très recherché et parfois déroutant. C’est dire que la traduction de Sophie Albert et Silvère Menegaldo, revue par Francine Mora, bénéficiant des tentatives de prédécesseurs nombreux, est d’une scrupuleuse honnêteté; justifiant toujours des choix parfois cornéliens, elle se signale de surcroît par sa fluidité et son élégance et prend soin, de manière parfois presque excessive, des éventuels étonnements du lecteurs: est-il par exemple bien nécessaire de prévenir que telle «métaphore florale . . . à propos d’un jeune guerrier» (129) peut paraître surprenante, alors que, précise-t-on aussitôt, elle est empruntée à Virgile? Une chronologie (un peu anecdotique) des événements historiques liés aux trois siècles de la domination carolingienne sur l’Europe, un index des noms propres et une très riche bibliographie complètent utilement l’édition. Il manque peut-être cependant à ces appendices un tableau comparatif des personnages du Waltharius et de ceux des plus grands textes épiques de la tradition germanique: ceux-ci sont, certes, abondamment cités dans l’introduction et les notes, mais d’une manière assez ponctuelle, qui risque de laisser quelque flottement dans l’esprit du lecteur peu familier de la Thidrikssage ou du Nibelungenlied. Mais les incursions des spécialistes de l’ancien français dans le domaine germanique sont exceptionnelles, et la rare ouverture d’esprit dont ont ici fait preuve Sophie Albert, Silvère Menegaldo et Francine Mora les absout largement d’avoir été ici et là un peu elliptiques. Alain Corbellari ★ 219 Besprechungen - Comptes rendus E UGENIO C OSERIU , Sprachkompetenz. Grundzüge der Theorie des Sprechens, Tübingen (Gunter Narr) 2007, 300 p. (Tübinger Beiträge zur Linguistik 508) Appare in seconda edizione, rivista e aggiornata nei rimandi bibliografici dal curatore H. W EBER , un volume tratto dalle lezioni tenute da Eugenio Coseriu a metà anni Ottanta all’Università di Tübingen. Uscita in prima edizione nel 1988, l’opera rappresenta di fatto una summa del pensiero teorico del compianto linguista, il cui contributo sostanziale si riverbera con forte impatto in molti rami della linguistica di fine Novecento e inizio Terzo Millennio, dalla romanistica alla linguistica delle varietà alla semantica alla linguistica testuale e più ampiamente alle stesse basi della teorizzazione sul linguaggio in una prospettiva culturale europea. Sviluppare una teoria della competenza linguistica, cioè del «Wissen, das die Sprecher beim Sprechen und bei der Gestaltung des Sprechens anwenden» (1), è in effetti una sfida che chiama in gioco tutti gli aspetti e gli snodi centrali della linguistica, obbligando ad interrogarsi sui fondamenti intimi della natura del linguaggio verbale umano e preliminarmente sulla stessa definizione di che cosa sia una lingua. Equivale infatti a chiedersi «che cosa vuol dire sapere una lingua»? Domanda di non poco pondo, a cui non possiamo rispondere se non definendo prima l’oggetto stesso di tale sapere. Non per nulla per le influenti teorie linguistiche che fanno capo al paradigma generativista la competenza linguistica è diventata l’oggetto scientifico medesimo della disciplina, ciò che il linguista deve descrivere e spiegare. In questa prospettiva, un primo ordine di problemi è sostanziale, ed è rappresentato dal contenuto e dall’estensione, dall’Umfang, del concetto stesso: che cosa contiene la competenza linguistica, e qual è la natura di questo contenuto? Un secondo ordine di problemi è formale, in senso hjelmsleviano, e verte attorno all’organizzazione che questo contenuto assume. Di qui, le quattro domande principali che C OSERIU schematizza nella Fragestellung iniziale (1): «Was umfaßt die Kompetenz? . . . Welcher Natur ist dieses Wissen? . . . Was ist der Gehalt dieses Wissens? . . . Wie ist dieses Wissen gestaltet? ». (Si noti che la nuova edizione non è uniformata alle nuove norme grafiche del tedesco, per le convincenti ragioni «economiche» esplicitate dal curatore nel Vorwort: «Die 1988 gültige Rechtschreibung wird beibehalten, da die Vorteile einer Anpassung in keinem Verhältnis zum Aufwand stünden», XI ). La trattazione si sviluppa conseguentemente in cinque capitoli che, dopo una panoramica iniziale su «Geschichte und Kritik des Begriffes ‘Sprachkompetenz’» (3-55), riproducono la quadripartizione in premessa: abbiamo infatti «2. Der Umfang der sprachlichen Kompetenz» (57-185), «3. Die Natur der sprachlichen Kompetenz» (187-231), «4. Der Gehalt der sprachlichen Kompetenz» (233-58), «5. Die Gestaltung der sprachlichen Kompetenz» (259- 78). Nel primo capitolo vengono discusse le concezioni sviluppate, a proposito della differenza (intuitiva) fra lingua (sistema) e discorso (attuazione del sistema), dalla grammatica e retorica antica fino a Chomsky, attraverso Hegel, Humboldt, Madvig, von der Gabelentz, Skali č ka, Pagliaro, e naturalmente Saussure e i suoi allievi; e introducendo la distinzione tipicamente coseriana fra historische Sprache e funktionelle Sprache. Questo primo capitolo è di carattere fondamentalmente istituzionale, e percorso da finalità che paiono soprattutto didattiche; ed è in un certo senso quello più «datato», ivi compresa la discussione delle posizioni chomskiane - dove tuttavia Coseriu giunge a deduzioni particolarmente originali quando per esempio argomenta che «Die Annehmbarkeit ist nicht anderes als eine Ebene oder Stufe der Korrektheit» (52), dato che l’accettabilità (che è la categoria che deve valutare i fatti di Performanz) nella linguistica generativa viene trattata secondo criteri, «die eigentlich immer noch Kriterien der Kompetenz sind» (54), e di fatto «Die Performanz wird nicht als solche betrachtet, sondern nur als Abweichung oder Einschränkung der Kompetenz» (53). 220 Besprechungen - Comptes rendus È nel secondo ampio e cruciale capitolo che il pensiero di Coseriu si dispiega in tutto il suo vigore, grazie alla «radikale Änderung des Gesichtspunkts» (57) che consiste nel porsi dal punto di vista dell’attività del parlare (o scrivere) e capire, dello Sprechen, invece che dal punto di vista consuetudinariamente assunto della Einzelsprache, la langue; e nel proporre quindi una «allgemeine Theorie des Sprechens». Il sapere linguistico complessivo viene così scomposto in una competenza linguistica generale (elokutionelles Wissen, a livello universale), una competenza di una singola lingua (idiomatisches Wissen, a livello storico) e una competenza che l’autore chiama «testuale» (expressives Wissen, a livello individuale). La prima comprende, in tanto in quanto la formulazione di ogni produzione linguistica li presuppone, la conoscenza generale e particolare del mondo, e i principi del pensiero e della logica. Nella seconda stanno la capacità di controllo delle unità e delle regole di una determinata lingua e delle operazioni da questa ammesse; vi si situano pertanto anche le note concettualizzazioni e classificazioni coseriane dell’architettura di una lingua e delle varietà di lingua secondo le dimensioni diatopica, diastratica e diafasica, che qui l’autore riprende distesamente. Nella terza, la competenza testuale, sta la capacità di adattare le unità e le operazioni della lingua al contesto linguistico ed extralinguistico. Il problema della natura della competenza linguistica viene affrontato, nel terzo capitolo, in termini di un «saper fare» costituito da sapere intuitivo e sapere tecnico, e rifacendosi ampiamente alla concezione leibniziana di cognitio clara distincta adaequata e inadaequata. Coseriu controbatte anzitutto decisamente l’assunzione che la competenza si situi al di sotto del livello della consapevolezza, sostenendo che «es falsch und unannehmbar ist, die Sprachkompetenz als unbewußte Fähigkeit aufzufassen» (189): essa è un sapere intuitivo, ma questo è ben altra cosa che un sapere inconscio. È poi anche un sapere tecnico, che si manifesta come tale nel «fare». Compito del linguista è secondo l’autore, in ultima analisi, trasformare il sapere tecnico che ogni parlante ha, e che è una cognitio clara distincta inadaequata, in una cognitio clara distincta adaequata, cioè motivata, ben fondata, begründet, a un livello superiore dello stesso itinerario di conoscenza (Erkenntnis in senso hegeliano): la linguistica rappresenta quindi un «reflexives Wissen», «ein Wissen über ein Wissen» (227). Nel quarto capitolo viene trattato il problema del contenuto della competenza. In una visuale odierna, questa parte potrebbe facilmente essere la più ampia di un discorso globale sulla competenza: qui l’autore tratta invece il tema a linee più generali che non nei precedenti capitoli, e anche la discussione condotta (che muove dalle visioni classiche di analogisti e anomalisti per venire a Saussure e Chomsky via Humboldt) risulta forse meno incisiva. È perfettamente sottoscrivibile la conclusione che «der Gehalt der sprachlichen Kompetenz weder auf bloße Zeichen noch auf bloße Operationen reduziert werden kann, sondern daß es beides gibt, Zeichen und Operationen» (245); ma appare anche piuttosto scontata. E d’altra parte sembra riduttivo affermare, come fa Coseriu, che per Saussure la langue sia «ein Gefüge von Formen und Inhalten» (244), cioè un insieme di segni, Zeichen, mentre per Chomsky la lingua sia Operation(en). Oggetto dell’ultimo capitolo è l’organizzazione, la configurazione (Gestaltung), della competenza linguistica, che viene vista essenzialmente in termini dei tre livelli gerarchici di norma, sistema e tipo linguistico. Non abbiamo purtroppo qui lo spazio per seguire da vicino le serrate argomentazioni di Coseriu su questo o quel problema, che risultano spesso avvincenti, non da ultimo grazie alla vasta cultura classica e filosofica del Maestro, cosa non facile a trovarsi presso il linguista medio di inizio Terzo Millennio. Rimangono sullo sfondo, nella trattazione, questioni che sono venute in primo piano nel ventennio successivo alla pubblicazione del volume: quali in primo luogo la rilevanza e il contenuto empirico della competenza linguistica, e poi il fatto che la competenza linguistica sia anche una questione di grado (non solo non tutti i parlanti di una lingua hanno la stessa competenza in termini di identità delle cono- 221 Besprechungen - Comptes rendus scenze, ma anche c’è chi ha competenza maggiore e chi ha competenza minore) e il fatto che la competenza sia qualcosa di modulare e di stratificato, che può variare da settore o livello d’analisi della lingua a settore e livello d’analisi (spesso si hanno competenze maggiori in certi settori o livelli di analisi rispetto ad altri); e infine, strettamente connessa con le precedenti, la questione degli indicatori di competenza linguistica, di che cosa voglia dire essere un parlante competente e di come la competenza si possa testare ed eventualmente misurare, tenendo conto che non è empiricamente attingibile la competenza stessa, ma solo il suo prodotto (cf. ora su tutti questi temi L EHMANN , «Linguistic competence: Theory and empiry», Folia linguistica 41(2007): 223-78; ma si veda già il pionieristico saggio di F ILL - MORE , «On fluency», in C. J. F ILLMORE / D. K EMPLER / W. Y.-S. W ANG (ed.), Individual differences in language ability and language behavior, New York 1979: 85-101). Ma nel complesso il volume dà eccellente conto dell’importanza della figura di Coseriu nella linguistica della seconda metà del Novecento, e ne mette bene il rilievo il profilo di studioso di vaste competenze linguistiche e di non comune profondità culturale, capace di unire in una rara sintesi l’eredità dell’idealismo con prospettive razionaliste e la padronanza empatica di diverse prospettive teoriche, e di approdare a quadri di sintesi e a sistemazioni concettuali contrassegnate da rigore e chiarezza di analisi e articolatezza dell’argomentazione, con risultati ben vivi nei gangli della linguistica europea contemporanea. Cimentarsi con il pensiero di Coseriu, anche quando ci si possa trovare non del tutto d’accordo su singoli punti, è sempre un gran guadagno, e una bella impresa intellettuale. Gaetano Berruto ★ Jean Widmer/ Renata Coray/ Dunya Acklin Muji/ Eric Godel (ed.), Die Schweizer Sprachenvielfalt im öffentlichen Diskurs - La diversité des langues en Suisse dans le débat public, Bern et al. (Peter Lang) 2004, 517 p. Zweifellos ist die sprachliche Vielfalt eine der im In- und Ausland am stärksten wahrgenommenen Eigenschaften der Schweiz. Die Besonderheit ist dabei nicht die Existenz mehrerer Sprachen auf einem nationalen Territorium an sich - dies ist für die meisten europäischen Staaten der Fall -, sondern die Tatsache, dass sich die Schweiz als mehrsprachiger Staat konstituiert hat (1). Diese Mehrsprachigkeitsidee ist weder besonders alt - sie tritt 1848 zum ersten Mal in der Verfassung auf - noch scheint sie im öffentlichen Diskurs eine herausragende Rolle zu spielen. Man könnte sich angesichts der Analysen von Jean Widmer und seines Teams geradezu fragen, ob die Schweiz nicht gleichsam «per Zufall» ein mehrsprachiger Staat geworden ist. Wie wird die sprachliche Vielfalt anlässlich der Schaffung des Bundesstaates und der späteren Transformationen der Sprachenordnung in den öffentlichen Diskursen thematisiert? Welche Rolle spielt sie im «nationalen Imaginären» und als Identifikationskriterium in diesen Auseinandersetzungen? Dies sind die Leitfragen dieser auf einem Nationalfondsprojekt beruhenden sozio-historischen Studie, welche den Zeitraum von 1848 bis 2000 umfasst, beginnend mit der ersten Verfassung, obwohl die Gleichberechtigung der Sprachen schon 1798 formuliert worden war (3). Dabei liegt der Fokus auf drei als relevant angesehen Etappen in dieser Entwicklung, welchen je ein Kapitel gewidmet ist: I. Nationales Selbstverständnis und Sprache in der Bundesverfassung von 1848 (31-126) aus der Feder von E. Godel und D. Acklin Muji; II. La première révision de l’article des langues. Vers la reconnaissance du romanche comme langue nationale (1935-1938) (127-245), verantwortet von D. Acklin Muji; III. Minderheitenschutz und Beziehungspflege: die zweite Revision des 222 Besprechungen - Comptes rendus Sprachenartikels (1985-1996) (247-427), gezeichnet Renata Coray. Dazu kommen eine substantielle Einleitung von J. Widmer, in welcher der theoretisch-reflektorische Raum skizziert wird, innerhalb dessen sich die Einzelstudien bewegen (Constitutions d’une Suisse plurilingue, 1-30), eine Zusammenfassung von Renata Coray (IV. Die Transformation der Sprachenordnung und des nationalen Imaginären, 429-78) sowie ein Anhang (479-517), in welchem Renate Coray die der Untersuchung zugrunde liegenden Texte auflistet und ihre Auswahl überzeugend begründet, namentlich jene auf das Bundeshaus und die Presse als die «zwei wichtigen Arenen des öffentlichen Diskurses über nationale sprachpolitische Themen und Ereignisse» (479). Die Ergebnisse sind spannend. Zunächst halten die Autoren fest, dass in den drei untersuchten Phasen recht unterschiedliche «Sprachordnungen bzw. Konzeptionen der Schweiz und ihrer Sprachensituation» zu beobachten sind (429). Während 1848 «eine politisch-republikanische Sprachenordnung» dominiert, in welcher die Sprachen zweitrangig sind, wird rund um die total revidierte Verfassung die sprachliche Heterogenität zu einem die Vorstellungen mitbestimmenden Faktor. Freilich seien «dannzumal sprachliche Kategorien weder integraler Teil des staatspolitischen Diskurses der Regierung, noch handlungsleitende Konzepte von Politikern» (431). Erst in den von patriotischen Diskursen geprägten 1930-er Jahren entwickelt sich eine «territoriale, patrimoniale Sprachenordnung» (ibid.), in welcher «die Existenz verschiedener Sprachen und Sprachgruppen . . . als zentrale Voraussetzung für die nationale Einheit» konzipiert wird (432). Dennoch waren Begriffe wie «Sprachgemeinschaft» oder «sprachliche Minderheit» in jener Zeit weitgehend unbekannt (erst 1999 wird der Begriff «sprachliche Minderheit» in die Verfassung aufgenommen, nachdem er in der Botschaft des Bundesrates von 1937 zur Anerkennung des Rätoromanischen als Landessprache noch ausdrücklich als «dem schweizerischen Recht fremd» bezeichnet worden war); im Zentrum stand die Anerkennung des Rätoromanischen als vierte Landessprache, nicht zuletzt unter dem Druck faschistischer Herrschaftsansprüche (238s.). Zu dieser ethischlegalen und patrimonial-territorialen Logik tritt Ende des 20. Jahrhunderts eine «psychologische und liberale Logik», welche mit ersterer allerdings kaum vereinbar sei (433). Aus der Fülle von bemerkenswerten Beobachtungen seien hier nur einige wenige, die letzten Jahrzehnte betreffende, herausgegriffen. (a) Renata Coray deutet einen «auf lange Dauer angelegten und zirkulären Diskurs» als Indiz einer Problemlösungsstrategie, welche sie in Anlehnung an Barel 1982 als «Strategie des Unlösbaren» bezeichnet. Die ausgemachten Probleme würden nicht gelöst, sondern nur aufgeschoben, was eine dauerhafte Auseinandersetzung mit der Schweizer Sprachensituation garantiere - wobei diese Krisendiskurse durchaus identitätsstiftenden Charakter hätten (436-39). (b) Neu am Ende des 20. Jahrhundert taucht gemäß den Verfassern ein «Verständigungsdiskurs» auf, was im «semantischen Kampf» als zunehmende Dominanz einer psychologischen Sprachenordnung gedeutet wird (378s. und 440).Verständigung zwischen den Sprachgemeinschaften stelle die eigentliche Substanz der Kohäsion dar. Dabei wird u. a. die im Sprachendiskurs verwendete Metaphorik analysiert als Indiz der in der Öffentlichkeit dominierenden Bilder der schweizerischen Sprachenordnung, wobei neben den räumlichen Metaphern («Rösti-Graben») vor allem eine hohe Zahl von Beziehungsmetaphern auffallen, mit der Ehemetapher als Kern eines vielfältigen Metaphernfeldes (449s.). (c) In der aktuellen Diskussion über das Englische stießen ein staatspolitisches und ein zunehmend wichtiger werdendes wirtschaftsliberales Regulierungsmodell aufeinander. Dabei würden die geringen sprachpolitischen Eingriffsmöglichkeiten des Bundes manifest - und seien zukünftige Auseinandersetzungen gleichsam vorprogrammiert (462s.). 223 Besprechungen - Comptes rendus Freilich lebt der hier besprochene Band nicht nur von den detaillierten Analysen von Diskursen aus verschiedenen Perioden, sondern auch vom einleitenden Essai von Jean Widmer, der dem Band einen kohärenten begrifflichen Rahmen verleiht. Begründet wird zunächst überzeugend die Fokussierung auf den Arenen des parlamentarischen Diskurses und seiner Wiedergabe in der Presse (4). Die dominante politische Ordnung entspreche, wird gesagt, den dominierenden diskursiven Logiken eines Staats und insbesondere seiner Verfassung bzw. dessen verfassungsgebender Versammlung und der Berichte von diesen Diskussionen in der Presse (2). Ziel der Sprachenpolitik sei, meint Widmer, der sprachlichen Heterogenität der Bevölkerung eine Ordnung zu überstülpen (3), wobei im Band deutlich wird, dass über die 150-jährige Berichtsperiode in den sukzessiven Verfassungsordnungen unterschiedliche Lösungen dieses Problems gefunden wurden. Das Kriterium für die Analyse dieser Ordnungen ist die Relevanz der Sprache, sei es, dass die Protagonisten als Mitglieder einer Sprachgemeinschaft identifiziert werden, sei es, dass die Sprache als solche zur Herausforderung wird. Entscheidend ist dabei nicht, ob eine Kategorie grundsätzlich vorhanden ist, sondern ob sie in den Diskursen relevant ist. So seien z. B. die subjektive Dimension der sprachlichen Identität und der Begriff der Minorität erst am Ende des 20. Jh. relevant geworden (7 und 24). Widmer analysiert dann die Zirkularität des Verfassungsdiskurses am Beispiel von drei Möglichkeiten des Verständnis des Staatsvolkes vom «imaginären Volk», in dessen Namen die Verfassung geschaffen wird, über die Bürger, welche darüber abstimmen, bis zum «Zielvolk», das der Gesetzgebung unterworfen wird (9s.). Je nach Periode dominiert das eine oder das andere Verständnis. 1848 wird - im Gegensatz zu Frankreich, Italien oder Deutschland - die Mehrsprachigkeit des Zielvolkes wahrgenommen (Übersetzungsproblematik) (14), 1938 unterscheidet die Verfassung zwischen einem viersprachigen imaginären Volk (Nationalsprachen) und einem dreisprachigen Zielvolk (Amtssprachen) (17) mit einer Ikonisierung des ersteren im Sinne zu jener Zeit gültiger autoritärer Vorstellungen des Staates, wie die Analyse der Rede von Bundesrat Motta von 1938 zeigt (19s.). Demgegenüber dominiere Ende des 20. Jh. ein von der Angst von Verlusten einer Minorität und der nationalen Kohäsion geprägter bewahrender Diskurs, gespickt mit zahlreichen durativen Verben (préserver, sauvegarder, veiller à la répartition traditionnelle, etc.). Grundsätzlich kann man sich natürlich fragen, inwiefern eine Konzentration der Aufmerksamkeit auf die nationalen Arenen der Sprachenfrage in einer politischen Landschaft gerecht wird, die stark von der Diskussion auf lokaler, kantonaler oder allenfalls sprachregionaler Ebene und in anderen Mediengefäßen als jenen der Berichterstattung über die parlamentarischen Debatten (politische Leitsendungen am Deutschschweizer Fernsehen auf Dialekt! ) geprägt ist. Inwiefern könnten z. B. Begriffe wie «Mehrsprachigkeit» (als Ziel der Schulbildung) oder «corporate language» (bei der Festlegung von Firmenstrategien), die ihre Relevanz aus anderen Diskursen als denen von verfassungsgebenden Gremien beziehen, das sprachliche Selbstverständnis der Schweizer maßgeblich mitbestimmen? Gerade bei den Debatten um die Rolle des Englischen erweitern ja auch die Autoren selbst den Kreis der berücksichtigten Diskurse, z. B. durch Einbezug jener im Umfeld der EDK. Dennoch ist die Auswahl der dem Band zugrundeliegenden Diskurse stimmig - und dekonstruiert in überzeugender Weise in der Öffentlichkeit zirkulierende Mythen über die Schweizer Mehrsprachigkeit. Sowohl von der sich an der Ethnomethodologie und an der Diskursanalyse orientierenden, originalen Ausrichtung wie von den Resultaten her lohnt sich die Lektüre dieser Studie, die Teil des Vermächtnisses des im Februar 2007 verstorbenen Jean Widmer geworden ist. Georges Lüdi ★ 224 Besprechungen - Comptes rendus Matthias Grünert/ Mathias Picenoni/ Regula Cathomas/ Thomas Gadmer, Das Funktionieren der Dreisprachigkeit im Kanton Graubünden, Tübingen (A. Francke) 2008, xx + 458 p. (Romanica Helvetica 127) Der Kanton Graubünden ist der einzige amtlich dreisprachige Kanton der Schweiz. Die drei Amtssprachen Deutsch, Rätoromanisch und Italienisch gelten als gleichwertig (so Artikel 3 Absatz 1 der Kantonsverfassung). Dass diese Gleichwertigkeit problematisch ist, zeigt schon Absatz 2, der Kanton und Gemeinden verpflichtet, für die Erhaltung und Förderung des Rätoromanischen und des Italienischen besorgt zu sein, während das Deutsche hier - aus verständlichen Gründen - nicht erwähnt wird. Wie die amtliche Dreisprachigkeit des Kantons «funktioniert», das ist der Gegenstand des vorliegenden Buches, das die Ergebnisse eines vom Schweizerischen Nationalfonds zur Förderung der wissenschaftlichen Forschung und verschiedenen Bündner Institutionen unterstützten Forschungsprojektes darstellt. Im Vorwort, das dreisprachig abgedruckt ist, weist Bruno Moretti, der Leiter des Projektes, darauf hin, dass zwar Forschungsarbeiten zum Rätoromanischen, den deutschen Dialekten (Bündner und Walser) und dem Italienischen in reicher Zahl vorliegen, dass aber die Mehrsprachigkeit (amtliche, gesellschaftliche und individuelle) trotz dem epochemachenden Werk von Weinreich 1 und Kristols Monographie über Bivio 2 eher stiefmütterlich behandelt wurde. Deswegen setzt sich die vorliegende Arbeit das Ziel, die Dreisprachigkeit in Bezug auf Sprachkenntnisse und Sprachverwendung, auf die metasprachlichen Diskurse, auf die Einstellungen gegenüber den Sprachen und auf die Beziehung zwischen den Sprachgruppen zu untersuchen. Nur kurz sei darauf hingewiesen, dass sich hinter den Sprachnamen jeweils komplexe soziolinguistische Verhältnisse verbergen: Deutsch betrifft die sogenannte mediale Diglossie von Standarddeutsch und den Deutschschweizer Dialekten, Italienisch verweist auf die Diglossie von Standarditalienisch und den Südbündner Dialekten, und Rätoromanisch ist ein cover term für die - je nach Lesart - vier oder fünf romanischen Idiome, ihre Schriftstandards und Rumantsch Grischun als gemeinsamem Schriftstandard. Die Beantwortung der gestellten Fragen wurde in verschiedenen Teiluntersuchungen durchgeführt: halbstandardisierte Interviews mit jeweils acht Personen aus achtzehn ausgewählten Orten und eine schriftliche Befragung von jeweils mindestens vierzig Personen aus den gleichen Orten, eine schriftliche Befragung von Angehörigen der Kantonsverwaltung (rund 1800) und halbstandardisierte Interviews mit 51 Vertretern der Verwaltung und der kantonalen Sprach- und Kulturorganisationen und schliesslich eine schriftliche Befragung von 78 Gemeinden aus dem sogenannten traditionellen romanischen Sprachgebiet. Die Fragebögen sind im Anhang des Buches abgedruckt, der Verlauf der Interviews wird p. 14 beschrieben. Weiter werden Daten der Eidgenössischen Volkszählungen verwendet, die in Kapitel II (25-56) und weiteren Teilkapiteln ausgewertet werden. Sie zeigen den stetigen Rückgang des Italienischen und des Rätoromanischen als Mutterresp. Hauptsprache in absoluten und relativen Zahlen, der sich allerdings in den rätoromanischen Kerngebieten etwas differenzierter darstellt. Dieser Rückgang geschieht im Wesentlichen zu Gunsten des Deutschen und - in geringerem Ausmass - zu Gunsten der sogenannten «anderen Sprachen» (also der Nicht-Landessprachen). Nach der Einleitung und dem Kapitel über die Volkszählung behandelt zunächst Regula Cathomas in Kapitel III (57-138) «Orte des traditionellen rätoromanischen Sprachgebietes» (das traditionelle romanische Sprachgebiet umfasst die Ortschaften, die in 225 Besprechungen - Comptes rendus 1 U. Weinreich, Languages in Contact. Problems and Findings, New York 1953. 2 A. Kristol, Sprachkontakt und Mehrsprachigkeit in Bivio (Graubünden). Linguistische Bestandesaufnahme in einer siebensprachigen Dorfgemeinschaft, Bern 1984. Band 1 des Dicziunari Rumantsch Grischun (1939) unter «Romanischbünden» aufgelistet sind). Ausgewählt wurden drei Orte mit starker, drei Orte mit mittlerer und zwei Orte mit geringer Präsenz des Rätoromanischen (erfasst mit Hilfe der Daten der Eidgenössischen Volkszählung 2000). Cathomas gibt die Ergebnisse der Fragebogenerhebung und der Interviews mit acht Personen wieder. Dargestellt werden jeweils der Gebrauch der Sprachen im Alltag, die ersterworbene(n) Sprache(n) und die selbsteingeschätzte Kompetenz in den Sprachen. Es folgt der Sprachgebrauch in verschiedenen Domänen: Familie, Freunde, Arbeitsplatz, Gemeindebehörden und Schule. Ein Teilkapitel ist den Veränderungen der Bevölkerungsstruktur durch Wegzug, Zuzug, Pendeln, Veränderungen der Nutzung (z. B. touristische Nutzung an Stelle von landwirtschaftlicher) und weitere Faktoren gewidmet. Dann wird die Frage nach dem Lernen des Rätoromanischen als L2 gestellt; sie betrifft im Wesentlichen Zugezogene, die teilweise aus Südtirol, teilweise aus der Deutschschweiz stammen. Ein weiteres Teilkapitel behandelt die Einstellungen: Wichtigkeit der Sprachen und emotionale Bindungen an sie. In Teilkapitel 5 wird eine vergleichende Synthese der einzelnen Ortschaften dargestellt, während Teilkapitel 6 sich den Zukunftsaussichten des Romanischen und dem Rumantsch Grischun zuwendet, das kontrovers beurteilt wird. In der Zusammenfassung (138) kommt die Autorin zum Schluss, dass die Zukunftsaussichten des Rätoromanischen durch die Präsenz des Romanischen in den einzelnen Gemeinden geprägt sei: je präsenter das Romanische, umso eher wird es eine Zukunft haben. Uneins sind sich die Befragten über die Rolle der Behörden - Romanen erwarten, dass der Kanton handelt, Deutschsprachige dagegen zählen auf die Eigeninitiative der Romanen. Kapitel IV von Mathias Picenoni behandelt die «Regioni del territorio di lingua italiana» (139-200). Als italienische Regionen werden das Puschlav (Val Poschiavo), die Moesa bestehend aus der Val Calanca und dem Misox und das Bergell (Val Bregaglia) betrachtet. Die drei Regionen weisen unterschiedliche Bedingungen auf. Das Puschlav (bestehend aus den Gemeinden Poschiavo und Brusio) öffnet sich gegen das Veltlin, ist also ans italienische Sprachgebiet angeschlossen. Entsprechend dominiert das Italienische als Hauptsprache in beiden Gemeinden mit über 90 %. Spannungsreich ist das Verhältnis von Standarditalienisch und lokalen Dialekten, die sich in einer diglossischen Situation befinden, wobei in Poschiavo der Dialekt präsenter ist als in Brusio; aber auch in Poschiavo sind Tendenzen zur Vermeidung des Dialektes in der Familie zu finden. Bei den jüngeren Befragten in Poschiavo stellt der Autor fest, dass dieser Ort für sie ihr Zentrum darstellt und damit auch der lokale Dialekt zentral ist; das gilt nicht für Brusio. Die älteren Befragten sehen auch in Poschiavo, dass das Deutsche aus ökonomischen Gründen unabdingbar ist. Das Deutsche tritt deswegen vor allem im Beruf in beiden Ausprägungen (Standard und Dialekt) zu je etwa 20 % auf; das Romanische spielt nur eine geringe Rolle. Insgesamt weisen die beiden Gemeinden unterschiedliche Situationen auf und die ältere Generation unterscheidet sich von der jüngeren. Die Moesa weist zwei unterschiedliche Täler auf: das Calancatal mit einem deutlich höheren Anteil an Deutschsprachigen als die Mesolcina, die stärker auf das Tessin ausgerichtet ist, was den höheren Anteil an Italienischsprachigen erklärt. Das Rätoromanische spielt hier keinerlei signifikante Rolle. Dagegen ist wiederum das Verhältnis von Dialetto und Standarditalienisch interessant - hier unterscheidet sich etwa der Ort Mesocco mit einem zunehmenden Dialektgebrauch von den andern Orten. Überhaupt ist die Diglossie mit Dialetto als informaler und Italienisch als formaler Sprache recht fest. In der Mesolcina werden Deutschsprachige eher integriert als im Calancatal. In der Synthese stellt der Autor fest, dass die Einwohner der Moesa eine Art doppelte Kantonszugehörigkeit aufweisen - rechtlich und politisch gehören sie zu Graubünden, kulturell und sprachlich eher zum Tessin. Das Bergell als dritte Region (mit einer Gesamteinwohnerzahl von 1503 im Jahre 2000! ) war schon Gegenstand einer ausführlichen Studie von Bianconi 3 . Es zeigt eine mehrspra- 226 Besprechungen - Comptes rendus chige Situation, mit einer Dominanz des Italienischen als Hauptsprache (je nach Ort zwischen zwei Drittel und achtzig Prozent) und dem Deutschen (zwischen einem Drittel und knapp dreizehn Prozent). In formalen Situationen wird mehr Italienisch und weniger Bergeller Dialekt gesprochen, in der Familie ist es umgekehrt; in beiden Domänen wird eher Schweizerdeutsch als Hochdeutsch verwendet; im Berufsleben ist das Deutsche in beiden Formen wichtig. Man hat es also mit einer doppelten Diglossie-Situation zu tun, wobei die deutsche Diglossie klar minoritär ist. Die Diglossie Italienisch-Bergeller Dialekt ist je nach Ort unterschiedlich ausgeprägt; der Dialekt ist zwar im Rückgang begriffen, gilt aber als Bergeller Identitätszeichen. Das Romanische hingegen ist als Hauptsprache nicht sehr präsent; Bergeller Dialekt und engadinisches Putèr gelten jedoch als gegenseitig leicht verständlich, und so spielt das Romanische im Verkehr mit dem Engadin eine Rolle. Ebenso wird das Lombardische im Verkehr mit Arbeitskollegen aus dem angrenzenden Italien verwendet. Im fünften Kapitel behandelt M. Picenoni «Casi particolari dell’italofonia» (201-32), nämlich Maloja und Bivio. Maloja gehört zwar politisch zum Bergell, befindet sich aber jenseits des Passes mit Blick aufs Engadin. Von den 240 Einwohnern (2000) zählen sich rund die Hälfte zur italienischen Sprachgruppe und rund ein Drittel zur deutschen. Fragebogen und Interviews zeigen, dass fast alle Einwohner mehrsprachig sind und dass überwiegend die Dialektformen verwendet werden. Als zentral für die Stützung des Italienischen kann die Schule gelten, die auch deutschsprachige Familien zum Gebrauch des Italienischen motiviert, was sich allerdings auch negativ auf den Gebrauch des Bergellischen auswirkt. Das Romanische wird von den Befragten nur schlecht gekannt und insgesamt nur wenig gebraucht - Maloja ist also eher zweials dreisprachig. Maloja befindet sich als kleine Gemeinde mit zwei Sprachgruppen allerdings insgesamt in einer kritischen ökonomischen und sozialen Situation, die zu Konflikten führen kann. Bivio - mit 204 Einwohnern (2000) etwa gleich gross wie Maloja - unterliegt einer klaren Tendenz zur Germanisierung (mit über fünfzig Prozent Deutsch als Hauptsprache gegenüber rund dreissig Prozent Italienisch und etwa einem Achtel Rätoromanisch in der Volkszählung 2000). Die vorliegende Untersuchung zeigt aber, dass rund zwei Drittel der Einwohner mehrsprachig sind und rund ein Drittel Deutsch, Italienisch und Romanisch in ihrem Repertoire haben. Die Primarschule findet auf Italienisch statt; die Sekundarschule in Savognin dagegen auf Deutsch; das Rätoromanische ist in der Schule vor allem auf dem Pausenplatz präsent und wird durch den Kontakt mit dem Tal gefördert. Da die meisten Schülerinnen und Schüler aber deutscher Muttersprache sind, wird dieses Modell in Frage gestellt. Für den Berufsbereich sind die deutschen Varietäten unabdingbar. Die «Sprachinselmentalität», die Kristol noch feststellen konnte, scheint der Vergangenheit anzugehören; der romanische Dialekt von Bivio ist bei den Jüngeren verschwunden. Er scheint ersetzt zu werden durch das Romanische des Tales, gefördert von der Zusammenarbeit im Schulbereich. Im 6. Kapitel (233-50) behandelt Thomas Gadmer «Orte des deutschen Sprachgebietes». Ausgewählt wurden drei Orte: Vals, St. Peter und Klosters. Vals ist eine Walser Gemeinde in rätoromanischsprachigem Umfeld, versteht sich aber im Wesentlichen als deutschsprachige Minderheit. Das Rätoromanische ist hier «schlicht nicht existent» (237), das Italienische wird in der Schule gelernt, aber kaum gebraucht. Gesprochene Sprache ist fast durchwegs Schweizerdeutsch. St. Peter ist ein kleines Dorf im Schanfigg, mit Einflüssen von Walser und Churer Dialekt, ohne klaren lokalen Dialekt. Ein praktisch rein deutschsprachiges Dorf, vergleichbar «einem beliebigen Ort der deutschsprachigen Ostschweiz» (243), mit einem auch durch Pendler bedingten Einfluss von Chur. Italienisch wird als Lingua 227 Besprechungen - Comptes rendus 3 S. Bianconi, Plurilinguismo in Val Bregaglia, Bellinzona 1998. franca mit italienischen und portugiesischen Bauarbeitern verwendet. Der Walserort Klosters ist mit 3890 Einwohnern (2000) ein lokales Zentrum mit touristischer Funktion. Auch dieser Ort ist klar deutschsprachig, Romanisch ist «marginal vertreten» (247). Als Fremdsprachen sind die Sprachen der «Gäste» wichtig - das sind Englisch und Hochdeutsch. Der Vereinatunnel verbindet Klosters zwar verkehrstechnisch mit dem Unterengadin, aber ohne Kontakte zu verstärken. Das Kapitel ist anders strukturiert als die vorausgehenden. In der Synthese wird generelles Verständnis für die Dreisprachigkeit des Kantons erwähnt, ohne dass aber die Deutschsprachigen für sich selbst ein Handlungsbedürfnis verspüren würden. Das 7. Kapitel ist Chur gewidmet: «Chur - Hauptstadt des dreisprachigen Kantons Graubünden» (251-262). Verfasst wurde es von R. Cathomas, M. Grünert und M. Picenoni. Es beruht auf einer früheren Publikation und enthält deswegen einige Wiederholungen, so etwa im Abschnitt über die Zahlen der Eidgenössischen Volkszählungen. Sie zeigen, dass Personen mit Deutsch als Hauptsprache etwa 80 % erreichen, Italienisch und Rätoromanisch sind beide bei etwas über fünf Prozent. Gebraucht werden diese beiden Sprachen allerdings deutlich mehr (Rätoromanisch rund 10 Prozent, Italienisch rund 20 Prozent) und Deutsch wird praktisch von allen gebraucht. Mehr Raum wird dann den Minderheitensprachen und ihrer «Reproduktion» gewidmet. Die Ergebnisse von Interviews zeigen, dass die Einschulung der Kinder von Familien, in denen die Minderheitensprachen gesprochen werden, als einschneidend empfunden wird: das Schweizerdeutsche dringt in die Familien ein und ersetzt die Minderheitensprache. Entsprechend zeigen dann auch die Fragebogen, dass sich die erste Generation der Einwanderer mit Minderheitensprachen ihrer Herkunftssprache zugehörig fühlen, während die zweite Generation sich entweder als beiden Gruppen zugehörig oder nur als Schweizerdeutschsprechende betrachten.Vereine der Minderheitensprachen (z. B. rätoromanische Chöre) bestehen praktisch nur aus Einwanderern der ersten Generation; sie haben «keine Bedeutung» für die Weitergabe der Minderheitensprachen (259). Ein kurzes Teilkapitel ist der zweisprachigen Schule in Chur gewidmet. Sie kann allerdings nicht verhindern, dass das Schweizerdeutsche für die Kinder zur Hauptkommunikationssprache wird. Das letzte, achte Kapitel «Die Sprachen auf institutioneller Ebene» (263-386) von Matthias Grünert ist praktisch eine eigene Monographie, die auf mehreren Datenquellen beruht. Zunächst wird die Auswertung einer Befragung mittels E-Mail und von Interviews, die der Autor auf Deutsch, Italienisch oder Romanisch geführt hat, dargestellt. Beteiligt waren: Kantonale Verwaltung, Kantonale Gerichte, Bündner Kantonalbank, Rhätische Bahn und Bündner Gebäudeversicherung. Der Schwerpunkt dieser Institutionen liegt in Chur; deswegen stammen auch weitaus die meisten der beantworteten Fragebogen aus Chur. Inhaltlich ist dieses Kapitel überaus reich und detailliert gestaltet. Formal unterscheidet es sich von den andern Kapitel durch eine grosse Anzahl von Zitaten aus den Interviews, die die Lektüre sehr lebendig gestalten. Behandelt werden die folgenden Themen: die Präsenz der Sprachgruppen in den kantonalen Institutionen, die Sprachkompetenzen in den Kantonssprachen als Erst- und Zweitsprachen, die Kommunikation am Arbeitsplatz und die Wahl der Arbeitssprache, die mündliche Kommunikation nach aussen, die Korrespondenz aus der Sicht der Verfasser und der Empfänger (hier wird eine Befragung der Gemeindeverwaltungen beigezogen), die Textsorten der kantonalen Institutionen und ihre Internetauftritte. Ein eigenes Teilkapitel ist den Einstellungen zum Rumantsch Grischun gewidmet; ein weiterer Abschnitt sammelt die Aussagen zur Dreisprachigkeit und zu Minderheitenfragen. Abgeschlossen wird dieses Kapitel mit einer Zusammenfassung. Das Hauptergebnis lässt sich wie folgt zusammenfassen: die dominierende Sprache ist Deutsch. Das Italienische hat einen stärkeren Stellenwert und ist sicht- und hörbarer als das Rätoromanische, das zwar durchaus verwendet wird, aber eher im mündlichen, als im schriftlichen Bereich. Grünert 228 Besprechungen - Comptes rendus identifiziert hier eine «Aussendiglossie» mit Rätoromanisch als mündlicher und Standarddeutsch als schriftlicher Sprache. Das Rumantsch Grischun findet im rätoromanischen Gebiet deutlich weniger Zustimmung als in den andern Gebieten. Schliesslich identifiziert der Autor zwei unterschiedliche Haltungen zur Dreisprachigkeit: die positive, auf Kohäsion und Gleichberechtigung pochende, und eine utilitaristische, die primär den kommunikativen Nutzen der Sprachen sieht und die Kosten der Dreisprachigkeit als unnötig betrachtet. Der Band schliesst mit einem kurzen Schlusskapitel, das auch auf Rätoromanisch und Italienisch abgedruckt ist. Die entscheidende Einsicht ist wohl, dass die Bündner Sprachenlandschaft zweigeteilt ist: in einen deutschen und einen italienischen Teil. Das rätoromanische Gebiet ist in das deutsche «integriert» (395). Die amtliche Politik der «Erhaltung und Förderung» des Rätoromanischen (so Artikel 3, Absatz 1 der Kantonsverfassung) «ist in der Gruppe der Hauptadressaten mit einer ungenügenden Akzeptanz konfrontiert» (396). Anders und so nicht im Band formuliert: das Territorialitätsprinzip mit seiner Vorstellung vom monolingualen Menschen macht der Mehrsprachigkeit Platz, die für einen grossen Teil der Romanischsprachigen Alltag ist. Das Buch ist das Ergebnis eines umfassenden Blicks auf die Bündner Sprachsituation; es ist das erste seiner Art und deswegen für die Forschung äusserst willkommen. Es zeichnet ein sehr detailliertes Bild der Bündner Dreisprachigkeit. Das ist einerseits sehr verdienstvoll, erlaubt es doch, vorschnelle Generalisierungen zu vermeiden - so zeigt etwa das Kapitel über die romanischen Ortschaften, dass durchaus lokale Unterschiede bestehen, die sich auf die Zukunftsaussichten des Rätoromanischen auswirken können.Anderseits geht in der Fülle der Details der Blick aufs Ganze manchmal verloren. Man muss sich jedoch klar machen, dass der Kanton auf Grund seiner Geographie sehr schwer fassbar ist - die einzelnen Täler, die Pässe, das Strassen- und Bahnnetz stellen für die verschiedenen Ortschaften sehr unterschiedliche Bedingungen dar, die durch politische Grenzziehungen und religiöse Zugehörigkeiten noch verstärkt werden. Unterschiedliche Nutzungen wie Landwirtschaft, Tourismus und Industrie führen zu unterschiedlichen kommunikativen Bedürfnissen und deren Deckung. Die Auswahl der untersuchten Orte spiegelt das Dilemma der Forschenden - das Oberengadin, Paradebeispiel einer vielsprachigen Zone, in der es keine dominierende Hauptsprache (mehr) gibt, wird ausgeklammert. Zwar erhält Chur ein eigenes Kapitel, aber die urbaneren Orte des Kantons wie Davos, Domat/ Ems und etwa die ganze Bündner Herrschaft bleiben ausgespart. Stattdessen werden dörfliche kleine Gemeinden mit einer überblickbaren Struktur untersucht, von denen es zugegebenermassen sehr viele gibt. Damit wird ein kumulatives System von monolingualen Ortschaften als Grundlage genommen und gerade nicht die gesellschaftliche Mehrsprachigkeit als Ganzes abgebildet. Das zugrundeliegende Forschungsprojekt kombinierte qualitative und quantitative Methoden - allerdings durchwegs Formen der Befragung. Es wurden keine zusätzlichen Instrumente oder Erhebungsmethoden verwendet. Mit den schriftlichen Fragebögen wurde insgesamt eine grosse Menge an Material gesammelt; bei der Auswertung bleiben die Autoren jedoch bei bloss deskriptiven Aussagen (meistens in Prozentzahlen, die bei den teilweise dann doch sehr geringen Grundgesamtheiten wenig Sinn machen). Als einzige unabhängige Variable wird jeweils das Alter angenommen und in der Gegenüberstellung von drei Altersgruppen dargestellt. Das Geschlecht als sicherlich interessante Variable, gerade wenn es um die Weitergabe von Sprachen geht, wird nirgends thematisiert. Auch der sozioökonomische Status oder die Bildungsstufe (nach allen Erkenntnissen zentral für Sprachkompetenzen) bleiben ausgeklammert. Beim Kapitel über Chur fragt man sich, warum hier nicht andere Untersuchungsformen miteinbezogen wurden; im kleinen Teilkapitel über die Sprachen im öffentlichen Raum hätte sich der Linguistic-Landscape-Ansatz aufgedrängt - wer Chur besucht, kommt nicht umhin, die Präsenz der Sprachen im öffentlichen Raum wahrzunehmen. 229 Besprechungen - Comptes rendus Soweit wir sehen können, fehlt eine Auseinandersetzung mit den Sprachenartikeln der Kantonsverfassung von 2003. Zwar ist die Verfassung ein normativer Text und die Aufgabe des Forschungsprojektes war es, die tatsächlichen Verhältnisse festzuhalten. Dennoch hätte der normative Text den Blick auf die Wirklichkeit kritisch schärfen können. Die grosse Menge von Tabellen im Text wird leider nur schlecht erschlossen: es gibt keine Tabellentitel. Hinzu kommt, dass die Formatierung der Tabellen nicht in allen Kapiteln gleich ist. Einzelne Tabellen im Kapitel über die italienischen Gebiete hätten so nicht publiziert werden dürfen (etwa p. 163 unten oder p. 169). Prozentangaben erscheinen manchmal mit Kommata, manchmal mit Punkten. Einzelne Tabellen sind in ihrer Informationsfülle schlicht nicht lesbar (etwa p. 45-49 oder p. 50s.). Im ausführlichen achten Kapitel werden teilweise Prozentzahlenvergleiche in den Text integriert, was der Lesbarkeit schadet (etwa p. 267). Die grosse Fülle der Informationen im gesamten Text hätte durch ein Sachregister erschlossen werden können - darauf wurde leider verzichtet. Druckfehler sind zwar kaum zu finden, ein recht peinlicher erscheint aber auf der Karte 9 im Anhang, wo der Sprachname «Italiensich» zu finden ist (der im übrigen aus der Internetquelle stammt, von der die Karte heruntergeladen wurde). Insgesamt aber legen die Autoren ein Werk vor, das die Bündner Dreisprachigkeit in einer umfassenden Art und Weise darlegt und der weiteren Forschung äusserst nützliche Dienste leisten kann. Iwar Werlen Linguistique romane générale - Allgemeine romanische Sprachwissenschaft Eugenio Coseriu, Lateinisch - Romanisch. Vorlesungen und Abhandlungen zum sogenannten Vulgärlatein und zur Entstehung der romanischen Sprachen. Bearbeitet und herausgegeben von Hansbert Bertsch, Tübingen (Narr) 2008, xx + 484 p. Der vorliegende Band zum Vulgärlatein eröffnet eine Schriftenreihe des Gunter Narr Verlags, die dem Tübinger Eugenio Coseriu-Archiv dazu dienen soll, sowohl Schriften aus dem Nachlass des Forschers als auch sonstige in Verbindung mit dem Archiv entstehende und entstandene Arbeiten zu publizieren. Mit dem Vulgärlatein wurde für den ersten Band gleich ein Thema gewählt, mit dem sich Coseriu seit den fünfziger Jahren immer wieder intensiv und aus verschiedenen Blickwinkeln auseinandersetzte. Hansbert Bertsch, der Herausgeber, dem wir diese Bearbeitung und Zusammenstellung - und zum Teil auch Übersetzung - veröffentlichter Texte und Manuskripte verdanken, ist als Schüler Coserius mit dessen Arbeiten bestens vertraut. In seiner Einleitung (xiii-xx) weist Bertsch darauf hin, wie wegweisend vor allem das in der Vorlesung Apuntes de la evolución de la lengua enthaltene und 1954 veröffentlichte Kapitel zum Vulgärlatein für die romanische Sprachwissenschaft war. Coserius Arbeiten zum sogenannten Vulgärlatein und zur Entstehung der romanischen Sprachen sind auch heute noch keineswegs überholt, wodurch ein Sammelband mit seinen wichtigsten Schriften eigentlich keiner besonderen Rechtfertigung bedarf, aber auch die wieder intensiver gewordene Beschäftigung mit den oben genannten Themen in einer Reihe von Publikationen 1 in den letzten Jahren ließ ein solches Unternehmen wünschenswert erscheinen. Wie bereits der Titel verrät, geht es in dieser umfassenden Darstellung nicht nur um das sogenannte Vulgärlatein, sondern vor allem auch um die Entstehung der romanischen Spra- 230 Besprechungen - Comptes rendus 1 LRL 2, um nur ein Beispiel zu nennen. chen. Zunächst aber wird in dem Kapitel Latein: Seine Stellung als indogermanische Sprache - Wesentliche Strukturmerkmale und Grundzüge seiner Entwicklung (1-26) auf das Lateinische im Allgemeinen eingegangen. Dieser aus dem Jahre 1952 stammende Text beginnt mit der heutigen Verbreitung der romanischen Sprachen und gibt dann einen kurzen aber prägnanten historischen Überblick über die Anfänge und die Entwicklung des Lateins. Auch die wichtigsten Merkmale und Eigenschaften dieser Sprache werden angesprochen, sowie die konstituierenden Elemente: ererbte indogermanische Wörter, Entlehnungen aus dem Substrat und Adstrat (mediterrane Sprachen, Etruskisch, Griechisch, italische Sprachen und Keltisch), lateinische Ableitungen, Zusammensetzungen und Neuschöpfungen; aristokratische vs volkssprachliche Elemente. Es erscheint in der Tat sehr sinnvoll, wenn nicht gar notwendig für das Verständnis der nachfolgenden Kapitel, diesen Text vorauszuschicken. Außerdem unterstreicht er die Notwendigkeit, romanische und lateinische Sprachwissenschaft nicht von einander zu trennen, wenn es um die Entstehung der romanischen Sprachen geht - ein Prinzip, das Coseriu immer am Herzen gelegen hatte. Es folgt ein unveröffentlichter Text zum Vulgärlatein (27-39) aus dem Jahre 1951-52, der bereits alle Kernpunkte dessen enthält, was in den folgenden Kapiteln genauer angesprochen wird (Literatursprache vs Umgangssprache, Fixierung des klassischen Lateins vs Kontinuität der mündlichen Überlieferung, innere Differenzierung der Sprache nach regionalen, sozialen und stilistischen Aspekten, Sprache nicht als kompakter und homogener Organismus, sondern als Nebeneinander verschiedener Sprachebenen und als chronologische Entwicklung). Das folgende Kapitel, Das sogenannte Vulgärlatein und die ersten Differenzierungen in der Romania (40-105) 2 , versteht sich, laut Untertitel, als Eine kurze Einführung in die romanische Sprachwissenschaft. Es beginnt mit einem kurzen Überblick über die verschiedenen Auffassungen des Begriffs «Vulgärlatein» seit Friedrich Diez. Hier kritisiert Coseriu vor allem die Vorstellung, das Vulgärlatein sei eine andere, vom Latein zu unterscheidende Sprache. Im Anschluss definiert er seine eigene Auffassung des Begriffs. Dazu betont er zunächst, dass das Lateinische nie ganz einheitlich war, sondern zu jeder Zeit diatopische, diastratische und diaphasische Unterschiede aufwies (so kann man laut Coseriu etwa zwischen einem literarischen Latein, einem gesprochenen literarischen Latein, einem bäuerlichen Latein, einem Latein der mittleren Schichten und einem von den Italikern, also den Völkern außerhalb Latiums, gesprochenen Latein unterscheiden). Wie in jeder historischen Sprache gab es auch im Lateinischen Unterschiede zwischen gesprochener und geschriebener Sprache. Während sich das klassische Latein nun zu einem bestimmten Zeitpunkt (bzw. im Zeitraum zwischen dem 2. Jahrhundert v. Chr. und ca. 50 n. Chr., also etwa dem Ende der Herrschaft Augustus’) fixierte und danach keine weitere Neuerungen mehr aufnahm, entwickelte sich das mündlich überlieferte Latein in allen Bereichen der Sprache weiter. Die Unterschiede zum klassischen Latein finden sich sowohl im Wortschatz als auch in der Phonetik, der Morphologie und der Syntax. Das den romanischen Sprachen zugrunde liegende Latein ist nun eben diese, Vulgärlatein genannte, mündlich überlieferte Gemeinsprache des römischen Imperiums, die sich ab dem 2. Jahrhundert n. Chr. rasant weiterentwickelte. Somit besteht auch ein chronologischer Unterschied zwischen klassischem Latein und Vulgärlatein, da letzteres zwar auch archaische und klassische Elemente enthält, es aber erst nach dem ersten nachchristlichen Jahrhundert die Ausprägung erfuhr, die den romanischen Sprachen zugrunde liegt. Diese Sprache wies nun zwar bereits beträchtliche diatopische, diastratische und diaphasische Unterschiede in den verschiedenen Teilen des 231 Besprechungen - Comptes rendus 2 E. Coseriu, El llamado latín vulgar y las primeras diferenciaciones romances. Breve introducción a la lingüística románica, Montevideo 1954. Imperiums auf, war aber dennoch bis zu einem gewissen Grad noch allgemein verständlich. Ab dem 6./ 7. Jahrhundert kann man dann jedoch nicht mehr von einer gemeinsamen lateinischen Sprache, sondern von romanischen Varietäten sprechen. Was nun die Ausgliederung der Romania und die innere Differenzierung der romanischen Sprachen betrifft, so führt Coseriu eine Reihe von Gründen an. Es handelt sich dabei um innere (die Tatsache, dass das Latein nie ganz einheitlich war) und äußere Faktoren (die Bedingungen, unter denen sich die Romanisierung der Provinzen vollzog). Bei letzteren handelt es sich um die verschiedenen Zeiten, zu denen die Provinzen romanisiert wurden, die Substrate, die das Latein in den verschiedenen Provinzen überlagerte, der unterschiedliche Rhythmus und die unterschiedliche Intensität der Romanisierung in den verschiedenen Gebieten, die Unterschiede in der Bevölkerungsdichte in den eroberten Gebieten, die sozialen und ethnischen Unterschiede zwischen den Kolonisten verschiedener Provinzen (die nicht alle aus derselben sozialen Schicht stammten und nicht alle Latiner waren), und schließlich die verschiedenen Romanisierungsströme, die von verschiedenen Zentren ausgingen und nicht alle dieselbe Reichweite hatten. Alle diese Faktoren müssen berücksichtigt werden, wenn sie auch nicht in allen romanischen Sprachen dieselbe Bedeutung und dieselben Auswirkungen hatten. Den Kernteil des Bandes bildet das Kapitel Das Vulgärlatein und die Entstehung der romanischen Sprachen (106-328). Es basiert auf den Bonner und Tübinger Vorlesungen (1961/ 62 und 1965) und ist, nach einigen Vorbemerkungen zur Terminologie (106-8), in denen sich hilfreiche Erklärungen zu von Coseriu verwendeten Begriffen wie historische und funktionelle Sprache, Architektur der Sprache, System, Norm und Struktur finden, in zehn Unterkapitel aufgeteilt. Im ersten, «Vulgärlatein» (108-14), kommt er nochmals auf die Definition des Begriffs und auf das Verhältnis zwischen Latinität und Romanität zu sprechen. Im zweiten Unterkapitel («Latein - eine ‹historische› Sprache», 115-29) geht Coseriu zunächst auf die Gemeinsamkeiten und Unterschiede zwischen klassischem und Vulgärlatein ein. Er betont sodann, wie bereits in früheren Schriften, dass es sich beim Vulgärlatein nicht um eine einheitliche funktionelle Sprache handelt, sondern um einen Komplex verschiedener Traditionen (klassisches geschriebenes Latein, klassisches gesprochenes Latein, Latein der mittleren Schichten, von der Landbevölkerung in Latium gesprochenes Latein, von den Italikern gesprochenes Latein, Provinzlatein und «Romanisches Latein», d. h. das aufgrund der romanischen Sprachen rekonstruierte Latein), der von den romanischen Sprachen fortgesetzt wird. Darauf weist Coseriu im folgenden und auch in späteren Texten immer wieder hin. Zudem muss zwischen dem Vulgärlatein der Romanisten und jenem der Latinisten unterschieden werden. Für letztere sind all jene Formen «vulgär», welche zum einen in den Texten belegt und zum anderen nicht klassisch sind, während das von den romanischen Sprachen fortgesetzte Vulgärlatein zahlreiche klassische Elemente enthält, sowie viele nicht in den Texten belegte Elemente, aber keine nicht klassischen, in den Texten belegte Elemente, die nicht von den romanischen Sprachen fortgesetzt werden. Was die Epoche des Vulgärlateins anbelangt, so betont Coseriu, dass dieses erst nach der Fixierung des klassischen Lateins auftritt; vor dieser Periode kann man zwar von einem umgangssprachlichen Latein sprechen, aber noch nicht von dem in den romanischen Sprachen fortgesetzten Vulgärlatein. In letzterem finden sich zwar Formen, die bereits im archaischen Latein vorkamen. Dass sie später aber massiv auftraten und klassische Formen ersetzen konnten, erklärt sich ausschließlich aus den historischen Bedingungen der nachaugustäischen Zeit (allen voran die Tatsache, dass das Zentrum, Rom, immer mehr an Bedeutung verlor zu Gunsten der Provinzen), und die eine sehr rasche Weiterentwicklung und Ausdifferenzierung des Vulgärlateins ermöglichten. Das bedeutet nicht, wie uns Coseriu in einem Beispiel vor Augen führt, dass Formen wie formosus und bellus, die in den romanischen Sprachen fortgesetzt wurden, jünger sind als pulcher, welches nicht bewahrt wurde (sie können sogar älter 232 Besprechungen - Comptes rendus sein), sondern nur, dass das Ausscheiden von pulcher zu Gunsten von formosus bzw. bellus eine jüngere sprachliche Entwicklung ist. Das dritte Unterkapitel ist dem Literarischen Latein (129-37) gewidmet. Hier wird nochmals auf seine typischen Charakteristika (erstarrtes Sprachsystem, eine Sprache schriftlicher Überlieferung) eingegangen, sowie auf die Tatsache, dass diese Form des Lateins zwar in der Spätantike und im Mittelalter weiterverwendet wird, aber keine allgemeinen systematischen Neuerungen mehr aufnimmt und keine eigene Norm besitzt. Im vierten Unterkapitel, Weitere Präzisierungen (137-47), erklärt Coseriu das bisher gesagte noch einmal an anschaulichen Beispielen und auch anhand der Arealnormen Bartolis 3 . Es folgt eine Darstellung und Kritik anderer Theorien zu diesem Thema im fünften Unterkapitel, Andere Auffassungen des «Vulgärlateins» (147-67). Coseriu wählt fünf für die verschiedenen Theorien repräsentative Typen 4 , die er auf sehr klare und verständliche Weise erklärt und bewertet. Es werden auch bei jeder Theorie die annehmbaren Ansätze hervorgehoben. Im sechsten Unterkapitel geht Coseriu auf das Problem der Rekonstruktion ein (167-77). Es geht dabei nicht darum, ein Urromanisch zu rekonstruieren, da ja die Grundsprache, das Latein, bekannt ist; eine solche Rekonstruktion wäre auch problematisch, da die vergleichende Methode das nicht ermöglicht und eine Bestätigung der rekonstruierten Formen durch die Texte auch nicht als Bestätigung der rekonstruierten Sprachen gilt. Vielmehr gilt es, bestimmte sprachliche Formen zu rekonstruieren, was für die gesamte Grundlegung der romanischen Sprachwissenschaft unabdingbar ist. Das siebte Unterkapitel beschäftigt sich mit dem Einfluss des klassischen Lateins und der schriftlichen Überlieferung (177-98), denn zweifelsohne bildet das Vulgärlatein die Grundlage der romanischen Sprachen, doch muss man auch all den Latinismen, gelehrten Entlehnungen und, in gewissem Maße, auch grammatikalischen Verfahren und Instrumenten (Morphemen) Rechnung tragen, die alle romanischen Sprachen - mit Ausnahme des Rumänischen, das keine mittelalterlichen und humanistischen Latinismen kennt - aufweisen. Coseriu spricht hierbei in Anlehnung an das Spanische von «Kultismen». Das jahrhundertelange Nebeneinander von Lateinisch und Romanisch begünstigte natürlich Entlehnungen - und zwar in beide Richtungen -, zumal diese beiden Sprachen im Bewusstsein der Sprecher lange Zeit nicht als zwei verschiedene Sprachen angesehen wurden, sondern lediglich als zwei Sprachstufen derselben Sprache. Für Coseriu ist der Einfluss der Literatursprache, also des Lateins, auf die romanischen Sprachen auf jeden Fall zu beachten, und zwar in Wortschatz, Wortbildung und Grammatik, auch wenn man nicht immer mit Sicherheit feststellen kann, ob es sich bei einer Form um einen Kultismus handelt oder nicht. Die Folgen dieses Einflusses kann man auf den Gebieten der Phonetik, der Grammatik und des Wortschatzes beobachten. Das Unterkapitel 8 beschäftigt sich mit dem Sprachwandel: «Vulgärlateinische» Grundlage der romanischen Sprachen (198-247). Coseriu gibt hier als erstes einen Überblick über seine Theorie des Sprachwandels 5 , um dann auf den Fall des Vulgärlateins im speziellen einzugehen. Im Unterkapitel 9, Die historischen Bedingungen der Entstehung und Entwicklung 233 Besprechungen - Comptes rendus 3 M. Bartoli, Introduzione alla neolinguistica, Florenz 1925. 4 C. H. Grandgent, Introduction to Vulgar Latin, Boston 1907; M. Krˇ epinsky´, «Romanica II. La naissance des langues romanes et l’existence d’une période de leur évolution commune (latin vulgaire, période romane)», in: R. Kontzi (ed.), Zur Entstehung der romanischen Sprachen, Darmstadt 1978: 301-65; H. F. Muller, A Chronology of Vulgar Latin, Halle/ S. 1929; A. Meillet, Esquisse d’une histoire de la langue latine, Paris 2 1931; R. A. Hall, «The Reconstruction of Proto-Romance», Language 26 (1950): 6-27. 5 E. Coseriu, Synchronie, Diachronie und Geschichte. Das Problem des Sprachwandels, München 1974. des sogenannten Vulgärlateins (247-72), werden anschließend die Faktoren untersucht, die die besondere Art der Sprachveränderungen und ihre beschleunigte Entwicklung zur Zeit des Vulgärlateins ermöglichten. Es handelt sich hierbei laut Coseriu zum einen um die zunehmende Dekadenz der römischen Sprachtradition, den Verfall der lateinischen Kultur und das Fehlen eines Zentrums, zum anderen um historische Bedingungen wie den jeweiligen Substrateinfluss, den mündlichen Charakter des Vulgärlateins, den osko-umbrischen Einfluss, den griechischen Einfluss, das Christentum und nicht zuletzt den germanischen Einfluss. Im letzten Abschnitt dieses großen Kapitels, Charakterisierung des «Vulgärlateins»: allgemeine Isoglossen (272-323), wird der Typus der romanischen Systems sehr genau untersucht und beschrieben, worauf hier nicht näher eingegangen werden soll, da dies den Rahmen dieser Besprechung sprengen würde. Erwähnt sei noch die nützliche Platzierung der Bibliographie zur Vorlesung von 1965 im Anschluss an dieses Kapitel (324-28), die aber auch in die Gesamtbibliographie integriert wurde. Im Kapitel Latein und Griechisch im sogenannten Vulgärlatein (329-39) erhält der Leser einen Einblick in dieses Forschungsprojekt Coserius 6 , mit dem er sich seit 1961 auseinandersetzte, und das vor allem von W. Dietrich weitergeführt wurde. Es soll den griechischen Einfluss auf das Vulgärlatein anhand von griechisch-romanischen Parallelismen in Wortschatz (vor allem in Form von Bedeutungsentlehnungen), Syntax und im Gebrauch des bestimmten Artikels unter Beweis stellen und hat letzten Endes die Ausarbeitung der Romania Graeca zum Ziel, wozu allerdings nach wie vor noch viele Untersuchungen nötig sind. Es folgen zwei Texte zur Erforschung des Verhältnisses zwischen Vulgärlatein und Rumänisch in der Frühgeschichte der romanischen Philologie: im ersten Artikel, Vulgärlatein und Rumänisch in der deutschen Tradition (340-45) 7 , geht Coseriu auf die Entdeckung der Latinität des Rumänischen und seiner Bedeutung für die Auffassung dessen, was «Vulgärlatein» ist, ein; der Aufsatz Griselini, das Rumänische und das Vulgärlatein (346-51) 8 stellt diesen Gelehrten des 18. Jahrhunderts und seinen Vergleich des Italienischen und des Rumänischen vor, durch den er zu der Theorie der lateinischen Volkssprache als Grundlage der romanischen Sprachen gelangt. In Das Vulgärlatein der Romanisten (352-58), einem im Jahre 2005 posthum veröffentlichten Genter Vortrag 9 , greift Coseriu seine bereits 1952 geäußerte und in den Vorlesungen von 1961/ 1965 ausführlich begründete (cf. supra) Auffassung des Begriffs wieder auf: das Vulgärlatein als gesamtes Diasystem des gesprochenen Lateins einer bestimmten Epoche, das sich in den romanischen Sprachen fortsetzt. Der beim ersten Kongress Latin vulgaire-latin tardif (1987) vorgetragene Beitrag Das Vulgärlatein und der romanische Sprachtypus (359-67) 10 fasst zum Abschluss dieses Bands die bereits in den Vorlesungen zum Vulgärlatein von 1961/ 1965 behandelten typologischen Unterschiede zwischen dem Latein und den romanischen Sprachen zusammen. Coseriu definiert hierfür zunächst den Begriff des Sprachtypus und zeigt anschließend, dass es sich bei 234 Besprechungen - Comptes rendus 6 E. Coseriu, «Griechisch und Romanisch», LRL 7 (1998): 121-34. 7 E. Coseriu, «Vulgärlatein und Rumänisch in der deutschen Tradition», in: S. Horl, Homenaje Rodolfo Grossmann, Frankfurt/ Main 1977: 337-46. 8 E. Coseriu, «Griselini, das Rumänische und das Vulgärlatein», in: Stimmen der Romania. Festschrift Elwert, Wiesbaden 1980: 537-49. 9 E. Coseriu, «Le latin vulgaire des romanistes», in: R. Van Deyck/ R. Sornicola/ J. Kabatek (ed.), La variabilité en langue. Les quatre variations, Gent 2005: 17-25. 10 E. Coseriu, «Le latin vulgaire et le type linguistique roman», in: Herman (Hg.), LVLT I (1987): 53-64. den romanischen Sprachen um einen neuen Sprachtypus handelt, was auch Grund für ihre bemerkenswerte Einheit ist. Am Ende des Bandes befinden sich eine sehr ausführliche Bibliographie sowie Namens-, Wort- und Sachindices, dank derer diese Kompilation von Vorlesungen, Vorträgen und Aufsätzen tatsächlich - wie vom Herausgeber angekündigt - zu einem Arbeitsinstrument sowohl für Studenten als auch für Fachleute wird. Nach eingehender Lektüre kann man nur bestätigen, dass dieser Band nicht nur für die Fachgeschichte von Bedeutung ist, sondern dass die Arbeiten Coserius auch nach wie vor von großer Aktualität sind. Gerade der eingangs dargestellte Überblick über Entwicklung und Merkmale der lateinischen Sprache und die Ausgliederung der Romania, aber auch die allgemeinen Überlegungen zu Sprachwandel und Sprachtypologie, machen das vorliegende Buch zu einer ausgezeichneten Einführung in die romanische Sprachwissenschaft, und es bleibt zu hoffen, dass dieser Band dazu anregt, sich mit den Schriften dieses Autors zu beschäftigen. Man wartet also mit Spannung auf weitere Veröffentlichungen Coseriu’scher Texte in den nächsten Jahren, wie etwa seine Aufsätze zur lateinischen und romanischen Koordination 11 und zum romanischen Futur 12 , oder aber auch die im Anschluss an die Vulgärlateinvorlesung gehaltene Vorlesung zur Entstehung der romanischen Sprachen (1967). Julia Alletsgruber ★ Marieke Van Acker/ Rika Van Deyck/ Marc Van Uytfanghe (ed.), Latin écrit - Roman oral? De la dichotomisation à la continuité, Turnhout (Brepols) 2008, 296 p. Die Untersuchung der Übergangsperiode vom Lateinischen zum Romanischen ist nach wie vor lohnenswert, zumal mit dem Fokus auf der Problematik «Schriftlichkeit vs. Mündlichkeit», da es sich hierbei um einen wichtigen Schlüssel zum Verständnis der Entstehungsgeschichte der romanischen Sprachen handelt. Die Zielsetzung des Sammelbandes, der in der ambitionierten Reihe des Corpus Christianorum (Lingua Patrum) erschienen ist, richtet sich auf die Betonung der Kontinuität und Variabilität beim Entstehungsprozess der romanischen Sprachen: «L’objectif principal de ce recueil est de proposer des pistes pour réintégrer dans le domaine de l’émergence des langues romanes les notions de continuité et de variabilité. Ce sont là des caractéristiques fondamentales de notre conception moderne de la langue, mais qui n’ont pas toujours été présentes dans les attitudes historiques envers la langue, d’où la forte tendance à la dichotomisation, caractéristique dominante du domaine de recherche qui se consacre à l’essor des langues romanes» (5). Die thematische Breite des behandelten Sujets, in seiner interdisziplinären Ausrichtung, ist in vier Abteilungen gegliedert: I. Réalités langagières et conceptualisations, II. Variabilité et codes écrits, III. Sur la ligne de faîte entre l’oral et l’écrit, IV. Évolution et continuité. Quelques aspects morpho-syntaxiques et lexicaux. Der erste Beitrag, in Form einer längeren Rezension, übt entschiedene Kritik am Vorgehen der generativistischen Schule bei der Analyse des vorliegenden Themenkomplexes. Michel Banniard weist anhand der Ergebnisse von Salvis Formazione della struttura di 235 Besprechungen - Comptes rendus 11 E. Coseriu, «Lateinische und Romanische Koordination», in: E. Coseriu, Sprache - Strukturen und Funktionen, Tübingen 1970: 89-110. 12 E. Coseriu, «Über das romanische Futur», in: E. Coseriu, Sprache - Strukturen und Funktionen, Tübingen 1970: 53-70. frase romanza 1 die Inadäquatheit der generativistischen Prämissen nach und fordert eine Vorgehensweise nach den Kriterien der Probabilität. Einen vergleichsweise großen Zeitraum überblickend schärft Banniard in Paramètres imaginaires et paramètres réels en diachronie longue: entre typologie et probabilisme du latin au roman den Blick für die Komplexität möglicher Ursachen bei einem typologischen Wandel (z. B. bei Klitisierung und Wortstellung). Das diasystematische Modell von Koch/ Oesterreicher 2 und die «Diglossie»-Interpretation von Lüdi 3 zugrundelegend, geht Peter Koch in seinem Beitrag Le latin - une langue pas tout à fait comme les autres? Le problème de la diglossie en Gaule septentrionale der Frage nach, auf welche Weise die linguistische Variation des Lateinischen die mündliche und schriftliche Kommunikation im Laufe der verschiedenen Phasen der Übergangsperiode prägt. Ein wichtiger Hinweis erscheint dabei, dass für die große Mehrzahl der Bevölkerung Nordfrankreichs eigentlich keine diglossische Situation bestand, da sie als Analphabeten keinen direkten Zugang zur Schriftsprache hatten. Koch zeigt plausibel, wie sich die vertikale Kommunikation ab ca. 650 und noch mehr ab 750 zunehmend verschlechtert, bis sie schließlich durch die karolingische Renaissance komplett unterbrochen wird. Um diesen Zustand beschreiben zu können, plädiert er für einen dynamischen Begriff der Diglossie in Erweiterung der Kriterien von Lüdi und entgegen dem ursprünglichen statischen Modell von Ferguson. In The Sources of Standardisation in French - Written or Spoken? untersucht Anthony Lodge die Komplexität des Prozesses der Sprachstandardisierung zwischen dem 10. und 14. Jahrhundert. Hierbei stellt er interessante Beobachtungen darüber an, wie das Bevölkerungswachstum der Stadt Paris in ursächlichem Zusammenhang mit dieser Entwicklung steht und die mündliche Kommunikation in den ersten Jahrhunderten die treibende Kraft war, da mit einem maßgeblichen Einfluss der Schriftsprache erst nach der Renaissance gerechnet werden kann. Einzelne Merkmale analysierend, zeigt er, wie sprachliche Regionalismen mit der Zuwanderung aus den Provinzen nach Paris hineingetragen wurden. Die sich im urbanen Umfeld herausbildende koiné konnte dann diese Merkmale inkorporierend in das Umland ausstrahlen. Die zweite Sektion des Sammelbandes wird von dem Beitrag La scripta latine en Italie au X e siècle: la recherche d’un compromis eröffnet, in dem Sylviane Lazard anhand eines Korpus von Chartas aus Ravenna und Forlì die dort vorgefundene Variationsbreite aufzeigt. Diese beruht zum einen auf der jeweiligen inhaltlichen Ausrichtung eines Dokumentes und zum anderen auf dem Entstehungsort (Provinz vs. erzbischöfliche Kurie). Bemerkenswert ist dabei auch, wie innerhalb der verschiedenen Teile eines juristischen Dokumentes (datatio, minatio, corroboratio, definitio) Unterschiede nachweisbar sind. Gerade in den Teilen, die relevant für die Betroffenen sind und deren Inhalt auch von Illiteraten verstanden werden sollte, ist eine stärkere Innovation der Formen zu registrieren (Anlehnung an die gesprochene Sprache), während andere Teile stärker formelhaft sind (Ausrichtung an der Schriftnorm). Die sich dabei herausbildende scripta ist u. a. dadurch gekennzeichnet, dass für die Schreiber eine Markierung der Latinität nötig erschien, aktualisiert z. B. durch im Nominativ erstarrte Formen, verstärkte Verwendung von de zum Ausdruck des Genitivs oder den universellen Gebrauch der Endungen -is und -ibus. 236 Besprechungen - Comptes rendus 1 G. Salvi, La formazione della struttura di frase romanza. Ordine delle parole e clitici dal latino alle lingue romanze antiche, Tübingen 2004. Die Druckfehler in N1 (p.14): structura statt struttura, fraze statt frase sind zu korrigieren. 2 P. Koch/ W. Oesterreicher, Gesprochene Sprache in der Romania: Französisch, Italienisch, Spanisch, Tübingen 1990. 3 G. Lüdi, «Diglossie et polyglossie», in: G. Holtus/ M. Metzeltin/ Ch. Schmitt (ed.), Lexikon der Romanistischen Linguistik V/ 1, Tübingen: 307-34. Der Beitrag Matérialité des caractères, règles d’orthographe, théories de l’écrit dans le Tractatus orthographie gallicane (XIII e et XIV e -XV e siècles) von Liselotte Biedermann- Pasques widmet sich dem Phänomen der etymologischen Orthographie des Französischen. Sie zeigt anhand einzelner Schreibformen, wie eine etymologisierende Rechtschreibung, die schon in Alkuins De orthographia wirksam wurde - hier noch für das Lateinische, aber mit Nachwirkung auf das Französische (z. B. Verwendung von y in gelehrten Wörtern und Eigennamen: Syriam, Syracussas, symbolum) - und die dann in den mittelalterlichen Traktaten zur französischen Orthographie ihre Fortsetzung fand, den Gegensatz von gesprochener und geschriebener Sprache vergrößerte (z. B. qui anstatt ki/ chi oder doubtee, tre ſdoubtee anstatt doutee, tre ſ doutee). Die periodisch ebenfalls immer wieder auftretenden Gegentendenzen zu einer phonetischen Anpassung bedeuteten hingegen jedesmal einen Bruch der Kontinuität in der Schreibtradition (z. B. enfans vs. enfants) und eine Konzession an die gesproche Sprache der entsprechenden Zeit. Das Verhältnis von Mündlichkeit und Schriftlichkeit aus einem ganz anderen Blickwinkel wird in Latin and the Rise of Old Irish and Old Welsh von Michael Richter beschrieben. Die lateinische (Schrift-)Sprache trifft in Wales und Irland auf zwei voll ausgebaute Systeme von Oralität. Durch die römische Präsenz wird in Wales jedoch in den folgenden Jahrhunderten eine andere Entwicklung in Gang gesetzt als in dem an der Peripherie des Imperiums liegenden Irland. Dort, wo die regionale Verwaltung und Kultur in ihrer Eigenständigkeit unangetastet bleibt, eröffnet die stetige Auseinandersetzung mit der eigenen Sprache wohl auch die Möglichkeit einer intensiven Beschäftigung mit der fremden, also dem Lateinischen. Auf diese Weise entsteht in Irland sowohl ein umfangreiches keltisches Schrifttum (inklusive der Schaffung einer neuen Schrift: Ogham) als auch ein vielfältiges lateinisches, während in Wales eine weitgehende Trennung von keltischer mündlicher Kultur und lateinischer Schriftlichkeit (in bescheidenem Ausmaß) lange Zeit aufrecht erhalten bleibt. Die dritte Sektion beginnt mit dem Aufsatz La communication verticale latine en Italie (VI e -VIII e siècle) von Marc Van Uytfanghe, in dem dieser anhand eines Korpus von hagiographischer und homiletischer Literatur die Kontinuität beim Übergang vom Lateinischen zum Romanischen in Italien betont. Die Brüche beim Verständnis des Lateinischen (z. B. beim liturgischen Vortrag an das einfache Volk) waren in Italien weitaus weniger spürbar als in Frankreich (karolingische Renaissance, Edikt von Tours), wie sich aus diversen Äußerungen der betreffenden Autoren erkennen lässt (z. B. Anmerkung nach dem 6. Jh.: qui plenius desiderant audire vel intellegere cupiunt (131)). Die vertikale Kommunikation scheint somit zumindest weitgehend noch bis ins 8. Jahrhundert funktioniert zu haben. In der Untersuchung The Monolingual Latin Glossaries of the Iberian Peninsula: Can they help the Romanist? prüft Roger Wright die Möglichkeiten, die frühen hispanischen Glossen auszuwerten. In einer minuziösen, vergleichenden Analyse einzelner Einträge aus dem Liber Glossarum, dem Corpus Glossariorum Latinorum, den Glosas Emilianenses und den Glosas Silenses sowie der Etymologiae des Isidor von Sevilla warnt er vor voreiligen Schlüssen, die sich womöglich anhand des verfügbaren Materials aufzudrängen scheinen. In diesem Sinn votiert er für die Betrachtung der Glossen als wichtige Quelle, um Informationen über Wortschatz und Aussprache der damaligen gesprochen Sprache zu erlangen, jedoch unter der unbedingten Beachtung der entsprechenden Glosse als lateinisch-lateinisches Erklärungsmodell und nicht unter dem Blickwinkel einer frühen Form von lateinisch-romanischem Wörterbuch. Ebensowenig sollten hierbei scheinbare Fehler der Autoren dazu verleiten, voreilig auf deren mangelnde Beherrschung des älteren lateinischen Wortschatzes und der entsprechenden Norm zu schließen (z. B. rubus zur Erklärung von rogus, wobei das lat. rubus wohl nicht mit einer iberoromanische Verschiebung g b zusammenhängt, da hier zwei semantisch distinkte Lexeme vorliegen, nämlich lat. rogus ‘Schei- 237 Besprechungen - Comptes rendus terhaufen aus Holzscheiten’ und vlat. rubus ‘Scheiterhaufen aus Zweigen’, in Anlehnung an lat. arbustus ‘Busch’ und lat. rubus ‘Brombeerstrauch’). Thomas Finbow nimmt in seinem Beitrag Interand Intra-word Spacing Conventions in Early Medieval Iberian Texts - The Implications for Reading and Writing Strategies die gegenseitige Wechselwirkung von Schreib- und Lesegewohnheiten unter die Lupe. Die im frühen Mittelalter oft verwendete scriptura continua, bei der Wortgrenzen nur schwer auszumachen sind (z. B. collectamexiliopubem: collectam ex ilio pubem vs. collectam exilio pubem), verlangt dem Rezipienten eine besonders komplexe Verstandesleistung ab, institutionalisiert in der lauten Lektüre, die einer theoretischen Dreiteilung unterliegt: lectio, discretio, pronuntiatio. Mit Messverfahren zum Abstand der einzelnen Buchstaben untereinander zeigt Finbow die Entwicklung der Schrift im Laufe der Jahrhunderte (unabhängig vom Schrifttyp) und zeigt auf, ab wann für das menschliche Lesevermögen, das nicht mehr als 15 Zeichen direkt hintereinander auf einmal verarbeiten kann, Wortgrenzen ersichtlich werden. In diesem Zusammenhang schränkt er auch die Möglichkeiten einer «logographischen» Lesetechnik ein, bei der ein lateinischer Text romanisiert vorgetragen würde, da die nötige Transferleistung ab einer bestimmten Unterschiedlichkeit von Lexik, Morphologie und Syntax nicht mehr zu erbringen ist. In ihrer phonologischen Analyse Orientations de recherche pour l’étude évolutive de structures intonatives geht Rikke Schultz den Problemen bei der Rekonstruktion von Intonation und Akzent älterer Sprachstufen auf den Grund. Zahlreiche Vergleiche aus anderen Sprachen heranziehend, betont sie dabei, wie wichtig zunächst eine synchrone Betrachtung intonatorischer Regularitäten sei, um dann die prosodische Entwicklung des Lateinischen über einen längeren Zeitraum (1.-8. Jh.) verfolgen zu können. In einem Überblick zeigt sie die Stolpersteine, die den einfachen Erklärungen im Weg liegen, und macht auf die möglichen Einflussfaktoren von intonatorischen Verschiebungen aufmerksam. Die vierte Sektion beginnt mit dem Artikel Progression through Accumulation in a Late Latin and in a Romance Text von Paolo Greco. In einer Gegenüberstellung der Historiae von Gregor von Tours (6. Jh.) und dem Tristano Riccardiano, einer italienischen Bearbeitung des Tristan-Stoffes vom Ende des 13. Jahrhunderts, erläutert Greco das in beiden Texten sichtbare stilistische Verfahren der progression through accumulation, welches sich dadurch auszeichnet, dass syntaktische Relationen zugunsten von semantischen abgeschwächt werden. Die sowohl im spätlateinischen als auch im mittelalterlichen, italienischen Text zu beobachtende Aneinanderreihung von Sätzen und Halbsätzen, oftmals verbunden durch Partizip- oder Gerundialkonstruktionen, ergibt oft nur einen Sinn, wenn man den Kontext mit einbezieht. Die eigentliche aus der Syntax abzuleitende Bedeutung variiert dabei erheblich, hauptsächlich in Abhängigkeit von der weiteren semantischen Umgebung, und ist somit oft nur unter Berücksichtigung einer gesamten Textpassage zu erschließen. Der folgende Beitrag von Rosanna Sornicola, Syntactic Conditioning of Case Marking Loss: A long Term Factor between Latin and Romance? , beschäftigt sich mit dem Kollaps des Deklinationssystems vom Lateinischen zum Romanischen. Die noch im Altfranzösischen vorhandene Zweikasusunterscheidung scheint in ihrer Anwendung oft nicht mehr «korrekt» gewesen zu sein, doch Sornicola zeigt in einer Analyse einzelner Substantive und ihrer oft mehrfachen Varianten im casus rectus und casus obliquus, dass weit weniger Willkür in der Verwendung der einzelnen Formen herrschte als angenommen, sondern syntaktische und stilistische Motive durchaus auszumachen sind. Die scheinbaren Fehler bei der Kasusattribution könnten Modellen folgen, die auch schon im Lateinischen eine größere Markierungsfreiheit unter bestimmten syntaktischen Voraussetzungen erlaubten. Wie von der Autorin selbst eingeräumt, ist in manchen Fällen allerdings die zugrundeliegende Datenbasis statistisch nicht mehr als relevant anzusehen, was den Ansatz in seiner Bedeutung jedoch nicht schmälert. 238 Besprechungen - Comptes rendus Marieke Van Acker und Rika Van Deyck widmen sich in ihrem Beitrag Comment la morpho-syntaxe romane a-t-elle remplacé la flexion casuelle du latin? Le cas du neutre ebenfalls dem Kasussystem. Die schon im klassischen Latein eher schwache Position des Neutrums wird schrittweise von einem System mit ausschließlich maskuliner und femininer Markierung überlagert. In einem Korpus von merowingischen Vitae finden sich sowohl noch alte Neutrumsformen als auch schon adaptierte Formen (ehemaliges Neutrum markiert als Maskulinum oder Femininum) in Abhängigkeit von der kontextuellen Verständlichkeit des Wortinhaltes. Der Ablösungsprozess unterliegt dabei verschiedenen Bedingungen und zeitigt schließlich im Altfranzösischen bestimmte Entwicklungsergebnisse (z. B. semantische Pluralia mit fem. Markierung: bone ( bona), fueille ( folia), laigne ( ligna), stipende ( stipendia), verve ( verba), vestemente ( vestimenta), Numerus- und Kasusindifferenz: corps ( corpus), piz ( pectus), tens ( tempus) oder Doublettenbildung: braz ( brachium)/ brasse ( brachia); char ( carrum)/ charre ( carra)). Im letzten Beitrag des Bandes, Notas y correspondencia de Coseriu sobre spatvla ‘omóplato’: Un préstamo griego también de contenido arbeitet Benjamín García-Hernández einen Teil der Hinterlassenschaft von Eugenio Coseriu auf. Anhand einiger Notizkarten und dem Briefwechsel aus dem Nachlass zeichnet García-Hernández die Arbeitsweise des Sprachwissenschaftlers nach, der in diesem konkreten Fall einer Wortetymologie auf der Spur war. Verschiedenste Wege in Betrachtung ziehend und analoge Entwicklungen im Blick, erschließt García-Hernández in Fortführung der Coseriu’schen Gedanken die Herleitung der Bedeutung «Schulterblatt» von lat. spatula aus agr. σπάθη , wo diese Bedeutung bereits angelegt war, so dass der bisherige «Umweg» über die Bedeutung «Rührlöffel» o.ä. und die Interferenz mit lat. scapula als obsolet gelten kann. Die hier vorgestellten Einzeluntersuchungen zur titelgebenden Fragestellung Latin écrit - Roman oral? eröffnen wichtige, neue Einblicke in den Prozess des Sprachwandels vom Lateinischen zum Romanischen und in das Funktionieren von Sprachsystemen an sich. Es wird an vielen Stellen deutlich, wie exakte Beobachtung und neuerliche Analyse auch altbekannter Tatbestände immer wieder neue Erkenntnisse über diese so schwierig zu erfassende Epoche liefern. Die Opposition «Latein vs. Romanisch» wird berechtigterweise immer wieder zugunsten einer Betrachtung von Einzelaspekten zurückgestellt, denn die Frage nach der gegebenen Kontinuität stellt sich nicht wirklich. Vielmehr gilt es, die einzelnen systeminternen Brüche aufzuzeigen, die abhängig von verschiedenen Umständen wie Region, Textsorte oder sozio-kulturellen Parametern unterschiedlich ausfallen können. Dabei gilt es auch, die sich daran anknüpfende Frage von Mündlichkeit und Schriftlichkeit bzw. deren gegenseitige Dependenz nicht pauschal zu beantworten, sondern im Einzelnen herauszumodellieren. In diesem Sinn ist das Vorhaben des Sammelbandes durchwegs als gelungen anzusehen 4 . Roger Schöntag ★ 239 Besprechungen - Comptes rendus 4 Der Vollständigkeit halber sei noch auf fünf Druckfehler hingewiesen: *Ö STERREICHER anstatt O ESTERREICHER (15 und 42), *déclnaison anstatt déclinaison (91), *seulelent anstatt seulement (92) und *Emilinao anstatt Emiliano (168). Juhani Härmä/ Elina Suomela-Härmä/ Olli Välikangas (ed.), L’art de la philologie. Mélanges en l’honneur de Leena Löfstedt, Helsinki (Société Néophilologique) 2007, 319 p. (Mémoires de la Société Néophilologique de Helsinki 70) Leena Löfstedt, esponente della illustre scuola di romanisti scandinavi e allieva diretta di Veikko Väänänen, è festeggiata da ventiquattro studiosi affiliati a istituzioni universitarie e di ricerca non solo finlandesi (Helsinki e Jyväskylä, sedi principali del suo insegnamento) ed europee (Cracovia, Parigi, Nancy, Bruxelles, Bielefeld, Innsbruck, Pavia, Aberystwyth, Bucarest), ma anche americane (Berkeley, Chicago, Evanston) e asiatiche (Gerusalemme, Tokyo). Alcuni contributi prendono spunto dai lavori più importanti della studiosa, ovvero la tesi dottorale sulle espressioni di comando e di divieto fra latino e romanzo (Helsinki 1966), e la monumentale edizione critica della versione antico-francese del Decretum Gratiani, pubblicata in cinque volumi dal 1992 al 2001 per la Societas Scientiarum Fennica, sulla quale è imperniata buona parte della sua produzione saggistica recente (si veda l’elenco delle pubblicazioni in fondo al volume, 301-19). Alla prima s’ispirano i rilievi di A. Englebert (69-78) sulle formule ingiuntive presenti in due ricettari antico e medio-francesi, gli Enseingnementz qui enseingnent a apareillier toutes manieres de viandes della fine del sec. XIII (BNF, lat. 7131, c. 99v-100r) e un Viandier Taillevent della metà del sec. XV (Paris, Bibliothèque Mazarine, ms. 3636, c. 219-28): a parte la scontata preminenza del presente indicativo e, in misura minore, del presente congiuntivo, cui si affiancano esempi circoscritti e problematici di infinito nel secondo testo, desta qualche perplessità l’attribuzione di valore ingiuntivo al futuro in clausola che segue una compatta serie di indicativi negli Enseingnementz (prenez . . . cuisiez . . . fetes . . . ecc. si avrez vostre comminee, 72, es. 8), e soprattutto l’interpretazione di due costrutti insoliti del Viandier (Tructes cuictes en aigue et mangier . . .; Abletes cuites avec parressi et maingier . . ., 76, es. 26 e 27), da spiegare semmai in relazione con formule del tipo Carpe soit cuite en aigue et maingier . . . (ib., es. 24), quali esempi di un presunto «participe passé injonctif» (77) che non avrebbe lasciato traccia nella lingua oltre il Quattrocento. Partendo dal glossario selettivo contenuto nell’ultimo volume dell’opus magnum della festeggiata e mettendo a frutto le banche-dati del medio-francese (DMF) approntate dall’équipe ATILF, G. Roques (217-30) offre invece una «petite liste commentée de mots régionaux», in tutto ventiquattro, che indirizzano verso «l’Ouest au sens large» (228) e sono riconducibili per il loro arcaismo piuttosto alla fine del sec. XII che a quella del successivo, in conformità con l’ipotesi avanzata da Löfstedt che il Decretum sia stato tradotto nell’entourage di Thomas Becket durante l’esilio in Francia (1164-70). Nel quadro della sintassi di afr. ja, anche l’approfondita indagine di O. Välikangas (281-300) utilizza l’edizione del Decretum per studiarne il frequente costrutto in cui la particella è seguita da una negazione completa (ja + ne . . . pas) e sembra rivestire valore argomentativo. Esso traduce tipicamente domande retoriche introdotte da numquid che presuppongono una risposta negativa, trasformandole in asserzioni negative: ad es. «Ingressus es ut aduena, numquid ut iudices? » (Gen. 19.9) viene reso in un luogo con l’interrogativa «fu ce por jugier nos? » (V + S), ma poco più avanti con «ja n’i venis tu pas por jugier nos! » (292). Tale processo di «riscrittura negativa» innescata dall’avverbio interrogativo latino risulta essere peculiare della versione di Graziano (almeno a giudicare dal confronto con le citazioni bibliche contenute nei coevi Quatre livres des rois) e lo stesso costrutto impiegato come «rejet d’une proposition» relativamente raro nella lingua letteraria dei sec. XII-XIII (si citano quattro esempi da opere narrative in versi, ma non parrebbe lecito inferire che siano gli unici): si avanza perciò l’ipotesi che possa trattarsi di una «construction typique de l’idiolecte d’un traducteur ou d’un groupe de traducteurs» (297), dovuta all’intenzione di facilitare la lettura da parte di un pubblico inesperto di questioni teologiche. All’interesse per il lessico giuridico medievale di Löfstedt si ricollega in- 240 Besprechungen - Comptes rendus fine il contributo di D. Trotter (257-70) sul cosiddetto Mirror of Justices anglo-francese (propriamente Mireur a Justices, ca. 1285-90), conosciuto più dai giuristi che dai linguisti, di cui presenta alcuni ragguagli sulla struttura (cinque capitoli a imitazione dei libri del Pentateuco? ), sulla retorica (tendenza alla ripetizione e alla tripartizione della materia) e soprattutto sul lessico, classificando fra le oltre mille citazioni dell’opera presenti nell’Anglo- Norman Dictionary almeno 15 prime attestazioni e 43 hapax (ma alcuni vanno emendati o eliminati) non sempre riconducibili alla terminologia giuridica: fra questi lemmi si contano ben 24 aggettivi deverbali in -able, una vera e propria classe di neologismi che esprimono il senso della possibilità, in linea, secondo l’autore, col proposito morale intriso di religiosità del trattato. Fra i rimanenti contributi d’interesse precipuamente romanzo, si segnala quello di J.