eJournals Vox Romanica 51/1

Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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1992
511 Kristol De Stefani

Composition savante et moyen français

121
1992
Wiecher Zwanenburg
vox5110169
L'article TENIR du Dictionnaire du Moyen Frarn;:ais 161 D., 397). . . . car vous ne vous devez fier ne deffier en la parolle de vostre ennemy. Tenez vous tousjours sur vostre garde, ainsi que doivent faire gens de guerre; car ilz se doivent tenir tousjours pour deffiez. (BuEIL, II, 91). En se tenantsur sa garde, on peult bien guerroyer son ennemy sans coup ferir (BuEIL, II, 230). 3. [Avec un compl. de nature prop. (c'est-a-dire representant un jugement)] «Se considerer»: Mais eil de quoi a messervi Se tient qui maladie endure (Tombel Chartr. W., c. 1337-1339, 115). Et aprez lez martirez nous rendroit le soulas De la joie dez ciex, dont nul ne se tient mas. (Vie st Eust. 1 P., c. 1351-1400, 164). Si ne se tindrent pas pour sage (LA BurGNE, Rom. deduis B., 1377, 270). . . . mais qui pot saillir appertement a terre et s'en courir devers l'ost, il se tintpour eureux. (ARRAS, 132). Et de ce se tenoient tout a segur et a conforte mesires Joffrois et ses consauls. (FRorss., Chr.D., 862). On prise pou les accointances De tel gent, ce n'est que merdaille; Qui leur donne un denier ou maille, Ilz se tiennent a bien payez, Ilz sont de moult pou appayez. (CHR. Prz., M. F. I, 100). Or se tiennent pour bien logiez, Car cuident estre tost vengiez De Scipon, qui mal les meine, Et qui les livre a dure peine. (CHR. Prz., M. F. III, 232). II couvient bien qu'il y avise Aultrement, et luy mesmes viegne En la bataille, car se tiegne Seur qu'il luy donra moult a faire. (CHR. Prz., M. F. IV, 42). . . . il se tenait sur tous les autres amans du monde le plus eureux (LA SALE, J. S., 96). Et, s'ainsi estoit qu'il ne eust riens en ce monde, au moins meurt-il en grant et hault honneur pour lui et pour les siens; et chascun se tient tenu a lui. (BuErL, I, 56). - Soi tenir joli*lbien pare de qqc. «En etre content, en tirer vanite»: Grant compaignie avoit o ly, De quoy se tenoit moult joli. (LA BurGNE, Rom. deduis B., 1377, 228). Trop grandement c'est rejo D'un faucon c'om li a donne, Duquel se tient tres bien pare (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1377, 423). - Soi tenir pour outre*. «Se considerer comme vaincu»: . . . il luy coppa adont lez laz et getta son healme au loing et puis luy dist: s'il ne se tientpour oultre, que de sa vie n'est riens. (Comte Artois S., c. 1453-1467, 57). 4. Soi tenir (dela) faire qqc. «Se retenir de, s'abstenir de» a) De: Encor vueil autre chose dire, Mais que vous vous tenez de rire. (MACH., P. Alex., 198). Tenus me sui longuement de chanter (MACH., L. dames, 50). . . . et toutesvoies ne me suis je point tenu de pechier (Menagier Paris B.F., c. 1394, 24). . . . desquellez nouvellez or eult parfaitte plaisance le noble conte d'Artois, qui trop envis se fust tenu d'y aller [au tournoi] (Comte Artois S., c. 1453-1467, 3). b) A: Je me sui longement tenus a parler des gerres de Bretagne (FRorss., Chr. D., 810). c) [Sans prep.) . . . ledit Deniz s'estoit longuement tenu et n'avoit volu aler devers sadicte mere (BAYE, I, 199). d) Ne pouvoir soi tenir de faire qqc.: De vous servir loyaument et amer, Douce dame, tenir ne me porroie (MACH., L. dames, 88). Son frere ne se pot tenir que il ne 162 Robert Martin lui demandast (ARRAS, 241). Alors les glouz et affamez citoyens saillirent hors, et pour les mesaises qu'ilz avoient euz, et pour leur gloutemens, ne se peurent tenir qu'ilz ne bussent et mengassent largement (LA SALE, S., 52). ... dont n'y avoit celle qui tenir se peust de plorer (LA SALE, J.S., 98). ... et n'y avoit cellui ne celle qui tenir s'en peust a mains joinctes et a haultes voix crier (LA SALE, J.S., 205). e) S'en tenir. «S'en abstenir»: