eJournals Vox Romanica 55/1

Vox Romanica
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0042-899X
2941-0916
Francke Verlag Tübingen
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1996
551 Kristol De Stefani

GEROLD HILTY (ed.), Actes du XX Congrès International de Linguistique et Philologie Romanes. Universite de Zurich (6-11 avril 1992), 5 vol., Tübingen/Basel (Franeke) 1993

121
1996
Maria Selig
Eva Büchi
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220 Besprechungen - Comptes rendus nuova edizione alle p.123s.; i v.27-30 sono riportati due volte per errore tipografieo). La biblioteea de! clerc diventato giullare non e immaginaria, perehe eontiene «titoli d'effettivo interesse didattieo e/ o liturgieo-devozionale» (139), e rappresenta una sorta di biblioteea neeessaria a eonseguire la clergie. Nemmeno l'abbinamento dei libri alle 28 eitta ehe il clericus vagans diee di avere toeeato nel suo, peraltro piuttosto eaotieo, tour de France e easuale, poiche si tratta sempre di sedi seolastiehe rinomate, quale piu, quale meno, nel Medio Evo. Ma l'osservazione veramente interessante e ehe seaturisee, appunto, dalla lettura eontinua del libro medievale e ehe 1'837 fa seguire il Departement da due testi ehe sembrerebbero ad esso strettamente legati: si tratta di una Gengle au ribaut eon relativa Contregengle (anehe di questi eomponimenti viene data l'edizione: si vedano, rispettivamente, le p. 143-47 e 151-55). La Gengle, in effetti, opera di un giullare ribaut, rappresenta il duro attaeeo, da parte di un professionista della performance di piazza, al clerc improvvisatosi jongleur, mentre la Contregengle sarebbe la eontrorisposta del clericus, predieatoria e moralistiea, quindi ben eontrapposta ai toni giullareseamente sgangherati dell'interloeutore. Insomma, i tre testi ehe il eompilatore dell'837 ha eopiato uno di seguito all'altro sarebbero tre «mimi» giullaresehi, nei quali vengono recitati due tra i ruoli piu importanti delle rappresentazoni di piazza nel Medio Evo: il ehierieo e il giullare. P. Gresti * GEROLD HrLTY (ed.), Actes du xx Congres International de Linguistique et Philologie Romanes. Universite de Zurich (6-11 avril 1992), 5 vol., Tübingen/ Basel (Franeke) 1993 0. Les romanistes sauront gre a Gerold Hilty de leur avoir livre un an seulement apres les avoir reunis a Zurieh de meme qu'a un prix tout a fait abordable! - ! es Aetes du xx e Congres International de Linguistique et Philologie Romanes 1 . C'est une pratique d'edition innovatriee qui a ete retenue: les tapuserits des differentes eommunications ont ete reunis par les presidents de seetion, puis imprimes tels quels. Ce proeede, qui a rendu possible la parution extremement rapide de l'integralite des einq volumes, sera notamment apprecie par ! es jeunes ehereheurs, dont la earriere depend souvent de la publieation de leurs premiers articles. L'ineonvenient en est que ! es editeurs sont obliges de s'en remettre a l'exaetitude des auteurs en ce qui eoneerne la presentation (non seulement) materielle des textes. On est malheureusement frappe par le peu de soin qui a ete apporte a la presentation d'une partie non negligeable des eontributions: on releve des pages ineompletes, des renvois bibliographiques errones ou inexistants, une plethore de fautes de frappe et de fautes de langue, enfin la typographie et ! es notations laissent souvent a desirer. Apparemment, les marques typographiques utilisees communement pour marquer ! es differents niveaux de l'analyse linguistique ne sont pas maitrisees par l'ensemble de la communaute seientifique, a moins qu'elles soient eonsiderees eomme superflues 2 • De plus, le leeteur est mal a l'aise faee aux (nombreuses) eommunieations qui ne speeifient pas, ni dans le titre ni dans le texte, la ou les langue(s) qu'elles abordent. Et on aurait souhaite que ! es auteurs situent davantage leur propre reeherche a l'interieur de la linguistique romane. D'une maniere generale, ! es pages dont on retire l'impression d'un eertain manque de professionnalisme abondent. Mais la eompilation n'a pas que des ineonve- 1 On peut regretter que ! es diseussions n'aient pas ete reproduites, bien qu'elles fassent une timide apparition ya et Ja (par exemple IV, 46 N6). 2 On est neanmoins en droit de demander aux auteurs d'eviter ! es contresens; ainsi «Ne! napoletano ... e usato il tipo formale» (rv, 397) doit etre lu «Ne! napoletano ... e usato il tipo rformale 7 ». Besprechungen - Comptes rendus 221 nients: notamment, en l'absence de titres courants, les differentes typographies peuvent guider tres commodement le lecteur qui ne fait que consulter ces volumes de fa9on ponctuelle. Malgre le besoin d'une restriction quantitative ressenti par Ja Societe apres le Congres de Saint-Jacques, qui s'est traduit par une conception plus rigide et par une organisation un peu restrictive, «a la suisse», de ce xx e congres, les contributions refletent la grande variete des etudes entreprises actuellement en linguistique romane. Il va de soi qu'il n'est pas possible de discuter de fa9on critique toutes les communications. Nous nous efforcerons plutöt de donner une impression de la diversite des sujets abordes et de la variete des approches retenues, afin de montrer a quel point le Congres de Zurich a ete un lieu de contacts et d'echanges fructueux. 1. Le premier volume s'ouvre sur ! es deux discours prononces lors de la seance d'ouverture: d'abord celui de ROBERT MARTIN, president de la Societe de Linguistique Romane (3-12), suivi de l'allocution de GEROLD HILTY, secretaire du Comite d'organisation (13- 18). Le reste de ce fort volume reunit les communications de la premiere section, consacree a Ja phrase et presidee par GEORGES KLEIBER et MARC WILMET (v. leur presentation 21- 31). Avec ses 56 communications, c'est la section la plus importante en nombre, mais l'absence de la quasi-totalite de la romanistique etatsunienne (due a des questions de calendrier) se fait sentir avec une acuite particulierement forte dans le domaine de la syntaxe. 28 communications concernent le fran9ais, 15 l'espagnol, trois Je portugais, deux respectivement l'italien, le roumain et le catalan, tandis que trois communications se situent dans une perspective contrastive (Cuenca: catalan/ italien; Florea: fran9ais/ roumain; Montolio-Duran: fram,;ais/ espagnol). Une seule communication (Karolak) s'eleve (plus ou moins) au niveau roman. Il aurait saus doute ete difficile de delimiter, a l'interieur de la syntaxe, un sujet plus vaste que celui de la phrase. En taut qu'unite non seulement syntaxique, mais aussi semantico-logique, stylistique, prosodique, graphique, enonciative, ... , la phrase depasse meme le cadre strictement syntaxique. Cette polysemie, qui, pour le domaine fran9ais (au moins), remonte au 18 e siecle 3 , a permis de reunir une grande variete de communications. Les presidents de la section, qui s'etonnent de n'avoir guere entendu de definition de Ja phrase (24), n'en proposent pas eux-memes (le schema p.24 n'est pas une definition). Or si ! es differents auteurs avaient enonce l'acception du terme de phrase sur laquelle ils s'appuient (implicitement), on aurait saus doute ete en face d'un tour d'horizon de definitions divergentes (et complementaires) de la phrase comparable a celui offert pour le concept de mot par AMR HELMY lBRAHIM (coord.), Lexiques, Hachette 1989 (definitions du mot par A.J. Greimas [58]; A.Martinet [84]; B.Pottier [120]; M.Gross [207]). En fait, une seule communication est consacree a la definition et a Ja delimitation du concept de phrase: J.A. AKOHAS (45-58) analyse la phrase dans des extraits de Celine, Sarraute et Claude Simon. Un nombre important de communications se penchent sur l'anaphore. H. YosHITAKA (273-86) etudie un cas particulier d'anaphorisation pronominale, celui du SN generique: tandis que Un chien aboie souffre une interpretation generique ou specifique, r;a dans Un chien, r;a aboie desambigu"ise l'enonce. M. IGLESIAS BANGO (287-300) aborde le statut des pronoms dans les constructions espagnoles du type hacer + infinitif: Juan lo [ = Pedro] hiza matar peut signifier indifferemment que Pedro a tue et que Pedro s'est fait tuer (l'analyse se complique du fait du leismo/ loismo .. .). F.Monge (507-19) distingue un lla- 3 Cf. J.-P. SEGUIN, L'Invention de la phrase au xvnf siecle, Louvain 1993. 222 Besprechungen - Comptes rendus mar denominatif (lo llame y no vino) d'un llamar appellatif (le/ lo llame mentiroso) et etudie les pronoms respectifs qui les accompagnent. M. MANOLIU-MANEA (433-50) decrit les contraintes qui pesent sur le choix pron. pers. 3/ anaphore zero en fonction de sujet en roumain: tandis que le premier est analyse comme un signe de rupture, le second tend a traduire la coherence maximale. L. TAsMowsKr-DE RYcK (751-63) etudie le fonctionnement des pronoms dans le Letopisetul Tiirii Moldovei de Grigore Ureche: contrairement aux clitiques du roumain contemporain, qui sont essentiellement anaphoriques, ceux du 16 e siede se trouvent encore a mi-chemin entre l'anaphore et la deixis. J.