-P. Chambon (13-25) che, nel solco metodologico di un saggio di ormai dieci anni fa («L’agencement spatial et fonctionnel des vicaries carolingiennes dans le Midi de la Gaule: une approche linguistique» RLiR 63 (1999): 55-174) e sulla base dei documenti raccolti da F. de Gournay nella sua tesi dottorale (Le Rouergue de l’an mil. De l’ordre carolingien à l’ordre féodal, Rodez-Toulouse 2004), si propone di far convergere dati linguistici e dati storici per chiarire l’origine di alcune località del Rouergue medievale: si tratta in particolare di vallis Lendisca (att. 937), interpretato come coronimo deidronimico dal fluvium Linde (att. 885, limpidu), che avrebbe costituito fin dal 900 circa una circoscrizione di base (vicaria) del sistema amministrativo carolingio con centro da situare ipoteticamente nell’ecclesia sancti Michaelis de Landesca (att. 1116, oggi Saint-Michel-de-Landesque, comune di Les Costes- Gozon, Aveyron); e della coppia toponimica Candas-Candadès, cui era stato riferito erroneamente un ministerium Condadense (att. 948), ma che fornirebbe invece un valido indizio per ricostruire l’esistenza di una vicaria *Candatensis bicefala, con centro amministrativo e sito difensivo geograficamente separati, nella valle del Tarn. Dalla toponomastica si passa alla linguistica testuale con l’intervento di B. Combettes (27-42) che analizza i processi di identificazione dei referenti noti («ridenominazione» dei personaggi) nel tessuto narrativo del romanzo Jehan de Saintré (1456) di Antoine de la Sale (ed. J. Blanchard 1995) distinguendo il livello discorsivo (cambio di unità o di piano narrativo, distanza fra le menzioni, catafora «apparente») da quello frastico (cambio di statuto sintattico, prossimità del verbo) e giungendo, con le limitazioni dovute alla conservatività della prosa narrativa e alla mancanza di uno studio complementare sui processi d’introduzione di referenti nuovi, alla conclusione che la preminenza dei fattori discorsivi su quelli che pertengono alla struttura sintattica della frase costituirebbe una «spécificité du codage de la cohérence textuelle telle qu’elle se présente durant la période du moyen français» (41). Stimolato dai recenti studi etimologici di A. Eskénazi/ Sankèze apparsi sulla R 123 (2005): 273-91 e 124 (2006): 1-49, P. Flobert (79-87) ritorna sul problema semantico di lat. tutare, riconosciuta base di fr. tuer e di altre forme romanze centro-meridionali fin dai tempi di Diez, per rilevare che in testi latini di ambito religioso dal VI (Règle du Maître) al IX secolo (Ordus Romanus) il termine sembra essersi specializzato per indicare «l’extinction graduelle des lampes» (85) e che il significato circoscritto di tuer ‘spegnere (il fuoco)’ riapparirà, quasi un fossile semantico, nel sec. XVI; si ipotizza perciò, sulla base della sola variante «tuta lampada de parte dextra» contenuta in un ms. dell’Ordus (BNF, lat. 974), un’accezione ‘sécuriser, mettre en sûreté’ del verbo mlat. tutare che farebbe da ponte tra il significato originario del dep. tutari (‘protéger’ ma anche ‘écarter’) e quello dei continuatori medievali romanzi, come aoc. (a)tudar, ait. stutare ‘spegnere’, quindi afr. tuer ‘uccidere’ (dalla metà del sec. XII, in concorrenza con ocire). L’ingegnosa soluzione pecca forse di eccessiva sottigliezza e andrebbe più solidamente documentata. Dai contributi di taglio analitico si passa alla chiara sintesi espositiva di B. Frank-Job (89- 100), autrice con J. Hartmann dell’Inventaire systématique des premiers documents des 241 Besprechungen - Comptes rendus langues romanes (Tübingen 1997), che enfatizza il ruolo dello scriba nel processo di Verschriftlichung dei volgari romanzi distinguendo «trois phases bien distinctes qui se succèdent dans chaque région» (89). A una prima fase d’innovazione (grossomodo sec. IX-X) in cui gli scribi, pur educati all’interno della tradizione latina, sperimentano nuovi accorgimenti grafici (uso ridotto delle abbreviazioni, scriptio discontinua) e nuove soluzioni di mise en page in funzione di una «prassi comunicativa bilingue» (l’esempio offerto in questo senso, ovvero il cd. Sermone su Giona, è un caso più unico che raro) seguirebbe una seconda fase (sec. XI-XII) in cui si formano i primi modelli di scritturalità romanza per imitazione e adattamento di quelli offerti dalla tradizione latina (si ricorda il caso delle chansons epiche che riprendono la mise en page dei testi virgiliani e dei poemetti agiografici che imitano gli schemi delle canzoni liturgiche e paraliturgiche latine, con divisioni strofiche e possibile introduzione della notazione musicale, ad es. Passion di Clermont-Ferrand), e quindi una terza fase (sec. XIII) in cui la «culture vernaculaire écrite» si emancipa dalla tradizione latina e si costituiscono atelier di scrittura (eminente quello di Guiot de Provins) e mercati librari esclusivamente romanzi. L’avvincente percorso delineato dall’autrice ha il merito di mettere in evidenza l’iniziativa, a volte personale, degli scriventi e la fecondità dell’approccio codicologico riguardo il delicato processo di affermazione degli idiomi romanzi nel mondo della scrittura; non va dimenticato, però, che la distinzione e la successione schematica delle prime due fasi (innovazione e sperimentazione prima, imitazione e adattamento poi) non è sempre così evidente: si pensi per es. al sicuro assetto grafico-fonologico e alla ordinata disposizione della Cantilena di sant’Eulalia (ca. 880) che riflette piuttosto i parametri della seconda fase nonostante l’arcaicità del reperto. È verosimile, in effetti, che l’opposizione sperimentale/ tradizionale a livello di mise en texte e di mise en page osservabile in questa lunga fase aurorale della scritturalità romanza (sec. IX-XII) sia da mettere in relazione a condizionamenti per così dire esterni allo scrivente, quali la tipologia testuale, il contesto manoscritto, la funzione della scrittura, ecc., per cui gli appunti vergati da un predicatore in vista della recitazione di un sermone e l’accurata registrazione di testi altamente formalizzati come la Vie de Saint Léger e la Passion all’interno del Liber glossarum di Clermont non andrebbero visti sullo stesso piano. Segnaliamo ancora la scrupolosa recensione di T. Matsumura (147-56) dell’edizione J. M. Pinder, The Life of Saint Francis of Assisi. A Critical Edition of the Ms Paris, Bibl. Nat. fonds français 2094 (= versione B dell’afr. Vie de Saint François d’Assise, databile al 1250 ca.), uscita nel 1995 presso una casa editrice obsoleta come il Collegio S. Bonaventura di Roma e forse anche per questo passata inosservata agli addetti ai lavori; le annotazioni linguistiche di W. D. Paden (185-95) sulle formule di scongiuro occitane di Clermont-Ferrand (sec. X) tese a rilevarne l’arcaicità rispetto alla lingua letteraria del sec. XII; e infine l’articolato saggio di E. Schulze-Busacker (239-50) sulle tre opere in versi attribuibili all’anglonormanno Chardri (= Richard? ), attivo tra fine XII e inizio XIII secolo, di cui si cerca di delineare «l’horizon culturel . . . et si possible celui de son public présumé» (239). Se la Vie de Seint Josaphaz e la Vie des Set Dormanz si qualificano come «riduzioni», sia dal punto di vista teologico che da quello tematico, di tradizioni agiografiche complesse, è soprattutto il cosidetto Petit Plet, dibattito fra un vecchio e un giovane saggio la cui attribuzione congetturale a Chardri non viene però discussa, che offre materiale interessante per via del noto riuso della tradizione paremiologica di scuola (Disticha Catonis, De remediis fortuitorum dello Pseudo-Seneca, cui viene ad aggiungersi la Fecunda ratis di Egberto di Liegi), anche specificamente insulare (Proverbia del maestro di retorica Serlon di Wilton, ca. 1150-70), coniugato ad allusioni al «contexte féodal immédiat» (244): si ipotizza, in conclusione, che lo sconosciuto autore non sia stato un chierico vagante o un giullare, ma abbia diffuso un «message chrétien simple» (248) per un pubblico variegato ma circoscritto, forse quello dei propri parrocchiani. Sarebbe stato forse utile, in questa prospettiva, sfruttare anche ele- 242 Besprechungen - Comptes rendus menti di critica esterna, come la tradizione e il contesto manoscritto. Si tratta comunque, a ben vedere, dell’unico contributo di carattere letterario di questi mélanges peraltro intitolati all’art de la philologie: segno involontario di una specializzazione senz’altro fruttuosa ma che rischia di scindere la disciplina in due settori talvolta poco comunicanti. I rimanenti contributi sono: A. Bochnakowa, «Plaisir de lire l’Hexaglosson Dictionarium (Varsovie, 1646)»; B. De Marco/ J. R. Craddock, «Miracles at Montpellier: Petrus Calò and the Early Legends of St. Peter Martyr»; P. F. Dembowski, «Robert de Clari and the Shroud Revisited»; J. Härmä/ E. Suomeli-Härmä, «Daignez agréer ce foible hommage . . . Dédicaces et hommages dans les dissertations de l’Université royale de Turku»; M. Iliescu, «Je sème à tout vent» (sulla diffusione europea del fr. a partire dal lessico); W. Man´ czak, «Le mythe de l’origine scandinave des Goths»; O. Merisalo, «Mein lieber, lieber Werner. La correspondance de Ludwig Traube et Werner Söderhjelm»; S. Nevanlinna, «So many names for the pigeon in medieval English writings»; T. Pekkanen, «Vad visste Horatius om de nordiska länderna? » [Cosa sapeva Orazio dei paesi nordici? ]; I. Piechnik, «Tendances à diversifier les adpositions dans les langues romanes et balto-finnoises»; H. Rosén, «On Particles and Otiose Emendations: Epitactic sed»; H. Solin, «Zum Akkusativ als Universalkasus im Lateinischen»; M. Tut¸ escu, «L’universalité de la distinction de re vs de dicto». Francesco Carapezza Italoromania I poeti della Scuola siciliana. Volume 1: Giacomo da Lentini. Edizione critica con commento a cura di Roberto Antonelli; volume 2: Poeti della corte di Federico II. Edizione critica con commento diretta da Costanzo Di Girolamo; volume 3: Poeti siculo-toscani. Edizione critica con commento diretta da Rosario Coluccia, Milano (Mondadori) 2008, clxvii + 688 p., ccx + 1103 p., clxxxiv + 1253 p. (I Meridiani) il giorno è sempre un po’ più oscuro sarà forse perché è storia sarà forse perché invecchio La produzione poetica della Scuola siciliana era fino a oggi leggibile solo grazie a raccolte antologiche - tra le quali spicca quella curata da G. Contini (Poeti del Duecento, Milano- Napoli 1960), una vera e propria pietra miliare per la nostra filologia -, o all’edizione completa allestita da B. Panvini (Le rime della Scuola siciliana, Firenze 1962), filologicamente viziata da gravi mende, e praticamente priva di commento. I tre volumi che qui si presentano sono dunque la prima edizione critica completa, e accompagnata da una minuziosa glossa, della nostra più antica poesia; è condivisibile il giudizio di Cesare Segre, il quale, commentando a caldo l’uscita dei volumi (cf. Corriere della Sera, 24 giugno 2008), ha scritto che si tratta di un avvenimento: infatti «i Siciliani sono i primi poeti d’arte in Italia e possono senz’altro essere considerati i fondatori della tradizione letteraria italiana», anzi «la poesia dei Siciliani costituisce uno dei tesori più preziosi della lirica europea», come giustamente sottolinea Costanzo Di Girolamo nell’Introduzione al secondo volume (xvii e xciii). Con questa pubblicazione la filologia italiana compie senz’altro un passo importante, che ci potrebbe portare ad avere una visione più chiara della poesia che precede lo Stilnovo, anche se molto lavoro resta ancora da fare (a quando l’edizione completa del corpus di Guittone, vale a dire della personalità poetica più importante prima di Dante? Quella di Bonagiunta, fortunatamente, è ormai pronta per la stampa). Il primo dei tre «Meridiani», che contie- 243 Besprechungen - Comptes rendus ne l’opera di Giacomo da Lentini, è totalmente a carico di Roberto Antonelli; il secondo, dedicato ai Poeti della corte di Federico II, è diretto da Costanzo Di Girolamo; il terzo, infine, diretto da Rosario Coluccia, si occupa dei Poeti siculo-toscani. I direttori dei volumi secondo e terzo firmano solo le rispettive Introduzioni, giacché l’edizione dei testi è affidata a un nutrito gruppo di studiosi: Marco Berisso, Giuseppina Brunetti, Corrado Calenda, Annalisa Comes, Aniello Fratta, Riccardo Gualdo, Pär Larson, Fortunata Latella, Sergio Lubello, Gabriella Macciocca, Mario Pagano, Stefano Rapisarda, Margherita Spampinato Beretta. Pubblicare questi 337 testi - 150 Siciliani e 187 Siculo-toscani - è stato senz’altro un lavoro più che meritorio, che ha prodotto un’edizione monumentale in una collana di prestigio, destinata a fornire per lungo tempo il testo di riferimento per buona parte della poesia italiana che precede lo Stilnovo. Proprio per questo spiace sorprendere più di una sbavatura in alcuni dei tredici valorosi collaboratori, come se alcuni di loro non si trovassero perfettamente a loro agio sull’insidioso terreno della lirica italiana delle Origini. Forse l’équipe è troppo folta, forse poco omogenea: basti pensare che sugli anonimi - canzoni e sonetti - si avvicendano ben quattro studiosi diversi, con inevitabili squilibri operativi. Non escludo che se le molte mani che hanno confezionato questi testi fossero state guidate saggiamente da un’unica regia il prodotto finale sarebbe stato migliore. Ciascun volume è aperto da una ricca Introduzione, da una corposa Nota al testo e da un’esauriente bibliografia, ed è chiuso dall’utilissimo indice dei Luoghi citati nel commento (suddiviso in Testi del corpus, Testi di trovatori, trovieri e Minnesänger e Altri testi), nonché dall’Indice dei capoversi. I componimenti sono editi tutti criticamente, e il testo è preceduto da un cappello che dà informazioni metriche, ecdotiche, a volte contenutistiche, ed è seguito da un commento di solito ben informato, che dà ragione delle scelte fatte, che illustra le eventuali interpretazioni alternative, che allega i loci paralleli, in qualche caso con una larghezza forse perfino eccessiva. La dovizia delle informazioni utili fornite al lettore per comprendere in modo adeguato i testi, però, è talvolta viziata dalla mancata dichiarazione dei debiti contratti con gli studiosi che in precedenza hanno affrontato la medesima materia: è sconcertante scoprire una diffusa reticenza nel rivelare le fonti, sia, banalmente, nel caso di loci paralleli presentati nel commento, sia, ed è più grave, nel caso di aspetti o problemi particolari, come le soluzioni ecdotiche adottate a testo. Per fare un solo esempio: chi pubblica il testo 18.1 Ruggeri Apugliese, Umile sono ed orgoglioso legge il v. 20 «giorno e notte istò ’n pensagione», mentre il testimone unico ha isto poisasgione; nella nota si sottolinea che la correzione è necessaria, e che l’errore del copista è «sfuggito per una volta all’acribia» di Avalle 1 : all’editore è però sfuggito che l’emendamento era già in Contini (che legge «giorno e notte istò in pensagione»). Nelle schede dei singoli componimenti - che qui seguono - si trova un’esigua campionatura di tali «dimenticanze». Data la complessità e la ricchezza della materia, preferisco cominciare con qualche annotazione di carattere generale, per procedere solo in un secondo momento all’esame autoptico di una scelta, peraltro necessariamente ristretta, di componimenti. Nell’introduzione al primo volume Roberto Antonelli mette giustamente l’accento sull’importanza per l’intera Scuola della figura di Giacomo da Lentini; se infatti la nascita e lo sviluppo del movimento poetico andrà «attribuito . . . a Federico II e alla sua politica culturale», è ben vero che il Notaro - così nelle rubriche del Vaticano latino 3793 (d’ora in poi: V) 2 - 244 Besprechungen - Comptes rendus 1 Concordanze della lingua poetica italiana delle origini, I, a cura D’A. S. Avalle, Milano-Napoli 1992. 2 Gli altri due canzonieri antichi della nostra lirica delle Origini sono: Firenze, Biblioteca Mediceo-Laurenziana, Redi 9 (L) e Firenze, Biblioteca Nazionale Centrale, Banco Rari 217 (ex Palatino 418: P). «è certamente il grande fondatore letterario, in quanto caposcuola e auctor canonico» (xviii), benché non sia stato, probabilmente, il primo poeta della Scuola: i pochi dati a nostra disposizione lo collocano tra i primi anni Trenta e i primi anni Quaranta del XIII secolo, anche se si potrà retrodatare qualche suo verso (in ogni caso «non abbiamo elementi sicuri per classificare cronologicamente tutte le rime di Giacomo o per individuare un ordinamento in qualche modo attribuibile all’autore»: xli). Per la comprensione dell’importanza di Giacomo e per la definizione stessa della Scuola è fondamentale il disegno storiografico-letterario di V, che pone in risalto, appunto, l’opera del Notaro, collocando all’inizio dell’antologia proprio la canzone Madonna, dir vi voglio, che, essendo una traduzione-rifacimento da Folchetto di Marsiglia, segna oltretutto in modo emblematico anche il debito artistico contratto dai Siciliani nei confronti dei Provenzali. Il primato artistico di Giacomo da Lentini è sancito, poi, dall’attenzione con la quale i poeti contemporanei e posteriori guardano ai suoi versi, fino al limite del plagio. Ma se la posizione di preminenza di Giacomo all’interno della Scuola ha riscosso consensi si può dire unanimi fin dalle origini - è un dato che questa nuova edizione mette bene in risalto, lasciando al Notaro un volume a sé stante -, assai più delicata è la questione relativa alla consistenza del corpus accolto nei «Meridiani». Nell’Introduzione al secondo volume Costanzo Di Girolamo scrive che esso «coincide sostanzialmente con quello di Panvini», visto che «è opinione comune che questa raccolta rappresenti . . . il canone corrente e quindi un condiviso modello di riferimento»; sono stati, però, accolti alcuni suggerimenti migliorativi, soprattutto dal Repertorio metrico di Antonelli, tra i quali una «distinzione . . . tra gli autori riconducibili, in linea di massima, alla Scuola vera e propria e gli autori siculo-toscani» (cx) 3 . Verrebbe da dire - un po’ malignamente, forse - che l’ammissione di questa duplice paternità (Panvini e Antonelli) potrebbe illuminare il mistero che avvolge la scomparsa del sonetto anonimo A simile ti parlo se m’intendi. Trasmesso dal solo V, nel quale occupa il numero 384 (f. 116 v ), questo sonetto manca infatti curiosamente all’appello sia nell’edizione curata da Panvini, sia nel Repertorio di Antonelli, riemergendo però dagli abissi dell’oblio tanto nei miei Sonetti anonimi 4 , quanto nelle Concordanze di Avalle. Ritengo sia piuttosto grave che esso scompaia di nuovo in questa importante edizione senza che se ne spieghi il perché 5 . È intricata la selva delle inclusioni e delle esclusioni. La poesia toscana che precede lo Stilnovo ha una consistenza fluida e viscosa a un tempo; essa annovera, come scrive Rosario Coluccia, sia «poeti nati e operanti in Toscana [che] ripropongono con adattamenti il modello siciliano», sia altri autori, che «tentano più decisamente il distacco e avviano la sperimentazione di forme relativamente più autonome»: si decide, dunque, di «chiamare Siculo-toscani i primi, coniando la qualifica di Toscano-siculi per i rimatori di varia estrazione che, in maniera più o meno esplicita e dichiarata, innovano rispetto ai grandi predecessori» (Introduzione al terzo volume: xlii). Lo studioso è ben consapevole della fragilità delle etichette, in particolare di quelle che non hanno alcun appoggio documentario: e ammette infatti che tra gli stessi Siculo-toscani possono allignare poeti «più aperti a contatti con la produzione toscana coeva, in primo luogo quella d’impronta guittoniana» (lii). Per questo non riesco a cogliere appieno il valore euristico di questa nuova etichetta, quando si consideri che già la vecchia (Siculo-toscani) non convince, e viene di volta in volta modellata sui gusti e la sensibilità degli studiosi che la usano. Non capisco bene, per fare qualche esem- 245 Besprechungen - Comptes rendus 3 Si veda R. Antonelli, Repertorio metrico della scuola poetica siciliana, Palermo 1984. 4 Sonetti anonimi del Vaticano Lat. 3793, a cura di P. Gresti, Firenze 1992. 5 Si noterà, en passant, che il sonetto non è del tutto ignoto ai curatori dell’edizione, giacché Antonelli lo cita un paio di volte nel suo commento alle poesie del Notaro e Berisso in una nota a Tiberto Galliziani, Già lungiamente, Amore: negli indici dei componimenti citati esso figura però sempre tra gli Altri testi. pio, perché Chiaro Davanzati debba essere considerato toscano-siculo e Bondie Dietaiuti siculo-toscano; o perché Bonagiunta Orbicciani appartenga alla prima categoria (lui che, secondo Contini, è vicinissimo «alla matrice siciliana, anzi lentiniana»), mentre la Compiuta Donzella, alla quale invia una lettera Guittone, è inserita nella seconda; o perché non possa essere accolto Pacino Angiulieri, la cui canzone Quale che per amor riprende chiaramente Pier delle Vigne e Giacomino Pugliese. E ancora: perché includere Caccia di Siena, Per forza di piacer, lontana cosa (canzone che si lega, come scrive il suo editore S. Lubello, al «modello lentiniano Dal core mi vene, che arriva a Bonagiunta, Guittone e Petrarca»), ma escludere Lemmo Orlandi, Lontana dimoranza? Perché è assente Ciuccio, al quale in V vengono attribuiti cinque componimenti (D’uno fermo pensero, Lontano e perillioso afanno, De sua grave pesanza, Donna, eo forziraggio, Ben me pensava)? Non solo «lo stacco tra Siciliani e Siculo-toscani non può essere individuato con assoluta precisione né sulla base dell’ambiente di produzione né su base cronologica» (Introduzione al volume 2: cx), ma gli stessi confini all’interno dei Siculo-toscani sono tracciabili solo con notevoli incertezze, e il nuovo cartellino Toscano-siculi, ben lungi dal semplificare il panorama, mi pare che anzi rischi di ingarbugliare senza motivo una matassa già aggrovigliata. Il problema si aggrava, evidentemente, per i testi anonimi, spesso usati dai copisti per riempire spazi di pergamena rimasti bianchi, tanto che per tali componimenti risulta «francamente temerario arrischiare la collocazione storico-culturale . . . in base alla loro posizione nei diversi fascicoli» (Introduzione al terzo volume: lviii-lix), anche in manoscritti che seguono una successione grossomodo cronologica (come, per esempio, V). Si aggiunga che spesso i compilatori dei canzonieri più antichi dimostrano di avere conoscenze limitate e deficitarie, perché non solo sbagliano a volte le attribuzioni, ma in alcune occasioni considerano adespoti testi il cui autore è invece a noi noto. Sono pochi gli anonimi che si possono collocare con un certo margine di sicurezza, e si tratta soprattutto di canzoni che hanno precisi riferimenti storici, o di componimenti che rivelano l’appartenenza linguistica dell’autore (ma l’argomento linguistico è sempre da considerare con molta cautela); ne deriva che la spartizione di questi testi tra i Siciliani e i Siculo-toscani è un esercizio i cui risultati rischiano di essere assai spesso puramente teorici: per questo motivo non concordo con la scelta di sistemare gli anonimi in due distinti volumi. Avrei preferito, insomma, che la giusta affermazione di Coluccia, che è opportuno «accostarsi con grande cautela» agli anonimi, la cui «definizione [è] particolarmente controversa» (Introduzione al terzo volume: lxi) risultasse più chiaramente operativa. Basterà qui un esempio. La canzone La mia amorosa mente reca vari indizî, ancorché certo non perentorî, di appartenenza all’ambiente toscano (se si vuole: siculo-toscano), e lo stesso curatore del testo, Mario Pagano, segnala la cosa nel commento (si vedano le note ai v. 1, 22, 25, 28). Tuttavia essa viene stampata, senza che ci sia un reale motivo, nel secondo volume, dedicato ai rimatori della corte di Federico II 6 . Ho insomma l’impressione che aver voluto suddividere gli autori su due volumi (lasciamo da parte ovviamente il primo) in base all’appartenza vuoi strettamente federiciana vuoi siculo-toscana, unificando però il tutto sotto il titolo I poeti della Scuola siciliana, non abbia spostato di molto la prospettiva rispetto a Panvini. Faccio fatica a pensare ai Siculo-toscani senza certi autori (Bonagiunta, Guittone, Monte, Chiaro), e non riesco a convincermi dell’utilità storico-letteraria della categoria dei Toscano-siculi: troppo intricate le isoglosse poetiche per poter installare delimitazioni nette e precise. Non ho soluzioni alternative da proporre, e tuttavia la scelta operata in questa edizione mi pare trop- 246 Besprechungen - Comptes rendus 6 Si veda anche M. Spampinato Beretta, «Tra ‹siciliani› e ‹siculo-toscani›: casi-limite di incerta collocazione», in: Dai Siciliani ai Siculo-toscani. Lingua, metro e stile per la definizione del canone. Atti del Convegno (Lecce, 21-23 aprile 1998), a cura di R. Coluccia/ R. Gualdo, Galatina 1999: 1145. po remissiva, troppo appiattita su una visione non sufficientemente meditata del problema: se ci si deve fermare al quia, mi pare che la prospettiva continiana sia ancora la più convincente 7 . Passiamo a un altro argomento. Se non interpreto male, uno dei punti di forza di questa nuova pubblicazione è che essa è «ispirata a una tolleranza metrica sicuramente maggiore delle edizioni che l’hanno preceduta» (Introduzione al secondo volume: lxxiii). Il passaggio della poesia della Scuola dal Sud al Centro e al Nord rappresenta uno snodo capitale nella storia della letteratura italiana delle Origini, perché l’adeguamento della poesia dei Siciliani alla lingua toscana ha comportato vari dissesti, tra i quali la cosiddetta rima siciliana, sulla quale non è il caso di soffermarsi, essendo notissimi i meccanismi che la regolano. Di Girolamo insiste però molto su un altro aspetto linguistico, che assume, nella sua riflessione, un notevole rilievo anche sul piano metrico-prosodico. Egli ricorda che la lingua siciliana non sopporta i troncamenti dopo liquida e nasale (dir, bel, ben ecc.), che invece sono normali nella lingua toscana, e che si trovano in abbondanza in alcuni manoscritti 8 . È vero che la lingua letteraria dei poeti siciliani accettava vari occitanismi e latinismi, continua lo studioso, sicché forme come amor, amar, cor, amador, fin e simili possono essere considerate plausibili; tuttavia «per ammettere . . . che le migliaia di troncamenti [che si trovano nei manoscritti e nelle edizioni moderne] siano originali si dovrebbe postulare un improbabile effetto domino . . . causato da un pugno di vocaboli» (lx). Questa affermazione sembra leggermente in contrasto con quella che precede, sulla medesima pagina, secondo la quale l’editore non può che accettare i troncamenti proposti dai codici toscani, o proporne altri di sua iniziativa «per evitare l’ipermetria», giacché «il compito dell’editore è la ricostruzione del testo sulla base dei dati disponibili: nel caso dei Siciliani, la ricostruzione di un testo già toscanizzato». Ma si dovrà forse anche tenere in debito conto il fatto che nelle terre dove nasce la poesia della Scuola si parlavano molte lingue, tanto che «il siciliano del secolo XII e della prima metà del XIII appare . . . al centro di una fitta rete di influenze da parte di altre lingue, che certamente dovettero plasmarne per più aspetti la fisionomia» (liii-liv) 9 . Comunque sia, il problema dei troncamenti si pone in modo evidente nei versi con rima interna in cesura, per i quali Di Girolamo non ammette l’apocope: essa infatti salva la misura del verso, ma produce una rima imperfetta, istituto estraneo alla prassi poetica siciliana (il tipo amore : cor). Tuttavia, la rima interna, proprio in quanto tale, ha uno statuto diverso da quella in punta di verso, tant’è che i copisti non sempre la segnalano (si veda per esempio quanto scrive in proposito R. Antonelli nel primo volume, in margine a Membrando l’amoroso dipartire, 559). E poi: se lo scopo dell’editore, come anche Di Girolamo inevitabilmente ammette, è quello di approssimarsi all’archetipo toscano (cxii), il cui 247 Besprechungen - Comptes rendus 7 Non mi riferisco ai Poeti del Duecento, nei quali non è prevista una sezione di Siculo-toscani, ma alla Letteratura italiana delle origini, Firenze 1970, che stacca i Siciliani veri e propri dai (cosiddetti) Siculo-toscani, tra i quali troviamo, appunto, Guittone, Bonagiunta, Panuccio dal Bagno, Chiaro, Monte, Dante da Maiano, la Compiuta Donzella, Paolo Lanfranchi. La stessa prospettiva si ritrova per esempio nell’Antologia della poesia italiana, diretta da C. Segre/ C. Ossola, vol. I Duecento-Trecento, Torino 1997. 8 Tali troncamenti sono tuttavia ben attestati, per esempio, in Pir meu cori alligrari di S. Protonotaro, uno dei pochi testi arrivati fino a noi in veste siciliana (cf. v. 9, 12, 13, 16 ben, v. 18 son, v. 47 guarir, v. 54 favur, v. 59 bon, v. 62 amar). 9 Penso che non si debba neppure dimenticare che la lingua poetica non è, per sua natura, assimilabile ad alcun altro linguaggio, fosse pure letterario, è «quasi un altro idioma, diverso dalla prosa», come scriveva L. Salviati; questo varrà anche per la lingua della Scuola siciliana, benché il canone linguistico poetico italiano, che dura si può dire intatto fino alle soglie del Novecento, si irrigidisca soprattutto dopo Petrarca (la citazione di Salviati in L. Serianni, La lingua poetica italiana. Grammatica e testi, Roma 2009: 11). filtro è ineliminabile, egli non lo dovrà fare troncando, ove si manifestasse la necessità, anche nei casi di rima interna, visto che nei toscani questo tipo di rima è testimoniato (anche se non si vede perché abbinarlo alla rima siciliana 10 )? Insomma Iacopo Mostacci, per fare un esempio, avrà scritto, e letto, «Amore, bene veio che mi fa tenere», come scrive il copista di V, oppure «Amor, ben veio che mi fa tenere», come giustamente stampa il suo editore? La riflessione sul troncamento porta lontano, perché, come ho anticipato, essa ha per Di Girolamo diramazioni metrico-prosodiche, essendo uno dei tasselli della dimostrazione dell’esistenza della cesura epica nei poeti della Scuola, già avviata nell’articolo appena citato in nota 11 . Pur se ridotto ai minimi termini, il ragionamento è il seguente. Benché i trovatori prediligano il décasyllabe con cesura dopo l’accento di 4 a su parola tronca («Tant m’abellis | l’amoros pessamens»), nelle loro liriche non mancano esempi di altri tipi di décasyllabes, compresi quelli con cesura epica (accento di 4 a su parola piana e quinta sillaba atona soprannumeraria): è un tipo di cesura «ben documentata, ma molto rara» (lxix). Alcuni endecasillabi siciliani irriducibili - soprattutto con rima al mezzo - inducono Di Girolamo a ritenere che anche presso la Scuola tale cesura fosse praticata: solo gli editori moderni, soprattutto Contini, ne hanno fatto perdere le tracce. Ma c’è di più. Lo studioso sottolinea che nei trovatori e nei trovieri c’è sempre dialefe in cesura lirica quando s’incontrano due vocali («Bona domna, ab sol c’amor mi dens»: décasyllabe), e afferma, con una consequenzialità non suffragata da un’istruzione probatoria, peraltro auspicabile, che «si può ritenere che nella metrica galloromanza dei secoli XII e XIII in sede di cesura la sinalefe non sia consentita nemmeno nel décasyllabe standard, corrispondente all’a minore italiano» (lxxi). Proseguendo, Di Girolamo non esclude che i Siciliani prevedessero «una cesura simile a quella epica» (lxxii: fa piacere la sfumatura) in versi come «uso di bene amare otrapassante» (Guido delle Colonne, Gioiosamente canto, v. 36), sull’esempio provenzale e sulla base del fatto che in cesura lirica l’incontro vocalico produce sempre dialefe nella poesia siciliana. Laddove, poi, la parola in cesura è in rima interna con il verso precedente, la cesura epica sarebbe un dato di fatto incontrovertibile: «Ordunque vale meglio di poco avere» (Guido delle Colonne, La mia gran pena, v. 43, dove vale rima con il precedente sale. Ma si veda sotto). Si dica per inciso che l’editore di Guido, Corrado Calenda, il quale pure aderisce con entusiasmo all’idea delle cesure epiche nei Siciliani (cf. vol. 2, p. 55s), segnala la presenza di tale istituto solo nel caso di rima interna, dunque non per il citato verso 36 di Gioiosamente canto. In effetti la dialefe con cesura epica nei casi di incontri vocalici, ma in assenza di rima interna, non sembra avere incontrato un grande favore negli editori dei «Meridiani». L’uso della cesura epica nei Siciliani, insomma, è ben lungi dall’essere dimostrato. Ma ancora più grave, secondo me, è la convinzione dell’esistenza presso i Siciliani della cesura epica dopo accento di 6 a , ben testimoniata nel Girart de Roussillon, ma del tutto assente nei 248 Besprechungen - Comptes rendus 10 «Se in ambiente toscano si originò l’equivoco della rima siciliana, è ugualmente possibile che le rime interne piane e eccedenti dei fridericiani venissero mentalmente troncate dai lettori toscani, quando non lo erano già nei codici, legittimando una rima imperfetta» (C. Di Girolamo/ A. Fratta, «I decenari con rima interna e la metrica dei Siciliani», in: Dai Siciliani ai Siculo-toscani. Lingua, metro e stile per la definizione del canone, Galatina 1999: 182). Dirò per inciso che secondo me è del tutto superfluo introdurre nella metrica nostrana il concetto di decenario; ma a proposito della denominazione dei versi mi pare curioso ciò che Di Girolamo scrive: «in francese i versi sono denominati contando una sillaba in meno rispetto all’italiano, perché le parole ossitone sono più frequenti delle parossitone» (c: N77). Assai meno fuorviante dire che nelle lingue galloromanze i versi prendono il nome dall’ultima sillaba accentata, e, a rigor di logica e di cronologia, non sono i francesi che contano una sillaba in meno, ma siamo noi che ne contiamo una in più! 11 Si veda anche C. Di Girolamo, Scuola poetica siciliana, metrica, in: Federico II. Enciclopedia fridericiana, vol. 2, Roma 2006: 691-700. trovatori: tocca chiedersi ancora una volta su che cosa si basi questa certezza, tanto gravida di conseguenze metriche e stilistiche, della presenza di tale tipo di cesura nella lirica della Scuola. Quand’anche sia dimostrata (ma è dimostrata? ) la conoscenza del Girart da parte dei Siciliani, non capisco bene perché un istituto tipicamente epico - e in questo caso senza nemmeno gli sporadici prolungamenti trobadorici visti per la vera cesura epica (quella, cioè, dopo accento di 4 a ) - debba essere assunto da poeti lirici (allofoni) come cifra metrico-stilistica della loro produzione. In sostanza, le prove addotte (sia in questa Introduzione, sia nell’articolo a quattro mani con A. Fratta) sono deboli, per non dire assenti, e comunque insufficienti, secondo il mio parere, perché si possa passare senz’altro dalla teoria alla pratica (come avviene spesso in questa edizione). Per dire che la lirica della Scuola ammette la cesura epica in quanto tale, cioè come vero e proprio istituto prosodico, mancano ancora alcune importanti tessere. Preliminarmente: Di Girolamo non può che partire dal presupposto che l’endecasillabo derivi solo e soltanto dal décasyllabe occitanico, ma c’è chi autorevolmente affianca ad esso altre scaturigini (per esempio mediolatine). Di conseguenza Di Girolamo ritiene che l’endecasillabo debba essere necessariamente sempre cesurato, come il décasyllabe galloromanzo: ma anche su ciò non tutti concordano 12 . «Bisogna riconoscere che, fin dai testi più antichi, l’impressione ritmica che si riceve da una qualsiasi serie di endecasillabi italiani è totalmente diversa da quella dei décasyllabes occitanici» 13 : questa semplice constatazione dovrebbe indurre gli specialisti a un surplus di riflessione, e certo alla cautela. E ancora: dato l’assunto che si vuole dimostrare, sarebbe stato necessario approntare un’accurata indagine preventiva sulla cesura epica nei trovatori, per stabilirne la consistenza, per capire se essa, per esempio, è presente - e in che misura - nei trovatori che sono più manifestamente presenti nelle liriche della Scuola. Di più: l’assenza della cesura epica nel caposcuola Giacomo da Lentini (si veda l’edizione preparata da Antonelli, il quale, se non ho visto male, postula, e solo ipoteticamente, un’unica cesura di questo tipo) doveva in qualche modo essere segnalata, giacché è da tutti pacificamente accettato che il Notaro è stato un costante punto di riferimento artistico per i poeti della sua generazione e di quella successiva. Riprendendo il discorso del troncamento, per esempio, Antonelli non esita, per me giustamente, a stampare un «Ed ò vista d’Amor cosa più forte» (dove Amor - nel ms. amore - rima con errore del verso precedente), rigettando quindi l’idea di una cesura epica come àncora di salvezza della rima interna. Faccio qualche altro esempio tra i molti possibili. Guido delle Colonne, La mia gran pena: il v. 25 suona «e per un cento m’àve più di savore», con cesura epica. Contini aveva eliminato il partitivo (più savore), ma il problema dell’eccedenza si potrebbe risolvere con la sinalefe interversale (anasinalefe), un istituto abbastanza diffuso nei Siciliani, e autorizzato dallo stesso Notaro. La medesima soluzione si potrebbe adottare al v. 43 «ordunqua vale meglio di poco avere», per il quale si potrebbe anche ipotizzare un meglio occitanicamente monosillabo (quando non si voglia ovviamente apocopare val, nonostante la rima interna). Ancora Guido, la canzone Gioiosamente canto, v. 57: «Così mi tene Amore lo cor gaudente», dove Amore rima con il precedente fredore. Contini risolve molto elegantemente con 249 Besprechungen - Comptes rendus 12 Su queste fondamentali questioni si veda A. Menichetti, Metrica italiana. Fondamenti metrici, prosodia, rima, Padova 1993: 443-45 e 466s., nonché, dello stesso autore, l’articolo «Quelques considérations sur la structure et l’origine del l’‹endecasillabo›», ora in A. M., Saggi metrici, Firenze 2006: 251-69, in particolare p. 256s. Dov’è, per esempio, la cesura in un verso come «di loco ove possa essere affannato» (Iacopo Mostacci, 13.4, v. 32)? O in «sentisse per una sola speranza» (Iacopo Mostacci, 13.5, v. 50)? In effetti l’editore (A. Fratta) scrive che nel primo caso la cesura potrebbe essere «mediana o lirica o a maiore sdrucciola», mentre nel secondo è «anomala». Non si potrebbe ammettere che la cesura manca in entrambi? 13 A. Menichetti, Metrica italiana: 444. il provenzalismo corgaudente, ma Calenda rifiuta apoditticamente tale soluzione: «non è testualmente ricevibile» (? ), talché sembra che la cesura epica sia una verità da difendere coûte que coûte. Un altro caso risolvibile con la sinalefe interversale è quello di Ruggieri d’Amici, Sovente Amore n’à ricuto manti (edito da A. Fratta): il v. 28 è «e no mi trago arieto ma pur avante». Secondo l’editore, «se non c’è guasto» siamo in presenza di una cesura epica a maiore. Al v. 55 di Federico II, Poi ch’a voi piace, Amore (14.3) Stefano Rapisarda individua una cesura epica «irriducibile per apocope», ma non si capisce perché troncare buon, che V ovviamente legge buono, e lasciare integro segnore (il verso è: «Spero à tutora chi al buon segnore crede»): il verso risulterebbe piuttosto legnoso, ne convengo, con tre accenti e due troncamenti consecutivi, e infatti la soluzione migliore rimane, a mio modo di vedere, quella tradizionale: troncare tutora nonostante la rima interna. È vero che spesso le soluzioni proposte implicano l’accento di 5 a , il cui indebito proliferare rischia di dare a questa poesia un’immagine prosodica falsata. C’è però da dire che la sinalefe interversale smorza l’effetto straniante - almeno alle nostre orecchie, se non anche a quelle dei poeti delle Origini - di questo accento, che comunque rimane documentato nella poesia soprattutto pre-dantesca (si veda in ogni caso il mio commento qui sotto all’anonimo S’eo pato pena ed aggio gran martire). Inoltre io ho solo voluto mostrare che è pericoloso affezionarsi a una sola idea in sede di edizione di testi, perché a volte altre soluzioni sono a portata di mano, e lo studioso dovrebbe tenerne conto almeno come ipotesi da riservare al commento. È comunque curioso che alcuni curatori tra i più convinti dell’esistenza della cesura epica si lascino scappare qualche esempio: il v. 3 di Mostrar voria in parvenza di Iacopo Mostacci (13.6) viene stampato da A. Fratta «s’ausasse adimostrar lo mio talento», producendo un endecasillabo perfetto tramite troncamento dopo vibrante, benché il manoscritto abbia adimostrare, il cui mantenimento permetterebbe una cesura epica (a maiore per di più! ). La discussione di altri casi particolari si trova, qui, nelle schede ai singoli testi. È ben vero che a volte l’ipertrofia sillabica sembra configurarsi come una patologia immedicabile, resistente anche agli interventi chirurgici normalmente praticati in casi siffatti; ma è altrettanto vero che può essere piuttosto pericoloso sottovalutare con troppa disinvoltura le implicazioni di una tradizione manoscritta che molto spesso, per i Siciliani, è unitestimoniale: il dato manoscritto va sempre preso, in questi casi, con beneficio d’inventario. Senza contare che non dovrebbe far gridare allo scandalo l’esistenza di qualche ipermetro autenticamente d’autore (come, d’altronde, non dovrebbe stupire qualche assonanza in luogo della rima). Ripeto: dove sono le prove vere dell’esistenza della cesura epica nei Siciliani? In una manciata di versi irriducibili in testimonianza quasi sempre unica, o comunque molto povera (tranne che per 4.2, che ha cinque testimoni e per 14.3, che ne ha otto)? In altri termini: quello che non vale per un pugno di parole tronche (vedi quanto detto sopra) può valere per un manipolo di versi ipermetri? (Se non ho contato male, le cesure epiche dichiarate nei cappelli sono una settantina su alcune migliaia di endecasillabi: solo i sonetti anonimi pubblicati in questa edizione contano 1162 versi). Io penso che sia più saggio - oltre che più corretto metodologicamente - convenire con quanto scrive Menichetti, che «sarebbe quanto meno imprudente che l’editore scegliesse a occhi chiusi, senza previo, attento scrutinio, endecasillabi di questo genere [cioè con la cesura epica]. La prassi, specie nella poesia culta, sembra alquanto eccezionale» 14 . E infatti non tutti i curatori dei testi contenuti nei «Meridiani» accolgono l’idea della cesura epica in modo indiscriminato. Un altro spunto di riflessione: l’editore di componimenti poetici antico-italiani non può non scontrarsi con il problema della corretta interpretazione prosodica dei testi. Accenno qui solo a due questioni: a qualcuno sembreranno senz’altro delle minuzie, ma io ritengo 250 Besprechungen - Comptes rendus 14 A. Menichetti, Metrica italiana: 70. che non sia ammissibile l’approssimazione nel trattamento dei fatti prosodici (e comunque il filologo non è un pretore, e dunque de minimis curat). La prima questione riguarda la differenza tra dieresi e sineresi. Nell’Introduzione al secondo volume Costanzo Di Girolamo scrive che «è ben singolare . . . che criatura sia a volte sineretico, a volte dieretico» (lxvii), ma di singolare c’è, piuttosto, l’idea che una stessa parola possa essere considerata, a seconda delle esigenze, dieretica e sineretica: in effetti la dieresi propriamente detta «è lo scindersi in due sillabe . . . di nessi vocalici che . . . normalmente costituiscono in italiano una sola sillaba», mentre la sineresi è il fenomeno inverso, e dunque la «fusione in una sola sillaba metrica di vocali contigue che nella lingua sono normalmente separate da iato e che quindi corrispondono normalmente a due sillabe» 15 . È evidente che con criatura/ creatura siamo nel secondo caso, perché si tratta di parola normalmente - dunque senza che intervenga alcuna dieresi - quadrisillaba, che in poesia può essere trattata come trisillaba per sineresi. E che ciò accada non è singolare, ma piuttosto normale nella lingua antica. La seconda questione, invece, riguarda l’uso del segno di dieresi, che avrebbe potuto essere qua e là più sorvegliato: non è necessario metterlo, perché nella lingua c’è iato, per esempio su disiare, criatura, chiunque, creomi e simili, viaggio ecc. La prassi editoriale ci ha abituati in questi casi a una certa inutile ridondanza, ma dopo le lucide pagine dedicate all’argomento da Menichetti sarebbe auspicabile da parte degli editori una maggiore attenzione 16 . Per evitare incomprensioni, magari nei lettori meno esperti, si potrebbe riservare il segno di dieresi anche in presenza di uno iato ai casi più ambigui, per esempio au, che di solito è sentito come monosillabo (aündanza). Per nulla tollerabile l’errore commesso dall’editore di Re Enzo per il v. 7 di Tempo vene che sale chi discende (20.4), il quale, per evitare l’«ennesimo inserimento della congiunzione coordinativa a inizio verso», diroccia su un vengiare dieretico. Il verso suona «tempo di vengiare chi t’offende», ed è chiaro che la dilatazione dell’infinito è assolutamente ingiustificabile, giacché la i è puro segno grafico di palatale (oltretutto questa forma verbale è un gallicismo, e già in antico francese la grafia oscillava tra vengier e venger, mentre in occitanico è per lo più venjar). Inverosimile è poi il rinvio all’incolpevole Menichetti per avallare l’intervento, perché gli esempi riportati nel luogo citato della Metrica italiana (coscienza, scienza, religione, che sono latinismi) nulla hanno da spartire con la forma vengiare. Passo dunque all’analisi, necessariamente selettiva, dei singoli testi. Vol. 1. Come ho anticipato, questo volume è integralmente dedicato a Giacomo da Lentini, ed è il solo nel quale il curatore-editore è unico. Per quanto riguarda il testo critico, Roberto Antonelli si appoggia alla sua precedente edizione (Roma 1979), anche se l’analitica revisione sui manoscritti e il ripensamento globale sull’opera del Notaro hanno portato alcuni cambiamenti nelle scelte ecdotiche (cf. p. xci), forse non sempre davvero migliorative, come si vedrà. La novità è tuttavia il ricco commento, che rappresenta la prima seria esegesi all’opera completa di Giacomo, e che colma una delle più gravi lacune della nostra filologia, visto che il Notaro è il capostipite della lirica italiana. L’evidente esuberanza è motivata con l’intenzione di misurare da una parte l’impatto degli autori precedenti su Giacomo, dall’altra la diffusione nell’immediata posterità (fino a Petrarca) dei moduli poetici del Notaro, giacché «la lirica italiana predantesca, per adesione o per negazione, fu sostanzialmente siciliana e soprattutto lentiniana» (xciv). Tuttavia, nonostante il lodevole intento dell’editore, e la sua nota e apprezzata acribia, l’impressione dominante è che la glossa soffochi il testo, che essa abbia, come averte del resto lo stesso Antonelli, «caratteristiche . . . abnormi ed 251 Besprechungen - Comptes rendus 15 A. Menichetti, Metrica italiana: 182, e anche 268s. 16 A. Menichetti, Metrica italiana: 307-10. esorbitanti da quel che dovrebbe essere una notazione intrepretativa sobria, ‹amichevole› nei confronti del lettore» (xciv). Ciò che manca è proprio l’amichevolezza, cioè la leggibilità del commento. Per quanto riguarda la grafia adottata, essa «è quella più vicina alla forma moderna, ovunque non implicasse la perdita di elementi fonematici specifici del manoscritto . . . o di elementi ascrivibili all’archetipo toscano» (xcvii), secondo una prassi ormai consolidata. Temo di non avere ben compreso, invece, l’annotazione a proposito della punteggiatura (xcviii), che - sembrerebbe di poter interpretare - risulta più sobria in questa edizione che in quelle correnti, giacché «si è spesso preferita l’ambiguità di una notazione essenziale a decisioni forse più chiare ma non rispondenti pienamente ai problemi posti dal testo o alle soluzioni ambigue ascrivibili già al Notaro»: al di là dell’oggettiva difficoltà di sorprendere scelte ambigue d’autore in assenza di autografi, di fatto il confronto con i testi di Giacomo pubblicati anche da Contini nei Poeti del Duecento non hanno messo in luce, mi pare, differenze quantitativamente rilevanti. 1.1: Madonna, dir vo voglio. Nel cappello si avverte che al v. 24 ci sarebbe una dialefe, ma foc’aio al cor non credo mai si stingua ha una sinalefe. Al v. 1 vo è forma «più che sospetta», avverte Antonelli in nota, giacché conservata solo nel pisano L a : essa viene qui mantenuta per «coerenza interna», giacché l’editore ha scelto «L a quale testimone privilegiato». In una simile fattispecie io credo sia non solo lecito, ma addirittura doveroso allontanarsi dal codice base, e ha ragione Luca Serianni a stampare vi, probabilmente originale, seguendo la testimonianza degli altri codici 17 . Al v. 68 la dieresi su dispiacerï’ a provoca ipermetria, giacché creio non può che essere bisillabo (anche in questo caso Serianni stampa correttamente): non condivisibile l’annotazione di Antonelli nella quale viene difesa la scelta fatta per l’«eccezionalità di crio dieretico fuori rima», giacché la forma verbale è iatica. Si aggiunga che il verso era corretto invece nell’edizione del 1979, a parte ovviamente il superfluo segno di dieresi su creio. 1.5: Dal core mi vene. Al v. 18 Antonelli stampa viverïâ tormenti, con crasi, come annotato nel commento, mentre in Madonna, dir vi voglio v. 68 dispiacerïâ (dove peraltro la dieresi è di troppo, come s’è visto) è solo data come possibilità: eppure il caso mi pare identico. 1.26: A l’aire claro ò vista ploggia dare. Il v. 7 suona qui «e dui guerreri infin a pace stare», secondo una suggestione di A. Roncaglia; ma a me pare difficilior, e dunque preferibile, la lettura del 1979 «e dui guerreri in fina pace stare». 1.34: Chi non avesse mai veduto foco. Non si capisce, nel cappello, il dubbio riguardo alla dialefe in cesura del v. 9 Che s’aprendesse in voi, donna mia, che è necessaria (meno plausibile qui, e da usare sempre con cautela, la dieresi su voi). 1.17: Dolce coninzamento. L’articolazione del discorso diretto all’interno del componimento può essere problematico, come avverte lo stesso Antonelli; è possibile che quella proposta dal nuovo editore - che asseconda del resto l’edizione del 1979 - sia la più corretta, eppure l’assetto preparato da G. Contini mi convince maggiormente: anzi, a me pare senz’altro più congruo addebitare i v. 18-20 («Rimembriti a la fiata / quand’io t’ebi abrazzata / a li dolzi basciari») all’uomo, benché lo stesso Contini, che così fa, annoti che anch’essi «potrebbero, più persuasivamente, riferirsi alla donna, qualora si ammettesse che il participio del verbo transitivo . . . concorda col soggetto» (è suggestione accolta da Antonelli). Al v. 18 a la fiata significa più probabilmente ‘talvolta’ (Contini) che ‘quella volta in cui, quando’ (Antonelli). 252 Besprechungen - Comptes rendus 17 L. Serianni, La lingua poetica italiana, 2009: 271. Vol. 2. 2. Ruggieri d’Amici: testi editi da A. Fratta. 2.1: Sovente Amore n’à ricuto manti. Tra i v. 20 e 23 salta la rima; al v. 20 i ms. leggono arichuto (V) e ariccuto (P), mentre al v. 23 veduta (VP). Fratta segue Panvini e corregge il primo in aricato (da arricare per arricchire) e il secondo in visato. Mi pare un intervento assai oneroso e inutilmente deformante, da proporre semmai nel commento, ma certamente da non esibire a testo, giacché dà sicuramente meno fastidio l’assonanza originale aricuto ~ veduta (oltretutto al v. 23 è meglio mantenere il participio al femminile: più rica gioia mai non fu veduta). Si aggiunga che anche al v. 33 c’è un problema, irresolubile, in sede di rima. 2.2: Lo mio core che si stava. Nel cappello l’editore avverte che i v. 30 e 42 sono ipometri; entrambi possono essere sanati con dieresi d’eccezione, nel primo caso su voi, nel secondo su suo: è vero che il primo caso richiede una «valutazione più cauta» rispetto al secondo, ma è anche vero che la «dieresi d’eccezione risulta ammortizzata dinanzi a pausa o cesura» (A. Menichetti, Metrica italiana, 1993: 246), e qui dopo voi c’è un inciso. In ogni caso non mi pare metodologicamente corretta la soluzione di Fratta, che risolve a testo solo il v. 42 lasciando in sospeso il v. 30. 3. Tommaso di Sasso: testi editi da S. Rapisarda. 3.2: D’amoroso paese. I v. 18-20 suonano «non trovo chi lo saccia, ond’io mi schianto, / ch’è vicino di morte / crudel e forte mal che nonn-à nomo», quindi ‘non trovo chi lo sappia [cosa sia Amore] e dunque muoio di dolore, dato che un male crudele e forte cui non si riesce a dare un nome è assai simile alla morte’: in nota si ricorda che Panvini aveva corretto al v. 18 con il sicilianismo mi scanto ‘mi spavento’ il mi schianto del ms. Tale correzione è giudicata «del tutto avventurosa». Poteva però valere la pena di ricordare che tale intervento panviniano era stato valorizzato da A. Roncaglia, il quale propose « . . . miscanto / ch’è vicino a morte . . . », dando all’hapax il significato di ‘biasimare’, ‘lamentare’ (del resto lo stesso schiantare, come avverte in nota Rapisarda, non è usato altrove nella poesia dei Siciliani) 18 . 4. Guido delle Colonne: testi editi da C. Calenda. 4.1: La mia gran pena. Tra i testi che hanno un tema simile a quello della canzone di Guido andavano segnalati i sonetti anonimi Non saccio a che coninzi (49.33) e Al primo ch’io vi vidi (49.47): R. Gualdo, curatore del primo, nota un’affinità tra i due anonimi e un altro sonetto anonimo, Come fontana (49.71), che però a sua volta è fortemente influenzato da Gioiosamente canto (cf. i miei Sonetti anonimi, 128), ancora di Guido delle Colonne. Al v. 5 sarebbe stato corretto segnalare che l’integrazione in merzede di merze del manoscritto (V, testimone unico) si deve a Contini; al limite si potrebbe, anziché integrare merzé, leggere süa con accento di 5 a (il verso è «in sua merzede m’àve riceputo»). Al v. 14 aggio visto secondo il curatore sarebbe «da intendersi impersonalmente», ma non se ne vede la ragione; v. 16-17: per il concetto espresso, più che il citato Guinizzelli (Ch’eo cor avesse, v. 3) sembrerebbe meglio Paolo Lanfranchi, Dime, Amore, vorestù tornare, v. 4: «ché talor nose lo tropo adastare»; al v. 23 è giusta, in linea di massima, l’osservazione che gioia è spesso monosillabo nella lirica duecentesca (per influsso dell’occitanico joi) e che quindi è inutile ridurlo a gioi, come fa Contini, per distinguerlo dai casi in cui la parola è bisillaba (qui, per esempio, ai v. 3 e 42); è comunque bene tener presente che la forma gioi non è assente dai Siciliani (cf. lo stesso Guido in Gioiosamente canto, v. 9, in rima); ai v. 33-34 Calenda cambia la punteggiatura di Contini (e delle Concordanze di Avalle) mettendo i due punti dopo vallimento e virgola dopo ’norato; la differenza non è, mi pare, significativa, e poco cogente la 253 Besprechungen - Comptes rendus 18 A. Roncaglia, «Conservare o congetturare: un falso dilemma», in: A. Ferrari (ed.), Filologia classica e Filologia romanza: esperienze ecdotiche a confronto. Atti del Convegno Roma 25-27 maggio 1995, Spoleto 1998: 291-306 (p. 300s.). giustificazione dell’editore, che afferma di essere intervenuto per evitare «l’inutile complicazione, a 33, di una consecutiva con ellissi della congiunzione», giacché l’ellissi in questione non è così sorprendente nella sintassi antica; ai v. 41-42 mi pare che Calenda abbia ragione nel sostenere che il tema qui non sia tanto il celare, quanto piuttosto l’incapacità da parte del poeta-amante di manifestare il proprio sentimento. 4.2: Gioiosamente canto. Al v. 18 l’editore legge «che non fa d’una fera», come Contini, seguendo la lezione di P e del Chigiano, mentre VL b leggono fa una fera, con dialefe. Calenda opta per una soluzione testuale in fondo accettabile, ma egli scivola poi pericolosamente nella glossa, mostrando quanto il terreno dell’ecdotica possa essere infidamente muscoso. L’editore afferma infatti che la lezione è stata accolta a testo perché difficilior, in quanto contiene «un non comune nesso sintattico», ma poi si contraddice aggiungendo che essa «potrebbe recare un intervento arbitrario del trascrittore per sopprimere la dialefe tra fa e una»; delle due l’una: o si tratta di una lezione che può essere considerata difficilior, oppure si tratta di un rimaneggiamento del copista - come è noto, infatti, i copisti normalmente banalizzano. I v. 21-22 suonano nell’edizione Calenda: «sovr’ogn’altra, amorosa, mi parete / fontana che m’à tolta ognunqua sete» (secondo VL b ); Contini aveva «sovr’ogn’agua, amorosa - donna, sete / fontana che m’ha tolta ognunqua sete» (secondo PChV 2 ), cioè ‘più che non sia qualsiasi acqua, donna amorosa, voi siete fontana che mi ha tolto qualunque sete’. Mi pare che la nuova edizione peggiori la vecchia, difficilior anche perché è presente una rima equivoca; Calenda, al contrario, chiosa che la variante è «interessante, ma non tale . . . da giustificarne l’assunzione a testo . . . (tra l’altro la modifica del secondo emistichio instaura rima equivoca)»: affermazione, quest’ultima, piuttosto sibillina. 4.3: La mia vit’è sì fort’e dura e fera. Nel cappello si afferma che «la misura del primo verso della sirma, ottonario per Contini e Antonelli, settenario per Panvini, non è coerentemente rispettata in nessuno dei due mss.»: a me pare, piuttosto, che P sia qualche volta ipometro, e che V conservi invece sempre l’ottonario (per il v. 17 vedi sotto). Al v. 2 si opta per la lezione di P «ch’eo non posso vivere né morire», accolta per salvare una cesura lirica e un accento di 5 a : mi pare comunque meglio V (scelto da Contini) «ch’eo non posso né viver né morire»; al v. 17 «cad eo no mi trovo aiuto» Calenda mescola le lezioni dei due ms. per ottenere l’ottonario (V ha «cad eo non trovo a.», P «k’eo no mi trovo a.»), ma in nota avverte che si potrebbe adottare la lezione di P con eo dieretico: con eo dieretico funzionerebbe anche la lezione di V, nonostante l’assenza del mi («cad ëo non trovo a.»). Il v. 28 è ipometro, e in nota si suggerisce la possibile soluzione, cioè una dieresi d’eccezione su eo: non si capisce perché non renderla operativa. Il v. 30 «senza dritto sono in mala via», ha una cesura lirica e l’accento di 5 a ; ma è interessante il suggerimento di Contini di inserire un ne prima di sono, in parallelo al v. 20 «e venuto ne sono a male (mal Calenda) porto». 7. Rinaldo d’Aquino: testi editi da A. Comes. 7.11: Meglio val dire ciò ch’omo à ’n talento. Il sonetto ha una tradizione manoscritta piuttosto curiosa: è inserito a forza nella canzone Poi li piace di Rinaldo d’Aquino, come terza stanza, nella sezione che V dedica al rimatore, e allo stesso modo compare in L b ; nel codice vaticano, però, esso è trascritto anche nella sezione dei sonetti, e qui è anonimo. In questa edizione mi pare che il componimento sia attribuito a Rinaldo un po’ troppo frettolosamente, dal momento che la Comes non porta alcuna prova a favore dell’attribuzione, non essendo certo tale la forzata inclusione in Poi li piace. Al contrario, la studiosa cita altri due casi simili che depongono decisamente a sfavore dell’assegnazione di Meglio val dire a Rinaldo. Il primo è In un gravoso affanno, dello stesso rimatore, che in alcuni ms. presenta un congedo in realtà di Chiaro Davanzati; il secondo è Inghilfredi, Caunoscenza penosa, dopo la cui prima stanza è trascritta, in P, la terza strofe (non l’ultima come scritto da M. Berisso, vol. 2, p. 507, apparato) di Ben m’è venuto di Giacomo da Lentini (cf. anche volume primo, 254 Besprechungen - Comptes rendus 176). Si aggiunga che la stessa Comes deve ammettere che «i rilievi stilistici e tematici . . . non costituiscono sufficiente elemento positivo per l’attribuzione a Rinaldo d’Aquino» (226), e che R. Coluccia, nell’Introduzione al terzo volume, parla di «dubbia attribuzione» (lxx). Per me il sonetto resta anonimo, e comunque sarebbe stato più prudente inserirlo nella sezione dei testi dubbi. 13. Iacopo Mostacci: testi editi da A. Fratta. 13.1: Allegramente canto. Tra gli errori che provano l’esistenza dell’antecedente comune a VL b Fratta include quello del v. 36 lamore in luogo del corretto lomare di P. Si tratta senz’altro di un errore, per il senso e perché è strutturalmente necessaria una rima interna in -are; tuttavia potrebbe trattarsi di una banalizzazione poligenetica, sia perché si tratta di un semplice scambio vocalico, sia perché in quella strofe c’è anche la rima -ore, che potrebbe aver tratto in inganno i copisti di V e L b indipendentemente l’uno dall’altro. Sul piano retorico Fratta segnala il collegamento capfinit tra le stanze I-II (v. 12-13 temere-temenza) e, in modo meno rigoroso, II-III (v. 22-26 laudato-laudo); in verità le stanze II e III sono anche capdenals, anche se non rigorosamente (temenza-temendo). Per l’incipit del componimento poteva valer la pena di citare anche l’inizio di Peire Bremon Ricas Novas, Ben dey chantar alegramen (v. 1), e anche, a rovescio, i primi due versi di Bertran Carbonel, «S’ieu anc nulhs tems chantiei alegramen / ar chant marritz, et ay en ben razo». Al v. 11 non mi pare che ci sia un’intenzione ironica in Iacopo, come invece sostiene Fratta. I v. 34-36 suonano «Così tegno saria / vostro pregio per arte / come lo mare per lo scoridore», cioè ‘allo stesso modo ritengo che con artifici (per arte) succederebbe al vostro pregio ciò che càpita al mare grazie al fiume (scoridore)’. In altri termini: come le mie parole poetiche non possono aumentare il vostro pregio, così un fiume non può aumentare la quantità di acqua del mare. Il ms. P ha al v. 34 E così cresceria, lezione ipermetra, e che secondo Fratta ha depistato tutti i precedenti editori: «se il poeta qui affermasse di poter sensibilmente accrescere il pregio della donna per arte, verrebbe a trovarsi in contraddizione con quanto asserito a 27-9», cioè «che certo credo che poco saria / ciò ch’io di ben dicendo / potessevi avanzare». In verità, a parte l’ipermetria - condivisa peraltro da V, e quindi forse, come giustamente ipotizza Fratta, d’archetipo -, la lezione di P cresceria non provoca alcuna contraddizione: il poeta, anzi, ribadisce quanto ha già affermato, cioè che con le sue parole il pregio della donna potrebbe aumentare come l’acqua del mare grazie a un affluente, cioè poco o nulla. 13.2: Amor, ben veio che mi fa tenere. Viene segnalato il legame capdenal tra I e II (Amor) e tra III e IV (Madonna-Donna), ma in realtà la strofe IV inizia con Donna e Amor, legandosi in questo modo, a mo’ di conclusione riassuntiva, sia alla str. III, sia alle str. I e II. I versi iniziali del componimento sono: «Amor, ben veio che mi fa tenere / manera e costumanza / d’auscello ch’arditanza lascia stare / quando lo verno vede sol venire: / ben mette ’n ubrïanza / la gioiosa baldanza di svernare». Fratta fa dipendere dunque il v. 4 dal v. 3, come gli editori ottocenteschi, mentre gli studiosi recenti, fino alle Concordanze di Avalle, sconnettono questi due versi «mutilando in tal modo i nessi logico-semantici di 3» (Avalle per esempio, mette i due punti dopo stare): in realtà il senso torna ugualmente, anche mettendo, poniamo, una virgola alla fine del v. 3 e legando il v. 4 ai seguenti. Al v. 11 inova non significa semplicemente ‘riprende’, come glossa Fratta, ma ‘rinnova’, con un più chiaro collegamento al ben noto cliché anche trobadorico del canto nuovo primaverile. Al v. 16 Fratta spiega megliorato con ‘pervenuto a una condizione più felice’, sulla scorta del GDLI; ma qui il significato del participio dipende da quello dell’infinito megliorare del verso precedente, quindi ‘affinato’, ‘perfezionato’ (come peraltro spiegato nella nota corrispondente). Al v. 47 il parallelo con Raimon de Miraval funziona a patto di avvertire che il senso è completamente rovesciato rispetto al verso di Iacopo: il trovatore dice infatti che nel mondo non c’è rocca o muro che possa difenderlo dalla donna, mentre per Iacopo è la donna stessa la sua dife- 255 Besprechungen - Comptes rendus sa. Al v. 31 Fratta stampa bonaventura, ma a 13.5, v. 26 (Di sì fera ragione) opta per bona ventura, senza che venga segnalata, mi pare, una differenza interpretativa. 14. Federico II: testi editi da S. Rapisarda. 14.3: Poi ch’a voi piace, Amore. Al v. 55 è buona la correzione, a inizio verso, del pero di V, che diventa spero, rara forma maschile per ‘speranza’. 14.5: Misura, providenza e meritanza. Al v. 5, «né di richezza aver grande aundanza», l’editore ipotizza una dialefe tra grande e la parola che segue, «se non c’è dieresi su aundanza». Il caso è interessante, perché in aundanza ci dovrebbe essere iato (più che dieresi), giacché le due vocali sono diventate contigue per la caduta di una consonante. Tuttavia un aggettivo come sciaurati - che ha le stesse caratteristiche - viene spesso trattato dai poeti antichi in modo sineretico, sicché anche qui non è fuori luogo leggere aun-dan-za, quindi con dialefe dopo grande. La scansione più probabile è sinalefe seguita da iato. 17. Giacomino Pugliese: testi editi da G. Brunetti. 17.1: Morte, perché m’ài fatta sì gran guerra. Al v. 8, «la mia alegranza post’ài in gran stristanza», la Brunetti commenta che «la misura del verso è corretta a patto di una dura sinalefe», ma non mi pare che nessuna delle due sinalefi di questo endecasillabo possa essere giudicata dura. Al v. 22, «ch’io son smaruto, non so ove mi sia», si ipotizza, ma per fortuna solo dubitativamente, una cesura epica, che chiaramente non c’è: il verso non è neppure ipermetro, qualora ove si legga mentalmente ’ve. 17.4: Lontano amor mi manda sospiri. Il v. 11 è, come avverte G. Brunetti, «difficile per misura e prosodia»; il ms. unico (V) ha se nonn-in voi che siete la gioia mia, che l’editrice risolve, «con qualche dubbio», espungendo l’articolo e interpretando gioia come monosillabo. Panvini aveva corretto il voi in lei («se non ’n lei, ch’è la gioi mia»), perché in tutto il componimento Giacomino non si rivolge mai direttamente alla donna. Credo che Panvini possa avere ragione, ma proporrei «se nonn-in lei ch’e[ste] la gioia mia», con gioia monosillabo: la forma este per è può infatti essersi tramutata in siete sotto il calamo del copista, con conseguente passaggio lei voi 19 . Il v. 32 viene letto «di quello regno che è più fino», e nella nota iniziale si sottolinea la presenza della dialefe (si tratta di un decasillabo): non risulta però dall’apparato che in verità V ha che piu fino, dunque è ipometro; si potrebbe anche integrare «ch’è [lo] più fino», ovvero «ch’e[ste] più f.». 17.5: Donna, di voi mi lamento. Alla fine del v. 40 G. Brunetti mette un punto interrogativo, staccando quindi il v. 41 dai precedenti; forse si potrebbe chiudere con i due punti il v. 38 e mettere una virgola alla fine del v. 40: «Donna, non ti pesa fare / fallimento o villania: / quando mi vedi passare / sospirando per la via, / asconditi per mostranza» 20 . Mi sembra, infatti, che per il poeta non sia in dubbio il fatto che alla donna non pesi fare fallimento o villania. Al v. 46 l’apocope di sire è superflua, giacché può fare sinalefe con la vocale seguente. Il v. 61 è ipermetro (basta apocopare amore), come il v. 70 (lo ’l). 17.6: La dolce cera piasente. Il v. 29 suona «Quando veggio l’avenente»: V ha quando vegio venire l’avenente, P ha quando vegio venire l’aulente; nell’apparato manca Ch, che leggerà presumibilmente come P, altrimenti non si comprende la nota relativa. G. Brunetti pensa che in questo luogo V sia contaminato per «l’inserimento esplicativo di venire»: ma credo si possa ipotizzare anche l’errore poligenetico, essendo il sintagma veggio venire banale e diffuso. 256 Besprechungen - Comptes rendus 19 Ricavo questa e le seguenti suggestioni da Emilia Zannoni, Le rime di Giacomino Pugliese. Edizione critica con commento, glossario e rimario, tesi di laurea, a. a. 1986-87 (relatore: A. Menichetti). 20 Zannoni, Le rime, 1986-87: 135. 17.7: Quando veggio rinverdire. Al v. 9, «che l’amanti pere a torto», il testimone unico (il solito V) ha una grave ipermetria: che gl’amanti perono a gran torto. La soluzione adottata dalla Brunetti è la stessa di Panvini, il quale giustifica l’intervento con l’incomprensione da parte del copista toscano del siciliano amanti singolare. È una buona soluzione, che però cancella il sintagma molto diffuso a gran torto. Credo che nessuno abbia ipotizzato un «manti perono a gran torto», preceduto da una punteggiatura forte (punto o punto e virgola) 21 . 17.8: Ispendïente.Al v. 51 è buona la soluzione proposta, ch’entrava gente di V in «che strana g.» (si poteva allegare in nota anche quella di Monaci, «che prava g.»). Non si capisce perché sia stato lasciato ipermetro il v. 55, decasillabo nello schema, «Tu·ssai, amore, le pene ch’io trasse» (amore amor? ), al quale, nel commento, si poteva accostare - per la vicinanza estrema, anche se di segno opposto - Bernart de Ventadorn, En cossirer et en esmai, v. 11: «Qu’ela no sap lo mal qu’eu trai». Il v. 64, «che si diparte di reo amore», nel manoscritto è che sparte di reo amore: «l’integrazione è facile e l’omissione di V si potrebbe spiegare per l’attrazione del successivo di reo amore» (così G. Brunetti, che però omette di ricordare che la facile integrazione deriva, almeno in parte, da un suggerimento del Cesareo al Santangelo). Si potrebbe anche pensare a una aplografia, e leggere «che s[é s]parte di reo a.», però con dieresi d’eccezione su reo, seguito da dialefe 22 . 19. Mazzeo di Ricco: testi editi da F. Latella. 19.2: Lo core inamorato. Al v. 15 la soluzione «inamorato sì come lo me’ ò», per evitare la rima identica (meo) con 18, è assai forzata, per non dire inaccettabile. Ai v. 31-32 la curatrice stampa «ed ò sempre paura / ne per altra intendanza»: il ne è in P, mentre V e il Chigiano hanno che; in nota la Latella commenta: «difficilior il relato di P, che registra una costruzione sintattica condotta sul modello latino dei verba timendi non peregrina nelle lingue romanze antiche», con rinvii agli scritti di F. Ageno e C. Segre. In primo luogo gli esempi addotti per esempio da Segre hanno sempre no o non, mai ne (che non so se sia attestato altrove con questa funzione nell’italiano antico); in secondo luogo al v. 33 c’è un’altra negazione («lo vostro cor non faccia fallimento»), che complica le cose, giacché gli esempi di Segre non hanno mai la doppia negazione. La donna, che sta parlando in questa strofe, teme che il cuore dell’amato faccia fallimento a causa di un’altra intendanza, dunque sembrerebbe più corretto, al v. 32, il che di V e del Chigiano, come in Inferno II 35 «temo che la venuta non sia folle» (il che può anche mancare: «per tema non traluca», Dante, Così nel mio parlar, v. 29). 19.4: Madonna, de lo meo ’namoramento. Sarebbe stato opportuno dichiarare nel cappello o nel commento che ai v. 36 e 37 gioia viene trattato come monosillabo, visto che tale misura non è ovvia, benché assai diffusa tra i Siciliani. Oltretutto qui questa interpretazione non è strettamente necessaria, visto che in entrambi i casi si potrebbe leggere prosessione non dieretico. 19.5: Sei anni ho travagliato. La fonte di Mazzeo è Folchetto di Marsiglia, Sitot me soi, ma i dieci anni di servizio amoroso dichiarati dal trovatore qui diventano sei: «non esistono nella lirica siciliana riscontri tali da illuminare sui motivi della scelta» di Mazzeo, commenta in nota F. Latella, ricordando (con Gorni) il valore trinitario del sei, che rende questo numero simbolo di perfezione. Dubito che Mazzeo si sia lasciato fascinare dalla numerologia: più prosaicamente (anzi: prosodicamente), sei era l’unica scelta monosillabica valida a sua disposizione, poiché due o tre anni avrebbero rappresentato uno spazio di tempo troppo limitato per una onesta lamentatio. Al v. 32 c’è la forma giachinti, e la curatrice del testo sembra propendere per l’interpretazione della grafia «alla francese», quindi con fonema palatale, 257 Besprechungen - Comptes rendus 21 Zannoni, Le rime, 1986-87: 156. 22 Zannoni, Le rime, 1986-87: 190. sulla scorta delle Concordanze di Avalle (che allega altri esempi): ma credo che valga di più il parallelo, pure citato dalla Latella, con giaquinti (per esempio in Giacomo da Lentini), e che quindi qui la consonante sia velare. 19.7: Chi conoscesse sì la sua falanza. Le rime interne ai v. 4 e 11 sarebbero «non strutturali» per la curatrice; può essere, e tuttavia avrei qualche dubbio, visto che si trovano all’ultimo verso, rispettivamente, della prima quartina e della prima terzina, ed essendo entrambe sotto accento di 4 a . 25. Anonimi. 25.3: Nonn-aven d’allegranza (editore M. Spampinato Beretta). Non è segnalata la forte sinalefe tra chi e ama al v. 48. 25.17: La mia amorosa mente (editore M. Pagano). Della probabile appartenenza toscana di questo testo si è già detto. Al v. 23 i ms. leggono rilevati (V) e risveglomi (P): Pagano mette a testo Rileva’mi, ma non dice nel commento che si tratta di una soluzione mutuata dalle Concordanze di Avalle, il quale a sua volta s’ispira a Panvini, che stampa rilevomi. La correzione è valida, perché spiega sia V sia P, ma forse non necessaria, giacché si potrebbe lasciare la lezione di P (anche se sospetta di essere facilior). Al v. 30 Pagano stampa luce, spiegando che tale forma «ha valore di imperfetto»: ma il rinvio al v. 10 di Giacomino Pugliese, Morte, perché m’ài fatta sì gran guerra (17.1) non è utile, giacché lì il verbo è soglio, che può avere normalmente il valore di imperfetto per gallicismo (non mi risulta che la stessa cosa possa valere per luce o per altri verbi). Poiché qui ci vuole un imperfetto, tanto vale scegliere la variante di P, lucea. Ai v. 32-33 tentava / di voi, è glossato ‘mi spingeva verso di voi’, ma l’editore non spiega se e dove è attestato altrove questo significato di tentare. Apparato del v. 37 (ma cf. anche il cappello): P ha ben non bene come V. La lettura del v. 40 dolz’è ’ riso è ancora una volta delle non citate Concordanze di Avalle. 25.27: Non trovo chi mi dica chi sia Amore (editore M. Pagano). Nell’apparato del v. 3 mancano i puntini espuntori che nel manoscritto si trovano sotto il na che segue p(er)che. Al v. 6 pare tutto sommato superflua la pur ingegnosa correzione di dotato in dontato, sulla scorta di un suggerimento di Simonetta Bianchini. 25.28: Io no lo dico a voi sentenzïando (editore M. Pagano).Al v. 3 l’editore accetta la correzione mi parto sulla scorta di S. Santangelo, che però continua a convincermi poco (nei Sonetti anonimi avevo lasciato mi parlo di V); il verso è «ca s’eo mi parlo con voi ragionando». Al commento del v. 11 («ma sono molti che l’apellan deo») si aggiunga Monte Andrea, Sovr’ogn’altra è, Amore, la tua podesta, v. 11 (dunque la medesima posizione): «Da molta gente è apellato Dio». 25.29: Dal cor si move un spirito, in vedere (editore M. Pagano). La citazione da Uc Brunenc ai v. 1-2 è esplicitamente veicolata da Santangelo: viene citato anche l’articolo di M. Spampinato Beretta, ma non si fa parola di A. Gaspary, che probabilmente è stato il primo a mettere in contatto il trovatore con l’anonimo italiano (come si evince dai Sonetti anonimi, p. 29). Al v. 1 il ms. unico (V) ha uspirito, ed è superfluo integrare la n dell’articolo (u·spirito). 25.30: Fin amor di fin cor ven di valenza (editore M. Pagano). Al v. 9, per sospecione Pagano glossa, giustamente: «meglio intendere ‘paura, timore di un danno eventuale’ . . ., tenuto conto della citazione (13) di due amanti coraggiosi come Tristano e Isotta» (il verso è «che fino amor non tiene sospecione»). Al v. 11 il ms. legge chiaramente amorosa prima di sprone, ma qui l’apparato non registra nulla, mentre a testo, ovviamente, c’è amoroso. Pur nell’abusata metafora equestre, può valere l’accostamento al tardo Sennuccio del Bene, incipit «Punsemi il fianco Amor con nuovi sproni». La soluzione adottata per il v. 12, porta·la, presuppone una terza persona plurale (portan) con assimilazione e successiva caduta della nasale finale: ottimo, ma si poteva citare la fonte (cioè i Sonetti anonimi). 258 Besprechungen - Comptes rendus Vol. 3. 28. Neri de’ Visdomini: testi editi da S. Lubello. 28.2: L’animo è turbato. È certo eccessiva la perentorietà con la quale l’editore asserisce che «i vv. 6, 45 e 84, di dodici sillabe, sono da considerare endecasillabi a maiore con cesura epica», certificando quindi l’esistenza della più indimostrata delle cesure in un testo che, pessimamente conservato (come ammesso dallo stesso Lubello, sulla scorta di Menichetti), meriterebbe maggior cautela interpretativa: l’unico testimone, V, ha guasti tanto evidenti che, per esempio, il testo dei v. 68-70 sono incorniciati da cruces. 34. Folcacchiero: testi editi da S. Lubello. 34.1: Tutto lo mondo vive sanza guerra. Nel cappello l’editore scrive: « . . .si sono mantenute le misure dei secondi emistichi di 40 e 50 . . . le cui presunte ipometrie depongono a favore di un computo sillabico 7 + 3 (non a caso i tre v. 10, 20 e 30 che apparentemente presentano misura sillabica 7 + 4 - tutti con attacco vocalico nel secondo membro - con la sinalefe consentono la lettura 7 + 3)». Mi sembra, però, che Lubello aggrovigli inutilmente una situazione piuttosto semplice, giacché i versi in questione sono dei normali endecasillabi con rima interna: il v. 10 è «dolzi versi faceano - agli albori», dove faceano può essere sineretico (perché normalmente queste forme verbali non presentano iato se si trovano all’interno del verso), e allora sarà seguito da dialefe, oppure quadrisillabo (secondo la normale scansione della lingua), e allora sarà necessaria la sinalefe; il v. 20 è «tornato m’è lo bene - in dolori», con una normale dialefe; il v. 30 è «tute le pene amare - in dolzori», anch’esso con una normale dialefe in cesura (e sinalefe dopo pene); il v. 40 suona «a lui, così ch’i’ amasse per cori», con dialefe dopo i’ (meglio che una dieresi d’eccezione su lui); il v. 50, «però ch’eo ardo e ’ncendo - da fori», ha una doppia dialefe, dopo eo e dopo ardo. 46. Pucciandone Martelli: testi editi da M. Berisso. 46.3: Lo fermo intendimento ch’ëo aggio. Nel commento al v. 1 sorprende l’assenza del memorabile inizio della sestina di Arnaut Daniel, Lo ferm voler qu’el cor m’intra, anche perché voler e intendimento sono praticamente sinonimi (‘intenzione, desiderio amoroso’). 48. Arrigo Baldonasco: testi editi da M. Berisso. 48.2: Ben è rason che la troppo argoglianza. Al v. 49 «Rason’è che voi deggiate patire» l’accento di 5 a su voi sembra secondario, più forte quello di 3 a (dunque 3 a e 7 a ), a meno che non si promuova ritmicamente il che (accenti di 4 a e 7 a ). Al v. 9, «Stando in gioia e in sollazzo poco», Berisso legge il verso con la doppia dialefe, dopo stando e dopo e, dunque con gioia monosillabo o con sinalefe tra gioia e la congiunzione seguente; ma si potrebbe pensare a una sinalefe dopo stando, con gioia bisillabo seguita da due dialefi (o integrando ed), oppure, e forse meglio, alla forma prostetica istando a inizio verso seguita da sinalefe, con gioia bisillabo seguito da dialefe. Al v. 35, «in grande altezza e in valore stando», Berisso pensa che la dialefe sia dopo e, ed è assai probabile, ma potrebbe anche essere dopo altezza. Queste e altre dialefi, in verità non così eccezionali - alle quali si aggiungono due endecasillabi con accento di 5 a , i v. 34 e 49 - sarebbero, secondo Berisso, da «ricondurre . . . con buona sicurezza a incidenti di copia». È possibile, naturalmente, ma non mi pare che gli endecasillabi in questione siano così tanto fuori norma (e poi: qual è la norma a questa altezza cronologica? ) da far ipotizzare particolari incidenti di trasmissione. 49. Anonimi. La sezione degli anonimi del terzo volume è affidata a Riccardo Gualdo e Aniello Fratta secondo una geometria non lineare: preferisco quindi, a questo punto, procedere per editore e non per numero progressivo di componimento, cominciando con i testi curati da Aniello Fratta. Per quanto riguarda la parte relativa ai sonetti mi pare - ma potrei sbagliarmi - che lo studioso si lasci condurre, qua e là, da una certa passionalità negativa nel maneggiare i miei Sonetti anonimi (che nelle pagine che seguono saranno citati più volte: mi scuso in anticipo con il lettore per questa non voluta, e tuttavia inevitabile, in- 259 Besprechungen - Comptes rendus vadenza). Non è ovviamente in discussione la scontata divergenza di opinioni su singole questioni - quasi doverosa, visto l’oggetto del contendere -, né tanto meno la evidente necessità di correggere gli errori di chi ci ha preceduto: sed est modus in rebus. Ciò che segue è solo un’esigua campionatura. 49.4: Giamai null’om nonn-à sì gra·richezze. Il componimento è un devinalh, come rilevato da Menichetti (nell’edizione di Chiaro Davanzati, 257s.), citato da Fratta nel cappello introduttivo; Menichetti, chiamando in causa questo testo insieme a Giraut de Bornelh, Un sonet fatz e Inghilfredi, Poi la noiosa erranza afferma che «il genere è destinato a scadere gradualmente a mero artificio»: Fratta obietta, un po’ sterilmente, che tra i testi di Giraut e di Inghilfredi e l’anonimo «c’è una vistosa differenza», perché nei primi due «sono presenti . . . indicazioni per la soluzione del ‹non senso›. . ., in Giamai null’om manca ogni accenno di questo tipo». Poi però conclude che «la composizione finisce per diventare un vero e proprio repertorio di opposita», convergendo, nella sostanza, con l’opinione di Menichetti. 49.20: Per gioiosa baldanza. L’editore isola un gran numero di cesure epiche in questo componimento, e precisamente ai v. 3, 12, 15, 18, 33, 36, 39, 51, 54, 60, 66, 75. Si tratta di versi con la rima interna, dunque, secondo la prassi normale per questo editore, non procustizzabili mediante apocope. Mi chiedo, però, perché non dichiarare con cesura epica anche i versi che presentano un incontro vocalico, come per esempio 6 «e più m’invita - a buon confortamento», o 30 «che non colora - in mostrarmi plagenza», oppure, con cesura epica addirittura a maiore, 9 «li tormenti e le noie - e le gran pene» (per i quali, in assenza di dichiarazioni contrarie, viene ipotizzata la sinalefe), o 21 «perché lo vuol misura e veritate» (dove c’è addirittura l’apocope dopo liquida), ecc. Al v. 12 si risolverebbe il problema con gioie monosillabo, in altri casi prendendo in considerazione la possibilità della sinalefe interversale (non solo a 3 e 36, come suggerisce lo stesso Fratta, ma anche a 39 e 51). Si può comunque osservare che il copista di V, unico relatore della canzone, segnala con il solito puntino solo le rime interne della fronte, omettendolo sistematicamente nella sirma. È un’indicazione certo ambigua (benché non eccezionale, visto che la presenza delle rime interne non sempre viene sottolineata), ma si potrebbe magari ipotizzare una diversa architettura metrica: a7 b7 b5 c7, a7 b7 b5 c7; d7 d5 (e)f7+5, d7 d5 (e)f7+5. In questo modo le indiscutibili cesure epiche - in base, sia chiaro, ai principî di Fratta - si troverebbero ai soli v. 33, 60, 75: gli ultimi due restano immedicabilmente ipermetri, mentre per 33 si potrebbe ancora, ovviamente, troncare Amor. 49.38: Posso ben dir ch’Amor veracemente. A p. 884 Fratta ricorda che il sonetto si ritrova, rimaneggiato e attribuito a Noffo Bonaguide, nei ms. Chigiano L.VIII.305 e Magliabechiano VII.1208, e cita, come bibliografia, Gambino e Borriero: peccato che dimentichi di citare i Sonetti anonimi (dove si trova la bibliografia pregressa). Il v. 1 è ipermetro, giacché il manoscritto ha Eo posso bene dire; nei Sonetti anonimi avevo risolto con Eo pos’ ben dir, seguendo una proposta di Roncaglia per un verso di Chiaro Davanzati. Fratta sostiene che l’apocope proposta è «arbitraria quando, come nel nostro caso, tra i due elementi del sintagma [posso dire] se ne incunea un terzo»; e aggiunge: «al di là anche degli aspetti più strettamente metrico-linguistici, va sottolineato che nella proposta di Gresti, con tre monosillabi tronchi, la scansione del verso risulta stentata e smozzicata. La soluzione più economica appare l’eliminazione del pronome d’esordio». Non discuto sull’arbitrarietà della mia soluzione: si trattava di una proposta - che oggi più prudentemente affiderei al commento -, e in quanto tale discutibile; quanto alla scansione stentata e smozzicata, non posso giudicare, giacché si tratta di gusto soggettivo: convengo, comunque, che il verso non sia un capolavoro. Ma non sarei così sicuro che la soluzione più economica sia quella proposta da Fratta, cioè Posso ben dire, con eliminazione del pronome iniziale; io lascerei tutti gli elementi del manoscritto con un’inversione, Poss’eo ben dir, assecondando la vecchia ipotesi di Santangelo, ripresa da Panvini, e suffragata, tra l’altro, da uno degli esempi portati da Fratta per 260 Besprechungen - Comptes rendus scartare il pos’: «così poss’io ben dir . . . » (Rinaldo d’Aquino, Poi li piace, v. 35). Il cologara del v. 11 potrebbe essere, secondo l’editore, «un crudo occitanismo ( cologar), coincidente nella desinenza con il tipo meridionale di condizionale derivato dal piucheperfetto latino»: ma se fosse un occitanismo crudo sarebbe piuttosto colgara (da colgar): se non ho visto male, nelle concordanze trobadoriche non c’è neppure un esempio da cologar. 49.39: S’eo pato pena ed aggio gran martire. Secondo Fratta «una peculiarità strutturale del componimento», sistematicamente «piallata» nei Sonetti anonimi, sarebbe l’accento di 5 a : «presentano accentazione in questa sede 8, 10 e 11: a 8 Gresti pensa a una dialefe dopo e, palesemente inesistente; la ignora, invece, a 10, integrando con eo l’avvio; a 11, infine, l’ipometria è sanata (seguendo Santangelo) ancora a scapito del ritmo (afoll[et]isco)». Ora, nella poesia italiana delle Origini, soprattutto in quella di autori non particolarmente eccelsi, le scelte prosodiche sono quanto meno opinabili: è anche possibile che al v. 8 «e acèrtole tutta mia valenza» si debba preferire una dieresi d’eccezione su mia, ma scrivere che la dialefe dopo la congiunzione è palesemente inesistente significa assumersi la responsabilità di una affermazione che potrebbe denotare, in chi la fa, una scarsa dimestichezza con la prosodia italiana antica. Per quanto riguarda il v. 10 «non m’ardisco solo u·motto fare» non risponde a verità che ignoro la dialefe: la propongo come seconda ipotesi in nota. Al v. 11 «anzi m’afollisco come lo muto» Fratta preferisce integrare lo, ipotesi possibile, ma che non condivido, perché risponde al (pre)concetto che l’autore di questo sonetto abbia voluto insistere, come cifra stilistica, sull’accento di 5 a : il che è, piuttosto, da dimostrare. Ma c’è di più: l’editore, tutto proiettato nel recupero di quel tipo d’accento - che, vale la pena di ricordare, non è estraneo all’orecchio pre-dantesco, ma neppure a esso così consono 23 (in altra occasione lo stesso Fratta, pur facendo, anche lì, confusione, è infastidito dall’accento di 5 a , vedi 49.41) -, non esita a «piallare» a sua volta l’assonanza che il testimone unico reca tra il v. 10 e il v. 13 (fare: pietate). Fratta postula «un *piatare nell’antecedente, letto piatate pietate dal copista»; il verso, «madonna, che ’l meo mal avrà piatare», significherebbe ‘madonna, che dovrà compatire il mio male’. Ma l’intervento appare macchinoso e la presunzione d’errore sembra un comodo ripiego - per usare le stesse parole impiegate da Fratta in altra occasione (si veda 49.65, v. 5): le assonanze, ancorché non ricercate dagli autori lirici italiani del Duecento, non sono nemmeno inedite (si veda il cappello a p. 72 dei Sonetti anonimi). 