Vox Romanica
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0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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1993
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Kristol De StefaniDOROTHEA KULLMANN, Verwandtschaft in epischer Dichtung. Untersuchungen zu den französischen Chansons de geste und Romanen des 12. Jahrhunderts, Tübingen (Niemeyer) 1992, 370 p. (Beih.ZRPh. 242)
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1993
Leena Löfstedt
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Besprechungen - Comptes rendus 337 umfassenden Übersicht über die entsprechenden motifs narratifs den Zugang zu eben jenen altfranzösischen Artusromanen des 12. und 13. Jahrhunderts zu erleichtern, aus denen sie ihr Material gewinnt. Daß sie ihr Werk in ein Netz von Veröffentlichungen gleicher Vorgehens- und ähnlicher Aufschlüsselungsweise einbindet, gestattet die komparatistische Perspektivierung über den Bereich der Galloromania hinaus. Insofern darf sich Anita Guerreau-Jalaberts Index nicht nur als künftiges Hilfsmittel, sondern überdies als Ansporn zu weiterführenden Forschungen verstehen. H. Klüppelholz * DüROTHEA KuLLMANN, Verwandtschaft in epischer Dichtung. Untersuchungen zu den französischen Chansons de geste und Romanen des 12. Jahrhunderts, Tübingen (Niemeyer) 1992, 370 p. (Beih.ZRPh. 242) La famille, nudeaire ou etendue (! in, lignie, lignage, etc.), et les parents, proches ou eloignes, jouent un röle important dans la litterature epique du XII e s. Se basant sur de solides connaissances theoriques et un vaste corpus, utilises d'une maniere systematique, D. Kullmann illustre l'evolution de la definition et du röle de la famille, a partir des epopees anciennes du debut du siede, par les romans qui surgissent des le milieu du siede, jusqu'aux epopees recentes a partir de la seconde moitie du siede. Le livre, qui comble une veritable lacune, est bien mene et va rendre de grands services. L'auteur elle-meme considere que le resultat le plus important de sa recherche est d'avoir demontre que la representation des relations familiales depend du caractere litteraire des textes examines et n'est nullement un simple reflet des relations sociales contemporaines ou plus anciennes. Elle met en evidence que l'ancienne epopee fäodale, qui decrit surtout les batailles et la prouesse guerriere des chevaliers, opere avec des familles «horizontales»: le heros est entoure et aide de multiples parents qui ont a peu pres la meme äge que lui. C'est cela qui contribue a expliquer, selon elle (94), la frequence remarquable du groupe compose d'un ou plusieurs neveux; en effet les ondes, souvent des freres cadets et non encore maries, n'etaient pas beaucoup plus äges que les fils de leurs sceurs al: nees qui, elles, avaient ete mariees jeunes. Alors que ! es patronymes restent sans consequence et peuvent etre donnes a loisir (p.ex. Chanson de Roland 1594: Malquiant le filz al rei Malcud), la mention de l'onde d'un jeune heros implique, dans l'epopee ancienne, qu'on parle de cet onde dans la meme chanson (28s.). D'ailleurs, la relation de l'onde a son neveu est celle du seigneur fäodal a un important chef de son armee. La famille nudeaire ne devient interessante que dans le roman; enfant unique de ses parents, le heros y est toujours l'heritier inconteste. La relation onde-neveu subsiste, mais c'est le jeune neveu qui est le heros principal (205s.); et l'onde peut aussi etre dote de nieces (176). Les romans connaissent beaucoup de protagonistes fäminins et la description des heroi:nes (belles en regle generale et susceptibles de maitriser quelques procedes magiques) est vaguement calquee sur celle des protagonistes masculins (172s.). Les parents des protagonistes principaux sont issus de grandes familles. La famille «verticale» gagne de l'importance dans l'epopee de la fin du xn e s. Pour ajouter aux deux generations que le public connaissait de nom du moins on dresse des arbres genealogiques pour donner au heros d'autres parents virtuellement interessants (212). La parente spirituelle n'est pas negligee