-M. LusCHER (419-32) et BR. WrnDERSPIEL (777-91) reflechissent sur la (co-)reference pronominale et l'anaphore en fran9ais. N. TAGUCHI (739-50) etudie la transposition par pluralisation (nous de majeste, de modestie) et par deplacement de personne (Il a ete bien sage? pour Tu as ete bien sage? ). Une seule communication traite de la cataphore: d'apres la these d'E. LAVRIC (381-94), le fran9ais ne connait, en principe, pas de determinants cataphoriques (ils seraient plut6t non-anaphoriques). Ne voulant pas confiner la cataphoricite a certains determinants, elle propose de considerer les syntagmes nominaux cataphoriques. J. M. LoPE BLANCH (407-17), resumant ses recherches d'une decennie, rappelle les six structures syntaxiques formelles de l'espagnol (oraci6n, / rase, prooraci6n, periodo, oraci6n eliptica, cldusula - Je tout tres commodement defini). Se penchant plus particulierement sur la cldusula (enonce), il constate une grande homogeneite entre sa structure dans Je parler cultive de six capitales americaines (Mexico, Caracas, Santiago de Chile, San Juan de Puerto Rico, Bogota, Buenos Aires) et dans celui de Madrid, ! es diffärences relevant davantage du niveau diastratique. Au niveau transphrastique se situent Ja communication d'A.JAUBERT (315-28) sur ! es pertinentiseurs fran9ais comme apropos, au fait et celle d'E. RrnRUEJO (629-42) sur ! es connecteurs transphrastiques de Ja prose medievale castillane (e, otrossi, demds). Dans un domaine connexe, R. LANDHEER (367-79) montre que ! es regulateurs verbaux comme pour ainsi dire, une espece de servent a neutraliser des traits centraux d'un lexeme pour en actualiser des traits peripheriques. On peut egalement y rattacher la communication de M. S. ALoNso DE RuFFOLO (59-69), qui, se penchant sur des problemes d'ambigui'te dans des textes produits par des adolescents, etudie le jeu des conectivos comme les prepositions, ! es conjonctions ou les adverbes. P. VAN REENEN/ L. Sctt0SLER (615-28), completant une etude anterieure sur le si thematique (particule qui introduit en general une principale) de l'ancien et du moyen fran9ais dans la narration, l'analysent a l'interieur du discours direct. Tandis que pour la narration, l'hypothese selon laquelle si thematique signalerait la persistance du meme theme est verifiee dans plus de 80% des occurrences, elle se verifie seulement dans 65% des occurrences dans Je discours direct. La communication de V. BAEZ SAN JosE (71-84) a quelque chose d'une syntaxe generale appliquee a l'espagnol. CHR. MARCHELLO-NrzrA (451-64) fait l'historique de ! 'ordre SVO (et non pas SOV, comme il est dit p. 453) en fran9ais. Trois articles se groupent autour de Ja thematisation: D. CALLou/ J. A. MoRAEs/ Y. LEITE (99-107) etudient la topicalisation et la dislocation a gauche du portugais du Bresil, J. CER- VONI (123-34) s'interroge sur Ja pertinence de Ja place de syntagmes prepositionnels «mobiles» (notamment de circonstanciels de phrase) pour la thematisation en fran9ais. Se situant a l'interieur du projet d'un dictionnaire des constructions nominales de l'espagnol standard cultive, M. T. DfAz HoRMIGO (191-204) etablit des correspondances entre le maintien du schema actanciel des substantifs deverbaux et deadjectivaux, par rapport a leur base derivationnelle, et leur fonction thematique ou rhematique. Une communication concerne le syntagme verbal, une autre le syntagme nominal, une troisieme, enfin, Je syntagme adjectival. J. EsPINOSA GARCIA (205-16) cherche des criteres pour differencier les predicats simples des predicats complexes (par ex. visitar! hacer une Besprechungen Comptes rendus 223 visita), ce qui l'amene a discuter le statut d'une locution verbale par opposition a un syntagme libre. L. A. PEREIRA (575-87) fait un tour d'horizon des prepositions introduisant ! es complements du nom en portugais (v. l'utile tableau p. 581s.). P. SPORE (713-24), partant d'un exemple prototypique du syntagme adjectival complet comme tres content de sa situation, propose le terme de complement explicatif pour ! es elements du type de sa situation. H. SrLLER-RUNGGALDIER (683-97) etudie la syntaxe de l' oggettoide (objet prepositionnel, par ex. di politica dans discutere di politica) en italien. L.-ST. FLOREA (217-34) presente une approche comparative des propositions injonctives et optatives en fran9ais et en roumain. Un autre groupe de communications tourne autour du syntagme verbal. L. PoNS r GRIERA (603-13) presente les propositions copulatives (contenant ser, estar) du catalan, tandis que I. PENADES MARTINEZ (563-74) recherche des criteres de delimitation des verbes copulatifs espagnols. 0. MoRr (535-47) travaille sur ! es periphrases verbales contenant un infinitif en espagnol (v. le schema p. 543). H. KRONNING (353-66) examine l'influence de la structuration communicative sur l'interpretation du verbe modal fran9ais devoir. Quatre communications concernent ! es temps verbaux: J. CARRUTHERS (109-22) compare l'emploi du passe compose et du passe surcompose en fran9ais, tel qu'il apparait dans des interviews faites aDijon, aSaint-Etienne et aNeuchatei. M. H. CosTA CAMPOS (135- 48) analyse, entre autres, le preterito perfeito composto du portugais, afin d'illustrer son approche transcategorielle. P. DENDALE (163-76) se penche sur Je conditionnel de l'information incertaine en fran9ais (Mrs Thatcher serait proprietaire aux Malouines), dorrt la valeur fondamentale est l'idee de la reprise de l'information a un tiers. Se situant a un niveau d'abstraction plus eleve, J. MoESCHLER (493-506) defend l'idee que ! es temps verbaux n'ont pas de reference temporelle autonome. On peut y rattacher l'intervention de D. MrGHETTO (479-92), qui analyse ! es differentes fonctions de l'infinitif espagnol (v. la typologie p. 489), de meme que celle de P. P. DEvfs MARQUEZ (177-90) etudiant Ja pronominalisation dans cette meme langue. N. INHOFFEN (301-13), se situant dans le cadre d'une recherche contrastive (fran9ais/ allemand) sur ! es particules de modalite, se pose la question de savoir si le mode grammatical de l'imperatif (en tant que marqueur illocutoire) peut etre identifie ala classe des actes de parole directifs; elle entend ainsi ouvrir la voie a une «grammaire pragmatique», qui serait la grammaire des marqueurs illocutoires. D'autre part, S. KAROLAK (343-52) donne un aper9u general de l'aspect et de la modalite d'action (v. aussi introduction pp. 27s.), qu'il pense pouvoir amalgamer, dans ! es langues romanes. D'apres son hypothese, il n'existe que deux aspects stricto sensu, la durativite (= imperfectivite) et la non durativite (= perfectivite); d'autre part, il nie toute valeur aspectuelle des morphemes temporels. Plusieurs chercheurs se sont interesses aux differents types de subordonnees. M. PIER- RARD (589-602) analyse ! es relatives fran9aises introduites par ce que.]. SIMON CAsAs (699- 711) etudie les subordonnees finales en espagnol. E. MoNTOLfo DuRAN (521-34) se penche sur ! es conditionnelles «illocutoires» (type Si tu as soif, il y a de la biere dans le frigo) en fran9ais et en espagnol, tandis que V. SALVADOR (669-82) etudie ! es conditionnelles en si dans ! es proverbes catalans. M.J. CuENCA (149-62), apropos des subordonnees participiales en catalan et en italien, donne des pages interessantes sur Ja survivance de l'ablatif absolu dans ! es langues romanes. Avec K.JONASSON (329-42), on fait une excursion dans le domaine de Ja rhetorique, puisqu'elle compare ! es approches de la metaphore (et notamment de Ja contrainte d'incongruite ! es concernant) par Rastier, Kittay et Turner. Les etudes qui concernent la semantique des mots outils se situent souvent dans le cadre enonciatif. H. ABE (33-43) analyse les fonctions de pendant + SN dans ! es phrases au passe compose et al'imparfait. Pour une fois, ! 'ordre alphabetique a reuni deux communications portant sur des sujets voisins: M. FoRSGREN (235-46), analysant meme concessif en tant 224 Besprechungen - Comptes rendus que connecteur argumentatif, est amene a remettre en cause la definition traditionnelle du connecteur en tant que reliant deux enonces il s'agirait plutöt d'actes predicatifs. De son cöte, J. GARRIDO (247-58) analyse meme (comme deja, mais) a la fois comme connecteur et comme operateur. J.