49.40: Sanza lo core viver mi convene. Nella nota introduttiva Fratta afferma che le relazioni messe in evidenza nei Sonetti anonimi tra questo sonetto e quelli seguenti «paiono irrilevanti o comunque fortemente amplificate nell’opinione dell’editore»; non mi pare di avere amplificato, tanto meno fortemente, alcunché: mi sono limitato a ipotizzare dei collegamenti (che comunque continuano a non parermi fittizi), senza voler dire con questo - come forse immagina Fratta - che tutti questi sonetti siano stati scritti dallo stesso autore. Diversa la questione per i sonetti V 373-77 (qui 49.44-48), per i quali si veda oltre. Al v. 14 Fratta chiosa chiara figura dicendo che è «difficile pensare che qui figura valga ‘viso’, come ritiene Gresti, forse ingannato dall’insolito aggettivo»; confermo di non essere stato ingannato da nulla, si tratta di opinioni: ma io allegavo sia un verso di Cavalcanti che illuminava (è il caso di dirlo! ) la mia interpretazione, sia i numerosi episodi nei quali i poeti del Duecento parlano di chiaro viso. Che poi sia «dirimente» il luogo citato da Fratta, cioè Giacomo da Lentini, Or come pote, 11-12 («così per gli ochi mi pass’a lo core, / no la persona, ma la sua figura»), non mi pare proprio: tant’è che lo stesso Notaro (e non il solo Piero Asino 261 Besprechungen - Comptes rendus 23 L’endecasillabo con accento di 5 a è «già piuttosto raro nel Due e Trecento», come scrive A. Menichetti, Metrica italiana: 411 (la frequentazione assidua del volume è sempre di grande giovamento, come sa bene chiunque si occupi di poesia, antica e moderna). citato da Fratta in nota) usa più volte figura con il significato di ‘viso’ (cf. 1.3 Guiderdone aspetto avere, v. 49, e nota di Antonelli; 1.5 Dal core mi vene, v. 76; 1.14 S’io doglio no è meraviglia, v. 28). 49.41: Se lo meo core in voi, madonna, intende. È possibile che Fratta abbia ragione, che l’autore del sonetto si rifaccia «alla teoria aristotelica della volontà come determinazione della ragione . . . contro le cui decisioni si muove il core». Tuttavia non mi pare che la nuova punteggiatura renda più chiaro il testo rispetto alla vecchia. Trascrivo per chiarezza: «Se lo meo core in voi, madonna, intende, / incontro a la mia voglia è, ben sacciate, / e la mia conoscenza mi riprende / e dice ched è troppo alta amistate» (Sonetti anonimi); «Se lo meo core in voi, madonna, intende / incontro a la mia voglia, è ben, sacciate, / e la mia conoscenza mi riprende / e dice ched è troppo alta amistate» (Fratta). Il nuovo editore interpreta i versi da me pubblicati: «Se il mio cuore aspira a voi, o madonna, sappiate che ciò avviene contro la mia volontà, e che la ragione me ne rimprovera», dimenticando di segnalare che intende per me significa ‘sentirsi attratto verso qualcuno da un sentimento d’amore’ (come detto in nota), che è diverso da un generico aspirare, e che per conoscenza avevo suggerito anche ‘intelletto’ o, più bonariamente (e meno aristotelicamente), ‘buon senso’ (per quello che segue). La sua interpretazione è: «Se il mio cuore, o madonna, vi ama contro la mia volontà, è cosa ben fatta, anche se la ragione mi biasima». Non vedo bene il problema: qui il core è l’istinto amoroso, che agisce indipendentemente dalla volontà del poeta, e il buon senso rimprovera il poeta, perché si lascia trascinare dal core verso un amore (amistade) troppo elevato. Non mi pare un concetto «scarsamente comprensibile», e neppure inaudito. Per i v. 1-4, l’incipit di Paganino di Serzana («Contra lo meo volere / Amor mi face amare / donna di grande affare troppo altera»), che io cito «opportunamente», secondo Fratta sarebbe però in contraddizione con «la lettura vulgata e da me accolta»: confesso che mi sfugge la contraddizione. Il v. 5 è stampato da Fratta se·ll’om là ove non giunge si stende, mentre nei Sonetti anonimi suona se·ll’omo là ove ecc. Nella nota metrica Fratta scrive: «Gresti semplicemente non si accorge della dialefe né dell’ipermetria né dell’accento di 5 a ». Se Fratta avesse usato maggior cautela, e avesse letto con attenzione, si sarebbe accorto della mia lettura bisillabica di là ove, certo non scandalosa: sarebbe bastato che l’editore si consultasse con sé stesso, visto che nel sonetto Lo ben fare e lo servire (49.65), al v. 5 egli non può che leggere là ove appunto bisillabo (benché non lo dichiari; il verso, piuttosto difficoltoso, è: «là ove givi e’ venn’e io le givi incontra»). Il che non significa, sia chiaro, che io ritenga priva di senso o errata la proposta di Fratta: è solo un’altra ipotesi di lettura; ma contesto la scorbutica cecità dell’editore. Quanto all’accento di 5 a , temo che si tratti più che altro di un fantôme, giacché in questo verso non può essere messo alcun accento su quella sillaba, a meno che non lo si voglia, appunto, ipermetro. E non mi è neppure chiaro come l’accento di 5 a possa disturbare Fratta, visto che altrove ne fa addirittura un tratto stilistico caratterizzante di un sonetto (vedi sopra 49.39). In apparato manca mieo per meo al v. 7. 49.43: Per ciò non dico ciò ch’ò in voglienza. Nell’apparato del v. 10 manca come. 49.44-48: Convengo, a distanza di anni, che forse la «cronistoria della vicenda amorosa» (901) così come l’ho raccontata e ricostruita possa essere un po’ «romanzesca»; tuttavia non capisco bene che cosa voglia significare Fratta quando scrive che il rapporto tra i sonetti 45 e 46 «sembra . . . un tipico caso di confronto dialettico con posizioni e opinioni diverse e contrastanti che si fronteggiano»; non capisco, cioè, chi si affronta: il poeta con sé stesso? Il poeta con altri? E in questo caso: quali sono i sonetti della serie scritti dall’altro? Fratta sottoscrive il legame metrico che salda questo gruppetto di testi, ma non comprendo se accolga anche l’unicità d’autore. 49.44: Se ciascuno altro passa il mio dolore. Al v. 6 concordo con l’idea di togliere la d eufonica a né (con dialefe) e mantenere lo. I v. 12-14 sono così interpretati da Fratta: «ciò che mi evita la morte è la speranza che voi non sopportereste che, morendo, io (ma anche 262 Besprechungen - Comptes rendus voi) perderei un amore così profondo come quello che nutro per voi». Ma al v. 11 credo certamente indica una certezza, non una speranza (quella è al v. 8, qui sembra superata, o meglio rafforzata); il ma anche voi parentetico della parafrasi non c’è in nessun luogo del testo. 49.49: Francheza di fin core naturale. Al v. 6 Fratta stampa «se fosse ’n alto quant’è del sol lo rai», giustificando l’ipermetria con una cesura epica; la correzione da me proposta, «se fosse alto ecc.», con sinalefe, viene bollata come irricevibile, a causa dell’«invenzione di una possibile cesura lirica». Perché invenzione? Per il v. 14, «che più è nanti donna che donzella», si aggiunga il confronto con Raimon Vidal de Bezalu, So fo el temps, v. 554: «car mais val domna que donçela». 49.51: Eo sono assiso e man so’ gota tegno. Nella nota introduttiva, dove discute dell’attribuzione del sonetto a Ugo di Massa di Siena voluta da Leone Allacci, Fratta si dimentica di citare i Sonetti anonimi (vedi anche 49.26). C’è qualche altra dimenticanza, come per esempio il rinvio alla mia edizione per la citazione di Chiaro Davanzati al v. 3 (per sesto e disegno): ma, come ho già ricordato, tali dimenticanze sono colpevolmente diffuse nei «Meridiani», in particolare nel secondo e nel terzo volume. Vale la pena qui citare i primi sei versi del sonetto: «Eo sono assiso e man so’ gota tegno, / e penso forte e non so divisare, / e co lo core assai sesto e disegno / di quistion che ’mposivole mi pare: / e veggio che mi spiace e sì lo sdegno / e pur mi sforza mia voglia d’amare». Io avevo interpretato mia voglia d’amare del v. 6 come soggetto, citando a riscontro Guinizzelli, Donna, l’amor mi sforza, v. 4-5: «e ciascuno giorno inforza / la mia voglia d’amare». Chiosa Fratta: «ma nel passo guinizzelliano la mia voglia d’amare è sicuramente oggetto (sogg. 1 amor), sicché l’editore [cioè il sottoscritto] dovrebbe o rigettare la prossimità dei due luoghi oppure considerare oggetto anche la voglia dell’anonimo [non si capisce perché: il riscontro può essere una suggestione lessicale, non necessariamente anche sintattica . . .]. In realtà . . ., non considerandola oggetto, i due versi in esame diventano incomprensibili». L’interpretazione sarebbe: io conosco gli atteggiamenti e le situazioni che mi recano dispiacere; ma questi, pur da me rifiutati razionalmente, ‘sforzano’ di continuo la mia voglia d’amare. È chiaro che si tratta di una questione d’amore (v. 12: «ch’eo no li credo deïtà ’n amore»): il poeta innamorato riflette attentamente (sesto e disegno) con il cuore, capisce che la situazione in cui si sta cacciando non va bene, eppure la sua voglia d’amare lo costringe a fare ciò che non vorrebbe/ dovrebbe, cioè farsi signoreggiare - come si capisce nelle terzine - dall’amore. Insomma: per me la voglia d’amare rimane soggetto di sforza; il fatto che al v. 10 nell’espressione sforza lo core il sostantivo sia complemento oggetto non implica nulla (ma per Fratta è la dimostrazione che mia voglia d’amare è, anch’esso, oggetto). 49.53: Oi avenente donna di gran vaglia. Al v. 4 è buona la semplice, ma efficace, proposta di sanare l’ipometria con quant’ïo: la metterei senz’altro a testo. Al v. 5 Fratta stampa incominzaglia, ma nel manoscritto c’è inconinzaglia, e non c’è motivo di correggere (ma qui sarà un semplice errore di stampa, giacché manca nell’apparato). 49.54: Io doglio ch’amo e non sono amante. Al v. 3, «e merzé clamo e non sono clamante», Fratta interpreta ‘e invoco pietà e non sono invocato (richiesto, desiderato)’, ma preferisco Pellegrini (seguito del resto anche da Fratta per il verso successivo): ‘invoco pietà e non protesto’. 49.56: Lo gran valor di voi, donna sovrana. Ha ragione Fratta nel dire che il sonetto non è divisibile, come da me ipotizzato, tra lodi morali (quartine) e lodi fisiche (terzine) della donna. Abbiamo qui un altro esempio del curioso modo che ha Fratta di citare le proprie fonti: nella nota al v. 2 esibisce esempi da Dante da Maiano e Chiaro Davanzati dichiarando di aver mutuato tale accostamento dai Sonetti anonimi, mentre nella nota al v. 3 cita ancora i due toscani, ma la fonte scompare (si consideri, in aggiunta, che per Dante da Maiano Fratta rinvia alla stessa nota della Bettarini che già io avevo citato). 263 Besprechungen - Comptes rendus 49.62: Se del tuo amore giunta a me non dai. Nel cappello l’editore mette in evidenza due versi ipermetri. Il v. 4 suona, in base al testimone unico V, per neiente si può cangiare esto mercato, soprannumerario di due sillabe: nei Sonetti anonimi lasciavo l’ipermetria a testo e suggerivo in nota di sopprimere il per iniziale, interpretando nel contempo neiente come bisillabo; Fratta accetta neiente bisillabo, ma propende per la soppressione di si, «probabile interpolazione del copista». Egli interpreta, inoltre, può come seconda persona puo’. Ipermetro è anche il v. 11, che nel manoscritto suona: ca ’n ora ’n ora, aspetando vita e pena. Nei Sonetti anonimi lasciavo l’ipermetria, segnalandola e suggerendo in nota l’aferesi ’spetando insieme all’apocope del secondo ora. Fratta sostiene che il verso è regolarizzabile «solo con l’obliterazione del prefisso di aspetando», e infatti stampa «ca ’n ora ’n ora, spetando vita e spera», risolvendo l’ipermetria residua con una improbabilissima cesura epica. D’altra parte, secondo l’editore anche il v. 6 avrebbe questo tipo di cesura: «ca ver’ l’augello saresti asomigliato» (assai più probabile l’apocope di augello). Al v. 11, oltre all’ipermetria c’è anche un problema interpretativo. Nei Sonetti anonimi intendevo ’spetando come un gerundio per l’infinito (sulle orme di Menichetti), normale nella lingua antica, mentre il nuovo editore lo collega al morire del verso precedente: «ca meglio m’è morire nanti l’ora / ca ’n ora ’n ora, spetando vita e pena». Non mi pare congruo; e soprattutto è curiosa la giustificazione: Fratta cita il verso 14 del sonetto anonimo Vedut’aggio una stella mattutina, che è «che ’nn-ora ’n ora mi penso morire», per concludere che esso conferma «che l’espressione ’n ora ’n ora . . . è più perspicuamente riferibile a morire di 10». 49.65: Lo ben fare e lo servire ème incontra. I v. 5-6, «Là ove givi e’ venn’e io le givi incontra / com’a segnore servo bene a punto», vengono spiegati ‘dovunque andai esso [cioè lo ben far e lo servire dell’incipit] mi seguì, mentre io andai incontro a lei come un servo impeccabile (va incontro) al suo signore’. È una spiegazione plausibile, anche se un po’ faticosa, e molto faticosa (e improbabile) è anche la scansione del v. 5: mi rimane il sospetto che il primo givi possa essere errore d’anticipo, anche se questa ipotesi è giudicata da Fratta un «comodo ripiego». 49.70: Vis’amoros’, angelico e clero. A proposito degli attributi amoroso e clero per il viso della donna Fratta chiosa, giustamente, che sono «piuttosto comuni», e aggiunge che, al riscontro con Monte suggerito da Contini, «Gresti ne aggiunge altri, non particolarmente significativi; inedito semmai è l’accostamento tra amoroso e angelico (cf. anche l’incipit di Nicolò de’ Rossi Ançelica figura et amorosa)». Se Fratta avesse letto con attenzione si sarebbe accorto che io cito appunto il De’ Rossi, aggiungendo che questo sonetto anonimo è l’unico che accosta amoroso e angelico: quel semmai non ha dunque ragion d’essere. Piuttosto, è ben curioso che Fratta non veda la dialefe dopo angelico. 49.81: Nel tempo averso om de’ prender conforto. Nel cappello il curatore segnala una «sinalefe eccezionale» al v. 3 «che vilitate no gli dia isconforto», ma non si vede dove stia l’eccezionalità; inoltre ci sarebbe anche una sinalefe «inusuale» (? ) al v. 9 «Così spero in alegrezza tornare». Riccardo Gualdo, al quale si deve anche l’edizione di tutti i sonetti anonimi conservati nel Chigiano L.VIII. 305 (n. 49.89-109 di questa edizione), è nel complesso attento sia al dato manoscritto, sia alla bibliografia precedente. 49.3: U·novello pensiero ò al core e voglia. Nell’elenco delle dialefi mancano il v. 14 «chi mette in amore intendimento», dopo mette (o dopo amore, ma si avrebbe accento di 5 a ), e il v. 18 «gioco e canto e riso ed alegrezza», dopo gioco o canto (meno facilmente, mi pare, dopo riso: anche in questo caso si avrebbe un accento di 5 a ). 49.26: Tutte le cose ch’om non pote avere. Gualdo discute, nella nota iniziale, dell’attribuzione di questo sonetto e dei seguenti a Ugo di Massa da Siena: secondo la prassi già stigmatizzata, dimentica di riferire che la cosa era stata sottolineata da editori precedenti (cf. i Sonetti anonimi). 264 Besprechungen - Comptes rendus 49.28: Uno piacere dal core si move. I v. 12-14 suonano: «Dunque lo core è sempre giudicato / da gli ochi che gli mostran lo piacere / onde lo mena e tene e distrigne»; secondo l’editore, gli occhi del v. 13 svolgerebbero la funzione di soggetto del v. 14, ma l’ipotesi mi pare irricevibile. Ritengo ancora preferibile l’integrazione panviniana di Amor dopo mena (cf. i Sonetti anonimi). 49.31: Quando gli ausignuoli e gli altri agelli. Nella nota al v. 4 Gualdo sottolinea la vicinanza, pur nella topicità, del sonetto anonimo alle prime stanze dell’Intelligenza, ma tale accostamento era già nell’introduzione dei dimenticati Sonetti anonimi. Al v. 14 è probabilmente giusto lasciare il più del ms., anziché correggere in plu basandosi su un ipotetico errore d’anticipo che segna il precedente plungie al posto di punge. 49.35: Lo folle ardimento m’à conquiso. Al v. 1 è giusto riprendere la dialefe segnalata da Panvini in luogo dell’integrazione (di Santangelo e mia) Lo [mio] folle ecc. Al v. 7 do non vuole ovviamente l’accento. Al v. 10 è poco pertinente il rinvio a Tommaso di Sasso per folle natura, giacché il sintagma non è inserito nell’immagine del parpaglione. L’anonimo rimane l’unico italiano a usarlo in questo contesto, sulla scia di Folchetto di Marsiglia. Al v. 11 c’è l’immagine della farfalla che si brucia al fuoco: un interessante commento iconografico è nel canzoniere provenzale N (New York, Pierpont Morgan Library, 819, f. 60 v ), proprio in margine alla canzone di Folchetto. 49.34: Non me ne maraviglio, donna fina. Al v. 2 il ms. legge sentralaltre mi parete ilfiore, chiaramente ipometro; come avverte Gualdo, citando i Sonetti anonimi, la misura del verso si può sanare variamente, con dialefi o con l’integrazione di ben dopo altre («se ’ntra l’altre ben mi parete il fiore»), che è la scelta, appunto, dei Sonetti anonimi confluita qui. Per evitare l’accento di 5 a , inoltre, Gualdo suggerisce la possibilità di integrare ben prima di ’ntra. L’integrazione di ben mi era stata suggerita da Giacomino Pugliese, Donna, per vostro amore, v. 42, «che ’nfra l’altre ben mi pare la fiore», che è l’esempio più evidente da accostare all’anonimo: oggi recupererei, forse, l’altra soluzione suggerita da Giacomino, e non menzionata da Gualdo, cioè il cambio di genere del sostantivo fiore («se ’ntra l’altre mi parete la fiore»), che avevo scartato per gli accenti anomali di 3 a e 7 a : ma Menichetti 24 allega alcuni esempi (Guittone, Chiaro, Monte, Jacopo da Lèona) che rendono plausibile questo recupero gallicizzante non certo estraneo alla lingua del Duecento. 49.50: Un’alegrezza mi vene dal core. Anche in questo caso non vengono citati i precedenti editori per alcuni importanti riscontri, come quelli alle note 5 (da Guittone), 8 (dai Memoriali bolognesi e da un altro anonimo), 9 (per il poliptoto e il rinvio a Giacomo da Lentini).Al v. 13, «risembra (t’aunoro, Dïo? ) divina», Gualdo non considera tra le varie proposte quella messa a testo nei Sonetti anonimi (con T’aunoro, Dïo, quindi ‘sembra divina, e per Te, o Dio, è titolo d’onore’, oppure, come formula di rispetto, ‘con tutto il rispetto che ho per Te, o Dio’). 49.58: S’a torto voglio gli ochi giudicare. Al v. 4 Gualdo legge ch’egli è quel, ma in V c’è chegli eque (è que’, dunque). Al v. 8 l’editore legge «agli ochi contro a sé, chi lo crede», che salva la lezione del manoscritto, senza aggiunte (Sonetti anonimi: «agli oc[c]hi contro a sé, [s’è] chi lo crede»), ma con una dialefe prima di ochi, o dopo contro, che andava segnalata. La lettura del v. 9 è «Ed io ’nodisco i rei consigliatori», sulla scorta di Avalle, che delle Concordanze «mantiene ’nodisco», mentre nei Sonetti anonimi il verso è «E Dio ’nodisca i rei consigliatori»: in realtà V ha chiaramemente nodisca, sicché Avalle corregge, e Gualdo, che lo segue, avrebbe dovuto mettere in apparato la lezione manoscritta. 49.60: La mia vita è più dura ed angosciosa (in collaborazione Fratta e Gualdo). Nella nota introduttiva si sottolinea la comicità del testo, già messa in risalto nei non citati Sonet- 265 Besprechungen - Comptes rendus 24 Menichetti, Metrica italiana: 414. ti anonimi (ignorati anche nella nota al v. 8, dove si parla del tono ironico della donna, ma presenti alla nota 13, sul medesimo argomento: è una dimostrazione ulteriore della casualità con la quale viene trattata la bibliografia pregressa). Al v. 12, «dovea pensare: ‘Chi ò nonn-è romita’», si inferisce una sinalefe durissima tra Chi e ò, assai improbabile, ma che comunque doveva essere segnalata. O si tratta di un endecasillabo con cesura epica non dichiarata? Comunque è senz’altro preferibile l’apocope di pensare. L’ultima sezione di testi, che figura come appendice, è riservata a componimenti anonimi o frammenti di tradizione manoscritta varia e per lo più occasionale (si tratta, per esempio, di riempitivi in documenti d’archivio, o di marginalia). L’edizione di questi testi è ottimamente condotta da Pär Larson con la consueta puntuale precisione. Paolo Gresti ★ Roberto Cardini, Ortografia e consolazione in un Corpus allestito da L. B. Alberti. Il codice Moreni 2 della Biblioteca Moreniana di Firenze, Firenze (Olschki) 2008, lxviii + 173 p. Mit der von R. Cardini besorgten Edition des Florentiner Codex Moreni 2 liegt ein weiterer Band der prestigeträchtigen, bei Leo S. Olschki erschienenen Reihe Provincia di Firenze, Collana Cultura e Memoria vor. Seit 1996 werden hier Dokumente und Studien zur florentinischen und toskanischen Geschichte präsentiert sowie Bestände lokaler Archive aufgearbeitet und einem breiteren Publikum zugänglich gemacht. Einen weiteren Einblick in die Schätze florentinischer Archive und Bibliotheken gewinnt man mit der vorliegenden Faksimile-Edition verschiedener Schriften Leon Battista Albertis, die der Herausgeber selbst als « . . . gioielli della Biblioteca Moreniana di Firenze, ma un gioiello anche . . . tra i reperti albertiani a noi pervenuti» (v) wertet. Cardini geht minutiös auf die Überlieferungs- und vor allem auf die Rezeptionsgeschichte des Kodex ein: Vor dem 20. Jahrhundert kaum bekannt, ist es vor allem das Verdienst von Carlo Nardini und A. Gigli, die im Zuge einer Generalkatalogisierung der Biblioteca Moreniana im Jahre 1903 auf die Handschrift aufmerksam wurden und die Abhandlungen Alberti zuschrieben. Es handelt sich um die folgenden Schriften des Universalgelehrten der italienischen Renaissance: Theogenius (ohne Überschrift, 3r-52r), Widmungsbrief zum Theogenius an den Ferrareser Fürsten Leonello d’Este (Leonis Bap(tiste) Alb(erti) ad Leonellum illustrissimu(m) principem Estensem, 52r-53v), Naufragio tracto dello XI libro Intercenalium (67r-73v, Epistola di Leone Baptista Alb(erti) Consolatoria). Der sogenannte Naufragio volgare war bis 1903 völlig unbekannt und wurde noch im selben Jahr von Albertis Biographen Girolamo Mancini veröffentlicht 1 . Nicht unerwähnt bleiben sollen auch die - bereits von Nardini identifizierten - handschriftlichen Kommentare aus dem 18. Jahrhundert von Domenico Maria Manni, wohl einem der frühneuzeitlichen Besitzer des Codex, der denselben auf dem vorderen Vorsatzblatt mit der Bemerkung versah « . . . Opuscoli Morali di Leon Battista Alberti necessarj al viver dell’uomo . . . » (2 r.), sowie der nicht signierte Ordine d ẻ lle lætt ẻ re p ẻ lla linghua toschana (1 v.). 1962 konnte Carmela Colombo nachweisen, dass dieses orthographische Zeugnis nicht allein von Albertis Hand stammt, sondern im Zuge der Redaktion der sogenannten Grammatichetta vaticana entstanden ist 2 . Hiermit ließ sich dann auch die bis dahin ungeklärte 266 Besprechungen - Comptes rendus 1 G. Mancini, «Una intercenela inedita di Leon Battista Alberti», GSLI 41 (1903): 318-23. 2 C. Colombo, «Leon Battista Alberti e la prima grammatica italiana», SLI 3 (1962): 176-87. Autorschaft der Grammatichetta sichern - ein wichtiger Schritt für die Alberti-Forschung und die Philologie. Einen weiteren Schritt will Cardini tun, wenn er - trotz der intensiven Alberti-Forschung der letzten Jahre - einen neuen, letztlich im wesentlichen skriptologischen Zugang zu dem von ihm edierten Codex wählt. Cardini will auf die folgenden, für die Interpretation von Albertis Gesamtwerk grundlegenden Fragen eingehen: . . . il Moreni 2, al di là della manifesta natura di composito, non sarà che sottenda un disegno unitario? e se sì, è stato voluto a quel modo e messo insieme dall’Alberti? e perché? e quando? Oppure: la pergamena iniziale con l’Ordine d ẻ lle lætt ẻ re è semplicemente giustapposta al codice e si trova lì per caso, oppure è ad esso legata in modo cogente? e se sì, per volontà dell’autore? e con quale riflesso sulle vicende della Grammatica? (viii). Cardini liefert zunächst eine genaue materielle Analyse des Codex. Ausgehend von der Papierqualität und der Bindung, aber auch von paratextuellen Kriterien wie der mise en page, wird der Codex Moreni 2 unter paläographischen Gesichtspunkten untersucht. Die Ausführungen erhellen, dass das Manuskript - entgegen der lange vorherrschenden Meinung - nicht von einer, sondern von (mindestens) zwei Händen stammt. Aufgrund der Papierherkunft, die in Venedig oder Udine lokalisiert werden kann (x), lassen sich Teile des Codex zwischen 1419 und 1454 datieren. Es kann hier nicht auf alle Einzelheiten der Überlieferung des betreffenden Manuskripts eingegangen werden: Die Analysen und Ausführungen Cardinis hierzu sind minutiös (x-xv). Der Herausgeber zieht zur Beschreibung und Lokalisierung des Manuskripts das wichtige Kriterium der Korrekturtätigkeit Albertis heran. Er unterscheidet hierbei zwischen Fehlern, die - quasi tradiert («correzioni di errori di tradizione», xv s.) in verschiedenen Handschriften auftauchen und anderen, die durch den Kopisten des uns interessierenden Codex entstanden sind («correzioni di errori del copista», xvi s.). Nach der Entwicklung seines orthographischen Systems, das die Qualität der toskanischen Vokale (zumal in distinktiver Funktion) berücksichtigt und kennzeichnet, greift Alberti in massiver Weise aktiv in die Gestaltung seiner - oftmals durch Kopisten besorgten - Manuskripte ein, was im übrigen eine ungefähre Datierung (vermittels terminus post quem) mancher bisher undatierter Texte zulässt (xxxvi s.): Corregge [Alberti, J. H.] gli errori materiali del copista, interpunge ove necessario, e finalmente utilizza, sia nelle parti aggiunte di sua mano, sia in quanto già era stato trascritto, i suoi caratteristici segni diacritici: œ oppure e con un semicircolo sottoposto per e congiunzione o comunque aperta; e sovrastata da spirito dolce (quasi sempre ridotto ad un’asticciola verticale) per e articolo e pronome; almeno un caso, anche se dubbio, di e con spirito aspro per e verbo; o desinenza della terza persona singolare del passato remoto (e dunque aperta) distinta da un segno simile al moderno accento acuto; spirito aspro per segnalare l’aspirazione (xxxvi). Darüber hinaus können die graphematischen und diakritischen Neuerungen Albertis auch als interessante Hinweise an zukünftige Kopisten gesehen werden, wie der Herausgeber anmerkt 3 . In diesem Falle haben wir es mit einem interessanten Zeugnis von Albertis Sprachbewusstheit zu tun, das es erlaubt, die Voranstellung seiner Ordine d ẻ lle lætt ẻ re p ẻ l- 267 Besprechungen - Comptes rendus 3 Cf. auch «È senz’altro vero che le ‹regole› dell’ Ordine d ẻ lle lætt ẻ re non vengono utilizzate tutte né sistematicamente. Ma è altrettanto vero che sono utilizzate, e largamente, le più significative e le più idonee a passare dalla teoria alla pratica, quelle in particolare a cui l’Alberti dedica una tabella a sé: e sovrapposta centralmente da spirito aspro, per il verbo, e sovrapposta centralmente da spirito dolce oppure da accento acuto diritto o obliquo, per l’articulo, e caudata o vergata con forma composita œ, per la coniunctione. Pare logico concludere che le tre rivoluzionarie tabelle dell’Ordine d ẻ lle lœtt ẻ re (l’alfabeto, le vochali, e quella relativa alla e) siano state anticipate al codice proprio dall’Alberti, ma senza dubbio non per sé, ché non aveva alcun bisogno, bensì per fornire ai futuri copisti un ‹promemoria› ortografico cui attenersi . . . » (xxv). la linghua toschana im vorliegenden Codex als wichtiges kontextuelles Verfahren zu werten. Cardini gelingt es in überzeugender Weise, die von ihm aufgeworfenen Fragen und ihre Beantwortungsversuche bezüglich des Verhältnisses von Ordine d ẻ lle lætt ẻ re, der Grammatichetta vaticana und anderen Schriften Albertis zu klären. Cardinis zentrale These - die er unter anderem mit den im Anhang versammelten Auszügen aus nicht weniger als acht zeitgenössischen Vergleichsmanuskripten und deren paratextuellen Auswertung zu stützen vermag - besagt, dass die Handschrift Moreni 2 nicht etwa ein zufälliges Konvolut von Schriftstücken sei, sondern ein thematisch organisiertes Textkorpus, das von den Zeitgenossen zum Thema Trost zusammengestellt worden sei: . . . il Moreniano è non soltanto un codice allestito dall’Alberti ma un corpus organico e coerente, e nella fattispecie un corpus consolatorio. E difatti l’Alberti lo costruì come lui solo poteva, attivando, una volta di più, le più peculiari e costanti tendenze della sua ‹poetica›: rigorosa unità programmatica e tematica e al tempo stesso varietà estrema di generi e stili. A partire dall’Ordine d ẻ lle lætt ẻ re il programma della ‹rifondazione› è attuato lungo tutto il codice (lxiv s.). Entsprechend ist auch der von Cardini gewählte, zuerst einmal überraschende Buchtitel zu verstehen. Der Ordine d ẻ lle lætt ẻ re dient zur Herstellung einer weiteren - äußeren, orthographischen - Kohärenz. Wollte man - bei allem Lob - etwas Kritisches über Cardinis äußerst kenntnisreiche und genaue Analyse der Handschrift anmerken, so bliebe allenfalls zu erwähnen, dass die Analyse über keine klare Textgliederung verfügt. Zwar sind Kohärenz und Kohäsion des Textes stets gewährleistet, doch wäre man als Leser dankbar, wenn der bisweilen etwas trocken präsentierte Stoff besser strukturiert und in Kapitel unterteilt oder doch zumindest in gekennzeichnete Sinneinheiten gegliedert wäre. Die äußere Ausstattung des Buches ist wie die Mehrzahl der Titel aus dem Hause Olschki in gewohnt guter, sorgfältiger, ansprechender Qualität. Auch die Faksimile-Reproduktion des Manuskripts überzeugt voll und ganz. Jochen Hafner ★ Piera Molinelli (ed.), Standard e non standard tra scelta e norma. Atti del XXX Convegno della Società Italiana di Glottologia (Bergamo, 20-22 ottobre 2005), con la collaborazione di Giuliano Bernini/ Pierluigi Cuzzolin/ Ada Valentini, Roma (Il Calamo) 2007, 116 p. Negli Atti del XXX Convegno della SIG la discussione di due nuclei tematici principali, il concetto di standard e i processi di standardizzazione, si dettaglia nell’analisi di situazioni linguistiche e sociolinguistiche specifiche, tra di loro anche estremamente eterogenee (relative al romanì, alle lingue amerindiane, alle iraniche e al vedico, nei contributi di Yaron Matras, Luciano Giannelli, Adriano Rossi e Romano Lazzeroni, rispettivamente) e si inserisce in un quadro teorico delineato dall’intervento iniziale di Gaetano Berruto, su Miserie e grandezze dello standard (13-41). In questo primo contributo l’autore indaga le connotazioni positive e negative che il concetto di standard assume in linguistica: le prime (le grandezze) determinate sostanzialmente dall’essere strumento di unitarietà, neutrale rispetto a vari fattori sociali, punto di riferimento per l’analisi della variazione, varietà «completa» (Endvarietät, in termini kleiniani); le seconde (le miserie) dall’essere «patologico nella sua artificiale uniformità, fattore di diseguaglianza, povero di mezzi espressivi, stereotipato, privo di originalità, fonte e oggetto di purismo ingiustificato» (18; con molti «pro» che sotto altri profili si rivelano dei «contro», 268 Besprechungen - Comptes rendus e viceversa). Esamina poi alcune opposizioni correlate alla nozione di standard (naturale vs. artificiale, anche nella prospettiva dei processi di standardizzazione, e standard vs. sub standard e/ o non standard) e discute gli aspetti di convergenza e divergenza tra i concetti di standard e norma (descrittiva, prescrittiva e statistica) e tra standard e nozioni affini, quali quelle di Ausbausprache e lingua comune. Una riflessione teorica che prende le mosse dalla disamina dei tratti definitori del concetto di lingua standard 1 . Fra le proprietà costitutive della nozione, risulta centrale (benché non unicamente) l’attributo della codificazione. Intesa nei termini dell’esistenza di un complesso di norme e testi di riferimento, la codificazione rappresenta un carattere definitorio invero basilare per la categoria sociolinguistica di standard, anche perché sottende una delle dinamiche fondamentali per le condizioni e i modi di vita di una lingua nella società: la dialettica tra uniformità e variazione. Lo standard risponde infatti a un’esigenza di uniformazione, ovvero di unitarietà, che è comune e facilmente riscontrabile nella storia di ogni comunità linguistica e che è data realizzarsi a livello sia linguistico sia extralinguistico. Sul piano linguistico lo standard rappresenta notoriamente un sistema di riferimento (stabile in sincronia) che comporta nei fatti la neutralizzazione della variazione sociolinguistica, vale a dire il livellamento delle differenze di natura diatopica, diastratica e diafasica 2 . La distinzione tra standard e non standard, come recentemente sottolineato da Ammon 3 , manifesta cionondimeno un carattere in certo modo graduale, con un corpo consistente di forme indiscutibilmente standard e alcuni casi di confine dati da forme di attribuzione incerta, da cui consegue, specie per certi livelli d’analisi, l’esistenza di una qualche quota di varianti «consentite». È interessante in questa prospettiva il rapporto tra standard e varianti in vedico, discusso da Lazzeroni (109-16). La lingua degli inni sacri del Rig Veda antico, detto anche «Veda delle classi», si distingueva da quella degli inni del Rig Veda recente e dell’Atharva Veda, o «Veda delle masse», non in base a un’opposizione del tipo di standard vs. non standard ma sul fondamento di due diversi orientamenti culturali; le lingue con cui si praticavano questi due generi letterari erano infatti ugualmente, e fortemente, standardizzate ma riflettevano la prima la cultura della casta bramanica e la seconda una cultura più popolare. Pur in una stabilità «che ricorda quella del latino dei dotti del rinascimento» (114), entrambe le varietà di vedico presentavano una gamma elevata di varianti, con comune alternanza di forme occidentali, tendenzialmente innovatrici, e antioccidentali, tipicamente conservatrici; la scelta del cantore era tuttavia retta da norme che determinavano una prevalenza di varianti del primo tipo nel Veda delle classi e del secondo tipo nel Veda delle masse. Anziché rappresentarne una deviazione, tali varianti figuravano quindi come veri e propri elementi costitutivi dello standard. Sul piano extralinguistico, invece, lo standard garantisce uniformazione, e quindi parità linguistica, principalmente in virtù della propria neutralità rispetto a varietà di lingua so- 269 Besprechungen - Comptes rendus 1 La disamina è operata confrontando tra di loro le proposte teoriche di alcuni degli autori che più hanno lavorato sul tema (U. Ammon, «Explikation der Begriffe ‹Standardvarietät› und ‹Standardsprache› auf normtheoretischer Grundlage», in: G. Holtus/ E. Radtke (ed.), Sprachlicher Substandard I, Tübingen 1986: 1-62; J. E. Joseph, Eloquence and Power. The Rise of Language Standards and Standard Language, London 1987; P. L. Garvin/ M. Mathiot, «The Urbanization of the Guaraní Language. A Problem in Language and Culture», in: A. F. C. Wallace (ed.), Men and Cultures, Philadelphia 1956: 783-90; E. Haugen, «Dialect, Language, Nation», American Anthropologist 68 (1966): 922-35. 2 «One might almost describe standard languages as pathological in their lack of diversity», R. A. Hudson, Sociolinguistics. Cambridge 2 1996: 34. 3 U. Ammon, «Standard Variety», in: U. Ammon/ N. Dittmar/ K. J. Mattheier/ P. Trudgill (ed.), Sociolinguistics. An International Handbook of the Science of Language and Society. 2 nd completely revised and extended edition, vol. 1, Berlin/ New York 2004: 273-83. cialmente e/ o geograficamente determinate 4 . Al carattere unificante della lingua standard - sul quale però, come rileva Berruto (38), è piuttosto il concetto affine di lingua comune a porre l’accento - è intrinsecamente connesso anche il valore simbolico-ideologico di emblema dell’identità nazionale. Tale valore è riconosciuto come fondamentale proprio in una delle trattazioni considerate tradizionalmente di riferimento, quella di Garvin/ Mathiot 1956 (cf. N1), che include tra gli attributi definitori del concetto di standard le due funzioni unificatrice (all’interno dei propri confini nazionali) e separatrice (nei confronti delle unità nazionali esterne) 5 . L’esigenza, anche ideologica, di unitarietà può però conoscere dimensioni e connotazioni diverse a seconda della specifica realtà sociolinguistica in cui si colloca. È fondamentale in questo senso il contributo di Giannelli sulle lingue amerindiane (55-80), che mostra come in un contesto (quale quello indigeno americano) dove manchi il presupposto del nazionalismo, il senso di «comunità pratica» (65) prevalga su quello di affinità nazionale, con conseguenze di assoluto rilievo su processi e operazioni di standardizzazione. Nel contesto amerindiano, in cui non mancano oltretutto posizioni esplicite di rifiuto verso l’uniformazione linguistica interna, le spinte alla standardizzazione sono generalmente di ordine strumentale, anziché ideologico o identitario: la comunicazione orale e scritta ad ampio raggio e l’educazione scolastica nella lingua indigena, oltre che nella lingua nazionale. Orientamenti ideologici (di matrice identitaria, benché comunque non nazionale), si palesano invece riguardo alle forme e alle modalità di standardizzazione della lingua indigena; non mancano infatti posizioni avverse alla stessa scrittura, non soltanto in ragione del pericolo che essa rappresenta per la preservazione del patrimonio orale tradizionale ma, nelle inclinazioni più estremiste, anche perché sentita come «strumento dei bianchi per le lingue dei bianchi (all’occorrenza da impiegare - l’uno e l’altre - dagli indiani)» (69). Delle modalità generali e dei caratteri ricorrenti dei processi di standardizzazione, così come degli agenti sociali che operano sullo standard, danno conto in maniera esemplare varie realtà linguistiche presentate e discusse nel volume, che documentano inoltre la dimensione prima di tutto sociopolitica del fenomeno. Particolarmente interessante sotto questo profilo è il caso del tagico (illustrato da Rossi, 89-91), oggetto nella sua storia della pianificazione linguistica sovietica. Le prime fasi del processo di standardizzazione si svolsero negli anni Venti del secolo scorso e furono accompagnate, come accade in genere (in assenza di un controllo centrale), da un fervido dibattito sulla varietà da considerare quale base migliore per la lingua letteraria, che produsse una scelta coerente con le volontà della leadership intellettuale e politica del movimento di standardizzazione. In questa fase di selezione, da intendere propriamente nei termini di Haughen 6 , ebbero un ruolo fondamentale gli scrittori, e uno di loro in particolare (Sadriddin Ajni, il primo a introdurre nelle proprie opere tratti tipici della lingua parlata), a conferma di come, dei vari agenti sociali implicati nella formazione di uno standard, spesso siano proprio gli scrittori, i model writers del recente modello di Ammon 7 , ad esercitare un influsso decisivo nella costruzione di uno «standard per sviluppo naturale» (di contro al peso determinante degli esperti di lingua in uno 270 Besprechungen - Comptes rendus 4 A cui fa tuttavia da contraltare il valore di metro di valutazione delle produzioni linguistiche, che può trasformare lo stesso standard in strumento di sanzione della disparità linguistica, quando non sociale; è questo un aspetto del resto ben noto a diverse realtà sociolinguistiche, tra le quali anche quella italiana. 5 Su questo ed altri valori ideologici dello standard si veda anche il recente A. Deumert, «Standard Languages as Civic Rituals - Theory and Examples», Sociolinguistica 17 (2003): 31-51. 6 Il modello di Haugen 1966 (cf. N1), prevede com’è noto quattro dimensioni principali di standardizzazione, da intendere tipicamente come fasi successive di uno stesso processo: una prima, detta norm selection, di scelta della varietà alla base dello standard (selezione monocentrica) o dei tratti «standard per creazione artificiale», 30 e 36). Il sistema di scrittura, che è del resto spesso mezzo di codificazione e oggetto di standardizzazione al tempo stesso, conobbe gli stravolgimenti maggiori. I caratteri latini subentrarono a quelli arabi all’inizio degli anni Trenta, per poi venire a loro volta sostituiti, dopo un solo decennio, dall’alfabeto cirillico; una scelta, quest’ultima, che diversamente dalle precedenti, fu controllata centralmente e funzionale al processo di formazione dell’identità sovietica nei contesti di minoranza. Con l’indipendenza del Tagikistan del 1991, tuttavia, le formazioni di guerriglia, prima, e i movimenti estremisti islamici, poi, ripristinarono per propaganda l’alfabeto arabo, la cui reintroduzione continua anche in anni più recenti, benché «in modo abbastanza casuale» (nelle parole di Rossi, 91; che prosegue così: «quello del Tagikistan potrebbe divenire uno dei primi esempi della storia di antipianificazione linguistica (semi)pianificata»). Le difficoltà che incontra un processo di standardizzazione nelle sue fasi di sviluppo, già evidenti dagli esempi citati delle lingue amerindiane e del tagico, sono inoltre ben esemplificate dal caso del romanì, descritto da Matras (43-53). Qui problemi di carattere generale si sommano a problemi linguisticamente e culturalmente più specifici, derivanti non soltanto dal carattere non territoriale di questa lingua, ma anche dalle peculiari caratteristiche della società romanì, che per tradizione manca di una struttura sociale gerarchica e, di conseguenza, di una classe sociale e una varietà di lingua dominanti. Le fasi di selezione e di codificazione 8 , in particolare, vivono il conflitto tra le posizioni volte all’internazionalizzazione dello standard e quelle orientate verso la sfera locale o regionale; gli obiettivi di unità politica e di emancipazione culturale delle prime contrastano con il tipo principale di destinatari delle pubblicazioni in romanì, le comunità locali o regionali, a cui fanno invece riferimento le seconde. Il risultato è che in paesi diversi sono attualmente in uso sistemi di scrittura differenti, ciascuno dei quali tendenzialmente frutto della combinazione di alcuni criteri internazionali (stabiliti dall’International Romani Union) con le convenzioni alfabetiche delle rispettive lingue nazionali. Le caratteristiche sociopolitiche, storiche e culturali delle realtà citate, come del resto di altre descritte nel volume (del fârsi, del pašto e del curdo, per citare alcuni esempi di lingue iraniche), contribuiscono così ad arricchire, anche in virtù delle loro peculiarità, il quadro comparativo di riferimento dei fattori e delle motivazioni che, con modalità e forze diverse a seconda dei vari paesi, intervengono nel processo di formazione di uno standard; un processo che rappresenta un tipo particolare di cambiamento sociolinguistico, finora scarsamente esplorato sulla base di analisi comparative. Massimo Cerruti ★ 271 Besprechungen - Comptes rendus costituenti lo standard, attinti da varietà diverse (selezione policentrica); una seconda, norm codification, di definizione del codice linguistico normativo vero e proprio; una terza, norm implementation, di diffusione e accettazione sociale della norma; una quarta, norm elaboration, di sviluppo delle funzioni e dei domini d’impiego dello standard. Per una recente discussione del modello v. A. Deumert/ W. Vandenbussche, «Standard languages. Taxonomies and histories», in: A. Deumert/ W. Vandenbussche (ed.), Germanic Standardizations: Past to Present, Amsterdam 2003: 1-14. 7 U. Ammon, «On the social forces that determine what is standard in a language and on conditions of successful implementation», Sociolinguistica 17 (2003): 1-10. Ammon individua quattro forze sociali in azione sullo standard, in mutua interazione tra di loro: i parlanti/ scriventi professionali (model speakers and model writers), che producono testi modello; le autorità normative (language norm authorities), che istruiscono e correggono, in relazione alla norma, i comportamenti linguistici; il codice linguistico (language codex), decretato dai manuali normativi di riferimento; e gli esperti di lingua (language experts), che valutano, e in certi casi determinano, ciò che è standard. 8 Ci si continua qui a riferire al modello di Haugen sopra citato, per cui v. N6. Maria Cristina Temperini/ Silvana Vassilli, Übersetzungskurs Deutsch-Italienisch. Mit Übungen zur Textanalyse, Hamburg (Helmut Buske) 2008, 107 p. La pratica traduttiva, tema sempre attuale anche a causa delle difficoltà implicate nella sua realizzazione, viene argomentata nel lavoro di Maria Cristina Temperini e Silvana Vassilli al fine di integrare corsi di lingua destinati all’apprendimento dell’italiano da parte di germanofoni. Nel panorama già fitto di approfondimenti sulla traduzione l’originalità dell’opera risiede nell’interessante connubio di pratica e teoria, laddove la prassi traduttiva è concepita non solo come mero tentativo di rendere un brano il più simile possibile al testo di partenza, bensì come stimolo per sviluppare la capacità di comprensione dei testi, oltre che le competenze lessicali, morfosintattiche, stilistiche e interculturali. L’obiettivo generale è permettere a individui di lingua materna tedesca che abbiano già un buon livello di conoscenza della lingua italiana (livello identificabile in B2/ C1, secondo quella che è la classificazione del Quadro Comune Europeo di Riferimento per la Conoscenza Lingue) di affrontare (quasi) tutti gli aspetti implicati in articoli giornalistici e testi letterari. I diversi brani sono ordinati per difficoltà crescente, con testi inizialmente giornalistici (parte A) e poi prevalentemente a carattere letterario (parte B), in 10 unità, ciascuna delle quali verte su un oggetto specifico ed è a sua volta suddivisa in 7 fasi: elicitazione, per dedurre il tema ed «entrare in argomento» (fase A), sviluppo della capacità di comprensione dei testi (B), riflessione sul lessico e morfosintassi (C), prima versione in italiano (D), confronto e discussione (E), reimpiego, per migliorare le competenze lessicali e morfosintattiche (F), ampliamento e produzione libera (G). Proprio dall’esortazione a soffermarsi sul testo di partenza, operazione che si estende per ben 3 fasi e attraverso diversi esercizi, si ha la conferma che l’intento non è quello di rivolgersi a traduttori professionisti, ma di migliorare le competenze linguistiche e multiculturali di chi studia italiano come L2. Le richieste, ad esempio, di individuare tra le righe l’opinione dell’autore tedesco, di soffermarsi sull’enfasi di ciascun articolo o di suddividere il brano di partenza in più frammenti cui dare un titolo (sempre in tedesco) e in cui evidenziare le parole chiave, implicano che sono la comprensione delle sfumature e delle diverse possibilità stilistiche nonché l’individuazione dei punti focali ad essere perseguiti. Gli articoli proposti, provenienti da quotidiani tedeschi, sono confrontati con testi analoghi tratti da quotidiani italiani ed insieme sottoposti ad analisi contrastiva. Le autrici ricorrono a una simile tipologia testuale in quanto i pezzi giornalistici sono importanti sia per il contenuto, e dunque per le informazioni che forniscono, sia per la forma, che trae spunto dal parlato ma che al tempo stesso attinge a linguaggi specialistici differenti, contribuendo così ad un notevole arricchimento linguistico dello studente. Vorrei porre l’accento sull’immediata spendibilità di acquisizioni lessicali di questo tipo, dal momento che gli articoli di cronaca ricorrono generalmente al linguaggio della quotidianità, senza rincorrere quei particolari artifici stilistici ricercati invece da letteratura e poesia, che sono però poco usufruibili all’interno di scambi comunicativi di studenti di italiano L2. Sempre finalizzata all’allargamento del vocabolario è la presenza, in riferimento a 4 delle 10 unità, di testi aggiuntivi che forniscono più termini di paragone. Del linguaggio giornalistico vengono citati anche termini specialistici, come occhiello (3), e sottolineati i ruoli dei diversi elementi, uno su tutti quello dei titoli, più volte citati per la loro importante funzione di richiamare l’attenzione e indicati come ultimi elementi da tradurre. Le autrici non rifuggono poi dall’introdurre anglicismi, rispecchiando l’attuale situazione del linguaggio giornalistico, e non solo, italiano ed evitando pertanto di trincerarsi nell’apologia della purezza della lingua italiana; oltre ad anglicismi veri e propri e più o meno 272 Besprechungen - Comptes rendus acclimatati - hacker, pc, attachment, chewing gum - menzionano termini in un’accezione semantica più ampia del loro usuale significato (ad esempio baco per indicare un virus informatico, dall’inglese bug). D’altra parte gli anglicismi sono «comuni a tedesco e italiano perché espressioni di nuove tecniche o nuovi atteggiamenti culturali» 1 . È perfino impiegato il prestito di lusso refrain in luogo di ritornello: dopo «è il refrain di una famosa canzone degli anni ’50» si prosegue con « . . . ridicolizzava l’atteggiamento di sudditanza alle mode e way of life americani del Dopoguerra» (81), entrambi prestiti di cui si poteva forse fare a meno. Ciononostante Temperini e Vassilli incoraggiano anche alla traduzione dall’inglese: il consiglio lessicale, questo il nome di un approfondimento presente in tutte le unità, per E-Mail Programm è programma di posta elettronica (8), nonostante che e-mail sia largamente impiegato in italiano. Per restare in ambito informatico rimane qualche perplessità circa la presunta entrata di worm e verme nell’uso comune dell’italiano in luogo di virus informatico, come viene affermato dalle autrici (11 N3), perlomeno nel linguaggio dei non addetti ai lavori. Analogamente, a proposito di perplessità, non mi sembra che in einer Wohngemeinschaft leben possa trovare una corrispondenza in vivere sotto lo stesso tetto, non tanto a livello di riscontro di significato quanto piuttosto su un piano connotativo. Se è vero che non c’è una espressione italiana corrispondente o, più che altro, una parola per Wohngemeinschaft, molto usata in tutta l’area germanofona europea, è pur vero che forse pochi italiani, alla domanda con chi vivi? , risponderebbero vivo sotto lo stesso tetto di/ con altre due persone, mentre è più plausibile che dicano ho due coinquilini, condivido l’appartamento con due persone/ coinquilini, oppure ancora vivo/ convivo con altre due persone, nonostante il verbo, come specificano anche Temperini e Vassilli (86), «convivere in senso assoluto si riferisce a uomo e donna che fanno vita comune pur non essendo sposati» 2 . Le autrici chiariscono che Wohngemeinschaft può presentare qualche tranello nella traduzione, anche se il riferimento è perlopiù all’aggettivo comune, definito «equivalente italiano [di Wohngemeinschaft] connotato politicamente, quindi non utilizzabile in questo contesto» (86 N24). Le alternative proposte, oltre a convivo, probabilmente la più adatta, sono: vivo sotto lo stesso tetto, vivo insieme, coabito, oppure comunità residenziale o domestica o abitativa, queste ultime estremamente formali. «Difficilmente in due lingue diverse esistono formalizzazioni perfettamente equivalenti di significato, soprattutto se per significato intendiamo la denotazione, cioè il valore semantico generalizzato, e non la connotazione, il significato specifico in un testo» 3 . Simili espressioni rientrano nel novero di quei concetti fortemente legati a certe culture di riferimento; la coabitazione di persone adulte che lavorano è infatti in Italia un fenomeno molto più recente che altrove, e per questo particolarmente delicato nell’ambito della traduzione. Perché «è proprio nella mediazione di testi di lingue, il che significa culture, diverse, cioè nella traduzione, che emerge con forza questo aspetto culturale. Quante volte, leggendo un testo tradotto da una lingua straniera, ci si accorge che la traduzione frasale è ottima, ma l’effetto complessivo è straniante, perché si capisce che l’impianto del testo è culturalmente «altro» rispetto a quello corrente nel mondo rappresentato dalla lingua in cui il testo viene presentato dopo la traduzione? » 4 . In alcuni casi si 273 Besprechungen - Comptes rendus 1 S. Bosco Coletsos (ed.), Italiano e tedesco: un confronto, Torino 1997: 90. 2 Anche se propriamente uno dei significati di convivere (Tullio De Mauro, Il dizionario della lingua italiana per il terzo millennio, Milano 2000) è «vivere insieme come coppia pur non essendo sposati», laddove coppia ha un significato più ampio di quello raffigurato da Temperini e Vassilli, indipendente dal genere dei due componenti; «insieme costituito da due persone legate da un rapporto amoroso» è infatti la definizione di De Mauro. 3 S. Bosco Coletsos/ M. Costa (ed.), Italiano e tedesco: un confronto, Alessandria 2004: 86. 4 M. A. Cortelazzo, Italiano d’oggi, Padova 2000: 33. cerca forse eccessivamente di rendere nella traduzione l’informalità del tema trattato: penso a Frau, che si è scelto di tradurre con donna, ma anche con tipa, tizia (53 N5) giustificando la scelta con il tono colloquiale del testo. Similmente si scivola a volte sui localismi: Temperini e Vassilli traducono giustamente Kaugummi con gomma da masticare, ma le altre possibilità suonano scarsamente impiegate nel parlato giovanile (gomma americana), oppure diatopicamente marcate e quindi limitatamente comprensibili (ciccingomma e cicca, che in alcune zone d’Italia corrisponde a sigaretta) contrariamente all’affermazione che li vuole «altri termini molto usati dai giovani» (63 N31). Limitarsi a gomma, il solo di questi veramente molto usato e comprensibile ovunque, sarebbe stato forse più semplice per studenti tedescofoni. Tralasciati questi pochi termini particolarmente ostici, tutti i sinonimi/ le possibilità che le autrici si prodigano nel proporre ben si adattano al tipo e allo stile del brano di riferimento - ad esempio spacciandosi suggerito per camuffato da (11 N19) - e sono altresì corredati da spiegazioni ad hoc: «Meglio lasciare teutone [anziché tedesco come aggettivo per giovane] per mantenere la sfumatura scherzoso-ironica dell’autrice» (86 N9). Oltre alla crescente difficoltà dei testi che i discenti di italiano L2 si trovano ad affrontare, nelle alternative lessicali proposte loro si inserisce anche una maggiore ricercatezza (ha stigmatizzato l’uso troppo disinvolto 12) e vari «ribaltamenti sintattici» nelle frasi: attivo-passivo (si è incendiato-è stato distrutto dalle fiamme, 44 N4), proposizioni-complementi (perché si è usataa causa dell’uso, 12 N28), negazioni-perifrasi (non trovo una soluzione-il dilemma in cui mi trovo, 79 N22), complemento oggetto-soggetto (Mi descriva i ragazzi-I ragazzi com’erano? 62). Le molteplici possibilità presentano un unico rischio: quello di non spiegare dettagliatamente l’esatta espressione per la quale si propone una variante; se per sottoposta - in sono costantemente sottoposta a studi etnologici (86) - è consigliata l’alternativa oggetto, lo studente potrebbe pensare che la locuzione esatta sia oggetto a studi, poiché non viene specificato che deve avvenire la sostituzione della preposizione a con di. Gli esercizi preparatori costituiscono un’interessante modalità di verifica prima della stesura della traduzione; particolarmente utile un compito assegnato che richiede di collocare in altri ambiti termini incontrati nell’articolo e dunque riferiti ad argomenti specifici (è il caso di impronta: prima spiegato nell’ambito della polirematica i. digitale e poi ricollocata in i. del genio 34). Domandando allo studente di definire quali siano i contesti d’uso del termine, lo si invita inevitabilmente alla riflessione sulla non traducibilità letterale delle parole (ulteriore esempio è l’aggettivo übermütig, spesso utilizzato per descrivere le azioni e i modi d’essere di bambini scatenati nel gioco, scapestrati, che non trova una perfetta corrispondenza in italiano, 62). Non è solo il panorama lessicale ad essere esteso; ampio è anche il ventaglio di situazioni create per gli studenti affinché estrapolino il tema oggetto di ogni unità e lo inquadrino in un contesto leggermente diverso. Moltissimi gli esempi: dalle ipotetiche domande che si rivolgerebbero ad un pilota aeronautico, in riferimento ad un articolo che narra le vicende di un disastro aereo, alla trasformazione del testo originale in un copione per la sua rappresentazione teatrale, notevole è la quantità delle circostanze vagliate. Nella seconda parte del lavoro (B) le esercitazioni si fanno più specifiche e le domande cercano di approfondire maggiormente le conoscenze degli studenti, non limitandosi solo a stimolare la loro comprensione del testo ma mettendo alla prova anche capacità come l’individuazione della lunghezza delle frasi, il riconoscimento di un certo tipo di punteggiatura, l’osservazione del ritmo e richiedendo di mantenere nella traduzione la stessa diversità stilistica del testo di partenza. Un altro aspetto particolarmente utile che contraddistingue l’«Übersetzungskurs» rispetto ad altri manuali di traduzione è l’esortazione alla libera produzione a partire da elenchi di parole estratti dai brani analizzati. Per quanto non ci sia l’intenzione di affrontare riflessioni grammaticali, la valida carrellata di esempi consente allo studente di ripassare i tempi verbali e la morfosintassi, di eser- 274 Besprechungen - Comptes rendus citarsi sugli aspetti stilistici e di ampliare il vocabolario. Le «pillole» di grammatica fornite sostituiscono validamente noiose e ridondanti spiegazioni prettamente teoriche, qui evitate per far posto ad osservazioni brevi ma decisamente esplicative, anche nel campo minato dei dubbi di lingua: lo studente tedescofono apprezzerà una breve digressione sulla posizione prenominale o postnominale dell’aggettivo, così come le delucidazioni sulla posposizione del possessivo in espressioni cristallizzate dell’uso o brevi note sull’uso del futuro con valore suppositivo e non temporale. Il confronto fra la punteggiatura tedesca e quella italiana contribuisce poi a porre l’accento sulle differenze implicate da due lingue diverse, differenze che vanno mantenute; anche gli enunciati semplici e poco ambigui nella traduzione subiscono infatti delle mutazioni di valore, magari impercettibili per la maggior parte degli individui. Il principio alla base del processo traduttivo è dunque la transfunzionalizzazione 5 , che permette di mantenere l’omofunzionalità di un testo in un’altra cultura. Trasferire un messaggio da un idioma all’altro è quasi impossibile: semplicemente si può realizzare una certa equivalenza fra i due testi, tentando di mantenere invariati i significati, il registro linguistico e il genere di messaggio. Per facilitare l’avvicinamento alla nuova cultura 6 Temperini e Vassilli promuovono discussioni sulle qualità del modo di vivere italiano più apprezzate all’estero, stimolando così il confronto orale in un’ipotetica classe di lettori. Le autrici non rifuggono nemmeno dall’introdurre parentesi di approfondimento su termini tedeschi polifunzionali come nun, dabei, doch e ja, difficilmente ascrivibili ad una sola categoria grammaticale (generalmente avverbi, ma anche particelle, congiunzioni argomentative o semplici pleonasmi) e per questo apportatori di notevoli difficoltà alla prassi traduttiva; attraverso il suggerimento di più versioni d’impiego viene esaustivamente spiegato come trattarli e, soprattutto, tradurli. Uno dei punti forti di questo manuale consiste certamente nella varietà di esercizi, nonostante il numero contenuto di testi. La flessibilità mentale degli studenti è stimolata attraverso prove che li portano ad associazioni mentali per immagini prima ancora della lettura del brano e confronti fra testi e immagini, oltre che da paragoni fra le iniziali supposizioni pree le impressioni post-lettura. Si «scava nei personaggi» degli articoli, ci si identifica nei protagonisti della narrazione, si paragonano i proverbi italiani con i loro corrispondenti tedeschi, si affronta la non facile impresa della traduzione di racconti umoristici; nonostante non si rivolga a professionisti, l’«Übersetzungskurs» non si limita di certo ad avviare a una traduzione pedissequa. Il testo di Temperini e Vassilli si presenta come un corso traduttivo dal tedesco all’italiano, arricchito da esercizi per l’analisi testuale e destinato a studenti tedescofoni, ma in realtà poi fornisce molti spunti di riflessione sulla situazione attuale delle lingue tedesca ed italiana anche ai non addetti ai lavori. Gloria Scarano ★ 275 Besprechungen - Comptes rendus 5 G. Berruto, «Di qualche problema sociolinguistico della traduzione», Annali della Facoltà di Lettere e Filosofia dell’Università di Cagliari, Nuova serie VIII (XLV) (1988): 345-65. 6 Cf. J. Podeur (Jeux de traduction, Napoli 2008) per un approfondimento sulla traduzione delle immagini culturali. Archivio dei nomi di luogo. Claro, Bellinzona (Archivio di Stato) 2008, 119 p. Archivio dei nomi di luogo. Cavagnago, Bellinzona (Archivio di Stato) 2008, 74 p. Archivio dei nomi di luogo. Peccia, Bellinzona (Archivio di Stato) 2008, 139 p. La serie Archivio dei nomi di luogo, dirigida por Andrea Ghiringhelli, es una colección del Repertorio Toponomastico Ticinese, e integra un conjunto de repertorios toponomásticos locales del cantón suizo que, como se hace constar en todos los volúmenes de la serie (dentro del capítulo dedicado a los criterios de edición), «risponde all’esigenza fondamentale della salvaguardia in prospettiva archivistica del patrimonio toponomastico del cantone Ticino». Y continúa precisando: «In questa direzione, l’operazione si scarica dell’intenzione scientifica dell’approfondimento e della discussione del materiale (che rimane delegata al Repertorio Toponomastico Ticinese) e libera le sue risorse nella direzione della salvaguardia di due aspetti fondamentali dei toponimi ticinesi: la forma originaria e locale (dialettale) e la localizazzione esatta del luogo designato. Qualsiasi informazione legata al nome e altrimenti recuperabile (origine etimologica, interpretazione, forme archivistico-documentarie ecc.) è qui tralasciata, nella prospettiva di un’ottimizzazione dell’intervento» (Claro, 7). Los colaboradores en este proyecto de recogida del patrimonio toponímico regional se proponen, pues, como objetivo primordial la recopilación sistemática de los estratos de la toponimia menor de todos los rincones del área, antes de que se produzca su desaparición, dado el peligro que amenaza a los dialectos locales en general y con ello a la toponimia en particular (puesto que constituye una parte del léxico de la lengua especialmente arcaica y tradicional, y por ello fuertemente ligada a la competencia dialectal: «Si capirà quindi quanto risulti importante mettere in atto nel più breve tempo possibile una revisione del materiale già disponibile e una raccolta di quello tuttora non repertoriato, nella prospettiva di disporre entro breve tempo di un corpus completo di nomi di luogo riferibili a strati secolari e destinati probabilmente alla completa estinzione entro qualche decenio» (ibid., 7). La base de los materiales - especifican los autores de estos trabajos - está constituida por los resultados de las encuestas toponímicas realizadas por la Universidad de Zúrich, en el periodo comprendido entre el otoño de 1964 y el verano de 1984, a unos 800 informantes locales, parte de los cuales eran nacidos en la centuria anterior. El corpus-base resultante está representado por 60000 topónimos de toda la superficie cantonal. La recopilación comprende no solo la indicación del nombre (la mayor parte de las veces recogida en transcripción fonética, que especifica exactamente los rasgos fonéticos dialectales particulares), sino también una localización precisa en coordenadas tomando por base la cartografía nacional, una descripción del lugar nombrado y otros datos proporcionados por los informantes. Los fascículos de la serie vienen acompañados por mapas donde consta la localización geográfica de los nombres (la numeración de éstos se corresponde con la que llevan como entradas en el corpus). El trabajo de localización cartográfica corre paralelo al de revisión y perfeccionamiento de los materiales compilados, labor ésta ininterrumpida desde principios de los años ochenta. Todos los tomos de la colección presentan los materiales del corpus de acuerdo con el método y los criterios aplicados en los volúmenes del Repertorio Toponomastico Ticinese: al nombre sigue la numeración de referencia establecida de acuerdo con el orden geográfico (con su correspondencia en el mapa), y luego se añade la localización y una breve descripción del lugar designado (la descripción se limita a las características morfológicas del lugar designado por el topónimo; a esto se añaden observaciones del informante entrevistado, cuando corresponden a datos ya no disponibles). La búsqueda de nombres concretos se ve facilitada por una lista alfabética de formas al final de los volúmenes. También el 276 Besprechungen - Comptes rendus sistema gráfico de los nombres en el corpus se corresponde con el aplicado en el Repertorio Toponomastico Ticinese: los nombres se transcriben siguiendo las reglas ortográficas convencionales, no en transcripción fonética (es decir, en grafía normalizada, adaptada al sistema normativo del italiano). Lo especificado hasta aquí se refiere a la disposición de los materiales en el corpus de cada fascículo de la serie. La estructura general de estos es también común: un capítulo inicial dedicado a los criterios de edición (Criteri di Edizioni), con explicación de los objetivos, la metodología, los criterios de transcripción y organización de la información. Otro capítulo donde se especifican los datos y las fuentes (Dati e Fonti) de cada municipio (datos relativos a la población, extensión y límites del territorio, historia de las investigaciones de los nombres en el área, fuentes consultadas y referencias bibliográficas). Al corpus, verdadero núcleo central de cada fascículo, sigue una enumeración alfabética de las denominaciones, que facilita su consulta, por ejemplo, con fines lingüísticos. Todas las publicaciones están amenizadas con ilustraciones y fotografías de épocas pasadas, relativas a lugares y a habitantes locales, cedidas por los propios vecinos. Hasta el presente han visto la luz 24 volúmenes, de los cuales reseño aquí los correspondientes a las localidades de Claro (nº 10), Cavagnago (nº 23) y Peccia (nº 24). El tomo relativo a Claro, preparado por el Grupo Toponomástico Claro, con la colaboración de Stefano Vassere y Tarcisio Pellanda, se ciñe estrechamente a las directrices de la serie, y a la estructura general en las obras de esta colección solo se añade una presentación de parte del municipio, donde se pone de manifiesto el interés de la toponomástica y de su rescate para el conocimiento de las raíces y la cultura populares (5). El término de Claro (forma oficial italianizada, frente a la propia del dialecto local, Crèe), del círculo de la Riviera, en el distrito del mismo nombre, contaba en 2000 con 970 habitantes residentes, 34 de los cuales se dedicaban al sector primario. En el mismo año, los monolingües dialectófonos en familia constituían el 26,9 % de la población, frente a una media cantonal del 14,7 %, por lo que el uso del dialecto es superior a la media del entorno. El corpus de nombres recoge interesantes dialectalismos, de los cuales pueden ser muestra representativa gárof ‘mucchio di pietre’ (25), teissèe ‘recintare’, av ‘nonno’ (24), fòpo ‘depressione nel terreno’ (31), cómo ‘canale scavato nel legno che raccoglie e porta l’acqua di una sorgente o anche di una falda del letto’ (60). Resultan de sumo interés las informaciones que se añaden en los artículos, principalmente para facilitar el esclarecimiento de la etimología de los nombres en una ulterior labor aún pendiente. Así, por ejemplificar, la aclaración «Fióro era il soprannome di Maria Jacoma; Fioréte quello di sua figlia, Matilde Jacoma», en el artículo al Rónch dala Fióro, al Ronch dala Fioréte (48). O la explicación «Il nome si riferische alle otto persone morte sotto le macerie delle loro case durante l’alluvione del 1721», en la entrada la Vigni di Mòrt (49). El tomo relativo a Cavagnago (con forma dialectal Cavagnécch), a cargo de Valerio Gianascio, presenta, amén de los capítulos comunes a todas las publicaciones de la colección (dedicados a los criterios de edición, a los datos y fuentes de la localidad, el corpus toponímico y el índice alfabético de nombres), un apartado especial dedicado a nombres de lugar del Alpe di Stabiello (sito en el valle y territorio comunale de Bedretto, pero perteneciente al patriciato de Cavagnago, 61-63), donde se añaden 46 topónimos más a los 397 incluidos en el corpus central de la obra. La localidad aquí investigada forma parte del círculo de Giornico, en el distrito de Leventina. La población era de 84 habitantes en 2007, y de los 34 residentes activos en 2000 solo 12 se dedicaban al sector primario. Los monolingües dialectófonos en familia constituían en 2000 el 28,9 % de la población, frente a una media cantonal del 14,7 %, por lo que el uso del dialecto es también aquí superior a la media del entorno. Como en los restantes fascículos, también en éste se ofrecen dentro del corpus de nombres indicaciones de gran valor, tanto observaciones de carácter lingüístico (así el dato de la voz iríscia 277 Besprechungen - Comptes rendus «sedime, fondazione», que se añade para aclarar el nombre l’Iríscia da Cassinèle, 51), como la referencia a la leyenda según la cual el lago nombrado carecía de fondo, en la entrada al Lègh det Pianásc (61). Por lo que se refiere al tomo relativo a Peccia, el último aparecido de la serie - y a cargo de Hedi Dazio - contiene, además de los capítulos habituales en la colección (en los que se especifican los criterios de edición, los datos y fuentes de la localidad, el corpus toponímico y el índice alfabético de nombres), varios capítulos en los que se exponen particularidades de la zona: al Saluto del Patriziato, de parte del Presidente del Patriziato di Peccia (5) y la Introduzione del Municipio, a cargo del alcalde de la localidad, Michele Rotanzi (7), siguen tres capítulos relativos a «Peccia in Lavizzara è nell’ultima desolazione e rovina» (17- 20), «Peccia. Il paese del marmo» (21-24) y, por último, «La pietra ollare, o pietra da laveggi, è una specie di serpentina che trovasi segnatamente nella Valle di Peccia» (25-32), los tres firmados por Bruno Donati, en los que se explican determinados aspectos caracterizadores de la historia, la naturaleza del terreno y la cultura de la región. Otra novedad respecto de anteriores fascículos de la serie es la estructuración del corpus por zonas, con especificación del nombre de cada área, el informante concreto, la fecha de su nacimiento y la de su muerte, así como unas breves anotaciones introductorias acerca de las características orográficas de algunos lugares nombrados, y detalles de la vida y costumbres de sus habitantes. También a lo largo del corpus se aportan interesantes notas descriptivas de los parajes, y no faltan las anécdotas, leyendas populares y otros detalles que pueden resultar de enorme utilidad para la ulterior interpretación lingüística y etimológica de los topónimos (véase, como ilustración, la leyenda que explica el nombre al Ri Cativ: «Corso d’acqua; secondo una leggenda, vi perì una donna a causa della caduta di un sasso. Si racconta che avesse lasciato i suoi bambini soli in una delle stalle de i Stall Fòra; essi sarebbero poi state ritrovati da un uomo del paese» (49). En algún que otro caso se aventura incluso alguna interpretación onomástica; así en la entrada l’Èrta di Mört - al Práo di Frènz, se añade: «Il nome deriva probabilmente da una denominazione di confraternita. I Frènz è il nome di familia proprietaria di questo monte, ancora utilizzato negli anni Settanta» (76). Concluyendo: estamos ante unas aportaciones de enorme valor a la toponomástica tesinesa. Con esta serie de repertorios (dignos de ser imitados en otras áreas no solo italófonas, sino románicas en general), se salvaguarda de la pérdida irreversible un patrimonio lingüístico y cultural de suma importancia para el conocimiento de la historia local y, sobre todo, para la Dialectología y la Historia de la Lengua. Esperemos que a las obras aparecidas sigan otras que continúen esta preciosa labor iniciada. Sin duda, con ellas podrán los investigadores (dialectólogos, etimólogos, lingüistas en general) disponer de una sólida base para el análisis exhaustivo e integral de la toponimia regional, así como para, en un momento posterior, la redacción del deseable Diccionario Toponomástico Tesinés, en el que sea posible la interpretación rigurosa, lingüística y etimológica, de todo este amplio y valioso corpus de nombres. María Dolores Gordón Peral ★ Repertorio Toponomastico Ticinese. I nomi di luogo dei comuni del Cantone Ticino. Caslano, Bellinzona (Archivio di Stato) 2008, 94 p. + 3 mappe Estamos ante el penúltimo volumen aparecido (y que hace el número 24) de la serie de repertorios toponímicos municipales del cantón de Ticino - con anterioridad han visto la luz otros ocho tomos dedicados a municipios del mismo distrito, el de Lugano: los volúmenes relativos a Comano (nº 3 en 1984), Vezio (nº 4 en 1985), Origlio (nº 9 en 1995), Brè (nº 11 en 278 Besprechungen - Comptes rendus 1997), Muzzano (nº 12 en 1998), Pura (nº 13 en 1999), Canobbio (nº 15 en 2002) y Sonvico (nº 19 en 2005). La realización y edición de la obra ha estado a cargo de Stefano Vassere, director del Repertorio Toponomastico Ticinese, que ha coordinado a un cualificado grupo de investigadores locales, constituido por Piero Bettelini, Giovanni Frey, Francesco Gianferrari y Pietro Wenger (ha contado asimismo con la colaboración parcial, en lo referente a aportación documental, de Carlo Azzi). Este volumen constituye una exhaustiva recopilación de nombres de lugar, principalmente de lugar menor, del término municipal de Caslano. El municipio de Caslano, que forma parte del círculo de la Magliasina, está situado en el sector meridional del cantón de Ticino, en la parte occidental del lago de Lugano. Consta este término de tres núcleos habitados: Colombera, Magliasina y Torrazza. Su población constaba de 3831 habitantes en 2007. De los 1560 residentes activos en 2000, únicamente 17 trabajaban en el sector primario. El uso del dialecto es inferior a la media cantonal, hecho que favorece la pérdida progresiva de formas onomásticas autóctonas. Se recoge y presenta en este tomo concretamente un total de 190 topónimos del término obtenidos en su mayoría de primera mano, es decir, directamente de labios de los informantes locales, a través de encuesta, tomando por base el modelo ya trazado en los anteriores volúmenes de la misma serie y desde 1982, en que diera comienzo con la obra dedicada al municipio de Faido (distrito de Leventina). Esta ingente labor de investigación tiene como finalidad rescatar toda la información sobre el mundo rural de la región, todavía - y ya previsiblemente, por poco tiempo - disponible ante el declive y hasta el olvido que amenaza a la cultura popular, en general, y a los nombres tradicionales, en particular. Del peligro que conlleva la transformación de la estructura socioeconómica y en general los cambios del mundo moderno, que han llegado hasta estos lugares alpinos, se nos habla en el «Saluto dell’autorità comunale» (5): «Negli ultimi decenni il mondo è stato fortemente trasformato dalla globalizzazione e dal progresso scientifico e tecnologico . . . Ma sarebbe scellerato se accanto a questo sviluppo non prestassimo anche attenzione al passato, a chi siamo e da dove veniamo, alla nostra storia: della nostra famiglia, della nostra gente, dei nostri paesi; e in questo la toponomastica ci aiuta . . . Siamo quindi riconoscenti . . . per aver messo a disposizioni di noi tutti, ma in particolare delle future generazioni, le loro conoscenze. Conoscenze che senza questo lavoro sarebbero andate irrimediabilmente perdute». Y, asimismo, en la Introduzione (7) se nos advierte: «la nostra società sta traversando in modo frenetico notevoli cambiamenti. Queste repentine trasformazioni in campo economico, socioculturale e di costume hanno, in poco tempo, stravolto le antiche consuetudini di vita . . . Caslano ha conosciuto una notevole evoluzione in pochi decenni. Ma il cambiamento più eclatante, poiché sotto gli occhi di tutti, è la repentina trasformazione che il territorio comunale ha conosciuto a partire dagli anni Cinquanta del secolo scorso: nel giro di qualche decennio il territorio ha vissuto più trasformazioni che nel corso dei secoli precedenti». La razón de la amenaza que recae sobre la cultura popular y en consecuencia sobre los nombres tradicionales es doble: de una parte, la desfamiliarización con el mundo rural y sus tradiciones que trae consigo el progresivo abandono del campo, y que es así consecuencia directa de los cambios económicos, concretamente del abandono del trabajo en el sector primario; de otra parte, la cada vez mayor erosión del dialecto local. Pues bien, el procedimiento que para salvar del olvido este valioso patrimonio se aplica consiste en obtener esas informaciones de los mejores conocedores de ese saber tradicional, los habitantes naturales del lugar, preferentemente de edad avanzada, que por experiencia de vida y por su dedicación laboral han heredado directamente ese legado lingüístico y cultural de las generaciones precedentes. Solo de este modo es posible recopilar un máximo de información acerca de los lugares menores, y no solo sobre las formas toponímicas en sí, sino también sobre cualquier aspecto conocido que presente o haya presentado el lugar nombrado: nuevos y 279 Besprechungen - Comptes rendus antiguos propietarios, sucesos relacionados con el emplazamiento en cuestión, anécdotas que se recuerdan relativas al lugar, leyendas que se transmiten de generación en generación, descripción de las características del emplazamiento (orografía, vegetación, fauna, edificaciones, etc.). En la serie de trabajos en la que el presente volumen se integra, la perspectiva propiamente lingüística no parece ser realmente la central, por mucho que, naturalmente, el lema se establezca con sumo rigor lingüístico y a menudo se ofrezcan interpretaciones basadas en un profundo conocimiento de la etimología y la historia de la lengua en general, y del dialecto en particular. La estructura de la obra es la siguiente: a una breve presentación por parte de Emilio Taiana, alcalde del municipio (5), sigue la introducción (7-9) a cargo de Francesco Gianferrari, que escribe en representación del grupo de trabajo que ha elaborado el estudio. Continúa un capítulo dedicado a los criterios de edición, comunes a todos los volúmenes de la serie Repertorio Toponomastico Ticinese (11-15; para un comentario de estos criterios, véase nuestra reseña al tomo número 25 sobre Semione, en este mismo volumen). Como en los demás ejemplares aparecidos, también hay en este un capítulo dedicado a la especificación de los datos y las fuentes («Dati e fonti», 17-19) concretas relativas al municipio de Caslano. Sigue una nota explicativa (20-22) con un ilustrativo mapa que intenta reflejar la que sería la situación regional hacia el año 1000) sobre «La strada sul Monte», comentando la hipótesis de la existencia de una verdadera fortificación, un castillo sobre el monte, que sería el origen del nombre de lugar del municipio: Caslano ( lat. castellanum). Después de una interesante relación de propiedades y actividades en Caslano a principios del siglo pasado (23-25), así como de una descripción literaria del paisaje del término en los años cincuenta de la pasada centuria, de Cornelio Trainoni, continúa una bibliografía bastante pormenorizada, donde se recogen no solo textos consultados y citados en cuanto fuentes de información sobre aspectos concretamente de toponimia local, sino obras de interés lingüístico y dialectológico, así como otras publicaciones de carácter histórico, cultural o geográfico específicas para Caslano y de ámbito más amplio (33-41). Sigue el corpus toponomástico (51- 68), verdadero núcleo del trabajo, que está ordenado según el criterio de la ubicación geográfica de los lugares nombrados en la zona (los topónimos se han señalado en los mapas municipales incluidos en el tomo siguiendo la numeración con que aparecen en el corpus); pero para facilitar la búsqueda de cada nombre se añade al final del tomo un índice alfabético de formas toponímicas (91-94). Se añade al corpus una valiosa lista de topónimos no localizados, extraídos de fuentes documentales antiguas (77-81). Un elemento singular en este libro es la inclusión de una lista de nombres de calles, un callejero («Stradario», 87-90), donde se comentan los nombres de las vías urbanas, a veces con interesantes explicaciones (así ocurre, por ejemplo, en la entrada Strada Regina). A lo largo de toda la obra se insertan numerosas fotografías antiguas, aportadas por vecinos de la localidad, que ilustran momentos de la vida del pasado en el municipio y hacen muy amena la publicación. Finalmente, resultan muy útiles para la ubicación de los nombres de lugar compilados los mapas incluidos al final de la obra, en los que se señalan los topónimos en correspondencia con la numeración de los nombres en el corpus. Por lo que respecta a la constitución del corpus, como ya se ha apuntado, la recopilación de las formas se ha llevado a cabo principalmente mediante encuesta directa realizada a hablantes naturales de la localidad, familiarizados con la forma de vida y el trabajo tradicionales. Amén de esto, se ha revisado y expurgado la documentación escrita a disposición, tanto fuentes bibliográficas como cartográficas y documentales, conservadas estas en el archivo episcopal y en los archivos locales (municipales, patriciales y parroquiales), en las cuales se atestiguan numerosos nombres que ya no se conocen en la actualidad. Desde el punto de vista estrictamente lingüístico, debe subrayarse la gran fiabilidad que merecen las transcripciones de los nombres, así como de las etimologías que se establecen a veces, ba- 280 Besprechungen - Comptes rendus sadas en un gran conocimiento del dialecto local (comentarios de tipo dialectal se ofrecen, por ejemplo, en las entradas a Crána (60, de crána ‘hendidura’), ra Rumpáda (60), i Pèzz (52), Rivadóu di Bozzón (51). En definitiva, la elaboración de este trabajo constituye una loable iniciativa más centrada en la investigación, en la catalogación y descripción de los nombres de lugar de un área que tienden a ser olvidados. Mas, como ha quedado dicho, no se trata de un simple elenco de nombres, pues va más allá de ser un repertorio, ya que recopila toda la información posible relativa a las formas onomásticas, a veces consistente en curiosidades que, no obstante, pueden resultar determinantes en la posterior labor de interpretación etimológica de estos nombres. Esperemos que a esta obra sigan otras más que acaben de recoger el rico legado de los nombres de lugar del cantón tesinés, trabajos todos ellos de gran valor por su gran exhaustividad en la tarea de recolección de materiales e información, que podrán constituir sin duda una sólida base para la realización de un posterior y deseable Diccionario Toponomástico Tesinés, donde pueda interpretarse con todo rigor desde el punto de vista lingüístico, y más concretamente, desde una perspectiva de análisis etimológico, este gran corpus de nombres. María Dolores Gordón Peral ★ Repertorio Toponomastico Ticinese. I nomi di luogo dei comuni del Cantone Ticino. Semione, Bellinzona (Archivio di Stato) 2008, 236 p. + 2 mappe Es éste el último tomo aparecido (con el número 25) de la serie de repertorios toponímicos municipales publicados hasta el momento, correspondientes al cantón de Ticino. El volumen (realizado y editado al cuidado de Carla Baselgia-Ferrari, Franco Togni - dos vecinos del municipio que han llevado a cabo una ardua tarea de investigación, (traduzco) «la primera como estudiosa atenta y apasionada, y el segundo como escrupuloso conocedor del territorio» - y Stefano Vassere, director del Repertorio Toponomastico Ticinese) recoge hasta 700 nombres de lugar obtenidos de acuerdo con los principios metodológicos que guían esta colección, esto es, en su mayoría directamente de labios de habitantes del lugar, los mejores conocedores de la toponimia tradicional local, y parcialmente también obtenidos a partir del despojo de fuentes escritas, tanto bibliográficas como documentales (mapas, planos catastrales, documentos del archivo histórico local y asimismo de varios archivos privados). El municipio de Semione forma parte del círculo de Malvaglia, en el distrito de Blenio, sito en el sector nororiental del cantón tesinés (con anterioridad, en 1983, fue publicado el repertorio correspondiente a otro municipio de este mismo distrito, el de Torre, el segundo de la serie). Su población era de 357 habitantes en abril de 2008, y de los 136 residentes activos en el 2000, tan solo 8 personas se dedicaban todavía al sector primario. Y es que ocurre que en las últimas décadas, las actividades de ganadería y agricultura han ido reduciéndose drásticamente, hasta tal punto que, como se ve, en nuestros días la población trabajadora en este tipo de actividad económica es mínima, con lo que ello conlleva de abandono del campo y transformación del espacio natural, que supone principalmente la extensión de zonas boscosas y, aunque en menor medida, la de las habitadas. Consecuencia de lo anterior es el progresivo olvido y desconocimiento de los lugares menores y sus denominaciones tradicionales, hecho que convierte en una necesidad urgente el salvar esa parte del patrimonio lingüístico y cultural popular que son los nombres de lugar. Como afirma una de las recopiladoras, Carla Baselgia-Ferrari, en sus palabras introductorias (p. 8), «bisogna sottolineare che . . . in questi ultimi anni la nostra piccola comunità, come del resto 281 Besprechungen - Comptes rendus tutte le realtà montane simili alla nostra, ha subito veloci e inequivocabili cambiamenti. La civiltà contadina, circoscritta, lenta e rispettosa della memoria, ha lasciato il posto a una civiltà più permeabile ai cambiamenti, più standardizzata e forse, all’apparenza, meno attenta al microcosmo». En una hermosa imagen bucólica que identifica el trabajo del recolector de nombres con la labor de recogida del fruto del penoso trabajo en los prados, por parte de los campesinos del lugar, la autora rescata un antiguo proverbio local con el que titula su nota introductoria: «A g guá na int göpp, par ni fó göpp» ‘es menester entrar en el prado doblado por la fatiga, para poder salir luego doblado por el peso del fruto recogido’. La necesidad de una mirada hacia atrás para buscar y encontrar las raíces del presente y conservarlas se percibe también en las palabras de la alcaldesa de la localidad: «I nomi dei luoghi dove sono passate le generazioni che ci hanno preceduto rappresentano la storia della nostra gente; abbiamo quindi sentito il forte bisogno che essi non andassero perduti, ma venissero ricordati alle generazioni future» (5). Como viene siendo costumbre en esta colección, se recuerdan en la parte introductoria (9-13) los criterios de edición y presentación del material toponímico compilado, en cuyo diseño ha primado la necesidad de conciliar el fin científico de la recopilación de nombres de lugar con la publicación, que se pretende hacer accesible a la comunidad. Así, el esquema que se sigue en cada entrada es éste: transcripción en grafía simplificada (en relación al sistema de transcripción, se ofrecen explicaciones pormenorizadas relativas a la fonética local), numeración (siguiendo un orden progresivo de localización geográfica en la zona, de acuerdo con un itinerario «ipotetico (e verosimile)»; para facilitar además la búsqueda de cada nombre se añade al final de la obra un índice alfabético), localización (en coordenadas, referidas al mapa nacional), fuentes escritas (mediante su expurgo se han documentado formas onomásticas ya desconocidas hoy, que resultan de gran interés