J'entrevi un escorpion Et pluseurs bestes en la place De celles qui mieus vont par trace Qui volentiers l'alassent poindre, S'elles s'osassent a li joindre. S'i fu une beste cornue Qui a peinnes s'en est tenue (MACH., D. Lyon, 180). A son sire s'en est venus, Car jamais ne s'en fust tenuz. (cou- DRETTE, Melus. R., c. 1380-1400, 121). Or sces tu dont es descendus. Se tu es mes nieps, entenduz, Ne te deüsses esmouvoir De mon corps a moullier avoir. Pour ce que ne t'en veulx tenir, Te pourra grans maulx avenir (CouDRETTE, Melus. R., c. 1380-1400, 311). Or revendra Veir sa dame, et ja ne s'en tendra, Toutes les foiz qu'il lui en souvendra, Ne temps ne lieu par raison n'attendra. La penseront Ungs et autres qui ce regarderont.Et s'il s'en tient, Ie cuer ou corps lui rompt (CHART., D. fort., 187). f) A peu soi tenir que ... ne ... «S'empecher a peine de ... »: Yre adont vers l'oste se tire Et li a dit: «Ort, viel viellart! A pou me tieng que ne vous art En ce lit ou estes couche.» (LA BurGNE, Rom. deduis B., 1377, 192). 5. «Resister» a) Absol.: Beaulx seigneurs, dist ly chevaliers, se vous vous povez un pou tenir vous aurez par temps secours. (ARRAS, 100).Sarrasins se tindrent fort, car ilz furent grans gens. (ARRAS, 102). ... car la vie se tient et est conseruee en chaleur et en moiteur. (Cm., 218). Aprez que ceste ville fut prise, le duc Baudouyn fit une entreprise et par certains moyens print une ville dont le chasteau se tenoit. (BuErL, II, 115). Le Jouvencel,. qui estoit homme de guerre, ne pensa que a faire banne chiere et entreprendre sur ses ennemiz, et tant fist qu'il prist une ville qui avoit nom Cotre; mais le chastel se tenoit et estoit le chastel petit et n'y povoit pas grans gens. Le Jouvencel les cuida prendre par force et se y advisa et y perdist presque taut le jour. (BuEIL, II, 118). Le chasteau se tenoit. (TRING., 275). LucIFFER. Je meurs de dueil, je ne me puis tenir Hors du sens suis, pis c'un desmonyacle (LA VIGNE, S.M., 369). b) Soi tenir a qqc./ qqn: La fiert et cope et tue et maille, Quan qu'il ataint, tue ou mehaingne; N'est riens qui a ses cops se teingne. [«resister a ses coups» ou «resister a la comparaison s'agissant de ses coups»? ] (MACH., P. Alex., 71). Et ceulx leur comptent taute l'adventure, et comment le roy Guion d'Armenie et le maistre de Rades estoient desconfiz, si ne feust un chevalier tous forcenez qui y survint a taut un pou de gent et crie: Lusignen! et n'est nul qui a lui se puist tenir. [«qui puisse lui resister» ou «qui puisse soutenir la comparaison»? ] (ARRAS, 220). c) Soi tenir contre qqc.: Et l'incontinent ne se peut tenir contre concupiscences lesquelles pluseurs pourroient vaincre, car il sont mendres. (ÜRESME, E.A., 398). L'article TENIR du Dictionnaire du Mayen Fran1;ais 163 Faisons leur un bon poindre et nous tenons ensemble et tantost les verrez desconfiz se nous nous povons un pou tenir contre eulx. (ARRAS, 161). ... contre l'effort de ce deable ne me puiz je tenir. (ARRAS, 206). B. - Pronom. reciproque - La royne et la duchesce se tenoient par les mains (ARRAS, 282). C. - Pronom. passif - Li princes respondi: «Bien est. Je lo que cils consaus se teingne, Et que au matin chascuns reveingne. » (MACH., P. Alex., 149). Dont fu pris et asignes uns certains jours a estre a Gaind , liquels jours se tint. (FRorss., Chr. D., 341). ... au conseil de l'Eglise qui se tenoit en ce Palaiz royal (BAYE, II, 46). - [Avec un attribut de l'obj.pronom.] Et se tint la feste grande et belle (FROISS., Chr.D., 458). Paris Robert Martin La notion de corpus en moyen fram; ais* Le concept de moyen franfais n'est pas facile a cerner historiquement. Autrefois, ce concept faisait reference aux siecles XIV e -XVI e tandis que de nos jours nous avons tendance plutöt a renvoyer aux siecles XIV e et xv e exclusivement. J'ai d'ailleurs defendu ce decoupage dans mes Essais