-M. LEARD (395-406) considere voila non pas comme un presentateur, mais comme un verbe a part entiere, qui se substitue a voir dans les cas ou ce verbe est defectif (imperatif, 2 e personne du singulier). La valeur de base de voila semble etre d'essence inchoative (cf. par ex. voila le printemps, qui n'a pas de valeur deictique). M.A. MARTIN ZoRRAQUINO (465-78) analyse claro comme operateur pragmatique, et notamment illocutoire, en espagnol contemporain. H. GECKELER (259-72) fait un tour d'horizon des differentes definitions de l'adverbe proposees depuis l'Antiquite. L'auteur considere qu'on ne peut pas continuer de se servir de ce concept flou en y accueillant n'importe quoi, mais il s'oppose aussi a un eclatement inconsidere de cette categorie. Sa solution consiste a delimiter un centre prototypique (par exemple les adverbes de maniere) et une peripherie (par exemple les adverbes de phrase) et d'exclure du domaine des adverbes les mots-phrases. Se penchant sur des problemes plus specifiques en rapport avec l'adverbe, CL.MULLER (549-62) etudie les valeurs de si (comparatif, consecutif, concessif et exclamatif) en fram;:ais, tandis que B. RoDRIGUEZ DfEz (643-53) etudie les adjectifs en fonction adverbiale en espagnol. I.BARTNING (85-98) reprend la discussion sur le «petit mot» de, notamment son apparition a l'interieur d'un SN complexe. E. SuoMELA-HÄRMÄ (725-37) etudie le complement absolu en italien, tel qu'il apparait dans (con) le mani in tasca. M. Tu'fESCU (765-76) plaide pour l'integration de la presupposition dans le dictum de Bally. L. RosrnR (655-67) propose une approche personnelle du discours indirect libre, en analysant notamment l'incise dit-il. 2. La section 2 est consacree a ! '«Analyse de Ja conversation». Les 23 contributions, reunies au debut du tome II des actes, sont introduites par les presidents de la section, TH. KoTSCHI et E. RouLET (3-13). Ils donnent un bref et utile apen;:u des orientations de la recherche dans ce domaine, tout en insistant sur les lacunes et les futurs elargissements et reorganisations qui en decoulent. Les travaux touchent de multiples aspects de la recherche conversationnelle. On releve par exemple un groupe de cinq contributions qui s'articulent autour des problemes souleves par l'analyse des marqueurs discursifs (entendons «discursif» dans un sens large equivalent a «textuel», puisque ! es auteurs ont examine ces phenomenes aussi bien dans des textes conversationnels que dans des textes litteraires ou scientifiques). K.TRUBY (29-37) analyse fr. la comme marqueur conversationnel; A. MOINE (39-51) etudie fr. alors; son modele, qui distingue seize (! ) emplois de ce marqueur, montre qu'il est necessaire de discuter systematiquement la distinction entre signification(s) d'une forme linguistique en tant que telle et signification(s) specifique(s) dans un contexte determine. G.DosTIE aborde les expressions figees discursives fr. je comprends! et penses-tu! (53-66). CoRINNE RossARI se penche dans une perspective contrastive sur fr. de fait, en fait et it. di fatto, in effetti (67-80). MARGARITA PoRROCHE BALLESTEROS etudie esp. y (81-93). S'y rattache la contribution de LIANA PoP (15-28), qui propose pour le sens textuel un modele plurinivellaire afin de pouvoir traiter quelques «inanalysables» des grammaires. Le probleme des niveaux de sens qu'il faut distinguer dans l'analyse du texte est d'ailleurs present un peu partout dans les contributions de la section 4 . 4 Cf. ! es renvois frequents a un article de E. RouLET relatif a ce probleme («Vers une approche modulaire de l'analyse du discours», Cahiers de Linguistique Franqaise 12 [1991]: 53- 81). Besprechungen - Comptes rendus 225 Si les contributions discutees jusqu'ici se situent dans le domaine du transphrastique, aux confins de l'analyse grammaticale et de l'analyse conversationnelle, la plupart des travaux abordent des phenomenes d'ordre textuel proprement dit. Le cöte interactionnel de toute conversation est mis en lumiere par la contribution de U. KRAFFT et U. DAUSEND- SCHÖN-GAY (95-108). Ils soulignent que ! es interlocuteurs sont censes negocier des «contrats» quant a chaque aspect de leurs activites conversationnelles. Reste a discuter la question de savoir si ces differents types de «contrats» s'articulent de far;:on additive et definissent des phases successives de la conversation, comme Je pensent les auteurs, ou s'ils s'organisent hierarchiquement, operant sur differents niveaux de Ja macroet microstructure. On trouve ensuite quelques travaux qui, faisant abstraction des dimensions pragmatiques (actionnelles, sociales etc.), se concentrent sur la constitution du discours sur le plan linguistique et thematique. ELISABETH GüucH (137-51) propose une typologie des activites discursives des interlocuteurs dans ce cadre, («mise en mots» et «formulation») ainsi qu'une systematisation des «traces» de ces activites («indices», «procedes de formulation, de reformulation», «manifestations metadiscursives»). TH. KoTSCHI (153-66) entreprend la delimitation des unites informationnelles propres a la conversation et analyse la repartition d'elements thematiques et rhematiques a l'interieur des ces unites. A signaler egalement deux contributions sur la progression thematique (M. oo RoSARIO VALENCISE GRE- G0LIN, 289-302, EDNA MARIA F.S. NASCIMENTO, 303-15). Plusieurs travaux se penchent sur des strategies discursives de portee plus locale. MARTINA DRESCHER (167-79) resume les resultats de sa these portant sur un des procedes de formulation delimites par E. Gülich, la generalisation. Elle decrit la repartition typique de ce procede dans la conversation (clöture d'une unite thematique) et esquisse trop brievement ses fonctions sociales et argumentatives. MARIA HELENA ARAUJO CARREIRA (181-94) analyse ! es expressions linguistiques de la modalite deontique en portugais et leurs fonctions dans le developpement argumentatif. PÄrvr SrnvONEN-HAUTECOEUR (317- 30) etudie le discours direct rapporte dans Ja conversation. M. LAFOREST (109-22) analyse Je feed-back qu'un intervieweur donne a son informateur pendant les interventions de ce dernier et caracterise le type de discours qui en resulte comme «dialogal monologique». G. Lüor (123-36) examine Je changement de langue dans la conversation exolingue, c'est-adire la conversation qui reunit locuteurs natifs et locuteurs non-natifs. II souligne qu'il ne suffit pas de l'interpretcr comme un simple mecanisme compensatoire, le changement de langue assumant plutöt des fonctions strategiques proches du code-switching. Autour de la conversation exolingue s'articulent egalement les contributions de Vro- LAINE DE NucHEZE (constitution du sens dans la conversation exolingue, 209-22) et de CHANTAL CHARNET (expose collectif en classe de franr;:ais, 223-34). R. BoucHARD (195- 208) et J.-M. CoLLETTA (235-49) choisissent aussi des exemples de conversation exolingue comme base de travail, mais le but des auteurs consiste surtout a promouvoir une approche orientee vers le pole sociologique de la recherche conversationnelle et qui focalise les dimensions pragmatiques de l'evenement langagier. On perr;:oit Ja une certaine tension par rapport aux analyses qui se concentrent sur les aspects purement linguistiques et thematiques du discours. Le contraste entre ces approches fait l'objet d'une discussion animee au sein de la recherche conversationnelle 5 et l'on souhaite que cette discussion continue. On n'aboutira certainement pas a la theorie de la conversation, comme le soulignent d'ailleurs ! es presidents dans leur introduction, mais on remediera a l'impression de disparite resultant d'une recherche qui definit son cadre de far;:on tantöt trop ! arge, tantöt trop etroit, faute d'avoir discute suffisamment ses bases de travail. 5 A ce propos cf. p.e. N. CouPLAND, «Introduction: Towards a Stylistics of Discourse», in m. (ed.), Styles of Discourse, London etc. 1988: 1-19. 226 Besprechungen - Comptes rendus Suivent ! es exposes de la section 3 «La fragmentation linguistique de la Romania», presidee par J. HERMAN et J. WüEST. La notion de «fragmentation» a, dans Ja romanistique, une signification historique precise. Elle designe le processus de dissolution de l'unite du latin qui aboutit a la naissance des langues romanes. Si, dans la recherche traditionnelle, on s'est concentre surtout sur le deroulement de ce processus au niveau (intra)linguistique ainsi que sur les facteurs qui Je declenchent, on constate ici un elargissement de la perspective. Dans leur introduction (333-44), ! es presidents mettent l'accent egalement sur l'evolution au niveau metaou sociolinguistique, a savoir sur la formation certainement lente d'une «conscience linguistique romane». On se felicite aussi de la presence de travaux portant sur la periode medievale parmi les contributions de Ja section. Cette integration va a l'encontre de l'impression d'une rupture brusque et totale entre antiquite tardive et moyen äge, impression que fait naitre malheureusement la repartition traditionnelle des täches entre romanistique et latinistique. Elle permet, bien au contraire, de souligner que la naissance des langues romanes est un proces de «longue duree» qui n'est certes pas encore termine au moment ou surgit le premier document ecrit roman. Les 31 travaux de la section, les exposes proprement dits et les interventions lors de la table ronde clöturant le programme, couvrent un eventail tres vaste de sujets. On releve par exemple dans le domaine de la phonetique/ phonologie historique Ja contribution de S. Krss (345-53), qui rattache plusieurs phenomenes d'assimilation a d'autres evolutions phonetiques/ phonologiques, et celle de D. URITEscu (547-60), qui discute l'evolution morphophonologique