histórico y lingüístico; debe destacarse asimismo que se han tenido en cuenta en el estudio de algunos de los nombres las formas dialectales recogidas en los cuadernos toponomásticos anejos al Vocabolario dei dialetti della Svizzera italiana, del Centro di dialettologia e di etnografía), y, finalmente, la descripción del topónimo, que centra en dos puntos esenciales: de una parte, el objeto designado por el nombre, el lugar, ofreciéndose sus principales características y la información de toda índole disponible relativa al mismo; de otra, el nombre mismo, analizando sus características dialectales y su posible origen (siempre y cuando se hace factible ofrecer una hipótesis verosímil y documentable). Al capítulo dedicado a los criterios de edición sigue otro (titulado «Semione. Dati e fonti», 15-20), donde se ofrece una información detallada de las características geográficas, socioeconómicas, demográficas y demolingüísticas, como los datos sobre la vitalidad del dialecto (debe subrayarse, a este respecto, el hecho de que en este municipio el uso del dialecto es superior a la media cantonal). Igualmente, se especifican las fuentes escritas consultadas (cartográficas, nacionales y cantonales, y documentales, procedentes de archivos parroquiales, privados y municipales). Siguen dos capítulos, dedicados uno a «Il diritto di selva e i diritti de degagna. Appunti di Gualtiero Ferrari, agricoltore (1914-2002)» (23-24), y otro a «La società di tiro La Fratellanza» (25-26), donde se exponen aspectos de las tradiciones, costumbres y realidades locales, de gran valor etnográfico y representativos de la vida del municipio, sin el conocimiento de los cuales no es posible comprender topónimos del tipo de - por poner dos botones de muestra - ra Dügágna da Bü (168; una dügágna era una corporación local que reglamentaba el reparto de la tala de los bosques) y ra Bött da Tir (138; nombre del lugar donde se ejercitaban en el tiro los miembros de la mencionada sociedad local). A lo anterior sigue una muy completa bibliografía (35-44), en la que se recogen los textos que sirven de fuentes de información sobre aspectos de la toponomástica local, obras de carácter lingüístico y dialectológico, y específicamente de tema toponímico; publicaciones de carácter histórico, cultural, geográfico, tanto específicas del área como de carácter más 282 Besprechungen - Comptes rendus amplio. Salpicando la obra, aparecen aquí y allá preciosas fotografías históricas - donadas por particulares - que complementan el trabajo, ilustrándolo con muy interesantes imágenes de escenas de la vida del pasado en la localidad. El núcleo de la obra está constituido por el corpus toponomástico (73-201), organizado no a partir del criterio alfabético, ni del semántico, sino, como ya quedó expuesto, siguiendo un orden progresivo de localización geográfica en la zona (los topónimos vienen señalados en los mapas municipales incluidos en el libro siguiendo la numeración con que aparecen en el corpus); si bien, para facilitar la búsqueda de cada nombre, se añade al final del tomo un práctico índice alfabético de formas toponímicas (215-36). El corpus se enriquece con una una valiosa lista de topónimos no localizados, obtenidos mediante el despojo de fuentes documentales, que se añade en capítulo independiente (203-8). La lectura del contenido de los artículos pone de manifiesto que la obra no constituye únicamente un trabajo de recogida de formas lingüísticas, sino una verdadera recopilación de materiales e informaciones de toda índole, principalmente históricos, vinculados a los lugares cuyos nombres se registran, señalándose a menudo datos de sorprendente detalle - pueden encontrarse, por ejemplo, curiosas leyendas, como la del oso que no llegó a atacar a una doncella (200), la de San Carlo (96), o la reciente relativa a un vecino llamado Sára (146); y del mismo modo conocemos a través de la lectura de los artículos numerosas historias y anécdotas particulares relativas a los lugares y a sus propietarios; véase, por ejemplo, la entrada ul Café Tógni. Es evidente, pues, que el valor de la serie en general y de este volumen en particular sobrepasa con creces lo lingüístico, ofreciendo una especie de microhistoria local de sorprendente riqueza. Desde el punto de vista estrictamente lingüístico, debe destacarse la meticulosa recopilación de las formas y su cuidada transcripción, así como las siempre acertadas interpretaciones etimológicas de los topónimos, basadas generalmente en un profundo conocimiento del dialecto local. Algunas interesantes voces dialectales que se señalan como base de nombres de lugar de la zona son, por ejemplo, sprücch (141,179, lat. spelunca ‘caverna’); gána ‘piedra grande’ (179,198); schía (132); bròzza (79); visnánza (77); pairü (83); murnèi (90); brüga (87); scénc (201; aparece esta voz en el topónimo ul Scénc dar Òrs ‘el Cincho del Oso’, y se comenta a propósito: «sta a indicare luogo rocioso di difficile acceso»; efectivamente, estamos ante un derivado del lat. cingulum, que aparece con valor oronímico en la toponimia de diferentes áreas de la Romania 1 ). Resulta además este trabajo doblemente interesante por ofrecer identificaciones de formas toponomásticas con formas antroponímicas, concretamente los nombres de persona locales que han quedado perpetuados en la toponimia local: nombres o sobrenombres individuales y familiares, como Sturné, Burghéss, Büsla, de los que se ofrece la significación (cf. 80, 141, 82). Verdaderamente puede decirse que esta obra constituye un punto de partida ideal para un completo estudio etimológico de la toponimia del área. En suma, este libro y, en general, la colección Repertorio toponomastico ticinese, en la que se inserta, puede considerarse una obra modélica en cuanto trabajo destinado a la recopilación exhaustiva de los nombres de lugar de un área de reducida extensión, donde se trata de recoger in situ, a través de encuesta oral, todo lo que se sabe de los nombres, toda la información que conservan los lugareños mejor conocedores de los parajes de su tierra (por muy puntual e incluso anecdótica que pueda parecer esta información en ocasiones) antes de que el declive de la onomástica local sea irreversible, a consecuencia de las profundas 283 Besprechungen - Comptes rendus 1 Para un estudio exhaustivo de este tipo léxico en la toponimia románica puede verse Mª D. Gordón/ S. Ruhstaller, «Una acepción orográfica del lat. cingulum en los romances hispánicos”, in: C. García Turza/ F. González Bachiller/ J. Mangado Martínez (ed.), Actas del IV Congreso Internacional de Historia de la Lengua Española (La Rioja, 1-5 de abril de 1997), vol. 2, Logroño: 881-86. transformaciones económicas a que se está viendo sometido hasta el último rincón de la región alpina. Naturalmente, el estudio toponomástico no se agota con un repertorio de estas características, pues queda todavía pendiente la profundización en el aspecto etimológico, después de lo cual será factible la adopción de una visión global, del conjunto de los nombres, para el necesario establecimiento de la estratigrafía histórico-lingüística y la extracción de otras conclusiones de orden lingüístico. María Dolores Gordón Peral Rätoromania Matthias Grünert, Modussyntax im Surselvischen. Ein Beitrag zur Erforschung der Morphosyntax des Verbs im Bündnerromanischen, Tübingen/ Basel (Francke) 2003, xii + 578 p. (Romanica Helvetica 122) Es entspricht einem Wunsch von Matthias Grünert, dass eine der Besprechungen seine Untersuchung auch aus dem Blickwinkel eines native speakers angehe. Im noch lebendigen sprachlichen Mikrokosmos Romanischbündens ist die Bezeichnung native speaker für den Schreiber dieser Zeilen im Zusammenhang mit dem Surselvischen nur bedingt zutreffend. Für das Unterengadinische ist das Etikett absolut unbedenklich (als Zweitsprache kam das Schriftdeutsche erst ab der vierten Klasse der Elementarschule dazu, der «bündnerdeutsche» Dialekt etwas später). Der enge Kontakt des Autors dieser Zeilen mit dem Surselvischen entstand erst im Lauf des Studiums der romanischen Philologie und vertiefte sich danach über Jahre, nicht zuletzt auch im mündlichen Austausch. Es ist deshalb einigermassen legitim, wenn dieser Beitrag zur Diskussion - als solcher sind diese Ausführungen zu verstehen - mit einer Feststellung beginnt, die dem Wunsch Matthias Grünerts auf generelle Art entgegenkommt, und in der Folge mit einigen Bemerkungen zu ausgewählten Phänomenen aus der Sicht des native speakers ergänzt wird. Nach der Lektüre von Grünerts sorgfältiger und breit abgestützter Darstellung ist man über die Modussyntax im Surselvischen umfassend informiert. Ein Desideratum zur bündnerromanischen Syntax ist damit auf vorbildliche Art Wirklichkeit geworden. Die nachfolgenden Anmerkungen sind denn auch als mögliche Einbettungs- und Verknüpfungsversuche zu verstehen. Dass Grünerts strenge und methodisch gerechtfertigte Begrenzung des Untersuchungsgegenstands immer wieder mit vergleichenden Exkursen überschritten wird, ist dabei in Kauf zu nehmen. I. Die Bündnerromanen begegnen beim Erwerb der Zweitsprache Deutsch in der Schule, was die Modussyntax angeht, keinen besonderen Schwierigkeiten oder Widerständen. Diese Feststellung gilt für die Erlernung der Zweitsprache Deutsch seit den Anfängen der staatlichen Volksschule im 19. Jahrhundert und gilt auch heute im Zeitalter der fortgeschrittenen Bilinguität. Die Lehrmittel, welche eigens für die Erlernung des Deutschen als Zweitsprache geschaffen wurden, setzten denn auch die Schwerpunkte in jenen Bereichen der Grammatik, bei welchen Verstösse gegen die Norm erfahrungsgemäss häufig vorkommen, und nicht in der Modussyntax. Als sensible morphologische und syntaktische Bereiche galten und gelten für die Bündnerromanen beim Erwerb des Deutschen beispielsweise: die Fixierung der Artikel 1 , die Kasusrektion nach Präpositionen, insbesondere auch nach Präpositionen, welche sowohl den Dativ wie den Akkusativ nach sich ziehen (Bewegung 284 Besprechungen - Comptes rendus 1 Cf. B. Secchia, Der, die, das oder Nomenclatura. Quala contegn in orden alfabetic ils noms substantivs tudaschs con lur toccant genere, Scuol 1744.Auch G. Tscharner, Dicziunari vallader-tudaisch, Wörterbuch Deutsch-Vallader, Chur 2003, wo aus didaktischen Gründen sowohl bei der deutschen Entsprechung wie beim deutschen Stichwort immer auch das Genus angegeben wird. am Ort, Bewegung von einem Ort zum anderen; Typus: Wir wohnen in den Bergen vs. Wir gehen in die Berge), die Formen der Deklination, die Fixierung und Automatisierung der Stammformen des Verbs, die Verwendung der Possessivadjektive der dritten Person, wenn der Besitzer weiblich ist (Typus: Der Hirt und sein Hund vs. Die Hirtin und ihr Hund) 2 . Bei der Modussyntax wird in den Lehrmitteln vor allem der Umsetzung von der direkten in die indirekte Rede Gewicht beigemessen, wobei man vermuten darf, dass es den Autoren der Lehrmittel in erster Linie darum geht, die Zeichensetzung klaglos zum Funktionieren zu bringen. Jedenfalls macht den romanischsprechenden Schülerinnen und Schülern bei der Erlernung der indirekten Rede im Deutschen weder die Variante mit einleitendem dass noch die Variante ohne dass irgendwelche Mühe. Ganz anders geartet ist die Situation, wenn sich die bündnerromanischen Schülerinnen und Schüler eine neolateinische Dritt- und Viertsprache, Italienisch oder Französisch (auch Spanisch) aneignen. In diesem Fall muss die Modussyntax, beispielsweise die Struktur des konditionalen Gefüges oder der Gebrauch der indirekten Rede sowie die korrekte Verwendung der Consecutio temporum mit viel Aufwand erläutert, eingeübt und fixiert werden. II. Von dieser allgemein gehaltenen Beobachtung ausgehend kann man festhalten, dass die Strukturen der Modussyntax im gesprochenen Bündnerdeutschen, in der deutschen Standardsprache und im Bündnerromanischen konvergieren, wobei der in jüngster Zeit immer intensiver werdende Sprachkontakt zweifellos als bedeutender Faktor und entscheidender Vektor für Interferenzen seitens des Deutschen zu werten ist. Zu beachten ist bei dieser grundsätzlichen Diskussion aber auch der Umstand, dass für ein und dasselbe in sprachliche Form zu kleidende Phänomen innerhalb des morphosyntaktischen Systems eines bündnerromanischen Idioms sich oftmals verschiedene Strukturen als mögliche Varianten anbieten und dass sich im Lauf der Zeit die eine dank besonderer Umstände durchsetzen und dominant werden kann, sei dies im regionalen Rahmen oder im breiteren sprachgeografischen Umfeld. Drei wohlbekannte Bereiche aus dem bündnerromanischen morphosyntaktischen System mögen als Hinweis dafür gelten, dass Strukturanalogien zwischen Deutsch und Romanisch auch ohne primäre Beeinflussung seitens des Deutschen entstanden sein könn(t)en: die Inversion Verb-Subjekt nach Adverbialen und Objekten 3 , das Phänomen Verb + Adverb (trer en, [Kleider] anziehen) 4 oder die Struktur des Eventualitätsausdrucks im Konditionalsatz (sche jeu vess fom, magliass jeu oder vess jeu fom, magliass jeu, wenn ich Hunger hätte, würde ich essen) ohne die besondere Form des Konditionals im Hauptsatz (vs. fr. je mangerais, it. mangerei). Die Inversion Verb-Subjekt nach Adverbialen und Objekten war im Altfranzösischen die Regel. Formen Verb + Adverb sind auch im gesprochenen Toskanischen - allerdings in viel geringerer Frequenz - zur konkreteren Einfärbung üblich. Die Analogie zur bündnerromanischdeutschen Struktur des Eventualausdrucks im konditionalen Gefüge (-ss-Konjunktiv anstelle des Konditionals) kann man beispielsweise auch in Sizilien (nach AIS 1016 durchgehend, 285 Besprechungen - Comptes rendus 2 Zum Ganzen cf. M. Twain, A tramp Abroad, Hartford 1880. In deutscher Übersetzung: M. Twain, Bummel durch Europa, Zürich 1990: 455-78 (Anhang D, Die schreckliche deutsche Sprache). 3 J. C. Arquint, L’inversiun e seis adöver in rumantsch d’Engiadina, Cuoira 1957. A. Oetzel, «Die Nicht-Einhaltung der Inversion im Engadinischen und ihr Einfluss auf die Informationsstruktur», Annalas da la Societad Retorumantscha 107 (1994): 153-71. A. Oetzel, Die klitischen Personalpronomina im Oberengadinischen, Frankfurt am Main 1989. 4 D. Andry, Verben des Typs «dir aint, dir oura, dir giò, dir sü» im Rätoromanischen des Unterengadins, Zuoz 1993 (Typoscript). ausser Punkt 819) und an einigen Punkten der Campania antreffen 5 , während im übrigen Gebiet der Appeninenhalbinsel - Ladinien ausgenommen - die Reaktionen der Sujets auf den Impulssatz des AIS-Explorators der Variante der italienischen Standardsprache entsprechen. Für das Engadinische ist das Phänomen der Inversion Verb-Subjekt recht eingehend untersucht. Man weiss, nach welchen morphologisch-syntaktischen Gegebenheiten sich der Sprachgebrauch ausrichtet. Man kann aber auch feststellen, dass das «etablierte» morphosyntaktische System nicht so austariert ist, dass bei einzelnen Partezipanten, aber auch in Gruppen mit ähnlichem soziologischen Hintergrund Umpolungen durch fremdsprachliche Sprachgewohnheiten oder durch Sprachlenkung nicht möglich wären. Morphosyntaktisch könnte man von einem Kernsystem sprechen, das stabil ist, und von einer den Kern umgebenden Grauzone, in welcher Modifikationen durchaus Fuss fassen können, auch wenn diese nicht zur Usanz und damit zum etablierten Sprachgebrauch werden. In zwei konkreten Beispielen: Wenn engadinische Auswanderer im neunzehnten oder - weniger häufig - im zwanzigsten Jahrhundert beim Sprechen und beim Schreiben - mitunter auch als Autoren belletristischer Texte - entsprechend der Sprache ihres Auswanderungslands spontan die italienische oder die französische Satzstellung (Subjekt-Verb) verwenden, wenn das Subjekt ein Nomen ist (Typus: Cur cha no eschan gnüts a chasa, Maria d’eira fingià partida (Eb.); als wir nach Hause kamen, war Maria schon abgereist), wenn das Surmeirische eine Zeitspanne der Sprachlenkung mit forcierter Präsenz von Schreibtexten ohne Inversion (1946-48) durchsteht 6 , ohne dass dies im Kern des Systems Spuren hinterlässt, so darf man den Schluss ziehen, dass Umpolungen oder Schiebungen morphosyntaktisch innerhalb der Grauzone durchaus im Rahmen liegen könnten, dass sich aber keine Änderung oder Neuerung ohne eine mächtige soziolinguistische Schubkraft durchsetzen und dominant werden kann. Die eben beschriebene Beobachtung soll durch drei weitere Beispiele erhärtet werden. Im ganzen Engadin lässt sich - sporadisch, z. T. auch massiert - die Tendenz nachweisen, das adjektivische und das partizipiale Charakterisierende in Numerus und Genus nicht an das Charakterisierte anzugleichen (Typus: Umans chi sun cuntaint cun lur sort vs. . . . cuntaints; Menschen, die mit ihrem Schicksal zufrieden sind). Dasselbe gilt für die Flexion des Partizips der Vergangenheit von Verben, die mit esse konjugiert sind (Typus: La camariera es gnü vs. . . . gnüda; die Serviertochter ist gekommen). Beim letztgenannten Fall kann man sogar von einem relativ kompakten Raum Martina-Scuol ausgehen. Trotzdem konnte diese mögliche morphosyntaktische Variante (seit Mitte des zwanzigsten Jahrhunderts gut belegt, wahrscheinlich aber viel älter) im Engadinischen nicht dominant werden. Es fehlte und fehlt ihr der notwendige soziolinguistische Schub. Analog könnte man bei der im Münstertal bezeugten Verwendung des Indikativs in der indirekten Redewiedergabe argumentieren. Die morphosyntaktische Variante ist regional vital, kann aber nicht auch im Engadin dominant werden, da dem Münstertalerischen die soziolinguistische Schubkraft fehlt, sowohl numerisch wie vom Sozialprestige her. III. Von dieser Betrachtungsweise ausgehend - ihr liegt der Blickwinkel der vergleichenden Syntax zu Grunde - werfen beispielsweise die Möglichkeiten der sprachlichen Präsentation der «erwünschten Eventualität» im Surselvischen (156-57) einige interessante Fragen auf. Dies soll an den folgenden drei in Grünerts Untersuchung zitierten Beispielen erörtert werden. 286 Besprechungen - Comptes rendus 5 Cf. K. Jaberg/ J. Jud, Sprach- und Sachatlas Italiens und der Südschweiz (AIS), Zofingen 1928s., Karten 1016/ 1017: Mangeresti, se avessi fame? 6 Propagiert und angewandt in der Zeitung Igl Grischun central. Gasetta per Surmeir 1-3 (5 otgover 1946-1 matg 1948). (220) O bien Retg Dagobert, fuss jeu mai jus ord Paris . . . (Roman, 329) (Oh, guter König Dagobert, hätte ich Paris nie verlassen . . .) (222) O sche iau mo vess quei utschi! (Roman, 316) (Oh, wenn ich nur diesen Vogel hätte! ) (224) Sch’ei mo entschevess a never! (Tuor 1988: 53) (Wenn es doch zu schneien anfinge! [Tuor 1994: 55]) Beispiel 220 belegt, dass die Inversion bei Wünschen die Stelle der konditionalen Konjunktion sche einnehmen kann. Gemäss Spescha 1989: 616 7 «Dievers particulars» (Besondere Verwendungen) kann dieser Beleg gleich mit zwei von ihrem Habitus her der heutigen kolloquialen Rede zuzuordnenden Beispielen ergänzt werden: Vesses ti tschintschau cun el! (Hättest du doch mit ihm gesprochen! ) Fusses ti staus eri! (Wärst du doch still gewesen! ) Die Nachkontrolle bei native speakers ergibt, dass die invertierte Form in der spontanen Rede neben der Konstruktion mit sche + mo ihren Platz durchaus behaupten kann. Vom gesprochenen Bündnerdeutschen erhält zwar die Lösung mit sche + mo eine nicht zu unterschätzende Unterstützung: (224) Wenn’s nu kämmti go schneia! Wenn’s nu afo würd schneia! Eine bündnerdeutsche Inversionsvariante *Kämmti’s nu go schneia! wäre aber relativ ungewohnt und würde befremdend wirken. Das Bild ändert sich, wenn man ein von Spescha angeführtes Beispiel frei ins Bündnerdeutsche umsetzt. Neben der Form wenn + nu Wenn i nu gschwiga hätti! kann eine Form Hätti numa gschwiga! durchaus bestehen. Diese Feststellungen lassen den Schluss zu, dass im Bündnerdeutschen die konjunktionale Lösung ein breites Verwendungsspektrum abdeckt, die Inversionsvariante jedoch nur beschränkt verwendbar ist. In der deutschen Standardsprache hingegen ist die Inversionsvariante für den Ausdruck der «gewünschten Eventualität» (Typus: Würde es doch zu schneien beginnen! ) gang und gäbe. Wenn man in Betracht zieht, wie anfällig auch professionelle bündnerromanische Schreiber heute auf deutsche Redewendungen reagieren und diese, ohne sich des Vorgangs bewusst zu werden, tout simplement mit romanischen Wörtern wiedergeben, z. B.: Unfiern en la Via Mala, Inferno in der Via Mala, oder: Attatga sut la tschinta, Angriff unter der Gürtellinie (Schlagzeilen in der romanischen Tageszeitung LQ 180, 18. 09. 2006), ebenso: privels natürals, Naturgefahren (Posta Ladina 112, 26. 09. 2006) vs. privels da la natüra, oder: Mussà cor per ils Rumantschs, (ein) Herz gezeigt für die Romanen 8 (LQ 203, 19. 10. 2006), oder: Mo anc ina notg durmir, Nur noch eine Nacht schlafen, scil. vor den Europäischen Fuss- 287 Besprechungen - Comptes rendus 7 A. Spescha, Grammatica sursilvana, Cuera 1988. 8 Weder in DRG 4: 167s. (COUR I engad., COR surselv.) noch in A. Decurtins, Niev Vocabulari romontsch sursilvan-tudestg, Chur 2001: 200s. bezeugt. ballmeisterschaften 2008 (LQ 108, 06. 06. 2008), so darf man davon ausgehen, dass nicht nur der lexikale, sondern auch der morphosyntaktische Bereich in starkem Mass der soziolinguistischen Schubkraft des Deutschen unterliegt. Wo ein etabliertes morphosyntaktisches System des Bündnerromanischen auch nur die Spur von Grauzonen aufweist, scheinen Ausweitungen und Umpolungen, welche durch die gesprochene oder geschriebene deutschsprachige Usanz ausgelöst werden, an der Tagesordnung. Man darf sogar so weit gehen zu formulieren, dass die aktuell ablaufenden morphosyntaktischen Veränderungen im Bündnerromanischen (auch in der neu geschaffenen Kunstsprache Rumantsch Grischun) immer weniger aus dem dem Bündnerromanischen inhärenten System heraus angestossen werden, sondern immer mehr der Schubkraft des Deutschen in seiner geschriebenen und gesprochenen Form unterliegen. Dabei ist das Surselvische - im Zusammenhang mit der geografisch grösseren Nähe zum Deutschen - solchen Ausweitungen zeitlich gesehen früher und in stärkerem Mass ausgesetzt als beispielsweise das Engadinische oder das Surmeirische. Man wird davon ausgehen können, dass ehemalige Grauzonen im morphosyntaktischen System des Surselvischen unter Einfluss der Vitalität des Deutschen jeweils zur morphosyntaktischen Kernzone vorstiessen und somit zur Usanz und zum «normalen» und etablierten Sprachgebrauch wurden. IV. Im Engadinischen würden sich die von Grünert angeführten Beispiele für die sprachliche Umsetzung der «erwünschten Eventualität» spontan wie folgt präsentieren: (*220) O bun rai Dagobert, be ch’eu nu füss mai i davent da Paris! (*222) O be ch’eu vess quel utschè! (*224) Be chi cumanzess a naiver! Der bei diesem Umsetzungsprozess ins Engadinische zu beobachtende auffällige Ersatz der Inversion oder der konditionalen Konjunktion sche im Surselvischen durch ein einleitendes be cha (wörtlich: ‘nur dass’) zeigt, dass die engadinerromanische Lösung ihre Vitalität dem Kernbereich des optativen Ausdrucks im Hauptsatz (Typus: Cha’l Segner ans perchüra! Gott möge uns behüten! Cha’l diavel porta! Zum Teufel! ) und der sehr frequenten und vitalen morphosyntaktischen Strukur des Imperativs der Höflichkeitsform verdankt (Typus: Ch’El vegna! Kommen Sie (m.)! Ch’Ella spetta be ün mumaint! Warten Sie (f.) bitte einen Augenblick! Chi piglian pazienza! Gedulden Sie (m.+f./ pl.) sich! ). Dank dem sehr stabilen syntaktischen cha-Umfeld konvergiert der gängige engadinerromanische Bau bei der Formulierung der «erwünschten Eventualität» (vorläufig) nicht mit der Lösung im Deutschen und im Surselvischen. Allerdings ist bei dieser Diskussion zu beachten, dass auch im Engadinischen das cha in Einzelfällen durch die Inversion ersetzt werden kann. Neben einer Lösung Be ch’eu füss stat a chà! (Wäre ich doch zu Hause geblieben! ) kann durchaus eine Variante Füssa be stat a chà! Platz finden, während sich die Inversion bei den Beispielen *220, *222, *224 nicht erzwingen lässt. Man kann also nur von einer äusserst schmalen Grauzone ausgehen, die im Engadinischen dem Eindringen der Neuerung (mit Inversion) in den Kernbereich den Weg bahnen könnte. Was aber im Engadinischen nicht im Bereich des demnächst zu Erwartenden zu sein scheint, ist der Ersatz des den optativen Ausdruck einleitenden cha durch eine Konstruktion, welche für den Ausdruck der «erwünschten Eventualität» der konditionalen Konjunktion scha den Weg ebnet. 288 Besprechungen - Comptes rendus V. Ein anderer Mechanismus, der Interferenzen begünstigt, kann beim Ausdruck der «abgeschwächten Affirmation» im Surselvischen (157) beobachtet werden. (236) El mira silla ura. «Schia, nus fussen aschi lunsch -» (Camenisch 1995: 76) (Er schaut auf die Uhr. «So, wir wären so weit -») Dem native speaker fällt beim Lesen dieses Beispiels unweigerlich der heute im Surselvischen durchaus geläufige Ausdruck Quei fuss! (Das wär’s! ) ein, verwendet als Formel, die den Abschluss einer Diskussion oder einer Tätigkeit markiert. In der Konjunktivform stösst die Formel bei der Übernahme aus der deutschen Umgangssprache ins Surselvische offensichtlich auf keinerlei Widerstand, obwohl bekannterweise die bündnerromanische Entsprechung für das unbetonte neutrale Pronomen «es/ ’s» heute fehlt und die Ergänzung somit nicht zum Ausdruck kommen kann. Die Indikativform «das isch as! » hingegen fände kein geeignetes Feld für die Übernahme. Sie (wie übrigens auch die standardsprachliche Imperfektform «das war’s») kann nicht - wie dies bei der Konjunktivform der Fall ist - von der Anziehungskraft eines vitalen syntaktischen Umfelds profitieren. Im Engadinischen wäre der Formel *Quai füss! ohne Ergänzung, beispielsweise mit tuot (‘alles’, das gerne in der Funktion eines Sachpronomens verwendet wird), der Weg versperrt. Demgegenüber ist aber - seit rund dreissig Jahren - der Weg frei für die Übernahme von Wia häsch as? Co hast? oder gar Häsch as guot? Hast bun? Dies aber lediglich im syntaktischen Umfeld der in Begrüssungsformeln sehr vitalen Frageform und trotz der auch in dieser Formel fehlenden Entsprechung für «es/ ’s». In der affirmativen Form liesse sich der Ersatz der hergebrachten Formeln, die dem Verwendungsbereich der Verben ir (i va bain; es geht gut) oder star (ella sta bain; es geht ihr gut) entsprechen, durch Formeln mit avair (z. B. eu n’ha bun) zurzeit nur sporadisch belegen. VI. In den bisherigen Ausführungen wurde der Blickwinkel auf Kontaktbereiche der Modussyntax gelenkt, wobei der Begriff Kontaktbereich sowohl für syntaktische Erscheinungen steht, welche mit der Modussyntax verzahnt und mitbetroffen sind (z. B.: Konjunktion sche, surselv./ scha, engad. vs. Inversion), wie auch für syntaktische Strukturen der Kontaktsprache Deutsch, in der standardsprachlichen wie auch in der dialektalen Ausprägung. Dem Autor dieser Zeilen erging es beim Lesen von Grünerts umfassender Studie so, dass viele Belege ihn dazu brachten, sie mit Bemerkungen zu anderen syntaktischen Lösungsmöglichkeiten für die zu versprachlichende Aussage zu versehen. Gleichzeitig fügte er vor allem bei Belegen mit kolloquialem Charakter der vorhandenen deutschen Übersetzung auch eine Übersetzung ins Bündnerdeutsche bei. Dies aus zwei Gründen. Zum einen, da die Konvergenzen, welche der gesprochenen Syntax zuzuordnen sind, auf diese Weise deutlich gemacht werden können. Zum anderen, da die Diglossie Romanisch-Bündnerdeutsch seit den Fünfzigerjahren des zwanzigsten Jahrhunderts bei der Beurteilung syntaktischer Innovationen als ein immer gewichtigerer mitzuberücksichtigender Faktor zu be- 289 Besprechungen - Comptes rendus trachten ist. Wenn früher, vom Beginn der schreibsprachlichen Tradition bis zu den ersten Jahrzehnten des neunzehnten Jahrhunderts die romanische Literatur zur Hauptsache aus Übersetzungen aus dem Deutschen bestand und somit das Schriftdeutsche als Vorlage sprachlich zumindest verführerisch wirken konnte, so darf man heute davon ausgehen, dass die Diglossie so weit gediehen ist, dass sehr viele Romanen «deutsch denken» und sich romanisch ausdrücken, sei dies schreibend oder sprechend, handle es sich um «gewöhnliche» Partezipanten oder um «Professionelle», z. B. Medienleute. Letztere stellen ja in den letzten Jahrzehnten den weitaus grössten Teil der täglichen bündnerromanischen Textproduktion bereit, welche gesprochen (Radio, TV) oder geschrieben (Zeitungen, Kalender, etc.) an die romanische Öffentlichkeit herangetragen werden. Zwei Anekdoten aus dem Beginn bzw. aus der Mitte des zwanzigsten Jahrhunderts, als im Deutschen der Engadiner «romanische Denkschemata» durchschimmerten, wären heute nur mehr invers denkbar. Die erste: Ein erfolgreicher Engadiner Hotelier bestellt: «Spiegeleier mit Schinken, zwei für eins» (d. h. zwei pro Person) - eins zu eins zu romanisch: «Övs in painch cun dschanbum, duos per ün». Die zweite: Ein Engadiner, der sich für das Militär stellt, wird ärztlich untersucht und sollte beim Durchleuchten einatmen und dann den Atem anhalten. Dies will ihm nicht gelingen und so äussert er sich dem Arzt gegenüber: «So kann i nit d’Luft züha» - wortwörtlich passend zu: «Uschea nu possa trar il flà»; der Dialektausdruck schnufa scheint ihm nicht geläufig gewesen zu sein. VII. In Einzelfällen kann auch das geistesgeschichtliche Umfeld die Einfärbung eines modussteuernden Ausdrucks beeinflussen und damit syntaktisch zumindest mitbestimmend werden. Dies scheint in den in Grünerts Studie zitierten vier biblischen Belegen aus dem Altsurselvischen (323-26) zum Verb crer ‘glauben’, auf welches ein Indikativ folgt, der Fall zu sein. (323) Iou saueua bein ca ti mi udisses adina, mo iou hai gig quei pigl pievel, ca stat enturn, perquei chels creian, ca ti mi has tarmess (Alig 1674: 169: Johannes 11,42) (Ich wusste, dass du mich immer erhörst; aber wegen der Menge, die um mich herum steht, habe ich es gesagt; denn sie sollen glauben, dass du mich gesandt hast. [Die Bibel 1980: 1211]) (324) . . . a vus leids bucca creer a mi, scha cartei a las ouras, perquei ca vus ancunascheias, a carteias, chigl Bab ei enten mei, ad iou enten el. (Alig 1674: 185: Johannes 10,38) (. . . glaubt wenigstens den Werken, wenn ihr mir nicht glaubt. Dann werdet ihr erkennen und einsehen, dass in mir der Vater ist und ich im Vater bin. [Die Bibel 1980: 1210]. Nach Alig: . . . damit ihr erkennt und glaubt, dass der Vater in mir ist und ich in ihm bin.) (325) Carteits vus buca ca iou sun ent igl Bab, a igl Bab enten mei? (Alig 1674: 401: Johannes 14,11) (Glaubt mir doch, dass ich im Vater bin und dass der Vater in mir ist . . . [Die Bibel 1980: 1216]. Nach Alig: Glaubt ihr nicht, dass ich im Vater bin und dass der Vater in mir ist? ) (326) Mo scha nus essen morts cun Christo, scha cartein, ca nus vegnin era a viver cun el . . . (Alig 1674: 315: Römer 6,8) (Sind wir nun mit Christus gestorben, so glauben wir, dass wir auch mit ihm leben werden. [Die Bibel 1980: 1269]) Bei der Interpretation dieser Belege kann Grünerts präzise Analyse durch die Frage ergänzt werden, ob die semantische Nuancierung des modussteuernden Ausdrucks nicht 290 Besprechungen - Comptes rendus letztlich auch die theologische Überzeugung Aligs bezeugen soll oder durch seine Konzeption des Glaubens bestimmt ist. Bei allen vier Belegen geht es ja um eine fundamentale Glaubensfrage. Ausgehend vom Beispiel 324 (Johannes 10,38) kann man ersehen, dass der Evangelist mit seinem Gedankengang die Gewissheit dessen, was er glaubt, zum Ausdruck bringen will. Im Vers 10,38, der den Gedankengang des Evangelisten eröffnet, wird das Verb crer ‘glauben’ durch das Kraftfeld des unmittelbar vorangehenden enconuscher ‘erkennen’ eingefärbt. In der Lutherübersetzung (Cöln 1862) heisst es analog: « . . . dass ihr erkennet und glaubet», in der Zürcherbibel (Zwingli-Bibel, Zürich 1952) gar: « . . . dass ihr erfasst und erkennt». Dass auf eine solch explizite Stützung des modussteuernden Ausdrucks glauben der Indikativ folgen muss, ist einsichtig. Die weiteren Ausführungen des Evangelisten zu diesem Thema (Johannes 11,42 und Johannes 14,11) sind von diesem ersten kraftvollen Bekenntnis her (Johannes 10,38) zu verstehen. Für den offenbar strenggläubigen Alig bedeutet dies, dass er crer auch in den weiteren Versen nach Johannes 10,38 interpretiert, im übrigen in vollem Einklang mit der Vulgata. Mit anderen Worten: die theologische Überlegung hat bei Alig dem Sprachgebrauch gegenüber den Vorrang. Nicht so bei Luther. Im Vers 11,42 aus dem Johannesevangelium lässt er sich vom Sprachgebrauch leiten und schreibt: « . . . dass sie glauben, du habest mich gesandt». Auch Jachen Ulrich Gaudenz übersetzt Joh. 14,11 nach dem ihm geläufigen engadinischen Sprachgebrauch: Am crajai ch’eu saja in il Bab e’l Bap in mai. (Bibla 1953) (Glaubet mir, dass ich im Vater bin und der Vater in mir ist) [Zwingli-Bibel 1952]). Damit verhält er sich anders als die Verfasser der Engadiner Bibelübersetzung aus dem Jahr 1679, welche für dieselbe Stelle den Indikativ bevorzugen: Crajà’m ch’eug sun in il Bap, è chia’l Bap ais in mai. Übereinstimmung zeigen die eben zitierten Engadiner Bibelübersetzer bei der Wiedergabe des Verses aus Römer 6,8 (Beispiel 326 in Grünerts Studie). Beide lassen sich vom Sprachgebrauch leiten und verwenden im Gegensatz zu Alig den Konjunktiv nach crajer. Den Vorrang des Sprachgebrauchs gegenüber theologischen Überlegungen seitens der zitierten Engadiner Übersetzer bezeugt auch eine zur Kontrolle herangezogene analog gelagerte Stelle aus dem Jakobusbrief (2,19): Tü crajast chia Deis saja ün sulet: tü fast bain (Bibla 1679) (Du glaubst, dass ein einiger Gott ist; du thust wohl daran. [Lutherbibel 1862]) Tü crajast chi detta be ün Dieu. Bain cha tü fast. (Bibla 1953) (Du glaubst, dass es nur einen Gott gibt. Du tust wohl daran. [Zwingli-Bibel 1952]) Dieser kleine Exkurs mag aufzeigen, wie sehr die breit angelegten und bis ins kleinste Detail durchdachten Ausführungen Matthias Grünerts zu Anmerkungen und weiterführenden Überlegungen anregen können. VIII. Nicht zu unterschätzen ist in bestimmten Fällen auch der Einfluss sprachlicher Modeströmungen, die vorab in der älteren romanischen Literatur im Zug der sich entwikkelnden Schriftidiome für eine gewisse Zeitspanne und für einzelne Texte charakteristisch sein können. Bestimmte syntaktische Phänomene treten denn auch als Stilmittel gehäuft auf, andere können gar dank ihrer üppigen Verwendung zu Statussymbolen für die Autoren werden, ähnlich etwa - um dies in ein zeitgemässes Bild umzusetzen - kunstvollen Möbelstücken in einem Herrschaftshaus. Die Ausgabe der gesamten Bibel im Engadineridiom aus dem Jahr 1679 wird dementsprechend mit einer rhetorisch kunstvollen von Jacobus Anthonius Vulpius und Jacobus 291 Besprechungen - Comptes rendus Dorta à Vulpera unterzeichneten Einleitung versehen. Besonders auffällig ist dabei auch die Verwendung von Gerundialkonstruktionen als Kennzeichen der Eleganz und als Mittel für eine getragene und gehobene Registrierung des Textes. So bereits im ersten Satz: Avrind il benevol, è Christian Lectûr quaist Cudesch, è chiatand ch’el ais la Sacra Bibla, vertida e stampada in la Lingua Romanscha d’Ingiadina, s’pô’l appussaivelmaing müravgliar, è dir: Chi mà s’ha tant inavant presümà! (Bibla 1679) (Wenn der geneigte und christliche Leser dieses Buch öffnet und erkennt, dass es sich um die Heilige Bibel handelt, in der romanischen Sprache des Engadins gefasst und gedruckt, dann kann er sich womöglich wundern und sich sagen: Wer hat sich so weit vorgewagt! ) und dann noch - auf vier Seiten - in nicht weniger als siebzehn weiteren rhetorisch und rhythmisch gekonnt aufgebauten Sätzen. Interessant dabei ist die Beobachtung, dass umgangssprachliche Verwendungen des Gerundiums, wie ir ‘gehen’ + Gerundium oder dudir ‘hören’, tadlar ‘hinhören’, verer ‘schauen’ + Gerundium oder Gerundium als Variante für cun + Infinitiv, Typus: Giond vers chasa vs. Cun ir vers chasa (auf dem Nachhauseweg), gar nicht zum Zug kommen, da sie offenbar dem Kriterium der vornehmen Eleganz nicht zu genügen vermögen 9 . Es ist anzunehmen, dass italienische und/ oder lateinische Vorbilder die Rolle rhetorischer Exempla gespielt haben. Dass auf dieser Stilebene immer wieder auch komplexer gebaute ebenso wie kunstvoll konstruierte Relativsätze ihren Platz finden können, erstaunt keineswegs. Von diesen Feststellungen ausgehend - sie gelten mutatis mutandis auch für surselvische Texte aus derselben Zeit - ist es nicht abwegig, die altsurselvischen Belege, die Grünert unter dem Titel «Der Modus im Relativsatz» wie immer genau analysiert, zusätzlich auch in Bezug auf ihr Register zu bewerten. Die Belege 1330-36 sind einer getragenen Stilebene zuzuordnen, ebenso die Belege 1362-65 und 1382 sowie 1405-08. Es stellt sich demgemäss die Frage, ob die Frequenz der volitiven und dubitativen Nutzungen des Konjunktivs im Altsurselvischen, wie selbstverständlich auch das Auftreten des NE-Konjunktivs nach superlativischen Antezedenten, nicht weitgehend über die damals üblichen Bemühungen um sprachliche Eleganz zu verstehen sind. Inwieweit die Eleganz italienischen Vorbildern abgeschaut ist, lässt sich, ausser im Spezialfall der Vita de Soing Giosafat (510), nicht genau belegen. Ein leiser Verdacht auf Beeinflussung durch die damals in volkstümlichen Texten üblichen rhetorischen Modeströmungen 10 , auf welchen Wegen sie auch immer in die Surselva gelangt sind, ist mehr als berechtigt. IX. Wie bei einigen anderen Untersuchungen zur bündnerromanischen Syntax waren es zunächst morphologische Auffälligkeiten (in diesem Fall die Entstehung der neuen Formen auf -ssi und -vi), welche die Aufmerksamkeit der Forschung erregten. Die Annäherung an eine Gesamtsicht des Phänomens Modussyntax im Surselvischen erfolgte in Etappen. Es ist vor allem das Verdienst von Ricarda Liver, das Phänomen ins Licht gerückt zu haben und den Bezug des lautlich-morphologischen Erscheinungsbilds im Surselvischen mit der Ad- 292 Besprechungen - Comptes rendus 9 Es gibt aber auch Texte, welche volkssprachliche Maschen übernehmen. In der oberengadinischen Fassung von L’istorgia dall cavalier Peter et da la bella Magullonia, publiziert in C. Decurtins, Rätoromanische Chrestomathie, Erlangen 1904s.: 14-24, wird das deiktische que (quella) anstelle des bestimmten Artikels in schier unglaublicher Frequenz verwendet: In einem Verhältnis von 40: 20 zu Gunsten von que (quella). 10 R. R. Bezzola, Litteratura dals Rumauntschs e Ladins, Cuira 1979: 316. La prosa dal 17e 18evel tschientiner consista in granda part da traducziuns da cudeschs populers chi circulaivan in tuot l’Europa. (Die Prosa des 17. und 18. Jahrhunderts besteht vor allem aus Übersetzungen volkstümlicher Bücher, die in ganz Europa zirkulierten). stratsprache Deutsch zur Diskussion gestellt zu haben. Grünert (59), vermerkt zu Recht, dass «Liver und Wunderli in ihren Beiträgen Erkenntnisse zum Sprachwandel mit strukturalistischen Analysen von Sprachzuständen» verbinden und damit die Erforschung der surselvischen Modussyntax ein wichtiges Stück vorangebracht haben. Seine Studie knüpft denn auch an diesen Ansatz an, wobei Peter Wunderlis Untersuchungen ihm als tragende theoretische Grundlage dienen. Entsprechend dem Stand der Forschung ist Grünerts Studie durch eine breite, differenziert kategorisierte, immer auch quantitativ verwertbare Materialbasis gekennzeichnet und durch die Beschränkung auf das Idiom des Surselvischen. Letzteres will der Autor in direktem Zusammenhang mit dem hohen Anspruchsniveau an das Material verstanden wissen. Die beinahe 600seitige Studie (578) ist umfassend und ebenso geschickt wie sorgfältig gegliedert. Der zweite Teil, der Einleitung folgend, gibt eine Übersicht über den Stand der Forschung und Grammatikographie im Surselvischen und wertvolle Einblicke in die Ansätze in der Forschung in anderen Sprachen, sei dies zum Konjunktiv, zum Ausdruck der Eventualität, oder zu Modus und Tempus. Damit sind im zweiten Teil auch die theoretischen Grundlagen für die Beschreibungen der surselvischen Verhältnisse dargelegt, dies sowohl in Bezug auf die Grundwerte und Hauptnutzungen der Formen des «Konjunktivbereiches» im kürzeren dritten Teil, wie auch bezüglich der Modussetzung und -Nutzung in «Konjunktivkontexten» im breit angelegten vierten Teil. Sehr dienlich ist schliesslich der Index der modussteuernden Ausdrücke. Für Forscher, die sich mit morphosyntaktischen Themen in den neolateinischen Sprachen und in der Adstratsprache Deutsch befassen sowie für Rätoromanisten, ist Grünerts Studie ein Referenzwerk, das durch seinen theoretischen Hintergrund, seine Materialauswahl und seine präzise Analyse überzeugt, und das in der Reihe der Studien zur bündnerromanischen Syntax einer bedeutenden Wegmarke gleichkommt. Jachen Curdin Arquint Galloromania Marieke Van Acker, Ut quique rustici et inlitterati hec audierint intellegant. Hagiographie et communication verticale au temps des Mérovingiens (VII e -VIII e siècles), Turnhout (Brepols) 2007, 662 p. (Corpus christianorum. Lingua Patrum 4) La seule lecture du titre de cet ouvrage, publication d’une thèse de doctorat réalisée à l’Université de Gand, suffit à dévoiler les deux maîtres qui sont à sa source. Cette recherche s’insère en effet dans un chantier ambitieux, ouvert par M. Banniard en 1992. Ce dernier tente de comprendre les mécanismes de la transition langagière latin/ langues romanes en termes de «communication», question à laquelle Marieke Van Acker contribue par l’étude de textes de l’hagiographie mérovingienne, sujet cher à M. Van Uytfanghe. La supervision de ces deux grands maîtres laissait présager une thèse excellente, mais il faut louer Marieke Van Acker d’avoir su mener jusqu’à son terme, avec indépendance et esprit critique, une recherche nouvelle par ses applications et par une méthode qui s’avère désormais incontournable pour tout ce qui touche à l’étude du passage du latin au français. Déjà dans Viva voce 1 , M. Banniard proposait une chronologie du processus et identifiait pour la Gaule une période «critique», datée de 650 à 750, menant à la rupture de la com- 293 Besprechungen - Comptes rendus 1 M. Banniard, Viva voce. Communication écrite et communication orale du IV e au IX e siècle en Occident latin, Paris 1992. munication verticale entre érudits et illettrés. Durant cette période, la langue orale passe de latine à romane, mais ce passage n’a pas encore lieu dans la langue écrite. Marieke Van Acker se propose de vérifier en pratique le fonctionnement communicatif de cette époque à travers l’étude détaillée de quatre vies de saint (Vita Gaugerici, Passio Leudegarii secunda, Passio Memorii et Vita Pardulfi). Les textes hagiographiques étaient en effet destinés à être lus devant un public illettré et constituent dès lors un corpus idéal pour tenter de mesurer de façon concrète l’intercompréhension qui pouvait exister entre un écrit encore latin et un oral déjà roman. L’ouvrage se divise en trois parties. Dans la première, intitulée La communication verticale en contextes, Marieke Van Acker fournit les bases historiques, conceptuelles et méthodologiques de son travail. Un premier chapitre offre une définition du «genre hagiographique» et expose le fonctionnement social des vies de saint à l’époque mérovingienne, avant de poser la question du rapport entre la réalisation orale de ces textes et la langue parlée. Rejetant l’idée d’une diglossie, l’auteure défend avec M. Banniard l’hypothèse d’une «communication verticale au sein d’un état monolingue complexe» qui serait caractérisée par une intercompréhension dynamique. Elle propose ensuite un modèle, fondé sur P. Charaudeau, de la situation communicationnelle propre à la lecture des vies de saint de cette époque. Un deuxième chapitre définit clairement le cadre conceptuel dans lequel s’inscrit la recherche. C’est l’occasion de plusieurs mises au point importantes, où Marieke Van Acker prend position dans les débats en cours. La critique des notions de latin barbare, latin chrétien, latin vulgaire ou protoroman lui permet tout d’abord de rendre à la langue-mère sa complexité et sa variabilité naturelle, trop souvent oubliées. Le rapport entre langue écrite et langue orale est ensuite analysé en profondeur. À la suite de R. Wright, l’auteure conclut à la combinaison possible d’une graphie peu évoluée (latine) avec une prononciation plus évoluée (romane). Or, «accepter un lien entre l’écrit et l’oral synchronique, accepter une prononciation évoluée, . . . c’est accepter qu’il y a des documents qui attestent la transition entre le latin et le français» (62). Les arguments sont ainsi posés pour la validité du travail. L’exposition et la critique des chronologies proposées par M. Van Uytfanghe, J. Herman, R. Wright et M. Banniard closent ce chapitre. L’exposition détaillée de la méthodologie adoptée fait l’objet du troisième chapitre de cette première partie. Prenant le contrepied des études linguistiques qui rendent compte de la transition latin/ langues romanes d’un point de vue uniquement grammaticalisant, Marieke Van Acker expose la façon dont elle compte percevoir la dynamicité langagière à travers des textes dont nous n’avons pourtant plus aucun témoin. Le problème est décomposé en deux questions, selon qu’on se place du côté de l’émetteur ou du récepteur. La première concerne le rapport entre la langue écrite, sa réalisation orale et la langue parlée par le public. L’hypothèse d’une prononciation évoluée proche de celle de l’oral spontané a des conséquences sur l’analyse des données textuelles, car l’énonciation pouvait les faire disparaître à l’oral. Il faut donc tenir compte des phénomènes linguistiques propres au «latin vulgaire» en gardant à l’esprit ce rapport particulier entre langue écrite et langue orale. Trois modélisations empruntées à M. Banniard fournissent un appareil méthodologique permettant de s’en faire une idée approximative. La seconde question pose le problème de la compréhension des auditeurs et, notamment, du niveau de leurs connaissances passives. La démarche choisie par l’auteure consiste à confronter les traits latins avec ceux de l’ancien français: la survivance de structures archaïques en ancien français permet en effet de supposer leur fonctionnement communicationnel à un stade langagier antérieur. Les faits de langue doivent donc être interprétés en fonction de cette dynamique de créa tion et de réception, et non à l’aune du latin classique. Pour ce faire, Marieke Van Acker élabore deux outils: d’une part une grille d’analyse pour les textes, destinée à examiner 294 Besprechungen - Comptes rendus divers phénomènes caractérisant le passage du latin au français; d’autre part une grille d’évaluation devant permettre de saisir de manière plus synthétique la façon dont le public parvenait - ou non - à comprendre chacune des phrases latines des vitae. Ces deux outils sont utilisés respectivement dans la deuxième et la troisième partie de l’ouvrage. La deuxième partie - Analyses - consiste en l’examen détaillé des phénomènes langagiers relevés dans les vitae. Un premier chapitre présente chacune d’elles sous un aspect sociolittéraire et en esquisse les caractéristiques stylistiques. Même s’ils appartiennent tous au genre hagiographique, les quatre textes choisis pour l’étude présentent des disparités particulièrement intéressantes pour les besoins de cette recherche. Ils se rapprochent du style tantôt notarial, tantôt épique, tantôt théâtral, et présentent des phrases à la complexité variable. Le second chapitre de cette deuxième partie, qui est aussi le plus long de l’ouvrage (230 pages), propose la projection sur les vitae de la grille d’analyse. Celle-ci se compose d’une liste raisonnée d’une vingtaine de transformations morphosyntaxiques caractérisant la mutation langagière. Elles sont réparties en cinq groupes (et non trois: la table des matières est à corriger) selon qu’elles se situent au niveau du nom, du pronom, du verbe, de la proposition ou de la phrase. Chacun des points de cette grille fait l’objet de relevés dans les quatre vitae, une attention particulière étant accordée à la réalisation orale des phénomènes observés (notamment en ce qui concerne les terminaisons) et à son impact sur la compréhension. On appréciera particulièrement l’approche fonctionnelle adoptée pour l’examen du rapport entre tournures casuelles et prépositionnelles (88-95): elle se révèle en effet plus adéquate pour ce type d’étude que l’approche formelle habituelle. L’étude des pronoms et celle des passifs font par ailleurs l’objet de discussions particulièrement riches et détaillées. Pour chaque phénomène, une rubrique Synthèse et confrontations permet la comparaison des résultats avec les données de l’ancien français, fournies à la fois par des grammaires et par un corpus de textes. Pour compléter l’étude, les analyses linguistiques menées par d’autres auteurs sur des textes latins allant du VI e au VIII e siècles sont données dans les notes. À ce propos, on peut souvent constater une différence entre les traits conservateurs des quatre vitae et le latin des Pères de l’Église ou de la Bible, nettement plus progressiste. Les analyses effectuées permettent à l’auteure, dans la troisième partie Viva voce, d’évaluer les phrases des vitae en termes de compréhensibilité. Selon nous, cette partie de l’ouvrage est la plus remarquable; elle dépasse en effet le simple relevé des divers phénomènes facilitant ou brouillant la compréhension pour effectuer une lecture globale, qui tente de saisir la résultante des forces en présence. Dans ce but, les critères déjà fournis ont été complétés par d’autres: la longueur des phrases, les niveaux de subordination, la linéarité et d’autres caractéristiques structurelles relevant du phrasé. Le vocabulaire n’est pas en reste. Marieke Van Acker a ainsi élaboré une grille sur six niveaux, proposant un continuum allant des phrases totalement fermées (compréhension brouillée) aux phrases totalement ouvertes. À la lecture de cette troisième partie, on découvre ainsi que les traits conservateurs, mesurés en fonction des survivances syntaxiques en ancien français et pris en compte dans leur contexte, ne constituaient pas toujours un obstacle à la compréhension. Cette démarche permet notamment de mettre en évidence, dans les passages où les traits langagiers archaïques devaient présenter des difficultés, les réinterprétations qui pouvaient s’effectuer dans l’esprit des auditeurs. On relèvera également, comme facteurs essentiels pour la compréhension, l’importance des relations syntaxiques et sémantiques, soutenues par la structuration rythmique. Marieke Van Acker conclut pour la plupart des phrases à un taux de compréhension assez élevé, ce qui pourra sembler très optimiste. Ses analyses confirment pourtant les conclusions de M. Banniard: les vitae étudiées dans cet ouvrage contiennent un grand nombre 295 Besprechungen - Comptes rendus de traits conservateurs, mais cet état de fait n’empêchait nullement, à cette époque, la communication verticale de fonctionner. On relèvera également l’absence de différences constatées sur l’axe diatopique selon la provenance de ces quatre textes, indice d’une situation linguistique encore relativement stable. Dans l’ensemble, cet excellent ouvrage dégage à la fois une agréable impression de prudence et d’audace. Une telle recherche, au carrefour de différentes disciplines, demandait d’être bien au fait des hypothèses proposées par ses prédécesseurs: l’auteure expose leurs conclusions avec clarté et s’en sert avec profit. Il fallait également, pour réaliser une telle étude, maîtriser à la fois la linguistique latine et la linguistique romane. Or, Marieke Van Acker analyse les phrases latines avec beaucoup de finesse. Lorsque leur lecture prête à discussion, elle expose avec soin les différentes interprétations possibles. Les traductions proposées sont excellentes. Que cela concerne l’emploi des cas ou la liberté positionnelle des compléments, la grille d’analyse propose pour le système latin, y compris classique, des explications très justes, qui balaient les points de vue trop réducteurs. Sa connaissance de la langue permet même à l’auteure de se prêter, pour notre plus grand plaisir, au jeu d’une préface en latin. L’ancien français n’est pas en reste, et Marieke Van Acker se livre même à quelques exercices périlleux consistant par exemple à traduire en ancien français une phrase latine, afin de mieux les comparer. En osant ajouter à son étude la composante «imagination», Marieke Van Acker assume une audace qui porte ses fruits dans la troisième partie de l’ouvrage. On pourra certes lui reprocher un aspect subjectif dans ses évaluations, ce dont elle est parfaitement consciente. Un relevé des phénomènes, tel qu’il est effectué dans la deuxième partie, aurait semblé suffisant à bien des spécialistes. C’est toutefois cette troisième partie qui permet de revivre, comme si nous y étions, la situation complexe de la communication verticale à l’époque mérovingienne. Le niveau de réceptibilité donné à chaque phrase - s’il a son intérêt puisqu’il sert ensuite à repérer des fluctuations au sein des textes (523-27) - est toutefois moins important que l’analyse en profondeur qui y mène, et qui nous plonge au cœur de la réalité langagière. Marieke Van Acker s’était donné pour défi d’«entendre battre le cœur d’une langue en plein fonctionnement»: c’est à une véritable auscultation qu’elle se livre et nous convie. Son diagnostic très optimiste pourra peut-être être mis en doute par d’autres spécialistes; la méthode n’en reste pas moins exemplaire. L’ouvrage étant sans aucun doute destiné à devenir une référence, on peut espérer qu’il soit un jour réédité: dans cette optique, nous nous permettons de faire quelques propositions. Sur la forme, une cinquantaine de coquilles, ainsi que quelques incohérences, sont à corriger; p. 248 N98, « . . . par rapport aux tournures casuelles» est à changer en « . . . tournures prépositionnelles»; on relève en outre une phrase répétée à la lettre près à quelques lignes d’intervalle (126) ainsi qu’un tableau manquant (410). Sur le fond, certains concepts, repris de M. Banniard notamment, mériteraient d’être au moins définis, alors que d’autres comme la notion de diglossie et le rapport entre l’écrit et l’oral sont traités avec quelques redites tout au long de la première partie. La présentation sociolittéraire des quatre vitae bénéficierait peut-être d’une synthèse en guise de conclusion. Au regret de certains, on ne trouvera pas dans cet ouvrage de savants calculs statistiques, les tableaux présentant le plus souvent des données brutes: cela nous semble plutôt une marque de sagesse, l’auteure privilégiant une analyse en profondeur à l’exposition parfois faussement objective de données chiffrées - rappelons que les statistiques sont une science à manier avec prudence. Cette étude déjà très riche gagnerait à être poursuivie, ce que Marieke Van Acker ne manque pas de signaler notamment dans sa conclusion (541). Ces approfondissements pourraient porter, par exemple sur l’étude des aspects prosodiques (125) ou sur celle de la liberté positionnelle des éléments dans la phrase (408). Par ailleurs, elle insiste à plusieurs reprises sur la minceur du corpus, certains phénomènes étant trop peu fréquents pour une étude valable. Souhaitons dès lors que l’exercice soit répété, avec la même finesse d’analy- 296 Besprechungen - Comptes rendus se, pour d’autres textes et d’autres périodes, car il mène à une compréhension de la transition latin/ langues romanes qui pourra enfin réconcilier latinistes et romanistes. C’est dire l’intérêt de cet ouvrage, qui est à placer sans tarder dans toutes les bibliothèques. Pascale Renders ★ Christine Felbeck, Johannes Kramer, Troubadourdichtung. Eine dreisprachige Anthologie mit Einführung, Kommentar und Kurzgrammatik, Tübingen, 2008, Gunter Narr Verlag (Narr Studienbücher), lvii + 366 p. L’introduction débute par une communication d’Hermann Kleber (Trèves) «Was ist Liebe? Diskursformen und Vorstellungen von Liebe im Mittelalter» (xii-xxxiv); ce préambule ne résume pas la teneur et les principes fondamentaux de la Fin’Amors du Moyen Age occitan. Dans une première partie, H. Kleber pose la question de base de savoir «ce qu’est l’Amour», en examinant, entre autres, l’héritage antique et biblique, la patristique médiévale, le discours anthropologique, théologique et moral. Il analyse succinctement la conception médicale de l’amour, vue comme une maladie (tradition de Galien et de la médecine arabe jusqu’à Arnaud de Villeneuve, Bernard de Gordon, Jean de Tornamina) et comme un phénomène de société à travers le De Amore d’Andreas Capellanus. Il termine par le discours littéraire à travers une tenson de Jacopo Mostacci, Pier della Vigna et le Notaro Giacomo da Lentini (ed. G. Contini). La deuxième partie étudie brièvement les débuts de la poésie romane, le nom donné à la langue des troubadours, les poètes eux-mêmes, l’origine de cette conception de la lyrique courtoise, en résumant les principales thèses connues, puis nous avons la description des protagonistes: la dame (domna/ dompna), souvent voilée sous un senhal, amic, amador ou quelquefois drut, à côté du mari, gilos, lauzengier. L’introduction s’achève par l’énumération des principaux genres littéraires: canso(n), sirventés, alba, planh, tenso(n), partimen et pastorela. Le choix des troubadours et des textes cités ne présente guère d’originalité par rapport aux anthologies parues précédemment, ce qui innove, ce sont les trois langues: un original en occitan médiéval, accompagné des traductions inédites en allemand et la reprise de traductions en français moderne, apport fort bienvenu. Les auteurs ont choisi, tout à fait à propos, de débuter par des textes de Catulle: 1.1 Vivamus, mea Lesbia, atque amemus (Cat. 5); 1.2 Quintia formosa est multis. Mihi candida, longa (Cat. 86); 1.3 Ille mi par esse deo videtur (Cat. 51); 1.4 Lesbia mi praesente viro mala plurima dicit (Cat. 83); 1.5 Lesbia mi dicit semper male nec tacet umquam (Cat. 92); 1.6 Odi et amo. Quare id faciam, fortasse requiris? (Cat. 85); 1.7 Miser Catulle, desinas ineptire (Cat. 8); 1.8 Caeli, Lesbia nostra, Lesbia illa (Cat. 58); 1.9 (Cat. 11). Seule la traduction en allemand des extraits de poèmes de C. Valerius Catullus est publiée. Le choix de privilégier le poète de Vérone et son évocation des amours malheureuses d’un provincial pour une dame d’une famille influente et opulente de Rome au détriment des textes d’Ovide, abondamment chanté et imité par les troubadours et trouvères médiévaux est à mettre en exergue. Chaque texte est accompagné de notes liminaires qui ne reprennent pas les commentaires, souvent érudits et techniques d’éditions précédentes, mais elles se contentent d’explications élémentaires, mais éclairantes, destinées à un public universitaire germanophone, peu familiarisé avec la poésie aulique médiévale, ainsi que de la structure métrique des poèmes, d’une traduction allemande inédite et souvent d’une traduction française (préexistante). L’anthologie des troubadours proprement dite s’ouvre par l’aube anonyme En un vergier sotz fuella d’albespi (22-27), avec la traduction française de Pierre Bec de 1970. 297 Besprechungen - Comptes rendus Pour la première génération de troubadours, Guilhem de Peitieu (Guillaume d’Aquitaine), nous avons la vida (32) (pas traduite en français) et les autres cansos. Farai un vers, pos mi sonelh (34-43) reprend le texte moderne de Jean-Charles Payen de 1980, alors que Ab la dolchor del temps novel (44-47) et Pos de chantar m’es pres talenz (48-51) donnent la traduction de 1927 due à Alfred Jeanroy. La deuxième génération, entre 1125 et 1150, comptent le trio Cercamon, Jaufré Rudel et Marcabru (53-113). Ici, à nouveau aucune traduction française des vidas (55, 65, 85); le fait est d’autant plus regrettable que les traductions en français moderne existent pour ces dernières vidas (cf. Les Vies des Troubadours. Textes réunis et traduits par Margarita Egan, Paris 1985). Du poète «gascon» Cercamon, on trouve la plainte funèbre Lo plaing comenz iradamen (56-61), dans une traduction française de 1922 d’Alfred Jeanroy. Jaufré Rudel a exercé une fascination certaine sur Ludwig Uhland, Heinrich Heine, Giosuè Carducci et Edmond Rostand par la thématique de l’amour lointain de sa chanson Lanqand li jorn son lonc en mai (76-81), traduite par Alfred Jeanroy (1924), précédée de No sap chantar qui so non di (66-69) et Quan lo rius de la fontana (70-75). Du troubadour Marcabru, les auteurs ont choisi Dirai vos senes duptansa (86-93), A la fontana del vergier (104-7), Amics Marchabrun, car digam (108-13). D’autre part, pourquoi utiliser la traduction française, archaïsante, partiellement fautive et vieillie, de Jean-Marie-Lucien Déjeanne de 1909 (! ) pour la fameuse pastourelle L’autrier jost’una sebissa (94-103), alors que depuis un siècle d’excellentes traductions en langue moderne ont été publiées; une remarque identique pourrait concerner d’autres chansons de l’auteur gascon, volontiers sarcastique et moraliste. Pour la troisième génération, entre 1150 et 1175, les auteurs allemands ont choisi a) Bernart de Ventadorn, avec la célèbre chanson Can vei la lauzeta mover (124-29), Non es meravelha s’eu chan (130-35), Lonc tems a qu’eu no chantei mai (136-43) ainsi que la Tensó entre Peire d’Alvernha e Bernart de Ventadorn (144-49), plaidoyer en faveur de l’Amour pour arracher Bernard à son désenchantement (traduction moderne de Léon Billet de 1974); b) Peire d’Alvernha est représenté par le message d’Amour (traduction de Joseph Anglade de 1927): Rossinhol, el seu repaire Ben ha tengut dreg viatge (154-59); c) le Provençal Raimbaut d’Aurenga est connu pour sa virtuosité métrique dans la chanson Er resplan la flors enversa (164-67), avec une traduction moderne de Pierre Bec de 1971; d) la trobairitz Comtessa de Dia (115-183) est représentée par trois pièces: Estat ai en greu cossirier (172-75), Ab joi et ab joven m’apais (176-79) et A chantar m’er de so q’ieu no volria (180-83) (traduction française de Gabrielle Kussler-Ratyé de 1917). À nouveau, aucune traduction en français des vidas de Bernard de Ventadour (118-22), Pierre d’Auvergne (152-53), Raimbaut d’Orange (162-63) et de la Comtesse Béatrice de Die (171). La quatrième génération de poètes de langue d’oc (1175-1200) est évoquée par le prolixe Giraut de Bornelh, avec Si us quer conselh, bel’ami’Alamanda (190-95), enrichi de la traduction inédite en français de l’universitaire de Trêves, Geneviève Bender-Berland; Folquet de Marselha, avec Tant m’abellis l’amoros pessamens (198-203), accompagné de la traduction française d’István Frank de 1952; c’est le sirventés des vieux et des jeunes, Bel m’es quan vei chamjar lo senhoratge (208-13), avec la traduction française de Pierre Bec de 1979, qui est choisie pour illustrer la production poétique de Bertran de Born et pour le troubadour Peire Vidal, grand voyageur, selon sa vida, on lit le poème, véritable ode à la Provence, Ab l’alen tir vas me l’aire (218-21), avec le texte français de P. Bec de 1979; comme précédemment aucune traduction française des vidas et razó (188-89, 197, 206-7, 216-17). Dans la cinquième génération de 1200 à 1225 environ, nous trouvons les poètes Arnaut Daniel, illustré par la fameuse et redoutable sextine Lo ferm voler q’el cor m’intra (228-31) et sa traduction moderne de P. Bec de 1971 et Raimbaut de Vaqueiras, représenté par trois pièces: Domna, tant vos ai preiada (236-45), avec l’excellente traduction de Jacques Rou- 298 Besprechungen - Comptes rendus baud de 1971, Eras quan vey verdeyar (246-49), nouvellement traduit par G. Bender-Berland et l’estampida, au schéma métrique fort original, Kalenda maia (250-55), suivie d’une traduction de Pierre Bec de 1971; à nouveau, les vidas sont imprimées sans traduction française (226-27 et 234-35). Pour la génération des poètes occitans de 1225 à 1250, les auteurs de l’anthologie ont choisi Mout avetz faich lonc estatge (260-64) de Castelloza, accompagné d’une interprétation française de Jacques Roubaut, datée de 1971. Dans la septième et dernière génération (après 1250), nous trouvons trois troubadours: a) Sordel, illustré par la vida et le planh sur la mort de Blacatz, Planher vuelh En Blacatz en aquest leugier so (270-75), avec la traduction de 1971 de l’ancien professeur de Poitiers et poète lui-même, Pierre Bec; b) Cerverí de Girona, auteur, dont on a conservé près de 120 textes, est représenté par l’étrange Com es ta mal enseynada (278-81), traduite par Pierre Bec en 1971; c), celui que l’on considère souvent comme le dernier troubadour, Guiraut Riquier, est illustré par la rotrouenge Pus astres no m’es donatz (284-89) et la serenada, Ad un fin aman fon datz (290-93), les deux derniers textes sont traduits en français par Pierre Bec en 1979. Très judicieusement, Christine Felbeck et Johannes Kramer ont voulu montrer (295-329) les prolongements de cette brillante lyrique courtoise occitane dans les littératures européennes: en Italie, avec Giacomo da Lentini (Io m’aggio posto in core a Dio servire), en Espagne, avec Alphonse X dit le Sage (Rosa das rosas et Fror das frores), en pays germanique, avec le Minnesänger Oswald von Wolkenstein (Do fraig amors), en France du Nord, avec les trouvères Conon de Béthune (Ahi, Amours! com dure departie et Ce fut l’autrier en un autre païs) et enfin Thibaut IV de Champagne (L’autrier par la matinee). Une fois de plus, nous déplorons le manque de traductions françaises de ces textes intéressants pour l’histoire de la réception de la poésie occitane. L’appendice consacré à la grammaire de l’ancien occitan (332-53) est élémentaire mais fort utile pour le public auquel cet ouvrage est destiné. Nous apprécions, au passage, les reproductions de manuscrits (initiales et extraits de cansos), mais elles figurent sans aucune référence aux chansonniers reproduits (33, 64, 122-23, 170-71, 215, 277), un détail futile peut-être, mais signe d’un certain manque de rigueur scientifique. Quant à la bibliographie (355-63), on pourrait signaler d’autres ouvrages fondamentaux sur la poésie des troubadours. C’est une question d’appréciation personnelle, ce «manuel» n’ayant pas la prétention d’apporter des éléments originaux pour les études du Moyen Age occitan. Nous regrettons cependant que les auteurs privilégient souvent des ouvrages vieillis et dépassés. Pour les anthologies (355-56), on pourrait ajouter, par ex., celle de F. R. P. Akehurst/ J. M. Davies (ed.), A Handbook of the Troubadours, Berkeley 1995 et celle de P. Gresti parue à Bologne en 2006. Nous devons déplorer deux lacunes: d’une part, les traductions en langue française font très souvent défaut. Le sous-titre du manuel [Eine dreisprachige Anthologie] aurait mérité plus d’égards: en effet, sur l’ensemble de l’anthologie, c’est-à-dire 69 textes, près de la moitié, plus précisément 35 poèmes sont dépourvus de traduction française. Une justification de cette notable et importante restriction - alors que certains textes occitans connaissent d’excellentes traductions récentes en langue moderne - n’est pas fournie par les compilateurs de cette anthologie. D’autre part, un glossaire eût été souhaitable et fort utile aux utilisateurs de ce manuel, par ailleurs non dépourvu de qualités. Marie-Claire Gérard-Zai ★ 299 Besprechungen - Comptes rendus Jean-Loup Lemaître/ Françoise Vielliard (ed.), Portraits de troubadours. Initiales du chansonnier provençal A (Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat. lat. 5232), Città del Vaticano (Biblioteca Apostolica Vaticana) 2008, lvi + 126 p. (Studi e Testi 444) Deuxième volet d’un projet dont le premier jalon, concernant les chansonniers occitans I et K, a été posé en 2006 1 , ce beau volume présente la reproduction complète, en couleurs, des 45 lettres historiées du célèbre chansonnier de la Bibliothèque vaticane dénommé A (1-95). Ces initiales, mesurant environ 5 ou 6 cm sur 5, contiennent un portrait du troubadour ou une scène marquante inspirée par sa biographie et sont placées au début du recueil individuel du poète, ou bien d’une tranche de ce recueil. Puisque d’habitude le sujet de la représentation dépend strictement des informations repérées au sein de la vida - ce récit biographique en prose qui dans A est copié à l’encre rouge au-dessus de l’initiale historiée -, les responsables de la publication ont choisi de réserver aux photographies les pages impaires et de transcrire sur les pages d’en face les instructions placées dans les marges du manuscrit à l’intention de l’enlumineur et les textes des vidas tels qu’ils figurent dans le chansonnier. Ce dossier fort commode des pages paires est accompagné de quelques repères bibliographiques fondamentaux. L’ensemble des photographies, ne portant que sur les lettres historiées, constitue une base iconographique complète et d’excellente qualité qui profitera aussi bien aux philologues qu’aux spécialistes de l’histoire de l’enluminure. Ceux-ci trouveront aussi dans l’Annexe (97-103) la reproduction en couleurs des huits vignettes, contenant les portraits des trobairitz, d’un autre chansonnier de la Bibliothèque vaticane, H (Vat. lat. 3207). Après l’Avant-propos de J.-L. Lemaître (v-ix) et une Bibliographie raisonnée assez riche (xi-xvii), une Introduction (xix-lvi), composée de trois contributions, se charge de décrire l’anthologie vaticane du point de vue matériel et structural, sans omettre de renseigner sur le contexte dans lequel elle s’intègre. F. Vielliard («Les chansonniers provençaux et la place du chansonnier A», xix-xxxi) expose de façon claire les principes qui ont présidé à la structuration du recueil - son organisation par genres (chansons, sirventès, tensons, selon l’ordre primitif), l’alternance maîtrisée de grands troubadours et d’auteurs de second plan, la mise en valeur des représentants du trobar clus - et les compare brièvement à ceux ayant guidé la réalisation d’un autre membre de la même famille que A, le chansonnier B (Paris, BNF, fr. 1592). Ensuite, L. Duval-Arnould («Le manuscrit», xxxiii-xxxvii) s’attache à la composition matérielle, au contenu et à l’histoire du manuscrit, en apportant un certain nombre de précisions par rapport aux études précédentes. Enfin, J.-L. Lemaître («Les instructions du chansonnier A et les représentations des troubadours», xxxix-liii) fournit, pour chaque lettre historiée, une description détaillée et une transcription de l’instruction ayant été rédigée dans l’une des marges pour guider le travail du miniaturiste, le tout agrémenté de notes discrètes renvoyant parfois à la représentation correspondante dans les chansonniers I et K 2 . Cette introduction s’avère être un vade-mecum utile et équilibré pour tout utilisateur de l’album photographique. Néanmoins, quelques omissions ou inexactitudes s’y glissent, et on se doit de les relever, notamment lorsqu’elles touchent des points particulièrement sensibles du débat engagé autour de l’origine des professionnels impliqués dans la confection du 300 Besprechungen - Comptes rendus 1 J.-L. Lemaître/ F. Vielliard (ed.), Portraits de troubadours. Initiales des chansonniers provençaux I et K (Paris, BNF, ms. fr. 854 et 12473), Ussel 2006. Parmi les comptes rendus de ce livre, on retiendra notamment ceux de L. de Goustine, RLaR 111 (2007): 227-29, N. Henrard, MA 113 (2007): 205-7, S. Asperti, Medioevo romanzo 31 (2007): 215-17, A. Bräm, Kunstchronik 61/ 5 (2008): 243-45, ainsi que le mien, VRom. 66 (2007): 355-59. 2 Une table de concordance illustrant la répartition des initiales dans A, I et K est d’ailleurs dressée (lv-lvi). chansonnier. Quand F. Vielliard rappelle que B pourrait représenter un état de la tradition plus ancien que A, notamment du fait que B portait la succession primitive des genres, chansons-sirventès-tensons (xxi) 3 , il faudrait mentionner que cette conclusion a été vigoureusement contestée 4 . Leonardi (1987: 360-61) a en effet rappelé que tel était aussi l’ordre originel des genres dans A et que c’est seulement dans un deuxième temps que le cahier des tensons a été interposé entre les cahiers des chansons et ceux des sirventès, à la suite d’un bouleversement soudain du projet initial, intervenu en tout cas à temps pour que la table qui ouvre A l’enregistre: pour ce qui est de la succession des genres, A et B remontent donc au même modèle. La première (xxx) et la dernière contribution (xl) évoquent également l’hypothèse selon laquelle le copiste d’A aurait travaillé dans un atelier du Nord-Est de l’Italie tout en étant originaire de la Basse-Auvergne ou du Velay 5 , mais elles négligent de rappeler que la supposition n’a pas fait, depuis, l’unanimité. Leonardi (1987: 360-64) a en effet démontré l’inconsistance de certains passages du raisonnement de F. Zufferey et un examen paléographique récent, qui a échappé aux responsables de la publication, confirme que les apostilles sont dues au copiste d’A et conclut que ce scribe est italien 6 . Par ailleurs, la nouvelle transcription des instructions pour l’enlumineur offerte par J.-L. Lemaître ne paraît pas convaincante aux endroits, plutôt rares, où elle s’éloigne de la précédente 7 : f. 43r° cu(n) sparvero - Avalle (1961: 179-81) cu(n) .j. sparuero; f. 108v° jogular - iogolar; f. 127r° cu(n) altra gente 8 - con altra çe(n)te; f. 131r° dame - dona 9 ; f. 134r° diu - dia; f. 142r° et 143v° home - homo; f. 154r° clerege - clerego; f. 203v° ke cante davanti - ka cante dana(n)ti. En revanche, au f. 11r° on lit exactement «.I. maistro in carega» (xli), alors qu’Avalle (1961: 179) avait pris la petite initiale entre deux points destinée au miniaturiste, mais servant à déterminer l’initiale à peindre (.e.) 10 , pour un e avec tilde ayant été ensuite biffé («.j. maistro [e(n)] jn carega»). L’attention au moindre détail est dans ce domaine capitale, puisque si autrefois on avait pu rapprocher la langue des instructions aux scriptae vénètes occidentales, et notamment à celle de Vérone 11 , l’hypothèse paraît aujourd’hui 301 Besprechungen - Comptes rendus 3 D’après F. Zufferey, Recherches linguistiques sur les chansonniers provençaux, Genève 1987: 35-36. 4 Cf. L. Leonardi, «Problemi di stratigrafia occitanica. A proposito delle Recherches di François Zufferey», R 108 (1987): 354-86 (360-64). 5 Cf. Zufferey 1987: 58-66. 6 Cf. M. Signorini, «Riflessioni paleografiche sui canzonieri provenzali veneti», Critica del testo 2 (1999): 837-59 (847-49). Cette étude se distingue également par l’analyse intelligente du rapport entre les représentations des troubadours, les instructions pour l’enlumineur et le texte des vidas (843-47), rapport qui avait déjà fait l’objet d’un chapitre magistral de M. L. Meneghetti, Il pubblico dei trovatori. La ricezione della poesia cortese fino al XIV secolo, Torino 2 1992: 245-76. 7 Cf. d’A. S. Avalle, La letteratura medievale in lingua d’oc nella sua tradizione manoscritta. Problemi di critica testuale, Torino 1961: 179-81. J’ai pu contrôler les deux transcriptions complètes à l’aide des microfiches du ms. Vat. lat. 5232 conservées à l’Institut de Recherche et d’Histoire des Textes de Paris. 8 Le dernier mot est en revanche rapporté sous la forme çente dans le dossier joint à la reproduction photographique (54). Ce fait n’est pas isolé, mais d’ordinaire les transcriptions qui accompagnent les photographies contiennent des inexactitudes esquivées dans la contribution de J.-L. Lemaître: f. 113r° a caval omis (40); f. 189r° caval pour cavall (84); f. 199v° abala au lieu de abata et a cavallo pour da cavallo (88). 9 La forme dona est en effet employée habituellement par le rédacteur des instructions, aux f. 56v°, 103v°, 167v° et 168v°. 10 Pour J.-L. Lemaître la lettre historiée est une «initiale C bleue» (xli), mais il s’agit à l’évidence d’un E (5). En outre, on constate la persistance de l’ancienne faute de lecture dans la transcription de l’instruction du f. 11r° qui figure en face de la photographie: «.I. maistro e(n) in carega» (4). 11 Avalle 1961: 105-6, d’après l’avis de M. Corti. moins bien fondée, les progrès des études de dialectologie permettant de démontrer que les traits marquants isolés à l’époque sont également répandus dans la scripta vénitienne 12 . Bref, un nouvel examen linguistique des instructions s’impose, afin de déterminer avec plus de précision l’aire présumée de provenance du rédacteur, et il convient que cet examen repose sur une transcription établie derechef sur le chansonnier A, dès que la Bibliothèque vaticane aura à nouveau ouvert ses portes. La tâche est d’autant plus urgente que Zufferey (1987: 65-66) considérait déjà vraisemblable une localisation à Venise de l’anthologie vaticane, du fait qu’elle réserve une place particulière aux poèmes de Bertolome Zorzi, proposant aussi une rédaction fort bien informée de la vida du troubadour vénitien, et qu’à partir des années 1990 les historiens de l’art n’ont cessé de souligner que les enluminures du chansonnier s’ancrent dans le milieu artistique vénitien de la deuxième moitié du XIII e siècle 13 . De plus, une contribution importante, parue à la fin de 2008, se penche désormais avec compétence et soin sur les lettres historiées d’A et affirme qu’elles dépendent étroitement, du point de vue typologique, iconographique et stylistique, de la Bible exécutée vers la fin des années 1260 ou le début des années 1270 pour la basilique Saint-Marc de Venise (Venise, BNM, lat. I, 1-4) 14 : compte tenu de la plus grande légèreté des initiales du chansonnier et de la vivacité de sa palette chromatique, davantage orientée vers les tons rouges et orangés, la spécialiste conclut que celui-ci est certainement postérieur à la Bible conservée jadis à Saint-Marc et remonte probablement aux années 1275-1280 15 . Cette étude confirme également les résultats des travaux récents sur l’illustration et la décoration des chansonniers IK et du Tresor de la Bibliothèque Capitulaire de Vérone (ms. DVIII), qui auraient tous été réalisés dans un même atelier vénitien au cours des années 1290 16 , et propose ainsi de voir dans le groupe des anthologies AIK un ensemble cohérent du point de vue typologique et de la qualité de l’illustration, mais caractérisé en son sein par un décalage chronologique non négligeable et, surtout, par la référence à des modèles stylistiques différents 17 . Dans cette perspective de révision de nos connaissances sur la diffusion manuscrite de la lyrique occitane en Vénétie au XIII e siècle, il serait dommage d’oublier, comme le font bon nombre des travaux cités, de prendre en compte l’apport considérable pouvant provenir de 302 Besprechungen - Comptes rendus 12 Cf. F. Zinelli, «Sur les traces de l’atelier des chansonniers occitans IK: le manuscrit de Vérone, Biblioteca Capitolare, DVIII et la tradition méditerranéenne du Livres dou tresor», Medioevo romanzo 31 (2007): 7-69 (8-9). 13 Cf. A. Neff, «Miniatori e arte dei cristallari a Venezia nella seconda metà del Duecento», Arte veneta 45 (1993): 7-19 (11), A. Cortese, «Per la miniatura veneziana del Duecento: un Trésor alla Biblioteca Capitolare di Verona», Arte veneta 59 (2002): 7-21 (17-18) et G. Mariani Canova, «La miniatura», in: F. Flores d’Arcais (ed.), La pittura nel Veneto. Le origini, Milano 2004: 223-44 (237-39). 14 Cf. G. Mariani Canova, «Il poeta e la sua immagine: il contributo della miniatura alla localizzazione e alla datazione dei canzonieri provenzali AIK e N», in: G. Lachin (ed.), I trovatori nel Veneto e a Venezia. Atti del Convegno Internazionale (Venezia, 28-31 ottobre 2004), Roma/ Padova 2008: 47-76 (55-62). 15 Mariani Canova 2008: 61-62. On regrette toutefois que dans cet examen si pointu il ne soit pas précisé si les enluminures du chansonnier A sont l’œuvre d’un seul maître ou de plusieurs artistes: Meneghetti 1992: 260 N51 avait en effet observé que les lettrines des f. 125v° à 134r° sont d’une qualité visiblement inférieure et pourraient être dues à un collaborateur de l’artiste principal; les annotations de J.-L. Lemaître (xlvii) au sujet des initiales des f. 125v°, 126v° et 127r° confirment cette impression. 16 Mariani Canova 2008: 62-68. Cf. Cortese 2002, Mariani Canova 2004: 237-39, Lemaître/ Vielliard 2006: xli-xliv et, avec des précisions importantes, Zinelli 2007: 10-19. 17 En revanche, les responsables du présent volume affirment à maintes reprises que AIK ont été exécutés dans le même atelier (xxxv, xxxix, 97). l’examen approfondi des fragments de chansonniers. C’est le cas, en ce qui concerne A, du chansonnier dénommé A’, dont un troisième feuillet subsistant vient d’être reconnu 18 . Or, à propos de ce chansonnier presque entièrement perdu qui est extrêmement proche d’A, de tout point de vue, sans en être une copie, Benedetti (2003: 76-79) a cherché à démontrer que, sur la base d’une comparaison entre la graphie, la mise en page et la décoration d’A’ et celles d’A, sa confection est antérieure à celle de l’anthologie vaticane et est due à des professionnels italiens 19 . En outre, la décoration du feuillet conservé aujourd’hui à Paris permet d’établir un lien typologique et stylistique très strict avec le ms. de Paris, BNF, lat. 6390, que l’on date de la fin du XIII e siècle 20 . Puisque A’ aurait été réalisé avant A et que le premier peut être daté de la fin du siècle, la datation du chansonnier vatican (1275-1280) proposée par Mariani Canova (2008: 61-62) s’avère être en contradiction avec ces conclusions. Au-delà de ces questions, il convient de souligner que l’ensemble de ces études fait apparaître le rôle éminent de Venise, ses scriptoria et son public au sein du troubadourisme cultivé dans le Nord-Est de l’Italie pendant le dernier tiers du XIII e siècle, et corrige, voire bouleverse, nombre de schémas historiographiques établis. Le service que ce volume et le précédent, consacré aux initiales d’I et K, offriront à tous ceux qui voudront vérifier, discuter ou approfondir ces hypothèses n’a évidemment aucun besoin d’être mis en valeur. Gabriele Giannini ★ Luciana Borghi Cedrini (ed.), «Intavulare». Tavole di canzonieri romanzi I. Canzonieri provenzali, 5. Oxford, Bodleian Library S (Douce 269), Modena (Mucchi Editore) 2004, xvi + 164 p. Luciana Borghi Cedrini è l’autrice della monografia sul canzoniere provenzale S (Oxford, Bodleian Library, Douce 269), in questo che è il quarto volume della serie provenzale di «Intavulare», la collana promossa da Anna Ferrari sotto il patrocinio della Union Académique Internationale e della Unione Accademica Nazionale italiana. La collana si articola a coprire i quattro maggiori àmbiti linguistici della tradizione manoscritta della lirica romanza medievale (I. Canzonieri provenzali, II. Canzonieri francesi, III. Canzonieri italiani, IV. Canzonieri galego-portoghesi) 1 e vede la collaborazione di insigni romanisti europei. È questo il terzo contributo alla collana della scuola torinese promossa da d’Arco Silvio Avalle, il maestro che ha delineato nel 1961 un quadro storico e geografico generale della 303 Besprechungen - Comptes rendus 18 Cf. R. Benedetti, «Un terzo foglio del canzoniere provenzale A’», in: R. Castano/ S. Guida/ F. Latella (ed.), Scène, évolution, sort de la langue et de la littérature d’oc. Actes du Septième Congrès International de l’Association Internationale d’Études Occitanes (Reggio Calabria-Messina, 7-13 juillet 2002), vol. 1, Roma 2003: 71-98. Il s’agit du feuillet ayant servi de garde, depuis 1465 environ, au ms. 54 de la Bibliothèque du Séminaire de Padoue (f. I). Les deux autres feuillets, connus depuis longtemps, sont le f. 269 du ms. fr. 12474 de la BNF de Paris - qui auparavant avait été utilisé comme garde du ms. fr. 12599 de la même bibliothèque - et celui, ayant été recomposé, conservé à la Bibliothèque Classense de Ravenne sous la cote 165. 19 Un avis opposé - A’ est postérieur à A et est «l’œuvre d’un copiste provençal travaillant dans le Nord de l’Italie, vraisemblablement en Vénétie» - avait été prononcé par Zufferey 1987: 66. 20 Cf. Benedetti 2003: 96 et F. Avril/ M.-Th. Gousset, Manuscrits enluminés d’origine italienne. 2. XIII e siècle, Paris 1984: 61. 1 Cf. le recensioni ad altri volumi della serie in VR 60 (2001): 261-70 e VR 64 (2005): 354-61. tradizione manoscritta della letteratura in lingua d’oc, confermato anche in questo caso per il canzoniere S (73) 2 , e ha contribuito a definire il «genere canzoniere» e le problematiche editoriali delle scriptae medievali 3 . Luciana Borghi Cedrini è esperta di tradizioni marginali (la letteratura valdese medievale) e non è nuova a lavori a tutto tondo sui codici. Piace qui ricordare almeno alcuni dei molti suoi interventi su due manoscritti con i quali è capitato ad ogni romanista di imbattersi: per il dominio d’oc il ms. Paris, Bibliothèque Nationale, f. fr. 1747 (noto ai lessicografi come «Traduzione di Beda» ma che contiene tre volgarizzamenti, del Liber de moribus senechiano e delle sentenze di Publilio Siro, del De quinque septenis di Ugo di San Vittore e del Liber scintillarum del Defensor di Ligugé) 4 e per il dominio d’oïl il ms. Paris, Bibliothèque Nationale, f. fr. 837 (inesauribile repertorio di fabliaux, dits et contes, da Rutebeuf a Jean Renart) 5 . Questi lavori spaziano dalla localizzazione linguistica della scripta all’edizione di inediti, fino ad approdare a ricerche letterarie e culturali di più vasto respiro. Ecco quindi che il piccolo codicetto di Oxford «di 126 fogli (252 pagine) di pergamena» (30), il quale «misura attualmente mm 202-205 su 114-118» (33), ha proprio goduto di ottime cure. Questo è il sommario del volume: Presentazione di Aurelio Roncaglia (v-vi), Introduzione di Anna Ferrari (vii-xiv), Premessa (15), Opere citate in forma abbreviata (17-24), Canzoniere provenzale S (Oxford, Bodleian Library, Douce 269). La Descrizione (25-77) si divide in: «Descrizione codicologica e paleografica» (27-44), «Note di antichi lettori» (45- 53), «Legatura» (53s.), «Storia esterna» (54-61), «Contenuto» (62-77). Seguono la Bibliografia (77s.), e le Istruzioni particolari (79-83). A questo lavoro monografico tengono dietro le tavole vere e proprie: I. Indice dei componimenti (per ordine di presenza) (85-104), II. Indice sommario dei trovatori (per ordine di presenza) (105-12), III. Indice alfabetico dei trovatori (113-28), IV. Indice incipitario alfabetico (129-36). V. Seguono infine l’Elenco delle Figure (riproduzioni fotografiche) (137), il Sommario (139) e le ventuno Figure (141-64). Il canzoniere provenzale S contiene 164 testi (62), qualcuno in più del Salterio, anche se proprio sulla misura di 150 pezzi viene bloccata la trascrizione di S allestita, con qualche copia del XVII secolo intermedia e perduta, da Jean-Baptiste de La Curne de Sainte-Palaye, nell’attuale ms. 3092 della Bibliothèque de l’Arsenal di Parigi (58 e 60). Le ridotte dimen- 304 Besprechungen - Comptes rendus 2 D’A. S. Avalle, La letteratura medievale in lingua d’oc nella sua tradizione manoscritta, Torino 1961, nuovamente edito come D’A. S. Avalle, I manoscritti della letteratura in lingua d’oc, nuova edizione a cura di L. Leonardi, Torino 1993. 3 Come rammentava anche Umberto Eco nel L’espresso del 12 giugno 2003: 206, a proposito della raccolta postuma D’A. S. Avalle, La doppia verità. Fenomenologia ecdotica e lingua letteraria del medioevo romanzo, Firenze 2002. 4 L. Borghi Cedrini, «Per un inventario linguistico del manoscritto fr. 1747 della Biblioteca Nazionale di Parigi», in: Miscellanea di studi filologici offerta a d’Arco Silvio Avalle, Padova 1978: 78-98; L. Borghi Cedrini, «Annotazioni lessicali sul cosiddetto ‘Beda’ (Ms. fr. 1747 della Biblioteca Nazionale di Parigi) a margine delle Lexikalische Untersuchungen zu Girart de Roussillon di M. Pfister», CN 52 (1978): 120-43; L. Borghi Cedrini, Appunti per la localizzazione linguistica di un testo letterario medievale: la cosiddetta «Traduzione di Beda» in lingua d’oc, Torino 1978. 