Vox Romanica
vox
0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
Es handelt sich um einen Open-Access-Artikel, der unter den Bedingungen der Lizenz CC by 4.0 veröffentlicht wurde.http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/121
1992
511
Kristol De StefaniHANS GEISLER, Akzent und Lautwandel in der Romania, Tübingen (Narr) 1992, VII+ 217 p. (Romanica Monacensia 38)
121
1992
Peter Wunderli
vox5110249
Besprechungen - Comptes rendus 241 duction, Martin Harris «The Romance Languages» (1-25), sur l'histoire externe des langues romanes. Les neuf chapitres qui suivent sont des monographies de linguistique interne sur chacune des langues romanes: Nigel Vincent, «Latin» (26-78); John N. Green, «Spanish» (79-130); Stephen Parkinson, «Portuguese» (131-169); Max W. Wheeler «Catalan» (170-208); Martin Harris, «French» (209-245); Max W. Wheeler, «Occitan» (246-278); Nigel Vincent, «ltalian» (279-313); Michael Jones, «Sardinian» (314-350); John Haiman, «Rhaeto-Romance» (351-390) et Graham Mallinson, «Rumanian» (391---419). Un chapitre intitule «Romance Creoles» (420---473), de John N. Green, clöt la serie des etudes. Le volume se termine par onze cartes, couvrant ensemble tous les parlers etudies, et un index. Chaque chapitre est assorti d'une bibliographie. 3. Voici, pour commencer, une breve description, dans laquelle je m'abstiens de tout jugement. La preface decrit et justifie l'economie de l'ouvrage. II est ne d'un projet qui avait pour but «the characterisation of one particular language family, where the material for inclusion was determined principally on linguistic and historical grounds internal to the family itself, and for the most part independent of external political considerations» (viii). D'emblee, l'ouvrage est decrit comme «a book where matters diachronic and synchronic are inextricably intertwined» (viii). L'organisation interne des chapitres, en sections qui se correspondent, et le choix d'un ensemble de sujets centraux, traites dans chaque langue, permettent, moyennant une lecture transversale, la consultation de tous les chapitres en fonction d'un sujet donne. «Thus, anyone wishing to look up say the sequential constraints on the clitic pronouns or the historical evolution of tonic vowels in all the languages represented should not be disappointed» (ix). Ce parallelisme n'a cependant pas ete pousse jusqu'a ses dernieres limites, chaque auteur restant libre de traiter ou non des sujets marginaux; les editeurs considerent l'heterogeneite qui en resulte comme un aspect positif; «it enhances, disent-ils, the value of the work by demonstrating how differences of perspective may lead to varying assessments of significance with respect to broadly similar bodies of data» (ix). Ils prevoient meme que «analysts will at times disagree about how to interpret a given example or construction» (xi). L'ouvrage est corn;:u en premier lieu comme manuel pour l'usage «on undergraduate or graduate courses in Romance linguistics» (x). Les chapitres sur le latin, sur les parlers romans et sur ! es creoles sont construits selon un plan en effet a peu pres constant, comportant une introduction et quatre parties grammaticales: phonetique, morphologie, syntaxe et lexique. L'introduction a chacun de ces chapitres sert a informer le lecteur sur la variante linguistique que l'auteur a choisi de decrire; en general, il s'agit d'une forme de la langue standard moderne, a defaut de quoi l'auteur decrit tantöt le dialecte actuel d'une localite (sarde), tant6t les principaux dialectes actuels (occitan), en adoptant eventuellement le principe d'une etude parallele et contrastive (rheto-roman); dans le chapitre sur le portugais, la variante bresilienne est systematiquement donnee a cöte de la norme europeenne; quarrt a la description de l'italien, elle ne saurait se faire sans reference aux parlers regionaux. C'est aussi dans l'introduction que les auteurs exposent ! es problemes methodologiques particuliers que souleve le parler a decrire (latin, creoles). Les quatre sections grammaticales presentent, pour chaque chapitre, les donnees essentielles et centrales que sont une analyse phonetique et/ ou phonologique, assortie le cas echeant d'un expose sur l'orthographe, la morphologie du nom, du pronom et du verbe, la syntaxe du groupe nominal, du groupe verbal et de la proposition, sans oublier ! 'ordre des termes, ainsi que, le plus souvent, des elements de derivation lexicale. Sur ce fond commun se detachent, selon le chapitre, toutes sortes de specificites. Les unes ont trait a des particularites remarquables d'une langue, qu'on ne saurait passer sous 242 Besprechungen Comptes rendus silence (tel l'infinitif personnel du portugais), et aux problemes theoriques lies a la description de telle structure (cas frequent dans la section sur la phonologie). D'autres specificites ressortissent a l'initiative personnelle ou aux interets de l'auteur, comme lorsque M. W. Wheeler etablit une liste du vocabulaire proprement catalan (206) ou que J. Haiman argumente en long et en large l'origine de V2 en rheto-roman (368 ss). Dans cet ouvrage, ou la reflexion theorique occupe a juste titre une place importante, la relative latitude laissee aux auteurs aboutit parfois, comme l'annoncent les editeurs, a des prises de position divergentes au sujet de donnees a peu pres identiques; la distribution des types de complement, par exemple, est consideree par J. N. Green comme arbitraire en espagnol (117-118), par N. Vincent comme fondee semantiquement en italien (306-308). 