sur le moyen franr,;ais (Padova, 1977). N'empeche que dans notre Dictionnaire des locutions en moyen franr,;ais (Montreal 1991) le corpus des textes depouilles est beaucoup plus vaste. Bien sür, ce corpus est forme avant taut justement de textes des XIV e et xv e siecles; toutefois nous n'avons pas voulu que des bornes chronologiques etroites finissent par faire de la categorie historique «le moyen fran�ais» un compartiment etanche. Pour moi le moyen franfais, quel que soit son equivalent en dates, n'est qu'une etape de la langue dans son devenir. La presence dans le corpus de textes qu'on situe indeniablement dans «l'ancien franfais» (Roman de la Rose, Rutebeuf, etc.) permet de mieux situer dans le temps le patrimoine locutionnaire, de mieux voir la «vie» d'une locution. II aurait ete peu sage de laisser de c6te, par exemple, la plus ancienne attestation de avoir la puce en l'oreille (Dit de la tramontane), d'autant plus que les outils lexicographiques montrent une certaine incertitude sur son existence, en faveur de celle qui dans notre releve figure chez Deschamps, ou bien de negliger le faire des chasteaux en Espagne du Roman de la Rose, qui donne l'avant-goüt d'un groupe tres largement atteste par la suite et, si je ne m'abuse, encore vivant de nos jours. Nous n'avons pas mis non plus de borne fixe et inamovible a l'annee 1499 comme terme ad quem. Il y a dans cette option les raisons de continuite que je viens d'evoquer a propos du terme post quem. Mais il y a aussi le fait que sans cette option, des genres litteraires t�es representatifs pour notre corpus auraient ete comme mutiles: la nouvelle aurait ete representee par les Cent Nouvelles Nouvelles et, a la rigueur, par le Recueil de Sens, reduisant ainsi la portee de l'effort que nous avons fait afin d'inclure dans le corpus le Premierfait traducteur du Decameron (1414), actuellement inedit. Or, le corpus elargi de la nouvelle permettra d'etudier la langue dans une perspective plus sectorielle a taut le moins par l'impact du modele toscan sur la langue figuree d'un genre litteraire aussi important, d'autant plus que Le Magon donnern une nouvelle traduction du Decameron au xvr e siede, a l'instigation de Marguerite de Navarre. Quant au theätre comique, il aurait ete reduit a la Farce de maftre Pierre Pathelin et le chercheur aurait ete prive de cette * A l'occasion du Dictionnaire des locutions en moyen fram; ais, Montreal 1991. 166 Giuseppe Di Stefano source richissime que sont les differents recueils de farces et sotties. C'est pour la meme raison que nous avons aussi recueilli des temoignages de la predication au XVI e siede. En realite, il y a plus. Parmi les traits pertinents de la classification de l'ancienne litterature, il y a la question de l'attribution des textes, de la datation des textes, de la localisation des textes. Il y a en outre la question de l'authenticite des les;ons. Le redacteur d'un dictionnaire de la langue ancienne peut toujours renvoyer la balle dans le camp des editeurs. Quant a nous, disons que notre travail a ete influence par ces questions d'une maniere inegale. Nous n'avions pas a nous poser regulierement la question de l'attribution des textes, d'autant plus que nous avons oppose la variante accidentelle a la variante intentionnelle dans notre edition du Lais de Frans;ois Villon (Montreal 1988). Nous avons egalement laisse de cöte la question de la localisation. Par contre, nous savons parfaitement que la lecture des differents textes a ete cortditionnee par la qualite des editions. Le redacteur, tout comme les lecteurs, est a la merci de l'editeur d'un texte et cherche a se defendre avec les armes dont il dispose. Je dois avouer que tres souvent je suis reste perplexe devant des les;ons proposees par les editeurs. Certaines «fautes evidentes» pouvaient etre corrigees immediatement. Je mets dans cette