5 Così l’intitolava l’edizione in facsimile di H. Omont, Fabliaux, dits et contes en vers français du XIIIe siècle. Fac-similé du Ms. 837 de la Bibliothèque Nationale publié sous les auspices de l’Institut de France, Paris 1932. Per la definizione di «manoscritto repertoriale», cf. L. Borghi Cedrini, «Il trattamento dei codici repertoriali», in S. Guida/ F. Latella, La filologia romanza e i codici, Messina 1993: 49-56. I lavori sul f. fr. 837 sono: L. Borghi Cedrini, Approcci con la satira nell’837 (ms. f. fr. B. N. di Parigi). La paix aux Anglais, La charte de la paix aux Anglais, Torino 1979 e 1980; L. Borghi Cedrini, Preliminari a un’edizione dell’837 (ms. f. fr. B. N. di Parigi). Une branche d’armes, Torino 1982; L. Borghi Cedrini, La cosmologia del villano secondo testi extravaganti del Duecento francese, Torino 1989. sioni non mettono però S al riparo da una nutrita serie di elementi problematici. Come spesso accade già sono guadagni considerevoli le puntualizzazioni di quanto nella bibliografia pregressa ha aspetto approssimativo, se non errato: una sorta di entropia che ha danneggiato la percezione reale di dimensioni, forme e contenuto effettivo. Ma anche sono guadagni le messe a punto coraggiose, come quella che nega l’appartenenza del codicetto alla biblioteca degli Este. Ad avanzare un’ipotesi in tal senso fu A. Thomas nel 1889, sulla base di un inventario della biblioteca principesca, datato al 1436, che parla di «Libro uno chiamado re Riçardo» (55). Nonostante S si apra proprio con Ja nuls hom pres no dira sa razo di Richart I (56), il canzoniere è acefalo: «Il lembo superiore - circa due terzi - del primo foglio pergamenaceo è caduto, insieme a gran parte del componimento iniziale, la rotrouenge di RichCdeL (BdT 420.2), e ad alcuni versi del secondo componimento (BdT 364.39)» (33). Tale lacuna risale già al primo Quattrocento, epoca alla quale la curatrice data la tavola in forma di nota trascritta sullo spazio bianco al verso dell’ultima pagina, dopo il componimento n. 164 (48). Questa nota, «che in quanto indica come primo PVid anziché l’autore del componimento n. 1, RichCdeL, è stata sicuramente vergata dopo la caduta della rubrica relativa al re inglese» (42), fin’ora era attribuita all’inizio del XVI secolo (49) e contiene un indice sommario dei trovatori per ordine di presenza (50), vero e proprio antenato di quello che, nella nostra monografia, si trova alle p. 105-11. Come rileva la Borghi Cedrini l’etichetta «libro chiamado re Riçardo, in francexe» può riferirsi anche ad altre opere, brevemente suggerite (57). Ma queste precisazioni riguardano la cosiddetta storia esterna del canzoniere che si identifica poi con quella degli studi provenzali. Per S, sfatata la permanenza nella corte degli Este, la storia esterna diventa databile a partire dalla Francia meridionale (58), dove si trova presumibilmente tra i libri del grande erudito Nicolas- Claude Fabri de Peiresc (1580-1637), e sicuramente tra quelli del suo pronipote Henry- Joseph de Thomassin de Mazaugues (1684-1743) e poi in Inghilterra, dove il codice arriva «già prima del 1783» (61). Il manufatto che abbiamo sotto gli occhi si lascia analizzare per l’aspetto linguistico della scripta, per quello materiale dell’allestimento come libro e per quello della selezione dei testi che contiene. Lo studio linguistico promesso dalla curatrice (29N6), è anticipato in qualcuna delle note che accompagnano la prima tavola, i. Indice dei componimenti (per ordine di presenza) (101-4). Proprio in queste anticipazioni fonetiche e lessicali emerge un problema di fondo, che la Borghi Cedrini ha sottolineato anche in altre ricerche linguistiche 6 , e cioè il fatto che le grammatiche e i repertori d’oc registrino solo le voci e le forme più diffuse. Da questa sorta di medietà, casualmente determinata dalle edizioni adoperate per i vari spogli (103 N22), viene fuori un’attitudine normativa che fornisce a tutta una serie di particolarità registrabili in S fin dagli incipit il solo statuto di aberrazioni. Alla descrizione linguistica non resta che pronunciarsi per una sospensione di giudizio (102 N16), e per una raccolta sistematica e spregiudicata dei dati rari. L’aspetto materiale del libro: «La pergamena non è di buona qualità» (34), ma il lavoro di copia, appartenente ad un un’unica mano che scrive una gotica italiana databile tra la fine del XIII e l’inizio del XIV secolo, è accurato, con un modulo scrittorio «di piccole dimensioni e di tratteggio molto uniforme e posato» (38). Il copista lascia anche in bianco alcune linee o parti di linee, e queste lacune sono state riempite nella loro quasi totalità per lo più da mani differenti, anche se molto prossime a quella del copista. Anche «L’ornatura del codice è sobria ed essenziale, anche se puntigliosamente predisposta ed eseguita» (39). Il 305 Besprechungen - Comptes rendus 6 L. Borghi Cedrini, «Recuperi linguistici nella tradizione manoscritta dei trovatori (per l’edizione critica dell’opera di Peire Milo)», in: G. Kremnitz/ B. Czernilofsky/ P. Cichon/ R. Tanzmeister, Le rayonnement de la civilisation occitane à l’aube d’un nouveau millénaire, Wien 2001: 171- 79. nostro codicetto risulta poi molto pregiato già da subito, con il lavoro che una serie di annotatori ha lasciato sui suoi margini: «Di speciale rilievo la glossa vergata a destra delle l. 26-28 di p. xxviii, che recano i v. 9-12 del componimento n. 18 (BdT 155.3)» (47). Il livello delle annotazioni è molto alto, infatti «le glosse non si limitano alla traduzione di qualche parola o verso, ma alcune offrono chiarimenti di tipo grammaticale, e una perfino l’indicazione degli antecedenti d’un passo di FqMars: costituendo nel loro complesso il risultato di un impegno critico non trascurabile se esplicato, come parrebbe, ancora entro il XIV secolo o nel primo XV» (48). Se esasperiamo la contraddizione tra questi aspetti, e cioè tra l’accuratezza del lavoro di copia e collazione e la sostanziale povertà del manufatto (per materiale e dimensioni), resta problematica l’identificazione della categoria merceologica del canzoniere S (è libro sibi et amicis? ). Anche la disposizione del testo a piena pagina e un verso per riga è inedita nella tradizione dei canzonieri provenzali, e quando appare, ma sporadicamente in «alcune zone degli altri esponenti della ‹terza tradizione›, PUc, e in FGOQ» (35), ha suggerito a C. Bologna una qualche riflessione in merito ad un suo impiego didattico (35N17). Resta però sorprendente che, tra tutti i canzonieri provenzali solo il canzoniere F che è in-folio, abbini come S «una colonna per pagina a un verso per linea» (36). Anche qualche laudario da confraternita somiglia, nella disposizione del testo a tutta pagina e un verso per riga a qualche piccolo laudario da monaca. Se il discorso si sposta sui laudari in volgare italiano e di tradizione iacoponica è perché il problema delle tipologie librarie dovrebbe essere affrontato in maniera meno settoriale soprattutto per i manufatti più modesti, come il caso di S, che è più facile vengano esemplati su modelli più comuni (tale, ad esempio, il Salterio), piuttosto che sulle tipologie più illustri del proprio genere. I preziosissimi canzonieri pergamenacei con decorazioni a foglia d’oro arrivati, non per caso, fino a noi, saranno stati allestiti per acquirenti che li avranno sicuramente tesaurizzati e sottratti all’uso dei curiosi fino al secolo XVI. La definizione specifica della raccolta è legata anche alla selezione e all’ordine dei testi. La curatrice sottolinea come «il codice si caratterizzi in positivo per una massiccia presenza di canzoni d’amore, quasi tutte composte in stile leu o comunque limpido da poeti originari della Francia del Sud e appartenenti al periodo centrale del movimento trobadorico (dalla ‹generazione del 1170› ai primi decenni del Duecento); canzoni che, unite a una piccola quantità di componimenti d’altro genere - da sirventesi e sirventesi-canzone a poemi dialogati a descortz - ma tutti incentrati sulla problematica amorosa, si propongono di fatto come una larga campionatura, o un’autentica antologia, della produzione trobadorica più ‹classica›, e nel contempo più facile e cattivante» (75). La Borghi Cedrini arriva a parlare di «una uniformità, e quasi una monotonia, di forme e di temi poetici che potrebbe dipendere non solo o non tanto dalla limitatezza dei materiali a disposizione del compilatore, quanto piuttosto da scelte finalizzate a un preciso progetto antologico» (74), selezione che assegna al canzoniere S un posto a sé stante nella cosiddetta terza tradizione, e nei confronti dei suoi più stretti parenti, i canzonieri provenzali PUc. Questa terza tradizione, pur sopravvissuta in esemplari di numero ridotto e tipologia merceologica medio-bassa, è poi quella che, insieme ai frammenti, si dimostra più vitale nel XIII e XIV secolo. I testi che S seleziona sono proprio quelli a cui si collega la maggiore produttività della lirica occitanica fuori di Provenza. Ad esempio S, databile «alla fine del XIII o al più all’inizio del XIV secolo» (27) e «probabilmente confezionato in Italia settentrionale, e più precisamente nel Veneto» (28), che non è latore di nessun testo nuovo (in unicum), contiene ben cinquanta testi il cui schema metrico è stato riutilizzato 7 , e tale riutilizzo non è solo avvenuto tra autori antichi, ma 306 Besprechungen - Comptes rendus 7 Ovviamente si tratta di valori apprezzabili sul dato percentuale. Le riutilizzazioni di uno stesso schema di sillabe e rime nella lirica trobadorica sono in numero di 221 su un totale complessivo di 884 schemi diversi individuati nel Répertoire di Frank. Indichiamo gli schemi metrici sulla base anche da parte di anonimi cobbolisti attestati da fasce limitate della tradizione manoscritta. Il testo di chiusura numero 164 «Falket, Can ben me soi apensaz» (100, BdT 156.10), è come un indizio aggiuntivo al riguardo, dal momento che è stato ripreso, e in diverso àmbito linguistico, dal cosiddetto Anonimo Genovese. Queste caratteristiche di rimpiego diffuso e anche basso, questa media di gusto S impone anche ai «classici». Infatti S nel suo settore recensionale è l’unico a trasmettere Jaufre Rudel e Arnaut Daniel, e li mette in sequenza con Perdigo nella sezione finale del dodicesimo fascicolo, in quella cauda in cui si dispongono quei trovatori «che contano almeno tre componimenti ciascuno» (63). I testi così ravvicinati (numero 113, 114, 115, 117: 96), sono caratterizzati da refrain cioè parolarima fissa che è la caratteristica anche del primo testo di tutto il canzoniere, «La rotrouenge di RichCdeL è d’altronde sui generis, dacché il refrain tipico del genere vi è ridotto a un mot-refrain, perdipiù non ripetuto nella seconda tornada» (63N). Anche la sezione di autore con cui si chiude il canzoniere, quella di Falquet de Romans «inizia con una canzone à refrain anche se prosegue con un sirventese e una canzone religiosa» (63). Dunque ci troviamo di fronte a una caratteristica rimatica certo non maggioritaria della lirica occitanica, ma strettamente imbricata con i parametri dei selezionatori dell’antologia S. Un altro esempio del problema che si vuol definire, e che si è chiamato per comodità «gusto medio», è dato da un accoppiamento del solo S, quello tra i testi n. 83 e n. 84 «Ranbaut de Vaqera, No m’agrada inver ni pascor» (BdT 392. 24) e «Raimon de Miraval, Ben m’agrada.l bel temps d’estiu» (BdT 406.13: 94), che sono rispettivamente l’ultimo e il primo testo delle sezioni contigue di Raimbaut de Vaqueiras e di Ramon de Miraval. Nella sezione di coblas del canzoniere estense Dc i due testi saranno avvicinati a distanza come numeri 110 e 116. Ebbene questo dittico rappresenta l’identificazione della tipologia del plazer-enueg, che, travalicando il settore politematico del sirventese che deriva da Bertran de Born, viene qui identificata anche nel repertorio delle canzoni. Quale sia la vitalità, e la vitalità alto-italiana, anche di questo particolare «gusto medio» potrà brevemente essere ricordata a partire dalle ben note testimonianze del frate francescano Salimbene de Adam, che è cultore in proprio del genere ad esempio nel 1259 a Borgo San Donnino, ora Fidenza, e che dice di riallacciarsi a testi della generazione a lui precedente, risalendo a circa il 1229 (Salimbene de Adam, Cronica, a c. di G. Scalia, Bari 1966: 76 e 674). Oppure recuperando il dettaglio che anche la cobla anonima BdT 461.222 S’ieu saubes tan ben dir com voler (tràdita dai ms. PT) sullo stesso schema e rime del testo n. 2 di S (BdT 364.39) si ricollega proprio al plazerenueg. Quella del plazer-enueg è una tradizione sommersa, ma ben vitale in Toscana con Chiaro Davanzati, Guittone, i rimatori di San Gimignano (e i testi anti-angioini del canzoniere provenzale P). Se è vero che l’acume della Borghi Cedrini rivela la possibile compresenza di più modelli già al momento della costruzione dell’antologia, dove parla di «acquisizioni dell’ultima ora (o l’aspettativa di acquisizioni, rivelata dalla pagina bianca)» (62), forte resta la tentazione 307 Besprechungen - Comptes rendus della loro numerazione progressiva nell’Indice delle coincidenze di schema metrico e rime del Rimario trobadorico provenzale. Indici del «Répertoire» di I. Frank, a cura di P. G. Beltrami/ S. Vatteroni, Pisa 1988, 237-69 (= B.V.). Si tratta dei testi di S numero 2 B.V. 149, 3 B.V. 65, 5 B.V. 190, 6 B.V. 128, 13 B.V. 207, 14 B.V. 178, 16 B.V. 126, 17 B.V. 200, 19 B.V. 52, 20 B.V. 11, 27 B.V. 152, 29 B.V. 80, 31 B.V. 77, 32 B.V. 85, 35 B.V. 40, 41 B.V. 202, 44 B.V. 48, 45 B.V. 188, 49 B.V. 58, 53 B.V. 37, 55 B.V. 45, 60 B.V. 114, 66 B.V. 12, 67 B.V. 95, 69 B.V. 23, 72 B.V. 106, 75 B.V. 198, 77 B.V. 135, 81 B.V. 167, 86 B.V. 189, 87 B.V. 150, 95 B.V. 175, 97 B.V. 170, 98 B.V. 171, 103 B.V. 6, 105 B.V. 105, 106 B.V. 134, 108 B.V. 180, 111 B.V. 139, 118 B.V. 221, 122 B.V. 201, 125 B.V. 113, 128 B.V. 212, 130 B.V. 122, 134 B.V. 209, 138 B.V. 163, 140 B.V. 206, 141 B.V. 13, 146 B.V. 101, 147 B.V. 39. All’elenco andrà aggiunto il caso del numero 38 di S BdT 70.35 il cui schema metrico Frank 321: 1 è ripreso con variazione di due rime nella canzone anonima BdT 461,18a Amors m’a fach novelamen asire (Torino, B. N. LII 18, c. 209v). di trovare una parola che squadri e definisca, in maniera magari azzardata, questo piccolo canzoniere. La magia risolutiva ammicca proprio nel mot-refrain «pris» del primo testo, oramai mutilo, di Richart I Ja nuls hom pres no dira sa razo (87, BdT 420.2). Infatti la lettura dell’indice incipitario alfabetico (129-36) suggerisce un più ampio raggio di azione di quanto la curatrice rileva a proposito dei primi due testi dell’antologia: «la sua rotrouenge, Ja nuls hom pres no dira sa razo (BdT 420.2), si conclama fin dall’incipit come il lamento di un prigioniero, e il componimento vidaliano posto subito dopo, Quant hom es en autrui poder (BdT 364.39), si presenta anch’esso come un canto di prigionia, sia pure amorosa» (65). Ma anche nel testo n. 3 c’è un rovescio di fortuna «Peire Vidal, Quant hom honraz torna en grand paubrera (BdT 364.40» (87), e poi abbiamo l’«hom esperduz» (n. 30, BdT 70.19), o «perdu» (n. 36 BdT 70.12), il rubricatore che innova nell’incipit di Peirol «De ben soi loing et entre gent estragna» (n. 43 BdT 366.31), «Aissi co’l pres qi s’en cuia fugir» (n. 89 BdT 9.3), «Aissi com cel c’om mena al iuiamen» (n. 132 BdT 305.4). Forse bisognerà ipotizzare anche nella tradizione occitanica, soprattutto nella terra di Rustichello e Marco Polo o del quattrocentesco carcere delle Stinche fiorentino, quel luogo di passaggio di conoscenze letterarie e di attività di trascrizione di testi, opposto ma contiguo alla corte, che è la prigione. Paola Allegretti ★ Les Albas occitanes, étude et édition par Christophe Chaguinian, transcription musicale et étude des mélodies par John Haines, Paris (Champion) 2008, 356 p. (Classiques français du Moyen Âge 156) Auteur de quelques études récentes sur l’alba, Chaguinian donne ici une remarquable édition du corpus occitan assortie d’une étude approfondie du genre dont il explore le caractère composite en contestant la pertinence d’une catégorie des «contra-albas» par laquelle M. de Riquer désignait le thème inversé du désir de l’aube, pour conclure à un classement en deux groupes: celui des albas de séparation qui continue le type originel, et celui des albas formelles, qui peuvent être investies par une thématique aussi bien amoureuse que religieuse. Il faut cependant exprimer avec Ph. Ménard de fortes réserves sur le classement d’Eras diray 1 où Chaguinian voit «un exemple typique de l’alba de séparation» (221) bien qu’il y soit fort peu question d’amour: A. Alberni a récemment montré qu’il s’agit d’une adresse du guetteur à des chevaliers qui, selon elle, monteraient la garde avec lui 2 . Le rattachement au genre est indubitable dans la mesure où la séparation y est bien évoquée, mais le traitement du thème est on ne peut plus singulier, et l’utilisation exceptionnelle de refrains variables que Chaguinian lui associe en suivant la tradition de son découvreur M. de Riquer aurait également dû susciter des réserves de la part de l’éditeur 3 . Celui de Drutç qui vol dreitament amar mérite les mêmes réserves: si l’utilisation du mot alba ne fait aucun doute sur son appartenance au «genre», le caractère nettement didactique de l’unique strophe qui nous 308 Besprechungen - Comptes rendus 1 Ph. Ménard, «Des albas occitanes aux Tagelieder allemands, problèmes et énigmes de la chanson d’aube», in: L. Rossi (ed.), Ensi firent li ancessor. Mélanges de philologie médiévale offerts à M.- R. Jung, vol. I, Turin 1996: 53-65. 2 A. Alberni, «Deux albas catalanes anonymes du XVI e siècle», in: D. Billy/ F. Clément/ A. Combes (ed.), L’Espace lyrique méditerranéen au Moyen Âge: nouvelles approches, Toulouse 2006: 265- 89 plus deux planches. Le texte présente malgré tout quelque obscurité. 3 Alberni a montré que cette interprétation était infondée, le seul refrain identifiable étant le recours à alba en fin de strophe. est parvenue (comment doit se comporter l’amant courtois dans ses rendez-vous nocturnes) ne justifie en rien son rattachement au sous-corpus des albas de séparation 4 : il s’agit d’une des multiples variations autour du thème primitif. Dans son étude du premier groupe, Chaguinian évoque l’universalité du thème, les problèmes de définition médiévale et la caractérisation du genre tel qu’il est pratiqué comme «genre troubadouresque». Dans le chapitre suivant, intitulé «Le statut troubadouresque» 5 , l’auteur explore les éléments qui, selon lui, distinguent l’alba occitane de ses homologues romans par le caractère adultère de la relation amoureuse, le choix du guetteur comme agent du réveil 6 et la récurrence à peu près systématique du mot alba dans la partie finale de la strophe ou du refrain, évoquant au passage l’emploi du mot alba comme étiquette de genre dans certaines pièces ou les rubriques des manuscrits. L’auteur se penche ensuite sur les albas formelles, examinant les positions traditionnelles sur l’historique du genre, le type de la contre-alba défini par M. de Riquer, l’alba religieuse pour laquelle il distingue thématique et modalités (prière, exhortation, hymne, pénitence, didactique) et le rapport des albas religieuses aux albas érotiques. Il explique le passage des albas conventionnelles aux albas formelles par la codification du genre à travers l’utilisation récurrente du mot alba qui aurait modifié son horizon d’attente avec un effacement ou une altération des traits thématiques à la faveur du trait formel et du motif plus général de l’aube comme rupture ou changement d’état 7 . La mélodie qui nous est parvenue pour les albas de Giraut de Bornelh (les auteurs suivent un usage erroné mais fréquent en écrivant Guiraut) et de Cadenet est éditée par J. Haines, avec les versions de «Rei glorios, sener», planctus du Jeu de sainte Agnès calqué sur l’alba de Giraut, et la cantiga de santa Maria «Virgen madre», imitée de celle de Cadenet, l’ensemble étant accompagné d’une étude qui entend faire le point sur la question. L’éditeur estime que les ressemblances que B. Stäblein avait pu relever entre Reis glorios (non Rei) et l’hymne Ave maris stella sont surévaluées, car il s’agirait de «traits signaux du premier mode grégorien» présents dans d’autres pièces telles que le Gaudeamus, mais l’affirmation n’est pas accompagnée d’arguments circonstanciés 8 . On regrettera que la mélodie des deux contrafacta soit donnée en édition diplomatique: le public des «Classiques français du Moyen Âge» aurait en effet moins de difficulté avec une transposition moderne rythmiquement neutre. Pour cela, il aurait suffi de faire figurer les formes paléographiques au-dessus de chaque portée pour conserver l’information pertinente sans contrarier le déchiffrage, en suivant l’exemple de F. de La Cuesta, ignoré des auteurs 9 . Précisons ici que les relations mélodiques entre les deux albas et Ave maris stella ont également été étudiées par A. Rossell pour lequel la mélodie aurait concerné d’autres albas 10 . Cet auteur a eu ailleurs 309 Besprechungen - Comptes rendus 4 Les arguments avancés aux pages 24-25 ne nous convainquent absolument pas. 5 Il va de soi que le contenu du paragraphe «Un genre troubadouresque» qui clôt l’étude de l’alba de séparation (34-42) aurait dû être intégré dans ce chapitre spécifique. 6 Sauf dans Drutç qui vol où, avec un peu d’imagination, on peut tout au plus l’envisager comme énonciateur. 7 C’est abusivement qu’il parle de contrafacta ou contrafactures pour la récupération de genres profanes pour véhiculer une thématique religieuse (75-77). L’expression de «contrafacture générique» (260) est davantage compréhensible. 8 Ajoutons que, dans «Son d’alba. Morfologia e storia dell’alba occitanica» (Critica del Testo (2005): 669-763), G. Monari rappelle à la p. 712 que J. Chailley avait rapproché l’incipit de Reis glorios de celui d’un conduit de Pérotin, Beata viscera. L’auteur italien signale en outre (713) que le rapprochement avec Ave maris stella avait été déjà fait par Gastoué en 1924. 9 Las Cançons dels trobadors, melodias publicadas per I. Fernandez de La Cuesta, Toulouse 1979, p. 169-70 pour Giraut de Bornelh et 548 pour Cadenet; l’éditeur ne va cependant pas à la ligne après chaque vers comme le fait judicieusement J. Haines. 10 A. Rossell, «So d’alba», in: Studia in honorem prof. M. de Riquer, vol. IV, Barcelone 1991: 705-21. l’occasion de préciser la signification de l’emprunt galégo-portugais dans une stratégie de récupération d’un motif musical issu de la sphère paraliturgique dont le genre profane s’était inspiré en le détournant de son origine hymnique 11 . Signalons que G. Monari a récemment donné une étude particulièrement approfondie au rôle que la mélodie a pu jouer dans l’histoire du genre, suggérant que la tradition mélodique du genre occitan pourrait remonter, sinon à En un vergier - dont l’ancienneté reste bien sûr à démontrer -, du moins à une pièce formellement proche 12 . Dans son édition, Chaguinian donne les textes en trois groupes: albas de séparation, albas formelles érotiques et albas formelles religieuses. Pour chaque texte, après la présentation des manuscrits (et attributions) et la bibliographie, il donne le cas échéant une biographie succinte de l’auteur, discute de façon approfondie le choix du manuscrit de base argumenté sur l’étude de la tradition manuscrite où il se montre particulièrement sensible au travail de correction des copistes ainsi qu’aux traces de transmission orale. Il donne ensuite quelques commentaires relatifs à l’interprétation de la pièce à partir de ses composantes thématiques et éventuellement formelles, une description plus ou moins commentée de la versification avant d’énoncer les principes éditoriaux retenus. Le texte est suivi d’une traduction généralement élégante 13 , des leçons rejetées et des variantes, avec quelques notes de critique textuelle. Il retient la version de R pour Reis glorios (avec interversion de deux couplets); la version de C, plus I pour les tornadas, pour la pièce de Cadenet; R pour Dieus aydatz; C pour les albas de Bertran d’Alamanon, d’Uc de la Bacalaria, de Guilhem d’Autpol, de celle attribuée à Bernart de Venzac (plus le quatrième couplet de R donné entre crochets) dont il discute l’attribution qu’il estime plutôt douteuse; R pour celle de Falquet de Romans, avec quelques amendements d’après C. Il retient la version en langue mixte de R pour Or leves sus, pièce attribuée à Peire Espanhol 14 , pour laquelle il consacre une étude approfondie en raison des multiples problèmes qu’elle soulève: après des réflexions générales sur la nature linguistique de la composition, Chaguinian donne une présentation générale des problèmes posés par les textes de copistes allophones avant d’exposer sa méthode d’analyse, suivie d’un relevé des formes et de leurs équivalents occitans ou français selon le cas, dont la comparaison laisse apparaître des problèmes au niveau de la rime, de la mesure ou de la césure, puis il examine les remaniements qui s’ajoutent à la francisation de l’original dans R et les modifications de C. La bibliographie est assez complète, mais ne prétend sans doute pas à l’exhaustivité. La référence à M. de Riquer 1944 cité notamment dans l’introduction fait défaut 15 . Aux lacunes que nous avons déjà signalées 16 , on pourrait ajouter en particulier «La poésie de l’Aube» de G.-A. Vachon (Études françaises 3 (1967): 426-31); «Vom Morgenhymnus zum Tagelied» de P. A. Becker, paru dans son ouvrage Zur romanischen Literaturgeschichte. Ausgewählte Studien und Aufsätze, München 1967: 149-73; la thèse de R. J. Immelé, Étude comparée des aubes au Moyen Âge (Université du Michigan, 1977); «Et ades sera l’Alba: Revelations as Intertext for the Provençal Alba» (Romance Philology 35 (1981): 212-17), où 310 Besprechungen - Comptes rendus 11 A. Rossell, «Les Cantigas de Santa María: stratégie et composition, de l’élément métrique à l’élément idéologique», in: D. Billy/ F. Clément/ A. Combes (ed.), L’Espace lyrique méditerranéen au Moyen Âge: nouvelles approches, Toulouse 2006: 249-60. 12 «Son d’alba, Morfologia . . .» cit., p. 762 (cf. N8). 13 Il n’est cependant pas très heureux de rendre belamen (p. 65) ou tan beyl (51) par «bellement». On corrigera le barbarisme commis dans la traduction du v. 4.6 d’Ab la genser (203), où il faut lire «de perdre mon amie». 14 Le titre Anonyme/ Peire Espanhol suggère que Chaguinian n’est pas sûr de cette attribution. 15 M. de Riquer, «Las albas provenzales», Entregas de poesía, XI, Barcelona 1944. 16 Références aux N1, 2, 8, 9 et 10. S. Spence s’interroge sur la possible influence de la tradition chrétienne sur le genre; «Tu es alba: las albas religiosas y una cantiga de Alfonso X» (Medioevo Romanzo 26 (2002): 101- 26), où E. Fidalgo s’intéresse à la récupération de la symbolique de l’alba dans les aubes religieuses. L’édition de Chaguinian vient à point nommé en une période où l’intérêt porté au genre trouve un témoignage particulièrement éclatant dans les récents Studi di Filologia romanza offerti a Valeria Bertolucci Pizzorusso, 2 vol., Pisa 2007: dans «Dieus aydatz (409,2)», C. Pulsoni (vol. 2: 1307-28) donne ainsi une édition de ce texte où il se montre incertain sur l’attribution à Raimon de Las Salas et où il établit des liens intertextuels avec Reis glorios ainsi que d’autres albas; dans «Solitude de l’alba» (vol. 2: 673-83), G. Gouiran donne une étude littéraire de En un vergier où la femme a la parole, non l’amant qui brille par son absence, et où le guetteur joue son rôle de façon neutre; dans «L’alba parodica di Roy Paez de Ribela: Maria Genta, Maria Genta da saya cintada (B 1439/ V 1049)» (vol. 1: 149-63), L. Barbieri fait quelques remarques sur le guetteur de Cadenet, protecteur de la leial gen et de la fin’amor; dans «La chanson de femme attribuita a Raimbaut de Vaqueiras, Altas undas que venez suz la mar» (vol. 2: 865-81), Ch. Lee donne notamment quelques remarques intéressantes sur la césure lyrique qu’on trouve dans En un vergier. Corrections et commentaires ponctuels : Introduction. 41, l. 11: lire «à 1300», non «et 1300». - 44, l. 19: «des personnages nobles», non «un personnel noble». - 52: comment peut-on prétendre que la lumière est un agent qui annonce la venue du jour? La lumière naissante n’est-elle pas l’aube elle-même? - 54: l’intitulé «Alba comme mot refrain» est pour le moins équivoque, et la mention de «l’usage du mot alba comme mot-refrain [avec un trait d’union] ou dans le cadre d’un refrain» (55) a de fortes chances de ne pas lever l’ambiguïté chez beaucoup de lecteurs. - 68, l. 6 de la seconde citation: lire «sextine». - 75 l. 14 avant la fin: lire «Espanhol». - 83 dern. l.: «le personnel» désigne sans doute les personnages. - 94, l. 14: «un contrafactum», non «une contrafacta». Reis glorios. 132, l. 9: lire «2: 4» non «2: 2». - 133-34: voir dans qe·l giorn es apropciatz de T une correction de senher si a vos platz (2: 2) soulève tout de même un problème: il ne s’agit pas dans la version retenue d’une simple répétition du second hémistiche de 1: 2 puisque dans le premier couplet l’adresse est à Dieu, celle du second couplet, à l’ami, ce qui nous semble rendre quelque peu suspect le parallélisme si proche (même position relative au sein de la strophe). Gaita be. Il n’y a pas de raison de détacher le refrain de la strophe (chanson à refrain). - 158, 2: 6: ajouter une virgule à la fin. S’anc fui belha. 173: dans la formule, séparer la tornada de la strophe (deux derniers vers). Dieus aydatz. 179: corr. aidatz en aydatz; même chose 354 et 355. - 183: trad. pujatz (2: 10) par «montez en selle» non «montez (votre monture)». Quan lo rossinhols. 193: préciser que l’ensemble des trois albas est précédé de la rubrique «Albas ses titol». Ab la genser. 195: il faut préciser que Poe 1985 renvoie à l’article du Romanistisches Jahrbuch, non à celui de Romance Notes; la même ambiguïté doit se retrouver ailleurs, et, compte tenu du mode de référencement, elle doit également concerner Poe 1984 qui peut renvoyer à deux articles différents, du Viator ou de Romance Philology. - 204, 2: 2-3: ce ne sont évidemment pas les voyelles de en et un qui doivent être éliminées (le mot est même incorrect dans l’hypothèse d’une synalèphe) «par synalèphe ou élision avec la voyelle finale du vers précédent». En un vergier. 210, 2: 2: le contexte ne nécessite pas la locution prépositionnelle «loin de» mais son équivalent occitan. - 211, 3: 2: ·ls auzellos n’est pas le cas régime de ·il (et non li) auzel. 311 Besprechungen - Comptes rendus Drutç qui vol. 215-16, 1: 7-8: Chaguinian ne donne pas une traduction satisfaisante de ces vers, et plus particulièrement du v. 7; en effet «il doit se lever avant le jour, aussi bien quand il vient que quand il part, (de sorte qu’ils) ne le voient ni quand il vient (chez sa dame) ni quand il s’en va» est incompréhensible; on suivra G. Gouiran 17 qui donne «de sorte que ni à l’aller, ni au retour, on ne le voie quand il vient ou part». - 1: 8: Chaguinian estime que ce vers a huit syllabes et non sept, en lisant ve i sans enclise, citant à l’appui des cas de postposition de l’adverbe; on remarquera toutefois que dans les cas cités, il y a enclise lorsque le verbe se termine en voyelle, ce qui est ici le cas. Eras diray. 217: Chaguinian voit un catalanisme dans l’appariement de gany avec dan, mais ces mots sont associés à d’eres anan: il semble beaucoup plus probable que danh ne soit pas à la rime, et qu’il faille regrouper 3: 17-18 en un octosyllabe. Il faut très certainement découper différemment les vers du refrain supposé au premier couplet, avec «Via, sus, cavalhiers guerrers,/ Que lausangiers/ No·us assauton en l’alba» au lieu de: «Via, sus, cavalhiers, 18 / Guerrers, que lausangiers/ No·us assauton en l’alba»; outre qu’elle est plus conforme à la syntaxe, cette nouvelle disposition rejoint ainsi celle du refrain du troisième couplet selon l’analyse que nous en avons donnée, forme qu’on retrouve précisément dans les trois derniers vers des deux couplets de E! quant m’es greu comme l’a montré A. Alberni dont Chaguinian ignore la contribution, qui considère logiquement que les vers correspondants du second couplet présentent une lacune. Le texte est donc à revoir sur la base du travail d’Alberni suivi dans l’ensemble par G. Gouiran 19 . Les refrains artificiellement obtenus dans la tradition éditoriale (qui renverraient à autant d’albas réelles ou fictives) ne sont par conséquent qu’une partie intégrante des couplets, et ne peuvent certainement pas être considérés comme des matériaux popularisants comme le fait J. Romeu i Figueras dans son Corpus d’antiga poesia popular 20 . - 226, 1: 5: lire «Dieu», non «dieu». - 227, 1: 17: supprimer la virgule après «cavalhiers». - id., 2.10-11: Chaguinian reprend la lecture de M. de Riquer qui la jugeait pourtant peu satisfaisante: «Car qui vol far/ Ar m’es compar./ (. . .)», traduit en «car celui qui cherche maintenant le plaisir d’amour est mon ami./ (. . .)»; Alberni maintient le découpage des mots dans le ms.: «armes, ço·m par,/ (. . .)» traduit en: «Car qui veut faire métier d’armes, il me semble,/ (. . .)»: cette interprétation marginalise davantage la question de l’amour dans cette pièce atypique. - 228, 3: 17: découper «Nostr’ es». Per grazir. 237, trad. de 3: 4: lieys renvoie plus sûrement à amor (v. 2) qu’à la dame. - 241, dern. l.: lire que·m, non qu·m. Ab plazen. Il n’y a pas de raison de détacher le refrain de la strophe (chanson à refrain). E! Quant m’es greu. 247: précisons que dans «L’anonymat dans la tradition manuscrite de la lyrique troubadouresque», CCM 43 (2000), F. Gambino propose de lui attribuer le numéro 461,113aa. - 252: la traduction du v. 2: 19 («voudraient posséder un jour») trahit l’horizon d’attente supposé par l’auteur; on rectifiera donc avec Alberni 2006: 286: «. . . un jour à l’aube». - 254, l. 8 avant la fin, lire «Febrer», non «Faber». Lo pair’ e·l filh. 258: que cette pièce diffère des cinq autres compositions attribuées à Bernart de Venzac n’est en rien un argument valable pour contester l’attribution des ms., à moins de contester celles de Gaita be à Raimbaut de Vaqueiras, de Dieus aydatz à Raimon de Las Salas, de Ab plazen à Guiraut Riquier ou mieux encore, de Reis glorios à Giraut de Bornelh. 312 Besprechungen - Comptes rendus 17 G. Gouiran, «Et ades sera l’Alba». Angoisse de l’aube, recueil des chansons d’aube des troubadours, Montpellier 2005: 69. 18 La virgule est de trop comme le montre la traduction. 19 «Et ades sera l’Alba» cit.: 74-79. 20 Barcelone 2000, n° 36 à 38. Vers Dieus. 271: lire «sirventes». - 276: les exemples de tornadas irrégulières sont mauvais; pour Cercamon, cf. U. Mölk, «Deux remarques sur la tornada», Metrica 3 (1982): 3-14, à la p. 14; la canso de Giraut de Bornelh est dépourvue de tornadas. Rien n’interdit de voir dans le dernier couplet une lacune de quatre vers, favorisée par le caractère satisfaisant de cette forme écourtée comme nous l’avons suggéré ailleurs 21 . Esperansa. 283: corr. esperanza en Esperansa (291); même chose p. 353 et 356. - 289: dans la formule, séparer la tornada de la strophe (trois derniers vers). Or leves sus. 306, tableau: il aurait fallu préciser que l’occ. a alumat eût ajouté une syllabe et aurait affecté la rime, que de grat aurait affecté la rime, et sia de si eys la césure. - 314: l’auteur ne semble pas s’être aperçu que le choix de R, à l’encontre de ses prédécesseurs, qui lui paraît plus proche de l’original et lui permet d’illustrer le «dialogue» entre les deux langues, laisse apparaître une césure problématique avec une préposition en quatrième position: «Chacun soit de soi mesme sovinant» (4: 1), là où C nous donne un texte satisfaisant: «Chascus sia de si eys sovinans». - 319: dans la formule, séparer la tornada de la strophe (deux derniers vers). - 322: «il entre à présent le cher présent» (trad. 4: 3) n’est pas des plus heureux. Qui velha. 326: corr. Qyi en Qui; même chose p. 104, 327, 353 et 356. - 327-29: il n’y a pas lieu de séparer le refrain de la strophe dont il dépend sur le plan syntaxique. Axi com cel. 334: le dernier vers de la tornada doit être analysé en 4c6’d. - 337, 1: 1: changer con en com (cf. 332, 340, l. 4, 354 et 356). - 338, 6: 1: lire «estella» (cf. Leçons rejetées). Table des incipit et concordance. 353-354: la colonne «N° dans cette édition» est d’une certaine façon sans objet: ces numéros ne figurent pas en tête des parties consacrées à chaque pièce ni dans la table des matières (on les trouve par contre utilisés dans le glossaire). On y trouve quelques coquilles dans les incipit, comme dans la table des matières et l’édition (cf. supra, passim). Table des matières: outre les coquilles à rectifier dans les incipit, corr. 438a,8 en 434a,8 (356: Cerveri). Dominique Billy ★ Pierre Nobel (ed.), La Bible d’Acre. Genèse et Exode. Édition critique d’après les manuscrits BNF nouv. acq. fr. 1404 et Arsenal 5211, Besançon (Presses universitaires de Franche-Comté) 2006, ciii + 263 p. Das Zeitalter der Kreuzzüge ist nicht nur eine Epoche der Eroberungen und kriegerischen Auseinandersetzungen. Während der rund 200-jährigen Besetzung des Heiligen Landes durch die Franken, die 1099 mit der Eroberung Jerusalems beginnt und 1291 mit der Eroberung Akkons durch die Mamelucken endet, kommt es auch zu einer «production artistique des plus éblouissants» (x). Insbesondere in den Skriptorien von Jerusalem und Akkon werden reich illuminierte Manuskripte erstellt, «dont certains figurent parmi les plus beaux du Moyen Âge» (hintere Umschlagseite). Eines dieser Werke ist die Bibel von Akkon, die «la première version à peu près complète d’un Ancien Testament en français» (lxxviii) darstellt und von der hier erstmalig die Bücher Genesis und Exodus ediert werden. Die auf der Grundlage der Vulgata erstellte Übersetzung ist eine Übertragung, «dont la caractéristique essentielle est bien de fournir une sorte de résumé d’histoire (sic! ) sainte» (lxxvii). Das Anliegen dieser Bibelübersetzung ist es, die Kreuzritter in die Nachfolge 313 Besprechungen - Comptes rendus 21 D. Billy, «Contribution à l’étude du chansonnier de Colin Muset», R 125 (2007): 306-41, aux p. 314-15. On y rectifiera la forme du refrain aux couplets II-V (BBBC, non BBBA, avec c = ia). der Hebräer zu stellen, die einst auszogen, um Kanaa zu erobern. Mit derselben Berechtigung befreien die Kreuzritter, so soll ihnen vermittelt werden, Palästina von den Ungläubigen. Damit handelt es sich bei der Bible d’Acre also auch um «une œuvre politique» (hintere Umschlagseite). Das Werk ist in folgenden drei Handschriften überliefert: A (Paris, Bibl. de l’Arsenal, ms. 5211), N (Paris, BNF, nouv. acq. fr. 1404) und N 2 (Paris, BNF, fond fr. 2426). Während N 2 im 15. Jahrhundert in der Provence entstand und eine provenzalische Übersetzung der Bible ist, stammen die altfranzösischen Versionen A und N aus einem oder zwei verschiedenen Skriptorien von Akkon. Das reichlich illuminierte Manuskript A entstand wohl in der Zeit 1250-54 aufgrund eines Auftrags des französischen Königs Ludwigs des Heiligen (1226- 70), der sich von 1250 bis 1254 in Akkon aufhielt. «Il s’agit là assurément d’un ‹livre royal›» (xiii). Die ebenfalls reichhaltig illuminierte Handschrift N wurde wohl 1280-81 angefertigt und war «peut-être destiné à un membre d’un ordre religieux» (hintere Umschlagseite), vielleicht für ein Mitglied des Templerordens. Während die beiden im Heiligen Land entstandenen Manuskripte, auf die sich die hier vorgelegte Edition primär stützt, inhaltlich, «(m)is à part quelques différences de composition» (xxxi), denselben Text enthalten, unterscheiden sie sich aber wesentlich in folgenden drei Bereichen: Der Illuminator von A «s’inspirait . . . de modèles byzantins et d’autres d’origine occidentale», der von N hingegen «reste fidèle à l’art gothique parisien» (xiv). Außerdem ist in den beiden Handschriften die Kapiteleinteilung vollkommen unterschiedlich. Und schließlich enthält N (sowie auch N 2 ) Glossen, während diese in A vollkommen fehlen. In N befinden sie sich am Rand der Folios; in N 2 hingegen sind sie in den Text integriert, was in vielen Fällen zur Folge hat, dass der Sinn des Textes unverständlich wird. Der Inhalt der Glossen ist vielfältiger Art: sie erklären die für den mittelalterlichen Leser unverständlichen Wörter und Ausdrücke des biblischen Textes; sie legen den Sinn einzelner Passagen der Heiligen Schrift gemäß der mittelalterlichen Exegese dar; in anderen Fällen erläutern sie die geographische Lage der im Text genannten Orte u. a. m. Obwohl sich in zahlreichen Fällen für den Inhalt der Glossen eindeutige Quellen ermitteln lassen (Petrus Comestor, Historia scholastica; Isidor von Sevilla, Etymologiae; Biblia latina cum glossa ordinaria u. a.), muss festgehalten werden, und das wird hier nachgewiesen, dass sie «essentiellement . . . un travail personnel» (xlviii) des Kopisten sind. P. Nobel stellt der Textedition eine sehr umfassende, insgesamt von großer Erudition zeugende «Introduction» (xi-ciii) voran, aus der ich vorangehend schon mehrfach zitiert habe. Darin informiert er zunächst ausführlich über die Manuskripte der Bible d’Acre, deren Beziehung zueinander und über die zwischen den Handschriften bestehenden Unterschiede (die Arbeit der Illuminatoren, die Glossen, die Einteilung des Textes in Kapitel). In diesem Teil der Einleitung überzeugt allerdings der Abschnitt «L’original» (xxxi-xxxvi) absolut nicht. Bei der Beantwortung der Frage, welches das Original der drei Manuskripte der Bibel von Akkon ist, sieht sich der Editor hier «tenté d’attribuer une origine anglonormande à cette source lointaine» (xxxiii). Eine solche These kann natürlich nur rein spekulativer Natur sein, mit der nichts nachgewiesen wird. Dies zeigen im übrigen auch die in diesem Zusammenhang verwendeten Formulierungen deutlich an («pourrait» [xxxiii], «peut-être» [xxxv], «impression» [xxxvi] u. a.). Ganz im Gegensatz hierzu bildet der Abschnitt «Les gloses marginales» (xxxvii-xlix) ein Musterbeispiel der philologischen Analyse. Der Editor legt hier in gekonnter und völlig überzeugender Weise die verschiedenen Quellen der Glossen sowie deren Funktionen im Text dar. Und auch die ausführlichen Abschnitte «La traduction» (lxvii-lxxviii) und «La langue» (lxxix-xcii) zeichnen sich durch Gründlichkeit und weiten Sachverstand aus. Für die Edition (1-112) der beiden ersten alttestamentlichen Bücher der Bible d’Acre hat der P. Nobel, wie er wiederum völlig überzeugend aufzeigt (cf. xxv-xxx), die Handschrift N 314 Besprechungen - Comptes rendus als Basismanuskript gewählt. Die Lesarten des Manuskripts A werden hinter dem Zeichen V] im textkritischen Apparat verzeichnet. Um diesen laut P. Nobel nicht zu überlasten, werden die Varianten der provenzalischen Handschrift N 2 hingegen in den Anmerkungen am Ende der Edition angeführt. Dies ist ein recht ungewöhnliches Verfahren; es erschwert obendrein dem Leser, der seine Informationen an zwei verschiedenen Stellen der Arbeit suchen muss, die Überprüfung der Richtigkeit der Textedition. In Fällen, in denen die Lesart von A der von N vorgezogen wird, befindet sich die Variante von N im textkritischen Apparat hinter dem Zeichen C]. Es ist nicht die Absicht von P. Nobel - und das ist richtig so - «de créer une copie hybride» (lxv). Darum verbessert er anhand der Lesarten von A und N 2 die Handschrift N nur dann, wenn ein evidenter Fehler des Kopisten oder ein Sinnfehler vorliegt. Im Text von N fehlende Elemente werden ebenfalls anhand von A und N 2 ersetzt. Sie stehen im Text zwischen den Klammern . . . und werden in der Regel in den nach der Edition stehenden Anmerkungen kommentiert. Die Textedition ist mit größter Sorgfalt in mustergültiger Weise erstellt worden. Bei zahlreichen stichpunktartig durchgeführten Überprüfungen habe ich keine Textstelle gefunden, an der eine Korrektur anzuzeigen wäre. Die umfangreichen «Notes à l’édition» (113-96), die der Textedition folgen, geben Kommentare zu sprachlichen Problemen einzelner Wörter oder Stellen des edierten Textes. Hier stellt P. Nobel insgesamt gesehen eine weite und profunde Sachkenntnis und eine beste Kenntnis der altfranzösischen Sprache unter Beweis. Deshalb sind die Erläuterungen in den allermeisten Fällen auch vollkommen überzeugend. Schade ist es aber, dass sich der Editor an mancher Stelle der Anmerkungen auch auf den Pfad der puren Spekulation begibt, was deutlich durch Formulierungen wie «pourrait» (113, 114, 119, 125, 141 u. a.), «peut(-)être» (113, 115, 119 u. a.), «Il nous semble» (114, 147, u. a.), «On a l’impression (127, 129, 137 u. a.) angezeigt wird. In solchen Fällen bleiben die vorgetragenen Thesen natürlich ohne Beweiswert. Ein mit Sorgfalt erstelltes «Glossaire» (197-237), ein «Index des noms propres» (239-249) sowie eine umfassende, bestens strukturierte «Bibliographie» (253-62) beschließen den Band. Wenn ich auch an einigen Stellen Negatives angeführt habe, bleibt insgesamt festzuhalten, dass P. Nobel eine gekonnte und insgesamt überzeugende Edition vorgelegt hat, mit der eine seit langem bestehende Forschungslücke geschlossen wird. Und es ist nur zu hoffen, dass in Kürze auch die übrigen alttestamentlichen Bücher, die in den Manuskripten der Bible d’Acre enthalten sind, in ebenso trefflicher Weise in einer Textausgabe zugänglich gemacht werden. Arnold Arens ★ Corinne Pierreville (ed.), Claris et Laris, Paris (Champion) 2008, 1134 p. (CFMA 157) Claris et Laris ist mit insgesamt 30372 Achtsilbnern «un des plus longs romans arthuriens en vers de la littérature médiévale» (9). Das von einem anonymen Autor geschriebene Werk entstand, wie aus den Anspielungen des Prologs auf zeitgenössische Ereignisse, zum Beispiel auf die Einnahme von Antiochia (1260) oder von Konstantinopel (1268), zu entnehmen ist, in den Jahren zwischen 1268 und 1291, wahrscheinlich «aux années 1270» (9). Während in der Forschung bislang Uneinigkeit über die Frage bestand, ob der Roman im pikardischen oder lothringischen Dialekt geschrieben sei, weist die Editorin anhand einer exhaustiven Analyse der Sprache des Romans (59-88) überzeugend nach, dass der Text «présente un nombre bien plus élevé de traits lorrains que picards» (87). Inhaltlich wird in dem Werk Folgendes dargestellt: Claris, ein junger hübscher Mann im Dienst des greisen gascognischen Königs Ladon und dessen nur 15 Jahre alten Ehefrau 315 Besprechungen - Comptes rendus Lidaine, verliebt sich tief in die junge Königin. Um seinen Liebesqualen zu entfliehen, bittet er seinen Herrn, ihn zum Ritter zu schlagen und zum Hof des Königs Artus zu entsenden. Ladon entspricht dieser Bitte und stellt dem Claris als Gefährten Laris, den Bruder seiner Ehefrau, zur Seite. Die zwei Protagonisten, die fortan durch eine «amitié insigne» (hintere Einbandseite) miteinander verbunden sind, vollbringen auf dem Weg zu König Artus ihre ersten ritterlichen Taten, indem sie Gefangene befreien und Unheil sowie Leid stiftende Personen töten. Nachdem sie von Artus ehrenvoll in den Kreis der Table Ronde aufgenommen worden sind, tragen sie durch ihren Einsatz entscheidend dazu bei, dass der bretonische König den Sieg davonträgt im Kampf gegen die Römer, gegen Spanien, die Gascogne, Dänemark und Deutschland, «instaurant dans tous ses pays une ère de concorde universelle» (hintere Einbandseite). Nach dem Tod des alten Königs Ladon wird Claris mit der von ihm angebeteten Lidaine vermählt, und König Artus krönt das Paar zu Herrschern der Gascogne und Spaniens. Ebenso wird am Ende des Romans auch Laris mit der von ihm geliebten Marine, der Schwester Yvains, vermählt, und das Paar erhält die Königskrone über Deutschland und Dänemark. Im Zentrum des gesamten Handlungsgeschehens steht das Thema der Freundschaft der beiden Protagonisten. Der zweimalige Verlust des Freundes (einmal in der Bretagne, dann in Dänemark) treibt Claris dazu, sich gemeinsam mit Gefährten auf eine lange Suche nach Laris zu begeben (Textumfang: 13221 Verse); während dieser Suche, an der sich die meisten aus anderen Artusromanen schon bekannten Personen beteiligen, erleben die Ritter «(de) multiples aventures chevaleresques, sentimentales et merveilleuses» (hintere Einbandseite). Claris et Laris ist zwar einerseits «une œuvre visant à rassembler l’ensemble des motifs et des personnages arthuriens» (10). Andererseits sind aber auch signifikante Unterschiede zu den zeitlich vorangehenden Artusromanen festzustellen. Die beiden Protagonisten sind «(de) parfait(s) inconnu(s)» (41); Lancelot wird nur ein einziges Mal erwähnt (v. 7470); Galaad und Bohort sowie die Romane des Gralzyklus und La Mort le roi Artu werden mit Stillschweigen übergangen; und Perceval schließlich «redevient uniquement le vaillant guerrier qu’il était en Cligés» (46). Diese Abweichungen von der Artustradition zeigen, dass der Dichter «désacralise . . . l’éthique chevaleresque» (46). In seinem Werk geht es nicht um die zerstörerischen Inhalte des Artusstoffes und nicht um die spirituelle Suche nach dem Gral, sondern um die Suche nach Laris. «(L)’amitié est un principe fécond qui gagne l’ensemble des chevaliers que côtoient Claris et Laris et les inicite à se surpasser en luttant pour des causes justes» (45). Es ist somit das Menschliche, das in der gesamten Erzählung im Vordergrund steht. Der Dichter scheint davon überzeugt zu sein, dass «(l)a chevalerie arthurienne doit s’ouvrir sur des forces nouvelles pour s’y régénérer» (41). Und dieses neue Ritterethos, so vermittelt er, besteht darin, sich ganz den «tâches utiles ici-bas, la libération des peuples opprimés, la protection des faibles, le maintien de la justice et du droit» (46) zu widmen. Auf diese Weise kann dann «l’utopie d’une concorde universelle» (44) zur Realität werden. Somit ist das Werk ein «roman profondément optimiste» (51). Der Roman ist uns in nur einem einzigen wahrscheinlich zu Beginn des 14. Jahrhunderts enstandenen Manuskript überliefert (Paris BN, f. fr. 1447), dessen Kopist «a apporté beaucoup de soin à recopier le roman comme le prouvent les rectifications qu’il introduit lui-même dans les colonnes» (102). Auf der Basis dieser Handschrift erstellte dann Ende des 19. Jahrhunderts J. Alton die bislang einzige vorliegende Ausgabe des Werkes 1 . Da diese Edition absolut nicht mehr den heute gültigen Editionsstandards entspricht und außerdem eine beachtliche Zahl an fehlerhaften Lesarten und Auslassungen von Textpassagen aufweist (cf. «Liste des erreurs et coquilles de l’édition de Johann Alton», 1033s.), war die Vorlage einer 316 Besprechungen - Comptes rendus 1 Li Romans de Claris et Laris, Tübingen 1884 (Bibl. des lit. Vereins in Stuttgart 169); Neudruck Amsterdam 1966. neuen Textausgabe schon seit langem ein dringendes Desiderat. Erfreulicherweise schließt nun C. Pierreville 2 , «maître de conférences» an der Universität Jean Moulin-Lyon 3, mit der hier anzuzeigenden Arbeit in insgesamt gekonnter Weise diese Forschungslücke. Bei der Erstellung der Textausgabe ist es Pierrevilles Prinzip, «(de) respecter le plus fidèlement possible la forme du texte tel qu’il apparaît dans le manuscrit» (101s.). Ein solches Procedere ist absolut richtig, insbesondere angesichts der Tatsache, dass der Kopist bei seiner Arbeit mit größter Sorgfalt vorgegangen ist. Die Editorin hat nur dann in den Text eingegriffen, wenn in ihm evidente Verstöße gegen die Grammatik oder das Metrum vorhanden waren. In diesen nicht sehr zahlreichen Fällen wird die zurückgewiesene Lesart der Handschrift in einer Fußnote vermerkt und die vorgenommene Korrektur im Text in eckige Klammern gesetzt. Soweit ich stichpunktartig überprüfen konnte, ist dieser Teil der Editionsarbeit in fehlerfreier Form durchgeführt worden, was als ein großes Verdienst der Herausgeberin zu würdigen ist. Schade ist es allerdings, dass nicht an den Stellen, an denen im Manuskript Passagen des Textes fehlen, zumindest der Versuch einer Emendation unternommen worden ist. Aber vielleicht kann man ja auch nicht alles erwarten. Der Textedition ist eine recht ausführliche «Introduction» (9-109) vorangestellt, aus der vorangehend bereits mehrfach zitiert wurde. In ihr findet man die üblichen Angaben zum edierten Text: Kontext des Romans, Inhaltsangabe des Werkes, Beschreibung des Manuskripts, summarische literarische Interpretation des Textes sowie eine eingehende Analyse der Sprache und des Metrums. Dabei ist nach meinem Urteil der Abschnitt zur «intertextualité» (48-51), in dem die Quellen des Romans abgehandelt werden, viel zu kurz geraten. Aber angesichts des immensen Umfangs von Claris et Laris blieb offenbar aus Raumgründen gar keine andere Wahl; und außerdem kann man ja auf Pierrevilles bereits angesprochene philologische Analyse des Romans zurückgreifen. Was die von der Editorin vorgenommene Gliederung des Romangeschehens in sechs Handlungsabschnitte betrifft (11s.), so ist natürlich grundsätzlich zu sagen, dass einem jeden Dispositionsversuch eines Textes der Charakter des Subjektiven zwangsläufig anhaften muss. Aber auf jeden Fall ist aus inhaltlichen und textstrukturellen Gründen der von Pierreville unterbreitete Gliederungsvorschlag des Textcorpus überzeugender als die von D. Kelly 3 vorgelegte Disposition des Romans, wonach der Text aus nur drei Handlungsteilen besteht. Der Edition folgen in dem Abschnitt «Notes» (1011s.) einige sprachliche und inhaltliche Erläuterungen zum Text. Leider handelt es sich dabei um ein absolutes Minimum an Kommentaren, von denen etliche obendrein gänzlich überflüssig oder rein spekulativ sind; so etwa die Darlegungen zu den v. 21960, 23396, 23409 u. a. (1026s.). Anschließend werden die oben schon genannte Liste der Fehler in der Edition von J. Alton (1033-36), eine «Table des proverbes» (1037-41), eine «Table des noms propres» (1043-62) und ein «Glossaire» (1063- 1131) geboten, das leider nur ein Auswahlglossar ist. Trotz einiger keineswegs gravierender Mängel eine insgesamt überzeugende und verdienstvolle Leistung, zu der man C. Pierreville Dank und Anerkennung aussprechen muss. Arnold Arens ★ 317 Besprechungen - Comptes rendus 2 Die Editorin hat 2008 auch eine eingehende philologische Analyse des Romans vorgelegt: Claris et Laris, somme romanesque du XIII e siècle, Paris. In diesem Werk, auf das hiermit nachdrücklich verwiesen sei, findet man ausführlich all das abgehandelt, was in der Einleitung zur Edition fehlt oder zu knapp geraten ist. 3 «Multiple Quests in French Verse Romance: Merveilles de Rigomer and Claris et Laris, in: L’Esprit créateur 9 (1969): 257s. Gilles Roussineau (ed), Perceforest. Première partie, vol. 1-2, Genève (Droz) 2007, ccxxv + 1481 p. (Textes littéraires français 592) Der in sechs Teile und in insgesamt 531 Kapitel gegliederte Roman Perceforest 1 ist «une des plus vastes compositions en prose du Moyen Âge» 2 . Inhaltlich umfasst die Darstellung die Zeit ab der legendären Landung Alexanders des Großen und seiner Gefährten in Großbritannien bis hin zu den Jahren unmittelbar vor König Artus. Auf diese Weise verbindet der anonyme Autor den Zyklus Alexanders des Großen mit dem des Königs Artus und zeigt somit auf, dass in den Venen des legendären britischen Königs griechisches Blut fließt. Trotz der immensen Materialfülle ist ein durchdacht aufgebautes Werk entstanden. «L’œuvre est construite avec rigueur, selon un plan qui semble, dans ses grandes lignes, élaboré dès la rédaction du début du roman» (cx). Eine erste und heute nicht mehr erhaltene Version des Romans entstand um 1340 im Hennegau zur Zeit des Grafen Wilhelm I. und wurde wohl von einem clerc in der nahe bei Valenciennes gelegenen Abtei St-Landelin geschrieben. Der Perceforest, so wie wir ihn heute kennen und wie er in den Handschriften vorzufinden ist, muss aber eine um die Mitte des 15. Jahrhunderts vorgenommene Überarbeitung und Modernisierung der ersten Version sein. Dafür liefern sprachliche und auch inhaltliche Gegebenheiten, die Roussineau hier erneut ausführlich darstellt (ix-xlvi), «le temoignage irrécusable» (xxx). Diese zweite Version, die am Hof des burgundischen Herzogs Philipps des Guten (1419-67) entstanden sein dürfte, ist in vier Manuskripten des 15. und in zwei Drucken des 16. Jahrhunderts überliefert. Dabei enthält nur die Handschrift C (Bibl. de l’Arsenal 3483-94) den Text in seiner Ganzheit, während die übrigen Manuskripte lediglich einzelne Teile des Werkes überliefern 3 . 1970 wagte es J. H. M. Taylor als erste, mit ihrer von der Universität Oxford angenommenen Dissertation wenigstens eine kleine Parzelle dieses gigantischen Werkes in einer Edition zugänglich zu machen 4 . Ihr folgte auf diesem Weg dann 1982 G. Roussineau, heute Professor an der Sorbonne, der wiederum in einer Dissertation eine textkritische Ausgabe des gesamten vierten Teils des Perceforest vorlegte, deren überarbeitete Fassung 1987 ebenfalls bei Droz erschien 5 . Seit seiner Promotion scheint Roussineau von der Absicht geradezu besessen zu sein, den Perceforest in all seinen sechs Teilen in einer textkritischen Edition vorlegen zu wollen. In erstaunlich rascher Folge, die einem jeden tiefen Respekt abverlangt, hat er bislang immerhin zwei Drittel des umfassenden Werkes ediert (cf. nähere bibliographische Angaben dazu ccxi-ccxiii). Mit den hier anzuzeigenden zwei Bänden wird der gesamte erste Teil des Werkes ediert. Auf den ersten Blick mag es überraschen, dass auch das von J. H. M. Taylor bereits edierte erste Drittel des ersten Teils hier erneut herausgegeben wird (§ 1-380 dieser Ausgabe). Letztlich kann man aber den Editor und insbesondere den Verlag zu dieser Entscheidung nur beglückwünschen, da somit eine Textedition «aus einem Guss» entstehen wird. Denn es ist zu berücksichtigen, dass sich Taylor und Roussineau nicht nur in der Auffassung über die Genese des Romans, sondern auch in der Textkritik sowie in den Prinzipien der Texterstellung und dessen materieller Präsentation erheblich voneinander unterscheiden. 318 Besprechungen - Comptes rendus 1 Ich beschränke mich an dieser Stelle auf ein Minimum an Angaben zum Perceforest in seiner Gesamtheit, denn Inhalt und literarischen Wert des Gesamtwerkes sowie dessen paläographischen Befund habe ich bereits eingehend dargestellt in meiner hier erschienenen Besprechung der Edition des ersten Buches von Teil ii des Romans: VRom. 61(2002): 328s. 2 J.-P. de Beaumarchais et al., Dictionnaire des littératures de langue française, Paris (1984): 1731. 3 Zu näheren Details cf. VRom. 61(2002): 329. 4 In überarbeiteter Fassung erschienen bei Droz: Roman de Perceforest. Première partie, Genève 1979. 5 Perceforest. Quatrième partie, 2 tomes, Genève 1987. Inhaltlich enthält der erste Teil des Werkes Folgendes: Am Anfang steht ein ausführlicher Prolog (§ 1-79), der neben einer kurzen geographischen Beschreibung Großbritanniens und Irlands (§ 1-3) die nahezu wortgetreue Übersetzung der ersten 52 Kapitel der Historia Regum Britanniae des Geoffroy of Monmouth enthält. Diese «fidélité scrupuleuse au texte latin» (lvi), in dem die Zeit seit der Zerstörung Trojas bis acht Tage vor der Landung Alexanders des Großen in Großbritannien dargestellt wird, dient dem Autor als «caution historique» (xlviii), um seinem Roman den Charakter eines glaubwürdigen Geschichtswerkes zu verleihen. Alsdann wird in § 80-85 der Bericht über die im Januar 1308 gefeierte Vermählung Eduards II. von England (1307-27) mit Isabella, der Tochter des französischen Königs Philipp IV. (1285-1314), eingeblendet. Bei dieser Hochzeitsfeier ist auch Graf Wilhelm I. aus Hennegau anwesend, der anschließend Isabella nach England begleitet. Während eines Besuchs in der Abtei von Wortimer wird ihm ein in einem Schrank verstecktes Buch über die Geschichte des britischen Königs Perceforest übergeben, das er dann, in seine Heimat zurückgekehrt, aus dem Lateinischen und teils Griechischem ins Französische übertragen lässt. Dieser Topos vom zufällig wieder entdeckten Buch steht somit vor dem Romantext selbst, der in den § 86-1212 enthalten ist. Das Romangeschehen reicht von der aufgrund eines Seesturmes zufälligen Landung Alexanders des Großen und seiner Gefährten in Großbritannien bis zu seinem Aufbruch von dort nach Babylon. Alexander wird dargestellt als «le parangon du prince idéal» (lx). Da Großbritannien nach dem Tod des letzten Regenten königlos ist und sich auch in einem desolaten Zustand befindet, lässt Alexander als erstes seinen Gefährten Betis zum König des Landes krönen, der sich alsdann Perceforest nennt. Der erste Erfolg des neuen Königs ist die Befreiung des Landes von den Untaten des Zauberers Darnant und dessen «chevaliers du mauvais lignage» (xcv). Alexander seinerseits sorgt dafür, dass «la chevalerie va connaître un nouvel essor et les royaumes d’Angleterre et d’Écosse une période de redressement et de prospérité» (lxxvii). Die Einnahme des Schlosses von Malebranche schließlich, eines Sohnes von Darnant, «confirme le renouveau de la chevalerie dans l’île» (lxxii). Die Austragung von Turnieren und «une conception rénovée de la religion» (lxxx), die zwischen dem heidnischen Polytheismus und dem christlichen Monotheismus anzusiedeln ist, begleiten die Rückkehr zu den Quellen des Rittertums.Wie in den Artusromanen fehlt auch in diesem Werk nicht das Thema der quête: Da Alexander und sein Gefolge nach dem Kampf des Perceforest gegen Darnant nicht wissen, wo sich der König befindet, beginnt die mühsame Suche. Während dieser Suchaktion begegnet Alexander auch der Fee Sebille, der Dame du Lac, die ihn, ohne dass er es bemerkt, 14 Tage festhält. Das Ergebnis dieses Aufenthalts ist die Schwangerschaft Sebilles, deren Sohn ein Vorfahr des Königs Artus ist; somit fließt, wie bereits erwähnt, griechisches Blut in den Venen des christlichen Herrschers. Mit der von Alexander vorgenommenen Krönung Gadifers zum König von Schottland, einem anschließenden Turnier und einem großem Fest findet der erste Teil des Perceforest sein Ende. Am Morgen nach dem Fest ist Alexander schon abgereist, um gegen Babylon zu ziehen. Wie der Roman in seiner Gesamtheit ist auch dessen erster Teil «construite selon un plan équilibré et bien ordonné» (civ). Das Geschehen des Romans wird zyklisch umrahmt von den Krönungen des Betis/ Perceforest am Anfang und Gadifers am Ende. Der auf diese Weise eingerahmte Handlungsteil ist «selon la technique de l’entrelard» (civ) angelegt: statt in einem linearen récit werden die Ereignisse und auch die Handlungsträger mit vielfältigen Verknüpfungen und Verflechtungen dargestellt, womit der Gefahr der Monotonie vorgebeugt wird. Ferner wechseln Szenen von höchster Spannung ab mit «scènes de détente où les personnages se divertissent librement» (cii). Und trotz der immensen Materialfülle muß man feststellen, dass «(a)u sein de cette construction bien agencée, de nombreux effets de parallélisme et de symétrie renforcent la cohésion du récit» (cvi). 319 Besprechungen - Comptes rendus Basismanuskript der Textedition (1-891) des ersten wie im übrigen auch des zweiten und dritten Teiles des Romans ist die Handschrift A (BN Paris, f. fr. 345-48), welche die generellen Skriptamerkmale des Mittelfranzösischen aufweist. Alle Stellen, an denen Roussineau die Lesart von A nicht übernommen und eine Korrektur durchgeführt hat, sind im Text mit einem Asterisk gekennzeichnet, der auf eine Fußnote verweist. Darin werden jeweils die zurückgewiesene Lesart sowie gegebenenfalls die Handschrift/ en angegeben (in den meisten Fällen nur mit Siglen und nicht mit Text angeführt), nach der/ denen die Korrektur vorgenommen wurde. Ein Vergleich des von Taylor und Roussineau edierten Romanteils zeigt deutlich, dass letzterer wesentlich häufiger und in vollkommen überzeugender Weise in den Text des Manuskripts eingegriffen hat, insbesondere bei Namensnennungen, so dass eine bessere Textversion entstanden ist. Der Edition ist eine sehr ausführliche «Introduction» (ix-ccxxv) vorangestellt. Hier werden zunächst neue Aspekte zur oben bereits angesprochenen Frage der Entstehung des Romans behandelt (ix-xlvi). Es folgen dann Darlegungen zum Stellenwert der Übersetzung einer langen Passage von Geoffroy of Monmouth’ Historia (xlvi-lvi), ein sehr langes Kapitel über den Gehalt, die literarischen Qualitäten und die Struktur des ersten Romanteils (lvi-cxvi), «Remarques sur la langue du texte» (cxvi-cxlviii) (hier ist vor allem die Auflistung der Erstbelege von großer Bedeutung für die historische Sprachwissenschaft), eine detaillierte inhaltliche Wiedergabe des Romangeschehens (cxlix-ccxi) und schließlich ein «Complément bibliographique» (ccxiccxxii). Der Textedition folgt das in mikroskopischer Kleinarbeit erstellte Kapitel «Variantes» (893-1060), in dem die Lesarten der übrigen Handschriften und auch des Frühdrucks von Galiot du Pré (1528) angeführt werden. In dem langen Kapitel «Notes» (1061-219) bietet Roussineau substantielle Kommentare zu sprachlichen und auch inhaltlichen Fragen. Zwei Indices (Sprichwörter und Eigennamen) (1221-64) und ein sehr ausführliches «Glossaire» (1264-480) beschließen die Edition. Dabei kann gerade das Glossar, das in der Tat ein «glossaire développé» (hintere Einbandseite) darstellt, jedem zukünftigen Editor als Musterbeispiel einer gründlichen philologischen Recherche dienen. Wieder einmal hat Roussineau auch mit der Edition des ersten Teils des Perceforest eine hervorragende Leistung erbracht, für die ihm die Romanisten, insbesondere die Mediävisten zu großem Dank und zu Anerkennung verpflichtet sind. Der Herausgabe des fünften und sechsten Romanteils darf man mit großer Erwartung und Freude entgegensehen. Arnold Arens ★ Eglal Doss-Quinby/ Roberta L. Krueger/ E. Jane Burns (ed.), Cultural Performances in Medieval France. Essays in Honor of Nancy Freeman Regalado, Cambridge (Brewer) 2007, xxxvi + 299 p. (Gallica 5) Parmi les contributions de ce recueil largement tourné vers des aspects littéraires et culturels se trouvent deux contributions susceptibles d’intéresser les lecteurs de Vox Romanica, toutes deux réunies dans la première partie, intitulée «Poetic and Musical Performances». Dans «Subtilitas and Delectatio: Ne m’a pas oublié», E. H. Roesner donne une édition soigneusement commentée d’un motet du recueil de Montpellier H 196 où il occupe une place significative, au début de ce qui semble être un libellus particulier, ce que soulignent les miniatures ornant la grande capitale initiale et le bas de page avec les enluminures marginales, soigneusement décrites par l’auteur. Si l’on peut reprocher à l’auteur de ne pas corriger ou discuter les éditions précédentes dont il donne cependant les références 1 , de ne pas 320 Besprechungen - Comptes rendus donner la référence dans les bibliographies de Gennrich et de Linker ou le répertoire de Mölk et Wolfzettel 2 , de donner un exposé inutile sur la polysémie du terme musical color, «summary» qui «draws heavily on the article ‹Color›» de l’admirable et très complet Lexicon musicum latinum medii aevi de M. Bernhard, on appréciera par contre d’autant plus l’étude offerte par Roesner que les motets sont particulièrement difficiles à décrire en raison de l’intrication complexe des voix, de la forme métrique et de la structure mélodique qui visent à des effets complexes. L’étude musicale met en évidence la longue rupture centrale de la continuité mélodique au beau milieu d’un vers, marquant la reprise du ténor In seculum. On précisera juste que la reprise de la mélodie avec novelement mes(disant) des v. 19-20, qui marque précisément la rupture, reproduit celle de sans fauseté / s’a(mor ai) des v. 14-15. En outre, cet adverbe qui relance la mélodie est chanté sur un motif de quatre notes qui conclut les vers 1, 5-6 (qui fonctionnent en binôme), 9, 11 et 14 tous terminés sur une rime en [e]. L’auteur étudie la structure d’ensemble de la mélodie du motet dont une partie est traitée en hoquet, faisant ainsi écho au passage étonnant du Roman des deduis de Gace de la Buigne que cite l’auteur, où Amour de Chiens décrit l’aboiement comme apte à chanter motés / et rondeaux et faire hoqués, et compare celui des chiens lancés à la chasse au cerf - sujet précisément de l’illustration de bas de page - à l’exécution d’un motet polyphonique, avec double hoquet. L’article de Rosenberg, «Colin Muset and Performance» soulève des problèmes philologiques que l’on n’a pas l’habitude d’aborder de front, ou que la critique tend à occulter sur la base du principe d’isomorphie supposé régler la versification médiévale dans son ensemble. Cet article se divise en deux parties. Dans la première, l’auteur met l’accent sur la polysémie du nom du trouvère dont Colin joue à l’envi, se mettant lui-même volontiers en scène: il voit là un emblème significatif pour un trouvère dont l’œuvre est d’une richesse et d’une singularité telles qu’ils lui ont valu d’être opposée à celle de Thibaut de Champagne. Cette singularité se manifeste notamment à travers les formes utilisées et plus particulièrement les libertés de sa versification qui défient ses éditeurs, et renvoient selon l’auteur à une attitude particulière de Colin vis à vis de la performance: son insistance inhabituelle à l’égard de l’exécution de ses chansons, avec de nombreuses références tant aux instruments qu’au jeu musical, ou encore la mention des rapports de dépendance financière que le jongleur entretient avec son public témoignent éloquemment de l’implication de Colin dans l’exécution de ses pièces. On pourrait certes émettre dans le détail des réserves sur la question du corpus sollicité, dont Rosenberg 3 lui-même a montré la complexité en y reconnaissant des ensembles d’attribution plus ou moins sûre, le tout oscillant de onze (dont 4 d’attribution garantie par le texte) à 22 pièces, et dont certains sont manifestement à écarter 4 . Ceci étant, c’est la seconde partie qui retiendra notre attention. Rosenberg entend donner son interprétation personnelle de l’irrégularité formelle qui caractériserait le style poétique de Colin. Trouvant un accommodement musical explicite ou du moins possible, la variation de la mesure des vers ou des strophes serait compréhensible en termes de «performance», l’auteur considérant que ces phénomènes ne sont pas nécessairement des erreurs qui ap- 321 Besprechungen - Comptes rendus 1 Des indications discographiques sont également données. 2 F. Gennrich, Bibliographie der ältesten französischen und lateinischen Motetten, Darmstadt 1957: n° 169; R. W. Linker, A Bibliography of Old French Lyrics, Mississippi 1979: n° 265-1194; U. Mölk/ F. Wolfzettel, Répertoire métrique de la poésie lyrique française des origines à 1350, München 1972: n° 1453,1. 3 «Colin Muset and the Question of Attribution», Textual Cultures 1 (2006): 29-45. 4 Cf. M. Chiamenti, «Cinque testi non attribuibili a Colin Muset», Studi Mediolatini e Volgari 47 (2001): 239-50; voir aussi notre «Contribution à l’étude du chansonnier de Colin Muset», R 125 (2007): 306-41 (=Billy 2007). pelleraient une émendation. L’importance de cette conception s’accroît si l’on prend en compte la conclusion où l’auteur estime que les conclusions vaudraient pour d’autres trouvères: «If this is perhaps not true of the grand chant courtois, which is so sharply focused on the finely-wrought, intricate verbal text, it is assuredly the case of songs of a more popular or jongleuresque type.» (23). Rosenberg accorde en fait une légitimité à des irrégularités à travers lesquelles il semble voir «la prédominance de l’interprétation vocale sur le maintien strict du modèle, et cela à tous les niveaux de formalisation: anisosyllabisme du vers, mais aussi bien irrégularité des strophes dans tel texte où on les attendrait égales» selon la formulation qu’il cite de P. Zumthor (22). Ce sont naturellement les quatre exemples qu’il donne de ces anomalies - dont chacune serait «understandable in terms of performance» (19) - qui doivent retenir notre attention. Rosenberg considère ainsi que l’hypermétrie du vers initial de Volez oïr la muse Muset (RS966), dont rend compte dans la notation la scission d’un groupe de deux notes, n’est certainement pas une erreur: «Nothing could be more frequent or even common place in a song.» (19) Pourtant, la substitution d’un vers de neuf syllabes à un octosyllabe est tout à fait exceptionnelle, et que cela intervienne dans l’incipit la rend encore plus remarquable, même dans le registre popularisant. Le cas de Il me covient renvoisier (RS1300) où le trouvère aurait procédé à une expansion par multiplication avec l’ajout de nouveaux impératifs (Or maingons! / Solaçons! / Deportons! ) peut, d’un point de vue théorique du moins, être défendu, bien que d’autres solutions possibles aient été proposées qui ne se voient pas discutées 5 . L’expansion du dernier couplet que suppose l’auteur dans Ancontre le tens novel (RS582) est par contre fallacieuse, car si Colin renforce bien la conclusion de son poème, c’est tout simplement par l’ajout d’une tornada de trois vers qui s’est trouvée copiée dans la continuité du dernier couplet 6 . Il faut toutefois reconnaître ici que c’est à Rosenberg lui-même et Callahan comme auteur principal de la dernière édition de l’œuvre de Colin que revient le mérite d’avoir repéré la lacune du refrain interne dans ce dernier couplet 7 . Les deux autres exemples soulèvent par contre d’autres questions, avec des vers manquants que Rosenberg propose de suppléer simplement par une répétition. Il s’agit d’un tétrasyllabe féminin dans le premier couplet de Volez oïr, où l’auteur estime que le recours «to the reality of performance» fournit une «more than plausible solution» avec un saut du même au même: Vien ça! si vïele, / [- Ça! si vïele -]. Au-delà du caractère conjectural de l’explication comme de la reconstruction, nous constatons que nous sommes en face d’un tout autre sens du mot «performance» qui semble viser ici les exigences de l’interprétation, la lacune ne pouvant manquer d’être décelée par un interprète dans le système de reprises et de variations qu’offre la notation conservée de la mélodie.Toutefois, cette lacune n’est autre que celle que le philologue (ou/ et le métricien) peuvent déceler: elle n’avait du reste pas échappé à Bédier. Nous comprenons par contre mal comment le concept de «performance» peut intervenir dans la lacune supposée de quatorze syllabes en deux vers au dernier couplet de Il me covient, dans la mesure où seule la comparaison avec la notation qui accompagne le couplet initial la fait apparaître. Ces vers manquants correspondent en effet dans le premier couplet à deux autres vers qui sont chantés sur la même mélodie que les deux qui les précèdent, ce dont Rosenberg déduit: «The melody . . . explicitly concludes with such a repetition», ajoutant: «and there is no reason for the performer not to let it ac- 322 Besprechungen - Comptes rendus 5 Cf. D. Billy 2007: 312-13. 6 Cf. D. Billy 2007: 317-21. 7 Dans Les Chansons de Colin Muset, textes et mélodies. Éditées par Ch. Callahan et S. N. Rosenberg, Paris 2005 (cf. notre compte rendu dans VRom 66 (2007): 301-13). La lacune a également échappé à M. Chiamenti dans son édition, Colin Muset, Poesie, Roma 2005: n° 13. commodate a reprise of this concluding words» (il s’agit ici des deux derniers vers conservés de la pièce). Il semble en effet s’agir à présent de l’interprète moderne confronté à l’exécution du morceau et désireux d’en assurer la cohérence en suivant le modèle fourni par le premier couplet, mais nous ne comprenons pas pourquoi on peut admettre d’un côté la répétition d’un motif mélodique (dans Il me covient également) que la notation initiale ne prévoit pas, et ne pas admettre la réduction d’une répétition prévue dans une telle notation. La solution qui consiste à répéter les mêmes deux vers pour combler la lacune n’a en tout cas quant à elle aucun fondement philologique (y a-t-il seulement de tels cas attestés, en dehors de bis structuraux? ). Nous avons suggéré ailleurs que la fin actuelle pouvait correspondre dans l’original à la fin d’un folio 8 (ce qui ne résout certes pas la question de savoir comment se seraient présentés les vers supposés perdus). Rosenberg est justement attaché aux questions d’interprétation: pour lui la chanson médiévale est encore un objet de vie qui soulève des problèmes dans son exécution auxquels il convient certainement d’apporter des réponses. Sa démarche nous semble cependant confondre différents aspects, car, si la première partie de son article concerne bien la question générale de l’interprétation, dans la seconde, il donne les irrégularités formelles dont il traite, pour partie comme caractéristiques du style poétique de Colin Muset, et pour partie comme des accidents de copie, soit deux aspects qui ne ressortissent ni l’un ni l’autre de l’interprétation au sens strict. Il nous semble que Rosenberg se soit davantage attaché ici à donner des réponses pratiques à l’interprète moderne pour savoir quelle attitude adopter à l’égard des irrégularités rencontrées, qu’aux questions fondamentales touchant à la place qu’il conviendrait d’accorder à l’interprétation des chansons de trouvères à l’époque de leur transcription et à leur incidence éventuelle sur les copies qui nous en sont parvenues. Il n’en reste pas moins que si les tentatives de correction que l’on a pu proposer au chansonnier de Colin sont parfaitement fondées et viables, bien des points restent encore dans l’ombre. Et l’on n’a pas vraiment répondu à l’observation de Bédier qui se demandait dans l’œuvre de quel trouvère on pourrait relever «en moins de neuf cents vers, une répétition aussi fréquente des mêmes caractères singuliers» 9 , encore qu’il faudrait établir déjà quels trouvères non strictement courtois, cultivant un registre popularisant, parviennent à aligner autant de vers. Pour autant, il vaut la peine de rappeler la réflexion qu’a menée Aldo Menichetti 10 dans un article important où l’auteur tente de dégager quelques aspects typologiques qui aident à comprendre le phénomène (certainement pluriel au demeurant) de l’anisosyllabisme, mettant en particulier en évidence la fréquence de l’anonymat et la faiblesse souvent extrême de la tradition manuscrite (mais les deux ne vont-ils pas souvent de pair? ) qui incitent à une plus grande circonspection. Si une dizaine de pièces attribuées à Colin échappent à l’anonymat, il faut bien reconnaître que celles-ci sont souvent conservées dans un seul ms., ou dans une même famille de manuscrits (CU, KNPX), aspect dont Rosenberg ne tient malheureusement pas vraiment compte 11 . Le phénomène affecte davantage des textes polymétriques, contexte qui gomme plus facilement les repères touchant à la mesure, et l’édition Callahan - Rosenberg comporte douze textes de ce genre, même 323 Besprechungen - Comptes rendus 8 Cf. D. Billy 2007: 315 (on corrigera l’incipit de l’alba de Falquet: Vers Dieus, el vostre nom, et la forme du refrain à partir du couplet III: BBBC, avec c = ia). 9 J. Bédier, Les Chansons de Colin Muset, Paris 1938: xxi. 10 «Sur quelques asymétries syllabiques entre les strophes de la chanson (à propos d’anisosyllabisme)», Métriques du moyen âge et de la Renaissance. Actes du colloque international du Centre d’Études Métriques, 22-24 mai 1996. Textes édités et présentés par D. Billy, avec une postface de M. Dominicy, Paris 1999: 145-61. 11 Voir p.ex. p. 19: «Where the following stanzas have five concluding lines, stanza 1, in all the manuscript sources [en fait KNX], has only four». si la distribution des mètres y est assez souvent cloisonnée, atténuant ainsi les risques d’incertitude ou de confusion 12 . L’article de Rosenberg nous semble ainsi une invitation à traiter globalement ces phénomènes d’altérations des formes poétiques pour parvenir à mieux comprendre leurs causes, et à ouvrir le cas échéant des hypothèses d’interprétation et des perspectives, sinon des stratégies de résolution. Si la question de la «performance» se pose, les questions de fond que l’on doit se poser concernent tout d’abord la possibilité pour le copiste de transcrire non pas un texte déjà copié mais l’interprétation d’un texte, et dans ce cas si l’interprète est en sa présence ou non. Dans le cas positif, on pourrait se trouver en face d’altérations ou à tout le moins de modifications ou d’adaptations de la part de l’interprète, que ce soit pour pallier des défauts de mémoire ou mettre l’accent sur des aspects particuliers de l’œuvre qu’il a apprise et renforcer des effets stylistiques: mais alors en quoi serait-on capable de faire la différence avec les altérations apportées par un copiste soucieux d’améliorer un texte qui lui paraît déficient, par exemple? Une autre question fondamentale touche à la nature des modifications que l’interprète pouvait se permettre en toute légitimité, s’il pouvait varier librement la mesure des vers ou des strophes, et de savoir faire la part des fautes éventuelles qui peuvent accompagner toute interprétation. D’autres questions se posent quant aux compétences personnelles du copiste en matière musicale et à sa connaissance de l’œuvre copiée: est-ce un texte qui lui est étranger ou dont il connaît lui-même la mélodie? Quelles sont ses propres compétences de mélomane? Dans quelle mesure la mémorisation d’une mélodie a-t-elle une influence sur la qualité de la copie? On peut devant cette énumération mesurer toute la difficulté que soulève la prise en compte du concept de «performance», mais avant d’ouvrir cette boîte de Pandore, il faudrait ne pas perdre de vue que les exemples ne manquent pas de notations inexactes, elles-mêmes adaptées à des conflits divers suscités par des erreurs de copie qui ont altéré la mesure ou sujettes aux mêmes types de fautes que le texte peut connaître, avec des sauts du même au même, des répétitions intempestives et des rattrapages plus ou moins heureux destinés à combler des lacunes par rapport au texte copié, des transpositions par omission de clés sans parler des notes déplacées et des mélismes mal reportés, toutes fautes qu’il n’est pas toujours aisé de distinguer de variantes authentiques. On comprendra que dans de telles conditions demeure à l’ordre du jour l’approche philologique classique associée à une bonne connaissance des règles fondamentales de la versification mise en œuvre, avec pour objectif de retrouver un texte aussi proche que possible de la version originale, version dont nous ne doutons pas qu’elle ait été l’objet d’une «performance», indemne de corruptions ou d’altérations tant à l’égard de la qualité du texte que des limites que le modèle métrique adopté fixait à la variation formelle. Dominique Billy ★ Florence Bouchet, Le discours sur la lecture en France aux XIV e et XV e siècles: pratiques, poétique, imaginaire, Paris (Champion) 2008, 392 p. Issu d’une Habilitation à diriger des recherches soutenue en Sorbonne en 2005, le présent ouvrage est consacré à la genèse de la lecture littéraire du Moyen Âge tardif en France. En étudiant les lieux où la lecture, objet de discours, est explicitement visée en tant que telle, 324 Besprechungen - Comptes rendus 12 Nous laissons de côté un autre aspect de son article concernant le rôle perturbateur que la musique, pourtant réputée selon lui garante de la mesure, pouvait jouer dans l’exécution (art. cit., p. 158). la chercheure tend à cerner les caractéristiques de cette dernière à travers des pratiques et des usages du livre mis en exergue par un vaste corpus de textes des XIV e et XV e siècles, voire de quelques textes antérieurs comme, par exemple, Le chevalier au Lion de Chrétien de Troyes, le Bestiaire d’Amours de Richard de Fournival ou le Livre du Trésor de Brunetto Latini. Conformément au titre, la réflexion se développe selon les trois axes que constituent, respectivement, les pratiques (Introduction, chap. 1), la poétique et l’imaginaire de la lecture (chap. 2 à 8). Les trois axes se rejoignent dans la conclusion qui dresse le bilan de la situation de la lecture de la période donnée et, en même temps, jette le pont vers la suite, le début du XVI e siècle. Dans sa tentative d’étudier la spécificité de la lecture, l’auteure s’intéresse d’abord aux pratiques vues, avant tout, dans leur dimension historique. Dans l’introduction intitulée Mutations de la lecture (9-21), Florence Bouchet (F. B.) rappelle, dans les grandes lignes, l’évolution du lectorat du XII e au XV e siècle, lequel va de pair avec le développement de la bibliophilie et des métiers du livre. L’approche diachronique du processus de la lecture permet également d’évoquer le problème de la performance orale de la littérature médiévale et le primat de la réception auditive pour proposer ensuite de se concentrer sur l’émergence de la lecture oculaire et silencieuse dans la culture française des XIV e et XV e siècles. Le premier chapitre, Lecteurs ou auditeurs? (23-55), constitue un prolongement attendu de l’introduction, d’autant plus que les pratiques de la lecture y sont examinées sous leur aspect littéraire. L’auteure attire l’attention sur le fait qu’aux XIV e et XV e siècles, les modes de réception de l’œuvre de fiction sont multiples et ne peuvent se réduire à un strict schéma évolutionniste. Elle souligne l’ambiguïté des formules du type «or escoutez» (par exemple dans les chansons de geste en vers du XIV e siècle dont Florent et Octavien, La Chanson de Hugues Capet et La Chanson de Bertrand du Guesclin), relevant assez souvent d’une rhétorique archaïsante qui ne nous renseigne pas sur une réception effective du texte. Pourtant, d’après la chercheure, le va-et-vient constant entre oralité et écriture, trait caractéristique des œuvres littéraires de la période en question, ne doit pas «occulter l’émergence d’une nouvelle pratique, la lecture privée» (55). Le reste de l’ouvrage met l’accent sur la lecture privée considérée, en premier lieu, du point de vue de l’auteur (chapitres 2 à 4). En soulignant le fait que tout écrivain est, avant tout, un lecteur qui écrit avec ses souvenirs de lecture (dans le sillage des travaux de D. Poirion et de J. Cerquiglini), F. B. note que les auteurs médiévaux n’ignorent pas l’héritage antique, quand ils pensent, comme le signale le titre du chapitre 2, au Plaisir et profit du lecteur (57-95). Afin de mettre au jour les particularités du précepte antique du delectare et prodesse dans les textes des XIV e et XV e siècles, elle se penche plus particulièrement sur les prologues du Roman du comte d’Anjou de Jean Maillart, du Roman du comte d’Artois, du Guillaume d’Orange en prose et du Livre du corps de policie de Christine de Pizan qui invitent à croire au transfert du plaisir du conteur au lecteur et à l’existence d’un plaisir nouveau, éprouvé en particulier à la lecture, et non uniquement à l’audition. En somme, le discours des prologues présente la lecture comme un passe-temps agréable et profitable en légitimant ainsi l’activité des auteurs, mais aussi des lecteurs. Le chapitre 3, L’écriture au service de la lecture (97-135), prolonge la réflexion sur la relation de l’auteur à ses lecteurs. F. B. examine les choix d’écriture dont le but est, en cette fin du Moyen Âge, de toucher un lectorat de plus en plus diversifié. L’analyse du recours à la prose, à la fiction de la traduction et aux gloses permet d’aboutir à la conclusion que les choix opérés visent plus la communication que l’invention et contribuent à valoriser l’œuvre aux yeux des lecteurs. Les questions de la valorisation d’une œuvre de fiction font l’objet du chapitre 4, Une esthétique de la cueillette (137-68). En rappelant que la valorisation du propos est «un princi- 325 Besprechungen - Comptes rendus pe poétique autant que didactique» (145), F. B. s’appuie sur les travaux de J. Leclercq et de P. Galland-Hallyn pour passer à l’analyse de l’emploi du vocabulaire du monde végétal dans les textes du corpus. Il en ressort que l’activité des auteurs et, par la-même, celle des lecteurs s’apparente à la recherche d’un trésor qui ne demande qu’à être cueilli. Le chapitre 5, Lector in fabula (169-209), emprunte son titre à l’ouvrage éponyme d’U. Eco en l’utilisant, pourtant, pour désigner un motif littéraire particulier. Il est, sans doute, le plus «poétique» de l’ensemble, car il est consacré à l’analyse des cas où l’auteur ou bien le protagoniste d’une œuvre est représenté en tant que lecteur. L’étude de diverses stratégies de mises en scène du lecteur révèle que la lecture devient une des qualités dignes d’éloges et participe ainsi à l’élaboration du héros idéal. D’autre part, un auteur qui s’écrit en lecteur se rapproche plus de son public avec qui il partage désormais sa qualité essentielle, sa subtilitas, déjà remarquée par J. Cerquiglini dans son étude sur Guillaume de Machaut. Véritable pivot de l’ouvrage, le chapitre 5 - dédié à la représentation du lecteur dans les œuvres du corpus - annonce le changement de la perspective qui sera, dans les chapitres suivants, celle du lecteur. Le chapitre 6 (L’autorité du lecteur, 211-38), met l’accent sur le fait que les auteurs des XIV e et XV e siècles tendent à impliquer le lecteur dans le processus de l’«autorisation» de l’ouvrage jusqu’à l’utiliser, comme le montre le chapitre 7 (La littérature, lieu et enjeu de débat, 239-75), comme une arme permettant de gagner un débat littéraire. À travers des exemples tirés de la querelle du Roman de la Rose et du débat autour de la Belle Dame sans merci, F. B. met en exergue la notion d’entendement du lecteur dont les auteurs ne semblent plus pouvoir se passer, quand ils défendent leurs écrits ou leur point de vue de lecteurs professionnels. Fin d’une longue réflexion sur le rôle du lecteur et la lecture, le chapitre 8 (Le lecteur au contact du livre: l’œil et la main, 277-307), revient aux aspects pratiques de la lecture. Il y est question du langage traité de plus en plus comme un matériau graphique, des rimes pour l’œil, des acrostiches et des anagrammes, autrement dit du contact visuel avec le texte élaboré par les soins de la Grande Rhétorique. F. B. souligne ainsi que le lecteur devient indispensable à la réalisation même du texte et la conclusion (L’invention du lecteur, 309-23) ne fait que confirmer ce constat. Les XIV e et XV e siècles en France apparaissent donc à juste tire comme «la période de genèse décisive à l’égard du lecteur» (323). En dépit du caractère quelque peu redondant de certaines des observations, l’ouvrage de Florence Bouchet se distingue par une structure claire qui le rend agréable à lire. La réflexion dans son ensemble doit beaucoup aux travaux de J. Cerquiglini et J.