4. La maniere dont qualites et defauts se repartissent dans cet ouvrage m'incite a formuler man evaluation separement pour les generalites (4.1), pour la linguistique externe (4.2), puis, au sujet de la linguistique interne (4.3), pour la description synchronique (4.3.1) et pour la description diachronique (4.3.2). 4.1. S'agissant des generalites, man jugement, dans l'ensemble, est positif: l'abondance des donnees linguistiques, combinee avec les theories ou convictions, meme opposees, des auteurs, en fait un ouvrage extremement utile et stimulant. La consultation de ce livre, redige en termes fort clairs, est facilitee par de nombreux schemas, tableaux et paradigmes. La lecture transversale, en fonction d'un sujet donne, peut s'appuyer sur des references internes occasionnelles et sur l'index. 11 faut saluer deux initiatives particulierement bienvenues: l'introduction de chapitres sur le sarde et sur le rheto-roman, deux groupes de parlers trop souvent laisses pour campte, a cause de leur manque de poids politique ou demographique, mais indispensables du point de vue de la grammaire historique romane, et l'introduction d'un chapitre sur les creoles, en reponse a l'interet croissant que suscite la sociolinguistique. 4.2. Le chapitre d'introduction, «The Romance Languages», fournit la toile de fand externe a taut le livre; tres bien documente et a jour, il place la formation des parlers romans dans leur cadre historique, en termes de romanisation, d'influence des substrats et des superstrats, de fragmentation spatiale et de dialectalisation du roman, de facteurs socio-politiques favorisant l'accession de dialectes au rang de langue standard ou la formation de creoles. Poussant jusque dans la periode contemporaine, l'auteur donne une idee de l'importance numerique des locuteurs et des chances de survie de parlers non nationaux, comme le catalan, ou meme depourvus d'une norme standard commune, comme l'occitan, le sarde et le rheto-roman. 4.3.1. Taus les autres chapitres, sauf celui sur le latin, consistent en premier lieu en une description synchronique des parlers actuels, dans une optique en general structuraliste. Ce sont autant d'etudes systematiques et serieuses. On y decrit non seulement la norme contemporaine, mais aussi les tendances ! es plus recentes, le parler avance. Certaines pages synthetisent admirablement des structures relativement complexes, telle la structure des auxiliaires de temps en italien (301-303). Ces remarques valent aussi pour la description synchronique du latin, dans le chapitre que N. Vincent consacre a cette langue. Ces etudes tiennent campte en general des developpements recents de la science, et les bibliographies, qui se veulent selectives, sont a peu pres a jour. Ainsi se trouve realise un equilibre assez reussi entre le manuel a consulter transversalement et un ensemble d'essais independants sur chacun des parlers romans. Sous le rapport de la description synchronique, j'estime que nous nous trouvons en Besprechungen - Comptes rendus 243 presence d'un ouvrage original et de qualite, son niveau eleve etant sans doute en partie le revenant-bon d'un travail realise par une equipe de specialistes. 4.3.2. La perspective diachronique a sa place dans cet ouvrage, temoin le chapitre sur le latin et les references au latin que font les auteurs des etudes sur ! es parlers romans. Or, la plupart de mes objections concernent la fafon dont la diachronie est traitee: en premier lieu, les premisses methodologiques et certaines des analyses dans le chapitre sur le latin (4.3.2.1), accessoirement, pour ! es autres parlers, une heterogeneite, que je trouve parfois tout de meme plus genante que stimulante (4.3.2.2). 4.3.2.1.1. Comme le chapitre premier sert d'introduction externe au reste de l'ouvrage, le chapitre sur le latin sert d'introduction historique interne aux parlers romans. Le but en est «to narrate the structural transformation that Latin underwent in the course of the pa'ssage towards the modern Romance languages» (27). Je tiens a souligner que ce chapitre remplit cette täche dans une tres ! arge mesure, ce que ne doivent pas faire perdre de vue ! es critiques qui suivent. 