du roumain a la lumiere de la theorie de la morphologie naturelle. Dans le domaine morpho-syntaxique, P. A. GAENG (365-74) se penche sur Ja genese des pluriels italiens et roumains en -i, MARGARITA LLITERAS (417-30) analyse le developpement des prepositions du latin a l'espagnol et MARIA CRISTINA Ecrno (503-16) dresse l'inventaire des formes du possessif dans la documentation leonaise medievale. On constate dans la contribution de M. PEREZ GoNZALEZ sur ! es «restes de cas obliques dans le 'roman commun' de la Peninsule Iberique» (431-44) une erreur methodologique grave: il discute la question de la continuite seulement sous son aspect forme! . Cf. a ce propos l'intervention de L. RENZI (672-77), qui s'est penche sur le meme sujet dans une perspective pan-romane et qui montre qu'il est absolument necessaire d'interpreter ! es donnees selon une optique fonctionnelle. On peut egalement formuler des reserves envers l'analyse contrastive des syntagmes nominaux dans un texte latin et ses traductions en ancien frarn;;ais et en franvais moderne, analyse proposee par MrcHELE GoYENS et W. VAN HoECKE (403-16). Les auteurs apparemment ne tiennent pas compte des differentes valeurs referentielles des syntagmes. En revanche, la contribution de LAuRA MrNERVINI ( 489-502) merite un interet particulier. Elle s'attaque a l'idee d'evolution linguistique unilineaire en constatant la survie de la terminaison de la 3 e pers. sing. en -t dans des textes judeo-espagnols bien au-dela des limites temporelles proposees par la morphologie historique. Dans le meme sens d'une revalorisation de la variation, l'intervention de S. Krss ( 651-55) montre qu'une phase importante de l'evolution grammaticale est marquee par le parallelisme de plusieurs «solutions» qui se partagent le champ semantique et fonctionnel occupe par la construction latine originelle. S'y ajoute l'expose de MARION KooREMAN (375-88), qui oppose l'approche centree sur ! es donnees empiriques a l'approche 'theorique' dorrt les conclusions sont tirees a partir de l'analyse du systeme linguistique en tant que tel. Elle montre que l'examen des traductions latines de la Bible ebranle l'hypothese selon laquelle ! es lacunes du paradigme du futur synthetique latin auraient provoque l'expansion de la periphrase avec habere et inf. Dans ce contexte se situe aussi la contribution de RosrTA RrNDLER ScHJERVE et ALEXANDRA KRATSCHMER (445-57), qui discutent plusieurs modeles du changement linguistique et ! es appliquent au developpement des auxiliaires des constructions reflechies en ancien italien. Besprechungen - Comptes rendus 227 La discussion methodologique et theorique apropos de l'evolution (intra)linguistique se greffe, bien sür, sur une autre plus fondamentale, celle qui porte sur la vie linguistique d'une communaute, l'analyse de ses composantes et sa dynamique. Disons d'emblee que la romanistique diachronique s'est vue contrainte depuis toujours ase pencher sur ces questions. Le clivage entre la documentation latine et l'evolution reconstruite apartir des dates romanes necessitait une 'explication', qui ne pouvait etre qu'une apprehension globale de la situation linguistique. A cette discussion se rattachent bon nombre de contributions de la section. R. DE DARDEL (355-64, 662-71) plaide en faveur de la methode comparative et souligne l'importance du 'proto-roman' reconstruit. Je suis d'accord sur le premier point, mais la revalorisation de l'ensemble des traits linguistiques reconstruits, soit sous le nom de 'proto-roman', soit sous celui plus traditionnel de 'latin vulgaire', serait incontestablement un pas en arriere (cf. egalement l'evaluation de J. HERMAN, 694-98). On risque de reintroduire le concept de varietes linguistiques bien delimitees, negligeant ainsi les apports de la sociolinguistique et de la linguistique variationnelle dont la recherche recente a tire tant de profit. Je me refere ici aux travaux de R. Wright, mais aussi aceux de M. Banniard ou de M. van Uytfanghe 6 , et aux discussions qu'ils ont suscitees. R. WRIGHT a presente Jors du congres de Zurich un expose sur l'evolution de la conscience metalinguistique au moyen äge (607-20; cf. aussi 691-93), expose qui precise et complete son approche de Ja situation linguistique des rx e -xn e siecles. On constate que son enseignement a porte ses fruits chez ! es medievistes, comme le montre la contribution de MERCEDES Qurus MERIN et TERESA EcHENIQUE EuzoNDO sur les rapports entre latin, basque et 'roman' au moyen äge (621-32) (cf. aussi, mais dans une optique beaucoup plus traditionnelle, J. LAGUNA CAMPOS, 475-88, J. R. MoRALA, 517-30, et J. A. SouTo CABO, 531-45, respectivement sur l'aragonais, le leonais et le galicien au moyen äge). Mais ceux qui s'occupent des periodes anterieures de la latinite profiteront tout aussi bien du recours aux resultats de la sociolinguistique et de la linguistique variationnelle (cf. dans ce contexte J. WüEST, 656-61, qui propose le concept de «semi-creolisation» pour elucider certaines particularites du developpement latin-roman 7 ). En ce qui concerne le renouvellement theorique et methodologique, on doit aussi signaler la contribution de H. PrNKSTER (645-50). Il souligne que lors de l'analyse des documents, il faut respecter le type de texte dont le document releve, puisque Je genre non seulement determine certains choix stylistiques, mais connait aussi des exigences communicatives particulieres qui necessitent des expressions linguistiques specifiques. L'approche qu'il propose evitera certainement l'impression de dejavu que l'on eprouve ala lecture de bien des etudes philologiques de la section et que deplorent ajuste titre les presidents dans leur introduction (337s.). Mentionnons enfin que plusieurs contributions examinent l'hypothese d'une place particuliere de la langue roumaine parmi les autres langues romanes, surtout en ce qui concerne le lexique qu'elle a herite du latin (M. SALA, 561-67, VrcTORIA PoPovrcr, 569-82, CH. SCHMITT, 678-90; cf. aussi A. NrcuLEscu, 583-93, sur le contact slavo-roumain et MARINELLA LöRINCZI, 595-606, sur une thematique analogue, le statut particulier du sarde). 6 Cf. p.e. M. BANNIARD, Viva voce. Communication ecrite et communication orale du rv e au rx e siede en Occident latin, Paris 1992; M. VAN UYTFANGHE, «The consciousness of a linguistic dichotomy (Latin - Romance) in Carolingian Gaule», in: R. WRIGHT (ed.), Latin and the Romance Languages in the Early Middle Ages, London 1991: 114-29. 7 Cf. aussi R. DE DARDELIJ. WüEST, «Les systemes casuels du protoroman. Les deux cycles de simpJification», VRom. 52 (1993): 25-65, et la discussion qui a suivi cette intervention dans la meme revue. 228 Besprechungen - Comptes rendus 3. La section 4, dont les actes occupent la premiere partie du tome m, est consacree a la «Typologie des langues romanes». Contrairement aux autres sections du congres, ce n'est donc pas un domaine linguistique precis, mais une perspective, une approche particuliere des faits langagiers, qui est le denominateur commun des travaux. Se pose donc tout d'abord le probleme de formuler une definition adequate de l'approche typologique. Les presidents de la section, W. ÜESTERREICHER et W. RAIBLE, tracent les grandes lignes a suivre pour operer cette delimitation (3-15). Ils proposent de partir du fait que l'approche typologique se situe a un niveau d'abstraction 'supra-individuel'. Ceci permet de comparer des 'entites' linguistiques (langues historiques ou traits linguistiques particuliers) pour constituer des regroupements delimites soit par un certain nombre de traits caracteristiques soit par un principe structurel commun. Pour resoudre certains problemes lies a cette demarche (le danger d'en rester a une simple classification, d'utiliser des criteres qui ne sont pas comparables etc.), il faut, comme ils le soulignent, profiter de la complementarite de l'approche typologique et de l'approche universaliste. La recherche universaliste reussit a eclairer le 'fond' sur lequel ! es langues historiques peuvent etre comparees, c'esta-dire ! es «exigences discursives et communicatives» (9) auxquelles les langues doivent satisfaire a l'aide de techniques et procedes qui leur sont propres, mais qui sont comme des reponses a des problemes communs. On entrevoit 1a une definition de la typologie qui est le fruit des discussions theoriques et methodologiques des dernieres decennies. Parmi les contributions de Ja section, on trouve bien sür d'autres definitions, de sorte que la lecture des actes ressemble a un tour d'horizon de la recherche dans ce domaine. Quelquefois, on est meme oblige de se demander ce qu'il y a de specifiquement typologique dans telle ou telle demarche: les limites entre typologie et etude contrastive sont apparemment tres floues. La discussion autour d'une definition de l'approche typologique n'est donc pas close. Parmi ! es 35 contributions, on distingue d'abord un groupe de travaux qui partent du concept de typologie globale. REBECCA PosNER se demande si ! es creoles a base lexicale romane appartiennent au meme type que ! es langues romanes (251-63). A partir du modele de la «typologie integrale» de E. Coseriu, N. Saramandu examine le rapport entre relation genetique et ressemblance typologique en ce qui concerne les langues balkaniques (335-44). Dans ce contexte, on comparera aussi le travail de J. SoLA sur la position du catalan parmi ! es langues romanes (345-55) et celui de M. METZELTIN et 0. WrNKELMANN, qui mesurent la ressemblance et la distance entre les langues de la Peninsule lberique a l'aide d'une grille de 43 criteres linguistiques (223-35). On retrouve le concept d'une approche globale dans la «typologie de ! 