-C. Mühlethaler, de D. Poirion et P. Galland-Hallyn à l’égard de qui l’auteure reconnaît ses dettes. Pourtant, loin d’être une simple synthèse, l’étude en question ouvre de nouvelles perspectives d’analyse du texte médiéval en privilégiant finalement le point de vue du lecteur saisi à travers les aspects les plus divers de la lecture. Excellente mise au point de la problématique de la lecture dans la littérature française médiévale, l’ouvrage de Florence Bouchet a le mérite indéniable d’être le fruit de l’étude d’un corpus impressionnant de textes des XIV e et XV e siècles dont de nombreux attendent encore leurs lecteurs. Olga Shcherbakova ★ 326 Besprechungen - Comptes rendus Frédéric Duval/ Fabienne Pomel (ed.), Guillaume de Digulleville. Les Pèlerinages allégoriques, Rennes (Presses Universitaires de Rennes) 2008, 486 p. Ce recueil d’articles rassemble les actes d’un colloque tenu à Cerisy en 2006 autour d’un des «parents pauvres» de la littérature médiévale, Guillaume de Digulleville. L’œuvre du moine de Chaalis a longtemps souffert d’un net mépris de la part de la critique, alors même que sa trilogie de pèlerinages allégoriques, le Pèlerinage de Vie humaine (PVH) en tête, le Pèlerinage de l’âme (PA) et la Pèlerinage de Jésus-Christ (PJC), a connu une diffusion manuscrite exceptionnelle et a été traduite dans quelques langues européennes. Quatre-vingt cinq manuscrits des trois œuvres confondues sont répertoriés à l’heure actuelle. On appréciera en fin de volume la liste dressée par Géraldine Veysseyre avec la collaboration de Julia Drobrinsky et d’Émilie Fréger. Les six chapitres sous lesquels l’ensemble des contributions a été regroupé apportent des éclairages très suggestifs et ouvrent des pistes de recherche stimulantes. La première section est consacrée à l’écriture de l’allégorie. Philippe Maupeu («Bivium: l’écrivain nattier et le Roman de la Rose», 21-42) nous introduit à la thématique de la double voie et à la figure de l’auteur comme «nattier», du côté de la personnification Labour et construite, en réaction contre l’écriture de l’oisiveté et contre la figure d’Oiseuse du Roman de la Rose. Alors que l’hypotexte pratique une écriture de la «diversion», de la multiplication des voies et de la fuite du point de vue, le PVH dans sa première version choisit l’anonymat et place l’auteur dans une «position éthique stable», assumant sa parole. La seconde rédaction tend à faire coïncider l’auteur et Guillaume et participe à la promotion de l’écrivain. Développant également une réflexion sur le rapport au Roman de la Rose et la à figure de l’auteur, Herman Braet («Les images inaugurales dans les manuscrits enluminés du Pèlerinage de vie humaine», 43-52) approche la question du portrait du point de vue de la réception manuscrite à travers l’étude des miniatures de frontispice et en regard du modèle qu’offre le Roman de la Rose, pointe les convergences et les divergences. Enfin, Elisabeth Spica («L’emblématique de dévotion, une héritière indirecte des Pèlerinages spirituels allégoriques de Guillaume de Digulleville», 53-80) boucle le parcours «allégorique» en étudiant dans l’emblématique humaniste du XVI e siècle la figure de la pérégrination de l’âme, de l’homo viator, partant de l’invitation d’Ignace de Loyola au pèlerinage intérieur. Si les échos par rapport à l’œuvre du moine cistercien sont importants, aucune référence explicite ne peut cependant être relevée. E. Spica passe en revue les reprises de motifs, les fonctions de l’allégorie et de la relation texte/ image dans les divers corpus, mais souligne aussi les spécificités du pèlerinage méditatif dans la composition de lieu. Le deuxième volet de recherche touche à «l’écriture du Salut», à la mise en œuvre de doctrines, de pratiques religieuses et de croyances dans le texte. Julia Drobrinski, spécialiste du rapport texte-image («La roche qui pleure et le cuvier aux larmes: les images de la pénitence», 81-110) étudie les programmes de 35 manuscrits qui, sur la cinquantaine qui transcrivent le PVH, illustrent l’épisode du bain des pleurs auquel se soumet le pèlerin en compagnie de Grâce de Dieu, la glossatrice, dans le troisième livre du PVH. Le motif est lié à la purification pénitentielle et à la contrition, sentiment prôné aux XII e et XIII e siècles, comme voie d’accès à la vie monastique à travers essentiellement deux images, l’une stable dans les divers programmes, celle du rocher et de l’œil qui pleure et des larmes récoltées dans le cuvier; l’autre, plus variable en fonction des témoins, de la scène de bain du pèlerin. Les miniatures sont mises en relation avec un contexte doctrinale de manière fine. J. Drobrinski souligne la simplification de l’image et en même temps son pouvoir mémoriel. Mattia Cavagna («Enfer et purgatoire dans le Pèlerinage de l’âme de Guillaume de Digulleville, entre tradition et innovation», 111-30) interroge la célèbre théorie de J. Le Goff sur la naissance du purgatoire en analysant la topographie de l’enfer telle que pré- 327 Besprechungen - Comptes rendus sentée chez Guillaume: une quadripartition, à l’image d’une noix au sein de laquelle quatre sphères concentriques superposent, du centre vers l’extérieur, l’enfer des damnés, les limbes, le purgatoire et les limbes des Pères. M. Cavagna étudie les origines de cette quadripartition et la compare à une autre conception: les deux enfers, l’inférieur (puteum), éternel, dont on ne revient pas, le supérieur (refrigerium), provisoire, espace correspondant à la notion de purgatoire et dont les origines sont bibliques et apocryphes. Si le terme purgatorium n’apparaît qu’au XII e siècle, le concept lui préexiste, notamment dans la littérature visionnaire. Guillaume quant à lui mêle les deux types de représentations biet quadripartites. Agnès Le Bouteiller («Le Procès de Paradis du Pèlerinage de Jésus-Christ de Guillaume de Digulleville: un débat allégorique, juridique et théologique porté au seuil de la dramatisation», 131-58) étudie chez le moine de Chaalis l’ancêtre d’une scène dramatique qui connaîtra un succès important dans les mystères de la fin du Moyen Âge, le procès de paradis, débat entre Justice, Miséricorde, Vérité, Sagesse et Charité, suite au péché originel, pour décider ou non de la Rédemption du genre humain. L’auteur compare l’épisode aux potentialités dramatiques chez Guillaume avec des mystères et tente d’expliquer les raisons de cette insertion à teneur théologique dans le cadre du PJC. Denis Hüe («L’apprentissage de la louange: pour une typologie de la prière dans les Pèlerinages de Guillaume de Digulleville», 159-84) propose un parcours et une typologie des multiples prières au sein de la trilogie. L’article de Frédéric Duval offre un prolongement à cette introduction à l’art de l’oraison de Guillaume en s’intéressant à deux prières en latin inédites et en relation étroite avec les pèlerinages, la première à saint Michel composée de 24 douzains d’Hélinand, la seconde à l’ange gardien composée de huit octains («Deux prières latines de Guillaume de Digulleville: prière à saint Michel et prière à l’ange gardien», 185-214). F. Duval met en relief l’importance et le talent de l’œuvre latine de Guillaume et offre une édition qui a valeur de test concluant à la faisabilité d’une édition des poèmes latins du moine de Chaalis. Anne-Laure Lallouette («La vieillesse dans le Pèlerinage de vie humaine», 215-30) inaugure la section consacrée à l’histoire en s’intéressant aux figures de la vieillesse, essentiellement des personnages féminins très négatifs, les vices, les adversaires du pèlerin et cadre ces portraits par rapport au contexte historique et par rapport à la pratique des sermons. Le chapitre qui suit montre les richesses lexicales de la langue de Guillaume de Digulleville. Si Digulleville fait l’objet d’au moins 800 citations dans le Dictionnaire de F. Godefroy, Takeshi Matsumura («Le traitement lexicographique de Guillaume de Digulleville», 231- 52) s’attache à mettre en évidence en quoi Gdf. s’est basé sur des témoins peu fiables en ce qui concerne la langue de Guillaume (des témoins manuscrits tantôt de la première version, tantôt de la seconde version du PVH, un imprimé tardif de la Mazarine, des versions remaniées en prose, etc.). Les lexicographes (Tobler-Lommatzsch, Wartburg, etc.) ont ensuite repris les citations de Godefroy. Il y a donc lieu de manipuler avec prudence les renvois des dictionnaires à Guillaume et de retourner aux témoins pour valider les informations fournies. Béatrice Stumpf («Études de quelques régionalismes lexicaux dans les Pèlerinages de Guillaume de Digulleville», 253-80) analyse ensuite quelques aspects variationnels du lexique de Guillaume, sur le plan individuel: l’usage d’archaïsmes ou les néologismes, notamment les emprunts au latin; puis sur le plan diatopique: l’usage de régionalismes (deganer, fillaciere). Elle se consacre ensuite au décorticage minutieux des vers 9075-76 du PVH et à l’emploi de plusieurs vocables rares: ratatelee, clustriaus, panufles et churriaux. Gilles Roques («Commentaire de la rencontre d’Orgueil dans le Pèlerinage de vie humaine», 281-314) étudie les v. 7409-8094 et conclut à la connaissance encyclopédique de Guillaume (lecture du Reclus, Gautier de Coincy, Rutebeuf), montre la richesse parémio- 328 Besprechungen - Comptes rendus logique, tant d’origine savante, latine, que populaire, et lexicale (archaïsmes, régionalismes). Le moine fait feu de tout bois pour enrichir son expression. Les deux articles de la section suivante se consacrent aux manuscrits. Géraldine Veysseyre («Lecture linéaire ou consultation ponctuelle? Structuration du texte et apparats dans les manuscrits des Pèlerinages», 315-30) ouvre la question de la réception et du lectorat de la trilogie. Si l’essentiel des manuscrits semble aller dans le sens d’une lecture linéaire et intégrale, G. Veysseyre met le doigt sur quelques témoins dont le paratexte est développé, facilitant un repérage au sein du vaste texte et permettant, notamment par tables et rubriques, une consultation ponctuelle, ciblée, comme dans le cadre d’une encyclopédie. Ce type de manuscrit laisse entrevoir le profil d’un lectorat savant qui aurait puisé des exemples pour la prédication. Au XV e siècle, Guillaume semble avoir accédé au statut d’autorité pour des clercs. Emilie Fréger et Anne-Marie Legaré («Le manuscrit d’Arras BM, ms. 845, dans la tradition des manuscrits enluminés du Pèlerinage de l’âme en vers: spécificités iconographiques et milieu de production», 331-50) étudient au sein d’une famille de quatre manuscrits produits dans le Hainaut, un manuscrit de la BM d’Arras qui, par rapport à la tradition iconographique parisienne de la trilogie, présente des particularités, notamment le motif de l’arbre sec, populaire dans les provinces bourguignonnes, particulièrement à Bruges. L’hypothèse de manuscrits à usage de femmes, peut-être d’une communauté de béguines, est soulevée avec finesse. Enfin les quatre derniers articles ouvrent l’horizon des récritures et des adaptations linguistiques. Françoise Bourgeois («Réécriture de la mise en prose du Pèleriage de vie humaine dans le manuscrit de Paris, BNF, fr. 12461», 351-64) étudie le remaniement d’une des copies de la mise en pose d’Angers réalisée pour Charlotte de Savoie et appartenant à la branche B: le ms. Paris, BNF, fr. 12461. Ce manuscrit allège considérablement les parties dialoguées, les digressions, commentaires allégoriques et souligne la ligne narrative du texte. Stéphanie Le Briz-Orgueur («La réécriture du Pèlerinage de vie humaine dans la moralité du Bien Avisé et du Mal Avisé», 365-92), se penche sur quatre passages de la moralité où l’octosyllabe à rimes plates utilisé dans le PVH remplace le quatrain d’octosyllabes à rimes croisées de la pièce et étaye l’hypothèse d’une intertextualité. Ingrid Biesheuvel («Plus avaricieux qu’Avarice: une traduction en prose du Pèlerinage de vie humaine en moyen néerlandais», 393-400) se penche sur trois manuscrits et un incunable qui transcrivent une traduction en moyen néerlandais et conclut à l’existence de deux traductions indépendantes. Elle analyse ensuite les descriptions singulières d’Avarice et de Gloutonnie dans une des versions, puis la transposition en image d’une erreur de traducteur. Juliette Dor enfin («L’ABC de Chaucer: traduction et transformation», 401-24) nous ramène à la thématique de la prière et à l’adaptation audacieuse de la prière abécédaire adressée à la Vierge dans le PVH, devenu poème isolé chez Chaucer. On trouvera une transcription du poème et une traduction. Virginie Minet-Mahy ★ Isabelle Diu/ Élisabeth Parinet/ Françoise Vielliard (dir.), Mémoire des Chevaliers. Édition, diffusion et réception des romans de chevalerie du XVII e au XX e siècle, Paris (École des Chartes) 2007, 244 p. (Études et Rencontres de l’École des Chartes 25) Le présent volume, comme d’autres de la collection Études et Rencontres de l’École des Chartes, constitue les actes d’un colloque qui a réuni des spécialistes afin d’explorer une notion dans l’espace et dans le temps. En l’occurrence, le colloque qui s’est tenu à Troyes en 329 Besprechungen - Comptes rendus décembre 2005, avait pour thème les Romans de chevalerie, selon le terme aujourd’hui quelque peu désuet dans les milieux universitaires, mais couramment employé en dehors de notre tour d’ivoire depuis son «invention» par Charles Sorel au XVII e siècle. C’est à la fois de la permanence de la notion et de ses mutations, du XVI e au XX e siècle, que traitent les quatorze contributions ici rassemblées. Pour des raisons de place, on se limitera ici à une courte présentation de chacune des études, présentation que l’on fera suivre de quelques considérations plus générales. C’est Françoise Vielliard, («Qu’est-ce que le Roman de Chevalerie? Préhistoire et histoire d’une formule», 11-33) qui pose le cadre à l’intérieur duquel les autres contributions prennent place. En partant des premiers dictionnaires et traités poétologiques où apparaît l’expression Romans de chevalerie, elle fait immédiatement ressortir que le concept comporte deux composantes - roman et chevalerie - qui ne vont pas de soi et qui sont fonction de leur temps. En quelques pages denses, mais très claires, Françoise Vielliard parvient à décrire les différentes attitudes qui caractérisent les siècles qui ont suivi le «Moyen Âge» à l’égard de ces textes. En gros, on passe graduellement du mépris du XVI e siècle à une certaine curiosité d’«antiquaire», avant que le XVIII e siècle ne fasse naître son Moyen Âge à lui, multiple, à son image: à la fois savant et rieur avec, d’un côté, des entreprises de dépouillement lexicographiques et des publications, somme toute très satisfaisantes, des premiers textes originaux et, en face, déjà, les pastiches de la Bibliothèque Universelle des Romans. Apparaît ici déjà le clivage qui s’accentuera au XIX e siècle, entre une approche plus sobre, qui se veut neutre ou historique, et une récupération plus libre ou poétique. Françoise Vielliard clôt sa contribution à l’orée du XIX e siècle, avec l’évocation de Raynouard, et la percée de la professionnalisation de la «médiévistique». Ce que l’on doit surtout retenir de ce passage en revue des jugements du passé, c’est qu’ils oscillent entre fascination et refus et que la distribution entre les deux pôles dépend largement de l’époque et de l’entourage de celui qui juge. D’où une multitude de courants et de mouvances qui peuvent traverser simultanément un pays et une culture à une époque donnée, selon que l’on écoute telle voix ou telle autre, que l’on lise tel ouvrage plutôt que tel autre etc. Les contributions à ce volume présentent toutes des analyses souvent pénétrantes de domaines spécifiques et constituent donc autant d’instantanés qui permettront un jour de composer l’album de famille du roman de chevalerie, où chaque membre est à la fois celui qui reçoit et celui qui donne. Parmi ces relais, certains, comme la Bibliothèque Universelle des Romans, sont plus célèbres que d’autres et font ici l’objet de plusieurs enquêtes, mais d’autres, moins connus et plus diaphanes, sont peut-être tout aussi significatifs. C’est certainement le cas des bibliothèques de quelques collectionneurs de livres dont s’occupe Jean-Marc Chatelain, «De l’errance à la hantise: la survivance des chevaliers aux XVII e et XVIII e siècles» (35-48). Grâce à un travail minutieux accompli essentiellement à la Réserve de la BNF, J.-M. Chatelain a pu reconstituer, grâce à d’anciens catalogues et des marques de propriétaires, les contours approximatifs des fonds de quelques bibliophiles du XVII e siècle: celle de Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII, celle du chancelier Séguier dont on possède l’inventaire rédigé en 1672, celle du maréchal de Bassompierre, vendue à l’encan en 1646 et celle d’Henri du Bouchet, conseiller au Parlement de Paris, qui lègue ses livres à l’abbaye de Saint-Victor en 1652. Les quatre collections offrent une image assez similaire qui n’est certainement pas le fruit du hasard: il paraît assuré que la littérature narrative du Moyen Âge, dans les impressions du XVI e siècle, était bien représentée dans ces fonds. Mais plus frappante peut-être que cette présence est l’absence totale de l’«autre» Moyen Âge, celui des satires et des farces. Seule s’est maintenue une fraction du Moyen Âge «encyclopédique» et, naturellement, le Moyen Âge chevaleresque, qui atteste le goût du Grand Siècle, au moins parmi les bibliophiles, pour les aventures de Perceforest et Artus de Bretagne. 330 Besprechungen - Comptes rendus Parmi les vecteurs qui ont contribué à la diffusion de la littérature médiévale au Siècle des Lumières, la Bibliothèque Universelle des Romans occupe une place de choix. Entre 1775 et 1789, elle fit paraître deux cent vingt-quatre volumes dans le but de faire connaître, sous forme d’extraits ou en intégralité, souvent en les adaptant, les romans français ou étrangers parus depuis l’Antiquité jusqu’aux temps modernes. Une partie non négligeable de cette production est tirée de romans médiévaux. Françoise Gevrey («Florian et les romans de chevalerie: du périodique au Novelliere», 49-60) et Pascale Bolognini-Centène («Mme Riccoboni et la transmission du roman de chevalerie à la fin du XVIII e siècle», 61- 73) présentent toutes deux des personnages qui ont participé à l’aventure de la BUR. Florian, l’auteur des fables et de Plaisir d’amour, a composé deux contes arthuriens: Bliomberis, chevalier de la Table ronde, paru dans l’édition d’avril 1779 de la BUR, et Hermine et Arrodian, Anecdote du règne d’Artus, paru dans le Mercure de France du 3 février 1781. Ce qui est intéressant, c’est que Florian a remodelé ces deux contes pseudo-arthuriens en nouvelles pour son Novelliere à l’italienne, procédant à un recadrage radical: le premier devient une «nouvelle française», le second s’intitule désormais Sanche, nouvelle portugaise. Le changement de décor dépasse naturellement le niveau stylistique et implique une réorientation générale où le récit arthurien se fait conte moral. Quant à Madame Marie-Jeanne Riccoboni, actrice de son état venue à l’écriture sur le tard, elle a donné à la BUR quatre nouvelles médiévalisantes entre 1759-60. Aucune d’elles ne remonte à une source, et Mme Riccoboni s’efforce de conférer à ses produits une patine d’ancienneté grâce à un langage pseudo-médiéval et des marques d’authenticité plus vraies que nature. Parallèlement à ces auteurs qui s’efforcent de faire découvrir à leur public une vraiefausse littérature médiévale, à travers la création de produits ad hoc ou la mise au goût du jour de textes du Moyen Âge, existe aussi une érudition certaine qui vise à reconstituer une image authentique de cette ancienne littérature. À partir du XIX e siècle, ce courant gagne en ampleur. Cette redécouverte de la «vraie» littérature médiévale, qui va de pair avec l’éviction du genre troubadour, ne se fait pas dans la sérénité la plus absolue, comme le rappelle Hélène Biu («Paulin Paris et la redécouverte de la littérature médiévale», 75-90). Les premiers médiévistes «professionnels» sont peu nombreux et se détestent cordialement. À l’image d’un Paulin Paris, dont il est surtout question ici, on se dispute les honneurs, les prix et, bientôt, les premières chaires. La contribution fait bien ressortir le ton très particulier des polémiques, livrées à grand renfort de lettres publiques insérées dans des journaux qui ne sont pas encore nos revues spécialisées, un ton qui rappelle davantage les querelles humanistes avec des attaques ad hominem que les confrontations tout aussi violentes, mais davantage axées sur la matière que connaîtra le XIX e siècle finissant, et l’on aurait ainsi pu ce demander si ces querelles personnelles ne reflétaient pas aussi des oppositions scientifiques. Les dernières décennies du XIX e siècle sont à maints égards des années fondatrices pour notre discipline dans la mesure que c’est là que se mettent en place nombre de concepts et de notions qui conditionnent encore aujourd’hui la recherche. C’est ce que met en évidence Ursula Bähler à travers l’opposition entre chanson de geste et roman courtois telle que la comprend Gaston Paris («Chansons de geste et romans courtois ou le spectre de Gaston Paris», 91-104). Curieusement, cette opposition, a priori délicate, coule de source pour un savant homme aux alentours de 1870: les chansons de geste sont pourvues d’un noyau historique, véhiculent des «vraies» valeurs et ont pour elles la force d’une littérature jeune et authentique, alors que le roman courtois, avec son raffinement mal apprécié à l’époque, se laissait facilement placer à l’opposé de la littérature épique, dans un angle où Gaston Paris rangeait aussi la poésie lyrique. Cette classification qui s’observe pour ainsi dire du début à la fin de l’œuvre scientifique de Gaston Paris, sera du reste aussi celle que Gustav Gröber utilisera au tournant du siècle pour son Grundriss sans ressentir la nécessité de la justifier. Mais déjà avant que Gaston Paris ne s’installe à l’École Pratique et au Collège de France, 331 Besprechungen - Comptes rendus d’autres se sont appliqués à diffuser la littérature médiévale à une plus vaste échelle: parmi eux se trouve l’éditeur-imprimeur Crapelet, dont Nathalie Clot («Georges-Adrien Crapelet et la Collection des anciens Monumens de l’histoire et de la langue françoise (1826- 1835)», 105-18), esquisse la biographie et présente l’entreprise la plus ambitieuse: la Collection des anciens Monumens de l’histoire et de la langue françoise. Sans plan d’ensemble et dans le désordre le plus total, l’imprimeur Crapelet, flanqué de Dominique Méon, conservateur adjoint vieillissant au Département des Manuscrits de la Bibliothèque Royale, et de Gabriel Peignot, inspecteur d’académie de Dijon, exhume des œuvres anciennes, qu’il imprime sur du papier de belle qualité, utilisant pour le texte de la version originale une police gothique à laquelle fait face une traduction imprimée en caractères romains. L’ajout de lithographies représentant les enluminures fait que la collection devient vite une collection de luxe qui trouve pourtant ses amateurs - et ses détracteurs, comme le montre Nathalie Clot. Quelques années avant Crapelet, Louis de Marchangy (1782-1826), avocat général à la cour de Paris, puis à la Cour de cassation, fait un tout autre usage des anciens romans de chevalerie. Michel Stanesco, («Moyen Âge vivant et conscience historique chez Louis de Marchangy», 119-30) présente ses deux ouvrages aujourd’hui peu connus que sont la Gaule poétique (1813-17) et le Tristan voyageur (1825-26). La première se veut une réévaluation de la littérature ancienne, en particulier médiévale, depuis les premiers chants des bardes gaulois jusqu’au siècle de Louis XIV, la seconde se présente comme les mémoires d’un vieux seigneur poitevin, qui se rappelle un «tour de France» entrepris à l’âge de trente ans, en 1373, période charnière entre un système féodal évoqué sous un jour radieux par Marchangy et l’apparition d’une royauté bureaucratique. Pour Marchangy, en effet, le Moyen Âge est l’âgé d’or qui échappait à l’emprise des comptables et des banquiers de son époque. En 1859-60, Alfred Delvau, polygraphe à la tête d’une Nouvelle Bibliothèque Bleue, a déjà tourné la page d’une telle conception romantique du Moyen Âge. Dans son Tristan, dont s’occupent Thierry Delcourt, («Du Tristan de Tressan à la nouvelle Bibliothèque Bleue d’Alfred Delvau, Les avatars du Tristan en prose», 131-50) et Philippe Ménard («L’écriture de Delvau», 151-70), il fait subir de nombreuses modifications au texte qu’il reprend, pour l’essentiel, à la BUR du Comte de Tressan. Dans les deux contributions, qui ne font pas double emploi mais exploitent, au contraire, deux facettes différentes de la réécriture de Delvau, le lecteur découvre un nouveau Tristan, à la trame élaguée, aux insertions lyriques réécrites et aux dialogues amplifiées, où cohabitent quelques archaïsmes avec des tournures faussement anciennes, introduites pour «faire authentique». Les travaux sur l’entreprise de Delvau ne sont qu’à leurs débuts, mais le terrain est riche, à la fois pour le médiéviste et le spécialiste de la littérature du XIX e siècle. Avec Alain Corbellari («Le Roman arthurien dans l’entre-deux-guerres: de l’édition à l’adaptation, les chemins d’une réévaluation», 171-85), on entre dans «l’ère universitaire» où la scission entre amateurs et professionnels est un fait. En se servant du roman arthurien, Alain Corbellari montre une sorte de stagnation dans l’activité de l’édition universitaire dans l’entre-deux-guerres, stagnation qui contraste avec un certain engouement pour des adaptations de textes médiévaux. Ces adaptations sont l’œuvre, presque exclusivement, d’écrivains poètes, comme André Mary, dont les travaux dans le domaine médiéval sont ici resitués dans l’ensemble de son œuvre. Les deux études d’Annie Renonciat, («Tribulations de la chevalerie dans le livre et l’image pour la jeunesse. 1. Splendeurs et misères (1880- 1939)», 187-203) et de Cécile Boulaire, («Tribulations de la chevalerie dans le livre et l’image pour la jeunesse. 2. Disparitions, survies, trahisons dans la seconde moitié du XX e siècle», 205-18), s’occupent des livres pour la jeunesse et ouvrent ainsi au médiéviste une porte qui conduit, à travers un corpus inusité, aux interrogations de toujours: alors que la littérature médiévale était considérée comme tout juste bonne pour les enfants au XVI e 332 Besprechungen - Comptes rendus siècle, elle subit de profonds réaménagements quand apparaît une littérature spécialisée pour la jeunesse. Les deux contributions dessinent, iconographie à l’appui, quelques visages qu’ont pu prendre les chevaliers dans les livres pour enfants de notre passé plus ou moins proche. Jelle Koopmans, finalement («Quand les chevaliers se mettent à chanter: l’opéra devant la tradition narrative médiévale», 219-29), a une fois de plus trouvé un terrain de jeu pratiquement vierge: ayant parcouru «cinq grandes encyclopédies de l’opéra» (222) pour y relever «chaque titre qui lui «rappelait la littérature et l’histoire française du Moyen Âge» (ibid.), il se retrouve avec un fichier qui comporte un beau millier d’entrées. Autant de livrets à lire, à examiner pour retracer les chemins par lesquels la matière médiévale a traversé le temps ou a été redécouverte, brusquement, à des moments précis, à la faveur d’une traduction, d’une adaptation en langue étrangère ou d’un mouvement intellectuel. Keith Busby et Françoise Vielliard présentent une «Conclusion» commune, (231-33) qui fait bien le point de ce qui a été dit tout en esquissant les contours des chantiers à venir. Ce que le lecteur ingénu retiendra de ce volume, c’est combien le sujet est fascinant et combien il reste à faire à partir du moment où l’on est prêt à affronter le roman de chevalerie non pas comme un simple objet littéraire, mais comme un objet culturel. Le volume nous invite à chercher le reflet de ces romans dans les livrets d’opéra, les images d’Épinal, les réécritures des galants écrivains du Siècle des Lumières, dans les fonds des collectionneurs de livres anciens, dans les lectures pour enfants sages, qui s’endormaient à la lumière de lanternes qui projetaient de préférence, parmi les rares sujets médiévaux, l’image de Geneviève de Brabant. On peut interroger l’importance des tirages de certains livres, les préfaces des éditions, les comptes rendus faits par les amis, les alliés, les rivaux. Il y a là de quoi remplir toute une vie de chercheur et, dans l’immédiat, confier plusieurs thèses à nos successeurs qui éditeront, vers 2050, un volume sur la perception du roman de chevalerie dans la première moitié du XXI e siècle. En effet, Françoise Vielliard rappelait en conclusion de sa contribution que Charles Nodier considérait l’Abbé de la Rue, Francisque Michel et Paulin Paris comme les tenants d’un «savoir pédantesque» (33) méprisable. Quelques décennies plus tard, sont apparus, avec Paul Meyer, Gaston Paris et Wendelin Foerster, les premiers «universitaires» purs. Ces derniers n’avaient eux aussi que faire des écrits de ceux que frappait le dédain de Nodier, mais pour des raisons exactement inverses: ils n’étaient pas assez savants. Qu’il s’agisse de littérature du Moyen Âge ou de littérature tout court, on peut donc décidément toujours faire pire. Le rôle du médiéviste est de s’interroger de temps à autre sur les prémisses des jugements du passé: c’est une façon de mieux asseoir les nôtres. Richard Trachsler ★ Helmut Berschin/ Joseph Felixberger/ Hans Goebl, Französische Sprachgeschichte. 2., überarbeitete und ergänzte Auflage, Hildesheim/ Zürich/ New York (Georg Olms Verlag) 2008, 413 p. C’était une heureuse idée que de rééditer cet excellent manuel, dont la première édition, datant de 1978, était épuisée depuis longtemps. Il a en effet des avantages importants sur ceux qui ont paru en français ces dernières années. Je n’en citerai que deux. Tout d’abord, il commence par une introduction théorique, qui précise les principales notions de linguistique historique, telles que diachronie, variation ou évolution de la langue; d’ailleurs, dans le corps de l’ouvrage, les auteurs font régulièrement appel à la théorie, ne se bornant pas à la description des faits. Ensuite, l’histoire du français n’est pas décrite, ainsi que c’est souvent le cas, comme un processus linéaire, conduisant directement du latin à la langue 333 Besprechungen - Comptes rendus standard d’aujourd’hui, mais comme le résultat d’une évolution à la fois linguistique et sociolinguistique du latin de Gaule, qui a abouti à de multiples variétés de langue puis à la sélection de l’une de ces variétés de préférence aux autres: d’où la dernière partie du livre sur la division linguistique de la France, présentant les variétés qui n’ont pas «réussi». Il n’est pas inutile de rappeler la structure de l’ouvrage. Il se compose de cinq parties: A. Historische Sprachwissenschaft: Grundbegriffe B. Die lateinische Basis C. Interne Geschichte D. Externe Geschichte E. Die sprachliche Gliederung Frankreichs 1 . J’aurais aménagé ce plan différemment. Entre les parties B et C, j’aurais inséré un exposé concernant la fragmentation de la Romania et celle de la Galloromania (dont des éléments parsèment la partie B). On peut même se demander s’il n’aurait pas été intéressant de placer la partie E avant C, en la structurant de manière plus chronologique, ou du moins de présenter davantage la variation moderne du galloroman comme la suite de celle que nous pouvons observer tant bien que mal dès les plus anciens textes. D’autre part, s’il est légitime de séparer l’histoire interne de l’histoire externe de la langue, j’aurais placé celle-ci en premier lieu, puisque les facteurs externes influencent l’évolution interne; à un niveau plus pratique, cela aurait évité de citer des textes ou des personnes (par ex. les Serments de Strasbourg, p. 98 et 138; Meigret, p. 90 et 154) avant de les avoir présentés. Enfin, il aurait peutêtre été préférable de diviser l’histoire du français en deux parties distinctes, traitant l’une du français médiéval et l’autre du français moderne. En effet, à partir du XVI e siècle, la normalisation progressive du français en infléchit ou parfois même fait régresser l’évolution, ce qui confère une importance toute nouvelle à l’histoire externe, et notamment à l’intervention consciente des sujets parlants; qu’il suffise de citer le double résultat de la diphtongue [w ɛ ] ou le changement non abouti [r] [z]. Mais je sais bien que tout plan est arbitraire . . . Les auteurs ne disent pas expressément à quels lecteurs s’adresse leur ouvrage. Ils indiquent dans l’introduction, il est vrai, que sa conception repose sur des cours universitaires et qu’il n’implique ni la connaissance du latin ni celle de l’ancien français. En revanche, le volume suppose certainement des notions au moins élémentaires de linguistique générale: par exemple, il ne présente aucune définition de termes tels que Velarisierung, Palatalisierung, Anlaut, Inlaut, Auslaut, etc. De même, les incertitudes ou les divergences d’opinion sur tel problème ne sont pas gommées: voir par exemple la présentation de la sonorisation des occlusives sourdes (73). Enfin, la riche bibliographie à laquelle renvoie régulièrement le texte devrait, selon l’avis des auteurs, permettre au lecteur de continuer le travail de façon indépendante sur tel problème spécifique: ce lecteur idéal ne peut donc guère être un débutant. La mise à jour de l’ouvrage a été ingénieusement faite. On a introduit dans le texte un grand nombre de corrections et de compléments, notamment bibliographiques. Des additions d’une certaine étendue ont été placées à la fin et signalées dans le texte par des renvois. La cartographie a été partiellement renouvelée, en particulier par l’emploi de la couleur. La bibliographie a été, bien entendu, entièrement revue 2 . Dans l’ensemble, pourtant, 334 Besprechungen - Comptes rendus 1 Les parties A, B, C I (phonétique) et C III (morphosyntaxe du syntagme verbal) ont été rédigées par H. Berschin, C II (morphologie du syntagme nominal) et D par J. Felixberger, E par H. Goebl. Dans ce qui suit, je dis parfois, pour simplifier, «les auteurs». 2 Toutefois, il manque au moins deux positions importantes: J. Wüest, La dialectalisation de la Romania. Problèmes phonologiques, Berne 1979; et M. Pfister, «Scripta et koinè en ancien français ces innovations ne modifient fondamentalement ni le contenu ni l’économie du livre, ni même sa mise en pages (du moins dans sa plus grande partie, jusqu’à la p. 298). Seul le chapitre sur la dialectométrie (299-307) a été entièrement refait, pour tenir compte des travaux plus récents de son auteur, Hans Goebl. D’autre part, deux chapitres nouveaux, intitulés «Zur historischen Varietätenlinguistik des Französischen» et «Tendenzen der französischen Sprachpolitik in der 2. Hälfte des 20. Jahrhunderts», complétant respectivement les parties A et D, ont trouvé place en appendice. Cela précisé, il faut dire qu’on suit très bien le texte, qui n’a pratiquement pas vieilli et dont les nombreuses adjonctions et corrections n’ont affecté ni la structure ni la fluidité. Les quelques innovations plus importantes étaient largement justifiées. La dialectométrie, dont le progrès a suivi celui de l’informatique, permet aujourd’hui de mettre en œuvre un grand nombre de données et de cartographier les résultats de la recherche de telle manière qu’ils sautent aux yeux. Ainsi, pour ce qui est de la division dialectale de la France, ils confirment étonnamment, mais avec beaucoup plus de précision, ceux qu’avaient obtenus les dialectologues des générations précédentes en travaillant de manière «artisanale» avec des faisceaux d’isoglosses: en simplifiant outrageusement, nous y voyons se dessiner deux zones de forte cohérence linguistique couvrant, grosso modo, d’une part la moitié septentrionale de la France, d’autre part le tiers méridional, séparées par une zone plus ou moins large de forte différenciation, qui recouvre à peu près le francoprovençal et le «croissant». Le supplément à la partie A montre, sur quelques exemples, la stratification du français à partir du XVII e siècle, donc à partir du moment où il a été, en principe, standardisé. Pour ce qui est des variétés non standard, les témoignages antérieurs au XX e siècle sont rares et leur interprétation souvent difficile, surtout que nous ne disposons pas, bien entendu, d’enregistrements sonores. Je pense pourtant que nous ne sommes pas beaucoup mieux lotis pour le «français cultivé». Je reste songeur en entendant des acteurs interpréter Molière ou lire un sermon de Bossuet avec la prononciation «d’époque»; mais la question ne se pose pas seulement pour la phonétique. Les textes spontanés tels que les lettres de Mme de Sévigné ou imitant la langue parlée comme les comédies de Molière sont évidemment des textes écrits; mais comment parlaient ces auteurs? Observaient-ils la norme morphosyntaxique ou lexicale imposée à la langue écrite? Nous n’en savons pas grand-chose. Quant au supplément à la partie D, il met surtout en évidence le peu d’efficacité d’une législation concernant la langue. D’ailleurs, il ne tient compte que de la France; or, il aurait été intéressant de voir ce qui se passe dans les autres pays francophones. Par exemple, la féminisation des noms de personnes y est largement plus avancée, sans doute parce qu’elle ne rencontre pas l’opposition de l’Académie ni d’autres organes de défense de la langue française: ainsi, en Suisse romande, les féminins écrivaine et auteure sont couramment employés, et professeure, pasteure sont même devenus des termes officiels. Les remarques critiques qui suivent n’enlèvent rien à la valeur de l’ouvrage. Pour la plupart, d’ailleurs, elles auraient dû être faites il y a trente ans, ce qui aurait permis aux auteurs d’en tenir éventuellement compte dans la présente réédition. Si ce ne fut pas le cas, la faute n’en incombe qu’à l’auteur du présent compte rendu. - p. 61: Les sources du latin vulgaire ne sont mentionnées qu’en note, avec renvoi (mis à jour) à la littérature du sujet. Elles auraient mérité ne fût-ce qu’un bref développement décrivant leur caractère et les enseignements qu’on peut tirer d’elles. 335 Besprechungen - Comptes rendus aux XII e et XIII e siècles? », in: P. Knecht/ Z. Marzys (ed.), Écriture, langues communes et normes. Formation spontanée de koinès et standardisation dans la Galloromania et son voisinage, Neuchâtel/ Genève 1993: 17-41. - p. 65: L’homogénéité du latin vulgaire attestée par les textes est expliquée par le fait que ceux-ci appartiennent au latin écrit et se conforment à un standard supra-régional. L’explication est quelque peu simpliste 3 . V. Väänänen, à qui on nous renvoie en l’occurrence, est plus nuancé: tout en acceptant la thèse d’une différenciation ancienne du latin vulgaire, il pense que cette différenciation était faible et la compare à celle du français contemporain; il montre notamment sur l’exemple du vocabulaire que les traits «vulgaires» qui vont marquer la division des langues romanes (bellus/ formosus, comedere/ manducare, etc.) se retrouvent dans des textes provenant de différentes régions de la Romania, ce qui conduit à penser que celles-ci ont fait leurs choix après l’époque où ces textes ont été produits 4 . Nos auteurs reconnaissent le fait (85), mais n’en tirent pas de conséquences, constatant simplement que la différenciation lexicale du latin vulgaire ne peut être reconstruite qu’à partir des langues romanes. Mais alors, est-il légitime de la faire remonter à l’époque latine? - Paradoxalement, la définition du latin vulgaire suggère son unité: «Es handelt sich um keine Stufe des Lateinischen, sondern eine Varietät (c’est moi qui souligne), nämlich das Sprechlatein oder den code parlé seit nachklassischer Zeit.» Ici encore, la définition de Väänänen me paraît plus proche de la réalité: «Toutes les particularités et les tendances plus ou moins vivantes, propres à la langue populaire et familière, et qui se soustraient à la norme classique et, en général, littéraire» 5 . - p. 224s.: Dans le processus de normalisation du français, la différence entre le XVI e et le XVII e siècle aurait dû être plus nettement marquée. En effet, après 1600, il s’est produit un changement important concernant à la fois le but, le modèle et l’extension de la normalisation. Lorsque nos auteurs disent que le but de celle-ci était d’élever le français au niveau du latin, ce n’est vrai que pour le XVI e siècle. Le XVII e n’en éprouvait plus le besoin, car entre-temps le prestige du français avait augmenté suffisamment pour qu’un Vaugelas puisse, au contraire, refuser toute interférence des langues anciennes. Quant au modèle, le XVI e siècle n’hésitait pas seulement entre le latin et l’usage, mais avait tenté aussi, avec la Pléiade, de créer un classicisme nouveau; le XVII e choisit exclusivement non seulement l’usage, mais le bon usage, c’est-à-dire le sociolecte de la classe supérieure 6 . Enfin, la norme s’étend d’une part au lexique, qu’on s’efforce de restreindre, d’autre part à la langue parlée, dont Malherbe encore ne s’occupait pas. - p. 247: L’affirmation selon laquelle il est indispensable, dans les enquêtes dialectales, d’éviter le terme patois, n’est pas valable pour la Suisse romande. Les locuteurs dialectaux - qui se désignent eux-mêmes, en quelque sorte officiellement, comme patoisants 7 - n’ont jamais considéré leur parler comme autre chose qu’une langue locale et familière; ce qui n’empêche pas, par exemple, les habitants autochtones d’Évolène, dernière commune romande où des enfants parlent encore le patois, d’en être fiers. Quant aux chercheurs - dont je suis - ils n’ont jamais hésité à employer le mot patois dans leurs enquêtes ni dans leurs publications. C’est ainsi que les fondateurs du Glossaire des patois de la Suisse romande l’ont utilisé aussi bien dans le titre de leur grand ouvrage que dans leurs 336 Besprechungen - Comptes rendus 3 La comparaison des tailleurs de pierre d’alors avec ceux d’aujourd’hui n’est pas convaincante: ces derniers ont tous fréquenté l’école, qui leur a imposé une norme orthographique, ce qui n’était guère le cas des autres. 4 Cf. V. Väänänen, Introduction au latin vulgaire, Paris 3 1981: 22-26; «Le problème de la diversification du latin», in: id., Recherches et récréations latino-romanes, Napoli 1981: 27-59. 5 Introduction au latin vulgaire, op. cit.: 5-6. 6 La notion ne date que de Vaugelas; cf. l’introduction de mon édition des Remarques sur la langue françoise, Genève 2009: 19-20. 7 Notamment dans l’appellation des associations de patoisants. autres travaux 8 et s’en sont servis dans leurs contacts avec les témoins, et je ne sache pas que cela leur ait jamais été reproché. - p. 287-88: À propos de loi Deixonne (1951), qui autorise un enseignement de l’occitan au niveau secondaire, on lit ce qui suit: «Damit lässt sich die soziolinguistische Verbotszeit für das Okzitanische mit den Eckdaten 1539 (Ordonnance de Villers-Cotterêts) und 1951 eingrenzen.» Pourtant, p. 193 et 213, il est bien précisé que l’ordonnance de Villers-Cottetêts interdisait le latin et non l’occitan, et que le recul de celui-ci à partir du XVI e siècle a des causes bien plus complexes qu’un acte de l’autorité royale 9 . Il y a donc là une simplification qu’on aurait pu éviter. - À l’occasion, une remarque marginale: les efforts visant à redonner à l’occitan un statut de langue standard ont prétérité l’étude de la langue réelle; si nous disposons d’atlas, rares sont les monographies locales comparables à celles d’Andreas Blinkenberg (comme par hasard un Danois et non un Occitan) sur les patois d’Entraunes et de Beuil 10 ; et même un savant de la classe de Charles Camproux, dans son Étude syntaxique des parlers gévaudanais (Paris 1958), ne localise pas les exemples et uniformise la transcription. - p. 293: Les auteurs illustrent l’entrée des régionalismes dans les dictionnaires français par le Dictionnaire du français vivant (Paris/ Bruxelles/ Montréal, Bordas, 1972). Ce n’est pas le meilleur exemple 11 ; en mettant le livre à jour, on aurait dû le remplacer par d’autres, notamment par ceux du Larousse et du Robert, qui citent des régionalismes, et notamment des helvétismes, respectivement depuis 1981 et 1984. On citera enfin une erreur prophétique: on lit, p. 280, que le Centre de dialectologie et d’étude du français régional de l’Université de Neuchâtel est responsable («betreut») du Glossaire des patois de la Suisse romande. Le même texte se trouve dans l’édition de 1978; or cette affirmation n’est vraie que depuis 2008! Zygmunt Marzys ★ Benjamin Fagard/ Sophie Prévost/ Bernard Combettes/ Olivier Bertrand (ed.), Évolutions en français. Études de linguistique diachronique, Bern (Peter Lang) 2008, 477 p. Ce volume réunit les Actes du Colloque Diachro 3 (Paris, 20-22 septembre 2006); comme on le fait de plus en plus souvent, la présentation suit l’ordre alphabétique des noms des auteurs, critère des plus pratiques, qui cache cependant tout groupement par sujets ou par méthodes. De fait, il est possible de distinguer dans cet ensemble deux approches fondamentales: d’un côté les recherches qui, parfois en exploitant les corpora et les bases de données informatisées, s’appuient néanmoins sur les méthodes de la philologie traditionnelle, d’autre part les réflexions fondées sur les théories les plus récentes de la linguistique. Nous essayerons pour notre part de reconstituer quelques parcours de lecture. Deux contributions concernent l’histoire «externe» du français: celle de Cyril Aslanov («L’ancien français, sociolecte d’une caste au pouvoir: Royaume de Jérusalem, Morée, Chy- 337 Besprechungen - Comptes rendus 8 Cf. par ex. L. Gauchat, «Nos patois romands», article programme publié dans BGl. 1-2 (1902): 3-24; L. Gauchat/ J. Jeanjaquet/ E. Tappolet, Tableaux phonétiques des patois suisses romands, Neuchâtel 1925; etc. 9 Cf. D. Trudeau, «L’ordonnance de Villers-Cotterêts et la langue française: histoire ou interprétation? », BHR 45 (1983): 461-72. 10 A. Blinkenberg, Le patois d’Entraunes, Aarhus/ København 1939-1940; id., Le patois de Beuil, ibid. 1948. 11 Cf. le compte rendu d’Ernest Schüle dans GPSR, 76 e Rapport annuel (1972-74): 21-22. pre», 3-19), qui propose une analyse de sociolinguistique historique sur la fonction du français dans les contextes multilingues de l’Orient latin (XII e -XV e siècles); et celle de Serge Lusignan («L’aire du picard au Moyen Âge: espace géographique ou espace politique? », 269-83), qui s’interroge sur la géographie du dialecte picard au Moyen Âge en tant que langue de l’administration: sa diffusion - qui n’a rien à voir avec les contours géographiques du picard moderne - ne peut pas s’expliquer par l’influence d’un pouvoir politique fort, mais semble dépendre du choix de l’autorité qui émet les actes. La grammaticalisation en diachronie fait l’objet d’un certain nombre d’articles. Ainsi, Walter De Mulder et Anne Vanderheyden («Grammaticalisation et évolution sémantique du verbe aller. Inférence, métonymie ou métaphore? », 21-44) discutent les rapports et les rôles que peuvent avoir joué la métaphore, la métonymie et les inférences pragmatiques dans l’évolution sémantique du verbe aller et sa grammaticalisation comme auxiliaire du futur en moyen français. Benjamin Fagard («‹Côté› dégrammaticalisation - le cas des prépositions», 87-103) étudie l’évolution de la racine latine costa, de l’ancien français encoste au français moderne côté; il reconnaît la grammaticalisation de coste et côté, et la lexicalisation d’une construction complexe pour l’émergence de la locution à côté de. La contribution de Jukka Havu («L’évolution des expressions du passé récent en français», 119-33) porte sur l’expression venir de, dont la composante sémantique s’avère indispensable pour reconnaître les étapes de sa grammaticalisation à partir du XVI e siècle. Sarah Leroy («Changement et évolutions des emplois de tel (que), XVI e -XX e siècles», 231-48) analyse, sur la base du corpus Frantext, les emplois comparatifs de tel (que), leurs types, répartition et évolution en diachronie, pour discuter enfin la possible grammaticalisation en cours. Lene Schøsler («Étude sur l’évolution des constructions à verbes supports», 345-61) examine un certain nombre de constructions («verbe + GN/ complément prépositionnel») en ancien et moyen français, en soulignant que la réalisation des deux modèles, qui peuvent être grammaticalisés, demeure imprévisible. André Valli et Olivier Bertrand («La notion de locution verbale possède-t-elle une pertinence en français médiéval? », 425-43) discutent les notions de figement et de locution verbale en moyen français, en s’appuyant en particulier sur les constructions contenant le substantif garde dans les Chroniques de Froissart. D’autres études concernent des évolutions plus limitées dans le temps ou des traits morphosyntaxiques plus précis. Monique Dufresne et Fernande Dupuis («Les constructions impersonnelles et l’expression du nombre en français médiéval», 45-62) reconnaissent dans le nombre - et non pas dans la disparition du système casuel - l’élément majeur de l’évolution interne de l’ancien au moyen français. Selon Estèle Dupuy-Parant («Le verbe au cœur de la continuité référentielle - Unité structurante et maillage inter-verbal des systèmes valentico-référentiels», 63-85), le verbe constitue l’élément central de la continuité référentielle, et ce même dans une diachronie limitée (des Quinze Joyes de Mariage aux Mémoires de Commynes). Richard Ingham («L’ordre syntaxique V3 aux débuts du moyen français», 153-70) interroge les textes historiographiques de la tranche 1220-1400 pour y déceler les traces et les causes du passage de la structure phrastique V2 V3; il souligne en particulier la valeur déterminante de l’élément qui occupe la première place dans la phrase. Sabine Lehmann («Temporalité et Typologie Sociale - Le futur dans quelques textes à caractère social (ancien et moyen français)», 215-29) relève un emploi abondant du futur absolu dans les textes moraux des XII e -XIII e siècles, notamment dans les revues des «estats du monde», un futur qui exprime essentiellement la récompense finale des bons et la punition éternelle des méchants. Jesse Mortelmans («Les déterminants dans le figement des constructions verbales en français médiéval», 301-16) examine le cas de prendre (le) congé; à la lumière de la grammaire de construction et de la grammaire contextualiste, il constate que les structures sont moins rigides en français médiéval que dans la langue d’aujourd’hui. Évelyne Oppermann-Marsaux («Le verbe voici / voilà et son éclatement catégoriel en 338 Besprechungen - Comptes rendus français préclassique et classique», 317-28) étudie le présentatif voici/ voilà entre XVI e et XVIII e siècle: devenu «marqueur aspectuel» et préposition, il évolue aussi sur le plan sémantique (d’une valeur spatiale en moyen français à une valeur temporelle en français moderne). Amalia Rodríguez Somolinos («L’évolution des expressions confirmatives négatives ce n’est mon, ce n’a mon, ce ne fait mon en français (XII e -XVI e siècles)», 329-44) reconnaît à ces trois expressions un caractère éminemment confirmatif, au-delà de la disparité de certains emplois à partir du XIV e siècle. Claire Vachon («De Je te prie que tu viennes à Je te prie de venir - Un exemple de mutation dans les constructions verbales au XVI e siècle», 405-24) s’intéresse à un type particulier de coréférence (je te prie que tu viennes/ je te prie venir/ je te prie de venir) dans un corpus très riche de textes du XVI e siècle: son analyse confirme le rôle essentiel de la sémantique dans les changements syntaxiques, ainsi que le poids des genres textuels. Pour ce qui concerne une diachronie plus large, on rappellera les articles de Julie Glickman sur «Les complétives non introduites en ancien français» (105-18) dont elle parcourt l’histoire de l’ancien français (emploi dans les textes en vers, surtout) au français moderne (particulièrement à l’oral); de Steffen Heidinger et Florian Schäfer («The French Reflexive Passive and Anticausative - A diachronic view from the par-phrase», 135-52), qui étudient les structures réflexives à sens passif du XVI e siècle à nos jours, et en particulier la présence de par (+ agent ou + cause); de Dominique Lagorgette («‹Je frappe au numéro 1, je d’mande Mam’zelle Angèle. . .› Étude diachronique de Mademoiselle», 197-214), qui propose une étude de Mademoiselle (paru au XIV e siècle, donc tardivement par rapport à Monsieur et à Madame), en rapport avec la présence éventuelle d’un déterminant ou d’un adjectif antéposé; de Jan Lindschouw («L’évolution des modes verbaux dans les propositions concessives ouvertes par bien que et encore que du XVI e au XX e siècle: un cas de grammaticalisation? », 249-67), qui retrace l’évolution de l’emploi du subjonctif après les conjonctions bien que et encore que, du XVI e au XX e siècle; de Mélanie Morinière («Évolution des constructions à attribut de l’objet en français. A et por, indices de l’attribut en ancien français», 285-300), qui prend en compte les constructions à attribut de l’objet du latin (attribut direct) à l’ancien français (avec introduction d’un indice, a ou por) au français moderne (attribut direct ou introduction de comme/ pour), ce qui l’amène à conclure que l’insertion d’un indice n’est jamais devenue obligatoire; de Mireille Tremblay («La préfixation en entreen ancien français. Pluralité, réciprocité et valeur aspectuelle», 363-83), qui, pour étudier la double valeur de la préfixation en entreen ancien français (aspectuelle et réciproque), prend en compte l’expression de la réciprocité jusqu’en français moderne; de Michelle Troberg («Une étude diachronique des verbes datifs en français», 385-403), qui explique l’évolution de 22 verbes «datifs» en français médiéval (aider à qqn par ex.), devenus successivement des verbes à objet direct (aider qqn), comme l’effet de l’érosion sémantique de la préposition à. Quelques mots enfin sur les essais plus théoriques. Selon Peter Koch («Une ‹bonne à tout faire›: l’omniprésence de la métonymie dans le changement linguistique», 171-96), la relation associative constitue le principe cognitif fondamental qui se reflète dans la métonymie; son omniprésence se révèle tant dans le changement lexical que dans le changement grammatical (sémantique). La contribution de Thomas Verjans («La ‹permission de variation›: un élément pour une théorie diachronique», 445-59) se situe dans une perspective guillaumienne pour étudier notamment la pertinence de cette théorie dans l’analyse des phénomènes en diachronie. Stijn Verleyen («L’application de modèles synchroniques à la diachronie: contribution à l’épistémologie de la linguistique diachronique au XX e siècle», 461-77) s’interroge enfin sur la possibilité d’appliquer des théories synchroniques à l’étude du changement linguistique. La richesse des contributions, et surtout la variété des approches proposées, permettent de mesurer la vitalité des études sur l’évolution du français, qui s’enrichissent depuis 339 Besprechungen - Comptes rendus quelques décennies déjà grâce aux apports de la linguistique théorique plus récente et aux nouvelles possibilités offertes par les corpora et les moyens d’investigations informatisés. Maria Colombo Timelli ★ Pierre Kunstmann/ Achim Stein (ed.), Le Nouveau Corpus d’Amsterdam. Actes de l’atelier de Lauterbad (23-26 février 2006), Stuttgart (Franz Steiner) 2007, 200 p. L’usage de l’informatique dans nos disciplines laisse encore bien des chercheurs profondément sceptiques. Il est vrai qu’entre les défauts agaçants du trop répandu logiciel Word et les nombreux projets scientifiques, nécessitant de lourdes collaborations avec des équipes d’informaticiens professionnels, mais qui demeurent la plupart du temps isolés, mal répertoriés ou introuvables, incompatibles entre eux, parfois inachevés, voire même inutilisables, le médiéviste, qu’il soit philologue ou linguiste, peut légitimement avoir de ces tentatives une vision globalement décourageante. L’ère écranique prophétisée par Bernard Cerquiglini semble bien, pour le moment, se résumer à quelques prémices hésitantes, dont on peine parfois à percevoir l’intérêt véritable, au delà de la simple «gadgetisation», et qui aboutissent trop souvent au triste et fameux «Error 404. Page not found». Voici donc un recueil d’actes qui nous présente l’un de ces projets, mais pas n’importe lequel, puisqu’il s’agit de la continuation des travaux du grand pionnier du traitement informatique des données philologiques: Anthonij Dees. Ce «retour aux sources» s’accompagne très intelligemment d’un vaste état des lieux de tous les projets majeurs existant actuellement dans ce domaine, puisque l’heure est à la volonté de collaboration maximale entre les différentes équipes, afin d’éviter de coûteux doublons et d’accroître sensiblement la masse des données accessibles. Le Nouveau Corpus d’Amsterdam (NCA) réunit les textes littéraires utilisés par Dees pour l’élaboration de son Atlas des formes linguistiques des textes littéraires de l’ancien français 1 , ce qui équivaut à quelque 300 textes, qui ont intégralement subi un traitement informatique, élaboré notamment par Achim Stein (Université de Stuttgart), Pierre Kunstmann (Université d’Ottawa) et Martin-D. Gleßgen (Université de Zürich). Ce traitement, très largement automatisé, consiste en l’apposition, pour chaque mot, d’une étiquette XML contenant le lemme du mot et sa catégorie grammaticale «étendue» (puisque, pour certaines des parties du discours, des précisions sont données au delà de la pure catégorisation; il y a ainsi six étiquettes pour la catégorie pronominale: clitiques, démonstratifs, possessifs, personnels, indéfinis et invariables). Cela permet donc des recherches très précises dans tous les domaines: phonétique, lexique, morphologie, syntaxe, puisqu’il est possible d’obtenir une liste des occurrences d’un mot, d’un lemme ou d’une séquence syntaxique parmi les 3 184 834 mots comptabilisés. Ceci dit, ce n’est pas le lieu ici de produire un compte rendu du NCA à proprement parler, mais bien de commenter le recueil des actes de l’atelier de Lauterbad, qui eut lieu entre le 23 et le 26 février 2006 et qui présentait la première édition utilisable du corpus. Notons qu’on pourra trouver d’autres informations sur le site suivant: http: / / www.uni-stuttgart.de/ lingrom/ stein, mais pas toujours en français, ce qui rend la consultation du livre d’autant plus appréciable. On notera encore que, si l’on s’en réfère au programme de l’atelier, toujours consultable sur http: / / www.uni-stuttgart.de/ lingrom/ stein/ forschung/ transcoop/ work shop.html, la quasi-totalité des interventions ont été publiées dans le volume. 340 Besprechungen - Comptes rendus 1 A. Dees, Atlas des formes linguistiques des textes littéraires de l’ancien français, Tübingen 1987. Le livre ne s’adresse manifestement pas à des chercheurs ne possédant que des compétences très basiques en informatique. Cela dit et fort heureusement pour l’avenir de ce type de recherches, il ne s’adresse pas non plus uniquement à un public d’informaticiens chevronnés; toute personne sachant globalement ce qu’est le XML devrait être en mesure de comprendre la substance, si ce n’est la quasi-totalité de l’ouvrage. Ceci posé, nous voudrions à présent mettre en lumière les trois aspects qui nous ont paru les plus remarquables de l’ouvrage, tout en semant au détour quelques réflexions et critiques. Ayant nous-même tenté un tour d’horizon des différents projets de traitement philologique informatique en cours pour le français médiéval, nous avons été agréablement surpris de constater tout d’abord la très grande exhaustivité de l’ouvrage. Tous les acteurs principaux et sérieux de ce domaine de recherche y sont représentés et exposent de manière synthétique les tenants et aboutissants de leurs travaux. On pourra ainsi se renseigner rapidement sur la Base de Français Médiéval (BFM), le Dictionnaire Électronique de Chrétien de Troyes (DECT), l’Anglo-Norman Dictionary (AND), les différents projets de l’ATILF, ainsi que sur le corpus Voies du français, principalement géré par l’Université d’Ottawa. Cela permet de se faire une idée fort précise de l’état de la recherche actuelle et d’en dessiner les grandes lignes, qu’elles soient positives ou négatives. On ne pourra, par exemple, pas passer à côté du constat d’un grand éparpillement des efforts, chaque projet ayant ses propres méthodes, parfois ses propres objectifs, voire même, ce qui est plus gênant encore, son propre langage informatique. De plus, cette hétérogénéité des travaux et des modus operandi peut parfois se faire sentir jusqu’au sein des projets eux-mêmes, puisque l’étalement des opérations dans le temps favorise une certaine diversité de traitements: c’est par exemple le cas pour la BFM (cf. p. 148) et pour certains projets de l’ATILF, sans parler du passage du corpus de Dees au NCA proprement dit. Dans ce contexte, on ne peut que louer le grand effort de collaboration, ou d’«interconnexion» comme le suggère le titre d’un des articles (101), que tous ces protagonistes ont entrepris de fournir et dont ce livre est la preuve concrète. Remarquons par ailleurs que la diversité des approches, loin de n’être qu’un point négatif, représente avant tout une grande richesse d’idées et de pratiques, qu’il serait aussi vain que dommageable de chercher à faire totalement fusionner; c’est donc davantage à une sorte de «socle commun» qu’à un gigantesque corpus unique qu’aspirent les différentes équipes de chercheurs (151). Un autre grand point fort du livre est la bibliographie très complète que l’on peut réunir sur le sujet, en concaténant toutes celles qui sont données à la fin de chaque article. Cette liste de références «papier» se double en outre logiquement d’une sorte de bibliographie web, très complète également, que l’on peut former en glanant au fil des pages diverses adresses de sites internet, ce qui n’est pas le moindre des avantages pour un livre traitant d’informatique. Mieux encore: la quasi-totalité de ces adresses sont toujours valables et ne renvoient pas à une fenêtre vide, comme certains mauvais esprits pourraient s’y attendre, quelque trois années nous séparant de la rédaction de ces articles. Nous nous permettons simplement de signaler que les adresses www.clul.ul.pt/ sectores/ cordialsin/ projecto_cordialsin.html (127), www3.anglo-norman.net/ cgi-bin/ getbm (154) et www.umanitoba. ca/ faculties/ arts/ french_spanish_and_italian/ m12.htm (154) ne fonctionnent plus; de plus, nous ne sommes pas parvenu à nous connecter au site de la Base de Français Médiéval: http: / / bfm.ens-lsh.fr, puisqu’il est temporairement indisponible. Un deuxième aspect réjouissant de ce livre est la très riche discussion scientifique qu’il relance autour de la question suivante: comment utiliser au mieux les moyens et méthodes modernes dans le cadre de la linguistique quantitative et de la linguistique de corpus (notons que, si cette discussion est ici principalement centrée sur le domaine de l’ancien français, elle en déborde largement, puisque sont également évoqués dans le livre des projets 341 Besprechungen - Comptes rendus traitant du français moderne, mais également du moyen anglais et du portugais ancien). En d’autres termes, le livre évoque clairement le fait que, si l’informatique est un outil dont aucun philologue sérieux ne saurait de nos jours se passer, sa grande puissance n’est qu’un argument quantitatif, certes capital, mais qu’il est primordial de pondérer à l’aune d’évaluations qualitatives cette fois, évaluations qui doivent nous rappeler à nos bonnes vieilles méthodes philologiques «traditionnelles». C’est ainsi que, comme nous l’avons déjà dit, le tour d’horizon des projets en cours laisse clairement apparaître les acquis, mais également les défauts à corriger et les futures grandes améliorations à apporter. Pour ce qui est du NCA lui-même, on ne s’est pas contenté de le décrire et d’aborder son fonctionnement ainsi que ce qu’il permet de faire. On s’est également attaché à en expliquer l’histoire, les étapes de constitution ainsi que les problèmes non résolus à cette heure et les améliorations nombreuses qui doivent être envisagées. De sorte que le lecteur peut se rendre compte de la qualité du projet en connaissant sa structure, ses zones d’ombre et ses failles, et cela de manière très précise, voire même souvent chiffrée. De plus, l’équipe a eu la très bonne idée de publier quelques premières applications pratiques du NCA, qui rendent compte des problèmes méthodologiques auxquels se heurte d’emblée l’utilisateur potentiel, et de fréquentes et riches discussions quant à la validité de certaines théories de Dees. La place et l’utilité du NCA dans l’avenir de la dialectologie, et à plus large échelle, de la linguistique quantitative ou de corpus se trouve ainsi mise en perspective de manière critique, sans jamais céder à la tentation de voir dans l’argument de la quantité des données disponibles (forcément miraculeusement accrue par la puissance de l’informatique) l’occasion d’oublier la qualité du travail philologique qui doit nécessairement le fonder. C’est ainsi que ce livre n’est pas seulement une présentation de ce qu’il se fait de mieux dans le domaine de la philologie informatique de l’ancien français, c’est aussi la démonstration que le renouveau de ce type d’études amène à relancer voire à renouveler l’approche critique de certains outils et ouvrages (c’est le cas pour, pêle-mêle, le DEAF, l’Inventaire systématique des premiers documents des langues romanes 2 , et surtout de l’Atlas des formes linguistiques des textes littéraires de l’ancien français de Dees 3 , dont la liste des comptes-rendus est publiée en p. 72), de certaines méthodes et techniques (l’utilisation linguistique des chartes et des textes littéraires en linguistique diachronique, le problème de la fidélité des transcriptions de manuscrits et des éditions critiques . . .) ou encore de certaines théories (la notion de scripta, les rapports entre graphie et oralité, etc . . .). En définitive, la richesse et le foisonnement de ces questionnements devraient pouvoir faire du NCA (et peut être, souhaitons-le, de ses «cousins» informatiques), pour peu qu’il se développe encore et dans le même esprit d’exigence et de lucidité, un outil de tout premier plan pour de très nombreux domaines de recherche: linguistique, dialectologie, philologie, mais également stemmatologie, codicologie, voire même études historiques et littéraires, puisque les différents textes du corpus s’efforceront désormais d’inclure de nombreuses informations diatopiques, diachroniques, diastratiques, diaphasiques, et diamésiques. On rejoindrait ici, en ce début de millénaire, l’espoir de Dees dans les années 60, qui voulait, par l’usage de nouvelles techniques, renouveler complètement les études de l’ancienne langue française. Nous nous permettrons simplement une remarque à ce sujet. S’il nous paraît fondé et indispensable de pourvoir chaque texte du corpus du plus grand nombre d’informations externes le concernant, il nous paraît en revanche souvent dangereux d’y inclure des considérations dont la «solidité» ne repose pas sur des faits concrets mais sur certains consensus 342 Besprechungen - Comptes rendus 2 B. Frank et al., Inventaire systématique des premiers documents des langues romanes, Tübingen 1997. 3 op. cit. critiques modernes: nous pensons en particulier à la volonté (exprimée dans l’article de Martin-D. Glessgen et Xavier Gouvert, La base textuelle du «NCA»: ancrage diasystématique et évaluation philologique) de renseigner chaque texte quant à l’identité de son auteur, sa date de création (afin de l’opposer à la date de composition du témoin) et surtout son «genre littéraire». Si nous concevons parfaitement que ces informations peuvent être extrêmement fiables dans le cas de certains textes et qu’elles apportent alors un complément indéniable à la richesse informationnelle du NCA, nous voudrions rappeler que dans bien d’autres cas, elles demeurent largement contestables. C’est ainsi que, pour ne prendre que les exemples les plus nets, si les débats autour des notions génériques de «fabliaux» ou de «dits» sont parfois pragmatiquement résolus, ils sont en revanche loin d’être définitivement clos. Pour prendre un autre exemple, qui n’est pas innocent puisqu’il concerne l’auteur le plus représenté dans le NCA, si l’on s’accorde à attribuer les Lais et les Fables à une même personne, nommée Marie de France en raison d’un seul vers de l’épilogue des Fables, ce point n’est pas objectivement prouvé; il fonde pourtant en grande partie la datation, consensuelle elle aussi, de ces deux œuvres. Ce que nous craignons en définitive, c’est que l’usage du Dictionnaire des lettres françaises (Le Moyen Âge) pour attribuer ce type d’informations (cf. p. 60) ne vienne greffer au cœur d’un corpus de données brutes et concrètes (c’est ce qui fait son utilité et son originalité) des données bien plus abstraites, fruits le plus souvent de consensus scientifiques modernes, et qui, loin de servir le fort potentiel de renouvellement critique du corpus dans tous les domaines que nous avons évoqués plus haut, risque d’y faire se perpétuer les mêmes doutes, voire les mêmes erreurs . . . Nous voudrions finalement commenter brièvement un dernier aspect important, puisque pouvant facilement desservir la crédibilité d’un projet informatique: la clarté du propos. Et force est de constater que de ce point de vue également, l’ouvrage est très bon, car manifestant une réelle volonté de communiquer aussi précisément que simplement (du moins, le plus possible). Dans la grande majorité des cas, le jargon informatique est très peu fréquent ou bien encadré par des explications suffisantes. Certes, il arrive qu’à la faveur de certains passages très techniques (nous pensons en particuliers à l’article Le Corpus «Voies du français»: de l’élaboration à l’annotation), des sigles ou des notions informatiques ne soient pas clairement définis et rendent la compréhension complète du texte pour le moins ardue; mais cela n’est qu’occasionnel et peu important en définitive, même si bien sûr, en informatique, une clarté maximale est toujours souhaitable, dans l’optique de mieux collaborer d’abord, et ensuite de ne pas rebuter d’emblée d’éventuels utilisateurs novices. Néanmoins, répétons-le, il ne s’agit là que de quelques points faibles, car globalement, la recherche d’une clarté satisfaisante dans les explications techniques a été couronnée de succès. Tout au plus pourrait-on encore reprocher à Pierre Kunstmann et Achim Stein d’avoir, dans leur article liminaire Le Nouveau Corpus d’Amsterdam (22), utilisé la version anglaise d’un schéma déjà relativement complexe, alors qu’on en trouve une version française à l’adresse suivante: http: / / www.uni-stuttgart.de/ lingrom/ stein/ forschung/ transcoop/ talks/ 07stein.pdf. Ce point nous a d’ailleurs amené à constater qu’on trouve sur http: / / www.uni-stuttgart.de/ lingrom/ stein/ forschung/ transcoop/ talks les exempliers et diapositives utilisés à Lauterbad par les différents intervenants; il est dommage de ne pas l’avoir signalé, car cela peut parfois apporter de très précieux compléments d’information, voire même éclairer certains articles! Le seul réel reproche que l’on pourrait en définitive faire aux éditeurs de ces actes, c’est de ne pas avoir tenté de regrouper davantage les articles selon les orientations qui leur étaient communes. On aurait pu en effet imaginer un plan plus ordonné, qui au moyen d’un chapitrage très simple aurait distingué les articles portant sur des projets externes au NCA de ceux en expliquant l’histoire, la constitution et le fonctionnement, avant de finir par les quelques réflexions sur l’usage du corpus et son application à l’heure actuelle. Certes, nous comprenons qu’il s’agit d’une simple publication des actes d’un atelier; il est néanmoins 343 Besprechungen - Comptes rendus dommage de ne pas avoir saisi l’occasion de faire de ce livre un ouvrage de référence, clair et ordonné, marquant un jalon dans l’histoire du traitement informatique de l’ancien français. Sans doute aurait-il suffit pour cela de mieux classer les articles et de, pourquoi pas, les encadrer d’une courte introduction et/ ou d’une belle conclusion synthétique, suivie d’une bibliographie récapitulative. Mais ces quelques remarques ne sont dues qu’à notre enthousiasme de voir émerger une véritable concertation autour de projets solides, de grande ampleur, largement concertés, très soigneusement constitués et qui, pour autant que l’on continue sur l’élan d’exhaustivité, d’objectivité et de clarté globale que représente cet ouvrage, devraient mettre à la portée de nos futures recherches le plaisir de bien des surprises. Mohan Halgrain ★ Marie-Anne Paveau/ Laurence Rosier, La langue française. Passions et polémiques, Paris (Vuibert) 2008, 378 p. Venant combler une lacune dans la littérature scientifique, Marie-Anne Paveau et Laurence Rosier nous proposent une réflexion d’envergure sur le purisme dans la francophonie. L’objectif de leur ouvrage est vaste: il entend passer en revue les différents discours puristes actuels sur la langue française en questionnant leur constance historique (en tous cas depuis le XVI e siècle) et géographique dans la francophonie «de souche» (c’est-à-dire au Québec, en Belgique et en Suisse). De plus, les deux auteures envisagent le purisme dans une «définition ‹élargie›» (41) et avant tout comme une pratique sociale métalinguistique axiologique (positive ou négative) à tendance prescriptive (52). En cela, elles suivent - sans pourtant la nommer - la chercheuse britannique Deborah Cameron qui présente dans son ouvrage Verbal Hygiene 1 l’intérêt que peut éveiller chez le sociolinguiste le discours de monsieur-tout-le-monde sur la langue. L’ouvrage s’ouvre avec trois chapitres généraux dans lesquels les auteures reviennent sur les origines du purisme en France. Elles y décrivent également leur définition élargie du purisme, ses lieux de circulations et ses principales figures auctoriales et institutionnelles. Soucieuses d’ancrer le discours puriste actuel dans une continuité historique, Marie-Anne Paveau et Laurence Rosier donnent dans le premier chapitre quelques éléments d’histoire de la langue qui viennent éclairer la naissance du purisme au XVI e siècle et expliquer son essor dans les siècles qui suivent (en particulier les XIX e et XX e siècles). Elles soulignent également l’importance prise par le recours à l’histoire de la langue au sein du discours puriste. La définition élargie du purisme proposée par les deux auteures représente un des points forts de l’ouvrage. En effet, elle permet d’envisager cette notion sous un jour un peu différent de l’approche linguistique traditionnelle qui voit surtout cette pratique comme négative, rétrograde et peu scientifique. Les auteures démontrent que le purisme peut parfois être positif et créatif. Il s’agit, somme toute, d’une forme d’interventionnisme linguistique. Loin de l’idée réductrice qu’on lui impute en général, il peut aboutir à la création de néologismes (citons le courriel ou le mél). De plus, l’attention portée par les puristes sur des variations dévalorisées permet aux linguistes d’obtenir de nombreuses informations sur ces registres parfois peu documentés. Finalement, il convient de ne pas ériger une trop grande barrière entre discours linguistique scientifique et purisme. Marie-Anne Paveau et Lau- 344 Besprechungen - Comptes rendus 1 D. Cameron, Verbal Hygiene, London 2005. rence Rosier nous incitent à repenser le fossé qu’on creuse souvent entre les deux discours et signalent un certain nombre de ponts qui passent de l’un à l’autre. La fin du deuxième chapitre porte sur la circulation du purisme. Les auteures y exposent les différents textes et médias qui prennent en charge ce discours. Cette partie dévoile au lecteur les diverses facettes du purisme qui n’est pas seulement présent dans les chroniques de langage du style dites . . . ne dites pas . . . mais aussi dans des ouvrages à prétention humoristique ou des dictionnaires 2 . Cette section nous semble liée au chapitre trois qui reprend la même thématique mais en mettant l’accent sur les personnalités et les institutions relayant le discours puriste. Elle propose une sorte d’histoire du purisme au travers de ses figures marquantes: de Vaugelas et l’Académie française à Bernard Pivot. Les chapitres quatre à huit exposent certaines des thématiques principales du discours puriste. Ils permettent aux auteures d’exposer plus en détails les grands mythes qui accompagnent le discours sur la langue française depuis ses origines en montrant comment le discours puriste les réhabitent dans des exemples spécifiques. En premier lieu, les deux linguistes consacrent un chapitre à l’orthographe, un des éléments les plus susceptibles de variation et un haut lieu du discours puriste qui a tendance à refuser toute réforme. Elles démontrent comment l’orthographe relève, en France, d’une position identitaire, ce qui explique en grande partie les réticences à tout changement. Le cas de la grammaire est différent. Marie-Anne Paveau et Laurence Rosier soulignent que les puristes interviennent le plus souvent autour de points bien particuliers: l’emploi des prépositions ou du subjonctif ainsi que l’accord du participe passé. Ici, ce sont les notions séculaires de clarté et de simplicité qui viennent éclairer les discours puristes sur la grammaire. Ensuite, le lexique permet aux auteures de se pencher sur la francophonie et les mots régionaux que dénonce très souvent le discours puriste. Ce chapitre met aussi le doigt sur l’utilisation de l’étymologie dans le discours puriste et sur les différents moyens mis en œuvre pour sauvegarder la légendaire richesse du vocabulaire français; un mythe contrebalancé par l’idée du mot juste et la hantise des puristes à l’égard de la polysémie. Le style - thème principal du chapitre 7 - est une notion vague pourtant appréciée du discours puriste. L’intérêt porte ici sur les différences entre oral et écrit et sur la façon dont le génie de la langue est à l’œuvre chez les différents écrivains. On retrouve également la notion de clarté déjà apparue au chapitre sur la grammaire. Finalement, les auteures exposent la stigmatisation des phrases toutes faites et d’un discours trop policé. Le dernier chapitre porte sur les différents styles sociaux et leur dénonciation par les puristes. Une fois encore, ces derniers apparaissent comme des sociolinguistes amateurs éclairant parfois des usages moins connus des linguistes. Un des apports essentiels de cet ouvrage est de présenter au lecteur une gamme impressionnante de discours puristes sur la langue française, allant de Vaugelas et Malherbe aux Soirées du Grammaire-Club 3 de la première moitié du XX e siècle et à la multitude des prises de parole constatées aujourd’hui sur Internet. L’association de sources si nombreuses et de provenance si diverses représente un véritable tour de force. Le lecteur spécialiste regrettera toutefois que les auteures n’aient pas toujours jugé bon de rapporter le texte dans sa version originale et qu’elles oublient parfois de donner les références exactes de certaines citations d’auteurs (par ex. les citations de J. Renard, E. Mounier et P. Claudel à la p. 91). Une seconde critique porterait sur la structure de cet ouvrage. En effet, si nous avons bien vu l’utilité d’une structuration en deux grandes parties telles que nous les avons présentées ci-dessus - une partie plus générale sur le discours puriste, ses origines, ses lieux et 345 Besprechungen - Comptes rendus 2 Citons par exemple R. Beauvais, Le français kiskose, Paris 1975 ou A. Duchesne, Turlupinades et tricotteries. Dictionnaire des mots obsolètes dans la langue française, Paris 2004. 3 J. Boulanger/ A. Thérive, Les soirées du Grammaire-Club, Paris 1924. ses figures (chapitres 1-3) et une partie plus analytique portant sur différents exemples de discours puristes (chapitres 4-8) -, nous avons parfois été étonnée de retrouver les mêmes thématiques reprises à différents endroits, conférant quelque peu à la lecture de l’ouvrage une impression de circularité plutôt que de progression. Ainsi, le chapitre 3.6.1 - Une analyse des classes sociales par leur langage: le puriste «sociolinguiste» (99-103) - nous semblet-il un développement des idées exposées au chapitre 2.3.2. (54-55) qui n’est pas sans rappeler le dernier chapitre (294-343) traitant justement en détail et par l’exemple de cette même thématique. Au final, nous recommandons chaudement la lecture de cet ouvrage qui, s’il présente quelques défauts pour un lecteur universitaire, permet d’avoir un aperçu fort vaste des thématiques, des formes et des relais du purisme, à l’heure actuelle, en France et, dans une certaine mesure, dans la francophonie de souche. Si les auteures enracinent solidement le purisme dans son histoire discursive, elles s’en tiennent dans leurs descriptions plus précises aux exemples du XX e siècle ce qui leur permet de bien en circonscrire l’abondante matière tout en permettant des aperçus vers d’autres horizons temporels et/ ou géographiques. Sara Cotelli ★ Jean-Denis Gendron, D’où vient l’accent des Québécois? Et celui des Parisiens? Essai sur l’origine des accents. Contribution à l’histoire de la prononciation du français moderne, Québec (Presses de l’Université Laval) 2007, xxiii + 287 p. (Langue française en Amérique du Nord) Dans cet essai, Jean-Denis Gendron cherche à expliquer pourquoi la prononciation des Parisiens n’est pas identique à celle des Québécois. Formé en phonétique à l’Université de Strasbourg par Georges Straka, Gendron - qui a présidé la Commission d’enquête sur la situation de la langue française et sur les droits linguistiques au Québec, dont le rapport est paru en 1972 - s’est intéressé pendant toute sa carrière à la prononciation du français, tant au Québec qu’en France 1 . Dans les pages liminaires de son ouvrage («Avant-propos», xvii-xxiii), Gendron présente les principales sources sur lesquelles il s’est appuyé: 1 o des témoignages directs qui rendent compte de la prononciation qui avait cours en France et au Québec depuis le XVII e siècle jusqu’au début du XX e ; 2 o des ouvrages qui traitent de l’histoire de la langue en France et au Québec; 3 o des ouvrages qui s’intéressent à l’évolution socioculturelle et politique des sociétés française et québécoise, question essentielle à la compréhension des changements dans les pratiques langagières des locuteurs. Le lecteur trouvera dans l’introduction («Vue d’ensemble de la question traitée», 1-36) une présentation générale de l’ouvrage ainsi que de la thèse avancée par Gendron pour expliquer l’origine de l’accent des Québécois. Il convient de préciser que l’auteur s’intéresse principalement à l’origine de ce qu’il appelle «l’accent québécois traditionnel», c’est-à-dire de celui qui avait cours au Québec entre 1608 et 1841 2 . Selon Gendron, c’est la prononcia- 346 Besprechungen - Comptes rendus 1 Voir par exemple: J.-D. Gendron, Tendances phonétiques du français parlé au Canada, Paris - Québec 1966 et «Origine de quelques traits de prononciation du parler populaire franco-québécois» in: Phonétique et linguistique romanes. Mélanges offerts à M. Georges Straka, Strasbourg 1970: 339-52. 