non plus; en effet, l'epopee Orson de Beauvais illustre ! es complications resultant des relations qu'entretient le parrain avec la mere de son filleul (218). Le culte de la jeunesse, observe dans les romans, se manifeste aussi dans ces epopees: si les paires onde-neveu existent toujours, ! es heros en sont les 338 Besprechungen - Comptes rendus jeunes neveux qui ne dependent plus de leurs oncles (262s.). Les duels et ! es disputes entre pere et fils se multiplient (226s.). L'opposition frere-sreur est utilisee pour illustrer des conflits d'interet entre deux familles (300). On trouve des «collectifs» de freres (277s.). D. K. a sans doute raison de souligner Je caractere litteraire de Ja famille. On pourrait dire que c'est Ja famille «verticale» qui justifie certaines actions (! es peres sont necessaires dans Je cycle des barons rebelles, p.ex., ainsi deja dans l'ancien Garmond et Isembart), et que Ja famille «horizontale» y participe (! es batailles de Ja Chanson de Roland n'ont pas besoin de justification: en consequence ! es protagonistes forment des familles «horizontales», et ! es peres des heros ne jouent aucun röle important). Cependant nous dirions que sans etre «genaues Abbild zeitgenössischer oder auch älterer gesellschaftlicher Verhältnisse» (319), Ja litterature pennet quand meme au public de s'y reconnaitre. Aussi D. K. prend-elle soin de signaler que Je Charroi de Nfmes sait distinguer ! es prototypes de deux couches sociales: situation noble guerrier et ses neveux; situation bourgeoise pere et ses enfants (43), mais on pourrait y ajouter. Nous pensons, p.ex., que Ja colere de Ja mere de Raoul de Cambrai (260) reste comprehensible aux lecteurs contemporains de l'epopee; en effet, ce qui avait declenche l'action de l'epopee etait Je refus de se remarier d'Aalais, veuve feodale; et des qu'elle avait su refuser un avantage materiel auquel son creur s'opposait, eile avait Je droit, par Ja suite, d'exiger la meme fermete de son fils. En plus, nous sommes d'avis que ! es arbres genealogiques et Je parrain criminel dans des epopees tardives refletent non seulement Ja quete de heros virtuels de la part des auteurs, mais aussi l'interet du public, pour lequel ! es arbres genealogiques etaient un moyen d'eviter le maria�e entre des parents charnels ou spirituels. C'etait une attitude imposee par le clerge , qui d'ailleurs pour illustrer les horreurs de la consanguinite venait de traduire des romans antiques traitant de l'inceste. Qu'on nous permette de nous arreter aux oncles et a leurs neveux. Nous donnons raison a D. K. en ce qui concerne l'usage litteraire du groupe et nous ne nous proposons que de presenter une question concernant l'origine du groupe. Selon D. K. la relation de l'oncle a son neveu rappelle, dans l'epopee ancienne «die Beziehung eines Feudalherrn zu einem besonders wichtigen Heerführer». Subordonnes a leurs oncles, les neveux executent les ordres de ceux-ci. Le bon neveu du Sarrasin Galafre, chef militaire important, s'appelle Champion; de meme plus tard, dans Je roman epique, Gauvain, Je neveu d'Artur est le meilleur des chevaliers du roi, un champion toujours victorieux. - Si nous laissons de cöte la Germania de Tacite (qui decrit Ja societe germanique anterieure aux migrations et anterieure, d'un millenaire, a la litterature analysee), les neveux ne jouent un röle analogue que dans ! es litteratures medievales anglaise et irlandaise (50). Or des que nous ne l'expliquons pas par une institution sociale propre a cette societe est-ce une coincidence gratuite? Ou cet «avunculat» litteraire primitif qui presente le neveu comme un defenseur redoutable des droits de l'oncle, serait-il le resultat de la collision homonymique, en irlandais medieval, entre deux termes designant l'un, neveu, et l'autre, 'guerrier' 2, collision qui aurait amene a une synonymite des notions (un 'neveu' est necessairement aussi 'champion', 'guerrier')? D. K. a raison d'invalider la theorie incestueuse de Roland (59s.). Dans la Chanson de Roland, Ganelon donne une explication aux mauvaises relations qui regnent entre luimeme et Roland (v. 3758: Rolland me forfist en or et en aveir), explication que son audience ne conteste pas. Peut-etre en sa qualite de second mari de la mere de Roland, a-til dü faire <Service d'homme> (hommage) pour un fief dont Roland etait l'heritier, dont l'or 1 Le Decret de Gratien (1140) a donne de l'actualite aux exigences du droit canon, notamment a celles concemant le mariage. 