categorie les les;ons «laissons le montrer ou il est», les;on proposee par Ward dans son edition d'Amerval. Plusieurs attestations dans la tres mediocre edition des Farces du recueil de Florence ont ete corrigees de la meme fas;on ou bien a l'aide des comptes rendus de Felix Lecoy et de Halina Lewicka. Dans d'autres cas, le redacteur du Dictionnaire doit s'appuyer sur des elements de paleographie. L'edition disponible du Livre du chevalier de La Tour Landry presente la les;on suivante au chap. III: et Just depuis banne dame et de notte, et de mault grant renommee. Aussi bien le Godefroy que le Tobler-Lommatzsch ont cite l'exemple-exemple unique, notons-le bien-de de notte 'notable'. Il est curieux de constater que nos attestations (Greban, Chastellain, ce dernier a completer au moins par deux autres attestations qui figurent dans la recente edition Delclos) portent toutes de grant note, tant et si bien qu'on peut se demander si le groupe de note n'est pas une attestation fantöme qu'il faudrait, jusqu'a plus ample informe, eliminer du corpus. Je pense qu'il faut lire plutöt devotte, qui convient parfaitement au contexte, d'autant plus que plus loin le texte porte deux fois le tres clair devot(t)ement. Dans d'autres cas nous avons accepte la les;on du texte du fait meme que l'attestation semble hors de doute, mais le doute est reste en nous. Je ne suis pas sür que le bailler de l'oignon qui figure parmi les variantes des Cent Nouvelles Nouvelles (XXXIII, 99) comme les;on alternative a bailler de l'oye ne soit plutöt un bailler de l'oyson bien lie au precedent par un rapport paradigmatique usuel tandis que, dans la situation syntagmatique dans laquelle se trouve oignon, les produits de la terre signifient generalement 'coups'. L'on voit ainsi que notre corpus est aussi stratifie que possible. Je veux dire par la La notion de corpus en moyen frarn;;ais 167 que, dans la mesure ou les editions nous l'ont permis, nous avons tenu campte egalement des variantes et non seulement du texte proprement dit qui, en principe et en principe seulement, nous propose le texte de l'auteur ou bien ce qui se rapproche le plus de l'original. La notion de texte authentique ou original est donc restee etrangere a nos preoccupations, car le corpus locutionnaire doit exister de par les attestations et non pas de par le proces fait aux degres d'authenticite d'une les;on par rapport exclusivement a l'auteur du texte. Le Berte d'Adenet le Roi presente, par exemple, la lei;;on voyent taut a vue (1529), mais les variantes temoignent de a ourne/ a plainlde voir. Ces variantes, irreductibles paleographiquement les unes aux autres, sont autant de choix de copistes: quelle que soit la lei;;on authentique, pour nous ce qui le plus importe c'est que les quatre formes sont toutes intentionnelles et possibles; c'est dire qu'un seul lieu a enrichi notre corpus locutionnaire de quatre exemples differents. L'on notera aussi que la tradition de ! 'Heptameron temoigne de l'existence de la double lei;;on avoir part au gasteau/ avoir part au butin (VIII). Pour nous il s'agit bel et bien de deux differentes locutions, bien attestees par ailleurs, qui s'inscrivent dans le paradigme avoir part: au gasteau/ au tourtet/ au butinlau marche. Dans le meme ordre d'idees, chez Gauthier de Coinci, la tradition, dans cette recherche d'un equilibre entre l'opacite et la transparence de l'enonce, offre a haut ton/ a haut son/ a haute voix, le troisieme groupe n'etant pas en rime avec les deux autres, tout comme la forme courante chanter d'autre Martin peut etre confrontee aisement a chanter d'autre latin tandis que chanter d'autre Renart peut plus facilement, mais non exclusivement, alterner avec chanter d'autre Bernart. La stratification des textes a l'aide de l'apparat des variantes nous ramene a la question de la datation des textes anciens. Je pense