2 Plusieurs traits de cet «accent traditionnel» se sont maintenus jusqu’au début du XX e siècle voire jusqu’à nos jours, sinon dans la langue standard du moins dans le registre familier ou dans la langue populaire des Québécois. tion qui avait cours à Paris pendant les XVII e et XVIII e siècles qui est à la base de cet accent; comme l’accent qui avait cours au Québec n’a pas été soumis aux modifications phonétiques survenues à Paris à la suite des bouleversements sociaux de la Révolution française, les accents québécois et parisien se sont ensuite différenciés. L’auteur s’inscrit ainsi en faux contre certaines autres hypothèses émises pour comprendre l’origine de l’accent des Québécois, notamment celles de James Roy et de Georges Straka (selon lesquels les classes sociales inférieures, et non la bourgeoisie, auraient modifié la prononciation de Paris à la fin du XIX e ), d’Aaron-Marshall Elliott (selon lequel le peuple québécois aurait imposé son accent, d’origine parisienne populaire, à l’élite québécoise) ou de Marcel Juneau (selon lequel l’accent québécois s’explique en grande partie par des origines provinciales). Les arguments qui viennent à l’appui de la thèse principale exposée dans l’introduction sont développés et approfondis dans les trois chapitres subséquents. Dans le premier («L’accent québécois traditionnel d’après les remarques des voyageurs des XVII e , XVIII e et XIX e siècles», 37-96), Gendron se penche sur les commentaires à propos de l’accent québécois qu’on trouve dans les relations de voyage des visiteurs, principalement d’origine européenne, qui sont venus au pays entre le début du XVII e siècle et la fin du XIX e . À ce sujet, l’auteur prend bien soin de s’assurer de la validité de ces témoignages. Par exemple, pour chaque témoignage dont il dispose, Gendron retrace l’appartenance sociale de son auteur et il vérifie si celui-ci a séjourné lui-même au Canada, s’il a parcouru tout le Canada ou seulement une région et s’il a entretenu des contacts étroits avec des Canadiens, ce qui permet de vérifier si ses remarques peuvent être considérées comme fiables. En outre, Gendron prend soin de reconstituer la chronologie des commentaires recueillis: la visite au Canada pouvant avoir eu lieu plusieurs années avant la publication des témoignages, il convient en effet de retracer à quelle époque ils ont été écrits. Gendron observe qu’il y a eu un changement important dans le discours des voyageurs à partir du début du XIX e siècle: après avoir été louangé et reconnu comme identique à celui de Paris par les voyageurs entre 1651 et 1763, l’accent québécois sera en effet fortement stigmatisé - parce que considéré comme différent de celui de Paris - à partir de 1810. En outre, les voyageurs du XIX e constatent avec surprise que l’accent des Québécois est uniforme du haut en bas de l’échelle sociale. Gendron se demande comment l’accent québécois, tout en restant relativement uniforme pendant trois siècles, a pu donner lieu à des affirmations aussi opposées et, surtout, comment ce changement dans le discours des voyageurs a pu se faire aussi rapidement au tournant du XIX e siècle, pendant quelques décennies seulement. Pour trouver une réponse à cette question, Gendron est d’avis qu’il faut interpréter les observations des voyageurs à la lumière de l’évolution que la prononciation a connue en France, sujet qui est abordé dans le chapitre 2 («Causes de la convergence des accents parisien et canadien aux XVII e et XVIII e siècles, puis de leur divergence au XIX e siècle, et origine des accents canadien et parisien», 97-166). Au début du XVII e siècle, la prononciation parisienne était commune à l’ensemble de la population, mais celle-ci se caractérisait encore par une variation assez grande, héritée des siècles précédents. Cette situation va changer vers le milieu du siècle pour se prolonger jusqu’à la fin du XVIII e . En effet, deux styles de prononciation vont se développer dans les classes sociales supérieures: le style familier de la conversation, appelé bel usage (usité à la cour et dans les salons) et le style soutenu du discours public, appelé grand usage (usité au parlement, au barreau, au théâtre et à l’église). Or, on trouve plusieurs traits de prononciation pratiqués dans le style familier dans l’accent québécois traditionnel, ce qui illustre bien, à l’avis de l’auteur, que la prononciation du bel usage est commune aux Parisiens et aux Québécois pendant le Régime français, expliquant ainsi le ton louangeur des voyageurs jusqu’en 1763. À partir du milieu du XVIII e siècle, toutefois, le grand usage gagnera en importance et il finira par déclasser le bel usage à la fin du siècle. Ce retournement s’explique par des rai- 347 Besprechungen - Comptes rendus sons d’ordre social: la bourgeoisie, qui s’était progressivement approprié l’accent du grand usage, acquiert de plus en plus d’autorité à partir de la Révolution française et elle finira par imposer son modèle de prononciation dans la haute société parisienne. C’est ce revirement qui a consacré la rupture de la communauté d’accent entre Paris et le Québec, dont la prononciation restera fidèle au bel usage. Évalué à l’aune de la nouvelle prononciation bourgeoise parisienne, l’accent québécois suscitera dorénavant la réprobation, comme nous le montrent les jugements dépréciatifs de la part des voyageurs de l’époque. C’est que le bel usage sera dorénavant condamné par les grammairiens français qui le jugent «négligé», «populaire» ou «provincial», puisque les provinces de France accusent elles aussi un certain retard sur la capitale. En résumé, l’accent traditionnel des Québécois s’explique essentiellement par l’abandon de certaines pratiques phonétiques du bel usage à Paris (où, par exemple, [  ] disparaît en faveur de [ ], comme dans part). L’écart entre les deux accents est en outre accentué par certains autres changements phonétiques survenus à Paris dès la deuxième moitié du XVIII e siècle, mais non au Québec (par exemple [  ] devient [ ε ], comme dans père), ainsi que par le maintien, au Québec, de certains traits propres aux classes populaire et petite-bourgeoise et qui étaient déjà rejetés à Paris au cours des XVII e et XVIII e siècles (par exemple, [ ] pour [ ε ] dans chercher). Les caractéristiques des deux styles de prononciation qui avaient cours à Paris, le bel usage (style familier) et le grand usage (style soutenu), font l’objet d’un examen plus approfondi dans le troisième et dernier chapitre («Origine, développement et sort des deux styles de prononciation», 167-219). De façon générale, le style soutenu se distinguait par la prédominance de voyelles ouvertes et de formes pleines, alors que le style familier se caractérisait par une préférence pour les voyelles fermées et pour les formes allégées, résultant de la chute d’une voyelle ou d’une consonne. C’est ainsi que, à l’inverse du style familier, le style soutenu préfère [ ε ] à [e] (comme dans les proclitiques mes, les, ces, etc.), [ œ ] à [ ø ] (menteur et non menteux) et [ks] à [s] (expliquer et non espliquer); il rejette en outre les formes syncopées (comme ste pour cet) ou encore la chute du [l] devant consonne (comme dans quèque pour quelque). Selon Gendron, le bel usage reste ainsi plus proche de l’évolution naturelle de la prononciation, alors que le grand usage s’y oppose, privilégiant les formes plus recherchées. C’est ce qui explique selon lui que le style familier se rapproche parfois de l’accent du peuple, sans toutefois se confondre totalement avec celui-ci. Certains traits, tels que la chute du [ ] dans les substantifs en -oir (miroi pour miroir) ou la prononciation [ ʒ ] au lieu de [ ʃ ] (ajeter pour acheter), sont par exemple communs à l’accent populaire et à celui du bel usage. Dans la conclusion (221-31), Gendron rappelle que le retournement linguistique survenu en France à la fin du XIX e siècle coïncide avec un changement social: dorénavant, ce sera l’accent bourgeois parisien qui servira de référence. Fidèle au modèle phonétique détrôné, celui du bel usage, l’accent québécois sera donc, dans les esprits des intellectuels, relégué au rang de prononciation populaire et, partant, jugé illégitime. L’ouvrage contient en outre quatre appendices. Dans le premier, Gendron donne un aperçu des différents grammairiens français qui sont cités dans deux ouvrages consacrés à l’histoire de la prononciation du français 3 (233-49). L’auteur illustre ensuite, à partir de l’exemple du passage du l palatal [ ʎ ] au yod [j], comment certains changements phonétiques ne finissent par se consolider dans l’usage qu’après une longue période de variation (251- 54). Le troisième appendice contient un tableau avec les principaux traits phonétiques com- 348 Besprechungen - Comptes rendus 3 C. Thurot, De la prononciation française depuis le commencement du XVI e siècle, d’après les témoignages des grammairiens, Paris, 2 vol. 1881-83, et G. Straka, «Sur la formation de la prononciation française d’aujourd’hui», TraLiLi. 19 (1981): 161-248. muns au bel usage et à l’accent québécois traditionnel (255-75). Enfin, on trouve la liste des ecclésiastiques émigrés au Canada (277-79). S’appuyant sur une documentation très riche et variée, l’essai de Gendron apporte un éclairage nouveau sur l’origine de l’accent québécois et constitue sans aucun doute une contribution essentielle à l’histoire de la prononciation du français au Québec. Il a surtout le mérite de bien illustrer comment les caractéristiques de cet accent s’expliquent par l’état du français en France à l’époque de la colonisation et comment l’évolution divergente des deux accents s’inscrit dans le contexte sociohistorique particulier des deux communautés. À ce sujet, il aurait été intéressant de poursuivre l’étude jusqu’au XX e siècle. Comme l’affirme Gendron, l’accent québécois traditionnel s’est rapproché de l’accent français à deux reprises, d’abord au milieu du XIX e siècle, ensuite depuis la Révolution tranquille, mais il ne s’est pas intéressé à cette question dans son essai. Toutefois, les Québécois n’ont pas abdiqué à toutes leurs particularités phonétiques pour autant. Or, pour mieux comprendre comment s’est développé l’accent québécois actuel, il faudrait se pencher sur les incidences que ces rapprochements ont eu sur la prononciation des Québécois, non seulement dans le registre familier ou dans la langue populaire, mais aussi, et surtout, dans le registre standard. C’est dire que l’étude menée par Gendron soulève encore beaucoup de questions, et c’est pourquoi l’auteur souhaite vivement que son essai soit complété et enrichi par la contribution d’autres chercheurs (xvii et xx). Pour ne donner qu’un exemple, nous ne disposons pour l’instant d’aucune étude qui rende compte de la prononciation des Québécois entre 1760 et 1810. Cela ne signifie pas que nous ne disposions d’aucun document qui pourrait nous renseigner à ce sujet, mais l’exploitation de ces sources reste à faire. Selon l’auteur, leur étude est d’autant plus intéressante qu’elle permettrait de mieux comprendre la transition entre les louanges de l’accent québécois sous le Régime français et les remarques péjoratives à partir de 1810 (70s.). L’étude présentée par Gendron soulève par ailleurs certaines questions qui mériteraient des explications supplémentaires. Par exemple, on ne s’explique pas toujours bien la contradiction qu’il semble y avoir entre le caractère fort élogieux des témoignages les plus anciens et la présence de certains traits parisiens populaires déjà stigmatisés à Paris aux XVII e et XVIII e siècles dans la prononciation des Québécois de l’époque. Il est vrai que Gendron fait observer que le bel usage a pris un certain temps avant de se fixer et qu’une telle situation n’était pas sans donner lieu à une variation importante à Paris même, ce qui a sans doute contribué à maintenir l’idée que la prononciation québécoise était proche de la parisienne. Mais est-ce uniquement en raison de la forte variation phonétique qui caractérise l’accent parisien de l’époque que certains de ces traits n’étaient pas encore ressentis comme populaires par les voyageurs? Ces traits auraient-ils tout simplement échappé à l’attention des derniers? Gendron précise en effet que les remarques qui remontent au Régime français portent sur l’accent québécois en général et que ce n’est qu’à partir du XIX e siècle qu’elles contiennent des indications plus précises au sujet de tel ou tel trait de l’accent québécois (40). Par ailleurs, dans la mesure où les commentaires des voyageurs pendant le Régime français contiennent des jugements sur l’accent des Québécois mais non des commentaires sur l’usage réel tel qu’ils l’ont observé, ces témoignages ne nous renseignent que peu sur les traits de prononciation qui avaient cours dans la langue des Québécois de l’époque. L’auteur n’a donc pas pu s’appuyer sur les seuls témoignages des voyageurs pour affirmer, comme il le fait à plusieurs reprises, que la prononciation qui s’est implantée en Nouvelle France est celle du bel usage et que celle-ci semble être restée relativement uniforme pendant trois siècles. En réalité, lorsque Gendron établit des liens, du reste indéniables, entre la prononciation du bel usage et celle des Québécois, il semble s’être inspiré avant tout de l’étude de Marcel Juneau (comme il le précise dans l’Appendice C), qui a identifié plusieurs 349 Besprechungen - Comptes rendus traits phonétiques qui ont eu cours au Québec dès le XVII e siècle à partir des graphies qu’il a observées dans plusieurs documents d’archives 4 . Pour le profit du lecteur, il aurait été intéressant de montrer plus clairement les liens qui existent entre la prononciation parisienne du bel usage (telle que décrite par les grammairiens français de l’époque) et la prononciation des Québécois à partir de l’époque du Régime français jusqu’au milieu du XIX e siècle (telle que retracée par Juneau). Dans son argumentation, Gendron n’établit généralement que des liens avec les prononciations attestées dans le Glossaire du parler français au Canada (GPFC) 5 , ce qui lui permet de montrer que certains traits phonétiques attestés sous le Régime français avaient encore cours au début du XX e siècle. Un dernier commentaire concernant la structure de l’essai. L’auteur signale dans l’avantpropos que l’ouvrage s’est construit «par à-coups» et qu’il n’a pas pu lui donner «un meilleur agencement» (xx), ce qui explique certaines répétitions. Par exemple, l’aperçu général présenté dans l’introduction est approfondi dans les chapitres subséquents, qui reprennent de façon plus détaillée les différents aspects de la thèse qui est présentée dans l’introduction. L’avantage de l’approche de Gendron est de permettre au lecteur «peu friand de développements techniques» (xx) de rapidement se faire une bonne idée de l’origine de l’accent des Québécois et de permettre à ceux qui le désirent d’approfondir leurs connaissances. Ces répétitions risquent néanmoins parfois de donner l’impression que certaines parties sont redondantes: en effet, dans la mesure où l’auteur revient parfois trop souvent sur les mêmes aspects de son argumentation qui sont déjà bien établis, on ne voit pas toujours bien ce que le développement ultérieur apporte comme nouvelle information. Par ailleurs, Gendron affirme dès le deuxième chapitre qu’il y a des ressemblances entre la prononciation parisienne populaire et celle du bel usage, mais il illustre ces rapports dans le dernier chapitre seulement. Or, si le bel usage ne s’est installé que progressivement à partir du milieu du XVII e siècle en France 6 , il aurait été profitable de mieux comprendre d’entrée de jeu comment les deux accents se situaient l’un par rapport à l’autre, puisque cela semble indispensable à la compréhension de l’implantation de l’accent québécois. Tout bien considéré, l’ouvrage de Gendron illustre bien comment l’histoire de la prononciation du français au Québec s’inscrit dans une évolution tout à fait naturelle qui témoigne d’au moins deux tendances qui sont à l’œuvre: la dynamique propre de la langue qui a cours au Québec et l’influence que celle qui a cours en France peut exercer sur l’usage des Québécois. En outre, l’ouvrage montre bien que l’histoire de la langue au Québec peut apporter un éclairage nouveau sur l’histoire du français tout court, puisqu’une meilleure compréhension de l’évolution du français québécois permet de mieux connaître l’état de la langue en France à l’époque de la colonisation. Wim Remysen ★ 350 Besprechungen - Comptes rendus 4 M. Juneau, Contribution à l’histoire de la prononciation française au Québec. Étude des graphies des documents d’archives, Québec/ Paris 1972. 5 Société du parler français au Canada, Glossaire du parler français au Canada, Québec 1930. 6 W. Ayres-Bennett, Sociolinguistic variation in seventeenth-century France. Methodology and case studies, Cambridge 2004. Françoise Berlan (dir.), Langue littéraire et changements linguistiques, Paris (Presses de l’Université Paris-Sorbonne) 2006, 546 p. Issu d’un ambitieux colloque organisé en 2003 par le Groupe d’Étude d’Histoire de la Langue française (GEHLF), ce volume s’inscrit dans une tradition qui considère que l’ensemble «des formes esthétiques d’une époque se reflètent dans sa langue» (7) et ses auteurs ont tous en commun l’envie de renouer le «dialogue entre littéraires et grammairiens» (13). Par ailleurs, le GEHLF porte depuis quelques années déjà une attention particulière à la variation comme en témoignent plusieurs de ses publications 1 . Le lecteur ne sera donc pas surpris que la quarantaine de contributions composant ce recueil - dont le titre Langue littéraire et changements linguistiques reste volontairement ouvert et flou pour permettre une variété d’interprétations - s’interroge sur la pertinence de la notion de «langue littéraire» pour l’histoire de la langue. Dans l’excellente introduction de l’ouvrage, Françoise Berlan et Gilles Siouffi (9-22) commencent par nous rappeler, comme en écho à la préface d’Olivier Soutet (7-8), la nécessité de «relativiser le caractère téléonomique» trop souvent attribué aux changements linguistiques et celle de prendre en compte «une dialectique entre [les] facteurs internes et [les] facteurs externes» (10) de la langue. Par ailleurs, s’ils reconnaissent que le critère littéraire a déjà fait l’objet de recherches 2 , Berlan et Siouffi ont souhaité ouvrir une discussion dans le domaine gallo-roman - après tout des chercheurs de bien d’autres domaines linguistiques se sont déjà intéressés à ces thématiques -, et proposer un état des lieux de cet objet dans une France qui entretient un rapport si particulier - parfois presque passionnel - avec sa littérature. Ils réaffirment donc d’emblée l’importance de mener un «travail d’enquête approfondi» autour de la «langue littéraire» repensée cette fois comme une véritable variété de langue pour comprendre son rapport avec la diachronie. Il s’agit bien entendu de tenter d’approcher et d’interroger cette notion si «fluctuante» qui pose, de toute évidence, de multiples problèmes lorsqu’on cherche à en délimiter les contours et à la définir «en termes linguistiques» mais surtout «d’attirer l’attention . . . sur tous ces points délicats où, à un moment donné, au carrefour de facteurs internes et de facteurs externes, quelque chose véritablement s’est passé» (11) pour mettre en résonance langue littéraire et changements linguistiques avec tous les risques que cela comporte. Les trente-neuf contributions proposées dans ce volume 3 nous offrent des perspectives et des éclairages multiples qui se complètent et se répondent, illustrant la richesse et la variété de cette langue littéraire. Les éditeurs auraient pu se limiter à classer les articles par ordre chronologique mais ils ont préféré créer une structure dynamique composée de cinq grandes sections - Que peut-on appeler «langue littéraire» (23-86), Imaginaire de la langue (87-183), Traductions, intertextualités, réécritures (185-369), Variations lexicales et syntaxiques (371-443), Les écrivains entre langue et littérarité (445-541) - regroupant des communications qui offrent des façons similaires de «représenter ce dialogue» (14). Toutefois, cette disposition n’est qu’une proposition de lecture parmi d’autres et le lecteur est invité à se faire sa propre idée de la langue littéraire en fonction des «ses centres d’intérêt et [à] construire ainsi des liens nouveaux» (14). 351 Besprechungen - Comptes rendus 1 Voir en particulier: Grammaire des fautes et français non conventionnel, Paris 1992 ou B. Combette (ed.), Évolution et variation en français préclassique. Études de syntaxe, Paris 2003. 2 Notamment lors d’un autre colloque du GEHLF dont les actes ont paru sous la direction de Ph. Caron (Les remarqueurs sur la langue française du XVI e siècle à nos jours, Rennes 2004). 3 Le nombre important de contributions ainsi que la remarquable qualité de l’introduction qui présente l’orientation et les spécificités de chaque article de manière très détaillée nous ont incitée à ne donner ici qu’une vue d’ensemble de l’ouvrage et à renvoyer le lecteur au texte de Berlan et Siouffi (en particulier p. 15-22) pour plus de détails. Ainsi, cet ouvrage nous propose plus que des actes de colloque où chaque contributeur proposerait uniquement l’état de ses recherches. Nous y voyons la pleine réalisation d’une démarche scientifique dont l’objectif avoué était d’associer, comme l’écrit Olivier Soutet dans la préface, «histoire interne et histoire externe . . . transcendant de la sorte certains clivages . . . entre histoire culturelle et histoire linguistique» (7). Langue littéraire et changements linguistiques nous démontre l’importance pour les diachroniciens - quelles que soient leur orientation et la manière avec laquelle ils abordent la question - de revaloriser les facteurs externes, de ne plus considérer la langue littéraire comme «marginale et artificielle» (8), voire même comme dangereuse, et la nécessité d’en revisiter les corpus afin de lui redonner la place qui doit être la sienne dans nos disciplines: celle d’une «simple» variété de langue. Dorothée Aquino ★ Hans W. Giessen/ Heinz-Helmut Lüger/ Günther Volz (ed.), Michel Bréal - Grenzüberschreitende Signaturen, Landau (Verlag Empirische Pädagogik) 2007, 406 p. (Landauer Schriften zur Kommunikations- und Kulturwissenschaft 13) Der vorliegende Sammelband ist zum 175. Geburtstag Bréals in dessen Geburtsort Landau in der Pfalz erschienen. Bréal war nicht nur ein herausragender Sprachwissenschaftler, sondern auch eine bedeutende Person der Zeitgeschichte - so erklärt es sich, dass die im Sammelband enthaltenen Aufsätze ein sehr breites Spektrum abdecken und sich unter den Autoren neben romanistischen und germanistischen Sprachwissenschaftlern sowie Didaktikern u. a. auch ein Sportwissenschaftler und ein Informationswissenschaftler finden. Der Sammelband beginnt mit einer knappen Einführung der drei Herausgeber (9-12), in der diese das Leben Bréals skizzieren und die einzelnen Beiträge kurz vorstellen. Es folgen vier Teile: I. Michel Bréal in seiner Zeit, II. Michel Bréal und die neuere Sprachwissenschaft, III. Michel Bréal und die Sprachdidaktik, IV. Schriften Bréals. Der erste Teil umfasst vier Aufsätze. Günther Volz schildert in «Michel Bréal - ein Weltbürger aus Landau» (15-41) das Leben Bréals zwischen Deutschland und Frankreich. Der Aufsatz ist hochinformativ; seine Lektüre wird allerdings dadurch erschwert, dass der Autor sich nicht damit begnügt, eine Fülle von interessanten Angaben über das Leben Bréals zu liefern, sondern mit diesen Angaben verquickt eine Flut an zeitgeschichtlichen Informationen über das 19. und den Beginn des 20. Jahrhunderts ausbreitet. Pascale Rabault- Feuerhahn skizziert in «Wissenschaft im Krieg. Michel Bréal und der Indologe Albrecht Weber» (43-76) anhand der Briefe Bréals an Weber die Beziehung zwischen den beiden Wissenschaftlern. Die Autorin schließt hier eine Lücke in der Forschung. Weber war für Bréal - neben Franz Bopp - während seines Studienaufenthalts 1858 in Berlin der wichtigste Wissenschaftler. Doch während die Beziehungen Bréals zu Bopp recht gut dokumentiert sind, ist sein Verhältnis zu Weber bisher kaum untersucht worden. Da die Briefe aus den Jahren 1866 bis 1871 stammen, kann Rabault-Feuerhahn überzeugend aufzeigen, wie die Beziehung Bréals zu Weber - dessen wissenschaftliche Leistungen er stets positiv bewertete - durch den Ausbruch des deutsch-französischen Krieges in eine Krise gerät, da Weber als Mitglied der National-Liberalen Partei den Krieg befürwortete. Vom Informationswissenschaftler Hans W. Giessen stammt der Aufsatz «Ein interkulturelles Puzzle. Michel Bréal, Ljew Nikolajewitsch Tolstoij und die ‹Eugubinischen Tafeln›» (77-92). Tolstoij spricht in seinem Roman Anna Karenina von einem «französischen Buch über die Eugubinischen Tafeln» (77). Dahinter verbirgt sich nach Giessen eine Anspielung 352 Besprechungen - Comptes rendus auf einen Text Bréals, Les Tables eugubines. Es handelt sich hierbei um eine Beschreibung, Kommentierung und Übersetzung der Eugubinischen Tafeln (9 Bronzetafeln, die 1444 in der Nähe der umbrischen Stadt Gùbbio gefunden wurden). Für die Handlung des Romans sind diese Tafeln irrelevant. Warum also erwähnt Tolstoij, der Bréal nicht persönlich gekannt hat, den Text? Laut Giessen ist der Verweis ein Anzeichen für die Popularität des Bréal’schen Werks; der Text steht seines Erachtens emblematisch für «ein bekanntes, zeitgenössisches, Bildung bezeugendes Werk» (87). In «Bréal und die Idee des Marathonlaufs» (93-114) schildert Norbert Müller, dass es Bréal war, der den Marathonlauf als olympische Disziplin erfunden hat. Er riet Baron Pierre de Coubertin, auf den die Wiedereinführung der Olympischen Spiele im Jahr 1896 zurückgeht, den Lauf von Marathon zum Pnyx als offizielle Disziplin in das Programm der ersten Olympiade in Athen aufzunehmen - und stiftete nach de Coubertins Zustimmung auch gleich den Siegerpokal. Teil II, Michel Bréal und die neuere Sprachwissenschaft, ist mit Abstand der umfassendste. Er beinhaltet sieben Aufsätze, in denen Bréals Arbeiten zur Semantik im Mittelpunkt stehen. Heinz-Helmut Lüger betont in seinem Beitrag «Michel Bréal - ein bedeutender Sprachwissenschaftler? » (117-41) zu Recht die Aktualität Bréals. Sie lässt sich seiner Ansicht nach an einer ganzen Reihe von Aspekten festmachen, etwa daran, dass er in seinem Essai de sémantique über die Wortebene hinausgeht sowie die Polyfunktionalität sprachlicher Äusserungen unterstreicht. Aktuell sei Bréal zudem, weil er Sprache in erster Linie als Kommunikationsmittel betrachte und Sprechen als Handeln konzipiere, die Wichtigkeit von sprachlichem Kotext und situativem Kontext für die Bedeutungsbestimmung sehe und die Bedeutung des Hörers sowie des Verhältnisses von Sprecher und Hörer für die Kommunikation herausstelle. Insgesamt, so Lüger, finden sich bei Bréal viele Gedanken, die mehr als fünfzig Jahre später in der Sprechakttheorie einen zentralen Platz einnehmen. Dass Bréals Ideen nicht noch größere Durchschlagskraft beschieden war und sie nicht schon zu einer pragmatischen Wende wurden, führt Lüger wesentlich darauf zurück, dass sie in keinen umfassenden theoretischen Rahmen eingebettet wurden. Auch vermisst er eine «zugespitzte Begriffsbildung» (140). «Zu einer ‹menschlichen› Semantik bei Bréal» (143-69) lautet der Titel des Aufsatzes von Brigitte Nerlich. Von einer menschlichen Semantik spricht sie, weil Bréal im Gegensatz zu den meisten seiner Zeitgenossen keine biologistisch-organische Auffassung von Sprache vertritt, sondern Sprache seines Erachtens «zuallererst von Menschen und für Menschen gemacht» (153) ist. Im Zentrum steht bei Bréal das Verstehen. Dieser Fokus führt dazu, dass der Sprachwissenschaftler Bréal zugleich auch Psychologe ist (er selbst sagt, von Taine beeinflusst worden zu sein; Nerlich nimmt zudem Einflüsse Schopenhauers und Eduard von Hartmanns an). Nerlich geht sogar so weit, Bréals sémantique, die bekanntlich extrem breit angelegt ist und neben der Semantik im engen Sinn Disziplinen wie Morphologie, Syntax, Spracherwerb und Sprachwandel, aber auch gewissermaßen avant la lettre Gesprächsanalyse, Pragmalinguistik und Kognitionswissenschaft umfasst, als ein «in der Tat . . . hauptsächlich psychologisches Unterfangen» zu bezeichnen, «denn in diesem Werk sucht er alle Aspekte der Sprache auszuleuchten, die durch die Psychologie, die Geschichte, die Sozialisierung des Menschen und seinen Status als in Gesellschaft wirkendes Wesen bedingt sind» (157). Anders als seine - von der Forschung bislang vernachlässigten - Vorläufer Chevallet und Pellissier in ihren «vorsemantischen» Arbeiten aus den 50er und 60er Jahren des 19. Jh. und auch anders als Darmesteter betrachte Bréal die Semantik nicht nur als Teil der Sprachgeschichte, sondern als Teil der Sprachwissenschaft. Ihm gehe es nicht so sehr um den Beitrag, den die Semantik zur Sprachgeschichte und zur (Geschichte der) Völkerpsychologie leiste. Vielmehr sehe er in Psychologie und Geschichte «Hilfswissenschaften» (150) der Seman- 353 Besprechungen - Comptes rendus tik, die dieser helfen könnten, dem Phänomen des Bedeutungswandels auf die Spur zu kommen. Wie in ihren anderen Arbeiten zu Bréal gelingt es Nerlich auch hier wieder, die Sonderstellung Bréals sowie die Modernität vieler seiner Positionen herauszuarbeiten, aber gleichzeitig Verbindungslinien zu wesentlich unbekannteren Vorgängern und Zeitgenossen aufzuzeigen. Stéphanie Benoist zeigt in «Michel Bréal, Antoine Meillet, Gustave Guillaume und die Semantik» (171-89) die Verbindungslinien zwischen Bréal, dem «Vater der französischen Semantik», Meillet, dem Gründer der Soziolinguistik und Guillaume, dem Begründer einer «Psychomechanik der Sprache», auf. Meillet studierte bei Bréal und war später - nachdem er zunächst an der École Pratique des Hautes Études lehrte - sein Nachfolger am Collège de France (171). Durch Meillet kam Guillaume, der ursprünglich Bankangestellter war, zum Studium an das Collège de France. Später erhielt Guillaume einen Lehrauftrag an der École Pratique des Hautes Études. Diese Parallelen im Hinblick auf den Bildungs- und beruflichen Weg sorgen zum Teil für ähnliche inhaltliche Akzente. Eine Gemeinsamkeit sieht die Autorin allerdings im Vernachlässigen der Phonetik - dies gilt für Bréal jedoch nur bedingt, da er an den Anfängen der experimentellen Phonetik beteiligt war (cf. den Beitrag von F. Carton im 3. Teil des Bandes). Da Benoist auf wenig Raum viele biographische Stationen der drei Sprachwissenschaftler wie auch eine Fülle an inhaltlichen Gesichtspunkten abhakt, fehlt ihr die Zeit zur Vertiefung. So kommt es stellenweise zu arg grob gerasterten Urteilen, wenn sie etwa schreibt, Guillaume unterscheide sich von Bréal und Meillet durch die «Einzigartigkeit seines Denkens» (189). Zudem unterläuft ihr ein faux ami: Nach Benoist sind Meillet und Bréal «von der Existenz linguistischer Gesetze überzeugt» (178). Mit linguistischen Gesetzen sind natürlich keine sprachwissenschaftlichen Gesetze gemeint, sondern Gesetze bzw. vielmehr allgemeine Tendenzen der Sprachentwicklung. D. h. sie verwendet linguistisch irrtümlich - wie fr. linguistique - in der Bedeutung ‘die Sprache betreffend’ 1 . Umberto Eco weist in seinem Aufsatz «Fünf Bedeutungen des Begriffs ‹Semantik› - von Bréal bis heute» (191-210) lediglich in der Einleitung kurz auf Bréal hin. Im Verlauf des Textes stellt er fünf verschiedene Bedeutungen von Semantik vor und kommt zum Schluss, dass es keine Semantik gebe, die nicht auch Pragmatik sei - an dieser Stelle wäre es allerdings ein Leichtes gewesen, eine Querverbindung zu Bréals handlungsorientierter Konzeption der Semantik herzustellen. Christine Schowalter untersucht in «Michel Bréal - ein Wegbereiter der Kognitiven Semantik? » (211-30), inwieweit Bréal in seinem Essai de sémantique im Kapitel über die Metapher den Ansatz von Lakoff und Johnson vorwegnimmt. Da Bréal zeigen will, wie metaphernreich die Alltagssprache ist und er den Fokus weniger auf einzelne Metaphern als vielmehr auf ganze Metaphernverbände richtet, kann man ihn, so die überzeugende These Schowalters, durchaus als Vorläufer von Lakoff und Johnson und ihrem Werk Metaphors we live by ansehen. Bréal zeigt z. B. auf, dass schwere ist gut und leichtigkeit ist schlecht ein Metaphernkonzept im Lateinischen ist, das gemeinsam mit anderen Metaphernkonzepten das Denken und Handeln der Menschen strukturiert. Darüber hinaus streicht Bréal heraus, dass ganze Metaphernfelder sprachübergreifend gebraucht werden, da die «vieilles nations de l’Europe» über einen gemeinsamen, durch die Völker der Antike angelegten Metaphernvorrat verfügen. In «Bedeutung zwischen Bild und Text - Bréals Polysemiekonzept im Spiegel der multimodalen Inszenierung von Werbetexten» (231-59) zeigt Gudrun Held «die Relevanz [Bré- 354 Besprechungen - Comptes rendus 1 Cf. auch eine Passage auf p. 182, wo sie «linguistische Umstände» anführt, die Wörter wie homme und chose beträfen und dazu beitrügen, dass diese konkreten Wörter zu grammatischen Wörtern würden (182). als] diachrone[r] Bedeutungskriterien für eine aktuelle semiotisch orientierte Linguistikkonzeption» (234). Anhand eines Korpus, das aus italienischen Print-Anzeigen der letzten Jahre besteht, zeigt sie, dass Printtexte heutzutage keine rein sprachlichen Produkte sind, sondern eine Mixtur aus Bild, Sprache und Typographie, weshalb man auch von multimodalen Texten spricht. Bild und Text sind in vielfältiger Hinsicht, z. T. auf sehr komplexe Art, miteinander verknüpft; häufig spielen rhetorische Figuren dabei eine wichtige Rolle. Semantische Phänomene wie die Polysemie werden auf diese Weise «aktiv hinterfragt und subjektiv durchschaubar gemacht» (256); der Rezipient wird aktiv am Prozess der Semiose beteiligt. Held rekurriert diesbezüglich auf Bréal, der im «côté subjectif» - laut Bréal «la partie la plus ancienne du langage» - den Grund sieht, dass es in der Sprache sowohl im Bereich des Wortschatzes als auch in der Grammatik viele Phänomene gibt, die Regeln außer Kraft setzen. Diese Anbindung ist m.E. durchaus plausibel. Der zweite Teil schließt mit einem kurzen Aufsatz von Jiri Panyr zum Thema «Bréals diachronische Semantik, Korpuslinguistik und das Semantic Web» (261-71). Das Semantic Web möchte Inhalte im Netz so aufbereiten, dass sie «auch von Maschinen zumindest soweit erfasst werden können, dass Automatisierung auch auf der Ebene der Bedeutung möglich wird» 2 . Panyr geht es in seinem Beitrag um die fachsprachlichen Kontexte im Semantic Web und zwar speziell um die Identifizierung von z. T. willkürlich zustande gekommenen Polysemien in diesen Kontexten. Er äußert die Hypothese, dass die diachronische Semantik und die Korpuslinguistik in diesem Punkt hilfreich für das Semantic Web sein könnten. Teil III trägt die Überschrift Michel Bréal und die Sprachdidaktik. Der Sprachdidaktik einen eigenen Teil zu widmen, ist meines Erachtens absolut gerechtfertigt, da Bréal auch in diesem Bereich zahlreiche Publikationen, darunter Lehrwerke und Aufsätze für pädagogische Zeitschriften, vorgelegt hat, die allerdings nur wenig rezipiert worden sind. Der erste Aufsatz stammt von Françoise Hammer und dreht sich um «Michel Bréal und die moderne Fremdsprachendidaktik» (275-300). Als Grenzgänger zwischen Deutschland und Frankreich, aufgrund seines Studiums der Indogermanistik und der historischen vergleichenden Sprachwissenschaft, seiner Stelle am Collège de France und der Zusammenarbeit in der Schuladministration mit dem Erziehungsminister Jules Ferry ist Bréal laut Hammer geradezu prädestiniert, der Fremdsprachendidaktik neue Impulse zu verleihen. Die Autorin konzentriert sich auf den 1893 veröffentlichten Band De l’enseignement des langues vivantes, conférences faites aux étudiants en lettres de la Sorbonne, zehn lose miteinander verbundene Vorlesungen über den Unterricht lebender Fremdsprachen, in denen Bréal seine Vorstellungen über Sprachdidaktik und Lehrerausbildung darlegt. Dabei geht es ihm allerdings nicht um eine Systematisierung seiner Gedanken; die Vorlesungen haben, wie Bréal selbst einräumt, eher den Charakter von causeries (cf. p. 294), was der Rezeption natürlich nicht zuträglich ist. Bréal zeigt sich in den Vorlesungen zunächst innovativ, indem er das Erlernen lebender Sprachen mithilfe der - in Deutschland damals schon angewandten - méthode directe befürwortet, derzufolge lebende Sprachen so gelernt werden sollen, wie die Muttersprache erworben wird und nicht wie Latein oder Griechisch. Sein Plädoyer für diese Methode trägt mit dazu bei, dass sie 1902 in Frankreich eingeführt und dann auch weiterentwickelt wird. In der siebten und achten Vorlesung kommt es allerdings zu einem Bruch: Ihr Thema ist nämlich die Übersetzung, also ein Übungstyp, der nicht zu den pragmatisch-kommunikativen Zielen der méthode directe passt. Bréal kehrt hier - kommentarlos - zur Methodik des altsprachlichen Unterrichts zurück. Hammer sieht den Grund für diesen Bruch in einem 355 Besprechungen - Comptes rendus 2 K. Tochtermann/ H. Maurer, «Semantic Web - Geschichte und Ausblick einer Vision», in: T. Pellegrini/ A. Blumauer (ed.), Semantic Web - Wege zur vernetzten Wissensgesellschaft, Berlin/ Heidelberg 2006: 1-6 (2), zit. nach Panyr, p. 266. «Zwiespalt zwischen dem Wunsch des Forschers nach Innovation und dem Festhalten des Bürgers an der Tradition» (289), d. h. an tradierten gesellschaftlichen Strukturen (gerade angesichts der turbulenten Ereignisse der Pariser Kommune von 1871). Diese Argumentation Hammers scheint mir schlüssig. Fernand Carton zeigt in «Michel Bréal und der Beginn der experimentellen und angewandten Phonetik» (301-19), inwiefern Bréal und Abbé Rousselot einen wichtigen Beitrag zum Aufschwung der neuen Richtung der experimentellen Phonetik geleistet haben. Bréal richtet 1897 an seinem Lehrstuhl für vergleichende Grammatik am Collège de France ein Labor für experimentelle Phonetik ein, in dem lebende Sprachen analysiert werden und ernennt Abbé Rousselot zum Laborgehilfen. Die Zusammenarbeit der beiden gestaltet sich sehr ergiebig, und es gelingt den beiden Forschern, bestehende Widerstände gegenüber der neuen Disziplin zu überwinden, die zum einen mit fehlendem Wissen in den Bereichen Akustik und Physiologie, zum anderen mit der mangelhaften Ausstattung der meisten Laboratorien zusammenhängen. Den Abschluss des dritten Teils bildet der Beitrag von Pierre Boutan, «Michel Bréal und das deutsche Pädagogikmodell» (321-39), der im Grunde genommen über das Thema des 3. Teils, Michel Bréal und die Sprachdidaktik, hinausgeht und sich Bréals Aktivitäten im Bereich des Bildungswesens widmet. Erwähnenswert sind diesbezüglich neben einer Vielzahl von Publikationen diverse Ämter: Bréal ist zeitweise Berater von Jules Simon, dem Minister des Schulwesens, 1879 wird er Inspecteur général de l’enseignement supérieur und zudem Mitglied im Conseil supérieur de l’Instruction publique. Sein Engagement ist geprägt von seinem Interesse an einer Reform des französischen Bildungssystems. Nach der Niederlage Frankreichs im deutsch-französischen Krieg schlägt Bréal vor, das französische Bildungssystem nach deutschem Vorbild neu zu gestalten. Das deutsche Grundschulsystem etwa sei dem französischen aus mehreren Gründen überlegen. Zum einen habe der Katholizismus in Deutschland - anders als in Frankreich - im Protestantismus ein starkes Gegengewicht, durch das die katholische Kirche in Deutschland fortschrittlicher sei. Des weiteren wäre es für das Bildungssystem von Vorteil, dass Deutschland kein zentralistischer Staat sei. Darüber hinaus wirke sich die in Deutschland zu findende Verzahnung von Grundschul-, Sekundarschul- und Hochschulausbildung, die Nähe zwischen Pädagogen und Wissenschaftlern sehr positiv aus. Bréals 1872 erschienener Artikel «Quelques mots sur l’instruction publique en France» gilt als grundlegend für die Reformbewegung im französischen Bildungswesen. Der Sammelband endet mit einem von Hans W. Giessen erstellten Verzeichnis der Schriften Bréals («Michel Bréal - ein bibliografischer Überblick»; 343-404). Insgesamt handelt es sich um ein interessantes, vielschichtiges Werk, in dem ganz unterschiedliche Facetten der schillernden Persönlichkeit Bréal beleuchtet werden. Einerseits wird mehrfach die Aktualität vieler seiner Positionen herausgestellt, andererseits wird immer wieder deutlich, inwiefern Bréals Arbeiten zeitgeschichtlich geprägt sind. Yvonne Stork ★ 356 Besprechungen - Comptes rendus Olivier Bertrand/ Sophie Prévost/ Michel Charolles/ Jacques François/ Catherine Schnedecker (ed.), Discours, diachronie, stylistique du français. Études en hommage à Bernard Combettes, Berne (Peter Lang) 2008, xxi + 452 p. (Sciences pour la communication 84) Cet ouvrage collectif a été conçu en hommage à Bernard Combettes, un linguiste d’une envergure et d’une perspicacité sans pareil. Le volume réunit vingt-sept brèves études sur les sujets qui lui sont chers et auxquels il a consacré ses nombreux livres et articles répertoriés à la fin de l’introduction au volume. Les articles se répartissent en trois chapitres thématiques. Le premier, consacré à l’étude synchronique du français moderne, mais aussi au serbe et au néerlandais, s’ouvre sur la contribution de Jean-Michel Adam, Autour de quelques ré-énonciations du «cogito» cartésien. L’auteur revient sur la distinction des linguistiques de la langue et du discours établie par Emile Benveniste, en analysant les variations de la plus célèbre phrase-formule de Descartes «Je pense donc je suis», traduite par Gassendi, re-ponctuée par Lacan et parodiée par Leiris. En suivant Benveniste, qui dit qu’entre les agencements de signes dans la phrase et les agencements de phrases dans un texte, il y a un saut de la linguistique du système (de la langue) dans la linguistique du discours (sémantique de l’énonciation), J.-M. Adam montre «à quel point le dire est dialogue avec le dit antérieur et les langues, à quel point la parole se fonde sur les faits de discours antérieurs et en opère la transformation par la mise en variation» (7). Catherine Fuchs et Pierre Le Goffic, en s’intéressant, dans leur étude Le français moderne: entre «V2» et «SVO»? , à la question de l’ordre des mots et des positions dans la phrase en français moderne, défendent l’idée que le français est encore à bien des égards une langue V2 et que les possibilités de variation de la place du sujet nominal (antéposition/ postposition) par rapport au verbe continuent à être exploitées. Il s’agit toutefois, selon les auteurs, d’un schéma V2 «restreint et assoupli» (17): même si le français accepte en position initiale des éléments autres que le sujet syntaxique (S), les éléments susceptibles de figurer en position initiale sont néanmoins limités (des circonstants détachés extra-prédicatifs ou des modalisateurs exophrastiques), ce qui rend le français plus contraignant qu’une langue V2, tel l’allemand. La question est, en outre, rendue complexe par la dissymétrie entre sujet nominal et sujet clitique, et par les problèmes afférents au constituant QU-. Dans sa contribution au titre provocateur Ces étranges «objets internes» qui ne sont ni des «objets» ni «internes», Martin Riegel s’attache à définir une des catégories de compléments verbaux les plus problématiques, à savoir les compléments d’objets internes (OInt). Après avoir défini les propriétés sémantiques et syntaxiques des GN régis directement par le verbe, l’auteur observe que les constructions avec les OInt (Jean vit une vie misérable) présentent un ensemble de caractéristiques qui les «rapprochent des locutions verbales associant un verbe support à un nom prédicatif» (46), telles que Jean a pris la fuite/ fait l’éloge de Paul, etc. Selon M. Riegel, l’OInt serait le terme proprement prédicatif de la phrase, alors que le verbe recteur d’un OInt, recouvrant «totalement le sémantisme du nom prédicatif qu’il régit, . . . se vide en quelque sorte rétroactivement de toutes ses spécificités sémantiques pour ne garder que son statut catégoriel de verbe, la duplication sémantique assurant la fusion interprétative (en un seul prédicat) et catégorielle (en une locution verbale) des deux termes» (49). Cette analyse, quelque solide et fondée qu’elle soit, a, selon l’aveu de l’auteur même (52), des limites: élaborée à partir des verbes intransitifs, elle est difficile à étendre aux verbes transitifs (Aimez vos amours, Hugo), aux compléments nominaux indirects (Dormir du sommeil du juste) ou à des constructions à double complémentation (Deux pigeons s’aimaient d’amour tendre), sans parler de la frontière, difficile à tracer, entre les verbes supports et les verbes lexicalement pleins. À suivre donc! 357 Besprechungen - Comptes rendus La question que pose Guy Achard-Bayle dans le titre de sa communication («Si poly. . . quoi? » Pour un traitement discursif de la diversité des Si) concerne à la fois la polysémie et la polyfonctionnalité de si comme introducteur de subordination; l’auteur est cependant loin d’être le premier à se poser cette question. Après avoir passé en revue les nombreux emplois de si et les façons, encore plus nombreuses, de les appréhender, G. Achard-Bayle revient sur les possibilités de leur rapprochement. Le lecteur apprend cependant davantage sur l’évolution de la conception de l’auteur du fonctionnement de si que sur le fonctionnement même. On constate que la reformulation (62) des conclusions faites en 2006 (assez récentes, donc, vu que le volume recensé ici a paru en 2008 . . .) ne fait que reprendre ce qui a été dit par Ducrot en 1984 dans l’article que l’auteur cite, du reste, dans la N3 (56). De plus, il est à peine possible de parler d’une évolution, puisque nous lisons deux pages plus loin: «Dans cette première partie j’ai voulu rappeler et discuter mon hypothèse de si P ‹mixtes›. Si j’ai pu sembler la remettre en question un moment, en fin de compte je la retrouve» (64). L’étude À l’interface du système linguistique et du discours: l’exemple des constructions identificatives (e. g. pseudo-clivées) de Denis Apothéloz est consacrée aux propriétés sémantiques et fonctionnelles des configurations discursives appelées généralement «pseudo-clivées» (Ce que j’aimerais, c’est la liste des bouquins pour les exams de licence). Pour l’auteur, la propension des constructions identificatives à «être utilisées dans des types bien particuliers de routines discursives ou conversationnelles» (90-91), à savoir dans des paires adjacentes question-réponse ou dans des énonciations réfutatives, découle naturellement de leurs trois caractéristiques principales: a) leurs propriétés topicales (les constructions identificatives sont des structures à topic délimité); b) la spécificité de l’opération de prédication qu’elles accomplissent (l’identification); c) la préférence pour placer en position de topic certains contenus. Pour ce qui est de cette dernière caractéristique, l’étude montre que l’on trouve en position topicale deux grands groupes de lexèmes: des lexèmes évaluatifs, p. ex., ce que je voudrais, ce qui frappe, le plus dur, etc.; ou «des lexèmes se rapportant à l’activité langagière, notamment dans ses aspects argumentatifs et explicatifs» (84), p. ex., ce que je vous ai dit, l’hypothèse que je défendrai, etc. Ces constructions sont ainsi «en quelque sorte préformatées pour occuper une place séquentielle particulière au sein de programmes discursifs spécifiques» (75). Dans sa contribution Énoncés parenthétiques et progression thématique: quelques observations sur corpus oraux, Jeanne-Marie Debaisieux étudie le rôle des énoncés parenthétiques (E.P.) par rapport à la structure informationnelle du texte. En élargissant la catégorie des E.P. au-delà de la dimension de l’énoncé, la plus souvent invoquée, l’auteure prend en compte le point de vue de la structure informationnelle, telle que définie dans les travaux de B. Combettes, pour expliquer les points d’insertion des E.P. L’analyse des données du corpus permet à J.-M. Debaisieux de constater que les E.P. «ne sont pas des réparations d’une insuffisance de planification» (105). Bien au contraire. En se plaçant «tendanciellement après un élément thématique et avant l’élément qui a le plus de dynamisme informationnel» (99), ils apportent, au moment opportun, «des informations jugées pertinentes par le locuteur en fonction du déroulement de l’interaction et des réactions de l’interlocuteur» (105). Georges Kleiber, dans son étude Le gérondif: de la phrase au texte, s’intéresse à l’emploi du gérondif avec la valeur de repère temporel. Comme le montre l’auteur, même si, comme dans tous les autres emplois du gérondif, le choix de la valeur circonstancielle du gérondif (moyen, manière, cause, concomitance, condition, etc.) se fait à l’intérieur du cadre de la phrase, «par le jeu combinatoire du sens du gérondif, des propriétés du verbe au gérondif et de celles du prédicat régissant» (111), les gérondifs repères temporels conduisent à «sortir» du cadre de la phrase, «parce qu’ils mettent en jeu une connaissance préalable située en dehors du cadre phrastique» (117). Pour G. Kleiber, il ne s’agit toutefois pas 358 Besprechungen - Comptes rendus d’anaphore verbale, comme le propose dans ses travaux Herslund, mais d’une présupposition sémantique, à la source des notions d’acquis, de connu ou de prévisible attachées aux gérondifs temporels, mais aussi aux subordonnées temporelles. Dans leur contribution Linguistique de la langue et linguistique textuelle. Le plus-queparfait et la relation d’inclusion: «un petit oiseau», «un petit poisson» . . ., Jacques Brès et Audrey Lauze montrent que le plus-que-parfait (PQP), qui a «une liaison privilégiée avec la régression, une liaison possible avec la progression» (127), peut aussi, même si très sporadiquement (une dizaine d’occurrences dans le corpus des auteurs, dans la majorité des cas, sous la dépendance de pendant que dans une structure à antéposition), se conjoindre avec l’inclusion, une relation qui demande que le temps interne du procès x soit inclus dans celui de y et donc difficilement compatible avec les instructions aspectuelles et temporelles fournies par le PQP. Béatrice Lamiroy, dans son étude Typologie et grammaticalisation, pose «la question de savoir si des traits typologiques particuliers sont susceptibles d’empêcher certains processus de grammaticalisation» (155). L’analyse des auxiliaires serbes et néerlandais lui permet de répondre par la négative. Si certaines données semblent à première vue servir de contre-exemples au principe de la décatégorialisation, une analyse plus détaillée montre qu’elles corroborent, au contraire, «une caractéristique essentielle de toute grammaticalisation, à savoir son caractère dynamique et, partant, graduel» (143). L’analyse des auxiliaires serbes proposée par B. Lamiroy, et notamment leur aptitude d’admettre une complétive introduite par da, devrait être cependant affinée: en effet, les «complétives» en da + présent (uniquement! ) ne sont pas des complétives «banales», mais, au départ, des propositions à valeur optative. La préférence pour les formes avec l’infinitif ou pour celles avec da est en outre délimitée géographiquement (les dialectes orientaux, pour la forme en da), deux particularités que l’auteure passe sous silence. Une comparaison avec d’autres langues slaves, p. ex. le russe, pour lequel, jusqu’à la fin du XIVe s., il est difficile de parler d’un futur «grammaticalisé», pourrait être aussi enrichissante, en confirmant en même temps le caractère dynamique de la grammaticalisation. L’étude d’Anne Theissen «Ceci» en emploi cataphorique est consacrée aux emplois où ceci annonce une source subséquente, occupe la position d’objet et est séparé de sa source par un double point (l’auteure hésite, d’ailleurs, entre deux termes pour dénoter ce signe de ponctuation: «un double point» et «un deux-points», et opte finalement pour un terme «hybride», mais pas encore accepté, à notre connaissance, par la grammaire française, soit «un double-points», qui balise le texte: nous le trouvons cinq fois p. 171). Après un bref rappel des propriétés des constructions cataphoriques, A. Theissen met en évidence deux contraintes que la construction sujet + verbe + ceci-objet impose au cotexte: i) ceci est régi principalement par les verbes dicendi du fait que l’objet de référence avec ceci est «moins la phrase en tant que phrase ou argument que la phrase en tant que contenu» (167); ii) ceci ne peut être séparé de sa source que par le double point (ou «double-points») - «contrainte de contigüité» (168). Dans sa communication «On va dire»: une enquête, Annie Kuyumcuyan s’attache au phénomène d’innovation linguistique à travers l’étude de l’expression on va dire. L’auteure commence par répertorier les principaux usages en discours de on va dire, liés (p. ex. On va dire que j’insiste) et détachés (Ce soir c’est repas on va dire d’automne). Au bout d’une analyse très détaillée, l’auteure conclut que «[l]es indices d’un transfert de certains des emplois du marqueur vers des fonctionnements plus textuels et pragmatiques que strictement référentiels sont . . . incontestables» (190), mais que la période actuelle de son évolution doit être définie, en empruntant la terminologie à B. Combettes, comme celle des «chevauchements et des faits de polysémie». Pour cette raison il est plus juste, selon l’auteure, de parler, toujours en termes de Combettes, d’innovation que de changement (191). 359 Besprechungen - Comptes rendus L’article d’Henri-José Delofeu, Écritures anciennes, paroles actuelles: nouveaux regards sur le système, la norme et les usages, clôt la première partie thématique du volume consacrée à la linguistique synchronique. Cette étude se situe cependant à cheval entre la synchronie et la diachronie, puisque l’auteur montre comment les médiévistes et les spécialistes de français parlé contemporain «se rencontrent dans leur souci d’établir et de hiérarchiser les données, et . . . de remettre en cause un certain nombre d’outils d’analyse dont le champ de validité ne va pas au-delà des usages normés du français: phrase, subordination, circonstant . . . » (194). Confrontant des textes anciens et des retranscriptions de français spontané contemporain (mais ceci vaut également pour d’autres langues), l’auteur y retrouve la même organisation macro-syntaxique en «périodes» au détriment du «modèle discursif ‹légitime› de la phrase» (197). La partie consacrée à la diachronie du français s’ouvre par l’étude d’Evelyne Oppermann-Marsaux, Les propositions conjonctives comportant «que + voici/ voilà» du moyen français jusqu’au français classique. Selon l’analyse proposée, le présentatif voici/ voilà, apparaissant jusqu’à la fin du XIV e siècle sous une forme non soudée veez ci/ la (2 e pers. pl. du verbe veoir et l’adverbe ci/ la), n’est que très rarement employé en proposition conjonctive, du fait qu’il conserve encore la valeur impérative du verbe de perception (216). Ce n’est qu’aux XVI e et XVII e siècles que s’estompe l’interprétation étymologique de «perception visuelle» du présentatif (219), processus favorisé par la disparition des formes non soudées. Le français préclassique et classique marquent «le passage d’un présentatif exclusivement spatial . . . vers un présentatif compatible également avec . . . la valeur aspectuelle de survenance» (222) et, vers la fin du XVII e siècle, avec la valeur temporelle. Nous revenons à la problématique de la grammaticalisation avec la contribution de Marie-José Béguelin, Grammaticalisation et renouvellement de «en veux-tu en voilà». L’auteure commence par mettre en lumière, dans le cadre théorique du Groupe de Fribourg, les étapes de la grammaticalisation de la séquence discursive en veux-tu en voilà (EVEV) qui possède en français contemporain trois statuts syntaxiques: i) deux clauses juxtaposées en relation de parataxe; ii) une clause comprenant une hypothétique adjointe et une principale; iii) S adv avec le statut de quantifieur de haut degré, ce dernier statut témoignant du processus de grammaticalisation abouti. EVEV reste néanmoins ouverte, en français contemporain, à la (re)motivation, dont témoignent des formes, telles que en voulez-vous en voilà, t’en veux en voilà, etc., relevées dans le corpus (237). Ceci constitue, pour l’auteure, «un point notable, à verser dans la discussion scientifique en cours sur l’‹unidirectionnalité› supposée des changements linguistiques (ou d’une majorité d’entre eux» (234), un point de vue que nous partageons. Dans son étude À propos de la notion de locution verbale. Détermination zéro et caractère locutionnel d’une construction verbo-nominale en français, André Valli propose de ranger les locutions verbales en français contemporain dans deux ensembles: des locutions en syntaxe figée à caractère non compositionnel et au déterminant fixe, et des locutions en syntaxe libre dont le sens n’est pas opaque, mais qui «ont un petit défaut syntaxique - l’absence de l’article» (248). Cependant, observe l’auteur, que ce soit en syntaxe libre ou en syntaxe figée, les locutions verbales en français moderne et contemporain «prolongent un usage ancien caractérisé par l’emploi régulier de [l’article] zéro comme introducteur des noms abstraits régimes directs» (247). L’auteur se débarrasse, à notre avis, un peu trop vite des locution figées qui ne contiennent pas de noms abstraits («prédicatifs») telles que prendre feu ou avoir bon dos, en proclamant leur caractère métaphorique et en reconduisant leur sens à une notion abstraite (250). Si nous sommes d’accord avec la définition de la valeur globale de ces expressions, le critère syntaxico-sémantique dont A. Valli fait la clé de voûte de son hypothèse sur le déterminant zéro dans les locutions verbales, à savoir un nom abstrait régime direct, s’avère caduc. 360 Besprechungen - Comptes rendus Anne Carlier, dans sa contribution La grammaticalisation au niveau du paradigme, s’interroge sur les étapes du changement sémantique («s’articule-t-il toujours en une étape pragmatique et une étape sémantique? » (260)), en étudiant l’émergence des trois articles du français: défini, indéfini singulier et «partitif» (combinant de et l’article défini). Les données empiriques examinées permettent à l’auteure d’observer, dans le cas de l’article défini et de l’article indéfini singulier, premiers membres du nouveau paradigme grammatical, une longue phase «de renforcement pragmatique précédant l’étape d’encodage du nouveau fonctionnement textuel sous forme de trait sémantique» (269), phase pendant laquelle ce «nouveau fonctionnement textuel reste fondamentalement tributaire du sens primitif propre à chacun de ces déterminants» (271). En revanche, le partitif, qui se forme plus tard, n’accède pas au statut d’article par renforcement pragmatique: son changement sémantique est plus immédiat. «Cela tient au fait que les forces de cohésion à l’intérieur d’un paradigme déjà constitué peuvent être telles que la forme en voie de grammaticalisation trouve plus rapidement sa place à l’intérieur du paradigme et voit son sens ajusté aux paramètres structurant ce paradigme» (273). Nous ne pouvons que répéter avec les maîtres que la langue est un système où tout se tient. Dans le cas des prépositions en et dans, il est, au contraire, plus judicieux, selon Walter De Mulder, de parler d’un «déplacement», plutôt que de grammaticalisation. L’auteur commence son étude «En» et «dans»: une question de «déplacement»? par la liste des acceptions de la préposition en. En ancien français, les deux sens spatiaux de en - de superposition et d’intériorité -, hérités du latin in, donnent, par extension métonymique et métaphorique, de nombreux sens et interprétations plus abstraits qui varient en fonction du contexte. En français moderne, l’acception spatiale de en s’affaiblit (et est reprise par dans) et, en même temps, en développe des acceptions plus abstraites (elle introduit, notamment, des compléments de verbes). «Ce déplacement du centre de gravité de la préposition implique à la fois des processus de grammaticalisation et de lexicalisation» (286). Il est donc possible, selon l’auteur, de parler du «déplacement» sémantique comparable à celui que Goyens, Lamiroy et Melis ont décrit pour à, mais il faudrait, conclut l’auteur, définir plus exactement le rapport entre la grammaticalisation et la lexicalisation (290). L’étude de Christiane Marchello-Nizia - Le «comma» dans un manuscrit en prose du 13 e siècle. Grammaticalisation d’un marqueur de corrélation, ou marquage d’intonation? - a pour objet la grammaticalisation d’un signe de ponctuation, le comma, qui est un point-virgule renversé, répertorié comme une ponctuation semi-forte. Des deux hypothèses formulées dans le titre, seule la deuxième, à savoir le comma en tant que marque d’une intonation précise, est retenue comme valide, du moins pour le manuscrit analysé, la célèbre Queste del saint Graal. Son emploi «correspond à la volonté du copiste d’indiquer une montée de la voix», une intonation qui «est destinée à indiquer que la phrase n’est pas finie, et que l’élément que clôt le comma n’est que le premier d’un énoncé en deux pans» (304). Dans la contribution de Jesse Mortelmans et de Céline Guillot, Clarté ou vérité, «ledit» dans la prose de la fin du Moyen Âge, nous retrouvons la problématique de la détermination. Les auteures étudient l’emploi du déterminant ledit dans deux grandes catégories de textes français du XV e siècle, les textes didactiques ou «instructifs» et des textes littéraires (309), et en limitant leur analyse aux occurrences de ledit N(om) humain (311). Elles testent sur ce corpus leur hypothèse de départ, «selon laquelle ledit peut servir de marqueur de désambiguïsation (donc un indicateur de saillance faible - O. I.) au niveau local, en cas de concurrence de plusieurs référents mentionnés dans le contexte précédant son occurrence, et/ ou de marqueur de degré élevé de saillance d’un référent qui n’avait pas ou n’avait plus un tel degré de saillance» (316). La variété d’emplois et de fonctions relevés de ledit dans les textes analysés ne permet toutefois pas aux auteures de «situer ce déterminant sur une échelle d’accessibilité, quelle qu’elle soit» (321). 361 Besprechungen - Comptes rendus L’étude de Nathalie Fournier, La gestion des anaphoriques en discours au XVII e siècle: l’exemple du cardinal de Retz, traite également des questions de cohésion textuelle, dont B. Combettes est un des plus grands spécialistes. Sans entrer dans le débat sur la pertinence, pour la gestion des anaphoriques, des échelles d’accessibilité proposées dans les travaux sur le sujet, l’auteure ne retient pour son propos que l’idée que «la saillance d’un GN, et donc sa capacité à fonctionner comme antécédent d’un pronom anaphorique, ne peut être envisagée sous l’angle d’un critère unique . . ., mais comme le résultat de l’articulation et la pondération variable de plusieurs critères (c’est-à-dire sa place sur plusieurs échelles)» (329). Les Mémoires de Retz sont un bon exemple de la gestion très souple des anaphoriques en français classique, «qui ne peut se réduire à l’application de règles rigides, comme la règle de la proximité, mais qui se fonde sur la diversité de procédures de rattachement référentiels, qui trouvent leur cohérence dans le rattachement au thème discursif et leur contribution à l’organisation textuelle» (339). La très brève contribution de Juhani Härmä, Remarques sur les constructions «topicalisées» en ancien français, continue la problématique de l’organisation textuelle. Il résulte de cette étude, pas très bien structurée, que la topicalisation, qui correspond en ancien français à un ordre des mots possible (fr. mod. Selim la Caresse, vous connaissez? ) est moins fréquente que la dislocation à gauche (Selim la Caresse, vous le connaissez? ), mais présente une plus grande souplesse tant du point de vue du type de textes que de la nature du complément topicalisé. Magali Rouquier, dans son étude, Construction en «c’est» en ancien et moyen français. Clivées, «liées»: un récapitulatif, se penche sur l’histoire des deux constructions en c’est attestées dès le XII e siècle. L’étude montre que les indices syntaxiques qui permettent de reconnaître les types clivés (C’est X que Verbe) des types non clivés sont peu nombreux, et l’auteure arrête son choix sur l’autonomie de X. L’analyse du corpus permet de constater que «les clivées apparaissent préférentiellement dans le discours direct» et que «l’élément clivé est souvent un nom propre ou un nom de parenté, qui a été souvent mentionné dans le contexte précédent» (369). Pour ce qui est des constructions liées (C’est A que B) de l’ancien et du moyen français, elles présentent peu de différences par rapport au français contemporain, parmi lesquelles l’auteure note une extension des catégories possibles en A et en B qui caractérisent les périodes plus anciennes du français: les réalisations SN que de SN, SN de SN ne sont plus attestées en français d’aujourd’hui (358). L’ampleur des travaux de B. Combettes sur la syntaxe historique fait rêver Robert Martin d’un vaste ouvrage de synthèse, un «Dictionnaire grammatical», ce qu’il avoue dans sa contribution, Pour un Dictionnaire grammatical du moyen français. Ce dictionnaire pourrait, selon l’auteur, compléter l’édition informatisée du Dictionnaire de Moyen Français (DMF) qui ne traite pas de mots grammaticaux. Après avoir exposé ses quelques réflexions et principes méthodologiques, R. Martin illustre son propos par un article consacré à l’adverbe de temps anuit, que l’auteur traduit en français contemporain par «aujourd’hui même», avec des effets de sens multiples (376s.). La troisième partie thématique est consacrée à la stylistique et à la didactique. Elle s’ouvre sur l’étude d’Alain Rabatel, Pour une approche moniste du style et de la notion de «moyens d’expression». L’auteur oppose à la conception dualiste du style qui dissocie les idées de leur expression, sa conception moniste (inspirée, comme le souligne l’auteur, par celle de M. Merleau-Ponty, mais nous pouvons ajouter qu’elle est très proche des conceptions de von Humboldt, Steinthal, Heidegger, Guillaume ou Potebnia), qui met au centre de la définition du style les moyens d’expression dans toute la variété de leurs combinaisons, actualisations et effets produits sur le destinataire. «Parler de sélection, combinaison, cela revient à mettre en valeur le style au plan des figures de pensée, autant, sinon davantage, qu’au plan des figures de mots - qui ont été survalorisées, avec l’elocutio, dans l’approche 362 Besprechungen - Comptes rendus dualiste du langage - et à considérer que la recherche des «idées» (topoi) n’est antérieure ni extérieure à la «mise en mots» - bien mal nommée, puisque la forme d’expression est pleinement significative» (397). Le lecteur constate, cependant, que l’auteur n’a pas encore dépassé, en formulant sa conception moniste, la terminologie dualiste, ni ne s’interroge, ce qui nous semble plus grave, sur l’objet de sa stylistique moniste - langue commune, texte littéraire ou littérarité. En revanche, Anne-Marie Chabrolle-Cerrentini, dans son article La stylistique comparée aujourd’hui: un syncrétisme qui a du «caractère», s’applique à définir l’objet de cette discipline et à l’inscrire dans tel ou tel courant théorique. Aussi variées que soient les directions prises par les écoles allemande, française ou italienne de la stylistique comparée qui amalgame parfois des principes théoriques incompatibles, elles sont toutes, selon l’auteure, «aiguillées par un esprit qui s’apparente de très près ou d’un peu plus loin au caractère des langues tel qu’il a été défini par W. von Humboldt au sein d’une linguistique générale et comparée qui aurait envisagé l’étude de la langue et du discours de façon complémentaire pour cerner les particularités des langues dans leur rapport au monde» (415). André Petitjean, dans sa contribution Corpus et genres: quelles interactions? , soulève quelques problèmes théoriques et méthodologiques du traitement linguistique de la généricité. L’auteur observe que, d’une part, l’étude des genres nécessite la contribution et la collaboration de disciplines différentes (linguistique, histoire littéraire, psychologie, lexicométrie, statistique . . .), ce qui engendre toutefois une «hétérogénéité des critères qui président à l’existence des genres textuels» (424). D’autre part, «le besoin de clarification générique ne se pose pas avec la même acuité . . . selon que l’on s’intéresse aux problèmes de la constitution des corpus et de leur exploitation» (421). Enfin, dans la dernière étude du volume «(De, par) peur/ crainte de/ que»: petite enquête sur une concurrence énigmatique, Caroline Masseron et Marceline Laparra se demandent dans quelle mesure la situation de concurrence observée entre les deux marqueurs n’offre pas un cas de résistance à la grammaticalisation. Au bout de leur enquête bien documentée, les auteures constatent qu’il s’agit d’un «phénomène de lexicalisation et de stéréotypie discursive, où des paramètres morphosyntaxiques gouvernent des collocations typées et assurent pour le moment la survivance parallèle et complémentaire des deux noms peur et crainte dans les tours examinés» (436). En terminant, notons que les analyses présentées sont, dans la grande majorité des contributions, très fines et bien argumentées, avec une assise empirique très solide. Il est d’autant plus dommage d’y trouver quelques imperfections au niveau de la forme: fautes de frappe, virgules superflues, points ou italiques qui manquent, répétitions fastidieuses, etc. (42, 60, 67, 109, 148, 159, 170, 171, 172, 246-47 . . .), autant de défauts que l’on aurait pu éviter par une relecture attentive. La mise en page des références bibliographiques aurait également pu être uniformisée, ce qui est de coutume dans un ouvrage collectif. La répartition des articles en trois parties - i) de la phrase au discours, ii) diachronique, iii) stylistique et didactique - apparaît aussi parfois peu logique: ainsi, nous trouvons les questions de grammaticalisation dans la première partie synchronique (Lamiroy, Kuyumcuyan), dans la partie diachronique (Béguelin, mais qui aurait pu figurer dans la partie synchronique vu que la période analysée s’étend aux derniers 150 ans, Carlier, De Mulder, Marchello-Nizia, etc.) et dans la partie stylistique (Masseron et Laparra); les pseudo-clivées dans la partie synchronique, mais les clivées dans la partie diachronique; de même, pour les anaphoriques. En même temps, dans la partie diachronique, nous trouvons des études traitant également de la cohésion du texte, mais très peu d’études qui portent uniquement sur une période d’histoire du français. Enfin, la partie Stylistique et didactique est une sorte de bric-à-brac qui abrite des articles qui ne trouvent pas leur place ailleurs . . . On aurait pu imaginer une répartition par sujets (anaphore, grammaticalisation, etc.): les per- 363 Besprechungen - Comptes rendus spectives de leur analyse - synchronique, diachronique, stylistique - sont, certes, différentes, mais elles se complètent dans les communications du volume, en apportant des éclairages divers aux phénomènes étudiés. Comme l’a montré dans sa contribution José Delofeu et comme le montrent les travaux de Bernard Combettes, l’approche diachronique a permis de jeter un nouveau regard sur les données du français contemporain et de forger un certain nombre d’outils d’analyse utilisés par la suite dans les études synchroniques. Olga Inkova ★ Sabine Bastian/ Elisabeth Burr (ed.), Mehrsprachigkeit in frankophonen Räumen - Multilinguisme dans les espaces francophones, München (Martin Meidenbauer) 2007, 231 p. Der vorliegende Band bildet den Auftakt zu einer neuen Reihe von Veröffentlichungen unter dem Titel «Sprache - Kultur - Gesellschaft - Beiträge zu einer anwendungsbezogenen Sozio- und Ethnolinguistik» unter Leitung von Sabine Bastian and Ekkehard Wolff. Er basiert auf Vorträgen zum Thema Mehrsprachigkeitsforschung zu und in frankophonen Räumen, welche 2006 anlässlich des 5. Kongresses der Frankoromanisten in Halle gehalten wurden. Das Thema der Mehrsprachigkeit ist für die aktuelle Gesellschaft und besonders auch die Forschung von höchstem Interesse, gerade auch was die Vielschichtigkeit der Frankophonie anbetrifft. Die zweisprachige Anlage der vorliegenden Veröffentlichung ist eine Chance, aber gleichzeitig auch eine Herausforderung an die Herausgeber. Ist im Sinne des europäischen Referenzrahmens wirklich der wenig strukturierte «multilinguisme» gemeint oder nicht eher der «plurilinguisme», welcher die Kenntnisse und Strategien in den verschiedenen Sprachen bei einem Individuum und in der Gesellschaft miteinander vernetzt? Der innovative Gebrauch von «espaces francophones» im Plural, der für die frankophone Wissenschaftsgemeinschaft nicht selbstverständlich ist, hätte durch einen erläuternden Kommentar an Aussagekraft gewonnen.Auch die Zusammenstellung der interessanten und breit gestreuten Artikel lässt Fragen offen: Welche Artikel aus diesem weiten Feld wurden für dieses Buch ausgewählt und aufgrund welcher Auswahlkriterien? Eine dahingehende Erklärung hätte die innere Kohäsion des Buches und die zentripetalen Kräfte in diesem komplexen Wissenschaftsgebiet verstärken können. Der einleitende Artikel zum ersten Teil «Räume und Identitäten» von Thierry Bulot gibt hilfreiche Abgrenzungen zwischen verschiedenen Raumvorstellungen und den Gruppen, welche sie prägen und welche von ihnen geprägt werden. Die Erläuterungen lassen den Wunsch einer Erweiterung in Richtung anderer Disziplinen, so im Sinne der angewandten Sprachwissenschaft oder noch stärker in Richtung der «géographie urbaine» (auch gerade in Absetzung von der anglo-amerikanischen Bedeutung von «urban») aufkommen. Frank Seiler diskutiert Raum und Territorium als soziolinguistische Kategorien. Er zeigt dabei dynamische Perspektiven in der Entwicklung der Frankophonie auf, inbesondere im Hinblick auf zukünftige Entwicklungen. Ein Rückblick in die Vergangenheit im Sinne der Dialektologie, in der sich Zeit auch im Raum einschreibt und durch die Verteilung der Isoglossen entschlüsselt werden kann, hätte sich hier ebenfalls angeboten. Der Artikel von Jean-Pierre Goudaillier gibt einen guten ersten Einstieg in das français contemporain des cités, so wie es in Frankreich gehört werden kann. Die Einträge sind von etymologischen und soziolinguistischen Informationen flankiert und geben einen Einblick in Strategien, die sich an vielen Punkten denen der historischen Geheimsprachen annähern. 364 Besprechungen - Comptes rendus Im 2. Teil zu Räumen und Sprachen behandelt Djamel Eddine Lachachi das Thema «Situation sociolinguistique et multilinguisme en Algérie», Robert Kühnel die gelebte Frankophonie im Libanon und Annette Endruschat in einer nuancierten Darstellung die Konkurrenz zwischen Frankophonie und Lusophonie in Guinea-Bissau. Unter den virtuellen Räumen des 3. Teils befinden sich nicht nur Arbeiten zu den neuen Medien, sondern auch einige, welche traditionelle Medien wie Zeitungen untersuchen. Thomas Johnen zeigt die Möglichkeiten zur Stärkung und Wiederbelebung des Pikardischen durch die Verwendung des Internets auf. Judith Visser führt diesen Gedankenstrang weiter und stützt sich dabei auf die ökolinguistische Perspektive, die sie jedoch einengend im Sinne einer Kampfmetapher interpretiert, ohne einen Hinweis auf den verbindenden Ansatz, welchen die Ökolinguistik gerade in komplexen mehrsprachigen Räumen liefern kann. Britta Thörle liefert eine interessante Textanalyse aufgrund von Äusserungen aus virtuellen Gesundheitsforen im Internet. Françoise Hammer vergleicht Beispiele der Textsorte Todesanzeige aus regionalen und nationalen Zeitungen Frankreichs. Vom methodologischen Standpunkt her sollte die Wahl der nur noch von einer begrenzten Bevölkerungsgruppe gelesenen deutschen Variante der Dernières Nouvelles d’Alsace genauer erklärt werden, ebenso die Wahl des Ortes Wissembourg, welcher in seinem Einzugsgebiet aktive Gruppen aus protestantischen und katholischen Gemeinden zählt, deren unterschiedliche religiöse Praktiken sich auch in den Todesanzeigen widerspiegeln. In «Muss ein Zeitungsleser mehrsprachig sein? » untersucht Dorit Herrmann Entlehnungen in der regionalen französischen Tagespresse. Bei einigen Beispielen wie «parking» müsste klarer zwischen Anglizismus im Französischen und dem englischen Sprachgebrauch unterschieden werden (die Bereiche sind nicht immer deckungsgleich), auch eine Diskussion der verschiedenen Integrationsstufen innerhalb der Lehnproblematik würde sich anbieten: Welche Elemente sind vom Leser noch als aus der englischen Sprache stammend einzuordnen? Welche gehören zum üblichen Sprachgebrauch? Gibt es dabei Variationen zwischen verschiedenen Bevölkerungsgruppen? Der Informationsgehalt der Artikel des Buches ist als sehr unterschiedlich einzustufen. Während einige Autoren vor allem Faktenwissen vermitteln, sind die anderen eher bemüht, Zusammenhänge herzustellen und die erhobenen Daten in einen konzeptuellen Kontext einzubetten. Die Einteilung in drei Hauptteile (Räume und Identitäten, Räume und Sprachen und Virtuelle Räume) ist nur bedingt einsichtig. Viele Artikel könnten an mehreren Stellen erscheinen und dem Leser wäre geholfen, wenn er genauer darüber informiert würde, aufgrund welcher Überlegungen die Herausgeber die vorliegende Gliederung aufgestellt haben. Sabine Ehrhart ★ Elisabeth Gülich/ Lorenza Mondada, Konversationsanalyse. Eine Einführung am Beispiel des Französischen, Tübingen (Niemeyer) 2008, xi + 150 p. (Romanistische Arbeitshefte 52) Bei der Konversationsanalyse von Gülich und Mondada (unter Mitarbeit von Ingrid Furchner) handelt es sich, wie deren Untertitel entnommen werden kann, um ein Einführungsbuch (oder genauer, um ein einführendes Arbeitsheft), welches zu Illustrations- und Analysezwecken auf ausschliesslich französische Korpora zurückgreift. Folglich wird «kein spezifisches Wissen über Konversationsanalyse» (ix) vorausgesetzt. Jedoch erscheint eine linguistische Grundausbildung von Vorteil, insbesondere fürs Verständnis einzelner Fach- 365 Besprechungen - Comptes rendus begriffe 1 . Laut Vorwort besteht das Ziel des Buches einerseits darin, dem Leser «einen Überblick über konversationsanalytische Forschung [zu] vermitteln» (ix), um ihm andererseits «die verschiedenen Themen detaillierter anhand der Analyse von Gesprächsausschnitten» (ix) näher zu bringen. Da die Einführung den debütierenden Konversationsanalytiker gemäss Autorinnen darüber hinaus zu eigenständiger Arbeit befähigen soll, wird die praktische Analyse der Theorie vorgezogen. Dadurch wirkt das Buch äusserst realitätsnah und lässt keinerlei Fragen offen. Ein weiterführendes Selbststudium wird ebenso durch die zahlreichen, nützlichen Verweise auf Basisliteratur (Sacks, Jefferson, Schegloff, etc.) ermöglicht, aus der einzelne Schlüsselzitate sowie insbesondere grundlegende Termini zudem systematisch in Originalsprache angeführt werden. Als gleichermassen sinnvoll erweist sich die Angabe von (leider nicht immer aktuellen) Internetadressen, über die zu für die Analysearbeit relevanten Programmen von Forschungszentren (CLAN, ELAN, etc.) oder zu diversen Transkriptionskonventionen (mitunter ICOR) gelangt werden kann (bzw. sollte). Überprüfen lässt sich der Kenntnisstand der Leserschaft mit Hilfe interessanter und für den Unterricht bestens geeigneter Aufgaben (ohne Lösungsvorschläge) am Ende jedes Kapitels, in denen u. a. zur Analyse der drei Arbeitstranskripte im Anhang und somit zu einer praktischen Anwendung des unmittelbar zuvor angeeigneten Wissens angeregt wird. Sprachlich und formal betrachtet präsentiert sich das besprochene Buch in einem durchweg angenehmen und lesefreundlichen Stil mit nur sehr wenigen typographischen Fehlern respektive Unzulänglichkeiten 2 . Ganz im Sinne ihrer praxisorientierten Zielsetzung widmen Gülich und Mondada das Anfangskapitel des Einführungsbuches der exemplarischen Analyse eines Alltagsgesprächs, dessen Transkription durch ein Standbild aus der entsprechenden Videoaufnahme ergänzt wird. Dieser dynamische Beginn verschafft dem Anfänger auf Anhieb einen ersten, konkreten Einblick ins Wesen der konversationsanalytischen Disziplin. Schritt für Schritt und pädagogisch einwandfrei kommentieren die Autorinnen den gewählten Gesprächsausschnitt, dessen Zeilen im Verlauf der Analyse teilweise wiederholt angeführt werden; somit bleibt dem Leser ein mühsame(re)s Zurückblättern erspart. Dadurch, sowie durch die systematischen Erklärungen der Transkriptionszeichen (die am Ende des Buches nochmals in einer Übersicht aufgelistet sind), wird der Einstieg in die Konversationsanalyse wesentlich erleichtert. Pertinent ist zweifelsohne auch die im weiteren Verlauf des Arbeitsheftes immer wiederkehrende Gegenüberstellung deutscher, englischer und französischer Grundbegriffe. Das zweite der zehn Buchkapitel gewährt essentiell einen Überblick über die Entwicklung der Konversationsanalyse (KA). Dabei wird u. a. deutlich darauf hingewiesen, dass die zu beobachtenden Phänomene nicht wie in der traditionellen Linguistik prädeterminiert 366 Besprechungen - Comptes rendus 1 So ist u. a. von einer «agglutinierende[n] Sprache» oder von «gebundenen Morphemen» die Rede (71). 2 Im Unterkapitel 4.4.2 liegt ein Fehler in der Nummerierung der Beispiele vor: Es werden die Beispiele 6-9 angeführt, auf welche sich der nachfolgende Text hingegen mit den Nummern 9-12 bezieht. Ebenso ist im Unterkapitel 5.4.1 von der Zeile 9 des Beispiels 7 die Rede (55), welche tatsächlich aber der Zeile 10 des genannten Beispiels entspricht. In einer Referenz der Bibliographie (137) wird «Francke» ohne c, in einer anderen (142) «servo-mechanism» ohne a geschrieben. In Kapitel 6.3 wiederum ist ein Syntaxfehler zu verzeichnen (67): «Es handelt sich um eine konversationelle Schreibinteraktion, d. h. ein Gespräch, in dem die Gesprächspartner . . . sich darüber verständigen, was sie schreiben und wie es sie formulieren wollen» («wie es sie» statt «wie sie es»). In der ersten der Aufgaben zu Kapitel 4 (48) fehlt vor «Une dame sort de l’hôpital» ausserdem eine öffnende Klammer. Letztlich ist in den Literaturnachweisen eine geringfügige Inkonsequenz darin erkennbar, dass derselbe Verlag einmal mit «Armand Colin» bezeichnet wird, ein andermal lediglich mit «Colin» (136). sind, sondern sich aus authentischen Daten ergeben. Somit ist die analytisch-methodologische Vorgehensweise der KA von Anfang an klar erkennbar. Unterkapitel 2.5 thematisiert ferner insbesondere die Rezeption der KA in Deutschland und Frankreich sowie die daraus resultierende Problematik, wobei - anfängergerecht - weder zu wenige, noch zu viele Detailinformationen gegeben werden. Letztlich wird klargestellt, dass sich das Einführungsbuch auf die von Sacks, Schegloff und Jefferson ausgehende, klassische KA konzentriert, ohne dabei neuere Entwicklungen ausser Acht zu lassen (26). Kapitel 3 befasst sich mit der Datengewinnung, d. h. mit der Aufnahme und der Transkription natürlicher Interaktionen. Zunächst legen Gülich und Mondada dar, inwiefern sich konversationsanalytische Daten von anderen Datentypen (Feldnotizen, Interviews, etc.) unterscheiden. In der Folge wird die Wichtigkeit der Dokumentation aller relevanten Daten unterstrichen, bevor die Vorteile von Videoaufnahmen angeschnitten werden. Eine anschliessende Erörterung weist auf verschiedene Aufnahmestrategien hin (Platzierung und Anzahl der Mikrofone, etc.), die dem Gesprächskontext entsprechend zu wählen sind. Letztlich präzisieren die Autorinnen die Transkriptionspraxis (3.2) und weisen danach auf ethische Aspekte der Aufnahmetätigkeit hin (3.3). Die folgenden Kapitel des rezensierten Arbeitsheftes richten ihre Aufmerksamkeit auf die «wichtigsten [spezifischeren] Themenbereiche» (37) der KA. So geht Kapitel 4 im Anschluss an ein einführendes Beispiel der Sprecherwechselsystematik sowohl im Alltagsgespräch, als auch in der professionellen bzw. institutionellen Interaktion auf den Grund. Unter erneuter Zuhilfenahme adäquater Beispiele wird im darauffolgenden, fünften Kapitel eingehend auf die sequenzielle Organisation von Gesprächen und deren Grundformen - Paarsequenzen (5.2), Präferenzstrukturen (5.3) sowie Sequenzerweiterungen (5.4) - eingegangen. Auch die Ausführlichkeit und Präzision, mit welcher Kapitel 6 die verschiedenen Arten von Reparaturen behandelt und hierin selbst neuere Forschungen berücksichtigt, lässt praktisch keinen Raum für inhaltliche oder formale Kritik. Im Mittelpunkt des siebten Kapitels stehen Eröffnung und Beendigung von Interaktionen sowie die vor allem mit Letzterer verbundenen Schwierigkeiten. Dabei werden - wie in anderen Kapiteln auch - multimodale Ressourcen konsequent im Auge behalten (7.2.4). In Kapitel 8, welches den Titel Thematische Organisation trägt, befassen sich die Konversationsanalytikerinnen «weniger mit den Themen selbst als vielmehr damit, wie die Interaktanten sie im Gespräch erzeugen [oder einführen], entwickeln und einordnen» (85). Unterkapitel 8.5 gibt - die didaktischen Ziele des Buches fest im Blick - Auskunft über grammatische wie auch konversationelle Methoden der Gesprächsstrukturierung. Das neunte Kapitel beschreibt Erzählsequenzen mit besonderem Augenmerk auf deren interaktive Konstitution. Mit dem zehnten und letzten Kapitel richten die Sprachwissenschaftlerinnen ihr Interesse erneut - diesmal jedoch möglichst profund und anhand einer überaus gründlichen Einzelfallanalyse - auf das Phänomen der Multimodalität und finden für ihr Einführungsheft somit einen zukunftsweisenden Abschluss. Alles in allem erlaubt die Lektüre der Konversationsanalyse von Gülich und Mondada nur ein Fazit: Es handelt sich um ein Einführungsbuch, welches - sei es für das Selbststudium oder den Unterricht - nur weiterempfohlen werden kann. Zum einen weist das besprochene Lehrmittel von Anfang bis Ende eine klare und übersichtliche Struktur sowie vollends unmissverständliche Erklärungen auf. Zum anderen ist der im Vorfeld angestrebte Kompromiss zwischen Überblick und Detail zweifellos gelungen. André Horak ★ 367 Besprechungen - Comptes rendus Uwe Dethloff/ Horst Wagner, Die französische Grammatik (DfG), 2. Auflage, Tübingen und Basel (A. Francke Verlag) 2007, xxvi + 771 S. «Die französische Grammatik» (DfG) richtet sich laut den Worten der Autoren an «Studierende des Französischen (Studiengänge Lehramt, Bachelor/ Master, Übersetzen und Dolmetschen), an Lernende an Universitäten, Fachhochschulen, weiterführenden Schulen, Einrichtungen der allgemeinen und beruflichen Weiterbildung, an Übersetzerinnen und Übersetzer in der Berufspraxis, an Schülerinnen und Schülern im Leistungskurs an Gymnasien und Gesamtschulen» (v). Sie ist als Lerngrammatik gedacht und als solche einem «normativ-präskriptiven Ansatz verpflichtet» (v). Sie weist jedoch auch auf häufige Fälle von Nichtbeachtung dieser Norm hin, wenn diese einer Tendenz im aktuellen Sprachgebrauch entsprechen, Teil der modernen Sprachentwicklung sind und deshalb vom Lernenden zur Kenntnis genommen werden müssen. So wird beispielsweise darauf hingewiesen (612), dass es im gesprochenen Französisch verbreitet ist, nach après que den subjonctif zu gebrauchen (in Analogie zu avant que), dass dieser Gebrauch aber als unangemessen kritisiert wird und nach après que im guten Gebrauch der Indikativ stehen sollte. Ein weiteres Beispiel ist der zunehmende Gebrauch des subjonctif nach espérer (wegen der Nähe zu souhaiter). Dabei wird festgestellt, dass dieser Gebrauch «(noch) nicht die Norm» (371) darstellt. «Allenfalls der subjonctif nach den Formen espérons que/ on pourrait espérer que wird zunehmend toleriert» (371): Espérons qu’il n’a/ n’ait pas de retard. DfG ist auf Satzbasis aufgebaut, «textgrammatische Aspekte finden überall dort Berücksichtigung, wo sie für die französische Sprache besonders bedeutsam sind (z. B. Passiv, indirekte Rede)» (v). Deshalb kommen nach einem kurzen Kapitel mit einigen Betrachtungen zu gesprochenem und geschriebenem Französisch und den verschiedenen Sprachebenen, die im Französisch sehr ausgeprägt sind (argot, français familier, français standard, français littéraire u. a.), Kapitel zu den einzelnen Satzbestandteilen: Substantiv,Adjektiv,Adverb,Artikel und Zahlwörter, das Verb mit seinen Formen und Zeiten (dieses Kapitel schliesst auch die Bedingungssätze, konzessive und adversative Beziehungen, Verneinung und Einschränkung ein), Pronomina und schliesslich Konjunktionen und Präpositionen. Das letzte Kapitel ist dann dem Satz gewidmet; in ihm werden einerseits die Satzstruktur und die Stellung der Satzglieder und andererseits die direkte, die indirekte und die erlebte Rede behandelt. Jedes Kapitel gliedert sich in Grundstufe, Aufbaustufe und Repetitorium. In der Grundstufe wird das grundlegende Wissen zum Thema des Kapitels vermittelt. In der Aufbaustufe werden diese Grundlagen weiter ausgebaut und vervollständigt.Alle Besonderheiten des Sprachgebrauchs werden behandelt. Das Repetitorium dient einerseits zur Wiederholung des Themas, andererseits ermöglicht es auch einen schnellen Überblick. Schliesslich enthält das Repetitorium jeweils noch einen Teil Schwierigkeiten und Fehlerquellen; in diesem wird auf besondere Tücken, die sich etwa aus verschiedenem Sprachgebrauch im Deutschen und im Französischen ergeben, und auf besondere Schwierigkeiten für den Französischlernenden hingewiesen. Prägt dieser sich diese Fehlerquellen ein, so kann er typische Fehler des Deutschsprachigen vermeiden. Beim Lesen der DfG fällt einem immer wieder deren Vollständigkeit auf: kaum ein Phänomen der französischen Grammatik, das nicht erwähnt würde. In einem Anhang wird sogar die Interpunktion im Französischen behandelt. Natürlich fehlt auch eine Liste der unregelmässigen und unvollständigen Verben nicht. Sie zeichnet sich ebenfalls durch ihre Vollständigkeit aus. Für die Konjugation der verzeichneten Verben wird jeweils auf ein Modellverb mit gleicher Konjugation verwiesen, falls ein solches existiert. Mir ist lediglich das Fehlen der beiden Verben poindre und pondre aufgefallen. Man muss allerdings festhalten, dass diese im Französischen so selten gebraucht werden, dass wohl auch manche muttersprachige Personen nicht wissen, wie sie konjugiert werden. 