'ordre des mots» ou «typologie serielle» de W. P. Lehmann et Th. Vennemann. Ces auteurs ont 'explique' les correlations entre structures linguistiques que J. H. Greenberg avait decouvertes dans les langues du monde par un principe unificateur qui sous-tendrait ces phenomenes. C. Bu- RIDANT (25-49) et P. DESMET et W. VAN HoECKE (65-78) se demandent dans quelle mesure cette typologie suffit pour decrire le developpement du latin au frans;ais moderne. Ils proposent avec Vennemann d'intercaler un stade evolutif intermediaire regle sur l'ordre de base TVX (l'ancien frans;ais) entre ! 'ordre SOV du latin et ! 'ordre SVO du frans;ais moderne. Un raisonnement analogue s'observe dans Ja contribution de G. SALVI sur ! es pronoms clitiques en portugais medieval (307-19; pour l'espagnol medieval cf. C. SANCHEZ LANCIS, 321-34). Si l'on .constate jusque 1a une attitude generalement positive face au projet d'une typologie globale, ! es critiques formulees a l'encontre d'une telle tentative ne manquent pas. On se referera par exemple a la contribution de J. ERFURT (91-101), selon laquelle l'homogeneite linguistique, prealable indispensable a toute approche globalisante, est une fiction qui ne tient pas face a la realite variationnelle des langues (dans ce contexte cf. aussi SANDA REINHEIMER RiPEANU, 279-89). Mais Ja variation interne n'est pas seulement un obstacle Besprechungen - Comptes rendus 229 serieux au postulat de la 'consistance' d'une langue du point de vue typologique; s'y ajoute le fait que Je developpement des differents elements d'un systeme linguistique ne suit pas toujours Je meme rythme, de sorte qu'une langue peut reunir des traits typologiquement heterogenes, qui representent differents stades d'un cycle ou d'un vecteur evolutif (cf. dans ce contexte la contribution de BEATRICE LAMIROY, 209-21, qui s'est penchee sur la dimension typologique de la diachronie). II faut ajouter que la majorite des contributions adopte une demarche divergente. Dans une optique intralinguistique, une approche typologique non-globale incite aanalyser des traits linguistiques specifiques pour deceler les correlations qui ! es unissent. Tel est le but de W. ZWANENBURG (483-95), qui propose une relation d'analogie entre le principe de linearisation des constituants au niveau syntaxique et le modele que suit la composition nominale (apropos de Ja composition nominale, cf. aussi B. STAIB, 369-80). Une relation de complementarite existe, selon J. E. GARGALLO GrL (103-12), entre richesse du paradigme des phonemes vocaliques et longueur reduite des mots. La complementarite est d'ailleurs bien connue comme principe 'explicatif' en diachronie. H. PrNKSTER (237-50) met en garde contre une application trop etendue de ce concept, puisqu'il s'avere tres souvent 'inactif' dans l'evolution du latin aux langues romanes. Dans une perspective interlinguistique, Ja typologie non-globale s'oriente vers une approche universaliste qui part de domaines conceptuels precis pour analyser les differentes formes et structures dont ! es langues disposent pour les exprimer. L. DESZÖ (79-89) se penche par exemple sur Ja «partitivite» et sa realisation en italien, mais aussi dans d'autres langues indo-europeennes. M. HAASE (125-36) examine ! es moyens mis en reuvre pour exprimer la localisation dans ! es langues romanes. Dans la meme ligne s'inscrit la contribution de D. JACOB (137-54) sur le rapport entre possession inalienable et reference definie, et celle de M. VrLELA (411-27), qui confronte ! es verbes epistemiques en portugais et en frarn;:ais pour deceler ! es structures actantielles propres a ce domaine conceptuel. On comparera en outre les contributions de I.BACIU (17-23) et SrLVIA SwITALSKI (381-95), qui analysent dans une perspective contrastive ! es constructions reflechies des langues romanes pour delimiter leur champ fonctionnel. Signalons aussi quelques contributions, qui portent sur des points litigieux de la recherche typologique. H.-M. GAUGER (113-24) s'attaque a l'absence de fondement theorique pour des concepts chers ala typologie actuelle, tel que marque/ non-marque, naturel/ nonnaturel, typique/ a-typique/ prototypique. U. WANDRUSZKA (429-45) reprend deux des parametres de la typoJogie morphologique, asavoir celui de Ja position (pre-/ postdeterminant) et celui du degre de fusion (analytique/ synthetique), et precise leurs affinites respectives dans Ja lumiere de nouvelles recherches psycholinguistiques. P. KocH (169-90) examine, sur la base de donnees empiriques, l'hypothese d'un 'drift' des Jangues romanes vers Ja conjugaison predeterminante (subjective et objective) et conclut qu'il faut differencier cette hypothese. D. WANNER (447-60) se demande si Je modele typologique du «Sujet nul», fonde sur l'opposition entre langues avec expression facultative et langues avec expression obligatoire du sujet pronominal, correspond aux realites linguistiques et propose une version plus developpee de cette typologie. Dans Je domaine phonologique, TH. KREFELD (191-208) reproche aJa recherche typologique et diachronique sur le vocalisme des langues romanes et sur la metaphonie, de baser l'analyse exclusivement sur des segments artificiellement isoles et de negliger le contexte dans lequel ils s'integrent. A part ! es actes de la section typologique, Je troisieme tome contient ! es travaux de la section 5 «La situation linguistique en Suisse». On se fälicite de ! 'initiative de G. Berruto et de G. Lüdi qui proposent un theme lie au pays d'accueil du congres et qui est d'une actualite indeniable. Malheureusement, la section n'a pas rencontre l'interet qu'elle aurait merite: les actes ne reunissent que neuf contributions. La section est presentee d'abord par G.Lüm du point de vue francophone (501-11), 230 Besprechungen - Comptes rendus ensuite par G. BERRUTO sous l'angle de la linguistique italienne (513-21). Ce dedoublement empeche evidemment une vision globale des faits et a pour consequence des repetitions fächeuses. G. Lüdi precise dans un survol bref et concis ce qu'est la situation linguistique de la Suisse. L'image conventionnelle, celle d'un pays dorrt le quadrilinguisme resulte de l'union fäderee de regions ayant chacune sa propre langue, doit etre modifiee. Le concept du quadrilinguisme eclate au moment Oll l'on essaie de donner une realite concrete a ces quatres 'langues'. Le romanche par exemple, en tant que langue standard reconnue, n'existe guere. De meme, Je statut de l'allemand en tant que langue standard diglossique est tout a fait precaire. S'y ajoute Ja desagregation du principe de territorialite a cause de la forte migration interne et externe qui cree de multiples ilots alloglottes a l'interieur de chaque region et provoque ainsi une confrontation directe des langues et des locuteurs, source de problemes linguistiques, culturels et sociaux bien connus. Les travaux de Ja section accentuent quelques aspects de cette situation linguistique complexe. ARLETTE BoTHOREL-WrTZ, DoMINIQUE HucK et J.-F. BoNNOT (523-35) proposent un modele variationnel d'ailleurs depuis longtemps courant dans la linguistique allemande et italienne pour la description de Ja situation linquistique de l'Alsace. G. MANNO (545-56) et P. SINGY (615-25) discutent le fait que les locuteurs suisses considerent tres souvent des lexemes appartenant a l'argot pan-franc;ais comme des traits caracteristiques du franc;ais regional de Ja Suisse romande. 11 est interessant de noter que, pour ! es locuteurs francophones en Suisse, le systeme de refärence dans lequel ils situent leur 'langue' est toujours l'espace linguistique franc;ais. Il me semble se manifester Ja une difference fondamentale par rapport a Ja situation alsacienne Oll Arlette Bothorel-Witz et ses collegues ont constate l'absence de toute refärence a l'allemand standard de Ja part des locuteurs alsaciens, ce qui les a incites a placer ! es dialectes alsaciens comme «dialectes sans langue-toit» («dachlose Außendialekte» d'apres la terminologie de Heinz Kloss) dans un espace exclusivement franc;ais (529-31). Le contact des langues sous ses differents aspects est l'objet de plusieurs contributions. V. SAUDAN (601-14) analyse l'interaction bilingue d'un groupe d'apprentis romands et alemaniques. F. SPrnss (627-40) traite des vrais ou faux germanismes de l'italien regional suisse. MYRIAM MüLLER-ZANOVELLO (571-83) a recueilli aupres d'immigrants italiens en Suisse alemanique ! es evaluations de leur propre competence linguistique (en italien standard, dialecte italien, allemand standard et dialectes suisses). B. MüRETTI (557-70) se penche sur l'italien comme lingua franca parmi ! es immigrants en Suisse. MERGE PuJoL BERCHE (585-99) decrit la solidarite linguistique avec la langue maternelle parmi des immigrants espagnols. Enfin la contribution de W. DAHMEN (537-44), qui compare Je romanche parle et ecrit. 