4.3.2.1.2. Le point faible de ce chapitre est la maniere dont N. Vincent conyoit les rapports entre le latin ecrit, le latin parle et ! es parlers romans. Ses vues, dans ! es grandes lignes, sont celles-ci. Nos sources sont les textes latins, les grammairiens anciens et ! es reconstructions. L'etude de l'histoire linguistique du latin doit se faire en deux temps: (1) integration des donnees dans une suite diachronique qui soit linguistiquement plausible («a linguistically plausible diachronic sequence» [27]), (2) projection en arriere de cette suite dans un modele sociolinguistique de Rome. La premiere de ces demarches est en voie de realisation et se reflete dans le present chapitre; Ja seconde reste a entreprendre. Deux ecueils guettent le chercheur: le fait de prendre pour point de depart ou pour etape intermediaire d'une suite diachronique un trait ou une construction qui n'existe pas en dehors des textes latins, et une argumentation d'inspiration structuraliste incitant abusivement a considerer deux structures comme contemporaines l'une de l'autre. 4.3.2.1.3. Je dois rappeler qu'il existe deux ecoles: celle qui considere le protoroman, reconstruit a partir des parlers romans au moyen d'une analyse comparative spatio-temporelle, comme remontant a l'antiquite et y representant une norme parlee du latin, contemporaine des textes; c'est le modele de la simultaneite; l'autre ecole considere ! es parlers romans comme issus des textes latins ! es plus tardifs et les prolongeant, a travers une phase appelee aussi parfois protoroman: c'est le modele de la successivite. A mon avis, le modele de la successivite n'est aujourd'hui plus defendable; l'histoire de Rome et les aspects sociaux de la romanisation, ! es Jois d'evolution phonetique qui entrent dans la formation des parlers romans, la distribution spatiale des traits et ! es points de repere chronologiques qu'offrent ! es inscriptions de l'antiquite montrent assez que les parlers romans plongent leurs racines, quasi independamment de Ja tradition ecrite, jusque dans Je latin parle de l'antiquite; Je modele de Ja simultaneite, qui permet d'en rendre campte, a, il est vrai, peu cours chez les latinistes; mais il reste a la base des recherches de la plupart des romanistes qui se penchent sur l'origine des parlers romans et notamment de ceux qui sont formes a la methode comparative historique. 4.3.2.1.4. Or, N. Vincent, dans son chapitre sur le latin, n'aborde pas cette distinction au niveau theorique (a moins que mais ce n'est pas clair - ! es reconstructions dont il parle ne designent le protoroman du modele de Ja simultaneite), et il ne dit rien de Ja notion de 244 Besprechungen - Comptes rendus <protoroman>, ni de l'analyse spatio-temporelle dont on se sert dans le modele de la simultaneite. Au niveau de la pratique, en revanche, l'auteur se sert des deux modeles. II donne quelques excellentes analyses selon le modele de la simultaneite, telle la description du systeme vocalique (§2), des structures fondees sur les oppositions DE/ AD et DEIQUOD - QUID (68-69) ou de la substitution de FORMosus par BELLUS (74). Mais, a diverses reprises, il recourt explicitement au modele de la successivite. A propos de la declinaison des pronoms du latin classique, presentee en tableaux, l'auteur dit: «The model of Latin declensional structure outlined above is also supported by subsequent diachronic developments in Romance» (43; mis en italique par moi); et plus loin, le paradigme du present de VOLERE est donne sous trois formes, etiquetees respectivement «Classical Latin» (voLo, VIS, VULT, etc.), «Late Latin» (*VOLEO, *VOLES, *VOLET, etc.) et «Italian» (voglio, vuoi, vuole, etc.), avec un commentaire aux termes duquel les formes du paradigme italien «require us to reconstruct an intermediate Late Latin stage» (51; mis en italique par moi), qu'illustre le type *voLEo, etc. Lorsqu'il s'agit de phases tardives du developpement du protoroman, cette maniere de voir donne en effet l'impression que les parlers romans derivent de la langue des textes; mais c'est la une illusion, pire: un piege. 4.3.2.1.5. Comme le latin des textes et le latin parle representent des niveaux de langue differents et des normes divergentes, coexistant pendant toute l'antiquite, mais n'evoluant pas forcement de pair, N. Vincent, avec le modele de la successivite, tombe dans des distorsions chronologiques. En voici deux exemples. Apres avoir exprime l'intention de decrire les transformations structurales que le latin a subies au cours de son passage aux parlers romans, il dit: «unfortunately, this task is not made any easier by the fact that the chronology of the texts, from which a large part of our evidence is of course drawn, does not necessarily reflect what must be presumed, on internal criteria, to be the natural sequence of linguistic developments» (27); a titre d'illustration, il cite le cas de Plaute: «Thus, the evidence of an early but innovative writer like Plautus (254-184 Be) will often tel1 us more about the sorts of direction linguistic evolution must have taken by the fifth century AD than we could learn from a contemporary but conservative writer such as Boethius (AD 480-524)» (27, mis en italique par moi). Dans la perspective de la genese des parlers romans, la seule qui nous concerne ici, l'interet de Plaute n'est pas de donner une idee de l'evolution de la langue vers le y e siede de notre ere, epoque a laquelle il ne se rattache en