368 Besprechungen - Comptes rendus Ein Wort- und Sachregister am Ende des Buchs hilft bei der Suche nach bestimmten Problemen der französischen Grammatik oder einem Wort. Das Buch ist sehr sorgfältig gemacht und wurde sehr gut lektoriert, denn auf rund 700 Seiten ist kein Druckfehler und kein falscher Verweis zu finden. Damit die Studierenden die in der DfG dargestellte Theorie auch in der Praxis erproben können, liegt dem Buch eine CD-ROM mit Übungen bei. Die CD-ROM ist gleich gegliedert wie die Grammatik, sodass man jeweils ein Kapitel aus der Grammatik, das man gerade studiert hat, üben kann. Die Anleitung zum Gebrauch der CD-ROM ist gut verständlich; die Handhabung bereitet keine nennenswerte Probleme. Mit Einsetz-, Auswahl-, Korrektur- und Textordnungsaufgaben sowie mit einem Konjugationstraining können die Lernenden die französische Grammatik einüben. Richtet sich die DfG in erster Linie an Studierende, so ist sie gerade auf Grund ihrer Vollständigkeit auch den «bestandenen» Lehrenden, Übersetzenden und allen, die beruflich oder ausserberuflich mit Französisch zu tun haben, ein nützliches Nachschlagwerk, in dem die nicht immer ganz einfach zu verstehenden Probleme der französischen Sprache übersichtlich und leicht verständlich dargestellt werden. Andreas Schor ★ Franziska Schärer, Père, mère, roi et sorcière. La représentation des deux sexes et de la catégorie du genre dans les manuels scolaires de l’école primaire de la Suisse alémanique et de la Suisse romande, Berne (Peter Lang) 2008, 259 p. Dans cet ouvrage, issu d’une thèse de doctorat, Franziska Schärer s’intéresse à la représentation des femmes et des hommes dans les manuels scolaires de l’école primaire de la Suisse romande et de la Suisse alémanique. Les manuels scolaires sont des outils de référence importants: ils ont une valeur normative et jouent un rôle essentiel dans la construction de la personnalité et dans les processus de socialisation des élèves. Par conséquent, la représentation égalitaire des deux sexes dans ces supports d’enseignement est fondamentale et ceci d’autant plus que le principe de l’égalité correspond à une volonté politique en Suisse. Ainsi, Franziska Schärer cherche à savoir dans quelle mesure l’égalité des sexes est réalisée au niveau des manuels scolaires, 25 ans après l’ancrage de l’article de l’égalité dans la Constitution fédérale. Son travail a une visée pratique: sensibiliser les enseignant-e-s et auteur-e-s des manuels scolaires à la représentation égalitaire des deux sexes et contribuer à l’établissement de celle-ci au moyen de recommandations de mesures concrètes. Pour réaliser ce projet, l’auteure procède à une analyse exclusivement linguistique des manuels scolaires, analyse qu’elle mène en qualité de féministe moderniste. Or, une prise en compte des images aurait été particulièrement intéressante. Cependant, pour des raisons d’étendue - compréhensibles -, l’auteure renonce à l’intégration de la dimension non-verbale. Son corpus englobe des manuels scolaires de la Suisse romande et alémanique en usage dans l’année scolaire 2006/ 2007. Elle opère un choix pertinent pour délimiter son corpus: d’une part, elle travaille sur les manuels scolaires de l’école primaire ayant le statut «officiel» ou «obligatoire»; d’autre part, elle se concentre sur les manuels de français langue maternelle, d’allemand langue maternelle et de mathématiques - branches dans lesquelles la réussite scolaire des filles et des garçons varie et qui concourent à la sélection des élèves en vue de l’école secondaire. Sur la base de ce corpus, l’auteure effectue des analyses quantitatives qu’elle centre sur les noms communs de personnes. Comme «noms communs de personnes», elle entend, en référence à Larivière 2005, des «noms qui servent à désigner des êtres humains». Elle vérifie si les 369 Besprechungen - Comptes rendus noms communs de personnes féminins sont aussi fréquents que les noms communs de personnes masculins dans les manuels scolaires en vigueur en 2006/ 2007 et présente ses résultats dans des graphiques et des tableaux très parlants. Son analyse comporte également une dimension qualitative: Franziska Schärer examine la question de savoir si les deux sexes sont représentés de manière égalitaire dans les différents rôles sociaux. Un des résultats les plus flagrants - au point où il s’impose dans le titre du livre - est le suivant: dans le corpus romand, le nom commun de personne masculin le plus représenté dans la catégorie des métiers est «roi» tandis que le nom commun de personne féminin le plus représenté est celui de «sorcière». Pour conclure, Franziska Schärer constate que, 25 ans après l’ancrage de l’article de l’égalité dans la Constitution fédérale et bien que, depuis, les cas de sexisme les plus frappants aient été gommés dans les manuels scolaires, ceux qu’elle a analysés dans sa recherche représentent encore massivement les deux sexes dans leurs rôles traditionnels. Son analyse comparative permet également de montrer que les auteur-e-s du corpus alémanique font plus d’efforts pour formuler des textes égalitaires que les auteur-e-s du corpus français. La chercheure souligne que le système langagier du français pose davantage de problèmes à une formulation égalitaire des textes, ce qui est dû aux nombreux accords en genre dans la phrase - une problématique qui se traduit par une réticence au niveau de l’usage des formulations égalitaires. En résumé, le travail de Franziska Schärer se recommande non seulement pour les onze mesures concrètes que l’auteure formule à la fin de son ouvrage afin de contribuer à l’établissement d’une représentation égalitaire des sexes dans les manuels scolaires, mais aussi pour les exemples expressifs qui sensibilisent son public lecteur au défi de la représentation égalitaire dans les supports d’enseignement, instruments importants concourant à la réalisation du principe de l’égalité dans la société. Pia Stalder Iberoromania Juan Camilo Conde Silvestre, Sociolingüística histórica, Madrid (Gredos) 2007, 413 p. (Biblioteca Románica Hispánica 87) La sociolinguistique historique qui, comme son nom l’indique, est une discipline étroitement apparentée à la sociolinguistique, voit le jour au cours des années quatre-vingt dans le domaine anglo-saxon, notamment sous l’impulsion déterminante de Suzanne Romaine. Depuis cette époque, les principes et les méthodes de ce champ disciplinaire n’ont cessé de se développer et de s’affirmer tout en restant généralement appliqués à la langue anglaise; ce n’est que récemment et de manière fragmentaire que des études se revendiquant explicitement de cette orientation ont commencé à s’intéresser à d’autres domaines linguistiques 1 . Dans ce contexte, l’ouvrage de Juan Camilo Conde Silvestre se révèle novateur à plusieurs titres. Tout d’abord par le fait que, en proposant une vue d’ensemble des fondements et des problèmes méthodologiques de cette discipline, Conde Silvestre comble une lacune de la recherche: jusqu’à ce jour, personne n’a réalisé de manuel théorique entièrement dédié à la sociolinguistique historique. Ensuite, parce que l’auteur, professeur de linguistique historique et d’histoire de la langue anglaise à l’Université de Murcia, en plus d’offrir aux hispanophones un accès aux études de sociolinguistique historique réalisées pour la plupart en langue anglaise, élargit son champ d’investigation aux travaux dédiés à la péninsule ibérique 370 Besprechungen - Comptes rendus 1 Cette tendance semble confirmée par la récente réédition de l’ouvrage de S. Romaine, Socio- Historical Linguistics. Its Status and Methodology, Cambridge 2009 [1982]. afin que son ouvrage puisse servir d’«introducción en nuestro país de los avances que la disciplina ha experimentado a partir de sus aplicaciones a otras lenguas» (13). Dans l’Introducción (9-18), l’auteur précise que la sociolinguistique, née entre les années 1960 et 1975, a désormais atteint sa phase de maturité, ce qui permet aux chercheurs d’appliquer ses méthodes au passé notamment pour étudier les thématiques de la variation et du changement. Il fait ensuite un rapide tour d’horizon des études fondatrices de la sociolinguistique historique pour la langue anglaise citant les travaux fondateurs développés depuis les années soixante-dix par les anglo-saxons comme Romaine 1982, Trudgill 1974 ou Milroy 1974 2 , mais aussi les travaux de scientifiques finlandais comme Nevalainen 2003 ou Raumolin-Brunberg 1988 3 dont le rôle dans cette recherche sur la langue anglaise lui semble trop souvent négligé. Pour terminer, Conde Silvestre propose un état des lieux des études réalisées pour le domaine ibérique - il cite notamment les travaux récents de Gimeno Menéndez 1995, Penny 2000 ou encore Echenique Elizondo/ Sánchez Méndez 2005 4 qui témoignent de la richesse de ce champ de recherche. Le premier chapitre, Problemas y principios (19-72), propose au lecteur un passage en revue détaillé des fondements théoriques de la sociolinguistique et des problèmes méthodologiques qui peuvent surgir lorsqu’ils sont appliqués à des matériaux historiques. L’auteur, dans une première section intitulée Lingüística histórica y sociolingüística, remonte aux origines de la sociolinguistique et détaille les conditions qui ont permis son émergence et favorisé son ouverture à d’autres champs disciplinaires tels que l’analyse du discours, la sociologie du langage ou encore la psychologie sociale. Une deuxième section, Hacia una sociolingüística histórica, s’intéresse plus spécifiquement à la sociolinguistique historique tout en gardant toujours en point de mire la sociolinguistique d’un côté et la linguistique historique de l’autre. L’auteur remonte d’abord à la distinction synchronie-diachronie énoncée par Saussure et aux débats qui y ont succédé jusqu’à l’apparition de travaux qui s’apparentent à de la sociolinguistique historique, en particulier ceux de Labov, avant de mettre l’accent sur l’œuvre fondatrice de Suzanne Romaine 5 qui fixe un cadre theo rique à la discipline. La troisième section, El problema del material lingüístico histórico, est fondamentale puisque Conde Silvestre y met l’accent sur l’un des aspects majeurs qui distinguent la sociolinguistique de sa variante historique, à savoir les sources et leur validité. L’auteur discute de la question de la faible représentativité et de l’aspect forcément décontextualisé des documents anciens parvenus jusqu’à nous qui se révèlent insatisfactorios pour la recherche empirique - ce sont ces mêmes documents que Labov appelait des bad data. Ainsi, il arrive à la conclusion que le matériel à la disposition du chercheur influe de façon déterminante sur sa recherche. Dans la dernière partie de ce chapitre, Principios metodológicos, l’auteur s’attache dans un premier temps à montrer comment il est possible de reconstruire et de travailler avec des sources écrites lorsque l’on cherche à déterminer des états passés de la langue et montre quel peut être l’apport de la linguistique de corpus pour ces recherches en partant de quelques exemples de travaux. Il met ensuite l’accent sur la 371 Besprechungen - Comptes rendus 2 Pour S. Romaine, voir N1; P. Trugdill, Sociolinguistics. An Introduction, Harmondsworth 1974; J. Milroy, Linguistic Variation and Change. On the Historical Sociolinguistics of English, Oxford, Cambridge 1992. 3 T. Nevalainen, Historical Sociolinguistics. Language Change in Tudor and Stuart England, Londres 2003; H. Raumolin-Brunberg, «Social Factors and Pronominal Change in the Seventeenth Century: The Civil War Effect? », in: J. Fisiak/ M. Krygier (ed.), Advances in English Historical Linguistics, Berlin 1988. 4 F. Gimeno Menéndez, Sociolingüística Histórica (Siglos X-XII), Madrid 1995; R. Penny, Variation and Change in Spanish, Cambridge 2000; M. T. Echenique Elizondo/ J. Sánchez Méndez, Las lenguas de un reino. Historia lingüística hispánica, Madrid 2005. 5 Cf. N1. nécessité pour les études de sociolinguistique historique de reconstruire le contexte social et, à l’aide de cas concrets démontrant des corrélations entre des circonstances sociales et des usages linguistiques, souligne l’intérêt de l’histoire sociale pour sa discipline. Les chapitres deux et trois, respectivement La sociolingüística histórica y el cambio lingüístico (73-142) et La difusión del cambio lingüístico. Contribuciones de la sociolingüística histórica (143-76), sont étroitement liés; ils sont en effet tous deux entièrement dédiés à la question du changement linguistique. Dans le premier, l’auteur examine minutieusement les conclusions auxquelles est parvenue la sociolinguistique de type variationniste à partir d’études sur le changement linguistique - il y est notamment question du modèle curviligne, de la provenance des changements (opérés à partir du haut ou du bas de l’échelle sociale) ou de leur prestige -, tandis que dans le second nous sont présentées les différentes possibilités d’enrichissement et d’élargissement de nos connaissances sur les changements linguistiques qu’est susceptible de nous apporter la sociolinguistique historique. Le deux derniers chapitres, Lenguas y dialectos en contacto (198-306) et El desarrollo histórico de normas estándar: perspectivas sociolingüísticas (307-58), s’éloignent du variationnisme pour s’intéresser à des questions à caractère interdisciplinaire puisqu’elles sont souvent en rapport avec la sociologie du langage, la psychologie sociale ou encore avec l’ethnographie linguistique. L’auteur, qui avait bien conscience qu’en abordant ces thématiques il courrait un risque de «dispersión temática y metodológica», a réussi à atteindre l’objectif qu’il s’était fixé de maintenir «el conjunto de la monografia dentro de limites estrictamente lingüísticos» (16). Pour ce faire, il s’est attaché à proposer pour chaque thème abordé - notamment les processus de substitution et de maintien, le rôle des contacts de langue comme source pour le changement interlinguistique, les phénomènes de code switching ou les influences idéologiques, linguistiques et sociolinguistiques dans les processus de standardisation - des exemples concrets issus de recherches récentes des linguistiques anglaise et espagnole qu’il commente et met en perspective. Avec cet ouvrage, Conde Silvestre atteint parfaitement son objectif qui était de proposer une «presentación sistemática y comprensiva de los principios, problemas y métodos recientes de la sociolingüística histórica», (13) et comble par la même occasion une lacune manifeste dans la littérature de ce domaine. Le choix de l’auteur de séparer les chapitres centraux de l’ouvrage en deux ensembles distincts marquant clairement les courants principaux de la sociolinguistique historique actuelle se révèle concluant et fort didactique; il en est de même de la méthode mise en œuvre qui consiste à prendre systématiquement comme point de départ la sociolinguistique en mettant l’accent sur des études théoriques anglosaxonnes majeures pour montrer, dans un second temps, ce qu’il en est de la sociolinguistique historique en proposant des exemples significatifs et très détaillés tirés de travaux récents de la recherche anglaise et espagnole. Par ailleurs, dans ce même esprit de clarté, ce manuel propose une riche bibliographie des études réalisées dans les deux domaines linguistiques - anglo-saxon et espagnol - et un index des matières relativement complet. Toutefois, pour dépasser l’aspect descriptif de ce manuel, il aurait peut-être été souhaitable que l’auteur propose un chapitre conclusif permettant d’entrevoir les vastes perspectives d’avenir qui s’ouvrent dans ce domaine de recherche. S’il est certain que la vitalité actuelle de la sociolinguistique historique, conjuguée au contexte linguistique spécifique à la Péninsule ibérique, a favorisé l’existence d’un tel travail, nous attendons toujours qu’un ouvrage de synthèse de cette qualité voie le jour pour les autres espaces linguistiques, en particulier pour le domaine gallo-roman. Dorothée Aquino ★ 372 Besprechungen - Comptes rendus Juan Carlos Moreno Cabrera, El nacionalismo lingüístico, una ideología destructiva, Barcelona (ediciones Península) 2008, 223 p. Juan Carlos Moreno Cabrera é catedrático de lingüística xeral na Universidade Autónoma de Madrid. Este libro constitúe un interesante e entretido ensaio verbo dun tema de grande actualidade no Estado español, e tamén noutros europeos, como é o do nacionalismo de corte centralista asociado á lingua e asemade a cuestión da lingua como elemento de conflito entre comunidades de falantes. A obra, escrita por un autor nado en Madrid, presenta un carácter atrevido e polémico, algo que a converte na mellor carta de presentación para lectores ávidos de opinións que saen do convencional ou politicamente correcto. O seu deseño editorial consta dun prólogo e seis capítulos cuxos títulos refiren nomeadamente distintas temáticas a desenvolver agrupadas por pares: 1. Lengua y nación: aspectos sociales y lingüísticos, 2. Nacionalismo lingüístico y discriminación, 3. Nacionalismo lingüístico y colonialismo, 4. Nacionalismo lingüístico e imperialismo, 5. Lingüística y nacionalismo lingüístico, 6. Contra el nacionalismo lingüístico. O prólogo, escrito en terceira persoa, advirte ó lector acerca do posicionamento do autor e informa de que a obra pretende ser unha crítica do que el entende por ideoloxía do nacionalismo lingüístico, un posicionamento que aspira a poñer en discusión determinadas ideas, pero non persoas. Ó longo do libro atopamos diferentes cuestións de grande interese relacionadas cos conflitos asociados ás linguas minoritarias ou minorizadas, preferentemente aquelas que están en contacto directo con linguas de Estado que posúen un amplo número de falantes. Deseguido imos ver, de xeito reflexivo, unha síntese das principais cuestións que aborda Moreno Cabrera neste excelente traballo. É certo que dende ideoloxías centralistas ou de nacionalismo de Estado se tenta botar man do darwinismo social para xustificar o sometemento, asoballamento, imposición e aniquilamento de moitas linguas, que ó non seren (din eles) linguas do progreso e da ciencia tenderán de seu á desaparición ou minorización. Esta idea xa non é nova, busca poñer en paralelo o desenvolvemento das linguas coa evolución natural das especies (as linguas son coma seres vivos que nacen, crecen e morren) para así xustificar a extinción de calquera idioma que non sexa o que se está a impoñer. Estas propostas esquecen que se pode facer ciencia dende calquera lingua e que hoxe en día só o inglés actúa como lingua franca para a ciencia. Dende as posicións do nacionalismo lingüístico existe unha lingua nacional, chamada común e de unión, que é elevada a entidade superior fronte ás restantes que posuirán un carácter local, marxinal e secundario. Deste xeito lexitiman a posición da lingua dominante mediante causas extralingüísticas, para obxectivar e desideoloxizar o discurso nacionalista centralista. É algo que vemos en países como, entre outros, España e Francia. O nacionalismo lingüístico oculta os aspectos sociais, políticos e económicos da evolución lingüística para presentalos como procesos que se desenvolveron de seu e de modo natural. Deste xeito, imponse unha variedade asociada a algún centro de poder, cunha planificación lingüística orientada a tal fin; por exemplo, o chamado español foi asociado co dialecto castelán e acabou impoñéndose mercé a que o poder político, xurídico e económico determinou que en España a variante estándar fose a castelá e non a galego-portuguesa, astur-leonesa ou navarro-aragonesa. Así pois, sostén o autor que o crecemento progresivo do prestixio do castelán, e doutras linguas europeas, ten unha explicación política, militar, demográfica e económica, non foi un proceso natural. Co paso do tempo, esta variedade lingüística privilexiada acaba por se cualificar como superior intrinsecamente e como representante da unidade nacional. Isto explica tamén que a denominación pase de castelán a español, para levar a superioridade militar e política ao terreo lingüístico e para 373 Besprechungen - Comptes rendus marcar como única lingua considerada española a variante de Castela (nacionalismo excluínte). Se aplicamos este acertado pensamento de Moreno Cabrera a certos modelos coma o gravitacional de Calvet, comprobaremos que o falante non necesariamente escolle en liberdade, dado que xa ten a escolla condicionada por un proceso de décadas, ou mesmo séculos, de imposición e inmersión lingüística que lle creou preconceptos e autoodios dificilmente superables. Lembremos que segundo esta teoría lingüística existe unha hiperlingua ou lingua hipercentral que é o inglés, arredor da que gravitan as linguas supercentrais, tamén chamadas de Estado ou imperiais (castelán, francés. . .), e arredor delas gravitan linguas históricas ou centrais, que pola súa vez teñen preto de si as linguas denominadas periféricas. Deste modo, as linguas manterán entre si unha relación de forza, pola que os falantes tenderán a se mover nunha dirección en sentido centrípeto que os arrastra cara a aquelas de maior magnitude e peso gravitacional, de tal maneira que o falante dunha lingua central ou histórica optará por aprender unha supercentral, ou hipercentral coma o inglés, e non á inversa. Xa que logo, o falante verase arrastrado por aquelas linguas que se converteron en modelo a seguir, pero non pola súa superioridade intrínseca senón polas circunstancias políticas, económicas e militares que fixeron delas tal modelo. Nos países conquistados e colonizados de América e doutros continentes déronse fenómenos similares ós acontecidos nas comunidades autónomas de diversos estados. Moitas linguas nativas desapareceron pola morte dos seus falantes ou polo exterminio cultural a que foron sometidas. Trátase dunha idea nacionalista imperialista que determina como naturalmente superior unha certa variedade, que ademais ha de acompañar as fazañas do imperio. No caso de España, e tamén doutras nacións europeas, o autor fai súas as palabras de De Miguel Aparicio: «en los últimos tiempos se ha puesto relativamente de moda una defensa del español que implica, tal y como se formula, un maltrato hacia las lenguas con las que convive . . . » (194). Por iso as comunidades autónomas do Estado español, para defenderen a supervivencia das súas linguas e culturas, teñen que facer fronte decontino ós excesos nacionalista-centralistas dos representantes dalgunhas ideoloxías políticas que acadan o poder. É habitual escoitar que as comunidades autónomas teñen que ser bilingües, pero o que se produce é un bilingüismo asimétrico, un monolingüismo restritivo (fóra desas comunidades dentro do mesmo Estado, o falante non ten liberdade para escoller lingua, vénlle unha delas imposta). Moreno Cabrera conclúe afirmando que en España existen dous tipos de nacionalismo: un de corte imperial-centralista e outro de tipo periférico-resistente. Así é, os partidarios do primeiro destes nacionalismos amosan posicionamentos hexemónicos e uniformadores, non queren facer compatible a existencia das linguas maioritarias coa pervivencia das minorizadas, non saben combinar o bilingüismo e multilingüismo dos individuos co plurilingüismo dos estados, imbricando os comportamentos individuais cos colectivos. En definitiva, á luz do pensamento deste autor nós defendemos o feito de saber nivelar a tendencia á homoxeneidade e uniformidade globais co dereito a sermos diferentes e a manter a propia identidade, a idea de saber construír un Estado plurilingüe en pé de igualdade sen destruír ou someter as culturas e linguas que o integran. Somos partidarios, como ten apuntado Josep Maria Nadal, de que os Estados «xestionen» adecuadamente a multiplicidade de culturas e de linguas asentadas nos seus territorios; cremos que o respecto ás diferenzas apréndese e é algo que nos une, por iso se consideramos que todas as linguas dun territorio coma España son linguas españolas, o Estado debería facilitar o seu coñecemento no conxunto das comunidades. A desprotección e o rexeitamento serán os que impulsen, motivado pola supervivencia, a idea de separatismo e secesión, por iso o que acabamos de 374 Besprechungen - Comptes rendus dicir o podemos poñer en relación cos comentarios que adoito lles escoitamos ós políticos en España cando defenden a idea de fomentar o «trilingüismo»; mais o que cumpriría facer sensu estricto sería potenciar o plurilingüismo do país e o multilingüismo das persoas. Xosé Soto Andión ★ Sandra Herling, Katalanisch und Kastilisch auf den Balearen, Heidelberg (Winter) 2008, 396 p. (Beiträge zur Literatur-, Sprach- und Medienwissenschaft 159) Die im Mai 2007 an der Universität Siegen angenommene Dissertation beschäftigt sich mit einer Fragestellung, die in der deutschsprachigen iberoromanischen Sprachwissenschaft gegenwärtig eine gewisse Beliebtheit zu besitzen scheint: dem (unter verschiedensten Blick winkeln betrachteten) Sprachkontakt zwischen dem Kastilischen und einer auf dem spanischen Staatsterritorium präsenten Regionalsprache. Nicht selten wird in diesem Zusammenhang eine Varietät des Katalanischen untersucht - so auch in der hier in Rede stehenden Arbeit, die sich für das Verhältnis beider Sprachen auf den Balearen interessiert. Dabei sollen die empirischen Studien der Autorin «nicht nur eine Bestandsaufnahme der Präsenz des Katalanischen und Kastilischen in den ausgewählten gesellschaftlichen Bereichen darstellen, sondern auch Aufschluss über die Motive der Sprachenwahl und die Einstellung gegenüber der Normalisierungspolitik geben» (14), wie im Einleitungskapitel Zielsetzung und Gliederung der Arbeit nachzulesen ist. Nach einem zehnseitigen Forschungsüberblick zur untersuchten Thematik (15-24), widmet sich die Autorin den historischen und sprachpolitischen Rahmenbedingungen der aktuellen soziolinguistischen Situation der Balearen (25-72), wendet sich danach dem Normalisierungsprozess im Untersuchungsgebiet mit seinen Hindernissen und aktuellen Tendenzen zu (73-221) und geht schließlich zur Untersuchung der Präsenz des Katalanischen und Kastilischen in ausgewählten gesellschaftlichen Bereichen über (222-379). Einem Fazit (380-83) folgen die Bibliographie der Arbeit (384-91) und ein Verzeichnis der konsultierten Internetseiten (391-94). Im Anhang befinden sich ein Diagrammverzeichnis (395) und ein Tabellenverzeichnis (396). Bereits der Umfang der Arbeit deutet auf eine sehr detailreiche Beschäftigung mit dem gewählten Untersuchungsgegenstand hin - ein Eindruck, der durch die Lektüre vollends bestätigt wird. Das dem Forschungsüberblick folgende erste Hauptkapitel leitet die Autorin mit ca. vierzigseitigen Betrachtungen zur externen Sprachgeschichte der Inseln ein, denen - getrennt nach Festlegungen der spanischen Verfassung und des Autonomiestatuts der Balearen - Ausführungen zu den sprachpolitischen Rahmenbedingungen im Untersuchungsgebiet folgen. Damit wird der gesetzliche Rahmen, vor dem jede Form von Sprachnormierung auf den Inseln stattzufinden hat, verdeutlicht. Dieser Normierungsprozess bildet den Gegenstand des zweiten Hauptkapitels. Nachdem beschrieben wurde, welche Sprachen und Varietäten auf den Balearen aufeinander treffen, folgt ein über zwanzigseitiger Exkurs, der phonetische, morphosyntaktische und lexikalische Eigenheiten der lokalen Dialekte herausarbeitet und diese mit dem Standardkatalanischen vergleicht. Folgerichtig beschäftigt sich die Autorin anschließend mit der Entwicklung und Definition des Konzeptes Normalisierung in der katalanischen Soziolinguistik, interessiert sich für die Inhalte und Ziele des sprachlichen Normalisierungsgesetzes im Untersuchungsgebiet und beleuchtet die Hindernisse des dortigen Normalisierungsprozesses. Sie geht dabei nicht nur auf den allgegenwärtigen Konflikt zwischen Regional- und Nationalsprache ein, sondern beschäftigt sich darüber hinaus mit der für die Fragestellung zentralen Kategorie des auto- 375 Besprechungen - Comptes rendus odi. In diesem Zusammenhang interpretiert sie eine ihr vorliegende Studie zur Sprachkompetenz der Inselbewohner, beschäftigt sich mit der Immigration auf den Balearen und der Einstellung der lokalen Bevölkerung zur katalanischen Sprache. Ausgangs dieses Kapitels wird dann noch kurz auf mit dem Normierungsprozess befasste Institutionen und dessen aktuelle Tendenzen eingegangen. Eine stets zentrale Frage bei der Beschäftigung mit Regionalsprachen ist die nach deren Status und Verhältnis zur Nationalsprache. Diesem Aspekt widmet die Autorin ein weiteres Hauptkapitel (5) 1 . Darin untersucht sie nacheinander die Präsenz des Katalanischen und Kastilischen in Verwaltung (5.1); Bildungswesen (5.2), dem eine besondere Rolle bei der sprachlichen Normalisierung zuerkannt wird - insbesondere in Schule (5.2.1) und Universität (5.2.2); Medien (5.3) - mit Unterteilung in Printmedien (5.3.1): Tageszeitungen (5.3.1.1), Wochenzeitungen (5.3.1.2), Fachzeitschriften (5.3.1.3), Gemeindezeitschriften (5.3.1.4); audiovisuelle Medien (5.3.2): Fernsehen (5.3.2.1), Rundfunk (5.3.2.2) und Internet (5.3.3), wobei die Startseiten verschiedenster Verwaltungseinrichtungen besondere Aufmerksamkeit erhalten. Für den Bereich der Wirtschaft (5.4) behandelt die Arbeit insbesondere den Sprachgebrauch im Handel (5.4.2) und in der Tourismusbranche (5.4.1), für die auch ein kurzer historischer Abriss ihrer Entwicklung auf den Balearen gegeben (5.4.1.1) und eine Umfrage ausgewertet wird (5.4.1.2). Im den inhaltlichen Teil abschließenden Fazit der Arbeit verweist die Autorin darauf, dass sich die Balearen bei Verabschiedung der Präambel des Normalisierungsgesetzes, im Jahre 1986, in einer soziolinguistisch anormalen Situation befunden haben, deren hervor stechende Merkmale ein bei der Bevölkerung schwach ausgeprägtes Sprachbewusstsein und vielfach unzureichende Kenntnisse der katalanischen Sprache waren. Heute bestehe ein wesentliches Problem für die weitere Förderung des Katalanischen darin, dass die regionale Norm der Standardsprache einer dialektalen Vielfalt gegenüber steht, die allein von den Einwohnern des Untersuchungsgebietes als wahrhaft identitätsstiftend und das Eigene verkörpernd betrachtet wird. Darüber hinaus führe ein noch immer vergleichsweise geringes Sprachbewusstsein der einheimischen Bevölkerung dazu, dass mit Fremden - unabhängig von deren Katalanischkenntnissen - bevorzugt Kastilisch gesprochen werde und dass die Nationalsprache bevorzugtes Kommunikationsmittel in gemischtsprachigen Partnerschaften auf den Balearen sei, was zugleich die Weitergabe des Katalanischen an die nächste Generation negativ beeinflusse. Mit Bezug auf ihre vorherigen Untersuchungen stellt die Autorin fest, dass die Motivation, das Katalanische zu erlernen, vor allem durch sozioökonomische Faktoren weiter gesteigert werden könnte und dass in diesem Bereich vorhandenes Potential bislang noch nicht vollständig ausgeschöpft wird. Vor allem in einer noch stärkeren Verwendung der katalanischen Sprache in den Medien und in der Tourismusbranche, als wichtigstem Wirtschaftsfaktor der Balearen, wird eine Möglichkeit gesehen, das Sprachbewusstsein im Untersuchungsgebiet deutlich anzuheben und damit auch die dortige Situation des Katalanischen weiter zu verbessern. Im Werk finden konsequent die katalanischen Toponyme mit ihren entsprechenden - z. B. adjektivischen - Ableitungen Verwendung. Das vorgestellte statistische Material ist sehr umfangreich und wird anschaulich präsentiert, was zusätzlich einen Blick auf die neuere Geschichte der untersuchten Fragestellungen erlaubt. Da es nicht immer einfach ist, an entsprechende Daten zu gelangen, liegt in deren Veröffentlichung zweifellos ein zusätzliches Verdienst der Arbeit. Dass sich in einer so umfangreichen Publikation klein(er)e Fehler - vor allem typographischer Natur - nur sehr schwer vollständig vermeiden lassen, ist allgemein bekannt und 376 Besprechungen - Comptes rendus 1 Die in Klammern angegebenen Zahlen entsprechen der Gliederung der Arbeit und veranschaulichen die dortige Hierarchisierung der einzelnen Teilaspekte. lohnte daher keine besondere Erwähnung. Im in Rede stehenden Werk sind die formalen Versehen jedoch recht zahlreich und auch keinesfalls auf die Ebene der «Tippfehler» beschränkt 2 : N51 (32) zitiert Moreu-Rey nach der zweiten Auflage von 1999 - in der Bibliographie ist indes nur die Erstausgabe von 1982 verzeichnet. N184 (63) benennt die nicht zuletzt dank ihrer Medienpräsenz sehr bekannte mallorquinische Literaturprofessorin und Schriftstellerin Maria de la Pau Janer als «Maria Janer de la Pau». Es erschließt sich auch nur schwer, was die Autorin meint, wenn sie feststellt: «die dominante Sprache setzt sich auf Kosten der dominierenden Sprache durch» (100). Unglücklich ist es ganz sicher ebenfalls, wenn ein in der katalanischen Soziolinguistik zentraler und damit für die Arbeit zweifellos wesentlicher Autor wie Lluís V. Aracil fortwährend nach Sekundärquellen zitiert wird (in N325, N326 und N337 nach Vallverdú; in N339 nach Boix i Fuster/ Vila i Moreno). Mit (mehr oder/ und sorgfältigerem) Korrekturlesen wäre möglicherweise auch zu vermeiden gewesen, dass die letzten beiden Textzeilen auf Seite 107 mit den ersten beiden auf Seite 108 identisch sind. Und schließlich genügt ein einziger Blick um festzustellen, dass sich in der Bibliographie (391) «Quintana» nach «Wesch» nicht in der alphabetisch korrekten Reihenfolge befindet . . . Derartige formale Fehler, die den ansonsten überaus positiven Gesamteindruck erheblich stören, sind umso ärgerlicher, da es der Autorin gelungen ist, ansprechende Ergebnisse vorzulegen und mit ihrer Arbeit einen wesentlichen Beitrag zur Beschreibung der aktuellen Sprachsituation und -politik in den katalanischsprachigen Gebieten zu leisten. Uwe Dietzel ★ Manuel Ariza, Estudios sobre el extremeño, Cáceres (Universidad de Cáceres) 2008, 132 p. El libro reúne una colección de estudios dedicados por parte de uno de los más destacados investigadores en historia de la lengua española y dialectología a la variedad lingüística extremeña. Manuel Ariza fue profesor en la Universidad de Extremadura en Cáceres desde 1975 hasta 1989, período durante el cual, como pone de relieve A. Salvador en el prólogo, contribuyó de forma decisiva a la actividad investigadora en materia lingüística: si hasta 1975 la bibliografía sobre el extremeño se limitaba a poco más que algunos estudios debidos a investigadores alemanes de principios de siglo, «el modélico de Espinosa sobre los arcaísmos dialectales o el llevado a cabo por Alonso Zamora Vicente en la zona de Mérida», predominando, no obstante, los «análisis efectuados por eruditos locales, de muy desigual valor» (14), durante su presencia en Cáceres Ariza publica importantes estudios lingüísticos, impulsa numerosos proyectos de investigación, recopila abundante material lingüístico en encuestas dialectales y en archivos, organiza seminarios y encuentros, y funda, conjuntamente con A. Salvador, la Asociación Internacional de Historia de la Lengua Española, organización que, desde la celebración de su primer congreso en Cáceres en 1987, ha dado un fuerte impulso a la investigación histórica sobre el español. El libro pone a nuestra disposición once trabajos de investigación publicados inicialmente en medios de difusión variable: cuatro de ellos aparecieron en el cacereño Anuario de Estudios Filológicos; dos en actas de los Congresos Internacionales de Lingüística y Fi- 377 Besprechungen - Comptes rendus 2 Da es keinesfalls die Absicht des Rezensenten ist, jedem fehlenden Buchstaben und/ oder falsch gesetzten Spatium «hinterher zu jagen» (was hier den Rahmen einer Rezension allerdings auch deutlich sprengen würde), verweist er nur auf einige schwerwiegendere Fälle, die nachfolgend einfach aneinander gereiht werden. lología Románicas; uno se publicó en un homenaje, otros en las actas de un seminario de lexicografía celebrado en la Universidad de Jaén, en las revistas sevillanas Cauce y Philologia Hispalensis, así como a través de Internet, respectivamente. Abre la colección de estudios el titulado «El extremeño», visión de conjunto que comienza con una reflexión acerca de conceptos polémicos, precisamente en relación con la clasificación del extremeño, como son dialecto y habla de tránsito. Ariza se posiciona claramente en contra de la consideración - que ha tenido seguidores de peso hasta fecha reciente debido a ser la opinión de Menéndez Pidal - del extremeño como «subdialecto del leonés», puesto que la conservación como aspirada de la Flatina, el principal argumento para tal adscripción, constituye un rasgo tan propio o más del castellano que del leonés al hallarse difundida por amplias áreas del oeste y del sur de la Península: se trata, como afirma Ariza, de «viejos restos del castellano medieval, barridos en la Meseta norte por la pronunciación ‹burgalesa› sin aspiración. Téngase en cuenta que la aspiración es un continuum de toda la España centro-meridional». En relación con el grado de pervivencia de las modalidades dialectales (muy desigual en diferentes localidades) el autor subraya el papel de la conciencia lingüística y del prestigio concedido por los hablantes al estándar castellano. Tras esbozar la historia de la repoblación medieval, que ofrece la clave para comprender en buena medida la distribución diatópico de los fenómenos dialectales, enumera pormenorizadamente los rasgos característicos del vocalismo y del consonantismo (muchos limitados a áreas muy concretas) y los explica desde el punto de vista histórico-lingüístico y dialectológico. Al comentar las características morfosintácticas subraya la necesidad de discernir entre rasgos propiamente extremeños y otros generalmente empleados en el español coloquial o vulgar; diferencia de nuevo entre rasgos dialectales explicables como arcaísmos castellanos (como el empleo del posesivo precedido del artículo) y otros que constituyen un vínculo con el leonés (como el sufijo diminutivo -ino/ -ín). Más extensa es la exposición de los fenómenos léxicos, que se clasifican, partiendo de argumentos de tipo geográfico, dialectal y etimológico, en arcaísmos (acender ‘encender’, acordar/ recordar ‘despertar’, güebra ‘jornada de trabajo’), occidentalismos (fechar/ afechar/ pechar ‘cerrar’, bago ‘grano de uva’), portuguesismos (alpendada ‘desván’, canga ‘yunta de dos caballerías’), leonesismos (frijón ‘judía’, lamber ‘lamer’) y andalucismos (alcaucil ‘alcachofa’, cigarrón ‘saltamontes’). El estudio concluye con la descripción de las modalidades más claramente diferenciadas respecto del castellano: las hablas arcaizantes - por una parte, el chinato, es decir, el habla de Malpartida de Plasencia, y, por otra, la de Serradilla, aún hoy viva: su principal interés consiste en la conservación de un consonantismo muy cercano al de la lengua medieval -, las hablas de la comarca de La Raya - con rasgos fonéticos que recuerdan los del gallego-portugués, como la no diptongación de las vocales abiertas tónicas latinovulgares, el mantenimiento de los diptongos decrecientes, la distinción de sibilantes, pérdida de -ny -lintervocálicas, etc. -, así como, finalmente, el castúo, esto es, el extremeño literario cuya cumbre constituyeron las obras de Gabriel y Galán en Cáceres y de Chamizo en Badajoz. En el segundo capítulo, «Apuntes de geografía lingüística extremeña (datos extraídos del ALPI y otras encuestas)», se analizan los datos (vocalismo, consonantismo, morfología) correspondientes a Extremadura que ofrece el Atlas Lingüístico de la Península Ibérica y se interpretan las áreas lingüísticas más interesantes (las de elementos léxicos como morgaño, aguijón, ferrete o rejón, o de características fonéticas como la realización de la / s/ final de artículo en el sintagma los domingos) principalmente como resultado de los movimientos migratorios en el contexto de la repoblación. A continuación, el autor ofrece los resultados de su análisis de numerosos textos medievales (fueros, ordenanzas y documentos varios). Destaca que ningún texto está redactado en leonés, ni siquiera los que pertenecen a la Extremadura reconquistada desde León (Cáceres, Coria, Usagre, Valencia de Alcántara, Villasbuenas de Gata, etc.), lo cual ha de interpretarse como que «ya en el siglo 378 Besprechungen - Comptes rendus XIII, el castellano era la lengua de prestigio» (40). La realidad lingüística de la Extremadura leonesa se trasluce, no obstante, en forma de numerosos rasgos (en mayor medida léxicos que fonéticos y morfosintácticos) de raigambre inequívocamente occidental. La comparación de textos de diferentes momentos históricos y áreas permite a Ariza comprobar «una progresiva castellanización, al menos en la escritura, que va desechando los viejos dialectalismos, aun cuando . . . muchos de ellos perduren hoy en algunas zonas extremeñas» (46). En el siguiente capítulo, se comenta el texto de un autor local que hace revivir el chinato décadas después de que dejara de hablarse, y se critica una gramática extremeña aparecida en 1995 carente de todo fundamento científico. En «Notas sobre el léxico extremeño» se estudian sesenta extremeñismos léxicos de variada difusión geográfica desde los puntos de vista fonético, semántico, etimológico y dialectal (abadar ‘sosegar, mitigar’; abocedar ‘bostezar’, abriquecer ‘anochecer’, albayada ‘humedad del rocío’, etc.), para clasificarlos finalmente desde la perspectiva de la historia de la lengua como occidentalismos, leonesismos, arcaísmos o meridionalismos. En el capítulo 6, Ariza ofrece un completo inventario de los vocabularios y estudios aparecidos sobre el léxico extremeño y ofrece una acertada valoración crítica de cada obra. Al comentario lingüístico de tres textos se dedica el capítulo siguiente: dos de ellos son literarios (el primero, una poesía de Gabriel y Galán, refleja el habla de la zona limítrofe entre Salamanca y Cáceres; el segundo, obra de Luis Chamizo, reproduce el habla de la zona sur de Extremadura; el tercero pertenece a la colección de textos en chinato transcritos por Diego Catalán en 1954). Estos comentarios concluyen con unas reflexiones sobre el sistema empleado en la representación gráfica de los fenómenos fonéticos dialectales y sobre los principales rasgos fonéticos y fonológicos reflejados en los textos. De forma monográfica se estudian los rasgos lingüísticos dialectales patentes en la obra de Luis Chamizo, representante pacense de la corriente literaria dialectal surgida en diversas regiones españolas a finales del siglo XIX e iniciada en Extremadura por Gabriel y Galán. Los tres trabajos restantes versan sobre temas de onomástica. El recogido como capítulo 8 ofrece un panorama de los estudios sobre toponimia extremeña con amplia bibliografía, mientras que en los capítulos 9 y 10 se exponen los resultados del estudio antroponímico de numerosos documentos de los siglos XVI y XVII, principalmente libros de bautizados y de velados conservados en las parroquias de San Mateo y de Santiago de la ciudad de Cáceres. Los centenares de nombres de persona analizados permiten determinar estadísticamente la popularidad de los nombres de pila vivos en la época y reconstruir el sistema de transmisión de los apellidos y sus posibilidades combinatorias, e incluso constatar ciertas evoluciones producidas a lo largo del período estudiado (como, por ejemplo, el auge de la mención documental del apodo en la última etapa). En definitiva, los once estudios incluidos en el libro que presentamos constituyen una brillante y representativa muestra de la labor investigadora llevada a cabo en los últimos treinta años por Manuel Ariza. El hecho de haberse reunido ahora en una monografía estos trabajos que antes se hallaban dispersos en las más diversas publicaciones nos facilita una visión global de la obra de este lingüista referente a dos de las líneas de investigación en las que más ha destacado, la dialectología y la onomástica, a la par que permite apreciar el notable progreso que ha experimentado, en gran medida precisamente gracias a las aportaciones científicas de Manuel Ariza, nuestro conocimiento sobre la realidad lingüística de Extremadura. Stefan Ruhstaller ★ 379 Besprechungen - Comptes rendus Annette Endruschat/ Jürgen Schmidt-Radefeldt, Einführung in die portugiesische Sprachwissenschaft, 2. Auflage, Tübingen (Gunter Narr) 2008, 293 p. Während der Büchermarkt mehrere linguistische Einführungswerke für die am meisten studierten romanischen Sprachen (Französisch, Spanisch und Italienisch) bereit hält, mussten Hochschullehrer und Studenten im deutschen Sprachraum bis zum Erscheinen der ers ten Auflage dieses Buchs 2006 ohne ein vergleichbares Hilfsmittel für das Portugiesische auskommen. Die erste Auflage der Einführung in die portugiesische Sprachwissenschaft hat in diesem Sinn eine Lücke gefüllt. Bei der nun vorliegenden 2. Auflage handelt es sich im Wesentlichen um eine wenig veränderte, korrigierte Neuauflage. Druckfehler aus der 1. Auflage wurden ausgemerzt sowie Kritikpunkte aus den Rezensionen und kritischen Durchsichten so weit möglich berücksichtigt. Eigentlich könnte man das Buch auch eine «Einführung in die Sprachwissenschaft für Lusitanisten» nennen, denn außer den Kapiteln 1 (Weltsprache Portugiesisch), 2 (Geschichte der portugiesischen Sprache) und 11 (Weiterentwicklung des Portugiesischen außerhalb Portugals) werden die Fragestellungen der allgemeinen Sprachwissenschaft, immer in einer am Portugiesischen orientierten Sicht, behandelt. Selbstverständlich enthält auch die Bibliografie am Ende des Buches neben einigen Einführungen in die allgemeine und romanische Sprachwissenschaft hauptsächlich Untersuchungen zur portugiesischen Sprachwissenschaft. Das Werk ist eine prägnante Einführung, anhand der sich die Studierenden der portugiesischen Sprachwissenschaft einen Einblick in dieses Studienfach verschaffen können. Am Ende jedes Kapitels findet sich außerdem ein Hinweis auf Grundlagenliteratur. Das Studium der angegebenen Werke ermöglicht zusammen mit den Übungen am Ende eines Kapitels den Studierenden, die Kenntnisse zu verfestigen und zu vertiefen. Nachstehend erlaubt sich der Rezensent einige Bemerkungen wiederzugeben, die ihm beim Lesen durch den Kopf gegangen sind. Bei der Aufzählung der Zahl der Portugiesisch-Sprecher im Ausland (14) vermisst man einen Hinweis auf die Schweiz. Immerhin lebten 2007 nicht weniger als 193’299 Portugiesinnen und Portugiesen in der Schweiz (Quelle: Bundesamt für Statistik). In der Untersuchung der Stellung des Portugiesischen in der Romania werden die verschiedenen Kriterien der Unterteilung des romanischen Sprachraums vorgestellt. Bei der phonetisch-morphologischen Unterteilung nach von Wartburg (22) wird anhand des portugiesischen Wortes amiga ( amica) die Zugehörigkeit des Portugiesischen zur Westromania belegt. Als Gegensatz werden die Ergebnisse der lautlichen Entwicklung desselben lateinischen Wortes im Italienischen (amica) und Rumänischen (amic ă ), die beide zur Ostromania gehören, genannt. Nun gibt es im Rumänischen das Wort amic ă tatsächlich, es wird aber kaum gebraucht, vielmehr hat sich das aus dem Slawischen stammende Wort prieten ă durchgesetzt. Allerdings ist es nicht einfach, ein besseres Beispiel zu finden. Man könnte sich vielleicht die vom Lateinischen vesica (‘Blase’) stammenden it. vessica, rum. b ăş ic ă , span. vejiga, port. bexiga, franz. vessie, vorstellen. Manchmal müssen die Verfasser des Buches auch zugeben, dass bestimmte Theorien nicht ganz zur vollkommenen Erklärung von sprachlichen Erscheinungen beitragen können. So schreiben sie über die Valenz (128): «Insgesamt ist zu den Valenztests festzustellen, dass keiner von ihnen wirklich befriedigende Ergebnisse erbracht hat, außerdem sind die Ergebnisse verschiedener Tests nicht miteinander vergleichbar». Bei der strukturalen Semantik werden die Wortfelder anhand der verschiedenen portugiesischen Bezeichnungen für Sitzmöbel gezeigt (165). Sie haben alle das gemeinsame semantische Merkmal ‘zum Sitzen’. Daneben unterscheiden sie sich dadurch, dass die einen Sitzmöbel eine Rückenlehne, Armlehnen haben, für mehrere Personen sind usw. Dieses 380 Besprechungen - Comptes rendus Beispiel, das ursprünglich von Pottier stammt, wird in der Terminologie (Gesamtheit aller Termini einer Fachsprache) immer als klassisches Beispiel für die Gliederung eines Fachwortschatzes (in dem Fall ‘Sitzmöbel’) angeführt. So könnte man cadeira in einer Terminologie der Sitzmöbel definieren als ‘Sitzmöbel für eine Person mit Rückenlehne’, das sich von poltrona ‘Sitzmöbel für eine Person mit Rückenlehne und Armlehnen’ unterscheidet. In den Fachsprachen, die zu einem Gebiet gehören, ermöglicht die Terminologie also, die verschiedenen Realitäten, die hinter den Bezeichnungen stehen, (Begriffe) klar herauszuarbeiten. Anhand dieser Merkmale kann dann beispielsweise ein Übersetzer erkennen, dass cadeira im Deutschen mit Stuhl und poltrona mit Sessel wiedergegeben werden muss. Wenn nun eine Sprache aus einem Gebiet stammt, in dem man keine derartigen Sitzmöbel kennt, wird man in ihr auch keine entsprechenden Bezeichnungen finden, und entsprechend schwierig wird dann die Übersetzung. Im Buch werden als Beispiele asiatische und afrikanische Sprachen genannt. Ein Hinweis auf die Fachsprachen und die Terminologie, die dann auf p. 219 erwähnt werden (ohne dass jedoch das Wort Terminologie ausdrücklich genannt wird), wäre schon an dieser Stelle vielleicht nützlich gewesen. In einer Fußnote wird erwähnt, dass es bei den Definitionen von Substrat- und Superstratsprache zwischen der Kreolistik und der Historischen Sprachwissenschaft einen gewichtigen Unterschied gibt (246 N341). Kreolsprachen entstanden meistens dann, wenn Sklaven, die eine außereuropäische (meistens afrikanische) Sprache sprachen, auf Plantagen in der dort gesprochenen europäischen Sprache kommunizieren mussten. Obwohl an Ort die europäische Sprache vor den außereuropäischen Sprachen gesprochen wurde, bezeichnen die Kreolisten die Sprachen der Sklaven als Substrat, während sie in der diachronischen Linguistik als Superstrat bezeichnet würden. («Substrat» waren sie tatsächlich in der persönlichen Biographie der betroffenen Sprecher. Dies ist jedoch nicht die traditionelle Definition des Begriffs in der historischen Linguistik.) Das Schicksal von Substrat- und Superstratsprachen ist allerdings dasselbe: Sie verschwinden und hinterlassen in der neuen Kreolsprache in der Regel lediglich einige strukturelle oder lexikalische Eigenschaften. Leider ist das Buch nicht ganz vom Druckfehlerteufel verschont worden. So müsste es auf p. 214 «Geschlechter» und nicht «Geschleschter» heißen. Auf p. 226 und 227 ist die Nummerierung der Fußnoten durcheinander geraten. Sie springt von 290 direkt auf 292, wobei die Verweise im Text fortlaufend nummeriert sind (291 verweist deshalb auf die Fußnote mit der Nummer 292). Dafür fehlt die Nummer 294, so dass es so aussieht, als gehöre der Text unten auf p. 227 ganz zur N293, während es sich in Wirklichkeit um zwei Fußnoten handelt. Schließlich müsste am Schluss der N327 auf p. 241 auf das Kapitel 11.4 (und nicht 11.3) verwiesen werden. In der Bibliografie vermisst man den Compêndio de gramática histórica portuguesa von José Joaquim Nunes, ein Standardwerk zur historischen Grammatik des Portugiesischen. Unter den Grammatiken des Portugiesischen wird diejenige aufgeführt, die Celso Cunha 1984 zusammen mit Lindley Cintra herausgegeben hat, nicht aber seine Gramática do português contemporâneo, die lange Zeit als die Standardgrammatik des Portugiesischen galt. Auch wäre es übersichtlicher, wenn das Kapitel mit den Einzeluntersuchungen nach Teilgebieten getrennt wäre. Diese Bemerkungen sollen aber das Verdienst der Verfasser nicht schmälern, die mit ihrer Einführung in die portugiesische Sprachwissenschaft den Studierenden dieses Fachs im deutschen Sprachraum ein wichtiges Standardwerk mit auf den Weg geben. Mit dessen Hilfe können sich angehende Lusitanistinnen und Lusitanisten einen Überblick über den sprachwissenschaftlichen Teil ihres Studiengebiets verschaffen. Andreas Schor ★ 381 Besprechungen - Comptes rendus Nachrichten - Chronique 1. Bibliographie der Schweizer Romanistik 2008 Alvar Carlos, «Lo ‹scherno di Malonda› e il ciclo degli anni 1255-1256», in: R. Castano/ F. Latella/ T. Sorrenti (ed.), Comunicazione e propaganda nei secoli XII e XIII. Atti del convegno internazionale, Messina (24-26 maggio 2007), Roma 2008: 49-60 - «Poésie épique espagnole médiévale. Cinquante ans d’études», in: N. Henrard (ed.), Cinquante ans d’études épiques. Actes du Colloque anniversaire de la Société Rencesvals (Liège, 19-20 août 2005), Bibliothèque de la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de Liège 294: 71-96 - «El Quijote y la traducción», in: M. A. Garrido Gallardo/ L. Alburquerque García (ed.), El Quijote y el pensamiento teórico-literario. Actas del Congreso Internacional (Madrid, 20 al 24 junio 2005), Madrid 2008: 21-34 - «Dante en España: El siglo XX», in: N. Bottiglieri/ T. Colque (ed.), Dante en América Latina, vol. 2, Cassino 2007: 881-94 - «La Materia de Bretaña», in: J. M. Lucía Megías (ed.), Amadís de Gaula, 1508. Quinientos años de libros de caballerías, Madrid 2008: 19-46 - Gran Enciclopedia Cervantina, vol. 5, Madrid 2008 Alvar Carlos/ Lucía Megías José Manuel (ed. y trad.), Antología de la antigua lírica italiana. De los primeros textos al Dolce Stil Novo, Madrid 2008 Alvar Carlos/ Talens Jenaro, Locus amoenus. Antología de la lírica medieval de la Península Ibérica, Barcelona 2008 - «Introducción», in: J. d’Arras, Melusina o la noble historia de Lusignan, Madrid 2008: 9-18 Auchlin Antoine/ Burger Marcel, «Uzalunu: Analíse do Discurso e ensino de língua materna», in: L. Glaucia Muniz Proença/ I. L. Machado/ W. Emediato (ed.), Análises do Discurso hoje, vol. 2, Rio de Janeiro 2008: 83-114 Auchlin Antoine/ Goldman Jean-Philippe/ Simon Anne-Catherine/ Avanzi Mathieu, «ProsoReport: an automatic tool for prosodic description. Application to a radio style», in: Speech Prosody, Fourth Conference on Speech Prosody (Campinas/ Brazil, May 6-9, 2008), 2008: 701- 04 Auchlin Antoine/ Avanzi Mathieu/ Goldman Jean-Philippe/ Lacheret-Dujour Anne/ Simon Anne-Catherine, «Méthodologie et algorithmes pour la détection automatique des syllabes proéminentes dans les corpus de français parlé», Cahiers of French Language Studies 13/ 2 (2008): 2-30 Berenguer Amador Ángel, «El género literario de las coplas», in: E. Romero (ed.), Sefardíes: Literatura y lengua de una nación dispersa, Cuenca 2008: 325-54 Besomi Ottavio, «Una redazione sin qui ignorata della ‹Lettera a Cristina› di Galileo», Studi secenteschi 49 (2008): 131-43 - «La lezione di un Maestro», in: Per Dante Isella, Milano 2008: 15-22 - «Dante Isella e il Ticino», Archivio storico ticinese 45 (2008): 143, 67-94 - «Esercizio di lettura su una tela di Giovanni Serodine», in: Storie di artisti - Storie di libri. Scritti in onore di Franco Cosimo Panini, Modena-Roma 2008: 177-84 - «Galileo postillatore», in: Galileo e l’universo dei suoi libri. Mostra bibliografica. Catalogo, Firenze 2008: 32-42 - La Madonna di Sigirino. Una Madonna del latte e le anime del Purgatorio, in: Quaderni di Biolda, Tesserete 2008 - «Alessandro Manzoni, Promessi Sposi, XXXIII-XXXIV», in: C. Caruso/ W. Spaggiari (ed.), Filologia e storia letteraria. Studi per Roberto Tissoni (Storia e Letteratura 248, Roma 2008: 417-24) Nachrichten - Chronique Buchi Éva, «Joan Coromines et l’étymologie lexicale romane: l’exemple roumain», in: A. M. Badia i Margarit/ J. Solà (ed.), Joan Coromines, vida y obra, Madrid 2008: 282-332 - «Le passage de la sphère grammaticale à la sphère énonciative de l’adverbe français encore du point de vue de la linguistique historique (‹C’est encore dans ce domaine-là qu’il y a la plus grande marge de progression›)», in: D. Baudot/ M. Kauffer (ed.), Wort und Text. Lexikologische und textsyntaktische Studien im Deutschen und Französischen. Festschrift für René Métrich zum 60. Geburtstag, Tübingen 2008: 133-46 Buchi Éva/ Städtler Thomas, «La pragmaticalisation de l’adverbe enfin du point de vue des romanistes (‹Enfin, de celui des francisants qui conçoivent leur recherche dans le cadre de la linguistique romane›)», in: J. Durand et al. (ed.), Congrès mondial de linguistique française (Paris, 9-12 juillet 2008). 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Littérature et société politique (XIV e -XVI e siècles), Paris 2008: 11-29 - «Une Grammaire des Vices à l’usage des courtisans: Le Doctrinal du Temps Present (1466) de Pierre Michault», Micrologus 16 (2008): 515-36 Mühlethaler Jean-Claude/ Barbara Wahlen, «Dépasser le modèle arthurien: Geoffroy la Grand’Dent, chevalier de la fin des temps? », in: A. Schnyder/ J.-C. Mühlethaler (ed.), 550 Jahre deutsche Melusine - Coudrette und Thüring von Rigoltingen/ 550 de Mélusine allemande - Coudrette et Thüring von Ringoltingen, Berne 2008: 343-62 Mühlethaler Jean-Claude/ Schnyder André (ed.), 50 Jahre deutsche Melusine - Coudrette und Thüring von Rigoltingen/ 550 de Mélusine allemande - Coudrette et Thüring von Ringoltingen, Berne 2008 Necker Heike/ Barbato Marcello, «Il Lessico Etimologico Italiano e la formazione delle parole», in: E. Cresti (ed.), Prospettive nello studio del lessico italiano, Atti SILFI 2006, vol. 1, Firenze 2008: 27-33 Pandolfi Elena Maria, *N. De Blasi/ C. 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Idéaux et pratiques, Genève 2008: 621-42 Petris Loris/ Scheurer Rémy (ed.), Correspondance du cardinal Jean Du Bellay (avec la collaboration de D. Amherdt et I. Chariatte), vol. 3, Paris 2008: 1537-47 Pfister, Max, «Der Atlante linguistico ed etnografico del Piemonte occidentale ALEPO», ZRPh 124 (2008): 109-17 - «I riflessi del ligure e della sua espansione nel LEI», in: Circolazioni linguistiche e culturali nello spazio mediterraneo, Atti del Convegno Internazionale di Studi «Il Mediterraneo plurilingue» (Genova, 13-15 maggio 2004), Recco 2008: 383-96 - «Conclusioni», in: Circolazioni linguistiche e culturali nello spazio mediterraneo, Atti del Convegno Internazionale di Studi «Il Mediterraneo plurilingue» (Genova, 13-15 maggio 2004), Recco 2008: 419-24 - «La ricerca etimologica di oggi: chiappa, scàmpolo, scappellotto», in: Nell’officina del dizionario, Atti del Convegno Internazionale organizzato dall’Istituto Italiano di Cultura, Lussemburgo (10 giugno 2006), Stuttgart 2008: 101-10 - «La lessicologia etimologica italiana come nucleo della lessicologia romanza», in: Prospettive nello studio del lessico italiano, Atti del IX Congresso SILFI (Firenze, 14-17 giugno 2006), vol. 1, Firenze 2008: 3-11 389 Nachrichten - Chronique - «Erbe der Burgunder im Frankoprovenzalischen», in: Die Burgunder - Ethnogenese und Assimilation eines Volkes. Dokumentation des 6. wissenschaftlichen Symposiums, veranstaltet von der Nibelungengesellschaft Worms e. V. und der Stadt Worms (21.-24. September 2006), Worms 2008: 185-213 - «I riflessi linguistici romanzi della cristianizzazione dell’Europa», in: L’identità europea: Lingua e cultura. Atti dell’Incontro europeo di docenti universitari in occasione del 50 o anniversario dei Trattati di Roma (Università LUMSA, Roma, 21-24, giugno 2007), Roma 2008: 47- 82 - «I dialetti umbri e la loro importanza per il LEI», in: Annali dell’Università per stranieri di Perugia 30/ 11: 89-95 - «Der Artikel cubitus im LEI», in: Ladinometria. Festschrift für Hans Goebl zum 65. Geburtstag, vol. 1, Salzburg/ Bozen, 2008: 307-16 - «Conclusioni», in: Il Mediterraneo plurilingue, Atti del convegno di studi (Genova, 13-15 maggio 2004), Udine 2008: 385-89 - «Prefazione», in: R. Bracchi, Dai sentieri dei campi ai guadi della storia. Profilo di dialetti delle Alpi lombarde: Tirano, Montagna in Valtellina, Premana, Bologna 2008: 11-16 Pfister Max/ Haubrichs Wolfgang, «Burgundisch», in: Wieser Enzyklopädie. Sprachen des europäischen Westens 1, Klagenfurt 2008: 73-80 - «Fränkisch», in: Wieser Enzyklopädie. Sprachen des europäischen Westens 1, Klagenfurt 2008: 249-74 Pfister Max/ Schweickard Wolfgang, LEI - Lessico Etimologico Italiano 91, 92, 93, 94/ vol. 10, Wiesbaden 2007 - LEI - Lessico Etimologico Italiano, Elda Morlicchio (ed.), Germanismi 5/ vol. 1, Wiesbaden 2008 - LEI - Lessico Etimologico Italiano, Marcello Aprile (ed.), vol. D 1, Wiesbaden 2008 Puliafito Anna Laura, «Ostriche e talpe. A proposito della Circe di G.B. Gelli», in: M. Pedroni (ed.), Animali e letteratura. Dai bestiari medievali alla scimmia di Darwin, Versants 55/ 2 (2008): 35-46 Rieder-Zelenko Elena, «A propósito de algunas traducciones rusas del Quijote», in: T. Brandenberger/ B. Schmid/ M. Winet (ed.), Traducción y estilística. Para el profesor Germán Colón en sus ochenta años (ARBA 20), Basel 2008: 131-48 - «Un periódico judeoespañol en los umbrales del siglo XX: aspectos del léxico de la medicina», Boletín Hispánico Helvético 12 (2008): 109-21 Rossi Luciano, «Messer Burnetto e la Rose», in: I. Scariati Maffia (ed.), A scuola da ser Brunetto. Actes du Colloque de Bâle (juin 2006) Firenze 2008: 111-37 - «La tradizione allegorica: da Alain de Lille al Tesoretto, al Roman de la Rose», in: M. Picone (ed.), Letture Classensi 2008. Modelli e antimodelli nella Commedia di Dante, Ravenna 2008: 143-79 - «Encore sur Jean de Meun: Johannes de Magduno et Charles d’Anjou», CCM 51 (2008): 361- 78 Rovere Giovanni, «Correspondances et équivalences: fr. orgueil/ superbe - it. orgoglio/ superbia», in: P. Blumenthal/ S. Mejri (ed.), Les séquences figées: entre langue et discours, Stuttgart 2008: 159-74 - «L’efficienza comunicativa in ambito giuridico», in: Annali del Dipartimento di Scienze Giuridico-Sociali 9/ 2007 [2008]: 183-208 Rovere Giovanni/ Stammerjohann Harro/ Arcaini Enrico/ Cartago Gabriella/ Galetto Pia/ Heinz Matthias/ Mayer Maurice/ Seymer Gesine (ed.), Dizionario di italianismi in francese, inglese, tedesco, Firenze 2008 Salvi Giampaolo, «Imperfect systems and diachronic change», in: U. Detges/ R. Waltereit (ed.), The Paradox of Grammatical Change. Perspectives from Romance, Amsterdam 2008: 127-45 - «Coordinazioni asimmetriche nelle lingue romanze antiche (terza parte)», in: E. Stark/ R. Schmidt-Riese/ E. Stoll (ed.), Romanische Syntax im Wandel, Tübingen 2008: 273-83 - «La formazione della costruzione impersonale in italiano», Linguística. Revista de estudos linguísticos da Universidade do Porto 3/ 1 (2008): 13-37 390 Nachrichten - Chronique Sánchez Rosa, «Marcas de oralidad en El hacino imaginado, traducción judeoespañola de Le malade imaginaire», in: J. Brumme (ed.), La oralidad fingida: descripción y traducción. Teatro, cómic y medios audio visuales, Frankfurt a. M./ Madrid 2008: 135-55 - «‹¡Tú ya sabes hablar la habla que hablan los ‹cilivizados›! › - La lengua como marca de cambio generacional en El Angustiador», in: H. Pomeroy/ C. J. Pountain/ E. Romero (ed.), Proceedings of the Fourteenth British Conference on Judeo-Spanish Studies, London 2008: 203-11 Schmid Beatrice, «L’expressió de l’obligació al Llibre del Consolat de Mar i com és traduïda al castellà», in: T. Brandenberger/ B. Schmid/ M. Winet (ed.), Traducción y estilística. Para el profesor Germán Colón en sus ochenta años (ARBA 20), Basel 2008: 19-40 - «La lengua sefardí en su plenitud», in: E. Romero (ed.), Sefardíes: Literatura y lengua de una nación dispersa, Cuenca 2008: 51-79 - «A propósito de ‹Hanuká y Noel› y otros textos publicados en la prensa judeo-española de Salónica con ocasión de una fiesta», in: R. Molho (ed.), Judeo-Espagnol. Social and Cultural Life in Salonika through Judeo-Spanish Texts, Thessaloniki 2008: 135-54 Schmid Beatrice/ Brandenberger Tobias/ Winet Monika (ed.), Traducción y estilística. Para el profesor Germán Colón en sus ochenta años (ARBA 20), Basel 2008 Schmid Stephan, «Aspetti della suffissazione nel sistema dei cognomi italiani», in: M. G. Arcamone (ed.), Atti del XXII Congresso Internazionale di Scienze Onomastiche, Pisa 2008: 349-61 - «Formas de contacto entre el español y el italiano», in: H.-J. Döhla/ R. Montero Muñoz/ F. Báez de Aguilar González (ed.), Lenguas en diálogo. El iberorromance y su diversidad lingüística y literaria. Ensayos en homenaje a Georg Bossong, Madrid/ Frankfurt 2008: 313-31 Schmid Stephan/ Nocchi Nadia, «Aspetti della lenizione in alcune varietà dell’italiano meridionale», in: M. Pettorino/ A. Giannini/ M. VAllone/ R. Savy (ed.), La comunicazione parlata, Napoli 2008: 99-136 Seiler Hansjakob, Universality in Language beyond Grammar: Selected Writings 1990-2007. Edited by Thomas Stolz, Bochum 2008 Seiler Hansjakob/ Swiggers Pierre (ed.), Notice Bio-bibliographique, par Jacques François et Pierre Swiggers, Biobibliographiques et Exposés N.S.9, Leuven 2008 Skupien Dekens Carine, «Les formes en -ant dans la traduction de la Bible par Sébastien Castellion, Bâle, 1555», VRom. 67 (2008): 133-68 Skupien Dekens Carine/ Kamber Alain, «Les documents radiophoniques dans l’enseignement de la compréhension orale», Mélanges CRAPEL 31 (2008): 174-89 Stäuble Antonio, «Francesco Petrarca, Rerum Vulgarium Fragmenta, XXXV» in: C. Caruso/ W. Spaggiari (ed.), Filologia e storia letteraria. Studi per Roberto Tissoni, Roma 2008: 57-63 - «L’arringa di Plutone-Satana (Gerusalemme liberata, IV 9-17)», in: A. Roncaccia (ed.), «Pigliare la golpe e il leone». Studi rinascimentali in onore di Jean-Jacques Marchand, Roma 2008: 319-30 - *A. Tripet, Poétique du secret. Paradoxes et maniérisme, Paris 2007, Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance 70 (2008): 720-21 - *J. Balsamo/ F. Tomasi (ed.), Poètes italiens de la Renaissance dans la bibliothèque de la Fondation Barbier-Mueller, Catalogue, Genève 2007, Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance 70 (2008): 732-34 - *P. Stoppelli, Machiavelli e la novella di Belfagor. Saggio di filologia attributiva, Roma 2007, Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance 70 (2008): 734 Stricker Hans/ Banzer Toni/ Hilbe Herbert, Die Personennamen des Fürstentums Liechtenstein, vol. 1: Einführung, Quellen, Register; vol. 2: Vornamen, Kollektivnamen; vol. 3: Familiennamen A-K; vol. 4: Familiennamen L-Z, Vaduz 2008 Trachsler Richard, «Les ‹Prouesses et Hardiesses› de Pierre Sala ou la littérature comme vous l’aimez», Studi Francesi 52 (2008): 614-20 - «The Land without the Grail. A Short Note on Occitania, Rigaut de Barbezieux and Literary History», in: N. Lacy (ed.), The Grail, the Quest and the World of Arthur, Cambridge 2008: 62-75 391 Nachrichten - Chronique 392 - «Johann Weyer und die Anfänge des psychiatrischen Werwolfs. Betrachtungen zum De praestigiis daemonum (1563) und seinen französischen Übersetzungen», in: St. Dörr/ R. Wilhelm (ed.), Transfert des savoirs au Moyen Âge/ Wissenstransfer im Mittelalter, Heidelberg 2008: 207- 32 - «Verso e prosa. Sguardi su edizioni e codici di romanzi arturiani», in: M. Picone (ed.), Atti del Convegno «La Letteratura cavalleresca dalle Chansons de geste alla Gerusalemme liberata», Pisa 2008: 77-89 - *D. Hüe/ S. Menegaldo (ed.), Les Chemins de la Queste, Orléans, 2004; Studi Francesi 51 (2007): 414-15 - *S. Marcotte (trad.), La Suite du Roman de Merlin, Paris 2006; Studi Francesi 51 (2007): 415 - *K. Dybel, Etre heureux au Moyen Âge d’après le roman arthurien en prose du XIII e siècle, Leuven 2004; Studi Francesi 52 (2008): 159-60 Vicari Mario, «Una costante fedeltà alla parlata nativa: dalla poesia alla prosa», in: A. Ryser- Demarta, Malcantón. Stòri in dialètt, Pregassona 2008: 7-10 Völker Harald, «Philologie, Macht, Spaß», ZRPh. 124 (2008): 89-96 Wahlen Barbara/ Mühlethaler Jean-Claude, «Dépasser le modèle arthurien: Geoffroy la Grand’ Dent, chevalier de la fin des temps? », in: A. Schnyder/ J.-C. Mühlethaler (ed.), 550 Jahre deutsche Melusine - Coudrette und Thüring von Rigoltingen/ 550 de Mélusine allemande - Coudrette et Thüring von Ringoltingen, Berne 2008: 343-62 Wille Clara, «Murena id est lampreda», Reinardus 20 (2007-08): 170-87 - «Les prophéties de Merlin interprétées par un commentateur du XII e siècle», CCM 51 (2008): 223-34 Wille Clara/ Veysseyre Géraldine, «Les Commentaires latins et français aux Prophetie Merlini de Geoffroy de Monmouth», Médiévales 55 (2008): 93-114 Nachrichten - Chronique 2. Neue Publikationen und laufende Arbeiten zum Bündnerromanischen 2008 2.1. Linguistik 2.1.1. Wörterbücher Tomaschett Carli/ Giger Felix/ Klainguti Sidonia/ Secchi Marga Annatina/ Widmer Kuno, Dicziunari Rumantsch Grischun (DRG): vol. 12, fasc. 164/ 165: mancar-manifestar, Cuoira 2008 2.1.2. Monographien Blättler Jana, Kleinsprachen und Sprachstandardisierung. Vergleichende Typologie der Verschriftung und Sprachstandardisierung am Beispiel des Rätoromanischen, Dolomitenladinischen und Friaulischen mit Einbezug des politisch-historischen Hintergrundes, [Champfèr] 2007 [Lizentiatsarbeit Univ. Zürich] Caduff Renzo/ Caprez Uorschla N./ Darms Georges, Grammatica per l’instrucziun dal rumantsch grischun. Versiun curregida, Friburg 2008 (http: / / www.unifr.ch/ rheto/ documents/ Gramminstr.pdf) Cathomas Regula, Sprachgebrauch im Alltag. Die Verwendung des Rätoromanischen in verschiedenen Domänen: Wechselwirkungen und Einflussfaktoren, Chur 2008 (Cultura alpina) [Diss. Univ. Zürich 2006] Cathomas Rico/ Carigiet Werner, Plurilinguitad - ina schanza unica. Educaziun bie plurilingua en la famiglia ed en scola. Direcziun dal project: Peter Uhr. Ed. rumantsch grischun: Werner Carigiet, [Cuira] 2008 Cathomas Rico/ Carigiet Werner, Top-Chance Mehrsprachigkeit. Zwei- und mehrsprachige Erziehung in Familie und Schule, Bern 2008 Coray Renata, Von der Mumma Romontscha zum Retortenbaby Rumantsch Grischun. Rätoromanische Sprachmythen, Chur 2008 (Cultura alpina) [leicht überarbeitete und aktualisierte Version der Diss. Univ. Zürich 2006/ 2007] Gredig Stephanie, Fonetica e fonologia del vocalismo tonico nel romancio di Scuol (Bassa Engadina) con uno studio sperimentale delle durate vocaliche, Zürich 2000 [Lizentiatsarbeit Univ. Zürich] Grünert Matthias/ Picenoni Mathias/ Cathomas Regula/ Gadmer Thomas, Das Funktionieren der Dreisprachigkeit im Kanton Graubünden, Basel/ Tübingen 2008 (Romanica Helvetica 127) 2.1.3. Artikel Bauer Roland, «Ladinia Germanica. Zum Einfluss des Deutschen auf das rätoromanische Lexikon», in: G. Blaikner-Hohenwart et al. (ed.), Ladinometria. Festschrift für Hans Goebl zum 65, vol. 1, Salzburg etc. 2008: 75-92 Eichenhofer Wolfgang, «Weitere Anmerkungen (IV) zum Niev vocabulari romontsch sursilvan-tudestg (NVRST)», Ladinia 32 (2008): 147-63 Gaudenz Gion, «Ils adverbs i’l Nouf Testamaint da Giachem Bifrun», AnSR 121 (2008): 7-16 Grünert Matthias, «Einleitung», «Die drei Sprachen Graubündens aufgrund der Volkszählungsergebnisse», «Die Sprachen auf institutioneller Ebene», «Schluss - Conclusiun - Conclusione», in: M. Grünert/ M. Picenoni/ R. Cathomas/ T. Gadmer, Das Funktionieren der Dreisprachigkeit im Kanton Graubünden, Tübingen/ Basel 2008: 1-19, 25-56, 263-414 393 Nachrichten - Chronique Grünert Matthias, «Il rumantsch chantunal e federal sco lingua da translaziun», AnSR 121 (2008): 17-38 Grünert Matthias, «La furmaziun da pleds», in: C. Schmellentin/ M. Grünert, Grammatica cumplessiva dal rumantsch grischun, part 4, Friburg 2007 (http: / / www.unifr.ch/ rheto/ projectsr.php) Grünert Matthias, «Le aree di lingua romancia e tedesca e le lingue cantonali a livello istituzionale», in: J.-J. Marchand (ed.), L’italiano nel Grigioni trilingue: quale futuro? Atti del Convegno (Maloja e Castasegna, 28-29 settembre 2007), Coira 2008: 341-70 (Quaderni grigionitaliani 77/ 3) Hilty Gerold, «Wann wurde Graubünden wirklich romanisiert? », in: G. Blaikner-Hohenwart et al. (ed.), Ladinometria. Festschrift für Hans Goebl zum 65, vol. 1, Salzburg etc. 2008: 215- 28 Klainguti Sidonia, «‹Ajomen, illa prescha . . .! › La müdada da Cla Biert sco museum linguistic. Qualche observaziuns our da la perspectiva da la linguistica variaziunala», in: A. Ganzoni et al. (ed.), Lectüras da La müdada da Cla Biert. Actas dal colloqui a Nairs/ Scuol, ils 21 october 2006, Chur 2008: 32-52 (Beiheft zum Bündner Monatsblatt 11) Nay Sandra, «Il dialect local dalla Val Tujetsch e sia influenza sin l’acquisiziun dil lungatg da scartira sursilvan», AnSR 121 (2008): 269-300 Savoia Leonardo M./ Manzini M. Rita, «Fenomeni sintattici romanci», in: F. Vicario (ed.), Ladine Loqui. IV Colloquium retoromanistic 2005, Udine 2007: 13-63 Schmellentin Claudia, «La sintaxa», in: C. Schmellentin/ M. Grünert, Grammatica cumplessiva dal rumantsch grischun, part 5, Friburg 2008 (http: / / www.unifr.ch/ rheto/ projects-r.php) Solèr Clau, «Rätoromanisch erhalten - die Quadratur des Kreises? Sprachliche und aussersprachliche Aspekte», BM 2008: 141-59 Solèr Clau, «Spracherhaltung Rätoromanisch - die Quadratur des Kreises? Sprachliche und aussersprachliche Aspekte», Ladinia 32 (2008): 129-45 Valär Rico, «‹Segnungen der höheren deutschen Kultur› oder ‹Liebkosungen der sanften italienischen Mutter›? ‹Ni Italians, ni Tudais-chs! ›: Peider Lansels Kampf für die Unabhängigkeit des Rätoromanischen», BM 2008: 395-416 2.2. Literatur 2.2.1. Monographien Camenisch Martin, Autobiografia e ficziun en La giuvantegna dilg Johannes Barandun. Litteratura rumantscha, seminari: Autobiografia e ficziun, Laax 2008 [Seminararbeit Univ. Zürich] Ganzoni Annetta/ Riatsch Clà (ed.), Lectüras da La müdada da Cla Biert. Actas dal colloqui a Nairs/ Scuol, ils 21 october 2006, Chur 2008 (Beiheft zum Bündner Monatsblatt 11) Hofmann Fadrina, Be mumaint. Istorgias - Momente nur. Geschichten, S. l. 2008 Hofmann Fadrina et al., Il Quadern. Sieben Texte in zwei Sprachen aus der jungen Rumantschia - Set texts rumantsch grischun-tudestgs da la Rumantschia giuvna. Translaziuns: Auturas, auturs e Linguistica Applitgada da la Lia Rumantscha, S. l. 2008 2.2.2. Artikel Andry Dumenic, «Ina lectura intertextuala da la poesia Cumgià dad Andri Peer. Invista en il project: Tradiziun e moderna en la lirica dad Andri Peer», AnSR 121 (2008): 155-68 Badilatti Valeria Martina, «‹Mo chi es quella matta? ›. Analisa dal persunagi Karin in La müdada da Cla Biert», AnSR 121 (2008): 63-84 Beeli Gian, «‹L’oter muond›. Siemis, paraulas e legendas en La müdada da Cla Biert e lur influenzas junghianas», in: A. Ganzoni et al. (ed.), Lectüras da La müdada da Cla Biert. Actas 394 Nachrichten - Chronique dal colloqui a Nairs/ Scuol, ils 21 october 2006, Chur 2008: 53-98 (Beiheft zum Bündner Monatsblatt 11) Caduff Renzo, «Furmas da passagi tranter poesia moderna e poesia tradiziunala. Invista en il project: Tradiziun e moderna en la lirica dad Andri Peer», AnSR 121 (2008): 145-54 Caprez Uorschla Natalia, «Comica in varietats e tips da lingua in La müdada da Cla Biert (1962)», AnSR 121 (2008): 85-104 Derungs Silvana, «Marlengia da Gion Deplazes. La genesa dad in roman», Quarto 24 (2007): 89-94 Derungs Ursicin G.G., «Translatar: creativitad e cumpromiss - Experientschas e reflexiuns», AnSR 121 (2008): 105-30 Ganzoni Annetta, «‹Lous, glims, leuas chi taimpran il vers restiv . . .› - Il scriver sco tema poetic. Invista en il project: Tradiziun e moderna en la lirica dad Andri Peer», AnSR 121 (2008): 135-44 Ganzoni Annetta, «Scriver La müdada - ‹Tuot es inventà. Eir ils detagls. Eu nu sun fotograf›», in: A. Ganzoni et al. (ed.), Lectüras da La müdada da Cla Biert. Actas dal colloqui a Nairs/ Scuol, ils 21 october 2006, Chur 2008: 13-31 (Beiheft zum Bündner Monatsblatt 11) Mathieu Jon, «Deklarierter Realitätsbezug. Die Anmerkungen in der Müdada von Cla Biert», in: A. Ganzoni et al. (ed.), Lectüras da La müdada da Cla Biert. Actas dal colloqui a Nairs/ Scuol, ils 21 october 2006, Chur 2008: 140-50 (Beiheft zum Bündner Monatsblatt 11) Puorger Mevina, «Das Literatur-Jahr 2007 in Romanischbünden», Viceversa 2 (2008): 230-33 Puorger Mevina, «Vier Bündner Autoren in gegenseitigen Porträts. Dumenic Andry & Leonardo Gerig & Oscar Peer & Arnold Spescha», Bündner Jahrbuch 50 (2008): 37-52 Riatsch Clà, «Der Magen der Alten. Zur Symbolik des Essens in der bündnerromanischen Literatur», in: R. Furter et al. (red.), Alimentation et santé - Ernährung und Gesundheit, Zürich 2008: 61-74 Riatsch Clà, «Il ‹jau› en la lirica dad Andri Peer. In sondagi. Invista en il project: Tradiziun e moderna en la lirica dad Andri Peer», AnSR 121 (2008): 169-84 Riatsch Clà, «Romanische Literatur sucht Erneuerung», Piz: Magazin für das Engadin und die Bündner Südtäler 36 (2008/ 9): 30-34 Riatsch Clà/ Mathieu Jon, «Ün on o trais decennis? Da che temp quinta La müdada? », in: A. Ganzoni et al. (ed.), Lectüras da La müdada da Cla Biert. Actas dal colloqui a Nairs/ Scuol, ils 21 october 2006, Chur 2008: 151-58 (Beiheft zum Bündner Monatsblatt 11) Seger Cordula, «Der Duft der grossen Welt - Eine Annäherung an den atmosphärischen Raum», in: A. Ganzoni et al. (ed.), Lectüras da La müdada da Cla Biert. Actas dal colloqui a Nairs/ Scuol, ils 21 october 2006, Chur 2008: 126-39 (Beiheft zum Bündner Monatsblatt 11) Truttmann David, «La müdada e la muntogna - Descripziuns, valitaziuns e funcziuns da la ‹muntogna› en il chapitel Aint in S-Charl», in: A. Ganzoni et al. (ed.), Lectüras da La müdada da Cla Biert. Actas dal colloqui a Nairs/ Scuol, ils 21 october 2006, Chur 2008: 99-125 (Beiheft zum Bündner Monatsblatt 11) 2.2.3. Übersetzungen aus dem Rätoromanischen Candinas Theo, Tè-Tuà. Die Chronik aus Superhöchst, Frauenfeld 2008 [Orig.: Tè-Tuà. Ina cronica da Superfetg] Tuor Leo, Giacumbert Nau. Libro e appunti dalla sua vita vissuta. Traduzione di Riccarda Caflisch e Francesco Maiello, Bellinzona 2008 2.2.4. Rezensionen Derungs Silvana, *U. G. G. Derungs, Il temps dellas tschereschas, S. l. 2007 (Nies Tschespet 74); Litteratura 29 (2008): 133-35 Lutz Ursin, *L. Tuor, Settembrini. Veta e meinis, S. l. 2006 (Nies Tschespet 73); Litteratura 29 (2008): 129-30 Lutz Ursin, *B. Vigne, Istorgias da Trantertemp, Turitg 2006; Litteratura 29 (2008): 131-32 395 Nachrichten - Chronique 396 3. Büchereingänge - Livres reçus 2008-2009 Baglioni Daniele, La scripta italoromanza del regno di Cipro. Edizione e commento di testi di scriventi ciprioti del Quattrocento, Roma (Aracne) 2006, 302 p. (Scienze dell’antichità, filologico-letterarie e storico-artistiche 226) Bähler Ursula/ Corbellari Alain (ed.), Gaston Paris - Joseph Bédier. Correspondance, Firenze (Edizioni del Galluzzo) 2009, 183 p. (L’Europe des philologues. Correspondances 1) Bähler Ursula/ Trachsler richard (ed.), Portraits de médiévistes suisses (1850-2000). Une profession au fil du temps, Genève (Droz) 2009, viii + 402 p. (Publications romanes et françaises 246) Baselgia-Ferrari Carla/ Togni Franco, Semione, Bellinzona (Archivio di Stato del Cantone Ticino) 2008, 236 p. (Repertorio toponomastico ticinese 25) Berschin Helmut/ Felixberger Josef/ Goebl Hans, Französische Sprachgeschichte. 2. überarbeitete Auflage, Hildesheim/ Zürich/ New York (Georg Olms Verlag) 2008, 413 p. Blaikner-Hohenwart Gabriele/ Bortolotti Evelyn/ Franceschini Rita/ Lörincz Emese/ Moroder Leander/ Videsott Gerda/ Videsott Paul (ed.), Ladinometria. Festschrift für Hans Goebl zum 65. Geburtstag/ Miscellanea per Hans Goebl per il 65° compleanno/ Publicazion en onour de Hans Goebl en gaujion de si 65 agn, Salzburg/ Bozen/ Vich/ Vigo di Fassa/ San Martin de Tor (Fachbereich Romanistik/ Freie Universität Bozen/ Istitut Cultural Ladin «majon di fascegn»/ Istitut Ladin «Micurà de Rü») 2008, 398 + 366 p. Blumenthal Peter/ Mejri Salah (ed.), Les séquences figées entre langue et discours, Stuttgart (Franz Steiner Verlag) 2008, 194 p. (ZfSL-Beiheft 36) Bossong Georg, Die Sepharden. Geschichte und Kultur der spanischen Juden, München (C. H. Beck) 2008, 128 p. (C. H. Beck Wissen 2438) Bruckner Matilda Tomaryn, Chrétien Continued. A study of the Conte du Graal and its verse continuations, Oxford (Oxford University Press) 2009, xii + 263 p. Burrows Daron (ed.), La vie de seint Clement. Volume II - Text (7007-end), London (Anglo- Norman Text Society) 2008, 224 p. (Anglo-Norman Texts 66) Cella Roberta, La documentazione Gallerani-Fini nell’Archivio di Stato di Gent (1304-1309), Firenze (Sismel) 2009, xiii + 407 p. (Memoria scripturarum 4) Cerini Marino/ Scalet-Cerini Licia/ Piezzi Fabiana, Giumaglio, Bellinzona (Archivio di Stato del Cantone Ticino) 2009, 132 p. (Archivio dei nomi di luogo 25) Cobby Anne Elizabeth, The Old French Fabliaux. 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(Publications romanes et françaises 245) Wilhelm Raimund/ Dörr Stephen (ed.), Bonvesin de la Riva. Poesia, lingua e storia a Milano nel tardo Medioevo. Atti della giornata di studio, Heidelberg, 29 giugno 2006, Heidelberg (Winter) 2009, 105 p. (Studia romanica 147) Wogan-Browne Jocelyn et al. (ed.), Language and Culture in Medieval Britain. The French of England c. 1100 c. 1500, York (Medieval Press) 2009, xxii + 533 p. 397 397 Prix Collegium Romanicum pour l’Avancement de la Relève MISE AU CONCOURS Le Collegium Romanicum met au concours le «Prix pour l’Avancement de la Relève» pour l’année 2010. Les membres du Collegium Romanicum sont invités à envoyer leurs propositions (dossier du/ de la candidat/ e, monographie, 2 rapports) à chacun des trois membres du jury. Le délai de présentation est le 22 juin 2010. Adresses du jury: Prof. Dr. Angela Ferrari, Istituto di italianistica, Maiengasse 51, 4056 Basel Prof. Dr. Itzíar López Gil, Romanisches Seminar, Zürichbergstrasse 8, 8028 Zürich Prof. Dr. Olivier Pot, Département de langue et de littérature francaises modernes, rue De-Candolle 5, 1211 Genève 4 Règlement 1. Le collegium Romanicum décerne chaque année aux jeunes romanistes suisses ou travaillant en Suisse qui n’auront pas dépassé les 35 ans au moment de leur candidature le «Prix d’Avancement de la Relève». Il récompense les travaux scientifiques des jeunes chercheurs/ chercheuses qui se sont distingué(e)s dans le domaine de la philologie romane (linguistique ou littérature). 2. Ce prix est mis au concours annuellement lors de l’Assemblée Générale du Collegium Romanicum. La dotation en est de 2.000.- CHF. 3. La date limite de présentation est le 22 juin. 4. Le jury qui doit accorder le Prix de la Relève est formé par trois membres du Collegium Romanicum. Ceux-ci sont choisis par les membres présents à l’Assemblée Générale. Le jury peut, au besoin, demander à des spécialistes des rapports supplémentaires. 5. On accordera le prix à des monographies scientifiques (livres, thèses) du domaine de la philologie pomane (linguistique ou littérature), déjà parues ou achevées au moment de leur présentation au concours. 6. Chaque candidature (monographie et candidat/ e) doit être proposée, par écrit, par deux professeurs (un du Collegium Romanicum). 7. Le prix sera remis lors de l’Assemblée Générale qui suivra à la mise au concours. Premio del Collegium Romanicum 2009 Rapport du jury Le jury, composé de Angela Ferrari (Bâle), Itziar Lopez (Zurich) et Olivier Pot (Genève), a décidé de décerner le Prix du Collegium Romanicum 2009 à la thèse de Gilles Corminboeuf, intitulée L’expression de l’hypothèse en français contemporain, entre hypotaxe et parataxe, qui a été soutenue à la Faculté des lettres et sciences humaines de l’université de Neuchâtel le 16 mai 2008. L’auteur, Gilles Corminboeuf, a choisi de centrer son analyse sur une classe de constructions syntaxiques du français contemporain qui, jusqu’à maintenant, n’ont obtenu dans la bibliographie spécialisée que très peu d’attention, et qui sont particulièrement difficiles à comprendre tant du point de vue de leur syntaxe que de leur valeur sémantico-pragmatique, définie autour du concept d’hypothèse. Il s’agit de constructions paratactiques qui peuvent être classées en fonction de la nature de leur premier membre. Celui-ci peut être par exemple un SN (un pas de plus, et je m’en vais), une clause au subjonctif (que je bouge, il me ramènera vite à l’ordre), une clause assertive (vous voulez la valise, il faut deux hommes supplémentaires), une clause interrogative (un article ne correspond pas à vos attentes? Monoprix l’échange ou le rembourse) etc. L’analyse de ce type de constructions de parataxe est conduite par comparaison avec l’analyse de la structure hypotactique si p, q, amplement étudiée dans le cadre de la grammaire traditionnelle et de la logique sémantique. Gilles Corminboeuf parvient, au moyen d’une analyse très précise et complète et d’une méthodologie rigoureuse, à définir la spécificité grammaticale, sémantique et pragmatique de l’expression paratactique de l’hypothèse en français contemporain. Il nous permet ainsi de comprendre pourquoi ces structures sont si répandues, quelles sont leurs différenciations internes et en quoi elles se distinguent de la version si p, q. À noter que le travail permet aussi, par comparaison, d’améliorer la compréhension de cette même structure hypotactique. Les résultats auxquels parvient l’analyse proposée dans la thèse sont donc un important acquis pour la linguistique française. Parmi les autres mérites de ce travail, le jury tient aussi a souligner, premièrement, la qualité du chapitre dédié au status quaestionis, très complet, bien organisé et bien argumenté; deuxièmement, la lucidité avec laquelle sont traitées les données quantitatives et qualitatives tirées du corpus de français oral et écrit sur lequel se fonde l’analyse; troisièmement, la capacité montrée par Gilles Corminboeuf de dialoguer avec le cadre théorique d’analyse du discours (élaboré par A. Berrendonner et M.-J. Béguelin) dans lequel il s’insère, en justifiant pour chaque aspect les avantages par rapport à des choix alternatifs. Lausanne, 28 février 2009 Prof. Dr. Angela Ferrari Prof. Dr. Itzíar López Gil Prof. Dr. Olivier Pot 399 Prix Collegium Romanicum