4. Le tome rv regroupe ! es 58 communications de la section 6, consacree a Ja lexicographie, de meme que Je texte de la Table Ronde (801-44). Les communications sont regroupees par domaines linguistiques: Galloromania (21-362, 25 communications), Italoromania (363-509, 11 communications), Iberoromania (511-800, 22 communications). Le roumain, dorrt Ja lexicographie est pourtant loin d'etre inactive, est curieusement absent de Ja section. Une seule communication (Dahmen/ Hengst/ Kramer), classee, faute de mieux, sous «Italoromania», concerne Je niveau roman. Seize communications concernent Ja lexicologie. Elles sont d'un interet tres inegal, ce qui est notamment du a un probleme inherent aux etudes en lexicologie: les listes de mots, meme tres bien presentees, ne se discutent guere. Les communications qui focalisent l'attention sur une question d'un interet plus general, par exemple d'ordre methodologique, nous semblent ainsi mieux reussies. K. BALDINGER (37-46) souligne, a travers l'analyse d'apic. cresson «croüte de pain; aspersoir», d'apic. cauquer «avoir Je cauchemar; coHer», de mfr. boulesche «filet de Besprechungen - Comptes rendus 231 peche» et d'achamp. meler «commencer a mürir», l'importance de la dialectologie pour la lexicologie. M. FARIBAULT (107-18) etudie ! es designations franc; aises des racines alimentaires de ! 'Amerique du Nord, dorrt plusieurs sont d'origine algonquine. H. HÄYRYNEN (133-46) met en evidence ! es premieres attestations fournies par le Traite de Conseil de Guillaume Fillastre, texte redige probablement en 1472/ 1473. La moisson est riche: plus de 160 premieres attestations, auxquelles on peut ajouter une quinzaine de graphies nouvelles. La lexicologie peut se feliciter d'un tel apport de Ja philologie! G. RANSBO (283-90) analyse ! es 2404 noms de profession apparaissant dans le Grand Robert de 1985: si pres de 70% de ces termes peuvent etre utilises tant au masculin qu'au feminin, 30% s'emploient . seulement au masculin, et un peu plus de 1% exclusivement au feminin. La communication jette une lumiere nouvelle sur ce qu'on a coutume d'appeler ! es termes marque/ non marque d'une opposition. TH. VENCKELEER (337-48) a depouille avec ses etudiants des concordances d'ceuvres de l'ancienne langue d'oi1 a la recherche de binömes antinomiques du type jeune et vieux, loing et pres, symetriques a la construction synonymique bien connue. II propose des parametres formels permettant de delimiter ! es cas lexicalises des simples syntagmes occasionnels (repetition de la copule, fonction syntaxique, nombre des attestations). R. VERBRAEKEN (349-62) analyse environ 200 termes de couleur apparaissant dans le journal du peintre franc; ais Eugene Delacroix (1798-1863). L. BrzzARRI (381-90) presente 30 lexemes releves lors de son edition de deux textes du ms. XIII D. 59 de la B.N. de Naples (le Dicta dello'nferno et la Leggenda di San Giuliano le Spedaliere). Les nombreux termes retrouves dans le dialecte moderne des Abruzzes, malheureusement interclasses avec le reste, sont d'un interet particulier. P. CARATU (391-400) analyse le type rforma 7 «conduit d'eau» des dialectes italiens centro-meridionaux, qui s'est egalement fige en toponymie. M. LIEBER (447-60) analyse Je vocabulaire de Gian Giorgio Trissino (1478- 1550) dans L'Italia liberata da Gotti, caracterise par de nombreux neologismes (creations d"auteur) et emprunts. G. MASTRANGELO LATINI (489-96) recense une cinquantaine de lexies du dialecte de Martinsicuro (vallee du Tronto) non encore enregistrees par la lexicographie. Cette etude sera completee plus tard par une recherche d'ordre etymologique. J. G6MEZ DE ENTERRIA (637-50) etudie ! es emprunts, notamment a l'anglais americain, du vocabulaire economique espagnol. Dans sa typologie, on est frappe par une definition assez curieuse du calque (644). M. LAfN/ D. Rurz-OTfN (665-78) etudient le vocabulaire, tres marque par la neologie, d'une traduction espagnole du 15 e siede de la Chirurgia Magna de Guy de Chauliac. Cette recherche se situe dans le cadre de l'elaboration d'un Diccionario de Textos Medicos Antiguas. V. MINERVINI (699-707) presente 24 lexies relevant du catalan technique et scientifique glanees dans des ecrits mineurs portant sur Ja medecine, la dietetique, la didactique et Je droit, et qui soit ne sont pas enregistrees par le DCVB (dans le sens en question), soit y apportent une antedatation. J. VENY (761-74) aborde l'origine de l'ichtyonyme port. esp. cat. baila «Dicentrarchus punctatus»: le poisson est seme de petites taches, ce qui suggere une etymologie par VARIA (on sait depuis Guiraud que le seme / tachete/ est un seme ! exicogenique tres productif). H.J. SCHMITT (305-20) montre l'importance des documents (exclusivement non litteraires) provenant du Refuge vaudois en Allemagne. La langue officielle de ces occitanophones protestants ayant ete une forme archaique de fran\;ais, ! es sources ainsi exploitees sont d'une importance non negligeable pour la lexicographie fran\;aise: l'auteur cite plus de 200 postdatations par rapport au FEW, une quinzaine d'antedatations, 24 lexemes et plus de 150 faits lexicaux divers (sens, emplois, constructions, locutions) absents du FEW. 0. LuRATI (461- 73) se penche sur Je phenomene des locutions en italien et dans ! es autres langues romanes. 19 communications presentent des projets lexicographiques en cours; Je lecteur en retire l'impression d'un champ d'activite en ebullition. On ne peut que souhaiter que ! es differents projets presentes puissent etre menes a bien que ! es paroles de V. Minervini ! es accompagnent: «Per un progetto di tale portata rimane sempre, obiettivamente, il timore 232 Besprechungen - Comptes rendus ehe tutto possa restare a livello di un sogno, bello e irrealizzabile, ma questo timore non ci puo costringere alla rinuncia» (702). Ce qui frappe quand on compare ! es differents domaines linguistiques entre eux, c'est que dans le domaine iberoroman, l'espagnol est en train de devenir le parent pauvre face a des projets lexicographiques d'envergure ayant pour objet ! es langues minoritaires de la Peninsule. Seize communications presentent des projets lexicographiques sur support papier. Deux se situent dans le cadre du programme Eurolexique, qui se propose l'elaboration de dictionnaires morphosemantiques et structurels de differentes langues europeennes. CL. GRUAZ (119-31) annonce un Dictionnaire structurel des mots franr,;ais, tandis que R. HoNVAULT (147-60) presente la methodologie a l'reuvre dans le futur Dictionnaire morphosemantique des familles synchroniques des mots fran,;;ais. Cette seconde communication explicite la demarche retenue, de sorte qu'elle apporte plus a celui qui n'est pas familier de la grammaire homologique. Si le frincipe de la derivation synchronique (faisant analyser diurne comme un derive de jour) apparart comme un angle d'approche utile, il est neanmoins a craindre que le projet soit guette par une certaine sterilite (! es deux communicants ne s'appuient en tout cas que sur leur propre bibliographie). J. PrcocHE (267-81) presente le projet d'un dictionnaire des mots frarn;:ais de haute frequence, dont le but est eminemment pedagogique, et qui s'inscrit dans la francophonie (le dictionnaire est notamment destine a l'Afrique francophone). Partant du fait que moins de mille mots couvrent plus de 97% de l'ensemble des occurrences de n'importe quel texte, ainsi que de la constatation selon laquelle les mots les plus frequents sont ! es plus polysemiques, l'auteure concentre son attention sur les phenomenes de la polysemie et de l'homonymie, qu'elle analyse dans le cadre du guillaumisme. J. REISDORFER (291-304), presentant le Petit lexique des mots lorrains et wallons employes en luxembourgeois et le Lexique des mots germaniques employes en lorrain, se penche sur le probleme de l'interfärence lexicale dans une region frontaliere. M. SRPovA 9 (321-35) presente Je projet d'un dictionnaire des locutions comparatives frarn;:aises du type etre doux comme un agneau. En realite, il s'agit de deux dictionnaires independants, l'un etant centre sur l'encodage, l'autre, sur le decodage, si bien que leur microstructure sera completement differente. II ne fait pas de doute que de tels dictionnaires pourraient rendre de grands services dans l'enseignement. DAHMEN/ HENGST/ KRAMER (401-17) presentent leur projet d'un dictionnaire etymologique des elements grecs et slaves dans les langues romanes. Tous ceux qui travaillent dans le domaine de l'etymologie seront sans doute