rien, mais de refleter la langue de son temps, y compris la langue parlee, dont le protoroman precoce est un temoin. A propos de l'origine de l'article defini, l'auteur signale qu'a cöte de ILLE il y a aussi IPSE, au sujet duquel il precise: «IPSE in fact survives as an article only in Sardinian su, sa, Balearic Catalan es, sa, and in a few southern Italian dialects, which remains an unexplained puzzle in view of the fact that IPSE predominates over ILLE in the Late Latin texts» (53; souligne par moi). II n'y a ici de mystere que dans la perspective des textes latins et du modele de la successivite; selon l'autre modele, les aires Oll N. Vincent constate des vestiges de IPSE comptent parmi les plus archai:santes de la Romania; aussi ces vestiges sont-ils, pour le comparatiste, l'indice que IPSE etait un article deja dans le protoroman le plus ancien; et c'est cette interpretation qui est pertinente a la chronologie du protoroman et a la genese des parlers romans. 4.3.2.1.6. Dans la mesure Oll il ecarte le modele de la simultaneite, l'auteur se prive d'une possibilite d'etablir une chronologie relative, voire une chronologie absolue au moins approximative, des structures ou des traits. Deux exemples vont illustrer cela. (1) Les quelques lignes Oll l'auteur enumere les mots pour <demain> (52) prendraient un tout autre relief si, de la distribution spatiale des formes, on avait cherche a tirer leur chronologie, Besprechungen - Comptes rendus 245 qui est (mis apart MANANEA): CRAS, MANE (au plus tard au Ill e siede, acause du roumain), DE-MANE (posterieur au rn e siede). ( 2) N. Vincent constate que, «for reasons that are not entirely clean> (5 8), le passif construit avec ESSERE + participe passe ne «survit pas» dans le roman des Balkans, Oll la construction d'origine est celle avec le pronom reflechi SE. En rapprochant ce fait de ce qui est dit du sarde ( 340-34 1), Oll se presente une situation analogue acelle du roumain, et en constatant que tous les autres parlers romans possedent un passif construit avec un auxiliaire et le participe passe, on est amene aformuler, pour le protoroman, l'hypothese que voici: au debut du protoroman, le passif s'exprime avec le pronom reflechi, et la construction avec le participe passe, posterieure aux periodes de romanisation de la Sardaigne et de la Dacie, est tardive et ne remonte pas au-dela du IV e siede; il est possible qu'a l'epoque Oll le passif est exprime par le pronom reflechi, la construction ESSERE + participe passe, dans les verbes transitifs, existe, mais avec une fonction temporelle ou aspectuelle, comme 011 en trouve encore s;aet la: catalan dialectal No sou vist la process6 'Je n'ai pas vu la procession', roumain a fi cfntat 'avoir chante'. En somme, l'auteur aurait pu s'epargner les propos pessimistes suivants: «lt is much harder [que de tracer des trajectoires diachroniques], and in many cases, impossible to know the relative, let alone the absolute, chronology of the changes» (77). 4.3.2.1.7. 11 y a visiblement, dans ce chapitre, un probleme de la description synchronique du protoroman. L'auteur constate que «in some respects what has been described in this chapter is not a uniform language, but rather a series of diachronic trajectories that point forward to the developments in the individual Romance languages ...» (76-77; mis en italique par moi); dans le modele de la simultaneite, cela est le plus souvent evitable; il est possible en effet de soumettre n'importe quel sous-systeme a une analyse comparative menant au protoroman, pour en degager une suite de structures et, en juxtaposant des structures ainsi obtenues, une suite de synchronies plus etendues, mais uniformes dans l'espace et diachroniquement reliees. Ce probleme se manifeste dans le fait que l'auteur est souvent empeche de parler, en termes clairs et nets, de regles et qu'il se voit reduit, par un louable souci d'honnetete, a des formulations vagues, comme «... certain points recur in all or most languages ...» (54), apropos de la place de l'adjectif epithete, ou bien «A typical Romance NP structure is: (Det) (Adj) N (Adj)» (54). Le modele de la simultaneite l'aurait, ici, tire d'embarras, car les structures successives revelees par l'analyse comparative sont en general exprimables en regles precises; ainsi, pour revenir al'exemple de la place de l'adjectif epithete, il y a, dans Je protoroman precoce, la regle N Adj, qui se realise telle quelle en sarde ancien et parait subsister en sarde moderne (cf. 3 34-3 35); la double position que vise la formule de N. Vincent est plus tardive et d'une portee spatiale limitee. Et voici un cas un peu different. En emettant sur l'opposition langue synthetique/ analytique le jugement suivant: «... the naive view that analytic constructions simply replace the corresponding synthetic ones» (64), l'auteur est une fois de plus trompe par Ja perspective deformante de son modele. L'exploration du protoroman precoce nous fait decouvrir qu'il se produit bel et bien, aux debuts de Ja domination romaine, une extraordinaire reduction morphologique, affectant notamment ! es comparatifs synthetiques, l'opposition comparatif/ superlatif, ! es adjectifs numeraux ordinaux, ! es adverbes de maniere, Ja declinaison et Ja voix passive. 