qu'il faut faire une distinction tres nette entre date de composition d'un texte et date de lecture ou de transcription du meme texte. Or, le plus souvent, la tradition manuscrite d'un texte temoigne de l'etape transcription ou lecture et moins de l'etape composition. Le corpus des textes depouilles pour le Dictionnaire des locutions en moyen franr,;ais offre plusieurs exemples de cette situation. Rappelons seulement le cas du Jouffroi de Poitiers, texte que nous avons insere dans notre corpus meme si dans l'edition le titre est suivi de la mention, juste par ailleurs, «roman d'aventure du debut du XIII e siede». Or, l'unicum qui nous a transmis le texte est du debut du XIV e siede, ce qui rappelle en nous l'opposition entre langue de composition d'une ceuvre et langue de lecture. C'est le cas d'ailleurs du theatre. Certes, les plaquettes qui souvent nous ont garde farces et sotties sont du XVI e siede. Mais il est a peu pres assure qu'un bon nombre de ces pieces date du siede precedent. On notera aussi que le raisonnement peut etre porte a la limite. Personne ne saurait mettre en doute le fait que le Roman de la Rose (premiere et/ ou deuxieme partie) et le Testament de Villon a des siecles ici a 168 Giuseppe Di Stefano des etats de la langue) bien differencies. Il n'en reste pas moins que le Roman de la Rose etait regulierement copie a l'epoque de Villon ainsi qu'apres: Oll placer les attestations, sans aucun doute des innovations, presentes dans les copies les plus tardives? Montreal Giuseppe Di Stefano Composition savante et moyen fran�ais 0. La morphologie frarn;:aise presente une organisation particuliere. Pour la derivation aussi bien que pour la composition il faut distinguer entre derivation et composition savants d'une part et derivation et composition non savants d'autre part. Dans ZwANENBURG 1987 j'ai argue que ces quatre types de formation des mots constituent autant de couches dans la structure morphologique d'un mot frarn;:ais. On peut constater que la combinaison de constituants savants et non savants exige toujours que les constituants non savants soient peripheriques par rapport aux constituants savants. Allant du centre du mot vers la peripherie, on rencontre successivement: (1) composition savante derivation savante derivation non savante composition non savante Dans ZwANENBURG 1991 j'ai argue que le rapport entre derivation savante et non savante dans la hierarchie de (1) s'explique dans une perspective historique par l'emprunt au latin et le developpement lexical et phonologique du moyen fran9ais. Dans cette contribution j'aimerais montrer qu'il en est en principe de meme pour la place de la composition savante dans la hierarchie de (1). La difference, c'est qu'il y a un certain decalage dans le temps par rapport a la derivation savante, que le grec joue cette fois-ci un röle important a cöte du latin, et enfin que le point de depart se situe dans la structure meme de ces deux langues. A cet effet je discuterai dans la section 1 la situation en fran9ais moderne. Dans la section 2 je rappellerai le developpement historique de la derivation savante. Dans la section3 j'examinerai de plus pres la nature de la composition savante en fran9ais moderne, et dans la section 4 ses origines et son developpement en moyen fran9ais, y compris le 16 e siede. Dans la section 5, enfin, j'essayerai de degager les facteurs qui expliquent que ce developpement ait abouti a la situation actuelle, et notamment a la hierarchie illustree dans (1). 1. Pour nous faire une idee du statut de la derivation et de la composition savantes et non savantes en fran9ais moderne, considerons les mots pere et fleur avec leurs derives et composes savants dans (2)(a) et leurs derives et composes non savants dans (2)(b). (2)(a) pere fleur derivation savante patr-ie flor-al composition savante patri-arche flori-lege