sensibles a l'appel des auteurs a prendre davantage en consideration ! es particularites de l'etymon dans le contexte de la langue d'origine (403): trop d'approximations, sinon d'erreurs, quant aux lexies de depart sont transmis d'un dictionnaire a l'autre. F. MARRI (475-87) presente son Glossario del Volgare Estense, qui exploite les sources des 14 e _16 e siecles de la region de Modene (Emilie), a l'aide d'un echantillon d'une trentaine d'articles. J. BASTARDAS r PARERA (537-48) presente avec cinq (! ) coauteurs le projet d'un Nou diccionari general de la llengua catalana, qui sera une reactualisation de fond en comble du dictionnaire de Fabra, dans le but d'assurer au catalan sa place parmi ! es langues de culture modernes. A. M. CANO GoNZALEZ (577-90) presente le projet du Diccionario de l'Academia de la Llingua Asturiana, qui sera un dictionnaire d'usage, normatif de l'asturien actuel, redige entierement en asturien. X. LL. GARcfA ARrAs (605-20), de son cöte, presente le futur Diccionario Etimol6gico de la Llingua Asturiana, qui se veut un simple complement au DCECH, mais qui en conteste ! es etymologies (avec raison, nous semble-t-il) des le premier exemple concret donne (617). M. A. MAsSIP r BoNET (691-97) presente son vocabulaire tortosi (parler de transition entre 8 J. Picoche va encore plus loin quand elle presente chute comme un derive synchronique de tomber (279). 9 Et non pas *Sprovd, comme il est dit p. 321. Besprechungen - Comptes rendus 233 le catalan nord-occidental et Je valencien) en preparation. C.T. PArs (723-30) presente le projet d'un vocabulaire d'ecologie portugais/ franyais entrepris par l'Universite de Sao Paula et l'Universite Lumiere Lyon 2, qui se situe a l'interieur d'un projet plus ample d'elaboration de vocabulaires techniques bilingues. Deux communications prennent comme objet Je metier du lexicographe: I.M.ALVES (513-21), prenant appui sur son experience dans le cadre du projet Observat6rio de Neologismos Cientificos et Tecnicos no Portugues Contemporaneo de l'Universite de Sao Paulo, s'interroge sur l'enseignement que la lexicographie peut tirer des travaux entrepris en terminologie. M. A. BARBOSA (523-36) reflechit, a partir de son experience dans la redaction d'un vocabulaire portugais/ franyais de l'ecologie, sur ! es implications semantico-syntaxiques et socio-semiotiques du discours lexicographique. Elle denonce Je danger d'une invasion culturelle liee a l'importation pure et simple d'un lexique scientifique etranger et milite pour une recherche independante. On regrettera seulement que l'auteure n'ait pas poursuivi son raisonnement jusqu'au bout, en redigeant sa communication en portugais ... M.T. CAMARGO BrnERMAN (549-61) presente le Dicionario comtempordneo da lfngua portuguesa, dictionnaire contextuel et analogique, destine notamment a un public estudiantin, tandis que M.H. DE MouRA NEvEs/ FR. DA SrLVA BoRBA (709-21) presentent le projet d'un Dicionario de Usos do Portugues Contempordneo de Brasil, dont la structure sera d'ordre syntaxico-semantique (concret/ abstrait, nombre d'actants, etc.). On est frappe par le nombre important de projets lexicographiques presentes qui sont en rapport etroit avec l'informatique, en particulier ceux qui ont comme but la publication d'un CD-Rom. Tous ces projets presupposent plus ou moins ce que Kunstmann appelle un pari (195), mais que nous pouvons sans doute considerer comme assure, a savoir que dans une dizaine d'annees tout chercheur aura a sa disposition un micro-ordinateur. En tout cas, il est certainement vrai que ! es bases de donnees constituent une veritable tentation pour le lexicologue/ lexicographe (cf. la citation de Pascual p. 750), ce qui merite reflexion. PH. CARON/ L. DAGENAIS/ G. GüNFROY (79-94) presentent le programme d'informatisation du Dictionnaire Critique de la Langue Fran<;;aise de l'abbe Feraud (1787) 10. E. MARTIN (239-49) propose des exemples d'utilisation de la base FRANTEXT constituee par l'INaLF parallelement a l'elaboration du Tresor de la langue frani;;aise, en abordant notamment Je probleme de la recherche onomasiologique. GL. CLAVERIA NADAL (591-604) presente (ce qui n'apparait pas dans le titre de son expose) le projet d'informatisation du DCECH de Corominas/ Pascual prepare par un groupe de chercheurs de l'Universite autonome de Barcelone. Trois projets concernent non pas la lexicographie a proprement parler, mais la documentation. P. KuNSTMANN (189-97) presente l'elaboration d'un dossier electronique du Chevalier au lion de Chrestien de Troyes. Cet outil permettra a l'utilisateur la consultation simultanee de plusieurs manuscrits du meme texte. II sera le premier d'une collection au titre-programme de Textes en liberte, et l'on mesure d'ores et deja le progres que ce genre d'outil permettra d'accomplir en philologie et en linguistique. P.MARTEL (223-37) s'interesse a une question en amont de la production lexicographique, a savoir a Ja documentation a etablir en vue de la redaction d'un dictionnaire quebecois. Enfin, J. ToRRUELLA r CASANAS (747-60) presente l'Arxiu lnformatitzat de Textos Catalans Medievals en cours d'elaboration. 19 communications concernent la metalexicographie (externe) 1 1 , dont dix qui se penchent sur un dictionnaire particulier. Le domaine italien est represente par ANTJE BrEL- 10 Dans le titre, Feraud a malencontreusement ete altere en *Peraud. n Les contributions de lexicographes reflechissant sur leur propre pratique ont ete classees sous «lexicographie». 234 Besprechungen - Comptes rendus FELD (365-79), qui analyse les falsifications de Redi dans le Vocabolario della Crusca. Dans le domaine frans;ais, on releve d'abord deux contributions consacrees a Gilles Menage. Tandis que W. AYRES-BENNETT (23-36) etudie ! es ressemblances et les differences entre les Observations (1675-1676) et les deux editions du dictionnaire etyrnologique (1650; 1694), I. LEROY-TURCAN (209-22) s'interesse aux echelles etymologiques de Menage, qu'elle analyse en tant qu'outils de la reconstruction interne. EVA BücHI (67-78) etudie ! es deonornastiques dans le FEW. P. KNECHT (175-188) presente le Dictionnaire historique du parler neuchdtelois et suisse romand de W. Pierrehumbert (1921-1926), qui aurait pu etre la «reference absolue» dans le domaine de la lexicographie du frans;ais regional, rnais qui continue a etre encore largement rneconnu. A. LEHMANN (199-208) presente le Robert des Jeunes (1988/ 1991). Faisant la jonction entre les domaines gallorornan et iberoroman, BARBARA voN GEMMINGEN (621-35) presente le dictionnaire espagnol-frans;ais de Fr. Huillery (1661), tandis que R. A. VERDONK (787-800) se penche sur ! es editions bruxelloises de 1625 et 1660 du Tresor de Oudin, etudiant notamrnent ! es neologisrnes. ST. RuHSTALLER!M. D. GoRD0N PERAL (731-45), qui preparent par ailleurs un Diccionario Toponomastico de Andalucfa Occidental, reflechissent sur l'apport de la toponyrnie pour le DCECH. Ils distinguent quatre cas de figures, la toponymie pouvant a) servir a determiner l'aire de diffusion d'un lexerne; b) antedater la documentation lexicale; c) attester des variantes rnorphologiques et phonetiques; d) contribuer a la reconstruction du sens d'origine d'un lexeme. Dans le domaine portugais, M. F. GoN<;:ALVES (651-64) se penche sur le Dicionario da Lfngua Portuguesa (1793, Acadernia Real das Sciencias de Lisboa); T. VERDELHO (775- 85) analyse ! es dictionnaires latin-portugais (1634) et portugais-latin (1647) du jesuite Bento Pereira. D'autre part, neuf cornrnunications sont consacrees a la rnetalexicographie cornparative. A partir de l'analyse du traiternent de quelques termes scientifiques dans ! es dictionnaires etyrnologiques italiens, M. GLESSGEN (419-32) s'interroge sur le statut des attestations charnieres (premiere et dernierc attestation, attestation isolee ou de transition) en lexicologie historique. G. HoLTus (433-46), etudiant au depart ! es rnarqueurs diasystematiques (dans un sens tres large du terme) apparaissant dans le LEI, en est arnene a elargir son propos et a comparer ! es resultats obtenus avec ceux de ses recherches anterieures dans d'autres dornaines linguistiques, de sorte que sa cornmunication se terrnine sur un tour d'horizon panroman tout a fait revelateur, pendant que W. ScHWEICKARD (497-509) etudie le role de la forrnation des mots dans ! es dictionnaires italiens et frans;ais. - Dans Je domaine gallorornan, on releve: MECHTILD BIERBACH (47-65), sur ! es dictionnaires de rimes dus a Le Fevre (1572), Le Gaygnard (1585) et de La Noue (1595); 0. DoBRYNINE (95-106), sur ! es definitions des norns d'oiseaux dans Je Petit Robert et le Lexis (l'auteur ne semble pas avoir assirnile la difference entre une definition encyclopedique et une definition linguistique); K. KLINGEBIEL (161-74), sur les rnots composes dans ! es dictionnaires occitans (encore que ce dernier article releve plutot de la formation des mots que de la metalexicographie); W. MÜLLER (251-65), sur la lexicographie onomastique en Suisse rornande. - Enfin, deux communications (M. T. CABRE CASTELLVI, 563-76 et M. LORENTE CASAFONT, 679-90) s'interessent a la lexicographie catalane contemporaine. Une Table Ronde presentant ! es grands projets lexicographiques en cours (801-44) clot le volume. 