4.3.2.1.8. On peut donc affirmer que bien des structures ont echappe a l'analyse de N. Vincent pour la simple raison qu'elles remontent aux debuts du protoroman et ne sont pas peq;:ues par Je modele de Ja successivite. J'en cite quelques-unes pour memoire, en plus de la regle ci-dessus relative aJa position de l'adjectif: l'ordre de base VSO, valable pour tous les verbes et non pas seulement pour les verbes d'etat et de mouvement (cf. 6 2); l'objet 246 Besprechungen - Comptes rendus direct prepositionnel du type vmET PAULU A PETRu; l'identite formelle de l'adjectif qualifiant non marque, HOMO FORTE, et de l'adverbe de maniere correspondant, CANTAT FORTE, ce qui exclut le passage immediat de l'adverbe classique a l'adverbe roman en -MENTE (qu'on suggere 64). Tout cela fait toucher du doigt une lacune generale du chapitre sur le latin: il n'y est pas suffisamment rendu campte des parlers romans qui se sont isoles töt de la Metropole. Comment diable pourrait-on, en effet, decrire a l'aide de textes latins tardifs un parler roman comme le sarde, dont on admet par ailleurs (315) qu'il represente le latin parle du 1 er siecle avant J.-Chr.? 4.3.2.1.9. Revenons a la partie theorique de ce chapitre. Les deux ecueils que N. Vincent mentionne dans son introduction sont reels, mais plus facilement contournables dans le modele de la simultaneite: une construction qui se trouve en protoroman existe, par definition, en dehors des textes et compte pour la genese des parlers romans; et la contemporaneite de deux structures peut etre le plus souvent confirmee ou infirmee, selon le cas, par la chronologie du protoroman, c'est-a-dire a partir des simples donnees linguistiques romanes; ce n'est que si, d'aventure, la reconstruction livre, pour une synchronie, plusieurs structures synonymes, qu'on peut recourir, avec prudence et toujours par hypothese, a un ajustement sur la base de ce que nous enseigne la linguistique generale. Un mot, enfin, sur la premiere des deux demarches prevues par l'auteur. Dans Je modele de la simultaneite, la suite diachronique que l'auteur veut etablir decoule, cela va sans dire, de l'analyse spatio-temporelle du protoroman. II faut pourtant se mefier de l'epithete, d'ailleurs vague, «linguistiquement plausible», que N. Vincent attache a la notion de «suite chronologique»; l'evolution du protoroman met au jour des suites diachroniques dans lesquelles on trouve des etapes qui, sous ce rapport, paraissent des aberrations et qui pourtant se trouvent a leur juste place dans la chronologie; l'evolution de la declinaison en est une illustration eloquente: un systeme initial tres reduit, probablement acasuel, auquel succede un systeme tricasuel. 4.3.2.1.10. La bibliographie annexee au chapitre sur le latin reflete la lacune methodologique que je signale: manquent en effet trois auteurs de l'apres-guerre a qui l'on doit des syntheses importantes selon le modele de la simultaneite. T.H. Maurer (1959; le seul a proposer une syntaxe, avec, au §78, de precieuses remarques sur l'emploi adverbial de l'adjectif), R.A. Hall, Jr. (1974) et E. Pulgram (1975) 1. 4.3.2.1.11. On a beau dire que le modele de la simultaneite n'est pas une panacee, qu'il ne livre que des hypotheses, qu'il n'a pas toujours ete utilise avec discernement et n'a pas encore ete applique a tout le systeme, il reste, avec ! es textes latins antiques, la seule approche comprehensive apte a raccorder le latin aux parlers romans. Le fait de ne pas avoir tenu campte des acquis de ce modele, ni tente de l'appliquer a des sous-systemes jusqu'ici inexplores, porte prejudice a la valeur scientifique du chapitre; et puis, laisser ce modele de cöte sans une justification explicite, a supposer que cela se justifie, c'est donner au lecteur une idee fächeusement incomplete des possibilites methodologiques actuelles. 4.3.2.2. La realisation de chaque chapitre sur ! es parlers romans a ete laissee, comme on sait, a l'appreciation de leurs auteurs. Le resultat en est inegal: pour ! es sous-systemes dont 1 TH.H. MAURER, Gramatica do latim vulgar, Rio de Janeiro 1959; R.A.HALL, Comparative Romance Grammar, 3 volumes parus, I: New York/ London/ Amsterdam; II: New York/ Oxford/ Amsterdam; III: Amsterdam/ Philadelphia 1974ss; E. PuLGRAM, Latin-Romance Phonology: Prosodics and Metrics, München 1975. Besprechungen - Comptes rendus 247 l'histoire est connue de longue date, comme le systeme vocalique, le raccordement des parlers romans au latin s'opere bien; ailleurs, cependant, il regne sous ce rapport un manque, a mon avis penible, de systematicite. On sait que deux parlers romans, le sarde et le roumain, par leur caractere notoirement archai:que, sont d'un interet taut particulier pour la diachronie; ce fait est correctement releve dans le chapitre sur le sarde (314-315, 348), mais point dans celui sur le roumain. L'emploi