2 Cf. NM 91 (1990): 487-89. Besprechungen - Comptes rendus 339 et aveir ont appartenu a Roland des sa majorite? Nous ne le savons pas. Mais s'il en avait ete ainsi, l'auteur de Karlamagnussaga ne l'aurait pas compris, car ! es pays scandinaves n'ont pas connu Je regime fäodal frarn;:ais. L'inceste etait un sujet a Ja mode au debut du xnr e s. et il s'en est servi pour expliquer Ja haine. A Ja meme epoque ou peu s'en faut, Ja tradition rolandienne du continent mentionne pourtant les noms des deux parents de Roland 3• Comme Je constate D. K., le neveu de Marsilie et de Falsaron qui attaque ! es Fran9ais avec une virulence remarquable et qui exige Je droit au premier coup contre Roland, mais dorrt Je nom Aelroth n'est donne qu'une seule fois, n'est pas une figure epique traditionnelle (68). II nous semble qu'un neveu-champion anonyme des Sarrasins a re9u le nom d'un roi anglais (Ethelred) dans une situation toute particuliere, p.ex. lors de Ja bataille de Hastings ou, selon Guillaume de Malmesbury, ! es troupes du Conquerant, tout en attaquant ! es Anglais, chanterent une cantilena Rollandi. Leena Löfstedt * DoMINIQUE BouTET, Charlemagne et Arthur au le roi imaginaire, Paris (Champion) 1992, 656p. (Nouvelle Bibliotheque du Mayen Age 20) Au centre du grand ouvrage de Dominique Boutet est Ja representation de la figure du roi dans un corpus de textes qui va des origines a 12 50 environ. En plus de cette limitation chronologique, D.B. s'en est impose une autre, concernant Ja figure royale proprement dite: son etude ne s'occupera que d'Arthur et de Charlemagne (et non, par exemple, d'Alexandre). Plus precisement, D.B. s'interesse au mythe royal, qui gouverne «par une isotopie semantique peut se fixer sur d'autres supports qu'un recit: des usages, des regles juridiques, des rituels, une organisation sociale» (13). L'etude de D.B. s'articule en quatre grandes parties. La premiere, «Au milieu des hommes un roi», tente de saisir la position du roi dans la societe d'une part a travers des textes theoriques (Etats du Monde etc.), a travers ! es chansons de geste et les romans de l'autre. D.B. essaie de capter l'image du roi a Ja fois par opposition aux chevaliers et aux clercs. La royaute peut etre envisagee comme un aboutissement d'une vie de chevalier, mais peut egalement apparaitre, par opposition a cette derniere, comme une solution de facilite et de faineantise. C'est pourquoi, a la fin de Ja Mort Artu, Ja couronne semble aux protagonistes moins seduisante qu'une vie d'ermite. On constate, en plus, que ! es textes theoriques tendent a confärer un röle directeur ethique et moral au roi que les textes litteraires ont, en general, plutöt tendance a lui refuser. Dans tous types de textes, le roi se situe, par rapport au pape, en position de dependance, et l'enquete de D.B. met bien en valeur que, meme si Je roi, comme il est d'usage dans Je domaine germanique, est d'une race particuliere, il n'est rien sans Je sacre. Peu a peu (Du Pacte au Royaume, p. 14 3-64) on assiste dans les textes litteraires a des scenes ou Je roi est souverain non seulement de ses vassaux, mais de tous les hommes. Ils sont tous ses sujets et, sans necessairement etre lies par un serment de fidelite, lui doivent leur obeissance. C'est autour du roi que se joue Je destin de l'ensemble de Ja communaute et c'est lui qui assure surtout face aux pai: ens - Je lien entre Je groupe aristocratique et Je divin. Petit a petit se creent ainsi les notions de Bretagne ou de douce France meme en absence de tout lien fäodal explicite. La deuxieme grande partie de l'etude de D.B., «Racines et Mutations», examine le 3 Cf. KERSTIN ScHLYTER, «Les enumerations des personnages dans Ja Chanson de Roland», Etudes romanes de Lund 22 (1974): 228-30, 116.