5. Le torne V reunit ! es actes des deux sections philologiques du congres de Zurich. On trouve d'abord les contributions de la section 7 «La poesie lyrique rornane (xrr e et xrn e siecles)», introduites par une presentation detaillee et instructive des presidents de la section, M.-R.JuNG et G. TAVANI (3-11). Les travaux s'articulent d'abord autour du probleme de la tradition rnanuscrite de la poesie lyrique rnedievale. L'article de S.AsPERTI (13-27) signale une nouvelle lecture des manuscrits lyriques. Au lieu d'interpreter les Besprechungen - Comptes rendus 235 chansonniers comme simple reflet de traditions anterieures, Asperti souligne la dynamique toujours ouverte de telles 'mises par ecrit'. Les «balletes» transmises dans le chansonnier frarn; ais d'Oxford par exemple ne reproduisent pas un genre deja consolide, mais le chansonnier est le lieu d'une elaboration de nouvelles formes dans lesquelles se manifeste une rupture par rapport a la tradition anterieure. Toujours dans le domaine de la tradition manuscrite, mais dans une optique traditionnelle, GIUSEPPINA BRUNETTI (57-71) poursuit l'idee deja avancee par G. Gröber que la transmission ecrite des poesies troubadouresques etait assuree non seulement par les grands chansonniers, mais aussi par de petits recueils qui ne contenaient que les chansons d'un seul auteur (Gröber les nomme «Liederbücher»). Pour etayer cette these, eile cite de nombreux exemples de tels recueils parmi ! es manuscrits de poesies mediolatines. C. PuL- SONI (125-40) aborde la question de savoir s'il existait, a l'instar des «Liederbücher», un recueil de tensos anterieur aux chansonniers. D. BARCA (29-37) propose une nouvelle lecture d'un poeme de Paulet de Marselha. MARIA ANA RAMos (141-52) etudie ! es corrections marginales dans le chansonnier d'Ajuda pour en tirer des conclusions sur la tradition manuscrite de la poesie lyrique galicienne-portugaise. S'y rattache la contribution de MER- CEDES BREA et F. F. CAMPO (39-56), qui etudient et publient ! es annotations marginales de l'humaniste Angelo Colocci au chansonnier galicien-portugais B («Colocci-Brancuti»). Mentionnons finalement les contributions de P. CANETTIERI sur les genres troubadouresques (73-88), de JoRDINA GurTART UTGE sur le topos de l'exorde hivernal (89-98), de PILAR LoRENZO GRADfN sur l'intertextualite et ! es contrefactures dans la poesie lyrique galicienne-portuguaise (99-112) et de U. MALIZIA sur la fonction de Ja musique dans le Jeu de Robin et Marion (113-24). La section 8 «L'art narratif aux XII e et xrn e siecles», introduite par les presidents L. RossI et M. ZINK (155-164), reunit un nombre plus eleve de contributions (19 par rapport a 10). Je ne veux pas m'arreter sur les raisons de cette difference. Disons simplement que Ja narrativite a quand meme une portee plus generale et que Ja gamme thematique de Ja section est tres vaste. Mais on apperi;:oit dans ! es contributions de Ja section plus de tendances innovatrices que dans la section consacree a Ja poesie lyrique, ce qui semble bien indiquer que l'interet de la recherche se concentre actuellement plut6t sur l'analyse narrative (cf. egalement Ja synthese de la table ronde sur ! es perspectives de la recherche, proposee par ! es presidents de la section, 161-64). La section est organisee autour de trois problemes: l'existence d'un art narratif medieval, ! es confins poetiques de l'ecriture narrative et le contraste entre vers et prose (157). Le premier probleme, la question de savoir si, malgre l'absence de reflexions poetologiques medievales, il y a quand meme une esthetique de Ja narration, est aborde par J.-J. VINCEN- SINI (413-26). J'avoue que j'ai du mal a suivre l'auteur quand il identifie l'esthetique de la «forme» de Ja narration medievale avec l'esthetique de son «contenu», le code culturel de l'ethique chevaleresque. G. GrMENEZ (277-90) se demande si le souci de verite chez ! es auteurs medievaux a nui au souci de l'art de la narration et, en ce qui concerne Gonzales de Berceo, il repond negativement. La deuxieme problematique, ! es confins poetiques de Ja narration, touche un certain nombre de questions telles que le r6le de la versification dans Je discours narratif, Je developpement narratif de motifs lyriques, les «morceaux de bravoure» dans le recit (p.e. monologues), etc. (159). Dans cette rubrique, on peut d'abord citer la contribution de MIHAELA Vmcu (427-42), qui s'est propose de delimiter ! es fonctions des descriptions opposees aux parties narratives chez Chretien de Troyes. Plusieurs contributions se situent au 'carrefour' entre lyrique et narratif. Croisement des deux discours d'abord de par des phenomenes d'intertextualite: GrovANNA ANGELI (165-80), A. SAKARI (353-67) et LucILLA SPETIA (383-98) analysent les «echos» de la poesie troubadouresque respectivement dans ! es lais de Marie de France, le Joufroi de Poitiers et le Partenopeus de Blois. 236 Besprechungen - Comptes rendus Mais, a partir du xm c siede, il y a aussi le phenomene des «romans farcis», ou sont juxtaposees parties narratives et citations lyriques: MARIA CARLA BATTELLI (181-95) examine le premier exemple d'un tel roman, le Guillaume de Dole de Jean Renart. L'intrusion de moments d'oralite dans le recit est le sujet de deux contributions. M. BRUNA CuEVAS (211-24) examine comment est representee dans les romans Ja lecture d'une lettre ecrite. ELLEN SAKARI (369-81) analyse ! es interventions d'un «je» extradiegetique comme manifestation d'un auteur-narrateur dans le Charroi de Nfmes, structure qui souvent a ete interpretee comme residu de Ja transmission orale des chansons de geste devant un public d'auditeurs. Aux «confins» de l'ecriture narrative se situe aussi la contribution de MARIA Dr NoNo (251-64), qui analyse un texte didactique, le Chevalier De. L'opposition entre vers et prose, la troisieme problematique, est au centre de l'artide de B. RrnEMONT (339-52). L'alternance entre ces deux formes a joue un röle primordial dans Je debat sur Ja 'verite' du discours narratif, le vers ayant ete interprete comme porteur de discours fictionnel, Ja prose comme 'signe' de la veracite du recit. Ribemont montre que le discours scientifique connait un autre systeme de connotations et que ce systeme change du xn e (Alexandre Neckam) au xm c siede (Gossuin de Metz). Le vers est indice d'un 'retard' dans ! 'Escanor de Girart d'Amiens, l'un des derniers romans arthuriens en vers, ecrit a une epoque ou Ja prose domine depuis longtemps dans ce domaine. R. TRACHSLER (399-412) montre qu'il s'agit en fait d'un retard, puisque Girart connaissait ! es romans en prose et en utilisait ! es elements, mais sans en percevoir l'originalite. L'approche traditionnelle, qui a analyse le roman seulement dans une optique 'diachronique' en le situant dans la tradition de Chretien de Troyes, n'a pas reussi a deceler cette particularite. Plusieurs contributions se situent hors du cadre defini par les problemes precites: p.e. LJILJANA MATIC (299-309) sur la version serbe du Barlaam et Joasaph, GrorA PARADISI et ARIANNA PuNZI (321-37) sur un fragment d'une traduction italienne du Tristan en prose, recemment decouverte a Todi, ELVIRA FrnALGO FRANCISCO (265-76) sur ! es versions d'un mirade de la Vierge qu'ont proposees Gautier de Coincy, Alphonse Je Savant et Berceo (a propos de Berceo, cf. aussi H. GurTER, 291-98), PATRIZIA Mrcozzr (311-20) sur ! es procedes narratifs du Libro de Apolonio et de l'Eneide lors de l'episode du naufrage du protagoniste, MARIA TERESA BROCARDO (197-210) sur les manuscrits de la Cr6nica do Conde D. Pedro de Meneses de Games Eanes de Zurara. Signalons enfin Ja contribution de P. F. DEMBOWSKI (225-49), qui s'insere dans le debat sur la pratique editoriale et Ja notion de texte/ manuscrit sur laquelle elle se base. Ce debat a ete relance recemment par quelques publications, dont quelques-unes tres controversees 12. La prise de position de Dembowski, qui s'appuie sur son experience editoriale, est remarquable et merite un interet particulier. Eva Büchi/ Maria Selig * EMANUELE BANFIIGIOVANNI BoNFADINIIPATRIZIA CORDIN/ MARIA IuEscu (ed.), ltalia Settentrionale: Crocevia di ldiomi Romanzi, Atti de! convegno internazionale di studi (Trento, 21-23 ottobre 1993), Tübingen (Niemeyer) 1995, xm + 372 p. 1. Il convegno i cui atti raccoglie il presente volume e stato ideato dalla nota linguista romena Maria Iliescu e organizzato da piu col! aboratori (Note introduttive, xm). Il titolo non corrisponde completamente, perche si tratta non tanto di incroci quanto di stratificazione, e precipuamente di componenti italo-romanze. Alcuni contributi, presentati o solt- 12 II faut ajouter a la riche bibliographie de Dembowski Je numero special de Speculum 65,1 (1990) sur la «New Philology», edite par S.NICHOLS.