adverbial de l'adjectif, que j'ai signale plus haut pour le protoroman ( CANTAT FORTE), laisse un peu partout des traces, sous une forme plus ou moins figee; a ce titre, il figure dans le chapitre sur le franc,:ais (il travaille dur [218-219]); mais, paradoxalement, cet emploi n'est pas signale pour le seul parler roman ou il n'est pas fige, a savoir le roumain. La diachronie est traitee parfois de maniere contradictoire: l'auteur du chapitre sur le roumain, G. Mallinson, attribue (400-401) le <<neutre roumain» a une influence s! ave; il ne donne aucun argument pour s'ecarter ainsi de la these traditionnelle selon laquelle il s'agit du vestige d'une structure protoromane, these reprise du reste par N. Vincent (44). Je veux bien admettre que la contradiction est inherente a toute recherche menee a plusieurs; mais elle n'est interessante pour le lecteur et stimulante pour la recherche que si elle est argumentee. Les lacunes dans la description du latin affectent la description des parlers romans. Par exemple, pour plusieurs parlers (l'espagnol, le catalan et le sarde), les auteurs font etat d'un objet direct introduit par un derive de la preposition AD; on admet actuellement que cette construction remonte au protoroman; mais, comme le chapitre sur le latin n'en souffle mot, elle se trouve, dans ! es chapitres sur ! es parlers romans, en porte-a-faux, a Ja fois sans origine et sans justification synchronique. Signalons enfin une erreur qui s'est glissee dans le chapitre sur le franc,:ais (228). L'auteur, M. Harris, constate que le rapport de possession s'exprime soit par de, soit par a, rivalite qui remonterait a une rivalite comparable du genitif et du datif en latin. A mon avis, il n'y a pas de lien diachronique de cette nature avec le latin: dans le systeme tricasuel, qui remonte au III e siede et qui est a l'origine du systeme franc,:ais, le cas appele «genitif-datif» fonctionne a la fois comme genitif possessif (FILIA REGr) et comme datif d'attribution (scRIBIT REGr); l'introduction de prepositions dans ces constructions se fait en deux etapes: d'abord AD est introduit dans ! es deux fonctions (FrLIA AD REGEM, SCRIBIT AD REGEM), ensuite DE est introduit dans la fonction de genitif possessif (FILIA DE REGEM). De 1a viennent ! es types <rivaux> que M. Harris constate en ancien franc,:ais (la fille al rei, la fille del rei) et qui se refletent sans doute deja dans les textes latins tardifs. 4.3.2.3. Les critiques que m'inspire le traitement diachronique du latin et des parlers romans montrent qu'on ne peut pas utiliser ce volume pour la diachronie comme on le peut pour la synchronie: il n'est, sous ce rapport, pas assez coherent, documente, ni sür. Peutetre est-ce 1a la ranc,:on d'un travail en equipe? 5. En resume, autant j'admire l'introduction sur la linguistique externe et, en ce qui concerne la synchronie, certaines analyses du latin et Ja description des parlers et creoles romans, autant je suis dec,:u par le manque de systematicite et les premisses methodologiques de la description diachronique. 11 me reste a souhaiter qu'une reedition de cet ouvrage soit, pour les editeurs, l'occasion de remedier a ce defaut. R. de Dardel * 248 Besprechungen - Comptes rendus RoGER WRIGHT (ed.), Latin and the Romance Languages in the Early Middle Ages, London (Routledge) 1991, 262 p. R. Wright ist in erster Linie wegen seiner umstrittenen Arbeit Late Latin and Early Romance in Spain and Carolingian France (1982) bekannt; einige Rezensenten sind ganz enthusiastisch, andere äußerst kritisch (cf. die Liste der Rezensenten, RomPhil. 40 [1986-87], 214 N 17, in der allerdings meine eigene kritische - Besprechung in der Vox Romanica 42 [1983], 259ss. fehlt). Beim 9. Internationalen Kongreß für historische Sprachforschung an der Rutgers University, New Brunswick, NJ, hat Wright nun eine Sektion zum Thema <Latin and the Romance Languages in the Early Middle Ages> organisiert. Die Beiträge der Teilnehmer in dieser Sektion sind im anzuzeigenden Bande gesammelt. Wenn Wright eine Konferenz über Latein und romanische Sprachen im Frühmittelalter organisiert, ist zu erwarten, daß seine eigene These, das Protoromanische sei die einzige gesprochene Sprache und Latein nur eine Schriftsprache, im Zentrum der Debatte steht vielleicht auch, daß die meisten der von Wright eingeladenen Teilnehmer dem Sektionsleiter ihren Weihrauch opfern; die epitheta ornantia sind in der Tat zahlreich («the remarkable book by R.W.», Janson p. 22; «Wright's excellent and intelligent book», Herman p. 43; «The book of R.W. that lies at the basis of our <Special sessio11> drives home all this in an original way», Van Uytfanghe p. 114; «it is one of W.'s virtues (quite unfairly criticized by Adams 1989) that . . .», McKitterick p. 135; »R. W.'s quite innovating study has kicked up much scientific dust», Heene p. 146; »I admire W. for the originality and boldness of his stance . .. », Walsh p. 205). Aber es hat auch wirkliche Diskussion gegeben, und einige Teilnehmer haben einiges an W.s Buch kritisiert. So macht Herman darauf aufmerksam, daß sein wichtigstes Beispiel aus Cassiodorus auf Annaeus Cornutus (1. Jh. n.Chr.) zurückgeht (43 N 6); Heene möchte ungern mit W. das Verb transferre in transferre in rusticam Romanam linguam (in den Bestimmungen des Konzils von Tours) durch «transfer from one style to another» übersetzen (154; cf. meine Besprechung VRom. 42 [1983] 262); Walsh vermutet im Gegensatz zu W., daß orthographische Schnitzer im merowingischen und leonesischen Latein phonetische Veränderungen in der gesprochenen Sprache widerspiegeln (210, 217). Der Band enthält die folgenden Beiträge: R. WRIGHT, «Introduction: Latin and Romance, a thousand years of uncertitude»; P. M. LLOYD, «On the names of languages (and other things)»; T.JANSON, «Language change and metalinguistic change: Latin to Romance and other cases»; J. HERMAN, «Spaken and written Latin in the last centuries of the Roman Empire»; A. VARVARO, «Latin and Romance: fragmentation or restructuring? »; T. D. CRAVENS, «Phonology, phonetics, and orthography in Late Latin and Romance: the evidence for early intervocalic sonorization»; H. PrNKSTER, «Evidence for SVO in Latin? »; J. N. GREEN, «The collapse and replacement of verbal inflection in Late Latin/ Early Romance: how would one know? »; R. WRIGHT, «The conceptual distinction between Latin and Romance; invention or evolution? »; M. VAN ÜYTFANGHE, «The consciousness of a linguistic dichotomy (Latin-Romance) in Carolingian Gaul»; R. McKITTE- RICK, «Latin and Romance: an historian's perspective»; K. HEENE, «Audire, legere, vulgo: an attempt to define public use and comprehensibility of Carolingian hagiography»; M. BANNIARD, «Rhabanus Maurus and the vemacular languages»; B. STENGAARD, «The combination of glosses in the C6dice Emilianense 60 ( Glosas Emilianenses)»; C. PENSADO, «How was Leonese Vulgar Latin read? »; T.J. WALSH, «Spelling lapses in Early Medieval Latin documents and the reconstruction of primitive Romance phonology»; R. BLAKE, «Syntactic aspects of Latinate texts of the Early Middle Ages»; A. EMILIANO, «Latin or Romance? Graphemic variation and scripto-linguistic change in medieval Spain»; M. DA- NESI, «Latin vs. Romance in the Middle Ages: Dante's De vulgari eloquentia revisited». Besprechungen - Comptes rendus 249 Im folgenden will ich einige Punkte herausgreifen und kritisch kommentieren: - P. 5 Wright: «But to historical linguists it is seif-evident that imperial Latin only has direct spoken continuity with medieval Romance, post-classical written Latin being a separate entity of problematic origin and unclear relationship with either of the others » ; für die meisten Forscher sind die Beziehungen gar nicht so unklar wie für W., cf. auch den Beitrag von Walsh und meine oben erwähnte Besprechung. - P. 32s. Herman: Zu den Zitaten aus Augustin und Hieronymus, cf. B. LöFSTEDT, «Augustin als Zeuge der lateinischen Umgangssprache » , in: Flexion und Wortbildung. Akten der V. Fachtagung der Indogermanischen Gesellschaft 1975, p. 192ss. und LAMMERT, «Die Angaben des Kirchenvaters Hieronymus über vulgäres Latein», Philologus 75 (1918), 395ss. - P. 46 Varvaro: Zur Diskussion über das Verschwinden von -s cf. B. LöFSTEDT, Studien über die Sprache der langobardischen Gesetze (1961), p. 128ss. - P. 53 Cravens: «the once fairly common assumption that the spelling of Late Latin texts represents something in the realm of direct transcription of speech » . Wer hat jemals so etwas behauptet? Daß (vereinzelte) fehlerhafte Schreibungen von Veränderungen in der Aussprache zeugen, ist etwas ganz anderes. - P. 58 Cravens: «Complete lack of mis-spelling cannot stand as secure evidence that no change has developed. As Wright and others have already pointed out more than once, correct spelling may just as weil mean that the scribe or stonecutter knew how to spell and/ or copy. » Das ist eine Binsenweisheit. Warum sie wiederholen? - P. 83ss. Green: Man vermißt in dieser Darstellung einen Hinweis auf den Verlust des synthetischen Passivs sowie eine Diskussion der Konkurrenz zwischen den Typen amor : amatus sum, amabar: amatus eram usw. im Vulgärlatein (cf. z. B. V. VÄÄNÄNEN, lntroduction au latin vulgaire, Paris 1981, p. 129s.). - P. 144 McKitterick: Esa Itkonens Arbeiten zum merowingischen Latein sind mit Vorsicht zu benutzen, cf. B. LöFSTEDT, Aufstieg und Niedergang der römischen Welt II 29/ 1 (1983), 476s. B. Löfstedt * HANS GEISLER, Akzent und Lautwandel in der Romania, Tübingen (Narr) 1992, VII+ 217 p. (Romanica Monacensia 38) Die vorliegende, dem Lautwandel in der Romania gewidmete Untersuchung 1st eine Münchener Habilitationsschrift, die unter Helmut Stimm und Wolf-Dieter Stempel entstanden ist und 1988 von der Philosophischen Fakultät angenommen wurde. Für die Publikation hat der Verfasser seinen Text ganz rabiat gekürzt, was ihm nicht immer gut bekommen ist: Er liest sich oft mühsam und holprig, es fehlen Überleitungen und Definitionen, und v. a. bleibt manches trotz großer Materialdichte doch recht fragmentarisch. Gleichwohl handelt es sich um eine wichtige Arbeit, die unser Interesse verdient 1 . Ziel von Geisler ist es, eine Reihe von Lautentwicklungen gewissermaßen unter einem einheitlichen Dach zu vereinen, d. h. sie auf eine gemeinsame Ursache zurückzuführen. Diese glaubt er in der Akzentdruckerhöhung (Akzentverstärkung) beim Übergang vom Latein zu den romanischen Sprachen gefunden zu haben, die sich in der verschiedenartig- 1 Der Band ist drucktechnisch sehr gepflegt und ansprechend hier war endlich wieder einmal jemand am Werk, der noch weiß, was ein anständiges Layout ist! Druckfehler sind äußerst selten; dagegen zeugen drei Stellen von einer mangelnden Kontrolle des letzten Korrekturdurchgangs: p. 47 sind die vier Buchstaben eines Wortbruchstücks ([ca]lida) über eine ganze Zeile gespreizt; p. 70 und 132 sind bei Sonderzeichen mehrere Buchstaben übereinander gedruckt. 250 Besprechungen - Comptes rendus sten Weise sowohl direkt als auch indirekt im Rahmen der Silben- und Wortprosodie ausgewirkt und eine Fülle von Lautveränderungen zur Folge gehabt hätte. - Für diese Grundhypothese versucht nun Verf. zuerst eine theoretische Basis zu entwickeln (3ss.), vor deren Hintergrund in der Folge dann vier ausgewählte Phänomene in mehr oder weniger ausgedehnten Bereichen der Romania untersucht werden: die Synkopierung (44ss.), die Entwicklung von A[ (90ss.), die beide dem Bereich der direkten Auswirkungen der Akzentdruckverstärkung zuzurechnen wären, sowie die Palatalisierung von K (123ss.) und die Behandlung von intervokalischem K (141ss.), Phänomene, die nach Geisler als Sekundäreffekte zu gelten haben. Auf eine kurze Schlußbetrachtung (150-53) folgt dann eine umfangreiche Bibliographie (154-75) 2 , ein Wortindex (176-84) sowie ein eindrücklicher Kartenteil, der der Illustration der untersuchten Phänomene in der Romania dient. Seinen Ansatz gründet Geisler auf ein produktionsorientiertes Silbenmodell, wobei die Silbe als eine Funktionseinheit aufgefaßt wird, die sich aus der Polarität von Sonoritätsmaximum und konsonantischer Obstruktion ergibt. Dies ist soweit richtig, doch stellt sich natürlich die Frage, was denn eigentlich die Funktion der Silbe ist. Verf. bleibt uns hierauf die Antwort schuldig, ja er muß sie eigentlich schuldig bleiben, denn eine linguistische Funktion der Silbe hat bis jetzt noch niemand nachweisen können nicht umsonst spielt die Silbe in der strukturellen und funktionellen Linguistik keine Rolle. Sie dürfte vielmehr eine substanzbedingte Größe der Lautproduktion sein, und wenn dem so ist, dann muß der Terminus Funktion eigentlich als unangemessen gelten 3 • Da die Substanzebene im Blickfeld steht, ist es auch nur konsequent, wenn Geisler darauf insistiert, daß Lautveränderungen keinen diskreten Charakter hätten, sondern vielmehr als kontinuierlich, d. h. skalar zu gelten haben. Die als Auslöser der Lautveränderungen angesehene Akzentdruckzunahme hätte nun direkte Folgen auf den Sonoritätsbereich (den man etwas verkürzt mit demjenigen der Vokale gleichsetzen kann); die sich daraus ergebenden Verschiebungen bezüglich der Druckverteilung innerhalb der Silbe würden nun sekundäre Veränderungen im Obstruktionsbereich (Silbenan- und auslaut) auslösen, und zwar deshalb, weil die Sprache als selbstregulierendes synergetisches System zu gelten habe (3). Es gäbe sowohl sprecherbezogene Optimierungen (Minimierungen) des Produktionsaufwandes als auch hörerbezogene Optimierungen (Reduzierungen) des Rezeptionsaufwandes. Auch diese Ausführungen sind nicht ganz unproblematisch. Der Begriff der Selbstregulierung (autoreglage) gehört in den Bereich der strukturalistischen Grundaxiome 4 und kann deshalb nicht ohne weiteres auf den Substanzbereich übertragen werden. Geislers Konzeption läßt sich eigentlich nur retten, wenn man davon ausgeht, daß er so etwas wie eine Energiekonstante für die Silbe oder die Akzenteinheit (oder beides) annimmt wenn er dies auch nirgends in dieser Form sagt; zumindest muß man nach seinen Ausführungen aber davon ausgehen, daß es eine Art physiologisch bedingte Begrenzung des Energieaufwands gibt, die zur Folge hat, daß Verstärkungen in gewissen Mikrosegmenten durch Schwächungen in andern (korrelierten) Mikrosegmenten kompensiert werden, wobei diese Kompensa- 2 Es mutet allerdings recht eigenartig an, daß in der Bibliographie Arbeiten aus dem Bereich der Experimentalphonetik und der Intonologie weitgehend fehlen; obwohl Geislers Zielsetzung nicht in diesem Bereich liegt, hätten die Erkenntnisse in diesem Bereich für ihn doch große Bedeutung gehabt und ihn an zahlreichen Stellen sicher vorsichtiger formulieren lassen. 3 Das Gleiche gilt auch für die Termini prosodisch/ Prosodie, die für die von Geisler untersuchten Gegebenheiten wenig glücklich sind. Es geht hier nicht um suprasegmentale, den segmentalen überlagerte Einheiten, sondern vielmehr um die Interrelation zwischen eine Sequenz bildenden Phonemen bzw. Phonemrealisierungen (Substanzebene), oder mit anderen Worten: um die Syntax dieser Einheit. 4 Cf. hierzu P. WuNDERLI, «Glanz und Elend des Poststrukturalismus», RZLG 1992 [erscheint demnächst].